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[Background] Armées du 9e Âge : livre complet Dynasties immortelles


Ghiznuk

Messages recommandés

p.8
 

Les Royaumes de la Mort
 
Mon voyage au Naptesh
 
– Par Beatrix von Üblingen, magicienne de la Société impériale d'Eichtal

6ejour d'acrobre, 962 A.S.

Quelle chance inouïe ! Je n'arrive pas à y croire. Parmi toutes les personnes que la Société aurait pu choisir pour diriger cette expédition, c'est ma candidature qui a été retenue ! Cette pathétique fouine de van der Grimm était sur le point de défaillir lorsqu'il a entendu proclamer la décision.

Ceci étant mon journal de route, mieux vaut d'emblée expliquer l'objet de ma mission : la Société m'envoie pour une expédition au Naptesh. Le Naptesh ! Le légendaire royaume des Morts, berceau de la civilisation humaine et de l'art de la nécromancie ; ce pays qui a englouti la Croisade perdue et des générations de chasseurs de trésor dans ses déserts sans fin. Les possibilités de recherche son illimitées !
 
Tout a commencé il y a un mois de cela, lorsque la Société a acheté un certain nombre d'artéfacts auprès d'un aventurier du nom de Ferdinand Valdès (dont vous avez certainement déjà entendu parler des exploits). Bien que nos experts aient tout d'abord été dubitatifs quant à sa provenance, un examen minutieux a démontré que les trouvailles de Valdès étaient bel et bien d'authentiques objets funéraires naptéens. La déesse seule sait comment Valdès se les est procuré. Il n'était de toute évidence que très peu communicatif à ce sujet.

Le principal spécimen est un sarcophage doré contenant le corps momifié d'un véritable prince naptéen.

En tant que spécialiste en lettres naptéennes de premier ordre de la Société, vous pouvez imaginer mon enthousiasme lorsque, en déchiffrant les hiéroglyphes sur le sarcophage, je réalisai qu'ils identifiaient le corps qui y était contenu comme étant celui du roi Kharatep, mentionné dans les Chroniques de Temut comme l'un des gardiens des sarcophage de Phatep.

Il n'y avait cependant pas le moindre signe de ce sarcophage parmi le butin que Valdès nous a vendu. Les interrogatoires approfondis avec ses hommes ont eux aussi confirmé qu'ils n'avaient pas vu le moindre objet correspondant à sa description. Nous ne pouvions donc tirer qu'une seule conclusion : si les hommes de Valdès ne l'avaient pas pris, alors le sarcophage doit toujours être là ! Il ne nous a fallu que très peu de temps pour tirer d'eux l'emplacement exact du tombeau et pour mettre sur pied notre propre expédition destinée à le retrouver. À part leur importance historique, ces sarcophages sont considérés comme des artéfacts d'une immense puissance arcanique. J'imagine la tête que feront ces paons vaniteux de Narrenwald lorsqu'ils apprendront que nous possédons l'un d'entre eux ! Ils vont certainement s'en arracher les cheveux.

À l'intention des personnes peu familières avec l'histoire naptéenne, j'ai joint aux pages suivantes un extrait de la légende connue sous le nom du « Long Trépas », qui explique l'origine de ces sarcophages.

À présent, je dois terminer mes préparatifs en vue de mon départ, qui aura lieu dès demain.
Modifié par Fenrie
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p.11

 

Le Long Trépas

 

Ce qui suit est un extrait de la traduction phare réalisée par Abd al-Latif du Livre des morts naptéen. Elle est reproduite ici en langue impériale avec l'autorisation de la Grande bibliothèque d'Eichtal.

 

Le plus grand de tous les rois du Naptesh fut Phatep, lui qui était assis à la droite des dieux. Sous son règne divin, les étés étaient longs, les récoltes abondantes, et les frontières de l'empire s'étendaient des montagnes à la mer occidentale. Sa reine était Temut la Sage ; ensemble, ils régnaient en harmonie sur les peuples de la vallée et sur ceux du désert.

 

Le vizir de Phatep était Setesh l'Étranger, dont le cœur se durcit de jalousie envers son roi. Il rassembla en secret des individus des maisons cadettes du Naptesh, leur promettant la richesse et le pouvoir une fois que lui-même serait monté sur le trône. On trouvait, à la tête des conspirateurs de Setesh, la reine Nepharet de Hanaphuk. Cette dernière avait toujours éprouvé du ressentiment envers la domination des rois de Tehmet ; elle vit dans le complot de Setesh une chance d'élever sa propre cité au-dessus des autres.

 

Setesh et les conspirateurs élaborèrent un plan. Lorsque Phatep voyagea par la mer pour converser avec les petits hommes des montagnes, un splendide banquet fut organisé à la cour de Nepharet pour célébrer son retour. Au moment où les voiles blanches de son vaisseau furent aperçues à l'horizon, Setesh expliqua que le roi ne devrait être amené au palais qu'après la tombée de la nuit, pour que personne ne le vît venir ou partir.

 

Une fois la table du banquet disposée, le roi siégeant à la place d'honneur, Nepharet demanda à ses servantes de lui amener un coffre merveilleux, orné d'or et de lapis-lazuli. Nepharet à la bouche sucrée expliqua aux convives qu'elle l'offrirait au premier de ses invités capable de s'y glisser complètement.

 

L'un après l'autre, les invités de Nepharet essayèrent et échouèrent, se plaignant qu'ils ne parvenaient pas à rentrer dans le coffre. Finalement, grisé par le vin, le roi fut convaincu de se plier lui aussi à cet exercice.

 

Dès le moment où Phatep s'agenouilla dans le coffre, les hommes de main de Setesh lui refermèrent le couvercle sur la tête. Tirant leurs épées, ils transpercèrent le coffre de part en part, frappant encore et encore, jusqu'à ce que leurs lames dégoulinassent du sang du roi. Nepharet et les conspirateurs burent le sang qui s'écoulait du coffre, espérant par là obtenir une mesure de sa force divine.

 

C'est le moment que choisit le traître Setesh pour sortir des ombres. Il commanda à ses disciples de découper le corps de Phatep en neuf morceaux. Chacun de ces morceaux serait scellé dans un sarcophage doré et emporté loin du palais de Nepharet afin de dissimuler toute preuve de son crime.

 

Setesh reviendrait à Tehmet pour y monter sur le trône en annonçant que le vaisseau du roi s'était perdu en mer. Il emportait avec lui le cœur du roi, sachant que c'est dans cet organe que résidait la vraie divinité de Phatep.

 

Mais Setesh ignorait qu'un de ses disciples, Tekhamun le Reviré, rongé par la culpabilité, ne supportait déjà plus le goût du sang royal sur sa langue. C'est pourquoi lors de son voyage de retour, Tekhamun jeta le coffre contenant la tête de Phatep dans le grand fleuve Napaat, qui l'emporta jusqu'aux pieds de la reine Temut. Celle-ci avait reçu les messages de Setesh lui demandant de se joindre à sa cour ; elle connaissait maintenant toute l'étendue de la traîtrise du grand vizir. Brandissant la tête de son défunt mari en tant que preuve, elle rallia à elle toutes les familles aînées du Naptesh contre l'usurpateur, et l'empire fut déchiré par une guerre fratricide. Au début, il semblait que Setesh ne pourrait pas triompher de Temut et de ses alliés : leurs richesses étaient plus grandes, leurs armées plus puissantes. Setesh, cependant, avait volé le cœur du roi et, avec lui, le pouvoir des dieux.

