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Warhammer Forum

Le Mercenaire


Thomov Le Poussiéreux

Messages recommandés

Voici la première partie d'un texte que j'ai débuté aux alentours de 2009 (ça ne nous rajeunit pas...). Il met en scène un homme entre deux âges, encore vigoureux mais aussi expérimenté. Guerrier, mercenaire quand l’occasion se présente. Voyage beaucoup et ne reste pas dans une compagnie quand les circonstances deviennent mauvaises. Pas vraiment mauvais lui-même mais soldat avant tout et donc lié à de nombreux crimes de guerre. Largement inspiré du « Chien de Guerre » de Michael Moorckock et tentant humblement d’en recréer partiellement l’atmosphère très spéciale tout en la conciliant avec l’univers de Warhammer et du Vieux Monde.

Ceux qui sont inscrits sur un forum racial auront peut-être déjà lu cette histoire puisque je la poste également chez les Comtes Vampires, en Athel Loren et sur le Conseil Impérial.

Bonne lecture



J’étais ce matin-là en route depuis plus d’une semaine. Le temps avait été à la pluie par intermittence, ne me laissant jamais sécher vraiment.

J’avais dormis ces dernières nuits dans les ravines longeant la route et l’écoulement de l’eau avait tout transformé en boue. Ma pèlerine était brune de terre et j’avais en fait un aspect global plutôt misérable en ce début d’automne. Ces derniers jours de froidure ne m’avaient pas poussés à me tremper dans l’eau d’une rivière et je devais empester au moins autant que ma monture.

Celle-ci était un cheval assez robuste sans pouvoir toutefois être qualifiée de destrier. Mais elle me portait avec mon armure sans râlerie et couvrait une bonne portion de route chaque jour sans faiblir. Au combat, elle ne s’effrayait pas trop vite et pouvait me porter sur mes ennemis ou loin d’eux avec assez de bien de vitesse.

Le mauvais temps semblait cependant l’affecter autant que moi et son allure se faisait plus lente avec chaque averse. Je tressautais légèrement à chacun de ses pas, faisant tinter doucement mon médaillon d’ulricien contre le plastron de ma cuirasse. Je traversais une forêt dans laquelle j’avais pénétré la veille sans trop savoir vers où je me dirigeais.

Ma dernière embauche était au sein d’une compagnie irrégulière sous les ordres d’un vétéran middenheimer. Il me trouvait sympathique et était content d’avoir trouvé un compagnon de foi parmi « toute cette bande de mauviettes sigmarites ». Un conflit opposait deux grands nobles impériaux, bien que je ne su jamais en quoi, et sa troupe s’était mise en campagne. Des pertes récentes avaient poussé ce vieux capitaine à recruter de nouveaux soldats de fortune pour son unité.

J’étais resté quelques semaines, livrant quatre batailles. En fait, il s’agissait de petits affrontements secondaires, pas de batailles à proprement parler. On nous annonça qu’un combat plus large aurait lieu prochainement quand nous tenterions de prendre la bourgade de Helnisburg le mois suivant. Le capitaine semblait ravi de cette nouvelle et nous nous mîmes en marche au plus tôt afin de rejoindre le gros des forces de notre employeur.

Quand le jour de la bataille arriva et que nous fûmes déployés, il devint évident que l’affrontement serait une victoire. La petite ville était mal défendue et son enceinte de bois présentait déjà de larges brèches. Notre compagnie était comprise dans la seconde vague d’assaut, celle qui brisa la ligne de bataille des défenseurs, nous permettant d’effectuer une percée derrière les murs. Très vite, l’armée entière nous suivi.

Les dernières poches de résistance succombaient quand un homme interpella bruyamment notre capitaine de derrière une barricade. Il menait un groupe de défenseurs et entendait bien faire payer chèrement chaque pas concédé à l’ennemi. L’affrontement s’engageait alors que les deux chefs d’unité croisaient le fer en tête à tête. Le capitaine se battait bien, mais l’inconnu trompa sa garde et lui fendit le ventre sur un pied de longueur. Enragés, les hommes de la troupe finirent le massacre et se mirent à piller à tout va, dans l’indifférence générale. Moi-même je pris part aux atrocités. Meurtres, viols, torture,… Nous n’étions plus humains ce jour-là. La frontière entre un soldat de fortune et un pillard est souvent bien ténue.

Ce n’était pas la première fois. Ce ne serait probablement pas la dernière. Mais certaines choses que nous fîmes ce jour-là dépassèrent toutes les limites de ce qu’il m’avait été donné de voir ou de faire. Ulric est le dieu des batailles et il ne se soucie pas tant de ce qui peut arriver aux vaincus. Je n’avais pas offensé mon dieu, mais ma conscience était brisée. Je ne regrettais rien pourtant.

Après ces évènements, j’ai repris ma route. Il m’était devenu pénible de côtoyer ces hommes et ma compagnie maussade ne les enchantait guère d’avantage. Ils ne tentèrent rien pour me retenir. Je n’avais pas d’idée quant à la direction à choisir. La guerre était partout, je n’aurais rien d’autre à faire que vagabonder en attendant mon prochain travail. Je chevauchais paisiblement, laissant à mon cheval le libre choix de la route quand nous arrivions à un croisement.

C’est ainsi que je suis entré dans cette forêt dont je vous parle.

Tout à mes souvenirs, je n’avais pas remarqué que les arbres s’éclaircissaient lentement et je fus assez surpris quand la lourde et sombre forêt fit place à un sous-bois plutôt agréable. Un peu plus loin, j’aperçu un groupe d’habitations et décidai de les rejoindre. Un peu de compagnie ne serait pas de trop après ces jours de solitude et je n’aurais pas craché sur un bon repas chaud.

En m’approchant, je pu constater que les chaumières étaient de bel aspect et de belle taille. Un village épargné par les ravages de la guerre qui semblait pourtant avoir embrasé le Vieux Monde tout entier. A cette heure de la journée, les habitants devaient être aux champs, à l’atelier ou à la ville et je traversais la bourgade sans rencontrer personne. De la fumée s’échappait paresseusement de l’une des cheminées et j’en déduisis qu’il devait bien s’y trouver quelqu’un. Le temps de faire halte, une femme rondelette était dans l’encadrement de la porte pour venir aux nouvelles.

-Bien le bonjour à vous cavalier, qu’est-ce donc qui vous amène et d’où venez-vous de la sorte ?

Je regardai un instant mon interlocutrice avant de lui répondre. Ses habits étaient en bon état et relativement propre, ce qui me confortait à croire que les habitants du cru devaient êtres assez prospères. Elle-même devait avoir dans les trente ans bien fait et gardait une mine avenante ; elle ne semblait pas craindre de faire mauvaise rencontre.

-Et bien je viens de la route de la forêt, dis-je en me tournant pour lui indiquer la direction dans le grincement du cuir de ma selle. Je suis en route depuis quelques jours et je reviens d’une petite ville appelée Helnisburg, dans l’Ostermark. Sommes-nous toujours dans la province ?

-Oui, mais à la frontière ou presque. Elle est par l’ouest à quelques lieues d’ici.

-Fort bien. Auriez-vous un repas et une paillasse à céder à un voyageur las des errances de la route ? J’ai de quoi payer.

-J’ai une soupe sur le feu, une miche de pain et même un lièvre que mon homme à tiré dans les bois. On a de quoi vous faire dormir au sec et au chaud, vous semblez en avoir besoin.

-Par Ulric, vous dites vrai ! Toutes ces promesses m’ont ouvert l’appétit, montrez-moi donc cette nourriture sans plus tarder !

Elle me fit assoir à une solide table de bois et m’apporta le repas. Je mangeai la soupe avec le pain pendant que le lièvre cuisait, puis je fis un sort à une bonne partie de la bête. Je voyais bien qu’elle jugeait du regard ce qu’il leur resterait de viande pour leur souper. Une fois que j’eus terminé, je rotai bruyamment avant de jeter négligemment une pièce d’argent dans mon bol.

Elle se leva immédiatement et me remercia de nombreuses fois pour ma grande générosité. Elle me montra ensuite la paillasse et, comme elle était penchée pour arranger quelque peu l’endroit, je lui glissai une main sous les jupes. Loin de s’effaroucher, elle dénoua adroitement son corsage et m’offrit sa lourde poitrine. Me disant qu’après tout le sommeil pouvait bien attendre encore quelques instants, je commençai à me dévêtir.

