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[Background] Armées du 9e Âge : Royaumes de l'Humanité


Fenrie

Messages recommandés

Ces textes sont extraits du Livre de Règles Complet. Ils ont été traduits par @Ghiznuk

 

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DES ROYAUMES DE L'HUMANITÉ

 

De notre noble Destrie au mystérieux Tsouan-Tan, de la glaciale toundra åsklandaise aux plaines brûlantes de Taphrie, les humains se sont répandus à la surface du monde pour s'adapter à toutes sortes de paysages et de climats. Comptant parmi les espèces les plus diversifiées et les plus répandues de notre monde, nous nous sommes adaptés pour surmonter chaque obstacle tout en apprenant des autres habitants du monde, prospérant contre toute attente.

 

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De l'Empire de Sonnstahl

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Nation fondée sur les exploits de Sunna, la Déesse faite chair, notre allié a fait d'immenses progrès depuis ses premiers jours. Ensemble, les tribus unifiées par Sunna ont résisté à de nombreuses épreuves, n'ayant jamais perdu le souvenir de Sa gloire, symbolisée par l'épée éponyme, Sonnstahl. À présent que les glorieuses armées et la riche industrie de l'Empire, véritable cœur de la suprématie humaine en Vétie, ont été unies par le mariage à l'or de la Destrie, l'ambition de ce pays ne connaît plus aucune limite.

 

Mais pour commander une nation si diverse, un empereur ne doit pas seulement triompher militairement, mais aussi savoir garder la haute main sur l'arène diplomatique et surmonter les embûches qui seront placées devant lui par les différentes familles et églises rivales, afin d'assurer l'unité de la nation contre ses ennemis. S'étant rendu maître de nombreux savoirs, l'Empire, véritable centre d'apprentissage où la magie et la technologie ont été raffinées au point d'en faire des armes meurtrières, a commencé à étendre son emprise sur d'autres continents.

 

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Du Royaume d'Équitaine

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Depuis le temps de sa fondation par le roi Uther, la nation d'Équitaine s'est bâtie sur les prouesses personnelles et sur l'honneur individuel. Les chevaliers y sont particulièrement estimés, tandis que la maîtrise du combat monté y fait de la lance une arme de choix et de l'armure le summum de la mode. Les femmes sont vénérées en Équitaine en raison de leur lien avec la légendaire Dame, à la fois déesse et mystérieuse force protectrice de ce pays.

 

Nombreux sont ceux qui trouvent surannée la structure féodale des armées équitaines, composées de chevaliers et de paysans. Force est cependant de reconnaître qu'elles continuent à exercer une importante influence militaire. C'est ainsi que leurs croisades visant à retrouver le Graal les ont amenées à contrôler une grande partie de la Taphrie septentrionale. Au cours des croisades comme en toute autre chose, la noblesse est censée montrer l'exemple en prenant les devants ; la victoire ou la défaite dépend ainsi en grande partie de son ardeur. Le jeune roi d'Équitaine devra d'ailleurs bien apprendre toutes les leçons que cela implique s'il veut assurer la pérennité de sa dynastie parmi les autres puissantes maisonnées.

 

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Des autres Nations humaines

 

Jusqu'à récemment, la Vétie n'avait que de rares contacts avec les nations humaines du reste du monde, mais à présent que la puissance de Sonnstahl, de l'Équitaine et d'autres royaumes s'est étendue au-delà de leurs frontières respectives, il ne fait aucun doute que, amis ou ennemis, nous verrons bientôt ces autres pays acquérir une importance croissante. Parmi ces grands empires, celui de Tsouan-Tan est sans doute le moins bien compris. Les rumeurs faisant état d'armées de soldats en terre cuite sont à peu près tout ce que nous savons de ce lieu. Les royaumes du Sagarika sont mieux connus comme étant ces nations productrices d'épices, jadis soumises aux Hautes Lignées elfiques, mais affirmant désormais leur indépendance. Les royaumes de Taphrie couvrent la plupart de ce continent et sont habités par de multiples tribus de divers niveaux de complexité comme de puissance. Les gigantesques bêtes à défenses qui les précèdent au combat rivaliseraient même avec celles des ogres.

 

La Volskaïa est un voisin relativement proche mais dont le mode de vie est lié au climat froid et rigoureux de cette contrée, celui-ci devant être considéré comme faisant autant partie de son arsenal que n'importe quelle autre arme à sa disposition. Plus au nord, la vie éprouvante menée par les barbares d'Åskland fait d'eux des hommes et femmes extrêmement rudes. Le Qassar et ses guerriers du désert ont longtemps été une épine dans le flanc de la Destrie, même s'ils sont aujourd'hui tenus en respect par la citadelle elfe de Gan Dareb. Enfin, les nombreuses cités-États et principautés d'Arcalée sont le berceau de chefs d'œuvre parmi les plus grands du genre humain ; d'aucuns parmi les citoyens de ces contrées affirment même représenter la seule véritable descendance de l'antique Avras.

 

 

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Ces textes sont extraits du Livre de Règles Complet. Ils ont été traduits par @Ghiznuk

 

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DE L'EMPIRE DE SONNSTAHL

Épée de Sunna, Flamme de la Vétie

 

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source : GBR


Je serais prêt à sacrifier la moitié de mes hommes pour obtenir un seul rapport fiable du terrain.
– Général Schmismark

 

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Nous voyons un péché mortel à chaque coin de rue, dans chaque foyer, et nous le tolérons. Nous le tolérons matin, midi et soir. Eh bien, tout cela est terminé. J'ai décidé de montrer l'exemple. Mes actes seront étudiés et suivis… pour toujours.
– Mots prononcés par l'inquisiteur suprême Jän Damhirschkuh

 

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Fautqueçamarchefautqueçamarchefautqueçamarche !!!
– Dernières paroles d'Alfred von Haupt, pilote de tank à vapeur

 

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Il ne s'agit pas d'une débandade, mais d'une décision tactique mûrement réfléchie. Et qui n'a aucun rapport avec la taille de leurs dents.
– Capitaine Karlsen, peu après la Bataille des Flambeaux, à quatre lieues du champ de bataille

 

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Ce village a été balayé par les rayons purificateurs du Soleil levant. Il était infesté d'adorateurs des Sombres Dieux. Il a été épuré au nom de Sunna et de l'Empereur.
– Panneau cloué par l'Inquisition à l'entrée des ruines fumantes du village de Börnichen


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Dans ce cas, faites charger les chevaux.
– Maréchal de camp Finke, après avoir appris qu'il n'y avait plus de cavaliers

 

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L'attaquer ? Mais comment pouvions-nous, sire ? Sauf votre respect, il nous est littéralement passé par-dessus la tête. Ceux qui restent ont beaucoup de chance d'être encore en vie, sire.
– Témoignage sous serment d'un arquebusier après la bataille de Sarlimar

 

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C'est à l'aube du neuvième jour que l'ordre d'attaquer fut donné. Immédiatement, cent canons, batteries de fusées et mortiers ouvrirent le feu sur les rangs serrés de l'ennemi. Nombre d'entre eux déchaînèrent plusieurs charges concentrées en un seul tir, ce qui eut un effet dévastateur. Incapable de tirer en mouvement, l'artillerie avait été positionnée dans d'impressionnantes redoutes ; il était donc de la plus haute importance de la défendre à tout prix.

 

C'est au chevalier commandeur Holstein que revint l'honneur de diriger la première charge sur les goules du flanc droit. Comme il fallait s'y attendre, ces créatures ne montrèrent nulle frayeur face à leur avancée, refusant de céder le moindre pouce. Même si leurs rangs se désagrégèrent rapidement une fois que le plein impact de la charge se fût fait sentir, le noble Holstein se retrouva néanmoins empêtré et encerclé lorsque les corps des morts commencèrent à se ranimer.

 

Pendant ce temps, le prince Ilia Vadimovitch avançait sur la gauche et, d'un vigoureux assaut, parvenait à capturer le village fortifié de Crauladino. Mais lorsque lui et ses hommes voulurent progresser au-delà de ce point, ils furent submergés de terreur à la vue d'un immense dragon qui éclipsait le soleil, escorté d'une horde d'horreurs, spectres, fantômes et autres créatures surnaturelles qui passaient à travers les obstacles comme s'ils n'étaient pas là. Aussitôt, l'Empereur envoya au combat le maréchal Reinhard et ses chevaliers montés sur des griffons, qui assaillirent le drago n mort-vivant dans les cieux et parvinrent à l'abattre au sol, malgré de lourdes pertes. Toutefois, les pertes causées par son haleine nécrotique et par les spectres qui l'accompagnaient avaient déjà jeté le désarroi parmi les lignes volskaïennes, lesquelles battirent en retraite.

 

Au centre, l'Empereur refusait de céder sa position sur les hauteurs, laissant les troupes ennemies, dépourvues de la discipline nécessaire à la marche forcée, s'approcher de leur pas traînant tout en essuyant le barrage de notre artillerie. Pourtant, même ainsi, une fois la bataille décisivement engagée, l'effectif adverse était toujours plusieurs fois supérieur au nôtre. Nos troupes combattaient vaillamment, mais à midi, les toxines de l'ennemi, combinées à une soudaine poussée de ses renforts sur le flanc droit, finissaient de plonger nos forces dans la confusion.

 

Le massacre battait son plein, partout les cadavres s'empilaient. Nos adversaires avaient presque atteint les redoutes occupées par l'artillerie, lorsque l'Empereur engagea sa Garde impériale. Ayant fait le serment de protéger leur suzerain jusqu'à la mort, ces stoïques chevaliers tinrent bon face à la marée de non-vie tandis que l'Empereur se frayait un chemin vers le monstre impie qui commandait l'armée ennemie. Guidé par les bénédictions divines de l'archimage Bloch, l'Empereur brisa les protections adverses avant de se dresser face au vampire et de le pourfendre d'un seul coup.

 

– Témoignage du baron Jung, aide de camp de l'empereur Friedrich à la bataille de Crauladino , 924 A.S., l'affrontement final de la Guerre des morts, qui en fut aussi l'épisode le plus sanglant

 

 

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Si je ne devais employer qu'un seul mot pour décrire cette situation, je dirais qu'elle est… fâcheuse.
– Comte Loutouzov, à propos du massacre d'Itterbeck, 801 A.S.

 

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(ajout le 31/04/18 ; source : Ninth Scroll nº5)

 

« Frères et sœurs de la Déesse

Je vous salue dans la victoire !

Aujourd'hui, l'œuvre de Sunna est renouvelée ! Les ennemis de l'humanité ont été vaincus ; et quantité d'autres encore seront à leur tour abattus par Sa flamme radieuse.
Longtemps nos héros ont recherché Sonnstahl qui nous a été perdu ; mais aujourd'hui, je vous le dis en vérité : Sonnstahl n'est plus une épée, non !
C'est nous – nous qui sommes Sonnstahl : l'humanité unie, le grand bras de la Déesse Elle-même !
Aujourd'hui, les peuples de Vétie se dressent pour proclamer leur hégémonie et leur volonté ferme de repousser les ténèbres afin de régner sur ce monde.
Aujourd'hui, notre nation s'est rassemblée pour forger le véritable Empire de Sonnstahl.

