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Warhammer Forum

[Background] Armées du 9e Âge : livre complet Légions démoniaques


Ghiznuk

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p.74

 

Chiens démoniaques

 

Pour de nombreux mortels, le premier signe de l'approche d'une Légion est l'aboiement indescriptible de ses Chiens. Il ne s'agit bien évidemment pas de quelconques chiens ou loups, mais d'Horribles Monstres surgis tout droit de l'Enfer, dont les instincts ont été aiguisés par des âges entiers de Pure Soif de Sang. Lâchés à l'avant de la horde avant l'attaque, ces créatures harcèlent les ennemis, éveillant, dans le cœur de tous ceux qui entendent leurs terribles hurlements, le souvenir d'Anciennes Craintes Primordiales, capables de Glacer l'âme même de guerriers, qui restent normalement imperturbables face aux pires horreurs.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, BMag, MDiv (Hons) (Eicht) fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

 

 

Votre Excellence,

 

Daignez, je vous prie, me pardonner, car je vous écris pour vous faire part de mon échec ; la mort de votre fils n'a toujours pas été vengée. En vérité, on peut qualifier de miracle le fait que je sois encore en mesure de vous écrire aujourd'hui, bien que je doute qu'il me faille m'en réjouir.

 

C'est l'après-midi du second jour de notre chasse que nous acculâmes notre gibier, après l'avoir poursuivi très loin dans la forêt d'Almere. Notre progression avait été rendue extrêmement pénible par les nombreux fourrés, mais nous étions parvenus à garder la trace grâce à l'aide de Kirmakh et de ses chiens. La mégère s'était réfugiée dans les ruines d'une tour depuis longtemps abandonnée, dont l'apparence de décrépitude générale dissimulait la solidité. Elle devait avoir entendu les aboiements des chiens : nous trouvâmes en effet l'antique porte barrée de l'intérieur, toujours robuste malgré son âge.

 

Nos tentatives d'entrer dans la tour s'avérèrent futiles : nous n'avions en effet avec nous ni haches, ni bélier pour défoncer la porte. Pour finir, après avoir longuement martelé et juré, le bailli ordonna à ses hommes de cesser l'assaut et d'encercler la structure. La fuite précipitée de notre proie l'avait certainement laissée sans nourriture ni eau. Tout ce qu'il nous restait à faire était d'attendre, en nous aidant de nos chiens pour capturer notre dîner. Tandis que les hommes montaient le camp pour la nuit, m'étant bien assuré que la tour ne disposait que d'une seule issue, j'appréciai le frisson d'une chasse au crépuscule parmi les arbres, parvenant à lever un gros sanglier. Je regagnai le camp avec une prière de gratitude pour Kirmakh et l'éducation sans faille qu'il avait donnée à ses fidèles compagnons.

 

Je m'endormis avec les aboiements des chiens qui résonnaient dans mes oreilles ; mais ce furent leurs geignements qui me tirèrent de mon sommeil, au beau milieu de la nuit. Nous relevant de nos lits de feuilles et de terre, nous trouvâmes la clairière empreinte de la puanteur du souffre. Les purs-sangs favoris de Kirmakh, qui avaient été d'humeur si joviale le soir, se recroquevillaient maintenant en gémissant face à une présence invisible. Nous tirâmes nos armes. Des silhouettes rôdaient dans le noir, décrivant des cercles autour de nous, prenant garde à rester hors de la lumière du feu. Ces créatures se mouvaient absolument silencieusement dans les buissons ; mais les sourds grondements qu'elles émettaient dans le noir m'emplissaient de pure appréhension.

 

Elles bondirent toutes au même moment, comme si un signal leur avait été donné : de grands canins couverts d'une fourrure noire, leurs crocs crénelés faisant saillie hors de leurs museaux allongés, tandis que dans leurs yeux couvait un feu impie. Il ne leur fallut qu'une fraction de seconde pour nous tomber dessus ; déjà leurs terribles mâchoires happaient deux des hommes du bailli, sans afficher la moindre crainte des lames que brandissaient leurs victimes. Mordant et lacérant, elles se débarrassèrent immédiatement de ces malheureux paysans, avant de faire face au reste de notre groupe. Les chiens de Kirmakh jappaient en sautillant, rendus fous par la peur ; un seul regard de leurs « cousins » démoniaques à la gueule ensanglantée suffit pour leur faire tourner les talons. Nous les suivîmes comme un seul homme. Je courus comme un dément, trébuchant à travers les broussailles, dans la direction que je supposai être celle du village. Tandis que les branches me fouettaient le visage, j'entendais, par-dessus le bruit de ma propre respiration agitée, les horribles hurlements de mes compagnons qui se faisaient happer derrière moi, l'un après l'autre.

 

Trois d'entre nous parvinrent au bac de Naumbrück. Nous nageâmes aussi loin que nous l'osâmes en aval, espérant ainsi leur faire perdre notre trace. Pourtant, lorsque, épuisés, nous nous hissâmes sur la berge, nous trouvâmes là les ignobles bêtes qui nous y attendaient. Un de mes compagnons s'évanouit instantanément de frayeur, et l'autre se fit déchirer au moment où je replongeai dans l'eau, m'accrochant désespérément à un tronc d'arbre, sachant qu'elles continueraient à me suivre de toute façon. Ce n'est qu'à l'aube, en traversant les champs ouverts de Marchschlag, que j'osai enfin espérer leur avoir échappé. Mais même à présent, je ne peux me libérer de la sensation d'être épié et suivi à chacun de mes pas.

 

Bien entendu, au vu de mon échec, je comprendrais, Excellence, que vous décidiez dorénavant de vous passer de mes modestes services. Je vous prie de daigner m'aviser de la manière dont vous désirez procéder.

 

Votre fidèle serviteur,
Joël Aberbach

 

– Courrier intercepté, adressé au comte von Becker de Wechslau

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p.76

 

Lémures

 

De nombreuses cultures confondent la plaie que représentent les Dæmons avec la menace constante, posée par les Morts-Vivants ; les lémures ne font, d'ailleurs, qu'ajouter à cette Confusion. Leur nom provient de l'antique mythologie avrasienne : c'est par ce nom, en effet, que les Anciens désignaient les esprits vengeurs des corps non enterrés. On trouve également des traces de telles croyances dans la légende des draugars des pics des Jötunns. Ces spectres sans repos ne sont en fait pas des dæmons au sens strict, contrairement aux Lémures, qui sont bel et bien des Surnaturels capables de se manifester en adoptant une Multitude de formes. Ces dæmons déconcertants revêtent cependant la plupart du temps l'apparence de mortels atteints de graves Maladies ou de cadavres décomposés, ressemblant de très près, du fait de leur teinte grisâtre à verdâtre, aux goules et zombies ranimés d'entre les Morts. Mais il leur arrive aussi, de prendre un aspect entièrement indéfini, bêtes Mutantes et Boursouflées, capables de changer de forme à volonté, au point que certains les prennent par erreur pour des dæmons mineurs de Cupidité.