Je dormis profondément pendant quelques heures. Cette paillasse était ce que j’avais connu de mieux en terme de literie depuis trop longtemps, et rien ne garantissait que je connaitrais quoi que ce soit de comparable avant plusieurs semaines.

Modifié par Thomov Le Poussiéreux
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Un message rapide, parce que je n'ai pas le temps de faire plus long mais que je sais qu'il peut être frustrant de ne pas avoir de retour :

C'est agréable à lire. Le vocabulaire est suffisamment riche et varié pour évoquer quelque chose, et si je ne connais pas l'auteur dont tu parle, je perçois où tu veux aller. Cependant, le texte est trop court pour vraiment développer et apprécier cette atmosphère.

La personnalité de ton héros me laisse mitigée : on a un vieux briscard, intéressé par sa personne plus que par tout le reste, qui se bat pour gagner sa croûte. S'il a survécu à tant d'affrontements, ce n'est pas pour rien, et on imagine aisément qu'il a dû laisser des camarades derrière lui pour sauver sa peau plus d'une fois. Et pourtant, le voilà qui pousse l'introspection jusqu'à dire "ma conscience était brisée". De même, on l'imagine aisément malin mais un peu frustre, homme du peuple avec un soupçon d'autre chose, mais il s'exprime d'une manière très "policée", très... Correcte et banale ? Sans tomber dans du stéréotype, je voyais des tournures de phrases plus dures, plus lapidaires aussi - une des caractéristiques principales des gens solitaires, fermés et quelque peu insensibles selon ma psyché. Cette phrase là est pour moi emblématique de ce "souci" :

[quote]-Fort bien. Auriez-vous un repas et une paillasse à céder à un voyageur las des errances de la route ? J’ai de quoi payer.[/quote]

Mais le défaut principal reste quand même que c'est trop court pour pouvoir se décider vraiment : ce que j'ai lu est bon, mais à quoi ressemble cette homme ? Est il encore dans la force de l'âge, ou ses cheveux grisonnent ils déjà ? Son menton est sûrement carré, ses joues mangées d'une barbe broussailleuse - il ne se la laisse pas pousser habituellement, mais il n'a pas vraiment eu l'occasion de s'en occuper depuis quelques temps. Je parie qu'il porte une armure de cuir bouilli par dessus une cotte de mailles. Ou est ce une cuirasse de bon acier, subtilisée sur un champs de bataille ? Son regard se pose t-il sur les gens avec ce petit quelque chose de plus que procure une vie bien remplie, ou est il quelque peu fuyant car, au fond, son âme se ratatine petit à petit à cause de ce qu'il doit faire ?
Combat il principalement d'autres hommes de l'empire, a t-il déjà fait face à des ennemis extérieurs ?
A t-il quelque part une famille, et à quelle occasion va t-il s'en souvenir ?


Et je pourrais continuer, encore et encore. Si tu as d'ores et déjà les réponses à toutes ces questions, alors qu'attends tu pour écrire quelque chose de plus touffu, de plus complet ? Si tu n'en as pas, alors qu'attends tu pour y réfléchir, boûdiou ?
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Aucune remarque sur la forme, j’ai pas vu de fautes dans ma lecture ou aucune qui m’a entravé.



Sur le fond, ça commence sur le bon rythme. L’intrigue de savoir ce qui va lui tomber dessus, un peu de psychologie pour découvrir le personne et ce dont il est capable.



Alors la suite !

@+
-= Inxi =-
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Hello everypony

J'ai bien lu ton écrit, et je le trouve vraiment très agréable à lire [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img]. C'est fluide, c'est propre, c'est merveilleux.

Par contre, comme l'a dit Silverthorns, c'est peut être un peu court pour réellement s'immerger dedans. Étoffer tout ca me parait être une excellente idée. [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/thumbsup.gif[/img]

Et je pense que ca manque de descriptions, ce qui est fort dommage ...

Mais j'aime beaucoup, alors la suite !
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Merci pour ces commentaires aimables et constructifs
Il se trouve que je me suis posé ce genre de questions sur ce bon Ulrich von Beckdorf et que j'y ai partiellement répondu, en plus d'en garder quelques unes en réserves pour mes vieux jours...
Le texte est bien avancé depuis tout ce temps, vous trouverez sans doute des réponses à certaines de vos interrogations et j'espère que le rythme particulier que j'essaie d'entretenir vous sera agréable. Si c'est le cas, je ne peux que vous encourager à lire "Le Chien de Guerre" de Michael Moorcock dont je tire mon inspiration

Concernant les origines d'Ulrich, je peux déjà vous dire qu'il est d'extraction noble quoique né énième fils d'une importante fratrie, ce qui explique qu'il ai choisi de courir les routes plutôt que de rester dans l'ombre de ses frères. C'est dans cet esprit que j'ai imaginé mon personnage et donc sa façon singulière de s'adresser aux autres; vestiges d'une éducation tenace.

Voici d'ailleurs la suite, chers lecteurs, je vous laisse au texte:

Deux jours plus tard, ma route croisa une véritable et large voie pavée que je décidai de suivre par le Sud. La route semblait en bon état mais je ne rencontrai cependant personne avant la tombée de la nuit. Comme je venais de descendre de selle pour trouver un endroit où passer la nuit, j’entendis que l’on chantait un peu derrière moi. Quelques instants plus tard apparu un homme solide, portant sur l’épaule une lourde hache de bûcheron.

-La bonne soirée, étranger ! me dit-il.

-La bonne soirée à vous aussi, l’ami. Savez-vous où mène cette route ? Je l’ai prise au hasard après m’être égaré.

-Si fait, elle vous mènera jusqu’à la prochaine ville qu’est encore à deux jours de cheval d’ici. Mais vous auriez bien tort de demeurer là pour la nuit. Sigmar seul sait c’qui rôde dans ces bois et y s’trouve une auberge-relais à moins d’une heure de marche.

Après avoir remercié le bûcheron, je repris ma route vers l’auberge dont il parlait. Il n’avait plus plu depuis que j’étais passé par ce village, et une fine pluie froide se mit à tomber. J’avais dans l’idée de passer un jour ou deux dans cette auberge si elle était suffisamment confortable. Ensuite, mon plan était de rallier le Talabec et de longer son court vers le sud-ouest.

J’arrivai bien vite en vue de la bâtisse. Un muret de vieilles pierres faisait office d’enceinte tout autour de l’auberge. Il n’était pas bien haut mais il aurait fallu quelque effort à des bandits pour passer par-dessus.

L’auberge était ancienne et je distinguai à travers les gouttes de pluie une enseigne sur laquelle étaient peints une plume et une chandelle.

Je passai le portail ouvert et jugeai du regard les lourdes portes de bois qui seraient bientôt refermées pour la nuit. Personne ne vint à ma rencontre dans la cour et je dû appeler pour que le garçon d’écurie vienne chercher ma monture.

-Le bonsoir, mon garçon, quel est ton nom ?

-On m’appelle Gerhart, messire. Je suis garçon d’écurie dans cette auberge depuis trois années pleines.

-Fort bien ; prend soin de mon cheval, et tu auras une autre pièce pour ta peine, dis-je en lui lançant un cliquet. Y a-t-il du monde à l’intérieur ?

-Une diligence est arrivée il y a quelques heures, elle transporte quatre bourgeois qui voyagent ensemble. Deux voyageurs portant l’épée au côté sont venus à pied dans l’après-midi et un cavalier étranger est là depuis quatre jours à se saouler. Ce soir il boit avec les cochers.

-Merci Gerhart. Mène mon cheval à l’écurie et soignes-le bien.

L’intérieur de l’auberge était très loin des tavernes enfumées et crasseuses des grandes villes. Le mobilier était vieux et usé mais on voyait tout de suite que le ménage était bien fait.

Parmi les clients, je reconnus ceux que m’avait dépeint le garçon d’écurie. Les quatre bourgeois étaient à une longue table près du feu et mangeaient avec appétit et je vis aussi les deux voyageurs, discutant autour d’une bière ; mais ce fut l’étranger qui retint mon attention. Il était occupé à boire avec l’un des deux cochers. Le second s’était écroulé sur l’épaisse table de bois, ivre-mort. A en juger par son air hagard, son ami ne tarderait pas à suivre la même voie.

