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Warhammer Forum

[40K/WHB][VO] Hammer and Bolter


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Bonjour tout le monde et bienvenue dans la revue du 21ème numéro de Hammer & Bolter ! Au menu de ce copieux épisode, le retour de Laurie Goulding, cette fois-ci aux commandes du chapitre Space Marines le plus faux-rmidable (ceci n’est pas un jeu de mots terrible) de l’Imperium, une preview d’un bouquin de l’Hérésie d’Horus sorti il y a à peine quatre ans (une paille), la dernière aventure de Gérard Lambert Erkhart Dubnitz, la sempiternelle malédiction mensuelle du pauvre Gilead, et et et… la première nouvelle potable de Sarah Cawkwell. Non, vous ne rêvez pas, et, oui, c’est incroyable. Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre. Tous en piste.

 

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The Shadow of the Beast – Goulding :

 

Deux mois après ses débuts dans Hammer & Bolter, Laurie Goulding est de nouveau mis à contribution, cette fois-ci dans une nouvelle illustrant les dangers de la plongée sous-marine dans un banc de méduses. Notre propos se plaçant dans le primesautier 41ème millénaire, les méduses ont découvert le voyage spatial, légèrement cru en proportions et explosent au moindre contact (ce n’est pas bien pire que ce qui se fait à l’heure actuelle en Australie, notez), mais la logique reste fondamentalement la même, à savoir : too bad you’re dead.

 

Le récit s’ouvre sur la description de notre héros, le Réclusiarque Hornindal (que je ne vois aucune raison valable de ne pas désigner sous le nom d’Horny à partir de maintenant), plongé dans la contemplation du Warp sur le pont d’observation du Xenophon. Le romantique indéniable de cette scène se retrouve toutefois rapidement battu en brèche par l’auteur lui-même, les velux du fier destroyer impérial étant obstrué par la couche protectrice d’adamantium réglementaire et le bon Chapelain ayant de toute manière les yeux fermés. Dans la même veine de dialectique épique/réaliste, Goulding révèle qu’Horny s’est rendu sur place pour être le témoin de l’avancée du vaisseau.... sauf que les voyages dans le Warp ne sont pas régis par les mêmes lois que ceux prenant place dans le monde réel, et qu’il est donc aussi probable que notre héros ait l’impression que son pousse-pousse pédale dans la choucroute (peut-être au sens littéral, tout est possible dans l’Immatérium) ou fasse marche arrière qu’il le contemple filer à travers… heu… la choucroute, comme il l’espérait. Et cela sans prendre en compte qu’il n’y a rien à voir, et qu’il ne regarde même pas en fait. Cette scène d’exposition, un peu étrange au vu des standards de la BL en matière, se termine par le décès inopiné du Navigateur du Xenophon, forçant ce dernier à réaliser une transition Warp en catastrophe, qui le fait se matérialiser au beau milieu d’une vrille de la flotte ruche Kraken. Oups.

 

La suite de la nouvelle verra le Xenophon engager une partie de Flappy Bird en mode hardcore contre les myriades d’organismes tyranides zonant dans les parages, la perdre sur le score honorable 53 et devoir organiser une pyjama party avec quelques centaines de gaunts et au moins un Carnifex en punition. Mauvais joueurs, les Scythes préfèreront toutefois passer du côté obscur du champ de force gravitationnel du planétoïde le plus proche plutôt que de laisser leurs nouveaux potes dévaliser leur frigo et ruiner leurs toilettes (ou peut-être est-ce l’inverse, c’est dur à dire avec les xenos). La nouvelle se termine donc sur 1) le crash du Xenophon sur la très justement nommée planète Tumbus (s’écraser comme une grosse bouse en Haut Gothique) et 2) un constat d’échec pour Horny, dont l’avertissement émis à l’attention du reste de l’Imperium quant à la présence d’une flotte ruche dans un secteur non défendu de ce dernier n’a visiblement pas percé les terra watts de dubstep crachés par le vaisseau mère tyty1. On ne peut pas gagner à tous les coups.

 

Si The Shadow of the Beast marque clairement une progression de Laurie Goulding par rapport à sa première, et assez peu concluante, soumission (The Oberwald Ripper), le propos reste encore perfectible, tant sur le fond que sur la forme.

 

Pour commencer par la « remontrance » la plus légère, je n’ai pas perçu chez l’auteur une grande maîtrise des archétypes utilisés dans sa nouvelle, à savoir l’histoire de Marines d’une part et le combat spatial d’autre part. Côté casting, Goulding pêche étonnamment plus sur les caractéristiques générales d’un SM que sur les particularismes du chapitre qu’il met sur le devant de la scène (dont le background n’était, il faut dire, pas aussi strictement défini que celui d’autres confréries de surhommes génétiquement modifiés). Sans sombrer dans des errements comparables à ceux de Jonathan Green dans son édifiant Salvation, Goulding arrive tout de même à donner à ses héros des faiblesses trop humaines, qu’il s’agisse du besoin d’Horny de constater la vitesse de progression du Xenophon dans l’Immaterium (bien que l’auteur reconnaisse lui-même que cela va à l’encontre de toute logique) ou encore des effets débilitants du manque de sommeil sur ce dernier (et le nodule cataleptique, c’est pour les kroots ?). Citons aussi les réflexions no-brain de l’autre Chapelain de l’histoire, une sombre brute dénommée Demetrios, qui ne trouve rien de plus intelligent que de proposer d’ouvrir le feu sur les organismes « minés » qui entourent la flotte ruche alors que le Xenophon fait du pare-chocs à pare-chocs avec les méduses de l’espace. Une agressivité débordante et un zèle sans faille ont beau faire partie des qualités recherchées pour ce type de poste, j’ai du mal à imaginer un des meilleurs de l’Empereur faire une suggestion aussi débile2 à l’aube de la seconde guerre tyranique.

 

Côté action, et sans prétendre être un expert dans le domaine, j’ai trouvé assez peu crédible la manière dont l’auteur dépeignait l’affrontement entre le vaisseau impérial et ses innombrables adversaires. Là encore, ce n’est pas du côté des spécificités tactiques, techniques ou physiques de chaque camp que le bât blesse, mais bien au niveau de la mise en scène du combat. Goulding ne sépare ainsi ses belligérants que de quelques centaines de mètres (trois cent mètres pour être exact), ce qui correspond littéralement à un corps à corps à l’échelle d’une bataille spatiale, où la bordée tirée à une dizaine de milliers de kilomètres de sa cible est la norme (merci à Gavin Thorpe d’avoir crédibilisé cet aspect important de l’univers de 40K grâce à Battlefleet Gothic et ses propres textes de fiction). On va dire que je pinaille, mais Laurie Goulding est depuis passé éditeur au sein de la BL, ce qui fait de lui le garant du fluff de GW, surtout depuis la disparition du poste de « Maître du Savoir » il y a quelques années. Partant, il n’est guère rassurant de constater qu’un poste aussi important au sein de la BL lui ait été confié malgré ces lacunes assez sévères… J’espère qu’il les a comblées depuis.

 

Cependant, le point le plus litigieux de The Shadow of the Beast reste pour moi sa construction, qui l’apparente davantage à un chapitre de roman qu’à une nouvelle one-shot. Qu’il s’agisse de l’important travail de contextualisation du retour du Xenophon vers la planète chapitrale des SotE effectué par Goulding au début du texte, du nombre relativement important de protagonistes (6) au vu de la longueur de ce dernier, ou de la conclusion qui laisse planer un vieux doute quant à l’envoi de la mixtape d’Hornindal au reste de l’Imperium, tout laisse à penser que les évènements couverts dans The Shadow… s’inscrivent dans un axe narratif bien plus important (au hasard, la lutte des Scythes of the Emperor contre la flotte ruche Kraken), ce qui, après vérification de la part de votre serviteur, ne semble pas être le cas3. Même si je suis le premier à apprécier les nouvelles dans lesquelles les héroïques Space Marines se font botter les fesses, le positionnement maladroit de celle-ci est venu gâcher le plaisir de lecture, et relègue donc The Shadow… loin derrière The Long Games at Carcharias de Rob Sanders, qui reste à mes yeux la soumission la plus intéressante dans la catégorie « et à la fin, les méchants gagnent » de Hammer & Bolter.

 

1 : Quand on sait que les symptômes de l’Ombre dans le Warp sont un malaise persistant, des cauchemars répétés, de fortes migraines, des crises de hurlements, des saignements oculaires et, dans les cas les plus extrêmes, des épisodes de coma profond pour les individus les plus sensibles, je me dis que ça colle parfaitement avec une exposition prolongée avec ce genre de musique.

 

2: Le faquin se fait d’ailleurs remettre à sa place fissa par le commandant du Xenophon, peu enclin à démontrer par l’exemple qu’il vaut mieux ne pas shooter dans un paquet de claque-doigts au milieu d’une colonie de grands crapauds aboyeurs de Catachan.

 

3 : Les passionnés noteront tout de même que le triste destin des Faux de Pépé est partiellement couvert dans une série de nouvelles, dont trois signées du même Goulding. La plus récente du lot (Reclamation) ayant été publiée dans une anthologie consacrée aux chapitres SM renégats et chaotiques (Renegades of the Dark Millennium – 2014), il serait logique d’en conclure que les Scythes sont définitivement passés du côté obscur.

 

Fear to Tread (extrait) – Swallow :

 

Il ne surprendra personne d’apprendre que le troisième roman écrit par James « Simply Red » Swallow pour l’Hérésie d’Horus, Fear to Tread, ait été consacré en grande partie à son chapitre fétiche, les Blood Angels. Publié en 2012, cette humble brique dans l’imposante muraille que constitue la franchise 30K de la Black Library fut l’occasion de faire vivre aux vampires énergétiques et à leur Primarque emplumé leurs propres aventures, après quelques apparitions en tant que seconds rôles dans diverses publications antérieures.

 

L’extrait1 présenté dans le 21ème numéro de Hammer & Bolter est tiré du prologue du roman, qui voit les Space Marines des IXème  et XVIème Légions gambader gaiement gantelet dans le gantelet à travers les riantes plaines de Melchior et piétiner la gueule des infâmes nephilim (différents de ceux de Lion’El Jonson, à chacun ses délires) dans la joie et la bonne humeur. Tout irait pour le mieux dans la meilleure des dystopies totalitaires et militaristes si certains Blood Angels ne pétaient pas les plombs à intervalles réguliers et ne se mettaient à développer soudainement un amour aussi immodéré qu’indiscriminé pour l’hémoglobine. Bien gêné par la sanglante incontinence affligeant ses fistons, Sanguinius fait de son mieux pour garder le secret intact, secondé dans cette tâche ingrate par Azkaellon, chef de la Garde Sanguinienne, et Raldoron, un médicament générique efficace contre les symptômes du rhume chez le cochon d’inde adulte le Capitaine de la première compagnie des BA. Pas de chance pour 100 Guinness, le triomphe de Melchior se retrouve terni par un nouveau cas de boudinophilie aigue, dont la victime (Alain Otton Rosalie de la Mortecuisse, surnommé Alotros par ses copains de la 111ème compagnie) a heureusement été discrètement2 confinée dans une ruine quelconque du champ de bataille. Tout aussi discrètement3 prévenu du problème alors qu’il était sur le point de conclure sa bromance avec Horus, Sangui’ file à l’anglaise sur le lieu du drame, où il tente vainement de ramener Alotros à la raison avec des arguments aussi percutants que « allez quoi, guéris, fais pas ta pute », avant d’être contraint de décoller les cervicales du faquin d’une pichenette de l’annulaire gauche, afin d’abréger les souffrances du pauvre Al.

 

Sur ces entrefaites, Horus se téléporte sur place4 et commence la psychanalyse de son frérot afin de comprendre pourquoi ce dernier a commis l’impensable et buté un de ses propres Space Marines. Rapidement briefé par Sanguinius sur l’existence de la soif rouge, le Maître de Guerre jure de garder le préserver le secret des Blood Angels et d’aider ces derniers à se libérer de cette malédiction. L’extrait se termine par le prélèvement des glandes progénoïdes de feu Alotros, opération effectuée à but scientifique par un Apothicaire stagiaire pas vraiment conscient de l’enjeu sous la supervision directe de Raldoron. Ce dernier profite de l’occasion pour passer un coup de Baalish (c’est comme du polish, sauf que c’est noir et ça vient de Baal) sur l’armure du défunt avant l’arrivée de la voiture balai, rituel lourd de sens puisqu’il fait passer Alotros dans la compagnie de la mort5. If you want blood (Angels fluff), you got it.

 

La fin de la lecture de cet extrait m’a trouvé partagé. D’un côté, son niveau est tout à fait convenable, surtout en prenant en compte le pedigree de Swallow, et l’alternance entre combats, discussions entre Primarques (passages jamais anodins pour le fanboy, même si assez délicats à mettre en scène de manière convaincante par certains auteurs de la BL, bien en peine de retranscrire la pensée surhumaine de leurs personnages sans partir en cacahuète), péripéties intra-Légion et éléments fluff fournit un échantillon ma foi fort représentatif de ce qu’est un bouquin de l’Hérésie d’Horus.

 

De l’autre, je me suis rendu compte que rien n’était révélé de la véritable intrigue de Fear to Tread dans cet extrait, les évènements couverts au cours de ce dernier n’ayant pour but que de permettre à Swallow de justifier l’envoi des Blood Angels sur Signus Prime, à la recherche du remède à la soif rouge promis par un Horus déjà corrompu à son naïf de frérot. Même si cette lacune n’est pas impardonnable, en ce qu’elle ne nuit pas au confort de lecture, elle étonne de la part de la BL, dont le but premier reste (comme toute maison d’édition qui se respecte) de vendre des livres. Dans ce cas précis, l’extrait se termine de façon tellement nette que l’on aurait légitimement pu croire que le bouquin s’arrêtait là, tous les arcs narratifs esquissés au cours de ces quelques pages ayant trouvé une conclusion satisfaisante à la tombée du rideau : les nephilim sont annihilés, Alotros est mort et Horus a juré de garder le secret de Sanguinius. Au final, seuls les lecteurs subjugués par le style de Swallow (qu’ils se dénoncent) et/ou fans transis de la Légion de l’homme-pélican ressentiront le besoin d’acheter Fear to Tread suite à la lecture de cet extrait, alors qu’un petit cliffhanger des familles6 aurait pu donner envie à d’autres de donner sa chance au bouquin. Il faut apprendre à vous vendre les gars !

 

1 : Qui est lui-même un extrait de l’extrait gratuit disponible sur le site de la Black Library, qui donne un peu plus d’éléments sur la bataille finale de la campagne de Melchior, dépeinte par Swallow comme un chef d’œuvre tactique alors qu’elle ne se révèle être qu’une bête prise à revers. Et dire qu’il a fallu deux des plus grands stratèges de l’Imperium pour mettre au point cette offensive…

 

2 : Il faudra m’expliquer comment un bâtiment entouré par, au bas mot, un millier d’armoires à glace en armure rouge sang regardant tous fixement vers l’extérieur n’attirerait pas immédiatement l’attention d’un être humain normalement constitué, et à plus forte raison, d’un Primarque raisonnablement intelligent.

 

3 : « … et la fois où j’ai échangé l’après-shampoing de Fulgrim avec la lotion anti-puces de Leman Russ, tu t’en souviens ? »

« Excelleeeeeent ! Mais ça ne battra jamais Konrad Curze complètement torché qui poursuit Vulkan dans les coursives du Vengeful Spirit en gueulant - noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir - »

« Je suis navré de vous interrompre messeigneurs, mais je suis porteur de graves et confidentielles nouvelles. »

« Rha, Raldo, tu fais ch*** ! Pour une fois qu’Horus et moi avions le temps de nous remémorer le bon vieux temps. Qu’est-ce que c’est encore ? »

« C’est-à-dire que nous avons un nouveau cas, honoré Primarque. »

« Deux semaines sous antibiotiques et pas d’exercice prolongé jusqu’à nouvel ordre, et ce sera rapidement terminé. »

« Je veux dire que nous avons… perdu un de nos frères. »

« Faîtes une annonce au micro et attendez le à l’accueil du champ de batail- Wait. Perdu… comme dans perdu ? »

« Malheureusement. »

« Saperlipopette ! Horus mon grand, je te prie de m’excuser, j’ai une affaire des plus pressantes à régler avec ma Légion. Ah, et si tu pouvais ignorer tous les sous-entendus à peine dissimulés que Raldoron et moi-même venons d’échanger à propos d’un mal mystérieux frappant les Blood Angels, ni utiliser tes super capacités de ninjarque pour nous filer en douce, ce serait sympa de ta part. »

« J’aimerais bien mais l’intrigue du roman repose sur ma connaissance de cette affliction et l’utilisation de ce savoir pour envoyer ta Légion à la pêche au dahut. C’est donc non. »

« Crotte. »

 

4 : Comprendre qu’il apparaît comme par magie derrière Sanguinus, qui venait pourtant d’effectuer le trajet en land speeder et était gardé par deux piquets de Blood Angels aux aguets, sans autre justification qu’un Ta Gueule, C’est un Primarque assené par un James Swallow bien décidé à ne pas se compliquer la vie avec ce genre de détails insignifiants.

 

5 : On notera au passage que Raldoron passe les plates d’Alotros au cirage sous les yeux de l’Apothicaire réquisitionné pour l’occasion, juste après lui avoir fait jurer de ne parler à quiconque de cet épisode, ce qui est assez stupide de sa part puisque le retrait des glades progénoïdes sur un cadavre de SM à la fin d’une bataille est en soi un non-évènement. L’Apothicaire, Meros de son petit nom et futur Red Angel, repartira donc avec deux motifs de gamberge de ce théâtre d’opération, alors que Raldoron aurait très bien pu faire passer Alotros pour une victime lambda de l’affrontement contre les nephilim et attendre le départ de Meros pour sortir son marqueur. Pas étonnant que les BA se frittent contre un Gardien des Secrets sur Signus Prime, leur incapacité manifeste à conserver un secret ayant dû grandement taper sur les nerfs de Slaanesh.

 

6: Abnett pousse le concept dans ses derniers retranchements en commençant ses bouquins en bombardant ses lecteurs de références sibyllines et/ou de contresens apparents, qui ne deviendront logiques qu’une fois mis en contexte, souvent bien des chapitres plus tard. Et ça marche !

 

Gilead’s Curse (ch. 8.) – Vincent & Abnett:

 

Ayant exterminé à eux quatre la meilleure partie de la race skaven, notre trio d’elfes flanqué du vampire suicidaire de service se mettent en route vers la surface et vers l’acte II de Gilead’s Curse, que ce huitième chapitre est censé introduire de la façon la plus naturelle possible. N’ayant récupéré que la fameuse amulette du Roi des Rats de ses péripéties dans le sous-monde, Gilou se retrouve en effet fort embêté au moment de poursuivre son enquête (car oui, on aurait tendance à l’oublier – moi le premier –  mais le fil conducteur du roman est la recherche par Gilead des causes de la sinistrose ambiante qui semble frapper le Vieux Monde au moment où se déroule le récit), sa piste la plus prometteuse reposant désormais en deux parties distinctes sous quelques quintaux de roche et de terre, sans qu’il n’ait pu rien en tirer de très concluant1. Fort heureusement pour tout le monde, sauf pour le lecteur, qui aurait à ce stade apprécié que Vincent et Abnett tirent la conclusion logique de cette nième maladresse littéraire et concluent la piteuse résurrection de leur héros par un « il se rendit compte qu’il ne pouvait pas aller plus loin et décida en conséquence de repartir pour Ulthuan afin de compléter la formation de Laban et ouvrir un restaurant La Patatière en tant que franchisé », le Comte Vampire se révèle être un expert en matière d’amulette, et en sa qualité de sommité mondialement reconnue dans ce domaine, est capable d’aiguiller ses nouveaux amis vers les vrais responsables de toute cette chienlit, j’ai nommé… les Rois des Tombes. Ba-dum-tss.

 

Ayant depuis longtemps dépassé le stade de l’indignation volubile face aux énormités que le duo d’auteurs est capable de commettre sans sourciller, je ne m’étendrai donc pas sur le caractère totalement artificiel de cette relance narrative, pondue ex nihilo par le fantasque binôme et jeté en pâture aux lecteurs avec une désinvolture relevant du pathologique. Telle la créature de Frankenstein, l’intrigue de Gilead’s Curse n’est qu’un ramassis d’éléments plus ou moins fonctionnels mais très loin d’être assortis les uns aux autres, assemblés en un tout « cohérent » à grand renfort de sutures grossières, et dont l’existence constitue un affront à la logique et aux bonnes mœurs. À titre personnel, je soupçonne que l’inclusion des Nehekhariens dans l’intrigue découle de la volonté de la BL de supporter la sortie du nouveau Livre d’Armée Rois des Tombes (Mai 2011) en donnant aux fanboys un peu de contenu romancé à se mettre sous la dent. Difficile sinon d’imaginer ce qui aurait pu pousser Vincent et Abnett à porter leur dévolu sur cette faction, que rien ne destinait a priori à jouer un rôle dans la saga de Gilead2.

 

D’un point de vue purement factuel maintenant, ce huitième chapitre est principalement dévolu à l’affrontement final entre Gilead et le Comte Vampire, combat épique dont le dénouement ne fait évidemment pas un pli. Les tentatives de solenniser un tant soit peu ce duel au sommet entre deux bretteurs d’exception méritant l’un et l’autre le statut de protagoniste, pour louables et légitimes qu’elles soient, ne débouchent cependant sur rien de bien concluant, marginalisées qu’elles sont par les nombreux éléments what the fuck-esques parsemant le récit de cette ultime passe d’arme, comme autant grumeaux dans le kouglof narratif commis par nos deux larrons (comprendre que, comme cette fameuse spécialité alsacienne, la prose des Vabnett est sèche et insipide). Des caractéristiques physiques des artères fémorales elfiques aux leçons de vie inculquées à coup de patates brûlantes, en passant par la chemise irrémédiablement tachée de Gilead, le festival des incongruités continue à battre son plein, et promet même de redoubler au cours des chapitres à venir si l’on en juge par l’influence désinhibante que l’inclusion de Laban et Fithvael au récit semble avoir sur les auteurs. La tabula rasa décrétée par Nik et Dan permettra-t-elle à Gilead’s Curse de redorer quelque peu son blason avant que le récit ne se termine ? Je ne me bercerais pas d’illusions si j’étais vous, mais vous donne rendez-vous au prochain épisode pour juger sur pièce.

 

1 : En même temps, ce n’est pas en improvisant un (mauvais) café-philo avec le méchant sensé fournir les réponses à tes questions que tu remonteras à la cause du problème.

 

2 : On notera au passage que notre elfe déprimé est le second personnage du fluff de Warhammer Fantasy à faire le lien entre Skavens et Rois des Tombes, le premier n’étant autre qu’un obscur nécromancien à la petite semaine répondant au nom de Nagash.

 

Dead Man’s Party – Reynolds :

 

Toutes les bonnes choses ayant une fin, c’est avec une certaine tristesse que je chronique ici la dernière aventure d’Erkhart Dubnitz, mascotte du très saint et très awesome Ordre de Manann, publiée dans Hammer & Bolter. Avec quatre soumissions en l’espace de neuf mois, la série consacrée par Josh Reynolds aux aventures du chevalier le moins chevaleresque du Vieux Monde a constitué l’un des jalons les plus marquants de l’année 2 du webzine de la BL, prenant de fait la place précédemment occupée par les ennuyeux Silver Skulls de Miss Cawkwell. N’eut été la malencontreuse oblitération du monde Warhammer au cours de la Fin des Temps (dont le déroulé a été, ironie de l’histoire, en grande partie rédigé par le même Reynolds), Dubnitz aurait sans doute fini par obtenir son propre roman, rejoignant ainsi le cercle très restreint des personnages second degré de la Black Library assumés par cette dernière (Ciaphas Cain… et c’est à peu près tout). Destin cruel.

 

Comme indiqué par son titre, Dead Man’s Party met en scène une petite sauterie, organisée par le Grand Maître Ogg pour un potentiel généreux donateur, Bernard Lomax. Ce dernier, incarnation vivante (au début du récit en tout cas) du marchand Marienburger aussi fabuleusement riche qu’incroyablement pingre, est en effet prêt à tout pour flouer sa famille de l’héritage que son grand âge lui fait espérer sous les plus brefs délais. Si l’histoire ne dit pas pourquoi Bernie a porté son choix sur le très saint et très humble Ordre de Manann, ce dernier a toutefois sauté sur l’occasion et accepté sans rechigner l’unique condition que le Lorax a formulé à la modification de son testament en sa faveur, à savoir participer à la plus grosse teuf imaginable. That’s right punks, Nanard wants to party hard. Chaperonné par Dubnitz et un autre chevalier dénommé Piet Van Taal1, Lomax descend donc dans les bas-fonds de Marienburg comme la vérole sur le bas clergé pour un one night stand homérique, bien décidé à rattraper ses décennies de sobriété et d’abstinence en se mettant absolument minable.

 

Malheureusement pour notre trio, les réjouissances sont brutalement interrompues en plein before par un carreau d’arbalète, qui vient clouer la chope de Bernie à son occiput, avec des conséquences évidemment fatales pour le pauvre bougre. Mise au courant du coup de p*** ourdi par le patriarche, la descendance Lomax a en effet cassée sa tirelire pour se payer les services d’un assassin et ainsi empêcher le nouveau testament de prendre effet. Anticipant le déplaisir d’Ogg s’il venait à apprendre la disparition précoce de son futur mécène, Dubnitz décide de continuer la fête comme si de rien n’était, quitte à trimballer le cadavre de Bernard de taverne en taverne en faisant passer le macchabée pour simplement torché, le but de la manœuvre étant de faire « survivre » Lomax jusqu’au chant du coq et ainsi empocher le magot tant convoité. Plan brillant s’il en est, mais dont l’exécution se trouve légèrement compliquée par le fait que l’aimante famille de Herr Bernard a littéralement mis tous les assassins de Marienburg sur le coup, ce qui transforme rapidement la fiesta en battle royale entre coupe-gorges. Dubnitz réussira-t-il à sauver les apparences assez longtemps pour remplir les coffres du très saint et très fauché Ordre de Manann ?

 

Après un Lords of the Marsh en demi-teinte, Reynolds revient en grande forme et offre à son personnage fétiche un tomber de rideau digne de ce nom, avec une aventure aussi rythmée que drolatique. Difficile de voir dans l’argument de Dead Man’s Party autre chose qu’un prétexte pour confronter Erkhart Dubnitz à la faune la plus pittoresque qui soit2, dans une débauche d’action frénétique dont l’impeccable chorégraphie constitue la principale raison d’être. Cependant, le côté second degré de l’objet est totalement assumé par un Josh Reynolds ayant le bon goût de s’amuser avec le fluff et l’esprit de Warhammer Fantasy plutôt que de le tourner en dérision, comme certains auteurs l’ont parfois fait (se référer aux Grunsonn’s Marauders d’Andy Jones), ce qui permet à son propos de ne pas sombrer dans la facilité et la complaisance.

 

Ajoutez à cela quelques références savamment instillées dans le récit, qu’il s’agisse d’un simple clin d’œil adressé à Sam Warble et Zavant Konninger, deux figures historiques de la Black Library (et à travers eux, aux fidèles lecteurs de cette dernière), ou bien d’un pastiche en bonne et due forme de la fameuse série Blackadder3, joyau d’humour british revisitant avec bonheur la turbulente histoire du Royaume Uni entre le Moyen-Âge et la Première Guerre Mondiale, et vous aurez une image assez fidèle de l’objet du délit, dont la lecture est très vivement conseillée à tous ceux qui voudraient expérimenter autre chose que la traditionnelle nouvelle med-fan grimdark qui constitue le mètre étalon de la BL depuis maintenant une décennie. Dead Man’s Party est une histoire comme la maison d’édition de Nottingham n’en publie(ra) plus, et il est à mettre au crédit de Josh Reynolds d’avoir convaincu ses patrons de faire figurer cette curiosité au sommaire du webzine littéraire officiel de GW en 2012.

