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Warhammer Forum

La Véritable histoire du Chaos


Inxi-Huinzi

Messages recommandés

Voici les bases de mon prochain récit. Il viendra pas tout de suite, j'attends de finir le Médaillon (il est fini mais de peaufiner les derniers passages par vos remarques !). Je voulais juste poserl'intro et je vais rédiger une vingtaine de chapitres dans mon coin pour prendre de l'avance !

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Glossaire

Vitoria : Capitale de Terra

Nestor : mage de la lumière, le quelconque

Erno : Capitale Sustor

Isidor : intendant de Sal

Daros : tient la taverne dans la capitale, ancien militaire, informateur à ses heures

Regut : roi du royaume de Kator

Mel’Astré : chef espion

Mel’Barn : soldat aux ordres de Mel'Ermat

Mel’Kamir : seigneur avec qui il s’entend pas, a une femme qui est meilleur amie avec celle de mel ermat

Mel’Felic : soldat armuré membre de la protection de Mel’Ermat

Mel’Cygnos : ville commerciale de l’ouest portuaire

Mel’Sarte : rivale de Cygnos vers laquelle une route est créée

Mel’Riter et Mel’Fris : amis du roi, amant de mel placer

Democles : intendant de Sustor

Egéa : intendant de Terra,

Ben’Lor : roi de Syrarture

Mel’Eclé : jeune soldat

Mel’Seba : general garde de Mel’Placer

Iri : roi de Sal

Frendlorian : roi de l’Ostel, Empereur sortant

Bernardian : intendant Ostel

Llis : maître espion

Ecouteurs : réseau espions de Mel

Compagnie d’argent : mercenaires à mauvaise réputation

Rouj : Roi de Terra

Aolin : Roi de Sustor.

Mel’Frontad : seigneur de Mel

Capitaine Joly : enquêteur sur les Ombres.

Intro

L’auberge était dans un des coins les plus reculés de l’Empire. Ce n’était pas vraiment isolé mais les contacts avec l’extérieur étaient plutôt rares dans cette ville d’un millier d’habitants qui aurait pu vivre en autarcie si elle l’avait souhaitée. C’était un village aux toits sombres et aux murs gris qui s’accordaient plutôt bien avec la couleur du ciel de cet hiver. Ceci dit, il n’était pas vraiment froid ou neigeux… Il était juste déprimant et c’était pourquoi les gens se massaient dans des établissements mal fréquentés mais qui avaient au moins pour avantage de réunir les hommes.

C’était dans un bâtiment de ce genre que notre conteur décida de se rendre et, après avoir convaincu l’aubergiste, de raconter son histoire. L’auberge n’avait rien de fameuse et le panneau annonçant sa position flottait mollement dans une ruelle aux pavés défoncés. L’intérieur était aussi banal que la façade et les personnes attablées là ne méritaient en général rien de plus qu’un bref coup d’œil. Sans attendre la moindre réaction, l’homme poussa les enfants qui jouaient devant la cheminée et entama son histoire, immédiatement captée par les oreilles des bambins précédemment chassés.

-Qu’est-ce que vous allez nous raconter ? Demanda un enfant de sa voix fluette.

-Sais-tu ce qu’est le chaos ? Demanda le conteur sans même baisser la voix ce qui attira quelques coups d’œil agressifs.

Bien sûr, cela faisait partie d’un plan, les parents des enfants allaient soigneusement écouter ce qu’il allait dire puis tout le monde finirait par faire silence. En tout cas, le gamin aux boucles blondes finit par faire un signe négatif de la tête.

-Ce sont de terribles personnes qui vivent très loin au nord d’ici, ils viennent souvent très nombreux pour nous envahir et en détruisant tout sur leur passage. Moi, je vais vous raconter leur véritable histoire.

-Mais pourquoi ? S’inquiéta le petit visiblement choqué.

-Ca, on verra pendant l’histoire, rétorqua-t-il avec un clin d’œil.

Le conteur attrapa la chope de bière que l’aubergiste lui apporta, but une gorgée, la reposa sur ses genoux et, calé dos à la cheminée, commença son récit.

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
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Je suis tout à fait d'accord avec haldu sur les deux points:

C'est trop court!!(on en veut plus)

C'est aussi étonnant que la milice ne rapplique pas au bout de deux minutes avec un répurgateur et brûle

le conteur comme hérétique! :clap:

Sinon , je vais suivre avec attention cette histoire , j'avais la flemme de me taper les trente pages du médaillon pour piger quelque chose mais là je vais suivre dès le début.

N.

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Tout pareil. D'autant que cette histoire peut potentiellement devenir une tuerie (au sens figuré, mais pas que :huh: )

En tous cas, cette fois, je vais essayer de suivre au fur et à mesure ; je dois avouer que le Médaillon des Quatre a souvent failli m'égarer, pour finalement y parvenir ce semestre. (Où est-ce qu'on signe pour recevoir des mails à chaque nouveau message ? Non, c'est pas ça... Ah ! Voilà.)

Bon courage pour la rédaction des premiers chapitres !

Modifié par Fandalg
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  • 2 ans après...
Pas mal Inxi !

Je crois que j'ai jamais eu d'écart entre une intro et un texte !!!

Bref voici le début, je manque de motivation mais devoir tenir un rythme sur le fofo va me forcer à écrire ! J'ai un peu près 6 mois d'avance au rythme de deux pages word par semaine (le vendredi fin d'aprem je posterai je pense). Alors je vous livre le début du bébé ! Une nouvelle saga commence !

Chapitre 1


Un violent orage éclata dans la nuit. Mel’Ermat se réveilla en sursaut et s’approcha de la fenêtre pour observer. Il aimait dormir, c’était un fait, il n’aimait pas être réveillé, c’était un second fait, mais les orages l’avaient toujours fasciné. De grosses gouttes tombaient du ciel et fouettaient l’air par des rafales puissantes. Mel’Ermat aurait frissonné à cette vision mais le feu qui brûlait dans son dos le maintenait dans une chaleur relaxante. Un éclair découpa le ciel en plusieurs parties, ses extensions partant dans des directions que lui seul comprenait. Après une dizaine de secondes, le grondement lui parvint et fit vibrer le lustre qui pendait au milieu de la pièce. Rassuré par ce spectacle naturel, Mel’Ermat retourna se coucher et s’endormit pour tenter de finir un rêve qui lui avait semblé agréable mais dont il ne se souvenait plus.

Ce fut le même constat au réveil. Il cligna des yeux en pensant à quelque chose qui s’évapora l’instant d’après. A la fenêtre, le soleil était déjà assez haut pour que la pièce soit inondée d’une lueur qui lui faisait mal aux yeux. Il en était persuadé : il n’était pas matinal. Il resta allongé quelques instants à regarder le plafond puis se leva d’un coup pour être sûr de ne pas se rendormir. Il eut un léger vertige lui rappelant que son estomac était vide puis s’habilla en vitesse d’une tunique marron et d’un bas noir assez serré. Comme d’habitude, il prit la direction de la sortie tout en attrapant à la volée des pâtisseries qu’on avait laissées à l’endroit habituel.

Mâchonnant à la fois ses gâteaux et les pensées de la veille qui l’avaient vite rattrapé, il traversa la cour et prit la direction du palais. L’air était frais ce matin et malgré le ciel dégagé, l’orage de la veille avait dû se prolonger assez tardivement. Avant de se faire happer par la bureaucratie qui l’attendait, Mel’Ermat décida de prendre un chemin détourné afin de se laisser libre loisir de réfléchir. Ce fut à un croisement qu’il rencontre par hasard un ancien employé à lui. Il avait perdu son nom mais il se souvenait que celui-ci s’était reconverti dans une sorte de consortium d’agriculture.

-Comment vas-tu ? fit Mel’Ermat, tout sourire en attrapant la main qu’on lui tendait.
-Bien, répondit l’autre tout aussi enthousiasme. Force est de constater qu’il vous arrive de sortir de votre bureau !

Mel’Ermat avait toujours détesté qu’on le vouvoie mais certains, bien qu’il s’en offusqua à chaque fois, ne pouvaient s’en empêcher, par réflexe.

-C’est surtout que je n’y suis pas encore allé ! Je profite de mes dernières bouffées d’air fraîches.

L’autre partit d’un rire compatissant.

-Et toi alors quoi de neuf sur la côte ?
-Ma foi, fit l’intéressé, le vin se vend plutôt bien. On pensait se diversifier en vendant aussi des céréales mais on se dit qu’au final on a bien fait. A priori les récoltes vont être très mauvaises cette année.
-Ah bon ? s’étonna franchement Mel’Ermat. A cause de quoi ? On m’a dit pourtant que ça serait une bonne saison.
-Pas tout à fait, démentit le vigneron, la région de l’Ostel a été touchée par les sauterelles et des moisissures. On parle de pratiquement quatre-vingt pourcents de perte.
-A ce point là ?
-Pire, dire l’autre, c’est quand même le royaume producteur de cultures céréalières. Il semble que les autres royaumes feront leur boulot mais sans plus.
-Pourquoi suis-je toujours prévenu le dernier ? maugréa-t-il dans sa barbe.
-Je vous laisse voir ça avec vos renseignements ! sourit l’agriculteur. C’est l’heure pour moi d’aller travailler, au moins un peu, conclut-il avec un sourire.

Les deux se saluèrent et se quittèrent sur ces bonnes paroles. Ces informations avaient au moins eu le mérite de couper court à son dilemme de la veille. Ils devaient acheter du blé. Ils allaient même faire un pari plus risqué : tout acheter. Cette décision devait être mise rapidement en action car si la nouvelle s’ébruitait que leur royaume allait devoir acheter de grande quantité de céréales, ils allaient être aussi fauchés qu’auraient dû être leurs récoltes car tous s’empresseraient de faire grimper les prix. Un des royaumes de l’est, Kator, leur avait fait une offre intéressante et Mel’Ermat pensait l’accepter. Leurs royaumes étaient en mauvais terme, surtout à cause du roi actuel, un vrai crétin qu’aucune pensée n’avait dû habiter, mais ils vendaient de grosses quantités de nourriture. Si la rumeur disait vrai à propos de cette pénurie de matières premières, et Mel’Ermat l’espérait sincèrement, ils devraient s’en sortir à bon compte. En effet, en acquérant tout ce qu’il y avait de disponible, ce serait lui qui choisirait les tarifs auquel il vendrait par la suite.

Arrivé à son bureau, il ne lui fallut qu’une dizaine de minutes pour envoyer autant d’agents dans chaque royaume passer ses commandes. Les plus longs mettraient bien deux semaines, et encore en tuant leurs montures, pour arriver à destination au plus vite et Mel’Ermat espérait que ça serait suffisant. Il put alors se consacrer à la longue file d’attente de personnes diverses qui venaient chercher réponse à son chevet. Cette partie du travail était assez répétitive malgré l’étonnante variété des sujets qu’on venait lui soumettre. C’était bien le point le plus compliqué que d’être l’intendant du roi du royaume de Mel. Sur la première heure, il ne signa pratiquement que des mandats d’arrêts. Le crime le plus grave du lot était un forgeron qui avait incendié la boutique de son concurrent en pleine nuit mais le feu s’était propagé tuant une famille de six personnes dans le bâtiment voisin. Il vit également passer le rapport de l’activité nocturne avec son lot de bagarres d’ivrognes, de vols et de disparitions. C’était en général une lecture informative et Mel’Ermat déléguait volontiers la tâche d’enquêter à la police de la ville.

Il statua plus tard sur la fusion de deux magasins qui auraient pu créer une position de monopole mais qu’au final Mel’Ermat jugea peu crédible. Le gérant d’un groupe de magasins concurrents fut visiblement déçu que sa plainte fût rejetée. Il ne s’attarda pas à geindre sachant comment Mel’Ermat envoyait facilement aux geôles ceux qui jouaient avec sa patience. Il termina sa matinée à classer les lettres destinées aux rois que son service de réclamation pourrait traiter de celles dont il s’occuperait plus tard. A l’heure de manger, alors que ça ne faisait que deux heures qu’il travaillait, il eut l’impression d’être aussi fatigué que s’il avait reçu du monde pendant une semaine. On toqua à sa porte d’une manière familière. D’habitude, à cette heure-ci, il n’aurait reçu personne mais il avait trop envie d’avoir les dernières nouvelles.

-Entre ! fit-il à son espion le plus compétent : Mel’Astré.

L’homme au physique passe-partout entra à l’injonction. Rien dans son attitude ou dans ses vêtements n’auraient pu laisser soupçonner qu’il exerçait ce métier. Même Mel’Ermat avait pensé qu’il devait être un mauvais espion jusqu’à ce qu’il ait ses rapports entre les mains. Il ne se trompait jamais… Sans exception.

-Alors, qu’est-ce que raconte le sud ? s’enquit Mel’Ermat en se frottant la main.
-Pas mal de rumeurs, fit celui au nez cassé.

On racontait que c’était un différent lié à une femme qui avait mis son appendice nasal dans cet état. Si c’était vrai, c’était sûrement elle qui l’avait fait. Les femmes étaient de vraies calamités quand elles voulaient.

-La principale et récurrente information est celle d’une invasion venue du sud.
-Encore ? demanda Mel’Ermat. Cela fait plus de cent ans qu’on a rien vu venu de là et depuis plus de mille ans qu’il n’y a pas eu de guerres plus importantes que quelques escarmouches.
-Je ne peux pas encore le confirmer mais j’y ai laissé mes agents sur place. Je ne devrais pas tarder à en apprendre plus. En tout cas, c’est sûr que le royaume de Sustor fabrique de plus en plus d’armes et se prépare à la guerre. Leurs voisins proches ne sont pas tranquilles et s’arment également. Comme tous les bons mensonges, il suffit de les répéter pour que les gens les croient. Mais la tension augmente dans la région et les gens se préparent au pire. Si rien ne vient du sud, ce sont les royaumes du sud qui vont entrer en guerre les uns contre les autres.

Mel’Ermat ne dit rien mais cela lui fit un avantage de plus dans son plan d’acheter tout le blé et les céréales. Si une guerre se préparait, de grosses quantités de nourriture allaient être commandées.

-A l’est, le roi Regut a complètement perdu l’esprit puisque les noces avec sa fille vont être fixées.

Mel’Ermat ne dit rien mais secoua la tête.

-Tous les nobles sont conviés et l’Empereur également mais peu comptent venir. On raconte même que quelqu’un de haut placé compte faire assassiner Regut.
-Qui ? s’interrogea Mel’Ermat.
-La liste de ses ennemis est tellement longue qu’elle pourrait servir de recensement à l’Empire. En tout cas, je pense que ça serait une bonne chose. Il fait pas bon d’être informateur dans le coin et on parle des pires rituels pour ceux qu’on capture. Sinon rien de changer sur le global, ça grogne sur des conditions qu’on trouve trop dures et tout le monde attend la naissance du premier né de l’Empereur même si son mandat à la tête des royaumes se finit dans un mois.

Mel’Ermat se dit qu’ils pouvaient toujours attendre un enfant car celui-ci, et il le tenait de source sûre, aimait plus les hommes que les femmes. On toqua alors à la porte et entrèrent les cuisiniers avec leurs plats. Le silence se fit pendant qu’on installait la table. Les cuisiniers ne semblaient pas avoir prévu l’espion mais il y avait toujours assez à manger pour plusieurs. La conversation reprit après le départ des serveurs, l’un mangeant pendant que l’autre parlait.

-On a aussi trouvé quelques espions au palais, ici-même, et ceux-ci se sont retrouvés à faire des concours d’apnée dans le grand lac. Pour l’instant ils continuent à être tous à égalité sur la durée puisqu’aucun n’est encore remonté.
-D’où étaient-ils ?
-La plupart était ceux de l’Empereur mais c’étaient tous des débutants. Je crois qu’ils se servent de nous pour faire le tri parmi les plus incompétents du lot. Les deux autres espions n’ont pas avoué d’où ils étaient et on aurait presque douté de leurs intentions. Ils n’ont pas eu de chance, un baron local, en faisant des cornes à son épouse est entré dans la salle dont ils se servaient pour espionner. Ils auraient pu l’embrocher si des gardes n’étaient pas passés par là à ce moment !
-Est-on bien sûr dans ce palais ? grommela Mel’Ermat.
-Absolument ! Il y a presque plus de nos espions au sein du palais que dans ceux des autres.
-Quoi d’autres sur les rumeurs ? continua le bras droit de Mel’Placer.
-On parle d’une vieille prophétie ici… s’avança l’espion.
-Allons, je sais bien que ça te fascine mais rien de sérieux ?
-Hum… réfléchit l’homme. Après ce ne sont que des nouvelles économiques dont tes conseillers te parleront mieux que moi. Personne n’a d’argent et l’économie en pâtit.

La conversation prit alors un ton plus léger où l’un et l’autre parlèrent de la grande compétition sportive de l’été et de leurs dernières nouvelles personnelles.



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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Et voilà la suite !


Chapitre 2


Comme à son habitude, Mel’Placer l’écoutait attentivement depuis son bureau en dardant sur lui de grands yeux pâles concentrés. Mel’Ermat se posait toujours la même question à ce moment de l’entretien : ‘mais que pouvait-il donc bien penser ?’. C’était toujours un mystère car on ne pouvait pas dire que les deux hommes étaient très proches et leur relation se limitait surtout au cadre professionnel. Ils s’entendaient bien même s’il n’avait pas toujours été en bon terme avec le père de Mel’Placer. C’était pourtant le jeune homme, qui, des années après avoir été envoyé en exil, l’avait demandé en tant que conseiller le plus gradé de toute la cour. Le roi sembla ruminer un instant toutes les informations puis prit ses responsabilités.

-Nous n’allons pas perdre de temps et je veux que nous mettions main basse sur tout le blé de l’Empire.

Mel’Ermat allait objecter mais le roi leva une main pleine d’autorité pour l’arrêter dans son élan.

-J’ai bien conscience qu’un tel investissement va vider les économies du royaume mais de tels gains ne sont pas à négliger. Le fait est que si le Kator ne compte pas se présenter, l’argent nous permettrait d’acquérir quelques soutiens pour briguer le mandat d’Empereur. De toute manière, dans le pire des cas, nous gèlerons l’achat de blé pendant quelques années et nous le rentabiliserons sur le long terme.
-Mais cela impliquerait de ne faire aucun autre investissement durant toute l’année, contra Mel’Ermat d’un ton acerbe qui, même convaincu sur son propre projet, devait se faire avocat du diable et le prévenir de tous les risques.
-On se débrouillera ! dit le roi comme s’il n’était qu’un paysan parlant politique.

Mais c’était bien ça le problème, c’était le roi et c’était à lui d’éviter qu’ils aient à se débrouiller. Mel’Ermat imagina encore tous les problèmes qu’ils allaient avoir à résoudre. Tout le budget de l’année allait passer dans cet achat et cela n’allait pas leur laisser de marge. Il y avait encore beaucoup de choses à payer : des travaux à entreprendre, les frais qu’engendraient la cour, la sécurité des frontières et des routes qui étaient la proie de plus en plus souvent de bandits et bien d’autres choses encore… Il sentait les longues nuits blanches arriver et ce n’était pas sa femme qui allait s’en réjouir.

- Si vous me permettez, fit le bras droit en s’inclinant.

Au lieu de rentrer dans un débat stérile que le jeune homme conclurait d’un ‘je suis le roi’, Mel’Ermat préféra se congédier afin d’aller se détendre comme il l’avait prévu. C’était un bon roi mais son obstination lui jouerait un jour des tours. Le conseiller du royaume aurait aimé lui dire d’arrêter de faire passer ses ambitions avant la réalité mais le respect et l’espérance que l’âge le calmerait l’en empêchaient. Le temps s’était réchauffé et le brouillard s’était dissipé, ce qui laissait une journée fraîche mais ensoleillée pour aller chasser. Par chance, son épouse n’était pas vraiment conventionnelle dans son rôle de femme au foyer et elle partageait son goût pour la traque et la chasse. Cela venait surtout de son père qui lui avait transmis sa passion faisant fi de l’éducation qu’aurait dû recevoir une jeune fille à cette époque. Son épouse, de la famille des Mel’Iktir, sortait de l’ordinaire par bien des points et, après réflexion, c’était sûrement pour cela qu’elle faisait partie des choses auxquelles il tenait le plus dans ce monde à égal position avec son fils.

N’ayant pas de place pour garder leurs chevaux, Mel’Ermat et sa femme avaient décidé de faire garder les leurs aux écuries situées hors de la ville. Quand ils n’avaient pas le temps de s’en occuper, ils détachaient quelqu’un pour leur faire se dégourdir les jambes. C’était donc en ce lieu qu’ils avaient rendez-vous avant de partir pour la chasse. Sa femme l’attendait dans une tenue adaptée bien que moulante qui collait parfaitement à sa ligne filiforme. Elle n’avait pas beaucoup de forme mais elle gardait un visage, même s’il commençait à se marquer des années, fin et charismatique. Près d’elle, il déposa un léger baiser sur ses lèvres et attrapa les affaires qu’elle lui tendait. Il n’aimait pas trop montrer ses sentiments en public de peur que quelqu’un ne tente de le manipuler en faisant pression sur elle. Plus il semblait détaché, mieux c’était. Il aurait tout le loisir par la suite de se rattraper.

-Merci ! fit-il en attrapant sa propre tenue et s’éloignant dans l’écurie pour se changer loin des regards indiscrets.

Enfilant rapidement une tenue vert foncée collée au corps en bas et plus large en haut, il espéra que la chasse soit bonne. Il avait particulièrement envie de se défouler et courir après du vent ne l’excitait pas plus que ça.

-On peut y aller ? demanda sa femme en tenant les rênes de deux chevaux.
-En avant ! répondit-il avec un hochement de tête et un sourire.

La forêt n’était pas loin de la sortie de la ville mais ils devaient quand même s’enfoncer un peu en direction de colline où ils avaient l’habitude de chasser. Sur le trajet, ils parlèrent de tout et de rien comme à l’accoutumée, débattant du printemps arrivant et de leur espérance que leur fils réussisse son entreprise. Mel’Ermat en profita pour regarder l’état de la route et vérifier qu’elle n’avait pas besoin d’entretien. Les charrettes n’utilisaient pas cette entrée de la ville si bien que les dalles n’étaient pas trop désaxées par rapport à leur position d’origine. Le bras droit du royaume s’auto-flagella à la pensée qu’il n’écoutait plus ce que sa femme disait et que même lorsqu’il devait se détendre, il trouvait le moyen de penser au travail. Elle le remarqua d’ailleurs bien vite.

-Encore perdu dans tes pensées, hein ! lui fit-elle remarquer gentiment.

Il se contenta d’un sourire pincé, gêné, et hocha la tête.

-L’autre jour à la boutique de tissu, j’ai discuté avec une dame de compagnie du château de Ledrac. Je crois qu’ils sont en train de chasser aujourd’hui.
-Tu veux qu’on se joigne à eux ? demanda Mel’Ermat connaissant déjà la réponse.

En effet, la femme du seigneur de ce château et sa propre épouse s’entendaient trop bien d’après lui, et elles ne résistaient jamais à l’envie de bavarder ensemble. Quant au seigneur Mel’Kamir, il était aussi proche de lui que la courtoisie l’exigeait et ils n’arrivaient à se supporter que lors des chasses et uniquement pour faire le bonheur de leurs épouses respectives.

-Oh oui !

Mel’Ermat n’avait jamais su résister aux envies de son épouse et avait toujours fait passer, dans la vie de tous les jours, ses désirs avant les siens. Même si cela allait impliquer de faire pratiquement quinze kilomètres supplémentaires pour trouver où la chasse avait lieu et en essayant de ne pas se retrouver dans la zone de rabattement du gibier. La forêt était plutôt sûre à cette période, les cas de banditisme avaient plutôt lieu pendant l’été. Pourtant, sans escorte, Mel’Ermat ne souhaitait pas mettre en danger la vie de sa femme et préféra sortir de la forêt pour rejoindre un chemin plus fréquenté, quitte à perdre une heure supplémentaire. De plus, les hautes fondaisons des arbres masquaient le soleil de façon constante et l’humidité froide qui régnait dans les lieux pouvait très bien les faire tomber malade. Ce fut toutes les raisons qu’invoqua Mel’Ermat pour contrer les arguments de sa femme quant à une balade en forêt.

Sur le chemin qui reliait Mel au royaume d’Ostel, ils croisèrent un nombre impressionnant de voyageurs de toutes sortes. Il y avait beaucoup plus de soldats et de marchands que de simples particuliers faisant du tourisme ou un voyage. Ils croisèrent même un groupe de formés qui semblaient épuisés. Les formés, comme on les appelait, étaient des soldats qui étaient envoyés chaque année dans le royaume du nord, Syrarture, pour défendre les frontières. En effet, comme les autres royaumes étaient plutôt calmes, ils ne gardaient qu’un minime pourcentage de leurs armées. Juste assez pour garantir l’ordre tandis que tout le reste des troupes défendaient la frontière sous les ordres directs de généraux impériaux qui ne répondaient donc qu’à l’Empereur lui-même. Ces hommes qui revenaient avaient donc fini leur service annuel et rentraient dans leur royaume d’origine tandis que de nouvelles recrues iraient se battre là-bas à leur place.

Ils tombèrent également sur le petit cousin de Mel’Kamir, seigneur du château de Mel’Ledrac et organisateur de la chasse. Etant en retard également mais se rendant dans la même direction, ils décidèrent de continuer la route ensemble en échangeant tout un tas de politesses sur les nouveautés des vies de tout à chacun. Ils mirent une bonne heure pour rejoindre la clairière où tout allait commencer. Une bonne centaine de personnes était là mais Mel’Ermat ne se fiait pas aux apparences. La grande majorité était soit des accompagnants, là pour lécher les bottes, soit des serfs qui allaient jouer les rabatteurs. On ne comptait que très peu de chasseurs. Au final, les gains espérés de l’activité ne pourraient jamais valoir toute l’énergie que le seigneur avait dû déployer pour organiser la chasse et la logistique sous-jacente.

Sa propre épouse, Mel’Kati, se fit rapidement intercepter par la femme du seigneur de Mel’Ledrac à grands coups de cris, pépiements et de gestes excités. Saluant l’amie de sa femme seulement d’un signe de tête, il s’enfuit avant d’être soumis à d’interminables politesses que la dame prenait plaisir à prolonger. Mel’Ermat fit avancer sa monture au travers de la clairière en jetant des coups d’œil de droite à gauche pour chercher agréable compagnie. Au final, il ne vit que le garde-chasse pour lui éviter une après-midi de solitude. La discrétion était un de ses plus grands tords. Dans n’importe quel autre région de l’Empire, le personnage occupant le second rôle du royaume aurait été sans cesse courtisé grâce à l’influence dont il disposait mais Mel’Ermat n’avait jamais aimé les mensonges, l’hypocrisie ou les tromperies que les courtisans mettaient en œuvre en permanence. C’était pour ça que personne n’avait fait vraiment mine de venir lui parler ou lui proposer sa compagnie. Le seul qu’il connaissait vraiment, et avec qui il était, était le garde-chasse qu’on voyait régulièrement à la cour pour tout ce qui était du recensement du gibier et des problèmes y afférents ainsi que pour toutes les questions de braconnage, de banditisme ou de toute activité suspecte.

Outre sa fonction, l’homme n’était pas réputé pour être sophistiqué mais pour être aussi bourru qu’un inconditionnel du jour le jour. Il était poilu jusqu’aux sourcils, ce qui devait le protéger des températures hivernales, bien que les saisons actuelles commençaient à tirer de plus en plus vers le plus chaud. Cet après-midi le confirmait puisque le soleil était haut dans le ciel, que les nuages ne semblaient pas vouloir rester et que certains oiseaux normalement absents des saisons froides faisaient entendre leurs cris alarmés. Le garde-chasse discutait avec ses chiens lorsque Mel’Ermat le rejoignit.

-Mel’Ermat ! s’exclama l’homme.

Il aurait plutôt été bien habillé avec son ensemble terne aux bordures de dentelles juste visuellement cassé par une lourde cape en peau de bête qui n’avait jamais dû être lavée.

-Il fallait que je vous voie !
-Quelles nouvelles mon bon maître des forêts ? reprit le bras droit du royaume d’un ton puissant à la manière de l’homme.

Pour répondre, sa voix ne se fit qu’un murmure.

-Il y a des activités suspectes en forêt ces temps-ci…
-Des bandits ? A cette saison ? s’étonna Mel’Ermat.

L’homme secoua la tête de gauche à droite.

-Autre chose, dit-il, des messagers passent et repassent. Ils ne portent même pas de couleurs.

Les messagers étaient des branches d’activités d’état et devaient donc porter les couleurs officielles de leur royaume d’appartenance et le symbole de leur région d’origine.

-Peut-être juste des gens de passage ? proposa Mel’Ermat.
-Peut-être… répondit le garde-chasse en haussant les épaules. Sauf qu’à cette époque de l’année, les gens ne préfèrent pas voyager. Me laisseriez-vous un passe-droit pour que j’intercepte un de ces voyageurs ?

En effet, l’individu n’avait aucune prérogative de maintien de l’ordre et devait demander tout type d’intervention au roi ou à son second.

-Si tu me promets de ne pas provoquer d’incidents diplomatiques, je te signerais l’autorisation d’arrêter pour interrogatoire toute personne suspecte traversant les terres.
-Evidemment que je ne leur ferais pas de mal ! s’insurgea Mel’Karim comme si cela était dans ses habitudes.

Un grand son de corne leur indiqua que la chasse allait commencer. Toutes les conversations cessèrent et tous mirent leurs montures face à la forêt. Avançant ensuite progressivement arcs dégainés, les chasseurs firent une longue ligne précédée du garde-chasse qui allait les guider vers le gibier. Mel’Ermat finit néanmoins par rompre rapidement la ligne car les courtisans semblaient décidés à faire plus de bruit que les rabatteurs et sa patience se brisa lorsque l’un d’eux commença un poème qu’il chanta autant qu’il hurla. Il couvrit rapidement la distance qui le séparait du garde-chasse, soit une centaine de mètres et se remit en position d’observation arc à la main et flèche semi-encochée.

Il n’arrivait pas à comprendre comment sa femme arrivait à garder toute sa tête avec ces genres de personnages. Elle aimait également la chasse si bien qu’elle devait être autant concentrée sur la forêt que sur les bavardages qu’elle ne devait écouter que d’une oreille distraite. Elle était la seule femme aux alentours à savoir utiliser un arc et sûrement même plus que certains hommes ici. Ce fut rapidement prouvé lorsque quelques proies firent demi-tour face à eux et que les quelques personnes aux affûts firent feu. On recensa la prise de lapins et de quelques poules d’eau. C’était un bon début mais les applaudissements des courtisans et leurs bravos lancés à tout bout de champ lui courraient sur la patience. Tous pivotèrent à l’ouest car la prochaine vague de gibiers et de rabatteurs allait venir de cette direction.

La deuxième vague fut plus coriace que la précédente car on dénombra quelques sangliers et seul le garde-chasse avait une lance pour en venir à bout. Mel’Ermat n’était pas sûr qu’elle serait suffisante car s’il ne faisait que blesser la bête, cela la rendrait folle et personne n’aurait de moyens de la tuer. Comme toute personne expérimentée, les chasseurs les laissèrent passer mais il sembla que quelques courtisans voulurent jouer aux héros et tentèrent d’arrêter un mâle avec leur courage autant qu’avec leurs flèches. Comme prévu, la bête s’énerva et chargea l’impudent qui ne dut son salut qu’au sacrifice d’un de ses serviteurs qui prit la charge à la place de son maître. Le sanglier s’enfuit rapidement en slalomant entre les arbres tandis que le serviteur arborait, au sol, une belle balafre au bras et au torse. Il semblait s’être évanoui sous l’impact et déjà on s’activait pour arrêter l’hémorragie. Le courtisan responsable ne semblait pas s’en soucier et remonta sur son cheval sans un regard au malheureux à qui il devait la vie pour reprendre une conversation légère ponctuée d’une blague qui fit rire son groupe d’amis.

Mel’Ermat déplorait ce comportement égoïste. Le serviteur, vu l’état de la blessure, allait sûrement mourir et il était persuadé que personne ne rendrait jamais hommage au courage de l’homme. En tout cas, cela eut pour conséquence d’arrêter les courtisans dans leur faire semblant de chasser et restèrent loin en retrait si bien que la dizaine de personnes qui avait vraiment envie d’être là purent continuer dans le calme. Mel’Ermat bénit les Quatre de ce moment de répits qu’il avait tant cherché depuis son départ du château. Le garde-chasse leva la main et tous se mirent en position. Au loin, on entendait les cris des rabatteurs et les aboiements des chiens. La forêt était calme et face à eux se trouvait un enchevêtrement impénétrable de troncs, de feuilles, de buissons et de diverses plantes qui s’étendaient à gauche et à droite sur une centaine de mètres.

Les animaux étaient les seuls à pouvoir traverser ce mur infranchissable. Malheureusement pour eux, quand ils en émergeraient, ils seraient attendus. La première bête à sortir les surprit tous. C’était un magnifique cerf brun qui surgit après un bond puissant, menaçant, ses longs bois torturés en avant. Un seul chasseur eut le réflexe de décocher sa flèche qui toucha l’animal aux bois. Intact, l’animal redoubla d’effort et bondissait à droite et à gauche sans que personne ne puisse ajuster son tir. Le cervidé parcourut la distance qui les séparait puis passa entre la ligne de chasseurs sans qu’aucun ne relâche la tension des cordes de l’arc car ils auraient pu blesser un des leurs. Une fois ce danger écarté, une demi-douzaine de flèches s’élancèrent à la poursuite du cerf. Malheureusement pour lui, il eut un moment d’hésitation qui lui fut fatal quand il entendit les courtisans vers lesquels il s’élançait. Comprenant qu’il était entre deux fronts et il s’arrêta puis tenta de se dégager par la gauche. Les flèches le touchèrent tout le long du dos et l’animal s’écroula durement dans une gerbe de feuilles mortes. Il n’eut même pas un cri. Laissant le soin aux serviteurs de s’occuper de cette belle prise, tous se remirent en position face à la partie dense de la forêt pour cribler de flèche toute proie passant par là. Et ce jour-ci, il y en eut…



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  • 4 semaines après...
Bonjour,

Ben ça valait le coup de laisser passer plus d'un an :)

Bon, je suis le premier à commenter même si ça fait quasi un mois que tu as posté ton chapitre deux. C'est trop pour un texte bien pensé.

J'aime beaucoup l'atmosphère qui se dégage de ton récit: à la fois sombre tout en restant légère. Ca me fait penser à une version de Robin des Bois pour le coup.

Je n'ai pas l'impression que tu aies pour base l'univers de Battle, et c'est assez rafraichissant de sortir de ce cadre connu.

Je commence par les points négatifs:

Quelques fautes de-ci de-là:

[quote]mais le respect et l’espérance que l’âge le [b]calmemerait[/b][/quote]

Faute d'inatention je dirais...

