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La Véritable histoire du Chaos


Inxi-Huinzi

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Mel’Ermat n’était toujours pas de meilleure humeur quand il arriva trois heures plus tard à leur base de repli. Il faisait nuit noire et ce n’était pas les quelques torches qui permettaient de bien y voir. Son humeur était aussi due au nombre de cadavres qui s’accumulèrent tout au long du trajet. Pour des raisons pratiques et logiques, les premiers arrivés là avaient largement déboisé les alentours afin de créer un ersatz de campement et des feux qui se voyaient de loin. Les hauts gradés du lieu avaient mis en place un périmètre de protection avec des soldats fatigués qui avaient du mal à monter la garde. Mel’Ermat s’adossa contre une souche d’arbre en soupirant et retira ses bottes. Il en serait quitte pour de bonnes ampoules. Un homme en tablier blanc lui tendit une assiette et un verre d’eau. L’intendant le remercia et le laissa continuer le ravitaillement. A sa droite, un colonel maudissait les personnes en charge de l’approvisionnement. A priori, une grosse partie des réfugiés et des charrettes étaient dans un deuxième camp au sud d’ici. Ils s’étaient trompés de forêt. Mel’Ermat appuya sa tête contre la souche. Les militaires cherchaient le plus haut responsable encore en vie et l’un d’entre eux lui dit que Ben’Lor organisait l’avancée dans les bois. Mel’Ermat était content d’apprendre que son ami avait survécu même si, au final, il ne voyait pas à quoi cela pouvait servir. L’ennemi allait tranquillement continuer sa conquête sans que rien ni personne ne puisse l’en empêcher. L’Empire avait gâché trop de munition inutilement et ils en payaient maintenant les frais.

 

Epuisé, Mel’Ermat s’endormit ses chaussures à la main. Il se réveilla en sursaut et haletant juste avant l’aube. Il avait eu l’impression d’entendre ces météorites tomber du ciel. Ce n’était qu’un mauvais rêve. Il s’assit et se frotta les yeux en décrochant de petites plaques de terre qui tombaient de son visage. Le campement était calme et à part les soldats patrouillant au travers, tout était silencieux. Chacun s’était installé comme il pouvait mais sans couverture ni matelas, il était très rare de trouver une position agréable. On n’hésitait pas d’ailleurs à s’utiliser les uns les autres en guide de coussins. Mel’Ermat, toujours aussi morbide, se demanda combien ne se réveillerait pas. Il en voyait d’ailleurs un qui présentait du sang séché au niveau de ses yeux et de ses oreilles. Il avait au moins eu la mort la plus agréable de toute, celle de mourir dans son sommeil.

 

La forêt était paisible. Il trouva étrange de ne pas voir de bois pulvérisé ou de cadavres. Il était même agréable de sentir l’air frais et d’entendre le léger gazouillis des oiseaux. C’était presque comme si rien ne s’était passé. Presque. Au détour d’une série de buissons épineux, Mel’Ermat tomba sur un groupe de civils éveillés qui discutaient autour d’un feu. Un médecin examinait la plaie à la tête de l’un d’entre eux. L’intendant s’assit dans le cercle comme si de rien était. Il était curieux de voir ce qui les poussait à bavarder.

 

-Alors, comment va-t-il, doc ?

-Ca va, répondit le soigneur à l’interpellation. La plaie était profonde mais elle ne semble pas s’enfoncer loin dans la tête.

-Bizarre, ricana un de ses compagnons, cela aurait expliqué plein de choses.

 

L’homme lui lança sa chaussure et le groupe rit de bon cœur. Il y avait là six femmes et cinq hommes. Vu les cernes qu’ils arboraient, ils n’avaient pas beaucoup dormi.

 

-Douloureux ? lui demanda un moustachu.

 

Mel’Ermat se toucha le front et tiqua. Il avait oublié cette blessure. Le médecin s’approcha de lui avec un chiffon tâché de sang. Il déclina l’offre.

 

-Je survivrai…

-Comme nous tous ! sourit l’homme en se penchant en arrière en appui sur ses mains.

 

Le silence se fit.