Aujourd'hui, oui, par notre vertu, nous sommes l'armée de Sunna ! »

 

………

 

Ainsi parlait Léopold au-Cœur-pur le jour de la fondation de l'Empire à la suite de la guerre contre le Dathen. Une date que tous les Sonnstahliens connaissent comme étant le 4 novembre 201 A.S. Depuis lors, une longue lignée d'empereurs est restée fidèle à la sainte vision de Léopold, élus chacun en succession par l'éminent Conseil des Électeurs.

Sonnstahl est, de nos jours, dirigé par l'empereur Matthias, dit le Pieux, le fils de Friedrich le Grand. Si je n'ai pu obtenir une audience avec sa Majesté, j'ai néanmoins été reçu par la princesse Josefa, ce qui est un grand honneur. En tant que sœur aînée de Matthias, elle aurait pu devenir impératrice, mais elle fut confiée au service de Sunna lorsqu'elle était encore une enfant, afin d'assurer le mariage stratégique de son frère avec Sophie de Destrie – une alliance qui est la plus redoutable jamais formée en Vétie, sinon dans le monde.

Certains bruits courent selon lesquels Josefa aurait toujours des ambitions pour le trône, bien qu'elle affirme ne soutenir que la suprématie de l'Église. À en juger par les questions pénétrantes qu'elle a posées sur mes œuvres et mes voyages, il est clair qu'elle est loin d'être étrangère aux intrigues de la cour.

 

***

 

COMPLOT SACRILÈGE : SIX INDIVIDUS INTERPELLÉS

 

DEUX hommes et quatre femmes ont été capturés par la milice sous juridiction inquisitoriale à travers divers endroits du Scharland oriental. D'après les sources contactées par le Crieur public, cette « Inique Demi-Douzaine » (comme on l'a dores et déjà surnommée) œuvrait de concert avec les Sombres Puissances, à couvert de l'insu des honnêtes citoyens et ce, même en plein jour ! Hélas, nul n'a pu encore nous confirmer que ces arrestations sont effectivement connectées au sort de Börnichen, village (nos lecteurs s'en souviendront) purifié par l'Inquisition l'année passée.

Le Commandant Jorgen Roehr de l'Inquisition scharlandaise a confié au Crieur public que ses forces agissent sous l'autorité directe de Sa Sainteté le Prélat Suprême et que les prisonniers seront déférés au palais pontifical à Réva en Arcalée afin d'y être questionnés et purifiés.

Ceci constitue déjà le troisième épisode d'arrestations au Scharland depuis que les évènements de Börnichen ont…

 

***

 

Je me suis vu confier la charge de cartographe officiel pour un nouveau relevé du Breidmark et de sa frontière instable avec la steppe des Makhars. Cette région, protégée par les célèbres Flambeaux de Sonnstahl, est fortement militarisée afin de contrer les envahisseurs. Elle est également surveillée de près par les forces inquisitoriales qui en expurgent les moindres éléments subversifs. Sonnstahl a la plus grande armée de Vétie ; de plus, nombre des commandants que j'y ai rencontrés étaient aussi d'éminents hommes d'État.

 

***

 

L'ambition de tout noble est de devenir Électeur. Les propriétaires terriens sont nommés par l'Empereur ; un nombre croissant d'entre eux sont issus de la Ligue des Engrenages ou de mayorats locaux, tout autant que des carrières militaires. L'autre voie vers le statut d'Électeur est l'Église, dont les prélats sont dotés de pouvoirs tant politiques que judiciaires, tout comme Sunna brandissait à la fois l'épée et la balance de la Justice.

 

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Madame, mon service éternel à Votre Noble Seigneurie !

 

Je vous rends Grâces pour Votre missive d'instruction ; je fournirai à Votre Seigneurie tous les Articles, essentiels à Votre poursuite de Vos glorieux efforts en vue de la Défense de Votre territoire contre les hideux ennemis de l'Humanité.

 

Je vous apporte de bonnes nouvelles de ma modeste progression quant au caparaçon du magnifique Étalon de Votre fils Sigmund. Maître Oethbert a terminé les gravures sur l'Armure, et les jeunes filles au service de Madame von Ribbingen ont bien avancé sur les textiles, qui en couvriront la partie postérieure.

 

Des 60 plastrons que Votre Seigneurie a requis pour ses fantassins, je dois dire, que la première douzaine ne convenait pas à Vos attentes élevées – la moitié d'entre elle fut pénétrée par les tirs effectués par moi au moyen du pistolet Très Spécial, m'ayant été à cette fin remis par Vous. Maître Schultzer, qui en fut fort accablé, a imploré ma clémence ainsi que la Vôtre, tout en promettant une meilleure livraison endéans les Quatre semaines, sans frais supplémentaire. Des 200 Arquebuses, Votre Noble Seigneurie doit être informée que, je les ai fait expédier par la route d'Arnfurt et de Dürrenburg afin de Vous épargner les frais de douane excessifs imposés par Sa Seigneurie, le Comte de Scharland.

 

En outre, il devrait être connu de Votre Seigneurie, qu'il est impossible de trouver la moindre once de Café, ou de Chocolat par ici, ni en ville, ni dans la région avoisinante, étant donné les récens obstacles au commerce avec la Virentie, ayant été posés par les flottes arandaises. Mais j'ai explicité la Demande & le Goût de Votre Seigneurie à mon agent à Alfhaven, et ferai de mon mieux pour Vous rapporter, en personne, les meilleurs produits entre Vos mains à mon retour.

 

Toujours Votre humble et dévoué serviteur,

 

– Werner Geetz

 

Pour Sunna et l'Empereur

(traduction du texte de présentation sur le site officiel, par ‘Minidudul’)

 

Les armées de Sonnstahl marchent au pas cadencé par les tambours et les tirs de canon. Menés par des prêtres fanatiques et de courageux chevaliers, la discipline de fer de ces soldats est célèbre dans le monde entier. Exalté par l'exemple de Sunna, déesse de l'Humanité, l'ambition de l'Empire de Sonnstahl est sans borne !

 

Il est du devoir de l'Empereur de surmonter les divisions internes pour unir la nation contre ses ennemis. Il ne peut pas seulement être conquérant sur le champ de bataille : il doit aussi lutter au quotidien dans l'arène de la politique, où se mêlent les tumultueux courants des Maisons rivales et des factions religieuses. Grâce à ses universités renommées, où la magie et la technologie sont étudiées pour en tirer des armes efficaces, Sonnstahl a développé un artisanat et un commerce incontournables, étendant son emprise aux pays étrangers.


Style de jeu

Les armées de l'Empire de Sonnstahl peuvent être jouées de plusieurs façons, variant entre des unités d'infanterie lentes appuyées par la puissance de feu de leur artillerie ou des unités plus rapides capables de choisir où porter le combat. Vous trouverez ainsi des cavaliers bien armurés, de puissants mages, de l'artillerie lourde et de l'infanterie nombreuse et bien entraînée, chacun de ces éléments apportant ses propres forces et de nouvelles possibilités. Car il ne faut pas oublier que dans l'Empire, le tout est plus que la somme des parties : de nombreuses synergies sont disponibles et prêtes à être utilisées.

 

 

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Ces textes sont extraits du Livre de Règles Complet. Ils ont été traduits par @Ghiznuk

 

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DU ROYAUME D'ÉQUITAINE

Parangons de l'honneur, Bastion de l'antique fierté

extraits du GBR

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Jamais n'ai entendu dire que bataille pût être remportée sans sérieuse préparation.
– Dame Tania Féret, tacticienne militaire et ministre de la Guerre d'Équitaine

 

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Avoit pourtant juré que rien ne la pourroit transpercer !
– Dernières paroles du duc Gabriel de Gasconne

 

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Roi Louis : Mon cher Cantemont, que suis-je aise de vous revoir sain et sauf. Mais où donc reste notre commandant, le duc de Gasconne ? Est-il toujours en campagne ?
Cantemont : De bien tristes nouvelles, messire. Gasconne a péri.
L : Par la Dame, que voici une perte qui ne fait qu'appauvrir notre nation. Quelles sont donc les nouvelles de notre Croisade ? Le félon a-t-il été évincé ?
C : C'est là un bien lourd fardeau qui me pèse. Néanmoins je m'évertuerai à parler en pleine franchise. Quatre mille chevaliers firent route avec nous pour Avras. N'en sont revenus que quatre cent. Et moult d'entre eux sont assurément en fort piteux état.
L : Cela ne peut être vrai ! N'étiez-vous donc préparés à affronter le général Fontaine et ses maigres troupes ?
C : Certes nous l'étions, mon seigneur. Nous lui mandâmes premièrement, comme votre Majesté nous l'avoit enjoint, des émissaires afin de parlementer. Mais le traître refusa de négocier. Aussitôt nous avançâmes sur la cité venant d'Ouest, pour l'honneur de la Dame. Mais nullement n'avions-nous escompté…
L : Qu'est-ce ? Parlez donc !
C : N'avions escompté les zombies, mon seigneur.
L : Je vous demande pardon, vous ai-je bien entendu prononcer le mot « zombies » ?
C : Si fait, messire. C'est bien de cela qu'il s'agit. Nous nous rendîmes compte que l'accès à la cité nous étoit fermé, du fait des choses qui entraînoient hommes comme chevaux sous la surface des eaux troubles. Je suppose qu'il se trouvoit là quelque nécromancie à l'œuvre. Une femme ravissante se transportoit par dessus la fange, raillant nos souffrances, et confortant nos craintes. Notre cher ami Gasconne se lança à la poursuite du démon, mais mal lui en prit. Elle l'engloutit devant nous… Affaire on ne peut plus déplaisante.
L : Par la Dame ! Toutefois ne les surpassiez-vous en nombre ? Nous avions pourtant dépensé…
C : Si fait. Mais nos chevaliers furent dévoyés vers les marécages par de noirs sortilèges, et nos destriers s'enlisèrent. Étions épuisés après la longue marche et notre lourde armure n'étoit pas adaptée à ce terrain perfide. C'est alors qu'une multitude de nos compagnons tombés commencèrent à se redresser sur le lieu même de leur trépas… Ensuite survinrent ces spectres cauchemardesques…
L : Des spectres ?
C : Quelque créature de ce genre – il me plairoit de point m'attarder sur les détails. Maints qui n'avoient encore été occis prirent leurs propres vies, poussés par la folie.
L : Au nom de la Dame… Je dois de suite me retirer en prière. Faites donner aux survivants à boire et à manger. Pouvez disposer, Cantemont. Regagnez votre foyer.
– Compte-rendu d'une audience à la cour d'Équitaine, 960 A.S.

 

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Lorsque j'affirmai pouvoir tout soigner, je présumois que le patient eût toujours ses deux poumons et une tête.
– Médecin équitain

 

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tiré de Ninth Scroll nº5 (04/05/2018)

 

Aux jours d'avant Sunna, l'empire du Roi des rats tenait la Vétie sous sa griffe. Une seule nation se dressait face à la Vermine : l'Équitaine. Ce domaine a toujours reposé sur la force de ses puissants dirigeants, parmi lesquels le roi Gilles de Raux était un des plus grands. Mais de sombres murmures accompagnèrent son règne et sa longévité bien au-delà de l'étendue de la vie mortelle.