Quant à l’étranger, il semblait ne pas sentir les effets de tout cet alcool et riait à gorge déployée du sort de ses compagnons de beuverie. Il était jeune et portait des habits colorés bleu à bords blancs typiques des gens du Nord. Il s’agissait à coup sûr d’un kossard Kislévite, venu dans le sud pour louer la lame courbe de son sabre à quelque riche Impérial.

Quand il me vit, il se leva. Il avait reconnu à ma mise un de ses semblables ; un routier, un homme de guerre au service du plus offrant. Il semblait d’humeur joyeuse et me héla bruyamment.

-Bienvenue, capitaine ! Venez donc prendre un verre avec mon ami et moi.

A ces mots, il donna un grand coup dans le dos du cocher qui en tomba à la renverse. Je n’avais nullement l’intention de m’enivrer, mais un verre ne serait pas de trop après une journée passée sur les routes. Je le rejoignis donc et il me versa une bonne rasade du solide alcool de son pays.

-Goûtez-moi ça, capitaine ! C’est autre chose que ce que vous avez coutume de boire ici dans le sud.

C’était un rude breuvage qui me laissa une traînée de feu dans la gorge. Un soldat apprend vite à boire, et j’arpentais les champs de batailles depuis assez longtemps pour ne pas être le moins fort à ce petit jeu. Malgré tout, je dû faire quelque effort pour refouler les larmes qui me montèrent aux yeux tant la boisson était corsée.

Voyant bien que je ne résistais pas sans peine, le jeune Kislévite se mit à rire de plus belle. Ce n’était pas de la moquerie, mais un rire presque enfantin et je n’en pris point ombrage.

Tentant de ne pas avoir la voix trop rauque, je décidai d’entamer la conversation.

-Comment t’appelles-tu, mon garçon ?

-Je me nomme Igor Nevedev Sedenkevich, capitaine. Je viens du Nord, près de la cité de Praag. Je suis descendu dans la région pour rencontrer un riche du cru qui aurait besoin de quelques lames à louer et des bras qui vont avec. Cela fait quatre jours pleins que j’attends ce drôle qui devra régler ma note avant de me mettre au travail ! Et vous, capitaine, quel est donc votre nom ?

-Je suis Ulrich Von Beckdorf, mon garçon. Et je suis routier ; comme toi je loue mon bras et je voyage. Je ne suis que de passage dans la région, je projette de descendre plus au sud, par chez moi et de retrouver quelques compagnons. Je partirai dans quelques jours et je longerai le fleuve.

-Ha ! Par mes ancêtres, je me serais bien joint à vous pour ce voyage. Quatre jours sans monter à cheval est plus qu’un honnête homme des steppes peut supporter ! Mais j’ai donné ma parole d’attendre ici sept jours et sept nuits que mon employeur arrive…

-Et quel est donc ce travail qui vaut que tu viennes de si loin et attende si longtemps ?

-A ce que j’en sais, mon patron serait un homme d’église de votre Empereur-Dieu Sigmar qui chasserait des hérétiques et aurait besoin d’assistance. Bien qu’il ne soit pas mon dieu, l’idée de combattre des infidèles me plaît beaucoup. Chez nous dans les steppes, nous devons souvent lutter contre les mauvais hommes qui viennent du nord et leurs fidèles cachés parmi les nôtres. Nous autres Kislévites rendons grâce aux ancêtres et aux esprits qui veillent sur notre peuple. L’esprit qui me protège est le Petit-Père Benteski. Qui priez-vous, capitaine ?

Je lui montrai mon médaillon en forme de tête de loup et lui dit que je priais Ulrich, dieu des batailles, des loups et de l’hiver. Il ne connaissait visiblement pas très bien le panthéon impérial et mon dieu sembla beaucoup lui plaire. D’après ce que je savais de son peuple, cela ne me surprenait guère.

Nous passâmes un certain temps à deviser et finalement, je m’en allai coucher plus saoul que je ne l’avais voulu.

 

Modifié par Thomov Le Poussiéreux
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Hello tout le monde, une petite semaine est passée donc voici la suite du texte.

Bonne lecture.

Je dormis comme une masse dans le confortable couchage de l’auberge ; et le lendemain, le soleil était déjà levé depuis longtemps quand je descendis prendre mon repas.

Mon compagnon de la veille n’était pas là, et l’aubergiste m’apprit que depuis son arrivée, il ne l’avait jamais surpris hors de sa chambre avant le milieu de la journée !
La nourriture était bonne et je me régalai du pain frais et des œufs que m’apporta Gerhart, le jeune garçon d’écurie.

Pour la première fois depuis trop longtemps, la journée s’annonçait belle. Un franc soleil inondait la salle par les fenêtres étroites et il me prit l’envie de me promener dans les alentours pour profiter du bon temps.

Je sortis donc mais dû bien vite resserrer autour de moi les bords de ma lourde pèlerine ; le vent était encore bien trop froid pour un homme du sud tel que moi.

Je fis quelques pas hors de l’auberge et suivi un tortueux sentier qui s’enfonçait rapidement dans la forêt. Les arbres étaient épais et leur feuillage encore très dense malgré l’année bien avancée, si bien que fort peu de lumière filtrait jusqu’à moi. Du sol émergeaient de nombreuses pierres et le tout était couvert d’une épaisse couche de mousse ; si bien que je ne faisais pas le moindre bruit en me déplaçant malgré mes bottes.

J’étais quelque peu fâché de ne plus sentir la chaleur bienvenue du soleil et de me retrouver ainsi plongé dans les ténèbres, mais je poursuivis, me disant que je finirais bien par trouver quelque clairière où je pourrais me prélasser.

Mes pas finirent par me conduire dans un endroit charmant. Alors que le sentier se faisait de plus en plus difficile à suivre et tortueux et que la végétation entrelacée formait une voûte de plus en plus compacte autour et au dessus de moi, j’aperçu soudain le bout de ce véritable tunnel végétal.

Le chemin déboucha brusquement sur une clairière enchanteresse au centre de laquelle se trouvait un petit lac tout à fait attrayant. L’eau était claire et, même à cette température, donnait une irrésistible envie de s’y tremper. J’ôtai donc ma ceinture à laquelle pendait ma fidèle épée et me dévêtis complètement avant de plonger dans l’eau glaciale.

La sensation de froid, tout d’abord très vive, s’estompa rapidement quand je me mis à nager frénétiquement.

Je m’apprêtais à sortir de l’eau quelques instants plus tard, satisfait de m’être débarbouillé et de m’être quelque peu dépensé, quand un bruit m’arrêta net. Cela venait du sous-bois, j’en aurais mis ma main au feu. Quelque chose m’épiait, cela ne faisait plus de doute !

Je fis mine de n’avoir rien remarqué et continuai à nager en direction de mes vêtement et surtout de ma lame. D’autres bruissements m’apprirent que l’observateur se déplaçait dans la même direction que moi. Il était essentiel que je puisse atteindre mon arme avant cette chose, quelle qu’elle soit.

Arrivé tout près du bord, je bondis hors de l’eau et je couru vers mes habits. Ma lame fut dehors en un éclair ; d’un geste rendu sûr par des années d’expérience.

Je me tenais nu par un froid piquant, debout et bien campé sur mes jambes dans une clairière au milieu des bois, épée au poing et prêt à tout. Mon ouïe ne m’avait pas trompé ; d’autres bruits de feuillages dérangés et de brindilles brisées m’avertirent que ce qui m’épiait se rapprochait dangereusement. Je ne pouvais toujours pas voir de quoi ou de qui il pouvait bien s’agir, mais je pouvais à présent entendre nettement plusieurs respirations rauques.

Je me préparais donc à affronter plusieurs adversaires, ce qui n’est jamais une bonne nouvelle ; d’autant plus quand on ne porte ni cuirasse ni même le moindre vêtement !

La tension devenait palpable ; j’étais sûr que ces êtres, quels qu’ils soient, étaient en train de monter un plan d’attaque. Quelques instants passèrent qui me semblèrent des heures entières.
Enfin, les mouvements reprirent. J’en fus presque soulagé. Mes articulations étaient bleues et je tremblais comme un dément. Je ne sentais plus l’extrémité de mes doigts et je doutais de pouvoir manier ma lame avec quelque efficacité.

