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Warhammer Forum

Un conte pour les enfants du XXIIe siècle


Kayalias

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Bonjour, en attendant la venue d'un récit orienté héroique fantaisie, voici un conte estival, parti d'une plaisanterie. Bonne lecture !

 

 

 

 

 

 

Un conte du XXIIe siècle

 

 

 

 

 

 

Depuis des siècles, la terre se désolait en silence.

 

 

—   Mes enfants, mes petits, se lamentait-elle. Je vous ai offert un corps, une enveloppe charnelle, mais vous ne jurez que par elle. Je vous ai procuré de la nourriture en abondance, mais vous en ignorez toujours le partage. Pour vous, j’ai fait du monde un immense jardin que vous refusez d’entretenir. Aujourd’hui, vous creusez en moi comme dans un gruyère, exigez, pillez, massacrez ;  mes larmes sont si acides que je ne peux plus les contenir lorsque je vois ce que vous êtes devenus.

 

 

Pour l’humanité, la détresse de la terre jaillit à la manière d’un bref éternuement. Ce fut comme une fausse note qui retentit, perturbant l’harmonie de leur destruction. Nul ne souhaitait l’entendre et chacun fit de son mieux pour l’oublier. Passé les premiers jours de stupéfaction, tous les hommes reprirent leurs habitudes et s’enivrèrent du confort quotidien. La Terre était inconsolable ; contre son gré, elle vint à penser qu’il était désormais temps de châtier sa progéniture.

 

Elle songea tous les jours pendant trois-cent soixante-cinq jours, ne s’accordant une pause qu’au trois-cent soixante sixième. Comment corriger les coupables sans meurtrir d’innocentes âmes ? La terre tourna, tourna, retourna la question. En ultime avertissement, elle prit une grande inspiration et toussota ses cyclones dans l’hémisphère sud.

 

Les humains se réfugièrent chez eux quelques semaines durant. Des taules furent emportées, mais la terre se réjouit qu’aucune victime ne soit à déplorer. A nouveau, les hommes reprirent le cours de leur vie. Certains remercièrent un dieu invisible, tandis que d’autres se flattaient d’avoir construit des abris suffisamment solides pour résister à la tempête.

 

 

—   Nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, pensa la terre. Pardonnez-moi mes enfants, mais les choses ne peuvent plus continuer ainsi. Ce que je vous ai donné, je dois maintenant le reprendre.

 

 

Aux mots, elle joignit l’action. Rassemblant ses forces, elle donna naissance à un chameau discret, ordinaire, mais dont la soif était insatiable. Peu après la naissance de l'animal, la Terre replongea dans un profond sommeil. De flaques en flaques, de marres en marres, le chameau sillonna les déserts, dégustant leurs oasis. En même temps qu’il buvait, il grossissait de façon spectaculaire. De prime abord, les hommes furent fascinés. Le peuple se massait pour apercevoir l’incroyable, le prodigieux chameau qui ne cessait jamais de boire ! L’audace des hommes conduisit l’animal jusqu’au lit du Nil. Avant même que la bête eut trempé son museau dans l’eau, les journalistes commentèrent les débats des experts et les experts débattirent des commentaires des journalistes.

 

 

L'animal plongea la tête dans l'eau et goutta enfin l’eau du Nil, avant de s’adresser plein de morgue à la foule :

 

—   Cette eau est extraordinairement sale, dit-il, de sa voix de chameau. Je vais tout de même la boire, car j’ai très soif.

 

 

Il but l’eau du fleuve jusqu’à la dernière goutte et dans le même temps, il enflait, enflait, enflait ! Les Hommes n’en revinrent pas. Comment cela était-il possible ? Aucun ne savait, mais tous l’expliquaient. Le chameau fut applaudi des deux mains et des deux pieds. Ah, qu'est-ce qu'il était aimé en ce temps là ! En remontant le fleuve, il gagna la mer méditerranée et la but en entier. Il était devenu si imposant, que sa tête dépassait les montagnes de l’Atlas.

 

 

Un jour vint où les Hommes ressentirent les premiers effets de la sécheresse. Lorsqu’ils tentèrent d’empêcher le chameau de boire davantage, ce fut trop tard. L’animal était si massif que nul ne pouvait plus s’interposer à sa soif insatiable. D’un coup de dents, il arracha un Baobab qu’il utilisa comme une immense paille. En quelques semaines, il aspira l’eau des mers et des océans qui vinrent remplir sa première bosse.

 

 

—   Cette eau est salée, elle me donne encore plus soif, en conclut le chameau.