 

Même s’il est toujours triste de voir un personnage attachant comme Erkhart Dubnitz tirer sa révérence, le panache avec lequel Reynolds a orchestré la sortie de scène de son héros donne cependant à espérer pour les publications à venir de la BL, ce qui est toujours ça de pris en cette époque incertaine.

 

1 : Je sais ce que vous vous dîtes : comment un type avec un blaze pareil a pu finir templier de Manann ? C’est à peu près aussi crédible qu’un évêque s’appelant Mustapha Islam ou un imam nommé Salomon Blumstein. À croire que le monde de Warhammer est plus ouvert que le nôtre sur certains aspects.

 

2: Jugez plutôt : arbalétrier tiléen, hashashin arabien, pistolero cathayen, disciples de Khaine, rôdeur halfling, bretonnien maître de la danse de guerre des elfes sylvains, clowns homicidaires et cracheurs de feu, cowboy Middenheimer, pigeons grenadiers… Il y en a pour tous les goûts !

 

3 : Reynolds vend la mèche assez tôt dans la nouvelle en mettant dans la bouche de son héros la catchphrase la plus célèbre de la série (I’ve got a cunning plan), mais l’intrigue de Dead Man’s Party reprend également des éléments des épisodes The Archbishop et Head des saisons I et II.

 

Born of Blood – Cawkwell :

 

Sarah Cawkwell n’est certes pas une débutante en termes de publications dans Hammer & Bolter. Du haut de ses 5 nouvelles (sans oublier l’extrait du roman The Gildar Rift), elle est, à date,  la contributrice la plus prolifique du webzine de la BL, à égalité avec un certain Josh Reynolds. Entre les deux hot new talents, la répartition des tâches était jusqu’ici d’une simplicité élégante, étant entendu que Madame faisait sienne les ténèbres du lointain futur tandis que Monsieur donnait vie au Vieux Monde et à ses habitants1. Ce 21ème numéro de Hammer & Bolter voit cependant ce statu quo être remis en question par la première nouvelle med-fan de Cawkwell, consacrée à l’enfance de Valkia la Sanglante, princesse démone (oui, ça sonne bizarre) de Khorne et favorite du Dieu du Sang. Comme pour Bitter End (Hammer & Bolter #12), récit de la période emo rock de Huronsombrecoeur la quête d’une batterie Warp pour l’Hamadrya du Tyran de Badab, il y a fort à parier que ce court format ait été rédigé par Cawkwell dans le but de « prendre en main » le personnage, avant de se lancer dans l’écriture d’un roman lui étant consacré (The Gildar Rift pour Joe l’Indien et Valkia the Bloody pour la Khorne Khorne Girl).

 

Born of Blood met en scène une Valkia de 10 ans, fille unique du chef de la tribu des Schwarzvolf, Merroc. Orpheline de mère, victime collatérale de l’affrontement entre les « gentils » Loups Noirs et les méchants de-chez-Smith-en-face (tellement bestiaux et malpolis qu’ils n’ont même pas de nom en fait), Valkia tanne son papounet pour participer à la bataille finale contre les ennemis susnommés, venant ruiner du même coup la séance d’aurore boréale (bah oui, il y a pas de cinéma en Norsca) familiale organisé par Merroc. La garce. Peu emballé par l’idée, et c’est compréhensible, Merroc noie le poisson en promettant à Valkia de soumettre cette demande au Cercle, instance dirigeante des Schwarzvolf et apparemment compétente sur le sujet de l’utilisation d’enfants-soldats (un UNICEF chaotique en quelque sorte). Après quelques palabres de circonstances, les sages de la tribu acceptent de laisser l’intrépide enfant prendre sa place dans la ligne de bataille des Schwarzvolf, mais en qualité de skjaldmö (shield maiden en anglais), c’est-à-dire porte-bouclier. Il n’y a pas à dire, les Norscans ont des super idées d’activités périscolaires pour leurs bambins. Quel dommage qu’ils n’aient pas d’écoles.

 

La suite de la nouvelle est logiquement consacrée au récit de la première bataille de Valkia, qui s’en sort, comme chacun peut l’imaginer, très honorablement. Protégée par son statut de personnage nommé, elle émerge sans une égratignure d’un combat que l’on pouvait pourtant supposer d’une brutalité peu commune au vu du pedigree des forces en présence. Mieux, elle trouve le moyen de trancher le jarret du hersir adverse d’un coup de surin bien placé2, ce qui lui vaut l’honneur de porter le coup de grâce au ruffian en question à la fin de la bataille. La légende est en marche…

 

Au risque de surprendre certains lecteurs, je dois avouer que j’ai apprécié Born of Blood. Il ne s’agit certes pas de la meilleure nouvelle estampillée Warhammer Fantasy Battle que j’ai jamais lue, ni même de la meilleure nouvelle de ce numéro de Hammer & Bolter, mais il s’agit très certainement de la meilleure nouvelle de Sarah Cawkwell, et la preuve que cette dernière est capable de produire des textes porteurs de valeur ajoutée, ce qui n’avait jusqu’ici pas été le cas. L’exemple le plus parlant de cette amélioration manifeste est l’inclusion par l’auteur de la figure de la skaldmö dans son récit, choix à la fois pertinent compte tenu de l’inspiration scandinave des Nordiques de Games Workshop (les Schwarzvolf semblent d’ailleurs parler bokmål – un des deux dialectes majeurs norvégiens – entre eux) et « surprenant », dans le bon sens du terme, pour le lecteur, surtout celui habitué aux platitudes des récits SM de Sarah Cawkwell (merci de ne pas sortir cette phrase de son contexte). Premier bon point. Elle a également la bonne idée de développer son point au cours de la nouvelle, en informant le lecteur de l’intérêt tactique, pas évident de prime abord pour le néophyte, de cette caste guerrière, et en la faisant évoluer sur le champ de bataille de manière assez crédible. Deuxième bon point. M’attendant à titre personnel à voir la Valkia de Cawkwell déboîter ses ennemis comme qui rigole en dépit de son jeune âge, de sa frêle constitution et de son manque d’expérience, bref en dépit de toute logique, pour la simple raison qu’il s’agit d’une future élue de Khorne et qu’elle se doit donc d’être un monstre de corps à corps (oui, j’en étais rendu à ce stade de cynisme envers les écrits de Miss Cawkwell, je l’avoue), je reconnais volontiers que le traitement (assez) réaliste du personnage par l’auteur m’a agréablement surpris. Tout arrive dans ce bas monde.

 

Bien sûr, tout n’est pas parfait dans Blood Born, à commencer par son intrigue, qui se révèle être inexistante (Martine Valkia participe à sa première bataille), et lorgne plus vers le chapitre de roman que la nouvelle à proprement parler. Les personnages manquent cruellement de personnalité, à commencer par notre héroïne, dont la farouche détermination constitue le seul trait de caractère marquant. Cawkwell sort encore trop peu des sentiers battus et rebattus de la BL (et de la littérature med-fan classique en général) dans ses partis pris de mise en scène et ses dialogues. Certaines péripéties sont marquées du sceau du TGCM (voir plus haut), et un beau gros faux-raccord (au moins) a subsisté dans la version finale de la nouvelle. Ceci dit, le résultat reste tout de même bien supérieur aux précédentes soumissions de l’intéressée, qui signe avec Blood Born son plot twist le plus convaincant à date : Madame Silver Skulls était en fait un auteur d’heroic-fantasy.

 

1 : Une autre ligne de partage, moins politiquement correcte et totalement subjective, pourrait également être tirée au niveau de la qualité des écrits de nos deux auteurs, Sarah Cawkwell s’étant « spécialisée » dans le médiocre et Josh Reynolds dans le lisible.

 

2: Episode non relaté dans le cours du récit, et c’est bien dommage car j’aurais aimé lire comment une fillette de quarante kilos, équipée d’un bouclier trop grand pour elle et d’un canif, et totalement inexpérimentée dans le maniement des armes, arrive à prendre le dessus sur un chef de guerre nordique. De manière réaliste, s’entend.

 

Au final, ce 21ème numéro n’est peut-être pas le plus impressionnant en terme de qualité intrinsèque, même si la nouvelle de Josh Reynolds vaut certainement le détour, mais il représente un excellent mètre-étalon de ce que Hammer & Bolter aurait dû être, et ce à tout niveau (diversité des formats, égale couverture des deux univers de GW, nombre et longueur des soumissions). Gilead’s Curse mis à part, le contenu de cet opus est plutôt honnête, Goulding, Swallow et Cawkwell signant tous des textes significativement supérieurs à leurs précédentes contributions. Bref, un excellent moyen de découvrir le webzine de la BL… si ce dernier n’était pas passé en pertes et profits depuis, et si ce numéro, comme tous les autres d’ailleurs, était encore proposé à la vente sur le site de la Black Library (pour des raisons que j’ignore, l’intégralité des Hammer & Bolter reste cependant disponible sur l’iStore). Zut. Il va falloir me croire sur parole du coup. À la prochaine !

 

Schattra, "il en reste un peu, je vous le mets quand même?"

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"il en reste un peu, je vous le mets quand même?"

 

 

Je ne dis jamais non à du rab! Je pense même me sortir de chroniques sur du bon vieux papier afin de les relire lors de mes vieux jours^^

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Toujours un plaisir de voir encore vivre cette partie du warfo surtout avec des post comme ceux là !

 

Juste un petit renseignement complémentaire à ta critique de l'immense Dead man party de Reynolds :

 


Toutes les bonnes choses ayant une fin, c’est avec une certaine tristesse que je chronique ici la dernière aventure d’Erkhart Dubnitz, mascotte du très saint et très awesome Ordre de Manann

 

Pas exactement la dernière aventure de ce brave Dubnitz puisqu'il a droit à un dernier baroud pour l'honneur au début du dernier tome de The End Times (comme par hasard rédigé par Josh) lors de la chute de Middenheim au côté de nombres de personnages de la BL (dont ce brave Brunner le chasseur de prime)

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@XAW: Merci pour ton commentaire et ton soutien, camarade! Je me suis toujours dit que j'arriverais au bout de ce petit exercice, commencé il y a déjà quelques années, mais j'étais incertain sur le temps qu'il me faudrait pour boucler la boucle. Au rythme actuel, j'espère avoir fini avant 2017. 
 
@JutRed: Merci également pour ton post, tes critiques des bouquins Age of Sigmar (qui m'ont beaucoup plu et m'ont bien fait rire), et ce complément d'info bienvenu sur le destin de ce bon vieux Erkhart Dubnitz! Je m'étais mis en retrait du hobby au moment de la Fin des Temps, et n'ai donc suivi que de loin les conséquences fluffiques de l'évènement. Savoir que l'Ordre de Manann a eu le droit à sa petite heure de gloire au cours du baroud d'honneur de Warhammer me satisfait profondément, et me donne une nouvelle raison de considérer l'achat des bouquins publiés pour l'occasion.
 

 

***

 

 

Bonjour à tous et bienvenue dans la chronique du 22ème numéro de Hammer & Bolter ! Au programme ce mois-ci, le retour de Chris Dows (In the Shadow of the Emperor, H&B #14) et de Frank Cavallo (The Talon of Khorne, H&B #20), dans des adaptations « warhammerisées » d’Un pont trop loin pour le premier et de Contagion pour le second. Saluons également les grands débuts de Jordan Ellinger (une nouvelle de 27 pages) et les petits débuts de C Z Dunn (un extrait audio de trois minutes et une seconde) dans le webzine de la BL. Ce bon vieux Nick Kyme vient compléter le roster du numéro en signant un copieux court-format joignant l’horrible (une histoire de Salamanders1…) à l’insoutenable (…initialement publiée sous la forme d’un audio book2), mais chaque chose en son temps. Et Gilead’s Curse, me direz-vous ? Bien que cette question, sous des abords innocents, dissimule probablement un goût prononcé pour la souffrance humaine de la part de celui ou celle l’ayant formulée, je me dois d’y répondre et indique donc à ceux que ça intéresserait qu’aucun chapitre du surréaliste opus d’Abnett et Vincent ne figure au sommaire de ce numéro. La cause de ce hiatus (le 2ème en 6 mois tout de même) est peut-être à chercher dans la date de publication du présent objet d’étude (Juillet 2012), tout le monde ayant le droit de prendre des vacances. De mon côté, je dois avouer qu’un bref sursis avant de me replonger dans la prose débilitante du duo infernal n’est pas de refus non plus. Bref, tout le monde est content et c’est bien là l’essentiel.
 
1: Remember The Burning – H&B #14
2: Remember Thunder from Fenris – H&B #19
 

 

 

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The Mouth of Chaos – Dows:
 
Après un premier effort, très Rogue Trader-esque dans l’esprit, et assez moyen dans la réalisation, Chris Dows a opté pour une approche plus conventionnelle pour sa deuxième publication dans Hammer & Bolter.
 
Alors qu’une insurrection chaotique est sur le point de faire sortir le monde de Rysgah de l’ample giron de l’Imperium, la Garde Impériale lance une contre-attaque sur la capitale planétaire (éponyme) afin de calmer les velléités sécessionnistes de la milice locale. La topographie du théâtre d’action empêchant le Marteau de l’Empereur d’utiliser ses tactiques favorites (assaut massif de bidasses totalement sacrifiables et/ou bombardement à outrance de la position ennemie), le haut commandement impérial décide de la jouer fine et charge le 158ème régiment de parachutistes Elyséens de sécuriser une tête de pont dans la cité rebelle.
 
La nouvelle commence donc par une séance de chute libre synchronisée, qui voit nos skydivers de combat dessiner des symboles insultants envers les Rysgahans et les mères de ces derniers dans le ciel nocturne, déclenchant en représailles la mise en batterie d’une Hydre et la désintégration tragique d’une partie non négligeables de nos hardis paras. Fort heureusement pour les Elyséens, l’escouade de troupes de choc du Sergent Zachariah était inscrite sur la feuille de match, et ce dernier se fait une joie de descendre les trois servants du char ennemi, et ce alors qu’il n’a même pas encore touché terre. Vous avez bien lu, Zach’ snipe les faquins en pleine chute, de nuit et à une distance que l’on peut estimer à quelques centaines de mètres, si on en juge par le temps qui lui est nécessaire pour toucher terre après son triple headshot. C’est ce qu’on appelle une entrée en matière supercalifragilisticexpidélilicieuse (d’ailleurs le terme lui-même a été inventé par l’Empereur pendant la Grande Croisade après qu’il ait eu une vision de Zachariah réussir à décapsuler une bière depuis l’orbite haute avec un macro canon), qui a le mérite de camper d’emblée le personnage et donne au lecteur un avant-goût des capacités martiales du personnage principal et de sa fine équipe. Avec des gardes impériaux aussi balaises, qui a encore besoin de Space Marines ?
 
Ayant regagné le plancher des grox sans plus de péripéties, les Elyséens se mettent à creuser un tunnel à travers la paroi du cratère volcanique dans lequel Rysgah est bâtie afin de pouvoir apprendre la vie aux hérétiques faisant régner la terreur dans la cité. Il y a certainement une explication logique au fait que nos héros n’aient pas simplement opté pour atterrir directement sur zone (et donc du bon côté du cratère), au lieu de perdre du temps en de laborieux travaux d’excavation, mais Dows ne se donne pas la peine de la fournir, entamant sensiblement la crédibilité de son récit se faisant. Par chance, les ingénieurs Elyséens se révèlent avoir du sang squat dans les veines et ont vite fait de dégager un accès convenable pour le gros de la troupe, qui doit cependant essuyer un feu nourri de la part des sécessionnistes dès la sortie du tunnel. Soit exactement le genre de situation que des troupes aéroportées ne devraient pas rencontrer. L’officier en charge de cette opération doit être le beau-frère du Commandant Chenkov, ce n’est pas possible autrement.
 
Encore une fois, il revient à Zachariah et à ses spécialistes de sauver les miches de leurs petits camarades, ce qu’ils font avec un professionnalisme et une efficacité admirables, en bons Gardes Impériaux de film d’action qu’ils sont. L’épisode permet également à Dows d’introduire la fameuse Bouche du Chaos ayant donné son nom à la nouvelle, et qui se révèle être un vulgaire Difool chaotique dont les élucubrations prosélytes sont rapidement interrompues par un tir millimétré de lance-grenades venant détruire le haut-parleur relayant sa vile propagande (mais si, c’est possible). Même si le lascar reviendra taper sur les nerfs de nos héros à plusieurs reprises dans la suite de la nouvelle en lisant les dédicaces des auditeurs à l’antenne tentant de les faire basculer du côté obscur, son rôle dans l’intrigue restera très mineur, ce qui pose la question du choix effectué par Chris Dows au moment de nommer son travail1. Tant d’interrogations, et si peu de réponses, on se croirait dans Qui saura de Mike Brant.
 
De démonstration martiale en démonstration martiale, on comprend finalement que le but de Zach’ & Cie est de détruire un des trois ponts reliant le quartier où ils se trouvent avec le reste de la cité, ce qui permettrait aux forces impériales de sécuriser leur tête de pont et d’entamer la reconquête de Rysgah dans des conditions optimales. Secondées dans cette dangereuse mission par une escouade de gardes lambda, dont la seule utilité est de mourir sous les tirs ennemis à intervalles réguliers afin de montrer au lecteur que le risque est bien présent, les troupes de choc du 158ème réussiront bien sûr à dynamiter leur objectif malgré la présence du traditionnel boss-de-fin-que-le-briefing-tactique-n’avait-pas-prévu (tous des planqués au Strategium !), qui se trouve être ici une paire de tanks décatis, pour ceux que ça intéresse. Je laisse les lecteurs curieux découvrir la manière dont nos héros réussissent à se tirer de ce mauvais pas, la méthode utilisée étant trop absurde/épatante (c’est selon) pour être spoilée ici.
 
Dows marche très clairement sur les traces de Dan Abnett et des Fantômes de Gaunt avec ce The Mouth of Chaos. Au-delà des ressemblances évidentes entre les protagonistes de ces deux auteurs (une bande de Gardes Impériaux vétérans surclassant outrageusement tout ce qui a le malheur de croiser leur chemin), on peut également noter une certaine similarité de style, particulièrement dans les scènes d’action, décrites dans les deux cas à hauteur d’homme et parvenant de ce fait à rendre de manière convaincante l’intensité d’un affrontement en environnement urbain.
 
Si l’on peut tiquer devant la facilité avec laquelle les Elyséens de Chris Dows roulent sur les pauvres renégats leur faisant face, et déplorer la tendance de l’auteur à sortir ses héros du pétrin en leur permettant de réaliser des faits d’armes dignes d’un Primarque au pic de sa forme, on doit en revanche lui reconnaître un certain talent dans la description d’une opération des forces spéciales de la Garde Impériale, et plus particulièrement des paras Elyséens, dont le mode de déploiement par grav-chute est mis en scène de manière assez satisfaisante en ouverture de la nouvelle. Un autre bon point peut être attribué à Dows pour le soin qu’il a mis à doter chacun des six membres de l’escouade de Zachariah d’une (ébauche de) personnalité, permettant au lecteur de différencier les personnages sans trop de difficultés au bout de quelques pages. Mine de rien, un tel résultat nécessite un niveau certain en matière de character development, dont peu de contributeurs de Hammer & Bolter peuvent se targuer (d’ailleurs, In the Shadow of the Emperor pêchait dans ce domaine).
 
De façon plus marginale, on peut également reprocher à The Mouth of Chaos quelques incongruités scénaristiques (voir ci-dessus), ainsi qu’une entorse manifeste (et assez surprenante de la part d’un auteur apparemment au fait sur la question2) au background canon, l’un des hommes de Zachariah se déclarant en effet impatient de retourner sur Elysea pour chasser du pirate, ce qui n’arrivera selon toute probabilité jamais. Cette innocente remarque est d’ailleurs toute proche de déclencher une crise d’apoplexie chez Hawkeye, légitimement contrarié du manque de culture de son sous-fifre3, ce qui semble laisser la porte ouvert  à une possible sérialisation des aventures des cadors du 158ème dans le futur (futur pas encore réalisé à l’heure actuelle, si on croit la bibliographie du bonhomme), histoire de permettre à Dows de faire toute la lumière sur les causes profondes de cet incident.
 
Le solde final reste cependant assez largement positif, cette deuxième contribution à Hammer & Bolter s’avérant être de bien meilleure facture que la précédente, ce qui m’autorise à répondre de manière positive à la question posée en conclusion de la critique de In the Shadow of the Emperor quelques mois plus tôt. J’adore les histoires qui se terminent bien.
 
1 : Personnellement, je penche pour un titre suggéré par un éditeur pas franchement emballé par celui proposé initialement par Dows : Hey Chaos, Suck My Airborne Dick.


2 : Dows va même jusqu’à citer le nom d’un obscur Inquisiteur martyrisé par le Chaos (De Haan), créé par Graham McNeill dans Killing Ground.


3 : La vraie raison de la réaction épidermique de Zachariah à la bourde du première classe Beor n’est pas donnée, et cette relation apparemment compliquée avec la notion de retour au foyer est un autre point commun entre les Elyséens de Dows et les Tanith d’Abnett.
 
The Butcher’s Beast – Ellinger:
 
Jordan Ellinger n’a semble-t-il pas fait carrière comme contributeur de la Black Library, la présente nouvelle représentant un quart de sa production pour la maison d’édition de Nottingham, si l’on en croit le site internet de cette dernière. Spécialisé dans l’univers de Warhammer Battle, Ellinger a ainsi signé trois courts formats mettant en scène Gotrek & Felix : The Contest, Kineater et The Reckoning.
 
La vie d’un Joueur d’Epée n’est pas de tout repos, comme Anton Erhardt, lieutenant au sein du glorieux régiment de Carroburg et accessoirement héros de The Butcher’s Beast, pourrait en témoigner. Incorporés à l’armée du général Schalbourg, les Carroburg commencent en effet leur journée par un sauvetage en règle des forces impériales, embusquées par un ost de Skaelings et d’Hommes-Bêtes pendant qu’elles traversaient la rivière Schilder. Bien loin de céder à la panique devant la brutalité de l’assaut des nordiques, les Joueurs d’Epée parviennent à tenir les hordes du Chaos en respect assez longtemps pour permettre à la cavalerie lourde impériale de prendre ces dernières à revers et les mettre en déroute. Leur commandant ayant été sévèrement blessé au cours de l’accrochage par une collision avec un Rhinox circulant sans permis, il revient à Anton de gérer les affaires courantes du régiment jusqu’au rétablissement (ou plus probablement, le décès rapide suivi du remplacement) de son supérieur.
 
Célébrés comme les héros qu’ils sont à leur retour au camp impérial, les Carroburg ont toutefois à peine le temps de s’en jeter un petit qu’ils doivent faire face aux ravages causées par une bête chaotique semblant se matérialiser comme par magie au milieu du campement à intervalles réguliers, avant de disparaître de façon tout aussi mystérieuse après avoir provoqué un boxon monstre dans le bivouac. L’affaire ayant logiquement attiré l’attention du Chasseur de Sorcières rattaché à l’armée du général Schalbourg, dont le départ en reconnaissance des forces ennemies empêche fort logiquement de garder sous contrôle les pulsions tortionnaires de l’implacable zélote, Anton décide de mener sa propre enquête afin de limiter les dégâts collatéraux autant que faire se peut. Parviendra-t-il à élucider l’énigme de la Bête du Boucher avant que cette dernière, ou les méthodes d’investigations radicales de l’Inquisition sigmarite, ne déciment l’armée impériale ?
 
Pourtant l’une des factions de Warhammer Fantasy dont le background a été le plus exploré, tant par les publications liées au jeu (Livres de Règles et d’Armée, Suppléments divers et variés) que par les romans et nouvelles de la BL, l’Empire n’a jamais été particulièrement gâté au niveau de la description de ce qui peut être considéré comme le socle de la littérature de wargame : la mise en scène de batailles rangées. Ce paradoxe repose en partie sur l’utilisation par les auteurs de la BL de héros impériaux opérant seuls (Gotrek & Felix, Brunner, Mathias Thulmann, la bande de Badenov) et/ou peu intéressés par la chose militaire (Zavant Konniger, Sam Warble), faisant en conséquence d’un affrontement de grande ampleur entre les forces impériales et un de leurs nombreux ennemis un évènement assez rare. Même si les dernières années ont vu cette tendance s’inverser avec la sortie de romans centrés sur les armées de l’Empereur (série des Sword of…, Iron Company, Grimblades, Warrior Priest, Reiksguard…), les courts formats de la BL n’ont pas été particulièrement impactés par ce changement de ligne éditoriale, ce qui fait de The Butcher’s Beast une nouvelle à part dans le « corpus impérial ».
 
La scène d’introduction de la nouvelle est à ce titre particulièrement intéressante, en ce qu’elle permet à Ellinger de confronter les fameux Joueurs d’Epée de Carroburg (sans doute le régiment nommé le plus fameux de tout l’Empire) à une horde de maraudeurs et d’Hommes-Bêtes dans un dernier carré héroïque. C’est typiquement le genre de scène que tous les joueurs impériaux se sont imaginés à la lecture du background de cette unité d’élite, et ont probablement essayé de recréer lors de leurs parties, avec plus ou moins de succès1. Il est également probable que ces mêmes joueurs se soient demandés comment diable de simples soldats humains, fussent-ils des vétérans couturés et équipés des meilleures armes et armures disponibles, puissent faire jeu égal avec, et même vaincre (parfois), des adversaires plus forts, plus rapides ou plus doués qu’eux au maniement des armes, ce qui est malheureusement (c’est le joueur de l’Empire qui parle) assez fréquent dans le monde de Warhammer. Coup de chance, Jordan Ellinger était apparemment taraudé par la même question, et y fournit une réponse somme toute assez logique : c’est leur discipline et leur capacité à se battre de manière coordonnée (couplées bien entendue avec leur moral supérieur, leur adresse au combat, leur armure de plates naine et leur zweihander de six pieds de long) qui permettent aux Joueurs d’Epée de tenir la ligne en toutes circonstances. Pour illustrer son point, l’auteur met d’ailleurs en scène les conséquences désastreuses de l’insubordination d’un des camarades d’Anton Erhardt, qui abandonne son poste pour tenter d’arracher son commandant aux griffes de l’ennemi et permet en conséquence à ce dernier de briser la cohésion de la formation des Joueurs d’Epée, ce qui conduit à leur quasi-annihilation. Ce souci de donner à l’univers fantastique de Warhammer des assises les plus crédibles et réalistes possibles est indubitablement l’une des forces d’Ellinger, et une des raisons principales de lire The Butcher’s Beast.
 
Une autre réussite à mettre au crédit de cette nouvelle est sa galerie de personnages, qui se révèlent être assez mémorables, en particulier le Chasseur de Sorcières et Templier de Sigmar Keller, un fanatique de premier ordre doublé d’un sadique dénué de tout scrupules, autant de « qualités » lui permettant de s’imposer sans problèmes parmi les antagonistes les plus haïssables de Hammer & Bolter. Sans être aussi marquants, le héros et son side-kick forment un duo à la Astérix & Obélix (comprendre que le petit réfléchit et le grand tabasse) assez efficace et tout à fait supportable, ce qui est déjà appréciable.
 
Cependant, tout n’est pas parfait non plus dans The Butcher’s Beast, le principal point faible du travail d’Ellinger étant son développement parfois artificiel, certaines décisions prises par les personnages et péripéties inclues dans le récit ne pouvant être justifiées autrement que par un bon gros « c’est le script qui veut ça » des familles. Résultat : des déductions un peu trop rapides pendant l’enquête menée par nos héros et un affrontement final avec la bête qui aurait vraisemblablement pu être évité avec une once de bon sens. D’ailleurs, cette fameuse bête n’est pas non plus au-dessus de tout reproche, les conditions de sa « création » étant assez capillotractées, ce qui est d’autant plus dommage que l’idée sous-jacente2 était encore une fois des plus crédibles. Rien de trop rédhibitoire donc, et des débuts incontestablement réussis pour Jordan Ellinger dans Hammer & Bolter.
 
1 : Surtout avant la V7 et l’arrivée d’une ténacité « inconditionnelle », mais je m’égare.