Dans tous les cas, leur forme malléable est capable d'endurer les plus graves blessures. C'est pourquoi, dans de nombreuses cultures sur tous les continents, ces damons tiennent lieu d'Incarnation du caractère inéluctable de la Mort. Même après des années d'étude, leurs intentions demeurent impénétrables. Mes propres expériences suggèrent, que la seule manière de s'assurer, qu'un Lémure soit bel et bien mort est de le dissoudre dans une grande baignoire remplie d'eau traitée avec de la chaux.


– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.77

 

Char titanicide

 

Pour des raisons diaboliques connues d'elle seule, cette machine vivante propulse sa Masse crachant la Suie à travers le champ de bataille, toujours en quête des ennemis les plus Gros et les plus Redoutables. Elle se délecte du Frisson de la charge, entassant d'Effroyables combustibles dans sa structure inintelligible, composée de métaux ésotériques et de technologies Contre-Nature, afin de Percuter aussi Fort que Possible ses proies gigantesques, leur infligeant souvent, ce faisant, des dégâts considérables. Elle transporte de petits dæmons soldats qui, se cramponnent tant bien que mal à son châssis pour l'assister dans sa mission de Massacre.

Je n'ai rencontré un dæmon de cette classe qu'une seule fois, un jour où j'étais stationné avec une force expéditionnaire impériale dans la steppe des Makhars. La compagnie comprenait un ingénieur qui avait modifié un tank à vapeur pour en faire un véhicule de transport de troupes destiné à protéger les hommes sur la vaste plaine. Le dæmon engendrait un Atroce nuage de fumée, qui parut s'étendre tout à coup pour former un grand Brouillard couvrant tout le sol, hors duquel déboula le puissant titanicide. Une fois le vacarme et les flammes apaisés, il ne restait plus rien, ni de lui, ni de notre véhicule, mis à part un amoncellement de débris et un rugissement de Triomphe qui se faisait de plus en plus distant.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.78

 

Eidolons

 

8e jour d'acrobre (suite)

 

L'aide démoniaque. J'ai toujours méprisé ceux qui y recouraient. Je les considérais faibles, égoïstes, oublieux des conséquences désastreuses de leurs actes pour le Royaume de Mère Cosmos. Les démons peuvent accorder de terribles pouvoirs ; mais le prix en est toujours trop grand.

 

Errais-je ?

 

À Civissina, j'ai vu des démons et des hommes travailler main dans la main pour bâtir un monde libéré de la tyrannie. Était-il possible que les deux Royaumes, mortel et immortel, puissent parfois avoir les mêmes ambitions ? Était-il possible que les démons ne soient pas les créatures malfaisantes que l'on nous décrit, mais un instrument de changement neutre, pouvant être utilisé par des agents mortels pour le meilleur comme pour le pire ?

 

J'étais seule, liée par des chaînes de fer, dans un cabanon où personne n'aurait pu me retrouver. Je savais que je n'avais aucune alternative. Mes doigts s'arrêtèrent sur un objet qui m'avait été remis à Civissina, et que j'avais conservé dans une poche. Il s'agissait d'une boîte en bois orné, inscrite des runes des Dieux Sombres. Je ne savais pas exactement ce qu'elle renfermait, mais je savais que c'était là mon seul espoir d'éviter le destin qui m'avait été promis : devenir la prochaine victime sacrificielle pour nourrir les desseins insensés de Cassia Sarki. Je savais aussi qu'en l'utilisant, je rejoignais définitivement les rangs des pauvres âmes désespérées qui avaient fait appel à l'aide des démons.

 

Je parvins à en soulever le couvercle. La créature qui avait été piégée à l'intérieur s'en échappa aussitôt, comme aspirée du dehors. Une forme inconstante se matérialisa devant moi. Elle lévitait mystérieusement au-dessus du sol, comme un ruban de substance liquide et visqueuse qui reniait toute loi de la physique mortelle, ondoyant et fluctuant continuellement. Des membres y naissaient en des points inattendus, chacun surmonté d'une flamme grise. Je reconnus le sombrefeu. J'avais face à moi un eidolon, une des engeances les moins bien comprises parmi celles qui ont été répertoriées dans l'infinie multitude démoniaque. On dit qu'ils sont rarement aperçus en solitaire. C'était le cas de celui-là.

 

Il resta là pendant un long moment, refluant et confluant imperturbablement en faisant d'étranges bruits de clapotis, à me juger de son regard dépourvu de la moindre orbite. Enfin, il allongea un de ses tentacules ondulants. Je fus emportée par un jet de flammes d'un noir d'encre. J'avais beau avoir déjà entendu parler de cette épreuve, les récits ne m'avaient certainement pas préparée à l'horreur de l'expérience.

 

Je sentis mon âme se consumer dans la lave immaculée d'une étoile mourante. Je sentis la moindre parcelle de mon être psychique être déchirée par des griffes cruelles et tailladée sans merci pendant plus de mille ans. Je sentis mon cerveau se rabougrir jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une coque desséchée, et dégringoler en douceur à travers mes narines pour tomber sur le sol de poussière, où il fut dévoré par un ver — et j'étais ce ver, condamné pour l'éternité à percer de noirs tunnels venant de nulle part et ne débouchant sur rien. Les ténèbres firent alors place à une lueur rouge et à la pluie froide qui tombait sur mes épaules tandis que je contemplais les restes de la maison de mon enfance. Les flammes se mélangeaient à la peau écarlate de la chose qui avait tué ma mère. Elles s'entremêlaient aux fleurs du buisson dans lequel je m'étais cachée. Puis elles embrasèrent le monde tout entier, jusqu'à ce que je m'envolasse, flottant désespérément seule, dans une infinie prison de feu cramoisi.

 

Lorsqu'enfin je revins à moi, j'étais toujours seule. Je vomis de la bile, rendue malade par la fatigue et par la faim, abattue par les visions de folie que je venais d'éprouver à un rythme infernal. Cependant, les cordes qui m'enserraient avaient brûlé. L'eidolon devait certainement avoir cru que son feu m'aurait consumée, alors qu'il m'avait en réalité été d'un grand secours. Car j'ai survécu à l'épreuve, grandie d'une certitude renouvelée : jamais plus je ne consentirai à coopérer avec des démons. Maintenant que j'avais résolu le mystère, il était l'heure de passer à l'action. M'étant levée avec grand' peine, je trouvai une vieille barre en fer dans un coin du cabanon. Je partis dans la forêt en boitillant. Je suivis la piste des troncs d'arbre brûlés, jusqu'à ce que je retrouvasse l'eidolon errant que j'avais laissé pénétrer dans le merveilleux Royaume de la Mère. Et je le cognai de ma barre en fer jusqu'à ce qu'il arrêtât de se tortiller.

