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Oberon

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  1. Oberon

    La fierté de Nuln

    Un petit coucou en passant sur le forum, histoire de saluer le travail accompli et t'encourager pour la suite : sens de la narration et de l'intrigue, dialogues concis, respect du background, tout y est. Beaucoup apprécié l'intermède kislevite, très bien amené et conduit de main de maître. Bien aimé aussi l'histoire du père André. Accessoirement, la sortie de The Old World devrait donner un petit coup de pouce au suivi de ton récit, du moins c'est tout le mal que je te souhaite. J'en profite d'ailleurs pour adresser un message amical aux lurkers qui suivent le récit : Kayalias fait le job sans rien demander en retour, je pense toutefois qu'une réaction ou deux ne lui feraient pas de mal, bien au contraire. A vot' bon coeur, m'sieurs dames
  2. Meilleurs Vœux à tous (et à toutes, sait-on jamais )
  3. Oberon

    LA Arabie en pdf ?

    Le projet Arabie du Warfo ! Voilà qui ne nous rajeunit pas... Un grand merci à toi pour le scan, Dreadaxe ^^
  4. Oberon

    Décors de Lapin Rouge

    Beau travail, réalisé en famille qui plus est ! Chapeau !
  5. Le choix des toitures bicolores est curieux mais a au moins le mérite de l'originalité. Autrement, c'est du bon boulot, rien à redire ^^
  6. Impressionnant ! Je viens seulement d'apprendre la triste nouvelle : j'aimais beaucoup les articles de Sire Lambert et sa disparition m'a filé un coup de blues (ainsi qu'un coup de vieux), comme à tant d'autres ici...
  7. CHAPITRE 7 Le feu avait gagné l’ensemble des huttes, illuminait la clairière et défiait la sombre canopée. Un épais voile grisâtre flottait dans l’air, au sein duquel on voyait à peine s’agiter les malinkés. Keïta se passa les mains sur le visage. Résigné, abattu, il se laissa tomber à genoux. Il avait survécu durant tant d’années pour enseigner aux malinkés la crainte du tabou, le respect des esprits, et les détourner de la vallée de Gaoul... Mais les hommes n’apprennent jamais. Un jour ou l’autre, tous répètent les erreurs de leurs ancêtres. Comme un Sékou triomphant émergeait d’entre les volutes de fumée et s’avançait sur lui, machette à la main, un éclat sinistre dans son visage, Keïta comprit quel était son sort et l'accepta. N’esquissant aucun geste de fuite ou de défense, il se contenta de courber l’échine et d'attendre la fin. Il ne resta bientôt plus rien à brûler. Les malinkés, enorgueillis de leur exploit, hurlaient à tue-tête des chants guerriers en abandonnant la clairière. Passant en file indienne devant le cadavre décapité du féticheur, certains l’insultaient, d’autres lui crachaient dessus. Tout au fond de la clairière, un lambeau de chemise lui recouvrant la bouche et le nez, Cort guettait leur départ. Il avait cru sa dernière heure arrivée lorsque les indigènes s’étaient mis en tête d’incendier le village entier, le forçant à battre en retraite dans la forêt, dissimulé parmi les enchevêtrements de lianes tortueuses, semblables à des serpents. Comme le dernier des guerriers venait de disparaître, Cort se faufila parmi les volutes tourbillonnantes, piétinant un mélange visqueux de cendres et d’huile noire, ignorant la légère démangeaison qui commençait à lui courir dans les mains. Parvenu à l’orée de la jungle, il entrevit à nouveau les torches des indigènes et esquissa un mince sourire. La voilà, ma porte de sortie hors de cet enfer... à condition de ne pas me faire prendre bêtement. Deux jours pour quitter la vallée, deux autres pour rejoindre la côte et le comptoir de Miranda. Une fois embarqué sur l’Arabella, planquer l’or, faire profil bas, rien dire à personne, jusqu'au retour en Estalie. J’en connais qui n’hésiteraient pas à me tomber dessus s’ils savaient ce que je ramène à bord ! FIN