Ensuite vint Uther, lui qui, tout comme Gilles, est surnommé « Roi Passé et Futur ». Il souleva une ombre du pays et dévoua sa cause à la déesse communément appelée du simple nom de « Dame ». Ses compagnons étaient l’incarnation des vertus cardinales qui allaient façonner l’avenir du royaume, servant l’idéal chevaleresque tout en montant la garde contre le retour du Mal.

 

***

 

À mon arrivée à Guênac, je me vis accorder une audience avec le roi Henri. La jeunesse de son nom est apparente ; il possède cependant une sorte de feu intérieur que son père n'avait point. Là où les ducs riaient naguère dans le dos de Louis, leurs fils accourent à présent sur un simple mot de leur roi. Tous se demandent s'il pourra un jour rivaliser en renommée avec son grand-père, cimentant peut-être l'alliance naissante avec le Volskaïa.

 

Après m'être vu offrir la promesse d'un appui pour mes missions cartographiques, j'errai sur les quais à la recherche d'un vaisseau qui pût m’emmener. J'y entendis des commerçants conclure des marchés pour la vente de céréales, de bois et de tissus avec des marchands venant de nombreuses terres lointaines. Toute la richesse générée par ce commerce contribuera certainement à financer les innombrables croisades du royaume.

 

– Mémoires de Meradus Gercator

 

***

 

Depuis que je suis arrivé en Équitaine, je me sens comme si le soleil avait inversé sa course dans le ciel et que je fusse replongé dans un des âges du passé. Pays de brumes et de mystères… La vie ici n'a pas changé depuis des millénaires, ou si peu. D'antiques forêts remplies de créatures merveilleuses, dont les frondaisons s'entrouvrent sur les châteaux de la noblesse et les champs des paysans. Une terre imbibée de magie, bénie d’abondance… mais qui recèle aussi maintes souffrances cachées.


Le moindre aspect de la vie y est régi par la division de la société en classes. Le peuple équitain se partage entre « ceux qui combattent, ceux qui œuvrent et ceux qui prient », autant d’euphémismes désignant tour à tour les seigneurs féodaux, les manants et les ordos, chacun dépendant étroitement des deux autres. Les trois corps de la société ne se retrouvent unis qu'en un seul lieu : la ferveur de la guerre et des croisades. Celles-ci sont, aux yeux de ces fidèles zélés, l’endroit par excellence où proclamer leur foi en la Dame en recherchant sa gloire à travers le monde. Ce faisant, ils ne manquent pas d'enseigner à ceux qui les considèrent comme des reliques du passé que la maîtrise du cheval et de la lance reste une arme mortelle même de nos jours.

 

– Journal de Cesare Federici, marchant arcaléen
 

***

 

En Équitaine, la terre elle-même est considérée comme sacrée, mais plus particulièrement encore l’eau pure des rivières et des lacs. La plupart des gens y sont convaincus que les terres équitaines, où qu’elles se trouvent dans le monde, se trouvent sous la protection personnelle de la Dame. Sa religion consiste en trois vertus cardinales que sont l’Honnêteté, le Courage et la Constance. Cette dernière, également appelée « agourenne » dans leur langue sacré, s’exprime par des actes de pénitence, et notamment par la célèbre « Quête ».

 

La Quête revêt de nombreuses formes, mais inclut toujours de nombreuses épreuves destinées à mesurer la volonté, la souffrance et la détermination de ceux et celles qui l’accomplissent. Peu d’Équitains et d’Équitaines parviennent à persister dans cette voie plus de quelques années ; j’estime que pas plus d’une personne ne la mène à son terme à chaque génération. L’heureux élu (ou élue) est alors récompensé par une rencontre personnelle avec la Dame éternelle. Elle fait alors boire une gorgée de sa Coupe à l’individu qui, ainsi gorgé de Son pouvoir divin, renaît Sanctifié.
 

***

 

L’Équitaine ? Un pays épouvantable ! Comme si les chevaux et les quasi-chevaux dans les bois ne suffisaient pas, leur maudite déesse passe son temps à mander ses étranges serviteurs sur sa terre. Des fées, qu’ils les appellent, mais j’ai certainement de meilleurs épithètes pour eux ! Des minuscules nutons aux puissants Courtisans, tous plus irritants les uns que les autres ! Le pire de tous, c’est celui qu’ils nomment tour à tour Cyrde, Karde, Cute – le Roublard, quoi : on dit de lui que c’est un ancien dieu, qui régnait autrefois avec la Dame des Coupes, mais relégué aujourd’hui au rang de simple superstition. Il reste adoré par une étrange confrérie d’encapuchonnés, aptes au combat à l’épée et à l’arc, passés maîtres de l’art du secret, qu’on appelle les Quins.

 

Vous voulez vraiment que je parle de leur magie ? Alors, figurez-vous que chaque habitant, chaque habitante de ce territoire païen semble connaître l’une ou l’autre formule magique ! Fort heureusement, seules les femmes les plus douées sont autorisées à devenir de véritables magiciens. On les détecte quand elles sont encore toutes petites ; elles sont alors emmenées dans une « Schola » dont l’emplacement est tenu caché, c’est là qu’elles entreposent tous leurs grimoires et autres ouvrages éducatifs, loin de la vue des seigneurs comme des manants. Une fois qu’elles ont atteint l’âge mûr, ces « Damoiselles », comme ils disent, sont censées recevoir des visions de leur Dame, et sont traitées partout comme des reines. Les Ordos sont à leur service, les ducs et les rois leur font des dons somptueux en échange de leur conseil. 

 

Un pays épouvantable, vraiment. Je le répète et je le répèterai encore !

 

– Entendu dans une taverne d’Avras
 

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Ces textes sont extraits du Livre de Règles Complet et du Ninth Scroll Issue 7. Ils ont été traduits par @Ghiznuk

 

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DES AUTRES NATIONS HUMAINES

 

Avec l'arrivée de Sunna et l'aube du Neuvième Âge, la race humaine a repris le rang qui lui était dû dans la création. Nous ne sommes pas aussi forts que les ogres, pas aussi disciplinés que les elfes, pas aussi robustes que les nains, pas aussi braves que les sauriens, mais nous prospérons partout dans le monde comme nulle autre race n'a pu le faire depuis l'Âge de l'Aube. Aucune étude des grandes civilisations du monde ne serait complète sans parler des peuples suivants, ne serait-ce qu'en passant :

 

***

 

Dans une bourgade de Santa Genoveva dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n’y a pas longtemps un hidalgo, de ceux qui ont lance au râtelier, arbalète à répétition dans la veste, dagues de jet dans les bottes et plusieurs pistolets de poing cachés dans les manches.
– Premières lignes de Don Quicio, par le romancier destrien Miguel Cerveza

 

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Na na na, na naa na !
– Chant de victoire traditionnel (diverses races)

 

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J'ai fait ces murailles assez fortes pour contenir une horde de trolls. Je pensais que cela suffirait, jusqu'à ce que me parviennent les croquis dessinés par Felix en Virentie.
– L'architecte des défenses de la ville de Volskagrad

 

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Un artéfact unique en son genre ? J'en ai trois en stock.
– Maître d'entrepôt Tseng-Ta de Nyetsan

 

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Au vu de son imprenable forteresse bâtie sur un roc au large de la côte, au sud de sa capitale, on suppose généralement qu'il s'agit de l'unique province [de l'antique empire à avoir survécu (en partie sinon en totalité) à sa destruction par la Vermine. Bien que cet État dépende aujourd'hui pour sa défense des cavaliers des collines et autres conscrits, il subsiste toujours un petit cadre secret (mais mortel) de gardes d'élite formés aux anciennes techniques – une tradition transmise de génération en génération depuis des milliers d'années.
– Entrée sur l'empire de Monopatea dans Chronologie des nations étrangères, par Hudhayfa ud-Dîn

 

***

 

Du Royaume des Vanhous

 

Certains considèrent que mes longs voyages en Taphrie australe relèvent de la folie. D'autres me voient comme un héros. Mais en ce qui me concerne, mon seul désir est de répandre la parole de Sunna et d'éviter que ne survienne ce que je perçois comme une catastrophe imminente. Les Vosenlandais et les Destriens colonisent ces terres en nombres toujours plus grands, sans aucun égard pour les peuples qui vivent ici et dans l'ignorance complète de leurs coutumes.

 

Le plus grand de ces peuples sont les Vanhous, une nation fière et ingénieuse dirigée par le farouche roi Nyatsimba, un des rares chefs militaires dans un pays où la plupart des dirigeants sont des marabouts. Les croyances de son peuple sont fort anciennes. Les Vanhous se répartissent en plusieurs tribus traditionnelles ainsi qu'en « familles » regroupées autour d'un même totem spirituel. On dit des individus nés sous un certain totem qu'ils ont le pouvoir de converser avec l'animal correspondant après l'initiation qui les fait entrer dans l'âge adulte. J'ai moi-même pu assister à ces rituels.

 

Les Vanhous vivent dans des forteresses de pierre ; ils ont forgé de puissantes alliances avec les nains et les sauriens locaux ainsi qu'avec des marchands venus d'aussi loin que du Sagarika ou de Celeda Ablan. Ma crainte est que les Vétiens échouent entièrement à saisir la richesse de leur civilisation ainsi que l'ampleur de la colère que nous suscitons avec nos téméraires projets d'expansion coloniale. Le spectre de la guerre est bien plus proche que nous ne l'imaginons.

 

– Lettre du célèbre explorateur et missionnaire Erik Pierremorte

 

***

 

De la Volskaïa

 

Entre les Montagnes blanches et la steppe des Makhars s'étend un pays aussi diversifié que vaste. Des citadelles des clans montagnards à l'ouest aux camps de la Garde rouge à l'est, tel est le domaine des Volskali. Souvent incompris et dénigrés par leurs voisins occidentaux, les sujets du tsar Oleg sont un peuple fier et loyal. Leurs légendes prétendent que leurs ancêtres seraient les ours et les aigles, les loups et les faucons de leurs terres. Ceux qui, comme moi, ont pris le temps d'apprendre à connaître cette nation farouche ne prennent pas ces récits à la légère.

 

Leurs rapides cavaliers et leur infanterie résolue forment une ligne de défense cruciale contre la folie provenant des Désolations et les terreurs du Grand Marécage. Même si leurs actes ne leur rapportent que peu d'éloges, ces hommes ont établi toute une série d'avant-postes et de colonies à travers la steppe. Les prédicateurs de Sunna soutiennent qu'ils sont des hommes maudits et loin du Salut parce que leurs prédécesseurs avaient combattu la déesse au début de cet âge et ne se sont jamais repentis de ce péché. Aujourd'hui encore, on voit parfois l'une ou l'autre bande de maraudeurs moustachus lancer de hardies attaques sur le territoire d'autres nations, tandis que l'alliance entre la cour d'Ambre de Volskagrad et les rois d'Équitaine menace de renverser l'équilibre du pouvoir en Vétie.