Bientôt, une ombre émergea des arbres. Elle se fit plus précise et je poussai alors un juron ; je pouvais distinguer un long museau d’animal ainsi que le scintillement d’une lame. Le souffle de la créature émit un nuage de buée et je pus voir son œil briller d’une lueur inquiétante.
Presque aussitôt, deux autres formes semblables émergèrent à quelques pas de distances. Je pus alors distinguer de lourdes cornes sur leurs têtes bestiales, mais c’étaient bien des mains humaines qui serraient ces haches et ces masses.

Comme tout citoyen du Vieux Monde et peut-être même au-delà, j’avais passé ma jeunesse à écouter les récits et les légendes sur les répugnantes Bêtes du Chaos qui hantent les bois de l’Empire et d’ailleurs. Combien de voyageurs disparus à jamais, combien de convois exterminés, combien de villages et parfois même de villes entières rasées par les assauts de ces monstres assoiffés de massacres et de tueries ?

Je partais avec un désavantage sérieux. Ma vue se brouillait déjà et je savais que je ne tiendrais plus longtemps par ce froid.

Mais avant que les monstres ne se décident finalement à donner l’assaut et en finir, des bruits se firent entendre en direction du sentier qui menait à l’auberge. Une voix lança un joyeux « Vous êtes là Capitaine ? » avec cet accent du nord si prononcé que je bénissais alors tant j’étais heureux d’entendre une voix humaine !

Je rassemblai alors tout ce qui me restait de force pour crier puissamment.

- Sedenkevich ! On m’assaille ! Venez prestement me prêter main forte !

Les bruits de pas se muèrent en bruits de course et j’ouïs distinctement le son d’une lame que l’on sort du fourreau alors qu’Igor lâchait une série de juron dans sa langue à laquelle je n’entendais rien.

Ces renforts inespérés firent hésiter les créatures qui me menaçaient et elles décidèrent de s’en retourner plutôt que de s’engager dans un combat qu’elles n’étaient plus si certaines de remporter sans mal.

Modifié par Thomov Le Poussiéreux
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[quote]Quelques instants plus tard [b]apparu [/b]un homme solide[/quote]

[quote]t je [b]couru [/b]vers mes habits. [/quote]

Pas mal ! J'aime bien ce début et comment tu enchaînes les évènements de manière plutôt fluide ! Je t’encourage pour la suite et attention aux fautes (accords !), ici je n'en ai noté quelques unes mais il y en a d'autres !

@+
-= Inxi =-
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[quote]Les arbres étaient épais et leur feuillage encore très dense malgré l’année bien avancée, [b]si bien[/b] que fort peu de lumière filtrait jusqu’à moi. Du sol émergeaient de nombreuses pierres et le tout était couvert d’une épaisse couche de mousse ; [b]si bien[/b] que je ne faisais pas le moindre bruit en me déplaçant malgré mes bottes.[/quote]

Ne lisant pas pour la forme mais pour le contenu, c'est la seule qui m'est sauté aux yeux.

C'est toujours agréable, même si j'ai toujours ce drôle d'arrière goût en bouche, comme d'un petit décalage, d'un manque de je ne sais quoi.

Je ne connais pas suffisamment les hommes-bêtes pour m'affirmer, mais je trouve étrange qu'ils agissent de la sorte. Dans mon esprit, seuls leurs meneurs sont rusés/font preuve d'intelligence.

Si le récit est fluide, il suit pour l'instant un cours assez tranquille ; et l'action apportée par cette rencontre est la bienvenue. J'ai bien aimé le réalisme d'un homme nu et trempé par un temps encore frais, c'eût été facile à oublier.
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Oui, une petite relecture s'impose en effet... Je regarderai à ça à l'occasion.

En ce qui concerne les Hommes-Bêtes, le nombre les rend téméraires et dangereux. Mais s'il ne s'agit que d'un petit groupe de deux ou trois, ils ne se risqueront à se battre à moins d'une victoire facile et rapide. J'aime à penser que leur côté animal les fait aussi s'égayer dans la nature si une menace survient trop brusquement.
Quant à savoir s'ils sont rusés ou non, le LA Bêtes du Chaos et les suppléments du jeu de rôle laissent supposer qu'ils disposent tous d'une certaine forme de ruse et d'intelligence, exception faite des Minotaures (du moins depuis le dernier LA Hommes-Bêtes) qui sont trop enragés pour beaucoup réfléchir...

Bon, voici la suite; je vous souhaite bonne lecture et j'attends bien entendu vos remarques et commentaires


J’ignore comment il s’y prit, mais le fait est que le kislévite me ramena inconscient à l’auberge. Je m’éveillai dans mon lit, au chaud, et aperçu Gerhart le garçon d’écurie qui somnolait sur une chaise à mon chevet.

Tout mon corps me faisait mal et je passai machinalement mes mains partout sur moi afin de déceler quelque blessure mais n’en trouvai aucune.
Puis les derniers évènements me revinrent en mémoire ; le lac, les bruits sous le couvert des arbres, le froid mordant, les Hommes-Bêtes, le froid encore et enfin Sedenkevich venant à mon secours.

Je me raclai la gorge et fus surpris que l’opération me soit si douloureuse. Apparemment, je ne sortais pas totalement indemne de ce coup de froid redoutable.

Gerhart ouvrit un œil, puis les deux, et mit quelques instants avant de réaliser que j’étais éveillé. Il soupira d’aise, se secoua et descendit de sa chaise.

-Vous voilà enfin parmi nous ! Content de voir que vous allez mieux messire.

L’enfant avait un air roublard que je connaissais bien.

-Allons, fis-je la voix faible et un peu rauque, t’inquiétais-tu pour moi ou pour cette seconde pièce que je t’avais promise ?

Le garçon eut un fin sourire avant de m’informer qu’il s’en allait prévenir son maître qui avait demandé à savoir quand j’aurais repris connaissance.

Je lui commandai au passage de me monter une tisane bien chaude pour calmer les douleurs de ma gorge.
Quelques instants plus tard, il était de retour avec une timbale fumante dont le contenu embaumait les herbes sauvages et le miel de la région. Je bu le liquide à petites gorgées et malgré sa douceur et sa chaleur bienfaisantes, chaque déglutition était comme d’avaler une pierre pleine d’angles tranchants.

Néanmoins, le breuvage me réchauffa agréablement le corps et je pu ensuite me lever péniblement. J’étais courbaturé de tous côtés, mais je ne pensais pas à m’en plaindre ; si Igor n’avait pas été de la partie, ma baignade aurait connu une fin bien plus funeste encore…
Mes habits étaient propres et soigneusement pliés dans un coin de la pièce, ce qui m’indiqua que j’avais dû dormir plus longtemps que je ne le pensais.
Je les enfilai et descendit dans la salle principale. Il n’y avait personne d’autre que l’aubergiste en train de balayer devant l’âtre et je m’approchai de lui.
Il m’étudia brièvement du regard avant de m’inviter à m’asseoir auprès de lui tendis qu’il reprenait son ouvrage.

Je passai un certain temps à somnoler à demi tout en regardant l’homme maintenir propre son auberge. Enfin, j’entendis le bois des escaliers grincer et je vis Igor Sedenkevich descendre les marches de son pas vigoureux. Quand il me vit, un large sourire éclaira son visage.

-Vous voilà debout, capitaine ! Je me réjouis de vous voir en si bonne forme.

Il m’envoya une bourrade de l’épaule que j’eus le plus grand mal à supporter sans perdre mon équilibre ; ce contact m’appris que le Kislévite était bien plus fort que sa fine silhouette le laissait supposer.

-Il me faudra quelques jours au coin du feu de notre hôte avant de prétendre à la forme dont vous parlez, mon jeune ami. Mais il convient cependant de vous remercier ; sans votre secours je serais entre les bras de Morr à l’heure qu’il est.

Nous discutâmes quelques peu et le kislévite m’apprit qu’il n’avait pas vu les Hommes-Bêtes qui avaient dû croire que plusieurs hommes arrivaient en renfort au vu du bruit et des jurons qu’il avait produit en accourant.