 

––––––––––

 

Eidolons


Refusant d'adopter, comme les autres dæmons, des formes Rigides et inspirées de la Nature du Royaume Mortel, ces êtres tentent de demeurer aussi Proches que possible du Flux de Magie brute, qui s'écoule du Royaume Immortel. Leurs corps sont tangibles mais Inconstants, Changeants, faits de pigments Visqueux, qui semblent suinter et Gargouiller sans aucune considéracion pour la gravité. D'aucuns affirment avoir vu se dessiner des visages Hurlants dans ce Plasma. Il est certain, que cette Substance s'entrouvre régulièrement, pour former des orifices, desquelles s'échappent des gerbes de flammes Magiques. Ce « Sombrefeu » paraît mettre à l'épreuve la volonté de ses victimes, consumant les personnes indignes jusqu'à l'Agonye. Lorsqu'elles se trouvent en nombre, ces créatures préfèrent se regrouper, afin de mieux concentrer leur Énergie à travers l'individu le plus Puissant de leur groupe, ce qui lui permet de lancer des Sorts encore plus Dangereux que leurs jets de flammes.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.80

 

Succubes

11e jour d'acrobre

 

J'ai galopé jusqu'à Civissina comme si j'avais tous les démons de l'Enfer à mes trousses – quand bien même c'était moi qui allais à leur rencontre.

 

J'avais abandonné mon devoir trop longtemps. Je n'avais pas vu ce qui se trouvait juste devant mon nez. J'avais mis en danger les âmes de toute une ville en échange de quelques faveurs inconséquentes.

 

Je vis le premier démon avant d'atteindre les murs de Civissina. Haut de quatre pieds, aussi bleu qu'un œuf de canard, des membres épineux connectés à un tronc pansu, sur lequel était greffée une tête d'apparence elfique qui souriait en révélant deux rangées de dents aussi pointues que des aiguilles.

 

J'ignorai cette succube qui ricanait face à ma détermination. D'autres de ses frères et sœurs apparurent sur la route, chacun d'entre eux arborant les traits d'une nouvelle variété de la même forme cruelle. Certains avaient plusieurs têtes, d'autres d'étranges membranes comme des nageoires ou des arêtes le long du dos. Leur nombre s'accroissait, jusqu'à devenir une vaste foule miaulante sous les remparts de la ville. Pendant ce temps, les soldats zalossiens avaient levé le camp pour s'installer un peu plus loin. J'aperçus leurs sentinelles guetter les mouvements sur la plaine, l'air nerveux.

 

J'entrai dans Civissina en empruntant les mêmes tunnels secrets. La ville était à présent bien loin de l'image positive de haut lieu de coopération qu'elle donnait quelques jours plus tôt. Partout dans les rues s'étalaient les corps putréfiés des victimes des rituels invocatoires, dont l'odeur se mêlait à la lourde puanteur du soufre. Les maisons et les temples résonnaient des psalmodies des incantations, ponctuées de temps à autre de cris d'épouvante. Des regards apeurés me scrutaient dans les ombres, des formes étranges arpentaient la place du marché et les colonnades, là où déambulaient naguère les paisibles habitants. J'étais à présent entourée non plus d'humains, mais de démons. Les murailles de la ville étaient abandonnées, la cité était sans défense.

 

Je courus vers l'ancien palais du Doge. J'y trouvai la vieille femme étendue sur le sol de sa chambre. Son sang s'épanchait de dizaines de profondes balafres. Les succubes se dispersèrent en me voyant entrer, piaillant de la satisfaction de l'œuvre accomplie.

 

« Non ! m'écriai-je, m'élançant vers elle. Je ne te laisserai pas mourir. Tu ne peux laisser la ville se détruire elle-même. Nous avons du travail. »

 

De sa bouche maculée de sang, la femme sourit en me fixant de ses yeux dorés.

 

« Mais cette destruction… souffla-t-elle avec difficulté. Elle est si belle !

 

— Tu n'es pas folle. Tu me l'as déjà démontré. Tu cherches à mettre un terme à l'ordre, pas à infliger des souffrances absurdes ! J'ai fait ce que tu m'as demandé. J'ai trouvé les preuves à présenter au Patricien. Je peux le convaincre de la justesse de votre cause. »

 

Mais elle ne fit que sourire encore plus largement, tandis que son regard dérivait vers quelque vision, loin derrière moi.

 

« Le Patricien a déjà été tué par l'un des siens. Un qui a vu ce que je vois, qui nous rejoindra pour faire entrer dans votre Royaume les gloires chatoyantes du Chaos. Oh ! Comme c'est beau ! »

 

Et pendant que je l'observais ainsi, je vis ses yeux perdre leur couleur dorée et retrouver leur humanité. Mais ils étaient désormais immobiles, dénués de vie.

 

Je pris la fuite. Pour la troisième fois, je revins à Œnolycus couverte de la honte de la défaite. Le monastère avait été reconstruit après l'attaque, et les Gardiens étaient à présent encore plus taciturnes et plus préoccupés que jamais. Les anciens ne me blâmèrent pas pour mes erreurs. Ils me rassurèrent de ce que les armées de Myra et de Santa-Regina étaient déjà en route pour purger les provinces septentrionales de cette infestation. Mais je savais qu'elles arriveraient trop tard. Il fallait agir de suite pour sauver Civissina et, je le craignais, pour sauver Zalos également, s'il prenait l'envie à Sarki de tourner vers elle ses pouvoirs. Je savais que je devais ignorer cette injonction à la patience. J'étais le seul espoir de mettre un terme au désastre avant que tout ne fût perdu. Je récupérai les objets que j'étais venue chercher, et repris la route une fois de plus, à nouveau vêtue du manteau et de la capuche des Gardiens.

 

––––––––––

 

Succubes

 

Ces créatures agiles et souples se meuvent avec une Grâce et une Rapidité, étrangères au Royaume Mortel. Presque coquettes, même lors de leurs assauts, les Succubes peuvent se tailler un chemin à travers des Hordes d'ennemis avec une aisance Déconcertante. Rarement trouvées en petits groupes, elles se rassemblent sur le champ de bataille comme un Essaim d'Esprits Furieux, démembrant leurs proies par une rapide succession de Lacérations. On comprend mal, quelle est la logique qui, sous-tend le choix de leur victime. Tous ceulx qui ont eu le malheur d'Affronter des succubes ont fait état de ce, qu'elles semblent partager entre elles des plaisanteries comprises d'elles seules, aux dépens de leurs adversaires. C'est du moins ce que suggèrent les incessants chuchotements, gloussements et regards lourds de sous-entendus, qu'elles s'adressent les unes aux autres. Toute tentative de négociation avec elles est généralement rapidement abandonnée par suyte de Frustration.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.82

 

Diablotins

 

On entend par le vocable « diablotin », une catégorie particulièrement étendue de dæmons, qui s'étend des minuscules homoncules aux élémentaires de la taille d'un homme. Connus par de nombreux noms (comme les exaspérants « biessis » de Volskaïa ou les « rakshasas » mangeurs d'hommes du Sagarika), leur apparence la plus commune est cependant celle de créatures gobelinoïdes de couleur vive et jacassant constamment, présentes dans pratiquement toute légion d'importance. D'autres sont cependant connues, pour se manifester sous des formes plus « brutes », moins tangibles, comme des langues de feu vivant.

