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Warhammer Forum

Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]


Kayalias

Messages recommandés

Bon, ça fait un moment que je n'ai pas posté de commentaire. Mais sache que j'ai suivi ton histoire depuis le début. Que je la trouve très bien écrite et affarante d'inventivité.
Et en tant que grand fan de Tzeentch, je pense que ça ve devenir encore bien mieux là !
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  • 2 semaines après...
  • 4 semaines après...
[quote]Que je la trouve très bien écrite et affarante d'inventivité.
Et en tant que grand fan de Tzeentch, je pense que ça va devenir encore bien mieux là ! [/quote]

Ca me fait très plaisir.

[quote]Par contre niveau trame, on avance pas du tout
[/quote]

C'est juste le temps de fixer les bases de l'univers du changement. Ne t'en fais pas l'histoire avance ( lentement mais surement ). C'est le dernier chapitre après tout.

La suite.









[center]***[/center]









Il y eut un craquement effroyable lorsque l'acier trancha la gueule exposée de l'horreur gesticulante. Plusieurs tentacules du démon furent sectionnés au passage et son visage – si l'on put ainsi le qualifier, fut séparé en deux parts inégales, l'une s'effondrant sur l'autre. Du sang mauve en profusion macula la tunique du Roi Sorcier. Ce dernier profita de l'effet de surprise pour prendre de vitesse son second adversaire. Il esquiva un premier rai de lumière argenté, détourna le second à l'aide de son pavois, puis balaya l'opposant le plus proche d'un puissant revers. Celui-ci s'empala lourdement contre un rocher naissant. De petites étincelles s'échappaient de son torse ensanglanté et un gargouillement infâme accompagna son supplice. Malékith voulut l'achever d'un coup sec, mais une flamme bleu dévia son coup dans le vide. Son épée ricocha contre la pierre. De son bras valide, il leva son bouclier, afin de détourner les projectiles toujours plus nombreux qui l'assaillaient. 

Chaque fois qu'un sort se heurtait au pavois et à ses enchantements, l'elfe était parcouru de secousses. Le démon quant à lui, ne faiblissait pas. Juché sur un corps rachitique, la tête aux multiples orifices crachait de toute part. Ses suivants ne tarderaient pas à être alertés par le raffut du combat. Pire ! La structure de la grotte changeait sans cesse et menaçait d'enssevelir les opposants. Malékith décida qu'il était temps d'en finir. Il réunit ses forces et les condensa en un prisme de lumière, autour de son bouclier. Un torrent d'énergie illumina les ténèbres de la grotte. Comme le démon fut désorienté, le Roi Sorcier saisit cette opportunité et projeta son bouclier auréolé contre le monstre. Le halo explosa à son contact, lui arrachant les membres. Libéré de son étreinte, l'elfe brandit son épée et se rua sur lui. Ses deux mains retrouvèrent le contact rassurant des nervures du pommeau et l'incroyable jouissance ressenti lorsque celui-ci s'abat sur un ennemi. La tête continua longuement de cracher des flammes, bien après qu'elle fut détachée de son tronc.

Malékith gagna promptement la lumière du jour. Il examina rapidement la situation. Le relief avait considérablement évolué. Le léger escarpement qu'il avait découvert quelques heures auparavant s'était radicalement transformé. De nombreux pics perçaient la montagne. Ils semblaient former une gueule gigantesque, une gueule mouvante dans laquelle il se trouvait. Derrière l'un des pics, l'ost de démons devait être à sa recherche. Il ne fallait pas traîner. 

La forêt au feuillages argenté. C'est à elle qu'il pensait. Elle constituerait un repère idéal pour reprendre des forces, avant de poursuivre sa route. Il se remit en marche le plus rapidement possible. Les parois montagneuses furent contournées, les rochers enjambés et, petit à petit, la tâche argentée se rapprocha. Il ne se retourna pas une fois pendant sa course. De loin, la montagne lui apparut sous son véritable jour. Les sommets aigus se changèrent en griffes et les parois devinrent écailles. De la pierre était né un immense reptile couleur de poussière. Il remuait lentement son corps massif et provoquait des tremblements de terre de faible intensité. Sa tête serpentine touchait presque les nuages et ses yeux d'airain brillaient intensément. Malékith redoubla de vigueur et traversa rapidement la plaine. De multiples espèces végétales y poussaient et y mourraient quasi-instantanément, alimentant les suivantes pour perpétuer le grand cycle éternel. Il n'y prêta que peu d'attention, piétinant la plupart d'entre elles, se moquant de leurs potentielles vertus.

Le Prince atteignit rapidement la rivière qui séparait la plaine de la forêt mais se heurta à une contrariété d'envergure. L'eau changeait sans cesse d'état. En seulement quelques secondes, la rivière pouvait bouillir, geler ou tout emporter de son formidable courant tempéré. Malékith n'eut pas le temps de réfléchir au plus ingénieux moyen de la franchir, car d'autres flammes bleues le prenaient pour cibles. Celles-ci ne s'éteignaient pas au contact de la terre, mais perduraient quelques secondes, rampant au sol afin d'enchaîner leur cible dans une seconde tentative. Le Roi Sorcier se retourna et découvrit avec horreur des centaines de démons. Eux aussi avaient fui la montagne vivante et souhaitaient gagner la forêt de cristal. L'ancienne plaine verdoyante avait sombré. Un torrent de flammes l'avait recouverte et quelques douves fumantes avaient remplacé ses bassins d'eau douce. Malékith comprit alors que de tous les lieux de Royaume, la forêt devait être l'un des rares à être épargnés par cette frénésie du changement. Il comprit aussi que lorsque celui-ci était engagé, rien ne pouvait l'arrêter. Les matières changeaient d'état, avant de se métamorphoser. Le métal fondait, l'eau gelait. Petit à petit, la cohérence et l'ordre logique se bousculaient. Le papillon régressait en chrysalide. Une falaise entière pouvait disparaître, cédant place à un gouffre. Un volcan se changeait en clairière. Le changement n'avait plus de limite, au delà de cette rivière.

Malékith esquiva plusieurs projectiles de natures différentes. L'un deux lui cingla le bras et le choc le projeta en avant. Les flammes orangées s'enroulèrent tel un serpent autour de lui. Leur étreinte se renforça mais l'elfe se rit de leur effort.

« D'autres flammes m'ont déjà dévoré, il y a des millénaires. Vos flammèches ne peuvent rien contre moi », pensa-t-il.

La horde de démons le talonnait. La rivière gelée, Malékith aborda la traversée. La glace craquait sous ses pieds et se fissurait par endroit. Les projectiles sifflaient dans toutes les directions, faisant fondre le gel. Il ne restait à l'elfe plus que quelques mètres à parcourir, quand un dernier projectile heurta son genou droit, le faisant trébucher. A nouveau, les flammes se répandirent, galopant comme la peste sur un mourant. Sous l'effet conjugué de la masse de l'elfe et de la chaleur, un anneau de glace se rompit, entraînant le Prince dans l'eau glacée. Sa respiration fut coupée quand un millier d'échardes glacées le transpercèrent. Le froid paralysait son corps et son esprit ; la lourde armure qu'il traînait l'emportait au fond de la rivière et ses pieds s'embourbaient dans la vase en dépôt. Les projectiles continuèrent à fuser tout autour de lui, illuminant l'eau gelée de teintes chaudes. A quelques mètres seulement de la berge, Malékith suffoquait.

Un craquement sourd, lointain, lui indiqua que la nappe de glace au dessus de lui venait de se rompre en entier. Des dizaines de démons Tzentchiites furent aspirés vers les profondeurs de la rivière. La température de l'eau avait subitement augmenté, devenant presque agréable. Un fort courant tira Malékith hors de la vase et l'emporta en amont, de l'autre côté de la rivière. Il put inspirer une bouffée d'oxygène salvatrice, avant que sa tête ne cogne contre de nombreux rochers. Sa vision devint trouble et il ne réalisa pas tout de suite que cet ensemble de roches le préservait du courant. Lorsqu'il recouvrit la vu, le lit de la rivière avait doublé. Plusieurs démons n'eurent pas sa chance et tous furent emportés, exceptés l'un d'eux. La force des eaux l'avait charrié – comme le Prince avant lui, à l'abri du courant, derrière quelques blocs de pierre massés à proximité de la berge. Le démon au visage angulaire et aux pommettes creusées se redressa hors de l'eau, entreprit de mordre au cou le Roi Sorcier. L'elfe n'eut le temps que de pivoter et la gueule se heurta aux épaulières d'acier. 

Les deux tentacules du démon maintenaient fermement les bras de Malékith qui fut incapable de dégainer. Il esquiva miraculeusement une attaque, avant qu'une morsure ne l'atteigne à la joue. Il hurla de douleur quand le démon agita un lambeau de chair calcinée. Par un violent mouvement de hanche, l'elfe utilisa la faible pesanteur de son adversaire dans l'eau pour le faire basculer par dessus lui. Le démon lâcha sa prise. Malékith exsangue, put se glisser dans son dos. Il usa de toute sa force et de tout le tranchant de ses brassards pour perforer la gorge du démon. Dans l'eau, la créature gargouillait quelques menaces inaudibles. Malékith resserra son étreinte et les paroles du démon se noyèrent dans son sang.

La température de l'eau s'éleva d'avantage. Des bulles d'air se perdaient à sa surface.

Un rictus de plaisir fendit le visage du Roi Sorcier. Les démons entraînés par le courant mourraient ébouillantés. Il traîna la dépouille agonisante de son adversaire hors de l'eau et patienta quelques instants. Ses brassards étaient toujours profondément plantés dans la chair du monstre vaincu. Malékith lui murmura ces mots :

— Connais tu l'origine de ta race, démon ? Vous êtes notre création, issus de sentiments mortels, des plus complexes au plus bas instincts. Alimentés dans l'immaterium, nos pensées ont emprunté une forme. La vôtre. [i]Nous[/i] avons donné naissance aux dieux sombres. Si tes maîtres t'abreuvent de fausses promesses, telle est pourtant la vérité.
Le démon se débattit au sol, en vain. Malékith maintint fermement son étreinte.

— La douleur ne vous est pas étrangère. Je l'ai vue. Dans quelques instants, tu partageras le sort de tes frères.

Malékith patienta jusqu'à ce que les derniers râles de la horde se dissipent, puis plongea le démon, la tête la première dans l'eau brûlante. Son corps s'agita de multiples soubresauts, mais ne pouvait se relever. Les pointes des brassards étaient trop solidement enfoncées dans sa nuque. Une odeur insoutenable emplit l'air et parvint aux narines de l'elfe. Quand les tremblements du démon s'interrompirent et que ses gémissements furent étouffés, l'elfe jeta sa carcasse en pâture à la rivière. Quelques gouttes de son sang s'y trempèrent elles-aussi. Elles serviraient d'avertissement aux dieux sombres. Leurs serviteurs mourraient quand lui vivrait.  Modifié par Kayalias
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Ah, Malékith reprend son caractère d'Elfe Noir. Ca fait plaisir !
Sinon, rien à ajouter d'autre que l'habituel : descriptions fluides et très plaisantes, et histoire passionnante. Suite !
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  • 2 semaines après...
  • 1 mois après...
Les excuses sont toujours moches : rentrée, projets annexes, vie IRL ( et oui ! ). Mes chers lecteurs, chers amis, tout vient à point à qui sait attendre. Pour cet ultime chapitre, j'ai encore nombre d'idées ambitieuses en réserve. [b]Alors n'hésitez pas, si ce récit vous plait, faites le moi savoir. Commentez et critiquez, ce sera la plus belle reconnaissance de mon travail[/b].

La suite !









[center]***[/center]









Sa besogne accomplie, Malékith gravit la colline, abandonnant ainsi les relents nauséabonds du fleuve. L'odeur âcre des corps ébouillantés empoisonnait l'air et s'insinuait jusque dans les plis de son étoffe. Plus un cri ne brisa le silence. La forêt était tout proche. En peu de temps, l'elfe gagna son étrange lisière. Les arbres multi-séculaires abritaient un mystère impalpable. Leur feuillage alternait les teintes. Elles passaient tantôt à l'ocre, tantôt au pourpre ou au mauve. Cette ronde des couleurs semblaient les immuniser au changement extérieur, puisque la forêt demeurait pérenne quand le monde tout autour se déconstruisait et se reconstruisait. Certains des troncs étaient gravés d'esquisses en forme de visages macabres ou bienveillants, qui se gorgeaient d'une sève translucide. On distinguait sans peine le parcours du nectar qui dégorgeait à une vitesse improbable, le long des branches, des tiges et des nervures. Malékith fut fasciné devant cette prouesse aussi naturelle que surnaturelle. Épris de curiosité, il imagina plusieurs théories pouvant expliquer le phénomène. Pour lui, les végétaux s'étaient adaptés aux vents de magie qui balayaient sans cesse les plaines du Royaume. Pour survivre, l'ordre biologique s'était accéléré. La végétation avait muté et appris à absorber les énergies en grande quantité. Elle la filtrait, purgeait les sols. Peut-être aussi la reconvertissait-elle en substance pour le moment inconnue. Une chose était évidente pour le Prince : cet écosystème n'existait que par seule nécessité. En toute discrétion, il assurait la stabilité d'un monde.

