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  1. Eh bien... Je me lance à mon tour dans l'arène. Pour commencer, une histoire sur les conséquences inattendues de l'usage de la magie dans le Vieux Monde. RETOUR DE FLAMME Altdorf, été 2479 CI L’homme était en train de brûler vif. Les flammes entremêlées, rouges, jaunes et bleues le dévoraient de toute part, faisaient de lui une effroyable torche humaine. Telle était du moins la première impression. Puis l’œil s’accoutumait, discernait peu à peu la nature exacte des flammes — motifs adroitement cousus sur une robe de sorcier. Alors, la frayeur initiale laissait place à de la curiosité devant ce colosse aux cheveux roux qui, de toute évidence, semblait s’être égaré entre les murs du Collège de Noble Sorcellerie. Le magister Karl Gurtner se tenait là, immobile, au milieu du hall d’entrée, figé comme une statue, hermétique aux regards des étudiants comme à leurs allées et venues. Il attendait. Une robe pourpre se frayait tant bien que mal un chemin dans sa direction, apparaissant et disparaissant dans une mer de robes noires, tel un frêle esquif, jusqu’à son arrivée à bon port. Le principal Krebs affichait un air réjoui. — Magister !... Avez-vous fait bon voyage ? Quelle joie de vous voir enfin parmi nous ! Vous ne pouvez imaginer à quel point votre présence fait honneur à notre institution… — Allons, coupa Gurtner. Epargnez moi vos discours de bienvenue. Ses yeux détaillaient le principal, en parcouraient les formes disgracieuses, insistaient tout particulièrement sur le masque bouffi à la peau grêleuse qui lui tenait lieu de visage. Krebs eut un rire gêné. — En prenant la succession du principal Bauer, je ne m’attendais pas à rencontrer autant de difficultés. Le problème est qu’il y a trop d’établissements sur Altdorf. Trop de concurrence et si peu d’élèves fortunés. Aussi, quand le Collège Flamboyant nous a annoncé votre venue, j’ai cru à un miracle ! Je peux vous assurer que depuis que la nouvelle s’est répandue, les demandes d’inscription n’ont jamais été aussi nombreuses ! A l’autre bout du hall, depuis le pied du grand escalier, un petit homme maigre, au crâne large et chauve, surveillait du coin de l’œil les deux interlocuteurs. — Grand bien vous fasse, murmura Gurtner. — La renommée de votre ordre vous a précédé, magister. En ce jour de rentrée, vous êtes assurément un modèle pour tous ces jeunes gens avides de savoir ; pensez donc, un mage de bataille à la carrière aussi illustre que la votre ! Krebs abaissa la voix : — Bien sûr, nous nous efforcerons de couvrir d’un voile pudique le regrettable incident sur laquelle elle s’est achevée… Gurtner eut un bref moment d’inertie. Sa bouche devint dure et pincée. — La sorcellerie est un art subtil, non une science exacte. Elle comporte sa part de risques. Lorsque vous êtes engagé en pleine bataille et qu’il vous faut prendre une décision… ses conséquences peuvent vous échapper. — Certes, certes, acquiesça le principal. Un silence pesant s’installa entre eux tandis qu’ils remontaient le hall. Arrivés devant le petit homme sec, Krebs se chargea des présentations : — Voici Hartmann, mon suppléant et notre censeur des études. En tant que Compagnon Sorcier, il détient… enfin non, il détenait le degré le plus élevé de l’établissement, jusqu’à votre venue. Il va vous conduire jusqu’à votre chambre, afin que vous puissiez prendre un peu de repos avant la cérémonie. Sans dire un mot, le censeur fit signe à Gurtner de le suivre et le précéda dans le grand escalier. Depuis le palier du premier étage les observaient quelques étudiants. Certains, accoudés à la rampe, affichaient une assurance toute aristocratique, à la limite de l’effronterie ; d’autres n’étaient guère plus que des petites ombres sautillantes au regard fuyant. Les deux hommes venaient de s’engager dans un couloir silencieux et mal éclairé, quand Hartmann prit la parole. — Des magiciens de cour, voilà tout ce qu’est à même de produire le collège. Il n’y a pas ici un seul sujet