[quote]Il n’aimait pas trop montrer ses sentiments en public de peur que quelqu’un [b]tente [/b]de le manipuler en faisant pression sur elle[/quote]

Léger souci de concordance des temps: j'aurais davantage mis un subjonctif passé que le présent.

[quote]-Si vous m’excusez, fit le bras droit en s’inclinant.[/quote]

Perso, je serai le roi j'aurai répondu du tac au tac:

-Non, je t'excuse pas et cire moi les pompes, greluche!

Plus sérieusement, il manque pas un mot? Genre: "Si vous voulez m'excuser?"
Parce que sinon, ça fait un peu trop direct pour parler à un souverain je trouve.

D'ailleurs, c'est un point que je trouve curieux dans ton récit: les nobles se parlent un peu comme des gueux entre eux, et même le garde chasse tutoie le bras droit du roi...

J'aurais plus imaginer un vouvoiement systématique entre eux, et même carrément entre les époux même si on sent qu'ils sont très proches, et un respect plus marqué pour les gens du peuple envers la noblesse.

D'ailleurs, si les pépiements des courtisans l'agacent, il pourrait leur dire de se la boucler non? Ok, il ne fait pas parti intégrante de la maisonnée Ledrac, de ce que je comprends, mais c'est le second du roi quoi.

Un bon coup de:

-Le prochain qui trouble ma concentration par des hurlements d'ivrogne, je l'ouvre de l'aine à la gorge et je fais jeter ses tripes aux chiens!!

Ca les calmerait direct non? Faut se faire respecter mon petit Mel'Ermat, merde à la fin! :devil:

Bon, j'attends de voir débouler une bête monstrueuse ou le Loup du Gévaudan dans la suite.

Mes deux sous,

Crio
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Hey !!

Merci pour le retour, je me posais des questions ;)/>/>

J'ai pris en compte tes remarques notamment vis à vis du garde chasse où effectivement, plus de respect aurait été pas mal. Je vais essayer de garder cette ambiance particulière jusqu'à ce que vous voyiez où je veux vous emmener. Attention beaucoup de portes seront ouvertes sur des potentiels scénarii mais une seule sera la bonne, serez vous un bon agent secret pour deviner ce qu'il se passe ? :P/>/>

En tout cas, voici la suite (bien en retard mais j'ai eu un empêchement)

Chapitre 3

Mel’Ermat poussa un long soupir en s’enfonçant dans l’eau chaude de la baignoire. Il ne montait pas régulièrement à cheval et les courbatures n’attendaient en général même pas le lendemain pour apparaître. Il se détendit de plus en plus à mesure que ses muscles se relâchaient. Il ferma les yeux et appuya sa tête sur l’arrière de la baignoire. Se couper au moins une après-midi par mois du palais et de ses problèmes était vraiment quelque chose d’indispensable. Beaucoup enviaient son poste mais peu connaissaient vraiment les responsabilités et l’investissement que cela impliquait. Tout devenait source d’inquiétude et maintenant que le problème du blé était réglé, c’était cette interrogation par rapport à l’activité du royaume qui l’ennuyait. Qui étaient ces gens qui se faisaient passer pour des messagers ?

Ce qui embêtait le plus Mel’Ermat était de ne pas savoir si cela avait un quelconque intérêt pour lui. Pour le savoir, il y aurait fallu connaître les personnes aux deux extrémités du message. Comme il n’avait aucun moyen de savoir ce qu’il se tramait avant que ses espions ne lui fassent de retour, il noya ses sombres pensées en plongeant sa tête sous l’eau et restant quelques secondes en apnée. Emergeant de nouveau, il se répéta le programme de la semaine à venir. Ca allait être une semaine chargée car, sous peu, ils allaient devoir finaliser la grande fête du printemps qui donnerait le coup d’envoi d’un nouveau quinquennat d’un Empereur. Toute la noblesse de l’Empire avait pour tradition de la fêter. En effet, les jours suivants marquaient le départ de ceux-ci vers la Capitale, plus communément appelée l’Impériale, pour voter à l’élection. Celle-ci consistait en un vote à main levée : les rois avaient cinquante pour cent des voix et par les seigneurs qui composaient les royaumes se partageaient le reste.
Mel’Ermat et Mel’Placer seraient pratiquement absents un mois et demi si bien que tout devait être réglé pour que le royaume tourne sans eux. On aurait pu croire qu’il était dangereux de laisser le royaume aux mains des généraux et autres délégataires de Mel’Placer mais il aurait été encore plus fou de ne pas aller à l’Impériale alors que plus de décisions se prenaient à ce moment là que pendant cinq ans. Il était donc indispensable de s’y rendre.

Avant cela, une série de lourdes tâches devait absolument être traitée. Il devait convoquer le conseil élargi pour donner ses directives. Ce conseil était un peu la direction officieuse du royaume. Il était constitué de représentants des marchands les plus puissants, des voleurs, de l’armée et du Roi. Ces réunions n’avaient jamais fini dans le calme et se terminaient en général par les uns insultant les autres mais c’était néanmoins un bon moyen de faire passer des consignes. Ensuite, il devait régler les ordures qui s’accumulaient entre le quartier sud et les quais. Le prestataire s’occupant de ça semblait en litige avec les habitants du quartier mais maintenant que les maladies se déclaraient, il allait falloir les remettre au travail. Le troisième gros chantier qui terminerait cette semaine serait une réunion sur la nouvelle grande route qui partait de la capitale pour rejoindre Mel’Sarte, ville côtière importante de l’ouest. Cela n’aurait rien eu d’exceptionnel si à l’heure actuelle il n’y avait pas qu’une seule grande route reliant l’ouest. Cette voie rejoignait Mel’Cygnos, concurrente de Mel’Sarte, à Mel. Cet axe était particulièrement apprécié des bandits de grands chemins ou des bandits plus officiels comme les marchands et autres consortiums qui s’étaient établis le long de la voie. L’ouverture d’un deuxième axe direct vers l’ouest ferait perdre à Mel’Cygnos son statut de principale ville côtière et ferait perdre aux marchands le monopole qu’ils avaient installé le long de la route et détruiraient, entre autre, les péages ponctuels qui pouvaient être crées. Il recevait donc en permanence des représentants de toute sorte qui venaient le voir tentant de faire pression afin que ce projet soit abandonné. Il soupira.

Il aurait tellement aimé que la vie soit aussi facile que cet agréable bain qu’il était en train de prendre… Il se laissa quelques secondes supplémentaires de relaxation – qui durèrent en fait plusieurs minutes – puis s’extirpa à contrecœur du bain. Le feu qui avait servi à faire chauffer l’eau s’étant tari, la pièce s’était vite refroidie. Il était impressionnant de voir qu’à ces saisons-ci, dès que le soleil se couchait, les températures amenaient rapidement les corps à se refroidir. Il enfila donc rapidement ses vêtements et s’enfonça dans une paire de bottes renforcées en fourrure qu’il ne mettait que lorsqu’il était chez lui. Il passa la porte de la pièce en laissant un serviteur s’occuper de vider le bain et fut immédiatement assailli par les odeurs de nourriture qui avaient envahi la maison. Il se rendit alors compte de sa faim et son estomac le manifesta également bruyamment. Cela sentait la viande et les épices et plutôt que de s’enfermer dans son bureau comme il le faisait de coutume pour boire une lichette d’alcool, il se dirigea aux cuisines.

Les cuisinières n’étaient pas là et seule sa femme gesticulait autour du grand morceau de chêne noué qu’était la table. Mel’Ermat, autant que sa femme, mangeaient régulièrement dans la cuisine plutôt que dans le salon qu’ils n’utilisaient que lorsqu’ils avaient des invités. Autour d’eux se trouvaient casseroles, provisions, vaisselles et autres couverts mais cette décoration, à défaut d’être gracieuse, était pratique. Une fois n’était pas coutume, l’homme aida sa femme à finir de mettre la table. Elle lui sourit comprenant que s’il agissait ainsi, c’était dans l’unique espoir de manger plus vite – ce qui n’était pas faux –. Ils se mirent à table l’un à côté de l’autre tout en étalant une serviette vert pomme sur leurs genoux.

Le diner se composait de lapin et de riz le tout accompagné d’une sauce blanche assez forte dont raffolait Mel’Ermat. Notant une prise de poids, il se promit d’essayer de se retenir de tout manger et de saucer les plats avec le pain. Le début du repas fut silencieux puis quand les estomacs se calmèrent un peu après le vide créé par cette journée éprouvante, ils se mirent à parler.

-Tu crois qu’on pourra aller le voir cet été ? demanda Mel’Kati.

Quand elle parlait comme ça, c’était à propos de leur fils. Mel’Ermat soupesa sa réponse pour ne pas lui donner de faux espoir, chose qui la rongeait, surtout quand il s’agissait de leur fils. Il allait se passer une paire de semaine avant le rendez-vous au siège de l’Empire, puis un mois sur place puis au moins autant à leur retour pour remettre de l’ordre dans le royaume. En ajoutant tout cela, la saison des cerises serait largement passée. La requête paraissait néanmoins sensée.

-Je pense, oui, répondit Mel’Ermat d’un mouvement de tête.
-Et tu crois qu’il aura quelqu’un à nous présenter ? demanda-t-elle timidement.

La question n’était pas stupide mais c’était juste qu’elle le lui demandait à chaque conversation. Savoir si leur fils fréquentait quelqu’un était pour elle une priorité. Elle courba l’échine en prévision de ce qu’allait répondre son mari.

-Laisse-le donc un peu tranquille avec ça, dit-il sans élever la voix, tu n’as jamais cessé de le harceler avec ça ! Ca viendra avec le temps. Comme dit le dicton, mieux vaut finir seul qu’au bras d’une veuve empoisonneuse.
-Ne parle donc pas de malheur ! le tança son épouse les lèvres pincées. Tous ses amis sont déjà mariés et ont même des enfants pour certains.
-Pour l’instant, je préfère que ça ne soit pas le cas, rétorqua Mel’Ermat. Il ouvre juste son commerce et il n’a pas beaucoup d’argent. Nous lui payons pas mal de choses, pas besoin de rajouter une charge financière que seraient une épouse et des enfants. Il est encore jeune, laisses-lui le temps.

Elle baissa les yeux sur son assiette et tourna le riz pour le mélanger à la sauce pendant plusieurs secondes. Elle finit par hausser les épaules et avala sa nourriture.

-Ah oui, fit son épouse se rappelant de quelque chose. Un mauvais coup de vent a emporté les tuiles au-dessus des quartiers des serviteurs. Je ne savais pas si tu voulais faire venir quelqu’un ou si je pouvais m’en charger.
-Bien sûr, si tu veux t’en charger ! dit l’homme sans y voir le moindre problème.

Le souci de ses fonctions était qu’on le voyait en permanence comme quelqu’un qui voulait tout gérer. Or, ce n’était pas le cas. Il aimait bien savoir, c’était une évidence. Par contre, il aurait volontiers délégué certains de ses pouvoirs s’il avait eu quelqu’un de confiance. Ce n’était pas le cas au palais mais pour son foyer, il avait pleine foi en son épouse. Surtout depuis le jour où, quand il avait fait construire le puits, il l’avait surpris à passer une rouste aux ouvriers qui pensaient pouvoir se reposer en l’absence de Mel’Ermat. Ils comprirent bien vite qu’elle était au moins aussi exigeante que son mari et qu’il valait mieux ne pas traîner sous la menace de se faire envoyer aux oubliettes. Il n’avait donc pas de raison de ne pas lui laisser les pleins pouvoirs.
La suite du repas se termina sur leur conversation rituelle : savoir s’ils rachetaient ou pas la petite maison de leur voisin. En effet, celle-ci avait été mise en vente car trop petite d’après l’ancien propriétaire. Forcément, étant seigneur d’un magnifique domaine près d’un grand lac dans l’est du royaume, cinq cents mètres habitables en centre ville ne rivalisaient pas avec les hectares de son palais provincial. Sa femme voulait récupérer la maison, qui était pratiquement au dos de la leur pour, qu’avec quelques travaux de raccord, ils puissent avoir une extension de leur bâtiment. Mel’Ermat n’en avait pas particulièrement envie car, d’une part, cela n’avait pour objectif que la création d’une série de pièces dont ils n’avaient pas besoin -comme une salle de danse- mais d’autre part car cela allait leur faire une énorme dépense d’argent. Ce n’était pas qu’ils étaient pauvres, loin de là, mais pourquoi acquérir l’inutile ? Cette maison était déjà bien assez grande pour eux deux.

La fin du repas se termina par une séparation habituelle où sa femme s’installa pour lire un nouveau livre de contes et légendes tandis que lui s’installa face au feu, un verre de vin rouge à la main, pour penser et se relaxer. Sa femme vit sûrement la soirée d’une autre œil puisqu’elle attaqua la conversation après avoir reposé son livre sur ses genoux.

-Tu sais en ville, on parle d’une certaine rumeur… laissa-t-elle en suspens mystérieusement.

Mel’Ermat ne poussa que quelques grognements. Il n’avait que faire des on-dit des femmes de la ville.

-C’est une prophétie, tenta-t-elle.

L’homme laissa un blanc pesant. Il fixait le feu dansant dans son âtre, sa femme sur son côté droit.

-Tu devrais arrêter de lire tes livres, conseilla Mel’Ermat en trouvant que cette obsession pour le mystérieux faisait trop écho à ce dont son maître espion avait voulu lui dire plus tôt. Vivez dans le réel un petit peu, la tança-t-il.
-Vivez ? Alors je ne suis pas la seule à t’en parler ? Si on te le dit à toi et à ton poste, cela ne peut être qu’important.

Mel’Ermat maudissait parfois la vitesse de réflexion de sa femme. Il décroisa les pieds sur le tapis en peau d’ours devant lui et réfléchit à ses paroles.

-Rien d’important justement. Juste des racontars qui finissent tôt ou tard par arriver jusqu’à moi. Je ne sais même pas de quoi elle traite.

Prenant cela comme une invitation elle s’expliqua.

-C’est pour ça que je lis ce livre, fit-elle, parce qu’on retrouve une partie de la prophétie dedans. On parle de l’Epée des Justes et d’un enfant capable de mener la défense. On parle aussi de grandes guerres pour survivre et un temps de changement.
-Que d’originalité ! fit Mel’Ermat sarcastique.

Il termina son verre et le posa sur le petit meuble tout proche.

-Toutes les prophéties sont les mêmes. Ca parle toujours de fin du monde et de héros… Je ne crois pas à ces histoires d’armes légendaires, de menaces et d’enfants héros.

Elle haussa les épaules, vexée que son époux le prenne aussi mal alors qu’elle ne voulait que faire la conversation et parler de ce qui l’intéressait. Il regretta ses paroles et s’excusa à sa manière :

-Allons, il se fait tard et la fatigue se rappelle à moi. Mieux vaut aller nous coucher et on verra bien ce que l’avenir nous réservera.

Ses yeux brillaient encore de pousser plus loin la discussion mais elle se maitrisa. Elle laissa ses affaires sur le canapé et partit se coucher à la suite de son époux. Dans le lit, Mel’Ermat ne trouva pas le sommeil tout de suite, ressassant la discussion qu’ils avaient eue. Il n’avait jamais aimé les héros. Enfin, ce n’était pas qu’il ne les aimait pas mais il trouvait très surfaite l’admiration que les gens leur portaient quand d’autres faisaient plus au quotidien pour rendre le monde meilleur. D’autres comme lui. Il finit, sans pour aller mieux, de conclure qu’il était jaloux et qu’il aurait aimé être au devant de la scène. Pourtant, côtoyant le roi au quotidien, il savait comme cette situation était en fait détestable. Mais le prestige, une fois… Il s’endormit sur ces pensées.

Quand il se réveilla juste après l’aube il fut sûr d’avoir rêvé mais sans arriver à savoir ce dont c’était. Forcément, il se souvint d’avoir rêvé de quelque chose de grand, ce qui collait avec ses dernières pensées avant de dormir, mais il ne se rappela plus de la situation. Il haussa les épaules sachant pertinemment que plus il forçait le souvenir, plus il s’échappait à lui. Il tourna la tête vers la droite sur son oreiller de plumes et se rendit compte que sa femme s’était déjà levée. Il lui enviait sa faculté à être matinale comme elle jalousait sa capacité à être nocturne. Lançant son habituel rituel du lever, il mit sa journée en branle.




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  • 2 semaines après...
Bonsoir,

Une scène plutôt sympathique: home sweet home ^_^

On découvre une facette intéressante de ton personnage qui pratique le "fine amor" et je trouve ça bien développé.

On est loin du cliché machiste habituellement employé lorsqu'on évoque la période du moyen âge européen. Parce que oui, je place ton récit dans cette période, rapport à la chasse et à la manière dont est gérer le pays un peu comme dans Games of Throne.

Ton héros, bien que préoccupé par ses fonctions ne délaissent pas sa femme, bien au contraire. Le simple fait de lui déléguer du pouvoir témoigne de la confiance qu'il a en elle, et je trouve ça chouette.

Du coup, on se rapproche de l'époque Renaissance par la description du dîner qui laisse imaginer une table bien dressée avec de jolis couverts et des plats chouettement présentés.

Et maintenant, la réponse Adeptus Titanicus approved:

Quelques remarques sémantiques:

[quote]tu n’as jamais cessé de le tanner avec ça[/quote]

Le verbe "tanner" est mal choisi pour quelqu'un de son rang et de son éducation. Un synonyme plus châtié serait le bienvenu (par exemple: le lui rappeler, de lui en faire remontrance...)

[quote]-Bien sûr, si tu veux t’en charger, vas-y ! dit l’homme sans y voir le moindre problème.[/quote]

Le problème que j'ai avec la tournure de ta phrase c'est que contrairement à ce que tu écris, j'ai le sentiment que ça le fait profondément chi*r de devoir déléguer...
Le point d'exclamation final y est sûrement pour beaucoup.

Du coup, je verrai plutôt une réponse du genre:

"Mais faites donc ma mie, cela m'ôterait un tracas de l'esprit."

Bon, c'est pompeux à souhait, mais tu vois l'idée ;)

[quote]Ils comprirent bien vite qu’elle était au moins aussi exigeante que son mari et qu’il valait mieux ne pas traîner sous la menace de se faire envoyer aux oubliettes.[/quote]

Le "au moins" laisse sous entendre qu'en fait elle est carrément plus exigeante que son mari. Personnellement, je l'enlèverai, sauf si c'est l'effet que tu recherches.
Je scinderai également la phrase en deux, je trouve la fin trop lourde:

"Ils comprirent vite qu'elle était aussi exigeante que son mari. ("et parfois davantage" si tu veux donner dans la surenchère)La menace des oubliettes était un argument qui les convainquit que rapidité était mère de sûreté."

Ou quelque chose dans le genre. Ou alors, sépare les deux morceaux de phrase par une virgule ou un point virgule. (ce dernier étant malheureusement délaissé dans trop de textes amateurs...)

[quote]L’homme laissa un blanc, toujours face au feu et sa femme sur son côté droit.[/quote]

Là, je trouve carrément la phrase...nulle... :crying: Désolé, mais par rapport au reste du texte, elle est mille lieux en dessous...

"Un silence pesant lui répondit, son époux regardant fixement les flammes qui dansaient dans l'âtre."

Ca colle plus avec la phrase suivante de Mel'Placer où on sent bien que cette histoire d'élu le turlupine.

[quote]-Tu devrais arrêter de lire tes bouquins, conseilla Mel’Ermat en trouvant que cette obsession pour le mystérieux faisait trop écho à ce que son maître espion avait voulu parler. Vivez dans le réel un petit peu, la tança-t-il.
-Vivez ? Alors je ne suis pas la seule à t’en parler ? Surtout que si on t’en parle à toi et à ton poste, cela ne peut être qu’important.[/quote]

Idem, je trouve certains mots mal choisis. En faite, tu oscilles en permanence entre le langage familier et un plus haut niveau. Pour un noblieau de campagne ça pourrait passer, mais là, je trouve que ça ne colle pas au bras droit d'un roi.

J'aurai plutôt vu:

"-Cette littérature fantaisiste vous monte à la tête très chère, lui répondit Mel’Ermat.
Cette obsession pour le mystérieux faisait par trop écho à ce que son maître espion lui avait rapporté plus tôt dans la journée.
-Revenez dans le monde réel mes amis, murmura Mel'Placer.
-"Mes amis"? Alors je ne suis pas la seule à vous en parler ? Si on vous a rapporter ces ouï-dire, cela ne peut être qu'important."

Bon, je reconnais que le vouvoiement systématique oblige à revoir certaines constructions de phrase, mais ce n'est pas la mer à boire ;)

Sinon, dans le même passage la partie concernant l'espion ne veut rien dire:
[quote]à ce que son maître espion avait voulu parler[/quote]
Il doit manquer des mots...

La répétition gâche un peu l'effet dramatique:
[quote]t’en parler ? Surtout que si on t’en parle[/quote]

[quote]-Que d’originalité ! fit Mel’Ermat sarcastique[/quote]
Je trouve ça un peu trop sec, surtout que tu en rajoutes une couche en employant le terme "sarcastique".

Tu auras noté ma propension à tourner des phrases alambiquées ^_^
Du coup je verrai davantage:

"-En voilà une fable originale.
L'ironie perçait nettement dans la voix de Mel'Placer."

[quote]-Toutes les prophéties sont les mêmes. Blabla fin du monde… Blabla héros… Je ne crois pas à ces histoires d’armes légendaires, de menaces et d’enfants héros.

Elle haussa les épaules, vexée que son époux le prenne aussi mal alors qu’elle ne voulait que faire la conversation et parler de ce qui l’intéressait. Il regretta ses paroles et s’excusa à sa manière :

-Allons, il se fait tard et la fatigue se rappelle à moi. Mieux vaut aller nous coucher et on verra bien ce que l’avenir nous réservera.[/quote]

A nouveau tu utilises du langage familier..."blabla" est plus que moyen dans la bouche d'un noble, même prononcé en privé.

Je te propose de nouveau une version qui m'aurait parut plus naturelle:

"-Toutes les prophéties sont les mêmes. Je ne crois pas à ces histoires de fin du monde, d’armes légendaires, de menaces et d’enfants qui deviennent des héros.
Elle haussa les épaules, vexée que son époux montre aussi peu d'intérêt à ses propos, alors qu’elle ne voulait que faire la conversation et parler de ce qui l’intéressait.
Il regretta aussitôt ses paroles et s’excusa à sa manière :
-Pardonnez moi, il se fait tard et la fatigue perturbe mes pensées. Allons-nous coucher, seuls les astres savent ce que l’avenir nous réservera."

Bon, j'espère que tu ne prendras pas toutes ces critiques trop mal, mais je pense que tu es capable de nous pondre un truc super en revoyant deux trois choses simples :)
D'ailleurs, je t'invite à faire de même sur mes propres écrits, je ne suis pas rancunier :devil:


Les deux derniers paragraphes sur le pouvoir, le prestige et tuti quanti me font furiseusement penser aux ambitions des nobles dans Games of Throne et du coup je vois bien une chute de ton héros, ou de sa femme, précipitée par la recherche de toujours plus de pouvoir.
Tiens, en écrivant ces derniers mots, ça me fait penser à l'ascension de Palpatine dans Star Wars ou à celle de Galbatorix dans Eragon.

Sur ce, j'attends la suite avec impatience,

Crio
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Hey !!

Merci pour le retour ;)/> T'inquiète pas pour les critiques, je les apprécie vraiment ! Il n'y a que comme ça qu'on s'améliore :)/> Et c'est loin d'être les plus virulentes que j'ai reçue ! Ca prouve également que c'est un commentaire honnête et pas uniquement pour me faire plaisir :P/>

J'aurais bien aimé commencer ton texte mais j'ai remarqué que tu n'en étais pas vraiment au début... Tu pourrais peut être m'en envoyer par message de temps en temps (sur un rythme légèrement supérieur à ce que tu postes) et je posterai mon avis quand j'aurais rattrapé le wagon. Mais effectivement j'étais pas allé voir dans l'autre section car la SF est un univers qui me rebutte un peu ;)/>

Bon j'ai donc pris en compte tes remarques et fais quelques modifications sur les endroits problématiques. Voici la suite :

La semaine passa effectivement plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Mel’Placer, pensant avoir une chance lors de l’élection à venir, ou du moins pouvoir tirer assez d’influence des voix qu’il représentait, décida d’envoyer Mel’Ermat, de l’or, et une escorte dès la semaine suivante à la Capitale pour commencer à travailler le terrain. Comme toute tâche de dernière minute, cela n’arrangeait pas ses affaires et il dut se dépêcher. Il commença par le plus fatiguant en convoquant le conseil élargi. La première séance fut assez calme par rapport aux autres. Les uns et les autres réussirent à ne pas s’insulter dès les premières phrases ce qui était un exploit en soi. La réunion commença ainsi.

-Et je n’ai pas de conseil à recevoir d’un apeuré en cagoule !

C’était une remarque fusant de Mel’Surika, un général impulsif mais sûrement le plus compétent de tout l’Empire. La séance n’avait même pas commencé que lors d’une discussion avec l’un de ses pairs, il s’était retourné vers les membres de la guilde des voleurs en brandissant son poing. Effectivement, ceux de la guilde, pour des raisons évidentes, venaient avec une cagoule négocier les plus importantes décisions. Comme en général ils ne cherchaient pas les ennuis, -enfin, au début- les voleurs laissèrent passer l’affront. Ils auraient largement le temps de s’insulter plus tard. Mel’Ermat fit signe à ses gardes de rester à leur place, le différent ne nécessitant pas d’intervention. Deux fois en plus de quinze ans Mel’Ermat avait dû faire intervenir les gardes des lieux pour faire régner l’ordre. Une fois parce que les militaires voulurent démasquer les voleurs et une autre lors d’une semi-guerre civile ou plusieurs groupes avaient attendu cette réunion pour tenter de régler leur compte. Heureusement, les intervenants étaient désarmés à l’entrée et ils n’arrivaient en général qu’à cacher de petites armes qui ne faisaient pas le poids face aux soldats chargés de la protection de la salle. Ceux-ci étaient aussi lourdement armurés qu’armés. La dernière sortie des gardes avait fini en bain de sang à tel point que depuis ce jour, Mel’Ermat avait décidé de réduire le nombre de conviés à ces séances et d’en changer le lieu à chaque fois.

Cette fois-ci, ils s’étaient regroupés dans une chapelle à l’abandon à l’extérieur de la ville. Ils étaient plus exactement dans la crypte sous le lieu de culte. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’ambiance n’était pas particulièrement morbide. Les torches le long des murs produisaient une lueur jaune orangée et terne sans donner l’impression d’être dans un lieu funéraire. Il y avait des petites alcôves écartées de la même distance et retranchées dans les parois là où avaient dû se tenir des statues maintenant volées, détruites ou déplacées. C’était désormais là où les gardes patientaient debout, guettant le moindre signe d’agitation. Le sol, quant à lui, était formé de petites briques froides si mal collées qu’on aurait dit qu’elles allaient se soulever pour en laisser sortir quelque chose. Au centre de la pièce avait été amenée une dizaine de tonneaux sur lesquels reposait une large table de marbre circulaire. Mel’Ermat avait insisté pour une forme ronde car cela empêchait les protestations sur la position des protagonistes autour de celle-ci. Depuis le temps, ils s’asseyaient en règle générale de la même façon.

Il y avait Mel’Ermat puis venait à sa gauche les militaires représentés par le général Mel’Surika et deux de ses capitaines. Venaient ensuite sommairement la demi-douzaine de marchands représentants leurs pairs, les voleurs, les messagers, le chef de la police, quelques représentants des clergés de la ville, les représentants des mages hommes et femmes ainsi que deux seigneurs des environs. Tous se jetèrent des regards en coin comme si quelqu’un allait tirer un poignard à tout moment.

-Bonjour à tous, commença Mel’Ermat, et bienvenue à cette séance du conseil où, j’espère, tout se passera dans le calme. Paix et respect, conclut-il de façon rituelle.
-Paix et respect, reprirent les autres d’une seule voix.

C’était une utopie de penser que tout irait bien mais ça valait au moins la peine d’être formulé. Déjà, un des capitaines de Mel’Surika dont Mel’Ermat avait oublié le nom, dévisageait les voleurs comme s’il allait se jeter sur eux pour les mettre à nu.

-Ne perdons pas de temps, proclama Mel’Ermat, nous avons quelques points à voir avant que nous partions avec Mel’Placer et puisque personne ne s’est encore insulté, essayons d’avancer.

Comme personne ne répondit, il continua.

-Vous savez tous ce que vous avez à faire mais il est bon de faire un petit rappel. Si le Roi et moi-même partons, c’est que nous vous faisons confiance, dans la limite du raisonnable, pour que le royaume ne soit pas à feu et à sang quand nous revenions. Il est donc hors de question qu’il y ait la moindre initiative pendant mon absence.

Mel’Ermat fixa à ce moment-là les voleurs, les membres du clergé et les deux seigneurs qui étaient les plus susceptibles de créer du trouble. Mel’Riter et Mel’Fris, les deux seigneurs, étaient des « amis » du Roi et il n’était pas rare que ceux-ci soient invités à passer du temps avec Mel’Placer. Mel’Ermat n’avait aucune idée de ce qu’il se disait lors de ces entretiens car cela ne concernait pas vraiment l’organisation du royaume mais bien de la politique de l’Empire. Il ne pouvait donc pas savoir s’il existait réellement une amitié entre ces trois-là ou si elle était purement protocolaire et c’était pour cela qu’il les mettait bien en garde. Les voleurs, quant à eux, prenaient un malin plaisir à provoquer des émeutes pour occuper la garde et ainsi faire de sales coups. C’était en général rien de bien dramatique mais il fallait bien être sûr qu’ils ne déclenchent pas de révolution. Le clergé, quant à lui, était majoritairement pacifique mais certains de ces organes étaient loin d’avoir cette opinion. Mel’Ermat ne tenait pas à voir une recrudescence d’incendie pacificateur envers une hérésie supposée mais absolument pas prouvée.

-De toute manière, des Messagers continueront de nous arriver à la Capitale et comptez bien sur le fait que si certains d’entre vous bougent malgré les consignes, certains d’ici me préviendront.

Le deuxième capitaine eut un hoquet ironique. Mel’Ermat se doutant que le capitaine n’attendait que l’occasion de régler ses comptes, il préféra l’ignorer. Cela aurait au moins le mérite de repousser les affrontements verbaux à plus tard. Il enchaîna rapidement.

-Nous devrions rester à la Capitale un mois, peut-être plus pour Mel’Placer en fonction du résultat de l’élection.
-Mel’Placer va se présenter ? S’étonna Brand qui était le chef de la guilde des marchands.

Les guildes étaient réparties de façon plutôt simple. C’était des regroupements de professionnels de toute une activité. Cela permettait d’encadrer par des règles les manières de travailler afin que tous puissent avoir leur chance. Malheureusement pour le consommateur, ces ententes n’étaient pas en leur faveur. Pourtant, peu s’en souciaient et encore moins bravaient les règles ou leurs représentants. Les guildes étaient toutes en contact les unes avec les autres. Il n’était pas rare que des rumeurs veuillent que les celles-ci maquillent leurs comptes et qu’elles fussent plus riches que les royaumes eux-même.

-Peut-être… Répondit Mel’Ermat qui ne souhaitait pas en dire trop. Les cartes sont redistribuées et il serait possible que les négociations nous amènent à tenter notre chance.

Ce qu’on appelait les négociations était la période qui s’étendait du moment où la succession était ouverte jusqu’à ce que tous se soient mis d’accords. C’était une période où aucune entrée ni sortie n’était autorisée dans la capitale, qu’on appelait aussi l’Impériale. Seuls les Messagers, porteurs de missives, pouvaient aller et venir. Les négociations pouvaient durer quelques heures comme beaucoup plus longtemps. En effet, l’Histoire avait retenu que des siècles auparavant, une négociation avait duré plus d’un an et que la Capitale avait failli disparaître à cause des famines que cela avait provoqué. Depuis, et avant chaque succession, même si cela paraissait excessif, tous les habitants faisaient le plein de nourriture, comme pour un siège ou quittaient tout simplement la ville le temps que cela se finisse sans risque d’être coincés à l’intérieur.
Au final, tous les participants de la réunion prirent note que les négociations pourraient peut-être être prolongées. A plus forte raison si Regut du royaume de Kotor, ne comptait pas se présenter. Personne ne pouvait dire le temps qu’ils mettraient à élire quelqu’un.

-Qu’en est-il du chantier de la route de l’ouest ? Demanda un jeune marchand marqué sur sa veste du symbole d’un poisson.
-Je n’aurais pas le temps de tout terminer avant mon départ donc cela sera repoussé à mon retour. Mais comme ce n’est absolument pas l’objet de cette réunion, veuillez garder ce genre de questions inutiles pour vous. Cela est valable pour tout le monde.

Le marchand avait commencé à sourire au début de sa question mais s’était vite décomposé sous les remontrances de Mel’Ermat. Il pensait avoir gagné du temps supplémentaire pour tous les marchands qui étaient contre ce projet. C’était sans savoir la détermination du bras droit de l’Empereur qui comptait bien mener cette construction à bien. Mel’Ermat résista à l’envie de continuer à le rabrouer mais il était sûr que cela déclencherait les hostilités générales.

-Je laisse les clés de la ville au général Mel’Surika. Si jamais vous avez quelque chose d’urgent durant mon absence, vous pouvez lui faire passer les messages. De plus, je partirai dans quelques jours donc tous les plans pour la fête du Renouveau devront être prêts avant ce délai.

Tous se mirent à parler en même temps. La fête du Renouveau était un des moments préféré des gens du Royaume. C’était une rare festivité qui n’avait pas de date fixe mais qui commençait deux semaines après que le premier bourgeon ait été aperçu sur l’arbre du roi. Cet arbre était un magnifique saule pleureur plusieurs fois centenaire, pour aussi loin qu’on s’en rappelait, qui se situait sur la grande place circulaire au pied du château de l’Empereur. Cette année, la fête avait la particularité de commencer une semaine avant les élections. Comme le Roi lui avait demandé d’être déjà sur place, il passerait la fête à la Capitale. Quand les voix retombèrent un peu –Mel’Ermat n’essaya d’ailleurs même pas d’en comprendre la moindre–, il put s’exprimer.

-Je sais que vous aimez tous attendre le dernier moment mais pour une fois, il faudra vous dépêcher. J’ai besoin de faire les comptes à l’intendance pour être sûr qu’il ne nous manque rien. Surtout pour les feux d’artifice.