 

-Vous étiez de quel côté ? demanda une femme brune aux cheveux courts et à la robe levée jusqu’aux genoux.

 

Propre, elle aurait été jolie. Sa peau était d’ailleurs fine et blanche. Elle avait dû être une aristocrate avant tout ça.

 

-Mel, avoua l’intendant.

-J’ai entendu dire que les combats là-bas avaient été particulièrement atroces, rebondit celle à sa droite.

 

Elles étaient si semblables qu’elles étaient forcément sœurs.

 

-Cela l’a été partout, se défendit l’homme. On a tous eu notre de cauchemar.

-Je ne pensais pas… commença un homme en fixant le sol.

 

Il semblait choqué. Son teint était hâlé, il portait sans complexe une barbe de plusieurs semaines et était tout en muscle. Il était sans doute un paysan.

 

-Je ne pensais pas… reprit-il, qu’une guerre était plus difficile à vivre par ses conséquences que par les combats eux-mêmes.

-Parle pour toi, grinça une femme d’une soixantaine d’années qui se mangeait le bout des doigts. Ce n’est pas toi qui a tué cet enfant…

 

Elle partit d’un sanglot qui coupa la fin de sa phrase.

 

-C’est pas de ta faute, le réconforta celui qui devait être son mari.

 

Il posa une main sur son genou. Le premier homme reprit.

 

-Je ne me torturerai pas pour ceux que j’ai tués, lui lança-t-il. Tu sais pourquoi ?

 

La femme tourna des yeux en sanglotés vers lui et fit non de la tête.

 

-Parce que j’ai perdu mes fils, ma fille, ma femme ainsi que mon frère dans les combats. Je ne crois pas qu’ils pleureront mes pertes alors je ne le ferai pas non plus pour eux.

 

Elle opina doucement, compatissant à la colère froide de l’individu.

 

-Maudits Dieux ! clama l’un d’entre eux en levant le poing en ciel.

-Arrête tes conneries, s’énerva un autre. Les Dieux n’ont rien à faire là-dedans !

-Si, rugit l’autre en réveillant quelques dormeurs, j’ai entendu un mage dire qu’ils étaient contre nous. Crois-tu nos ennemis assez puissants pour avoir déclenché cette tempête de pierres sur nous ?

 

L’autre homme resta coi et se trouva un intérêt pour le sol.

 

-Pourquoi ont-ils fait ça ? dit une jeune fille blonde qui ne devait pas avoir dix-huit ans.

 

Elle portait un bel ensemble bleu gâché par tout le sang qui l’avait aspergé.

 

-Qui sait ce que pourquoi les Hommes agissent comme ils le font ? Je suis sûr que personne n’aurait pu le prévoir, nous les avons ignorés pendant trop longtemps.

 

Mel’Ermat n’avait pas fait attention sur l’auteur de cette phrase. Ce qui était sûr, c’est qu’il avait raison. Ils avaient beaucoup de théories mais aucune certitude sur le pourquoi de cette invasion et de cette extermination.

 

-Ont-ils seulement essayé de négocier ? dit une autre femme qui semblait énervée par ce concept.

-Arrête de dire n’importe quoi, Enipure, tu as vu ce qu’ils ont fait à Democles et son peuple. Tu as entendu les rumeurs. Si nous nous n’étions pas battus, ils auraient simplement pris nos royaumes un par un et nous auraient tous fait tuer pour mettre leur peuple à notre place.

-Et Sal ? Et Kator ? Pourquoi ne sont-ils pas là ?

-J’ai entendu dire, dit le mari de la femme, que ce sont des traitres et qu’ils prennent nos royaumes pendant que nous sommes ici.

 

Mel’Ermat se permit d’intervenir.

 

-J’ai entendu dire qu’effectivement Kator était de mèche avec l’envahisseur mais qu’il était aussi attaqué par le nord. Pour Iri, j’ai entendu dire qu’il avait juste peur et qu’il attendait que tout se termine dans son château.

 

Il haussa les épaules, comme pour faire semblant que ses informations n’étaient pas sûres.