Les deux jours suivants furent assez moroses ; je reconstituais peu à peu mes forces mais je sentais bien que cette aventure me laisserait en état de faiblesse pour peut-être plusieurs semaines encore. Igor ne dessoulait pratiquement plus tant il lui tardait de remonter en selle ; besoin manifestement quasi-vital pour les hommes des steppes du nord tels que lui. Sa sédentarité forcée le faisait maugréer à longueur de temps et il s’abrutissait en asséchant toutes les bouteilles qui passaient à sa portée. Il avait épuisé ses réserves d’alcool kislévite et trouvait dans les breuvages locaux une inépuisable source de lamentations.

Le troisième jour de ma convalescence fut celui où son fameux employeur arriva.

Une troupe à cheval s’arrêta devant l’auberge alors que je tentais d’apprendre au jeune Gerhart comment jouer au jeu appelé dans les provinces du sud « Chasseur et Proie ». Il se leva d’un bond et prétexta devoir s’occuper des chevaux pour s’éclipser, trop heureux de trouver une excuse pour abandonner une partie de toute évidence déjà mal engagée.

Modifié par Thomov Le Poussiéreux
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Yop! Merci pour le commentaire El Padre, ça fait plaisir.

Voici une petite suite qui fait doucement monter la pression...

Je pris le temps de soigneusement ranger les pièces de mon jeu dans leur étui de cuir durci tout en tendant une oreille distraite aux bruits provenant de la cours.

Si mes sens ne me jouaient pas de tour, je comptais trois hommes sur quatre chevaux ; une voix couvrait les autres, donnant des ordres secs et précis au garçon d’écurie et pressant ses compagnons de mettre pied à terre promptement.

Un instant plus tard, la porte de l’auberge s’ouvrait ; mais les hommes étaient quatre, et non pas trois ainsi que je l’avais pensé.

Le premier commandait visiblement les trois autres : deux grands gaillards solides qui devaient êtres frères, ou tout au moins cousins à en juger leur ressemblance, et un troisième petit et pour tout dire assez frêle, mais dont le regard était le plus dur qu’il m’ait été donné de voir et il ne me serait pas venu à l’esprit de me moquer de sa stature…

Celui de tête était grand et maigre, son visage avait les traits fins et anguleux d’un homme qui dédaignait les plaisir de la table. Sa mise était sévère : des habits sombres et austères, une fine lame au côté et un chapeau à large bord, agrémenté d’une ceinture de cuir noir à boucle d’argent représentant une comète bifide. Cette simple breloque symbolisait sa charge de représentant de la Sainte Eglise de Sigmar.

Il semblait exaspéré et tout prêt à chercher querelle à quiconque croiserait sa route et il me fut d’emblée parfaitement antipathique.

Il balaya la salle du regard, s’arrêtant un instant sur moi, puis poursuivi son inspection.
L’aubergiste sorti à cet instant de la réserve et vint aussitôt à la rencontre de son nouveau client.

-Soyez les bienvenus, messieurs. Et vous aussi, monseigneur ! Je suis honoré de vous recevoir dans mon auberge ; désirez-vous boire quelque chose après votre chevauchée ?

Son interlocuteur eut une moue dédaigneuse à son adresse et se contenta de reprendre ses recherches silencieuses sans même lui adresser la parole. Enfin, après quelques instants de silence qui mettaient visiblement le pauvre aubergiste mal à l’aise, il s’adressa à lui du ton sec et dédaigneux que je lui avais déjà entendu avant qu’il n’entre.

-Nous nous passerons de vos breuvages. Où est parti le mercenaire kislévite que nous devions retrouver chez vous ? Est-il seulement venu ?

L’aubergiste avala difficilement sa salive.

-Mais, il est toujours ici monseigneur. C’est juste que comme à son habitude, il est encore couché !

Les traits de l’homme se tendirent encore d’avantage sur son visage émacié, si bien qu’il me sembla un instant que sa peau allait se fendre et laisser paraître les os de ses joues.

L’aubergiste sembla littéralement fondre de peur devant ce masque de colère et bredouilla qu’il allait de ce pas éveiller l’étranger et le prier de descendre au plus vite avant de disparaître dans les escaliers.

Visiblement satisfait de son effet, il reporta bien vite son regard de prédateur sur moi.
Il m’étudia plus profondément alors que je buvais de petites gorgées de ma chope de thé fumant. Un instant passa sans que personne ne dise rien, puis il brisa le silence.

-Vous n’êtes pas d’ici, je crois.

Je soutins son regard et je secouai doucement la tête pour confirmer ses dires.

-C’est exact. Je suis originaire des provinces du sud.

-Votre accent en atteste suffisamment. Qu’est-ce donc qui vous amène si loin au Nord ?

-Ma profession, tout simplement. Je voyage beaucoup.

-Vous n’êtes manifestement pas un colporteur, étranger. Je cherche justement quelques personnes telles que vous pour m’aider à répandre la sainte parole de Sigmar… Une bonne paie et un travail juste ; vous joindriez-vous à nous ?

Je ne pus retenir un demi-sourire en tirant mon médaillon à tête de loup de dessous mon pourpoint et en le faisant doucement tourner entre mes doigts.

-Je ne pense pas que ce juste travail me convienne, hélas.

A la vue de mon médaillon, il poussa un juron et cracha par terre.

-Le dieu des sauvages et des pouilleux !

Je fus debout en un éclair, bousculant la table et renversant ma chope de thé. Ma main serrait déjà le pommeau de ma lame. L’homme en noir en fit autant et mon œil exercé nota que les deux grands costaux l’imitaient tout en se plaçant à ses côtés alors que le quatrième larron avait disparu de mon champ de vision.

L’homme en noir affichait un sourire goguenard.

-Vous n’êtes pas à votre avantage à ce qu’il semble, étranger ?

-Je ne laisserai pas salir le nom d’Ulric, fussiez-vous dix de plus. Vous deux, je vous conseille de vous écarter si vous comptez repartir sur vos jambes…

Je parlais calmement et avec assurance, mais je sentais bien que toute mon expérience ne pourrait pas couvrir longtemps ma faiblesse et le poids du nombre.

Nous restâmes un instant à nous toiser et je perçus une nette hésitation chez les deux hommes de main. Ceux-là s’enfuiraient à la première estafilade. Je m’inquiétais d’avantage pour le quatrième homme, qui n’avait toujours pas reparu.

Je pouvais sentir que mes doigts faisaient sortir machinalement mon épée de son fourreau et que la tension montait d’un cran avec chaque centimètre d’acier nu qui paraissait. Les gouttes de thé tombaient de la table pour s’écraser sur le sol avec une régularité hypnotique.

L’homme en noir ne souriait plus du tout.

Modifié par Thomov Le Poussiéreux
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  • 3 semaines après...
Oh oh ! J'avais manqué cette partie de ton histoire on dirait. C'est toujours vraiment bien et on ne s'ennuie pas. Pas de fautes d'orthographes, et ton style est assez fluide, tout cela se lit très bien.

Par contre ; la SUITE !
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[quote]Je bu le liquide à petites[/quote]

[quote]corps et je pu ensuite me lever péniblement.[/quote]

[quote]puis poursuivi son inspection[/quote]



En tout cas pas mal ce petit passage, j’ai bien aimé le début de la bagarre même si connaissant son état, je pensais pas qu’il agirait. Maintenant qu’il s’est mis dans cette délicate situation, je me demande bien comment il va s’en sortir !


@+
-= Inxi =-
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  • 9 mois après...

Honte éternelle sur moi, j'avais purement et simplement oublié de poster la suite du récit...  :zzz:

Réparons cette erreur séance tenante.

Il me reste quelques épisodes à partager avec vous, en espérant que cela vous plaise toujours malgré le temps écoulé.

 

Je commençai mentalement à décompter à partir de douze. Une manie que j’avais prise dans semblable situation quelques années plus tôt, quand les rixes de taverne étaient pour moi monnaie courante.

Je calquais mon rythme à celui du thé tombant toujours de la table ; chaque goutte égrenait d’avantage le compte à rebours. Il ne me restait plus qu’une poignée de chiffres en réserve quand l’escalier de l’auberge craqua de façon sonore alors qu’Igor descendait pesamment, sans doute à peine réveillé et certainement pas dessaoulé encore.