  8. CHAPITRE 6 Sékou alla jusqu’à l’un de ses compagnons d’armes, lui arracha sa torche des mains, la brandit à la vue de tous, et marcha droit sur les premiers débris de hutte. Il inclina dessus la flamme dansante, jusqu'à ce qu'une fumée âcre se dégage du bois humide et pourri. Le feu tardait cependant à prendre et Sékou, secoué par une toux sèche, les yeux larmoyants, dut insister avant que de minuscules flammèches sautillantes ne consentent à consumer ce qu’il restait de l’habitation. Sékou incendia une seconde hutte, puis une troisième, et il revint aux guerriers. « Ormazd a dit de jeter les incroyants et les blasphémateurs dans le feu. Obéissez ! » Les hommes s’ébrouèrent, comme tirés d’un mauvais rêve. Ils s’étaient attendus à voir leur chef tomber raide mort, englouti par le sol ou réduit en pièces par quelque sinistre créature. Or il se tenait toujours debout, et les huttes incendiées démentaient les anciennes superstitions. Leurs craintes dissipées, tous, jusqu’au plus timoré, pénétrèrent dans le village et imitèrent Sékou, gagnant peu à peu en assurance, à mesure que les flammes s’intensifiaient. Seul, Keïta demeurait à distance, impuissant, bras ballants, l’œil empli de terreur. Vieillard chenu auquel plus personne ne prêtait attention et dont les incantations s'étaient réduites à des balbutiements désespérés. Pourtant, le féticheur les avait prévenus de ce qu’il était advenu des villages encerclant la vallée, chaque fois que les hommes avaient violé le tabou. Ceux qui Rongent demeuraient dans l’eau, la terre, et l’air même de la clairière. Il n'en n'avait pas toujours été ainsi. Il y a longtemps, très longtemps, un homme blanc était venu dans la vallée de Gaoul. Un prêtre étrange, missionnaire d'un étrange dieu. Les peuples Sudrons le craignaient et le haïssaient. L'homme prétendait les guérir de leurs maladies, soulager leurs souffrances... mais partout où il passait, il laissait un sillage d'épidémies et de pestilence. L'homme blanc disait que c'était pour le bien des Sudrons. Qu'il leur fallait se préparer à la venue de son Dieu. Pour ces peuples animistes, le mot "Dieu" n'avait aucun sens. Pas plus que le nom du Dieu en question, Nurgle. Alors les Sudrons s'étaient unis, pour la première fois de leur histoire. Ils avaient traqué l'homme mauvais, jusqu'à l'acculer au coeur de la vallée de Gaoul, et l'avaient mis à mort dans la clairière. Ils croyaient s'en être débarassé pour de bon. Mais il avait laissé sa marque, une malédiction frappant quiconque s'aventurait dans la clairière : Ceux qui Rongent. Sékou et ses hommes pouvaient bien réduire le village en cendres, invoquer Ormazd, ils ne seraient pas épargnés pour autant. Ils allaient regagner leurs maisons, célébrer leur victoire auprès de leurs familles, et peu après... les vers apparaîtraient. Le mal passerait d’homme à homme. En quelques semaines, des tribus entières seraient éradiquées. Keïta le savait. Keïta l’avait vu. Ceux qui Rongent n’épargnaient personne, pas même les innocents.
  9. CHAPITRE 5 Cort pressa le pas et gagna bientôt l’orée de la jungle, préoccupé par la manière dont il allait s’y prendre pour quitter la vallée et retrouver son chemin jusqu'au comptoir de Miranda. Il s’immobilisa comme des cris et des chants guerriers retentirent au loin, suivis de peu par la lueur vacillante de torches apparaissant par intermittence entre les arbres. Embate, avec des renforts ? Impossible. Qu’est-ce que ça veut dire... Cort n’attendit pas de voir le visage des nouveaux venus et rebroussa chemin à vive allure. Ses yeux bondirent d’un point à l’autre de la clairière, à la recherche d’une cachette. Courant tel un animal traqué parmi les huttes délabrées, il finit par se rabattre sur celle située tout au fond de la clairière et s’agenouilla derrière ses vestiges. Les chants se rapprochaient. Tendant l’oreille pour saisir le dialecte employé, Cort reconnut une variante du malinké. Dans le même temps, plusieurs silhouettes émergèrent de la jungle. Le grand guerrier robuste qui ouvrait la marche lui était désagréablement familier. Autrefois second couteau de Tundé, Sékou avait tenté et réussi le coup de force contre son maître. Un fanatique de premier ordre, propageant le culte mazdéen vers les Nouvelles Côtes à grands coups de machette, soumettant sur son passage les peuples Nkomis et Oroungos. Il lui avait mis plus d’une fois des bâtons dans les roues, moins en raison du trafic d’esclaves auquel Cort se livrait, qu’une hostilité atavique à toute négociation avec les Blancs. En somme, rien de bon à attendre de ce gaillard-là... La présence de Keïta à ses côtés était d’autant plus surprenante que les deux étaient censés être des ennemis jurés. Le vieux prêtre animiste avait l’air fatigué, plus usé par