 

-C’est bizarre à dire, reprit la jeune fille à la robe ensanglantée, mais je suis content d’avoir été là aujourd’hui. C’est quand même mieux que de mourir sans rien faire.

 

Mel’Ermat les vit tous acquiescer et fut surpris. Il s’était attendu à de la rancœur voire à de la haine envers ces dirigeants qui les avaient chassés de chez eux pour les faire combattre dans une guerre qu’ils ne comprenaient pas. Au lieu de ça, ceux-ci étaient reconnaissants d’avoir eu leur rôle à jouer mais si le résultat n’était pas celui qu’ils avaient espéré.

 

-Que va-t-on faire maintenant ? reprit la petite jeune.

-Pour ma part, je n’abandonne pas le combat, je mourrai avant de laisser notre Empire se faire conquérir.

 

Mel’Ermat reprit confiance. Il ne déclina pas son identité mais les remercia chaleureusement pour la conversation. Il fallait continuer de se battre.

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  • 3 semaines après...

J'ai fini mon petit tour de la Floride donc voici la suite !!

 

Chapitre 17

 

 

 

Ils mirent une semaine pour parcourir les quatre-vingt dix kilomètres menant à Vitoria. Malgré leur empressement, ils ne semblaient pas être suivis. Six cent mille personnes avaient survécu à la bataille, ils en perdirent un grand nombre sur le chemin du fait des blessures. Il ne restait plus grand-monde qu’il connaissait. Seul le jeune Mel’Eclé et Mel’Flor avaient survécu dans ses gardes du corps. Ils n’avaient plus de nouvelles du reste. Ils devaient être morts. Mel’Ermat encaissa la nouvelle en public mais ne retint pas ses larmes en privé. Beaucoup d’amis étaient tombés et, malgré toute la force qu’on avait, cela nous affectait forcément à un moment ou un autre.

 

Arrivés à Vitoria, ils avaient envoyé les enfants et les femmes de Sustor et désormais ceux de Terra vers Mel. Ils ne pouvaient plus rester ici. La ville se situait dans le passage de l’invasion. Cette partie de la population n’était pas très rapide et il fallait donc les faire partir au plus vite. Surtout en été où le soleil les condamnerait à attendre des températures clémentes pour bouger. Les survivants des batailles s’étaient donc installés en ville pour les gradés et les blessés tandis que le reste campait à l’extérieur des murailles. Les tentes avaient été réinstallées et les gens avaient récupéré un confort relatif. Le seul avantage qu’avait eu cette guerre était que leur armée était maintenant plus facilement manipulable. Fini les problèmes sanitaires et les destructions des régions dans lesquelles ils restaient.

 

Mel’Ermat quitta le campement à cheval et entra par les portes de la ville surveillées par des soldats de diverses origines. La ville semblait presque normale et, même investie, des ouvriers s’attelaient à faire marcher les commerces existants. Certains n’avaient malheureusement pas rouverts, plus personne ne sachant comment faire marcher les ateliers. Des groupes de soldats et de civils passaient souvent par les grandes avenues pour se diriger en dehors de Vitoria. Ils partaient s’entraîner ou en mission d’éclaireur. Quoiqu’il en soit, la guerre continuait. Ils avaient peut-être perdu une bataille mais ils étaient encore vivants pour se battre. Mel’Ermat et Ben’Lor virent apparaître beaucoup de groupes de soutien également. C’était des moments où une dizaine de personnes se rencontraient et échangeaient sur ce qu’ils avaient vécu. Cela semblait leur faire du bien et les deux derniers dirigeants de l’Empire promulguèrent un décret forçant les gens à participer à ces réunions.

 

Ils envoyèrent aussi un message à Mel’Placer à l’Impériale pour lui annoncer que la campagne militaire était un échec. Mel’Ermat n’avait plus eu de nouvelles depuis des semaines et espérait que les troubles et les rebellions étaient enfin matés. Le palais d’Egéa était un grand bâtiment multiforme situé au beau milieu de la ville. Cela avait dû être initialement une maison qui avait absorbée ses voisins pour gagner de l’espace. Au final, cela formait un complexe étrange mélangeant les formes et des architectures différentes. L’intérieur était tout aussi original puisque les pièces n’étaient pas très grandes et se calquaient sur l’organisation qu’avaient eue les bâtisses auparavant. Mel’Ermat, après deux semaines en ville, connaissait bien l’endroit.