 

La plupart des types de diablotins, que j'ai catégorisés préfèrent attaquer à distance, projetant des traits pyroclastiques mortels jaillissant de leurs membres ou de leurs orifices. Certains érudits ont émis l'hypothèse, selon laquelle ces créatures ne sont pas particulièrement assoiffées de meurtre, mais uniquement mues par leurs pulsions pyromanes. Mon mentor, le professeur Jergen, aimait à dire, que les diablotins sont l'incarnation la plus pure du désir du Royaume immortel de voir notre propre monde réduit en cendres. Les marques de brûlé, qu'ils tendent à laisser dans mes cercles d'invocation attestent du bien-fondé de cette suggestion.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.83

 

Ophidiens du Voile

 

Ces prédateurs de l'Enfer fendent l'air en se contortionnant comme, les Monstres oubliés de quelque Royaume sous-marin. Adoptant une étourdissante Diversité de formes, tenant tant du Poisson que du Serpent, ils se meuvent d'une façon, qui n'a rien en commun avec celle des créatures de ce monde ; ils se déplacent cependant à grande Vitesse, flottant et Claquant, tendant inexorablement vers la proie qu'ils convoitent plus que toute autre : la Chair Mortelle. Ne possédant ni yeux, ni autre organe sensoriel digne de ce nom, ils sont purement et simplement guidés par une Faim indicible, et une capacité troublante à localiser leurs victimes. Ils se rassemblent en bancs, réunissant leurs pouvoirs éthérés, pour affaiblir leur cible au moyen de Sorts visant à saper sa force et son courage.

 

Certains récits font état de tels Ophidiens, vénérés autant que craints par les populations du lointain Tsouan-Tan sous le nom de « yao-kouaï ». On dit d'eux qu'ils, acquièrent leurs pouvoirs mystiques en Dévorant de Saints Hommes, et peuvent parfois être apaisés par des Offrandes aux Dieux Sombres. D'après les légendes, ils apporteraient parfois leur aide à ceux, qu'ils en jugent Dignes. Certains théologiens vont même jusqu'à prétendre, qu'il s'agirait en fait d'esprits familiers draconiens. Ce qui est, de toute évidence, on ne peut plus absurde.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.84

 

Furies

 

'Z-avez entendu parler de l'Orgueil de Santa-Regina ? J'étais sur le vaisseau qui l'a trouvé en train de dériver. Tout ce qu'on dit est vrai. Du sang, des cadavres partout, le gréement en lambeaux. Il ne restait qu'un seul homme en vie, parce qu'il s'était caché dans un tonneau de poudre. Il n'arrêtait pas de trembler. Il nous a dit qu'il était pourchassé par les armées de l'Enfer, qu'elles venaient le chercher ; qu'il n'avait nulle part où se cacher.

 

On lui a donné un peu de grog et, petit à petit, on est parvenus à ce qu'il cesse de geindre. Alors il nous a raconté cette grandiose histoire. Il a dit qu'il avait été dans les jungles du Sud. Il y avait une compagnie qui est sortie d'Aguadulce. Ils ont trouvé une cité de grandes pyramides à degrés, dans les monts de Colère. Il a dit que les sauvages là-bas ont un grand royaume cossu ou je ne sais quoi, qu'ils ont tellement d'or qu'ils semblent ne pas lui accorder la moindre valeur.

 

Ils revenaient à leurs vaisseaux, chargés de trésors, quand ils sont tombés sur un petit village. Pas plus de quelques huttes. Ils se sont arrêtés pour casser la croûte en compagnie des indigènes, tous parés de plumes dans les cheveux, avec d'étranges marques sur le corps.

 

Notre bonhomme, ça ne lui plaît pas. Lui et le reste de l'équipage veulent poursuivre la route, ils se sentent mal à l'aise. Mais le capitaine est tout ragaillardi par leur butin, et il s'entiche d'une jeune villageoise. Il dit aux hommes de monter le camp. Le lendemain, quand ils se réveillent, il y a partout cette odeur d'œuf pourri. Ils trouvent la jeune fille toute souriante, couverte de sang, un couteau à la main. Et plus aucune trace du capitaine. Les hommes sortent leurs fusils, entreprennent de massacrer la tribu. Ils en tuent une bonne partie, mais le reste disparaît dans les fourrés. Il n'y avait plus rien d'autre à faire. Ils ont toujours leur or, donc ils le ramassent et ils reprennent la route.

 

Lorsque la nuit tombe, on entend quelqu'un crier à l'arrière. Tout le monde se retourne : un des hommes est au sol, avec du sang qui gicle en gargouillant d'un gros trou dans le cou. Il y a un bruissement à travers les feuillages, ils croient voir quelque chose de gros, avec des ailes, et ils entendent un ricanement dément. Quelqu'un dit que c'est un ptéradon. Un autre dit que non, c'est pas un ptéradon, que c'est une chauve-souris géante. Mais notre bonhomme, lui, il sait que les chauves-souris et les lézards ne gloussent pas comme ça.

 

Il y a de nouveau un cri : un autre homme, empalé sur une branche, à mi-hauteur d'un arbre. Quelques soldats tirent à l'aveuglette dans la jungle, pour tout le bien que ça peut faire. Bientôt, c'est le sauve-qui-peut général. Près de la moitié de la compagnie se fait choper comme ça, tous de façons plus horribles les unes que les autres ; et ils ne voient toujours pas les monstres volants qui continuent à les attaquer avant de se replier presque aussitôt.

 

Les choses vont si mal qu'ils sont forcés d'abandonner le trésor. Enfin, ils parviennent au rivage. Ils retrouvent l'Orgueil de Santa-Regina.

 

Ils se retournent pour regarder les arbres : aucun signe des créatures. Ils lèvent l'ancre aussi vite qu'ils le peuvent et mettent le cap sur l'Arcalée.

 

Il a dit que les démons sont revenus lors de leur première nuit en mer. Il est persuadé que la petite sorcière a lâché sur eux les monstres de l'Enfer. Il les a nommés « furies », comme dans les mythes, ces divinités dont on dit qu'elles punissent les malfaiteurs et qu'elles n'abandonnent jamais la poursuite. Il a dit qu'elles ont tué tout l'équipage. Pas moyen de distinguer une cible dans le noir. Tout ce qu'il y avait, c'était ce rire cruel qui résonnait tout autour. Il a sauté dans un tonneau et s'est caché là pendant des jours et des jours. Quand on l'a tiré de là, il était à moitié mort de faim et il puait la pisse.

 

On l'a fait monter sur l'Étoile du matin, et certains de nos gars lui ont demandé où ils avaient laissé l'or. « À l'ouest », qu'il répond ; on n'en a rien tiré de plus. Il passait son temps à regarder dans toutes les directions. Au troisième jour, un vol de mouettes passe au-dessus de notre navire. Avant qu'on ne puisse l'en empêcher, le voilà qui attrape un boulet de canon et qui se jette à l'eau. Pas mal comme histoire, hein ?