 

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De l'Åskland

 

Ainsi je dois être mariée. Je ressens de l'effroi et de la joie en parts égales et, comme à mon habitude, j'enfouis ces émotions dans mes lectures. Le mari qui m'a été destiné est le prince Olvir Hrogtharson, fils du célèbre Hrogthar Alfhildr, roi de Thrymlande. Moi, partager ma couche avec un Åsklandais ! J'ai dévoré chaque ouvrage au sujet de ce pays sauvage. Les récits qu'on en rapporte n'ont fait qu'aggraver l'état fébrile de mon imagination.

 

L'Åskland est un conglomérat de tribus ayant chacune leur propre roi, « jarl » ou « hersir ». Beaucoup de ses habitants sont des barbares turbulents qui s'adonnent souvent au culte des Dieux Sombres. Les Åsklandais sont célèbres pour leurs incursions sporadiques ; on trouve leurs vaisseaux marchands dans des ports aussi lointains que ceux d'Avras ou d'Aldan.

 

Après avoir pendant longtemps été les ennemis de Sonnstahl, à notre époque, le pays relativement civilisé de Thrymlande est soutenu par l'Empereur en tant que rempart face aux tribus nordiques. Je suppose que je devrais tirer quelque fierté de mon statut de monnaie d'échange dans le cadre de ces négociations. J'espère seulement pouvoir triompher de cette horreur en accomplissant mon devoir envers mon père et ma nation.

 

– Journal de dame Annelie, fille du comte de Breidmark

 

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Du Qassar

Ainsi que vous le savez, les vaisseaux marchands qassaris comptent parmi les plus nombreux en la mer Médiane. Ceux-ci sont en nos ports source de grandes richesses. Il est par ce fait vital que nous maintenions des relations de bonne entente avec le sultan Taaj Abdoullah régnant à Amharaq. C'est à cette fin que vous mandons mener croisade au Qassar afin d'y soutenir les armées du sultan dans la guerre en cours.

L'y assisterez contre le chef rebelle Nassir ibn Afdal qui, par son charisme, a pu former grande alliance parmi les sultanats du Midi et nombre de tribus nomades. Nous savons sa faction opposée à l'amitié qu'a Abdoullah pour la Vétie.

De plus, il m'a été dit que ce conflit seroit aussi de nature religieuse : le plus grand nombre des fidèles du sultan sont adeptes du moujtam, le culte ayant valeur d'orthodoxie dans la religion qassarie, l'alihat. Ceux du Midi quant à eux suivent le mahab, qui en est la branche rivale.

Puisse la Dame vous bénir en cette nouvelle expédition, et puissiez-vous ne revenir en notre royaume qu'une fois rétablis les intérêts de la Couronne.

– Lettre de dame Tania Féret, ministre de la Guerre du roi Henri, à sa Grâce le duc d'Ussel.
 

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De l'Arcalée

On ne peut vraiment désigner l'Arcalée du nom d'État, tant ce pays est fragmenté et dépourvu du moindre pouvoir central. Les peuples de cette contrée se divisent en autant de principautés, communes, cités ou républiques. Toutefois, aux yeux du monde entier, il s'agit des cités libres d'Arcalée, également connues, ainsi que certaines contrées de Destrie, sous le nom de « Couronnes de fer ». Elles partagent en gros la même culture et adorent les mêmes saints, Sunna, sous son aspect de Thémésis, étant la première d'entre eux.

Bien que l'appellation « Couronnes de fer » ait été à l'origine un terme de dérision pour parler du manque de véritable pouvoir de leurs nombreux dirigeants, les cités libres sont en réalité détentrices d'une grande influence, conférée par leur richesse et leur indépendance. Guidée par ses grandes familles marchandes, l'Arcalée est devenue un des plus grands foyers de commerce au monde. C'est ici qu'ont été fondées les premières universités ; c'est encore ici que naissent les plus belles œuvres d'art et les plus grandioses inventions de notre époque. Mais la véritable force de l'Arcalée consiste en ses légions de mercenaires : des bandes où se côtoient soldats de métier, pirates, criminels endurcis, ogres affamés et nobles en exil qui y arrivent chaque jour en quête de gloire et de fortune. Ils savent que leurs compétences y seront employées à bon escient et que ceux qui savent se battre n'y meurent jamais de faim.

 

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Du Tsouan-Tan

Les marchands assez téméraires pour braver les routes orientales ou les mers australes peuvent atteindre la limite du monde connu : l'empire mythique du Tsouan-Tan. On dit de lui qu'il est un pays de vues spectaculaires, rempli de montagnes, de jungles, de fleuves et d'immenses plaines qui s'étendent à perte de vue, toutes ces terres se trouvant sous la domination absolue de l'Empereur-Dragon à Long-Tsing.

La lecture des chroniques les plus anciennes nous apprend que le Tsouan-Tan serait aussi vieux que le Naptesh, même si la plupart des érudits estiment que l'actuel empereur Kong-Lou ne serait monté sur le trône qu'il y a un siècle d'ici. La propagande officielle de son gouvernement prétend que l'empereur serait un véritable dragon ; cela serait également confirmé par certains rapports. La plupart des spécialistes restent toutefois dubitatifs sur la question. Étant donné que les Tchongs affirment depuis longtemps être descendus d'un peuple « élu » qui vivait côte à côte avec les sauriens à l'aube des temps, il est sans doute plus probable que leur suzerain soit un seigneur reptilien. Quoi qu'il en soit, pour la plupart des Vétiens qui voyagent dans ce royaume oriental, ces légendes n'ont que peu d'importance au regard des richesses fabuleuses de cette nation.
 

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De la Destrie

C'est vrai, tout a bien changé depuis le temps où j'étais un jeune homme, beaucoup changé même ! Les couronnes du Nord et du Sud sont à présent liées par le mariage : ça, c'est vraiment quelque chose qu'on n'aurait jamais cru voir de notre vivant ! Les caravanes passent maintenant en paix sur des routes qui étaient autrefois remplies de duendes, de bandits, de truands et…

Quoi ? Oui, bien sûr que tu en trouveras toujours plein dans l'ouest, et tu trouveras pire que ça, même. Du moins, tu en aurais trouvé du temps où moi j'étais jeune. Aujourd'hui, les chevaliers et leurs soldats ont finalement mis un terme à ce qui restait des Temps tourmentés, à ce qu'il paraît. Les morts restent enfin tranquilles dans leurs tombes, grâces soient rendues à Carnivus et à tous les saints.

Oui, mon bon Vespolio, l'heure est venue pour ma patrie. Les Couronnes jumelles de Destrie occupent à présent le centre du monde, tandis que nos armées sont unies, notre peuple vigoureux et nos coffres bien remplis. Même ces arrogants d'Impériaux sont tellement prêts à tout pour s'attirer nos faveurs qu'ils se sont empressés d'arranger un mariage avec notre reine Sophia, loué soit son nom. Et par sa volonté, nous possédons maintenant des terres au-delà du Grand océan, que les Zoreilles-pointues nous avaient toujours interdit de traverser – et quel profit ! Je te jure que bientôt nous serons aussi riches que les sultans d'el-Qassar ! Alors mon vieil ami, qu'en dis-tu finalement ? Tu pars avec moi à Port-Roig ?

– Conversation entendue dans une taverne bondée à Santa-Marika
 

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Du Sagarikadesha

Le Sagarikadesha n'est pas une nation, ni un empire. Il s'agit en fait de tout un sous-continent contenant des dizaines de royaumes. Le plus grand d'entre eux est l'empire de Zuratha, qui a mené la rébellion contre le khanat des ogres qui dominait toute la région par le passé. Le Zuratha a été aidé en cela par les Hautes Lignées elfiques, dont les flottes commerciales ont succédé aux ogres en tant que puissance détenant l'hégémonie militaire et économique jusqu'à la moitié de ce siècle. Mais les dernières forteresses des Arandaïs subissent aujourd'hui la pression constante des radjs humains. D'un autre côté, comme le prouve notre présence ici, les marchands vétiens sont toujours aussi bienvenus.

Ces terres aussi fascinantes que sublimes sont remarquables pour le grand nombre de leurs cultes. La plus jeune de ces sectes, le zantisme, est en pleine expansion ; on dit qu'on compte parmi ses acolytes les magiciens les plus puissants du pays. Néanmoins, le panthéon traditionnel, connu sous le nom de « Pazou », exerce toujours un attrait considérable pour la majorité du peuple. Il regroupe un grand nombre de dieux et déesses à tête d'animal, accompagnés de leurs représentants sur Terre, les assouras, les dévas et les nagas. C'est de cette religion que sont issus certains des cultes guerriers les plus violents de la région, des adeptes qui consacrent à ces dieux leurs montures et leurs armes exotiques, comme la « gada » (une immense masse) ou la « trishoula » (un trident employé comme une lance) ; ils espèrent ainsi en tirer des avantages tels que le pouvoir de faire prendre des formes bestiales à leur propre corps.

Les armées sagarikaines sont craintes pour tous ces cultistes frénétiques, sans mentionner leurs célèbres éléphants et leurs terribles engins volants appelés « vimanas ».

– Journal de Malatesta da Pontefreddo, commandant mercenaire
 

***


De l'empire des Koghis

Nombreux sont ceux, très cher enfant, qui ont cherché à connaître le secret de ma richesse, et j'ai toujours inventé quelque fable laconique censée me faire passer pour un génie. Mais la vérité est que je dois tout ce que j'ai toujours possédé à ce pays dont peu de gens en notre royaume ignare connaissent l'existence : l'empire des Koghis.

Il s'agit d'un puissant royaume qui exerce son contrôle sur toute l'étendue des richesses de la Taphrie occidentale. Ses rois, appelés « mansas », sont à la tête d'une fortune vertigineuse, au point qu'ils ne savent eux-mêmes qu'en faire. Après leur conversion à l'alihat, le dernier mansa a entrepris un pèlerinage dans la ville sainte de Midan, au Qassar. Son escorte était si nombreuse, et il y apporta une quantité d'or si importante, qu'à lui seul, il a paralysé toute l'économie qassarie en provoquant une terrible dévaluation de ce métal précieux. Imagine donc !

Un marchand qui y apporte les bonnes marchandises peut en tirer à Dogoko dix fois le prix qu'il en aurait obtenu à Avras. Même sans le savoir, nous vivons tous dans l'ombres des Koghis. L'abondance de leur pays en or et en sel se fait sentir jusque sur les marchés de Sonnstahl et d'Équitaine. Encore aujourd'hui, je le revois à chaque fois que je ferme les yeux : le grand désert d'or, et les caravanes sans fin qui le sillonnent telle une flotte ondulant à travers les dunes.

– Extrait d'une lettre conservée par les notaires de Matthias Bechtholdt, « l'homme le plus riche de Sonnstahl », destinée à être remise à son fils le jour de son décès

Modifié par Fenrie
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  • 2 mois après...

@Fenrie

Corriger le texte sur les Sagarika-deshas :

 

« Les Sagarika-deshas ne sont pas une nation, ni un empire. Il s'agit en fait de tout un sous-continent contenant des dizaines de royaumes. Le plus grand d'entre eux est l'empire de Zouratha, qui a mené la rébellion contre le khanat des ogres qui dominait toute la région par le passé. Le Zouratha … des râdjs humains. D'un autre côté, comme le prouve notre présence ici, les marchands vétiens sont eux aussi toujours les bienvenus. »
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  • 2 semaines après...