 

Setesh ouvrit les portes du monde du dessous, rappelant les morts de leur repos pour qu'ils combattissent à nouveau pour lui. Les armées de Temut furent repoussées. La guerre fit rage pendant des années, empoisonnant les terres de l'empire. Des villes furent rasées, des villages incendiés. Partout, il n'y avait plus que mort et chagrin. Dégoûtés par ce qu'il était advenu de leur enfant préféré, les dieux tournèrent le dos au Naptesh. Une terrible sécheresse changea en poussière les champs fertiles du Naptesh, tandis que les traîtres qui avaient bu du sang de Phatep furent touchés par une malédiction de soif éternelle. Mais l'armée de Setesh continuait à se battre, ne nécessitant ni boisson, ni nourriture, ni ombre.

 

Après de longues années de massacres, Temut parvint à contraindre Setesh à se placer lui-même à la tête de son armée dans la plaine de Takhat. Les deux armées s'affrontèrent sous le soleil de plomb, tandis que l'usurpateur et la reine légitime se cherchaient mutuellement au milieu de la mêlée.

 

Une fois face à face, ils luttèrent jusqu'à tomber tous deux, chacun ayant infligé à l'autre un coup mortel. Tandis qu'ils gisaient ensemble, mourant, Setesh se moqua de Temut. Je ne crains pas la mort, lui dit-il, car je suis moi-même le maître de la mort. Mais lorsque ton heure sera venue, ton âme deviendra un sujet en mon royaume.

 

Setesh rendit alors son dernier souffle, et Temut réalisa l'atroce vérité de ses dires. Elle implora les dieux du Naptesh de l'épargner, et ils accédèrent à sa requête. Les portes du monde du dessous furent scellées à jamais, y enfermant Setesh, qui devint un dieu dans sa propre prison.

 

Mais les habitants du Naptesh furent à leur tour condamnés à ne jamais connaître la paix dans les chambres de l'au-delà, errant dans ce monde avec les morts sans repos.

 

C'est ainsi qu'il advint que le royaume du Naptesh devient le royaume des Morts. Les vivants qui demeuraient dans ces terres hantées prirent bientôt la fuite, leurs champs transformés en cendres par la malédiction des dieux.

 

Seuls restèrent les quelques nobles incapables d'abandonner la fière histoire de leurs ancêtres. Entourés de leurs serviteurs morts, ils s'enfermèrent dans leurs palais d'albâtre et de marbre jusqu'à ce que la mort vînt les trouver. Alors leurs laquais morts-vivants les embaumaient conformément à l'antique coutume avant de les mettre au tombeau, pour attendre des âges durant que Setesh le Renégat fût détruit et la route du paradis, rouverte.

 

Jusqu'à ce jour, ils attendent.

 

– Différentes versions de ce mythe ont été trouvées dans les Annales de la mer de Poussière et dans les plus vieilles catacombes d'Avras

 

Il existe également des documents attestant d'une autre version découverte par les croisés équitains sous les formations rocheuses de la côte septentrionale du Naptesh, connues sous le nom de « Colonnes de Har-Khowarp » ; ces inscriptions taillées dans la roche ont malheureusement été détruites sur ordre du clergé sunniste (B. v. Ü.)

 

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p.13
 

Arrivée en Taphrie

 

27ejour d'acrobre, 962 A.S.

Le trajet fut fort long, mais nous avons enfin débarqué à Port-Reynaud, sur la côte septentrionale de Taphrie. Je ne serai certainement pas fâchée de faire mes adieux à notre vaisseau, la Gloire de Sunna – le Baquet tangueur aurait été un meilleur nom. Je ne me suis jamais sentie aussi mal de toute ma vie.

Port-Reynaud fut fondé en tant que point d'arrivée pour les croisés, et ça se voit. Les grandes fortifications qui enserrent le port et la citadelle sont de loin plus impressionnantes que la ville en elle-même.

Heureusement, nous n'avons nul besoin de rester ici très longtemps : juste le temps de rassembler quelques guides, gardes et bêtes de somme pour notre expédition dans le désert. Günther s'est chargé du recrutement : notre équipe est presque au complet. Peu de locaux semblent prêts à nous aider. Peut-être est-ce compréhensible étant données les circonstances, mais j'aimerais tant qu'ils puissent dépasser le cadre étroit de leurs craintes superstitieuses. Ma foi, s'ils ne veulent pas travailler, c'est leur problème !

Günther Helmgart
Chef de nos porteurs. Employé de la Société impériale, costaud et fiable, son expérience nous a été très utile jusqu'ici. Je crains cependant que la chaleur ne commence à lui peser.

Johannes Grünstein
Érudit de l'université de Narrenwald, spécialiste de l'histoire antique. Il me paraît singulièrement inutile, mais maître Aldebrand a insisté pour que nous le prenions avec nous. Il prétend avoir quelques connaissances en hiéroglyphes naptéens. En attendant, il mâche tant de qat qu'il ne peut s'en passer une journée, sous peine de se mettre à trembler continuellement.

Gilles d'Auvigne
Un type plutôt maussade, qui nous a rejoints récemment en tant que chef de nos gardes. Günther l'a trouvé sur les quais. Il dit avoir participé à la dernière croisade – ce qui est parfaitement plausible, au vu de ses cicatrices.

Abdoullah ben-Rahil
Le chef de nos guides. Il affirme bien connaître les tribus du désert et pouvoir nous faire traverser les sables en toute sécurité – même s'il a fallu lui promettre une forte somme pour le convaincre de nous accompagner une fois que nous lui avons expliqué notre destination. Personnellement, je ne serais pas étonnée d'apprendre que sa peur était feinte. C'était certainement une tactique de marchandage très efficace.
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  • 3 semaines après...

p.15

 

Monarques des Morts

 

La momie que Valdès a fournie à la Société était le spécimen le mieux préservé que j'aie jamais eu le privilège d'examiner.

 

Les hiéroglyphes sur le couvercle du sarcophage identifient le corps comme étant celui de Kharatep, roi de Djedesh. Une longue liste de titres lui sont attribués : Fils favori de Nephet-Râ, Seigneur du Delta, Pilier du Ciel, Main droite de la Haute Reine, Dernier et plus grand de sa lignée. Ces titres sont typiques des rois du Naptesh. Bien que, du temps de l'empire, toutes les cités du Naptesh étaient soumises au roi de Tehmet, chacune d'entre elles avait sa propre lignée royale.

 

Les rois, ou « pharaons », étaient célébrés en tant que demi-dieux. Ils étaient de loin supérieurs au bas-peuple qui œuvrait pour élever leurs grandes pyramides. Chaque pharaon avait une cour remplie de nobles de rang inférieur (les « nomarques ») qui revendiquaient chacun divers degrés de proximité au sang royal. Ceux dont les liens étaient trop distants pour espérer le moindre héritage recherchaient la gloire sur le champ de bataille, ou rejoignaient les rangs des prêtres de l'empire. Ceux de haute naissance étaient attentifs au moindre souhait du pharaon, espérant par là se voir confirmés comme héritier.

 

L'histoire des plus grandes dynasties du Naptesh était, même en cette lointaine époque, déjà documentée depuis de nombreux siècles, au fur et à mesure de leur succession sur le trône. Depuis la chute de l'empire naptéen, les tombeaux des pharaons sont le symbole du pays qui a le mieux résisté au temps. Selon la légende, les corps momifiés des rois ne dorment que d'un œil, régulièrement tirés de leurs tombeaux par un royal courroux, pour guider leurs armées contre les terres des vivants.