Malékith se risqua à porter la main sur l'un des fruits qui mûrissait à l'ombre d'un pommier. L'elfe considéra longuement la pomme, sans se risquer toutefois à le croquer. Il la palpa et y découvrit une puissance remarquable. Si concentrée en magie brute, qu'un simple quartier risquait de le tuer. L'apparence du fruit était trompeuse. On le devinait juteux à l'excès ; sa couleur vive, sa souplesse au toucher et son rebondi forçaient l'appétit. Malékith se l'interdit. Il lança la pomme aussi loin qu'il le put, avant qu'elle heurte le sol et explose à son contact. Malékith sourit, satisfait de n'y avoir goûté sous aucun prétexte. En y songeant, il estima que de tels explosifs compléteraient utilement son arsenal. Très délicatement, il en amassa une demi-douzaine qu'il confina au fond de ses sacoches. Une forme de torpeur le gagnait lentement. Son périple l'avait éprouvé plus que de raison. Les milles parcourus avaient plié son dos comme le fouet plie celui des esclaves. Ses séquelles physiques trahissaient les combats qu'il avait livrés . Un peu de sang séché aux coins des lèvres témoignait de sa dernière lutte. Le démon avait emporté une partie de son visage et il s'en était fallu de peu pour qu'il ne lui ôte le reste. Pour la première fois, il s'interrogea sur la signification de son entreprise. Pourquoi combattait-il ? Reverrait-il le monde qu'il chérissait tant ? Celui auquel il avait voué son existence, souhaitant en rétablir l'ordre. La forêt lui paraissait maintenant immense et lui si minuscule. Combien de temps durerait encore la lutte ? Tourmenté par l'absence de certitudes, l'elfe se résolut à dresser un tapis de feuilles qui, à cet instant, lui sembla être la plus agréable des couches. Il s'apaisa. Le jour ne permutait pas avec la nuit. Quand bien même, cela n'aurait rien changé. Les sortilèges éclatants de la rive ouest dessinaient leurs lueurs dans le ciel. La bataille de la plaine de Finuval semblait si loin. Abrité depuis sa colline boisée, Malékith contemplait le spectacle du changement. Il ferma les yeux, juste un instant.




[center]***[/center]





Lorsqu'il les rouvrit, Malékith se maudit. S'assoupir, c'était se mettre en danger. Et le danger signifiait la mort. Le sommeil du Prince fut peuplé de cauchemars. Il y avait vu des images de bataille aux portes de Naggarond. Moribond, il refoula ces visions de braise et de sang. Par elles, son questionnement de la veille avait cependant trouvé réponse. Il imagina que son peuple le réclamait ; que sans lui, le Royaume tout entier péricliterait. Cette idée lui était insupportable et sans plus attendre, il rassembla ses effets, destiné plus que jamais à rejoindre le palais qu'il avait observé depuis les cieux. Il ignorait encore quelle ruse et quelle audace lui permettraient de s'y introduire, mais qu'importe. Il était convaincu de trouver un moyen de regagner son Royaume. Avant de quitter son campement de fortune, il jeta un coup d'oeil furtif le long de la plaine, de l'autre coté du fleuve. Celle-ci avait été ravagée. Plusieurs pointes de roches se dressaient de terre et quelques tornades enflammées pourléchaient la pierre.

D'un pas leste, emprunté à la grâce des félins, Malékith traversa le barrage de feuilles et de branches, imposé par la forêt. Ses pouvoirs mystiques, omniprésents permettaient à l'elfe de recouvrir une partie de l'énergie qu'il avait perdue en route. Les faibles brises lui caressaient le visage et lui désordonnaient les cheveux. Bientôt, les premières flèches de la citadelle de lumière lui apparurent. Leur clarté éblouissante contrastait avec la sérénité qui se dégageait de la forêt. Les teintes froides du feuillage renvoyaient en étroits miroirs colorés différents spectres lumineux qui fendaient le ciel de leur faisceau. De joie et d'espoir, le Prince sourit.

Il poursuivit sa route et ses ambitions vacillèrent. Les tours d'or et d'ivoire semblaient plus proches que jamais ; l'on y distinguait même quelques volatiles indistincts qui se nichaient dans les meurtrières. Pourtant, la citadelle était encerclée de ronces immenses qui s'entortillaient sur un large périmètre. Certaines croissaient, tandis que d'autres s'évanouissaient dans la masse verdoyante. Les plus imposantes tendaient parfois un tentacule dans les airs afin de capturer un oiseau malchanceux. D'autres encore crachaient une substance putride, dont il émanait de fine particules probablement toxiques. 

Malékith poussa un juron : « Ce lacis protège la citadelle ! », s'exclama-t-il.  

Si la forteresse fut un chevalier, le labyrinthe en était l'armure qu'il lui fallait percer. Malékith estima que ces quelques végétaux ne suffiraient pas à l'arrêter. Il tira une fois encore la lame de son fourreau, n'écoutant que sa colère. A grands coups de taille, il trancha les tiges et écarta les ronces. D'un geste mécanique, il s'abrita derrière son pavois quand une gueule verdâtre voulut le happer. Sans ménagement, il la décapita d'un coup sec.

Son incartade paisible ne dura que peu de temps. Plus il s'enfonça, plus les organismes vivants se révélaient nombreux et vicieux. L'une des plantes jaillit de nulle part et parvint à mordre l'elfe au mollet gauche. D'autres lianes s'enroulèrent autour de ses chevilles. Il poussa un nouveau juron et tenta de se dégager comme il le put. Les racines cherchaient à le maintenir fermement quand le véritable danger survint. Un tentacule gigantesque, réhaussé d'une gueule terrifiante se fraya un passage et s'éleva au dessus de la mêlée. Le cœur de Malékith battait à tout rompre. Il trancha les racines à ses pieds, se roula en arrière, contraint d'abandonner son bouclier dans l'action. Quand la gueule plongea en avant, elle heurta le sol dans un grondement de tonnerre, qui souleva une nappe de poussière. Malékith comprit que persévérer dans cette voie serait pure folie. Il rebroussa chemin, tant qu'il en était encore temps. Assailli de toutes parts, les ronces derrière lui s'éveillèrent, lui refusant le passage et lui coupant tout échappatoire. 

Le Roi Sorcier redoubla de vigueur dans ses moulinets. Les ronces se répandaient au sol en pluie verdâtre. La terre s'inondait d'un liquide répugnant. La gueule massive plongea de nouveau sur lui. Malékith l'esquiva comme il le put, mais le tremblement de terre qui suivit l'impact lui fit perdre l'équilibre. D'un geste de recul, il cogna du plat de sa botte le mince tentacule qui l'emprisonnait. Il roula sur le côté, lorsqu'un autre voulut le saisir à la gorge. Submergé, il n'eut d'autre choix que de faire appel à la magie. Il prononça quelques mots inaudibles et libéra une puissante vague de flamme qui perfora le mur végétal. Ainsi put-il se dégager un chemin. Une sorte de tunnel formée à travers la végétation se dessina autour de lui. Les ronces ne tarderaient pas à combler l'espace. Il courut alors aussi vite qu'il le put afin de regagner la plaine. 

Lorsqu'il se trouva hors de danger, Malékith contempla le commencement d'incendie qu'il avait fait naître. Il resta pantois face à la ferveur que démontraient les ronces à l'éteindre. Tel une entité, le labyrinthe s'organisait. Il tissait autour des flammes un cocon impénétrable, afin de les étouffer. Les fumées ne tardèrent pas à se dissiper. Les racines se réassemblèrent en visages grimaçants qui narguaient le Prince. Au milieu d'elles, ce dernier distingua un objet luisant : il s'agissait de son bouclier. Au moment de s'enfuir, il l'avait égaré. Il n'était plus question pour lui de songer à le récupérer. L'entité démoniaque le savait. Elle exposait le pavois tel un trophée, se riant de son ancien porteur. De rage et au risque de donner l'alerte, Malékith projeta plusieurs nouvelles vagues embrasées sur l'entité. Les visages se dissipèrent tels des feux follets irréels, tout juste des mirages. 

— Vous perdez vôtre temps, annonça une voix nasillarde derrière l'elfe.

Ce dernier n'hésita pas une seconde, il détacha l'un des fruits cueillis il y a quelques heures et le projeta en direction de la voix. Une violente détonation s'ensuivit et fit s'envoler les quelques volatils difformes qui erraient au dessus du labyrinthe. Une gerbe de fumée couvrait l'individu qui venait de proférer ces paroles. Avant qu'elle ne fut dissipée, la voix l'interpella de nouveau :

— Ce n'est certainement pas avec ce genre d'artifice que vous regagnerez votre Royaume.

Malékith se trouva décontenancé.

— Qui es-tu ? s'enquit-il. Cesse de te terrer dans les ombres !

La fumée se dispersa progressivement et l'elfe pu contempler le visage de son interlocuteur. Ce dernier possédait un crâne ovoïde, parfaitement lisse. Son profil était angulaire et il possédait en outre le bec d'un rapace. De petits yeux noirs et vifs le défiaient. Sa peau était orangée et son plumage reflétait à Malékith les rayons du soleil.

— Je me prénomme Tadzief, dit le démon voûté. Je suis honoré de faire votre connaissance, Prince Malékith.

Il exécuta un simulacre de révérence qui révéla une paire d'ailes atrophiées, desquelles suintaient un nuage de cendre.

— Qui t'a indiqué mon nom ? rétorqua l'elfe sur ses gardes.
— Je vous ai observé. Je vous ai suivi. La difficulté n'a pas été grande compte tenu de votre amour pour la discrétion. 
— Ah le sarcasme ; il raisonne en moi comme une élégie. Donne moi une seule raison de t'épargner.
— J'ai apprécié votre tentative consistant à percer le mur végétal qui garde l'entrée de la citadelle. Courageuse, mais vaine. D'autres s'y sont déjà attelés. J'ai aussi une petite idée de ce que vous y comptez faire. Je connais le moyen de traverser cette barrière sans encombre.

Malékith rit à gorge déployée.

— Pauvre sot, si tu m'as suivi, n'as-tu point compris qu'il est impossible de franchir ce mur ? Qu'importe, si tu recherches la mort, soit. Ouvre la voie. Ton spectacle saura me divertir.

A sa grande surprise, le démon obtempéra. Il fit les cent pas devant la barrière, avança un peu, puis revint à sa position initiale. Quelques secondes plus tard, un sentier s'ouvrait à lui à travers les ronces. Malékith n'en croyait pas ses yeux. Ce démon chétif ouvrait un passage sans faire usage de la force. Bientôt, il s'enfonça si profondément que l'elfe en perdit sa trace. Le Prince le crut mort. Lorsqu'il revint, le même chemin s'ouvrit devant lui. Sa patte griffue tenait quelque chose de massif, à la fois sombre et luisant. Il le déposa aux pieds de Malékith.

— Cet écusson vous appartient ? demanda-t-il ironiquement à l'elfe.

Suspicieux, Malékith saisit le bouclier. Il le soupesa, l'examina soigneusement. Il n'y avait aucun doute. Ce bouclier était le sien. Il pensait l'avoir perdu à tout jamais.

— Parbleu, comment as-tu fait cela ? s'écria le Prince des elfes.
— J'étais un résidant. J'ai été banni, privé de mes dons, mais je n'ai pas oublié tous les secrets de mon ancienne demeure. Je ressens une grande force en vous. Vous et moi pouvons nous aider réciproquement. Accomplissez quelques tâches pour moi et je vous ferai traverser le labyrinthe, sain et sauf.

Malékith, circonspect, n'ajouta pas un mot. Le démon renchérit :

— Suivez-moi, ou restez-ici à attendre la mort. Les gardes du palais seront bientôt sur nous.

Lorsqu'il conclut sa menace, il se dirigea vers la plaine. Malékith resta un instant indécis, fasciné devant tant d'arrogance et tant de certitudes. Les petits pas du démon ne soulevaient que peu de poussière. L'elfe les lui emboîta sous un soleil de plomb. Modifié par Kayalias
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  • 4 semaines après...
[quote]Les galères et les compromis sont jamais finis pour Malékith ! Voyons ce sur quoi marchera le marché et ce qu'il trouvera par de là la protection des plantes ![/quote]

Et pourtant croyez moi, la fin approche...

[quote name='Newlight' timestamp='1350846534' post='2234185']
All Hail Malekith! Il va ressortir grandi de toutes ces épreuves.
[/quote]

Un séjour dans le warp, c'est le meilleure stage qu'on puisse trouver !

Bonne lecture pour la suite :)









[center]***[/center]










Tazdief, est-ce encore loin ? soupira le Prince.

Cela faisait une éternité qu'ils marchaient à travers bois.

— Patience, jeune Prince, nous n'en avons plus pour très longtemps. 

Malékith laissa échapper un grognement d'insatisfaction. Il rappela son guide.

— Dis-m'en plus démon. 
— Je vous demande pardon ?
— Je veux savoir ce que recèle ce palais et pourquoi il suscite en moi un tel attrait.
— Le Palais renferme les secrets du monde. Il abrite de nombreuses bibliothèques interdites et une infinité de portail qui nous permettent de voyager de dimensions en dimensions. Nombre de démons sont appelés, mais peu d'élus parviennent à intégrer ses murs. Aucun mortel ne l'a jamais franchi, s'il est utile de le rappeler.