 

La salle de commandement était une grande salle de réception convertie pour l’occasion. L’organisation ressemblait beaucoup à celle qu’il avait mise en place pour la Grande Bataille comme ils l’appelaient désormais. Ben’Lor, bras croisés, regardait une carte. Les nouveaux généraux, fraîchement promus, semblaient mal à l’aise.

 

-Intéressante ambiance, intervint Mel’Ermat en posant une série de documents sur une table.

 

Le guerrier se retourna et grommela.

 

-Ca n’a pas de sens, grinça-t-il en posant ses mains sur la table. Pourquoi n’attaquent-ils pas ?

 

Comme à chaque fois, l’intendant de Mel tiqua sur les nouvelles blessures du roi de Syrarture. Il avait perdu un doigt à la main gauche et arborait une belle balafre sur le côté droit du visage. Cette conversation, il l’avait eue tous les jours depuis qu’ils avaient atteint la ville. Personne ne comprenait pourquoi l’ennemi ne les avait pas pourchassés. Pire, depuis deux semaines, les éclaireurs annonçaient que ceux-ci n’avaient presque pas bougé du champ de bataille. Afin d’éviter les problèmes sanitaires liés aux millions de cadavres dans la région, ils étaient simplement repartis au nord sur une trentaine de kilomètres et s’étaient installés là. A leur place, Mel’Ermat n’aurait pas laissé de répits et aurait marché sur Vitoria au plus tôt. L’intendant haussa les épaules en réponse à son compagnon.

 

-Peut-être que notre mission pour attaquer leur ravitaillement a eu plus d’impact que nous le pensions…

-Peut-être… confirma le géant en se frottant la barbe. En tout cas, le temps joue en notre faveur. Je pense que tu as eu une bonne idée hier, nous ne pouvons plus nous battre de front, nous avons vu ce que cela nous a coûté. Où en sont tes équipes pour la préparation de Mel ?

-J’ai reçu un rapport hier matin, lui annonça Mel’Ermat, tous les ponts au nord de Mel sont détruits mais comme nous le craignons, l’été est rude et les niveaux d’eau baissent dangereusement.

 

Mel’Ermat remarqua la sueur qui lui collait la chemise sur la peau. Qu’est-ce qu’il faisait lourd dans ce bâtiment.

 

-Quelles seraient les zones dangereuses dans ce cas là ? s’interrogea le guerrier du nord.

-Beaucoup d’endroits.

 

Il désigna une quinzaine de points le long de l’affluent de Mel.

 

-Le reste du fleuve est beaucoup trop large et trop rapide pour permettre à une armée de traverser. Mais on ne peut pas surveiller chacun de ses accès. Si l’ennemi tente une percée, il faudra l’ensemble de nos armées pour tenir le choc.

 

Mel’Ermat sentit une goutte d’eau lui tomber sur la tête. Il n’y fit pas attention jusqu’à ce qu’une deuxième le touche également. Il leva les yeux et vit le plafond tâché d’une masse sombre d’un mètre de diamètre. L’intendant s’écarta et fit un pas en arrière. Il dégaina son épée et toute la salle en fit de même. La masse coula plus rapidement et, au sol, vacilla avant de s’élever et de prendre silhouette humaine. C’était un membre de l’Eau. Trouble, Mel’Ermat n’arrivait pas à voir au travers.

 

-Je viens vous apporter une solution à votre problème, déclara l’émissaire.

-Vous nous espionnez ? s’étonna Mel’Ermat.

 

L’autre tourna ce qui devait être sa bouche vers lui.

 

-Nous savons tout, éluda l’autre. Nous pouvons faire monter les niveaux d’Eau afin que seuls les ponts désignés ne puissent être utilisés.

 

C’était la première fois qu’ils revoyaient un ambassadeur des Quatre Races depuis leur fuite de la bataille.