 

Fort heureusement pour nous, le spécimen ramené par Valdès ne semble pas avoir cette fâcheuse habitude. La Société a toutefois placé de puissants glyphes de confinement dans la chambre où il est gardé. Juste au cas où.

 

– ‘Mon voyage au Naptesh’, Beatrix von Üblingen

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p.15

 

Pendu pour désertion


J'vous prions ben votre miséricorde, messire. Mes gens et moé, j'avons marché jusqu'à su'l colline comme que vous l'avez ordonné. Y avoit queques esquerlettes là-bas, mais ren point qu'on n'pouvoit t'nir. Mais c't alors equ'les morceaux d'corps i's ont commencé à cheir en bas, ah d'abord un, pis deux, à pleudre sur nous autres, des os et d'la carvinne. J'avons ben tenté d'durer, messire, ah ça oui, mais v'là que mes gens mourissoient d'partout : on étions cinq dizaines, on s'est r'trouvé bientôt à que'ques-uns.

 

Mais ça ce n'étoit point el'plus vilain. Figurez-vous qu'ils parloient. Ej'les avons ouïs à mourmoner dins m'caboche, comme si qu'i s'égaussaient ed'nous autres. Ça j'n'avions jamais ren ouï d'tel. I'disoient qu'i's étoient v'enus pour nous autres, pour tous nous escoffier messire. I's étoient comme vifs et fols. Et j'avons r'connu ces voix. Les camarades crevés la s'maine passée. Ma femme, qu'avoit défunté y a cinq ans d'ça. Ma vieille maman. Nos amis, nos parents, à nous mourmasser à l'oreille, qu'i v'noient après nous autres, que j'les avions trahisés. Messire, j'savons ben qu'i n'falloit point fuir, que j'devons adurer et pis faire em'rapport à mon chef, mais dès qu'j'avons commencé à jarteler, ah ben j'pouvions plus s'arrêter. Et asteur, j'avons encore ces voix dans m'caboche. J'vous supplie messire, menez-moi à l'maison, n'm'encavez point ici, sinon leurs rieries n'vont point finir, et j'voulons point dev'nir comme eux. Faites qu'la Dame et l'Roèyaume è'm'prennent en pitié.

– Dernière paroles de Robert de Sadoul, sergent de la seconde levée de la croisade du seigneur Auvray, avant d'être pendu pour désertion, tel que rapportées par le scribe Lukas Bernstein

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p.16

 

Hiérarque du culte des morts

 

M.H. : Qui es-tu ? Quel est ton nom ?

 

Sujet : Akhamûn ? Est-ce toi ? Tu sais qui je suis. De nombreux âges ont passé, les mers se sont asséchées depuis notre dernier combat, mais je reconnais l'odeur de ta magie.

 

M.H. : Je suis le Répurgateur général Matthias Horst, et tu répondras à mes questions ! Qui est cet « Akhamûn » ?

 

Sujet : Un mortel…? Que voilà un revirement inattendu. Akhamûn est un ennemi de grande valeur. Tout être se mesure à la taille de ses ennemis : Akhamûn me rend puissant. Nous combattions, autrefois. En ce temps, il était mortel, tout comme toi, et je ne m'étais moi-même pas encore élevé dans la faveur de mon maître. Mais cela s'est passé il y a des siècles de cela.

 

M.H. : Comment se fait-il qu'il vive encore ?

 

Sujet : Il est mort il y a bien longtemps. De son vivant, il était l'esclave des rois, vêtu d'une jolie robe. Son ordre était responsable d'assurer un passage sécurisé dans l'au-delà. Quelle ironie qu'il doive aujourd'hui les rappeler du tombeau. Jadis, ses terres étaient fertiles pour mes maîtres, nous luttions pour les âmes de son peuple. Mais à présent, son royaume n'est plus qu'un désert desséché. Mais Akhamûn demeure. Il est maudit, tout comme son peuple. Il ne peut trouver le repos dans la mort. Mais sa magie est toujours aussi puissante. Elle doit l'être, pour pouvoir faire de lui un ennemi digne de moi.

 

M.H. : Si tu es si puissant, pourquoi avoir possédé ce corps ? Parle !

 

Sujet : Après de nombreux siècles, je revins en ces terres pour les conquérir au nom de mes maîtres. C'est là que je trouvai Akhamûn, le corps putréfié, les orbites vides, mais toujours la même puissance en lui. Mes adeptes combattirent les siens, et brisèrent ses lignes. J'avançai vers la victoire, mais me retrouvai alors enserré de lumière et enfermé dans cette prison de chair. Une prouesse telle que tes pitoyables prêtres ne pourront jamais en réaliser : ils n'ont pas eu la chance de pouvoir passer des millénaires à affiner leur art. Ma légion vacilla, tandis qu'il relevait à nouveau son armée. Mais cela n'est pas la fin. Non, il ne s'agit que d'un contretemps. Une fois de plus, mon étoile luira, mes troupes franchiront le Voile, et nous marcherons ensemble. Tes chaînes ne me retiendront pas plus que ce réceptacle mortel. Et lorsque j'aurai pris la place qui me revient en tant que suzerain du Naptesh, je viendra pour toi, Matthias. La dernière chose que tu verras dans cette vie sera ma véritable forme ; et je t'attendrai de l'autre côté. Car nul n'échappe aux Dieux Sombres, pas même dans la mort.

 

[Le sujet a commencé à émettre de la fumée de sa bouche et de ses yeux. Le sujet a été purgé par le feu.]

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p.16

 

L'armée de terre cuite

 

Au moment de la chute du Naptesh, de nombreux Naptéens fuirent leur empire en déliquescence. Parmi ceux dont l'histoire a gardé la trace se trouvait Haskhunet, grand architecte de Hanaphuk et bâtisseur du tombeau de la reine elle-même. Selon les Annales de la mer des Dieux, Haskhunet prit la direction de l'Orient, au-delà des Monts arides, jusqu'à ce que les récits perdissent sa trace.

Quelques années plus tard, les chroniques de l'empire oriental de Tsouan-Tan notent qu'un sage venu du Ponant aurait aidé l'Empereur à mettre sur pied une armée de terre cuite chargée de garder son tombeau pour l'éternité. Si les histoires faisant état de l'art des Naptéens en fabrication de golems de guerre sont vraies, cet érudit pourrait bien n'être autre que Haskhunet, qui aurait mis ses compétences au service de l'étranger. Malheureusement, il ne nous reste que très peu de documents de l'époque de la dynastie Hsoun, étant donné que la plupart d'entre eux ont été détruits après la venue de l'Empereur-dragon. Personne ne connait le lieu de sépulture du dernier empereur Hsoun, protégé, à en croire la légende, par son armée endormie.

– La Mort ne connaît pas de frontières, chapitre VI, par Alberich Hauptmann, presses d'Eichtal, 911 A.S.

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p.18

 

Hérauts des tombes

 

Parmi les trésors ramenés par Valdès, se trouve un emblème en or. Cette pièce intègre des éléments communs de la religion naptéenne, tels que le scarabée ailé et le soleil rayonnant. Il est également inscrit de hiéroglyphes proclamant les hauts faits du roi. Il semble que cet emblème faisait partie de l'étendard personnel du monarque. Mais le plus intéressant pour moi était le texte sculpté que nous avons découvert sur la hampe à moitié décomposée.