 

– Entendu sur les quais à Port-Roig

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p.86

 

Faucheuse

12e jour d'acrobre

 

À mon arrivée à Civissina, je trouvai une nuée de démons massée là. Un grand bûcher avait été allumé devant les portes de la ville. Une puanteur de soufre imbibait les environs. Sarki, vêtue d'une robe grise, faisait les cent pas devant son public baragouinant. Elle serrait un couteau dont la lame recourbée avait déjà été rendue terne par le sang séché des victimes de la veille.

 

Le prince Damien était attaché sur le bûcher. Sa tête pendait, toute contusionnée et ensanglantée.

 

« Tu l'aimais, pourtant ! », m'écriai-je, m'avançant parmi les démons, au beau milieu de leurs émanations et de leurs vociférations. Toujours ravis d'encourager les conflits, ils semblaient très empressés de me voir affronter la mortelle qui les menait. Sarki releva la tête rageusement. Il était évident que très peu de son intellect passé était encore intact. « Tu avais invoqué une Gueule d'Akaan pour masquer les preuves de son fratricide. Tu l'as fait par amour ! L'as-tu déjà oublié ? »

 

D'un air absent, la sorcière détourna de moi le regard pour aviser le prince enchaîné. Elle ne paraissait pas le reconnaître. Elle commença à se gratter le corps fébrilement, agitant les bras et les jambes ; clairement un symptôme de son addiction au pouvoir. Son agitation se fit frénétique, désespérée. Je bondis, l'épée en avant, et lui fis lâcher son poignard au moment où elle le levait sur le prince. Hurlant, elle me fixa avec une expression de pure malice. Un éclair sorcier me jeta par terre. Autour de moi, tout devint flou.

 

« Tu désires me combattre ? Moi ? rugit la magicienne tandis que je m'efforçais de me relever, pantelante. Moi, à qui ont été conférés des pouvoirs qui dépassent ton entendement ! Moi, qui commande aux Légions ! »

 

On entendit des cris dans le lointain. Nous nous tournâmes toutes deux pour voir ce qui venait là, ravageant un escadron de soldats zalossiens. J'entrevis un tourbillon de dévastation auquel aucun mortel ne pouvait décemment tenir tête. Il approchait de notre position avec une vitesse extraordinaire. Sarki se mit à caqueter, plus enchantée que jamais.

 

Les démons assemblés s'écartèrent, et à leur place déboula une grande machine faite de lames virevoltantes, conduite par d'autres succubes. Même si on ne pouvait en distinguer les nombreux éléments tournoyants, l'effet qu'elle produisait était limpide : toute chose sur son passage était déchiquetée en mille lambeaux.

 

Cet engin de mort filait droit dans ma direction. Des créatures glapissantes et grinçantes le suivaient de près, à ses ordres. Je pris une profonde inspiration et fis face à cette menace imminente, tirant un objet de mon manteau.

 

« L'orbe d'al-Sahar est un appareil extrêmement ingénieux, songeai-je, tout en relevant le changement d'expression sur le visage de mon ennemie. Son fonctionnement est on ne peut plus simple ; néanmoins, son mécanisme est presque impossible à appréhender. On dit qu'al-Sahar ne put en fabriquer que trois exemplaires au cours de sa vie, et que celui-ci est le seul qui nous est parvenu. Les Gardiens l'ont protégé pendant des générations. Il me plaît de penser qu'il s'agit d'un don de notre Mère. Elle qui nous dit d'être braves, aujourd'hui comme toujours. »

 

La bourrasque tranchante n'était plus qu'à quelques mètres de moi lorsque l'orbe s'enclencha. Il y eut un instant de silence incommensurable, puis une sensation de déchirure, comme si le monde entier s'était tout à coup mis à pivoter autour d'un axe entre mes mains.

 

Quand je relevai la tête, nous étions seuls au milieu du champ. La machine faucheuse avait disparu, tout comme l'ensemble des démons qui avaient été présents. Damien demeurait inconscient, attaché au poteau. Et Sarki jetait à l'entour des regards stupéfaits.

 

« Tu ! … Penses-tu réellement que je me fasse du souci pour une poignée de démons ? Je peux invoquer toute une armée en un instant ! En ce moment même, à l'intérieur de ces portes, ils se repaissent des âmes des vivants ! Tu as perdu, toi et tes soi-disant chasseurs de démons ! Notre victoire est inéluctable ! »

 

Une fois de plus, je fus victime d'une attaque magique. Je n'eus que le temps de me couvrir du rebord de ma cape, tissée d'énergies protectrices, avant d'être projetée dos au sol. Je vis le visage de la sorcière se pencher sur moi, une silhouette noire qui se détachait sur l'éclat du ciel gris. Elle abattit le talon d'une de ses bottes sur l'orbe d'al-Sahar, qui vola en éclats. La perte de ce mécanisme à la valeur inestimable m'arracha un cri. Je rassemblai tout le courage qui me restait.

 

« Cassia Sarki, de Zalos, prononçai-je d'une voix faible. Sur ordre du présent tribunal, tu es déclarée ennemie du Royaume mortel. Par conséquent –

 

— Il suffit ! Je suis la maîtresse de ce Royaume. Ma domination sur le Voile est proche ! Meurs ! »

 

Une lance de feu blanc apparut dans ses mains. S'apprêtant à frapper, elle les releva haut au-dessus de la tête, tandis que son visage arborait un masque de folie absolue.

 

« Ce Royaume est sous ma protection, et tu n'es maîtresse de rien de tout, murmurai-je. Ta sentence est la mort. »

 

Et avec un petit déclic, je déverrouillai le pistolet que je conservais caché dans ma manche droite. Il bondit dans ma main et j'appuyai sur la gâchette. Sarki tomba raide morte, une balle logée dans l'œil.

 

––––––––––

 

Faucheuse

 

Se ruant sur le champ de bataille avec une Vitesse déconcertante, ces engyns démoniaques peuvent Dévaster les troupes ennemies avant même, qu'elles n'aient compris, ce qui les a frappées. Habituellement tirés par des bipèdes effilés à l'Horrible Maigreur, et manœuvrés par de petits dæmons, ces chars Diaboliques ont été observés revêtant de multiples aspects : avec plus ou moins de bêtes de trait ou de conducteurs, et une panoplie plus ou moins large de lames Vrombissantes qui, Déchiquètent les chairs. D'aucuns ayant remis mon hypothèse en doute, j'ai pu prouver que le châssis lui-même est en réalité un Dæmon vivant ; j'ai même pu entrer en communication avec l'un d'entre eux, qui avait possédé mon assistante, Hilda. Son tempérament était on ne peut plus… dynamique. Quand bien même il avait l'étrange manie de sans cesse chercher à me dérober mes couteaux de cuisine.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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p.88

 

Démons griffus


Les Dæmons Griffus sont de grandes créatures dotées d'un exosquelette rudimentaire, qui fondent sur leurs proies avec une vitesse Terrifiante tout en jacassant. Contrairement aux autres dæmons, qui semblent tuer par pur plaisir, ces Monstruosités hybrides, mi-centaures mi-scorpions, se comportent comme de petits chiots, en plus Sinistre : amicaux, enthousiastes, raffolant d'attention, mais Mortellement dangereux. Dès qu'un de ces dæmons trouve un mortel paraissant réceptif, il l'étouffe de son Amour Perverti, inconscient de sa propre Force ou du Tranchant de ses Griffes. Sitôt que son nouvel ami cesse de bouger, il se met à la recherche d'un nouveau compagnon de jeu.