Le général, à qui était adressée cette dernière remarque, ne dit rien. Les membres du clergé, directement touchés par cette organisation qu’ils allaient devoir bâcler, ne dirent pas grand-chose mais chuchotèrent entre eux. La religion était quelque chose que Mel’Ermat craignait comme elle le fascinait. Il y avait quatre Dieux majeurs officiels dans tout l’Empire et une multitude de plus petits locaux qu’on trouvait dans chaque royaume et dans chaque région. Le clergé avait coutume de dire que plus des gens croyaient en un Dieu, plus celui-ci était fort et influant. Mel’Ermat ne savait donc pas pourquoi il restait toutes ces divinités mineures qui auraient dû disparaître.

Les quatre Dieux majeurs avaient donc leur propre clergé organisé à leur façon avec des règles différentes les unes des autres. Il y avait néanmoins des points communs comme le fait que chaque monastère était installé dans une région reculée et vivait en autarcie. Ces régions étaient assez bien irriguées et les moines les mettaient vite en valeur.
Les premiers portaient une large tunique noire de la tête au pied resserrée par une ceinture de cuir à la taille. Les membres de cette fratrie étaient tous rasés. Le principe de vie était simple : travailler pour se purifier. Ils passaient également énormément de temps à lire si bien qu’on trouvait ces moines plutôt dans les régions du sud, où se trouvait la Grande Bibliothèque. Ils voyaient leur Dieu comme Pardon et Pacifisme et on les appelait souvent les moines noirs à cause de leur tenue.
Le second personnage de la table représentait un ordre complètement différent. Eux voyaient l’accès et la communion divine par la mortification. Mel’Ermat était persuadé que s’il enlevait sa tunique marron, il aurait été couvert de marques fraiches comme de cicatrices. Le bras droit de l’Empire savait que tous les monastères étaient indépendants mais que la maison-mère, à la Capitale, visitait une fois par an tous les établissements pour en vérifier sa gestion. En tout cas, c’était les moins bavards des moines qui limitaient l’usage de la parole aux échanges avec leurs supérieurs, au dialogue communautaire ou aux communications utiles au travail.
Les troisièmes avaient une histoire particulière que tous connaissaient. A l’époque des Grandes Maladies, beaucoup de personnes se sont rendu compte qu’elles en étaient immunisées. Celles-ci décidèrent alors de se regrouper afin de porter assistance aux autres ce qui donna naissance à une nouvelle branche du clergé. Beaucoup des moines de cet ordre sont médecins et portent la tunique blanche à capuche noire. Ceux-ci font également vœu de pauvreté et sont plutôt nomades, traversant l’Empire comme un perpétuel pèlerinage.
Les derniers étaient peut-être les plus étranges dans le sens où leur religion et la façon de la pratiquer étaient tellement différentes que cela venait sûrement d’un endroit bien plus lointain que l’Empire. D’aucun disait que cela venait du sud, d’au-delà les frontières. Bien plus loin encore que là où vivaient les Syrarturiens. Pour eux, Dieu était plutôt une force présente en chacun et en chaque chose sur la terre. Ils ne portaient pas de tenue particulière mais parfois ils arboraient des dessins compliqués à base d’encres noires sur le corps et le visage. Ils vouaient aussi un culte important aux ancêtres qu’il fallait, pour eux, presque plus respecter que les vivants. Mel’Ermat ne savait pas pourquoi mais ils excellaient dans les prévisions météorologiques. Leur façon de rendre hommage à leur Dieu était aussi originale puisqu’ils le faisaient par la danse, le chant, les prières ou les sacrifices.
Bien évidemment, il restait également toutes les divinités mineures et toutes les branches non-officielles de ces clergés. Chacune avait son bras armé et Mel’Ermat les aurait bien fait arrêter. Malheureusement, la loi voulait que les affaires divines ne puissent être jugées que par leurs pairs si bien qu’ils étaient plus ou moins intouchables.

En tout cas, la fête du Renouveau était une fête commune à toutes les religions. C’était peut-être car ce n’était pas vraiment religieux puisqu’on y fêtait l’arrivée d’une saison plutôt que d’une existence divine.

Les mages se jetèrent un regard en coin et l’homme murmura quelque chose à l’oreille de sa partenaire. Mel’Ermat n’avait jamais vu un membre de la magie homme s’entendre avec une collègue femme. Sans que personne ne sache pourquoi, il y avait deux façons de pratiquer la magie. Des choses que seuls les hommes étaient capables de faire et des choses que seules les femmes pouvaient accomplir. La cloison reliant chaque magie était hermétiquement close et au fur et à mesure des années, les magiciens s’étaient coupés en deux : les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Ils ne se détestaient pas les uns les autres mais ils étaient juste assez aimables pour s’asseoir à côté sans provoquer un déchaînement de leurs pouvoirs. D’après Mel’Ermat, il avait dû commenter la présence du feu d’artifice.

Effectivement, la cité technologique d’Arsonval leur avait envoyé une missive concernant le fait que certains de ses représentants seraient présents pour cette fête. Cette cité était située dans les montagnes au sud de Kator. En effet, la région ne manquait ni de bois, ni d’eau et encore moins de minerais. Les rumeurs voulaient que cette ville montagnarde fût construite par les nains avec l’aide de la première race de Pierre. Cela pouvait être possible car il y avait encore beaucoup du Petit Peuple dans les montagnes. Cette cité recevait des dons de chaque royaume afin d’y financer les recherches techniques. Tous les plus grands chercheurs étaient sur place pour essayer de ramener des choses stupéfiantes dans leur royaume d’origine. L’équipe de chercheurs du royaume de Mel avait découvert dernièrement un alcool fort transparent qu’on ne buvait qu’en le mélangeant avec d’autres breuvages plus sucrés. Cela leur rapportait maintenant une belle quantité d’or car les royaumes du nord en étaient friands.

-L’école des arts et du théâtre a également proposé des animations et je voudrais voir où il reste de la place en ville pour monter quelques scènes.

Cette annonce ne fit ni chaud ni froid aux auditeurs qui semblaient s’en moquer.

-A titre d’information également, nous n’agrandirons pas cette année les zones de coupe de nos forêts et les prix des places en cimetière vont augmenter.

Plusieurs murmures qui allaient devenir des récriminations commencèrent à apparaître si bien que Mel’Ermat reprit la parole immédiatement.

-Pour tout commentaire, je verrai avec les personnes concernées directement plus tard.

Les marchands se rembrunirent et le dardèrent d’un regard agacé.

-De grosses quantités de blé vont être importé au royaume. J’aurais besoin de savoir où je vais stocker ça.
-Les rumeurs de guerre au sud seraient-elles vraies ? Demanda innocemment un membre du clergé.

Cela devait être un sujet qu’il rêvait d’aborder depuis le début de la session car son visage se parait d’un sourire satisfait.

-Non, coupa court Mel’Ermat qui en fait n’en savait pas plus. Cet achat n’a pas été fait en but de réserve mais dans un but commercial.
-Nous avons les casernes désaffectés près de la rivière Arduin.

Mel’Ermat voyait de quels bâtiments il parlait. C’était une ancienne ville minière qui avait exploité tous les gisements des environs. Le déclin avait été lent mais il n’y avait désormais plus que les bâtiments de pierre pour habiter les parages.

-De quelle quantité de blé parlons-nous ? S’enquit le général Mel’Surika.
-Environ une centaine de bateaux…

Les cris de stupeur l’assaillirent de tous les côtés de la table.

-Comment pouvez-vous nier une guerre alors que vous avez acheté tout le blé du royaume, entendit-il quelqu’un rugir sur sa droite.

Au milieu de ce raffut, quelques uns commencèrent à s’insulter puis ce fut l’anarchie totale où tous s’accusaient d’être les pires voleurs et maux de la terre. Les voleurs s’éclipsèrent et Mel’Ermat en fit autant. Il fut sûr que personne ne le remarqua. Il laissa soin aux gardes de garder l’ordre jusqu’à ce que tous soient partis. C’était une des plus courtes réunions qu’il n’ait jamais faite dans une rencontre du Conseil. En général, chacun parlait à son tour pour poser des questions et annoncer des projets. Mel’Ermat avait juste eu le temps de faire passer ses consignes avant que ça dégénère. Tous étaient à cran, et les rumeurs qui se propageaient, de guerre, de succession et prophéties n’arrangeaient rien. Au moins à la Capitale, il en saurait un peu plus.

Mel’Ermat fit rouler ses épaules. Il était tendu et c’était l’heure de se fatiguer un peu. Il ne savait pas quel maître d’armes serait là aujourd’hui mais il était sûr qu’il prendrait un savon pour ne pas suivre ses leçons avec assiduité.


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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Voici la suite !

Chapitre 4

Le quai était à ce moment de la journée complètement bondé. Mel’Ermat et son escorte avaient chevauché jusqu’au fleuve en une demi-heure. Cela lui avait toujours paru étrange que la capitale du royaume de Mel ne se soit jamais développée en direction du cours d’eau mais de l’autre côté, en direction de la plaine. Du coup, une petite ville annexe s’était néanmoins créée près du fleuve. On appelait cette ville Les quais. Ce n’était pas très original mais ça correspondait bien à l’endroit dont l’activité ne tournait qu’autour du transport fluvial et de la pêche. Il y avait plusieurs entrepôts, un poste de douanes et une paire de maisons. Les travailleurs avaient visiblement décidé de plutôt vivre en sécurité à l’abri des remparts qu’ici sans protection. Outre ces bâtiments, il y avait le long de la berge pratiquement deux cents mètres de rives aménagées. C’était tout un enchevêtrement de planches et de plateformes de bois qui permettaient de manœuvrer et de décharger les navires.

En regardant vers l’aval, Mel’Ermat compta six navires au déchargement. L’un d’eux s’éloignait du quai pour continuer sa navigation vers l’ouest. Plus loin, on observait d’autres navires qui avaient jeté l’ancre en attendant qu’une place se libère. L’eau n’était pas très tumultueuse à cet endroit du fleuve si bien que tout cet équilibre tenait en place comme cela avait été de si nombreuses fois exécuté. Il restait à quai deux petits voiliers qui ne devaient pas faire plus de trente mètres de long, un plus gros navire qui devait être plus à l’aise dans la mer que sur un fleuve, une sorte de chalutier et son propre navire. Mel’Ermat ne le trouvait pas particulièrement majestueux mais il avait l’avantage d’être pratique. En plus de l’équipage, on pouvait y transporter une vingtaine de personnes ainsi que les montures correspondantes.

Comme les bateaux venaient à peine de commencer à décharger et qu’il y en avait d’autres qui attendaient déjà, tous les travailleurs grouillaient comme si on avait ouvert une fourmilière. Courant d’un bout du quai à l’autre, les mains vides ou pleines, charriant des sacs et des matériaux avec des diables ou des brouettes. Il ne faisait pas particulièrement chaud pourtant personne ne portait plus qu’une chemise et tous transpiraient déjà comme en plein soleil en été. Cela n’arrangeait d’ailleurs pas l’odeur environnante. Bien que le lieu fut en plein air, il y avait un mélange d’eau croupie, de sueur et de poissons morts qui piquaient les narines. Mel’Ermat n’avait jamais compris pourquoi on avait laissé les pêcheurs trier et vider leurs poissons à côté de la ville. On pouvait voir à cinq cents mètres de là un tas de restes qui n’aurait pas donné faim à une horde de chats affamés. C’était d’ailleurs pour cette raison que Mel’Ermat ne respirait que par la bouche et qu’il était pressé d’embarquer. Il y avait parfois des odeurs appétissantes des produits exotiques déchargés mais cela sentait quand même plus le poisson pourri. Même le forgeron menuisier qui s’occupait des réparations navales n’avait pas supporté l’odeur si bien qu’il n’occupait pas en permanence Les quais et n’y avait qu’un atelier rudimentaire.

Mel’Ermat slaloma entre les voyageurs, les animaux, les caisses et tous les objets divers et variés qu’il y avait là. Il faillit renverser plusieurs personnes si bien qu’il décida de descendre de sa monture. A côté de lui, des perroquets rirent de son malheur. Mel’Ermat n’était pas étonné de voir ces animaux exotiques ici. Ces bêtes valaient une petite fortune. Les exemplaires du zoo étaient morts d’une maladie inconnue et il avait fallu en racheter. Nul ne savait où trouver ces oiseaux en liberté et il n’en existait plus que des domestiques qui se faisaient de plus en plus rares. Tenant son cheval par les brides, il prit un ponton de bois en direction de son navire. Son escorte formait une longue ligne silencieuse mais personne, parmi la centaine de personnes qui agitait le quai, ne s’en formalisa.

Un long pont de bois reliait le bateau aux quais. De chaque côté se tenait un garde qui en barrait l’accès aux plus curieux. Ils se raidirent à l’approche de Mel’Ermat et fixèrent droit devant eux. Mel’Ermat traina sa monture sur la rambarde et commença l’ascension vers le pont du navire. Une fois en haut, il put voir trois zones distinctes. Le gaillard avant qui supportait des vigies, le pont central ouvert en son centre temporairement pour y faire descendre monture et provisions et le gaillard arrière où le capitaine du navire surveillait que personne ne trainait. Le bras droit du roi laissa sa monture à un jeune mousse et se dirigea vers l’homme. Il engagea la conversation après avoir monté la volée de marches.

-Capitaine.
-Seigneur, répondit l’autre.

Il n’était pas vraiment seigneur mais tout le monde le gratifiait de ce titre si bien que Mel’Ermat ne s’en formalisait plus.

-Comment avancent les préparatifs ?
-Tout va bien ! répondit celui au crâne rasé et aux boucles d’oreilles d’or qu’il ne portait que sur la même oreille. On est même en avance. Nous pouvons partir dans moins d’une heure si cela vous convient.
-Ca ira, acquiesça Mel’Ermat.
-Par contre, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.

Il se dirigea vers le gouvernail et attrapa une carte qu’il déplia à bout de bras. C’était un plan sommaire du royaume avec plus d’annotations au niveau des fleuves, des rivières et de la mer. Il désigna un point sur la carte. C’était situé sur le cours d’eau qu’ils allaient remonter jusqu’à la capitale. C’en était situé à près de cinquante lieues.

-Ici, un navire a coulé. Rien d’extraordinaire jusque là si ce n’est qu’une importante flotte marchande arrivait également à ce moment-là. De nuit, ils se sont emboutis les uns dans les autres et bloquent tout le passage. Je ne pense pas que ça soit dégagé d’ici qu’on arrive, ou du moins, pas assez pour qu’un navire de notre taille passe. Je crains qu’il ne vous faille continuer à pieds une fois atteint.
-On devrait survivre ! annonça Mel’Ermat en simulant son enthousiaste. Nous partirons à cheval et même si nous serons un peu en retard à la capitale, ça dégourdira les jambes des chevaux.

La réalité était toute autre car il n’avait jamais vraiment aimé chevaucher sur plusieurs jours ni adoré camper à la belle étoile. Heureusement pour lui, les jours chauds arrivaient et ça aurait pu être plus désagréable.

-Et puis si les Quatre Dieux le veulent, le chemin sera peut-être dégagé d’ici là.
-Peut-être…

Le capitaine était loin d’être convaincu. Mel’Ermat ne prit pas la peine d’en faire part à son supérieur. En effet, celui-ci viendrait à la Capitale en ballon dirigé ce qui prenait moins de temps tout en étant plus sûr. Ces ballons là appartenaient tous à la guilde des Messagers qui se contentait de les mettre en location. C’était d’énormes bateaux reliés par des câbles à un ballon gigantesque et dirigé par magie d’où leur nom de ballon dirigé. Le secret de leur fabrication et de leur fonctionnement était jalousement gardé. Le prix demandé pour chaque voyage étant exorbitant, c’était généralement délaissé pour l’utilisation des voies de terre.
Le capitaine du navire rugit d’un seul coup à l’attention d’un de ses marins à propos d’un nœud mal fait et se dirigea vers lui ruminant. Ca n’intéressait pas franchement Mel’Ermat qui rejoignit la balustrade opposée pour jeter un coup d’œil sur Les quais et la ville de Mel à quelques kilomètres de là. Il soupira sans retenue. Il était aussi triste de laisser son épouse toute seule que de laisser le royaume sans noyau directeur. C’était encore plus déprimant quand il pensait à la charge de travail qui l’attendrait à son retour. Le seul repos qu’il aurait serait ces pratiquement deux semaines de voyage. Sa femme avait chargé une petite malle de livres pour l’occuper. Une fois arrivé à l’Impériale, le rythme effréné reprendrait.

Mel’Ermat ne savait même pas par où commencer ni comment s’y prendre. C’était la première fois que le royaume de Mel allait sérieusement prétendre au trône suprême. Il allait déjà devoir commencer par rassembler la liste de tous les seigneurs qui avaient un droit de vote puis savoir lesquels étaient en ville. Il lui faudrait rassembler des informations, les inviter à un repas, seuls ou en groupe, ou à partager une quelconque activité pour essayer de gagner une voix par une méthode ou par une autre. Ce que craignait Mel’Ermat était surtout qu’un concurrent soit déjà en ville depuis plus longtemps que lui et que celui-ci ait déjà jeté son réseau de toiles. Le cogérant du royaume de Mel savait néanmoins vers qui aller et qui lui donnerait les informations nécessaires.

Il se perdit un instant dans ses pensées puis se tourna vers le pont. Les derniers membres de son escorte prenaient pied sur le pont et laissèrent leurs chevaux pour qu’ils soient emmenés dans les cales. Mel’Ermat suivit des yeux la charrette qui transportait ses effets personnels et qui servirait du coup à transporter des provisions pour la dernière partie du voyage. L’engin fut déchargé de ses malles et de ses ballots puis fut soulevé du quai par un système de poulies qui le hissa sur le navire. Mel’Ermat trouva le tout quand même bien organisé. Des matelots passèrent sous lui et portèrent la cargaison dans sa cabine. Ils étaient inexpressifs, exécutant un travail qu’ils feraient toute leur vie. Mel’Ermat les plaignit, il n’aurait pas pu passer une vie en faisant une besogne n’apportant aucune valeur ajoutée.

On ne semblait plus attendre personne et le capitaine lança une série d’ordres à la fois sur le quai et à ses hommes. L’ancre fut relevée, les amarres coupées et les ouvriers sur le quai tendirent de grandes perches pour pousser le bateau dans le courant d’eau. Il vibra l’espace d’un instant, s’enfonça dans le cours d’eau puis se mit à dériver à une allure réduite au gré du courant. Mel’Ermat retourna vers le gaillard arrière pour y retrouver la carte qui avait été fixée sur une petite table. L’homme suivit du regard le chemin à parcourir puis s’attarda sur l’image du royaume en général.

Ils allaient croiser nombre de villes importantes. Historiquement, les premières villes du royaume s’étaient installées au bout du fleuve puis des colonies s’étaient progressivement développées de plus en plus loin. Pourtant, rien n’expliquait pourquoi Mel’Prim, qui se vantait d’être la première installation du royaume, n’était pas devenue la Capitale. Une fois les villes bien implantées, des colons étaient partis tenter leur chance dans tous les coins du royaume. Mel’Ermat était entrepreneur mais jamais il n’aurait tout risqué comme ça. Il n’enviait absolument pas la période de l’âge sombre même si cela datait de milliers d’années auparavant. On distinguait cette période de la suivante par la révolution de la lumière autonome. Mel’Ermat avait toujours eu du mal à comprendre pourquoi les Quatre Races avaient laissé les humains s’étendre sur ces terres qui étaient les leurs. Maintenant, on ne les croisait plus beaucoup et jamais très longtemps.

A vrai dire, toutes les améliorations technologiques dont les humains se vantaient étaient généralement dues à un échange avec une des Quatre Races originelles. Ces peuples de l’air, de l’eau, du feu et de la terre avaient apporté des connaissances que les Humains auraient mis des siècles, voire des millénaires à découvrir. Personne ne savait d’où venaient ces créatures. Mel’Ermat doutait que même elles le sachent. Il y aurait d’ailleurs leurs représentants pour l’élection du nouvel Empereur. La bénédiction était la clôture d’une nomination. Des quatre, Mel’Ermat ne voyait le plus souvent que les représentants de l’eau et de l’air. Ceux de terre étaient plutôt dans les montagnes, chose dont le royaume de Mel était plutôt dépourvu. Pour ceux du feu, ils se faisaient juste rares, personne n’ayant pu lui dire pourquoi.

En tout cas, c’était grâce à eux que les villes de l’Empire avaient toutes pu être pavées, même les plus petites. C’était grâce à eux que même les villages avaient des poteaux de lumière qui éclairaient toujours aussi forts, même lors des pluies les plus violentes. C’était grâce à eux qu’ils avaient pu arrêter des maladies les plus mortelles et développer des moyens de transport plus rapide et plus volumineux. Tout ce changement ne plaisait pas à tout le monde mais il fallait avouer que sans eux, ils seraient toujours au plus bas stade de l’humanité. Mel’Ermat retourna s’accouder à une rambarde.

La ville s’éloignait de plus en plus. Mû par le désir de se dégourdir un peu, le capitaine ordonna à ses hommes de sortir leurs rames. Le fleuve était large et celles-ci ne gêneraient pas les bateaux qui circulaient en sens inverse. Aidé du vent, le navire gagna rapidement plus de vitesse. Mel’Ermat soupira, comme pour évacuer la charge de tous les problèmes de la ville. Désormais et pour quelques temps, il pouvait se passer d’essayer de penser à tout. De toute manière, il continuerait d’être informé par les Messagers ainsi que par son réseau d’espions. Mel’Ermat se détacha des bâtiments de sa ville pour regarder autour de lui. Quitte à être parti, autant apprécier le voyage. Il voyageait quand même assez souvent mais pas assez non plus pour ne pas être curieux des panoramas qu’il allait croiser.

Autour de lui, la région était encore plate. Ce n’était pas le cas dans tout le royaume qui était un des seuls à pouvoir se vanter d’avoir autant accès à des montagnes, que des collines, que des fleuves, qu’à la mer. Il ne put s’empêcher de penser à son fils et aux préoccupations que cela produisait. Tant que l’affaire de sa progéniture n’était pas rentable et bien lancée, il ne cesserait de s’inquiéter. Il soupira de nouveau. Pour une fois qu’il pouvait prendre un peu de temps pour lui, il n’allait pas s’alarmer pour les autres. Il regarda rapidement un jeune couple faire une promenade le long de la rivière puis, plus loin vers l’orée d’un petit bois, le déplacement d’une famille de cerfs avant de rentrer dans sa cabine pour lire les livres que sa femme lui avait laissés.

Sa cabine n’était pas particulièrement grande mais elle était largement suffisante pour qu’il n’ait pas l’impression d’étouffer. C’était loin des grands espaces de sa maison mais il n’était pas ici pour prendre du bon temps mais bien en mission d’affaires. Le craquement du bois lui fit craindre de ne pas pouvoir se concentrer mais il remarqua bien vite qu’on réussissait à en faire abstraction. Le coffre des livres avait été soigneusement poussé sous le bureau et Mel’Ermat l’en extrait rapidement en grognant. Il détestait avoir à se pencher pour ramasser des choses. Le premier livre de la pile était le livre des contes et légendes que lisait sa femme l’autre fois. Il grogna et sourit en même temps. Ce qu’elle était têtue ! Il mit l’ouvrage de côté et choisit plutôt un livre sur la logistique en temps de paix. Cela serait quand même plus utile au quotidien. Il s’allongea sur sa couche et entreprit la lecture.



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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Je n'ai pas lu les commentaires précédents. Je vais te faire des remarques d'abord générales, puis plus spécifiques.

Tout d'abord, félicitation. Poster l'introduction il y a 3 ans et reprendre maintenant, c'est fort ! ;)

Ensuite, le récit promet d'être long. Tu prends ton temps et ça se sent. Peut-être un peu trop sur le passage de la chasse, mais qu'importe. Tu poses les bases de ton univers et c'est tout bon. L'intrigue ne se profile pas assez pour que je puisse la critiquer réellement. En fait je ne vois ces chapitres que comme une grosse introduction et j'ai hâte que tu nous fasses plonger d'avantage, quitte à passer la vitesse supérieure. Car en effet, c'est bien de prendre son temps (surtout quand l'univers est inconnu du public, mais attention à ne pas nous assoupir par d'interminables chapitres qui n'apportent rien à l'histoire). C'était une prévention plus qu'une critique.

Globalement, j'ai apprécié ton récit. La description de la relation entre Mel'emat et sa femme est bonne, mais je ne la trouve pas encore assez approfondie. Tu pourrais aller plus loin, lui donner une vraie consistance.

Enfin, au niveau du style, j'ai trouvé les deux posts (suivant l'introduction) excellents. Quasimment rien à reprocher. Au niveau du chapitre 4, on assiste à une baisse qualitative, comme si tu avais rédigé ta production dans l'urgence. J'ai relevé pas mal de passages qui m'ont marqué pour une raison ou pour une autre. N'hésite pas à prendre ton temps, même si tu ne tiens pas tes délais. Enfin... Ne prends pas 3 ans non plus à chaque post.

Let's go !


Attention à la redondance de " fit " pour décrire l'action dans les dialogues.

Exemple : " non, fit Mel'ermat "

[quote]Tous se mirent à parler en même temps. La fête du Renouveau était une des fêtes préférées des gens du Royaume. C’était une rare festivit[/quote]

Répétition de fête et de festif.

[quote]la cité technologique d’Arsonval leur avait envoyé une missive [b]comme quoi[/b] certains de ses représentants seraient présents pour cette fête[/quote]

Comme quoi trop familier.

[quote]un alcool fort transparent qu’on ne buvait qu’en le mélangeant avec autre chose[/quote]

Mais à a quoi donc ?!

[quote]Cela rapportait maintenant pas mal d’or au royaume car les royaumes du nord en étaient friands.[/quote]

Même chose que pour la fête. Répétition disgracieuse de Royaume.

[quote]Cette annonce ne fit ni chaud ni froid aux auditeurs qui semblaient s’en moquer.[/quote]

Pléonasme

[quote]-De grosses quantités de blés vont arriver au royaume.[/quote]

Le " s " à blé est-il voulou ? Pourquoi ne pas remplacer " arriver " par " importer " ?

[quote]Tout va bien ! répondit celui au crâne rasé et aux boucles d’oreilles d’or[/quote]

Haha ce cliché !

[quote]celui-ci viendrait à la Capitale en ballon dirigé[/quote]

Aie, l'anachronisme passe difficilement...

[quote]ballon [...]dirigé par magie[/quote]

Mouais. Je me demande si c'est une pirouette habile ou une lourdeur. Optons pour la pirouette. Après tout, les gyrocoptères sont légion dans l'héroic fantasy, alors pourquoi pas quelques montgolfieres bourrées d'hel... De magie!

[quote]A vrai dire, toutes les améliorations technologiques étaient généralement dues à un échange avec une des Quatre Races originelles.[/quote]

J'ai trouvé l'introduction des quatre races originelles un peu brutale et leur description pour le moment pas franchement originale.

[quote] Il ne put s’empêcher de penser à son fils et au stress que cela produisait[/quote]

Le stress a une consonnance bien trop moderne pour être employée dans un récit moyennageux.

[quote]C’était loin des grands espaces de sa maison mais il n’était pas ici en [b]thérapie[/b] mais bien en mission d’affaires[/quote]

Idem


En conclusion, c'est un récit prometteur. Continue à soigner d'avantage le style dans les chapitres à venir pour ne pas créer de trop gros déséquilibre entre les parties. La description des quatre races est ratée, mais l'idée est franchement bonne. J'ai hâte de voir comment tu vas l'exploiter. Et d'ailleurs, petite digression. Pourquoi quatre ? Serais-tu donc fétichiste du chiffre ? Quatre puissance, quatre race, le médaillon des quatre ? ;) Modifié par Kayalias
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Hey !

Merci pour le com !!

Alors en vrac :

-Effectivement dès fois ça doit donner l'impression que je traine trop mais (alors que c'est le reproche inverse pour les trois races) j'essaye de donner les grandes lignes du monde pour les développer plus tard. De juste donner une base. Mais des fois effectivement ça peut paraître long ! Faut aussi penser que ça sera un long texte word et qu'au final cette intro ne représentera quasiment rien sur le texte final ! Voilà si ca vous permet de mieux voir ;)

-Je vais essayer de voir pour la qualité, c'est vrai que je le ressens pas toujours étant l'auteur du texte :P Par contre effectivement 4 n'est pas un hasard puisque cette histoire se situe des millénaires avant celui du Médaillon !

Après un week end prolongé, voici la suite !!!
Bonne lecture et merki !


Ils arrivèrent près d’une semaine plus tard au lieu de l’accident. Mel’Ermat s’était attendu à tout sauf à ça. Quand son capitaine avait parlé de collision entre navires, il s’était attendu à ce que cela concerne deux à trois embarcations maximum. Là, on assistait plutôt à l’enchevêtrement d’une vingtaine de navires. En premier, il semblait y avoir eu cette grande galère couchée sur le flanc dont pratiquement toute l’armature était sous les flots. Ensuite un navire marchand et un voilier s’étaient plantés en biais droit dans la coque. Et par la suite d’autres devaient s’être imbriqués avec les précédents. Mel’Ermat était certain que ces navires ne pourraient plus jamais naviguer. Certains semblaient même avoir été coupés en deux, éperonnés. La force du courant et le peu de visibilité nocturne avaient provoqué une vraie pagaille.
Ce n’était pas que cet emmêlement de bateaux qui surprenait Mel’Ermat, c’était aussi l’organisation des lieux. En effet, une véritable ville s’était créée là. Vu le nombre de navires coincés, sans compter ceux qui attendaient de passer de chaque côté, cela n’était finalement pas étonnant. De chaque côté du fleuve, des tentes, des maisons et même des entrepôts de fortune avaient été bâtis à la hâte. Les gens s’agitaient de gauche à droite comme dans un véritable port. Visiblement, des capitaines s’étaient mis d’accord pour échanger leur cargaison. Ainsi les bateaux d’un côté confiaient leur cargaison de l’autre afin que celle-ci puisse continuer d’être acheminée. Pour le coup, d’autres bateaux restaient en attente, soit par choix parce qu’ils avaient le temps, soit parce que leurs marchandises étaient trop précieuses pour sous-traiter son transport à quelqu’un d’autre. En tout cas, il devait y avoir au moins cinq cents personnes dans les parages et l’endroit s’était transformé en vrai comptoir marchand. Mel’Ermat était sûr que si la situation perdurait encore une semaine ou deux, une véritable ville se créerait ici.

Pendant sa réflexion, le capitaine avait jeté l’ancre et une échelle de fortune fut apportée de la terre ferme en direction du navire. Une paire de marins mirent pieds à terre et réceptionnèrent des cordes lancées du bateaux. Immédiatement, ils tirèrent dessus et le bateau effectua un mouvement latéral pour se rapprocher du bord du rivage. La grande rambarde fut apportée et lia rapidement le bateau au sol tandis que les marins s’attelaient à fixer le navire le long de la rive. Mel’Ermat descendit à pieds tandis que les chevaux étaient remontés de la soute. On les entendait déjà piaffer à l’idée de quitter un bateau branlant et de pouvoir se dégourdir les pattes. Un groupe d’hommes vint vers eux.

Il se démarquait un meneur et plusieurs gardes. Ce premier était habillé en civil mais sur sa manche avait été cousu le blason de l’armée royale. Le même symbole qui était affiché sur le pavillon du navire que Mel’Ermat venait de quitter.

-Bonjour, dit l’homme un point sur le cœur et se penchant brièvement.

Mel’Ermat pencha légèrement la tête en réponse.

-J’ai pu apercevoir votre pavillon, que faites-vous par ici ? demanda-t-il presque agressif.

Mel’Ermat n’avait pas pour habitude d’être questionné. C’était plutôt l’inverse. Le grand défaut de son travail anonyme était de ne pas être reconnu.

-Nous nous rendons à la Capitale afin de préparer l’arrivée de Mel’Placer.

L’homme ouvrit la bouche puis la referma rapidement à mesure que la garde rapprochée de Mel’Ermat descendait également du navire. C’était une vingtaine d’hommes, ne répondant qu’à lui, peu physiquement imposants mais assez dissuasifs pour les missions que Mel’Ermat avait à accomplir. Visiblement, le représentant du royaume commençait à comprendre que la personne qu’il avait en face de lui avait pouvoir de lui donner des ordres. Il sembla tout à coup moins assuré.

-Aurez-vous besoin de notre aide ? se proposa-t-il plus mielleux.
-Pas la peine, nous avons de quoi faire. Colonel, ajouta Mel’Ermat en se tournant vers le plus avancé de ses hommes. Installez nous en bordure de forêt.
-Oui, seigneur.

La troupe s’en alla rapidement dans la direction indiquée. Le bras droit de l’Empire avait toujours admiré la vitesse avec laquelle ses hommes pouvaient être prêts. Ils auraient pu avoir à lancer une attaque qu’ils n’auraient pas pu faire plus vite. Cela faisait plus d’une heure que ses soldats étaient prêts sur le pont.

-Quelle est la situation sur place ? demanda Mel’Ermat au gestionnaire.

L’homme soupira avec honnêteté.

-C’est compliqué. On m’a dépêché ici récemment en tant que coordinateur logistique mais aussi pour surveiller les activités entre marchands. On n’arrive pas à dégager les bateaux. Le courant nous empêche d’aller plus vite. Une barque arriverait à se faufiler dans le canal que nous avons créé mais guère plus.
-Quelqu’un sait ce qu’il s’est passé ?
-Vous pourriez demander au capitaine de la Majesté mais on l’a déjà interrogé et il ne comprend pas plus que nous. Il dit avoir heurté un rocher mais il était persuadé qu’il n’y avait rien dans cette zone. Les dégâts sur la coque confirmeraient ses dires mais après recherches, il s’avère que la rivière est complètement lisse. On ne sait pas ce qu’il a heurté mais ce n’est plus dans les parages.

Mel’Ermat se demanda si ça n’avait pas été volontaire. Il n’irait pas jusqu’à dire que ça avait été fait dans le but de créer ce tumulte mais peut-être juste pour nuire au capitaine du navire. Le second gérant du royaume laissa cette enquête à qui de droit, ce n’était pas à lui de faire ce travail.

-Au feu !

Ce cri brisa net ses réflexions. Il n’eut pas de mal à localiser la source de la panique. C’était son bateau. Son propre bateau était en feu. Ce qui était incroyable était la vitesse à laquelle celui-ci se propageait. A ce moment précis les mâts s’effondraient et les voiles tombaient en lambeaux de part et d’autres. Mel’Ermat n’avait jamais vu un feu se répandre aussi vite, ce n’était pas naturel du tout. Les hommes sautaient par-dessus bord en criant de soulagement pour les plus chanceux, en hurlant de douleur pour ceux coincés dans la soute. Le feu ravageait le côté du navire, le pont ainsi que toute l’armature.