Voici ce que dit ce texte – du moins, de ce que nous avons pu en lire, une grande partie ayant été effacée par le temps :

« Le loyal Shektuk, premier parmi les fidèles soldats du roi, porte cette bannière. Que tous ceux qui s'opposent à son seigneur tremblent à sa vue. »

Ceci représente une des rares mentions faites dans l'histoire écrite du Naptesh d'une personne de sang non royal. Nous pouvons en effet supposer, d'après l'absence de titre attaché à son nom, que Shektuk était un simple soldat. Les hommes de Valdès affirment avoir trouvé cette pièce dans le tombeau de Kharatep lui-même. C'est donc un immense honneur qui a été fait à cette personne de basse extraction.

Un des hommes de Valdès, un certain Miguel, a bien voulu m'en dire un peu plus. Selon lui, la hampe de l'étendard se trouvait toujours serrée entre les mains d'un squelette intact, d'une taille telle qu'il dépassait au moins d'une tête les autres corps gisant dans le tombeau. Valdès, averti du fait que le sommeil des morts est, au Naptesh, on ne peut plus léger, avait ordonné à ses hommes de broyer le squelette à coups de masses et de marteaux. Néanmoins, s'il faut en croire Miguel, le corps aurait tué trois de ses hommes avant que l'emblème ne puisse être arraché de ses phalanges. Et même alors, une main décharnée est restée accrochée à la hampe longtemps après que la créature eut été réduite en poussière.

 

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p.19

 

Architecte des tombes
 

31ejour d'acrobre, 962 A.S.

Cela fait quatre jours que nous avons quitté Port-Reynaud. Nous voici arrivés au lieu-dit qu'Abdoullah nomme les « Dents de l'Aspic ». Ce nom est on ne peut plus approprié : deux grands obélisques saillant des collines du désert, tels les deux crochets d'un gigantesque serpent.

Du temps où le Naptesh était à son apogée, ces monuments servaient à délimiter la frontière du territoire de cet empire, avertissant les potentiels envahisseurs de la grande puissance de ses rois. Aujourd'hui, ils sont érodés et à moitié enfouis par les dunes. Cependant, les complexes bas-reliefs relatant les victoires du pharaon sont toujours bien visibles.

Sur mon ordre, les porteurs de Günther ont creusé afin de dégager le pied des obélisques, devant un Abdoullah à l'air plutôt amusé – lui et ses « frères » préférant rester assis là à regarder nos hommes s'épuiser sous le soleil de plomb. Ayant progressé de six pieds en profondeur, j'ai aperçu, sous les louanges du pharaon Ossemut, l'inscription que je cherchais : la marque de l'architecte naptéen qui a érigé les Dents.

Des documents qui nous sont parvenus d'expéditions précédentes, nous savons déjà que, parmi le bas peuple du Naptesh, les constructeurs de monuments étaient tenus en haute estime, surpassés en faveur uniquement par les prêtres.

C'étaient ces architectes qui étaient chargés d'élever les immenses tombeaux des pharaons et les statues colossales glorifiant leur règne. L'inscription que nous avons trouvée sur les Dents dit que leur auteur, un certain Ammtunek, aurait supervisé deux mille esclaves lors de leur érection, et était pour ce fait hautement considéré par son seigneur.

Curieusement, l'inscription suggère également que le même Ammtunek aurait été enterré sous les obélisques, de sorte que quiconque le dérangerait en voulant nuire au fruit de son travail subirait sa malédiction. Ces structures représentaient certainement l'œuvre de sa vie.

J'ai émis l'idée de creuser un puits sous l'obélisque de droite pour tenter de trouver la chambre funéraire, mais le capitaine de nos gardes, Gilles, a carrément refusé, de peur que l'obélisque ne vacille et ne nous écrase. Quel manque de vision !

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  • 3 semaines après...

p.21


Arche des Âges


Sur le deuxième obélisque des Dents, nous avons découvert une autre inscription. Malgré l'érosion qui a effacé une grande partie du texte au fil du temps, les hiéroglyphes restaient pour la plupart lisibles. Cependant, ils étaient d'un type qui ne m'était guère familier.

J'ai fini par réveiller Grünstein en lui donnant quelques coups bien appuyés de ma canne, afin de le mettre au travail sur la traduction de ces antiques symboles (je suppose que cela prouve qu'il est finalement bon à quelque chose). Il lui aurait sans doute fallu des semaines pour étudier l'entièreté de l'inscription, mais nous n'avions que jusqu'au coucher du soleil : Abdoullah et ses hommes insistaient en effet sur la nécessité de poursuivre notre route avant la nuit. Au cours des quelques heures qui lui ont été accordées, Grünstein est parvenu à déchiffrer un passage extrêmement intéressant.

Il s'agissait de la légende du grand fleuve Napaat et de la grande prêtresse du dieu du fleuve qui naviguait ses eaux sur un vaisseau doré manœuvré par des esclaves eunuques. Loyale servante des pharaons, sa puissance apporta la richesse et la gloire à la dynastie régnante. Des rois barbares du monde entier versaient leur tribut annuel à son temple. Lorsqu'elle mourut, elle fut momifiée dans son arche, laquelle fut enfouie dans un grand tertre avec les membres de son équipage, pour qu'ils la servent dans l'au-delà. À en croire la proclamation sur l'obélisque, elle servirait ainsi ses maîtres dans la mort comme elle l'avait fait de son vivant, et parcourrait les eaux du monde souterrain pour porter son courroux sur tous ceux qui oseraient profaner le pays du grand fleuve.

Le temps qui nous avait été accordé était arrivé à son terme : déjà le crépuscule rougeoyait. Grünstein et moi-même avons été littéralement arrachés à nos travaux par nos porteurs. Tandis que la lumière décroissait, Abdoullah ne cessait pas une seconde de scruter le ciel, les yeux écarquillés par la peur, jusqu'à ce que nous nous soyons suffisamment éloignés de ces monuments. Il m'a demandé ce que nous avions découvert dans notre traduction, mais j'ai préféré ne rien lui dire. Ces Qassaris sont de toute évidence encore plus superstitieux que nos propres hommes !

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p.22
 

Squelettes


2ejour de damos, 962 A.S.

Cela fait deux jours que nous avons passé les Dents. Nous avons traversé une région de collines rocailleuses avant de parvenir à ce qu'on appelle le Grand Désert. On dit qu'avant la chute de l'Empire naptéen, la plupart de ces étendues étaient des terres fertiles où poussaient de nombreuses récoltes. À présent, il n'y a rien d'autre que du sable soulevé par le vent : la malédiction des dieux – du moins, s'il faut en croire la légende. J'ai cependant ma propre théorie. On sait que de nombreuses atrocités furent commises au cours de la guerre civile naptéenne ; l'empoisonnement des puits était une arme de guerre couramment employée à l'époque.

Ce soir, nous sommes arrivés en un endroit qu'Abdoullah et ses guides nous ont priés d'éviter. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m'a raconté que c'était là le site d'un champ de bataille oublié, hanté par les esprits des morts. De fait, il ne nous a guère fallu beaucoup d'efforts pour déterrer un grand nombre d'ossements humains, accompagnés d'armes fortement rouillées, enfouis à peine à quelques pouces de profondeur dans le sable. Vous imaginez bien à quel point j'étais enchantée : il nous faut absolument revenir sur ce site avec plus de dromadaires !