2 : Lors d’un affrontement contre des adversaires humains, il arrive que les médecins de campagne rattachés aux armées impériales soignent par erreur des combattants adverses, le chaos du champ de bataille ayant vite fait d’abolir tous les signes distinctifs permettant d’identifier l’allégeance des participants.  
 
Malediction (extrait audio) – Dunn:
 
Christian Zoidberg Dunn, aka C Z Dunn, est généralement plus connu pour son rôle d’éditeur que d’auteur au sein de la BL. Si sa première casquette l’a conduit à être crédité sur de nombreux recueils de nouvelles (Way of the Dead, Swords of the Empire, Fear the Alien, Tales from the Dark Millenium, et plus récemment Age of Darkness  et Architect of Fate), sa seconde l’a mené à signer un certain nombre de courts formats, dont le script de l’audio book Malediction.
 
Les trois minutes et une seconde que durent l’extrait audio de Malediction n’apportant pas vraiment d’éléments propres à expliquer l’intrigue de l’histoire (pour faire court, c’est une description d’un assaut de cultistes et de mutants du Chaos sur la tranchée tenue par le héros et un de ses potes), j’ai complété l’écoute en récupérant l’extrait gratuit proposé sur le site de la BL (ici, pour ceux que ça intéresse). Dans ce qui doit être la scène d’introduction du récit, le Capitaine de la 6ème Compagnie des Dark Angels (Tigrane) interrompt le discours de remerciements donné par le Colonel Regan Antigone lors de la cérémonie d’hommage lui étant consacré en sa qualité de Héros de l’Imperium et seul survivant du régiment de Gardes Impériaux ayant contribué à stopper l’invasion du monde  de Procel par les forces du Chaos quelques décennies plus tôt. Titi a fait le déplacement pour honorer lui aussi Antigone, ayant combattu à ses côtés lors de cette fameuse campagne, mais également et surtout pour comprendre comment trois malheureux Gardes s’y sont pris pour repousser à eux seuls une offensive massive de soldats ennemis sur leur position, permettant ainsi aux défenseurs impériaux de se réorganiser et précipitant la défaite de l’Archennemi. Car on ne la fait pas au Capitaine Tigrane, que diantre (même s’il a mis un peu de temps pour se rendre compte que quelque chose clochait dans la version officielle). Antigone, visiblement fébrile devant la demande insistante de l’Ange de la Mort qui lui sert de voisin de table, se prépare donc à relater une fois de plus le récit de la journée la plus importante de sa vie, qui pourrait bien au final dissimuler quelque chose de pas très catholique ministoresque… Qui a dit Déchu ?
 
Difficile de se faire une religion sur la valeur de ce Malediction avec les quelques éléments mis à disposition par la BL et Hammer & Bolter. L’extrait audio couvre un passage d’action pure, et même si les bruitages sont assez sympas, le ton détaché avec lequel le narrateur raconte la lutte désespérée d’une nouvelle recrue de la Garde face à un mutant pas vraiment avenant empêche de se plonger dans le récit. L’extrait littéraire est plus intéressant, mais ne piquera sans doute que la curiosité des membres du Cercle Intérieur des Impardonnés, tant il s’avère évident que la miraculeuse survie d’Antigone a quelque chose à voir avec la présence de DA renégats (des renéDA quoi). D’ailleurs, quelle nouvelle mettant en scène des Dark Angels ne tourne pas autour de ce sujet ? À croire qu’ils n’ont fait que ça pendant 10.000 ans. Pour le lol, on retiendra la réplique pleine de bon sens de Maître Tigrane, un Space Marine ayant de la suite dans les idées.
 
Fireborn – Kyme:
 
Trois mois après avoir commis le très dispensable, si assez rigolo, Thunder from Fenris, Nick Kyme revient hanter les pages de Hammer & Bolter, tel l’assassin de retour sur les lieux de son crime. Cette fois-ci aux commandes de son chapitre de prédilection, j’ai nommé les Salamanders, on était en droit de s’attendre à un contenu (ne serait-ce qu’un peu) supérieur aux pataudes déambulations d’une poignée de cavaliers tonnerre dans la toundra pestiférée de Skorbad. Et, croyez-moi sur parole (vous pouvez aussi lire la suite de la chronique, hein), le bon Mr Kyme a fait précisément cela, en livrant une nouvelle bien supérieure à tout ce qu’il avait publié auparavant dans Hammer & Bolter… en matière de conneries. Quelle légende.
 
Notre histoire se déroule sur la planète Sepulchre IV, qui se trouve être un monde cardinal et en tant que tel, accueille bon nombre d’ordres de l’Ecclesiarchie, dont celui du Voile Ardent. Une des novices (Evangeline, et sa belle robe en crinoline) dudit ordre ayant reçu la vision d’un futur sanguinolent, elle fait part de cette épiphanie à sa hiérarchie, et se retrouve catapultée relique vivante pour sa peine (oui, la relation de causalité entre les deux évènements peut être discutée, et non, Kyme n’explique pas comment les bonnes sœurs sont parvenues à cette décision). On apprendra bien plus tard que le chtiote a reçu un grand pouvoir, celui d’apprendre instinctivement le nom véritable de tous les démons se situant dans sa périphérie immédiate, ce qui lui permettrait de les bannir dans le Warp sans faire un pli. J’utilise le subjonctif car, l’Empereur étant un troll (c’est connu), il a cru bon d’accorder ce don à une personne ayant fait vœu de silence (d’ailleurs, tous les membres de l’Ordre du Voile Ardent sont logés à la même enseigne), ce qui réduit drastiquement l’utilité de ce cadeau divin1. En l’état, les nouvelles facultés de sœur Evangeline sont à peu près aussi utiles que les moulages de tétons sur les cuirasses des Blood Angels, mais Kyme a bien évidemment un plan pour contourner le problème.
 
Les prévisions météo de la pythie silencieuse s’étant promptement réalisées (tellement promptement d’ailleurs – 20 minutes – qu’il est possible que la vision prophétique n’ait été induite que par un simple regard par le velux de l’abbatiale), Sepulchre IV doit faire face à une invasion en règle de la part de la Rage Rouge (Red Rage), armée chaotique très logiquement inféodée au Dieu du Sang et menée par Hagtah Dreghgor, seigneur de guerre semble-t-il plus intéressé par les travaux de terrassement (il a façonné une arène gladiatoriale de ses mains) que par la conduite de son armée. Sa seule utilité dans la nouvelle sera de présider à la création d’une machine démoniaque, que je ne peux décrire que comme un Goldorak de Khorne (appelons le Khornorak), possédant la particularité de se nourrir de la rage ambiante pour devenir plus gros et plus méchant, et de l’envoyer chercher sœur Evangeline, qui n’a semble-t-il pas daigner répondre aux centaines de textos enflammés qu’il lui a envoyé depuis son arrivée sur la planète. Le Khornorak étant bien entendu insensible à tout ce que les défenseurs impériaux peuvent lui envoyer sur le coin du museau, transformant les sœurs de bataille ayant le malheur de croiser sa route en pâté de foie et s’amusant à faire des jongles avec les Immolators chargés de le stopper, rien ne semble être en mesure d’empêcher la Rage Rouge de capturer la mascotte adverse, sauf peut-être… une escouade de Firedrakes Salamanders. Ça tombe bien dis-donc, il y en a justement une qui passait dans le coin, quel morceau de chance (ironie inside)2. Loué soit Pépé.
 
Le cadre étant planté, faisons donc connaissance avec nos héros. Question : qu’est-ce qui est très gros, très très vert et très très très énervé ? Tous ceux qui ont répondu Hulk ont gagné une séance d’initiation aux joies de l’arco-flagellation, ce qui leur permettra je l’espère de méditer sur l’importance de ne pas mélanger deux univers distincts. Les autres auront bien entendu pensé à Tsu’gan, le Salamanders le plus haineux, arrogant et indiscipliné ayant jamais existé, et rival habituel du « gentil » Da’kir (voir The Burning, Hammer & Bolter #14), personnage principal de la saga consacré par Nick Kyme aux descendants de Daddy Cool, alias Vulkan. Intégré à la prestigieuse Première Compagnie des (sur)hommes en vert depuis peu, Tsu’gan est décrit par Kyme comme pas encore totalement familiarisé avec sa nouvelle armure terminator, ce qui n’aura pas d’autre effet que de le faire marcher un peu plus lentement que ses comparses plus expérimentés, ce qui n’est pas la mort non plus. Ayant reçu l’email de détresse envoyé par l’Ordre du Voile Ardent, les Salamanders acceptent de venir au secours des bonnes sœurs, ou plutôt de sécuriser la relique convoitée par le Chaos en l’embarquant sur leur vaisseau avant de retourner sur Nocturne en laissant les sistas repousser la Rage Rouge toutes seules, ce qui, pour un Chapitre notablement décrit comme altruiste et protecteur envers les populations civiles dans le fluff, est un peu raide (même si assez logique au final).
 
C’est précisément à ce moment de l’histoire que Nick Kyme décide d’introduire un genre jusque-là non abordé par la Black Library (à raison), à savoir le vaudeville. Comment ? Eh bien, en mettant en place un savoureux quiproquo, les Salamanders se rendant à la surface de la planète en pensant devoir récupérer une relique des plus classiques (les rognures d’ongles de Ste Analgésine, le bong du Cardinal Aquarium, une liste de course manuscrite de Sebastian Thor du temps où il était étudiant en deuxième année de licence de mercatique sur Dimmamar…), et non pas une personne de chair et de sang. En conséquence, le plan du sergent Firedrake, l’illustre Herculon (silence dans les rangs ! Il ne l’a pas choisi) Praetor ne peut être mis en application, une téléportation directe sur le vaisseau des Salamanders ne pouvant avoir qu’une issue fatale pour un être humain non protégé par une armure terminator. Ho ho ho, comme c’est ballot. On ne saura jamais qui est coupable dans cette affaire, mais le ridicule engendré par cette réalisation tardive colle assez mal avec le professionnalisme à toute épreuve qui est normalement les marques de fabrique des Space Marines et des sœurs de bataille.
 
Au-delà de cette péripétie rocambolesque, c’est toute l’intervention des Salamanders sur Sepulchre IV qui se retrouve discréditée par un Nick Kyme en très grande forme. Les Firedrakes débarquent ainsi à la surface de la planète à 10 kilomètres de leur cible, distance qu’ils effectueront à pied. Raison de cette insertion « chirurgicale » : la supériorité aérienne dont dispose la Rage Rouge à ce moment de la campagne, et qui rend trop dangereux un déploiement sur zone en Thunderhawk. Soit. C’est vraiment dommage que les Space Marines n’aient pas à leur disposition une sorte de navette blindée qui « tomberait » littéralement à l’endroit désiré, avec une vélocité suffisante pour déjouer toute tentative d’interception ou de destruction par la DCA ennemie… Ou que les armures terminator ne soient pas fournies avec un équipement permettant une téléportation instantanée sur zone… Rappelle-nous comment les Firedrakes prévoyaient de quitter le couvent de l’Ordre du Voile Ardent déjà, Nick ?
 
Un peu plus tard, après que les Firedrakes survivants aient réalisés qu’ils se sont fait trollés par les sistas, et alors que le Khornorak frappe doucement à la porte du cloître où la fine équipe s’est réfugiée, Praetor met au point un plan de bataille aussi retors que stupide. Bien conscient que le plus important est d’empêcher le Chaos de s’emparer de sœur Evangéline, et prêt à la tuer de ses mains si nécessaire, l’astucieux sergent va décider de sacrifier la moitié de son escouade pour « ralentir » l’invincible machine-démon de la Rage Rouge (je mets des guillemets parce que ça n’a pas vraiment marché), afin de gagner du temps pour… ne rien faire du tout. Comme prévu, le Khornorak atomise l’arrière-garde des Salamanders et se rue sur les derniers défenseurs de la relique, mais pas avant que Praetor ait eu le temps de donner une dernière instruction à Tsu’gan : « si je n’arrive pas à coucher le Deceptikhorne en un contre un, arrange-toi pour buter la fille avant qu’il ne la chope, et on se téléportera peinard sur notre vaisseau ». Se pose alors la question de savoir pourquoi les Sala’ n’ont pas collé un bolt dans le crâne d’Evangeline quand il est clairement apparu qu’ils n’avaient aucune chance de stopper le Gundam de Dreghgor et activé leurs balises avec le sentiment du devoir accompli alors qu’ils n’avaient encore subi que des pertes mineures. Ou, quitte à la jouer plus chevaleresque, aient tenté de téléporter la novice avec eux, en comptant sur le fait qu’elle était visiblement une élue de l’Empereur et avait donc une petite chance de survivre au voyage. Au pire, elle serait morte pendant la translation, ce qui aurait été regrettable mais aurait tout de même compté comme une victoire de l’Imperium. Au lieu de ça, Praetor a préféré sacrifier la totalité d’une escouade de Space Marines d’élite, pour obtenir exactement le même résultat. C’est ce qui s’appelle une gestion fine des ressources.
 
Enfin, je ne peux résister à vous relater la manière dont notre imbuvable héros s’y prend pour défaire le mâââl alors que celui-ci était sur le point de l’emporter. En position de dernier défenseur suite à la transformation de l’insondable Herculon en bas-relief du sanctum après une pichenette amicale du Khornorak, Tsu’gan est sur le point de tordre le coup de sa protégée lorsqu’une illumination le frappe. Faisant fi du sacrifice de tous ses collègues de bureau ainsi que de celui de milliers de troupes de l’Ecclesiarchie afin d’empêcher la Rage Rouge de mettre les mains sur la relique vivante, il  jette  cette dernière dans les pattes du mécadémon et s’en va en loucedé en priant très fort pour que sa vague intuition3 se révèle être fondée (ce qui est évidemment le cas, il faut que ça se termine bien tout de même). Heureusement que son sergent lui avait spécifiquement ordonné d’empêcher cette situation de se produire à tout prix trente seconde plus tôt, hein. Je t’enverrais tout ça en conseil de guerre pour insubordination aggravée, moi. Toujours est-il que la petiote prononce le mot magique et renvoie le ressortissant du Warp dans sa contrée natale, perdant son pouvoir pour la peine (fallait pas briser ton vœu de silence cocotte) mais permettant à la nouvelle de se terminer sur un happy end. Enfin, c’est pas comme si la Rage Rouge était sur le point de balayer les dernières poches de résistance impériale, et n’avait invoqué le Khornorak que pour accélérer un peu les choses. Il faut savoir profiter des petits bonheurs de la vie.
 
Vous l’aurez compris à la lecture de la première partie de cette chronique, Fireborn peut être légitimement considérée comme la pire (ou la meilleure, c’est selon) contribution de Nick Kyme à Hammer & Bolter. Là où le bonhomme est fort, c’est qu’il arrive à se surpasser de soumission en soumission et à progresser dans le n’importe quoi à un rythme exponentiel. Si j’ai généralement tendance à passer assez facilement l’éponge sur les incohérences dans le scénario des nouvelles que je lis (un faux-raccord narratif est si rapidement arrivé), c’est ici impossible tant ces dernières sont nombreuses et centrales dans le déroulement de l’histoire. C’est bien simple, rien ne tient debout dans ce texte, mise à part la fine couche de fluff et de character development que Kyme a réussi à incorporer dans son récit. Il est ainsi possible de glaner quelques informations relatives au background des Salamanders à la lecture de Fireborn, ainsi que de suivre la quête de Tsu’gan pour tenter de contrôler la raaaaage qui semble menacer de l’engloutir à chaque instant4, ce qui est très loin de compenser toutes les absurdités, contre-sens et autres inanités que l’auteur débite à tour de plume au cours des 30 pages que compte la nouvelle. Je ne sais pas dans quelles conditions Nick Kyme a rédigé cette dernière, mais il paraît évident à la lecture qu’il n’a pas accordé à la relecture de son manuscrit le temps nécessaire, ce qui lui aurait permis de corriger les bévues les plus évidentes de son script, à commencer par les entorses faites au fluff canon (la randonnée des Firedrakes jusqu’au couvent, pour ne donner qu’un exemple) dont la présence est d’autant plus surprenante que le bonhomme est de fait responsable du développement de l’historique des Salamanders depuis qu’il a commencé à écrire The Tome of Fire.
 
Pour ma part, j’attribue l’échec patent qu’est Fireborn à la décision de Kyme de mettre en scène des scènes d’action les plus cinégéniques possible, sans prendre le soin de les intégrer de manière « intelligente » dans son schéma narratif. Pour reprendre l’exemple du trek de l’escouade de Praetor, cette marche d’approche n’avait pour but que de permettre une première rencontre entre les Firedrakes et le Khornorak, afin de faire ressortir toute la dangerosité de cet ennemi (un des terminators y laissera d’ailleurs sa peau ses écailles). Même logique pour le gag de l’uberisation non prévue dans le briefing de mission (forcer les Salamanders à se battre contre un adversaire apparemment impossible à vaincre) et l’approche du « chacun son tour » lors de l’affrontement final avec le T-888 (souligner l’héroïsme des géants verts et permettre à Praetor et à Tsu’gan de s’illustrer en un contre un). Cette primauté de l’épique sur la logique se retrouvait déjà dans Thunder from Fenris, autre audio book guère avare en situations assez peu crédibles dès lors qu’on y réfléchissait à deux fois. J’avais espéré que l’inclusion de ses chers urodèles de l’espace à l’intrigue pousserait Mr Kyme à donner le meilleur de lui-même, mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Ou peut-être que si, allez savoir.
 
1 : C’est d’ailleurs ce que fera remarquer le sergent Salamanders au père supérieur en charge de la protection de la novice, lequel lui renverra un magnifique Ta Gueule, C’est l’Empereur dans les dents en retour. Tu sais que tu as des gros problèmes de cohérence quand même tes personnages les remarquent.


: Comme pour Thunder from Fenris, Kyme catapulte la crème de la crème d’un Chapitre Space Marines dans un conflit de grande échelle, sans aucun support, ce qui va à l’encontre de toute logique et laisse envisager que les Space Marines accomplissent leur mission de protection de l’Imperium comme une patrouille de police faisant des rondes dans son quartier. Manquerait plus qu’ils aient une ligne directe que les citoyens impériaux en détresse puissent appeler.


3 : Evangeline est techniquement capable de bannir le démon animant le Khornorak, si elle arrive à s’en rapprocher assez pour hacker son nom véritable. Dans l’esprit, cela ressemble assez fortement à la décision prise par le Colonel Straken dans Waiting Death (Hammer & Bolter #4), là aussi sur la base d’un obscur pressentiment qui avait toutes les chances de ne pas être fondé. Pourquoi s’embêter à mettre en scène des dénouements logiques et sensés lorsque l’on peut tout régler à coup d’illuminations géniales ?


4 : Sérieusement mec, prend un Sédatif PC et mets-toi au yoga, ou claque la porte du Chapitre et envoie une candidature spontanée à Angron, et arrête de faire perdre du temps à tout le monde.
 
Leechlord – Cavallo:
 
Frank Cavallo, qui s’était déjà distingué lors de son baptême hammeretbolterien en mettant en scène un personnage nommé issu du bestiaire des Guerriers du Chaos (Assis là j’m’enfile des Grim’, Hammer and Bolter # 20), tape à nouveau dans l’escarcelle des Dieux Noirs pour sa deuxième tentative et s’essaie cette fois-ci au bon docteur Mamour de Warhammer, Festus la Sangsue1.
 
Chargée par le comte de l’Ostland, Valmir von Raukov, de trouver et d’annihiler l’armée responsable de la destruction du village de Salkalten, une petite force de soldats impériaux est embusquée et massacrée par une horde de skavens en maraude. Seul survivant de la catastrophe, le chevalier Jürgen von Sturm se réveille au milieu des cadavres de ses frères d’armes, sérieusement blessé et à moitié délirant de fièvre, conséquence de l’estafilade récoltée de la patte d’un skaven au cours d’une précédente ratonnade (c’est le cas de le dire). Malheureusement pour notre héros, son calvaire n’est pas passé inaperçu, et Festus en personne débarque afin de prodiguer ses bon soins au guerrier agonisant. Il serait en effet dommage de laisser se perdre l’immense potentiel de von Sturm, dont la résistance à la maladie fait un incubateur rêvé pour la dernière création de l’onctueux oncologue.
 
Retrouvé en train d’errer dans la Forêt des Ombres après avoir été vacciné contre la leptospirose par son nouveau médecin de famille (Hey, lui demande même comment vont ses enfants ! Dommage qu’ils soient morts), Jurgen parviendra-t-il à prévenir ses sauveteurs du terrible danger qu’ils courent à le ramener chez eux, ou se noiera-t-il dans ses glaires avant de parvenir à bon port ?
 
Cavallo signe avec Leechlord une petite nouvelle sympa, mais moins aboutie à mes yeux que sa précédente soumission pour Hammer & Bolter (The Talon of Khorne). En cause, l’absence de plus-value fluffique du texte, qui se « contente » de décrire le Mengele Nordlander faire mumuse avec les humeurs d’un brave chevalier impérial qui aurait bien aimé qu’on le laisse râler en paix. Là où The Talon of Khorne brillait par sa description de la vie et de la mentalité propres aux habitants de Norsca, toujours prêts à défendre leur place dans la queue à la boulangerie jusqu’à la mort, même (surtout) si un Ogre du Chaos décide de leur griller la politesse et de prendre la dernière Tradition pas trop cuite de la fournée du matin, Leechlord n’apporte pas grand-chose de comparable, se contentant de nommer un ordre de chevalerie impérial (encore un) et un neveu de von Raukov.
 
Le personnage de Festus pâtit également du service minimum effectué par Frank Cavallo, l’affable praticien collant parfaitement à l’image donnée de lui dans le Livre d’Armée Guerriers du Chaos, mais ne gagnant pas en profondeur pour autant. En bon personnage de Nurgle qui se respecte, Herr Egel se montre jovial et prolixe, mais il lui manque un petit quelque chose pour se démarquer du stéréotype du savant fou duquel il n’est que la déclinaison dans le monde de Warhammer. À titre personnel, j’aurais trouvé opportun de le doter d’une compassion dévoyée (c’est d’ailleurs son altruisme qui l’a damné en premier lieu), option que Cavallo semble d’ailleurs jauger à un moment du récit, lorsque von Sturm espère encore qu’en dépit de son apparence peu engageante et de sa réputation de croquemitaine, Festus va vraiment le remettre sur pied2 ; aurait apporté un supplément de personnalité au petit nouveau de la Chaos Academy. Ca et/ou forcer sur son approche résolument anti-spéciste de la création. Aymeric Caron, sort de ce corps.


Bref, une soumission passe-partout et loin d’être honteuse de l’ami Cavallo, mais qui aurait sans doute pu (et donc du) être supérieure. C’est pas beau se reposer sur ses acquis Frank.
 
1 : À ne pas confondre avec Fistus le Suçon, aspirant champion Slaaneshi dont la glorieuse carrière s’est arrêtée après une tentative malavisée d’initier un Maraudeur Skaeling peu compréhensif aux joies du bondage.


2 : Ce qu’il fait au final d’ailleurs, et c’est d’autant plus remarquable que son patient souffrait alors d’une double fracture du fémur, conséquence d’une roulade à cheval mal négociée.
 
Au final, un numéro assez robuste à défaut d’être totalement sexy, l’absence de Gilead’s Curse faisant logiquement remonter le niveau global et venant souligner l’assez grande homogénéité des styles des différents contributeurs, dans le plus pur esprit BL. Dows et Cavallo passent tous deux leur deuxième galop, sans génie particulier mais sans démériter non plus. Ellinger remporte facilement la palme avec un premier travail très bon sur certains aspects, mais perfectibles sur d’autres (dommage qu’il n’ait pas eu l’occasion de retenter sa chance avant le dépôt de bilan de Hammer & Bolter). Kyme… continue de construire sa légende noire (rien à voir avec la pigmentation des Salamanders) avec une application aussi admirable que suicidaire. Pour finir, Dunn, en bon éditeur de la Black Library qu’il est, réussi à placer son extrait dans l’exacte moyenne de la littérature produite par la maison d’édition de Nottingham : ni pour ni contre, bien au contraire. À la prochaine !

 

Schattra, qui signe et persiste

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  • 1 mois après...

 

0 858 018 M3 – Franc [Terra]

La pièce était plongée dans un demi-jour grisâtre, causé autant par le crépuscule nuageux de ce début d’hiver que par le peu de lumière que laissaient passer les volets vermoulus qui barraient à demi la seule fenêtre du lieu. Une épaisse couche de poussière recouvrait uniformément plancher et meubles, qui consistaient en une chaise et un bureau à l’aspect décrépit. Posé sur ce dernier, un antique ordinateur portable à l’écran relevé semblait scruter la porte, dans l’attente d’une arrivée. Toutes les 5 secondes, une diode logée dans la tranche de l’appareil suintait une pâle lueur blanche, démontrant à qui aurait surpris ces fugaces mais persistants rayonnements de la persistance, non de la mémoire, mais de l’alimentation électrique de la prise à laquelle l’ordinateur était raccordé.
 

Tout d’un coup, l’écran mort s’alluma comme l’œil d’un cyclope réveillé en sursaut, la machine émit une série de cliquetis et de bourdonnements fiévreux, et un message s’afficha sur le terminal : Windows 10 – Mise à jour Windows terminée. Le haut-parleur intégré à l’avant du clavier crachota les quelques notes d’une ouverture de session, puis on entendit une voix. Qui dit :
 

Bonjour à tous, et bienvenue dans cette chronique du 23ème numéro de Hammer & Bolter ! L’établissement est heureux de vous proposer un menu littéronomique complet, avec entrée (Bloodline – Swallow), plat (Let the Great Axe Fall (Part 1) – McNeill), dessert (Necessary Evil – Sanders) et café (The Hunter – Lyon). Les amateurs éclairés, majeurs et consentants pourront même se rincer le palais avec notre digestif maison (Gilead’s Curse (Ch. 9) – Abnett & Vincent), enfin de retour après quelques semaines d’absence. Oui, il a toujours ce léger goût de tourbe et de pneu caramélisé, ne vous inquiétez pas. On ne l’aimerait pas autrement, n’est-ce pas ? Tout le monde est bien installé ? Formidable. Ne bougez pas, on s’occupe de vous.

 

 

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Bloodline – Swallow:

 

De retour dans Hammer & Bolter quelques mois après sa première soumission (Redeemed – H&B 16), James Swallow s’empare à nouveau de son chapitre et héros favoris, respectivement les Blood Angels et ce bon vieux Rafen, et livre ce qui se révèle être l’épilogue (pour l’instant) de l’arc narratif Rafenesque (et non pas Rat Fennec), tout en meublant un peu le background d’un autre de ses personnages, l’ingénu Meros, arrière57 grand-oncle du précédent, lui aussi déjà aperçu dans un numéro antérieur de cette auguste publication (Fear to TreadH&B 21). Le lecteur attentif ne manquera pas de faire remarquer qu’une petite dizaine de millénaires sépare nos larrons, ce qui semble compliquer la mise en place d’un contrat de génération entre les deux compères. Alors, comment Swallow s’y est-il pris pour les inclure tous deux dans son Insta Story ? Lisez donc ce qui suit.

 

Tout commence par un lendemain de cuite très, mais alors très, compliqué pour ce pauvre Raf’, que l’on retrouve immédiatement après les évènements relatés dans Black Tide. De retour sur Baal après avoir recouvré la précieuse fiole contenant le sang de son Primarque, dérobée par ce fripon de Fabius Bile quelques semaines plus tôt, Rafen a tôt fait de sombrer dans un coma éthylique des plus profonds, causé par l’injection inconsidérée du plasma Sanguiniesque dans son organisme, péripétie (apparemment) nécessaire au triomphe béat des BA sur Dynikas V, mais dont les conséquences ne tardent pas à se faire sentir pour notre héros1.Exfiltré en douce jusqu’à la tour d’Amareo, ultime refuge des Anges ayant succombé à la Rage Noire, il fait l’objet d’une tractation bon enfant entre Corbulo et Lemartes, le premier partisan d’un sevrage sévère et le second d’un bolt dans la tête. La méthode douce ayant été retenue, Rafen est expédié en cellule de dégrisement, qui pour les Blood Angels ne sont autres que les sarcophages utilisés pour transformer les minots maigrichons et irradiés de Baal Prime et Secundus en colosses hématophiles. Alors que notre héros se voit incarcérer dans la machine qui l’a transformé en sur-homme des décennies plus tôt, Mephiston, qui passait par là lui jette un regard lourd de sens (et rien de plus, il doit demander plus cher que Stan Lee en terme de caméo) avant de laisser Rafen face à sa destinée. Quel dommage tout de même que les secrets de la dialyse se soient perdus au fil des siècles les copains, ça aurait peut-être été utile dans cette situation.