@Fenrie

Corriger le texte sur la Destrie :

« depuis le temps où j'étais un jeune homme »

« Temps tourmentés » –> « Temps de la Tourmente »

« présent le centre du monde ; nos armées » (supprimer « tandis que » et le remplacer par un point-virgule)

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  • 3 semaines après...
  • 1 mois après...

Correction de la partie sur le Tsouan-Tan :

« qu'il y a un siècle d'ici. La propagande officielle de son gouvernement prétend que l'empereur serait un véritable dragon ; cela serait également confirmé par certains rapports. » –>

« qu'il y a un siècle. La propagande officielle de son gouvernement prétend que l'empereur serait un véritable dragon – ce qui est également confirmé par certains rapports.  »

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Correction texte sur al-Qassar :

« afin d'y soutenir les » –> « afin d'y prêter assistance aux »

« a pu former grande alliance » –> « a su former une grande alliance »

« de plus, il m'a été dit que… » –> « En outre, ce conflit m'a été dit être de nature religieuse :  »

Modifié par Ghiznuk
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  • 3 semaines après...

Corrections Volskaïa

« Volskali » –> « Volskalis »

« Leurs rapides cavaliers et leurs fantassins résolus forment une ligne de défense cruciale contre la folie des Désolations et les terreurs du Grand marais. Même si leurs actes ne leur rapportent que peu d'éloges, ces hommes ont établi toute une série d'avant-postes et de colonies à travers la steppe. Les prédicateurs de Sunna soutiennent qu'ils sont des hommes maudits, éloignés du Salut parce que leurs ancêtres avaient combattu la déesse au début de cet âge et ne se sont jamais repentis de ce péché. »

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  • 4 mois après...
  • 4 semaines après...

traduit du Ninth Scroll nº12

récit par ‘SirMC2015’

 

La Geste de sire Breslin
– par ’SirMC2015’
 

Approchant à présent de la fin de mes jours, je ressens le besoin de coucher par écrit l'histoire de mon suzerain, le seigneur Breslin de Castelnoir. Lui qui m'emmena, moi, un pauvre garçon de ferme dans le plus reculé des hameaux sonnstahliens. C'est lui qui m'apprit à connaître mon vrai potentiel, lui à qui je dois la vie mais aussi ma famille, mon titre, mon honneur et ma foi. Je fus à son service, son loyal porte-étendard pour de nombreuses campagnes ; et si le monde devait à nouveau nous requérir, alors je soulèverais sa bannière une fois de plus. « Vic nor eridth, iqu darvesor aquain » : tels sont les mots par lesquels il vécut, ces mots que je chéris et dont je connais la véracité au plus profond de mon cœur. « Car dans la mort, je protège la vie ». Tout homme fidèle à mon seigneur et qui partage sa foi, partagera aussi son devoir.

Mon seigneur était le bouclier et le bras de la déesse. Il ne répondait à l'appel des armes que lorsqu'il était véritablement émis par elle. Alors que ceux qu'il croisait sur le champ de bataille connaissaient la véritable peur. Ce n'est qu'à l'heure la plus sombre que je compris ce que ces mots signifiaient réellement, bien que je n'ose point ici m'aventurer plus loin.

Avant de parvenir aux claires montagnes du Royaume, j'étais né dans les plaines de Parraigh, dans l'Empire. Mon père possédait un vaste domaine. Il était généreux et accueillant, mais très dur en affaires. Il avait été sergent dans la Garde impériale, avant de troquer son épée contre une charrue. Il avait parcouru le monde entier selon la volonté de l'Empereur, avait combattu en des lieux dont je ne parviendrai jamais à prononcer le nom. Mais il n'avait jamais aimé verser le sang.

Je me souviens encore de ce jour où je rencontrai mon seigneur. Je m'en souviens comme si c'était hier. En vérité, quand bien même je ne me rappelle plus du visage de mon épouse – que la Dame l'ait en sa garde –, ce jour, jamais je ne l'oublierai.

Père avait rempli son chariot, et nous nous rendions en ville pour y vendre nos produits. « La meilleure laine, le meilleur blé de la plaine », répétait-il à qui voulait l'entendre. Et je le croyais. Il était entré dans la halle de la Guilde des marchands pour y écouler nos produits et y trouver quelques outils de remplacement. Il s'agissait d'un bâtiment en bois, à la décoration plutôt sommaire, dont les lambris étaient aussi tachetés de brun que le plancher au sol. À l'avant du bâtiment, on voyait une enseigne représentant une bourse, le symbole de la guilde. J'étais comme d'habitude assis dans le chariot, mais de là où je me trouvais, j'entendais tout ce qui se disait au-dedans, par la fenêtre ouverte. Tout à mon œuvre d'espionnage, c'est à peine si je remarquai un homme à moitié mort de faim, menant un cheval en parfait embonpoint. Ses vêtements pendaient sur lui, comme s'ils avaient autrefois été à sa taille, mais étaient à présent trop grands. Il avait l'air abattu, tant qu'il pouvait à peine marcher en ligne droite.

Lorsqu'il sortit de la Guilde, mon père remarqua immédiatement le pauvre hère qui, je l'appris plus tard, n'avait que quatre étés de plus que moi. Mon père était un rude gaillard, plus grand que la plupart des gens ; mais le nouveau venu rivalisait avec lui en taille. Il posa la main sur l'épaule de l'étranger pour le retenir – sa grosse main charnue, calleuse d'avoir tant travaillé au champ. Du peu que je perçus de leur conversation, je compris qu'elle n'était point en langue impériale commune. L'homme secoua la tête plusieurs fois, mais finit tout de même par donner un signe d'assentiment. Se retournant vers moi, mon père me héla de sa voix profonde, qui retentit sur la place du marché : « Wilhelm ! Veille donc à faire une bonne place à cet étranger à l'arrière du chariot ».

Je sautai du chariot, répondant de ma propre voix enrouée : « Et le cheval, père ? » Je n'avais encore vu que quatorze moissons. Ma voix commençait à peine à muer, et mon corps croissait encore maladroitement. Le chariot était à présent bien plus léger, avec seulement quelques sacs de grain que nous avions finalement décidé de ne pas vendre, un fagot de bois et les quelques nouveaux outils. Je les réarrangeai pour m'assurer que l'étranger pût s'asseoir confortablement contre le sac de grain.

« Notre invité dit que son destrier nous suivra à son propre rythme ». Maintenant qu'ils s'étaient approchés, je constatai à quel point l'étranger avait l'air mal en point. La nature l'avait pourvu d'une solide carrure, mais il était à présent dépourvu de l'énergie requise pour la mouvoir. Il était aussi décharné qu'un homme qui n'a pas fait un bon repas depuis des semaines. « Donne-lui la gourde et deux morceaux de bœuf séché à grignoter ». Je m'empressai d'obéir à mon père, tout en aidant l'homme à se hisser dans le chariot. Nous étions si concentrés sur l'aide que nous portions à cet homme, que nous ne vîmes pas les huit autres qui nous observaient de l'autre côté de la place et qui prirent la route dans la direction qui était aussi la nôtre.

Une fois notre invité bien calé à l'arrière du chariot, nous dételâmes et partîmes vers l'ouest, laissant la place du marché et la halle de la Guilde derrière nous. Je me retournais sans arrêt pour observer l'homme par-dessus mon épaule. Sa tunique rouge était déchirée à plusieurs endroits, tout comme l'était son pantalon noir au niveau de ses genoux et de ses chevilles. Il portait de simples bottes de monte en cuir noir, qui avaient l'air de bonne facture, bien qu'usées. C'était là toutes ses possessions. Le destrier suivait le chariot, comme mon père l'avait prédit. Il était en pleine forme et paraissait régulièrement bouchonné. Une selle bien huilée, immaculée, était attachée autour de la taille de l'animal, avec une lourde sangle et une petite sacoche qui pendait au côté, ainsi qu'une couverture exagérément longue, nouée sur son arrière-train. Je pensai que ce cheval aurait pu avoir été volé, et j'en parlai à mon père. Il se contenta de secouer la tête : « Seul un fou tenterait de voler ce cheval ». Puis il ajouta, sur un ton avisé : « Je connais ce genre d'animal. Il est tout aussi dangereux que cet homme qui dort à l'arrière de notre chariot. Regarde ses genoux, ses sabots, les marques sur sa robe. C'est un véritable destrier, entraîné pour la guerre ! Tu n'as pas vu l'épée cachée sous la couverture ? Une épée bâtarde comme on en voit rarement. Et ses mains sont encore plus calleuses que les miennes : je suppose qu'il a donc l'habitude de s'en servir. C'est tout de même drôle, je lui parlais en langue du Royaume, mais il ne se souciait que de son cheval. Ça doit être un cadeau très précieux, de la part d'un puissant personnage. De tous les hommes d'armes et chevaliers errants du Royaume que j'ai connu, aucun ne possédait une bête si magnifique et si bien dressée. Seule la noblesse a les moyens de s'offrir de telles montures. » Nous continuâmes à deviser du Royaume, de son emplacement, de sa déesse, la Dame, et de son roi. J'étais toujours surpris de voir ce fermier à l'air si banal connaître tant de choses du monde, et je me gonflais de fierté en réalisant qu'il s'agissait de mon père.

Notre ferme se trouvait à une demi-journée de route de la ville. Deux heures après que nous eûmes dépassé la dernière habitation, nous vîmes un homme arrêté au milieu de la route. Il portait une tunique et un pantalon de cuir, et une épée était accrochée à ses hanches. Il restait là, planté sur la route, un lourd gourdin posé sur l'épaule. Mon père tira les rênes pour arrêter le chariot et se mit à scruter les environs, devant, derrière, et sur les côtés. À cette distance, je pouvais discerner l'inconnu : il avait les cheveux châtain et une cicatrice rouge sur la joue gauche. « Bien le bonsoir, fermier. Comment vont les affaires à la Guilde ? » Sept autres hommes sortirent des fourrés, nous encerclant complètement. Tous étaient armés, qui d'une épée, qui d'un gourdin. Deux de ces brigands nous mettaient également en joue de leur arc.

Mon père répondit, serrant les dents. « Que voulez-vous ? » Le grondement de sa voix, son intonation, sa posture m'effrayèrent. Je ne l'avais encore jamais vu prendre un tel air ; mais je savais que la vraie menace provenait des huit hommes autour de nous.

« Seulement vous aider, compagnon. Votre pauvre mule qui vous tire ici m'a l'air bien épuisée. Peut-être est-ce l'or dans votre bourse ou les marchandises dans votre chariot qui la ralentissent ? Vous pourriez bien nous laisser les porter pour vous, n'est-ce pas ? » Il claqua des doigts, et la moitié de ses hommes s'approchèrent. L'un d'entre eux fit mine d'ouvrir la portière arrière. Mon père prit un air effondré : il était clair que nous ne pourrions gagner ce combat ; lui et moi étions à la merci de ces hommes. Nous n'avions pas la moindre arme, pas même un bâton à portée de main. Les deux archers vinrent plus près, arc bandé, flèche prête à jaillir. La suite se déroula si vite que j'eus à peine le temps de prendre conscience de ce qui se passa avant qu'il ne fût trop tard.