L’attention de mes opposants en fut détournée et je décidai de bondir par-dessus la table pour fondre sur eux avant qu’ils ne puissent réagir.

J’ignore encore aujourd’hui ce qui me retint alors. Une intuition envoyée par Ulrich en personne, qui désapprouve les armes à feu, ou simplement un pressentiment dû à une longue expérience… Peut-être n’est-ce là qu’une seule et même chose, finalement ?

Quoi qu’il en soit je partais pour m’élancer mais retins mon geste au dernier moment. Une détonation se fit entendre et un éclat de bois vola de la table, finissant de la renverser. Sans cette ultime hésitation, la balle m’aurait à coup sûr percé l’abdomen.

L’arquebusade était partie de l’embrasure de la porte, où se tenait le quatrième larron qui avait disparu ; un genou en terre et solidement adossé pour résister au recul de la longue arme dont le canon fumait doucement, répandant une âcre odeur de poudre noire.

Tous se figèrent.

L’arrivée d’Igor et le coup de feu mettraient un terme à cette querelle, mais je n’étais pas prêt d’oublier qu’on avait failli m’abattre sans sommation…

Le Sigmarite au chapeau à large bord me jeta un regard qui disait assez clairement que cette histoire n’en était pas arrivée à son terme, puis il commanda sèchement au jeune Kislévite de préparer son paquetage et de les suivre dehors. Puis il héla l’aubergiste et lui lança une bourse gonflée de pièces pour payer le séjour du kossar.

Sur quoi il sortit, accompagné des deux forts gaillards. Le petit homme frêle me fixa un moment de son regard d’acier avant de faire basculer son arquebuse sur son épaule et de leur emboîter le pas. Pour lui non plus, l’affaire n’était pas réglée.

Quelques instants plus tard, alors que j’aidais dans un silence maussade l’aubergiste à remettre son mobilier en place, Igor reparu avec une large besace au côté. Il envoya Gerhart seller son cheval et se tourna vers moi d’un air gêné.
Il dit comme pour s’excuser :

-Nous y voilà, capitaine… Ce n’est pas la compagnie que j’aurais choisie, mais un travail reste un travail.

Je lui posai amicalement la main sur l’épaule pour le rassurer.

-N’y pense plus, mon garçon ; fais ce pour quoi tu es venu. Si d’aventure tu changeais d’idée, saches que je ferai comme j’ai déjà dit : je prendrai la route dans quelques jours et je longerai le fleuve vers le sud. C’est une longue chevauchée et je suis trop vieux pour être pressé. Nul doute qu’un bon cavalier puisse me rattraper, même avec plusieurs semaines de retard.

Son visage se fendit de son sourire sans malice et il éclata d’un rire sonore.
-Ha ! Un homme des steppes du Nord ne mettrait pas trois jours à vous retrouver, capitaine ! Si l’envie de changer de fortune me traverse l’esprit, je prendrai la route du Sud.

Il m’administra alors une grande tape dans le dos, me serra rudement contre lui et sorti rejoindre son employeur.

Quelques minutes plus tard, je pus entendre distinctement les chevaux partir au petit trot de la cour de l’auberge.

 

 

Je reparti deux jours après ces événements.
L’auberge douillette avait pour moi perdu tout son charme depuis cette sournoise arquebusade que je ne parvenais pas à chasser de mon esprit.
Je sellai donc mon cheval avec l’aide de Gerhart qui le mena par le licol jusqu’au portail de la maigre enceinte.
Avant de monter, je plongeai mon regard dans celui du garçon et y lus quelque chagrin. La vie devait lui sembler bien morne quand l’auberge se vidait.

-Allons, mon garçon, d’où te vient cette mine défaite ? N’es-tu pas content de me voir remis de ma faiblesse et tout prêt à reprendre la route ?

Il eut une grimasse maussade et répondit :

-C’est que vous me manquerez, m’sire. Entre les chansons de votre ami du nord et vos jeux, je m’amusais plutôt bien… C’est pas l’patron qui va compenser le manque, pour sûr. Il est brave et je l’aime bien, mais c’est pas le plus rigolo.

-D’autres voyageurs viendront, et tu pourras leur raconter à tous comment Ulric en personne sauva l’un de ses fidèles en déviant le tir d’un lâche. Je suis certain que tu feras sensation. Et puis, nous avions un marché tous les deux et je ne suis pas ingrat. Prends soin de toi et traite bien les chevaux dont tu auras la garde.

Ce disant, je pris sa main et y déposai le double de ce que je lui avais promis. Il sourit en serrant les pièces contre lui et me fit de grands signes quand je m’éloignai.

 

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Bon, pas de commentaire...  :skull:

Voici la suite du texte, en espérant que cela vous plaise.

 

Je repris où je l’avais momentanément laissée cette bonne et large route pavée. Les sabots de ma monture claquaient tranquillement sur la pierre et ce son régulier me berçait et m’engourdissait quelque peu.
Je croisai sur mon chemin quelques forestiers, bûcherons, charbonniers et chasseurs à qui j’offrais bien volontiers un brin de conversation. Rien ne me pressait vraiment et le temps était au soleil ; une journée idéale pour un voyage tel que le mien.
Je savais que l’hiver me talonnerait pendant toute ma descente vers les provinces du Sud, mais cette belle journée me faisait presque penser que le temps avait suspendu son cours et que nous nous trouvions encore à la douce fin de l’été.

Je parvins finalement à hauteur d’un groupe de charbonniers en train de casser la croûte et décidai de me joindre à eux pour le repas du midi. Quelque peu froids de prime abord, ils se détendirent quand je partageai sans retenue avec eux les provisions et la bière que j’avais emmenées de « La Plume et La Chandelle ». Certains avaient manifestement déjà eut l’occasion d’y passer la nuit et pratiquement tous connaissaient Gerhart le jeune garçon d’écurie de près ou de loin.
Je ne fis pas de manières devant leurs mains sales et leurs visages barbouillés de suies et nous devisâmes plaisamment pendant un long moment.
Je profitai de l’occasion pour fumer en leur compagnie une bonne pipe et ils m’offrirent une réserve d’herbes à l’odeur fantastique pour alléger quelque peu le poids de ma solitude sur les routes de notre bel Empire.
Ils m’apprirent que si je ne trainais pas en chemin, je pourrais rallier un modeste bourg avant la fin du jour et y trouver un couchage sans trop de mal.
Je les remerciai bien et me remis en selle.

Le bourg en question était ceint par une forte palissade de pieux plus haute qu’un homme et hérissée de méchantes pointes durcies au feu. Rien de formidable, mais largement suffisant pour décourager bandits en maraude et faibles troupes de pillards. Les portes étant grandes ouvertes, je fis mon entrée sous le regard scrutateur du milicien en faction. Il était lourdement appuyé sur sa pique, à en faire ployer le manche sous son poids. Il portait une sorte de vieil uniforme impérial ocre et vert, rehaussé d’une maigre cuirasse de cuir bouilli pour toute armure. Il était un peu trop vieux pour être encore garde et son aspect général était plutôt misérable.
Il me dévisagea un instant, jeta un rapide coup d’œil à mes habits, devinant la maille que je portais par dessous et jaugea la valeur de mon cheval avant de reporter son regard vers le lointain de la route sans plus s’intéresser à moi.

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Tu as mis un an pour nous faire une suite et tu râles parce que tu as pas de commentaire en une semaine ? :p Tu vois l'ironie du truc là  :D  :D

 

Alors ! Revenons au texte !! Plutôt pas mal comme petite suite ! J'avoue que les textes à la première personne ça court pas les rues donc rien que comme ça c'est déjà original ! Par contre ça force quand même à entrecouper de passage avec de l'action car sinon ça fera plutôt mémoire que roman d'action :p !!

 

J'ai vu quelques fautes également, généralement autour de l'accord. Comme celle-ci :

 

 

 

et sorti rejoindre son employeur.

 

 

Bon pour ma part tu pourras envoyer la suite ;)

 

@+

-= Inxi =-

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Pas grave pour les commentaires, je me doute bien qu'après autant de temps les gens n'attendent plus la suite depuis un bail...