On raconte, que les elfes silexiens du Dathen méridional seraient parvenus à dompter ces Créatures et à les alimenter en Magie, pour leur permettre de subsister de façon prolongée dans le Royaume mortel ; ils les utiliseraient même comme montures au combat. J'ai cependant conclu, suite à mes propres essais sur les Dæmons Griffus (dont témoignent les cicatrices sur mes omoplates), que ces récits ne sont sans doute, rien d'autre qu'une légende. Ceci dit, ces dæmons sont capables, de fournir d'importantes connaissances pour les Invocateurs les plus expérimentés, qui s'en servent en tant qu'espions dans le Royaume immortel.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

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  • 2 mois après...

p.89

 

Myrmidons

 

Nombreux sont les officiers, qui ont appris à redouter le bruit de pas Cadencé des Myrmidons, clairement audible à travers le Tourbillon Confus des dæmons moins disciplinés, qui virevoltent autour d'eux. Leurs silhouettes musculeuses arpentent le champ de bataille en régiments à l'Alignement Parfait. Avec leurs tendons durs comme l'Acier, ils sont la hantise et le reflet déformé des guerriers d'élite des armées mortelles, brandissant des parodies d'arme qui, sont en réalité des Extensions de leurs propres membres. Leur aspect évoque souvent des Statues de soldats humains ou elfes bien, que certaines de leurs manifestations y joignent des éléments plus bestiaux ou diaboliques, tels, que des Sabots ou des langues Reptiliennes.

Leur comportement est souvent comparé aux espèces grégaires telles, que les Abeilles ou les Fourmis ; ils démontrent en effet une faculté hors pair de Coordination en tant, qu'Unité Combattante, ce qui leur permet de charger leurs adversaires avec une efficacité notoire. Du fait de leur habileté à verser le Sang et de la pigmentation occasionnellement Écarlate de leur peau, certains dæmonologues amateurs ont supposé que les Myrmidons servent Vanadra, alors qu'en réalité leur contenance est bien plus Réfléchie que rageuse. D'ailleurs, la pigmentation Noire est plus courante que la Rouge. De plus, leur esprit Intensément Analytique fait des myrmidons de Rudes négociateurs. Mais si vous parvenez à séparer un individu de son groupe, il se retrouvera désorienté et bien plus facile à Manipuler.

 

– Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus

 

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p.90
 
Émissaire de Père Chaos

25e jour d'acrobre

« Comment puis-je trouver la force de persévérer ?, écrit Sybellicus dans la marge de son grimoire. Ce n'est pas juste la tentation du pouvoir. Je dois affronter rien moins que l'inéluctable. Ils finiront par tout détruire. »

Le désastre de Civissina n'a pas pris fin avec la mort de Cassia Sarki. Le prince Damien demeure trop affaibli pour diriger son peuple. Après l'avoir détaché de son mât sacrificiel, je le portai jusqu'au campement zalossien et veillai personnellement à ce qu'on s'occupât correctement de lui. Les soldats étaient terrifiés. Seule une fraction de l'armée était toujours là ; le reste avait déserté. J'appelai les soldats encore vaillants à se regrouper devant la tente de Damien, et les suppliai de m'aider à sauver les survivants de Civissina, faisant valoir que c'était là pour eux une chance de se venger des torts qui leur avaient été faits par la sorcière. Mais je n'obtins pour seule réponse qu'un silence morose.

« Par pitié, tentai-je à nouveau. Je ne peux pas me permettre de perdre plus. Ils m'ont déjà tant pris. »

Personne ne réagit pendant un long moment. Puis un grand gaillard au visage buriné finit par s'avancer.

« Fini, les démons. On n'en peut plus », dit-il. Derrière lui, ses compagnons opinaient du chef.

« Civissina, ce n'est pas notre affaire, dit un autre. Tout ce qu'on veut, c'est rentrer chez nous. »

J'étais impuissante. Je les observai démonter ce qui restait du camp et plier bagage. À contrecœur, je regagnai Civissina en passant, une fois de plus, par le passage souterrain sous les murailles. Dans la noirceur du tunnel, je crus apercevoir des créatures à la vitesse surnaturelle, se mouvant avec la vitesse de l'éclair, qui m'encerclaient de leurs pépiements. Une fois dans l'enceinte de la ville, je ne me trouvai guère mieux. Les habitants avaient le regard fiévreux, mus par quelque puissante force qui les contraignait à se blesser eux-mêmes et les uns les autres. Les pavés ruisselaient de sang. Personne n'écoutait mes appels. Ils étaient comme en proie à une prière intérieure. Des démons rôdaient partout, tantôt tuant pour le plaisir, tantôt encourageant les humains dans leurs activités aussi sinistres que pitoyables.

« C'est une vision de l'avenir », me parvint une voix tandis que je considérais la scène du haut des remparts. À mon côté se dressait un guerrier vêtu d'une armure de plumes noires, de grande taille, durci par les combats. Il tourna vers moi son visage balafré de noir. « Ceci est l'Enfer sur Terre qui fut promis. L'heure est proche. »

Et dans sa main grandit tout à coup une longueur de bronze poli, et de son sommet fut déployée une bannière lugubre et loqueteuse, et sur la toile grossière, tracé à la chaux, apparaissait le symbole de l'Infini.

J'entendis plus tard que lorsque les armées de Santa-Regina et de Myra arrivèrent, plus rien ne restait à sauver. La cité tout entière fut purgée par le feu. Mais je n'en conserve aucun souvenir, car j'étais perdue dans la grande bannière qui flottait dans la brume vespérale, tombant en cascade à travers le ciel jusqu'à ce qu'elle bloquât le crépuscule, bloquât toute la lumière de ce monde et remplît mon esprit de néant.
 

––––––––––

 

ÉMISSAIRE DE PÈRE CHAOS

 

On dit de certains dæmons, qu'ils servent le plus Haut Principe de l'entropie : l'entité Cosmique que, nous appelons « Père Chaos ». Ces Émissaires ont refusé de se laisser aller à l'emprise d'un Dieu Sombre en particulier, de telle sorte, qu'ils peuvent paraître Solitaires et Mystérieux même au beau milieu de toute une légion enragée et vrombissante. Pas aussi impressionnants que ceulx qui ont été récompensés par les Bénédictions d'un dieu tutélaire, mais néanmoins de formidables combattants et de puissants mages, revêtant toute sorte de formes, provenants de l'ensemble du spectre dæmoniaque, s'assurant même la Loyauté d'êtres moins potents, qu'ils chevauchent comme Monture. Ils arborent toujours, bien évidence, le sigle du Père, jouant le rôle de Guide pour leur engeance, un peu comme le ferait l'enseigne d'un Roy. Plus Énigmatiques les uns que les autres, il n'existe, dans l'histoire, aucune trace d'un quelconque mage qui serait parvenu à nouer un pacte avec l'un des leurs.