J'entendis la portière cogner le rebord du chariot en s'ouvrant, puis un cri de surprise. Il y eut un choc sourd par terre : je crus que notre invité avait été jeté au sol. Les archers se retournèrent rapidement et décochèrent leurs projectiles. Je me souviens encore parfaitement du bruit de ces flèches s'enfonçant dans le bois du châssis. Puis un marteau – l'un des outils que mon père venait d'acheter – fendit les airs et frappa un des archers en plein milieu du front, l'envoyant culbuter.

Le chef de la bande, devant nous, prit un air excédé, claqua des doigts et fit un geste en direction de quelque chose qui se trouvait dans notre dos. Je ne m'étais toujours pas retourné pour voir ce qui se passait à l'arrière, trop obnubilé par le danger juste devant moi. L'autre archer encocha une nouvelle flèche et ses compagnons tirèrent leur épée en contournant le chariot. Une autre flèche me passa juste au-dessus de la tête, son sifflement suivi par de nouveaux jurons indécents. J'entendis trois autres chocs sourds – autant de corps tombés au sol. Le regard de l'homme devant moi, qui avait au départ exprimé la malice, puis la colère, était maintenant empli de peur. J'entendis un bruit de pas sur le chêne derrière moi. Mon père avait repris sa contenance ; il paraissait à nouveau ferme, fort, et prêt à l'action. Il eut un sourire mauvais en direction du bandit.

« Je suggère que vous nous laissiez à présent. Si mon fils, mon ami ou moi-même devions vous croiser à nouveau, il se pourrait bien que vous n'ayez pas autant de chance qu'aujourd'hui ». L'homme opina du chef, jeta son arme et prit la fuite. Le sourire de mon père disparut instantanément. Il sauta à bas du chariot. « Fils. Aide donc notre invité à remonter derrière. Je m'occupe des corps. »

Les paroles de mon père me glacèrent. « Les co – Les corps ? », dis-je d'une voix cassée par la peur, ce que n'arrangeait pas mon jeune âge. Je finis par me retourner, pour contempler le carnage sur la route. Le premier homme, celui qui avait ouvert la portière, avait sur la tempe un trou de la taille d'un marteau. Le deuxième corps se convulsait toujours au sol, des marques de sabots dans son dos ; le destrier se tenait toujours là, son sabot ensanglanté passé à travers le crâne de l'homme. Trois autres cadavres gisaient, une large entaille sanguinolente ouverte dans leur torse et leur cou. L'épée elle-même était celle de la première victime. Je contemplais un homme qui venait d'en tuer sept. Un homme, aussi faible qu'un agneau nouveau-né, qui parvenait à peine à marcher, dont les doigts semblaient dépourvus de la vigueur nécessaire à tenir l'épée qu'il venait de manier, avait abattu sept hommes comme s'ils avaient été des moustiques. Qui donc était cet étranger ? Je m'approchai de lui avec la plus grande prudence. Il me jeta un regard, prononça un mot que je ne compris point, avant de s'évanouir, ses yeux roulant dans ses orbites.

Je ne me souviens que difficilement du reste de cette journée. Mais cette première rencontre avec mon ami, sire Breslin, elle, est toujours aussi vivace dans mon esprit. Qui avait véritablement sauvé qui en ce jour ? Sans lui, je crois bien que je n'aurais point été là pour écrire ce récit. Ce ne fut d'ailleurs là que la première fois qu'il me sauva la vie, avant de nombreuses autres. C'était là le début d'une nouvelle vie. Une nouvelle voie, celle que Breslin me fit emprunter.

 

***


Une fois arrivés à la ferme, nous trouvâmes ma mère, ma sœur et mon jeune frère qui nous attendaient sous l'auvent. Mon grand frère, alors âgé de dix-huit automnes, était toujours au champ. Le secret de la prospérité de mon père était qu'il plantait non seulement différentes cultures aux différentes saisons, mais qu'il s'en tenait à une stricte rotation de ses terres, laissant au moins deux champs en jachère chaque année. Il ne laissait même pas le bétail s'aventurer sur les parcelles inutilisées. Père disait toujours que la terre avait besoin de repos pour se soigner après que nous lui ayons tellement pris. Nous entendions régulièrement des voisins se plaindre d'une mauvaise récolte. Mais nous n'avions jamais connu de mauvaise année. Père se portait toujours volontaire pour secourir les fermiers moins chanceux des environs. Il n'y en avait pas un, parmi ceux qui vivaient à moins d'une journée de marche, qui ne devait à mon père l'une ou l'autre faveur. Mais il ne demandait jamais rien en retour.

Père sauta du chariot avant même qu'il ne se fût complètement arrêté et courut vers ma mère. Il la souleva, l'embrassa vigoureusement, remerciant Sunna d'être encore en vie après ce qui nous était arrivé sur la route. Il lui raconta vivement notre mésaventure, tout en la tirant par la main pour l'amener au chariot. Tout à l'attendre, je n'avais toujours pas bougé de mon siège. Elle avait des cheveux noirs qui commençaient à virer au gris au niveau des tempes ; ils étaient noués en une longue tresse qui lui tombait jusqu'au milieu du dos. Elle portait une robe brune simple, boutonnée par devant. Son doux visage, qui, aussi loin que je puisse me le rappeler, arborait toujours un sourire aimant, exprimait à présent un soupçon d'inquiétude. Ma sœur Griselle, collée derrière elle, était comme le reflet de ma mère à qui on aurait ôté quarante ans. Elle avait elle aussi des cheveux d'un noir de jais, noués en une tresse dans son dos, et le même air soucieux que Mère, les lèvres pincées. Mon frère Jonathan restait sous l'auvent, agrippant la rambarde.

Je me souviens m'être trouvé devant la portière à l'arrière du chariot. Les planches étaient éclaboussées de sang. Deux flèches étaient fichées dans son flanc. Lorsque Père et moi ouvrîmes la porte, nous vîmes encore plus d'éclaboussures. Mais les vêtements de l'étranger n'en portaient nulle trace. C'était là une illusion due au tissu de ses habits qui, bien qu'initialement tachés du sang de ceux qu'il avait tués, avaient eu le temps de l'éponger et de sécher. À ce jeune âge, j'appris qu'il était un homme de guerre, et qu'au cours de l'année qui suivit, il désirait ardemment la paix. Père tendit le bras pour le secouer ; l'étranger se réveilla en sursaut, puisant visiblement pour ce faire dans ses dernières réserves d'énergie. Père parla dans la même langue que j'avais entendue auparavant, désignant du doigt sa maison, sa femme, sa fille et son fils. L'homme opina et marmonna quelque chose que je ne pus comprendre. C'est alors que, appuyant la main sur son torse, il prononça enfin son nom : « Breslin ».

Nous l'aidâmes à entrer dans la maison, tandis que Mère donnait des ordres au reste de la famille. Nous le couchâmes sur un lit dans une petite pièce du rez-de-chaussée qui, tout en étant chauffée par la cheminée de la cuisine, était séparée du reste de la maison, isolée par une porte fermée par un verrou. Deux semaines durant, ma mère et ma sœur veillèrent sur lui pour le ramener à la santé. Chaque soir, mon père rendait visite à Breslin pour discuter avec lui. Je ne sais de quoi ils devisaient ainsi. De toute ma vie, je ne l'ai jamais appris. Un soir, alors que nous étions occupés à dîner, nous entendîmes la poignée de la porte bouger. La porte étant verrouillée, il ne pouvait l'ouvrir ; dans ma jeune imagination, je craignis qu'il ne la forçât pour nous massacrer. Le bruit de cette poignée nous fit bondir ; mais alors, il se contenta de frapper. Nous restâmes là, à regarder fixement cette porte en silence. Alors nous l'entendîmes prononcer, en langue commune : « Puis-je me joindre à vous pour le souper ? »

Je fus bouleversé par cette voix. Elle était claire, forte, ferme et chaleureuse. Elle ne pouvait appartenir au monstre que j'avais fantasmé après ce que j'avais vu sur la route. Père ouvrit la porte, répondant « Bien entendu. Venez donc vous asseoir avec nous. Griselle, va chercher un autre couvert ; Jonathan, apporte-nous une autre chaise. Nous serons ravis de partager notre pain avec vous. Vous nous avez sauvés sur la route, mon fils Guillaume et moi. Vous accueillir est bien pour nous la moindre des choses ».

Nous bondîmes de nos sièges. Griselle accueillit Breslin avec un grand sourire, auquel il se contenta de répondre par un « Merci ». Jonathan lui adressa un hochement de tête, qui obtint lui aussi son « Merci » en retour.

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  • 3 mois après...

traduit du Ninth Scroll 15

récit par ‘SirMC2015’

 

La Geste de sire Breslin
– par ’SirMC2015’

 

Je me souviens l'avoir considéré, tout inconscient qu'il était, avec un mélange de crainte et d'inquiétude. Mais Père me dit qu'il ne servait à rien de me tracasser. Quand bien même l'acte de tuer lui était naturel, vu qu'il était né, pour ainsi dire, une lame à la main, il s'en tenait à un code strict, connu sous le nom de « chevalerie ». Paysan, écuyer ou chevalier, ce code était sa vie. Plus tard, nous apprîmes le nom de l'étranger. Breslin. Mais cela, vous le saviez déjà.

 

Les deux années qui suivirent passèrent sans histoire. Nous apprîmes ainsi qu'il connaissait les bases de la langue commune et qu'il désirait en savoir plus sur notre culture. Il apprit à cultiver les champs, à soigner le bétail, la rotation des cultures, et la menuiserie. Il apprenait vite et maîtrisait la plupart des tâches avec une aise déconcertante. En à peine quelques mois, il paraissait déjà avoir été là depuis des dizaines d'années. Petit à petit, la légende de l'étranger moribond qui avait abattu sept bandits à lui seul disparut des mémoires.

 

C'est alors que je courtisais Irène, qui allait plus tard devenir ma femme, que Breslin et moi nous liâmes d'amitié. Il me donnait des conseils sur la meilleure façon de la séduire. La vie était parfaite. Du moins, jusqu'à l'arrivée de la milice.

 

Breslin était occupé à faucher le blé lorsqu'il vit la milice approcher. Dès que les premiers soldats quittèrent la route pour prendre le chemin de la ferme, il fit signe à Jonathan, le cadet, d'aller se cacher à l'intérieur. Les soldats s'arrêtèrent devant la maison de mon père. Breslin mit sa lourde faux à l'épaule et vint vers le groupe d'hommes. Au moment où il passa le portail, mon père était occupé à crier sur les soldats : « … rien fait de mal ! C'est n'importe quoi, vous le savez très bien ! Maintenant, partez de ma terre ! »

 

J'observais tout ceci à travers les planches de la porte de la grange.

 

Le sergent portait une tunique et des chausses rouge, noires et bleues. Une épée pendait à son ceinturon. Son casque en fer était élégamment posé sur sa tête. S'appuyant sur sa hallebarde, il parlait d'une voix ferme et sévère, qui indiquait l'autorité.