 

Il y a très, très longtemps, mais dans la même galaxie, c’est au tour de Meros d’être pris en flag’ d’utilisation de substances prohibées par le Codex. Alors qu’il devait superviser l’évacuation de civils impériaux stationnés sur la planète Octus, l’incorrigible Apothicaire n’a rien trouvé de mieux que de récupérer du crystal auprès du dealer Eldar Noir du coin, et de se le faire injecter en intraveineuse pendant son service. Honteux. Transporté dans un état second jusqu’au flagship BA, il est lui aussi confié aux bon soins d’un caisson de survie, qui se trouve être – roulement de tambour – le même que celui de Rafen (The Touch of Sanguine Dawn2). Coïncidence ? I think not.

 

Arrive ce qu’il doit arriver, nos lascars se rencontrent au milieu d’un paysage désolé (ressemblant à s’y méprendre à la dune du Pilat), et bien que méfiants envers l’un l’autre, une fragile entente se met en place entre les deux BA, chacun venant à la rescousse de son compagnon d’infortune lorsque ce dernier se fait attaquer par ses Némésis fantasmagoriques (les hordes du marchand de sable pour Rafen, des Raiders en pelures d’épiderme pour Meros – on appelle ça le delirium tremens, les enfants – ). Las, cette coopération instinctive finit par voler en éclats, aux insinuations de possession démoniaque émise par Rafen venant se heurter l’incompréhension indignée de Meros lorsque son comparse lui affirme que Sanguinius est day – cé – day depuis 10.000 ans. Rude.  S’en suit un pugilat homérique, couvrant allègrement plusieurs heures selon Swallow (on va dire que le temps s’écoule bizarrement quand on rêve), nos deux héros se claquant le beignet avec une belle énergie, sous le regard bienveillant du Sanguinor qui flotte tel un ballon d’hélium plaqué or au-dessus de la mêlée. Il faudra une nouvelle attaque de goons pour faire réaliser à Rafen qu’il a eu tort de pousser Méméros dans les orties (et inversement) et que c’est leur camaraderie, qui tire son origine et sa force dans le sang qu’ils partagent, qui leur permettra de s’en sortir. Cette leçon capitale apprise, chacun peut retourner à ses pénates, le Sanguinor intervenant juste à point nommé pour empêcher Rafen de spoiler l’Hérésie d’Horus à son condisciple3.

 

La nouvelle se termine par le réveil de nos protagonistes, Rafen accueilli par son suggar daddy Mephiston à la sortie du jacuzzi, tandis que Meros a le droit à la visite d’Azkaellon en personne, qui lui annonce que les Blood Angels ont hérité d’une mission capitale : la libération de l’amas de Signus. La suite va vous étonner…

Sans conteste la meilleure publication de Swallow dans Hammer & Bolter, Bloodline n’est pas non plus une œuvre mémorable. Parmi les satisfactions à retenir de cette nouvelle, on peut noter l’intéressante mise en perspective du Space Marine 30K (pré-Hérésie qui plus est) avec son homologue du tur-fu, la « naïveté » et « l’optimisme » du premier tranchant sensiblement avec le caractère beaucoup plus soupçonneux et nihiliste du second. Ce qui se conçoit somme toute assez bien, les Blood Angels ayant connu leur lot de déboires depuis la fin de la Grande Croisade jusqu’à l’époque actuelle, peut-être plus que toute autre Légion loyaliste, la perte de leur Primarque, la Soif Rouge et la Rage Noire étant autant de raisons pour les fils de Sanguinius de sombrer dans la sinistrose. Ajoutons un usage généreux de personnages nommés (ce qui est toujours sympathique, même lorsqu’ils ne servent pas à grand-chose dans l’histoire – ce qui est le cas ici –), et quelques éléments de fluff à se mettre sous la canine, et vous obtiendrez une soumission respectable, à défaut d’être emballante. Pas mal pour une dernière.

 

1: Une maturation de 10.000 ans, ça corse un peu la gnôle du grand-père, c’est connu. Surtout quand il n’y a pas que de la pomme.

 

2: La légende raconte que ce nom a été choisi en hommage à un ancien texte retrouvé dans les archives de Terra et faisant état d’un élixir merveilleux nommé Malibu Sunrise.

 

3: Ce qui échoue d’une certaine façon puisque Meros se souviendra sur Signus Prime de l’avertissement émis par son héritier à propos d’Horus, et interviendra pour empêcher le sacrifice de Sanguinius.

 

Gilead’s Curse (ch. 9) – Vincent & Abnett:

 

Il est des personnes auxquelles des vacances font un bien souverain, et Gilead te tuin Tor Anrok fait assurément partie de celles-là. Le hiatus du numéro 22 de Hammer & Bolter, où nous avions quitté le grand blond à l’humeur noire à sa victoire sur le comte Vampire, a bénéficié à plus d’un titre à notre protagoniste, qui revient frais et dispos terminer son second roman dans les pages du webzine de la BL.

 

Ayant visiblement pris de bonnes résolutions durant son break syndical et salutaire, Gilou commence le chapitre par une mise au clair de l’intrigue, ce qui ne pouvait pas faire de mal. Quelques grandes questions sont ainsi évoquées et traitées en l’espace de deux pages, permettant à l’histoire de repartir sur des bases aussi saines que possible. Où aller maintenant que les deux antagonistes principaux ont passé l’arme à gauche ? À Nuln. Pourquoi là-bas ? Gilead veut rencontrer un érudit humain, que l’on devine avoir joué un rôle dans le premier tome des aventures du longiligne lymphatique, et qui pourrait avoir des informations sur le « Malaise » (en français dans le texte), nom que Gilead et ses compagnons donne à l’affliction qui frappe le Vieux Monde au moment du récit. C’est ce même Malaise qui a entrainé le décès prématuré de Baneth (de pain Tor Anrok), estimé cousin du héros, et donc provoqué la quête de ce dernier. Et voilà comment on retape une intrigue torte, gourde et contrefaite en moins de temps qu’il n’en faut pour se demander ce qu’il est arrivé à la chaîne alimentaire1. Ce n’est certes pas parfait, mais Abnett ne pouvait pas tout recommencer de zéro, et il s’en est plutôt pas mal sorti. Car oui, la principale cause à la brusque, significative et pour tout dire, inespérée, amélioration de l’état littéraire de Gilead’s Curse relève à mon avis d’un simple changement d’auteur. Je n’ai pas de preuves pour étayer cette hypothèse, mais le ressenti à la lecture est net, et les indices suffisamment nombreux et francs pour que le doute soit permis2.

 

Nous suivons donc Gilead, Fithvael et Laban dans leur excursion Nulnoise, et aux retrouvailles, cinquante après, entre le flegmatique Haut Elfe et l’éminent docteur Mondelblatt, professeur d’EPC (Ethnologie Physique et Corporelle) à l’université locale. De ce que j’en ai compris, ce dernier était, lors de sa première rencontre avec Gilles-Léhade, un escroc patenté ayant usurpé sa position d’érudit expert es elfologie, et n’avait dû son salut qu’à la coopération de notre héros, qui s’était retenu d’exposer la nullité crasse de Mondelblatt au grand jour. Comptant bien se faire repayer de sa magnanimité passée par quelques informations fraîches sur ce fameux Malaise, Gilead s’introduit donc en douce chez son vieil ami, le tire de son lit et le kidnappe l’escorte jusqu’à un bouge mal famé de Nuln afin d’avoir une petite conversation. Le chapitre se termine par un cliffhanger insoutenable, Mondelblatt semblant bien être en capacité d’aider les Asurs à avancer dans leur quête. C’était moins une.

 

Vous l’aurez compris, ce neuvième chapitre est, sans conteste, le meilleur du lot par une marge assez confortable. En permettant au lecteur martyrisé dans son intellect et son amour-propre de renouer avec des choses aussi fondamentales qu’une intrigue qui progresse, de la logique, du rythme, et même un peu d’humour (non-involontaire, s’entend), le duo d’auteurs débute la rédemption de son jusqu’ici très décevant roman. Cela n’empêche pas quelques défaillances en cours de route, qu’il s’agisse d’un usage un peu lourdingue de gags peu finauds (Laban qui saute en l’air pour éviter un balayage à coup de serpillière – je sais que ça va vous intriguer, mais ça arrive bien dans le chapitre – et se fracasse la tête au plafond de l’auberge) voire carrément scatologiques (le professeur Mondelblatt qui passe son temps à boire et finit par se faire dessus), un faux-raccord narratif qui aurait pu facilement être évité, nouvelle marque d’un changement probable de rédacteur, un épisode de précipitations, sans doute porteur de sens pour la fin de l’histoire, mais assez cryptique dans sa mise en forme, ou encore les relations assez étranges que se mettent à entretenir la triplette elfique, Gilead débutant un bizutage en règle de Laban, qui se met à jouer à l’ado rebelle (et un peu con, il faut l’admettre), tandis que Fithvael oscille entre obséquiosité servile et camaraderie franche avec son partenaire de crime. Mais ne tirons pas sur l’ambulance quand le pouls du patient repart, ce serait indigne. Nous verrons bien si les derniers tours de piste de Gilead parviennent à racheter son début catastrophique.

 

1: Et en question existentielle bonus, à quoi servaient les reliques rassemblées par le Roi des Rats (et que Gilead a tout de même passé tout un chapitre à dévisager lors d’un long trip à l’acide) ? Réponse ici.

 

2: À commencer par l’utilisation de dialogues. Oui, de dialogues. De plus de 10 mots. Et compréhensibles. Du jamais vu dans Gilead’s Curse. Moi aussi, j’ai été choqué.

 

Let the Great Axe Fall (partie I) – McNeill:

 

Cette nouvelle en deux parties signe le retour du gars McNeill dans Hammer & Bolter, après The Iron Without (H&B #17), et comme cette dernière, voit Graham ajouter un chapitre à la saga d’un de ses personnages fétiches plutôt que de partir en free-style avec un tout nouveau héros. Comme le titre ne l’indique pas du tout, cette soumission sera donc consacrée à Sigmar Heldenhammer, fondateur de l’Empire et dernier héritier de celui-ci (how strange), et fait suite à la trilogie que le Mac a dévoué à l’ascension et au règne du He-Man du monde qui fut.

 

Notre propos commence dans un petit bourg impérial appelé Heofonum, qui de probablement charmant est devenu indubitablement sanglant suite à la visite que lui a rendu ce mauvais sujet de Krell. Laissé « orphelin » par la défaite de Nagash à la bataille du Reik quelques semaines auparavant, le champion mort vivant a en effet décidé de se mettre à son compte et exerce désormais l’honorable profession de livreur Deliveroo dans le sud de l’Empire, en attendant d’avoir assez d’argent pour pouvoir retourner chez lui. Mis en retard par un accident de chars à bœufs sur le périphérique extérieur, Krell arriva avec sa livraison de sashimis 31 minutes après la commande à la porte du client. D’où une mauvaise notation. D’où l’énervement du cadavérique coursier. D’où le massacre en règle de l’entière population de Heofonum, et la constitution d’une pyramide avec leurs têtes écorchées. Tout cela est fort logique somme toute, c’est vraiment la faute à pas de chance.

 

Circonstances atténuantes ou non, le fait ne peut pas rester impuni, d’autant plus que Krell est un multi-récidiviste en la matière. Il revient donc à Sigmar, accompagné d’une poignée de ses plus fidèles lieutenants, de mettre un terme aux meurtriers maraudages du revenant. Rejoint par Alaric le Fou et son escorte, l’Empereur prend le chemin des Voûtes sur les traces de sa proie,  en profite pour s’initier aux joies de la géologie, mais également pour faire la connaissance d’un mystérieux sorcier, dont la connaissance du dentifrice et des arcanes de l’illusion permettront à notre petit groupe d’améliorer leur hygiène bucco-dentaire, mais également d’échapper à l’annihilation lorsque leur bivouac reçoit la visite impromptue d’une colonne de skavens.

 

Assez indolente en termes de rythme et de péripéties, cette première partie est davantage consacrée à la description des conséquences de l’attaque de Nagash pour les principaux personnages de la trilogie Heldenhammer//Empire//Godking, plus ou moins marqués par l’épisode. Les premières pages sont ainsi centrées sur Wenyld et Cuthwin, guerriers Unberogen et compagnons de la première heure de Sigmar, qui lui-même ne fera son apparition qu’au quart du récit. Nul doute que les lecteurs de la saga de McNeill apprécieront ce suivi, les autres devant patienter un peu pour voir les VIP (very important protagonists) en action. Cette action consistant en recueillement, équitation et douche écossaise pour Ziggie, et en conférence magistrale et ronflements pour Alaric, il n’y a guère que les petits bouts de fluff éparpillés dans le récit qui justifient sa lecture. Let the Great Axe Fall ? Plutôt Let’s get this Thing Started pour le moment. 

 

The Hunter – Lyon:

 

Baptême de l’encre pour Graeme Lyon (à ne pas confondre avec Steve Lyons) dans Hammer & Bolter, avec ce qui constitue certainement le plus court des courts formats publiés dans ces pages. À noter que notre homme s’est fait une spécialité des publications concises, son catalogue Black Library, déjà assez fourni, ne comprenant que des nouvelles, écrites pour à peu près toutes les franchises GW (il y a même du Blood Bowl !).

 

Du haut de ses quatre pages, The Hunter convie le lecteur à une traque écrite à la première personne dans l’atmosphère oppressante d’une forêt du Vieux Monde. Lancé sur la piste d’un groupe d’intrus ayant pénétré sur ses terres, le Chasseur devra mettre à profit toute sa science et son habileté pour espérer triompher de ce combat inégal.

 

Révélation

Lyon conclut son propos par un twist final assez bien amené (le Chasseur est un Homme-Bête, et ses proies sont des humains, alors que les descriptions des uns et des autres laissaient jusque-là présager du contraire), ce qui fait de The Hunter une des rares nouvelles écrites du point de vue d’un représentant d’une race « non-civilisée ».

 

Necessary Evil – Sanders:

 

Contributeur régulier de Hammer & Bolter au cours de la première année du webzine (The Iron Within, The Long Games at Carcharias), Rob Sanders revient conclure ce 23ème numéro avec une nouvelle au titre peu inspiré, à mi-chemin entre le Bitter End de Sarah Cawkwell et le Lesser Evils de Tom Foster, deux soumissions n’ayant pas beaucoup contribué à élever le niveau de H&B. Alors, le sieur Sanders est-il arrivé cette implacable loi de la BL, voulant qu’à titre bateau, récit médiocre ? Voyons ça.

 

Débarqué sur le monde de Nereus grâce à sa connaissance de la Toile et les bons services de l’Atlas Infernal, l’Inquisiteur Bronislaw Czevak a peu de temps pour localiser et détruire un RCA (random chaotic artifact) avant que ce dernier ne tombe entre de mauvaises mains, ici celles de cette fripouille d’Ahriman, insistante Nemésis de notre héros. Cette mission, déjà peu simple, se trouve encore compliquée par la position de Nereus, monde dépotoir obligeamment placé à la sortie d’une faille Warp nommée The Craw, et à la surface duquel s’écrasent avec régularité les épaves de vaisseaux malchanceux. Ajoutez à cela la présence de quelques entités démoniaques, convenablement sustentées par la proximité de l’Immaterium, et vous obtenez un théâtre d’opérations assez délicat. Sauf que Bro’ n’a pas le temps. Mais alors, pas du tout le temps.

 

Necessary Evil s’affranchit donc rapidement de ce détail que l’on nomme progression narrative, et prend le plus rapide chemin vers sa conclusion logique, sacrifiant au passage toute crédibilité sur l’autel de l’efficience pure. Quick and dirty style. Revenons donc vers Czevak pour prendre mesure de l’ampleur de la catastrophe : à peine arrivé sur Nereus, il manque de se faire écraser par un navire en perdition terminant sa course sur la planète, et, blessé au cours de la collision, se fait cueillir par une équipe des récupérateurs qui constituent la population locale. Resté inconscient pendant dix heures, il finit par se réveiller, obtient un entretien avec le chef de la colonie et avertit ce dernier de l’arrivée prochaine d’une expédition Thousand Sons, à la recherche du Bacillum Formidonis, le Crozius Arcanum de l’Apôtre Noir Rhadamanthys, capable de rendre toute armée chaotique invincible. Devant la fin de non-recevoir ferme et polie que son interlocuteur lui oppose, Czevak trouve la relique par un horrible coup de chance trente secondes plus tard, la balance dans l’océan et s’en va avec le sentiment du devoir accompli, laissant les colons de Nereus, qui se révèlent être noyautés par un culte Genestealer, s’expliquer avec les sbires d’Ahriman. Et voici comment on sauve l’Imperium de la destruction en vingt minutes bien pesées les enfants. Prenez-en de la graine, groupies de Guilliman.

 

Séquelle (dans tous les sens du terme) du roman consacré par Sanders à l’inquisiteur Czevak, Necessery Evil est très loin d’être le travail le plus réussi de son auteur. L’approche cavalière que ce dernier a de son propos, tant au niveau de la construction du récit (particulièrement bien illustré dans cette réponse lapidaire du Cze à une question pleine de bonne sens de son hôte) que du respect des convention de fluff (le moindre clampin de Nereus connaît l’existence des Thousand Sons) finit par donner à la nouvelle un faux air d’épisode de Dr Who ou de Stargate, ce qui est faire injure à la richesse du background de 40K et au talent d’écrivain de Sanders, jusque-là plutôt bon dans ce qu’il faisait pour le compte de la BL. Un vrai coup de moins bien donc, sans conséquence pour la suite espérons-le.

 

Au final, ce 23ème numéro se caractérise par un centre de gravité « qualitatif » très ramassé autour d’une honnête, mais peu enthousiasmante, moyenne. Derrière cette terminologie jargonneuse et barbare, un constat implacable : ceux de qui on pouvait espérer les meilleures soumissions (McNeill, Sanders) ont globalement déçu, alors qu’à l’inverse, les cas plus désespérés (Swallow, Gilead’s Curse) ont relativement surperformé. En résulte un recueil absolument passable, et dont la lecture ne se révèle donc en rien nécessaire, si vous voulez mon avis. Ite, critica est.

 

Schattra, "et quand on ne l'attend plus surgit l'illumination l'épisode suivant"

 

 

Modifié par Schattra
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Petit double post anté-réveillonnesque, c'est de saison dirons-nous.

 

Bonjour à tous, et bienvenue dans cette chronique du 24ème numéro de Hammer & Bolter! Bien qu’il marque scientifiquement la fin de la deuxième (et malheureusement dernière) année de publication du webzine de la BL, ce numéro sera suivi par deux ultimes publications avant que les pontes de Nottingham ne sifflent la fin de la récréation. On peut sans doute remercier pour ce rab de cheap & sharp short stories le rythme de sénateur avec lequel les compères Abnett et Vincent ont distillé les tortueuses aventures de Gilou et compagnie dans les pages de H&B, les douze chapitres réglementaires ayant pris quatorze mois à voir le jour dans leur douloureuse intégralité1.

 

En plus de votre ration mensuelle de malédiction gileadique, qu’il convient d’appréhender comme une version littéraire de la mithridatisation à mon humble avis, vous aurez droit à une dégustation d’un petit rouge de derrière les fagots en provenance de Catria (The Rite of Holos), et une double ration de McNeill version épique, d’abord via la conclusion de l’entretien préalable au licenciement bannissement de Krell mené à quatre trois mains par Sigmar Heldenmanager et Alaric le Fourbe (Let the Great Axe Fall), puis par un extrait d’Angel Exterminatus, le very bad trip de Perturabo et Fulgrim dans l’Ocularis Terribus à la recherche de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Bonne lecture !

 

1: Tout l’inverse du Phalanx de Counter, qui a livré ses 14 chapitres en 12 mois. On peut penser ce qu’on veut du gars Ben et de ses talents d’écrivain, mais force est de reconnaître qu’il sait tenir un délai.

 

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The Rite of Holos – Haley:

 

Première soumission dans Hammer & Bolter pour le sieur Haley, à l’époque guère plus qu’un rookie au sein de l’écurie BL. Ayant depuis travaillé sur un nombre significatif de projets de la Sombre Librairie (The Horus Heresy, The Beast Arises, The Realmgate Wars…) et trempé sa plume dans les recoins les plus baroques du fluff GW (Prophets of Waagh – Gorkamorka –, Death on the Pitch – Bloodbowl –, Emp-rah’s Eye – Necromunda –…), on peut considérer que le bon Guy a réussi à faire son trou dans le monde sans foi ni loi de la Black Library. Tant mieux pour lui.

 

Pour les lecteurs non familiers avec les subtilités périphériques de l’historique des Anges du Sang, dont je faisais partie avant de m’attaquer à cette nouvelle, le titre de cette dernière ne dira sans doute rien. Les happy few familiers des arcanes du background de la marmaille de Sanguinius auront quant à eux compris au premier coup d’œil que Guy Haley allait consacrer son propos aux Blood Drinkers, chapitre descendant des Blood Angels et très, mais alors très porté sur la boisson, avec des penchants aussi irrépressibles que coupables pour le gros rouge qui tache. Tout le monde a ses problèmes.

 

Notre histoire débute dans l’astroport du monde de Catria, planète de 43ème ordre en proie depuis quelques mois à un schisme profond. Détail mineur du récit, mais source potentiellement inépuisable de blagues lamentables (dont les écrits de votre serviteur font une consommation invétérée) que je ne peux donc (in)décemment passer sous silence, la population de Catria a pour particularité d’être à majorité féminine, les individus mâles étant chétifs et n’atteignant généralement pas l’âge adulte. L’immense majorité des protagonistes et antagonistes locaux de The Rite of Holos sont donc des représentants du beau sexe, dont la confrontation avec ce parangon d’uber virilité patriarcale qu’est le Space Marine impérial ne peut logiquement que faire des étincelles. Fin de la parenthèse et début de la beauferie.

 

Dépassée par les évènements, la garnison locale a donc fini par contacter le SAC (Service Après Colonisation) impérial, demandant l’envoi de renforts pour mater la rébellion initiée par une certaine Hesta, sainte vivante autoproclamée ayant le goût des choses simples. Par chance pour les loyalistes, le chapitre des Blood Drinkers passait dans le coin au moment des faits, lancé qu’il était dans la traque de l’origine d’une infection Genestealers dans ce même sous-secteur1. Jamais un à laisser être bafouées les saintes prérogatives de Pépé, le Maître de Chapitre des Buveurs (Caedis) accepte la requête des Catrians et se téléporte sur place en compagnie de sa garde rapprochée.

 

Rapidement briefé sur la situation par la Colonel Indrana au cours d’une visite des abords du Reliquary Sanctum, place forte des rebelles s’étant révélée jusqu’ici inexpugnable, Caedis rejoint ensuite ses potes à la morgue pour procéder à l’étude d’un spécimen de mutant abattu à grand peine par les Gardes de Catria alors qu’il procédait à une distribution de (pâtes à) tartes sur les positions loyalistes. Trahie par de subtils détails, invisibles pour le tout-venant mais évidents pour les yeux entraînés des Blood Drinkers (absence de manucure, jean boyfriend sans talons, carapace chitineuse, troisième bras…), l’appartenance du mutant à un culte Genestealers apparaît au grand jour, au grand plaisir de Caedis et de ses lieutenants, le Réclusiarque Mazrael et le Maître Sanguinien Teale (qu’à partir de maintenant, j’appellerai frère Canardo). Ayant gentiment mais fermement envoyé la Colonel Indara lui préparer un sandwich pour pouvoir discuter de manière privée, Caedis expose son plan de bataille à ses sous-fifres pendant que Canardo eviscère le cadavre de Gennie avec un entrain déplacé : afin de pouvoir localiser l’origine de l’infection Xenos, il sera nécessaire pour les meilleurs de l’Empereur d’accéder au cœur du culte, là où la Matriarche et les jeunes ont trouvé refuge. Ce n’est en effet qu’en tirant parti de l’écho Warp des appels vers la Grande Dévoreuse de ces derniers que l’Archiviste de service (Guinian) pourra remonter à la source du problème. Il faudra donc faire le sale boulot soi-même au lieu de régler le problème d’une petite frappe orbitale bien placée, ce qui convient tout à fait à la philosophie martiale des Blood Drinkers. En guise d’ultime mais nécessaire préparation à cet assaut, Caedis autorise Ma et Canardo à réaliser le fameux rite d’Holos afin de préparer les frères de bataille à la confrontation avec l’ennemi et « aiguiser » leur Soif Rouge. Si les détails de l’opération ne sont pas donnés par Haley, on comprend assez facilement qu’une quantité significative de sang sera nécessaire à cette dernière, et que les brave Blood Drinkers ne seraient pas contre une participation active de la populace locale. Voilà qui est bien suspect.

 

La suite de la nouvelle est consacrée à l’attaque sur Reliquary Sanctum, menée de main de maître par des Blood Drinkers ayant bien compris que cribler une femme de bolts est la plus belle preuve de respect qu’on puisse lui donner au 41ème millénaire. À la pointe de l’assaut, Caedis, Canardo, Guinian et une escouade de Terminators se fraient un chemin dans les niveaux inférieurs de la cathédrale de Sainte Catria, devant à la fois se garder des embuscades des genestealers et des pulsions meurtrières induites par la Soif Rouge, qui les incite à foncer tête baissée dans la mêlée et les place donc à la merci de leurs perfides adversaires. Malgré toute l’expérience et la discipline qui caractérisent les vétérans Blood Drinkers, frère Metrion est le premier à péter une durite, la vue des cheveux ternes (et probablement gras) des cultistes ayant outragé l’esthète qui sommeille au cœur de chaque descendant de Sanguinius. C’en est fini de la progression méthodique des Buveurs, qui tourne à la fuite en avant matinée de battle royale, les frères de bataille les plus posey tentant tant bien que mal de venir au secours des mâles en rut qui leur servent de compagnons d’armes, avec des résultats plus ou moins concluants.

 

Ayant malgré tout atteint le cœur des positions ennemies (la cuisine de la cathédrale), les Blood Drinkers survivants se retrouvent face à face avec la magos Hesta, dont les pouvoirs psychiques et les lâches insinuations à propos de la virilité de nos héros les maintiennent un temps en respect. Heureusement pour les meilleurs de l’Empereur, le statu quo fini par être pulvérisé, en même temps qu’un des murs de la cathédrale, par l’intervention salutaire du Dreadnought Endarmiel. Ayant astucieusement fait le tour de la zone de combat grâce à sa capacité à lire des cartes, il effectue ensuite un parfait créneau qui met le canon de son fulgurant à hauteur du sternum de cette mégère d’Hesta, et transforme cette dernière en dés de poitrine fumé. La suite n’est plus qu’une formalité pour les Blood Drinkers survivants, qui peuvent repartir de Catria avec la satisfaction du travail bien fait et l’information cruciale qu’ils recherchaient depuis plusieurs mois, et laissant à leurs obligées le soin de faire le ménage de leurs sanglants exploits (cadavres de Gardes saignées comme des cochettes pour les besoins de leur potion magique secrète inclus). Voilà ce qui s’appelle une juste répartition des tâches.