Sur la terre ferme, les secours voulurent s’organiser mais le temps qu’un cordon se forme à un autre point de la rivière, le bateau n’était plus qu’une boule de feu et on devait déjà s’éloigner d’une trentaine de pieds. Ses soldats vinrent se placer autour de lui et formèrent un anneau de protection. Les cris à l’intérieur du navire continuèrent de plus belle. Le capitaine surgit des flammes, un membre d’équipage sous le bras. Il se jeta par-dessus la rambarde et atterrit sur le sol au moment où les amarres lâchèrent.

-Allez le chercher ! ordonna Mel’Ermat à ses soldats qui se dépêchèrent sans la moindre hésitation.

La boule de feu flottante parcourut la rivière dans un silence absolu, si ce n’était le crépitement des flammes et les cris des derniers prisonniers du bateau, et entra bruyamment en collision avec le reste des bateaux. Les cris de panique vinrent maintenant aussi de la terre ferme. Certains essayaient de rejoindre leurs vaisseaux pour les écarter de là avant que le feu ne remonte la rivière. D’autres donnaient les ordres d’évacuation des ouvriers qui étaient dans l’enchevêtrement pour essayer de dégager la zone. Certains essayaient de s’organiser pour récupérer des marchandises qui n’avaient pas pu être débarquées.

La colonne de fumée noire montait vers le ciel comme un long doigt qui désignait la zone. Le feu attaqua rapidement le bois des autres bateaux et celui-ci gagna en puissance et toutes les personnes de l’endroit furent forcées de reculer encore plus. Mel’Ermat en était sûr, la vitesse de propagation de cet incendie n’était pas normale. En quelques minutes, presque une demi-douzaine de bateaux s’était transformée en bois noir.
Le capitaine de son navire avait, quant à lui, pu être ramené à l’abri. Ce n’était pas la seule bonne nouvelle : des marins, miraculés, avaient saisi l’opportunité de sortir de la coque quand celle-ci s’était ouverte lors de la collision avec le reste des embarcations accidentées.


Finalement, une demi-douzaine de minutes plus tard, tout ce qui avait été le barrage flottant n’était plus que cendres. La majorité du bois encore présent était emporté par le courant et se retrouverait bientôt éparpillé sur des kilomètres de rives. Mel’Ermat avait du mal à croire ce qu’il venait de se passer. Il n’avait jamais vu quelque chose comme ça, même dans les terribles incendies d’un été des années auparavant. Le capitaine de son navire avait repris connaissance et était assis par terre regardant les restes du spectacle. Ses vêtements étaient déchirés et brûlés, son visage était couvert de suie et il semblait blessé à plusieurs endroits. Ca n’en restait pas moins un héros.

-Combien d’hommes ? articula-t-il péniblement.

Mel’Ermat avait fait un calcul grossier. Ils étaient partis à quinze soldats, cinq aides de camps et vingt marins. Ses militaires et leurs assistants étaient tous descendus très vite. Sur les marins, ils étaient sûrs d’en avoir vu une dizaine s’échapper.

-Je dirais une dizaine, au grand maximum… répondit-il avec compassion.

Les yeux du capitaine étaient humides mais impossible de savoir si c’était l’émotion ou si c’était un réflexe corporel.

-Savez-vous ce qu’il s’est passé ?
-Non… J’étais dans la soute quand j’ai entendu les cris. On m’a signalé une drôle d’odeur et j’étais parti voir ce qu’il en était. Avant de pouvoir atteindre son origine, j’ai entendu des bruits sourds contre la coque. Comme si des choses s’y plantaient.
-Vous avez bien agi, le rassura vainement Mel’Ermat.

Dommage que toutes les preuves soient parties en fumée, regretta intérieurement le bras droit du royaume.

-Amenez le capitaine dans une de nos tentes, sergent, demanda Mel’Ermat à un soldat. Débrouillez vous pour trouver quelqu’un pour venir voir ses blessures également.

L’homme voulut protester mais à peine fut-il touché pour être levé qu’il perdit connaissance. Le dirigeant s’interrogea alors sur ce qu’il s’était passé. Etait-ce une attaque contre lui ? Si oui, était-ce politique ? Etait-ce pour l’or qu’ils convoyaient ? Ou n’avait-il pas été plutôt un intermédiaire pour faire brûler tous ces navires ? Mais cette odeur, était-t-elle la raison de la propagation du feu ? Depuis quand les produits étaient à bord ? Et si tout ce remue ménage n’avait pas été qu’un prétexte pour l’attirer par ici à ce moment là ? Ces bruits sourds, qu’avaient-ils été ? Le déchargement ou autre chose ? Mel’Ermat avouait qu’il était un peu paranoïaque mais cela ne le dérangeait pas dans la mesure où il était sûr que ça lui avait déjà sauvé la vie.

-Colonel, glissa Mel’Ermat à son subalterne, surveillez bien le camp et restez proche de moi.
-C’est ce que je pensais… répondit l’autre devant lui comme si la conversation qu’ils avaient n’existait pas.

Le militaire partit au pas de course donner ses ordres. Mel’Ermat comptait bien voir ce qu’il en était chez les réfugiés. Des hommes se joignirent à lui, à distance et plus discrètement. Son premier arrêt fut à une grande cabane en bois dont la porte était grande ouverte. A l’extérieur, pendaient à des poteaux des lapins, de la volaille et des petits rongeurs. Sans nul doute que c’était là la cabane des chasseurs. Il y avait une dizaine de personnes à l’intérieur qui manifestement discutait avec conviction afin d’échanger des vivres. Mel’Ermat préféra se renseigner ailleurs. Les gens les plus bavards étaient les marchands et les clients des bars. Signalant à deux de ses gardes du corps de s’approcher, il leur demanda de faire le tour des bars du coin afin d’en apprendre plus sur la réaction des gens après cet incendie.

Le vent avait rapidement dissipé ce qu’il restait de la colonne de fumée et seule l’agitation des gens courant de droite à gauche témoignait de ce qu’il s’était passé. Beaucoup de personnes s’étaient rassemblées plus près de la rivière pour nettoyer leurs vêtements et leur visage de la suie et de la cendre qui les maculaient. Des individus parcouraient le camp de tous les côtés charriant bois, eau et couvertures. Visiblement, il y avait quand même eu des blessés. Vu la voracité du feu, Mel’Ermat comptait même sur une dizaine de morts. Le bras droit du royaume s’engagea plus profondément dans le campement et zigzagua entre les tentes, les petits édifices de fortune, des plus grands de bois ou de pierre, entre les feux, les chevaux et des zones de stockage farouchement gardés.

Pendant l’heure qui s’en suivit, Mel’Ermat dut admettre qu’il n’apprit pas grand-chose. Il interrogea des capitaines de navire qui n’avaient rien remarqué de suspect ni entendu parler de quelque chose d’étrange. Les conversations tournaient largement autour de l’évènement et tous se racontaient la manière avec laquelle ils avaient vécu l’incendie. Ses gardes firent également chou blanc, l’activité du coin tournait largement autour du commerce et personne n’avait vu ou remarquer des individus qui n’auraient rien eu à faire dans le coin. Ce fut finalement le représentant du roi du coin qui revint lui parler.

-Quelle catastrophe, fit-il.
-Quel est le bilan ? demanda Mel’Ermat.
-Une dizaine de morts, quatre blessés déclarés.
-Au moins ça aura accéléré le déblaiement.
-Même pas, c’est même pire, se plaignit l’autre en prenant un air sincèrement abattu. Le feu a brûlé principalement la partie hors de l’eau. Les débris sont tombés au fond de la rivière où ils se sont emmêlés avec le fond de cale des bâtiments qui ont coulé. On a donc un barrage artificiel qui vient de se créer. Si à la prochaine pluie on a pas tout nettoyé, on va inonder la zone.
-Je vois le problème, acquiesça Mel’Ermat, dommage que nous puissions avoir le soutien du peuple de l’eau là-dessus. Cela va prendre du temps de plonger, enlever quelques débris puis remonter.

L’homme hocha la tête avec vigueur.

-Croyez-vous que vous pourriez nous faire envoyer de l’aide ? demanda l’homme avec intérêt.

Mel’Ermat prit le temps de réfléchir.

-Vous devriez vous-même envoyer le courrier. Il sera réceptionné. Pour ma part, je rejoins l’Impériale si bien que le temps d’arriver là-bas, vous aurez sûrement fini ici de tout nettoyer. D’ailleurs, proposa l’intendant, vous devriez essayer de lester le plus gros bateau que vous ayez et de le lancer à pleine vitesse sur la rivière. Peut-être qu’il sera assez lourd pour se faire un passage parmi les débris. Dans le pire des cas, vous en aurez qu’un seul de coincé et il sera facile de le déloger.

L’homme se passa une main sur la tête en fixant le sol et se gratta le menton.

-On va voir si c’est réalisable, conclut-il en frappant son poing dans son autre main. J’ai entendu dire qu’il y avait une paire d’ingénieurs dans le coin et je vais vite les mettre au travail.

Sans guère plus de cérémonie, il partit aux détours d’une grande tente bleue où des civils discutaient entre eux. Mel’Ermat fut rassuré, malgré son appréhension, il n’y avait pas plus de preuve que l’attaque lui fut destinée. Un tel rassemblement de marchandises avait dû attirer dans les parages des voleurs, voilà tout. Il décida de retourner au campement de la troupe. En son absence, ses petites mains avaient bien travaillé et une dizaine de tentes ainsi qu’un rempart de bois formé par des pieux d’un mètre de haut servait à délimiter l’emplacement. Sa tente était la plus grande de toute car elle servait aussi de salle de réunion. Pour le coup, la table centrale avait été créée en superposant les coffres d’or comme pied puis en ayant rajouté une planche de bois par-dessus. C’était rudimentaire mais ça fonctionnait plutôt bien. Dans un coin, on avait rempli un long sac de plume et de paille pour lui faire un lit. Les derniers espaces de la tente, mesurant près de cinq mètres de diamètre, avaient été organisés avec ses coffres. Mel’Ermat s’approcha de l’un d’eux et fouilla son contenu. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait : son épée. C’était une arme tout ce qu’il y avait de plus classique et sans ornement particulier. Il la ceignit autour de son pantalon marron et s’habitua rapidement au poids et à son balancement contre sa jambe. Il était prudent, c’était tout.

Quelqu’un se racla la gorge à l’entrée. Il se retourna pour voir que la plus jeune recrue de sa garde se tenait là. Mel’Ermat tenait absolument à connaître tout le monde mais aussi qu’une fraternité se créée au sein de ses soldats. Il organisait régulièrement des compétitions, des jeux ou des évènements où ses hommes avaient à collaborer les uns avec les autres. Mel’Ermat se joignait régulièrement à eux. A la base, il avait lu que d’entretenir de telles relations permettait d’être mieux protégé par ses gardes. En effet, le seul sentiment que rien ne pourrait vaincre était l’amour. En cas de panique, aucun soldat profondément attaché à son supérieur ne fuirait. Il resterait et luttait à la mort. Et c’était un comportement qu’on ne créait pas par crainte ni par menace. Pour le coup, ce jeune soldat avait été recruté par ses soins avant leur départ. Ses parents avaient été des connaissances de son épouse dans son enfance et ceux-ci avaient été emportés par la maladie. Désœuvré et seul, Mel’Ermat avait décidé d’embaucher ce gamin de seize ans au sein de sa troupe. En moyenne deux fois plus jeune que les autres, il s’était néanmoins intégré dans le groupe à sa façon à la manière d’un petit frère.

-Qu’y a-t-il ?
-Désolé de vous déranger, rougit-il en baissant les yeux. Je suis allé regarder dans le bois de l’autre côté de la rivière.

Il s’arrêta.

-Et ? le pressa un peu Mel’Ermat.
-Les habitants de l’autre rive en savent autant qu’ici mais en m’éloignant un peu du campement, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. J’avais entendu le capitaine dire qu’il avait entendu des bruits sourds sur le flanc du bateau. J’ai donc pensé que si ça avait été des projectiles, il y aurait des traces des tireurs dans les bois plus en aval du campement.
-Et il y en avait ?
-Non, répondit immédiatement le jeune homme mais il y avait leur campement. J’ai tout laissé en place pour vous prévenir.
-Préviens le colonel que nous allons là-bas.

L’adolescent fit mine de se retourner.

-Et ! l’apostropha Mel’Ermat.

Il se retourna.

-Beau travail.

Il fit un mince sourire et quitta la tente. Mel’Ermat soupira. S’il y avait un campement, c’était que les responsables du feu étaient restés là quelques jours. Ce n’était donc pas des voleurs. Et s’ils avaient attendu ce moment précis pour agir, c’était bien que l’attaque lui était destinée. Mais pour le coup, qui était la cible ? Lui ? Ce qu’il transportait ? Le pavillon royal ? Mel’Placer lui-même ? Peut-être trouverait-il des indices dans le campement. Il ne fallut qu’une paire de minutes pour qu’une petite troupe d’une demi-douzaine d’hommes soit prête. Ses hommes semblaient s’ennuyer mais étaient néanmoins prêts à bouger au moindre instant. Epées et masses à la ceinture, ils se dirigèrent à l’endroit désigné par le plus jeune. C’était en pleine forêt, dans une zone sauvage où il n’y avait presque pas la place de passer. Les plantes étaient hautes et les buissons s’entremêlaient les uns dans les autres. Les arbres étaient serrés les uns contre les autres et même la lumière avait du mal à se dépêtrer de là.

Sorti de nulle part, ils tombèrent sur un cercle de deux mètres de diamètre de végétation arrachée et coupée. Il y avait une marmite renversée, une couverture et quelques sacs.

-Il y avait plus que ça quand je suis venu… affirma Mel’Eclé.
-Ils doivent être encore dans les parages, dit un autre soldat.
-Dépêchez vous alors, ordonna Mel’Ermat. Vous deux, fouillez au nord-est, vous deux au nord-ouest.

Poing sur la cuirasse, ils partirent au plus vite.

-Nous, ajouta-t-il, on fouille ces sacs et on cherche des indices.

Le sac de toile qu’attrapa Mel’Ermat ne contenait rien. Il avait une forte odeur de nourriture séchée mais il n’avait rien à en tirer. Les autres ne trouvèrent pas grand-chose non plus. Quelques flèches cassées avaient été jetées dans un buisson mais à part ça, il n’avait aucun indice quant à l’identité de leurs mystérieux agresseurs. Mel’Ermat, l’adolescent et son colonel sortirent de la zone pour retourner dans une partie de la forêt plus dégagée. Ses éclaireurs revinrent pratiquement en même temps quinze minutes plus tard.

-On a repéré quelques traces, dit l’un des groupes, mais elles se perdent rapidement près du fleuve.

Mel’Ermat s’en était douté. Il aurait été trop facile de les rattraper, même avec seulement quelques minutes de retard. Ils décidèrent de retourner au campement. Pas la peine de perdre plus de temps que nécessaire. Le soleil commençait à décliner et il avait faim.

-Colonel, nous ne resterons pas plus longtemps que nécessaire. Nous partirons demain avant l’aube.

Le concerné ne contesta pas et hocha la tête. Mel’Ermat ne savait toujours pas quel avait été le but de ces hommes mais il ne tenait pas à ce qu’ils soient parmi la population locale au plus près de lui. Mel’Ermat soupira : Lui qui pensait pouvoir se reposer pendant ce voyage…


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-= Inxi =-
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Coucou les enfants, voici la 'petite' suite ;)



Chapitre 5

Mel’Ermat se réveilla, dérangé par une sensation de froid. Il ouvrit péniblement les yeux vers l’extérieur de la tente et put voir qu’il faisait encore nuit, même si celle-ci commençait à s’éclaircir. Au bout du lit, la couverture était tombée et ses pieds étaient à l’air. Il se recroquevilla pour les faire rentrer au chaud et s’étira. Fermant les yeux, il savait pertinemment qu’il ne se rendormirait pas. Il tourna la tête vers l’entrée de sa tente partiellement ouverte. Il n’en était pas sûr mais l’humidité de la rivière semblait avoir recouvert la zone d’un léger brouillard. Il se frotta les yeux et s’assit sur le bord du lit. Pour une première nuit à l’extérieur, ça ne s’était pas trop mal passé. Il s’habilla rapidement et émergea dans son campement.

Effectivement, il devait y avoir encore une heure avant que l’aube ne se lève. Deux gardes tournèrent la tête dans sa direction et se remirent en poste la seconde d’après. Une partie du camp avait déjà été démontée dans le plus grand silence. Mel’Ermat ne savait pas quelle menace avait proféré son colonel mais les hommes gardaient un calme cérémonial. A côté de bûches gisaient sur un plateau de bois une dernière tranche de pain et du saucisson. Il avait toujours trouvé ça dur à avaler le matin mais il avait un goût odieux à se faire sortir de la bouche. Il s’assit pour déguster son repas tout en regardant d’un œil lointain la troupe s’activer. Le réveil n’était pas la partie qu’il préférait de la journée…

Une demi-heure plus tard, Mel’Ermat n’avait toujours pas l’impression d’être dans le bon monde. La nuit s’éclaircissait de plus en plus mais il était autant dans le brouillard que la région avoisinante. Le campement était démonté et seules quelques traces au sol prouvaient qu’ils avaient été là. Du dos de sa monture, Mel’Ermat donna l’ordre d’avancer. La colonne se mit sur un rythme plutôt tranquille et s’enfonça dans la forêt. Le bras droit du royaume de Mel avait bien en tête la typologie de la région. A part sur la fin du trajet, les arbres allaient être un spectacle plutôt régulier sur les deux semaines de chevauchée qu’ils avaient devant eux. Cela ne le dérangeait pas tant que ça sachant le plaisir qu’il avait à chasser. Par contre, il en fut vite las après la première semaine de voyage et encore pire en arrivant sur la fin.

D’après le colonel, ils n’avaient pas perdu de temps et ils avaient pratiquement gagné une demi-journée. A part des animaux et quelques voyageurs, ils n’avaient croisé personne. Par contre, depuis quelques jours, certains soldats avaient eu l’impression d’être suivis. Malgré les éclaireurs et les tentatives d’embuscade, ils ne surprirent rien. Visiblement, sa propre paranoïa avait fini par déteindre sur ses soldats qui imaginaient le mal partout. Ce jour-là, ils décidèrent de s’arrêter à une ville toute proche dont Mel’Ermat oublia le nom aussi vite qu’on le lui dit. C’était une ville de taille modeste qui n’avait pas mérité le fait qu’on l’inscrive sur les plus grandes cartes. Pour une fois, Mel’Ermat avait accepté que la troupe puisse dormir au chaud et profite d’un vrai repas. Pour se faire, l’intendant du royaume loua une entière taverne même s’il dut menacer le propriétaire qui ne voulait pas faire sortir certains clients. Ils finirent néanmoins par trouver un arrangement financier.

Le bâtiment s’étendait sur plusieurs étages et était d’un blanc laiteux assez original. Les bâtiments des alentours avaient choisi une couleur équivalente ce qui rendait le tout assez cotonneux. La pluie de la veille avait cependant rendu le sol boueux et le bas des murs était vraiment sale. Pourtant ce n’était rien à côté de formes que des individus avaient sûrement tenté de dessiner sur ces grandes ardoises blanches et vierges. Une jeune femme était d’ailleurs à l’œuvre sur un côté de la bâtisse et frottait avec conviction les marques de terre pour les faire partir. L’ensemble de la troupe fit le tour en direction de l’arrière cour. C’était une mince bande de route pavée qui donnait sur un large champ dans lequel était en train de paître des dizaines de chevaux. Le long des clôtures, une grange avait été bâtie. Laissant les hommes désignés s’occuper de l’organisation, Mel’Ermat sauta au sol et étira l’intégralité de ses muscles en grimaçant et gémissant. Une fois satisfait, il refit le tour de l’auberge car on ne pouvait entrer dans le bâtiment par l’arrière.

La première pièce était un hall d’entrée qui ressemblait à un vestiaire. Il y avait un comptoir derrière lequel une jeune femme bien vêtue se tenait et derrière laquelle se dressait une grande pièce où des dizaines de porte-manteaux attendaient d’être utilisés. Ces hommes se déshabillèrent avec plaisir mais gardèrent leurs armes à portée de main. La salle était vaste mais des espaces avaient été séparés par des cloisons de bois peintes arrivant à poitrine d’homme. On conduisit ces soldats de part et d’autres de la salle tandis qu’on le mit à une table seul. Le colonel passa au loin et Mel’Ermat l’apostropha. Hors de question qu’il mange tout seul. Le colonel ne semblait pas plus ravi mais ni l’un ni l’autre n’avait la force de se lancer dans une quelconque argumentation.

Le repas n’avait pas commencé qu’ils en virent à discuter du sujet qui revenait le plus souvent ces temps-ci : l’attaque à leur arrivée. Le chef de la sécurité n’avait toujours pas digéré le fait de n’avoir rien vu venir ni d’avoir une piste sur ceux qui avaient fait ça. Si Mel’Ermat l’avait écouté, ils seraient toujours là-bas à ratisser la forêt pour retrouver les agresseurs. Ils firent aussi le point sur la journée et sur les prochains jours. Ils n’étaient plus très loin des accès montagneux de la capitale de l’Empire et cela faisait une paire de journées qu’ils avançaient en direction de ces pics. On leur servit à manger et ils profitèrent de leur repas silencieusement en écoutant les bavardages des hommes qui ne montaient pas la garde. Il n’y avait pas de thème principal et cela parlait beaucoup de leur arrivée et des courses qu’on leur avait confiées. En effet, il n’était pas rare que ses soldats ramènent des produits rares de la Capitale pour leur famille ou pour des mandants. A ce que Mel’Ermat comprit, lorsqu’ils seraient enfin à l’Impériale, un marchand de tapis allait avoir de la visite tant plusieurs de ses soldats le citèrent.

Mel’Ermat se demandait si cela valait encore la peine d’aller en ville. Regardant dehors, il vit le jour qui commençait à décliner. Il soupira et conclut que ce n’était pas une bonne idée. Il ne connaissait pas le dirigeant de cette ville et Mel’Ermat n’avait pas à cœur de se faire une publicité. Si tôt qu’on saurait qui il était –et ça se saurait rapidement vu les soldats qui l’accompagnaient – on tenterait rapidement de l’inviter à toutes sortes de réceptions ennuyeuses où on essaierait de lui soutirer des faveurs. Mel’Ermat s’amusait d’habitude à ce genre d’exercices mais il n’avait vraiment pas de temps à perdre. Le bras droit se leva de la table et fit signe à un serveur de venir. Pour la première fois, il remarqua que ceux-ci étaient tous vêtus de blanc et semblaient très propres sur eux.

-Servez une tournée à mes hommes, lui demanda-t-il.

L’homme fit un signe de tête et partit vers la cuisine.

-Je monte dans ma chambre, dit-il à son colonel derrière lui. Nous partirons en début de matinée demain. Veillez à ce qu’ils soient capables de monter à cheval. Nous laisserons quiconque serait incapable de chevaucher.
-C’est noté, acquiesça l’homme.

Connaissant l’homme, Mel’Ermat savait qu’il ne tolérait encore moins d’écart que lui. Retournant dans le hall d’accueil, il se fit accompagner jusqu’à sa chambre. Cette dernière se trouvait au premier étage du bâtiment, au bout du couloir. C’était une chambre spacieuse qui comprenait un bain, deux lits, une commode, une armoire, une table, des chaises, trois fauteuils et un canapé. Le ton dominant était un blanc bleuté et Mel’Ermat trouvait ça assez reposant. Il posa son épée sur la table et jeta sa veste sur le canapé. Il s’approcha de l’une des deux fenêtres de la pièce et l’ouvrit en grand. Exposée au nord, la chambre était plutôt fraîche. Fenêtre ouverte, un peu d’air chaud parvenait à entrer. En dessous de lui, quatre gardes discutaient en surveillant les alentours. Il tira un fauteuil jusque là et s’assit.

-Je crève de faim ! déclara l’un d’eux.
-Moi aussi, grogna un autre. Je n’aurais jamais dû jouer ce tour de garde aux dés.
-Tu sais bien pourtant que ça triche beaucoup… fit une troisième voix.
-N’empêche que j’aurais bien aimé aller bouffer !
-Faisons ce qu’on a à faire et on mangera bien assez vite. Le soleil est presque en-dessous de l’horizon, on ne va plus y voir grand-chose.
-Tu crois vraiment qu’il y a quelque chose à craindre dans ce patelin ?
-Autant que quand on a débarqué, répondit un autre.

Il y eut un blanc.

-On vit quand même une sale époque.

Tous acquiescèrent.

-Il manquerait plus que la guerre…
-On va pas reparler de ça, dit un soldat, ce ne sont que des rumeurs. Les seules guerres qu’il y a sont au nord et priez de ne pas y aller faire vos armes.

Les régions du nord étaient en guerre permanentes. Non pas entre elles mais bien contre les peuples et les créatures qui vivaient par delà leurs frontières. Mel’Ermat n’avait pas oublié que deux fois à l’an, les royaumes envoyaient la moitié de leur armée en manœuvre sur place. Cela garantissait une sécurité à tous les royaumes sans qu’un seul n’ait à supporter le coût de cette défense.

-C’est bien ce qui est inquiétant, dit l’un d’eux. J’ai un ami qui vit au sud du royaume de Sustor. Il m’envoie régulièrement de la laine qu’ils font de là-bas. Il me jure que des choses mystérieuses se passent et qu’il n’est pas rare de voir des mouvements à la frontière. La région serait même sans nouvelle de quelques avant-postes.

Mel’Ermat ne pensait pas que ces rumeurs avaient autant affecté ses hommes. Il lui faudrait sûrement faire un discours pour recadrer leurs croyances.

-Il n’y a pas eu de guerres avec le sud depuis une centaine d’années. Et encore, ça n’était dû qu’à quelques tribus d’autochtones qui vivaient là. Pas de quoi s’inquiéter.

La voix s’éloigna. Les gardes commencèrent leur ronde autour de la maison si bien que Mel’Ermat n’entendit pas le reste de la conversation. Il resta néanmoins à la fenêtre, perdu dans ses propres pensées avant de s’endormir.

Il se réveilla naturellement en plein milieu de la nuit. Le fauteuil n’était au final pas très confortable et son corps lui faisait payer cher. Il se leva, s’étira et sentit avec satisfaction son corps craquer. N’étant encore qu’au printemps, il ferma la fenêtre. Dès que le soleil était couché, le froid s’emparait vite de l’air ambiant. Il regarda les torches de sa patrouille passer et alla s’allonger dans le lit pour s’endormir presque aussitôt.

Il fit un rêve étrange où il eut l’impression de flotter dans un monde bleuté où d’inquiétantes mains noires essayaient de l’attraper. Il n’en avait pas peur et ressentait une impression de quiétude reposante. Le rêve bascula ensuite dans un environnement rouge agressif où des ombres semblaient rires devant lui. Il se réveilla en sueur, il aurait dû laisser la fenêtre ouverte. Il repensa à ses bribes de rêve avant que le réveil ne les efface. Il ne parvint pas à décrypter ses songes ni pourquoi il avait pensé aux Ombres. Les Ombres étaient d’une race éteinte depuis des milliers d’années qui ne servaient qu’à faire peur aux enfants pour qu’ils s’endorment sagement le soir. Pendant les grandes guerres de la lumière, l’humanité avait pratiquement failli être détruite par ces monstres n’évoluant que dans les ombres de la lumière et contre qui les armes traditionnelles ne pouvaient rien. La plus grande bataille avait été gagnée à la faveur d’une éclipse une fin de journée pourtant ordinaire. Le fort vent avait rendu impossible le maintien d’une source lumineuse et la disparition soudaine de la lumière plongea le monde dans des ténèbres les plus opaques. Jamais de mémoire d’homme on ne connut une obscurité comme celle-ci. On raconte que certains perdirent la raison et que d’autres s’effondrèrent en pleurant ou en courant. On raconte par la suite que lorsqu’une des lunes rendit au soleil son rôle, l’armée des ombres avait disparu. Les théologiens ont beaucoup débattu sur ce qu’il s’était passé et la conclusion la plus courante avait été que dans le noir total, une ombre ne peut vivre car fondamentalement, pour exister, une ombre n’est créée qu’avec l’aide de la lumière. Cette conclusion devint même la fameuse expression religieuse ‘Rappelez-vous de ne pas avoir peur des ombres et du mal car ceux-ci ne sont qu’une facette de la lumière’.


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Hola !

Voici la suite ! Je mettrai bientôt un glossaire au début pour pas que vous soyez perdus avec les noms ! Enfin si ça vous intéresse :P






Mel’Ermat regarda à l’extérieur, le soleil devait être levé depuis une heure. Il n’avait de toute manière pas envie de se rendormir. Il n’avait d’ailleurs aucune motivation à continuer son rêve qui semblait aller en se transformant vers un cauchemar. Mel’Ermat se posa la question d’un bain puis l’éluda. Il n’avait pas particulièrement l’impression de sentir mauvais et il leur restait encore quelques jours de chevauchée. Une fois à la Capitale, il aurait le temps de s’occuper de lui. En déambulant dans les couloirs, le bras droit du roi n’eut pas l’impression qu’il restait grand monde dans le bâtiment. Les pièces du bas étaient tout aussi vides et la salle à manger l’était également. Les tables étaient sales et pleines de nourriture, preuve irréfutable qu’une troupe d’hommes étaient venue prendre son petit-déjeuner. La même table que la veille avait été laissée prête à son intention. Il y avait des tranches de pain, du beurre et du lait. Mel’Ermat passa son tour pour le lait dont il n’était pas fan mais se régala sur ses tartines. Le pain était vraiment bon. Le colonel Mel’Cari vient lui parler pendant son repas pour lui annoncer qu’ils étaient prêts à partir à tout moment et que le ravitaillement avait été fait. Mel’Ermat répondit qu’ils partiraient d’ici trente minutes. Il n’était pas particulièrement pressé de remonter à cheval, ses cuisses étaient endolories et il n’osait penser à son postérieur… A plus forte raison quand il pensait qu’ils allaient encore voyager un jour complet. La prochaine étape se situerait dans une ville à peine plus grande que celle-ci à plus de soixante-dix kilomètres de là.


Mel’Ermat le savait, il savait qu’il le savait et il se maudit d’avoir raison. Dès les premiers mètres que fit son cheval, les soubresauts de la route et les légers rebonds sur sa selle lui indiqua l’exacte position de ses courbatures. Il espéra pourtant que celles-ci allaient disparaître avec le temps mais ce n’en fut rien. Il dut admettre la vérité, il n’était pas fait pour le cheval. Ce fut avec une impatiente mal dissimulée qu’ils finirent par atteindre leur objectif une heure après la nuit tombée. Une des bêtes se blessa une patte et le soldat en question dut marcher jusqu’à ce qu’ils puissent trouver un animal de remplacement. Cela leur fit perdre assez de temps pour être en retard sur leur programme. La ville en question fut presque entendue avant d’être vue. C’était une commune d’une centaine de bâtiments dont l’implantation semblait être le fruit du hasard. La ville rayonnait littéralement et un halo jaune l’entourait. Mel’Ermat n’eut pas le temps de s’étonner d’une telle luminosité que de la musique et des rires parvinrent jusqu’à eux. Ses hommes s’éclairèrent brièvement puis les sourires s’effacèrent. Visiblement, aucune d’entre eux ne comptait profiter de la fête du village. Mel’Ermat appela Mel’Cari.

-Si on laissait les soldats s’amuser ce soir ?

Le colonel grogna. Il osait rarement contredire les avis de son supérieur mais il était évident que l’idée ne lui plaisait pas plus que ça. Mel’Ermat argumenta alors.

-A la Capitale, j’aurais sûrement besoin d’eux en permanence. Je n’ai pas vraiment envie qu’ils aient la tête à s’amuser. Je préférerai qu’ils se défoulent maintenant pour être prêts plus tard.
-Et ceux qui nous poursuivent ?

Mel’Ermat avait aussi cette impression mais force était de constater qu’il n’y avait personne.

-Je pense que c’est juste une méfiance mal placée, nous devrions profiter pendant que nous le pouvons encore. Tu feras passer le message une fois que nous serons installés. Je ne veux pas voir d’armes et pas de bagarres. Le moindre dérapage ne sera pas considéré individuel mais collectif. Ils feront donc mieux de se surveiller les uns les autres.

Le colonel acquiesça malgré lui. La chevauchée fut silencieuse jusqu’à la ville. Mel’Ermat prit plaisir à laisser ses hommes déprimer pour leur annoncer la bonne nouvelle. Cela aura le mérite de remotiver les troupes. Ses éclaireurs revinrent faire un rapport au colonel pour lui dire qu’ils avaient trouvé un établissement capable de les accueillir tous en périphérie sud de la ville, le centre étant difficilement accessible en ce jour de fête. C’était une grande taverne de bois qui, bien que moins élégante que la veille, offrait plus d’espace et plus de convivialité. Il y avait une grande grange annexe mais pas de champs où les animaux pouvaient paître. Le colonel appela ses hommes sévèrement lorsque tous eurent prit soin de leur monture. Ils se mirent en ligne face à eux tandis que Mel’Cari faisait des allers-retours devant eux.

-Je ne suis pas enthousiaste mais notre intendant vous laisse quartier libre pour ce soir.

Il parla plus fort alors qu’un murmure parcourut la troupe. Les cinq minutes suivantes furent consacrées à des menaces sur un manquement de comportement et sur le pourquoi du comment ils feraient mieux d’être responsables. La troupe s’éclata avec une énergie que personne n’aurait pu soupçonner après un tel voyage. Mel’Ermat vit passer beaucoup d’hommes qui allèrent se changer et lui lancèrent des merci ravis. A leur suite, il décida d’en faire de même et aller se détendre un peu. Il goûterait bien les spécialités locales pour vérifier si celles-ci parvenaient à anesthésier la douleur. Le bâtiment qu’il rejoignit était tout en bois et Mel’Ermat s’installa dans une chambre quelconque dont la fenêtre donnait vers l’intérieur de la ville. Les aides de camp déposèrent les malles et s’éclipsèrent pour se préparer eux-mêmes. Il enfila alors rapidement un ensemble noir qu’il avait fait faire sur mesure. Ce n’était pas des couleurs très joyeuses mais il se trouvait élégant ainsi vêtu.

Il sortit de l’auberge en espérant qu’il trouverait aussi à manger en ville. Ses soldats avaient de l’avance et il avait déjà vu leur capacité à engloutir. La quantité de nourriture qu’ils pouvaient avaler était terrifiante. Si ceux-ci se précipitaient dessus, il n’y aurait pas beaucoup de reste. Heureusement, la place du village où tout le monde s’était rassemblé avait été préparée en conséquence. Mel’Ermat était à l’orée de la foule et essayait de comprendre l’organisation des lieux. L’orchestre se situait à son exact opposé et avait été monté sur une estrade. En plissant les yeux, le bras droit de Mel’Placer était sûr que certains de ses hommes étaient là aussi à jouer de leurs instruments. Il commença alors à se frayer un chemin au milieu des convives et des tables. Cela bougeait énormément, autant les enfants que les adultes et on lui rentra plusieurs fois dedans. Il bouscula également au moins la moitié de la place, tant ceux qu’ils croisaient que ceux attablés. Heureusement de bonne humeur, personne ne lui en tint rigueur. Ses soldats étaient facilement reconnaissables car portaient tous leur livrée bleue aux armoiries du royaume. Certains discutaient entre eux, d’autres avaient déjà commencé à sympathiser avec les habitants tandis que certains s’étaient même mis à danser. Il localisa son colonel légèrement à l’écart qui regardait de tous les côtés d’un œil sévère. Il sourit et, tout en le rejoignant, se demandait s’il lui arrivait de se reposer.