Concernant le texte je n'ai pas exactement mis un an pour faire la suite; le texte est déjà pas mal avancé et j'ai quelques chapitres d'avance. C'est tout simplement que j'ai été très pris par d'autres projets à tel point que j'ai complètement oublié de poster la suite régulièrement  :zzz:

 

Content que cela te plaise quoi qu'il en soit, cela dit je n'ai jamais prétendu écrire un roman d'action  ;)

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  • 2 semaines après...

Je découvre ton texte et j'aime. 

 

Je trouve que le style un poil pesant au début s'améliore de paragraphe en paragraphe, et même s'il reste quelques formules un peu ampoulées, je suis impatient de lire la suite... 

 

Il va bien falloir un jour que ton héros s'illustre plutôt que de se voir toujours sorti d'affaire par des hasards chanceux :)

 

(au passage, la critique est facile et je serai bien incapable d'une telle production)

 

Bonne continuation

 

Shann

Modifié par Shann
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  • 3 semaines après...

Yep! Me voici de retour avec la suite du texte.

 

Shann, il finira par y avoir de l'action, mais pas tout de suite. Je prends vraiment mon temps avec ce récit-là.

Si tu veux des batailles, du sang et de la cruauté, je t'invite à faire un tour dans "Les Errances de Thomov Le Poussiéreux", mon sujet-fleuve sur le forum des Comtes Vampires en suivant ce lien: http://whcv.forumactif.com/t2184-les-errances-de-thomov-lepoussiereux.

 

 

Bonne lecture:

 

Je fis halte devant une taverne et y entrai après avoir lié mon cheval à l’extérieur. Si j’en croyais l’enseigne, cet établissement se nommait le « Sanglier Bleu ». Il s’agissait d’une large bâtisse plutôt neuve et la salle me parut bien éclairée et chaleureuse. Pour ne rien gâcher, une savoureuse odeur de viande grillée vint même me chatouiller les narines.
Une dizaine de personnes prenaient un verre ; ici trois paysans autour d’autant de chopes de bière, là deux amoureux pour qui rien d’autre ne semblait exister, plus quelques badauds de-ci, de-là.
Je m’installai à une table libre et y jetai une pièce de cuivre en réclamant du vin. Le garçon de salle m’en apporta une coupe et m’adressa la parole en frottant vaguement la table avec un vieux chiffon.

-L’bonjour à vous, m’sire. J’espère que l’vin sera d’vot’ goût. Vous semblez avoir fait un sacré bout d’route… Vous v’nez du Sud ? Qu’est-ce qui vous amène dans l’région ?

 

« Un sacré bout de route »… Il est vrai que je devais dénoter de ses clients habituels ; tout, depuis mes habits chauds et crottés jusqu’à ma barbe naissante, indiquait que j’étais en plein voyage.

-Ha ! Une fois de plus, mon accent me trahi ! dis-je avec un fin sourire. Je ne viens pas du Sud, j’y retourne prestement avant les grands froids. Vous autres dans le Nord avez pour ces températures une résistance que je ne comprendrai jamais. Quant à savoir les raisons de mon voyage, c’est ma profession qui en est la cause. Je suis Ulric von Beckdorf, épée à louer. Ne sois jamais routier, mon garçon, on voyage bien trop dans ce métier-là…

Le garçon ne semblait pas du tout redouter les voyages ; au contraire me sembla-t-il voir un instant briller ses yeux à la simple mention de ce mot. Sans doute n’avait-il jamais rien connu d’autre que sa bourgade isolée et rêvait-il chaque nuit de partir à la découverte du vaste Empire.

-Dis-moi, mon garçon, où dans ce bourg un vieil homme et sa monture fatiguée pourraient trouver un honnête couchage ?

Il se gratta la tête un instant puis répondit :

-Si qu’j’étais vous, j’irais tout droit chez la veuve Plautheim. Elle a une grande bicoque qu’est juste d’l’aut’ côté de la place. Elle loue ses chamb’ pour s’faire quelqu’pièces en rab’ vu qu’son mari s’est fait raccourcir v’la deux hivers par des brigands…

Je le remerciai en lui lançant un cliquet qu’il attrapa au vol. Il ne dit rien de plus et s’en fut servir les autres clients.
Je sirotai mon vin en jugeant qu’il ne s’agissait que d’une aigre piquette bien loin des riches vins du Sud et que j’aurais été bien mieux avisé de commander une solide bière telles que seuls savent en brasser les gens du Nord. Je rattrapai ma frustration en m’offrant une bonne portion de sanglier rôti et ce repas me revigora quelque peu.
Ne trouvant personne avec qui entamer la conversation, je payai et sorti.

La bourgade manquait singulièrement d’intérêt ; un petit amalgame de maisonnettes rassemblées à l’orée de l’immensité de la forêt et ne comptant qu’une poignée de citoyens. Aussi pris-je d’emblée la direction indiquée vers la maison de la fameuse veuve. La « place » dont avait fait mention le serveur était à peine assez large pour qu’on la différencie du reste de la route et la maison soit disant grande était plutôt étroite et ne comportait qu’un seul étage. L’état général de la bâtisse était encore bon, mais l’on sentait bien que plus personne ne se souciait de l’entretenir. Les murs auraient volontiers reçut une nouvelle couche de chaux et quelques gravures ornant les boiseries de la façade étaient fort abimées.

Je frappai à l’huis et attendit que l’on vienne m’ouvrir. Une femme qui avait dû être belle et coquette voilà quelques années, mais qui se laissait manifestement aller vint aux nouvelles. Je reconnu en elle la veuve que je cherchais et je la saluai bien bas.

-Je vous souhaite le bonsoir, Frau Plautheim. Je suis Ulrich von Beckdorf, de passage dans votre charmante bourgade et en quête d’un endroit chaud où passer la nuit ainsi que d’une stalle pour ma monture. Le garçon de salle du Sanglier Bleu m’a renseigné votre pension et je venais m’enquérir d’une place de libre.

 

 

Visiblement, la dame n’avait pas habitude de se faire traiter si galamment. Elle rosit quelque peu et bredouilla qu’elle disposait effectivement d’une chambre et de quoi abriter mon cheval. Je conduisis ma monture à sa suite et la bouchonnai. Une fois dûment étrillée et avec du fourrage à disposition, je repris la direction de la maison toujours en compagnie de mon hôte.

L’intérieur était dans un état correspondant à ce que la façade laissait supposer : la maison avait dû être agréable et douillette avant la mort prématurée de son propriétaire. Désormais, les choses se dégradaient lentement et à moins de trouver un nouveau mari pour assurer son ancien train de vie, la veuve Plautheim en serait réduite à loger les passants pour ne pas mourir de faim.

La chambre qu’elle m’assigna était quelque peu poussiéreuse mais le lit semblait bon et du bois bien sec emplissait la cheminée, n’attendant qu’une étincelle pour faire une joyeuse flambée.

La veuve me souhaita le bonsoir mais sans pour autant quitter la pièce. Un regard suffit pour évaluer la situation… Une veuve seule dans sa maison avec des étrangers continuellement sur le départ représentait une trop belle occasion. Personne le lendemain pour colporter des histoires et salir son honorabilité et quelques pièces de plus pour les bons comptes de la dame. D’un autre côté, les voyageurs trouvaient de quoi se délasser dans une bourgade trop petite et rurale pour avoir la moindre chance de contenir un bordel. Tout le monde semblait y trouver son compte.

L’aventure me coûta finalement un peu plus cher qu’escompté, mais la veuve semblait n’avoir que trop rarement l’opportunité de satisfaire certains appétits et fit montre pour l’occasion d’une voracité peu commune.
Le lendemain, pas tellement reposé mais fort satisfait de ma nuitée, je sellai mon cheval de bon matin et franchis les portes sud de la bourgade une heure après le point du jour.

 

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Youhouhou, du c*l !
 
Manque plus que la violence et les grossièretés et on aura les 3 ingrédients nécessaires et suffisants d'un(e) bon(ne) BD, bouquin, film, série, jeu vidéo...

 

Par ailleurs, infâme suceur de sang, je me suis précipité vers les errances, les ai trouvé fameuses, et me voilà maintenant, comme tant d'autres, tourmenté par l'attente de la suite, comme une goule tiraillé par sa faim perpétuelle.

 

Sois maudit ! (mais c'est déjà un peu fait)   :vampire:

Modifié par Shann
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  • 3 semaines après...