 

The Rite of Holos s’avère être une nouvelle assez sympathique à lire, même si la vacuité de son propos n’en fait pas une expérience mémorable. À ce titre, c’est bien la première partie du récit, pendant laquelle Haley réussit à peindre de manière assez convaincante la dangereuse dualité des Blood Drinkers, dont l’apparence angélique et la bienveillance manifeste dont ils font preuve envers leurs compagnons d’armes humains dissimulent un besoin viscéral et impérieux de satisfaire (de manière littérale et figurée) leur soif de sang, à n’importe quel prix, qui constitue le principal intérêt du récit. À titre personnel, j’aurais apprécié qu’Haley passe plus de temps sur ce fameux rite d’Holos, dont les modalités ne laissent que peu de doutes mais dont l’intérêt pour les Blood Drinkers est loin d’être évident, si on en juge par la facilité avec laquelle ils succombent à la Soif Rouge. Boire ou occire, il faudrait donc choisir.

 

Au crédit de Haley, on peut également mettre son souci d’intégrer à son récit des éléments de fluff que la plupart des auteurs de la BL auraient tout bonnement ignorés (ici le souci de l’esthétisme chez un chapitre héritier des Blood Angels, dont le Maître de Chapitre préfère attaquer une position ennemie que la bombarder afin de préserver autant que possible les reliques architecturales du site), ainsi que sa capacité à soumettre des idées pertinentes et originales (comme une planète peuplée seulement de femmes, ce qui doit exister dans un Impérium d’un million de mondes2).

 

Les scènes de combat sont, elles, d’une platitude consommée, l’auteur ne parvenant pas à faire ressortir du lot cette nème confrontation entre Space Marines et ennemis de l’Imperium des dizaines, voire centaines de passages similaires produits par la BL au cours des dernières décennies. Bien sûr, la Soif Rouge vient pimenter un peu les choses, mais on reste là encore sur le territoire très connu du « ouhlala-ça-n’a-jamais-été-aussi-dur-mais-je-dois-absolument-résister », sur lequel Swallow (saga Rafen) et Smillie (Beneath the Flesh) ont déjà bâti des arcs narratifs entiers3.

 

Dernier point d’insatisfaction, une « individualité » de la nouvelle pas assez marquée de la part de Haley. Si cela n’est pas rédhibitoire à la lecture, il est en revanche très clair que The Rite of Holos n’est qu’une bouture d’une œuvre plus conséquente (dans ce cas précis, Death of Integrity), et dont la raison d’être consiste à apporter quelques détails supplémentaires à cette dernière. Cela se perçoit particulièrement à travers le nombre important de personnages BD que Haley convoque (Caedis, Ma, Canardo, Guinian, Endarmiel), sans que ces derniers ne jouent un rôle vraiment important dans le récit. Un casting un peu plus réduit aurait sans doute permis à l’auteur de s’investir plus fortement sur ses protagonistes, et les rendre ainsi plus intéressant pour le lecteur.

 

Ceci dit, la balance reste tout de même positive pour The Rite of Holos, et on peut qualifier les débuts de Guy Haley dans Hammer & Bolter de succès, certes pas éclatant, mais pas bradé non plus.

 

1: Arc narratif qui se conclura dans Death of Integrity, commis par the same Guy.

 

2: Peu d’auteurs de la BL ont pris la liberté d’explorer toutes les possibilités ouvertes par un cadre proprement galactique, les mondes impériaux en particulier étant en particulier touchés par une standardisation qui n’a pas lieu d’être. Guy Haley reprend le flambeau de Barrington J. Bayley, qui n’avait pas hésité à s’amuser franchement avec les planètes et cultures convoquées dans ses soumissions BL.

 

3: La référence en la matière d’utilisation « optimisée » de la tare génétique des descendants de Sanguinius reste Aaron Dembski-Bowden et son At Gaius Point.

 

Gilead’s Curse (ch. 10) – Vincent & Abnett:

 

Retour à Nuln, où Gilead et son cénacle de sidekicks étaient en train de se racheter une conduite en même temps que de débrouiller l’impossible intrigue enfantée par Abnett et Vincent. Après un neuvième chapitre ayant largement assaini le marigot littéraire que constituait Gilead’s Curse jusqu’ici, la progression vers des lendemains épisodes meilleurs allait elle se poursuivre ou s’enrayer ? Que d’enjeux mes amis, que d’enjeux.

 

Première surprise, passée la traditionnelle introduction écrite depuis la perspective d’une conteuse proche de casser sa pipe, sorte de générique des tribulations gileadesques et inépuisable réservoir de citations what the fuck, la perspective est placée au niveau d’un groupe de miliciens de Nuln, en charge de la porte Sud de la cité. Notre joyeuse bande de blacknecks était en train de déguster quelques tourtes au mouton, diligemment apportées par leur stagiaire (il faut croire que le concept de stage de découverte de l’entreprise existe également dans l’Empire), quand une mystérieuse charrette se présente à l’entrée de la ville. Mystérieuse d’abord car arrivant très tôt le matin, et hors des jours de marché. Mystérieuse encore car dirigée et tirée par un trio de personnages dont les traits sont dissimulés sous d’épais capuchons. Mystérieuse toujours car contenant des jarres et un sarcophage recouverts de hiéroglyphes. Mystérieuse enfin car laissant derrière elle une traînée de sable là où sont passées ses roues.

 

Malgré tous ces éléments suspicieux, l’attelage pénètre tranquillement dans l’enceinte de la cité, aidé en cela par le fait que le seul milicien nourrissant quelques doutes sur les intentions de l’équipage (le stagiaire, Surn Strallan de son petit nom), manque de s’étouffer sur un bout de mouton au moment même où il s’apprêtait à attirer l’attention de ses condisciples sur cette fameuse charrette. Sauvé par l’énergique intervention de son supérieur, qui pratique une manœuvre de Heimlich sur son infortuné nervi pour lui dégager la trachée avec un calme olympien, Strallan tente de convaincre ses camarades de se lancer à la poursuite de la carriole, mais ne parvient qu’à négocier la permission de la prendre en filature. Notre héroïque stagiaire se lance donc à la poursuite de la charrette, dont le passage, en plus d’ensabler considérablement les rues de Nuln, semble avoir un effet déshydratant sur les choses et les êtres situés dans un rayon proche, jusqu’à transformer en momie un pauvre enfant des rues ayant eu la malchance de se trouver sur le passage de la caravane du tour.

 

Pendant ce temps, Gilead et sa clique poursuivent leur huis clos dans l’auberge investie pour les besoins de leur enquête. N’ayant pas réussi à conserver secrète leur identité, les elfes ont pris le parti de remiser l’aubergiste, guère intéressé par la perspective de servir d’hôte à des non-humains, à l’étage, au grand plaisir de sa fille et bonniche, qui prend le trio à la bonne et lui permet de se servir largement dans les réserves paternelles en récompense du service rendu. Elle-même joue un rôle non négligeable dans la progression de l’intrigue, en démontrant à Gilead qu’il ne pourra rien tirer de Mondelblatt s’il ne lui donne pas plus d’informations sur la nature de sa quête, ce que notre misanthrope elfique semblait jusque-là bien décidé à éviter1. De questions laconiques en réponses absconses, le lecteur parvient finalement à comprendre que la ville de Nuln est parsemée de signes permettant à qui saura les lire d’accéder au lieu d’où le Malaise prend sa source. Briefés par Mondelblatt sur l’apparence de ces signes et leur localisation, les Elfes se mettent rapidement en chasse, Laban raccompagnant Mondelblatt à l’université, Fithvael se coltinant la cartographie des symboles de Nuln, et Gilead, en bon maurassien, étant partout. M’est avis que ça va bientôt chauffer grave.

 

Après un chapitre neuf de synthèse et recentrage, les Vabnett se permettent de recomplexifier un chouilla leur intrigue, en incorporant à cette dernière un personnage (Strallan) qui a toutes les chances de se révéler important pour la conclusion du récit, éclatant le groupe principal de héros, et introduisant les antagonistes finaux (à défaut d’être finauds) du roman. Rien qui ne soit a priori gérable pour un auteur professionnel, mais vu le passif de nos compères en matière d’embourbement narratif, une saine et honnête suspicion du lecteur est tout à fait légitime, d’autant plus que ce dixième chapitre comporte quelques réminiscences stylistiques que l’on peut relier sans mal aux délires ampoulés de l’arc narratif du Roi des Rats (qu’il brûle en enfer). Qu’il s’agisse d’une exposition savante sur les différents types de terre que l’on peut trouver dans les environs de Nuln ou d’une incapacité chronique à faire passer les informations importantes de manière claire et directe, Gilead’s Curse est encore loin du pic de forme littéraire. Vincent et Abnett réussiront-ils à tirer leur révérence de manière à peu près potable, ou la malédiction qui afflige Gilead se révèlera-t-elle trop puissante pour être vaincue ? Il reste deux numéros pour répondre à cette question ô combien importante (si si).

 

1: C’est ainsi qu’une humaine inculte de 14 ans remit à sa place un prince elfique pluri-centenaire. Vous entendez ce râle de douleur ? C’est le fluff de WFB qui vient de se prendre un nouveau chassé dans les gencives.

 

Let the Great Axe Fall (partie II) – McNeill:

 

On se souvient que la première partie de Let the Great Axe Fall (un clin d’œil à la hache de Shakespeare et à la pièce de Krell, ou peut-être l’inverse, dixit McNeill himself), s’était conclue sur une parade skavens devant le bivouac de notre expédition punitive pour le bénéfice du seul Sigmar, ses compagnons ayant sombré dans une inconscience suspecte avant l’arrivée des bataillons de ratons. Sauvés de l’annihilation pure et simple par l’intervention du mystérieux Bransùil et de son sourire Colgate, les dormeurs du val finissent par s’éveiller à l’arrivée du jour, et la deuxième partie du diptyque commence par une franche explication de texte entre compagnons de cordée, chacun rejetant sur les autres son inattention qui aurait pu être fatale, tout en cherchant à comprendre par quel miracle il est encore en vie. À ce petit jeu-là, c’est Alaric le Fou qui se montre le plus véhément, son orgueil de Nain et de Maître des Runes étant cruellement blessé par la réalisation qu’il a été ensorcelé, puis sauvé, par un mage humain. Il faut donc toute la diplomatie de Sigmar pour éviter à l’Homme Corbeau une découverte viscérale de la magie des runes majeures naines, démonstration qu’Alaric était tout prêt à offrir à son nouveau camarade de jeu.

 

Chacun ayant pu trouver glaçon à son slip (variante de chaussure à son pied particulièrement adaptée au monde testostéroné du med-fan), nos héros repartent donc à la chasse au Krell, Bransùil profitant de l’omniscience narrative qui est le trait de classe des mages errants1 pour briefer ses compagnons sur la destination et les motivations de leur proie. On apprend ainsi que le last man standing de la Nagash army a pour but de siphonner l’énergie nécromantique du sépulcre d’un général de Khemri, enterré dans un avant-poste bâti dans le cratère d’un météore s’étant abattu sur les Montagnes Noires il y a des millénaires. Bien que ralenti par la présence des sceaux magiques laissés par les Hiérophantes pour protéger la sépulture des pillards (ainsi que par la nécessité de parapher toutes les pages et de faire précéder sa signature de la mention « lu et approuvé » sur les constats de déprédation lui étant soumis à chaque nouvelle salle), ce n’est plus qu’une question d’heures avant que le champion de Khorne ne parvienne à ses fins, avec des conséquences potentiellement funestes pour le jeune Empire de Ziggie. Fort heureusement pour notre expédition, aucune péripétie notable ne vient ralentir sa progression, et c’est à temps qu’Hommes et Nains pénètrent dans les ruines de la cité nehekharienne, et parviennent à rattraper ce coquin de Krell alors que ce dernier s’apprête à compléter l’ultime formulaire de demande d’un crédit à la dévastation.

 

S’en suit l’inévitable bataille finale entre nos vaillants héros et ce mauvais sujet non repenti de Krell, dont les capacités martiales et la résistance hors du commun s’avèrent de prime abord être des obstacles majeurs à une conclusion heureuse. Il faudra un enchaînement au sol de toute beauté (frappe brise-casque de Leodan + tir de l’aigle de Mark Landers Cuthwin + danse de la fusion de Sigmar et Alaric + moulage au cristal de Bransùil) pour venir à bout de l’indéboulonnable revenant. Victorieux mais éprouvés, les survivants du raid se replient en bon ordre hors de la nécropole, qui aura la bonté de s’écrouler sur elle-même puis d’être noyée sous les eaux d’un lac conjuré par un nouveau mystérieux sorcier (vêtu d’une peau de loup et manchot, avis aux érudits). Cela n’empêchera pas Heinrich Kemmler de trouver le moyen de ramener Krell à la vie quelques siècles plus tard2, mais en attendant, Sigmar peut clore son épopée McNeillesque avec la satisfaction du devoir accompli.

 

En guise d’introduction de la critique de cette deuxième et dernière partie de Let the Great Axe Fall, posons d’emblée la question qui fâche : cette nouvelle méritait-elle le traitement de faveur qu’elle a reçu en termes de longueur, ou bien aurait-elle pu être traitée de manière convaincante en une vingtaine de pages, comme la majorité des soumissions de Hammer & Bolter ? Au risque de courroucer les fans du Mac, je penche sérieusement pour la deuxième option, tant la nécessité d’étirer le récit de la traque de Krell au-delà du minimum syndical m’apparaît non justifiée.

 

J’avais déjà souligné le manque de substance de la première partie de la nouvelle, qui constituait surtout de dialogues entre personnages que McNeill tenait absolument à convoquer du fait de leurs rôles (sans doute) centraux dans la trilogie Heldenhammer/Empire/Godking. J’espérais que la suite du récit serait plus riche en péripéties et en character development (car à quoi bon faire venir toute la smala de Sigmar si ce n’est pour faire évoluer/disparaître au moins certains des individus susnommés ?), mais ces deux attentes sont malheureusement restées vaines.

 

Certes, l’affrontement promis entre Krell, Sigmar et Alaric s’est révélé être prenant, mais c’était bien le minimum syndical que l’on était en droit d’attendre pour un combat mettant aux prises pas moins de trois personnages nommés du fluff de Warhammer Battle. De plus, McNeill ne s’est pas vraiment foulé pour la mise en scène de cette franche explication de texte, nos héros n’ayant « qu’à » taper sur leur Nemesis en laissant opérer la puissance de leurs armes runiques pour venir à bout de cette dernière. En ce sens, les interventions des sidekicks sigmarites (Leodan, Cuthwin, Gorseth) apparaissent davantage comme opportunes que vitales, ce qui réduit d’autant l’utilité de leur inclusion dans le récit. Ajoutons à cela que toute cette clique de second couteau émerge de Let the Great Axe Fall sans avoir progressé d’un iota (il n’y a que Gorseth qui va peut-être mourir, suite à sa rencontre fortuite avec le coupe-chou de Krell) pour poser à nouveau la question de leur présence dans la nouvelle3. À titre personnel, je m’attendais à ce que Leodan trouve une fin héroïque lors de la bataille finale, vu la présentation que McNeill avait fait du personnage (dernier survivant de son unité, annihilée par les forces de Nagash lors de la bataille de Reiksdorf, obnubilé par la destruction des morts vivants), mais lui aussi termine l’aventure en pleine possession de ses moyens. Les death wish ne sont plus ce qu’ils étaient.

 

Avant cela, la progression de l’intrigue s’était en outre cantonnée à sa plus simple et littérale expression, nos héros ne faisant rien d’autre que de marcher du bivouac « dératisé » du premier acte jusqu’à la sépulture du général roi des tombes, sans que rien de particulier ne se passe. Ce n’était pourtant pas les occasions de rajouter quelques péripéties qui manquaient, entre la tanière du monstre investie pour se mettre à l’abri des éléments, et l’entrée dans le tombeau nehekharien (civilisation dont l’amour pour les pièges à la con contre les pilleurs de tombe n’est plus à démontrer). À chaque fois, McNeill a commencé à mettre en place les conditions pour qu’un imprévu se produise, avant de laisser tomber en cours de route. Résultat : une deuxième partie de quinze pages, mais dont seule la moitié est digne d’intérêt. Combinées avec la dizaine de pages « utiles » de la première partie, on se retrouve bien avec une nouvelle qui aurait pu être exécutée de manière satisfaisante sur les vingt à vingt-cinq pages qui constituent la norme des nouvelles Hammer & Bolter. Je pense même qu’un « Editor Cut » aurait relevé la qualité de l’ensemble, plombé comme dit plus haut par des longueurs assez dommageables.

 

Pour conclure, un travail assez quelconque de la part de Graham McNeill, comme il a malheureusement parfois l’habitude d’en produire. Le caractère épique que confère à l’ouvrage la participation d’une tête d’affiche de l’univers WHB, et les quelques éléments de fluff qui en découlent logiquement, ne viennent pas à eux-seuls sauver une nouvelle qui aurait pu être d’un tout autre niveau, si son auteur avait bien voulu s’en donner la peine.

 

1: Ça et la manie de rappeler à tous ses interlocuteurs le nom de leur père, apparemment. Vachement pratique, surtout quand deux personnes portent le même nom et que l’on veut éviter toute confusion (+1 en Cdt//-3 en Initiative)

 

2: On le sait peu, mais Kemmler était un apnéiste de haut niveau.

 

3: Mention spéciale à Wenyld, qui à part brandir haut la bannière de son boss, n’accomplit pas la moindre action constructive de toute la nouvelle.

 

Angel Exterminatus (extrait) – McNeill:

 

On termine ce 24ème numéro avec une nouvelle soumission de GMN, cette fois tirée de son roman Angel Exterminatus (2012). Pour ceux n’ayant pas eu le loisir de repasser leur Hérésie (les affreux), ce bouquin relate la quête de Perturabo et Fulgrim pour l’Angel Exterminatus, nom impérial du Maelsaha’eil Atherakhia, demi dieu Eldar convoqué puis combattu par les frères Wesh (EldaWesh et UltraWesh) il y a des éons de cela. Vaincu et exilé hors de la réalité par l’intervention expresse d’Asuryan alors que les jumeaux se faisaient méchamment latter la goule, l’Angel Exterminatus reste une légende vivace chez les Elfes de l’espace, assez en tout cas pour convaincre Lolorus d’envoyer deux de ses frangins tenter de débaucher le bâtard de Khaine. Voilà pour l’introduction. Sachez maintenant que cette dernière n’a absolument rien à voir avec l’extrait publié dans Hammer & Bolter, et que vous ne verrez ni Pervers Pépère, ni l’autre Primarque1, ni Angèle-Esther-Mina Tuche dans ce dernier. Voili voilou.

 

Ce qu’on retrouve en revanche dans ces quelques pages, c'est une palanquée de seconds couteaux Iron Warriors, ayant pour beaucoup d’entre eux eu l’insigne honneur d’apparaître dans l’une des publications précédentes de l’Hérésie d’Horus, voire la geste de Honsou pour les plus coriaces d’entre eux. Citons par exemple le spéciste Kydomor Forrix, tueur de titans et de libellules, son futur boss Barban Falk, pas encore Zeouarsmiss à l’époque, Yves (voir critique de The Iron Without, Hammer & Bolter #17), et jusqu’à ce tourne-casaque de Barabas Dantioch qui a droit à sa petite citation au détour d’une ligne. Tout ce beau monde est en villégiature sur la planète d’Hydra Cordatus et assiège gentiment un bastion auto-cicatrisant tenu par les Imperial Fists. Voilà un synopsis qu’il est original, Graham. On va dire que c’est un clin d’œil à Storm of Iron (l’auto-like, c’est moche tout de même ; les enfants, ne faîtes pas ça chez vous). Alors que Forrix et Falk seraient contents de tailler la bavette en attendant l’arrivée de l’artillerie lourde, et se complimentent mutuellement sur leur capacité à survivre aux épisodes de rage cyclothymique de Perturabo, de plus en plus fréquents depuis la mésaventure de Phall, cet excité de Harkor passe en mode hardcore (haha) et décide de précipiter la fin du siège par une bonne vieille attaque frontale des familles. CA C’EST MÉTAL.

 

Pendant ce temps, où en tout cas quelques pages plus loin, l’infortuné Capitaine Berossus s’éveille doucement dans la cuve de liquide amniotique qui lui servira de QG pour les dix prochains millénaires. Le pauvre Bébert a eu en effet la mauvaise idée de faire remarquer à son estimé Primarque qu’il était en train de se faire mettre minable par la flotte Imperial Fists, pourtant grandement amoindrie par la survenue d’une tempête Warp et piégée par cette dernière pendant trois mois autour du système de Phall, alors qu’il avait à peu près tous les avantages pour lui. Ce à quoi Perturabo répondit « parle à ma masse », avec des effets assez dommageables sur l’intégralité physique du Blaireau Russe. Cette lente remontée vers la conscience permet à Berossus de se remémorer toutes les fois où il a morflé, ce qui semble avoir été souvent et beaucoup. Chacun ses hobbies. Le passage se termine par l’éveil de notre héroïque boîte de corned-beef, qui a la joie d’apprendre de la bouche du Techmarine Galias Carron qu’il a été upgradé au statut de Dreadnought, ce qui pour un Iron Warrior constitue une vraie promotion. En tout cas, c’est comme ça qu’il devrait le prendre.

 

Pour finir, retour sur le théâtre du conflit d’Hydra Cordatus, cette fois-ci du côté des gentils. Menés par le Capitaine Felix Cassander, les assiégés se préparent à vendre chèrement leur peau, étant tombés à peu près à court d’expédients pour repousser les attaques des légionnaires de la IVème. Alors que les hommes de Harkor s’élancent à l’assaut, les Imperial Fists déclenchent leur dernier booby trap et s’apprêtent à recevoir comme il se doit la venue de leurs chers cousins. Spoiler, ça va mal se terminer.

 

Je dois dire que ces quelques pages m’ont donné une opinion plutôt favorable d’un roman de l’Hérésie qui ne m’attirait jusque-là que très moyennement, malgré la présence promise de non pas un, mais deux Primarques. Si McNeill a prouvé quelque chose au cours de ses années de gratte-papier de service de la BL, c’est qu’il savait mettre en scène de belles scènes de sièges, et ce tout premier assaut sur Hydra Cordatus ne fait pas exception à la règle. L’inclusion du ban et de l’arrière-ban des personnages un tant soit peu connus de la IVème Légion ne fait évidemment pas de mal non plus, autant pour les lecteurs familiers avec les tribulations 30K-esques des guerriers de fer que pour les inconditionnels d’Honsou (après tout, Honsou est Honsou). C’est donc un oui de ma part.

 

1: Je vous défie de trouver qui est qui.

 

Au final, c’est un numéro assez maigrelet, et sans doute révélateur de la fin prochaine qui attendait Hammer & Bolter dans un futur très proche, que ce #24. Avec une seule nouvelle individuelle sur les quatre soumissions que compte ce numéro, complétée par un chapitre d’un roman globalement médiocre, la conclusion d’une nouvelle en deux parties qui ne le méritait vraiment pas, et un extrait d’un bouquin qui aurait été publié de toute façon et n’a donc pas du coûter grand-chose à intégrer à la maquette, c’est le fond du chaudron de la BL que les éditeurs du webzine sont allés gratter, pour une qualité encore une fois honnête mais sans plus. Joyeux Nöel et à la prochaine !

 

Schattra, "round the clock"

Modifié par Schattra
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Bonjour à tous, et bienvenue dans cette chronique du 25ème numéro de Hammer & Bolter! 25, c’est un beau chiffre, qui l’aurait été encore plus s’il ne s’était agi de la pénultième publication de feu le webzine de la Black Library (Inferno ! avait fait 20 de mieux, en tenant jusqu’au numéro 461). Un mal pour un bien me direz-vous, car cela nous rapproche fortement de la fin de cette épopée chroniqueuse, initiée il y a déjà quelques années par l’auteur de ces lignes. Encore un petit coup de collier à donner, et la boucle sera bouclée.

 

Au menu du dolce de H&B, les débuts (à ma connaissance) de Phil Kelly dans la fiction narrative, après une grosse dizaine de Codices 40K et rien de moins que deux GBN, et croyez-le ou non, cela se passe chez les techno-barbares d’un monde féodal. Shocking. On assistera également au retour d’une autre figure bien connue du studio GW, Andy « Peroxide » Hoare, qui fera le chemin inverse de son comparse en délaissant les vaches rousses, blanches et noires et les pommiers dans la prairie made in Normandie Bretonnie pour longer les bordures de l’Imperium en compagnie de la Brienne (à prononcer comme Stallone dans Rocky), figure centrale de ses écrits Rogue Trader-esques. En parlant de retour, ce sera à Josh Reynolds de revenir dire bonjour à Hammer & Bolter, avec un cross over encore plus ambitieux que celui d’Infinity War. Pas de spoil, pas de spoil, lisez plutôt. Enfin, ce sera double (ou 1,5, selon comment on calcule) dose d’Abnett, à la fois à cause du chapitre de Gilead’s Curse de rigueur (et le terme est approprié) mais également grâce à un extrait de son (à l’époque) nouveau roman, Pariah. Bonne lecture !

 

1: Et de ce que j’ai pu voir en baguenaudant récemment sur le site de la Black Library, l’illustre aïeul de Hammer & Bolter a rejailli de ses cendres, au moins de manière ponctuelle, sous un format totalement numérique. Je sais ce qu’il me reste à faire…


 

 

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The Court Beneath – P. Kelly:

 

Comme un grand nombre de ses condisciples du studio de création de Games Workshop, Phil Kelly a, après la longue et honorable carrière qu’on lui connaît en tant que game designer,  cédé aux sirènes du fluff et contribué de sa modeste pierre à l’édifice du background des univers GW. Spécialiste du Bien Suprême (Blood Oath, Blades of Damocles, Farsight), et ayant récemment couvert la (forcément) difficile intégration des Primaris au sein des Dark Angels (War of Secrets), il a également quelques travaux med-fan à son actif, dont rien de moins que le déclenchement de la Fin des Temps (Sigmar’s Blood).

 

Notre histoire débute sur une route boueuse des Hauts de Bretonnie, en compagnie de notre tout aussi boueux héros. Bien que noble, ce dernier fait pâle figure, des années de quête infructueuse du Graal l’ayant durement marqué. Couturé de cicatrices, marque par la teigne, quelques dents et son destrier en moins, Loulou (appelons le comme ça pour le moment) est l’incarnation parfaite du chti chevalier errant, et bien qu’il lui en coûte de se présenter sous ce jour défavorable à la cour, la survenue d’une menace de grande ampleur (un Nécromant du nom de Myldeon ratisse le nord des terres du Roy à la recherche de followers) le pousse à venir quémander une armée auprès des autorités locales afin de mettre un terme aux déprédations du sorcier. Arrivé à Marcq en Baroeul Couronne, Loulou se fait d’abord gentiment mais fermement enjoindre par le service d’ordre (Iron Eye et le Joker, rien que ça) d’aller se faire ausculter chez les Tiléens, avant que notre héros ne se sorte de ce mauvais pas en rappelant qu’il est le fils du taulier, et mérite donc un peu plus de respect. Car Loulou, notre chouchou foufou, est Louen de Couronne, et The Court Beneath n’est rien de moins que le How I Got My Moniker du futur souverain Breton.

 

Quelques heures plus tard, c’est escorté de quinze chevaliers et des écuyers de ces derniers que Louen ressort de Couronne, guère enchanté de la pingrerie paternelle (il semblerait que la parabole du retour du fils prodigue n’ait pas atteint les lointaines latitudes bretoniennes) mais déjà mieux mis qu’à son arrivée. Ayant pu tout du moins compter sur le soutien de son ami Brocard, réputé à des lieues à la ronde pour sa maîtrise du pop shove-it et du heelflip (les fameuses figures de Brocard1), Louen fait contre mauvaise fortune bon cœur et finit par rattraper les hordes chancelantes de Myldeon à proximité d’un lac. Après la traditionnelle causerie d’avant-match, le XV de Couronne se met en branle pour mettre sa branlée aux groupies de Mymie M’a tuer. Et là, grossière erreur : sans doute peu familier des arcanes du Livre d’Armée Bretonnien, Louen ordonne l’attaque sans chercher la bénédiction de la Dame, ce qui est particulièrement con lorsque l’ennemi n’aligne aucune machine de guerre ni arme de tir, a une caractéristique de Mouvement inférieure à la vôtre et ne peut pas faire de marche forcée à plus de 12 pas de son général. Stay in school, kiddos. La suite, vous la devinez : la magnifique fléchette bretonnienne s’enfonce sans mal dans le ventre mou de l’armée adverse (de façon littérale et figurée), mais arrive la phase de corps à corps fatidique où les chevaux ont un coup de moins bien, et qui se solde par une défaite sans appel de nos preux paladins, dont les moulinets enthousiastes ne font pas le poids face aux imposants bonus fixes de l’adversaire. Sentant la situation mal engagée, Brocard tente de rentrer un boardslide sur le nez crochu de Myldeon, mais un regard (désapprobateur) de Nagash suffit à faire avorter la tentative, et à griller la street credibility de LeBroc James, en même temps que l’enveloppe corporelle de ce dernier. Isolé au milieu de la mer morte, Louen tente à son tour de rallier sa Némésis, mais ne parvient qu’à se faire acculer (acculer, j’ai dit) sur la rive du lac, dans lequel il finit par sombrer corps et bien.