 

« Votre fils est en état d'arrestation pour voie de fait. Veuillez nous le livrer. Il comparaîtra demain matin devant le magistrat. Si vous tentez de nous faire entrave, nous nous verrons contraints de vous arrêter également. Daniel, ne me forcez pas à le faire ».

 

Avisant Breslin, mon père se tourna vers lui pour lui demander de l'aide.

 

« Breslin ! Ces empotés disent que Guillaume a agressé une jeune dame nommée Irène. J'essaie de leur expliquer qu'il est évident qu'ils font erreur. Aidez-moi ! »

 

La supplique de mon père émut Breslin, car il s'était pris d'affection pour ma famille. Il baissa les yeux et parut réfléchir, observant le sol. Les miliciens l'observèrent avec circonspection. Maintenant qu'il s'était entièrement remis de ses blessures, Breslin se dressait aussi haut que Père ; la faux qu'il tenait en main avait l'air particulièrement puissante.

 

S'adressant à Père plus qu'aux miliciens, il finit par déclarer : « Non, je ne crois pas que Guillaume soit capable d'un tel acte. Néanmoins, Irène est le nom de la jeune femme qu'il… fréquente. Et ces hommes représentent la loi, laquelle doit être respectée. » Il fixa le sergent du regard, comme s'il le voyait pour la première fois. « Vous dites que le procès aura lieu demain ? Qu'en est-il des preuves ? »

 

Le sergent répondit froidement : « La victime, ses parents et un étranger seront présents en qualité de témoins. Quelles que soient les preuves que vous espérez trouver, vous avez jusqu'à demain matin ».

 

Sur ce, le visage de mon père prit un teint cireux.

 

« Y aurait-il la moindre objection à ce que je l'accompagne à ce procès ? », demanda Breslin, d'un ton de commandement. Comprenant la proposition de Breslin, mon père hocha la tête pour indiquer son consentement.

 

« Très bien. Par respect pour vous, nous attendrons ici, répondit le sergent. Veuillez nous amener votre fils. Je ne voudrais pas effrayer votre famille plus que je ne le dois. Vous avez cinq minutes ».

 

Mon père, visiblement ébranlé, se força à murmurer un merci. Je me souviens que mon propre cœur battait à tout rompre. Avais-je vraiment offensé Irène ?

 

« Daniel, allez donc chercher Guillaume, le temps que j'apprête ma monture et mes effets pour le voyage. »

 

Breslin, monté sur sa chère Lyria, rattrapa au trot le chariot qui me conduisait certainement vers ma mort. Assis à l'arrière, je gardai le silence pendant toute la durée du trajet, rebondissant inconfortablement avec chaque cahot, me demandant comment j'avais bien pu blesser ma bien-aimée. Je remarquai que l'allure de Breslin s'était fortement modifiée depuis qu'il était remonté en selle. Je m'étais accoutumé au cours des mois précédents à ne plus le voir que sous les traits d'un manœuvre laborieux. À présent, je voyais un guerrier, au port altier, fièrement juché sur son destrier. Je compris tout à coup qu'il était né pour diriger et pour donner des ordres. Il me confia qu'il ne voulait pas montrer aux miliciens le moindre signe de faiblesse, qu'il voulait donner l'impression que c'était lui qui avait donné l'autorisation aux miliciens de m'escorter. Cela fonctionna. Jusqu'à ce que nous fussions arrivés à la prison du magistrat, personne n'osa m'approcher sans lui demander son autorisation.

 

Nous entrâmes dans la bourgade de Guésunne juste après la tombée de la nuit. Le sergent tenta de reprendre le contrôle de la situation, mais Breslin était bien décidé à l'en empêcher.

 

« Je souhaite voir la cellule de l'accusé. Je vous prie également de vous rappeler que jusqu'à preuve du contraire, il est toujours présumé innocent. »

 

Le ton de Breslin était catégorique et autoritaire.

 

« Sire Manœuvre, dit le sergent d'un ton moqueur, faisant une révérence comique, nous n'avons qu'une seule cellule, et c'est là que réside tout accusé de sexe masculin ou en attente de transfert. Je comprends votre opinion de ce jeune homme, mais j'ai déjà pris connaissance des preuves contre lui. Vous m'en voyez bien désolé, parce que j'apprécie bien son papa ».

 

Il soupira.

 

« Mais par respect pour monsieur Daniel, je resterai ici toute la nuit pour veiller sur ce garçon, d'accord ? Je ne voudrais pas qu'un accident arrive avant le procès et qu'on doive vous juger, vous aussi, pour l'une ou l'autre bêtise. »

 

Breslin opina, serra la main du sergent en guise d'accord, puis se tourna vers moi.

 

« Reste éveillé, reste vigilant. Je fais confiance au sergent et je ne doute pas de sa parole, mais si quoi que ce soit devait arriver, il n'est pas sûr qu'il puisse intervenir. Souviens-toi de ce que je t'ai enseigné, défends-toi en cas de besoin. Quant à moi, je passerai la nuit à l'auberge. Nous nous reverrons au procès. »

 

Ma bouche était sèche. Tout au plus parvins-je à faire sortir un « Merci » racorni. La journée avait passé, confuse, comme un mauvais rêve. Je n'avais pas encore bien pris conscience du fait que j'allais passer la nuit en prison ni de ce que je serais jugé le lendemain pour crime grave.

 

Les quelques leçons de combat à mains nues et à l'épée que Breslin m'avait données au cours des mois précédents me furent cette nuit-là d'un grand secours. « On ne peut jamais prédire à quel moment on se retrouvera en danger et sans son arme ». Deux autres hommes se trouvaient dans la cellule, lorsque j'y entrai d'un pas mal assuré. Sitôt que la serrure se fût refermée derrière moi, ils bondirent. J'envoyai mon poing voler dans le menton barbu du premier assaillant, un coup immédiatement suivi d'une droite bien placée sur la tempe. Le second homme hésita. C'est tout ce dont j'avais besoin. Un rapide coup de genou dans l'entre-jambes le fit se plier en deux. Je l'achevai d'une pointe du coude à l'arrière de son crâne chauve. Ceci fait, ils ne m'importunèrent plus guère. Le sergent, alerté par le bruit de l'échauffourée, s'était empressé de rouvrir la porte, essayant l'une après l'autre chacune des clés de son trousseau sans parvenir à retrouver la bonne à temps. Lorsqu'enfin il ouvrit la lourde porte en chêne, il me vit debout au centre de la cellule, mes deux compagnons d'infortune se tordant de douleur par terre. Avec un signe de tête approbateur, il referma la porte à clé.

 

***

 

Alors que la lumière du matin commençait à poindre à travers les barreaux de la fenêtre en face de la porte, Breslin arriva à la prison. « Comment se porte mon écuyer ? », l'entendis-je demander. Le sergent répondit, penaud : « Ah, euh, hum… Plutôt bien, messire. » La porte s'ouvrit. Je sortis dans la lumière printanière, laissant derrière moi les deux hommes qui s'étaient recroquevillés dans les coins opposés de la cellule pendant toute la nuit. Le manœuvre Breslin avait disparu à jamais. L'homme devant moi était presque méconnaissable, n'eussent été ses yeux bleus lumineux. Il s'était rasé, et ses cheveux bruns, proprement lavés, cascadaient soigneusement sur ses épaules. Il portait une cotte de mailles qui lui tombait jusqu'au bas des genoux. Les manches de son manteau disparaissaient sous ses gantelets d'acier. Sa cape arborait un capuchon qui pendait derrière lui, sur son tabard coloré. Le blason de Breslin avait un champ coupé d'azur et de sinople, chargé d'un château de sable. Son flanc était ceint d'une épée à gauche, et son torse sanglé d'un écu. Je lui demandai à maintes occasions où avaient été ces objets lors de notre arrivée, et il ne me répondit jamais autre chose qu'ils se présentaient à lui lorsqu'il en avait besoin. La Dame l'avait véritablement favorisé en ce jour, et par conséquent m'avait béni moi aussi. Le sergent, fatigué par le guet qu'il s'était imposé suite à notre échauffourée nocturne, était à présent pleinement éveillé, debout bouche bée, œillant, incrédule, Breslin.

 

« Sire Manœuvre suffira pour le moment, sergent. Grâces vous soit rendue d'avoir tenu parole. Soyez à présent au repos. » Le sergent répondit comme s'il s'était adressé à son capitaine : « Je n'ose point maintenant, messire Manœuvre. Trop peur de rater quelque chose ». Sur ce, Breslin eut un sourire narquois : « J'espère bien que non. Je souhaite entendre quelles sont les preuves à l'encontre de mon écuyer avant le procès. »

 

Le sergent, qui cherchait toujours ses mots, se rappela tout à coup ses responsabilités. « Il est accusé d'avoir battu une jeune femme au cours des derniers jours. Il y a également d'autres chefs d'accusation plus… abjects. La fille s'appelle Irène. Son père et cet étranger, un grand type, plus grand que vous, messire, l'ont amenée à nous. Ils ont beaucoup parlé, tandis qu'elle pleurait sans s'arrêter, hochant de la tête pour acquiescer. L'évidence même. Le médecin local l'a examinée, a dit que sa virginité avait été consommée. Son père était fâché, il n'était au courant de rien apparemment, et l'étranger réclamait justice. Moi aussi je le ferais, si ç'avait été ma fille. »

 

Breslin sourit. « Soyez remercié, sergent. Il y a de ça six jours, ce garçon était avec moi sur le champ septentrional, à suivre les bêtes. Nous dormîmes à la belle étoile. En aucun cas, Guillaume n'eût pu commettre pareil crime. Nous connaissons aussi Irène. Il la courtisait. Comme il est curieux qu'un jeune homme qui me demandait encore il y a quelques jours comment embrasser une femme, ait pu voler son trésor le plus précieux, ne trouvez-vous point ? »

 

Le sergent se gratta la tête. « Pas à moi d'en juger, messire, mais ça s'est déjà vu. C'est comme ça que les jeunes parfois ne se contrôlent plus. Et pour ce qui est d'être avec vous, c'est votre parole contre celle de son papa et de cet étranger. Rien d'autre qu'à attendre le magistrat, maintenant. » Breslin répondit, sans cesser de sourire : « Justice sera rendue à ceux qui sont dans leur droit. Nous attendrons sereins. »

 

Les heures qui suivirent furent les plus longues que j'aie jamais vécues. Quelle torture était-ce, de se voir accusé d'un tel crime par le père de la femme à qui je faisais la cour. Nous fûmes amenés devant le tribunal, après l'attente infernale dans une autre cellule. On me fit monter sur une plateforme en bois, avec deux gardes de part et d'autre. De l'autre côté de la pièce, Irène était assise sur une chaise contre le mur, vêtue d'une robe brun uni, agrippant ses genoux, comme pour se cacher des personnes qui l'entouraient. Sa mère, penchée sur elle, cherchait à la caresser pour apaiser ses esprits, mais à chaque fois, Irène se repliait pour se soustraire à ce contact. Son père était debout à côté d'elle. Un grand homme, plus grand que Breslin d'une tête et tout aussi large. En vrai fermier, il ne portait qu'une simple tunique marron par-dessus des braies. Tout le contraire de l'étranger qui se tenait à sa droite en armure. Les plaques de sa cuirasse avaient un léger reflet cramoisi dans les rayons du soleil ; il portait une épée. Et cette assemblée était présidée par un vieillard au teint si blafard qu'on eût pu croire qu'il n'avait jamais vu la lueur du jour, la tête surmontée d'une perruque blanche, vêtu d'une robe noire. Sitôt que je fus à mon poste, il proclama : « J'ai déjà pris connaissance des preuves, et ai jugé l'accusé coupable. » Ces paroles furent comme une flèche plantée dans mon ventre. Je tombai à genoux, mais les gardes me remirent sur pied. À travers mes larmes, je voyais Irène se tortiller dans les bras de son père. C'est alors que Breslin s'avança, sa voix tonnant dans la pièce.