 

-Etes-vous encore nombreux ? lui demanda Ben’Lor. Où sont ceux de l’Air ? et ceux de Terre ?

 

La chose ne répondit pas, se contentant de rester dressée, comme une fontaine. Elle disparut soudain laissant une marque humide sur le tapis.

 

-Je ne pense pas que ce soit une bonne nouvelle, se permit d’intervenir un général.

 

C’était un ancien sergent qui n’était pas connu pour garder sa langue dans sa bouche. Il était musclé et portait un bandeau noir autour de son œil gauche qu’il avait perdu pendant la bataille. Les talents de commandement s’étaient montrés exemplaires pendant les affrontements et il était l’un de ceux responsables de la gestion du flanc nord de leur armée. Grâce à lui, les envahisseurs avaient mis trois jours pour les déborder. En tout cas, il avait raison. Il ne devait plus rester grand monde des Quatre Races.

 

-En tout cas, la bonne nouvelle est que nous avons une stratégie.

-En effet, acquiesça Mel’Ermat. Nous bougeons jusqu’aux ponts, nous les fortifions, mettons en place des patrouilles le long de la rive et patientons jusqu’à l’hiver. Nous détenons les ressources de l’Empire, ils crèveront de faim bien avant nous.

-Nous devrions envoyer dès maintenant tous ceux en état de se déplacer, proposa un général. Plus vite nous commençons, plus vite nous serons prêts à les recevoir.

 

Mel’Ermat acquiesça.

 

-Il faut prendre une décision à propos de ce royaume, lança-t-il sachant que c’était une décision douloureuse.

-Comme les autres, articula Ben’Lor en se pinçant la bouche. Il faut tout incendie… si notre stratégie veut marcher, ils ne doivent rien avoir.

-Heureusement, Egéa n’est plus là pour voir ce que nous allons faire de son royaume.

 

Mel’Ermat ne se serait pas fait d’inquiétude. L’homme était plus raisonnable que Democles. Il aurait fait ce qu’il y avait à faire.

 

-Prenez tous les civils, dit Mel’Ermat à voix haute, réinstallez-les en Mel et en Ostel. Nous serons assez pour tenir deux ponts. Le reste peut essayer de relancer les royaumes. Si nous tenons jusqu’à l’hiver, leurs prochains mouvements auront lieu au printemps de l’année prochaine.

-Bien, vous avez entendu, tout le monde sait ce qu’il doit faire, dit le roi à l’adresse des généraux. Au travail.

 

@+

-= Inxi =-

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  • 3 mois après...

Petit passage pour dire que j'ai pas oublié !! Mon ordi a mourru début juin et le temps de le faire réparer... j'ai fini par en prendre un nouveau en septembre (fail réparateur).... Je vais donc me remettre à écrire en espérant qu'il y ait encore des gens dans les parages :P

 

La ville entra en effervescence dès midi. On courait dans tous les sens et se rassemblait. Les civils partageaient l’appréhension de ces nouvelles manœuvres. Ils n’avaient aucune idée de ce que l’on leur préparait. Heureusement, c’était une bonne nouvelle. Ils allaient être tranquilles pendant un petit bout de temps avant qu’on ne les recrute de nouveau pour se battre. Les soldats les regardaient s’activer, sourires aux lèvres. Une partie des militaires partaient de toute manière avec eux. Seules restaient ici cent mille personnes. Ben’Lor partit avec eux, aussi étrange que cela paraisse, pour s’installer à Mel. Cela ne dérangea pas l’intendant, après tous, la notion de royaume avait perdu de sa valeur. Il fallait que ce soit celui avec l’expérience qui organise la fortification des rivages. Mel’Ermat restait en ville pour surveiller l’avancement de la destruction du royaume et partir avec ceux en état de le faire quand les envahisseurs arriveraient sur eux.