-Bizarre de te voir sans ton armure et ton épée, commença Mel’Ermat.

Il grogna en réponse, trop concentré à surveiller pour se rendre compte qui était là. Il parut soudain réaliser et bafouilla.

-Oui, oui ! Je déteste ne pas l’avoir mais ça doit être l’habitude d’un vieux soldat.

Mel’Ermat ne dit rien, il devait sûrement avoir le même âge, la quarantaine passée.

-Je vous aurais pensé avec la bourgeoisie locale…
-J’y ai pensé, avoua Mel’Ermat, mais je vois pas dans ce remue ménage qui ils pourraient bien être.

L’autre acquiesça. Les chansons s’enchainaient les unes aux autres tandis la foule reprenait en cœur le refrain de celle-ci. C’était une chanson plutôt triste qui parlait d’un marin perdu en mer. L’air rapide et la mélodie simple faisait néanmoins en sorte qu’une fois en tête, on pouvait la fredonner des jours. Des jeunes femmes leur passèrent devant en souriant et Mel’Ermat leur rendit naturellement. Il reprit rapidement un masque sans expression, il ne voulait pas laisser croire qu’il aurait pu être infidèle. Il avait une femme et cela lui suffisait… Surtout quand on connaissait le pouvoir de manipulation de ces dernières.

Quatre hommes émergèrent de la foule pour se diriger vers eux. Ils sourirent mais Mel’Ermat les trouvait presque plus inquiétants qu’autre chose.

-Vous êtes l’envoyé de l’Empereur ? demanda l’un d’entre eux.

La bourgeoisie locale n’avait pas mis longtemps à le retrouver.

-C’est cela ! Et vous êtes ?

Sans avoir le temps de répondre, un des quatre hommes s’effondra. La surprise des deux groupes fut instantanée. Quand il toucha le sol, on vit nettement un carreau dépasser de son dos et la dague dans sa main. Les trois survivants prirent un air beaucoup plus menaçant et dégainèrent chacun une rapière sortie du néant. Sans hésiter, le colonel poussa son supérieur en arrière et s’interposa. Mel’Ermat vint heurter le mur d’une maison et s’affaissa à moitié. Désarmé, Mel’Cari ne pouvait pas lutter contre trois agresseurs. L’un d’entre eux le toucha et il s’effondra. Les trois se tournèrent vers lui. Heureusement, sorti des ombres, un groupe de soldats s’interposa et engagea le combat. Mel’Ermat les regarda repousser les attaquants jusqu’à la foule où, coincés, ils livrèrent leur dernière bataille. Se rendant compte du massacre, une femme hurla et immédiatement un demi-cercle surpris se forma. Les soldats restèrent face à la foule, scrutant le moindre visage. Mel’Ermat, remis de sa stupeur, alla voir son colonel qui s’était remis sur son séant. Il se tenait l’épaule où il semblait avoir été blessé.

-Ca va aller ? s’inquiéta Mel’Ermat.

L’homme hocha la tête en grimaçant.

-J’ai connu pire, minimisa-t-il alors que du sang coulait entre ses doigts.

Des soldats les rejoignaient et, bientôt, tous furent là. De nouveaux venus se frayèrent un chemin tout en injectives au travers de la foule. Ils s’arrêtèrent à la vue des cadavres.

-Je savais qu’ils étaient louches, cracha le premier d’entre eux.
-Soldat, déclara Mel’Ermat, emmenez le colonel se faire soigner.

L’homme tenta de protester mais le danger écarté, il se laissa faire. Finalement, le colonel n’avait pas dû donner congé à tous ses hommes et cela leur avait sûrement sauvé la vie. Contrairement à Mel’Ermat, il avait continué d’écouter son instinct qui lui murmurait au danger depuis qu’ils étaient descendus de bateau. Mel’Eclé, le plus jeune d’entre eux, se mit à ses côtés, arbalète au poing. Il devait avoir été le premier à tirer et à lui sauver la vie.

-Je suis désolé, seigneur, dit l’homme qui avait pesté. Je suis le maire et je suis navré de ça. J’avais pourtant bien demandé à ce qu’ils soient surveillés.

La garde arriva tandis que le maire jetait des regards aussi noirs que furieux à des hommes dans la foule qui devaient être ses subordonnés.

-Qui étaient-ils ? voulut savoir Mel’Ermat.
-Personne ne sait, ils sont arrivés tous les quatre il y a un jour de cela.
-Personne d’autre ?
-Non, je ne crois pas. Ils avaient chevauché depuis longtemps et n’avaient même plus de provision. Ils ne disposaient plus qu’un sac de toile pour dormir et voilà tout.

Cette attaque ressemblait beaucoup à une opération de la dernière chance. La foule commençait doucement à se remettre à d’autres activités tandis que les soldats locaux les dispersaient. La musique n’avait pas repris et il était sûr que la fête avait été gâchée. Seul l’alcool leur ferait oublier cette scène de carnage.

-Vous deux et toi, désigna Mel’Ermat en incluant Mel’Eclé. Allez voir leurs affaires si vous trouvez quoi que ce soit. Vous trois, idem sur les cadavres puis allez les jeter dans la nature. Toi et toi, je veux que vous trouviez le représentant des Messagers. Le reste, faites ce que vous voulez mais soyez prêts au lever du soleil.
-En attendant le Messager, si vous voulez vous joindre à ma table, proposa le maire de la ville.

Mel’Ermat accepta de bon cœur. Ce n’était pas la première fois qu’on tentait de le tuer mais ce n’était jamais une expérience qu’il était pressé de renouveler. Sans ses soldats, il n’aurait plus été de ce monde, complètement dépassé par le contexte. Autant son esprit réfléchissait vite, autant il n’était pas un guerrier et n’avait pas le réflexe de réagir dans une telle situation. On lui fit une place royale à table et lui apporta des couverts et une assiette propre, immédiatement suivis par une coupe de vin. La table accueillait dix convives dont une femme très discrète à un bout de table. Pendant qu’il se servait des morceaux de poulet, la conversation se lança naturellement sur cette attaque.

-Avez-vous une idée de ce qu’ils voulaient ? l’interrogea un homme. Il est risqué de s’en prendre au second du royaume.

Visiblement ses éclaireurs avaient contribué, en trouvant une auberge, à annoncer son arrivée. L’homme avait le nez fin autant que l’expression de son regard. Mel’Ermat aurait bien aimé savoir qui étaient ces gens autour de la table et quelle était leur fonction.

-Aucune, répondit Mel’Ermat en décidant de garder pour lui le fait que ce n’était pas la première tentative.

Il excluait le fait que ça soit pour l’or qu’ils avaient été agressés. Les hommes n’auraient pas cherché à l’abattre lui personnellement et auraient été plus nombreux. C’était donc une menace qui pesait sur sa tête. Les pistes étaient trop nombreuses pour que Mel’Ermat tente des conclusions sans avoir le rapport de ses militaires.

-C’est bien la première fois qu’il arrive quelque chose ici, mon époux, dit la femme en direction du maire.

L’homme ne put qu’être d’accord.

-J’espère que votre colonel s’en remettra, dit avec sympathie un des membres de la table alors que la musique reprenait tout doucement.

Mel’Ermat aussi, cet homme était inestimable. Un homme à long coiffe se présenta à la table et le bras droit du royaume s’excusa pour s’isoler.

-Vous m’avez fait mander, Sir ? demanda l’homme en tendant sa paume de main marquée par le symbole des Messagers.
-J’ai un message à faire envoyer à Mel’Placer.
-Quelles sont les caractéristiques ?
-Rapide, directe, confidentielle et de mémoire.

Cela voulait dire qu’il n’existerait pas de version papier et que si jamais l’homme était intercepté, personne ne saurait ce qu’il se passait. Les caractéristiques choisies étaient les plus chères mais il n’avait pas le choix.

-Je veux que vous trouviez le général Mel’Surika et que vous le mettiez en garde contre de possibles attaques contre sa personne. Dites-lui que nous avons subi deux attaques. De plus, j’aimerais des nouvelles du blé et de la fête. Il comprendra. Il vous paiera pour la course. Ah oui, conclut-il, et dites-lui de me faire envoyer Mel’Asté, s’il arrive à le trouver.

Mel’Ermat avait besoin de son maître espion. Le messager partit sur le champ. Lié par des vœux de confidentialité, ils avaient réputation de ne pas parler, même sous la torture et jouissaient de statut particulier dans les villes de tout l’Empire. Il retourna ensuite discuter avec les tenants de la ville.



Le réveil fut assez aisé. Même si la fête avait repris, ses hommes étaient restés méfiants malgré le danger écarté. Ils n’avaient pas aimé se faire surprendre et encore moins failli à leur mission. Si leur colonel n’était pas resté vigilant, ils auraient pu perdre leur commandant. Mel’Ermat ne s’était pas couché trop tôt non plus, coincé à la table du maire et de ses invités, ils avaient beaucoup discuté tout au long de la nuit. Il n’oublia pas Mel’Cari et se fit apporter des nouvelles jusqu’à ce que celui-ci se fût laisser soigner et s’endormit de fatigue. La géopolitique locale n’était guère palpitante mais Mel’Ermat s’étonnait toujours de voir comme chaque ville pouvait être différente et qu’elles n’avaient pas les mêmes préoccupations. Ici, à quelques jours de la Capitale, les problèmes tournaient autour de l’expansion croissante des gibiers qui détruisaient leurs cultures ainsi que par les visiteurs repartant de l’Impériale. En effet, cette dernière se situait entourée de montagnes et pour des raisons d’espace, n’avait pu devenir une grande métropole. Le pouvoir étant décentralisé, cela convenait d’ailleurs parfaitement aux rois de chaque royaume qui n’avaient pas envie de rester à l’année dans ce lieu. Comme, au final, ce n’était qu’un emplacement central géographiquement, les cavernes menant à l’Impériale servaient surtout de passage entre chaque région. Du fait, les gens de mauvaises intentions comme des meilleures étaient dans les environs. La conversation se termina alors par un jeu de faveurs où des demandes sous-entendues furent formulées et des propositions faites aussi bien en termes d’alliances, que de mariage avec son fils, que de traités commerciaux. Peu de propositions étaient vraiment intéressantes mais Mel’Ermat promit de se pencher dessus dès qu’il en aurait le temps. Pour l’instant, son but était de gagner le pouvoir de l’Empire pour son roi. Il reviendrait donc vers eux si bouger ces pions avaient un réel intérêt.

Après un copieux déjeuner offert par la ville en excuses de l’attaque qui avait eu lieu, la troupe se mit en route silencieusement et avec détermination.


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Hello boys and girls ;)

Voici la suite ! Y a encore des gens qui lisent ? Histoire que je sache que je ne poste pas que pour moi ;) ?

Chapitre 6

Les montagnes furent rapidement en vue mais les rejoindre fut bien plus long. Heureusement pour eux, ils évitèrent les pluies printanières et ne furent pas trempés du voyage. Mel’Ermat eut une fois de plus l’occasion de s’étonner du relief de cette partie du monde. Les montagnes entourant la Capitale étaient nettement visibles car les pics rocheux étaient de plusieurs kilomètres au-dessus des reliefs voisins. Mais le plus étrange était que ces hauts pics formaient un cercle à la manière d’une haute couronne posée sur le sol. Couronne dans laquelle se blottissait la Capitale. De là, de manière plus inégale et –avait-il envie de dire– normale, partaient des valons, falaises, des plateaux, des montées et des descentes. Un vrai paysage montagnard. Mel’Ermat était persuadé que cette disposition n’avait rien de naturelle et c’était d’autant plus vrai si l’on considérait la magie à l’œuvre dans les cavernes.

La ville était protégée par un puissant sortilège dont on avait perdu l’origine. Ce sort était aussi simple que puissant : Dans le réseau des grottes, des cavernes et des tunnels qui parcouraient la zone, le sort faisait se perdre toute personne indésirable. La seule manière de pouvoir se diriger jusqu’à la ville était de suivre les Guides. Les Guides étaient des personnes choisies – Les dieux seuls savaient comment – parmi les habitants des royaumes et qui venaient là, irrémédiablement attirés, pour servir de passeurs aux voyageurs. A chaque fois que l’un d’entre eux mourrait, un autre arrivait et le remplaçait sans que personne ne gère quoique ce soit. Cela faisait longtemps que les scientifiques, les religieux et tous les volontaires avaient cessé d’essayer de comprendre ce phénomène. Leur passeur fut un homme assez grand et corpulent mais plutôt silencieux. Il avait été prévenu de leur arrivée si bien qu’il ne posa pas de questions.

Le voyage nocturne et souterrain dura pratiquement deux journées mais Mel’Ermat eut l’impression que cela dura des semaines. Les torches dont ils disposaient parvenaient à peine à éclairer leur chemin et il était impossible après quelques minutes de comprendre le chemin qu’ils empruntaient. Cela perturbait Mel’Ermat qui se demandait comment les guides se débrouillaient. Il n’avait pas particulièrement peur du noir mais le clapotis de l’eau qui ricochait sur les parois, l’inquiétante absence de bruits autres que les leurs commençait à lui peser sur les nerfs. Les grands gouffres qu’ils traversaient lui donnaient le vertige et il se demandait s’il y avait vraiment un fond dans lequel même les sons disparaissaient. Ses hommes n’avaient pas été plus joyeux et eux qui discutaient sans cesse en marchant s’étaient tus et n’avaient repris leur bavardage qu’une fois le camp monté le long d’une paroi dans une grande caverne.
Là, ils remarquèrent qu’ils n’étaient pas seuls et que d’autres groupes de voyageurs avaient été réunis là. Mel’Ermat n’avait aucune idée de combien de guides hantaient ces cavernes. Le groupe le plus près d’eux se situait à deux cents mètres. C’était un charretier, son chariot et son animal. Le cheval ne semblait pas particulièrement inquiet de sa situation : ce n’était sûrement pas la première fois qu’il faisait le trajet. Cette nuit-là lui parut étrange comme à chaque fois qu’il dormait sous terre. Il eut d’abord d’énormes difficultés à trouver le sommeil du fait de ne pas avoir vu le soleil de la journée. Son corps était perturbé de cette perte de repère. Une fois endormi, il se réveilla plusieurs fois avec l’impression de n’avoir aucune idée d’où il se trouvait, ce qui était d’ailleurs le cas. Il fut donc soulagé de sortir de la caverne et de se faire éblouir par le jour alors même qu’il était à l’ombre. L’impression d’étouffé disparut bien vite et il sourit largement en regardant la Capitale.

Les grandes portes de fer qui barraient le tunnel étaient largement ouvertes et on pouvait voir de chaque côté deux groupes de soldats qui maintenaient une garde toute relative. Leur guide était reparti et d’autres voyageurs attendaient là que leurs yeux se réhabituent à la luminosité. Un silence révérenciel s’installa quand la troupe militaire passa mais les conversations reprirent tout aussi vite. Le bruit familier de la ville les agressa autant que les odeurs de nourriture. Les gens allaient et venaient et si ce n’était ces grands pics au-dessus d’eux, Mel’Ermat aurait pu se croire chez lui. Les premiers bâtiments se situaient immédiatement à la sortie du tunnel. Ces maisons, peu étendues mais tout en hauteur, était d’un blanc qui tirait vers le vert. C’était en grande faute à la situation géographique des lieux : le soleil ne brillait au-dessus d’eux qu’en milieu de matinée jusqu’au milieu d’après-midi. En hiver, saison qu’ils avaient laissé quelques mois auparavant, le soleil était tellement bas que les habitants des lieux ne devaient pas en voir la couleur. Les moisissures et la mousse se donnaient à cœur-joie de pousser sur ces grands pans vierges, tâchant de manière discrète les murs des édifices les moins entretenus.

Le cratère où s’était nichée la ville était nettement séparé en deux côtés. La partie face au nord, qui ne voyait jamais le soleil, où se trouvaient les bâtiments administratifs, et la partie sud, celle qui bénéficiait parfois de lumière, où se situaient les commerces et les habitations. Le dénivelé entre le centre des lieux et les parois des montagnes n’était pas très raide, exception faite de certains endroits, si bien que les constructions avaient poussé comme des champignons. Pour palier le manque de place, les architectes les plus talentueux avaient commencé à construire le long des parois verticales qui montaient en direction des pics et avaient le projet de créer un niveau artificiel au-dessus de la ville. Mel’Ermat en avait entendu parler depuis des années mais rien n’avait avancé depuis lors. De mémoire, c’était un problème de négociation entre les architectes et les magiciens sans qui le projet ne serait voué qu’à s’effondrer. Néanmoins, des maisons étaient déjà suspendues à la manière de ces abris pour oiseaux qu’on installait le long des troncs d’arbres. Ce relief intérieur avait quand même eu une influence sur l’organisation des rues. Ces dernières étaient toutes parallèles les unes aux autres du nord jusqu’au sud. Dans l’autre sens, on ne dénombrait que trois rues transversales principales qui n’étaient qu’autres que des escaliers pour deux d’entres elles et une rampe géante pour la dernière. Cela permettait ainsi aux chariots, qui ne pouvaient pas prendre les escaliers pour changer de rues, d’avoir leur lieu de passage. Mel’Placer avait acheté une résidence contre une paroi face au sud afin de bénéficier d’un éclairage optimal. Mel’Ermat n’avait rien dit concernant un choix sensé mais qui les obligeait à traverser la ville de part en part.

Mel’Ermat trouvait encore la ville assez inactive. En effet, les périodes d’élection voyaient un grand nombre d’arrivées et la population de la ville pouvait être multipliée par dix. Dans ces moments, le bras droit du royaume avait l’impression qu’ils se marchaient tous les uns sur les autres. La circulation devenait même réglementée et les chevaux et chariots ne pouvaient plus circuler entre neuf heures du matin et huit heures du soir. Pour l’instant il était encore tôt et les élections n’auraient lieu que dans quelques semaines, largement le temps de s’organiser. Il leur fallut pratiquement quarante-cinq minutes pour arriver jusqu’à la villa. En temps normal, porté par un bon rythme, il ne fallait qu’une trentaine de minutes mais le plaisir d’être à l’air libre les avait ralentis. Le trou de la Capitale n’était pas si grande remarqua Mel’Ermat. Sans obstacle, il aurait fallu une heure et demie pour en faire le tour complet.

La résidence du roi de Mel était de façade semi-circulaire encadrée par deux tours. Le portail d’entrée était forme par une herse, à l’heure actuelle remontée, et de portes en bois massives. Mel’Ermat avait fait confectionner ces portes spécialement par un artisan de chez eux. L’homme avait été plus qu’heureux d’aider sachant que la facture représentait un an de travail pour lui. En dehors des maisons perchoirs, c’était une des plus hautes des environs mais pas l’une des plus grandes. Elle devait être de huit cents mètres carrés répartis sur sept étages. Il y avait dans l’arrière-cour un autre bâtiment tout en longueur qui servait de quartiers à ses soldats auquel se joindraient plus tard ceux de Mel’Placer. Il y avait aussi dans la cour intérieure un puits et une petite écurie encadrée par quelques arbres.

Plusieurs personnes attendaient dans la cour et vinrent à leur rencontre. C’était les serviteurs qui avaient été désignés pour passer l’année dans cette bâtisse afin de la maintenir bien entretenue. Mel’Ermat n’avait jamais vraiment été pour. La maison n’était occupée que deux mois par an ce qui leur laissait dix mois pour se tourner les pouces aux frais du royaume. Malheureusement, il n’avait jamais réussi à faire entendre raison à son roi là-dessus. Ils avaient au moins le mérite de bien faire leur travail car la cour était impeccablement rangée et les massifs floraux comme les arbres étaient coupés de frais. L’intendant en interpella un :

-Il faudra aller m’acheter du vin au miel, j’en aurais bien besoin.

Cette boisson était une véritable obsession pour Mel’Ermat qui n’en trouvait que lors de ses venues à la Capitale. Elle était faite par un producteur local qui n’en faisait même pas assez pour qu’il puisse s’en faire des réserves. C’était d’ailleurs fort dommage.

-Quand tu reviendras, tu iras avec quelques autres de tes collègues regarder quels dirigeants sont en ville et où ils sont.

Mel’Ermat avait besoin de ces informations le temps que son maître espion revienne. Son réseau allait devenir indispensable. Il hésita à le faire rechercher mais il se dit que le jour où il serait en ville, ce dernier le trouverait bien avant que quiconque sache qu’il était dans les parages. Il fallait juste prendre son mal en patience. Chose qu’il avait quand même du mal à faire. Les serviteurs étaient un moyen alternatif mais peu fiable. En effet, ils ne pouvaient pas être utilisés en filature car ils se connaissaient les uns les autres, même de maisonnées différentes. De plus, ils ne remarqueraient même pas être eux-mêmes espionnés et Mel’Ermat était sûr que c’était le cas. Pour les missions les plus délicates, il aurait besoin de professionnels.


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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Ci-joint la suite ! Plus long mais j'ai rien posté la semaine dernière ;)



Il entra dans la résidence tandis que ses soldats se dirigeaient vers leur bâtiment sous la surveillance étroite de Mel’Cari, le bras en écharpe. Le hall d’entrée était vraiment massif et avait été décoré par des statues des anciens rois dans des poses plus inspirées les unes que les autres. C’était des statues de bronze de plusieurs mètres de haut qui empêchaient d’avoir une idée réelle de la taille de la pièce. De celle-ci s’étendaient deux couloirs divergents l’un de l’autre. Ils menaient toutefois sur une même pièce, un salon, construit en losange. Le lieu se composait exclusivement de coussins, de banquettes, de chaises et de canapés. On l’utilisait d’ailleurs plutôt comme salle d’attente. A gauche se situait l’escalier de pierre qui montait à travers la maison et de l’autre se situait quelques pièces où dormaient certains serviteurs, une cuisine et un débarras. Mel’Ermat ne perdit pas de temps et grimpa dans les étages.

Il se souvenait qu’il était pénible de gravir les six étages menant à son appartement mais la réalité était encore plus fatigante. Mel’Ermat sentait que le manque d’activités physiques lui pesait sur le cœur. Malheureusement, il n’avait pas vraiment le temps d’y remédier. Arrivé sur l’avant-dernier étage –le dernier étant occupé par le roi – il s’engouffra dans les couloirs jusqu’à la chambre à coucher. Là, il défit ses affaires, chausses et vestes pour ne rester qu’avec un haut à manches courtes et un pantalon. Il se sentit tout de suite mieux. Mel’Ermat n’avait jamais supporté être trop habillé et enlevait des couches volontiers quand l’occasion le permettait. Mel’Cari le rejoignit après s’être annoncé depuis les escaliers. Il ne sembla pas avoir été affecté par la montée des marches. Ils s’installèrent dans un salon d’une cinquantaine de mètres carrés pourvu d’une grande table, de deux commodes et deux fauteuils encadrant une peau d’ours. Cette salle avait vu plus d’entretiens qu’il ne pouvait s’en souvenir. Lorsque les rois discutaient politiques globales à l’étage du dessus, c’était ici qu’on prenait les décisions qui changeaient le quotidien des gens.

-J’ai commencé à faire monter l’or.

Mel’Ermat acquiesça. Le colonel et lui-même avaient mis au point un stratagème pour protéger les richesses du royaume. En effet, les appartements de l’intendance comme du roi disposant d’une pièce secrète et de nombreuses caches, il avait été décidé de dissimuler l’or à cet étage puis de redescendre les coffres avec des lests pour qu’ils soient surveillés à la caserne. Si un vol se prévoyait, ce stratagème permettrait au moins de berner une fois les brigands. Les coffres décorèrent rapidement son étage et il lui fallut, avec l’aide de Mel’Cari, pratiquement tout le reste de l’après-midi pour les vider un par un. Avec son bras en écharpe, Mel’Cari avait du mal à suivre la cadence. Vider n’étant qu’un début, il leur fallut ensuite les lester pour donner le change puis les redescendre. Il ne pouvait se faire aider car les soldats auraient vite remarqué que le cliquetis des pièces avait disparu lors de la manipulation des coffres. Finalement, ils firent évacuer la maison et laissèrent rouler les coffres vides dans les escaliers plutôt que de descendre sept étages surchargés. Ils attrapèrent ensuite leurs sacs de poids et remplirent les malles unes par unes au rez-de-chaussée.

Au fur et à mesure de leurs trajets, ils virent que les esclaves étaient revenus de leurs diverses missions et qu’ils attendaient de pouvoir accéder à la maison. Mel’Ermat leur conseilla d’aller en ville s’occuper le temps qu’ils finissent leur travail. Ils revinrent néanmoins largement avant la fin, n’osant protester que le manège des deux leur faisait prendre du retard sur l’organisation de leur journée. Les soldats non plus ne firent pas de remarques quant à leurs chefs s’attelant à cette base besogne alors qu’ils avaient été en charge du trésor royal tout le trajet. Mel’Ermat se dit alors que, au moins, s’il venait à se dépenser tout cet argent et que le royaume serait au bord de la faillite, ils n’auraient pas à tout préparer en sens inverse pour le voyage de retour.

Après son dernier aller-retour entre la maison et l’ersatz de salle au trésor dans le bâtiment des gardes, Mel’Ermat fit signe aux esclaves qu’il avait envoyés en ville de venir le voir. Ce n’était pas la peine de les recevoir un par un puisqu’ils allaient, si ce n’était pas déjà fait, de toute manière en parler entre eux. Ils se rassemblèrent dans le salon accueil. Dans cette fameuse salle en forme de losange, Mel’Ermat se mit dos à l’âtre ponctuant un des coins extrêmes de la pièce tandis que les serviteurs faisaient leur rapport.

-Pour ma part, je suis allé au château de Terra, il y avait les serviteurs habituels ainsi que quelques gardes mais personne ne semble être arrivé. En discutant un peu, j’ai appris que le roi n’avait même pas encore pris la décision quant à son arrivée.

L’homme qui avait parlé était un gaillard bronzé aux cheveux courts qui se tenait droit et qui fixait Mel’Ermat dans les yeux. Plein d’assurance pour un serviteur, nota-t-il.

-C’est la même chose pour l’ancien monastère de Ostel, personne encore en vue et je n’ai même pas pu savoir s’il y avait de l’activité à l’intérieur ni quand quelqu’un comptait arriver.

C’était une femme nerveuse qui avait pris la parole. Au contraire de son ami, elle n’avait pas lâché le sol de toute sa tirade. Mel’Ermat s’étonnait néanmoins de ces nouvelles. Avec le retrait de la course au titre suprême de Regut, il se serait attendu à ce que les royaumes se mettent sérieusement sur la brèche mais personne ne semblait s’y intéresser cette année. On avait même l’impression que certains venaient même à contrecœur.

-Pour le royaume de Kator et du roi Regut, tout le monde est là, j’en suis sûr, dit un jeune homme aux cheveux courts qui ressemblait au premier sans son insolente assurance. Il y a beaucoup de gardes autour de la résidence mais, même sans ça, ça fait plusieurs jours que tout le monde en ville parle de son arrivée. Et surtout des disparitions même si personne sait vraiment si ça a un lien.

L’homme se tut et déglutit. Même si tout le monde émettait les légendes les plus folles sur le comportement du roi de Kator, il était malvenu d’en faire part à un autre représentant de royaume. Ils auraient pu être amis pour ce qu’en savait le serviteur. Mel’Ermat ne lui en tint pas rigueur car il pensait la même chose, pourtant il se garda bien de lui dire. Que son impertinence lui serve de leçon. L’homme changea habilement ses pensées.

-Par contre, il multiplie les soirées et les rencontres dans la journée. Il n’y en a même une ce soir organisée à sa résidence.

C’était le monde à l’envers. Pourquoi cet homme qui prétendait ne pas clamer le trône s’entourait autant ? Mel’Ermat détestait ne pas savoir.

-Pour ce qui est du royaume de Sustor, il n’y a personne non plus mais c’est parce qu’ils sont tous en train de préparer la grande fête. Ils viendront sûrement une fois celle-ci finie. J’ai appris que le roi de Sustor lui-même y assisterait, dit une femme d’âge mur aux cheveux tirant vers le blanc.
-C’est vrai, ajouta une autre comme si Mel’Ermat avait besoin qu’on le lui confirme, par contre l’intendant du royaume est ici sur place.

Mel’Ermat avait beaucoup connu le prédécesseur de l’intendant de Terra mais celui-ci avait quitté son poste à cause d’une grave maladie. Depuis il avait juste entendu dire que le nouveau était quelqu’un de très conservateur et avec très peu d’imagination.

-Je me suis occupée du royaume de Syrarture et ils sont tous là également mais visiblement ils ne quittent que très peu leur manoir. Je suis allée faire un tour du côté des guildes et il y avait énormément de monde donc je pense qu’ils sont tous là également.

La femme qui avait parlé était vraiment âgée et Mel’Ermat essaya d’imaginer si elle était aussi vieille qu’elle en avait l’air. Il les congédia avec un remerciement et se tourna face au feu, les mains croisées dans le dos. Il lui faudrait rapidement rencontrer les alliés historiques de Mel’Placer et s’assurer de leur soutien. Les seigneurs devaient être en ville et il irait les voir. Il aurait ensuite besoin de ses espions pour faire la différence entre les seigneurs indécis et ceux qui voteraient pour les autres rois. Il avait quand même de nombreuses visites en perspectives et son chef-espion, Mel’Astré, devrait être prévenu rapidement. La soirée commençait à s’installer et Mel’Ermat préféra se rendre dans sa chambre pour y prendre son repas et sa traditionnelle chope de vin au miel. Il était pratiquement tout seul à vivre dans la maison mais quand Mel’Placer arriverait cela changerait et le calme ne serait qu’une utopie. En attendant l’heure de manger, il s’allongea sur une chaise longue, se cala un coussin sous la tête et se mit à lire.


Le programme du lendemain matin fut d’aller en ville s’aérer les esprits. Il travaillerait à un plan à partir du jour suivant. La soirée organisée par Regut rassemblerait sûrement du monde et bien que n’étant pas sur la liste d’invitation, il comptait bien y aller. Personne ne ferait l’erreur diplomatique de lui interdire l’accès. Mel’Ermat ne partit pas forcément tôt de la villa sachant qu’il n’avait rien de particulier à faire si ce n’était se promener et fouiner. Il refusa au colonel toute escorte. De toute manière, l’homme étant têtu, Mel’Ermat était persuadé que des hommes le suivraient ou tout du moins marcheraient, au hasard, dans les mêmes directions que lui. Le second du royaume trouva Mel’Cari plus en forme que la veille et il sembla avoir attrapé un tic qui le faisait se tortiller comme s’il essayait d’enlever l’écharpe à son bras qui devait le gêner. Un médecin leur avait dit que la blessure était profonde mais ne semblait avoir ni trop touché le muscle ni avoir touché une partie sensible du bras. Il lui fallait juste du repos le temps que tout se referme. Abandonnant son colonel à la gestion de ses troupes, Mel’Ermat fit lever la herse et ouvrir les portes de bois pour plonger dans la ville.

Cette partie-ci de l’Impériale appartenant plutôt aux classes aisées, on n’y relevait que très peu d’activité. A vrai dire, Mel’Ermat n’aurait croisé personne si ce n’était deux enfants qui coururent en sens inverse. Ils le surprirent tellement qu’il en mit la main sur son épée. Cela ne traumatisa pas plus que ça les bambins qui ne lui jetèrent même pas en regard et continuèrent leur course effrénée en riant. Les tentatives d’assassinat ne choquaient pas l’intendant du royaume mais avaient pour conséquence de le rendre un peu paranoïaque les jours qui suivaient. Il fallut quelques minutes pour tomber sur les premiers commerces. L’activité n’était pas débordante ce qui confirmait que nombre de rois, leurs suites et mêmes les populations concernées, n’était pas dans les parages. Il y avait là un cordonnier qui semblait s’inventer du travail, un boucher qui guettait les clients et un serrurier qui surveillait le ravalement de sa façade. Un long filet de protection avait été tendu afin d’éviter que des morceaux de murs ne tombent sur les passants.

Cela faisait quelques temps que Mel’Ermat n’était pas venu à la Capitale mais il s’étonnait toujours de la pénombre dans laquelle ils vivaient. C’était le début de l’été et pourtant les rayons ne toucheraient la ville qu’en milieu d’après-midi. Il plaignait sincèrement les gens qui vivaient ici à l’année. Les pics faisaient menaçants au-dessus d’eux et il s’était toujours posé la question de savoir ce qu’il se passerait si l’un d’eux s’effondrait sur la ville. C’était un peu morbide comme pensée, songea-t-il, car rien ne laissait présager que ces pics là depuis des milliers d’années puissent avoir une quelconque fragilité. A l’angle d’un carrefour, Mel’Ermat regarda une affiche qui avait été placardée là. C’était à propos d’une personne disparue et on y retrouvait là une sommaire description et que tout renseignement serait récompensé. Mel’Ermat se demandait soudain la charge de travail que représenterait une ville comme celle-ci. Il était évident que si Mel’Placer était couronné Empereur pour les années à venir, ça allait être à lui que reviendrait la charge de gérer la partie administrative de la cité. Il avait du mal déjà avec leur royaume alors y rajouter une des villes les plus compliquées de l’Empire… Lui qui s’était juré de commencer à lever le pied, voilà que de nouvelles nuits blanches se profilaient. En regardant autour de lui, il vit que la population avait commencé à se densifier. Les gens passaient en groupe ou seul, chargés ou pressés, mais tous sans aucune envie de s’occuper de son plus proche voisin. Mel’Placer reprit sa promenade à un rythme plutôt soutenu afin d’éviter de se faire bousculer. Quand cela se produisait, c’était en général suivi de soupirs et de ronchonnements. Heureusement pour ces badauds qu’il n’était pas un seigneur à l’orgueil démesuré, il les aurait déjà fait fouetter pour moins que ça dans le cas contraire.