 

Piégé par son armure, notre héros s’enfonce dans les profondeurs stygiennes du plan d’eau, et découvre avec surprise qu’il reste capable de respirer dans cet environnement peu familier. Son soulagement est toutefois de courte durée, son arrivée n’étant pas passée inaperçue parmi les résidents des abysses, comme le confirme l’attaque soudaine d’un Leviator sauvage. Un instant pris au dépourvu par ce choc de franchise, Louen se ressaisit rapidement, et lance l’Archéomire qui lui servait jusque-là de bouclier au combat2, avec des résultats plutôt probants. Asticoté with extreme prejudice, l’assaillant de Louen finit par passer l’arme à gauche, ce qui vaut à Loulou l’insigne honneur d’être invité au banquet que donnait à quelques encablures de là, je vous le donne en mille, la Dame du Lac. Entourée d’une cour résolument United Colors of Tête de Thon, cette dernière réserve d’abord un accueil assez froid à son pauvre champion, avant de consentir à lui faire boire au Graal (ce qui était attendu), de lui rouler une pelle (ce qui est un à-côté appréciable) et de le renvoyer à la surface en compagnie d’une armée digne de ce nom (ce qui fait toujours plaisir), constituée des jeunes hommes doués de capacités magiques que cette couguar de Dame enlève à leurs parents sans le moindre scrupule.

 

Transcendé par l’expérience, notre nouveau Chevalier du Graal se rue à l’assaut de la cohorte mort-vivante, qui ne s’était guère éloignée du lac en raison de ses minables capacités motrices. Bien aidé par le vigoureux concours de ses nouveaux amis aquatiques, Louen se fraie un chemin jusqu’à Myldeon, en passant sur le corps des anciens camarades ranimés par le Nécromant au passage, et, en hommage à Brocard, met un point final aux manigances de ce dernier d’un superbe anhyzer décapitant, démontrant ainsi sa maîtrise de la vertu de bogossitude et ajoutant un nouveau chapitre à sa légende. Loué soit Louen.

 

Les lecteurs réguliers de ces chroniques connaissent mon intérêt pour la mise en scène d’épisodes importants, ou au moins significatifs, du fluff de WHB jusque-là seulement évoqués dans les Livres d’Armées. En plus de mettre au premier plan des personnages bien connus du Vieux Monde (ou d’ailleurs), ces récits enrichissent souvent le background et donnent du grain à moudre à tous les fluffistes acharnés, prêts à vendre père et mère pour connaître la pointure de Nagash ou l’émission de radio préférée d’Aenarion. Encore faut-il pour cela que l’auteur à la manœuvre ait pris la mesure du « matériel narratif » mis à sa disposition, et parvienne à exploiter les qualités intrinsèques de ce dernier sans donner dans la timidité ou dans l’excès. Fort heureusement, Phil Kelly parvient à tirer son épingle du jeu de manière convaincante, et rend une copie sérieuse, d’un niveau similaire à Feast of Horrors (Wraight – Hammer & Bolter #5), et juste en deçà de The Gods Demand (J. Reynolds – Hammer & Bolter #11). Rythmée, prenante et généreusement dotée en termes de détails fluff (notamment le devenir des garçons enlevés par la Dame du Lac, et qui contrairement à leurs homologues féminines, ne retournent jamais parmi les hommes), The Court Beneath est une nouvelle très honorable, ce qui n’est pas rien pour une première soumission, et est d’autant plus méritoire que la Bretonnie est une des factions de WFB les moins gâtées par les publications BL en règle générale (Tybalt’s QuestFaith, The Last ChargeRest EternalQuesting Knight).

 

1: Essayez de faire ça avec un destrier caparaçonné bretonnien en lieu et place d’un skateboard. Ça vous place le niveau du bonhomme.

 

2: Fun fact : J’ai découvert qu’il existait bien un Pokémon en forme de bouclier au moment de l’écriture de cette chronique. Le pire étant que ce dernier appartient à la 4ème génération, et que nous en sommes maintenant à la 7ème. À quand les Pokémons Tupperware, Balais à Chiotte et Ephéméride ?

 

 

Gilead’s Curse (ch. 11) – Vincent & Abnett:

 

Alors que la fin s’approche à grands pas pour Glilead’s Curse, petit retour sur la situation à l’ouverture de cet avant-dernier chapitre : arrivé à Nuln sur la seule base d’une expertise torchée en 5 secondes par un ancien stagiaire chez Drouot devenu Vampire Dragon de Sang par la suite, et un vieux souvenir de Gilead dont le principal intéressé a reconnu lui-même qu’il n’avait qu’une très faible chance de se montrer utile à sa quête, notre trio d’Elfes kidnappe un professeur caduque, cacochyme et un peu troll sur les bords, séquestre et torture l’honnête aubergiste chez lequel ils ont trouvé refuge en compagnie de leur otage, puis se dispersent dans la cité impériale à la recherche de nouveaux méfaits à commettre. Pendant ce temps-là, la charrette des méchants de l’histoire (car cela ne peut être qu’eux, même les Vabnett n’oseraient pas tirer un nouvel antagoniste de leur chapeau à deux chapitres de la fin) arrive en mode pépouze à Nuln, passe l’octroi sans (presque) éveiller l’attention et s’enfonce dans le dédale de la vieille ville vers sa destination ultime, suivie de loin par the only living boy in New YorkTom Surn Strallan. Pour rappel, au même moment de son année de « feuilletonage », le brave Ben Counter faisait s’abattre une horde de Démons sur le Phalanx, en même temps que le feu et la fureur de Sarpedon sur Iktinos, deux climax dignes de ce nom et préparant la conclusion d’une saga épique. L’année II d’ Hammer & Bolter se révèle donc légèrement moins-disante en termes d’intensité scénaristique, la partie de Mario Kart auquelle s’adonne notre intrépide SS étant, et de loin, la péripétie la plus haletante dont a bénéficié Gilead’s Curse depuis quelques chapitres maintenant. Comme la voix off nous l’indique dans son laïus introductif, ce récit est vraiment maudit, et cela aurait dû finir avec des skavensTruer words have never been spoken.

 

Les lecteurs attentifs se souviendront que le chapitre précédent s’était conclu par une répartition des tâches incombant à chacun de nos héros, ficelle narrative un peu épaisse mais ayant au moins le mérite de structurer un tant soit peu un récit dont l’absence de colonne vertébrale l’apparentait jusqu’ici au gracieux, vivace et versatile lombric, dont la capacité à transformer de la boue en étron fait l’envie du règne animal. Las, à peine entré de quelques pages dans notre propos, force fut de constater que cette bonne résolution était restée lettre morte, Gilou n’ayant rien de trouvé de plus malin que de rester avec Mondelblatt et Laban (alors qu’il aurait dû être partout, dixit lui-même), ce qui a pour conséquence de faire passer le jeune elfe de la catégorie des personnages à celui des décors1, le droit d’aînesse de Gilou lui donnant la priorité pour tenir le crachoir aux divagations de Mondelblatt, destin pire que la mort certes, mais permettant au moins de justifier l’inclusion de l’intéressé au casting du roman.

 

De son côté, Fithvael, lui, essaie très dur de se rendre utile et de coller au script (brave petit vieux). D’abord en allant chercher une carte détaillée de Nuln chez le buraliste le plus proche, à laquelle il ajoute le plan des caves de la cité sur un coup de tête (un réflexe que je devine utile pour la conclusion de notre récit, et sans doute hérité de nombreuses sessions de Diablo II). Ensuite en identifiant un à un tous les signes révélateurs de la présence des Rois des Tombes dans la ville, qu’il s’agisse de scarabées, araignées ou de scolopendres, ce qui l’occupe un certain temps et lui permet de remplir sa master map de gribouillis. Enfin en capturant à l’improviste, tel le pedobear qu’il est, le jeune et vigoureux Surn Strallan, qui avait commis l’imprudence de prendre en filature l’entomologiste amateur après avoir échoué à attirer la bienveillante attention des autorités compétentes sur la mystérieuse charrette sableuse. Ramené chez Mondelblatt par son nouvel éraste, il a tôt fait de révéler ses tendances scientologues scientophobes, et a le privilège de constater, en même temps que ses nouveaux copains, la transformation des carreaux de la fenêtre de l’universitaire en sable, ce qui, en plus de constituer un vice de forme évident, annonce de manière indubitable qu’ « ils » ont commencé leur sinistre besogne (qui pour le moment, consiste en petite activité de livraison à domicile de mobilier encombrant, type sarcophage). Et voici qui plante le décor du grand dénouement de Gilead’s Curse. Je dirai bien que ça va déménager, mais ce serait mensonger, à double titre.

 

Chapitre dans la droite ligne des deux précédents (c’est-à-dire assez quelconque, mais beaucoup plus lisible que les premiers épisodes de la saga), cette mise en place du grand final du roman feuilleton de l’année II de Hammer & Bolter manque du souffle épique que l’on était en droit d’attendre pour une saga mettant un Haut Elfe aux prises avec une malédiction civilisationnelle. A contrario, l’épisode onze est sans doute le plus scatologique du lot (deux mentions de fèces, une de défécation, qui qui qui dit mieux ?), ce qui va sans doute à l’encontre de l’effet recherché. Ça me fait mal aux doigts de l’écrire, mais n’a pas l’emphase ampoulée d’un Gav Thorpe qui veut, et c’est peut-être ce qui aurait été utile à Gilead’s Curse en ce moment décisif. Rendez-vous au prochain numéro pour connaître le fin mot de l’histoire.

 

1: Décor qui parle, tout de même (un mot, ce qui il y a encore quelques chapitres, aurait été le summum de l’éloquence).

 

 

Cold Trade – Hoare:

 

Bien qu’on ne puisse pas vraiment le considérer comme un contributeur régulier de la Black Library, Andy Hoare trace sa route de free-lance avec persévérance et singularité, en témoigne l’hétérogénéité manifeste que l’on constate quant aux thèmes et factions qu’il a choisi de traiter au cours de sa carrière d’écrivain semi-pro : des White Scars aux Bretonniens, de la Lustrie aux colonies pénitentiaires1, c’est une palette pour le moins contrastée qui s’offre aux regards curieux. Néanmoins, on ne peut nier un penchant plus marqué pour une de ses créations littéraires en particulier, cette dernière se trouvant être Brielle Gerrit, fille de Lucian Gerrit, qui constitue avec son demi-frère Korvane et son papounet chéri le trio de protagonistes du plus important effort narratif du sieur Hoare : la saga (osons le terme, à défaut du féminisme) du clan Rogue Trader Arcadius. Outre les deux tomes consacrés à la petite entreprise qui connaît bien la crise de Lulu et Cie (Rogue Star et Star of Damocles), Hoare a en effet poussé le bouchon jusqu’à remettre Brielle sur le devant de la scène dans deux nouvelles : Ambition Knows No Bounds (pas terrible, et qui sera sans doute chroniquée un de ces jours ici), et plus récemment le présent Cold Trade.

 

Tout commence par une approche simple, basique, de la navette contenant la Brielle susnommée, ainsi que le pilote privé d’icelle (le clan Arcadius a beau être dans la dèche, ils ont tenu à garder leur petit personnel, c’est tout à leur honneur) en direction de la capitale d’un monde marais situé en périphérie de l’Impérium, et pas franchement bien tenu. Nullement intimidée par l’accueil un peu froid qu’elle reçoit de la part de la tour de contrôle locale, dont le lance-pierres reste braqué sur son vaisseau pendant la durée de sa descente, Brielle a tôt fait d’entraîner son larbin (Ganna) ainsi que deux serviteurs portant une énaûrme caisse dans l’effervescence animée de Quagtown, renommée dans tout le sous-secteur pour le cabaret sauvage qu’elle abrite. C’est vers ce dernier que l’héritière des Arcadius se dirige d’un pas décidé, et finit par parvenir après s’être jouée d’un trio de Blood Axes pas vraiment physionomistes ainsi qu’un piquet de plantons assez impressionnables.

 

Arrivé à bon port, notre quatuor a à peine le temps de se commander à boire auprès d’une serveuse si vicieuse qu’elle a dû venir directement de Paris intramuros (du Marais aux marais, c’est le karma) et de jeter un œil au show barnumesque faisant office d’animation que le propriétaire des lieux fait son entrée et convie menonctueusement  (mais si, vous avez compris) nos héros à s’isoler avec lui pour parler affaire. Tant que nous y sommes, présentons un peu notre bonhomme car il vaut certainement le détour : le Baron Gussy est en effet un homme patchwork, constitué de petits bouts d’autres personnes patiemment assemblés pour obtenir un individu totalement flamboyant2, comme son titre et son nom l’auront déjà révélé aux plus anglophones de nos lecteurs. BG étant un bg, il commence par tailler le bout de gras avec la plantureuse Brielle, après avoir séparée cette dernière de son escorte, dont le rusé personnage a supposé, non sans justesse, qu’elle ne servait qu’à détourner l’attention des faquins du vrai trésor apporté par Voyelle, et qui se trouve être un anneau de transmutation. De son côté, notre héroïne insiste également pour reluquer la camelote, et Gussy s’exécute en déballant le grand jeu : un phallus chromatique porte-clé collector (sans doute le Tamagotchi McDonalds de 1997, il coûtait déjà 20 balles 20 ans après, alors imaginez 38.000 ans plus tard…), qu’un fan die-hard est prêt à acquérir pour la coquette somme d’un monde vierge.

 

Comme on peut se l’imaginer, les négociations qui s’engagent immédiatement ne sont badines qu’en apparence, Gus’ ayant la mauvaise idée de vouloir prendre Brielle en otage pour obtenir le beurre, l’argent du beurre et le c…ourire de la crémière, en extorquant au clan Arcadius quelques-unes de ses possessions terrestres (littéralement) en échange d’un retour de la fille chérie du patriarche en un seul morceau. Malheureusement pour lui, la donzelle dissimulait un gadget joakero dans l’une de ses dread, et la fatuité satisfaite de l’homme coupon se mue rapidement en rage impuissante lorsque Bridelle donne l’ordre à son vaisseau en orbite de dégommer un à un les pieds à terre quagesques de l’aristo mégalo. N’ayant pas les nerfs nécessaires pour rester dans la partie, et peu aidé il est vrai par le niveau d’amateurisme profond de ses nervis, Gussy, pris à son tour en otage par Brielle, ne peut qu’assister au départ triomphal de cette dernière, qui repart de Quag avec anneau, babiole et sans avoir payé sa consommation, ce qui est la porte ouverte à toutes les fenêtres et la mort assurée du petit commerce. Rouges (et pour une fois, ce n’est pas une faute d’accord, vu le pedigree du bonhomme) de colère et de honte, l’infortuné Baron rentre au bercail pour s’en jeter un petit, et découvre le dernier cadeau que lui a fait son invitée avant de partir : la caisse apportée par les deux serviteurs briellois n’était en effet pas vide du tout, mais contenait une charge plasma au bord de la surcharge et astucieusement mis sous stase, jusqu’à récemment. Bilan des courses : une déco d’intérieur complètement refaite, même s’il faudra attendre quelques millénaires que la peinture sèche. Rendez-vous en 45K.

 

Pour être tout à fait honnête, j’ai entamé Cold Trade avec un manque d’enthousiasme non dissimulé, la précédente tentative d’Andy Hoare de faire vivre à Dame Brielle de trépidantes aventures s’étant soldée par un ratage dans les grandes longueurs3. Toutefois, au fur et à mesure que s’enchaînaient les pages, je dus reconnaître que ce deuxième jet était bien plus abouti que le premier, à mon grand plaisir. Outre le fait que le casting réduit contribue grandement à dynamiser l’action, le propos assez novateur, ou en tout cas peu fréquemment utilisé (et quand c’est le cas, généralement par des auteurs de bon niveau, Abnett en tête) de la rencontre professionnelle entre gens louches de l’Impérium, sans que la baston soit – nécessairement – à l’ordre du jour, constitue une bouffée d’air frais dans une littérature BL-esque n’ayant jamais eu ni honte ni assez de distribuer bourre-pifs et bolts nuit et jour, à tout venant. Personnellement, je suis fort aise que Hoare ait opté pour l’approche diplomatique dans Cold Trade, d’autant plus qu’il arrive à dérouler son propos avec aisance et cadence, les péripéties et descriptions (arrivée sur Quag, recrutement de mercenaires, confrontation avec les Orks, puis avec les gardes, freak show, négo’, évasion, conclusion) s’enchaînant sans temps morts. Je le félicite également pour avoir donné à sa nouvelle un méchant digne de l’univers baroque et dépravé qu’est Warhammer 40K, la particularité physique du Baron Gussy étant suffisamment plastique et mémorable (même si le mérite en revient, encore une fois, en grande partie à Abnett) pour lui gagner une place dans le panthéon des trognes les plus singulières de la cosmogonie du 40ème millénaire. On en regretterait presque qu’Andy ait (jusqu’à présent) cessé de mettre en scène son héroïne, qu’il commençait à manier avec quelque chose approchant l’habileté. L’Empereur m’en soit témoin, c’est loin d’être donné à tout le monde au sein de la BL.

 

1: Dans l’ordre: Savage Scars, The Last Charge, Tomb of the Golden Idol et Commissar. Ça rimerait presque.

 

2: Et à peiiiiiiine inspiré d’Armand Wessaen (Ravenor : Renaissance), mais on ne pique que les bonnes idées, c’est bien connu.

 

3: Il y a toujours des attractions touristiques qui semblent bien sur le papier et qui se révèlent être d’horribles attrape-nigauds au final. Dans l’univers des nouvelles 40K, ce sont les tombes nécrons.

 

 

The Problem of Three-Toll Bridge – J. Reynolds:

 

Considérez-moi comme un excentrique patenté si vous le devez, mais il m’arrive de temps à autre d’éprouver des bouffées de fanboy-isme aigu à la lecture de certaines publications, pourtant guère folichonnes dans leur immense majorité, de la Black Library. Pour limitée que soit la portée de cette dernière, et (relativement) étroite la bibliographie qui s’y rapporte, on ne peut passer plusieurs années de sa vie à baigner dans le zhobby sans développer des marottes et attachements incompréhensibles au commun des mortels, pouvant déboucher dans les bonnes conditions en des crises d’enthousiasme aussi jubilatoires qu’injustifiables, à moins de se trouver en compagnie d’individus pareillement affligés. Pour ma part, cela a pu s’exprimer lors de l’apparition de l’Empereur et des Primarques au cours des premiers romans de l’Hérésie d’Horus, ou encore par le discret caméo de Mkvenner dans The Armour of Contempt (eh oui, un rien m’émeut). Cela faisait bien longtemps cependant qu’une telle occasion ne s’était plus produite, et je dois donc créditer Josh Reynolds pour le petit frisson d’excitation causé par la seule lecture de l’incipit de The Problem…, signifiant le retour d’une figure mythique de la BL : Zavant Konniger.

 

Créé par Gordon Rennie il y a maintenant presque 20 ans, le personnage de Konniger a connu son heure de gloire au début des années 2000, période à laquelle il eut droit à son propre recueil de nouvelles (sobrement appelé Zavant – 2002) ainsi qu’à une figuration dans une autre anthologie, assez connue du public francophone car traduite par la BI peu de temps après sa publication : Swords of the Empire/Les Epées de l’Empire (2001). Adaptation/pastiche de Sherlock Holmes à la sauce WFB, Zavant Konniger s’inscrit dans la lignée des héros de la BL pour qui le recours à la violence constitue un échec plutôt qu’une raison de vivre ou un passe-temps agréable, cénacle très restreint dans lequel on retrouve les grands anciens Sam Warble et Orfeo, ainsi que le trublion Ciaphas Cain pour le riant univers de 40K. Cette inclinaison « pacifiste » s’inscrivant en faux de la ligne éditoriale prise par la BL depuis maintenant une bonne quinzaine d’années, il est somme toute normal, même si regrettable, que les représentants de cette école non-violentes aient (presque) tous disparus des radars du lecteur de la Black Library. L’apparition de cette vieille ganache de Konniger, dix ans après sa dernière pige, constituait donc un surprise de taille, heureuse cela va de soi, et à savourer comme il se doit car n’ayant débouché sur rien de concret, un deuxième court format commis par le même Reynolds dans la foulée de The Problem… (The Riddle of Scorpions) mis à part. Les lecteurs souhaitant approfondir cette petite note de cadrage sont invités à consulter la chronique détaillée que leur serviteur a dédiée au bouquin Zavant il y a quelques années, et les autres peuvent enchaîner de suite avec la suite de cette analyse.

 

Nous retrouvons donc notre duo (car Konniger est toujours accompagné de son serviteur halfling, Vido) de héros dans une chambre froide d’Altdorf, occupé à inspecter le cadavre d’un duelliste malheureux répondant au nom de Wolfgang Krassner. Ce dernier a en effet récemment croisé le chemin d’un adversaire apparemment meilleur que lui au maniement des armes, un dénommé Felix Jaeger, étudiant à tendance révolutionnaire, aspirant poète et pas encore commémorateur du fameux Gotrek, qui languit depuis dans une cellule en attendant son exécution prochaine. Alors que tous les observateurs s’attendaient à ce que Krassner, duelliste semi-professionnel et tueur à sang froid homologué, ne fasse qu’une bouchée du novice Jager, l’impensable s’est produit, conduisant au final le père de Felix à louer les services de Zavant pour tenter de sauver son fiston de la potence (spoiler alert qui n’en est pas une : il va réussir).

 

Suivant le schéma classique d’une investigation criminelle, The Problem… nous entraîne à la suite du grand Zavant et du petit Vido sur les différents lieux de l’enquête, depuis la morgue improvisée de Luitpolstrasse jusqu’aux bouges mal famés du vieil Altdorf, en passant par la cellule de Felix dans un pilier du fameux Three-Toll Bridge, à la rencontre des témoins clés de cette sinistre affaire et à la recherche des indices qui permettront à Konniger et son énorme cerveau (il doit surcompenser quelque chose, c’est évident) de tirer les choses au clair. Alors que l’agitation gronde dans la capitale impériale et qu’une nuit d’émeutes se prépare dans une tension palpable1, notre duo de choc parviendra-t-il à faire éclater la vérité, et à résoudre le problème (fiscal en même temps que policier, car trois taxes sur un seul bâtiment, c’est vraiment excessif) du pont tri-péagé ?

 

Ayant déjà pu dire tout le bien que je pensais (en règle générale) de Josh Reynolds à l’occasion des critiques de ses précédentes soumissions dans Hammer & Bolter, je vais essayer d’innover en abordant un aspect de son style qui n’avait jusqu’alors eu peu de place pour s’exprimer, et que The Problem… a permis de mettre sur le devant de la scène : sa miscibilité avec l’œuvre de ses petits camarades de jeu. Par ce terme barbare, je souhaite mettre l’accent sur la capacité assez rare parmi les auteurs de la BL de tirer parti des publications de leurs camarades dans leurs propres récits (ce qui conduit généralement à un « cloisonnement » de ces derniers les uns par rapport aux autres, les seules passerelles étant les informations générales données dans les GBR/N et les Livres d’Armée ou Codex), et au-delà, d’emprunter de manière non empruntée (c’est là l’enjeu) les personnages d’un tiers. Outre une solide connaissance du background établi, et ce dans le sens le plus large qui soit, cela nécessite également un pouvoir d’assimilation des caractéristiques essentielles des personnages en questions, doublé d’un remarquable talent de restitution, afin de pouvoir « donner le change » de manière convaincante. On aurait pu penser que le lancement de l’Hérésie d’Horus aurait naturellement poussé les auteurs de la BL à perfectionner cette facette de leur talent, mais l’expérience (et quelques dizaines de bouquins) ont amplement démontré que c’était loin d’être le cas pour tout le monde. Principales victimes de cette inégale répartition des compétences, les guest stars de l’HH (Pépé & Sons), qui louvoient entre brillance surhumaine et imbécilité crasse selon qu’ils aient la chance ou le malheur d’être mis en scène par un cador ou un tâcheron.

 

Si on repasse du côté med-fan, il n’y a guère que Nathan Long qui a su faire ses preuves dans l’exercice, en redonnant à Gotrek et Felix un peu de leur lustre d’antan, après que Bill King se soit consciencieusement savonné la planche en sombrant, tome après tome, dans les bas-fonds du hack & slash. Il est d’ailleurs instructif de pousser un peu plus cet exemple en se remémorant les tentatives, unanimement peu concluantes, d’autres auteurs de se frotter au couple le plus iconique de la BL dans les pages de Hammer & Bolter. Que l’on considère A Place of Quiet Assembly de John Brunner (H&B #1), The Tilean’s Talisman de David Guymer (H&B #14) ou The Oberwald Ripper de Laurie Goulding (H&B 18), aucun ne correspond vraiment au cahier des charges G&F, tel qu’il a été posé, nouvelle après roman (et vice versa), par King et Long. Cela ne veut pas dire que toutes ces tentatives aient été mauvaises, mais il est flagrant qu’elles ont été écrites par des auteurs ne maîtrisant pas totalement leur sujet, pour une raison ou pour une autre. Là où Reynolds fait fort, c’est qu’il réussit un exercice de double appropriation, puisqu’il se saisit à la fois de la moitié blonde et pimbêche de la paire tueuse, mais également de l’impayable Zavant Konniger de Gordon Rennie, avec des résultats franchement convaincants. Et je ne m’attarderai même pas sur les easter eggs fluffiques que Josh a glissé dans ses lignes à destination des lecteurs les plus assidus de la BL, et qui dénotent encore une fois d’une solide, très solide, culture warhammeristique. Je ne sais pas si c’est bien sur un CV, mais en tout cas, c’est plaisant à lire.