 

Posté sur les murailles, Mel’Ermat regardait s’en aller l’armée au loin. Il retourna en ville lorsqu’on ne vit plus que les chariots à la traîne. Descendant quatre à quatre les marches menant au chemin de ronde, il fut rapidement au bastion. Ils étaient passés d’une agitation bouillonnante à un calme mortel. La moitié de la ville était vide, le quart était habité par des blessés et le reste se coupait en moitié pour les médecins ou des aides soignants et l’autre partie aux militaires désignés pour protéger la ville. S’il récapitulait cela lui laissait donc vingt-cinq milles soldats en service. Dix mille étaient des civils et le reste était des professionnels. Cinq mille d’un mélange d’entre eux allaient écumer le royaume pour détruire les cultures et mettre feu aux villages. A cause de l’alternance de service, dix mille guerriers étaient au repos. Mille étaient affectés à faire respecter l’ordre en ville ce qui lui laissait six mille soldats à occuper. Pour certains, c’était facile, ils s’occupaient des cinq mille chevaux qui leur restaient. Le fourrage ne manquait pas mais il fallait traiter les déchets et les garder en forme. Pour les civils, c’était plus simple : soit il contribuait à l’activité de la ville soit ils allaient s’entraîner. Mel’Ermat devait parler avec son état-major. Il se constituait de deux généraux, cinq colonels et dix lieutenants.

 

Le premier général était un ancien lieutenant de Sustor. Il s’appelait Hermolite et avait servi ces dernières années au nord dans le royaume de Syrarture. Arrivé trop tard pour sauver son royaume, on racontait qu’il avait aidé Egéa à prendre des bonnes décisions. Sa promotion était méritée. Ce n’était pas tout à fait la même chose pour le deuxième général. Cela avait valu une bonne dispute entre Ben’Lor et lui-même. Il s’agissait de Vinderian, le capitaine de la Compagnie d’Argent. Ceux-ci s’étaient illustrés pendant la bataille en sauvant plusieurs fois Frendlorian et Isidor. Cela ne les avait pas empêchés de mourir mais ils avaient fait tout ce qu’ils pouvaient. Ils avaient aussi provoqué des pertes nombreuses chez l’envahisseur en s’enfonçant loin dans leur armée. On disait même qu’ils avaient atteint l’autre bout de la prairie inondée au cœur des troupes et qu’ils avaient réussi à faire demi-tour. Pour Mel’Ermat, il n’était pas digne de confiance et n’était rien d’autres qu’un meurtrier n’ayant pour but que l’or et la gloire. Heureusement, sa compagnie avait été décimée et il ne lui restait qu’une poignée d’individus à commander. Trois jours auparavant, pourtant, l’intendant eut le déplaisir de le voir recevoir des renforts. En effet, les créatures qui s’étaient battus au côté des Humains de l’Empire, bien qu’en déroute, décidèrent pour très peu d’entre eux à rejoindre la seule compagnie de mercenaires où on les accueillerait à bras ouverts. Même si c’était des nouvelles recrues, il commandait quand même une vingtaine d’aventuriers. On notait parmi eux Nestor qui, après avoir survécu aux Ombres, avait surmonté les épreuves de la Grande Bataille. Le général Vinderian, bien qu’il prétende que c’était à cause de la mission qu’il avait échouée, avait décidé que ses hommes assuraient la protection rapprochée de l’intendant. Mel’Ermat était sûr que c’était pour l’embêter. Il avait bien assez du jeune Mel’Eclé et de Mel’Flor.

 

Mel’Ermat les regarda sur leur propre monture rejoindre le quartier général d’un trot rapide. Ils étaient soucieux et fatigués, ce ne devait pas être facile d’avoir perdu autant d’amis. C’était la raison pour laquelle il n’essayait pas trop de s’intégrer à ses soldats même si c’était inévitable. Même ainsi, cela ne l’avait pas empêché de souffrir. Son cœur se serrait à chaque fois qu’il pensait à Mel’Cari et il savait qu’en continuant d’y penser, les larmes humidifiaient ses yeux. Avec Mel’Astré, lui aussi maintenant mort, il était sûrement une des seules personnes qu’il pouvait vraiment appeler ami. Réfléchir à cette guerre le faisait déprimer puis s’énerver, il mourait d’envie de se venger mais rageait de ne pas avoir de moyen de le faire.