apte à l’exercice de la magie. Rien que des petits imbéciles issus de grandes familles qui auront imposé un caprice de passage à leurs géniteurs. Ils pourraient aussi bien étudier ici dix, quinze, ou vingt ans, qu’ils demeureraient tout aussi incapables de lancer le sortilège le plus basique qu’au jour de leur arrivée. Hartmann soupira. — Dans le lot, il y a bien quelques besogneux. Avec un peu d’acharnement, ceux-là finiront bien par apprendre quelques tours. Reste qu’aucun d’eux n’a le potentiel requis pour devenir un véritable sorcier. Avant de conclure : — Votre place n’est pas ici, magister. Mais cela, vous le savez déjà. Les deux hommes s’arrêtèrent devant une porte ouverte sur une sorte de réduit minuscule. Des murs de pierre suintant d’humidité. Pas de fenêtre. En guise de mobilier, une simple paillasse et une vieille armoire branlante. Hartmann balaya la pièce d’un geste de la main. — Confort sommaire, mais c’est tout ce que nous avons à vous offrir. Nos pensionnaires les plus aisés occupent les rares chambres valables. Le censeur observa une courte pause. — De toutes façons, magister, je ne crois pas à votre présence durable entre nos murs : un jour ou l’autre, tous ici finiront par connaître la vérité. Krebs pourra alors se mordre les doigts d’avoir vu en vous une opportunité, là où il n’y a qu’un meurtrier. Gurtner ne répondit rien. Son regard était vague, lointain, perdu quelque part bien au-delà de la chambre minable. Hartmann eut un reniflement de mépris. — J’ai beaucoup à faire. Reposez-vous, si vous le souhaitez. Un appariteur viendra vous chercher en temps voulu. Le censeur remonta le couloir, jusqu’à disparaître dans la pénombre. *** Gurtner était seul dans la chambre. Seul dans les ténèbres. L’unique chandelle éclairant les lieux s’était entièrement consumée sans que le magister n’y prenne garde. Cela lui importait peu, au fond. Son esprit était ailleurs. Tourné vers le passé. Il se souvenait de l’époque où il partageait une cellule semblable avec un autre apprenti sorcier. Georg était doué, un esprit brillant doté d’un potentiel au moins égal — si ce n’est supérieur — à celui de Karl. Il avait remporté son degré de magister trois années avant que Karl n’obtienne à son tour l’approbation du jury. Goerg avait aussitôt été incorporé dans les armées impériales en tant que mage de bataille. Sa première mission — repousser une bande de gobelins descendus des Montagnes Grises — fut aussi la dernière. Dédaignant les avertissements des hommes d’armes chargés de l’escorter, Goerg s’était inconsidérément avancé vers les lignes ennemies, jusqu’à représenter une cible idéale ; il avait à peine entamé une incantation qu’un trait acéré lui transperça la gorge, muant sa voix en un horrible gargouillis sanglant. La mort de Goerg marqua profondément Karl et lui tint lieu d’avertissement. Ne jamais sous-estimer un adversaire. Se garder des risques inutiles. Une ligne de conduite qui lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises et dont il avait pris soin de ne jamais dévier. Jusqu’à ce jour funeste, en Ostland. Karl accompagnait un régiment chargé d’exterminer une horde de mutants, quelque part du côté de Ferlangen. De fait, le burgmeister local avait exagéré la menace dans des proportions telles que les troupes impériales envoyées sur place se retrouvaient en écrasante supériorité numérique : au bout de quelques minutes, la bataille avait viré à la boucherie. Boucherie à laquelle Gurtner n’avait aucune raison de prendre part. Ce qui rendit d’autant plus incompréhensible la suite des événements. En cherchant parmi ses souvenirs, Karl se rappela qu’une vague d’euphorie, aussi soudaine qu’inexplicable, l’avait submergé. Lui avait donné un sentiment de toute-puissance telle que le sorcier s’était mis en tête d’éradiquer la horde à lui seul. Et dans son esprit perturbé revenait sans cesse la même incantation. Auth Lethalis. Conflagration Fatale. Sans réfléchir, Karl s’était mis à déclamer la formule en l’accompagnant de