Le Roi Sorcier partit d'un rire glacial.

— C'est également ce que l'on prétendait de la forteresse des crânes.

Tazdief considéra longuement le Prince, hésitant quant à la véracité de ses propos.

— Vous avez franchi les murs de la forteresse des...? Impressionnant. Vous devez être un bretteur d'exception, mais il est des lieux ou vos armes physiques ne vous serons d'aucun secours. Le palais est de ceux-là.
— S'il doit être ma dernière demeure, démon, ainsi soit-il, ajouta le Prince, le regard vide.
— Vous semblez si déterminé. Quelque chose dans l'autre monde doit vous animer au delà de toute raison.
— Penses-tu, démon, penses-tu. A ton tour, dis moi pourquoi tu as quitté le palais.
— Je n'ai pas eu le choix. J'en ai été chassé, il y a de çà des années.
— Cesse donc de distiller tes paroles au compte goutte et viens en aux faits !
— Tout de suite, jeune Prince, tout de suite. Savez-vous quelles puissances abrite ce palais ? Non, bien sur que non, vous l'ignorez. Notre maître loge dans l'une des chambres les plus reculées. Les enchantements qui gardent son repère sont si puissants, qu'on dit qu'ils pourraient plonger dans la folie quiconque oserait les forcer. Démons et mortels, idoles et dieux, qu'importe, j'ai désobéi aux ordres. J'ai voulu accroître mon pouvoir et surpasser mes pairs. Mes actions ont déplu au maître. Lui qui voit tout, lui qui sait tout a ordonné qu'on m'enchaîne. Ses pantins m'ont condamné dans une parodie de procès. Estimant que ma sanction devait être exemplaire, mes confrères ont décidé de me retirer ce que j'avais de plus cher … l'essence qui me compose.
— Sans elle, vos pouvoirs ont considérablement faibli, mais vous ne semblez pas plus humain, démon. 
— Vos plaisanteries ne m'atteignent pas, Prince Malékith. Si l'essence est mon salut, elle est aussi le votre. Sans elle et sans mon aide, vous ne franchirez jamais le labyrinthe. 
— Certainement, démon. Poursuis ton récit sans crainte d'être interrompu.
— Mon maître a fractionné l'essence en trois fragments qu'il a dispersé à travers le Royaume. J'ai passé plusieurs vies d'homme à les localiser. Je connais maintenant la position exacte de chacune d'elles. Mes capacités à elles seules sont insuffisantes pour les récupérer. J'ai besoin d'une aide extérieure, quelqu'un de fort, aussi habile l'arme à la main qu'à l'incantation. Ainsi, vous connaissez désormais la tâche qui vous incombe. L'acceptez-vous ?
— Ai-je vraiment le choix ? Rétorqua l'elfe.
— Bien... Très bien. Attrapez cette sacoche ! Elle est le seul moyen d'enfermer les fragments de mon essence jusqu'à leur réunion complète.

Malékith attrapa au vol la petite bourse d'apparence neutre. Un cuir de piètre qualité la composait et à son embout, deux boucles d'argent en permettaient la fermeture. Elle ne pesait pas plus lourd qu'une pomme de pin. Tazdief écarta plusieurs branches violacées de ses griffes, puis s'exclama d'un air faussement enjoué :

— Nous y voilà !

Le Roi Sorcier pencha sa tête par dessus l'épaule du démon et fut instantanément ébloui par une lumière vive. Plusieurs secondes après que ses pupilles se furent adaptées aux puissants rayons de lumière, il découvrit une cuvette rocheuse improbable, nichée au milieu de la forêt. En contrebas, l'elfe distinguait une multitude de diamants, répartis en cercle et incrustés à même la roche. Au centre du cercle, un socle de diamant surplombait un second, qui surplombait un troisième. Le soleil au Zénith frappait perpendiculairement à l'intérieur de l'anneau et chaque fois que la lumière franchissait l'un de socles, elle en ressortait plus brûlante. Après avoir traversé le dernier, une forêt de diamants la réfractait dans toutes les directions. 

— Le premier fragment d'essence se trouve en dessous du troisième socle, soupira Tazdief. 
— Oui, j'aperçois son contour spectral, répondit Malékith. 

Il arpenta la forêt alentour quelques instants, avant d'en tirer une branche de taille conséquente. Ajustant son tir, il la projeta en direction du troisième socle, mais la branche était lourde et la visée ardue. Elle n'atteignit que le second socle, là où la lumière n'était pas la plus brûlante. Le bois se consuma en un éclair, dans un crépitement effrayant. Malékith contempla son œuvre puis s'exprima à haute voix. 

— Intéressant. Peut-être faudrait-il détruire les diamants empêchant la lumière de se catalyser.
— Inutile, sourit le démon, je l'ai déjà tenté.
— Avez-vous déjà essayé de détourner les rayons incidents ?
— Oui, c'est inutile. Les socles sont inamovibles.
— Parfait ! s'exaspéra l'elfe. Si nous ne pouvons venir vers l'essence, attirons là vers nous.
— Folie ! L'essence ne doit en aucun cas être détériorée. Si elle traverse les rayons, tout espoir est perdu.
— Tazdief, ton pessimisme me fatigue.

Malékith retourna en forêt, l'arpenta longuement avant d'en revenir, poussant un rocher de la taille d'une souche. En sueur, il le disposa à flanc de la falaise, ajusta ses calculs puis le poussa avec vigueur. Le rocher dévala la pente clairsemée et roula tel un projectile furieux vers les socles de lumière. Un craquement sourd retentit lorsque la pierre, dure et froide, heurta le centre du cercle, explosant en de multiples fragments incandescents. La trajectoire des rayons, n'avait pas dévié d'un pouce. Dépité, Malékith s'assit à l'orée de la forêt. 

— Que faîtes-vous ? l'interpella le démon empli de rage.
— Je réfléchis. Vois-tu, le brasier n'existe que par la présence des rayons solaires. J'attends donc le coucher du soleil pour en retirer l'essence sans risque.
— Idiotie ! La nuit ne tombe jamais en notre Royaume. 
— En es-tu si sur démon ? dit Malékith, un rictus sur les lèvres.

Il incita son interlocuteur à descendre dans l'une des fractures de la roche, puis pointa son gantelet vers les quatre points cardinaux de la forêt. Dès cet instant, des flammes incontrôlables jaillirent de sa paume et enflammèrent les arbres secs.

— Avez-vous perdu l'esprit, Prince Malékith ? s'emporta Tazdief.

Malékith l'empoigna fermement, puis lui cracha ces paroles :

— Cette insulte sera ta dernière. Si tu veux véritablement récupérer ton essence, Démon, alors sois prêt à en verser le prix.
— Cet incendie attirera à nous toute la garnison du palais !
— Ne t'inquiètes pas pour cela, chaque chose vient à point nommée, conclut l'elfe. 

Tous deux regagnèrent la fracture dans la roche, à l'abri de la chaleur sucitée par l'incendie en amont et par les rayons du soleil en aval. Malékith ne cessait de scruter le ciel. Après quelques minutes, la fumée dégagée par l'incendie masqua le soleil et fit vaciller ses rayons. Le Roi Sorcier exultait. Il ne lui restait plus beaucoup de temps à attendre. Lorsqu'une fumée opaque recouvrit l'intégralité du ciel et que les diamants cessèrent de renvoyer leur lumière brûlante, Malékith dévala la pente qui le menait aux socles centraux, sous les yeux stupéfiés du démon. L'épais nuage mêlé de cendre et de poussière déformait la silhouette de l'elfe, lui conférait une allure fantomatique. Seul un halo empourpré transparaissait dans la nuit.

Le fragment d'essence flottait dans l'air semblable à ces étranges méduses qui flottent dans les mers chaudes de Tilée. L'elfe plongea vers elle un gantelet hésitant. Son contact le surprit tout d'abord. Il ressentit un léger frisson comme s'il avait trempé la main dans une eau tout juste tiède. Le fragment sembla ensuite s'enrouler autour de son bras, gagna son épaule d'une lenteur suave.

— La sacoche ! hurla Tazdief qui devinait la scène plus qu'il ne la voyait.

Ses intonations prenaient celles de la panique et Malékith obtempéra, non sans curiosité pour cette chose rampante. Il la saisit fermement, puis la plongea dans la bourse de cuir. Celle-ci sembla happer le fragment à son contact et se referma d'elle même, provoquant un léger souffle. L'elfe regagna alors la faille dans la roche.

— L'incendie nous encercle, Prince Malékith. Les dévots ne tarderont pas à nous retrouver. Comment allons-nous nous échapper ? 
— Chaque chose vient à point nommée, ne te l'ai-je pas déjà dit, Tazdief mon ami ? », rétorqua l'elfe, l'air absent.

Il cerna la situation. L'air devenait irrespirable et la chaleur brûlante. Le démon disait vrai. Il fallait quitter cet endroit prestement. 

— Le temps nous est compté. Je n'aurai pas la patience de dresser l'un de ces oiseaux hurleurs qui tournent sans cesse au dessus de nos têtes. Mais, je saurais guérir tes ailes atrophiées, à condition que tu me serves de monture, démon...
— Il en est hors de question ! s'indigna Tazdief.
— Soit. Alors périssons dans les flammes, conclut l'elfe, lapidaire. 

Tazdief fut forcé de considérer la suggestion de l'elfe. L'ampleur du péril l'obligeait à renoncer à son honneur. Il le maudit, consolé par l'idée que son heure viendrait tôt ou tard. Avant de se retourner pour lui exposer les blessures de son dos, il réalisa toute la démence de son nouvel acolyte. Alors que tout se consumait autour d'eux, la flamme du triomphe brûlait plus forte que jamais dans l'iris du Roi Sorcier.  Modifié par Kayalias
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  • 3 semaines après...
Un récit toujours aussi soigné au fil de ses différents chapitres et bourré d'idées originales. On sent que tu t'es fait plaisir à jouer avec toutes les possibilités offertes par la géographie changeante des Royaumes du Chaos.

Pratiquement rien à signaler en ce qui concerne les fautes de grammaire, conjugaison ou orthographe, vu que tu as visiblement fait l'effort d'une, voire plusieures relectures avant de poster tes différents chapitres.

Par la force des choses, il t'aura bien fallu "humaniser" un minimum Malekith -- difficile de faire du personnage central un salaud constant -- mais ce changement de perspective passe au final comme une lettre à la poste.

Enfin, il me semble percevoir une petite pointe de découragement -- c'est peut-être une idée que je me fais là -- ces derniers temps. Je sais, la section n'est pas ce qu'il y a de plus réactive et ne remue pas beaucoup. Un peu comme Jean-Luc Delarue. Mais bon, ces histoires de manque de participation, ce n'est pas vraiment une nouveauté... Faut faire avec. Courage ! :wink:
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  • 4 semaines après...
[quote]froide, heurta le centre brûlant du cercle, explosant en de multiples fragments [b]incandécents[/b].[/quote]

Dommage pour la petite faute :-D J’en tiens une !

Pour le fond, ça bouge pas mal. Pour une fois c’est de l’action sans être du combat donc ça change ! C’est aussi à notre échelle sans être des trucs immenses ou des trucs magies surréalistes ! Ca reste quand même le passage le plus simple ! J’aime bien du coup ! ;)

@+
-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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  • 1 mois après...
[quote]Pour le fond, ça bouge pas mal. Pour une fois c’est de l’action sans être du combat donc ça change ! C’est aussi à notre échelle sans être des trucs immenses ou des trucs magies surréalistes ! Ca reste quand même le passage le plus simple ! J’aime bien du coup ![/quote]

Ma prochaine nouvelle sera très différente, beaucoup plus " accessible ". Elle ne devrait plus tarder, mais cette fois je ne ferai pas la même erreur. J'écrirai le tout avant de poster progressivement.
[quote]Pratiquement rien à signaler en ce qui concerne les fautes de grammaire, conjugaison ou orthographe, vu que tu as visiblement fait l'effort d'une, voire plusieures relectures avant de poster tes différents chapitres.[/quote]

Je n'ai malheureusement jamais été irréprochable en orthographe, j'essaie cependant de réaliser un ensemble " correct ", autrement dit pas trop déguelasse à la lecture. En tout cas je suis heureux que quelqu'un s'apperçoive des relectures que j'ai réalisées.

[quote]Par la force des choses, il t'aura bien fallu "humaniser" un minimum Malekith -- difficile de faire du personnage central un salaud constant -- mais ce changement de perspective passe au final comme une lettre à la poste.[/quote]

Je ne suis pas entièrement satisfait de la " psychologie " de Malékith dans ma nouvelle. J'ai essayé de donner une version très personnelle, au fond assez humaine comme tu le dis. Mais en réalité, je l'imagine encore plus humain que ce que j'écris. A mes yeux c'est un individu psychologiquement lambda, outrageusement influencé par sa mère et disposant d'une touche de frustration supplémentaire due a son éviction du trône. Celle-ci entraîne bien sur les débordements qu'on connaît : cruauté, despotisme, sexualité déviante... En gros un Malékith génération Dolto. C'est dit !