 

Afin de ne pas passer pour un flagorneur éhonté, je reprocherai tout de même à The Problem… le peu d’effort investi par l’auteur pour livrer une enquête un tant soit peu challengeante  au lecteur. En d’autres termes, il ne sert à rien de lire avec le plus grand soin cette nouvelle à la recherche d’indices cachés annonçant de manière discrète un dénouement spectaculaire mais soigneusement préparé, car il n’en est rien. Vous identifierez sans mal la faction responsable des problèmes du pauvre Felix si vous avez des connaissances rudimentaires de fluff et quatre sous de bon sens, mais ne pourrez en faire autant avec le malfaiteur en lui-même, à moins d’être incollable sur la petite galerie de personnages gravitant autour de Konniger dans les nouvelles de Rennie. Ce n’est pas ça qui ternira le plaisir de lecture d’une nouvelle qui, rien que pour la balade à laquelle Reynolds nous convie dans l’Altdorf du fraîchement élu Karl Franz, encore loin des heures sombres de la Fin des Temps2 mérite amplement le détour, mais après tout ce que le bonhomme a démontré comme talent, je ne peux m’empêcher de penser que ce dernier aurait pu soigner cet aspect avec des résultats satisfaisants, voire superlatifs. Que voulez-vous que je vous dise, je m’habitue vite à la compétence…

 

1Sans rire, c’est les Gilets Jaunes (Surcôts d’Or ?) à Warhammer cette histoire. Des bandes de manifestants énervés contre les taxes décrétées par le nouvel Empereur, et prêts à tout péter pour se faire entendre, ça ne vous évoque rien ? Méfions-nous du parallèle ceci dit, car le Vieux Monde n’était plus qu’à un quart de siècle de sa destruction à partir de ce moment…

 

2: Ironie de l’histoire, ces dernières étaient sûrement en train d’être ébauchées par le même homme au moment de la publication de The Problem…

 

 

Pariah (extrait) – Abnett:

 

On termine le numéro avec une petite mignardise qui en réjouira plus d’un : un extrait du Pariah de Dan Abnett, un habitué du teasing chez Hammer & Bolter puisque ce n’est rien de moins que la troisième fois qu’il bénéficie de ce traitement de faveur. Cette soumission aura toutefois une saveur et un attrait particuliers pour bien des lecteurs, puisqu’elle a été emprunté à la dernière publication d’une série des plus mythiques de la Black Library, j’ai nommé la saga Inquisitioriale du bon Dan, commencée en 2001 avec la trilogie des Eisenhorn (le père), poursuivie par un triptyque dévolu à son disciple Ravenor (le fils), et à présent complétée par le cycle Bequin (la simple d’esprit – littéralement – ), encore en cours d’écriture à l’heure actuelle. Familier des premiers tomes de cette œuvre fondatrice de la BL, et considérée à bien des égards, et à mon avis à juste titre, comme un des travaux de meilleure qualité de la maison d’édition de GW, je n’ai pas (encore) lu ce fameux Pariah, précédé par un Perihelion augurant sans doute d’un fil rouge allitératif en –p et –r pour les prochains titres du cycle, ce qui est certes charmant mais ne fait guère avancer le schmilblick.

 

Introduisant le lecteur directement au cœur du propos (le chapitre 8 du roman, en d’autres termes), cet extrait permet de renouer avec l’Abnett que l’on aime et respecte, c’est-à-dire le formidable conteur d’histoires ayant trouvé le juste milieu entre humanisation (capacité à faire apparaître les personnages comme crédibles et donc à amplifier l’empathie du lecteur à leur égard) et singularisation (le petit détail sympathique qui transforme le stéréotype/archétype classique de 40K en personnage unique et instantanément reconnaissable par le lecteur), fond, forme et style, et respect de l’univers et inventivité, pour passer les caractéristiques les plus marquantes de sa patte narrative. Mais l’une des choses que j’apprécie le plus chez Abnett, c’est la familiarité avec laquelle il traite son public, en ce qu’il ne se donne presque jamais la peine d’introduire de manière évidente et graduelle son propos, y compris les éléments importants à la bonne compréhension de ces derniers. Le postulat de départ est (et demeure) que le lecteur est suffisamment malin et informé pour relier de lui-même les éléments de contexte disséminés par ce farceur de Dan dans ses écrits, qui finissent par faire sens de la manière la plus naturelle qui soit, après quelques lignes, pages ou chapitres de rodage. Bien sûr, derrière cette idée simple mais efficace en diable se cache une maîtrise technique et stylistique bien supérieure à la moyenne, sans quoi ses textes resteraient abscons de la première à la dernière page. Bien des émules de Papa Gaunt se sont brulés les ailes en se frottant à l’exercice, et n’ont réussi qu’à passer pour des billes auprès de leur lectorat. Il est donc bon que Dan se livre à un petit masterclass de temps à autre, afin de rappeler à tous qu’en matière de bille, l’important est de toucher la sienne, ce qu’il fait assurément.

 

Pour rentrer plus précisément dans l’intrigue, nous suivons une soirée peu ordinaire pour le personnage de Beta (à rapprocher d’Alpha plutôt que de Simplet, si on m’autorise un avis), qui a de fortes chances d’être Alizabeth Bequin herself. Cette dernière, paria de son état, appartient à une école très spéciale (the Maze Undue), chargée d’éduquer les individus disposant de cette caractéristique génétique très rare et très utile, même si assez handicapante pour la vie sociale de ses porteurs, le plus souvent afin qu’ils puissent se rendre utiles auprès d’agents de l’Inquisition. C’est justement le retour d’un des anciens diplômés du Maze, évènement inédit dans l’histoire de ce vénérable établissement, qui va faire basculer ce crépuscule jusque-là ordinaire en aventure trépidante. Ayant à peine eu le temps de se remettre de l’émotion causée par la réapparition, elle aussi indue, de son ancien crush, Beta se retrouve à investiguer les combles de l’école à la recherche d’une fenêtre laissée ouverte, ce qui, en plus de faire grimper la note de chauffage pour rien (et vu le prix du loyer, ce n’est pas négligeable), dénote de l’intrusion d’un externe forcément animé d’intentions peu amicales dans le Labyrinthe, dont l’existence est censée rester secrète pour sa propre sécurité.

 

Ayant finalement mis la main sur le maraudeur, Beta va vite découvrir pourquoi il reste une très mauvaise idée de se retrouver seul(e) avec un(e) ecclésiastique trop entreprenant(e) dans un endroit où personne ne peut vous entendre appeler à l’aide. Que voulez-vous, il y a des vérités qui se conservent, quel que soit le millénaire. Fort heureusement, être un paria n’a pas que des inconvénients, surtout quand Sœur Sourire se révèle être une psyker de haut niveau, et même si Beta doit composer avec un gros bêta (son ancien coup de foudre, dont la rosette d’Interrogateur est apparemment mal ajustée et bloque l’afflux sanguin au cerveau, car le bellâtre pêche sérieusement en matière stratégique), ses propres ressources et la colonie de termites ayant élu domicile dans le grenier dans un premier temps, puis l’arrivée du professeur Xavier1 pour un bon gros cliffhanger des familles dans un deuxième, achève cet extrait en beauté et donne définitivement envie d’en savoir plus. C’était le but, je suppose.

 

1: Chez Abnett, cela se dénote par des dialogues plus gras plus. +Tu es un psyker, Harry.+ Visuellement impactant et efficace en matière de storytelling.

 

 

En conclusion, tout simplement un des meilleurs, si ce n’est le meilleur numéro Hammer & Bolter depuis le très sympathique #1. Kelly, Hoare et Reynolds livrent tous une prestation fluctuant du très honorable au franchement sympathique, un sans-faute qualitatif qui n’avait jamais été atteint jusqu’ici, ou en tout cas, pas à ce niveau. Ajoutez à cela un extrait yummy  en diable commis par un Abnett enfin égal à lui-même, et il n’y a guère que le chapitre de Gilead co-signé avec sa moitié qui vient jeter une ombre au tableau. Et quand on considère que même ce relatif coup de moins bien s’avère être sensiblement meilleur que les chapitres « primitifs » de Gilead’s Curse, on peut se laisser aller à un élan de munificence, qualité qui ne s’exprime vraiment que dans la profondeur et l’infini, comme chacun sait. Ce numéro 25 est-il pour autant le meilleur du lot ? Pour avoir la réponse à cette question, rendez-vous prochainement pour le grand final de cette chronique. J’ai hâte.

 

Schattra, nearly there

 

Modifié par Schattra
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Bonjour et bienvenue à tous dans la critique de ce 26ème numéro de Hammer & Bolter ! Cette fois, ça y est, nous y sommes : sept ans après le début du sujet, à l’époque où le monde qui fut était encore le monde qui est, où l’on ne savait ni ce qu’était un Stormcast Eternal, ni un Space Marines Primaris, où la Garde Impériale avait encore un nom potable et où les suppléments étaient traduits en totalité en français, où Blood Bowl et Necromunda n’étaient que des souvenirs émus dans les cervelles embrouillées de vétérans grabataires, et où les Sœurs de Bataille en plastique n’étaient encore qu’un vœu pieux (pour ne lister que quelques-uns des changements, plus ou moins majeurs, ayant touché, frappé, bouleversé – rayer les mentions inutiles –  le Zhobby depuis ces temps héroïques), nous touchons enfin au but de cette entreprise littéraire. M’étant fixé comme bonne résolution de 2018 la conclusion de cette série, je suis heureux de constater que j’ai, pour une fois, réussi à tenir un engagement de ce type. It’s something, comme le dit le poète meme designer (termes interchangeables en ce début décadent et nihiliste de troisième millénaire). Ceci dit, et l’hommage dû au gravitas propre à ce type de situation rendu, qu’est on en droit d’attendre de la part de cet ultime opus ?

 

Tout d’abord, le chapitre final de Gilead’s Curse, roman feuilleton de l’année II de Hammer & Bolter, qui ne passera certainement pas dans les annales pour la qualité de sa prose, mais qui aura au moins eu le mérite de nous « gagner » deux numéros de H&B (il est probable que les pontes de la BL n’ont consenti à ajouter deux mois à cette deuxième année que pour permettre à Vincent et Abnett d’achever ce qu’ils avaient commencé). Ensuite, mais également avant (je me comprends), une plongée/descente/chute dans les entrailles d’une cité-ruche en proie aux affres d’une insurrection chaotique (Kovos Falls), courtesy of Mr Latham. Egalement au programme, deux courts formats mettant en scène de méchants Space Marines jaunes et noirs. Méchants car totalement xénophobes, ce qui malheureux pour une époque aussi éclairée et positive que le 41ème millénaire. À ma droite, les Iron Warriors de C. L. Werner, pas vraiment jouasses à l’idée que leur gated community de Castellax se retrouve sur la route d’une caravane de migrants en quête de meilleures conditions de vie d’une bonne baston (The Siege of Castellax). À ma gauche, les Marines Malevolent de Nick Kyme, guère décidés à faire dans la dentelle pour reconduire les mêmes migrants dans leur shithole countries et rendre à Armageddon sa proverbiale tranquillité (Emperor’s Deliverance). Et tant pis si Mme Michu se prend une flash-ball dans la confusion. Enfin, c’est à l’infatigable et omniprésent Josh Reynolds, double recordman du nombre de soumissions à H&B, à la fois sur l’année II (6) et au total (8), qu’il revient de conclure le numéro et le webzine, avec le récit d’une réunion de famille assez tendue entre deux folles du désert : Neferata et Khalida1 (The Fangs of the Asp). Tout un symbole. Sur ma foi, voilà un programme des plus gouleyants. Hammer & Bolter se terminera-t-il sur un bang ou pschitt ? Je vous invite à en juger par vous-mêmes.

 

1: Priscilla n’était pas encore revenue de l’outback australien à ce moment.

 

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Kovos Falls – Latham:

 

Si le nom de Mark Latham peut apparaître comme familier à certains vétérans du Hobby, c’est que notre homme, avant de suivre la voie de l’auteur freelance, a exercé comme rédacteur en chef du White Dwarf entre 2007 et 2010. 13ème récipiendaire de cette noble charge instituée en 1977 et détenue à l’origine par nul autre que Ian Livingstone lui-même (l’équivalent d’un Primarque à l’échelle du petit monde de GW), Latham a tenu la baraque pendant 34 numéros, ce qui fait de lui l’une des incarnation les plus capées du Nain Blanc, après Pépé Ian, le légendaire Paul Sawyer et le discret Robin Dews. Mise à part ce Kovos Falls, les contributions de Latham au corpus de la BL se limitent à deux ristretti littéraires (format 1.000 mots) ainsi qu’à une introduction laudative d’une soumission du même genre de Nik Vincent1

 

Kovos Falls prend place dans la cité-ruche de Kovos Rising, sur laquelle l’autorité impériale se fait de plus en plus tenue depuis quelques semaines. Capitale planétaire d’un monde en train de basculer au Chaos, et pour lequel le recours à l’Exterminatus n’est plus une question rhétorique mais logistique, Kovos Rising est effectivement coupée en deux au moment où nos fiers héros entrent en scène, la partie haute et privilégiée de la spire (le niveau 92, en quelque sorte) faisant office de petit village romain résistant encore et toujours aux hordes de Gaulois braillards et débauchés, avides de faire basculer cet ultime bastion de l’ordre, de la décence et du bon goût dans la rave party sauvage qui ambiance le reste de la ruche. Il revient au sergent Godric et à son escouade de Stormtroopers vétérans, les Hell’s Rejects, de mener à bien une périlleuse mission dans les bas-fonds de la séditieuse métropole, à la recherche d’une expédition du Mechanicus avec laquelle tout contact a été rompu depuis le début des troubles. 

 

Débarqués en territoire inconnu et ennemi pour une raison non explicitée, mais apparemment fréquente dès lors que le déploiement en grav-chute est employé par la Garde Impériale (voir The Mouth of Chaos de Chris Dows, Hammer & Bolter #22), le premier souci de Godric et de ses hommes est de rejoindre la civilisation, les quelques goons chaotiques ayant eu la mauvaise idée de traîner leurs braies dans les environs immédiats de nos durs à cuire se faisant gentiment rappeler à l’ordre avec toute la délicatesse et le souci de la bienséance que l’on est en droit d’attendre de la part de troupes de choc impériales. Outre le fait de démontrer en termes non incertains que nos héros ne sont pas là pour enfiler des perles, cette première section permet également à Latham de familiariser le lecteur avec la galerie de personnages secondaires qu’il a choisi de convoquer et développer dans sa nouvelle, chacun des Hell’s Rejects se voyant nommé et décrit au fil des pages, pour un confortable total de 10 protagonistes2, auxquels viendront s’ajouter quelques seconds couteaux au fil des pages. 

 

Ayant finalement pu rejoindre le Mur protégeant les Sept Royaumes des assauts des Sauvageons (/!\ Alerte Contamination Fluff /!\) et fait choir la bobinette après avoir tiré la chevillette, les HR rendent une petite visite de courtoisie au Gouverneur de Kovos, Lord Marchinus, qui a l’obligeance de mettre à leur disposition les reliquats de sa garde personnelle afin de guider nos héros jusqu’aux niveaux inférieurs de la ruche où l’expédition du Magos Explorator Korech est sensée se trouver. La suite et le gros de Kovos Falls est consacré à cette périlleuse descente, pendant laquelle les Hell’s Rejects s’emploient à démontrer que la dîme impériale a été sagement investie dans leur entraînement et leur matos, en disposant tranquillement des empêcheurs de tourner en rond plonger au fond jusqu’à que ce que ce bon vieux Godric puisse avoir sa minute Stanley en balançant un « Magos Korech, I wager ? » au techno-prêtre disparu. Ce dernier, nullement concerné par des choses aussi triviales qu’une insurrection chaotique, révèle au stormtroopers la raison de leur venue : la récupération et mise en sécurité de fragments SCS, chinés avec sang-froid par le rusé Magos dans un marché aux puces Ratskin. Petit problème : le précieux chargement ne tient pas sur une clé USB standard, et ce sont donc quelques centaines de kilos de classeurs d’archives que nos hardis paras vont devoir se trimballer jusqu’en orbite haute. Ayant fait comprendre au nerd de service qu’il aurait dû appeler Une Pièce en Plus plutôt que le standard du Militarum, Godric consent tout de même à filer un coup de main (peut-être convaincu de la nécessité de sa coopération par les dizaines de serviteurs de maintenance et de combat que Korech a apprivoisé depuis son arrivée à Kovos Rising, et qui le suivent obligeamment où qu’il aille), et est sur le point de commander un taxi pour rapatrier ses ouailles quand l’installation de Korech se fait soudainement hacker. Le lancement simultané de Snake Xenzia sur tous les ordinateurs du Magos, avec The Snake Song de Bob’s Burgers en fond sonore laisse planer peu de doute quant à l’identité des cyber pirates, et c’est logiquement qu’un légionnaire de l’Alpha Legion fait son apparition et demande à ce que le grisbi lui soit remis.

 

Peu enclins à coopérer, les loyalistes optent pour une fin de non-recevoir polie mais ferme, Godric et ses hommes se repliant en bon ordre vers le point d’extraction le plus proche en emportant autant de data que possible, tandis que Korech lance une reconfiguration système, afin d’empêcher les STC de tomber entre de mauvaises mains. Hélas pour eux, leur opposant n’est autre que Mr Robot en personne, et a tôt fait de recruter les cohortes de Serviteurs de Korech à sa cause et de lancer ces dernières à la poursuite des Hell’s Rejects, avant de prendre personnellement les choses en main voyant ses nervis se faire refouler par la badassitude consommée des impériaux. Aussi à leur avantage face un Astartes (même un Astartes geek comme ceux de l’Alpha Legion, c’est-à-dire acnéique, binoclard et maigrichon par rapport à l’Astartes bully World Eaters) que Gilles Verdez face à Joey Starr, la bande à Godric subit quelques pertes mais parvient tout de même à rejoindre la surface grâce au sacrifice héroïque du Vostroyen de service. L’arrivée tardive de l’UberPOOL commandé, suite à la manifestation d’un autre passager dans une ruche proche obligeant le conducteur à un détour, coûte cependant très cher aux derniers survivants des Hell’s Rejects, DJ Snake revenant à la charge avec deux copains et une horde de fans en délire (littéralement) afin de mettre la main sur les infos personnelles de Godric et Cie, sans grand regard pour le RGPD. Au moment où tout semble perdu, l’arrivée providentielle d’une escouade de Space Marines d’Assaut Blood Angels permet à l’Imperium d’obtenir une victoire morale, et à Godric ainsi qu’à l’ultime survivant de son unité de regagner la sécurité de la Flotte Impériale. La nouvelle se termine sur la révélation de l’aura d’increvabilité (2++ relançable) de God’, qui lui a permis de se sortir des missions les plus mortelles depuis vingt ans alors que tous ses hommes mourraient autour de lui. Est-ce le début d’une carrière à la Colonel Schaeffer (avec inclusion au fluff, profil et figurine) pour notre quasi-Perpétuel ? Plutôt non, à ce jour, mais il ne faut pas désespérer.

 

Avec Kovos Falls, Latham démontre quelques solides aptitudes narratives, en livrant un récit rythmé et nerveux, tout en parvenant à faire bon usage de la tripotée de personnages nommés qu’il a fait le choix de convoquer dans son récit. Mine de rien, ce n’est pas évident d’arriver à donner à chacun son (ébauche d’) identité propre et sa (nano) seconde de gloire, sans ralentir outre mesure la progression d’une intrigue reposant en grande partie sur la confrontation entre nos héros (dont la pratique du macramé et du rempaillage n’est pas la spécialité) et les hordes hérétiques qui leur servent d’antagonistes. En cela, je considère « la nouvelle de GI » telle que Kovos Falls comme requérant un niveau d’écriture supérieur à l’autre archétype de la BL qu’est « la nouvelle de SM », genre ultra-permissif du fait de la surhumanité de ses protagonistes, autorisant un nombre élevé de TGCM (ou dans ce cas précis, TGC-S-M) pour pallier aux errements et incongruités commis par des auteurs débutants et/ou juste mauvais. Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’année II de Hammer & Bolter a plutôt fait la part belle à cette première « famille » de récit (The Mouth of Chaos, Kovos Falls), alors que l’année I était la chasse gardée des Astartes, notamment à travers le cycle Silver Skulls de Sarah Cawkwell, ce qui pouvait être lié dans une certaine à une amélioration globale de la qualité des publications. 

 

Un autre mérite de Mark Latham est son utilisation judicieuse d’éléments familiers du background de 40K, souvent traités de manière cavalière par d’autres auteurs. Ainsi, Kovos Falls rend justice aux dimensions inconcevables d’une cité-ruche, superstructure millénaire possédant son histoire et ses cultures et sous-cultures propres, tenant plus de la région que de la métropole, et dont la traversée se mesure en jours et non pas en heures. Autre source de satisfaction, l’emploi du Space Marines chaotique comme adversaire ultime, en cela qu’il est clairement établi que les Hell’s Rejects, malgré leur entraînement, expérience et équipement supérieurs, n’ont aucune chance d’espérer l’emporter face un seul Légionnaire renégat. Après avoir passé quinze pages à décrire les exploits martiaux de ses protégés, Latham n’hésite pas un instant à les faire tomber comme des mouches dès lors que le mâle Alpha pointe le bout de ses augmétiques. Certains auteurs de la BL, et pas des moindres (n’est-ce pas Mr Abnett…), ayant eu tendance à rapprocher, voire à mettre sur le même niveau, les capacités martiales de simples humains avec celles des Astartes, il est à mon avis salutaire que quelques bonnes âmes consciencieuses contribuent à replacer le Marines sur son piédestal de machine de guerre inégalable, qu’il n’aurait jamais dû quitter. 

 

Sans briller par son originalité (on est davantage dans la figure imposée du rookie de la BI, mâtinée d’un clin d’œil aux travaux de grands anciens de la maison3), Kovos Falls introduit Mark Latham comme un contributeur compétent de la Black Library. Comme le dit la sagesse populaire, on n’a jamais deux fois l’occasion de faire une bonne première impression, aussi faut-il reconnaître à Marco une entrée des plus honnêtes, à défaut d’être spectaculaire et/ou mémorable, parmi le panthéon des auteurs GW-approved. C’est quand tu veux pour remettre ça, gamin.

 

1: Respectivement Judgement, Like Father, Like Son et The Third Wise Man.

 

2: Go-dric, Val-di-mar, Kra-ster, So-ro-kin, Mc-Leod, Ta-rek, Jo-a-chim, Sieg-fried, Ish-ma-el, Th-yrus… Hell’s Rejects, retenez les touuuuuuuus! Hell’s Rejects!

 

3: Abnett et ses Gaunt’s Ghosts pour le côté « en immersion avec la crème de la GI » et Thorpe et sa trilogie Last Chancers pour « l’immortalité » supposée du personnage principal.

 

 

Gilead’s Curse (ch. 12) – Vincent & Abnett:

Retour à Nuln pour assister à la conclusion de l’épique quête de Gilead and friends visant à mettre un terme à la malédiction du Malaise (en français dans le texte) frappant le monde de Warhammer depuis, hum, un certain temps, et ayant fait un nombre incalculable, ou en tout cas incalculé1, de victimes. L’épisode précédent s’étant terminé sur le riff d’introduction d’Enter Sandman et la silication expresse de ce que tout la bonne cité impériale comptait de verre (c’est Afflelou qui doit se frotter les mains), suite à l’installation par le trio de charretiers d’une enceinte Böse dans un recoin stratégique de la ville, il est temps de prendre des nouvelles de notre fringante équipe en cette heure décisive. En raison des débuts laborieux de cet ultime chapitre, on permettra à l’auteur de ces lignes d’user de son droit d’ellipse de manière libérale afin de ne pas assommer le vaillant lecteur à coups de dissertations sur le but et l’intérêt de certaines des décisions les plus… originales des Vabnett en matière de conduite d’intrigue. Les âmes les plus courageuses pourront toujours se référer directement à l’objet du délit si elles souhaitent approfondir le sujet (à chacun ses délires). Dans le cas présent, je me contenterai de signifier que notre nouvel ami Surn Strallan a peur de beaucoup de choses (Mondelblatt vivant, Mondelblatt mort, les elfes – Gilead plus que Fithvael –, la charrette, la magie, un sablier, de ne pas transpirer…), et que le lecteur attentif sortira de l’étude de Gilead’s Curse avec une idée très précise des phobies de Herr S., complétée d’une ébauche de gradation des unes par rapport aux autres. Voilà pour l’entrée en matière.

 

De manière plus opérationnelle, si l’expression m’est passée, notre quintette a la surprise d’assister à la génération spontanée de milliers de bestioles appartenant à l’ordre du nuédéroadétombarien, c’est-à-dire scarabées, sauterelles, araignées, scorpions et autres serpents, jusqu’ici qui détails sculptés dans les objets locaux, qui sable de la collection de sabliers de Mondelblatt, et dont le premier souci une fois matérialisés est de se diriger à grande hâte vers un point mystérieux que le lecteur pas trop demeuré associera rapidement au Prêtre Liche beat boxant de manière poo-sey dans les caves de Nuln. Plus perplexes qu’autre chose devant ce phénomène pas ranormal du tout à première vue2, nos héros ne perdent pas une minute pour remonter jusqu’à l’origine de l’anomalie… ah, non, excusez-moi. On me signale dans l’oreillette que priorité a été donnée au sauvetage de ce vieux tromblon de Mondelblatt, dont l’échec au test d’Initiative demandé par cette dernière péripétie l’a conduit à se retrouver recouvert de grouillants en tout genre, pas vraiment hostiles mais pas vraiment amicaux non plus. Pressentant qu’il finira par avoir besoin des lumières – jusqu’ici éteintes – du professeur Fourmemolle pour terminer le niveau, Gilead passe donc deux minutes (c’est écrit dans le texte) à épouiller son comparse, d’abord de manière assez malhabile, puis avec un talent consommé lorsqu’il se décide à passer en mode shadowfast, s’offrant même le luxe d’occire chaque bestiole individuellement au fur et à mesure qu’il les détache de la forme chancelante de son acolyte. Ça c’est du professionnalisme. Cette déverminisation accomplie, et Mondelblatt prêt à remplir son office pour peu que ce dernier prenne place dans pas trop longtemps (piqûres de scorpion obligent), notre fière équipe finit par prendre le chemin du boss, qui, coïncidence des plus heureuses, a choisi d’établir son QG au sous-sol de l’université. Voilà toujours quelques lignes/paragraphes de description épargnés aux auteurs et aux lecteurs, qui à ce stade auront juste envie de voir le bout de tunnel et ne reprocheront pas outre mesure aux Vabnett la mesquinerie de la manœuvre.

 

Arrivé sur place sans encombres (en même temps, c’était pas loin), Gilead se jette bravement au combat, secondé par ses acolytes elfiques, non sans avoir pris le temps de mettre à l’abri ses humains de compagnie des déprédations des nuées suderonnes en installant quelques rouleaux tue-mouche écrivant « intairdis ô zinsekt » avec du sable piqué chez Mondy autour de ces derniers. S’ensuit une succession d’affrontements sans merci (ni enjeu) entre le trio elfique et les serviteurs du Prêtre Liche, dont la difficulté va, et cela pourrait étonner le lecteur dans un contexte plus normal que Gilead’s Curse, décroissant. On constate ainsi que ce sont les humbles squelettes invoqués par le Hiérophante comme premier rideau de défense3 qui se révèlent les adversaires les plus dangereux pour nos héros, l’une des bidasses osseuses parvenant à toucher Gilead, tandis qu’un autre goon réussit même à blesser Laban, ce qui a pour conséquence indirecte de déclencher la shadowfastittude de ce dernier, avec des résultats funestes pour la team tibia.

 

Cet échauffement terminé, les deux cousins n’auront aucun mal à démantibuler avec une lenteur perverse les deux Gardes des Tombes faisant office de second rideau (la faute peut-être à une IA complètement buggée), avant que Mondelblatt ne fasse finalement son office en révélant le pouvoir contenu dans l’amulette du Roi des Rats, qui se trouvait être un humidificateur d’atmosphère (no joke), et inflige un coup fatal aux machinations nehekhariennes en libérant deux litres de pisse (NO JOKE) prestement mis à profit par Gilead pour écrire « Haha té niké » avec du sable dans ce noble medium, ce qui conduit le Prêtre Liche au petit-suisside (NO F*****G JOKE !!!), empêchant du même coup la résurrection du Roi des Tombes si laborieusement transbahuté depuis les nécropoles de Khemri jusqu’aux caves de Nuln. And that's all, folks: si on met de côté les descriptions annexes de la purge de Nuln de la menace mort-vivante (sable, pisse et pluie, pour aller vite), et l’inévitable séparation de la communauté de l’anneau à la fin des évènements, il ne se passera plus rien d’important dans Gilead's Curse (bon, la narratrice finit par crever et son cadavre est jeté aux loups de Kislev, mais si vous voulez mon avis, elle l’a bien mérité), et dans la saga de Gilead par la même occasion, jusqu’à ce jour en tout cas. Un peu triste pour un personnage, qui, quoi qu’on puisse penser du présent opus, faisait partie des grands anciens du fluff de WHF, et pouvait donc prétendre à un minimum de respect. Malheureusement pour lui, pour Hammer & Bolter et pour les lecteurs, cela ne s’est pas vérifié, et au petit jeu des comparaisons entre les années I et II de H&B, c’est Phalanx qui remporte sans aucune contestation possible la palme du meilleur roman feuilleton. On m’aurait dit au commencement de ce sujet que je plébisciterai sans retenue une soumission SM de Counter par rapport au revival d’une légende Fantasy signée (en partie…) Abnett, j’aurai ri. Comme quoi, on ne peut définitivement pas juger un livre par sa couverture, comme le disent les Britons. Quant à toi, Gilead du monde-qui-fut, repose en paix à présent. Tu as bien mérité, si ce n’est de la patrie, au moins de la Black Library.