les ans que jamais. Silhouette boitillante, escortée étroitement par les guerriers de Sékou le contraignant à avancer, le petit homme aux cheveux poivre sel conservait malgré tout une aura mystérieuse. Prenant pied dans la clairière, Sékou se retourna vers la vingtaine de combattants, restés en retrait et qui fixaient le sol noir d’un air craintif. Il les jaugea du regard, ses yeux comme sur le point de lancer des éclairs, puis s’emporta brusquement. « Qu’est-ce que je vous ai dit au village ? Que vous n’aviez aucune raison d’avoir peur, ni de cette vallée ni de ce lieu. Il n’y a pas de tabous, pas de fétiches. Il n’y a qu’Ormazd ! Ormazd a pouvoir sur toutes choses ! Il se moque des égarés et des démons ! Alors, cessez de trembler ! En dehors d’Ormazd, vous n’avez ni protecteur, ni secoureur ! » Les intonations agressives, plus que le cœur du discours, firent mouche, et plusieurs guerriers, bombant le torse, s’avancèrent bravement. Keïta s’interposa alors de son corps frêle et noueux, et leva les mains en signe d’apaisement. « Soyez raisonnables, partez. Les esprits de la clairière ne demandent rien d’autre que le respect de leur sol sacré. Ne les mettez pas en colère... je vous en supplie ! N’oubliez pas ce qui est arrivé aux derniers à avoir transgressé le tabou : les esprits leur ont envoyé Ceux qui Rongent, et il ne reste plus trace de leur passage sur cette terre. Minyoo vya kuua ! » L’incantation, gutturale, menaçante comme un grondement de tonnerre, réveilla le fond de superstitions sommeillant en chacun des malinkés et effraya les plus incertains. Sékou grogna en réalisant que le féticheur sapait son autorité sur ses guerriers fraîchement convertis. « Paroles de vipère. Mensonges et tromperies. Ne vous laissez pas abuser par ce vieillard, il cherche juste à vous faire peur. Il n’y a rien à craindre ici, sinon les démons qui sont dans vos cœurs. Je vais vous montrer, moi, ce qu’il faut faire ! »
  10. CHAPITRE 4 « Lâche-moi, bordel, lâche-moi !!! » jurait Cort, sans pouvoir s'arracher à l'étreinte. Tundé, bouche béante, le corps secoué de spasmes violents, bredouillait des mots incohérents. « Huhhh.... Je les sens... A l’intérieur... Plein, plein... - M’en fous ! Lâche mon putain de bras ! - Veulent sortir... Veulent... Peux pas.... Peux paaaaaaaaghhh !!!! » La baudruche humaine enfla une ultime fois, jusqu’à atteindre le point de rupture. Cort perçut une série de crépitements comme Tundé craquait de tous côtés. Les oedèmes et ganglions à la surface de son corps crevèrent l’un après l’autre, telles des bulles de savon, et vomirent d’interminables boisseaux de vers grouillants, grappes obscènes se déversant lentement jusqu’au sol. Il lui en sortait du nez, des oreilles, du coin des yeux. Les globes oculaires, sans cesse repoussés plus en avant, sous la pression des vers, finirent par jaillir de leurs orbites, retombant sur les joues comme deux gros grains de raisin gélatineux. Cort demeura bouche béée devant l’intarissable fleuve blanchâtre, couleur de pus, qui prenait son lit dans le cadavre éclaté... et orientait instinctivement son cours vers l’être vivant le plus proche. Dans un gémissement, Cort rampa pour s’éloigner, traînant après lui la dépouille de Tundé. Cort se redressa, agrippa les doigts serrés du mort et les tordit jusqu’à ce qu’ils se rompent comme du bois sec, l’un après l’autre. Alors seulement il parvint à dégager son poignet, bondit sur ses pieds et se rua hors de la case dont il s’éloigna à grandes enjambées nerveuses, le visage blafard marqué d’un rictus de dégoût, s’effaçant à mesure que lui revenait sa fortune nouvelle. Calme-toi... Ce ne sont que des vers... Foutrement dégueulasses, ça oui, mais rien que des vers. Le plus important, c’est l’or. Tu es riche, mon gars, riche ! Cependant, il ne pouvait s’empêcher de se retourner, jetant des coups d’œil inquiets en direction de la case. Qu’est-ce que tu crois, au juste ? Ils ne vont pas se mettre à déferler derrière toi, se lancer à ta poursuite, ou je ne sais quoi. Des cons de vers parasites, voilà tout. Tundé aura été infecté en buvant l’eau de la mare : presque tous les nègres du pays en attrapent aux points d’eau croupie. Seulement, là, c’était... foutre dieu, c’était immonde ! Pas étonnant qu’il n’y ait plus personne dans le coin !