Je ne veux pas non plus qu'on crie à l'hérésie par des :

" Ouais ton Malékith c'est une fiotte ! "

Du coup je jongle entre mes envies et un semblant de crédibilité, fluff oblige.

[quote]Enfin, il me semble percevoir une petite pointe de découragement -- c'est peut-être une idée que je me fais là -- ces derniers temps. Je sais, la section n'est pas ce qu'il y a de plus réactive et ne remue pas beaucoup. Un peu comme Jean-Luc Delarue. Mais bon, ces histoires de manque de participation, ce n'est pas vraiment une nouveauté... Faut faire avec. Courage ![/quote]

Décidément, être mon plus grand fan ne te suffit pas ( tu as même détroné Celt ;) ), il faut en plus que tu lises le découragement des rares posteurs. C'est vrai, il y a un certain découragement. Je pourrais te citer un emploi du temps chargé à ne rien faire mais ce serait un peu con. L'écriture ça va ça vient par périodes et je pense que seuls les critiques / commentaires permettent de rapprocher ces périodes ( [b]message implicite chers lecteurs[/b] ). Je t'avoue aussi que ta présence spectrale bondissant tantôt du néant pour commenter certains textes au petit bonheur la chance permet surement de relancer certains " auteurs ". En tout cas c'est mon cas. [u]Un grand merci[/u].

Voici la suite de la saga. Celle-ci est en deux parties. La première ( introductive ) m'a semblé longue à écrire en une soirée. Je posterai donc la seconde [b]très prochainement[/b]. Bonne lecture ;)











[center]***[/center]











La membrane dorsale du démon fut prodigieusement rétablie. Les sortilèges de Malékith lui firent retrouver force et souplesse. Tazdief n'avait en rien oublié l'art de la voltige. Tous deux planaient déjà depuis un certain temps et virevoltaient habilement parmi les courants de magie. La fumée de l'incendie camouflait leur fuite aux yeux des patrouilles ennemies.

— Tazdief, où nous conduis-tu ? Interrogea le Prince cramponné à son dos.
— Nous allons récupérer le second fragment de mon essence. Il est retenu prisonnier au cœur d'un temple perdu dans les cieux. Y accéder pour un démon sans aile constitue déjà une épreuve.
— Veux-tu dire que nous ne serons pas seuls sur place ?

Il ne fallut que quelques secondes supplémentaires pour que la curiosité du Prince soit satisfaite. Là, sur une plate-forme colossale qui ne semblait soutenue que par le vide, se dressait un temple aux reflets d'opaline. De multiples flèches aux allures d'aigles, de serpents ou de vautours perçaient le ciel et une mousse pareille à la peau de certains lézards recouvrait chaque pierre de l'édifice. La plate-forme grouillait d'une foule impressionnante. Une cohorte de démons patientait, le regard dirigé vers la porte du temple. Certains projetaient leurs sortilèges colorés et illuminaient le bleu du ciel. D'autres méditaient. D'autres encore s'entraînaient au combat de corps à corps. Un rayon fila à quelques mètres du Prince et de sa monture. Malékith faillit être désarçonné et jura.

— Prudence Tazdief, cette horde est belliqueuse ! rugit-il.

Le bec de son acolyte se crispa, hideux à souhait.

— N'ayez crainte, tous mes frères ici bas ont d'autres intérêts plus primordiaux que de vous anéantir.
— Soigne ton langage, démon. N'oublie pas qui tu portes sur ton dos.
— Pour sur, je n'oublie pas que mon fidèle cavalier est dépourvu d'ailes ; et qu'il serait regrettable que celui-ci chavire.

Ce concours d'ironie amusa l'elfe. Il caressa le plumage de son acolyte comme pour mieux l'humilier.

— Ces démons sont-ils également à la recherche d'un fragment d'essence ?

— En effet, jeune Prince. Les individus que vous contemplez sont tout comme moi des renégats. Adulé un jour, maudit le lendemain, car telle est la volonté impénétrable de nos dieux.
— Plus impénétrable que la folie.
— Blasphémer ne vous amènera à rien, Prince Malékith. Les dieux portent leurs regard sur vous à chaque instant. Il semblerait d'ailleurs que vous soyez en leur faveur pour avoir survécu en nos terres. Profitez-en, car ils peuvent aisément reprendre ce qu'ils vous ont donné. Rien n'est immuable, si ce n'est leur existence. Et lorsque votre hérésie aura eu raison de leur divertissement, ils souffleront sur votre âme comme l'on souffle sur une simple bougie.

Ce discours sonna l'elfe. Si le démon disait vrai... Et si les dieux sombres ne cessaient de l'observer, qu'ils testaient sa ruse et ses prouesses guerrières, se délectant du spectacle jusqu'aux dernières heures de leur champion. Pourraient-ils jamais quitter ces limbes ?

Tazdief renchérit :

— Ne craignez pas ces démons en contrebas. Ils ne sont ni nos ennemis, ni nos adversaires. Voyez par vous-même, d'autres proviennent des quatre points cardinaux et sont tous accueillis aussi chaleureusement que nous.

Plusieurs démons chevauchaient des monstres ailés difformes, éloignés de la noblesse d'un dragon. Tous recevaient un signal embrasé en guise de bienvenue. Les sortilèges innombrables zébraient le ciel d'ocre et de mauve, donnant l'impression de nager dans un torrent de couleurs. 

Lorsque Tazdief et Malékith posèrent pied à terre, la horde leur parut d'autant plus immense. Tous observaient l'elfe avec stupeur. Chacun ressentait la présence de cet intrus, mais aucun ne s'en offusquait. L'effet de surprise fut de courte durée. Rapidement tous reprirent leurs activités, comme si de rien n'était. Les promesses de Tazdief n'avaient pas chassé toutes les peurs dont Malékith était la proie. Submergé par une légion de démons, nul mortel n'eut pu être impassible. Des années d'exercice aussi bien physiques que politiques l'avaient endurci et même si son visage ne souffrait aucune émotion, il luttait chaque instant pour maintenir son calme.

Tazdief conduisit l'elfe au pied du temple. Étonnamment, aucun participant ne s'y pressait. Il régnait sur la plate-forme une discipline stricte. Le Roi Sorcier déchiffra avec lenteur les quelques runes gravées à même la porte. Celles-ci brillaient d'une lueur malsaine. Il s'agissait d'un dialecte Tzentchiite que le Roi Sorcier appris de sa mère étant enfant. Cet enseignement ne l'avait jamais enthousiasmé, préférant de loin les travaux pratiques qu'offraient les arcanes. Il plongea dans sa mémoire et repêcha des bribes de souvenir, tout juste suffisants à traduire les runes en première lecture, c'est à dire en leur sens le plus superficiel. Celles-ci énonçaient :



[center][i]Lorsque l'appel résonnera,
Dans le noir vous la franchirez.
Nul homme ne triomphera,
Sans fidèle pour déchiffrer.[/i][/center]



— Quelle est leur signification exacte, démon ?
— Il est une règle qui fut jadis établie par le fondateur du temple, l'éternel changeforme. Tout démon répudié qui serait suffisamment zélé pour tenter de reconquérir son essence et prouver sa loyauté envers notre Dieu, devra arpenter le temple dans l'obscurité complète. Cette obscurité n'est pas ce que vous autres mortels appelez couramment « nuit », mais bien l'incarnation pure et parfaite des ténèbres. Lorsque vous pénétrerez dans le temple, le jour cessera d'exister et vos yeux seront aveugles, aussi longtemps que vous resterez en ses murs. 
— Un instant démon, je n'ai nullement l'intention de pénétrer ou que ce soit, privé de mes sens.
— Vous ne comprenez pas. Seules deux personnes à la fois peuvent y entrer. Tandis que l'une erre sans repère, l'autre la guide. Vous entendrez ma voix, comme un murmure dans votre tête. Il vous suffira de suivre chacun de mes conseils à la lettre et vous ne courrez aucun danger.
— C'est toi qui ne semble pas comprendre. Je ne risquerai pas ma vie en me jetant dans l'inconnu. Nous pouvons très bien inverser les rôles. Tu affronteras l'obscurité et je te guiderai.
— Impossible ! Coupa net le démon.

Fou de rage, Malékith tira son épée du fourreau. Tous les démons alentours cessèrent momentanément leur entraînement pour savoir si le mortel allait enfreindre la règle sacrée, interdisant de verser le sang sur le sol du temple. 

Le démon reprit calmement.

— Prince Malékith, écoutez-moi. De nous deux, je suis le seul à connaître les dédales du temple. Par trois fois, j'y fus guide afin de libérer mes frères renégats. Tous me trahirent une fois leur essence revenu en leur possession. Notre maître fut sage d'imposer à ses disciples une collaboration dans leur quête salutaire. Notre nature perfide ne collabore guère. L'entraide constitue chez nous une hauteur plus inaccessible que celle du temple. Je vous en prie, entendez moi et levez votre arme !

L'elfe observa la foule. Certains le dévisageaient, riaient ou conversaient librement. Ranger sa lame était plus prudent.

Tazdief ferma les yeux et remercia la sagesse du prince. 

— Quelle garantie m'offrez-vous ? Comment pourrais-je faire confiance à votre nature, si celle-ci vous pousse à admettre au grand jour l'étendue de son vice ?
— Nous partageons le même objectif, jeune Prince. Vous seul disposez de la force et de l'ingéniosité nécessaire pour regagner ce qui m'est le plus cher. Je suis aussi la seule personne apte à vous ouvrir les portes du labyrinthe qui abrite le palais. En son sein, différents portails mènent à tous les pôles y compris à ceux de votre monde. Voulez-vous vraiment le regagner, oui ou non ?

Son interlocuteur marqua une pause de longue durée. Malékith ne lui accordait aucune confiance. Pour autant, celui-ci disait vrai. Son aide était indispensable pour franchir le labyrinthe de ronces. Sa tentative infructueuse l'en avait convaincu. Rien ne lui assurait qu'en franchissant les portes du palais, il ne serait pas exterminé. Aussi dément fut elle, la tentative devait voir le jour. Il repensa alors aux maints périls qu'il avait rencontrés depuis le harem de Sharaz jusqu'à ce sinistre îlot flottant dans les airs. Il repensa également aux paroles de Tazdief quant aux dieux sombres. Ceux-ci semblaient le protéger. Peut-être continueraient-ils.

— C'est entendu, démon. Je franchirai la porte et tu me guideras dans l'obscurité. 

Le démon en question exulta de joie, projetant quelques flammèches incontrôlées qui embrasèrent un pan de la cape du Prince. Tazdief se confondit en excuses. 

— Comment saurons nous quand notre heure sera venue de franchir la porte du temple ? interrogea nerveusement l'elfe.

Tazdief posa ses griffes sur les runes luisantes, puis murmura quelques paroles inintelligibles. 

— Le temple est en vie. Il appelle les héros à sa discrétion. Seuls les démons peuvent entendre son invitation. Délassez-vous, ou exercez-vous comme tant d'autres. Il désigna alors les multiples démons qui s'entraînaient depuis plusieurs heures. Même si je connais la plupart de ses pièges, le temple n'en est pas moins retord. Il sonde dans les âmes et personnalise ses horreurs. Lorsque vous serez dans le noir, surtout ne perdez pas le son de ma voix. 

Ces paroles glacèrent un peu plus le cœur de Malékith. Il s'assit en tailleur, contempla cette porte verdâtre aux runes étincelantes. Elle l'appelait de ses mystères. Le doute le saisit, mais il ne pouvait plus renoncer. Les heures glissèrent sur Malékith comme le sang glisse sur l'armure, puis le temps devint inquantifiable. Certains démons franchissaient la porte. D'abord deux géants à la peau de bronze, puis deux femmes à l'apparence quasi humaine. Aucun ne ressortirent et le temple appela d'autres victimes à engloutir. Confiants, d'autres démons y pénétrèrent continuellement, mais aucun n'en revenait jamais. Une légère torpeur saisit l'esprit de Malékith qui s'assoupit presque. Une voix le rappela à la réalité. Il s'agissait de Tazdief qui le pressait de se hâter. Le temple les avait appelés. 

Encore engourdi, Malékith réajusta la boucle de son fourreau. Il marcha avec détermination vers la porte. Ses runes rouges sang s'étaient estompées et tandis qu'elle se levait, une force intense et une obscurité glaciale semblèrent l'aspirer tout entier. Religieusement, la horde massée observait le mortel et le démon s'avancer dans les ténèbres. Malékith attendit la levée complète de la porte, puis inspira profondément.

— Surtout, lorsque nous serons dans l'obscurité, ne perdez pas le son de ma voix. lui répéta son acolyte, imperturbable.

Malékith hocha la tête, puis saisit Tazdief dans un mouvement d'une rare brutalité. Il dégaina son épée et trancha sèchement les ailes récemment soignées du démon. Celui-ci hurla de douleur, impuissant face à la poigne féroce de l'elfe.

— Je tiens entre mes mains la certitude que tu ne t'échapperas jamais de cet îlot de malheur. Pas sans moi en tout cas ! s'écria Malékith dément. 

La masse de renégats fut alertée par les cris de leur frère et se précipita sur le Roi Sorcier, toutes griffes dehors. Malékith tira Tazdief par la nuque et tous deux, démon et elfe s'engouffrèrent dans le temple. La porte se referma en un bruit sourd et tout fut noir.