 

En quelques semaines supplémentaires, il remplit sa seconde bosse de toute l’eau des lacs et des rivières. Les plantes jaunissaient. Les animaux se battaient, les hommes eux, débattaient. Ils se réunirent afin d’élaborer un moyen de récupérer l’eau de la Terre. Ils essayèrent tout d’abord d’amadouer la bête. Ils déposèrent aux immenses pattes du chameau des tonnes d’offrande, qu’il ne vit même pas. Alors, quand il fut assoupi, les Hommes déployèrent leurs armées conjointes et libérèrent leur puissance de feu. Hélas, l’animal était si gros, que rien ni personne ne pouvait plus l’inquiéter et son sommeil ne fut troublé que par ses propres bâillements. Les Hommes avaient si soif qu’ils mandatèrent un représentant supplier l’animal de rendre les eaux. C’était la première fois qu’un homme négociait avec un chameau.

 

—   Ô grand chameau, animal sagace, pourquoi es-tu si méchant, pourquoi bois-tu toute l’eau de la terre ?

 

L’animal entra en méditation profonde. La question sollicitait tous les aspects de sa réflexion. Il prit trois jours et quatre nuits pour répondre. A l’aube du quatrième jour, il se redressa paresseusement et les nuages s’enroulèrent autour de son cou comme une barbe à papa. Les hommes levèrent la tête à s’en décrocher la nuque, attendant la réponse, comme on attendait la pluie au Sahel.

 

—   Je ne bois pas l’eau par méchanceté, mais simplement parce que j’ai soif, annonça le chameau, avant reprendre la route de son pas pesant.

 

 

Désespérés, les hommes se réunirent à nouveau et imaginèrent un stratagème pour que le chameau rende enfin l’eau de la Terre.

 

 

—   Si on le fait suffisamment rire, proposa quelqu’un, il ouvrira la bouche et l’eau jaillira hors de ses bosses.

—   Oui, faisons cela ! ajoutèrent les autres, fort enthousiastes.

 

 

Une grande célébration fut organisée en l'honneur du chameau. Les saltimbanques du monde entier se surpassèrent. Rivalisant d’inventivité dans leurs représentations, ils contèrent des histoires comiques par centaines, mais le chameau resta de marbre devant ces pitreries. Assoiffés et au pied du mur, les représentants du monde s’adressèrent à l'animal en ces termes :

 

—   Nous méritons ce châtiment, Ô grand chameau.

 

 

L’animal à demi-assoupi ouvrit l’œil, encourageant les représentants à reprendre de plus belle :

 

 

—   Notre race ne connaît que la destruction ou l’autodestruction. Nous estimons que le monde nous appartient, puisque nous y sommes nés. Nous souillons même l’eau sacrée qui nous a donné la vie.

 

Le chameau qui prêtait l’oreille, eut au même moment un reflux du Gange.

 

 

—   Rendez-nous l’eau Ô grand chameau et nous jurons de tout faire pour ne plus recommencer !

 

Au son de cet engagement qu’il jugeait impossible, l’animal jusqu’alors impassible éclata de rire. Il ne pouvait plus s’arrêter, son rire secouait les montagnes et faisait trembler tout son corps. Soudain, les bosses de son dos se contractèrent si fort que toutes les eaux débordèrent de sa large bouche. Il rapetissa, rapetissa à mesure que les eaux se répandaient à nouveau sur la terre.

 

 

En guise de reconnaissance, les Hommes s’unifièrent et vouèrent un culte au saint chameau. Pour ressembler à leur sauveur miséricordieux, les hommes, comme les femmes développèrent les deux bosses qu’ils avaient en bas du dos. Ce nouveau mode de vie transforma le monde et les moeurs de ses habitants en profondeur, les faisant davantage communier entre eux. La Terre ronronna doucement, car elle savait que de grosses fesses rassemblent l’humanité mieux qu’une promesse ! 

Modifié par Kayalias
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  • 4 semaines après...


Sympa de te revoir par ici : le service du Grand Capital te laisse encore un peu de temps libre pour souffler ? ^^

 

Rien de telle qu’une gentille fable écolo pour remettre le pied à l’étrier. La chute en est pour le moins surprenante. Si le récit avait été écrit au premier degré, je dirais qu’elle induit un changement de ton pas forcément raccord avec le reste du texte. C’est l’intention qui compte. :wink:

 

Bon courage à toi si tu souhaites te lancer dans une nouvelle fresque fantasy. Au premier coup d’œil, tu auras sans doute saisi que la section est encore plus amorphe qu’auparavant, limite proche des soins palliatifs. Enfin, si tu te lances, cela me donnera peut-être envie de sortir des cartons quelques histoires se déroulant dans l’univers de feu Warhammer. Pour les quelques amateurs que cela peut encore intéresser…
 

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