Soucieuse de ménager les nerfs de ce pauvre Abdoullah, j'ai décidé de monter le camp sur une crête voisine, quand bien même l'antique champ de bataille était bien mieux abrité du vent. Une tempête de sable arrive du sud-ouest. On dirait bien que nous n'allons pas fermer l'œil de la nuit, tout ça pour contenter les superstitions de nos guides.


3ejour de damos, 962 A.S.

Il semble qu'il y a des petits farceurs parmi nous. Lorsque Günther et ses hommes sont enfin parvenus à dégager le sable qui nous avait à moitié ensevelis pendant la nuit, ils ont découvert là plusieurs squelettes provenant du champ de bataille, assemblés comme s'ils avaient été en train de ramper en direction de ma tente !

Abdoullah et ses hommes nient avoir fait partie de ce coup monté. Je leur ai bien fait comprendre que je retiendrai leur paye jusqu'à ce que le coupable m'ait été livré.

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p.23
 

Cavaliers squelettes


Aux temps anciens, bien avant que son empire n'atteignît son apogée, le Naptesh avait pour rivaux les Éduens. Et bien que les Éduens fussent repoussés aux marges du pays une fois son hégémonie acquise, ils purent compter sur leurs talents de cavalier pour leur survie. Aujourd'hui encore, il subsiste des traces des batailles du passé qui soulignent l'importance de ces cavaliers dans de nombreux combats, tant contre les armées du Naptesh, que contre les tribus qui peuplaient les terres moins fertiles, plus à l'est.

Leur maîtrise de l'attaque éclair a fait des Éduens un groupe prospère, au mode de vie nomade bien développé, alors que leurs voisins, qui pratiquaient l'agriculture, menaient une existence sédentaire. Bien entendu, la vie nomade dans cette région n'engendre pas un amour des richesses matérielles au sens où nous l'entendrions. Les monuments et idoles d'or du Naptesh étaient ainsi, du point de vue du système de valeurs des Éduens, bien moins précieux à l'eau. Par conséquent, le facteur déterminant qui, après bien des années de conflits, contraignit les Éduens à intégrer les armées de Pharaon en tant que troupes auxiliaires, fut le contrôle effectif par l'Empire du grand fleuve Napaat.

Quelques siècles après la fin du règne du roi Phatep, les Éduens semblent avoir soudainement cessé tout commerce avec l'Empire. La plupart de mes collègues sont d'avis que cette tribu hautement spécialisée et compétente fut décimée par les guerres qui ont suivi le décès du roi, à moins que leur disparition ne fût du fait des nombreuses épidémies qui ravagèrent le pays vers la même période.

Pour ma part, je trouve ces explications plutôt insatisfaisantes. Peut-être y a-t-il un fond de vérité à la légende du Long Trépas. Sinon, pourquoi donc les champs auraient-ils été laissés à l'abandon alors que le pays était au faîte de sa puissance ? Quelle autre force aurait bien pu faire disparaître les Éduens, ce peuple qui, pendant tant de siècles, avait résisté ou échappé aux armées du plus grand empire de son époque ? Il me paraît en réalité extrêmement probable que ce peuple fut emporté par la malédiction de non-vie, ses fiers cavaliers engloutis avec les armées des morts.

De la Dynastie d'or, par le Dr Eckhardt Friedman, presses d'Eichtal, 937 A.S.

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p.24
 

Grands vautours


5e jour de damos, 962 A.S.

Nous nous trouvons à présent dans le désert profond. Les nuits sont glaciales, les journées d'une chaleur insoutenable. Ce maudit sable rentre partout, même dans mes livres. Günter est devenu aussi rouge qu'une betterave, mais tient bon vaille que vaille. Un vol de vautours nous tourne autour tandis que nous cheminons. Ils sont de plus en plus nombreux. Un des hommes de Gilles, agacé par leur présence, a réussi à en abattre un avec son arc. Il s'était dit qu'il en tirerait un bon souper. Mais quand il est parti le chercher, il a été surpris de constater que sa chair était putride et décomposée, comme si ce volatile avait été mort depuis déjà de nombreux mois. On dirait que dans le royaume des Morts, même les oiseaux et les bêtes ne peuvent trouver le repos…

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  • 1 mois après...

p.25

 

Nuées de scarabées

 

Nous avons perdu un de nos porteurs. Il doit avoir dérangé une sorte de nid en partant chercher de l'eau. Nous avons été alarmés par ses cris. Quand nous l'avons retrouvé, il était entièrement recouvert d'un essaim de gros scarabées d'un noir luisant, occupés à dévorer sa chair à une vitesse effarante. Les hommes de Gilles ont repoussé l'essaim à l'aide de torches, mais trop tard. Il ne restait plus rien du pauvre garçon que ses os et quelques morceaux de peau ensanglantés.

J'ai réussi à convaincre les hommes de Günther de me récupérer un des scarabées morts à des fins d'examen : comme il fallait s'y attendre, après ce qui venait d'arriver à leur ami, ils étaient plutôt réticents à s'approcher même d'un de leurs cadavres. Au vu des marques sinistres sur leurs élytres, j'ai compris que ces insectes pourraient être les fameux scarabées de Har-Khowar mentionnés par von Bodenheim dans ses Textes des pyramides. On les suppose sacrés aux yeux du dieu naptéen de l'au-delà. On conçoit aisément comment ces bêtes ont pu être associées à l'idée de la mort dans l'imaginaire populaire.

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p.24

 

Chars squelettes

 

4e jour de damos, 962 A.S.
 

Je savais que ce voyage comporterait son lot de moments d'inconfort, mais la rencontre de ce matin a dépassé mes attentes à tout point de vue. Au grand amusement de mes collègues (et à mon grand chagrin), je suis tombée à la renverse en découvrant deux chevaux squelettiques émergeant des sables, tirant derrière eux un char muni de faux.

Ce n'est qu'après avoir réalisé que ce char était (bien entendu) stationnaire et à moitié enterré que j'ai pu retrouver mes esprits, tandis que les autres continuaient à se gausser de moi.

Nos guides n'ont toutefois pas partagé la liesse générale. Au contraire, ils se sont empressés de nous faire forcer le pas. J'ai accepté à contrecœur, au vu de leur désarroi. J'ai tout de même été capable de réaliser quelques croquis de l'attelage, à fins d'études futures.

Le fait que ce char et les soldats que nous avons rencontrés plus tôt arborent les mêmes symboles semble confirmer un certain nombre des théories de mon vieil ami le docteur Friedman. Peut-être pourrais-je encore sauver sa réputation en démontrant le bien-fondé de ses hypothèses sur l'un ou l'autre point.
 
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p.27


Scorpion des sables


6e jour de damos, 962 A.S.

 

Aujourd'hui, nous sommes arrivés dans une région de dunes profondes qui, selon Abdoullah, représente un des derniers obstacles qui s'étendent entre nous et la nécropole de Kharatep. Le sable est ici si fin que nos bottes s'enfoncent jusqu'à la cheville à chaque pas.

Peu de temps après midi, nous avons appris que nous n'étions pas seuls dans le désert. Une énorme griffe a surgi de sous le sable, tranchant un de nos dromadaires en deux avant d'en entraîner la plus grosse moitié sous la surface. Je n'ai pas pu en croire mes yeux. Nous sommes d'ailleurs tous restés là, bouche bée, pendant deux ou trois secondes, avant de nous mettre à hurler.