  11. CHAPITRE 3 Entre écoeurement et perplexité, Cort balbutia d’une voix tremblante : « L’or... où est l’or ? » Qu’il ait entendu ou non la question, Tundé n’était pas en état de répondre. Il gémissait de plus belle en se tordant de douleur. Le souffle court, Cort chercha du regard à l’intérieur de la case, sans apercevoir la moindre sacoche à proximité. Il jeta un nouveau coup d’oeil à Tundé, eut un bref moment d'hésitation puis, posant le fusil dans un coin, se laissa tomber sur les genoux, plongea ses mains au sein de l'épaisse couche d'humus et fouilla le sol meuble. Il rejeta des pelletées de terre dans son dos, tout en reniflant et grommelant tel un animal fouisseur. « Y a rien ici... rien de rien. Sale con de nègre, où tu l’as planqué ? » Cort se releva, livide, les mains noires de crasse. Devant lui, le sol retourné n’avait livré que cette substance huileuse, grasse, dont la clairière semblait saturée. Restait un côté de la case à fouiller. Le regard de Cort se fit désabusé comme il s’approchait de la couche où gisait Tundé. Il respirait bruyamment, en suspens au-dessus du corps. Allez, mon vieux, c’est pas le moment de flancher... Ses mains tremblantes se posèrent sur la poitrine brûlante du Nkomi, glissèrent en tentant de l’agripper — Cort geignit comme il sentait sous ses doigts la peau agitée de mille fourmillements — et le basculèrent sur le côté, dégageant la natte sommaire. Il en écarta les débris, creusa la terre, toujours plus fébrile... jusqu’à sentir l’extrémité d’une courroie de cuir. Ses doigts se refermèrent dessus comme des serres de rapace et tirèrent, arrachant peu à peu une lourde sacoche à l’étreinte de la glaise. Cort laissa échapper un cri de triomphe en la serrant contre sa poitrine, des rêves de richesse pleins la tête. Il s’apprêtait à se relever, quand Tundé lui agrippa le poignet d’une main fébrile. Ses yeux injectés de sang, exorbités, semblaient regarder au-delà de Cort. Les gonflements sur son corps s’étaient accentués, formaient des abcès prêts à éclater, comme des fruits trop mûrs. Cort tenta de se dégager, secoua le bras pour se défaire de l’étreinte, en vain. Son poignet était pris dans un étau.
  12. CHAPITRE 2 Baignant dans un demi-jour crépusculaire, la clairière s’étendait sur près d’une centaine de mètres. Son aspect dépouillé contrastait violemment avec le jaillissement de vie fécond de la forêt tropicale alentour. Surpris par la faible luminosité ambiante, Cort leva les yeux : environ trente mètres plus haut, la canopée environnante s’était refermée en cloche et ne laissait filtrer qu’un étroit puits de lumière. Ce dernier tombait à pic sur une nappe d’eau luisante et dévoilait ce qu’il restait du village, à savoir quelques huttes de branchages ayant pourri sur pied, affaissées sur elles-mêmes. De plus rares habitations, aux murs de boue séchée, avaient davantage tenu le coup. Il n’en n’allait pas de même pour un grenier à céréale qui gisait, renversé sur le côté, ses flancs éventrés laissant échapper une résine noirâtre dont les effluves âcres rendaient l’air saturé d’humidité plus insalubre encore. Cort déglutit avec difficulté. Son regard sautait nerveusement d’un point à un autre du village abandonné. Pas la moindre trace de vie, y compris à proximité de la mare, premier point d’eau rencontré en deux jours de marche à travers la vallée. Il s’avança et laissa échapper une exclamation, tant de surprise que de dégoût, lorsque son pied s’enfonça dans le sol sur quelques centimètres. Il le retira dans un bruit de succion écoeurant et contempla l’empreinte au sol s’effacer peu à peu, comblée par un mélange d’humus et une substance huileuse noirâtre. Cort posa à nouveau le pied sur la surface meuble, en pesant cette fois de tout son poids, jusqu’à sentir la terre ferme sous la couche spongieuse. Alors seulement, il s’engagea parmi les premières huttes, en jetant à chaque fois un bref coup d’œil dans chacune d’elles. À mesure