Yop! Salut à toutes et à tous.
Content de voir que manifestement le texte est à votre goût  :closedeyes:

Et un lecteur de plus pour Les Errances, quelle excellente nouvelle! La suite du texte avec Arken est dans les tiroirs et devrait être postée prochainement  ;)

 

Et à présent place à la suite:

 

"La route du Sud s'annonçait longue et un brin monotone. Je disposais d'assez de bon argent pour m'offrir des moments de détente dans à peu près toutes les auberges que je croiserais sur la route, mais ce mode de voyage tendait à m'ennuyer après deux ou trois semaines.

Ulrik entendit sans doute mes prières silencieuses, attentif comme il sait l'être à fournir à ses fidèles de quoi éprouver leur force et les maintenir alertes.

Je chevauchais pesamment par un après midi étonnement lourd, sous un ciel plombé et fort menaçant. Je m'attendais à recevoir une fameuse pluie sur la tête d'un instant à l'autre depuis plusieurs heures déjà, sans que les dieux se décident à envoyer leur ondée sur mes vieilles épaules. L'air était épais, difficilement respirable de part sa moiteur; des quantités de mouches et autres insectes volaient bas, signe infaillible d'un bel orage qui s'annonce.

Les pas de mon cheval me conduisaient vers une ville de petite taille dont j'ignorais le nom, les gens du cru ne la qualifiant jamais autrement que comme "la ville". Sans doute n'en apprendrais-je la dénomination véritable qu'une fois à l'intérieur de ses murs, si toutefois il se trouvait encore un seul de ses habitants pour se ressouvenir de son foutu nom.
Cela me fit penser à la brave bête que je montais, laquelle j'avais toujours refusé de baptiser. Sensiblerie de la part d'un homme peut-être trop tendre pour son emploi, mais le fait de perdre un cheval à la bataille m'avait toujours profondément affecté. Je ne comptais plus le nombre de mes montures perdues, mais j'avais au fil du temps constaté que leur trépas m'était moins douloureux quand elles n'avaient pas de nom.

Tout à mes pensées, je ne vis que fort tard trois hommes à pied qui remontaient la chaussée en sens inverse de moi.

Leur mine me déplu d'emblée. Ils semblaient pour le mieux à moitié saoul, rigolards, et avaient les mauvaises trognes de ceux qui usent trop de vin aigre et de tord-boyaux. Leurs habits étaient disparates et crasseux et ils arboraient tous au moins une arme visible.

Le premier portait en bandoulière une lanière de cuir soutenant trois longs poignards effilés. C'était un grand gaillard mince, avec des bras longs comme un jour sans pain qui devaient lui donner une belle allonge au combat. Le second était plus courtaud et épais; il avait en main une masse d'ouvrier qui semblait peser un sacré poids. Une arme lente mais dévastatrice. A la ceinture du troisième pendait une vieille épée nue qui semblait avoir connu des jours meilleurs.
Il me sembla évident que ces trois-là cherchaient les problèmes et qu'ils ne laisseraient probablement pas passer un cavalier seul sans le taquiner quelque peu de leurs lames auparavant...

J'arrêtais donc mon cheval et tirai ma longue épée que je posai en travers de ma selle, bien en vue. Ma main gauche s'était posée instinctivement sur la dague que je portais au côté. Les trois ivrognes feignirent de ne découvrir ma présence qu'une fois à peine à une dizaine de pas de ma position.

Le plus grand, qui portait les poignards, s'arrêta brusquement et tendit de part et d'autre ses interminables bras pour retenir ses compagnons.

-Halte-là, compaings! Voyez qui se tient devant nous, planté sur son cheval: un bien joli damoiseau!

Le petit costaud fit peser sa masse sur sa large épaule et sourit de toutes ses dents ébréchées.

-L'a un sacré coup de vieux ton damoiseau, Stan. J'dirais plutôt qu'c'te drôle d'oiseau-là est presque mort déjà; sauf vot' respect, m'sire étranger.

Le dénommé Stan fit semblant d'être outré par la remarque et asséna une tape sur la tête de son compagnon avant de répartir.

-Tu n'es qu'un rustre, Rupert! Cela ne m'étonne plus que tu vives au fond des bois comme un animal, personne n'aurait voulu de toi dans une grande et belle ville. Puisse l'Empereur te prendre en pitié pour ton manque d'éducation...

Il se tourna alors vers moi et fit une profonde révérence.

-Veuillez excuser mon ami, mon seigneur. Rupert est un grossier personnage, mais il faut reconnaître qu'il est plus clairvoyant que moi. A un âge aussi vénérable que le vôtre, on attrape bien vite du mal sur les route de l'Empire. L'humidité pour vos vieux os, les routes dans un triste état...

-Et les mauvaises rencontres, terminais-je à a place. Ne vous fatiguez pas à jouer votre farce grotesque, je voyage trop pour ne pas savoir où vous allez en venir. Parlons vrai, si vous le permettez. Je suis plus vieux que vous, cela ne fait aucun doute. Vous êtes de pitoyables malandrins, cela non plus ne fait pas l'ombre d'un doute. Ce qui est douteux selon moi est seulement l'issue de cette triste rencontre: je suis routier depuis plus d'années que je n'en puis compter et j'ai pour moi un excellent cheval en plus de mes armes et de mon expérience. Vous avez, vous, l'avantage du nombre et de la jeunesse. Je pense en toute franchise que vous l'emporterez finalement; la question est de savoir lequel d'entre vous survivra à cette escarmouche puisque je me propose de fendre les deux autres à l'aide de l'épée que voici.

Ce disant je fis un léger moulinet de ma lame qui fendit l'air en sifflant joliment. Je vis que le fameux Rupert perdit un peu de sa belle assurance et que le troisième, qui n'avait toujours pas dit un traître mot, avait troqué son air goguenard contre une mine froide. Mais celui qui s'appelait Stan semblait trouver à s'amuser à cette situation. Il retenait toujours ses compères de ses longs bras maigres et je savais que je n'avais rien à craindre tant qu'il en serait ainsi.

-Allons; restons calmes et bons amis, voulez-vous? Nous n'allons tout de même pas gâter un si bel après-midi en versant le sang... Je suis certain que nous pourrions trouver un moyen de nous entendre sans devoir user de la force. Disons qu'un droit de passage pourrait peut-être suffire à apaiser ce nigaud de Rupert. Qu'en dis-tu, Corben?

Le troisième homme émit une sorte de borborygme disgracieux où l'on distinguait à peine les mots. Je ne saisis pas son propos et, en le regardant plus attentivement, je vis qu'il portait au cou des traces noirâtres laissées sans le moindre doute par une corde.
Stan repris la parole sans attendre.

-Ha! décidément tu parles trop, Corben. Incorrigible pipelette que tu es. Voilà qui est décidé mon bon sire: laissez-nous votre argent et nous nous estimerons satisfaits. Il vous sera toujours loisible d'en gagnez d'avantage à l'avenir, si vous êtes bien le redoutable mercenaire que vous prétendez être. Sinon, faites-en démonstration contre nous trois à l'instant.

Je sus qu'il n'y avait pas d'autre issue que le combat; soit je leur donnais mon or sans assurance qu'ils s'en contenteraient, soit je leur fonçais dedans et tentais d'en tuer un ou deux au passage. Le choix ne fut pas des plus longs à faire. Reprenant ma vieille habitude, je commençai à décompter mentalement à partir de douze tandis que le dénommé Stan continuait son vain babillage."

 

 

A bientôt pour la suite des aventures du Mercenaire

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J'ai tous les droits, j'en ai bien peur... Mouhahahaha!

 

Plus sérieusement je suis assez content de cette coupure. C'est quelque chose que je trouve assez difficile à faire mais essentiel pour garder le lecteur en haleine. Si ce n'est pas déjà fait je vous invite à lire l'incontournable série du Trône de Fer (mieux qu'à la télé, c'est garanti!); Martin est un maître en matière de coupures frustrantes qui te font baver pour la suite.

 

Je suppose donc que le texte est à ton goût, ce qui me ravi Beunz  :closedeyes:

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Salut.
 
Depuis que j'ai découvert ton récit, j'attends la suite à chaque fois comme une épisode de GOT, même si je ne pratique pas WHB. Ton style d'écriture est plaisant à lire et ta façon de couper le récit nous tiens en haleine. Continu comme ça :)

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