Les premières gouttes de sang venaient d'être versées sur le sol sacré de l'îlot.  Modifié par Kayalias
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[quote][color="#330000"][size="2"]cette fois je ne ferai pas la même erreur. J'écrirai le tout avant de poster progressivement.[/size][/color][/quote]


Tout poster d'un seul coup n'est pas une erreur. Bien sûr, si on court après les commentaires, mieux vaut avoir des pages et des pages sur le forum. Mais c'est aussi plus agréable de poster tout d'un coup, ça évite aux nouveaux lecteurs de se taper des pages de commentaires avant de retomber sur le texte.


À toi de choisir entre ton ego et la facilité de lecture. ^_^ Modifié par Illuminor Szeras
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[quote]Tout poster d'un seul coup n'est pas une erreur. Bien sûr, si on court après les commentaires, mieux vaut avoir des pages et des pages sur le forum. Mais c'est aussi plus agréable de poster tout d'un coup, ça évite aux nouveaux lecteurs de se taper des pages de commentaires avant de retomber sur le texte.[/quote]

Au contraire, je visais surtout à écrire l'intégralité d'une nouvelle avant de la poster, pour éviter le problème des manques de motivations, de pannes et autres délais d'attente interminables ( dont je fais ma spécialité ), qui doivent profondément agacer le lecteur.


Profitez de la suite, ceci est un miracle. Deux posts en moins d'un jour !

Voici la seconde partie du temple, il y en aura une troisième, bonne lecture ;)/>









[center]
***[/center]









Les plaintes déchirantes de Tazdief se perdirent dans l'immensité du temple. L'on y respirait difficilement. L'air était moite et empestait la moisissure. Quelques tentacules végétaux, probablement des lianes chatouillaient la nuque du Roi Sorcier. Ce dernier finit par relâcher le démon qui s'écrasa lourdement au sol.

— Pourquoi avoir fait cela ? s'écria Tazdief, hors de lui. Pourquoi m'avoir estropié ?

Seul le silence lui répondit. Malékith se concentrait et tentait d'appréhender l'univers clos et sombre qui s'étendait autour de lui. 

— Vous n'êtes qu'un fou ! L'entendez-vous ? Fou à lier ! reprit le démon de plus belle.
— Tazdief, cesse donc de geindre, je ne m'entends plus penser. 
— En prime de votre insanité, vous êtes fat et grossier. Je n'aurais jamais du vous faire confiance !
— Il suffit, démon. Je ne t'ai pas d'avantage estropié que l'état dans lequel tu te trouvais au jour de notre rencontre. Tes dieux ne sont pas les seuls à pouvoir donner et reprendre comme bon leur semble. Accepte le.
— A Blasphémer sans cesse, vous franchissez un cap dangereux, jeune Prince...
— Je n'ai cure de tes semonces, démon. Nous avons une mission à remplir. Et tu vas me guider. Mais tâchons tout d'abord de créer un peu de lumière.

Il illumina la pièce d'un halo intense. Tazdief fut momentanément aveuglé et se roula sur lui même, contre le pavé, tel un animal apeuré. Le temple apparaissait sombre, austère et incroyablement silencieux. Seul un léger clapotis venait troubler la quiétude presque religieuse du lieu. On ne s'y trompait pas : de nombreuses lianes pendaient du plafond, solidement enracinées dans les parois calcaires de la pierre. Tazdief maugréa quelques menaces basses que l'elfe préféra volontairement ignorer. Il mesurait chaque pas, caressait de son gantelet les murs comme s'ils eurent recelé un immense trésor. Malékith se tourna vers son acolyte.

— Qu'attends-tu, que je vienne te chercher ? dit-il d'un ton sans réplique.

Le démon se releva avec difficulté, titubant. La douleur s'estompait petit à petit et une croûte orangée épaisse commençait à se former là ou les ailes venaient d'être sectionnées. Il lança à l'elfe un regard mauvais. Ses petits yeux d'aigles, enfoncés dans leur orbite projetaient des éclairs de haine. Malékith s'en amusait. Il agita les ailes qu'il tenait dans sa main droite tel un trophée, mima une fausse révérence, incitant Tazdief à s'engouffrer le premier dans l'un des corridors étroits du temple. L'elfe et le démon se dirigeaient à l'endroit d'où le clapotis de l'eau se faisait entendre. Malékith devait légèrement se courber pour suivre son guide dans le tunnel. A la sortie, Malékith put enfin se redresser. Il découvrit une cascade d'eau limpide qui fuyait d'une rigole au sommet du temple, pour se déverser dans diverses failles aux débouchés souterrains. En amont, se tenait un petit monticule, une sorte de pierre marbrée incrustée de jades et d'opales. Tazdief ravala sa fierté et siffla ses consignes au Prince :

— Nous y voilà, dit-il, l'oeil torve. A partir de cet instant, nos routes divergent. Cette pierre que vous voyez m'aidera à communiquer avec vous lorsque vous serez de l'autre côté. Mais prenez garde, une fois que vous franchirez la cascade, vous ne pourrez revenir qu'à condition de dérober le fragment.
— J'ai du mal à te croire, cette cascade me paraît aussi anodine que tes pouvoirs railla l'elfe, plongeant sa main dans l'eau.
— Riez, lorsque vos yeux seront aveuglés par les ténèbres et que vos sens vous perdront, vous remercierez le ciel de m'avoir pour guide. 
— Je le remercie tous les jours depuis notre encontre, ironisa l'elfe. 

Ses yeux noirs se plissèrent légèrement, défiant ceux du démon pendant quelques fractions de secondes, puis il s'engouffra tel une ombre sous la cascade. Dès cet instant, un froid terriblement mordant le saisit. Il s'effondra, oppressé, terrassé par une puissance qui annihilait la sienne. Ses lèvres comme pétrifiées ne trouvèrent pas la force de pousser le moindre cri. Le noir absolu l'environnait. De ses mains tremblantes, il chercha à faire jaillir des étincelles pour s'éclairer, mais ne put lancer aucun sortilège. Ses pouvoirs ne répondaient plus. Derrière lui, le clapotis continu de la cascade résonnait tel un écoulement de temps. Lorsqu'il voulut revenir sur ses pas, il ne put traverser, se heurtant à une barrière aussi solide que l'acier et aussi froide que la glace. Il tâtonna compulsivement dans le noir, se retenant d'appeler le démon à l'aide.

[i]Aucun sortilège ne vous sauvera, ici. Pour toutes les souffrances que vous m'avez infligées, je devrais vous abandonner à votre sort, tel le misérable que vous êtes.
[/i]

D'autres murmures interagissaient avec la voix de Tazdief. Ils résonnaient dans la tête du prince, tel un bourdonnement sourd. Malékith se concentra sur les paroles du démon qui, malgré les menaces proférées, le rassurèrent.

— Ah, démon ! Je sens l'étreinte glacée de la mort qui m'enveloppe. J'entends les âmes des déchus. Ils me susurrent des menaces à l'oreille.

[i]Ignorez les, Prince Malékith ! N'écoutez que le son de ma voix.
[/i]

— Je ne distingue strictement rien, Tazdief ! s'écria l'elfe.

[i]Nous n'avons plus une minute à perdre, dirigez vous droit devant vous. Faîtes moi confiance, je serai vos yeux.[/i]

Prudemment, Malékith obtempéra. Il s'avança, agita ses bras comme un aveugle le ferait, pas à pas. Chaque fois qu'une liane le frôlait, il se baissait comme s'il se fut exposé à un immense danger. Le froid le glaçait jusqu'au os et le ralentissait.

[i]Prenez à gauche, maintenant ! Faîtes cent pas en avant.[/i]

Malékith pivota précautionneusement, puis s'enfonça d'avantage dans les entrailles du temple. Des créatures des profondeurs rampaient dans les galeries obscures. Il pouvait les entendre. Au bout du vingtième pas, il perçut un roulement qui se rapprochait.

La voix de Tazdief lui intima de fuir.

Terrifié, Malékith allongea la foulée, projetant ses bras dans tous les sens, comme pour se prémunir d'un obstacle invisible. Le roulement de tonnerre se rapprochait dangereusement. Sans sans apercevoir, il avait du déclencher un mécanisme piège. Dès lors, une gigantesque pierre avait été relâchée et dévalait sur lui, le long de la pente. Tazdief n'eut pas le temps d'alerter Malékith, qu'un éboulement survint. Plusieurs pierres de tailles suffisantes pour fendre un crâne se détachèrent du plafond et l'une d'elle heurta l'épaule de l'elfe, qui faillit trébucher. Le roulement se faisait si fort que Malékith courait désormais. Le moindre obstacle l'aurait condamné. Il ne lui restait plus que quinze pas à parcourir. Sa respiration saccadée était entrecoupée des paroles d'encouragement du démon qui, par delà la cascade, insufflait ses conseils. 

[i]Plus que cinq pas, prenez à gauche, vite ![/i]

Malékith occulta ses pensées et à la lettre l'ordre du démon. Quand le décompte des pas fut achevé, il bifurqua sur le côté. Aussitôt, un immense fracas retentit, lui indiquant que la course infernale de la pierre s'était achevée. Surpris d'être encore en vie, il ne put s'empêcher d'invectiver le démon.

— Traître, tu me conduis à la mort !

[i]Ne soyez pas absurde, je vous y ai fait échapper. Resaisissez-vous, nous ne sommes qu'au début de notre périple.[/i] 

Malékith haletait autant de frayeur que de fatigue. Étonnamment, la course ne l'avait pas réchauffé. Le froid ne le quittait plus et tandis que la voix de Tazdief s'estompait, celle des déchus se renforçait. En murmures tantôt proches, tantôt lointains, les damnés lui promettaient une mort aussi atroce que la leur, une mort aux confins de sa terre natale, seul, perdu dans ce temple morbide. L'elfe serra sa cape autour de son corps, mais cela fut vain. Le froid surnaturel le transperçait jusqu'aux os. La voix de Tazdief s'était tut. Quelques gouttes d'eau suintaient des pierres et plusieurs sons inquiétants emplissaient le tunnel. On eut dit que les rampants s'approchaient.

— Tazdief ! s'écria le Roi Sorcier,

Les déchus lui répondirent que son acolyte l'avait abandonné.

— Tazdief ! hurla-t-il à nouveau, terrifié. 

[i]Je vous entends, jeune Prince. Pardonnez cette interruption, le temple se révèle plus coriace que je ne l'imaginais. Ses serviteurs tentent de me faire perdre le contrôle de la pierre, mais notre volonté est supérieure à la leur.[/i]

Jamais Malékith ne fut aussi soulagé d'entendre une voix connue.

— Où dois-je aller ? s'enquit-il en, pivotant sur lui-même.

Il avait anxieusement dégainé son épée.

[i]Laissez moi d'avantage de temps, je dois me souvenir.[/i]

Chaque seconde de silence pesait comme un poignard dans le cœur de l'elfe. Il ignorait si le démon parviendrait à conserver le contrôle de la pierre. Sa fierté seule, l'empêchait d'interpeller son comparse pour le rassurer de sa présence. A l'intérieur du temple, les rampants se faufilaient. Leurs pattes griffaient les murs du dédale. Le Roi Sorcier entendait leur queue glisser au contact de la pierre. La voix des déchus ne cessait de gagner en intensité. Elle l'abreuvait des récits sinistres d'anciens prétendants qui avaient péri. Pour le Prince, l'attente était plus insupportable qu'une marche aveugle.

[i]Poursuivez tout droit sur environ trente pas, puis orientez-vous vers la droite. Faîtes dix pas supplémentaires et attendez mes nouvelles instructions.[/i]

Malékith fut rassuré en retrouvant les intonations sèches et tranchantes du démon. Pour autant, celle-ci s'étaient largement estompées depuis l'interruption. Malékith eut le sentiment qu'une force sombre souhaitait la museler. Il obtempéra aux directives de son acolyte. Il manifestait d'ailleurs de moins en moins de résistance à l'égard des conseils de Tazdief. Lorsqu'il eut atteint l'emplacement que le démon lui avait indiqué, il retenta d'éclairer les ténèbres en libérant toute l'étendue de son pouvoir. En vain. Aucun sortilège ne pouvait être incanté. Il soupira de frustration.

[i]Vous allez maintenant prendre votre élan sur cinq pas, puis vous sauterez droit devant vous. Ne déviez surtout pas où vous serez perdu. [/i]

— J'éspère que tu plaisantes, démon ?

Sa voix résonna au dessus de lui-même, lui indiquant qu'il se trouvait au cœur d'une pièce concave.

[i]Je n'ai jamais été aussi sérieux, jeune Prince. [/i]

— Je ne sauterai pas sans savoir ce qui se trouve sous mes pieds, rétorqua le Prince, déterminé à ne pas céder.

[i]Croyez-moi, vous ne voudriez le savoir. [/i]

Cette remarque glaça l'échine du Roi Sorcier. Le souffle de la mort s'insinuait en lui. Dans son dos, les rampants le suivaient à l'affût du moindre de ses gestes. L'un d'eux se faufila sous ses jambes et les lui griffa férocement. Malékith se débattit et écarta la créature d'un coup de pied.

Vos n'avez plus le choix. Sautez. Maintenant !