Arrivé au carrefour suivant, il dut se résigner à faire demi-tour. Des gardes avaient bouclé les lieux car une manifestation religieuse allait emprunter cette voie. Un des soldats lui dit qu’il ne craignait pas vraiment de débordement mais ils ne pouvaient pas prendre le risque que les esprits ne s’échauffent. Il reprit une marche plus rapprochée des parois en lorgnant d’un œil inquiet les maisons en nids d’oiseau qu’on aurait dit prêtes à tomber. Ce fut à ce moment qu’il aperçut les soldats qui le suivaient. Les pauvres ne s’étaient pas attendus à ce qu’il fasse brusquement demi-tour et ils n’eurent pas le temps de faire semblant qu’ils étaient là pour autre chose. Mel’Ermat avait eu raison, Mel’Cari ne l’aurait jamais laissé aller en ville sans protection, surtout après les tentatives de meurtre. En passant, il leur fit un clin d’œil et reprit sa marche. Ils avaient l’avantage d’être plutôt discrets si bien que l’intendant n’avait pas l’impression d’être emprisonné. A force de déambuler, il finit par croiser une librairie. Il ne prenait pas particulièrement de plaisir à y passer du temps mais il se serait bien acheté quelques livres supplémentaires. La boutique était vraiment bien ordonnée, loin de ressembler à la librairie de sa ville natale qui semblait avoir été construite avec les livres eux-mêmes. Ici, chaque ouvrage était classé dans une armoire, rien ne traînait par terre. Mel’Ermat choisit donc un ouvrage historique sur une ancienne guerre qu’il n’avait jamais eu le loisir d’étudier et un livre d’histoire contemporain sur l’amour impossible de deux protagonistes. Il continua de flâner et entra plus tard dans un magasin d’armes et d’armures. Il n’était pas trop penché sur l’art du combat mais il aimait quand même bien regarder ce qu’il se faisait. Le vendeur tenta bien de lui vendre une armure mais Mel’Ermat le congédia rapidement. Il ne supportait pas les manières commerciales des vendeurs. Le magasin sentait le fer et le vinaigre, utilisé pour nettoyer la crasse des armes. C’était la première fois que Mel’Ermat voyait une partie d’un magasin dédié à l’occasion. Il se demanda alors quelle confiance on pouvait apporter à une arme, ou armure, qui avait failli à son prédécesseur. Il se dit par la suite que cela pouvait être aussi des objets vendus par leurs propriétaires et donc peut-être plus fiable que ce qu’il pensait. Il ressortit sans rien acheter, l’armurerie royale étant de meilleure facture et surtout gratuite pour lui.

Son arrêt suivant se produisit à la guilde des ingénieurs. Il avait toujours été féru de technologies et bien que le siège central et les laboratoires de recherche se situent dans les montagnes à l’est, il y avait ici un centre d’exhibition où l’on pouvait approcher les dernières nouveautés à sortir. On suivait un parcours guidé au travers d’un grand entrepôt où des représentants de chaque peuple et de toutes les régions engrangeaient les commandes sur leurs produits. Mel’Ermat parcourut, à grands regrets, l’endroit assez vite. Le royaume avait investi dans une hypothétique plus-value sur le blé et il ne pouvait pas acheter ce qu’on lui proposa. Il n’y avait pas de représentants du royaume de Mel et l’intendant se demanda bien où ils étaient et ce qu’ils pouvaient bien préparer. L’alcool qu’il avait créé était une source de revenus non-négligeable et Mel’Ermat aurait bien aimé compter sur d’autres ressources. Sa curiosité n’alla, durant sa visite, pas à un objet ou à une création mais plutôt à une créature. Les représentants des Quatres races n’étaient pas vraiment en voie d’extinction mais on ne pouvait pas non plus se vanter d’en voir tous les jours. Dans le royaume, on trouvait à l’est dans les montagnes ceux de la Terre et un peu partout ceux de l’Eau. Plus discrets étaient ceux de l’Air à l’abri dans leur royaume nuageux et encore plus rares ceux du Feu. Pourtant c’était bien un groupe d’entre eux qu’il croisa. Mel’Ermat avait déjà vu des peintures montrant de grandes batailles où des silhouettes enflammées avaient contribué à des victoires épiques. Mais, à l’heure actuelle, ils ressemblaient plutôt à des hommes qu’on aurait recouverts d’une fine couche de boue à la nuance près, qu’au niveau des articulations et du visage, on voyait des fissures d’où provenait une couleur flamme. Mel’Ermat avait toujours pensé qu’ils ressemblaient à de grandes braises humanoïdes.

Mis en appétit par autant de pensées, il décida de rejoindre un restaurant tenu par un ancien ami à lui de l’époque où il avait fait un séjour dans l’armée. C’était très proche de là et il ne mit pas longtemps pour y aller. L’homme n’avait pas voulu se lancer dans le contexte de taverne classique et avait créé quelque chose de plus intime où on y allait pour parler affaires. C’était silencieux, bien entretenu et en plus on y mangeait bien. La façade, ouverte par de nombreuses fenêtres laissait passer beaucoup de lumière et c’était avec ce naturel qu’il l’avait baptisée « au soleil montant ». Effectivement, c’était en début d’après-midi que le soleil dispensait le plus de clarté sur le bâtiment. La première pièce à laquelle on accédait était un vestibule assez grand pour qu’une dizaine de personnes puisse parler sans se gêner. Il n’y avait qu’une sorte de piédestal derrière lequel se tenait un serveur qui tournait les pages d’un gros livre. En le voyant entrer, il le claqua et se mit au garde-à-vous. Mel’Ermat ne voyait pas d’autres images pour décrire son attitude.

-En quoi puis-je vous aider, Monsieur ? commença-t-il, poli.

Le garçon ne devait pas avoir plus de vingt ans mais il semblait prendre son rôle très à cœur. Il avait encore le visage marqué par l’adolescence et une petite raie propre sur le côté qui lui fit réprimer un sourire. De plus, il était rare que l’on donne du Monsieur à l’intendant d’un des royaumes de l’Empire. En général, on l’appelait plutôt Monseigneur. Pourtant il était vrai que sa tenue plutôt classique et le manque de bijoux ostentatoires pouvaient induire en erreur. Il ne le corrigea pourtant pas.

-Je viens voir un ami, répondit-il et manger un peu.
-Bien, fit le jeune homme, nous n’avons que l’embarras du choix mais il faut savoir que d’ici le déjeuner, la salle a été réservée.
-Je serais parti avant, rétorqua Mel’Ermat en hochant la tête.
-Suivez-moi, termina l’autre en penchant à peine le torse.

La salle suivante était l’une des quatre salles à manger. En réalité, il n’y en avait même qu’une, mais des cloisons mobiles s’enlevaient et se disposaient à convenance afin de transformer l’espace en un lieu modulable. Pour l’instant, et chose qui était plutôt rare, il n’y avait qu’une grande salle. Cela remontait à des années sans que Mel’Ermat ait plus l’admirer dans son ensemble. Mais la vérité était qu’il n’y était jamais allé de si bonne heure. Son ami n’était pas là lorsqu’il entra mais apparut juste après, au moment où l’intendant allait s’asseoir.

-Mel’Ermat ! rugit l’autre. Déjà six mois ont passé ? s’étonna-t-il.

La dernière fois qu’ils s’étaient vus remontait au début de l’année à l’enterrement de l’une de leur connaissance.

-Le temps passe vite ! acquiesça-t-il. Je suis en ville pour quelques temps et je me suis dit que j’allais venir te saluer.

Les deux hommes se serrèrent la main et le jeune serveur ne sut plus où se mettre. Daros le congédia d’un mouvement de main.

-Je n’ai pas bien le temps de discuter, je dois préparer une grosse réception à midi mais nous devons avoir des choses à nous dire !

Mel’Ermat ne pouvait le nier. Daros était son aîné d’une dizaine d’années et pourtant le temps semblait l’avoir épargné. Il était fin, chose plutôt rare dans sa profession et avait toujours un sourire sur les lèvres. Son tablier blanc était immaculé si ce n’était quelques tâches d’eau qui en assombrissaient le bas. De plus, outre le fait que Daros était un ami, c’était aussi une précieuse source d’informations qui vendait ce qu’il entendait durant les repas. Heureusement pour sa réputation, rare était ceux à qui il proposait ses services. Mel’Ermat se plaisait à croire qu’il était même le seul.

-Oui, oui ! Ne t’inquiète pas, le rassura Mel’Ermat. Vaque à tes occupations, on parlera plus tard. Je prendrai juste un petit-déjeuner.

L’homme hocha la tête et partit en cuisine tandis que le bras droit de Mel’Placer partit s’asseoir dans un coin sombre de la pièce. Il aurait pu changer de place vu que la seule activité qui le dérangea fut celle de serveurs passant de temps en temps rajouter quelques couverts. Ils devaient tous être en train de s’activer en cuisine. Preuve était qu’il fut rapidement servi. Ce matin, au menu, il y avait des haricots blancs, du pain et du lard. Mel’Ermat n’était pas adepte d’une cuisine grasse au réveil mais la cuisine de son ami était tellement bonne qu’il ne résista pas longtemps et engloutit son plat jusqu’à en saucer l’assiette. Ce n’était pas très élégant mais tellement bon…

A la fin de son repas, il attendit quelques minutes tant pour digérer que pour s’excuser auprès de son ami de sa nécessité de s’en aller. Celui-ci ne revenant pas et n’osant pas aller fouiller les locaux, Mel’Ermat se leva de table et après un signe de tête au jeune de l’entrée, quitta l’édifice. Il avait encore plusieurs heures avant de devoir se préparer pour la soirée. Il faillit aller faire quelques courses pour se trouver d’autres habits puis se ravisa. Il était persuadé qu’il pourrait mieux utiliser son temps. Mel’Ermat se rendit compte, comme à chaque fois qu’il venait à la capitale, que loin de sa cité et des problèmes qu’il devait gérer, il avait beaucoup trop de temps pour lui et ne savait quoi faire. N’ayant jamais eu de temps libre, il ne savait pas ce que les gens faisaient pour s’occuper. Il aimait bien la chasse mais vu la localisation de la ville, il n’était pas sûr que cette activité était vraiment florissante ici.

Il décida d’aller plutôt vers le forum. C’était une vieille –sinon la plus vieille– place de la ville. Elle datait d’une époque que tous avaient oublié et se rencontraient là tous ceux qui avaient quelque chose à échanger. La place était majoritairement faite de pierres blanches, de marbres et d’anciennes grandes colonnes dont aucune ne pouvait encore se vanter d’être en bon état. Mel’Ermat s’engagea sur la place en empruntant une légère décente, l’endroit se trouvant dans un léger creux, en se réjouissant du peu d’activité. C’était tout relatif puisqu’il y avait là quand même plus d’une centaine de personnes ce qui constituait quand même quelque chose d’assez conséquent. Pourtant, à ces plus grandes heures de gloire ou quand la ville était remplie –ce qui serait le cas bientôt–, on avançait au coude-à-coude et on dénombrait alors plusieurs milliers de personnes. Mel’Ermat fit un tour afin de voir comment se comportait le cours du blé. Pour l’instant, les prix étaient plutôt stables et l’intendant se demandait si les récoltes avaient vraiment été aussi mauvaises. Il avait passé des ordres d’achat du blé uniquement dans les régions dans lesquelles on s’attendait à de bonnes moissons, si d’autres avaient finalement fait des récoltes miraculeuses… Il allait se trouver en possession d’une énorme quantité de nourriture qu’il devrait vendre au même tarif que les autres alors que son plan à lui était de faire la loi sur le marché.

En tout cas, Mel’Ermat se réjouit de voir que les échanges se portaient néanmoins bien et que, comme d’habitude, on pouvait acquérir ce qu’on voulait… à condition d’y mettre le prix. Mel’Ermat n’avait pas connaissance de denrées interdites à la vente. On pouvait donc facilement se procurer armes, poisons et esclaves bien que le commerce de ce dernier commençait à décliner. Néanmoins l’acheteur devait se faire enregistrer auprès du bureau de gardes afin que l’achat d’un produit de catégorie « dangereux » lui puisse être remis. Mel’Ermat ne trouva rien qui lui fasse envie, ni pour lui, ni pour son royaume et ni sur le forum ni dans les magasins des rues avoisinantes. Comme cette visite lui coûta deux heures de son temps, il décida de retourner à la villa. Il allait être dans les environs pour au moins un mois, il aurait largement le temps d’aller faire ce qu’il avait prévu un autre jour.





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Hola tout le monde !


Ok parfait ! Pas inutile du tout, ça montre juste que je poste pas pour moi même ! Rien que ça, ça motive à avancer, juste que je sache que des gens sont dans les parages, même pas besoin de com ;)

Donc là on arrive au moment où les choses commencent à s'accélerer, pour l'instant, ça a été beaucoup politique mais les choses sont sur le point de changer.

Chapitre 7


Mel’Ermat tourna sur lui-même, se fixa devant le miroir et tira sur les coins de sa tunique. Il était un éternel insatisfait mais décida que son allure suffirait. Il portait des chausses noires par-dessus lesquelles il avait enfilé une tunique verte plutôt claire qui se terminait aux extrémités par de la dentelle. Il portait également un collier qu’il ne mettait que pendant les cérémonies officielles qui se caractérisait par une chaîne couleur or tenant un soleil s’enroulant autour d’un petit rubis. Sur un de ses flancs, il sentit la sensation froide du fourreau de sa dague. Astucieusement dissimulée, elle était invisible à un œil externe. Mel’Ermat la sentait néanmoins à chaque mouvement. Il ne se serait pas rendu à la soirée sans savoir qui cherchait à le voir mort. En attendant, il ne prendrait pas de risque.

L’intendant de Mel’Placer s’étira en baillant. La sieste de l’après-midi l’avait mis au tapis. En rentrant de ses courses, il avait eu le malheur de s’allonger sur le fauteuil de la terrasse de sa chambre. Au calme, il s’était rapidement endormi pour se réveiller en sursaut deux heures plus tard. Mis à part le fait qu’il n’arrivait plus à se motiver, cela lui permettrait au moins de ne pas s’endormir durant la soirée. Quelqu’un frappa à sa porte et lui annonça que le carrosse était arrivé. Après un dernier coup d’œil à son reflet, il descendit toute la bâtisse jusqu’à la cour. La voiture affrétée était un beau véhicule de couleur bois clair. Deux chevaux n’attendaient que le feu vert pour se mettre en branle. Ils ne semblaient pas impatients, ils attendaient juste sagement que les rênes claquent pour se mettre en route. Mel’Ermat regarda ensuite la dizaine de cavaliers qui s’était mise en position. Ce n’était qu’une maigre escorte mais elle était largement suffisante pour arriver à destination. Les cavaliers lui jetèrent un coup d’œil à sa sortie puis s’agitèrent afin de se rendre dans la rue pour faire office d’éclaireurs. Son colonel resterait ici avec le reste de sa garde rapprochée. Parmi ceux-ci, une partie montait la garde tandis que l’autre se reposerait.

Mel’Ermat monta dans le carrosse et ouvrit les rideaux. Avec la nuit tombante, le peu de lumière arrivant sur la ville, il n’avait pas en plus besoin de rideaux qui l’auraient plongé dans le noir complet. De plus, il prenait quand même du plaisir à regarder ce qu’il se passait dehors. Le carrosse s’ébranla à peine fut-il assis ce qui le fit pratiquement tomber sur la banquette. Mel’Ermat ne savait pas bien qui il allait croiser ce soir et cela le dérangeait. Regut, en tant qu’organisateur, serait forcément là mais plus loin que ça, il ne pouvait faire que des suppositions. Heureusement pour lui, il aurait bientôt ses espions à portée de main. En attendant, il pouvait se renseigner lui-même sur place. A cette heure-ci, beaucoup de citadins étaient rentrés manger et les tavernes n’accueillaient pas encore ses habitués si bien qu’ils avancèrent vite à travers la ville. Après dix minutes de cahots incessants, le carrosse s’immobilisa devant le palais de Regut, roi du royaume de Sustor.
Contrairement à Mel’Placer, le royaume de Sustor avait toujours eu un véritable château fort au sein de la ville. Cela n’avait pas vraiment d’utilité, du point de vue de Mel’Ermat, car il n’y avait jamais eu de guerre au sein de la Capitale. Les douves, le pont-levis, le corps de garde et les tours n’avaient pas vraiment d’intérêt autre que la décoration. Le carrosse s’éclipsa rapidement une fois que l’intendant fut descendu. Les soldats de son escorte mirent également pieds à terre. Sans savoir d’où lui venait ce pressentiment, il flottait dans l’air une impression de lourdeur. Mel’Ermat comprenait que certains parlent d’air malsain et même de mort. Sans s’en soucier d’avantage, il traversa le pont-levis sans que les gardes du lieu n’essayent de l’en empêcher. Sa venue avait-elle finalement été anticipée ? Il n’avait pas été invité mais il aurait été étonnant que personne ne s’attende à le voir. Ses soldats suivirent des palefreniers au sein d’une grande écurie. Ils retrouveraient sûrement là-bas d’autres militaires et s’il n’y avait pas de grabuge, ils passeraient sûrement une bonne soirée.

Mel’Ermat, quant à lui, se dirigea vers la demeure de Regut. Autant l’extérieur du château était gris et fortifié, autant l’intérieur des remparts était blanc et marbré. La demeure du roi n’était constituée que de grandes portes fenêtres et de baies vitrées. Cela contrastait énormément avec l’aspect sécuritaire que cela pouvait donner quand on le regardait de la ville. Mel’Ermat arriva par le jardin où de nombreux convives s’étaient déjà installés pour discuter et s’écarter de la musique qu’on jouait à l’intérieur. Le jardin était fait de petites haies parfaitement coupées qui s’étendaient du bas des escaliers de la demeure jusqu’aux remparts. On y voyait aussi des bancs de pierre à côté desquels des torches avaient été plantées. A cause de cette nuit précoce, des servants commençaient d’ailleurs à les allumer. Une odeur de citron monta immédiatement dans les airs et Mel’Ermat comprit que ces torches étaient des torches de l’académie des sciences faites pour repousser les insectes nocturnes. Mel’Ermat ne trouvait pas ça indispensable mais ça donnait un confort certain. D’un regard, il embrassa l’étendu des lieux. La propriété occupait donc une zone plutôt importante puisque Regut détenait l’équivalent d’un quartier de la ville… Il ne faisait jamais les choses à moitié, se dit-il. Restant d’abord en retrait sur un côté du jardin, il observa les participants. Il y avait plus de cent personnes dehors et Mel’Ermat remarqua qu’il en connaissait la plupart. Beaucoup de seigneurs, de comptes et de ducs de tous les royaumes de l’Empire. Il en aimait autant qu’il en détestait même si en façade, il restait très courtois avec tout le monde. Il y avait également des représentants du royaume de Mel et un des amis proches de Mel’Placer, Mel’Riter. Il se demandait où le deuxième amant, Mel’Fris, pouvait être bien qu’après un instant de réflexion, il préféra ne pas savoir. A l’autre bout du jardin, il repéra Mel’Kamir. C’était le seigneur auquel il s’était joint et dont sa femme était meilleure amie de la sienne. N’ayant toujours pas de bons sentiments pour lui, Mel’Ermat garda profil bas et retarderait la rencontre le plus possible. Il s’avoua que s’il ne le voyait pas de la soirée, il s’en porterait encore mieux. Le problème était que Mel’Kamir n’était pas le seul qu’il tentait d’ignorer et il serait impossible d’esquiver tout le monde.

Son estomac lui rappela d’une contraction et d’un bruit qu’il n’avait toujours pas mangé. Mel’Ermat prit donc le chemin le long du jardin afin d’éviter de couper au travers puis monta la volée de marche jusqu’à l’intérieur de la bâtisse. Mel’Ermat arriva directement au salon. C’était une grande salle qui pouvait accueillir deux cents convives. A l’heure actuelle, la pièce se coupait en deux. D’un côté une estrade avec un groupe de musique devant laquelle des gens dansaient, et de l’autre, des tables poussées contre les murs où des serveurs remplissaient des assiettes sur demande des invités. Avant qu’on ne remarque qu’il était tout seul et passif, Mel’Ermat prit la direction du bar d’un pas assuré. Là, il se prit une assiette d’œufs coupés en rondelle et de salade et jeta un coup d’œil sur les danseurs. Le groupe jouait d’instruments qui n’existaient pas dix auparavant. Il y avait ce qu’on appelait une guitare et une batterie qui donnait un rythme beaucoup plus sourds et sauvages que les jeunes préféraient. Au milieu de la piste, les gens dansaient de façon approximative et bestiale, jugea-t-il. Il n’était pas très bon danseur lui-même mais au moins, il ne se donnait pas en spectacle. Les dirigeants de tout l’Empire n’avaient pas tous la même pudeur.

-Mon seigneur, dit une voix à sa gauche.

Mel’Ermat regretta ensuite toute la soirée de s’être retourné et de ne pas avoir ignoré cette voix. Il s’agissait du dirigeant de Mel’Cygnos ainsi que d’autres seigneurs des environs. L’intendant du royaume de Mel s’était fortement trompé quand il avait cru que son arrivée était passée inaperçue. Finalement, la compagnie de Mel’Kamir aurait été un plaisir à côté de celle-là. Effectivement, pendant la demi-heure suivante, ils firent semblant de parler de tout et de rien jusqu’à ce que les thèmes se rapprochent de ce qu’ils voulaient réellement parler : la nouvelle route de l’ouest jusqu’à Mel’Sarte. Comme attendu, cela ne leur plaisait pas et il essayait toutes les passes oratoires pour essayer de le convaincre. La seule raison pour laquelle il ne leur demanda pas de partir fut qu’ils avaient besoin du plus de voix possibles pour l’élection du nouvel empereur et qu’en gâcher par paresse n’allait rien arranger. Malheureusement, il ne se faisait pas d’illusion non plus. S’il voulait leur voix, il faudrait faire annuler ce projet. Il conclut donc le tout en disant que pour l’instant, il n’y avait pas de raison d’arrêter la construction et que seule l’élection de Mel’Placer pourrait retarder, et non pas annuler précisa-t-il, la suite des travaux. En tant qu’Empereur, il aurait d’autres choses à penser que ça. Ce n’était pas vrai, bluffa-t-il mais au moins ça leur donnait une raison de voter pour Mel’Placer. Si l’axe commercial était retardé, ils escroqueraient la population un peu plus longtemps.

Après le départ des individus, Mel’Ermat souffla un peu et se fit servir une coupe de vin. Il remarqua alors que la composition de la salle avait légèrement changée. Pas vraiment sur la partie de ceux qui dansaient mais sur ceux qui venaient se servir à manger. Il y avait des représentants de magiciens, autant femmes qu’hommes. Les deux groupes étaient à l’exact opposé et se jetaient des regards comme s’ils allaient se sauter dessus. Il repéra Regut sur un côté et Mel’Ermat chercha qui gravitait autour. Il y avait son propre intendant et les rois de Syrarture, de l’Ostel et de Sal. Il vit aussi rapidement les intendants de Terra et de Sustor. Les rois préparant leurs grandes fêtes, ils ne seraient là qu’en même temps que Mel’Placer. Mel’Ermat rejoignit la zone où ils se trouvaient tous après s’être fait servir une deuxième coupe de vin.

-Mel’Ermat, bienvenue parmi nous ! annonça Ben Lor, roi de Syrarture.

Mel’Ermat saisit la main tendue de bienvenue puis se laissa happer contre l’homme à grand renfort de claques dans le dos. De tous ceux qui étaient là, il était le seul qu’il appelait ami. Cette amitié ne concernait pas l’union de leur royaume mais bien les individus. En effet, Mel’Ermat et Ben Lor avaient le même âge et avaient fait leur classe ainsi qu’une partie du service militaire ensemble. Mel’Ermat avait servi plus longtemps car le décès brutal de son père avait ramené Ben Lor chez lui pour y être couronné roi. C’était un homme imposant, le plus grand du groupe de près d’une main. Il était habillé de marron, on aurait presque dit qu’il portait du cuir. Une tenue de guerrier, ce qu’il était d’ailleurs. Il n’y avait pas une once de graisse sur le corps du combattant. Les conditions de Syrarture étaient loin d’être faciles. La trouée entre les montagnes en faisait le lieu de passage de toutes les créatures du nord et de l’est qui menaçaient l’Empire. C’était une guerre permanente et il n’y avait pas de place pour les plus faibles. Mel’Ermat y avait servi pendant une année qui avait été loin d’être la plus réjouissante de sa vie. Il ne regrettait pas son expérience mais espérait ne jamais avoir à la revivre.

Le reste des salutations fut fait à partir de poignée de mains et de formules de politesse. Il n’y avait pas de haine ou d’inimitié mais juste assez de retenue pour ne pas paraître irrespectueux. Les autres rois, quant à eux ne cachèrent pas leur dédain pour le sous-fifre de Mel’Placer. Habitué à l’arrogance des plus grands, son propre roi ne pouvant s’empêcher d’être orgueilleux dans leurs rapports, il se contenta de les ignorer. Comme pour les seigneurs, il allait devoir les brosser dans le sens du poil pour avoir leurs voix même si ce serait Mel’Placer qui se chargerait des relations avec eux. Une conversation reprit entre Regut, roi de Kator, Iri, roi de Sal et Frendlorian, roi de l’Ostel. Les intendants de Terra et Sustor se mirent alors à parler de l’organisation qui devait avoir lieu dans le sud pour la grande fête. Cela ne laissa que Mel’Ermat avec Ben Lor, ce qui n’était pas plus mal. Ils s’écartèrent alors progressivement du groupe afin que personne ne puisse surprendre toute leur conversation.

-Comment ça va ? demanda le roi d’une parfaite banalité.
-Pas trop mal, fit Mel’Ermat après une gorgée de vin. Le voyage s’est pas mal passé si ce n’est ces bateaux enchevêtrés sur la Vive ce qui nous a forcé à finir le trajet à pied.
-J’en ai entendu parler, dit Ben Lor en croisant ses mains dans son dos. J’ai quelques bateaux de marchandises coincés dont j’aurais pourtant bien besoin.
-Comment vont les affaires par ailleurs ? s’enquit Mel’Ermat.
-Plutôt bien, je dois dire. Nos plants ont bien poussé et la sécheresse ne nous a jamais empêchés de faire de bonnes récoltes qui ont déjà toutes été vendues d’ailleurs ! On a jamais tout vendu aussi vite, surtout à un même organisme.
-Ah ? fit mine d’être surpris Mel’Ermat.

Il avait envie de se vanter du pari qu’il avait fait lorsqu’il avait tout acheté mais il se tut. Il n’avait pas besoin de tout avouer, même à un ami. Les affaires sont les affaires, aussi dures qu’elles étaient.

-Enfin ! Je ne vais pas m’en plaindre, continua l’homme. On est assurés d’avoir nos revenus cette année et ce n’est pas du luxe vu la violence des combats.
-A ce point là ? s’inquiéta Mel’Ermat en posant sa coupe vide sur une table derrière lui.

Si Ben Lor disait que des combats étaient violents c’est qu’ils devaient vraiment l’être. L’homme fronça les sourcils et hocha la tête.

-Je n’ai jamais connu ça et de mémoire, ni mon père ni mon grand-père ne m’ont jamais rien rapporté de pareil. Au plus fort de l’année, nous mobilisons peut-être trois ou quatre divisions au grand maximum. Cette année, les dix divisions sont sur le pied de guerre.

Mel’Ermat savait que la défense de la trouée était assurée par un réseau de places fortes où stationnait une division. Une division étant formée de cinquante mille hommes environ. En général, les divisions étaient créées par l’association de soldats de même origine afin d’éviter les tensions que certains pays avaient avec les autres.

-L’hiver arrive bientôt… tenta d’être rassurant Mel’Ermat.

A cette période, les percées étaient rares car la neige avait tendance à bloquer drastiquement les avancées. Ben Lor garda sa pose sérieuse.

-Ce n’est pas pareil, il y a quelque chose de louche. Ce n’est pas seulement des orcs ou des monstruosités habituelles tentant de passer mais bien tout ce qu’il y a derrière. Exemple, dans le dernier raid, on y a abattu des femelles.

Mel’Ermat tiqua.

-Oui, des femelles ! Nous n’en avons jamais débusqué lors de ces dernières années et là nous en avons tué des dizaines ! Nan, crois-moi, quelque chose les force à se déplacer.

Mel’Ermat était aussi étonné que son interlocuteur. Les femelles étaient très rares chez les orcs et les tribus les gardaient jalousement. Qu’est-ce qui pouvait les faire fuir ainsi ? Il ne se rendit pas compte qu’il réfléchit à voix haute.

-Je ne sais pas, dit l’autre en haussant les épaules, je n’ai pas le temps d’y réfléchir. Mais nous tiendrons difficilement jusqu’à l’hiver. Dès que l’Empereur sera élu, il faudra faire une motion pour lever cinq divisions de plus sinon dès la fin de l’été, nous courrons à la catastrophe.

Il hocha la tête d’un air résolu. Mel’Ermat sut quoi dire.

-Si Mel’Ermat était élu, je suis sûr qu’il comprendrait la situation.

Ben Lor le regarda droit dans les yeux. Ce n’était pas un homme stupide, il ne fallait pas le sous-estimer.

-Tu sais Mel’Ermat, tout le monde connait les prétentions de ton roi concernant le trône de l’Empereur. Je suis heureux que Regut ne se soit pas proposé pour un nouveau mandat. Même pour moi il est difficile de refuser de voter en sa faveur avec toute l’aide qu’il apporte à la sécurité des frontières. Je voterai pour Mel’Ermat, sois en sûr. Mais je ne le fais pas pour lui mais bien parce que je sais que tu agiras dans l’ombre.

Mel’Ermat comprenait la situation et l’acceptait. Tant qu’il avait sa voix, cela lui convenait.

-Excuse-moi un instant, fit l’homme en s’éclipsant.

Mel’Ermat le vit se diriger vers un groupe de commandants de sa région. Il n’y avait pas de seigneurs à proprement parler dans la région de Kator mais des commandants de places fortes. A force de regarder danser les gens –ou bien était-ce le vin ? –, Mel’Ermat fut prit de bouffée de chaleur qu’il décida de faire passer dans le jardin.


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  • 2 semaines après...
C'est parti pour la suite après la trève hivernale !



Sortant une nouvelle fois stratégiquement, il prit un côté du parc –celui à l’opposé de l’entrée– et qui longeait les murailles du parc. Il y avait un petit chemin qui devait faire tout le tour de la propriété et Mel’Ermat décida de l’emprunter. Il n’y avait pas de torches dans les environs immédiats mais les sapins qui réussissaient à pousser là ne parvenaient pas à cacher toute la lumière. Des plantes sauvages et des arbustes secs aux épines acérées complétaient le tableau. Il dépassa rapidement la villa, l’entrée du château et les écuries où les militaires échangeaient bruyamment. Il arriva pratiquement dans une petite forêt de pins qui courraient autour d’une mare. Mel’Ermat continua son tour même s’il n’y avait plus personne ici. Il se rendit vite compte que la petite forêt était même encore plus petite que ce qu’il pensait. Il y avait beaucoup d’arbres mais ils ne s’étendaient pas sur plus de dix mètres jusqu’à ce que la muraille arrête leur avancée. Un bruit et un grognement le fit se figer. Mel’Ermat tira lentement sa dague et se mit dos aux lointaines torches pour ne pas créer de reflets. Il s’agenouilla lentement et attendit. Cela pouvait très bien être un couple de serviteurs ou bien un homme en train de se soulager mais si ce n’était pas le cas… Mel’Ermat avait attiré jusque là la malchance et il ne comptait pas se laisser surprendre. Il entendit une autre plainte. Ce ne pouvait être que ça, quelqu’un souffrait. Il localisa rapidement la direction du son et s’y dirigea à pas de loup, penché en avant et la dague fermement en main. Bien que sa paume s’humidifia à cause du stress, elle ne tremblait pas et il était prêt à frapper. Le bruit sembla venir du buisson suivant. Il se pencha et…

-Mel’Astré ? s’étonna à voix haute Mel’Ermat en reconnaissant son maître espion.

Ce n’avait pas été chose facile de l’identifier car sa chemise était trempée de sang et il appuyait de ses deux mains sur son flanc. Il était maculé de terre et allongé là, il ne semblait plus pouvoir bouger. C’était un miracle qu’il ait tenu jusque là et encore plus incroyable qu’il ait réussi à escalader la muraille. Par contre, le fait de sauter du haut de la muraille lui avait été fatal. Mel’Ermat n’était pas médecin et ne voyait pas quoi faire.

-Mel’Ermat ? grinça l’autre les dents serrées. La chance est enfin de mon côté.

Il semblait avoir du mal à haleter et sa respiration était hachée. Mel’Ermat jeta un coup d’œil autour de lui. Personne ne pourrait lui venir en aide à temps.

-Que s’est-il passé ? demanda l’intendant du royaume de Mel.
-Je n’ai plus le temps, je vais mourir sous peu…

Il s’arrêta et Mel’Ermat crut au pire. Il réussit à continuer après une nouvelle grimace.

-Mon remplaçant viendra te voir. Fais-lui confiance. Tu sauras le reconnaître.

Mel’Ermat n’eut pas le temps d’en entendre plus. Il rendit son dernier souffle, expirant plus longuement qu’avant puis plus rien. Mel’Ermat réfléchit comme jamais. Il regarda son ami allongé au milieu des branches mortes et de la terre humide sans savoir quoi faire. Remarquant qu’il tenait toujours aussi fortement sa dague, il la remit à son flanc en se rendant compte de la douleur qu’il avait de l’avoir serrée si fort. Il se pencha sur le corps de l’espion et fouilla ses poches : rien qui ne puisse l’identifier. Soulevant sa tunique, il vit alors la plaie. Elle n’était pas très large mais semblait vraiment profonde. C’était un coup d’épée, il n’y avait pas de doute. Mel’Ermat ne voyait pas très bien dans l’obscurité mais il lui semblait que les contours de la blessure était de couleur noirâtre. La lame avait-elle été empoisonnée ?

Contraint de le laisser tel quel de peur qu’on ne le surprenne, Mel’Ermat retourna rapidement sur le petit sentier pour finir sa promenade sans que l’on ne s’interroge sur le pourquoi il était resté si longtemps au fond du jardin. Il se contrôla pour ne pas marcher à une vitesse suspecte. Partir de la soirée serait problématique également et attirerait les soupçons. Il allait devoir ruminer ses pensées tout en continuant de nouer des contacts. Malgré ses relations avec la mort, Mel’Ermat ne digéra pas la disparition de son espion. Il ne digéra surtout pas de ne rien savoir, aussi bien sur ce qui lui était arrivé que sur ce qu’il allait se passer. Heureusement, il semblait avoir pris des précautions quant à sa succession mais Mel’Ermat n’avait aucune idée de la personne que cela pouvait être. Que se passait-il si ce remplaçant avait aussi été tué et que quelqu’un se présentait en se faisant passer pour lui ?