 

1: Mis à part le cousin Baneth, les victimes documentées de ce mystérieux fléau sont en grande majorité des ruminants et des légumes. De là à dire que le Ban’ était une fiotte, il y a un pas que je ne m’hasarderai pas à franchir.

 

2: Il faut dire que le Malaise semble, entre autres symptômes, attaquer fortement la zone du cerveau responsable de l’étonnement chez les sujets qu’il afflige. Les habitants de Nuln sont ainsi décrits comme endurant cet épisode qu’oncques pourrait aisément qualifier de traumatisant avec un flegme suprême. À titre personnel, je soupçonne un expédient pratique de nos auteurs pour ne pas à avoir à intégrer une panique généralisée dans leur récit, ce qui est toujours plus fastidieux en terme de mise en scène qu’un bon « circulez, y a rien à voir ».

 

3: Gilead, Laban et Fithvael s’étant mis à exsuder de la citronnelle par la grâce d’Isha entre les pages 45 et 46 de Hammer & Bolter, la biodiversité des Rois des Tombes ne représente dès lors plus qu’une nuisance très mineure pour nos intrépides héros.

 

The Siege of Castellax (extrait) – Werner:

 

Pour ce dernier numéro de Hammer & Bolter, saluons le retour d’une figure centrale mais discrète de la BL, l’incunable et indécoiffable C. L. Werner, dont une partie du voile de mystère est soulevée à l’occasion, le lecteur averti apprenant que le patronyme du bonhomme est Clint (c’est dommage, Chilperic était plus classe). Cette révélation fracassante évacuée, penchons-nous sur l’objet qui nous vaut l’honneur, la chance et l’avantage de revoir Bruno Lee sévir dans les eaux troubles d’un mensuel de la Black Library, lui qui avait été un contributeur de premier ordre d’Inferno ! dans des temps reculés. Bonnes feuilles du roman The Siege of Castellax, intronisé en 2016 au panthéon de la BL sur recommandation de Josh Reynolds (il y a pire comme parrain, honnêtement1), cet extrait nous permet de découvrir les forces en présence dans cette empoignade au pitch d’une simplicité élégante ( WAAAGH !!!! droit d’vant toi… air Ork connu – ) : d’un côté les Iron Warriors du Warsmith Andraaz, petit patron chaotique rangé des voitures après avoir fait les quatre cents coups pendant l’Hérésie, et à présent fournisseur attitré de matos aux bandes chaotiques de l’Œil de la Terreur, de l’autre les hordes vertes d’un illustre inconnu, probablement vert aussi, adeptes convaincues du porte à porte et sans aucune notion de ce « qu’espace personnel » veut dire.

 

Après une mise en bouche spatiale qui voit l’infortuné équipage du vaisseau de reconnaissance Vulture se mesurer à un Rok avec les résultats que l’on peut attendre de ce genre de confrontation équilibrée, nous faisons connaissance des gentils défenseurs, à savoir Andraaz et son conseil rapproché d’Iron Warriors, tâchant de mettre au point une riposte efficace au léger problème2 auxquels ils se retrouvent confrontés. C’est l’occasion pour Werner de dépeindre une galerie de rascals (rascaux ?) hauts en couleurs et pas vraiment solidaires les uns des autres, dont on prendra sans doute plaisir à les entendre bégayer en olympien après avoir fait connaissance avec le mauvais côté d’un kikoup’. Un plan d’action à peu près viable ayant été défini par les intéressés, nous retournons dans le vide intersidéral pour le voir imploser misérablement au contact de l’ennemi, la ruse orkoïde battant en brèche les savantes manœuvres de l’Archi-Commandant Vortsk et avec elles tout espoir des chaotiques de s’épargner la visite de quelques millions de peaux vertes. L’extrait se termine avec une séance de pose de cojones digne de l’ego monumental d’un Space Marines du Chaos, Andraaz prenant le parti de se débrouiller tout seul face à l’adversité et de mettre en déroute l’invasion sinople sans demander de l’aide auprès de ses anciens potes de la Légion. Sage décision ou orgueil mal placé ? Pour le savoir, lisez la suite !

 

Si Werner fait le travail plutôt proprement dans ces quelques pages introductives, donnant envie au lecteur d’en savoir plus sur cet affrontement plutôt original dans son choix de protagonistes (ce qui constitue déjà une raison valable de donner sa chance à The Siege of Castellax), la description du conseil de guerre des Iron Warriors ne m’a guère convaincu, la faute au caractère trop humain des sbires d’Andraaz, dont les tics respectifs (mention spéciale au Skylord « parce que je le vaux bien » Morax, qui passe son temps à se passer la main dans les cheveux comme un chanteur de K-Pop qu’il n’est – certainement – pas3), les gloussements flagorneurs et les basses manœuvres politiques et politiciennes pour se faire bien voir du patron tout en rabaissant les collègues aux yeux de ce dernier ne m’ont paru ni crédibles ni bienvenus pour des surhommes amers, froids et cliniques comme je me représente les scions de Perturabo. En l’état, l’auguste cénacle tient plus de l’assemblée de Skeksis que de celle de vétérans désabusés de la Longue Guerre. Il faut dire que leur Suprême Leader m’a semblé passablement sanguin, sa manie de défoncer la table du Stratégium à coup de poing pour marquer ou son irritation, ou sa détermination (à moins qu’il n’y ait simplement plus beaucoup de jus dans la zappette du projecteur PPT et qu’il lui faille recourir à l’énergie cinétique pour changer de slide), ne montrant guère l’exemple à ses ouailles.

 

Ce petit désagrément mis à part, on retrouve dans cette mise en bouche un Werner égal à lui-même, c’est-à-dire maître de son propos tant sur l’aspect purement narratif, chaque séquence se déroulant sans longueur ni à coup, que sur celui du fluff (pas d’atrocité constatée, et une évocation diablement émoustillante d’un Speaker, psyker de niveau Alpha réduit en catatonie par les Iron Warriors, et arme aussi puissante que dangereuse, dont l’utilisation risque de faire des étincelles). Ne manque au tableau que l’habituelle touche d’humour noir caractéristique du style du jeune Werner (pas le peintre Suisse hein, essayez de faire semblant de suivre), peut-être gardée en réserve pour les personnages Orks du récit, ce qui serait un choix tout à fait compréhensible. Bref, tous les indices semblent indiquer que The Siege of Castellax est un solide filler du catalogue de la BL, à l’instar de la majorité des travaux de son auteur, et peut-être, je dis bien peut-être, davantage. À choper à vil prix sur Amazon un de ces jours pour trancher cette question.

 

1: Comme tous les systèmes de cooptation, le népotisme reste fréquent. En témoignent les sélections de Headtaker et Death of Integrity, respectivement écrits et choisis par David Guymer et Guy Haley, à 2 mois d’intervalle. On peut toutefois se satisfaire de la présence de 3 bouquins d’Abnett parmi les 11 titres sélectionnés à ce jour.

 

2: Car dans l’espace, la faiblesse de la gravité diminue drastiquement le poids des objets.

 

3: À propos de cheveux, il faut aussi noter qu’un autre lieutenant IW a bénéficié d’un don démonique peu courant et très spectaculaire : la permanente chaotique (change de couleur selon l’humeur de son propriétaire). La légende raconte qu’Archaon a juré de porter un casque intégral jusqu’à qu’il tombe sur cet attribut sur le tableau des récompenses du Chaos.

 

Emperor’s Deliverance – Kyme:

 

Contributeur régulier de Hammer & Bolter, mais assez rarement en bien, le sieur Kyme a lui été aussi convié au pot de départ du webzine de la BL, et n’est pas venu les mains vides. Son Emperor’s Deliverance catapulte le lecteur sur Armageddon, le Geoffroy Guichard du Segmentum Solar (comprendre qu’il s’agit d’un lieu très animé où les prolos de l’industrie lourde et la couleur verte règnent en maîtres), pour un épisode de Faîtes Comme Chez Vous ! d’un genre un peu spécial. Voici le pitch : notre héroïne, la Sœur Sourire Scalpel Athena s’efforce d’apporter le peu de réconfort et de chaleur humaine aux milliers d’âmes perdues réfugiées dans le camp qu’elle dirige avec sa stagiaire (Betheniel), un homme de ménage philippin (Sanson) et le fils de la gardienne (Kolber). Malheureusement pour tout ce petit monde, leur fragile écosystème, jusque-là à peu près préservé des déprédations des ultras Stéphanois (les Verts, pour ceux qui ne suivent pas) se retrouve mis à mal quand la gardienne (le Colonel Hauptman) en question accepte une mutation à la droite de l’Empereur après un craquage de fumigènes mal négocié. La demande de remplacement du personnel dûment envoyée par Athena à la copro se solde par l’arrivée d’un duo de gorilles pas vraiment amènes (Nemiok et Varik, intérimaires Marines malveillants, malvoyants et malpolis, placés sur le poste par l’agence Manlpower locale), adeptes convaincus du itsnotmyjob-isme et jamais les derniers pour faire le coup de feu avec les footix du coin quand l’occasion se présente, sans considération pour le confort et la sécurité de leurs charges, ni pour les pétunias de Mme Ledoux, puisqu’il faut dire les choses.

 

Ayant tenté, sans succès, d’obtenir une coopération plus active de la part de son nouveau service d’ordre, Athena finit par laisser les Marines malotrus vaquer à leurs occupations, encaissant de manière stoïque la surcharge de travail générée par la défection de ces malappris. La situation finit toutefois par tout à fait dégénérer lorsque les Magic Fans décident de faire une virée dans la propriété, profitant du portail laissé ouvert par les malavisés Nem’ et Var’. Dans le chaos qui s’ensuit, tout le staff d’Athena finit à l’hôpital (section morgue), cette dernière ne devant son salut qu’au retour tardif des Marines mal-embouchés, qui finissent par bouter les ultras hors de la place à grand renfort de gomme cogne et de grenades de désencerclement, dont l’usage inconsidéré et indiscriminé ne fait qu’ajouter à la confusion en plus de faire grimper le nombre de blessés (dont la pauvre Betheniel, élevée grande maîtresse de l’ordre de Rémi Fraisse après une rencontre malheureuse avec un flashball grognon). Hors d’elle, Athena enguirlande vertement (un comble !) les Marines malfaiteurs, et manque à son tour de se faire molester par ces derniers, n’étant sauvée que par le crochet du droit de Varik à Nemiok, le premier ayant manifestement jugé que son comparse était effectivement un malfrat.

 

La situation ayant fini par s’apaiser et les Magic Fans ayant écopé d’une interdiction de stade pour le prochain match, les Marines malfaisants sont convoqués à l’agence par le responsable (Capitaine Vinyar) pour s’expliquer sur les évènements. Loin de s’offusquer des débordements constatés, le maléfique individu se révèle au contraire tout à fait satisfait par la tournure prise par les évènements, la dérouillée subie par les Verts justifiant à ses yeux les sévices endurés par les quidams pris entre deux feux1 Ayant renvoyé ses malabars vaquer à leur manœuvres malsaines, Vinyar à la surprise d’entendre frapper à la porte peu de temps après leur départ, et décide de manière malavisée d’ouvrir. Entre alors nul autre que Jean-Claude Tu’shan, vert de rage et noir d’humeur d’avoir appris les déprédations commises par les Marines maladroits. Ne pouvant plus rien pour les innocentes victimes de ce carnage inutile, le Tu’sh les venge en (probablement, voir ci-dessous) maltraitant et malmenant malicieusement Vinyar pour malfaçon. Malaisant.

 

Kyme ne fait décidément rien comme les autres auteurs de la BL. Ayant pris le parti, comme certains avant lui, de développer un bout de fluff officiel pour lui donner souffle et vie, il choisit de se pencher sur une péripétie tout à fait mineure2 de l’histoire de son chapitre fétiche, et de s’arrêter, un peu comme son comparse Hoare dans The Last Charge, au moment où les choses commençaient à devenir intéressantes pour le fan-boy sommeillant en chacun de nous, c’est-à-dire l’explication de texte entre le défenseur des Droits de l’Hominidé (parce qu’il ne faut pas oublier les Ratlings, les Squats et les Ogryns) et Super Connard. Cette franche algarade aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant, du fait du pedigree des participants, de la rareté de la situation et de l’incertitude qui plane sur le résultat de la confrontation. On a beau supposer que Tu’shan, en tant que gentil et Maître d’un chapitre bien connu, l’emporte sur Vinyar, qui n’est « qu’un » méchant Capitaine d’un chapitre très obscur, la tournure de la phrase sur laquelle Kyme a bâti sa nouvelle évoque simplement un échange de coups entre nos deux compaings, ce qui pourrait tout aussi bien signifier une égalité, voire la victoire de Vinyar sur son Bisounours de collègue. Ça, ce serait cool. Et ça aurait pu l’être, si Kyme n’avait pas perdu de précieuses pages à disserter sur les avanies d’Athena et Cie, ce qui sert bien entendu à exposer la vilénie des Marines Vol-au-Vent, mais ne méritait peut-être pas de constituer le corps du propos. Et quand bien même on garderait l’intégralité d’Emperor’s Deliverance, les 15 pages de la nouvelle auraient pu en accueillir 5 de plus sans problème, laissant à Nick assez de place pour dépeindre la controverse de Waaaghadolid de manière convaincante et imagée. Pour une fois que je shippais une baston entre SM, il faut que l’on me la retire, destin cruel. Que t’ai-je dont fait, Pépé ?.

 

Conclusion tronquée mise à part, il faut reconnaître que Kyme se sort honorablement de l’exercice, sa tendance à sombrer dans le ridicule à force de vouloir rendre ses scènes d’actions le plus cool possible, sans se soucier ni de la vraisemblance, ni des conséquences, ayant plus d’une fois desservi notre homme. Rien de tout ceci dans Emperor’s Deliverance donc, seulement du bon vieux BL-style, croustillant mais insipide, comme les galettes de riz complet bio Björg. C’est pas du lembas Nick, mais faute de grives3

 

1: Vinyar, arière-arrière-arrière69 petit fils de Jan-Meeshail Awlath, le fameux magnat Franc du début du IIIème millénaire ? C’est une piste sérieuse.

 

2: Introduite en une demi-ligne dans l’Index Astartes dédiée aux Salles à Manger, si je ne m’abuse.

 

3: « …mangez de la brioche. » (Roboute Robuchon). C’est plus une phrase de conclusion, c’est un cadavre nerdxquis. Vivement que ça s’arrête.

 

 

The Fangs of the Asp J. Reynolds:

 

On achève, cette fois-ci pour de bon, par une ultime offrande de Josh Reynolds, jack of all trades and master of many de Hammer & Bolter, se déroulant sous des latitudes plus ensoleillées, à défaut d’être plus clémentes, que les nôtres (les miennes en tout cas).

 

The Fangs of the Asp relate le quotidien d’un de ces personnages nommés sans être ultra connus du fluff canon de Warhammer Fantasy, la reine Khalida Neferher. Présence régulière des Livres d’Armées Rois des Tombes, Khalida ne jouit en effet pas de la même renommée que Settra l’Incontournable (en plus d’être Impérissable) parmi la communauté, malgré les indéniables atouts dont elle dispose(ait) d’un point de vue stratégique, un rôle loin d’être négligeable dans le background de sa faction (la chienne de garde vampirophobe de Nehekhara) et une relation d’amour-haine-it’s complicated que je trouve des plus intéressantes avec sa cousine Bécassine Neferata, autre figure majeure du petit monde de la non-vie. Que voulez-vous, on n’a pas toujours ce qu’on mérite.

 

Notre propos commence par le réveil en sursaut de notre héroïne à l’aube d’un nouveau Jour des Scorpions, évènement décennal pendant lequel il est permis à un prétendant de sang noble de défier le détenteur de la charge de gardien de Nagashizzar, job consistant à camper sur la zone de spawn du Nag’ pour lui péter la gueule s’il devait avoir la mauvaise idée de repointer le bout de son cartilage avec des visions hégémoniques sur la planète, ce qui est son péché mignon il faut bien le reconnaître. Malgré la bassesse de l’approche (? tout ? le ? monde ? déteste ? les ? campeurs ?) et l’absence totale d’action pendant les derniers millénaires, le poste semble apporter une certaine notoriété à celui qui l’occupe, forçant Khalida à défendre son bien avec régularité. À l’échelle de la non-vie, 10 ans passent vite, et notre reine a donc l’impression de devoir remettre en jeu son titre tous les quatre matins, ce qui finit par ressentir dans la manière dont elle expédie les importuns, au grand désarroi du Prêtre Liche gâteux et traditionnaliste qui lui sert de chaperon. Le dernier challenger en date, Ushtep de Rasetra, venu frimer avec son Sphinx de Guerre (l’équivalent de la Twingo tunnée à Khemri), n’a ainsi même pas le temps de laisser son héraut décliner tous ses titres (l’équivalent d’un « wesh, bien ou bien ? » à Khemri) que Khalida lui est déjà tombé sur le râble, avec des conséquences fâcheuses pour son intégrité physique et la haute image qu’il avait de lui-même. L’affaire ainsi pliée, en même temps que le pauvre Ushtep, en deux-deux, Khalida a tout loisir de repartir dans les rêveries qui occupent la majeure partie de son éternité, et dans lesquelles son passif mal digéré (dans tous les sens du terme) avec Neferata occupe une place centrale.

 

Cette routine paisible touche cependant à sa fin lorsque Settra, dans les jupes duquel un grand nombre de prétendants violemment éconduits par the Great Khali sont allés pleurer, envoie son héraut personnel, le primesautier Nekaph, remettre un peu d’ordre dans le décorum nehekharien. Sommée d’aller voir ailleurs si Nagash y est et partager avec ses petits camarades de mort le privilège (douteux) de stationner en double file devant le pied à terre du grand nécromancien, Khalida ne s’en laisse pas conter et aurait sans doute fini par balancer son bâton à travers la goule de l’huissier du Roi des Rois, avec des conséquences pour le moins incertaines, sans l’arrivée opportune d’une armée d’intrus dans Nagashizzar, ce qui met temporairement fin au processus de médiation. Balançant un « je vous l’avais bien dit » narquois, Khalida part au grand trot avec sa légion régler leur compte aux importuns, talonnée par le contingent de Nekaph, jamais le dernier quand il s’agit de mettre des coups de têtes (Fléau des Crânes oblige). Par un heureux hasard, une pure coïncidence ou en préparation de la Fin des Temps, on découvre vite que les visiteurs sont menés par nulle autre que Neferata, ce qui donne lieu à de touchantes, blessantes et sauvegardantes retrouvailles familles, qui s’achèvent par la capture en bonne et due forme de la patronne des Lahmianes.

 

Alors que cette dernière attend, beaucoup trop tranquillement, son inévitable exécution, Khalida intervient auprès de Nekaph et obtient de pouvoir offrir le deal suivant à sa cousine, en récompense du service rendu qu’elle vient de rendre Khemri : la liberté si elle parvient à la vaincre en combat singulier. S’ensuit un crêpage de chignon des plus soutenus, dont l’issue semble incertaine jusqu’à ce que Khalida ne décide de laisser Neferata l’emporter, pour des raisons un peu vaseuses et mièvres à mon goût, mais qui ont au moins le mérite de laisser les deux futures Mortarques terminer la nouvelle en bon état pour la suite (et la fin) des évènements.

 

Josh Reynolds m’a habitué à de tels standards que le moindre petit coup de moins bien semble un crime de lèse-majesté, quand bien même l’objet du délit se révélerait être de bien meilleure facture que la plupart des soumissions de la concurrence (ce qui est assez souvent le cas, il faut le reconnaître). The Fangs of the Asp tombe dans cette catégorie de second choix Reynoldsien, pénalisé qu’il est par son exploitation inaboutie de la rivalité ambigüe des mean girls du monde qui fut. Fil rouge des flashbacks insérés dans l’histoire principale et pièce de résistance de cette dernière, la confrontation récurrente de Khalida et Neferata ne débouche au final sur rien de très concret sur aucun de ces deux tableaux. J’aurais bien aimé que Reynolds nous livre sa version du premier duel entre les BFF, comme il l’avait fait pour Mikael et Gorthor dans The Gods Demand, mais cet épisode fondateur n’est guère qu’évoqué aux détours de quelques paragraphes. Les autres affrontements, pour plus développés qu’ils soient, n’apparaissent que comme autant d’actes manqués, la motivation de Khalida à tuer sa cousine finissant toujours par s’effriter au moment fatidique, prolongeant le statu quo pour des siècles et des siècles. Dans ce prélude à la Fin des Temps, Reynolds voudrait faire passer la faiblesse de caractère de l’Elue d’Asaph pour une tentative assumée de cette dernière de nuire à Nagash en laissant la (non) vie sauve à la moins fiable de ses lieutenants, qui finira fatalement par le trahir au pire moment, mais la pilule a du mal à passer, ce qui affaiblit la nouvelle au pire moment, c’est-à-dire sa conclusion. Dommage.

 

Cette petite déconvenue évacuée, Josh Reynolds assure comme à son habitude sur les autres tableaux. Ami lecteur, veux-tu du fluff, des idées intéressantes sur le fonctionnement de la société Rois des Tombes1, des personnages nommés faisant honneur à leur statut, des scènes d’actions efficaces, une narration efficace, et j’en passe ? Uncle Josh got you covered, fam. Quand on sait à quel point il peut être compliqué de n’avoir qu’une seule de ces cases cochées par certains auteurs de la BL, on se dit que tout ne va pas si mal finalement.

 

1: Ici, la schizophrénie latente qui afflige tout le monde, et empêche parfois les Nehekariens de faire la part des choses entre les souvenirs de leur vie mortelle, dans lesquels ils peuvent se plonger pendant de longues périodes de temps, et leur non-vie, forcément moins glamour. Citons aussi la position de « live and let live » de Khalida envers les Skavens, qu’elle laisse prospérer dans son arrière-cour en échange de renseignements et d’une surveillance mutualisée de Nagashizzar.   

 

***

 

Et voilà déjà le moment pour moi de clôturer cette ultime chronique de Hammer & Bolter, avec la traditionnelle évaluation globale du numéro disséqué. Les éditeurs de Nottingham auraient-ils ménagé leur sortie en gardant le meilleur pour la fin ? En toute franchise, non. Malgré des atouts certains (Latham, Werner, Reynolds), selon moi révélateurs d’une qualité qui m’avait semblé repartir à la hausse après une période de moins bien, ce numéro 26 n’est pas la publication la plus aboutie du lot, même si on peut au moins lui reconnaître que ses éléments les plus faibles (Gilead’s Curse, Kyme) ne sont pas les rebuts absolus que les lecteurs vétérans de H&B étaient en droit de redouter de la part des intéressés. Mention honorable donc.

 

De mon côté, je tiens à remercier tous les lecteurs et commentateurs de ce sujet, sans lesquels cette aventure se serait très certainement conclue d’une toute autre façon et avec un certain goût d’inachevé. Même si je prends toujours beaucoup de plaisir à passer à la moulinette les écrits des auteurs officiels du Zhobby, une réception positive de la part de ses pairs change beaucoup de choses au niveau de la motivation, qui a tendance à fluctuer en ce qui me concerne. Bref, merci, merci et encore merci à t/vous, j’espère que ça vous a plu et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures chroniquo-critico-narrato-fluffiques ! Je vous laisse avec mon best-of de cette année II de Hammer & Bolter, pendant du contre-classement établi sur les 12 premiers numéros1.

 

1: Il existe un The Best of Hammer and Bolter: Volume Two, qui a un point fort (l’intégration de toutes les nouvelles des numéros 13 à 24) et deux points faibles (l’intégration de toutes les nouvelles des numéros 13 à 24 seulement). Nous sommes ici sur un Top 14, afin d'intégrer à l'exercice tous les numéros de cette longue année II.

 

Révélation

Dead Calm [WFB] – Josh Reynolds:
Parce que c’est l’occasion de découvrir un héros récurrent de l’année II de Hammer & Bolter autrement plus sympathique que les Gileas et Gilead qui ont fait notre ordinaire sinon. Dubnitz for President !

 

Torment [40K] – Anthony Reynolds:
Parce que l’autre Reynolds peut avoir des fulgurances remarquables, quand il s’en donne la peine. Visite guidée de la Basilique des Tourments et conclusion « douce-amère » (à l’aune de 40K s’entend), ça c’est du combo.

 

Slayer of the Storm God [WFB] – Nathan Long:
Parce que s’il n’est pas le père de la série la plus iconique de la BL (à tel point qu’elle a semble-t-il survécu à la disparition du monde qui fut), Nathan Long est l’auteur qui a le mieux su donner ses lettres de noblesse au petit roux teigneux qui cherchait la Mort avec un grand –M. Change my mind.

 

The Shadow in the Glass [40K] – Steve Lyons:
Parce que sur un million de mondes, l’Imperium a sûrement des planètes “normales” habitées par des gens “normaux” (et dont le gouverneur s’appelle peut-être François Hollande, allez savoir). Ajoutez un chouia de warp au tableau et contemplez une nouvelle fantastique. Vraiment. 

 

The Talon of Khorne [WFB] – Frank Cavallo:
Parce qu’il fallait bien que quelqu’un humanise un peu les tribus du grand Nord (non, pas les Chtis), qui n’ont pas la vie facile croyez-moi. Heureusement, Scyla est là.

 

The Iron Without [40K] – Graham McNeill:
Parce que le Grahamivers commence à mériter le détour et que lorsque tout le monde se donne rendez-vous pour Calth pour une réunion de famille impromptue, ça ne peut que bien se passer.

 

Dead Man’s Party [WFB] – Josh Reynolds:
Parce que s’il ne fallait retenir qu’un nom de cette deuxième année, ce serait celui de Josh Reynolds. Et que ce dernier offre au regretté Erkhard Dubnitz, une sortie de piste des plus mémorables.

 

The Lion [HH] – Gav Thorpe:
Parce que de toutes les novellas publiées dans les pages de Hammer & Bolter au fil des numéros, celle-ci est clairement la meilleure. Teneur en Primarque boudeur garantie.

 

The Butcher’s Beast [WFB] – Jordan Ellinger:
Parce que voir un régiment de Joueurs d’Epée (de Carroburg, qui plus est) et un Chasseur de Sorcières absolument sans scrupules en action, cela fait partie de la bucket list de tout fluffiste WHF qui se respecte. Et ça tombe bien car l’ami Ellinger a un super deal à vous proposer…

 

Irixa [40K] – Ben Counter:
Parce que Counter, lui aussi, est capable d’élever le niveau jusqu’à des hauteurs appréciables. Un exercice de style en ce que devrait être le mètre étalon d’une nouvelle de la Black Library.

 

The Court Beneath [WFB] – Phil Kelly:
Parce que c’est certainement une des dernières nouvelles consacrée aux Bretonniens par la BL, et qu’elle est loin d’être mauvaise, ce qui ne gâche rien. Faîtes des réserves, les stocks ne dureront pas.

 

Cold Trade [40K] – Andy Hoare:
Parce qu’au 41ème millénaire, même s’il n’y a beau avoir que la guerre, une petite plongée dans les eaux troubles certes, mais démilitarisées, des Rogue Traders et autres canailles hautes en couleurs du Deep Imperium ne peut faire de mal à personne.

 

The Problem of Three-Toll Bridge [WFB] – Josh Reynolds:
Parce que voir revenir, et de manière convaincante qui plus est, des figures historiques de la Black Library que l’on ne pensait plus jamais revoir, cela vaut bien une troisième entrée dans ce classement. Give this man a cookie.

 

Kovos Falls [40K] – Mark Latham:

Parce qu’une nouvelle d’action pure, sans prétentions mais sans reproches non plus, reste un petit plaisir simple que l’on aurait tort de négliger.

 

Schattra, "."

 

Modifié par Schattra
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