Malékith prit son élan, adressa une prière silencieuse au dieu qui voudrait bien l'entendre, puis s'élança en avant. Le saut fut trop long et lorsque l'elfe atterrit, il perdit l'équilibre, entraîné par son propre poids. Autour de lui, le sol s'était dérobé. Il compris dès lors qu'il se trouvait sur une plate-forme flottant au dessus du vide. La manœuvre se répéta. Tazdief lui intima de sauter de plate-forme en plate-forme et à chaque bond, Malékith retint son souffle. En contrebas, les cadavres des déchus l'invitaient à le rejoindre.

Lors de l'avant dernier saut, Tazdief estima approximativement la distance et l'enjambée de Malékith fut trop courte. Seul l'un de ses pieds parvint à la plate-forme, tandis que l'autre glissa sans support. Tout son corps fut entraîné dans l'abîme. In extremis, ses mains accrochèrent une irrégularité dans la pierre. Suspendu dans le vide, retenu par la force seule de ses bras, le Roi Sorcier se cramponnait farouchement. Quand il tenta de se hisser sur les coudes pour remonter son corps, un des cadavres de la fosse lui saisit la jambe. Il se débattit et poussa un cri de frayeur au contact visqueux de cette peau en décomposition. D'un mouvement de bascule, il se servit de sa jambe libre comme un projectile qui atteignit le menton du démon. Ce dernier chancela avant de lâcher sa prise. Malékith en profita pour remonter sur la plate-forme. A l'ultime instant, il sentit la boucle de sa ceinture céder : la créature venait d'emporter sa cape dans les ténèbres de la fosse. 

Il eut à peine le temps de reprendre son souffle, qu'une voix douce et sucrée balaya les avertissements presque inaudibles de Tazdief. 

— Bonsoir, Prince Malékith. Vous m'avez tant manqué. Suis-je toujours la plus belle de vos roses ? 

Les paroles d'Alyndra touchèrent l'elfe droit au cœur. Par delà l'obscurité, elles ravivèrent en lui une flamme qui, jamais ne s'était éteinte.  Modifié par Kayalias
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[quote][color=#330000][size=2]Au contraire, je visais surtout à écrire avant de poster pour éviter le problème des manques de motivations et des délais d'attente interminables ( dont je fais ma spécialité ) qui doivent profondément agacer le lecteur.[/size][/color][/quote]

Ce que je disais, c'est que les commentaires viennent casser le rythme de la lecture, c'est tout. Sympa en tous cas ton texte, bonne continuation à toi. [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img]
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C'était légèrement cruel de ma part d'interrompre le récit à ce moment, alors voici promptement la suite. Pour les nouveaux arrivants ou ceux qui ont perdu le fil, [b]ce récit est la suite du temple : les deux posts " récents " du dessus.[/b]

Bonne lecture ;)










[center]***[/center]










Le cœur de Malékith cogna si fort dans sa poitrine qu'il en eut la nausée. Ses yeux s'humidifièrent. Sa gorge sèche, pleine de cendre et de poussière se noua. Il interposa son épée et menaça d'un moulinet vague la femme qui troublait son âme. 

— Si vous pensez qu'il suffit d'usurper un souvenir pour me briser, vous faîtes erreur ! rugit-il à un ennemi invisible. 

Il grelottait. Le froid s'était insinué si profondément en lui que maintenir son épée tendue lui exigeait un effort immense. A l'autre bout de l'antichambre, la succube rejoignait silencieusement son amant. Chacun de ses pas provoquait une secousse évanescente, comme si son corps se trouvait en parti immergé. Ses breloques tintaient et s'entrechoquaient au gré du balancier qu'opéraient ses hanches. Malékith, tremblant, se sentit défaillir. Sa conscience se brouillait. Machinalement, il avança d'un pas. Une eau tiède et agréable s'infiltra d'abord dans ses bottes, pour remonter le long de ses jambes. 

— Vous m'avez tant manqué. Il faisait noir, si noir, reprit-elle d'un soupir alangui.

Un frisson parcourut l'elfe. Ses barrières cédaient.

— Je vous demande pardon, dit-il. Je vous ai abandonnée.
— Sharaz ne vous a pas laissé le choix. Ne vous tourmentez plus, mon Prince.

Elle joignit sa main dans la sienne.

— J'ai été si faible, Alyndra. J'ai échoué. Pardonnez-moi. Si seulement je pouvais inverser le cours du destin, implora-t-il d'une sincérité non feinte.

Elle se tenait à portée de lame. Son parfum de rose couvrait l'odeur de moisissure du temple. L'eau avait crû et atteignait la taille du Prince. Alyndra posa sa main sur le garde-lame, le caressa à trois reprises du bout des doigts, puis l'abaissa. Le Roi Sorcier était toujours aveuglé mais ressentait si intensément le contact de sa peau qu'il pouvait presque deviner les contours suaves de ses tatouages. 

— Alyndra, je vous a...

Elle l'interrompit d'un baiser volé. Son corps humide se pressa contre le sien et elle ronronna langoureusement contre sa poitrine. L'eau dépassa le buste du Roi Sorcier. Alyndra passa la main dans ses cheveux d'argent, s'attarda longuement sur sa nuque, puis l'embrassa à nouveau. Malékith s'abandonna : la passion recouvrait tout autour de lui. L'eau tiède ne cessait de s'élever. Elle gorgeait ses vêtements et l'enrobait confortablement. Une brume apaisante délectait son esprit qui baignait dans le plus agréable des rêves. Alyndra enroula ses cuisses fines et douces autour de sa taille, tandis que son bassin entreprit une danse suggestive. Le Prince se livra entièrement dans cette étreinte qui semblait ne jamais avoir de fin.

L'eau les submergeait presque entièrement.

[size="3"][i]Prince Malékith ![/i][/size]

Le parfum capiteux de ses cheveux envahissait l'air restant de la pièce.

[size="4"][i]Prince Malékith ![/i]
[/size]

Il voulut mourir pour elle.

[size="5"][i]Prince Malékith ![/i]
[/size]

Cette fois-ci, il sursauta de stupeur. Le timbre brutal du démon contrastait tant avec la douceur des baisers échangés avec Alyndra, qu'il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser. Il s'escrima à conserver la tête hors de l'eau.

[i]Prince Malékith, entendez-moi ! 
[/i]

— Je t'entends, répondit l'intéressé, toussant et crachotant de l'eau par saccades.

[i]Ne restez pas là, fuyez aussi vite que vous le pouvez !
[/i]

La voix de Tazdief s'éloignait. Malékith n'avait pas entièrement quitté son mirage.

— Pourquoi devrais-je fuir ? contesta-t-il. Alyndra est avec nous, elle m'a aidé dans le passé. Je lui fais confiance.

Cette dernière referma son étreinte. 

[i]Cette femme n'est pas celle que vous avez connue ! Si vous ne fuyez pas maintenant, ce temple deviendra votre tombeau !
[/i]

Un éclair de lucidité traversa Malékith qui entrevit une portion de la réalité. Il se parla à lui-même, l'air sombre.

— Alyndra ne peut être dans ce temple. Sharaz l'a assassiné. Son essence est disloquée aux quatre vents. Jamais plus nous nous reverrons.

Il opéra un mouvement réflexe de recul, mais la jeune femme pendue à son cou refusait de le quitter.

— Pourquoi chercher à me fuir, maintenant que nous sommes enfin réunis, mon amour ?

Malékith baissait la tête. Même dans le noir complet, il ne pouvait supporter son regard.

— Tu n'es pas réelle, conclut-il amèrement. Je dois partir.

Il prononça cette phrase d'une lenteur extrême, détacha chaque mot à mesure qu'il se convainquait de leur sens. Alyndra le pressa plus fort. Elle le couvrit de baiser. Le Prince se laissait faire, dévasté, pendant que les flots noyaient intégralement la pièce.

[i]Débarrassez-vous d'elle, Prince Malékith. Faîtes demi-tour, nagez douze pieds puis plongez à dix de profondeur. Ne vous laissez pas entraîner par le poids de votre armure.
[/i]

Les deux amants sombrèrent lentement. La pièce donnait l'impression d'avoir doublé son volume. Alyndra enlaçait l'elfe si fort. Elle ne put voir Malékith saisir la dague qui pendait à son flan. L'elfe l'embrassa une dernière fois, puis la poignarda sans un mot. Il perçut un cri étouffé, et des sanglots lui parvinrent. Du sang se dilua dans l'eau. Il se déposait sur ses lèvres. Les jambes de la succube se dénouèrent de sa taille et il put plonger dans les profondeurs pour rejoindre le soupirail qu'avait indiqué Tazdief. Il brisa la fine grille qui lui barrait la route, empruntant un nouveau tunnel inondé. A son extrémité, l'eau se mêlait à la boue et aux racines de plantes marines. Il les écarta, regagnant ainsi la surface. L'obscurité était toujours totale, mais le froid semblait avoir disparu. Dans sa main tremblante, il tenait toujours l'arme. Elle lui échappa. Il ne la ramassa pas. Il s'effondra à genoux et hoqueta à plusieurs reprises. Ses mains recouvrirent son front et il libéra une plainte faible, presque irréelle. 

[i]Félicitation, jeune Prince. Le fragment d'essence est à portée de nos mains.  [/i] Modifié par Kayalias
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  • 2 semaines après...
[quote] Une cohorte de démons aux aspects divers patientait[/quote]

Trop vague, ton « aspects divers ». Soit tu décris un minimum tes démons, soit tu vas au plus simple et tu vires « aux aspects divers »

[quote] Maudit un jour, idolâtré la veille[/quote]

Tournure... curieuse.

[quote] S'il ne faisait que s'agiter, tempête dans un verre d'eau ? [/quote]

Au-delà de l’expression clichée, elle est inappropriée : Malekith a beau être le jouet de la volonté des Dieux, il fait quand même plus que participer au dernier débat de société.

[quote] Piété du lieu [/quote]

Là, j’ai un problème. Le terme « piété » a beau être correct, il sonne faux vis à vis des royaumes chaotiques. Question de registre, je suppose : la piété est d’ordinaire associée aux religions « ordonnées ».

[quote]de l'ilôt.[/quote]

îlot

[quote]teintaient[/quote]

Tintaient

[quote]d'un souffle d'amour[/quote]

Trop cliché.

A part ces quelques petites fautes, c'est du tout bon : des péripéties variées, des descriptions audacieuses, une narration efficace. Va falloir que je sois plus méchant, tu risques de te laisser aller ;)
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  • 3 semaines après...
[quote]Là, j’ai un problème. Le terme « piété » a beau être correct, il sonne faux vis à vis des royaumes chaotiques. Question de registre, je suppose : la piété est d’ordinaire associée aux religions « ordonnées ». [/quote]

Je conçois tout à fait un univers chaotique sans règle fixe et encore moins " ordonné " mais, je voulais faire de la périphérie du temple une sorte de zone neutre ou plutôt ... un lieu de pélerinage pour tout désavoué qui chercherait à reconquérir les faveurs de son dieu en montrant sa dévotion. Du coup la piété en tant que tel peut choquer, mais c'est pourtant bien de ça qu'il s'agit.

[quote]d'un souffle d'amour


Trop cliché[/quote]

En cherchant un peu, je lui ai trouvé un remplaçant moins cliché. En tout cas tu me pousses à éviter la facilité de certaines tournures amoureuses et c'est très bien.

Place à la suite.

Bonne lecture !









[center]***[/center]










Malékith gisait à terre. Il hoqueta à de multiples reprises, crachant une eau tiède au parfum de vase. Cette même eau ruisselait le long de son armure et sur les ailes démoniaques de son acolyte, fermement arnachées à son dos. Sur les consignes du démon, il se hissa sur ses deux jambes, fit quelques pas, avant de s'effondrer à nouveau.

[i]Relevez-vous de suite[/i], siffla Tazdief d'une voix autoritaire que seul l'elfe put entendre.

Pris dans un tourbillon où le deuil se mêlait à l'humiliation, le sang du prince ne fit qu'un tour.

— Lorsque j'aurais quitté cet enfer, démon, tu payeras pour ta condescendance.

Il prononça ces mots à demi voix. Lui-même n'y croyait plus. Cela faisait trop longtemps qu'il errait dans le froid. Trop longtemps qu'il grelottait dans les ténèbres. Un bruissement d'ailes suivi d'un raclement de chaîne se fit entendre à une dizaine de pas de sa position.

— Je perçois une présence forte et déterminée, dit celui qui était enchaîné. Elle fend l'obscurité à moins que mes sens me trahissent. 

Les consonances graves et élégantes de cette voix sublime contrastaient tant avec le croassement haché de Tazdief, que le Roi Sorcier s'immobilisa instantanément, conscient de faire face à un être infiniment puissant. 

[i]A partir de cet instant, Prince Malékith, vous suivrez mes directives à la lettre. Déviez une seule fois de mes consignes et je vous garantis le trépas. Ne prononcez plus une parole à mon intention ; il en va de notre vie. Maintenant, avancez-vous calmement vers lui.
[/i]

L'elfe s'exécuta impressionné par tant de puissance. Il ne pouvait certes la contempler comme un mortel le ferait, mais il la ressentait au plus profond de lui. Chaque pore qui composait sa peau vibrait à l'approche de cet être suprême. Bien qu'il brûla du désir de converser librement avec lui, sa raison lui recommanda de suivre les conseils de Tazdief qui, jusqu'à présent, avaient su prolongé ses jours.