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p.92

 

Étendards des Légions démoniaques

 

Les légions des Dieux Sombres fondent sur notre Royaume comme une tempête. Les hordes les plus considérables ne peuvent que rarement se sustenter pour très longtemps, étant donnée la relative rareté des ressources magiques de ce monde ; mais malgré cela, leur venue reste gravée dans les mémoires pour des générations. Les légendes font état de démons extrêmement puissants et destructeurs arpentant les terres des mortels, se démarquant de l'infini chaudron de la foule démoniaque par leurs tours de force spectaculaires ou par leur volonté à l'état brut.

 

C'est en puisant dans le fruit de décennies d'études et d'enquêtes que je m'apprête à décrire ici quelques-uns des démons les plus célèbres, dont le nom a été retenu par l'histoire, ainsi que les coalitions qu'ils ont pu rassembler. D'ailleurs, étant donné que l'essence de ces êtres s'éclipse pour regagner l'au-delà du Voile une fois leur forme physique détruite, ces individus notables peuvent survenir plus d'une fois au fil des âges, acquérant de nombreux noms et titres et accumulant ainsi une redoutable renommée.

 

Les démons mineurs puisant une grande partie de leur propre identité des créatures plus puissantes qu'ils sont contraints de suivre, ces éminents Ducs de l'Enfer sont donc particulièrement aptes à façonner les symboles et l'iconographie ainsi que les formes et les natures des légions qu'ils commandent. C'est de cette manière qu'ils imposent leur emprise au tourbillon piaillant de la race des démons.

 

– Capitaine Urs Bödeker, Légions de fer de Myra


CACOPHRAX
L'ENTROPIQUE

 

Cacophrax est un démon majeur d'Apathie qui a dévasté l'Empire avrasien aux temps anciens. Mi-griffon, mi-crocodile, on dit qu'il était aussi grand qu'une grange, ce qui ne l'empêchait pas de léviter sans peine par-dessus le champ de bataille, liquéfiant de son simple regard les hommes comme les bâtisses. Cacophrax dirigeait une coalition pluri-panthéonesque de démons qui avaient tous adopté une couleur d'un noir abyssal. Leur symbole était une spirale. Selon l'historien avrasien Ptolemus, Cacophrax est responsable de la disparition aussi célèbre que mystérieuse de la IXe Légion Destrana ainsi que de la perte de ses aigles.

 

LE GÉANT D'OR

 

Cette créature mythique, loyale envers Sugulag, n'a jamais pris forme matérielle en notre Royaume. À la place, les légendes affirment qu'il prit possession d'un énorme golem en or, de la taille d'un Jötunn du Nord. Cette statue aurait été, à en croire les textes, moulée par les nains orientaux avant l'époque de l'empire nain unifié de l'Âge d'Or, recourant pour ce faire à des techniques dont les secrets se sont perdus avec le temps. Lorsqu'il s'anima, il fit traverser le Voile à ses laquais, qui prirent eux aussi des formes métalliques ou mécaniques, marchant sous le symbole de l'enclume. Son seul objectif, semble-t-il, était d'accumuler de l'or, qu'il entassait dans un but inconnu. On ne trouve nulle mention du Géant d'or dans les écrits des Âges de la Ruine. Cependant, en 788 A.S. on rapporta en Vétie qu'une statue géante avait détruit la citadelle infernale de Khazabkek dans la Plaine foudroyée. Les despotes nains sont toutefois jusqu'ici parvenus à taire la moindre information complémentaire à ce sujet.


FOLOÏ
LE CHERCHE-CRÂNES

 

Parmi les légions qui apparaissent lors des calamités naturelles, on distingue souvent la haute silhouette de Foloï. Son nom lui a été donné par les ogres qu'il décima peu après la catastrophe qui ouvrit la Fournaise – il s'agit de sa manifestation la mieux documentée. Monstre géant et écarlate aux longues cornes, aux pieds terminés par des sabots et brandissant deux haches vivantes, Foloï est craint dans le monde entier. De nombreuses cultures font de lui un avatar de la colère de la Nature, bien qu'il n'y ait en réalité rien de naturel à l'Orage de Vanadra, comme les elfes l'appellent. Ses suivants sont souvent horribles à contempler, même comparés aux autres démons, pourvues de tentacules et adoptant les formes les plus insensées, survenant toujours après des séismes, des éruptions volcaniques, des raz-de-marée ou des ouragans. Son sceau est un crâne dont les yeux sont cachés par un bandeau, représentant la nature universelle de la justice de la Colère.


QUETZATOA
LE DÉVOREUR DES PROFONDEURS


Si Quetzatoa ressemble toujours à un énorme bernard l'hermite, il ne s'est jamais manifesté deux fois avec la même coquille. Cependant, les descriptions de ses énormes griffes et de sa panse gigantesque sont sans ambiguïté dans les annales de la démonologie. D'aucuns affirment que son antre se trouve sous les eaux corrompues de la Mer brisée ; pourtant, on l'aurait aperçu dans toutes les mers du monde. À la tête de ses forces à l'apparence de poissons qu'il mène lors de ses assauts maritimes, le Dévoreur des Profondeurs est un mythe terrifiant pour les marins, désireux d'engloutir tout mortel qui oserait traverser son domaine océanique. On dit que c'est à lui que vont les noyés, happés par sa faim insatiable. Dévouée au Dieu de la Gloutonnerie, la horde du Dévoreur est extrêmement diverse, mais unifiée par son aspect aquatique, brandissant une bannière incrustée de coquillages portant l'image d'une pince de crabe.

 

TERGON
LE TRACEUR-DE-CHEMINS

 

Héros des mythes narrés par les Guerriers des steppes, l'Augure nommé Tergon-Khan est connu pour avoir dirigé de grandes coalitions de mortels et de démons contre le Tsouan-Tan au cours des siècles passés. On peut lire ces lignes dans la Tergonéade, poème épique : « Où il pose le pied, la lumière brille dans ses traces. Illuminées sont ses empreintes, et illuminés sommes-nous qui marchons derrière lui, nous qui baignons dans la lueur de Savar. Trois fois, il a parcouru notre monde, gagnant des gloires chacune plus illustre que la précédente. Puisse-t-il nous accorder à son retour de suivre ses foulées dorées qui nous mèneront à la majesté, et de hisser haut les étendards qui montrent le chemin. »

 

SCAROK

LA MAGNANIME

 

Titan d'Envie, la forme habituelle de Scarok est celle d'un dragon dont les écailles scintillent de mille couleurs changeantes. Sa gueule dessine toujours un sourire entendu. Elle arrive entourée d'une myriade de formes reptiliennes qui miroitent et se pressent dans son aura d'auto-adulation. Elle évite toute confrontation ouverte, à moins qu'elle ne soit défiée ; elle préfère à la place corrompre les esprits des riches et puissants, rendant visite en secret aux rois et aux marchands pour les tenter et leur faire jalouser leurs voisins. On dit d'elle qu'elle observe les batailles d'en-haut, gloussant face au carnage. Son symbole, la langue fourchue, provoque à la fois la crainte et l'admiration des elfes noirs, car elle vient souvent en Silexie, même si elle est également connue en Vétie depuis les guerres de la Malveillance (355 à 378 A.S.).