la gestuelle appropriée. Comme le rituel prenait fin et que le grondement des flammes emplissait déjà l’air, il prit seulement conscience qu’il venait de fabriquer un monstre et que celui-ci était en train de lui échapper. Les vibrations de l’air, les hurlements des hommes d’armes, ses propres cris… tous les sons se répercutaient sur le champ de bataille en un hideux écho. Un écho destructeur. Et juste avant que la conflagration n’emporte tout, et qu’il ne sombre dans les ténèbres miséricordieuses, Gurtner eut le temps de penser : Mais pourquoi ai-je fais cela ?... Pourquoi ? Comme il devait l’apprendre plus tard, le sort s’était montré particulièrement ravageur. A ceci près qu’au lieu d’atteindre les rangs des mutants, le déluge de flammes s’était étendu dans toutes les directions à la fois, engloutissant au passage un escadron de chevaliers. Il fallut plusieurs semaines à Karl pour se remettre du choc de l’écho destructeur. Ses brûlures le faisaient encore souffrir et il était en proie à d’atroces migraines quand le Conseil de l’Ordre Flamboyant l’appela à comparaître. De son audition, il ne garda que des souvenirs parcellaires, fragments de miroir brisé. Devant ses pairs, il se sentait humilié, dépouillé de toute dignité. Il n’avait qu’un lourd silence à opposer à la rangée de regards inquisiteurs qui lui faisait face. Ne souhaitait qu’une seule chose : que tout s’arrête. S’attendait à ce qu’on je jette au fond d’une oubliette ou qu’on le traîne jusqu’au bûcher. Il n’en fut rien. Par principe, L’Ordre protégeait les siens. Condamner ouvertement Gurtner eut été une remise en cause de son infaillibilité supposée, un aveu de faiblesse intolérable vis-à-vis des collèges rivaux. Reste qu’une trentaine de chevaliers émérites avaient trouvé une mort atroce. Un fait d’une gravité telle qu’il ne pouvait rester impuni. Il fallait une sanction, même symbolique : Karl fut mis en disponibilité. Le mage de bataille se retrouvait condamné à ne plus livrer bataille. A ce bannissement qui ne portait pas son nom, s’ajouta une humiliation supplémentaire : on lui fit subir toutes sortes d’examens destinés à déceler la présence d’éventuelles mutations, ou bien encore une altération de ses facultés mentales. Comme il ne lui fut rien trouvé, Karl put partir librement. Ce fut la première erreur commise par l’Ordre. La seconde eut lieu quelques mois plus tard. Un proche de Gurtner, estimant que l’inactivité totale ne convenait pas à un sorcier de son rang, suggéra de le dépêcher comme conseiller privatdocent auprès d’un Collège mineur. Le Conseil valida la proposition et la soumit pour la forme à l’intéressé. Gurtner donna à son tour une réponse positive, en omettant de préciser qu’il s’était produit, depuis peu, quelques changements intéressants dans sa personne. Les migraines attribuées au choc traumatique n’avaient jamais cessé. En fait, elles avaient même augmenté jusqu’à en devenir insupportables. Puis vinrent les pertes de mémoire, de plus en plus fréquentes. Et finalement, les voix. Dans ses derniers moments de lucidité, Gurtner avait songé au suicide. Le temps d’une nuit cauchemardesque, il fut en lutte avec lui-même. Au réveil, tout allait mieux. Les migraines avaient disparu et les voix s’étaient tues. A l’exception d’une, faible, ténue comme le souffle d’un enfant. « Au secours, au secours… Laissez-moi sortir… » *** Une foule bruyante occupait la grand-salle du collège. Cris, rires et trépignements montaient des bancs occupés par les étudiants et leurs proches, résonnaient le long des murs couverts de lambris et de tapisseries, retentissaient jusque dans l’immense voûte en ogive qui s’élevait au-dessus des têtes, soutenue par une imposante charpente. Inaudible au milieu de la clameur, Hartmann s’efforçait de maintenir un semblant de discipline, sermonnait les élèves en retard pour qu’ils gagnent au plus vite leur place, réprimandait les plus tumultueux, lançait des regards en coin aux parents indifférents à la conduite de leur précieuse