[i]Saluez-le. Manifestez de la déférence.[/i]

Les simagrées courtisanes qu'il s'apprêtait à feindre lui rappelèrent celles auxquelles il avait du se livrer au temple. Il parvint finalement à considérer cette tâche vile comme une mascarade, une forme de théâtre grotesque au sein duquel il occuperait le rôle principal. Le mensonge l'excitait.

— Vos pouvoirs sont immenses, Seigneur, ils ne peuvent vous égarer, déclara l'elfe avec assurance. Un étranger se présente bel et bien devant vous. En cet instant, il s'incline devant votre majesté.

[i]Excellent, jeune Prince. Continuez d'avancer sur quelques pas encore. En notre Royaume, la coutume veut que le plus faible se présente le premier.[/i]

Un second bruissement d'aile troubla sa confiance. Au regard du souffle provoqué par ce battement, la créature devait être titanesque. Malékith ignorait pourquoi elle était enchaînée.

— Un étranger, dis-tu ? Qu'adviendrait-il de lui s'il avait l'arrogance de défier le maître du temple ?

« On l'a averti de ma présence », songea Malékith, dont les mains s'agitaient nerveusement.

[i]N'ayez crainte, ces procédés ne sont qu'un aperçu des doutes qu'il tentera de distiller dans votre esprit. Son unique but est de vous rendre vulnérable aux pièges qu'il ne cessera de vous tendre. Écartez les digressions et ne retenez que l'essentiel. Restez concentré. Présentez-vous en empruntant ma lignée.[/i]

— Pardonnez mon insolence, maître, reprit l'elfe. Je ne souhaitais nullement vous défier. Je me prénomme Tazdief, fils de Goun et de Shadé, humble serviteur du grand architecte. 

Une myriade de rires et de claquements sonores retentirent dans les dédales du temple. Les indicateurs étaient légion.

— Prosterne toi, rétorqua le maître des lieux avec autorité, car je suis Eschyle, fils d'Istéron et de Galité, frère d'Ilyos et de Torn, maître du domaine de Serkis, Seigneur ici bas. 

[i]Le malandrin a volontairement confondu le nom de son domaine avec celui de son second frère. Saluez-le en corrigeant cette erreur.[/i]

Les conseils de Tazdief était à peine audible, comme s'il peinait à garder le contrôle de la pierre.

— Je vous salue dignement Eschyle, fils d'Istéron et de Galité, frère d'Ilyos et de [i]Serkis[/i], maître du domaine de [i]Torn[/i], Seigneur ici bas.

Cette dernière phrase arracha au démon un ronronnement de contentement. La menace de son ton s'apaisa et revint à la douceur qui caractérisa sa première intervention orale. 

— Ah, Tazdief, tu es donc digne de t'asseoir à ma table, déclara-t-il. 

Un tintement de couverts entrechoqués résonna dans la pièce qui était toujours noyée dans une obscurité complète. Un souffle boisé en aval et un second en amont indiquèrent à Malékith qu'une table et une chaise s'étaient dressés. Rapidement, le parfum du vin et de la viande grillée envahirent la salle à manger. Il lui suffisait de fléchir les cuisses pour être définitivement attablé. 

[i]Ne mangez rien, ne buvez rien, ne touchez à r...[/i]

La voix de Tazdief s'évanouit subitement.

— Repais toi de ce festin car ton périple a été éprouvant.
— Votre proposition est fort aimable, maître, mais je ne manque de rien, rétorque le Prince dans la foulée.

Malékith avait perdu la saveur des aliments il y a longtemps. Par d'étranges effets hallucinatoires, ils lui réapparurent pour la première fois depuis des siècles. Le fumet de la viande lui donna l'eau à la bouche. Il devint entêtant, si proche, à portée de main. Tout comme le vin, issu des vignes éternellement ensoleillées, qui ruisselait et titillait ses narines. Le Roi Sorcier lutta pour conserver sa discipline. Ses mains se nouèrent dans son dos pour ne pas être tentées.

— Vraiment ? insista le démon, avec perfidie.
— Puisque je vous le confirme, répondit Malékith, les mains toujours crispées.

Aussitôt, la table fut balayée par les vents de magie. Le cristal et la porcelaine se brisèrent et le parfum des victuailles s'évapora dans l'air. Le démon s'agaçait de la résilience de son hôte. Il déploya alors une autre stratégie : celle de la violence et de l'intimidation. La puissance déferla et Malékith fut presque emporté par la tornade. Tazdief ne répondait plus. Les craintes de l'elfe se renforcèrent, quand de mystérieuses chaînes organiques le saisirent, sans qu'il ne puisse opposer une quelconque résistance. Le démon ombrageux l'interpella à nouveau.

— Sens-tu la véritable puissance qui courbe ton échine ? Sens-tu ce vent que les mortels désirent et craignent tout à la fois ? Il est la raison de toute chose. L'obole du mendiant, la quête du serviteur et la passion du maître. On le dit éphémère, on le dit infini. En ce moment, il souffle sur ta vie.

Ce vent terrifiant galvanisa Malékith.

— Je ne sens... que... le changement, rugit-il, auréolé de puissance.

La colère du démon retomba. Un silence pesant couvrit la salle.

— Mes serviteurs m'ont conté l'étrange histoire d'un mortel, né de haute lignée. Fils dit-on, du plus puissant Roi qui ait foulé le monde. Lorsque son père mourut, le Prince fut écarté du trône. De bonne grâce, il jura allégeance à l'usurpateur. L'aura et la force du Prince resplendirent tel un guide de lumière, communiquant l'espoir d'un second âge d'or à son peuple. Au cours de ses innombrables voyages, le Prince fut séduit par de sombres secrets, issus de la magie la plus noire. Quand il revint à la Cours, sa jalousie éclata aux yeux de tous. Il fit empoisonner le Roi illégitime et convoqua les princes du Royaume pour les soumettre à sa volonté. 

Le démon marqua une pause et Malékith poursuivit froidement cette histoire dont il connaissait la fin.

— On m'a également rapporté ce conte, dit-il. Le mortel assassina les dissidents du Royaume et traversa les flammes sacrées de son Dieu pour finaliser son couronnement. Les flammes rejetèrent son corps impur.
— On dit qu'elles le dévorèrent et le tourmentèrent sans fin.

Le démon insista vicieusement sur ce dernier point, avant de reprendre.

— Le Prince dont il est question consacra les millénaires de sa vie à la reconquête du trône, provoquant le plus grand schisme que son peuple ait jamais connu. Sa rancoeur nourrit sa haine et la haine le conduisit à la guerre. Le tumulte de la guerre résonna jusqu'à la nuit des temps. Il s'agissait d'un événement auquel nul ne s'attendait. Ni homme ni démon ne fut suffisamment clairvoyant pour le prophétiser. Mes serviteurs m'ont rapporté que ce conte dépassait la fiction ; qu'il existe bien un Prince mortel que la folie guida jusqu'à notre Royaume.

Les deux protagonistes se confondirent dans le silence. Malékith reprit la parole :

— Maître, pensez vous qu'un mortel ait pu survivre aux épidémies nécrotiques, aux milles et uns plaisirs ? Pensez-vous qu'il ait pu ne serais-ce qu'entrevoir la montagne des crânes ? s'enquit Malékith, impassible.

La politique reprenait ses droits. Le démon éclata d'un rire tonitruant et resserra les chaînes autour des membres du Roi Sorcier.

— Aussi puissant qu'un mortel puisse l'être, il serait folie de l'imaginer, annonça le démon. 

Malékith ignorait si son interlocuteur jouait ou non avec lui. L'obscurité combinée à l'hypothèse qu'un mortel ait pénétré en territoire démoniaque était plus qu'improbable et jouait en sa faveur. Pour autant, l'elfe ignorait l'étendue des connaissances du démon. 

C'est alors que les chaînes cédèrent, au grand étonnement de l'elfe.

— Il n'y qu'une seule façon de le savoir, renchérit le Seigneur du temple. Viens vers moi.

L'ordre était sans appel. Malékith en fut paralysé de frayeur. Il craignait plus que tout que le démon voit clair dans son jeu. Il ne pouvait se résoudre à se livrer entre ses griffes. Le Roi Sorcier implora Tazdief de lui apporter son aide, mais son acolyte ne répondait plus depuis longtemps. Peut-être avait-il cédé au pouvoir de la pierre, peut-être était-il déjà mort ? Ses angoisses le rattrapèrent. Imperceptiblement, il glissa sa main sur le pommeau de son épée, avant de se raviser. Dans son dos, pendaient les ailes de Tazdief. Il les détacha calmement.

A l'autre bout de la pièce, le démon suprême jouissait de cette attente. Il savait que son hôte ne pouvait plus reculer. Nul besoin de faire étalage de sa force, son interlocuteur approcherait de lui-même.

Animé par la ruse, Malékith tint une aile dans chacun de ses bras, puis resserra le plumage autour de sa taille pour simuler l'apparence physique de son acolyte. Lentement, il s'avança. Chacun de ses pas créait un léger son qui se répercutait sur les dalles de pierre. L'imposante créature exaltait sa joie par de légers râles et lorsque l'elfe se fut approché au point de sentir son souffle chaud, elle tendit une gigantesque patte griffue qui le souleva de terre. Le démon s'exécuta très doucement. Le temps sembla atrocement long pour Malékith qui s'attendait à être broyé à chaque instant. 

— Ah, Tazdief, dit le Seigneur du temple, je reconnaîtrais ton cœur noir entre tous. Je savais que tous ces mensonges te concernant étaient faux. Il n'est nul doute, aucun mortel ne peut pénétrer dans ce temple. Contemple cette récompense comme prix de ta ténacité.

L'elfe fut finalement relâché. Il était encore trop sonné pour réaliser ce qui venait de se produire. Une armature métalique cliqueta dans le noir. Le démon tendit à l'elfe ce qu'il devinait être une forme aux contours flous, presque immatériels. La forme se pressa délicatement contre le bras du Roi Sorcier qui reconnut ce contact doux, tiède et rassurant : celui d'un fragment d'essence démoniaque. Modifié par Kayalias
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  • 2 semaines après...
  • 2 semaines après...
Merci pour vos commentaires, c'est assez stimulant et contrairement à ce qui pourrait être suggéré, je ne m'endors pas sur mes lauriers ... Au contraire je prépare la suite. Bonne lecture ;)/>










[center][b]***[/b][/center]










Le fragment d'essence escaladait le bras du Roi Sorcier, le gratifiant d'une chaleur tiède et agréable. Espiègle, il s'étirait de toute sa surface, car son ambition était de recouvrir intégralement son libérateur. Malékith n'objecta pas au dessein de cette chose, dont l'autonomie le sidérait. Il choisit de ne point suivre les recommandations de Tazdief, de ne pas rouvrir sa bourse pour y renfermer le fragment. Le noir complet empêchait toujours le Prince d'appréhender son environnement. Le raclement des chaînes du prisonnier lui indiqua qu'il souhait prendre la parole.

— Tu es en possession d'une partie de la récompense ultime, annonça le puissant Eschyle. Te voilà maintenant fortement avancé sur le sentier de la rédemption. 

Malékith resta de marbre, craignant sans doute que sa récompense lui fut retirée. Le fragment d'essence poursuivit son ascension, chatouillant sa nuque.

— S'il ne fut aisé de le conquérir, plus ardu encore sera de le conserver. Dans ce temple, de nombreux damnés qui ont échoué dans leur quête errent, aveugles. Ces âmes perdues tueront pour goûter le fragment que tu portes. Va et quitte cet endroit, ou péris comme les autres avant toi.

Une bourrasque puissante chassa Malékith hors de la pièce. Il perçut un choc sourd, comme pour lui signifier qu'une dalle venait d'être scellée dans son dos. L'essence de Tazdief l'avait recouvert en intégralité. Sa peau vibrait à son contact. Le fragment lui insufflait une fraction du pouvoir de l'ancien porteur. Elle le préservait en outre du froid mordant, qui l'avait tant fait souffrir en traversant la cascade. 

Un éboulement lointain parvint à ses oreilles. Des bruits de pas saccadés l'accompagnèrent. 

Malékith dégaina sa lame, ne négligeant pas les avertissements du Seigneur des lieux. Des formes scintillantes ne tardèrent pas à apparaître dans son sillon. Le Roi Sorcier en fut le premier surpris, lui qui avait si longtemps tâtonné dans l'obscurité, sans autre repère que la voix de Tazdief. Le fragment d'essence lui conférait le don de seconde vue qui permet à un démon de discerner ses semblables à tout instant. L'elfe se plaqua contre le mur et patienta silencieusement. Il pensait que ses poursuivants le dépasseraient, sans avoir à livrer bataille. Les démons obliquèrent soudain dans sa direction. L'essence semblait émettre de fines particules que tous les démons assoiffés pouvaient traquer. Le Prince en eut la certitude lorsqu'un projectile tranchant frôla son épaule. Le démon pyromane et ses pairs hurlant se précipitèrent dans sa direction. Un second détachement le prenait à revers.