 

Mel’Ermat ouvrit grand la bouche de stupeur lorsqu’il vit arriver Llis. Il n’avait plus eu de nouvelles de son espion depuis la communication avec la pierre. L’homme portait sa cape oscillant entre le gris des bâtiments et le marron du bois des environs. Plus étonnant que tout, il boitait. Ses deux gardes du corps s’interposèrent mais Mel’Ermat leur ordonna de rentrer dans le bâtiment. Les deux hommes s’exécutèrent méfiants, laissant les chevaux attachés à une poutre près de l’entrée.

 

-C’est grave ? demanda l’intendant de Mel en désignant la jambe de l’espion lorsqu’il ne fut qu’à quelques mètres.

-Ca devrait aller, le rassura Llis.

 

Mel’Ermat ne savait pas si l’homme souriait. Cela devait faire des mois qu’il ne s’était pas rasé et des poils n’émergeaient que ses yeux verts pétillants.

 

-Mon médecin m’a dit que la flèche n’avait rien perforé de très grave.

 

Cette bataille avait eu un coût pour tout le monde.

 

-Ca ne m’a pas empêché de garder des nouvelles de ce qu’il se passe.

-Qu’est-ce que tu as pour moi ? s’intéressa Mel’Ermat en se rapprochant de lui.

 

Les deux s’approchèrent d’un banc et il l’aida à s’asseoir. L’homme devait souffrir le martyre pour ne pas protester contre l’aide que son supérieur lui octroyait.

 

-Pas mal de choses, commença l’espion. J’ai pris l’initiative de placer des amis à moi parmi les troupes ennemies.

-Ils n’ont pas été découverts ?

 

Mel’Ermat était franchement étonné. Comment vivre parmi des gens qui ne parlaient pas la même langue ? L’homme sembla entendre sa question.

 

-Ils prétendent être sourds et muets à cause de la bataille. Cela aide à l’anonymat.

-Les techniques les plus flagrantes sont toujours les meilleures, ricana Mel’Ermat.

 

L’espion acquiesça en se massant la jambe.

 

-Du coup, j’en sais un peu plus sur nos envahisseurs. La première chose, c’est qu’ils sont toujours bien plus nombreux que nous. On se bat peut-être à un contre sept, six si nous sommes chanceux. Et cela sans compter les gens qu’ils ont déjà installés dans leur passage. J’avoue par contre que s’attaquer à leur ravitaillement les a vraiment mis dans tous leurs états.

-Tu as de leurs nouvelles ? bondit de son banc l’intendant.

-Non, admit Llis, mais j’ai compris. Un jour, ce qui semblait être leurs gradés sont sortis dans tous leurs états d’une tente et sont partis avec près de dix mille hommes en arrière. J’ai rapidement fait le rapprochement.

-Si ça peut les ralentir…

-Encore mieux, continua l’espion. Apprenant ça, nous avons profité de la bataille pour modifier les cartes de l’Empire que Regut avait dû leur fournir. Nous avons effacé tous les points d’eau potable de la carte et avons laissés des cadavres flotter dans les points d’eau dont ils se sont déjà emparés. Je pense que c’est pour cela qu’ils n’avancent plus. Tant qu’ils n’ont pas remis en place leur approvisionnement et qu’ils ne savent pas où camper, ils ne prendront pas le risque d’avancer.

 

Mel’Ermat leva les yeux vers le ciel. L’été était vraiment chaud. Les températures devaient facilement avoisinés les trente-cinq degrés. En ville, c’était supportable grâce aux pierres froides du lieu mais hors des remparts, c’était une vraie fournaise. Voulant se rendre à un entraînement en cotte de mailles, Mel’Ermat avait vite changé d’idée. Il avait failli étouffer au bout de quelques minutes. Depuis le début de cette canicule, les entraînements avaient lieu le matin tôt ou le soir tard. Quand il était en ville, il se déplaçait donc en courte chemise et vêtu d’un pantalon qui s’arrêtait aux genoux. Cela ne l’empêchait pas de perdre trois litres de sueur par jour. En tout cas, cela avait du sens. On ne pouvait pas déplacer en été des millions de personnes sans être sûr qu’il y avait de quoi boire à l’arrivée. Sustor et Terra étaient en plus réputées pour être les deux plus chaudes régions de l’Empire. Mel profitait d’un climat plus océanique et était plus tempéré. Il y avait une plaine désertique sur la route pour se rendre à Mel. Ce n’était pas le chemin le plus direct mais il avait le mérite d’être là, s’étendant sur des centaines de kilomètres.