Sans surprise, il n’arriva pas à se concentrer sur les conversations qui suivirent. A chaque fois qu’il essayait de penser à ce qu’on lui disait, son esprit ne pouvait s’empêcher d’essayer d’imaginer les sous-jacents à la mort de Mel’Astré. Ce fut donc sans guère plus de voix ralliées à sa cause qu’ils terminèrent la soirée et que chacun rentra chez soi. Mel’Ermat ne fut pas dans les premiers à partir mais juste dans les suivants. Ses soldats étaient bavards mais ne semblaient pas éméchés, ils semblaient avoir tiré la leçon de la tentative d’assassinat des jours précédents. Au bord de la route, ils croisèrent des nobles qui avaient décidé de rentrer chez eux à pieds. Certains semblaient si enivrés que Mel’Ermat était sûr que c’était parce qu’ils ne se souvenaient plus qu’ils étaient venus à cheval. A quelques centaines de mètres de l’entrée de la villa, après le pont-levis, il put voir que d’autres continuaient de converser là. Il put ainsi revoir un des seigneurs dont il avait gagné la voix. Il s’agissait du seigneur de Mel’Sarte, directement concerné par la nouvelle route royale de l’ouest. Par contre, il n’avait pas vu son homologue de Mel’Cygnos et il était certain qu’il ne pourrait pas compter sur cette voix-là. Mel’Ermat était néanmoins sûr que certains seigneurs de l’Empire seraient dans une situation où ils voteraient pour la première proposition qu’on leur ferait. Ils ne voteraient donc pas pour Mel’Placer en particulier mais contre leur propre Roi. C’était une nuance importante car cela signifiait qu’ils ne se préoccuperaient pas de la destination de leur vote et il faudrait les capter les premiers.

Mel’Ermat secoua la tête et se remit à regarder l’intérieur du carrosse. C’était lorsqu’il devait recueillir des votes qu’il pensait à l’assassinat et lorsqu’il devait penser à l’assassinat qu’il réfléchissait aux jeux de pouvoir. Le reste du trajet se fit presque tranquillement. Ce fut quand une voix sortit de nulle part qu’il faillit mourir d’une crise cardiaque. A demi accroupi sur sa place, Mel’Ermat regardait les sièges qui lui faisaient face. Il aurait pu les toucher rien qu’en tendant la main et pourtant… cela semblait impossible. Le siège et une partie du carrosse semblèrent… trembler. Il n’y avait pas d’autres mots. Quelqu’un sortit de ce mirage. La dague de Mel’Ermat apparut en un éclair dans sa main même si cela lui parut futile après coup, si la personne lui avait voulu du mal, elle aurait eu largement l’occasion de le faire. La personne assise en face de lui était un homme d’une trentaine d’années. Il était aussi grand que lui mais semblait plus fin, tout en nervosité. Mel’Ermat vit que c’était sa cape déployée autour de lui qui, après, quelques secondes, prenait la couleur de la surface qu’elle recouvrait, comme un caméléon. L’autre le regardait avec suffisance, visiblement satisfait de sa surprise. Malgré son visage couvert de suie et de terre, on ne voyait que ses yeux verts foncés qui brillaient de malice. Mel’Ermat se rassit correctement et reprit un air imperturbable tout en laissant son arme sur le fauteuil, bien en vue. Histoire de lui rappeler qu’à la prochaine frayeur, il la lui planterait dans l’estomac. Avec ce demi-sourire sur les lèvres, l’homme lui rappelait Mel’Astré à ses débuts quand il devait toujours le rabrouer en lui demandant de montrer plus de respect vis-à-vis de ses supérieurs. C’était peut-être en ça qu’il devait reconnaître pour sûr son nouveau maître espion. Mel’Ermat tira les rideaux afin que personne ne surprenne leur conversation ni son espion.

-Que s’est-il passé ce soir ? demanda Mel’Ermat de but-en-blanc.

Il n’était pas d’humeur à tourner en rond. Le souvenir s’évanouit immédiatement et il sembla se tortiller sur place.

-Quelque chose a mal tourné.

Mel’Ermat ne dit rien mais fit un mouvement de sourcils équivoquent manifestant son impatience devant tant d’évidence. Il croisa les bras pour accentuer l’effet.

-Je ne sais pas ce que Mel’Astré faisait mais je sais que ça ne touche pas à la nomination future d’Empereur. Je sais qu’il enquêtait sur l’accident des bateaux et sur ces hommes qui vous ont attaqué.

Comment diable l’espion avait-il été au courant ?

-Il était parti suivre une piste mais personne ne sait quoi pour l’instant, j’attends encore des rapports. C’est quand j’ai trouvé un mot sur lequel était écrit ‘succession’ avec des tâches de sang que j’ai compris que quelque chose se tramait. Il est donc mort, n’est-ce pas ?

Mel’Ermat hocha la tête.

-Il faut donc que je prépare ma propre succession.

Le chariot s’arrêta.

-Je reviendrai dans la soirée pour un rapport complet, beaucoup de choses sont en mouvement.
-Bien, nous nous voyons donc plus tard, conclut Mel’Ermat en ouvrant la porte.

L’autre s’enroula dans sa cape et disparut dans le décor comme par enchantement. Mel’Ermat respira un grand coup en claquant la porte. L’air était vraiment frais. Vivement que l’été approche, se dit-il. Le chariot se remit en branle pour se rendre là où il avait été loué. La porte de la villa de Mel’Placer était étroitement surveillée et deux serviteurs attendaient près de l’entrée du lieu une chandelle à la main. Tout était silencieux et pour une fois, Mel’Cari n’était pas là. La blessure du colonel n’était pas grave mais il n’était plus non plus à un âge où on se remettait facilement. De toute manière, s’il avait été debout à l’attendre, il l’aurait envoyé se coucher. Parfois, son colonel prenait trop à cœur sa sécurité. Mel’Ermat profita du repas qu’on lui avait préparé, son espion n’allait pas revenir vite et il ne passerait sûrement pas par la porte d’entrée. Il profita d’un délicieux poulet encore chaud, d’un morceau de pain et de pommes de terre croustillantes. Il fallait absolument qu’il ramène cette recette chez lui. Il arriva au fond de son assiette avec une pointe de regret. Il regarda autour de lui pour voir s’il ne pouvait pas se resservir mais il n’y avait plus personne, les ayant congédiées après avoir eu son assiette. Il se résigna alors à rejoindre sa chambre après cette interminable volée de marches qui fendait les étages jusqu’en haut.

Mel’Ermat lutta alors pour ne pas s’endormir et commença à tourner dans sa chambre comme un lion en cage. Il décida alors de se rafraîchir les pensées sur sa terrasse. Il attrapa une petite couverture bleue, s’enroula à l’intérieur et sortit. La température diurne était peut-être chaude la journée mais il était frappé de la vitesse à laquelle celle-ci chutait durait la nuit. L’altitude n’y était pas étrangère. Les cônes de fumée s’extirpaient de sa bouche à un rythme régulier. Alors que ses yeux s’ouvraient de moins en moins, l’autre réapparut d’une ombre de la façade. Répondant à la question muette de l’intendant, l’espion commença à parler :

-Je m’appelle Llis, mais pas de Mel.

Cela commençait mal. L’homme n’était pas originaire de leur royaume mais si Mel’Astré lui avait fait confiance… Il posa alors cette question qui en entraînerait, il en était sûr, beaucoup d’autres :

-Que se passe-t-il ? Est-ce que tout est lié à la conquête du trône ?

Le poste d’Empereur était un poste important qui avait ses avantages mais que trop d’inconvénients venaient ternir. Le désavantage le plus signifiant était que les royaumes gardaient leur indépendance dans leur gestion et l’Empereur n’en était pas vraiment le représentant. Ce poste datait d’une époque où l’union des royaumes était indispensable pour survivre. Depuis, les principales menaces qui pesaient sur eux avaient disparu et les alliances s’étaient effritées au fur et à mesure. Mel’Ermat comprenait qu’on puisse vouloir le poste d’Empereur mais pas au titre de machinations compliquées.

-Non, je ne le pense pas et Mel’Astré non plus. Je sais qu’il enquêtait dessus. Je suis passé par sa cache principale et j’y ai trouvé peu d’informations. Peu savent ce que je vais dire mais je crois que les Ombres sont de retour…

Mel’Ermat garda un visage de marbre par miracle mais il serra plus fort ses mains sur les pans de la couverture et se blottit plus profond. Sur un lit, il aurait ressemblé à un petit garçon effrayé au milieu de la nuit qui fixe avec inquiétude les ténèbres de son placard.

-Où ça ? finit-il par dire.
-Ici d’abord mais on les aurait vus aussi en province.

Mel’Ermat n’arrivait pas à détecter les émotions de son interlocuteur, était-il aussi effrayé que lui ? Cela faisait longtemps que les Ombres avaient disparu et ni les légendes, ni les livres ne pouvaient attester de cette époque primitive. On ne savait même pas comment elles avaient disparu : avaient-elles été chassées ? S’étaient-elles éteintes ? Une seule chose était sûre : elles avaient existé et c’était de véritables cauchemars. On disait qu’elles ne pouvaient mouvoir que dans les ombres, d’où leur nom. On leur donnait aussi la réputation de tuer sur simple contact et que seule la lumière pouvait les repousser. Il essaya de ne plus y penser.

-Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ?
-Je ne sais pas, avoua l’espion, je pense que seul Mel’Astré avait une idée. Il n’a rien confié à personne, il pense que le réseau est corrompu en partie.

Le réseau des Ecouteurs devait être sûr sinon toutes les informations devenaient douteuses. Si le réseau était compromis, il faudrait vite le nettoyer et cela passait par des solutions radicales.

-A qui se fier alors ? demanda Mel’Ermat.
-Qu’à moi, pour l’instant ! répondit Llis en hochant la tête. Le fait que le réseau soit corrompu est maintenant mon affaire. Mais je ne pense pas que ça soit le plus important, j’ai reçu d’autres rapports. Une guerre au sud semble inévitable et on ne sait pas encore ce que ça va impliquer. Les royaumes de Terra et Sustor ont mobilisé en masse et les troupes se dirigent vers le sud. On recense beaucoup d’escarmouches et des villages entiers fuient devant les envahisseurs.

Mel’Ermat ne savait pas quoi penser.

-Les rois restent sur place et les intendants ont procuration pour le vote de l’Empereur. Ils disent qu’ils soutiendront ceux qui enverront des renforts au sud les aider.

Mel’Ermat ne pensait pas que cela était bien nécessaire. On ne savait pas ce qu’il se passait au sud mais ils ne pouvaient pas être assez nombreux pour poser quelques résistances.

-Des agents doivent revenir sous peu m’en apprendre d’avantage. Au royaume de Syrarture, la guerre se durçit et les monstres se multiplient plus vite que jamais.
-J’ai appris ça, acquiesça Mel’Ermat.

L’autre ne sembla surpris qu’une seconde. Il hocha les épaules puis reprit son discours.

-Pour terminer, le royaume d’Ostel sera sûrement bientôt en proie à la guerre civile. Les maisons complotent ensemble et je pense qu’un conflit va bientôt émerger. La même chose a essayé d’être déclenchée au royaume de Sal mais ça a échoué.

Il s’arrêta une seconde mais reprit.

-Une dernière chose, nous n’avons pas de nouvelles sur les tentatives d’assassinat mais notre royaume est parcouru d’étranges cavaliers. Quand on met la main dessus, ils se suicident avec un poison. Ce ne sont pas des messagers, cela est sûr. Ils viennent à priori du sud mais ont tous des destinations différentes. Je crois qu’ils ne font que traverser Mel mais ils sont à surveiller.

Mel’Ermat réfléchit quelques instants en faisant quelques allers-retours sur la terrasse tout en fixant le sol. Il reprit alors les rênes de la conversation :

-Commençons dans l’ordre : Je ne sais pas combien de tes espions sont en ville mais j’ai besoin d’informations sur mes rivaux. Que ces tentatives d’assassinat soient le fait du jeu de pouvoir ou non, nous devons savoir qui seront les personnes qui vont tenter de se faire élire et quels seigneurs ont déclaré leur intention de vote. Pour ce qui est des Ombres, j’aimerais avoir confirmation et savoir ce qui est arrivé à Mel’Astré.

Il ne put s’empêcher de frissonner.

-Prions les Quatre Dieux que tu aies tort… J’ai vu aussi qu’il y avait en ville des représentants de ceux du Feu. J’aimerais savoir ce qu’ils font là et si les représentants des trois autres races sont également en ville.

Le maître-espion hocha la tête.

-Pour ce qui est de la guerre au sud et les troubles dans les régions du nord, j’aimerais être informé à la minute où tu as plus de nouvelles. Si nous devons mobiliser tout Mel pour nous protéger ou prêter main forte, il faudra que ça soit le plus tôt possible. L’été n’est pas encore là et cela nous laisse le temps de bien se préparer car nous ne pourrons rien faire en hiver.
-Envoyez des agents aussi sur ces cavaliers. Parlez-en au garde-chasse, il a demandé la permission de se charger également de ce problème. Essayez de vous coordonner.

Déjà du temps du Mel’Astré, les espions n’aimaient pas devoir coopérer avec d’autres services. Avec le jeune remplaçant, les cartes ne semblaient pas avoir été rebattues et il ne semblait pas ravi. Pourtant, il le dit de telle manière à ce qu’argumenter n’aurait servi à rien. Pour éviter néanmoins une tentative de négociation, il changea radicalement de sujet :

-Et à propos des tarifs sur le blé ?
-J’ai appris le risque, sourit l’espion, pour l’instant les gens commencent seulement à s’apercevoir du manque et avec la guerre qui se prépare, les prix vont s’envoler…

Mel’Ermat était impatient que la guide des messagers lui renvoie une réponse. Cela faisait plus d’une semaine que son message était parti et la réponse ne devrait pas tarder. Il aurait un état plus pratique des quantités achetées et du comportement de ses clients.

-Tant mieux, dit Mel’Ermat en fixant son regard sur la lune.

Depuis qu’il avait pris cette décision, il avait une boule à l’estomac en permanence. S’il s’était trompé, c’était la faillite assurée et il en était le seul responsable. Ses yeux descendirent sur la ville et la grande tour des magiciens. Mel’Ermat n’avait jamais compris pourquoi les magiciens aimaient tant ces tours, ne pouvaient-ils pas loger dans des villas comme tout le monde ? A l’heure actuelle et même si elle était tardive, rares étaient les fenêtres qui n’étaient pas éclairées. Il se retourna vers son espion qui restait étrangement muet, les yeux fixés sur son supérieur. En tant normal, il aurait proposé à Mel’Astré de venir boire une coupe avec lui. Ne connaissant pas encore son agent, il préféra le congédier sous prétexte d’une grande fatigue. L’homme disparut dans les ombres de la terrasse. Mel’Ermat lui enviait vraiment cette capacité. Il retourna dans l’édifice en fermant la porte derrière lui. Laissant tomber au sol la petite couverture qui l’entourait, il se déshabilla et se glissa sous la couette sans éteindre les bougies. Ce fut sans surprise que ses rêves se transformèrent en cauchemars… Les Ombres restaient une phobie de son enfance. Savoir qu’elles étaient peut-être en ville le terrorisait.


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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Merci !

Ca en fait au moins deux ;) Le rythme va commencer à s'accélérer !! Devinez vous ce qu'il se passe ;) ? :P Au tout début, dans la semaine je pense, je mettrai une carte de l'Empire et un glossaire des noms pour que ça soit plus facile d'imaginer.

Chapitre 8

Mel’Ermat se réveilla avec l’impression d’être aussi fatigué que la veille. C’était généralement le signe qu’il avait passé une nuit agitée et qu’il avait dû autant rêver que cauchemarder. Le fait qu’il ne dorme pas avec sa femme jouait également en sa défaveur. Sa présence réconfortante à ses côtés était aussi gage de bonne nuit de sommeil. Essayant de se rassurer en se convainquant que dormir était toujours dormir, il se frotta les yeux et s’extrait du lit. La maison semblait calme et il s’en réjouissait. Rien de plus désagréable qu’une maison bruyante lorsqu’on venait de se réveiller. L’extérieur, par contre, était nettement plus agité. C’était le milieu de la matinée et les hommes étaient à l’entraînement. Mel’Ermat rejoignit sa terrasse et se pencha du côté cour de la villa. Mel’Cari, malgré sa blessure à l’épaule, continuait à diriger ses troupes d’une main de fer. En ville, il ne pouvait les faire courir mais il pouvait toujours leur faire manier l’épée. Ce dernier était d’ailleurs connu pour avoir des méthodes peu orthodoxes puisque les entraînements se faisaient à armes réelles. On avait déjà recensé des victimes mais cela restait rare. Mel’Ermat vit néanmoins qu’ainsi, les entraînements étaient vraiment pris au sérieux.

Le colonel lança un ordre que Mel’Ermat ne capta pas de son étage. Les hommes qui se battaient lâchèrent leurs lames et continuèrent la lutte au corps-à-corps. L’intendant du royaume ne savait pas depuis quand ils s’entraînaient car la mêlée qui s’en suivit ressemblait beaucoup à des hommes roulant les uns sur les autres. A bout de force, ils étaient véritablement en train de se finir. Pourtant, ce spectacle dût s’arrêter lorsque trois cavaliers firent leur apparition sans se soucier des militaires. Ils ne leur jetèrent qu’un coup d’œil qui se fit dédaigneux. Les hommes arrêtèrent leur combat et se mirent en ligne sous le regard imperturbable de Mel’Cari. Même de loin, Mel’Ermat reconnut le brassard caractéristique des Messagers. Il s’habilla donc en vitesse avec les mêmes affaires que la veille et se jeta dans les escaliers. Chanceux qu’il fut, il ne croisa aucun serviteur qui aurait pu s’interroger sur son comportement. Arrivé pratiquement en bas, il ralentit sa course et reprit une allure plus digne.

Le serviteur qui avait été désigné volontaire pour aller le chercher ouvrit grand la bouche de surprise en le voyant arrivé. Il était visiblement ravi de ne pas avoir à monter tous les étages.

-Il y a des Messagers pour vous, mon Seigneur.
-Merci, j’ai vu.

Mel’Ermat prit directement la direction de l’extérieur en se demandant guère si son ton n’avait pas été trop sec. Ses préoccupations furent balayées par la conversation qui s’annonça avec les hommes. Ils étaient trois et à part le visage, ils étaient exactement identiques.

-Message payé, urgent, main propre.

Il lui tendit alors une pochette de documents et ne s’inclina pas plus que nécessaire. L’orgueil de cette caste était vraiment démesuré mais il n’y aurait eu qu’en étant roi qu’il aurait pu les remettre à leur place. Mel’Ermat fixa un instant leur cape brune et le brassard noir à l’aigle blanc. C’étaient des Messagers de son propre royaume. Il trouva encore plus aberrant leur attitude avec leurs propres compatriotes. Un chapeau triangulaire était enfoncé sur leur tête jusqu’au milieu de leur front et ils levaient tous les trois leur menton en posture de défi. Mel’Ermat continua de les fixer jusqu’à ce qu’il sente qu’ils étaient mal à l’aise puis les congédia de la formule rituelle.

-Reçu et accepté, que le vent vous porte…
-… et que les tempêtes évitent votre route, terminèrent ceux-ci.

Ils firent un léger mouvement de tête et remontèrent leurs chevaux non sans un nouveau regard vers les militaires qui n’avaient pas bougé d’un iota. Les regards se firent plein d’animosité et Mel’Ermat espérait qu’ils ne se croiseraient pas au détour d’une taverne. Laissant ces préoccupations à Mel’Cari, son colonel, il décida de s’isoler pour lire son courrier sans être dérangé. Il fit demi-tour et s’installa dans les canapés du rez-de-chaussée. Là, il était isolé et les serviteurs qui passaient détournaient les yeux immédiatement.

Il défit la première liasse et fit sauter le cachet de cire. Sans surprise, c’était le rapport du général Mel’Surika sur les évènements de la fête du Renouveau. Il parcourut les pages d’une traite sachant où lire les informations. Son général avait la manie d’écrire toujours ces rapports dans le même ordre. Il y avait donc eu autant d’arrestations que l’année précédente, toujours à cause de l’alcool. Il y avait néanmoins moins de casse et Mel’Ermat sut que le général avait dû mobiliser plus de monde pour assurer la sécurité. La ville avait fêté l’évènement comme il se devait et la population avait le moral au beau fixe. Une population qui avait le moral était une bonne chose car en général elle se mettait à dépenser plus qu’à son habitude. Plus de consommation signifiait plus d’activité et plus d’activité, plus d’impôts. Il notifiait que tous les groupes s’étaient tenus plutôt calmes, en tout cas, c’était ce qu’il écrivit. Il finit par parler d’un léger surcoût sur le budget car les personnes embauchées pour nettoyer la ville mirent pratiquement toute la journée suivante, au lieu d’une demi-journée espérée, pour ramasser toutes les ordures. Mel’Ermat vit que les documents suivants étaient des factures si bien qu’il laissa le tout dans le porte-document et le mit en bas de la pile.

La liasse de documents suivante était bien plus importante que ce qu’il venait de lire. Son général lui faisait un rapport sur les premières cargaisons de blé qui commençaient à arriver au royaume. Le premier bon point, lit-il, était que la qualité de la commande était au rendez-vous et qu’ils avaient à dénombrer que très peu de rebuts à cause du transport ou des moisissures. Malheureusement, ces livraisons étaient celles des villes les plus proches. Celles venant des contrées les plus lointaines mettraient sûrement un mois de plus. C’était en général sur celles-ci qu’on notait le plus de problèmes. En effet, plus le voyage était long plus on prenait de risque qu’un sac ne s’éventre, que des bandits n’attaquent les convois, que la cargaison se volatilise ou que des bêtes ne viennent pourrir la farine. Le mauvais point, et Mel’Ermat dut relire plusieurs fois le paragraphe pour être sûr de ce qu’il lisait, était que la cargaison reçue était largement différente de ce qu’il avait commandé. En effet, leurs fournisseurs semblaient avoir encore moins de blé, de farine ou de céréales à fournir si bien qu’ils avaient compensé en envoyant d’autres denrées et des mots d’excuse. Cela n’aurait pas posé de problème si ça avait concerné un ou deux fournisseurs mais il semblait que chaque cargaison était touchée. Il se retrouvait donc avec d’énormes quantités de poissons, de viandes, de fruits, de légumes avec beaucoup de pommes de terre et de haricots. Il y avait sur les pages suivantes la liste de tout ce dont ils disposaient pour le moment. Il semblait que Mel’Ermat et ses renseignements avaient même surestimé les récoltes de l’année. A ce rythme-là, il serait rapidement le grenier de l’Empire et ils feraient alors la pluie et le beau temps sur les marchés. Mel’Ermat sourit. Cela semblait être une bonne nouvelle. Il faudrait qu’il y réfléchisse au calme. Cela allait poser de gros problèmes d’entreposage car chaque denrée se conservait d’une façon différente.

La lettre suivante lui donna plus d’inquiétude. Il semblait que deux tentatives d’assassinat aient été déjouées. Personne n’avait l’air d’en savoir plus sinon que cela visait quelqu’un à l’intérieur-même du palais. Cette nouvelle ne faisait que trop écho à ses propres malheurs pour qu’il ne fasse pas de lien. Pour ce point-ci, il n’y avait rien qu’il ne puisse faire si ce n’était informer son réseau d’espions sur de nouvelles pistes possibles. Il lui annonçait aussi, puisqu’il ne l’avait pas fait sur le rapport de la fête, qu’on notait plus d’agitation que d’habitude parmi la population. On ne comptait plus les fous qu’on chassait de la ville annonçant la fin du monde proche et des tas de prophéties. Mel’Ermat jugea alarmante cette situation. Les rumeurs s’ancraient vite dans l’esprit du tout à chacun et un dicton disait que si on répétait un mensonge assez souvent, celui-ci devenait vérité.

Encore plus grave, les rumeurs d’une guerre au sud semblaient s’avérer réelles. Avec l’accord du roi de Mel, Mel’Placer, le général avait mobilisé le royaume. Même sans les troupes qui combattaient au nord, cela représentait beaucoup de soldats. Coincé à la Capitale car on préparait le départ de Mel’Placer pour l’Impériale, Mel’Surika avait dû envoyer un autre général gérer leur frontière sud. Ils ne comptaient pas s’impliquer dans ce qu’il se passait mais ils contiendraient les débordements dans les royaumes voisins jusqu’à avoir des ordres sur quoi faire. Ils n’avaient en tout cas pas l’ordre de provoquer d’affrontements ce qui était plutôt une bonne décision. Mel’Ermat regrettait que la tradition empêchait le report de cette élection. Il espérait qu’une décision serait vite prise afin que tous puissent aller s’occuper de leur royaume respectif.

Suivirent ensuite dans les papiers des factures que Mel’Placer n’avait pas eu le temps, ou n’avait pas eu envie de signer. C’était majoritairement des affaires que Mel’Ermat avait conduites. Il y avait notamment ces tous-nouveaux chariots à vapeur qu’il avait commandés. Ca coûtait assez cher mais il n’y avait rien de plus sûr pour collecter les taxes. Le reste était sans importance et peu urgent si bien qu’il passa à la liasse suivante.

Le papier d’après n’était pas vraiment un rapport mais un article de journal. Mel’Ermat ne comprit pas l’intérêt jusqu’à voir un encart dans la partie inférieure gauche. Cela parlait de la compagnie d’Argent. Cette compagnie était des mercenaires reconvertis aux pillages et activités malhonnêtes en tout genre. Certains disaient que les pires côtés de leur réputation étaient infondés mais fait est que des mandats d’arrêt avaient été émis dans pratiquement chaque royaume. Malheureusement, la population les aimait plutôt bien et ne coopérait pas vraiment. Ils étaient pourtant accusés de vol comme de viol, de meurtres comme d’émeutes. Ce n’était donc que des brigands comme il en existait tant pourtant, dans le journal, le rédacteur annonçait clairement que ceux-ci étaient à l’Impériale. Si Mel’Ermat pouvait les faire arrêter, ce serait quand même une bonne chose. Restait plus qu’à savoir s’ils étaient recherchés dans la capitale. De mémoire, cela ne semblait pas être le cas. Il remit ce problème à plus tard, à plus forte raison que cela ne le concernait même pas.

En pensant à la recherche de ces brigands, il pensa immédiatement à son espion. Cela lui rappela qu’il devait envoyer une lettre à son garde-chasse pour le prévenir qu’il allait avoir des renforts. Mel’Ermat lui avait donné la permission d’enquêter sur ces mystérieux cavaliers, ce n’était pas pour qu’il torture un de ses espions par malchance. Surtout que Mel’Ermat n’était pas très convaincu que cela leur plairait. Il était sûr qu’ils étaient même plutôt rancuniers. Pour penser à le faire, il mit une page de côté en mettant le nom de son interlocuteur : Mel’Kamir.

La dernière page de l’envoi concernait un nouveau fléau qui était apparu en ville. Les jeunes, ne sachant plus quoi faire de leur temps, faisaient des courses de chevaux en pleine ville où cela leur procurait plus de sensations. L’idée aurait pu être bonne si ce n’était que ces courses n’étaient pas réalisées dans de bonnes conditions de sécurité. En effet, ils avaient déjà détruit plusieurs biens publics, blessé des personnes et même tué une petite fille qui s’était trouvée là au détour d’une rue. Plusieurs d’entre eux attendaient d’être jugés mais la prise de conscience de la dangerosité de ce qu’ils faisaient n’avait fait, semblait-il, qu’accentuer leur envie de continuer et les courses s’étaient multipliées depuis. Mel’Ermat avait dû ordonner que tous les dix mètres soient tendues des cordes à près de deux mètres du sol pour décourager quiconque tente de traverser la ville en selle. Cela ne concernait que les plus petites artères de la ville, là où les soldats ne patrouillaient que rarement. Cela avait eu un effet mitigé puisqu’il n’était pas rare qu’on retrouve ces cordes coupées… Mel’Ermat espérait sincèrement que ce problème serait réglé avant son retour.


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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Hola, vendredi je joindrai une carte des lieux pour que vous vous situiez !

Il s’étira et laissa les papiers dans un coin. Il aurait le temps de les ranger plus tard. Finalement, au moment de franchir le porche, il se ravisa et glissa les papiers dans le mur avec l’or. On ne savait jamais… Les soldats s’entraînaient dans la cour sous l’œil de Mel’Cari. Visiblement, son colonel n’avait pas perdu son entrain malgré sa blessure à l’épaule et les militaires travaillaient une parade plutôt compliquée. Quelques autres usaient d’arbalètes contre des mannequins dont le jeune Mel’Eclé qui avait prouvé qu’il savait d’ailleurs bien s’en servir. Mel’Ermat attrapa une épée et la soupesa. Quand il leva les yeux, il vit que tous le fixaient. Ce n’était pas rare qu’il s’entraîne avec eux pourtant on aurait dit à chaque fois que c’était l’évènement du siècle.

D’habitude, il s’entraînait avec son colonel qui était un bon professeur et adversaire mais sans son bras, il lui faudrait quelqu’un d’autre. Le colonel fronça les sourcils mais désigna un gros bras de sa troupe. L’homme, qui dépassait Mel’Ermat d’une tête dans les trois dimensions, était un mal rasé que personne n’aurait affronté volontairement.

-Seigneur, fit-il avec une voix douce qui contrastait de façon choquante avec son physique, je v…

Mel’Ermat ne le laissa pas finir.

-Assez, soldat ! Bats-toi comme contre tes camarades ou voudrais-tu me déshonorer en te battant comme une fillette ?

Mel’Ermat n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Il devait néanmoins pousser un peu à la colère son adversaire s’il voulait que l’autre ne retienne pas ses coups. Une main dans le dos, l’intendant du royaume de Mel pointa sa lame dans la direction de son soldat. Il se concentra. Il n’était pas non plus là pour jouer, ils se battaient avec de vraies épées. Les deux hommes se tournèrent autour tandis que Mel’Cari exhortait les autres à se remettre à leurs propres affaires. Pourtant le cœur n’y était plus et tous louchaient pour regarder leur chef s’entraîner. Entraîné par son colonel, Mel’Ermat savait que celui-ci n’attaquerait jamais et le laisserait venir. Il ne se fit donc pas prier et se fendit en avant puis recula tout aussi vite. L’autre réagit promptement et décala l’épée d’un revers de la sienne. Mel’Ermat sourit alors qu’il essayait de le retenir. Il détestait la guerre, il aurait tout donné pour oublier tout ce qu’il avait vécu au front… Et pourtant… Cette sensation… Qu’est-ce qu’il aimait l’ivresse des combats !

Encore quelques coups et les deux combattants s’écartèrent. Il ne semblait pas décidé à lui faire le moindre cadeau. Mel’Ermat avait beau être le chef de son chef, ils s’entraînaient à armes réelles et la moindre concession pouvait engendrer une blessure. L’intendant fit une passe en avant et l’autre évita le coup en sautillant vers l’arrière. Il contra alors par une série de coups partant du haut vers le bas puis de gauche vers la droite. Mel’Ermat para sans mal mais la force des frappes lui laissa l’épaule engourdie. Il était sûr que même si le soldat se battait bien, il n’y mettait pas toute sa force. Il devait le pousser à bout, ce n’était pas contre un adversaire timide qu’il s’entraînerait réellement. Mel’Ermat se précipita alors en avant ce qui cassa le rythme lent du combat qu’il avait commencé. Il frappa de haut en bas puis commença à se baisser en pivotant sur lui-même. D’un revers du poignet, il frappa du côté de sa lame l’arrière de la jambe de son adversaire. De cette position, le coup ne pouvait pas vraiment prétendre à quelques dommages mais il en serait quitte pour une coupure et peut-être l’envie de ne plus se retenir.

L’autre retint un grognement et se retourna pour faire face à Mel’Ermat. Il hocha la tête, comprenant parfaitement ce que l’intendant de Mel’Placer attendait vraiment de lui. Ce fut lui qui mena la charge suivante. La différence fut flagrante. Mel’Ermat para le premier coup et faillit lâcher son épée. Il changea immédiatement de technique et se contenta de dévier la lame plutôt que d’absorber la force de son adversaire. Même ainsi, il était nettement en désavantage et cela lui coûtait en énergie. Après une nouvelle parade, l’autre profita de son élan et de son gabarit pour lui mettre un coup d’épaule qui l’envoya en arrière. Mel’Ermat dut battre des bras de façon peu conventionnelle pour se rétablir. L’autre ne lui laissa pas une minute de répit et continua le combat et frappant de plus en plus fort –du moins c’était comme ça qu’il le ressentait–. Mel’Ermat était moins assuré sur ses contres et il avait l’impression que la poussière qu’il soulevait dans leurs déplacements lui piquait les yeux comme la gorge.

Son adversaire transpirait également mais sa gestion de la fatigue était plus efficace que la sienne. Surtout si on considérait le fait qu’il avait eu des entraînements quotidiens et que, psychologiquement, il savait la victoire proche. Mel’Ermat respirait fort et ne se concentrait que sur les mouvements de son adversaire. Il n’avait même plus le temps d’essayer de contre-attaquer et quand on en arrivait là, cela laissait présager une fin plutôt abrupte du combat. Alors que Mel’Ermat s’apprêtait à encaisser une nouvelle charge, ils furent interrompus par une arrivée de cavaliers.

Ils portaient les armoiries du royaume de Terra. Ils étaient vêtus de vêtements de voyages et arboraient un brassard noir. Cela ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Les soldats arrêtèrent leur semblant d’entraînement pour de bon et se tournèrent lentement vers les cavaliers, ayant du mal à changer l’intérêt qu’ils avaient eu à regarder Mel’Ermat s’entraîner.

-Tu te bats bien, dit Mel’Ermat en déposant son épée et ses gants au sol. Mais je n’ai pas besoin de pitié.

La prochaine fois, le soldat se battrait correctement dès le début. Il était là pour s’entraîner, pas pour faire semblant d’être un maître escrimeur.
Il prit la direction des cavaliers qui attendaient devant le corps-de-garde. Les chevaux n’arrivaient pas à rester calmes et ils piétinaient sur place. Ils devaient refléter l’humeur de leurs cavaliers.

-Seigneur Mel’Ermat… se présenta un cavalier en tendant une missive.

L’intendant aurait bien répondu mais il n’arrivait pas à retrouver le nom du soldat ni même s’il le connaissait vraiment. Pressés, ceux-ci tournèrent bride immédiatement et s’en allèrent. Mel’Ermat regarda la lettre. Elle était cachetée d’un sceau de cire encore intact. Il le rompit et en tira une lettre qui lui fit froid dans le dos. L’écriture de la présente était solennelle. Visiblement, elle était destinée à Mel’Placer ou à « toute personne ayant autorité sur le royaume de Mel » ce qui lui correspondait assez. Il y avait quelques lignes mais chaque mot avait son importance. Le roi de Terra, Rouj, avait été assassiné. Les causes de la mort n’étaient pas précisées. Les funérailles avaient lieu la veille de la grande fête du savoir et tous y étaient conviés. Malheureusement avec les élections, personne n’irait. Cela tombait à un mauvais moment, vraiment. Il plaignait aussi les royaumes du sud de Terra et Sustor dont la grande fête du savoir serait gâchée par cet évènement. Mel’Ermat se demanda si cela avait un lien avec la prétendue guerre du sud. Son espion en saurait peut-être plus, il avait intérêt.