Les hommes de Gilles ont sondé le sable de leurs lances ; ils sont ainsi parvenus à faire sortir la bête, un scorpion plus gros qu'un ours, qui a jailli de la dune pris d'une colère terrible, abattant trois de nos gardes de ses griffes tandis qu'il en perforait un quatrième de son dard. Les lances de nos gardes ne parvenaient pas à en faire jaillir le moindre sang – tout ce qui en sortait était un flux de poussière desséchée. Tout comme les vautours que nous avons croisés avant-hier, je ne pense pas qu'il était tout à fait vivant. Même mes sorts les plus puissants semblaient sans effet sur lui. Ce n'est que lorsqu'il a compris que nous étions trop nombreux pour lui, qu'il a de lui-même replongé dans le sable. La dernière chose que nous avons aperçue a été une sorte de vague dans les dunes qui s'éloignait rapidement de nous pour disparaître dans le désert.

Le poison de son dard doit être extrêmement puissant : le bras de l'homme qui a été piqué est à présent entièrement nécrosé. La gangrène est en train de se répandre dans son torse. Le fait que l'homme soit encore en vie témoigne du talent de Gilles pour dénicher des hommes particulièrement endurants. Ceci dit, je doute qu'il passe la nuit. Je vais par contre en profiter pour extraire quelques échantillons de ce venin de la blessure afin de pouvoir les soumettre à nos alchimistes à mon retour.
 
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p.28

 

« Les messagers dirent, les Éduens se tiennent prêts. Nous avons de puissants guerriers et de puissants chevaux, nos flèches sont rapides et nos lances sont longues. Nous sommes plus nombreux que les grains de sable dans le désert. Alors Pharaon leur dit, tout comme le sable du désert, nos chars fouleront vos armées de leurs roues. »
– Extrait de l'inscription de la pierre de Qashek

 

Sphinx de guerre


8e jour de damos, 962 A.S.

Nous sommes arrivés ! Les éclaireurs ont aperçu la nécropole tôt ce matin. Nous avons pressé nos hommes pour pouvoir l'atteindre avant la tombée de la nuit. La pyramide de Kharatep est une vision de grandeur : véritable montagne artificielle dominant le désert. Les pillards ont beau l'avoir dépouillée de la majeure partie de son revêtement de marbre, il en reste toujours beaucoup autour du sommet, étincelant de blancheur dans le soleil.

 

La nécropole s'étend alentours sur une vaste surface, à moitié enfouie sous les sables changeants. Nous avons détecté plusieurs tombeaux de rang inférieur, et ce qui paraît être une avenue de statues conduisant à la pyramide du pharaon. C'est en accédant à cette avenue que nous avons découvert le sphinx. Même enterré dans le sable jusqu'aux épaules, ce qui en émergeait a trois fois la hauteur de nos chameaux. Sa tête a été sculptée de façon à porter ce qui m'a tout l'air d'une couronne de pharaon. Il est possible qu'il ait offert jadis un portrait assez ressemblant de Kharatep lui-même, bien que les tempêtes de sable aient depuis longtemps érodé son visage au point de lui donner aujourd'hui une apparence que je qualifierais de squelettique.

 

Grünstein a pu déchiffrer certaines des inscriptions sur le sphinx, affirmant qu'il s'agit d'un sort d'éveil destiné à transformer cette statue en une machine de guerre ambulante. Je n'ai bien entendu pas manqué de lui signifier l'absurdité de sa théorie. J'ajoute néanmoins aux pages suivantes, au nom de la science, quelques croquis des hiéroglyphes qu'il m'a présentés comme « prouvant » son hypothèse.

 

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p.29

 

Shabtis

 

Vous voulez entendre parler du Royaume des morts, dites-vous. Avez-vous déjà entendu parler de ces statues qui marchent, hautes de deux toises, qui balancent des armes plus grosses qu'un homme ? Je me disais bien que non.

 

Je combattais pour l'Empire, avant, mais la Vermine m'a capturé. Les rats ont fait de moi leur esclave, me faisant trimer dans le noir jusqu'à l'éreintement, jusqu'au beau jour où ils nous ont rassemblés pour une expédition dans le désert. Nous avions tous entendu les histoires sur ce pays, mais on ne discute pas avec un rat qui porte un fouet.

 

Y en a qui disent que les rats sont des lâches. Ils ont sans doute raison. Mais il faut dire que ces rats sont vraiment doués pour sauver leur peau : la plupart d'entre eux auront déjà pris la fuite avant qu'un humain n'ait fini de se souiller la culotte. Nous étions à environ trois jours de marche lorsque tout à coup, on a vu les rats commencer à s'agiter. Il y avait une grosse tempête de sable qui venait, ils le sentaient dans leurs moustaches. Le contremaître a crié quelque chose dans leur immonde langage ; l'instant d'après, ils étaient tous en train de se presser pour se cacher dans une faille dans la falaise en nous laissant derrière. On est parvenus à s'abriter, nous aussi, mais c'était moins une.

 

Ce n'était pas une simple grotte, en fait. C'était une tombe. À la lueur verte des lampes des rats, nous avons vu que les murs étaient couverts d'inscriptions – des glyphes – et puis il y avait ces statues, énormes, qui nous encerclaient. Le sol autour d'eux était couvert de pots et de boîtes – des trucs importants, j'imagine. Et les rats se sont arrêtés nets, l'air de nouveau tout nerveux. Et paf ! Voilà le contremaître qui s'envole à travers la chambre, planté d'une flèche aussi longue qu'une lance.

 

Les statues bougeaient. Il y en avait quatre qui ont fermé la sortie, chacune avec une tête d'animal : un taureau, un crocodile, un aigle et un renard. C'était difficile de bien discerner leurs mouvements dans la lumière tremblotante de ces fichues lampes, mais ils avaient des arcs géants, plus grands que moi. Les rats ont sorti leurs pistolets et ont commencé à riposter, mais ça ne leur a rien fait. Derrière nous, les autres statues commençaient à s'animer aussi. Il y en avait une juste à côté de moi. Celle-là faisait au moins quinze pieds de haut, toute en pierre et en os, avec une lame encore plus grande que les arcs que tenaient les autres. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

 

Après ça, difficile de me souvenir de quoi que ce soit. Les chevaux que les rats avaient volés se sont mis à brailler, pendant que le monstre s'avançait en claquant des mâchoires, un horrible bruit de mort. Voyant les rats fuir à nouveau, j'ai attrapé le cheval le plus proche, j'ai fait signe à mon ami Lora d'en faire de même, et nous sommes partis de cette grotte au grand galop, en plein dans la tempête de sable. Je n'ai pas regardé derrière moi, à aucun moment.

 

– Wully Schmidt, ancien soldat des Septièmes Lances d'Auldheim

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p.30

 

Traqueurs des dunes

 

Je me souviens que, encore petit garçon, nous partîmes dans le désert. Mes amis et moi, cela faisait des semaines que nous en avions envie, mais mon père nous l'avait toujours interdit. Je volai un de ses chameaux et nous prîmes une tente avec nous. Nous nous relayâmes : deux sur le dos du chameau, tandis que le troisième marchait au pas qassari.

 

Nous n'y passâmes qu'une seule nuit ; lorsque nous nous réveillâmes, nous trouvâmes notre chameau changé en pierre. Je crois me rappeler que je m'en sentis nauséeux : qu'est-ce qui avait bien pu provoquer cela ? Tout autour de notre tente s'étendaient des crêtes et vallées de sable, ondulant l'une après l'autre à des lieues et des lieues dans toutes les directions.