 

« Ce garçon est mon écuyer et était avec moi tout au long de la nuit en question ! Comment osez-vous remettre votre jugement avant d'avoir ouï l'accusé ? J'exige… » Mais le vieillard décati frappa de son marteau sur la table comme s'il se fût agi d'une enclume. « Comment osez-vous vous adresser à moi de la sorte ! Voici les plaignants devant vous ; quant à moi, j'ai parlé et ai rendu mon jugement. Gardes, vous exécuterez ce garçon demain. En attendant, jetez-moi ce bouffon en prison ! »

 

« Je suis sire Breslin, fils du seigneur Kalvin de Castelnoir du royaume d'Équitaine, et j'exige un jugement par duel ! Ce garçon est innocent ! Voyez, la jouvencelle n'ose même porter les yeux sur lui. Il n'y a nulle haine en ses yeux, que de la crainte. » Breslin s'approcha d'Irène, doucement et tendrement. Son ton changea du tout au tout lorsqu'il lui parla : « Irène, c'est moi. Breslin. Qui t'a fait cela ? Était-ce Guillaume, ou quelqu'un d'autre ? Ne le laisse donc pas mourir pour un mensonge. » Son père, l'écartant du chevalier, me montra du doigt, beuglant : « C'était ce garçon là-bas ! Elle nous l'a dit ! Je suis son père, et je vous dis que c'est lui qui l'a fait ! Il mérite… » Irène se défit de la poigne de son père, ses longs cheveux noirs virevoltant, encadrant son visage élégant. Elle toisa son père et s'exclama : « Je te hais ! C'est toi qui l'a laissé me faire ça ! » Ce disant, elle pointait du doigt l'étranger, le regard rempli de fureur et de douleur.

 

Au même instant, je revins à moi et me redressai. Les mains toujours liées, je sautai à bas du piédestal et courus en direction d'Irène. Elle s'effondra sur mon épaule, pleurant toutes les larmes de son corps. Breslin se tenait droit, la main sur le pommeau de son épée. L'étranger, au crâne complètement chauve, avec des yeux si foncés qu'on les eût pu dire noirs, lui lança un sourire de malice consommée. Le magistrat martelait toujours, désespéré de rétablir l'ordre. Une fois le calme quelque peu rétabli, il reprit la parole : « Ainsi soit-il. Un duel décidera du sort du jeune homme. Il est à présent entre les mains de Sunna. Gardes, préparez l'arène ! »

 

***

 

L'étranger se rua sur Breslin en poussant un rugissement, espérant ainsi tirer parti de sa vitesse et de sa force. Breslin para les coups de sa lame, jouant des jambes pour encercler sa proie. Tous deux étaient chasseurs, tous deux étaient gibier. La place de la petite ville résonna de l'écho de l'acier frappant l'acier, tandis que leurs armures reflétaient le soleil de l'après-midi. La cotte de mailles de Breslin paraissait absorber une partie de la lumière, mais celle de l'étranger luisait et, à certains angles, adoptait une teinte rouge sang, comme s'il s'était trouvée sous sa surface une autre couche, invisible à l'œil nu. Chaque avancée de l'étranger était contrée par la posture défensive de Breslin. Aucune passe n'était identique à la précédente. Breslin avait-il bloqué le coup, ou l'avait-il dévié ? S'était-il servi de son écu ou de sa lame ? Avait-il fait un pas sur la gauche, ou sur la droite ? Il se refusait à passer à l'offensive, se contentant de maintenir l'assaut de l'inconnu.

 

Après s'être ainsi déchaîné, son adversaire respirait maintenant à grand bruit. Cela faisait déjà une heure que durait cet échange sans qu'une conclusion ne fût en vue, et ses armes ne se soulevaient plus aussi bien qu'au début. La foule restait immobile, retenant son souffle. Wilhelm et Irène se serraient derrière lui, suivant de très près ce duo avec la mort. L'étranger se mit alors à parler, cherchant visiblement à provoquer Breslin pour le pousser à commettre une faute. « Allons, pleutre ! Est-ce donc ainsi que tu te bats ? Ne sais-tu pas que c'est ce qui a coûté la vie à ton père ? Transmets-lui ma gratitude quand tu le reverras tout-à-l'heure ! »

 

Breslin ne répondit pas, mais il plissa des yeux. Comment diable cet étranger pouvait-il connaître son passé ? Qui était-il donc ? « Tu ne peux pas même me punir d'avoir offensé une dame ! Quel type de chevalier es-tu donc ? Tu ne suis aucun code. Tu n'es qu'un couard ! » Breslin demeurait de marbre face à ces insultes, maintenant l'homme à distance, l'étudiant. Il était très bon escrimeur, et le fait qu'il se battît avec deux épées lui permettait de contrer aisément toute attaque mal calculée. L'inconnu ricana tout en poursuivant son offensive. « J'ai une parfaite maîtrise des armes. Tu es loin d'être à ma hauteur. Une fois que je t'aurai tué, je réglerai son compte à ton protégé et je m'amuserai à nouveau avec la jeune fille. »

 

Breslin avait suffisamment observé son adversaire. Son art était certes supérieur, mais son orgueil le rendait trop sûr de lui-même. Ses bras étaient fatigués des suites de ce duel prolongé, et sa fierté le trahissait. Une fois de plus, Breslin para l'attaque, mais cette fois, au lieu de se replier à nouveau, il s'avança dans la garde de l'homme et frappa comme l'éclair. Il porta un grand coup de taille, de haut en bas, qu'il abattit sur le coude au niveau de l'articulation. L'épée trouva son chemin entre les plaques d'armure, tranchant net l'avant-bras. L'étranger fit quelques pas en arrière, stupéfait. Même après s'être ainsi fait démembrer, il avait l'air plus en colère que bouleversé. Son ego refusait de reconnaître qu'il eût pu être battu par un homme de moindre talent.

 

De fait, Breslin n'était pas aussi fine lame que l'homme. Mais il était bien entraîné, et discipliné. Il avait fait preuve de patience, et employé le temps à son avantage, jusqu'à pouvoir reprendre le dessus. Il avait ignoré les cris de la foule, qui l'avait enjoint à passer à l'offensive plus tôt au cours du combat, tout comme il avait ignoré le persiflage de son adversaire. Il savait que tout cela n'était que mensonges. Se serait-il laissé déséquilibrer, le combat eût été perdu. L'homme restait là, fixant Breslin d'un regard noir. Finalement, tandis que le sang s'écoulait de sa plaie, il renversa la tête en arrière et se mit à rire, avant de reprendre la parole : « Peut-être as-tu été un adversaire de valeur… Il n'empêche que – »

 

Mais il ne termina jamais cette phrase. Breslin venait en effet d'enfoncer son épée dans la bouche de l'homme, traversant son crâne de part en part. Sa mâchoire continua à gigoter tandis que la vie quittait son regard. Alors, Breslin prit la parole, avant que l'âme du malfaisant ne partît rejoindre l'enfer qui l'attendait : « Vic nor eridth, iqu darvesor aquain ». Et tandis que les yeux de son ennemi terrassé se révulsaient dans leur orbite, il comprit enfin qu'il avait été vaincu, se condamnant, par cette ultime prise de conscience, à une éternité de tourments.

 

Tandis que les derniers rayons du soleil inondaient le paysage de leur chaleureuse lumière, la charrette grondait sur la route, conduite par le sergent. Irène et moi étions assis dans le véhicule, tandis que Breslin chevauchait à nos côtés. Chemin faisant, le sergent marmonnait quelque chose dans sa moustache, à propos du conflit au nord. Bien que je n'en perçusse que quelques bribes, j'entendis mentionner d'impossibles horreurs. Tout en maudissant les Dieux Sombres, le sergent ne cessait de répéter « Que Sunna nous protège ». Irène avait refusé d'adresser la parole à ses parents. Selon toute vraisemblance, c'étaient eux qui avaient accepté l'or de l'étranger et lui avaient permis de la violenter. Celui-là les avait ensuite payés encore plus cher pour les convaincre de me dénoncer pour un crime que je n'avais point commis. Elle restait serrée contre moi, cherchant là réconfort et chaleur.

 

Mes parents étaient assis sous l'avant-toit de leur ferme, pleins d'appréhension. Le reste des gens de la ferme, tout aussi inquiets qu'eux, s'affairaient çà et là, cherchant à oublier leurs craintes par le travail. Sitôt qu'ils virent notre petit convoi approcher, ils se levèrent tous deux. Mère enfonça son visage dans le torse de son mari, le serrant si fort qu'il en plissa les yeux de douleur, puis s'élança en direction de la charrette, qui se trouvait pourtant encore à de nombreuses toises de là. Père la suivit à toute allure, ralentissant à mi-distance lorsqu'il vit qui allait monté à côté de la charrette. Lorsqu'il arriva finalement à hauteur de l'attelage, les larmes dégoulinant sur ses joues, il me regarda, puis Breslin, et eut une simple parole, de laquelle ce dernier se souviendrait toute sa vie : « Merci ».

 

Breslin se contenta d'acquiescer de la tête, craignant que sa voix ne le trahît. Il mit pied à terre et mena Lyra jusqu'à la maison où il l'attacha. Griselle et Jonathan abandonnèrent eux aussi leurs corvées pour accueillir notre petite compagnie. Les manœuvres interrompirent leur travail et vinrent, heureux de me revoir sain et sauf. Breslin s'assit sous l'avant-toit, d'où il observa à loisir nos retrouvailles familiales. Des larmes coulaient de ses yeux, mais il ne sanglotait pas. C'était sa famille adoptive, il les avait protégés. Même Irène, qui se trouvait à présent dans les bras de ma mère, se dirigeant vers la maison. Père écoutait Roger, le sergent, entouré de Griselle et des manœuvres, lui raconter les évènements de la journée. Tandis qu'il parlait, il ne cessait d'indiquer Breslin du regard et des gestes, et tous prirent un air étonné. Tous, sauf Père, qui rayonnait de fierté.

 

Il vint droit sur Breslin. Son large poitrail projetait une ombre immense à travers la cour. Breslin se leva et l'attendit, s'attendant sans doute à une nouvelle remontrance. Mais au lieu de ça, il le saisit pour l'embrasser avec force, comme un père le ferait avec son fils. Deux hommes larmoyants et parfaitement silencieux – car aucune parole n'aurait pu être à la hauteur de la situation.

 

Cette béatitude dura près d'une semaine. Jusqu'au jour où arriva le sergent-recruteur du gouvernement…

 

(à suivre)

 

 

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