progéniture. Un calme relatif se fit lorsque Krebs apparut à la tête du cortège des professeurs et des principaux dignitaires du collège. Gurtner fermait la marche. La procession gagna l’estrade située en bout de salle. Chacun s’installa dans le siège qui lui était attribué, tandis que Krebs montait à la chaire couronnant l’estrade. Il attendit que Hartmann ait agité sa clochette à de multiples reprises pour faire silence, puis commença à débiter un discours assommant où il était question des prérogatives de la noblesse, tant en règle générale que dans des domaines aussi particuliers que celui de la sorcellerie. Hartmann écoutait d’une oreille distraite, connaissant par cœur le laïus du principal — le même d’une année à l’autre, avec à peine quelques retouches. Il savait que Krebs finirait tôt ou tard par embrayer sur l’éloge des anciens élèves censés avoir fait carrière, et qu’à ce stade, la cérémonie passerait de l’ennuyeux au sordide. …Et voici Martin Leffler, illusionniste à la cour du Baron Dahrendorf : applaudissez-le bien fort… Tout cela était d’un pathétique… Le censeur détourna son regard ; c’est à ce moment qu’il remarqua les larmes sur le visage du magister, assis à quelques places de la sienne. Il en éprouva une profonde aversion. C’est le comble ! Non mais regardez moi ce vieil imbécile pleurant sur lui-même… Ecoeuré, Hartmann tira prétexte d’un début de chahut au fond de la grand-salle pour se lever et quitter l’estrade par l’une de ses extrémités ; il remonta l’allée jusqu’aux doubles portes afin de surveiller d’un peu plus près les fauteurs de troubles. Pendant ce temps, le discours de Krebs s’achevait laborieusement. S’ensuivit la séance d’éloges — aussi pénible que ce à quoi s’était attendu Hartmann — puis la présentation du corps enseignant. Gurtner resta immobile à l’annonce de son nom. Ses larmes avaient séché. Son visage était devenu un masque inexpressif. Il fallut qu’un appariteur vienne lui désigner la chaire inoccupée pour qu’il réagisse et se lève. Le magister monta les quelques marches menant à la chaire, en saisit les bords de ses mains noueuses. Il y eut un long silence durant lequel il jugea du regard la foule, jusqu’à ce que des chuchotements commencent à parcourir l’assemblée et que des rires nerveux fusent ici et là. Hartmann s’impatientait. Plus les secondes passaient, et plus le silence du magister incitait les mauvais sujets à semer la pagaille. Alors, Gurtner parla. D’une voix froide, atone, sans émotion : « Vous tous… Je sais ce qui vous tient. Ce qui vous fait vivre. Ce qui vous fait bander (une vague de murmures scandalisés parcourut la grand-salle). Le pouvoir. Du moins, l’illusion que vous en avez… » Un rictus glacial s’afficha sur le visage du sorcier. « Oui, votre noblesse, votre sang bleu, votre chevalerie… tout cela n’est rien à côté du véritable pouvoir. Vous ne me croyez pas ? Laissez moi vous montrer. Après tout, ne suis-je pas là pour enseigner ? Ce sera mon unique leçon. Puisse-t-elle vous profiter, tas d’infects pourceaux… » Dans la grand-salle, la stupeur initiale laissa place à l’indignation. Des huées éclatèrent. Une partie du public s’était levée pour regagner les doubles portes. Au pied de la chaire, le principal Krebs fixait Gurtner avec des yeux ronds. — Ma… Magister… Que vous arrive-t-il ? Auriez-vous perdu la raison ? Karl Gurtner n’écoutait pas. Il avait les bras levés vers la voûte et commençait à psalmodier une étrange incantation dont certains mots étaient du Reikspiel ancien, d’autres du Magikane… et d’autres encore étaient puisés dans une langue plus ancienne que l’homme. Un idiome obscène, guttural, s’apparentant par moments à de simples grognements primitifs. A l’autre bout de la grand-salle, Hartmann blêmit en reconnaissant les intonations de la Langue Noire. Une vague de chaleur étouffante commençait à se former tout autour du magister. Un souffle brûlant passa sur les visages des premiers rangs. La colère laissa place à l'appréhension. L'appréhension à la peur. A mesure