 

Au sud, cinq ravines se rassemblaient et continuaient, aussi loin que portait le regard, parallèlement les unes aux autres. Sans doute des traces, quelles qu'elles eussent été. Nul besoin d'expliquer que nous remballâmes la tente et prîmes la fuite. Jamais plus je ne me suis senti à mon aise dans le désert.

 

Le plus drôle, quand j'y repense, c'est que, alors que je pensais que mon père serait fâché d'avoir perdu un chameau, il semble que, mis à part moi bien sûr, son premier souci avait été la tente.

 

– Adil el-Amin, marchand qassari

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p.31

 

Catapulte d'ossements

 

Sur les murs en ruine de la nécropole, nous avons découvert les restes d'armes de siège, certainement en usage à l'apogée de la guerre civile naptéenne. Elles sont toutes aussi décrépies l'une que l'autre, certainement incapables de la moindre utilité de nos jours. Même si je doute qu'elles puissent enseigner quoi que ce soit à nos formidables ingénieurs, elles démentent les discours de ceux qui considèrent cette civilisation comme « primitive ». Lors de mes lectures sur le Naptesh, je suis tombée sur l'une ou l'autre affirmation selon laquelle ces armes auraient été employées à une époque récente. Aussi effrayants ces récits soient-ils, ils est évident qu'ils ne sont rien de plus que des hyperboles ou des inventions. Ces machines de guerre ont beau être intéressantes, je ne pense pas qu'elles puissent être d'une quelconque valeur pour la Société, et certainement pas en état de résister au voyage jusque chez nous.

 

Nous avons donc décidé d'éprouver la capacité de résistance de ces engins, afin de collecter autant de données que possible quant à leur puissance de jadis. Cependant, malgré tous nos efforts, ces antiques matériaux ont eu beau plié, à aucun moment ils ne se sont rompus… tout en lançant des rocs à des centaines de mètres dans le désert. Je ne sais comment ces choses furent assemblées, mais il apparaît à présent qu'elles ont été faites pour durer. Je pourrais presque les imaginer participer encore à une bataille, même de nos jours.

 

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p.32

 

Cataphracte des tombes

 

Ma chère Joanna,
 

Je te vois chaque soir en fermant les yeux. Je voudrais tant te tenir à nouveau auprès de moi, maintenant plus que jamais. Notre caravane a été attaquée il y a trois jours, mais grâce à Sunna, je suis en vie.

Une des femmes de notre caravane a aperçu un nuage de poussière au nord. Me servant de ma lunette, j'ai pu distinguer cinq formes sombres dans l'obscurité, ce de quoi j'ai avisé Hassan, notre maître caravanier.

Je n'ai jamais vu le sang quitter si vite le visage d'un homme. L'image de ce qui fondit sur nous hors de ce nuage de poussière restera gravée à jamais dans ma mémoire. Cinq grandes bêtes de pierre, chevauchées par des squelettes au sourire mauvais.

Chacune était de forme différente : serpent, crocodile, chameau, scarabée et oiseau. Mais, Johanna, il s'agissait de statues vivantes, d'odieuses caricatures de vie, faites de pierre peinte et gaufrée d'or. Elles nous sont tombées dessus avec une vitesse terrifiante.

Hassan a ordonné à la caravane de se scinder en trois groupes. Les créatures ont attaqué le groupe le plus au nord avec une efficacité brutale. Ses gardes sont vaillamment parvenus à abattre un des monstres (l'oiseau géant) avant de se voir complètement submergés. Un moment, la bête était là à semer la destruction, et l'instant suivant, elle s'écroulait, tombait en morceaux comme un jouet abandonné par un enfant. À notre grande surprise, les quatre créatures restantes se sont alors contentées de battre en retraite, bien que je sois certain qu'elles auraient pu tous nous massacrer si elles l'avaient voulu.

Je suis impatient de discuter de tout ceci plus en détail avec toi, certain que je suis que ton esprit trouvera quelque merveilleuse interprétation que j'aurais pu avoir manquée. Je vais probablement me diriger vers le nord afin d'y commercer en un lieu plus sûr, bien que je ressente tout de même une forte envie de rentrer à la maison pour te remettre cette lettre en mains propres.


Avec tout mon amour, Oscar.

– Lettre trouvée à bord de l'épave de l'Impératrice Mathilde, 912 A.S.

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  • 3 semaines après...

p.33

 

Gardes de la nécropole

 

Le Codex de Louxopolis est l'une de nos sources d'informations les plus précieuses pour l'histoire de l'antique royaume du Naptesh. De nombreux érudits de bas niveau ont gaspillé leur vie en vain à débattre de son contenu. Ils sont devenus grisonnants d'âge, occupés à relever le moindre de ses détails, cherchant à y découvrir l'une ou l'autre insinuation nouvelle. Combien de nuits passées à se détourner du vin et des chansons au nom de cette quête ? Quant à moi, je m'apprête ici à résoudre, enfin, un de ses plus grands mystères, en présentant une traduction définitive des célèbres Vers d'Amet-Ptuk.

 

Selon l'éminent professeur Schiffer, ces textes ne sont qu'un « conte de fées macabre pour les enfants ». D'autres ont supposé qu'il représentait un compte rendu historique du châtiment réservé aux pilleurs de tombes. Ma traduction démontre que ces deux points de vue sont tout aussi erronés l'un que l'autre. Vous la trouverez ci-dessous ; les crochets sont là pour indiquer des compléments ou corrections apportées au papyrus, fortement endommagé.

 

Les derniers princes vivants préparent leurs résidences éternelles dans la ville immortelle.
Dans leurs propres maisons, les serviteurs de leurs ancêtres leur sont dévoués.
Dans la ville immortelle, les [armées] de leurs ancêtres dorment, enveloppées de bandages,
Emmurées, dans l'attente de [l'arrivée de leurs maîtres], la lame à la main, le bouclier paré.
Des magasins remplis d'armes, [mais d'aucune denrée ; car ils peuvent trancher,] mais pas manger.
Le sire Hezek, [d'une souche naptéenne tardive], [est entré] dans cette grande ville.
Il y prit des gardes [et des porteurs] ; nous avions besoin d'or à échanger.
Une tombe fut ouverte, la poussière jaillit, Hezek entra.
La famille de Hezek se retrouve à présent sans père, un portier revint.
Le tombeau avait des gardes, ils ne respiraient pas, couverts de poussière, mortellement dangereux.

 

Comme quiconque possède ne serait-ce qu'une fraction d'intelligence peut s'en rendre compte, les informations les plus précieuses contenues dans ces vers ne sont pas celles qui concernent le destin du voleur, mais bien les gardes, sujets à la malédiction de non-vie, comme l'affirment les légendes de l'ancien royaume, enfermés dans la tombe de leurs maîtres ! Une expédition aux ruines de Louxopolis est tout ce qui est requis pour prouver que j'ai raison. J'ai envoyé mon assistant Beppe sur un vaisseau faisant voile vers le sud afin qu'il mène l'enquête sur cette éventualité, mais il n'est pas encore revenu. Ce bon-à-rien a certainement disparu avec l'argent que je lui avais donné…

 

– Guglielmo Baldarini, Le Codex de Louxopolis, Commentaires et traduction

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p.34

 

Colosse

 

9e jour de damos, 962 A.S.