AKKA ZONO
LE MARIONNETTISTE

 

Si la dernière apparition d'Akka Zono a eu lieu au Sagarika, la plupart des légendes à son sujet proviennent du Qassar et des Koghis. Parfois appelé le Sultan de la Luxure, il a une tête de bouc, entourée de nombreux bras. Bien que les dévots aient souvent décrit Akka Zono comme la cause des pensées impures et des désirs charnels, sa véritable fonction, selon mes sources, n'est pas de stimuler le désir, mais bien de le satisfaire. Il fait cela en manipulant les objets de l'affection de sorte à leur faire accepter les inclinations dépravées des personnes naturellement lubriques. De nombreux nobles ont été la proie de ses méthodes malicieuses de persuasion et de contrôle. Ceux qui résistent se trouvent bien souvent face à des cohortes d'abominations difformes, ressemblant à des bambins démesurés ou à des animaux aux visages humains, portant l'emblème d'Akka Zono, un cercle verticalement scindé en deux.

 

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  • 8 mois après...

ÉPILOGUE


Le journal de Gregor Koskos,

Gardien du Voile

 

28e jour d'acrobre


Sœur Dimitriou ayant toujours été une sorte de louve solitaire, j'ai été honoré qu'elle accepte mon offre de l'accompagner lors de cette dernière mission. Avant sa mort, père Miceli m'avait fait jurer de veiller sur elle : une tâche rendue presque impossible en raison de son refus d'expliquer à qui que ce soit ce qu'elle fait ou où elle se rend. Mais cette fois, je serai à ses côtés. Nous nous inquiétons tous pour elle. Leonora n'a pratiquement pas dormi ni rien mangé depuis la chute de Civissina. Sa main droite a pris une morbide teinte verdâtre à force de manipuler l'orbe d'al-Sahar. Il faut l'empêcher de poursuivre dans cette voie autodestructrice.

 

Notre première étape fut Zalos, où Leonora me conduisit dans la cave secrète où Sarki pratiquait les arts noirs. Le globe d'obsidienne contenant la Sentinelle de Nukudja était toujours sur son piédestal. Leonora le prit dans ses mains et tomba dans une sorte de transe. Je la surveillai pendant treize heures, tout en m'assurant de la destruction de tous les autres artéfacts présents dans cette officine. Lorsqu'elle s'éveilla, elle projeta l'orbe noir sur les dalles, où il se brisa en mille morceaux. Je ressentis une puissante présence s'évanouir pour repartir de l'autre côté du Voile.

 

« Au nord », dit-elle sombrement.

 

Nous entreprîmes de gravir les Montagnes blanches, confiant nos chevaux à un marchand nain lorsque le sentier se fit trop escarpé. Nos capes ont beau être tissées de magie pour nous protéger des mauvais sorts, elles ne sont que d'un piètre réconfort contre les vents glacés qui soufflent dans la grande passe de Sonnstahl. Enfin, après m'avoir mené au sommet d'un escarpement isolé, Leonora fit halte.

 

« C'est ici qu'elle est venue », murmura-t-elle.

 

Un temple se dressait là, même s'il ne mérite guère une telle appellation. Il s'agit d'une simple bâtisse de pierre, depuis longtemps abandonnée, avec, sur le linteau, un symbole que je n'ai pas reconnu.

 

Nous avons fouillé minutieusement les environs, mais sans trouver le moindre indice. La nuit commençant à tomber, nous avons ramassé du bois et installé notre bivouac à l'intérieur. Leonora a sorti un épais carnet aux pages froissées et s'est mise à écrire. Suivant son exemple, j'ai moi-même décidé qu'il était temps que j'entame mon propre journal. C'est ainsi que j'ai couché ces quelques mots.


29e jour d'acrobre

 

Ma décision d'entamer mon propre journal s'est avérée de fort mauvais augure. Leonora a disparu. J'ai échoué à accomplir les dernières volontés de père Miceli.

 

M'étant éveillé pendant la nuit, j'avisai sa silhouette qui se détachait sur le ciel étoilé dans l'entrée du temple, son dos faiblement éclairé par les dernières braises de notre feu. Je ressentis alors la présence la plus malveillante qu'il m'eût jamais été donné de percevoir. J'entendis une voix puissante, qui tonnait comme au centre même de mon être : riche, sonore, manifestement féminine. Elle résonnait dans ce petit espace de pierre.

 

« Voici donc le fameux journal de Leonora Dimitriou », dit la présence invisible, gloussant. J'entendis le bruissement des pages qui tournaient. Leonora restait là, sans bouger, tandis que j'étais moi-même paralysé par la terreur. « Très instructif. Tu comprends beaucoup de choses, jeune femme. »

 

La bise sifflait, comme pour souligner le silence.

 

« Trop de choses, reprit la voix féminine, soudainement fâchée. Tu as deviné quelles sont mes intentions. Il ne te reste donc plus qu'un seul choix. Rejoins-moi, ou meurs. »

 

Le silence perdura.

 

« Je constate que tu cherches à me combattre, tout comme tu es toi-même consciente que ces tentatives sont vouées à l'échec. Et inutiles. Nous pourrions régner ensemble sur ce monde. Sarki était faible. Elle s'est laissée consumer par la folie bien plus rapidement que je ne l'avais imaginé. Civissina n'était qu'un élément dans un plan bien plus vaste. J'espère que tu n'as jamais cru que mes ambitions pouvaient être à ce point limitées ? Mon prochain objectif est un peu plus somptueux. As-tu jamais visité la Cité de l'Humanité ? »

 

Il y eut à nouveau une pause. Puis, la voix reprit la parole, pour la dernière fois :

 

« L'heure est venue de faire ton choix. Avec le temps, tu apprendras à voir les choses de la manière dont je les vois. Tu témoigneras de ma puissance lorsque j'aurai envoyé les Légions sur Avras. Ou tu peux mourir ici, seule et oubliée des dieux et des mortels. »

 

Le silence était à présent insupportable. Mais Leonora demeurait toujours absolument immobile. Tout à coup, cette éternité fut interrompue nette par un puissant éclair qui fendit le ciel nocturne, transformant cette scène mortelle en une vision d'un blanc aveuglant. Un grand morceau de rocher se détacha du flanc de la montagne au-dessus de nos têtes, et je fus cloué au sol par les secousses qui faisaient trembler la terre, tandis que les pierres du temple se détachaient l'une après l'autre. Lorsque tout fut terminé, je parvins tant bien que mal à me frayer un chemin à travers les décombres, m'en tirant miraculeusement avec à peine quelques égratignures. Je scrutai les montagnes solitaires, tout autour de moi. Il n'y avait pas le moindre signe de Leonora, ni de qui que ce soit. Et là, ses pages claquant l'air de rien, abandonné par terre sur ce pic délaissé par les dieux, gisait son journal.

 

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