Lorsque les démons se furent suffisamment approchés, l'un à la suite de l'autre, le Roi Sorcier abattit son épée sur le crâne du premier opposant. Un liquide grumeleux éclaboussa son front. Celui-ci retira sa lame d'un mouvement sec, puis la plongea profondément dans la gorge d'un monstre disproportionné. Une patte le griffa et lui fit perdre l'équilibre. L'elfe tira la dague restante de sa taille et transperça la cuisse du damné. Le démon hurla de douleur, avant de retirer la pointe de métal. Une gerbe de sang s'écoula de la plaie. Malékith le maintint à distance d'un coup de pied à l'aine puis se releva. Deux autres assaillants se jetèrent sur lui. Un troisième, plus lent, vomissait des projectiles incandescents de ses multiples orifices. L'un des sortilèges heurta par erreur le démon le plus proche de l'elfe. Ce dernier s'effondra, la peau du dos calcinée. Le Prince riposta d'un rapide revers qui perfora l'abdomen du blessé.

Malékith reprit son souffle, hasardant un regard par dessus son épaule. Les damnés alertés par le vacarme de la lutte accouraient. D'autres démons attirés par le fragment d'essence provenaient des plus sombres conduits. L'elfe parcourait à la hâte des couloirs qui lui semblaient tous identiques. De la boue tenace alourdissait ses bottes et plusieurs lianes vicieuses lui barrèrent la route. Deux démons tapis dans l'ombre profitèrent de son inattention pour lui tendre une embuscade. L'un des deux possédait une protubérance en forme de gueule à l'emplacement du nombril. L'autre ne semblait être rien de plus qu'un amas difforme. Le tas de chair se jeta le premier sur lui et Malékith faillit être emporté par sa masse. Le second, plus leste tenta de contourner l'elfe, mais ne fut pas assez rapide. Un moulinet inattendu lui trancha la tête. Le démon corpulent posa plus de difficultés au Roi Sorcier. A chaque fois que sa lame tentait de l'atteindre, elle ricochait sur son cuir dur en produisant des étincelles dorées. Malékith se contenta de parer les morsures du démon les unes après les autres. A un moment, il pivota sur lui-même en opposant sa lame au monstre. C'est là qu'il distingua un pont suspendu, trop étroit pour que plusieurs humanoïdes le franchissent simultanément.

Le Roi Sorcier para les rafales du tas de chair qui semblait infatigable. Pas après pas, le Prince s'approchait malicieusement du pont. Quand le démon fut suffisamment engagé, Malékith lui asséna une estocade qui le fit vaciller. Une seconde fut portée. Cette fois, le monstre bascula mais ses griffes se plantèrent dans la corniche, le retenant ainsi suspendu. Le temps s'arrêta quelques secondes. Au moment où l'elfe leva son épée pour achever son adversaire, un tentacule s'éleva du gouffre et saisit le tas de chair. Le crissement de ses griffes contre la pierre fut strident et ses hurlements bestiaux se muèrent en couinements terrifiés, lorsque le tentacule l'emporta dans les profondeurs du gouffre.

Malékith se hâta de franchir la corniche pour ne pas subir le même sort. Lorsqu'il atteignit le renfoncement dans la roche qui lui permettrait de s'enfuir, un second tentacule s'interposa. Sa peau répugnante, couverte de griffes et de crocs répartis sans logique, se tortillait. Un second appendice s'éleva de la fosse. D'autres suivirent encore. Ils balayaient l'air en larges mouvements rotatifs et l'elfe dut se jeter en avant pour ne pas être fauché. Il se plaqua au sol, retint son souffle et rampa aussi silencieusement que possible en direction de l'extrémité du pont de pierre. Chaque tintement de son armure le fit frémir. Il priait que l'abomination ne puisse l'entendre. Les tentacules fendaient l'air, raclant la paroi rocheuse qui surplombait le gouffre à la recherche de nourriture. Une des ventouses frôla la jambe gauche du Prince. Ce dernier n'eut d'autre choix que de glisser sur le côté, chutant presque dans l'abîme. Il se redressa avec peine, peu avant qu'une mystérieuse force ne le heurte au dos. Celle-ci l'envoya rouler sur plusieurs mètres, dans un raclement de métal. Étourdi, Malékith passa sa main sur son armure, entre les omoplates et en ressentit immédiatement l'impact brûlant. Les mailles avaient en parti absorbé le sortilège, mais la violence du choc lui coupa le souffle de précieuses secondes. 

Dès lors, les tentacules redoublèrent d'intensité. Malékith sauta de justesse par dessus l'un deux qui tenta de le surprendre à hauteur des genoux. A l'autre extrémité du pont, une horde de damnés le poursuivait toujours. Eux-aussi hésitaient à franchir la fosse. Certains brandissaient un sceptre, d'autres se contentaient de croassements menaçants. L'elfe tira son pavois pour se prémunir d'un nouveau sortilège. Il ignorait d'ailleurs comment ces démons mineurs pouvaient faire appel aux vents du chaos, alors que le bâtiment l'en en privait. Il se plaqua à nouveau au sol pour éviter un tentacule, puis observa les murs qui l'entouraient. Son don de double vue les lui fit voir aussi distinctement qu'un mortel aurait vu leur forme matérielle. Les démons avaient probablement appris à puiser leur énergie non plus dans les courants de magie, mais également dans les fondations du temple. Ce dernier quant à lui, s'auto-alimentait, puisait sa puissance directement depuis l'extérieur. Le Prince esquissa un sourire à la perspective de cette révélation, réalisant qu'il lui restait encore beaucoup à apprendre. 

Les démons incantèrent d'autres sortilèges dans sa direction, mais leur visée était incertaine et aucun ne trouva sa cible. Certains frappèrent les tentacules voltigeant, ce qui eut pour effet de les rendre fous de rage. Les appendices s'agitaient furieusement dans l'air, emportant les damnés imprudents qui s'avancèrent sur le pont. Les démons qui cherchèrent à le franchir parurent bien maladroit et furent immanquablement balayés. Au moment de la chute, leur visage tordu regagna leur apparence humaine, originelle. La horde redoubla d'hésitation. L'un des démons plus imposant que les autres s'improvisa chef de meute et leur intima l'ordre de repousser les appendices gluants. Les damnés obéirent et concentrèrent toute leur énergie. Une myriade de projectile mauves et ocres fila dans l'air pour s'écraser contre le plafond de la salle. Une pluie d'énergie brute dégoulina le long du dôme. Un rugissement de douleur suivit, émana du gouffre, faisant battre les tentacules en retraite.

Malékith n'attendit pas qu'on le cueille. Il s'éclipsa aussi vite qu'il le put, les démons sur ses talons. Il ne restait que quelques mètres à franchir avant que l'elfe ne fut en sécurité dans l'alcôve, mais les tentacules enragés fondirent à nouveau depuis le gouffre. L'abomination s'enrageait plus que jamais et ses membres serpentins, couverts de braise, s'enroulèrent autour du pont. Un grincement terrifiant résonna dans l'antichambre. Les démons gémirent de frayeur. Des sortilèges fusèrent un instant, avant que le pont de pierre ne s'effondre, emportant avec lui une dizaine de damnés. Malékith eut tout juste le temps de se jeter dans l'alcôve. Un épais brouillard de poussière s'éleva aussitôt de l'abîme. Un tentacule s'insinua jusqu'au Prince, déterminé à l'emporter comme les autres. Malékith fut happé à la jambe. Il se cramponna de toutes ses forces à un interstice dans la paroi murale mais la force de l'abomination était telle qu'il ne put résister qu'une poignée de secondes. Le cuir de ses gants céda, et ses mains ensanglantées se détachèrent de la pierre. Son corps fut comme aspiré vers le gouffre. Sa lame était toute proche. Il se tendit de toute sa longueur et parvint à en attraper le pommeau. Déterminé à se libérer coûte que coûte, il frappa plusieurs fois en direction de l'appendice qui le traînait. Il étouffa un hurlement de douleur. Le tentacule avait été sectionné, mais il avait également entaillé sa jambe dans la panique. Sa cuissarde était fracturée à l'endroit où la lame avait s'était abattue. Il perdait du sang en quantité.

Le Roi Sorcier se redressa à la hâte, claudiquant dans l'ombre. Son épée lui servait de béquille de fortune. Il serra les dents pour mieux supporter sa peine. Du métal avait éclaté et s'enfonçait dans sa chair. A chaque pas, il grimaça de douleur. Une ombre survint au détour d'un couloir. Un démon probablement le guettait. L'elfe se terra dans l'ombre, prêt à égorger le rôdeur. Lorsque celui-ci fut à bonne distance, le Prince le saisit à la gorge.

— Arrêtez ! le pria le démon.

Le démon en question possédait une particularité connue : ses ailes avaient été tranchées.

— Tazdief ? s'exclama le Prince, abasourdi mais néanmoins heureux de retrouver son homologue.

Le démon aveugle ne le reconnut pas et se libéra de son étreinte.

— Arrière ! hurla-t-il toutes griffes dehors.
— Tazdief, que fais-tu ici ? s'enquit l'elfe.
— Arrière, reprit l'acolyte, tu n'es qu'illusion !
— Tazdief, as-tu perdu la raison ?

Malékith l'empoigna de nouveau, le forçant à ressentir l'étrange contact de sa peau, recouverte par le fragment d'essence.

— Vous... Vous avez donc réussi ! balbutia Tazdief, fou de joie.

Malékith soupira, l'exhortant à fuir les damnés. Bien qu'aveugle, Tazdief se révéla être un excellent guide. A eux deux, ils n'eurent aucun mal à regagner la cascade. En la franchissant, le Prince ne ressentit plus cette étreinte glaciale qui l'avait paralysé la première fois. Tazdief quant à lui, n'était pas protégé. Il en souffrit atrocement. Il demeura plusieurs minutes contrit au sol. Progressivement, il regagna la vue.

— Je vous demande pardon, Prince Malékith. Les forces de la pierre se sont révélées être plus puissantes que dans mon souvenir. Je suis parti à votre recherche dès que je me suis senti perdre le contrôle et...
— Il est inutile de te justifier, le coupa Malékith dans un sursaut d'orgueil. J'ai survécu sans toi et nous voilà en possession de l'essence.
— Vous dites vrai. Je ne me suis pas trompé en vous choisissant pour champion. Dites moi seulement une chose, pourquoi revêtez-vous [i]mon[/i] essence ? 
— Parbleu ! C'est grâce à elle que j'ai survécu. 
— Replacez là immédiatement dans la bourse que je vous ai confiée, s'agaça le démon. Le fragment ne doit jamais être à votre contact direct !

Malékith approcha son visage tout prés de celui du démon. Il lui sourit, avant d'ajouter :

— Puisque tu insistes.

Et il retira le fragment d'essence. Celui-ci résista, se cramponna peu désireux d'abandonner son récent porteur. Le Prince ouvrit sa bourse. Un souffle surnaturel l'aspira inévitablement. Aussitôt, la peau de l'elfe cessa de scintiller. 

— Je préfère cela, ajouta Tazdief, retrouvant sa gaieté.

Tous deux s'éloignèrent de la cascade, jetant un dernier regard à la pierre noire qui trônait en aval, impassible. Ses reflets moirés changeaient au gré des perspectives. Malékith s'en détourna avec mépris. Quelques pas avant la sortie, le démon fit demi-tour et arracha un morceau de liane verdâtre qui pendait aux dalles hautes du temple.

— Un tel composant est rare. Nous en aurons besoin pour récupérer le dernier fragment d'essence.

La dalle de pierre s'ouvrit au contact de la patte de Tazdief. La lumière du jour les aveugla. L'elfe apprécia la caresse des rayons de ce soleil surnaturel. Il ressentit également le souffle chaud et enivrant des vents de magie du dehors. Une clameur intense retentissait à travers tout l'îlot. Le Roi Sorcier leva son épée très haut au dessus de sa tête et la foule de démons, prête à l'étriper quelques heures plus tôt, l'ovationna de plus belle. Des sortilèges zébrèrent le ciel en tous sens, en signe de respect. Le Roi Sorcier lança un regard satisfait à Tazdief, puis respira profondément. Sa douleur à la cuisse ne lui semblait plus qu'une bagatelle.  Modifié par Kayalias
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[quote]Cela eut pour but de déstabiliser l'elfe.[/quote]

J'imagine que tu voulais écrire "pour effet"

[quote]L'ont dit même qu'elles ne céssèrent de le tourmenter.[/quote]

« Qu'elles n'ont cessé », puisque c'est encore le cas au moment du récit.
La remarque est valable pour le paragraphe suivant : dès lors qu’une action antérieure au temps du récit se prolonge jusqu’à celui-ci, il faut employer un autre temps que le passé simple. Le passé simple correspond à des actions achevées, terminées une fois pour toutes ; c’est précisément pour cette raison qu’il est employé comme temps de narration dans les histoires. Le passé composé est plus souple dans son usage, puisqu’il peut aussi bien faire référence à des actions révolues qu’à des actions se poursuivant dans le temps du récit. Le Bescherelle désigne cette faculté sous le nom (compliqué) de « marque d’aspect accompli. »

A part ça, comme toujours, de bonnes idées associées à une bonne technique d’écriture ^^
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