Il rangea la lettre dans une de ses poches et s’apprêta à retourner s’entraîner quand un cavalier, seul cette fois-ci, s’arrêta devant le portail. Il n’avait ni symbole des Messagers, ni d’armoiries particulières. Le cheval ne semblait pas le sien et sa tenue vestimentaire ressemblait plus à celle d’un serviteur. Il jeta un coup d’œil en arrière pour voir que certains de ses hommes avaient leurs arbalètes armées sur leurs genoux. Ils paraissaient ne pas regarder par là mais Mel’Ertmat se savait protégé. Il se sentit alors plus serein et attendit de voir ce que voulait le nouveau venu.

-Seigneur, s’annonça-t-il d’une courbette qui lui fit presque toucher le sol de ses genoux.

Il était petit, barbu, mais ne semblait pas agressif.

-Les seigneurs Mel’Varo et Mel’Ygha vous font parvenir la nouvelle que ceux-ci viendront vous rendre visite avant l’heure du souper. Ils vous font dire qu’il y a d’importants sujets qu’ils ont à discuter avec vous.
-C’est toujours le cas… maugréa-t-il doucement.

L’autre fit une grimace et tendit réellement l’oreille.

-Dites-leur que ça sera avec plaisir ! répondit Mel’Ermat plus fort cette fois-ci.

L’homme sourit et fit une nouvelle courbette.

-Je leur dirai !

Ces seigneurs étaient presque des amis. Mel’Ermat ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils rodaient autour de lui à cause de son statut mais il n’avait jamais eu à se plaindre d’eux et ils s’étaient déjà retournés des faveurs les uns les autres. Ils étaient de façon certaine acquis à la cause de Mel’Placer et il ne faisait pas de mal de remercier les anciennes alliances autour d’un repas. C’était bien évidemment de ça qu’il s’agissait. En choisissait cette formulation là, ils s’étaient clairement auto-invités à manger. De plus, connaissant les deux individus, ils viendraient accompagnés d’autres seigneurs mineurs. Il espérait juste que les conversations seraient réellement importantes. Il était déjà sûr de savoir de quoi parleraient certaines d’entre elles : mort de Rouj et du futur Empereur.


Le temps qu’il sorte de ses pensées, le serviteur était déjà parti. Ses troupes s’étaient remises à s’entraîner mais, lui, en avait perdu le goût. Il devait confier de nouvelles missions à son chef-espion mais comme pour le précédent, il n’avait aucune idée de la façon dont le contacter. Il fallait juste… attendre. Et ce n’était pas quelque chose qu’il adorait faire. Il prit alors la direction des cuisines. A cette heure-ci, elles étaient en effervescence. Mel’Ermat se glissa jusqu’au cuisinier qui arrivait à garder une ligne filiforme malgré son métier, ce qui était plutôt rare.

-Nous aurons des invités pour ce soir, lui annonça Mel’Ermat, il faudra prévoir une dizaine de personnes.
L’homme tourna la tête vers lui, abandonnant la concentration qu’il avait sur son bouillon qu’il mélangeait à un rythme constant.

-Compris, mon seigneur, voulez-vous des mets en particulier ?

Mel’Ermat allait dire que non mais se ravisa.

-Du poulet avec des pommes de terre, cela ira très bien. Et nous prendrons du vin rouge pour accompagner le tout. Et aussi du pain frais, celui avec la levure.

C’était plus cher mais ça serait un bon repas. De souvenir, c’était ce que Mel’Varo et Mel’Ygha préféraient. Il espérait ne pas se tromper.

-Bien, ce sera prêt pour le coucher du soleil.
-Entendu, fit Mel’Ermat.

Ils seraient sûrement là avant. Il n’était pas rare qu’ils apportent leurs propres bouteilles et qu’ils les dégustent sur la terrasse en attendant le diner. Il retourna alors dans sa chambre et chercha une tenue appropriée pour le soir. Une fois n’était pas coutume, il opta pour un ensemble rouge plutôt foncé. Il n’était pas un grand admirateur des couleurs pétillantes mais il était bon parfois de savoir changer. Le rouge étant aussi une couleur forte, ses interlocuteurs seraient prévenus. Une fois qu’il eut laissé sa tenue prête sur le lit, il se pencha sur les rapports financiers qu’il avait amenés avec lui. Tous les six mois, il se prenait une semaine pour faire le bilan financier du royaume afin de surveiller leur activité économique. Comme les deux seigneurs qui venaient étaient tous deux gérants d’une région du royaume, ça serait l’occasion de faire le point avec eux et d’avoir la réponse à quelques questions.

Il pensa faire ça vite mais le temps de tout assimiler de nouveau, il en eut pour pratiquement deux heures. Il fut tellement pris dans ses lectures qu’il ne remarqua qu’en début d’après-midi qu’on lui avait monté dans sa chambre un plateau avec de la nourriture désormais froide. Heureusement c’était un reste de rôti et des haricots secs si bien que cela se mangeait aussi bien refroidi. Son estomac lui notifia quelques crampes devant ce spectacle appétissant. Mel’Ermat se mit sur un coussin au sol et mangea, toujours perdu dans ses pensées. Il avait une boule au ventre en pensant à cet assassinat. Visiblement, les rois et leurs secondes mains n’avaient pas la côte en ce moment. Il faudrait se renseigner pour savoir ce qu’il en était des autres. On avait déjà cherché à le tuer et cela avait fonctionné pour le roi Rouj.

On frappa à la porte-fenêtre de la terrasse. Mel’Ermat ne prit pas la peine de tourner la tête. Il n’y avait qu’une personne capable d’apparaître par là.

-Entre Llis, fit l’intendant en se relevant avec regret du confortable coussin sur lequel il était assis.

Les deux hommes se saluèrent. L’espion ne portait pas de capuche et ses vêtements noirs de la veille avaient été troqués contre quelque chose de plus brun. Il ne portait plus la cape qui s’adaptait à son environnement. Mel’Ermat s’étonna encore de la jeunesse de son responsable. Ses yeux verts ressortaient plus maintenant qu’il avait nettoyé son visage de la terre qui le maculait auparavant.

-J’espère que tu as des nouvelles pour moi car j’ai une toute nouvelle série de questions ! demanda Mel’Ermat.
-Je pense avoir quelques exclusivités mais je pense que je vais également aggraver ces questions qui se posent. J’ai deux sujets majeurs : La mort des rois et l’élection. Par quel sujet je commence ?
-La mort des rois ? s'époumona littéralement Mel’Ermat.
-Je suppose que c’est donc ce sujet que nous allons aborder en premier.
-Je pense que vous êtes au courant pour Rouj… Il s’avère que Aolin a aussi été tué.
-Comment c’est possible ? Pourquoi personne n’est au courant ?
-Parce que c’est un empoisonnement et qu’il n’est pas vraiment encore mort quoique depuis que le message est parti, cela doit être le cas. Ils ne préfèrent pas l’ébruiter pour éviter la pagaille et pouvoir ainsi faire une enquête tranquillement.
-Et pour Rouj ?
-Brûlé… magiquement.
-Les magiciens seraient impliqués là-dedans ?
-Je ne sais pas encore, dit l’espion, mais il ne fait aucun doute que l’attaque fut magique. Il n’a été retrouvé qu’un tas de cendre au milieu de la chambre. Le lit avait partiellement brûlé mais tout le reste était intact.

Mel’Ermat soupira. Il se passait quelque chose, il en était sûr.

-Et qu’en est-il de la deuxième nouvelle ?
-J’ai entendu des rumeurs comme quoi les séances d’élection seraient avancées.

Mel’Ermat réfléchit.

-Ca se comprend, les royaumes du sud sont sans dirigeant vraiment officiel tant que les intendants sont ici. Ils voudront que tout aille au plus vite afin de retourner organiser leurs royaumes. Sait-on quand aura lieu le début des hostilités ?
-On parlerait d’ici une semaine, soit deux semaines avant ce qui devait se faire. On compte faire l’annonce publique demain matin afin que ceux qui veulent quitter la cité le puissent avant d’être coincés.

Seul l’Empereur actuel avait le pouvoir de prendre cette décision. Les informations voyageaient vraiment vite. Cela créerait par contre des problèmes pour ceux qui comptaient arriver dans les deux semaines suivantes. S’ils n’étaient pas informés de l’avancée de l’élection, ils trouveraient portes closes. Les Messagers risquaient d’avoir du travail dans les jours qui venaient. Il se fit aussi la remarque pour lui : en effet, il n’avait plus qu’une semaine pour rallier du monde à la candidature de Mel’Placer. Il devrait donc se concentrer sur les autres rois qui détenaient la majorité des voix, tant pis pour les seigneurs de chaque royaume.

-J’ai aussi eu des nouvelles du Sud sur ce dont on s’interrogeait.
-Aussi vite ? s’étonna Mel’Ermat.
-J’ai des moyens… très onéreux pour pouvoir faire passer des messages, avoua l’espion.

Les pierres de communication coûtaient trop chères, Llis ne pouvait pas parler de ça.

-Quelque chose se mijote au Sud, c’est une certitude. Même mes hommes craignent de s’approcher de la frontière. J’ai dû en menacer pour qu’ils aillent voir de plus près. J’aurais des réponses à la fin de la semaine.
-Très bien, approuva Mel’Ermat qui n’aimait pas ces rumeurs qui se vérifiaient.
-Autre chose, dit l’espion qui quitta son siège pour arpenter la pièce en tirant sur sa tunique pour la réajuster. Il y a aussi une vague de meurtres inhabituels en ville.
-Et alors ? fronça des sourcils l’intendant.
-Les meurtres… sont… sortent de l’ordinaire dirons-nous. Ce ne sont pas des humains qui ont commis ces assassinats.

Il continua tout de suite, éludant les questions que Mel’Ermat allait poser.

-Ni des elfes, des nains ou quelques races que ce soit… Et ça ne peut pas être non plus une des Quatre Races dont tous les représentants sont en ville, d’ailleurs.
-Qui cela nous reste-t-il alors ? réussit à articuler Mel’Ermat alors qu’il connaissait déjà la réponse.
-J’ai bien peur que cela ne concerne un autre de nos problèmes, les Ombres.

Mel’Ermat n’aimait vraiment pas la tournure des évènements.

-Est-ce que cela ne pourrait pas être la faute de cette compagnie de mercenaires qui est en ville ? On dit que c’est un ramassis de meurtriers.
-La compagnie d’argent ? Non, fit l’espion, impossible. J’ai déjà eu à faire avec eux et ils ont moins bonne réputation que la réalité. J’admets que certains d’entre eux mériteraient d’aller en prison mais l’Empereur lui-même s’en sert lors de situations... qui ne seraient pas résolues d’une autre façon.
-Cela explique pourquoi ils ont champ libre dans la Capitale… Grommela Mel’Ermat. Si Mel’Placer est élu, je mettrai rapidement de l’ordre là-dedans.
-Si cela arrive, contra l’espion, je vous conseille de vous entretenir avec eux, vous pourriez être surpris.

Mel’Ermat leva un sourcil franchement surpris puis balaya la remarque de la main.

-En attendant, restons vigilants. Continue de glaner le plus d’informations possibles et préviens-moi dès que tu auras des nouvelles du Sud. Si nous devons mobiliser, que je le sache au plus vite.
-Bien entendu, fit l’autre en hochant la tête comme si c’était une évidence. Je vais devoir y aller, ajouta-t-il, Regut a prévu de recevoir des dignitaires ce soir et je compte être dans les environs afin de savoir ce qu’il se dit.

Mel’Ermat ne dit rien mais il pensa très fort. Il était très dangereux d’enquêter sur Regut. Sa dernière frasque sur son mariage avec sa propre fille en disait long sur sa santé mentale. Son royaume vivait sous un véritable règne de terreur et il ne faisait pas bon d’être attrapé en train de nuire, réalité prouvée ou non. L’espion disparut par la terrasse et Mel’Ermat n’essaya pas de perdre son temps à comprendre par où il passait. Néanmoins, il finit par s’y rendre pour regarder l’arrivée d’un ballon dirigé. Ces gros bateaux volants soulevés par de l’air chaud étaient encore très rares. Seuls les plus fortunés et les plus pressés pouvaient se les offrir. Celui là était de couleur bois et se posa au centre de la ville. Mel’Ermat imaginait nettement le spectacle que tous devaient admirer là-bas. Après une demi-heure, il décolla de nouveau et s’éleva progressivement au-dessus des pics. Il n’y avait pas de place ici pour stationner des engins de cette taille. Le soleil avait déjà disparu et même s’il n’était qu’en fin d’après-midi d’un printemps bien entamé, il avait froid. Mel’Ermat partit enfiler ses affaires du soir, il ne restait de toute manière plus qu’une heure avant que ses invités n’arrivent.


@+
-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Bonjour,

Un moment que je n'avais eu le temps de lire tes écrits.

J'ai donc tout relu depuis le début.

Je ne reviendrai pas sur les chapitres précédents et me concentrerai donc sur le dernier.

On sent bien que l'intrigue s'accélère et qu'on va enfin sortir des méandres de la politique ;)

Ca me fait vraiment penser à Game of Throne tant dans la manière dont est géré l'empire: multiples royaumes qui sont censés en répondre à un roi supérieur, l'arrivée des Marcheurs Blancs qui font fuir les populations, etc...

[quote]Au royaume de Syrarture, la guerre devient de plus en plus dure et les monstres se multiplient à vitesse grand V[/quote]

Ce doit être issu du chapitre précédent, mais, désolé, ça ne passe pas à l'écrit...

"Les monstres se multiplient à grande vitesse" ça passe, mais le "grand V" non. C'est du domaine purement oral et ça détonne trop dans ton histoire.

[quote]L’autre ne lui laissa pas une minute de répit et continua le combat et frappant de plus en plus fort –du moins c’était comme ça qu’il le ressentait–.[/quote]

Le tiret final est en trop je pense. D'ailleurs, l'utilisation du point virgule aurait été plus judicieuse à mon humble avis.

[quote]Les soldats arrêtèrent leur semblant d’entraînement pour de bon et [b]se tournèrent vers les cavaliers lentement[/b], ayant du mal à changer l’intérêt qu’ils avaient eu à regarder Mel’Ermat s’entraîner.[/quote]

Euh, comment dire? C'est brouillon et j'ai du relire la phrase trois fois pour bien comprendre.

La répétition de "entraînement" et "s'entraîner" est disgracieuse je trouve.
La partie surlignée en gras: j'ai rien compris aux deux premières lectures, puis j'ai percuté. Il manque un signe de ponctuation quelque part, avant le "lentement" je pense.

Scinder la phrase en deux ou utiliser le point virgule (tu l'auras remarqué, je suis un adepte de cette ponctuation) aurait permis de rendre l'ensemble plus fluide et plus compréhensible du premier coup.

Ca donnerait un truc du genre:
Version en deux phrases:
"Les soldats cessèrent tout mouvement et se tournèrent lentement vers les cavaliers, se rapprochant de leur maître et adoptèrent une posture défensive. L'intérêt que leur avait procuré l'entraînement de Mel'Ermat avait cédé la place à leur fonction première: celle de protéger leur seigneur."

Version avec un point virgule:
"Abandonnant pour de bon leur entraînement, les soldats se tournèrent lentement vers les cavaliers; l'intérêt qu'ils avaient porté à la passe d'arme de Mel'Ermat laissant place à la méfiance."



[quote]-Je pense avoir quelques exclusivités mais je pense que je vais également aggraver ces questions qui se posent. J’ai deux sujets majeurs : La mort des rois et l’élection. Par quel sujet je commence ?
-La mort des rois ? cracha littéralement Mel’Ermat.
-Je suppose que c’est donc ce sujet que nous allons aborder en premier.
[b]-Je pense que vous êtes au courant pour Rouj… Il s’avère que Aolin a aussi été tué.[/b]
-Comment c’est possible ? Pourquoi personne n’est au courant ?[/quote]

Je pense qu'il y a un tiret enn trop au niveau de la partie surlignée. C'est bien toujours l'espion qui parle? Ou alors j'ai compris de travers mais le dialogue part en sucette sinon.

Le terme "cracha" me semble trop fort quant à l'expression de l'étonnement. J'aurais plus vu un truc comme ça:
"-La mort du roi vous voulez dire? répondit Mel'Ermat en fronçant les sourcils.
-Je suppose que c’est donc ce sujet que nous allons aborder en premier. Je vois que vous êtes au courant pour le roi Rouj mais le souverain de [i]j'ai perdu le nom du royaume[/i], Aolin, a également trouvé la mort.
..."

[quote]-Dites-leur [b]quhe[/b] ça sera avec plaisir ![/quote]

Un "h" baladeur ;)

[quote]L’homme ne tourna même pas la tête vers lui, concentré sur le bouillon qu’il mélangeait à un rythme constant.

-Compris, mon Seigneur, voulez-vous des mets en particulier ?[/quote]

Euh...J'ai un peu de mal avec le manque de respect que montre le cuistot vis à vis de Mel'Ermat. Ou alors c'est le meilleur cuisinier de l'empire mais je le vois mal être seul dans sa cuisine à faire son petit bol de bouillon.

Et sa réponse! Mon dieu, je l'étriperai direct le cuistot là...Il répond à son seigneur comme si ce dernier venait l'emmerder au milieu de sa sieste...Ca me fait bien rire d'écrire ces lignes, mais franchement, à part si ce sont deux potes d'enfance ou qu'il existe un lien particulier entre les deux, y'a un problème je trouve.

Une reponse du genre:
"Bien Monseigneur. Souhaitez-vous que des mets particuliers soient servis?"

M'aurait davantage sié. ('tain, vlà la conjugaison du verbe seoir...)

Parce que dans ton phrasé, je l'ai plus pris comme:

"Vlà l'autre emmerdeur qui vient encore me demander un truc mais on va faire semblant d'être poli histoire de pas se prendre une dague dans le bide."
-Compris...

D'ailleurs séparer les termes "mon" et "seigneur" donne un autre sens que "monseigneur" je trouve. Enfin là c'est plus un ressenti personnel qu'une règle établie je pense.


Bon, j'y vais peut être un peu fort pour mon retour dans la section, tu m'en excuseras.

Je t'enverrai l'ensemble de mon propre récit par MP histoire que tu raccroches les wagons et que tu viennes critiquer ma prose ;)

J'attends la suite des aventures de Mel'Ermat et de sa bande de gais lurons,

Crio
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Hola tout le monde ! Merci pour ton retour ! Effectivement, ça pourrait ressembler a GoT mais que sur le principe. En fait GoT m'a inspiré un seul truc : essayez une histoire avec un côté politique. Mais en fait c'est plus sympa à la TV qu'en histoire car c'est quand même très mou :P/> Enfin en tout cas ça vaut poser de sérieuses bases à l'histoire, ça vous mettra bien dedans ;)/> En attendant, sur le premier post je fais un édit pour rajouter une carte de l'Empire et une carte de la province de Mel pour que voyiez comment ca marche ;)/>




Il ne se trompa pas d’ailleurs de beaucoup puisque ceux-ci se présentèrent au portail une demi-heure plus tard. Coincée au milieu de montagne, il faisait vite nuit et par mesure de précaution, la herse était baissée. Après plusieurs tentatives d’assassinats sur sa personne et deux réussies sur des rois, il fallait faire attention. Les gardes ne jetèrent qu’un coup d’œil rapide sur les carrosses et continuèrent leur ronde. D’autres se précipitèrent vers le corps-de-garde et mirent en mouvement la lourde grille. Mel’Ermat resta sur le seuil, les mains croisées dans le dos. D’autres gardes sortirent dans la cour tandis que les premiers visiteurs descendaient des véhicules. Mel’Ermat ne semblant pas en danger, Mel’Cari renvoya ses hommes. C’était bien les visiteurs attendus. Des serviteurs vinrent également s’occuper des montures de chaque carrosse. Il y en avait quatre et ils prenaient une grande partie de la place présente. Par souci protocolaire, personne ne bougea avant que les seigneurs Mel’Varo et Mel’Ygha ne se soient les premiers à être accueillis. Mel’Ermat quitta son estrade de pierre, parcourut les quelques marches et alla dans leur direction. Il prit ainsi le temps d’évaluer les changements que le temps avait eu sur eux même si pour Mel’Varo, il l’avait vu quelques mois auparavant.

Mel’Varo était le plus vieux des deux, il aurait pu même être le père de l’autre. Il dirigeait la province de la Riota, au nord de la province de Mel. Il était grisaillant de cheveux comme de barbe. Même sûrement un peu plus vieux que ça car les cheveux blancs semblaient s’être multipliés depuis la dernière fois. Il portait autant de pièces d’armures que en soie et il était très rare que Mel’Ermat l’ait vu sans. Juste à son mariage, tenta-t-il de se rappeler. En tout cas sa mine était sombre alors qu’il n’était déjà pas d’un naturel souriant. Mel’Ygha n’était d’ailleurs pas plus joyeux mais il avait plutôt tendance à se dérider avec une coupe de vin. Il dirigeait quant à lui la province de l’Epis. Il avait une barbe réduite à quelques traits sur le visage comme le faisaient certains jeunes se prétendant à la mode. Mel’Ermat admit néanmoins que ça lui allait bien. Il était d’ailleurs impeccablement vêtu et couvert d’un grand chapeau où une longue plume tenait comme par magie. Il portait néanmoins aussi une courte rapière à la ceinture.

Derrière eux s’avançaient le reste de la troupe où Mel’Ermat put reconnaître le seigneur de la province du soleil, celui de la province de l’ouest, celui de la province du Crois et celui de la province du Chem. Ce n’était pas les plus grosses provinces à l’échelle du royaume mais cela en faisait toujours des gens influents. Les autres étaient des inconnus mais Mel’Ermat les salua de la même façon que les autres. Il ne fallait pas froisser les égos de chacun. Il saurait plus tard leurs identités. Il les invita à les suivre dans la petite salle à manger du rez-de-chaussée. Ici, des serviteurs en livrées les débarrassèrent des couches superflues. Ils restèrent silencieux, ponctuant les mouvements de remerciement jusqu’à ce que les seigneurs soient seuls. Mel’Ermat s’assit et invita tout le monde à en faire de même. Le plus dur dans ces retrouvailles était de faire fi du protocole et de parler comme si de rien n’était. Ce fut le seigneur Mel’Ygha qui se lança en présentant quatre de ses accompagnants. L’un d’entre eux était son fils, un autre était un de ses vassaux et les deux derniers étaient des seigneurs mineurs de tout le royaume.

-La route a-t-elle été longue, Messieurs ? demanda l’intendant en occultant volontairement leur titre.

Il était bon de leur rappeler que même s’ils étaient amis, il était celui qui commandait. Le plus vieux d’entre eux répondit, respectant la hiérarchie.

-Plutôt bonne, fit Mel’Varo, l’arrivée s’est soldée par une pluie de mauvaises nouvelles comme d’eau.
-J’imagine… répondit Mel’Ermat. Puis-je vous offrir à boire ? proposa-t-il alors qu’une nouvelle volée de serviteurs fit son apparition avec des plateaux chargés de bouteilles de vins.

Chacun se fit servir mais personne ne reprit la conversation jusqu’à ce que les serveurs ne repartent. Il régnait un climat de méfiance bien plus étrange que ce que la réunion exigeait.

-A ce propos, quand doit arriver Mel’Placer ? demanda le fils de Mel’Ygha sans viser particulièrement Mel’Ermat par cette question.
-Des dernières nouvelles de Mel, le ballon dirigé devait partir hier soir, il devrait être là demain, répondit le seigneur de l’ouest.

Mel’Ermat ne le savait pas. Ce n’était pas quelque chose qui figurait dans ses missives. C’était bon à savoir si tout devait être prêt pour son arrivée.

-J’espère qu’il sera en forme, dit un participant, la situation exige de lui qu’il soit attentif.
-Comment ça ? intervint Mel’Ermat.

L’autre sembla mal à l’aise que l’intendant s’adresse directement à lui. Il remua sur son siège serrant sa coupe contre lui.

-Il y a ces rumeurs de guerre… l’assassinat de Rouj… la tentative sur Ben Lor.

Mel’Ermat ouvrit des grands yeux mais reprit vite son calme en sachant son expression en buvant à sa coupe.

-Quand cette attaque a-t-elle eu lieu ? demanda Mel’Ermat.
-Ce matin, fit le seigneur de la province du soleil. On dit qu’il les a tués tout seul. A priori, ils l’auraient attaqué alors qu’il s’entraînait.

Mel’Ermat se demandait si les assassins savaient vraiment ce qu’ils faisaient. Il fallait être fou pour s’attaquer de front à Ben Lor alors que celui-ci était prêt à se battre. Mel’Ermat ne dit rien à propos du meurtre d’Aolin, il ne fallait pas jouer toutes ces cartes au premier tour. Il nota néanmoins que cela faisait une attaque supplémentaire contre un roi. Quelque chose clochait mais quoi ?

-C’est une honte, dit un seigneur, vivement que ceux qui tentent ces actions soient pendus haut et court.
-Je suis sûr que Regut y est pour quelque chose, dit le fils de Mel’Ygha ce qui lui valut un regard désapprobateur de son père puis une remarque cinglante.
-Tu n’es même pas encore seigneur que tu critiques les rois ? demanda Mel’Ygha.

Le jeune homme rougit et baissa les yeux. Ce serait un miracle s’il osait parler avant la fin de la soirée.

-La remarque est quand même juste, dit le seigneur de la province du soleil –qui ne devait son nom qu’à la tradition–. Il serait le seul à gagner à ce que ses rivaux politiques disparaissent. Mais cela n’a pas de sens car il a annoncé qu’il n’était pas intéressé par le poste de l’Empereur.
-Est-ce que Mel’Placer compte toujours se présenter ? demanda le seigneur du Chem à Mel’Ermat en ne cessant de faire tourner l’alcool dans son verre.
-Oui, avoua l’intendant, nous comptons bien briguer le poste suprême.

Deux des seigneurs finirent leurs coupes et les laissèrent sur la table.

-Alors dites-lui que j’ai une bonne nouvelle. Même si vous l’avez décidé récemment, l’abandon de la course de Regut au début de l’année nous a fait penser que vous pourriez changer d’avis. J’ai donc laissé traîner mes oreilles et, avec ceux ici présents, nous avons travaillé le fond pour convaincre nos compatriotes de voter pour lui.

Tout le monde écoutait attentivement et guettait la réponse de Mel’Ermat. En effet, ils avaient travaillé dans l’ombre sans lui dire ce qu’ils faisaient. Cela pouvait être assimilé à des complots.

-Je ne vais pas vous dire que je suis content de ce que vous avez fait…

Il les regarda un par un pour être sûr que le message était passé.

-Mais je ne vais pas vous dire non plus que je ne suis pas satisfait.

Il se retint de sourire. S’il craquait, il perdrait tout son sérieux.

-Prévenez-moi la prochaine fois, je vous ferais peut-être gagner du temps. Comment savoir que nous n’avons pas promis les mêmes choses ? Qui paiera les factures ? demanda-t-il avec suspicion. J’espère que vous ne vous êtes pas engagés financièrement auprès de quiconque. Il est évident que je suis le seul avec Mel’Placer à pouvoir distribuer l’argent du royaume.

Personne ne parla ni le regarda. Pourtant, certains se mordaient la langue. Si jamais il avait promis de l’argent contre des voix, ils devraient payer de leur poche. Mel’Ermat devrait surveiller les factures qui remonteraient ensuite de chaque province. Il était sûr que certains tenteraient de les faire passer dans les frais de fonctionnement. Il décida de partager avec eux les informations sur leur quête du pouvoir.

-Pour l’instant, je sais que Ben Lor votera pour nous. Pour le reste, je n’ai pas encore pu leur en parler. D’après ce que je sais les…

Il choisit ses mots afin de ne pas divulguer l’information clé.

-…représentants de Terra et Sustor sont prêts à voter pour quiconque leur permettra de retourner gérer les problèmes du sud au plus vite.
-Cela se comprend, acquiesça Mel’Varo.
-Par contre, annonça Mel’Ermat, il s’avère que la séance de vote sera avancée à la semaine prochaine.
-C’est impossible ! s’indigna le seigneur du Cham en renversant quelques gouttes d’alcool sur lui.

Il sembla se rappeler à qui il parlait et qui il mettait en doute. Il nuança sa remarque :

-Quand feront-ils l’annonce publique ?

Il reboutonna sa veste pour cacher les tâches.

-Demain, dit Mel’Ermat. Cela ne nous laisse plus beaucoup de temps pour convaincre tout le monde. Le royaume apprécierait d’ailleurs les efforts qui seraient entrepris par chacun pour aider le roi à devenir empereur. Cela garantirait à tous des prix alimentaires raisonnables pour l’année à venir.

Mel’Ermat cacha à peine sa menace. Tous devaient savoir ce qu’il avait fait : acheter toutes les réserves de nourriture de l’Empire pour en décider les prix de revente. D’ailleurs, pas un ne broncha. Sauf le plus jeune d’entre eux. Il n’avait pas dû être mis au courant des affaires économiques et n’avait pas compris ce qu’il s’était dit entre les lignes. Ils se mirent alors tous à débattre de ce qu’ils tireraient de l’élection de Mel’Placer en tant qu’empereur. Mel’Ermat écouta sans particulièrement s’impliquer.
On vint les chercher après une dizaine de minutes pour le diner. Quand l’intendant leur annonça le menu, les sourires s’élargirent. Ils appréciaient visiblement l’attention. Ils montèrent au premier étage qui était la plus grande pièce de la villa. C’était une pièce vide qu’on aménageait en fonction des occasions. Aujourd’hui, on avait créé une ambiance plutôt chaude à l’aide d’une trentaine de petits braseros disposés tout autour de la table le long des murs, de grandes plantes vertes et de grands tapis à dominance rouge. Il y avait une grande table couverte de mets qui auraient donné l’eau à la bouche à n’importe qui. De la salade, des concombres, des pois, les fameux poulets, des œufs à la poêle, de la charcuterie et beaucoup d’alcool. Tous prirent un siège et posèrent leurs coupes de vin, finies ou non, à côté d’autres au niveau des assiettes. Certains déployèrent les serviettes sur leurs genoux, d’autres autour du cou tandis que certains attrapèrent des morceaux de pain qu’ils se mirent à grignoter. Comme précédemment, personne ne parla jusqu’à ce qu’ils soient seuls dans la pièce et qu’ils aient été servis. L’entrée se composait d’une salade composée de lards et de petits morceaux de pommes de terre recouvertes de sauce douce. Mel’Ermat comprit que « le sujet important » n’avait toujours pas été évoqué.

Ils mirent d’ailleurs du temps à y venir malgré toutes les perches que tendit Mel’Ermat. Ils parlèrent néanmoins d’un grand nombre de sujets. Tous plus ou moins épineux. Mais en majorité, ils rirent beaucoup et l’alcool les détendirent tous. La route de l’ouest ne provoqua pas de polémique ici puisque tous y étaient favorables. Ils furent cependant, et l’intendant ne s’y attendait pas, plus partagés sur la ville qui s’était créée après que les bateaux se soient emboutis les uns dans les autres. Ils furent fascinés lorsque Mel’Varo, suite à une alliance que Mel’Ermat ne trouvait pas très claire, leur avoua qu’il avait rencontré les émissaires du peuple de l’air qui étaient en ville. Ils débattirent aussi de la compagnie de mercenaires en ville ainsi que des vagues de meurtres. Ils discutèrent de mariages, d’alliances et de naissances. Ils firent des prévisions sur l’évolution des royaumes du sud à la suite de la mort d’un des rois et de la maladie de l’autre –Il ne leur dit finalement pas qu’il avait appris son décès quelques heures auparavant–. Ils discutèrent longtemps, et avec un peu trop de passion, des hausses d’impôts qui étaient prévues l’année suivante ainsi que le coût qu’avaient les soldats à la frontière nord. De là, ils dérivèrent sur les rumeurs de guerre du sud. En effet, le seigneur de la province du Crois était un ami du seigneur Mel’Frontad et il semblait tout aussi averti de ce qu’il se passait à la frontière sud de l’Empire. Son témoignage recoupait les informations de son espion : on ne savait rien si ce n’était que personne ne revenait des explorations. C’était un peu maigre pour parler de guerres. De là, ils embrayèrent sur la mystérieuse prophétie. Mel’Ermat espérait que c’était à cause de l’alcool qu’ils semblaient passionnés car croire à ce genre de choses n’apportait rien de bon. Pourtant, on finit par l’interpeler pour lui parler de quelque chose. Tous se turent et l’intendant comprit qu’ils avaient atteint le fameux sujet tabou.


-Vous savez ce que je pense de cette prophétie, préféra répéter Mel’Ermat.
-Oui, dit Mel’Varo mais nous pensons avoir trouvé l’enfant…

Il y eu un grand blanc mais Mel’Ermat se pencha en avant, intrigué, désireux d’avoir plus d’informations.

-Comment ça… vous avez l’enfant ? Répéta-t-il lentement, le regard noir.

Malgré le fait qu’il était de dix ans son aîné, Mel’Varo ressemblait à enfant en train de se faire gronder. Il tenta de s’expliquer bien que tous présents devaient être complices.

-Je crois que cette prophétie est… sous-estimée, tenta-t-il de dire diplomatiquement bien que Mel’Ermat comprit le message qui lui était adressé. Nous avons pensé que si celle-ci avait la moindre possibilité d’être vraie, il faudrait au plus tôt mettre cet enfant sous notre protection. Il nous a fallu six mois pour mettre la main dessus et nous n’étions pas les seuls sur sa trace.
-Comment savoir que c’est lui ? Voulut savoir Mel’Ermat. Non ! se reprit-il immédiatement frappant la foule de stupeur. Je ne veux pas savoir, c’est un tas d’imbécilités ! Vous avez réellement enlevé un enfant sur la base de racontars ?
-Sa mère nous l’a confié, se défendit vexé Mel’Ygha. Vous devriez parler avec lui et voir ce dont il est capable, vous seriez surpris…

Il se tut. Mel’Ermat décida de se calmer, il ne servait à rien de s’énerver. Le mal était fait.

-Bien, maintenant que cet enfant est sous votre aile, garde-le en sécurité. Ce n’est pas une priorité. Il n’y a ni guerre, ni fin du monde à ce que je sache. Concentrons nous sur l’élection.

Cela clôturait la discussion. Ils ne semblaient pas avoir d’autres choses à dire de toute façon. Ils s’y connaissaient tous en politique pour ne rien laisser paraître. Il était très dur de se remettre à parler après une telle intervention. Heureusement, les desserts arrivèrent et l’alcool effaçant rapidement les remontrances, ils se remirent à discuter de banalité. Mel’Ermat savait que le sujet reviendrait un jour sur le tapis. Trop de personnes prenaient cette prophétie au sérieux pour l’ignorer plus longtemps. Au final, la soirée aurait pu être pire.



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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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