En entrant dans la nécropole, nous avons longé une avenue de statues colossales qui auraient pu sortir tout droit du poème de Schalle :
 
« J'ai rencontré un voyageur venu d'une terre du Sud
Qui disait :
« Deux jambes de pierre, vastes et sans tronc,
Se dressent dans le désert.
Près d'elles, sur le sable,
Mi-enfoui, gît un visage brisé, dont le sourcil qui se fronce
Et la lèvre plissée, et le ricanement de froide autorité
Expriment bien ces mots, gravés sur le piédestal :
‘Mon nom est Phatep, roi des rois,
Cette puissante cité est le manifeste de ma grandeur.’
Rien de plus ne reste.
Autour de la ruine
De ce colossal débris, sans bornes et nus,
Les sables solitaires et unis s'étendent au loin. »
– Parzeval Schalle

Peu de statues auraient pu rivaliser en taille ou en grandeur avec celles-ci du temps où elles étaient encore intactes. Même aujourd'hui, elles surplombent notre groupe, aussi imposantes que les plus hautes des maisons des guildes sur la Geldstrasse.

Grünstein, comme à son habitude, est convaincu que ces colosses étaient animés par la magie des prêtres naptéens. Il affirme qu'ils étaient utilisés en tant que main-d'œuvre pour élever les pyramides des pharaons, nonobstant les documents historiques qui établissent que l'empire naptéen recourait en réalité à des géants vivants, de chair et de sang, pour accomplir ces travaux. En fait, nous avons découvert plusieurs immenses fosses d'enfouissement aux abords de la nécropole qui n'ont pu avoir été creusées que pour accueillir de telles créatures.

J'ai tenté de convaincre les hommes de me les exhumer, mais même Günther était réticent, trouvant des excuses du style « Les hommes sont fatigués », « Ils ont soif », etc. La Société devrait vraiment penser à engager à l'avenir des serviteurs de meilleure qualité.
 
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p.35

 

Faucheurs sépulcraux

 

J'écris ces lignes dans le noir, tard dans la nuit, après avoir été réveillée par un revirement tout à fait alarmant. Lorsque nous avons dressé le camp le soir, les hommes de Gilles ont trouvé dans le sable une curieuse babiole en onyx. Comme elle était gravée de hiéroglyphes naptéens, ils me l'ont apportée pour que je l'étudie. J'en ai déchiffré certaines parties, assez intrigantes, portant le nom tristement célèbre de Setesh, ainsi qu'une étrange mention de « gardiens ailés ». Trouvant Grünstein lors d'un de ses rares moments de lucidité (la manière dont le jus de qat lui noircit les lèvres est franchement répugnante !), j'ai obtenu de lui confirmation de mes découvertes, avant que la fatigue ne me submerge. Je suis tombée endormie tenant la pierre dans ma main.

 

Des êtres angéliques m'ont rendu visite dans mon sommeil. Ils tendaient la main pour me caresser – mais dès le moment où leurs doigts me frôlèrent le visage, ils se muèrent en griffes d'os acérées. La chair s'est flétrie sur leur visage, révélant des crânes inhumains et fulminants. Je me suis redressée d'un coup, m'arrachant à mon sommeil. À mon grand désarroi, le précieux artéfact avait disparu. Bondissant hors de ma tente, j'ai aperçu le voleur : il n'était pas encore bien loin. C'était un des porteurs de Günther, le jeune homme tout maigre aux yeux de fouine. Il courait, le bijou à la main. Réveillé par mon cri d'alarme, Gilles s'est interposé face à lui, une dague à la main.

 

Je n'arrive toujours pas à croire ce que j'ai vu alors. Cependant, au nom de la science, je noterai ici ce que j'ai vu tel que je l'ai vu. Il m'a semblé que quelque chose d'énorme est tout à coup tombé du ciel, ses ailes cachant la lune pour un bref instant. La chose a atterri lourdement sur le chemin du garçon, le dominant de toute sa stature.

 

Même si je n'ai pas pu en distinguer les traits dans l'obscurité, je pense avoir aperçu, à la lueur de la lune qui filtrait à travers ses ailes déchirées, le reflet de l'os poli. D'un seul geste, elle a décapité et le jeune homme, et Gilles. Puis elle s'est baissée pour récupérer le trésor. D'un seul battement de ses ailes, elle a disparu dans le ciel nocturne, ne laissant derrière elle rien d'autre que des grains de sable virevoltant dans le vent.

 

Le camp est à présent dans un état d'ébullition. Abdoullah et ses guides ont replié leurs tentes, déclarant qu'ils partiront dès le lever du jour. Ils disent que je suis maudite. La moitié des gardes de Gilles partiront avec eux. Je suis parvenue à convaincre le reste de poursuivre notre expédition : quelle que soit la chose qui nous a attaqués cette nuit, nous sommes déjà trop loin pour faire demi-tour.

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p.36

 

Sphinx de l'effroi

 

10e jour de damos, 962 A.S.

 

Grünstein avait raison. J'ai été trop hâtive à mettre en doute ses connaissances, trop hâtive à négliger ses théories relatives au clergé naptéen et à leurs maudites statues. La validité de ses hypothèses a été démontrée. Il l'a payée de sa vie.

 

Non sans une certaine hésitation (au vu de notre expérience de la nuit précédente), nous nous sommes résolus ce matin à pénétrer la pyramide du roi Kharatep, empruntant le passage secret dont nous avaient parlé Valdès et ses hommes. Une fois à l'intérieur, nous avons localisé l'entrée de la chambre royale, dans un grand passage bordé de colonnes, dont les murs étaient décorés de motifs à moitié effacés par le temps. Notre attention s'est immédiatement portée sur l'immense sphinx qui dominait l'extrémité opposée de ce couloir.

 

Il ne ressemblait à aucune autre statue que j'aie vue : plus humaine que bestiale, avec de grandes ailes comme celles d'un aigle. Nous approchant, nous avons remarqué qu'il était comme tapi au-dessus de ce qui ne pouvait être que le passage que nous recherchions. Les battants de la porte étaient gravés de hiéroglyphes, qui composaient l'énigme suivante :

 

« Peu sont ceux qui me cherchent, même si certains m'accueillent les bras ouverts ;

D'autres me fuient, mais tous me trouvent. Qui suis-je ? »

 

Grünstein s'est immédiatement plongé dans ses réflexions, avant de proclamer que la réponse était la Mort. À contrecœur, je me suis mise face à la porte pour prononcer le même mot en langue naptéenne : « Pakhât ». Avec un profond grondement, les battants ont commencé à s'ouvrir. Et c'est alors que le sphinx a tourné sa tête vers nous. Comme s'il était véritablement vivant, il a déployé ses ailes de pierre, faisant tomber une fine pluie de poussière du plafond.

 

Quelqu'un a crié « Courez ! », ce à quoi nous avons obéi comme un seul homme, plongeant droit dans le passage qui s'était fait jour derrière la porte. Seul Grünstein est resté derrière, trépignant de joie de voir ainsi confirmées ses thèses. La dernière chose que j'ai vue de lui était son expression béate, avant qu'une griffe de pierre, d'une chiquenaude indolente, ne lui sépare la tête des épaules. Quelques secondes plus tard, le corridor derrière nous s'est effondré, croulant sous le poids du monstre qui s'était animé.

 

Je sais qu'il nous attend là, de l'autre côté des gravats. Il doit y avoir une autre issue. Nous devons poursuivre notre exploration.

 

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