qu’il gagnait le centre de la clairière, une sourde inquiétude le gagnait. Des filets de sueur glacée le sillonnaient de la tête aux pieds. Ses vêtements détrempés lui collaient à la peau. De la jungle alentour, ne lui parvenait plus qu’un lointain écho étouffé, comme si elle demeurait circonscrite à l’extérieur de la clairière par un mur invisible. L’étrange phénomène acoustique avait pour effet de faire retentir démesurément le bruit de ses pas, au point de donner l’alerte à quiconque pouvait se trouver dans le village. Dépassant les huttes, Cort focalisa son attention sur une case ronde au toit constitué d’un entrelacs de branchages et de feuilles, probablement la maison du chef. Comme il s’en approchait, sa démarche se fit plus féline, atténuant l’infâme bruit produit par ses bottes chaque fois qu’elles s’arrachaient à l’étreinte gluante du sol. Mains crispées sur le fusil, il se tint aux aguets tout près de l’entrée, tendit l’oreille un long moment, puis bondit à l’intérieur en brandissant l’arme, pour aussitôt marquer un temps d’arrêt devant l’obscurité profonde, mur opaque l’empêchant de discerner quoi que ce soit. Il fut alors saisi par l’odeur : relents fétides et douceâtres de fruits pourris. Fébrile, Cort recula vers le seuil de la demeure et asséna de grands coups de crosse à la toiture végétale, jusqu’à la faire s’effondrer. La trouée ainsi créée donna assez de lumière pour qu’il reconnaisse Tundé gisant dans un coin. « Ah ! Cette fois, je te tiens ! » Étendu sur les débris d’une vieille natte, immobile, le Nkomi lui tournait le dos. Fusil levé, crosse prête à s’abattre, Cort s’approcha d’un pas prudent, entre méfiance et excitation. « Debout, Tundé. Tu m’entends ? Lève-toi. » Frissonnant de la tête aux pieds, la silhouette étendue se retourna sur le côté en poussant un gémissement étouffé. Cort se figea, son regard incapable de se détacher du prince déchu, ou plutôt de la parodie d’homme qu’il était devenu : une énorme baudruche de chair tendue, animée de hideuses pulsations, se contractant et se dilatant. Le visage, à la limite du méconnaissable, enflé comme un ballon, semblait prêt à éclater. Mais le pire, c’était les ondulations serpentines courant sous la peau gonflée, comme autant de veines et artères qui se seraient soudainement animées d’une vie propre...
  13. Ce que j'ai à l'esprit ? Ben que j'aimerais être un bien meilleur écrivain, la bonne blague !

  14. Quittons les rigueurs de l'hiver bretonnien pour plonger dans la moiteur des jungles des Terres du Sud avec... CEUX QUI RONGENT Terres du Sud, Nouvelles Côtes, An 2432 du Calendrier Impérial CHAPITRE 1 « Attends ! » Cort s’immobilisa, le corps tendu. Tout autour de lui, la jungle luxuriante et humide, vibrait d’un perpétuel foisonnement de vie, entre chants d’oiseaux et cris de singes. Il se retourna lentement sur son guide, dévoilant un visage en lame de couteau où étincelait un œil perçant. « Quoi ? » Tremblant comme une feuille, Embate fixait d’un regard affolé le tronc massif d’un limba. Bien que doté d’une imposante carrure, l’indigène semblait sur le point de fondre en larmes, tel un enfant désemparé. Il pointait du doigt la végétation inextricable recouvrant la base de l’arbre. Cort suivit son geste, sans rien discerner d’anormal. Les traits tirés, il essuya du bras les filets de sueur lui dégoulinant le long du front, plissa les yeux, regarda plus attentivement. Noyé dans un rideau de lianes, fixé au limba par un faisceau de cordelettes tressées, le fétiche arborait un regard inexpressif. La sculpture était de facture grossière : masse rugueuse, ovoïde, d’où émergeait des moignons de bras et de jambes, ainsi que des cornes censées figurer quelque démon. Cort alla droit dessus, écartant les fougères sur son passage, presque en transe devant sa découverte. De plus près, le fétiche s’avérait plus travaillé qu’il n’y paraissait, avec un fourmillement de détails sculptés profondément dans la