qu’elle se faisait contagieuse, de plus en plus de gens se levaient pour regagner la sortie. Certains en marchant, d’autres en courant. Quelques uns restaient assis, comme hypnotisés par les paroles et les gestes du sorcier. Hartmann tentait vainement de se frayer un chemin à contre-courant de la foule. Repoussé sans cesse par la marée humaine menaçant de l’emporter, il hurla en direction de l’estrade : « ARRETEZ-LE !!! ARRETEZ-LE !!! NE LE LAISSEZ PAS TERMINER !!! » Peine perdue. A mesure que la chaleur s’intensifiait, que l’air s’emplissait de vibrations, professeurs et appariteurs fuyaient le plus loin possible de la chaire. Seul Krebs restait là, ahuri. Soudain, l’air ondoyant au dessus du magister s’enflamma en une sphère aveuglante, tournoyant sur elle-même, environnée d’étincelles. Gurtner ouvrit grand des yeux rouges dans lesquels se tortillaient des filaments noirs. « I’AQSHY K’SHANU’PHAK !!! » Dans un terrible rugissement, la boule de feu fila droit sur les doubles portes où s’étaient massées des centaines de personnes affolées ; elle éclata en une vague incendiaire submergeant tous ceux qui se trouvaient là, leurs hurlements suraigus étouffés par le ronflement des flammes affamées. La panique devint totale. Parents et enfants couraient en tout sens, se cognaient les uns aux autres, gémissaient de terreur. Ceux qui étaient devenus la proie des flammes, dans leur terrible agonie, agitaient les bras comme des aveugles et mettaient à leur tour le feu aux cheveux, aux robes, aux tentures. Témoin de cette scène, Krebs sortit de son hébétude et se rua sur le magister. Ce dernier, d’un simple revers de la main, comme pour congédier un serviteur, fit jaillir de ses doigts une pluie de flammèches qui dévorèrent le principal. Krebs, silhouette ardente perdue dans un océan de douleur, tomba à la renverse en hurlant et gesticulant une horrible danse macabre, tandis que Gurtner vomissait de nouvelles incantations et qu’aussitôt d’autres nuées incendiaires s’élevaient dans les airs, balayant en larges vagues les survivants épars. En l’espace de quelques minutes, la grand-salle s’était muée en enfer. Le feu dévorait les tentures, escaladait les boiseries, gagnait la charpente, léchait avidement les solives. Telle une offrande grotesque dédiée à des puissances obscures, un charnier de cadavres carbonisés ornait l’emplacement des doubles portes et se gonflait sans cesse des désespérés qui tentaient de franchir le rideau de flammes en enroulant leur robe autour de leur tête. Alors que Gurtner s’était tu et contemplait son œuvre, un murmure en magikane se fit entendre à l'autre bout de l’estrade. Tournant la tête, le magister débusqua Hartmann, recroquevillé sur les marches. Un feu bleu électrique circulait entre les mains du censeur et ses yeux jetaient des éclairs de haine. Gurtner pointa un doigt accusateur sur Hartmann ; une flèche de feu jaillit de son index, atteignit le censeur en pleine poitrine et, sans que ce dernier ait seulement eu le temps d’esquisser un cri, le projeta contre un mur où il explosa en un millier de braises incandescentes. Un silence de mort régnait à présent dans la grand-salle, seulement rompu par les craquements et les crépitements du feu. La charpente, carbonisée, était sur le point de s’effondrer. L’incendie avait gagné jusqu’à la chaire. Gurtner, devenu lui-même la proie des flammes, ne faisait rien pour s’y soustraire. Le feu embrasait sa barbe et sa chevelure rousse, desséchait et racornissait ses yeux exorbités. Mais il ne hurlait pas. Ne se débattait pas. Laissait patiemment les flammes accomplir leur œuvre. Le magister agonisant aspira profondément une bouffée d’air brûlant et murmura, d’une voix pleine de cendres : « Ô mon Maître… Accepte ce sacrifice… Daigne reprendre ton serviteur à tes côtés… » Comme la sourde invocation s’élevait dans les airs, la charpente, dans un craquement assourdissant, céda en emportant avec elle la voûte de la grand-salle.
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