masse. Le cœur en représentait des villageois en détresse, engloutis dans une mer furieuse - du moins, c’était la mer qu’évoquaient à Cort les tortillons dans lesquels se débattaient hommes, femmes et enfants. Il recula, mal à l’aise, conscient qu’à quelques pas de là, Embate guettait la moindre de ses réactions et n’attendait que le premier signe de faiblesse pour tourner les talons. Cort se reprit, scruta les environs et s’immobilisa. Dissimulée derrière un bosquet d’arbres épais et tortueux, une percée s’ouvrait quelques mètres plus en avant. Il fit signe à l’indigène de s’approcher. « La clairière est toute proche. Cette fois, nous touchons au but. » Embate secoua la tête d’un air désespéré. « On ne peut pas aller plus loin, Njanandi. — Qu’est ce que tu me chantes ? Nous sommes sur la bonne piste. Allons, viens ! » L’indigène demeurait immobile, visage déformé par la peur. « Je... je ne peux pas. Le fétiche... — ...n’est qu’un stupide morceau de bois, rien d’autre. — Non, Njanandi. C’est un avertissement. Le village est tabou. — Comme toute cette foutue vallée ! Nous sommes allés trop loin pour faire marche arrière. Assez perdu de temps : avance. » Le ton se voulait sans réplique, implacable. Le regard anxieux d’Embate sautait du fétiche à Cort. « C’est la mort qui nous attend là-bas... — Plutôt la fortune, je dirais. Tundé n’a pas d’autre endroit où se réfugier. Il se cache forcément ici. — Tundé a perdu la guerre et la raison. Ses hommes l’ont abandonné. Il a choisi la vallée de Gaoul comme tombeau. — Et que fais-tu de tous ceux qui se sont installés dans le village ? — C’étaient des fous, eux aussi, et ils ont payé leur folie au prix fort. Les esprits Minyoos les ont emportés et n’ont laissé que des os derrière eux. Je ne veux pas qu’il m’arrive la même chose. » Cort eut un petit rire moqueur. « Ah, j’oubliais les esprits... Entre vos superstitions et vos tabous grotesques, je comprends chaque jour davantage pourquoi les Sudrons ne sont bons qu’à être réduits en esclavage. Foutues conneries ! — Ne te moque pas, Njanandi. Vous autres Blancs, avez vos propres croyances... — La seule chose en laquelle je crois se trouve dans ce village et j’entends bien la récupérer sur le champ. Tundé s’y est caché en pensant que personne n’oserait jamais le chercher là-bas, ce en quoi il s'est trompé. Quant à toi, il est trop tard pour te défiler. Il fallait y penser avant de trahir ton maître... Avance ! » Cort se porta en direction de la clairière. Le bruit d’une course effrénée retentit aussitôt dans son dos. Il fit volte-face, épaula son fusil, visa la silhouette courbée d’Embate et appuya sur la gâchette. Le silex de la platine vint heurter la batterie, produisant un jaillissement d’étincelles... et ce fut tout. Il jura entre ses dents, guettant l’indigène en fuite, jusqu’à ce que ce dernier soit hors de vue. Tu t’en tires à bon compte, Embate. Pour cette fois. Je saurais bien me débrouiller seul pour quitter la vallée et rejoindre l’Arabella. Gare à toi si jamais je te mets la main dessus ! Cort regarda pensivement son fusil, un pli amer au coin de la bouche. Sur le point de le lancer au loin, il se retint, soupesa l’arme et en tâta la crosse pour en éprouver la dureté. Poussant un grognement satisfait, Cort empoigna le fusil comme il l’aurait fait d’une massue. Un dernier regard lourd de reproches en direction de la jungle, puis il se tourna vers la clairière et dépassa le limba orné du fétiche.
  15. Oberon

    La fierté de Nuln

    Hé ben alors, tu laisses déjà tomber, ou tu attends la prochaine période de confinement pour t'y remettre ? Dommage, vu que ton texte a du potentiel ! Excellente mise en condition que ces premiers chapitres : bonne ambiance, bonne caractérisation des personnages, juste ce qu'il faut de description sans trop en faire... Qu'il est bon de retourner dans le Vieux Monde dans ces circonstances !
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