 

-As-tu des nouvelles de Mel’Placer ? demanda Mel’Ermat en changeant de sujet.

 

L’autre parut étonné.

 

-Je pensais que vous saviez. Il a vidé la Capitale et est parti déloger Iri qui refuse d’entendre raison. Il campe devant la ville. Les défenseurs sont quatre fois plus nombreux mais ils n’osent pas sortir affronter votre roi.

 

Sacré Mel’Placer, pensa Mel’Ermat. Au moins ça empêchait le roi de Sal de faire n’importe quoi.

 

-Il y a de grandes chances pour que l’on passe un été tranquille si j’ai bien compris, résuma Mel’Ermat.

-Oui, fit l’autre, s’ils avaient attaqué au début du printemps, ils seraient dans le royaume de Mel à présent et, avec les températures plus clémentes, ils auraient pu remonter jusqu’en Ostel avant l’hiver.

-Nous avons eu de la chance, admit Mel’Ermat.

-Ce n’est pas de la chance, lui expliqua Llis. Ils devaient penser avancer plus vite et rencontrer moins de résistance. Regut a mis un beau bazar mais finalement pas assez pour que nous soyons vaincu en six mois.

 

Les yeux de Mel’Ermat se voilèrent et il sentit sa tête venir heurter le mur derrière lui. Il faisait noir. Une sensation de froid recouvrait son corps. Etait-il mort ? Il n’arrivait pas à bouger, il ne savait même pas s’il était encore dans son propre corps. Il essaya d’articuler mais aucun son ne se produisit. Il sentit une présence, ou plusieurs, il n’aurait su dire. Il était perdu, il ne savait même pas si ses pieds touchaient encore le sol. Etait-il en train de flotter ? Une voix éclata à ses oreilles comme un coup de canon.

 

-VOUS AVEZ BESOIN DE NOUS !

 

 

-Seigneur ! Mel’Ermat !

 

On le secouait. Il ouvrit les yeux avec peine et chassa mollement l’espion qui le secouait.

 

-Je vais bien, grommela-t-il.

-Vous allez bien ? s’alarma Llis qui s’était mis debout. Vous vous êtes évanoui d’un seul coup.

-Je… J’étais…

 

Mel’Ermat ne savait pas vraiment ce qu’il venait de se passer et il tut son expérience. Ca ne servait à rien d’alarmer tout le monde s’il n’avait rien de plus concret.

 

-C’était juste un coup de chaleur… se trouva-t-il comme excuse.

 

Llis fit la moue, peu convaincu mais Mel’Ermat étant de nouveau éveillé, ses doutes s’évaporèrent.

 

-Allez donc boire à l’intérieur, proposa l’espion. Je vous tiendrai informé des avancées de notre projet.

 

Mel’Ermat hocha la tête. Qu’est-ce qu’elle lui faisait mal ! Il avait l’impression qu’on avait violé ses pensées. C’était une sensation des plus détestables. L’intendant se leva et partit dans le quartier-général. Que s’était-il donc passé ?

 

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
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  • 6 mois après...

Le gars qui dit qu'il va se remettre a écrire et here we go ! Six mois plus tard sans suite ! Bon a ma decharge, j'ai du renouveler mon sejour aux US et je ne suis plus a Miami mais a San Francisco donc ca a demande de l'organisation ! 

 

Chapitre 18

 

 

Mel’Ermat était assis dans un creux des créneaux des remparts et laissait ses jambes ballotter dans le vide. Le sol était loin, peut-être une vingtaine de mètres en-dessous de lui. Egéa n’avait pas fait creuser de douves autour du château ce qui ferait de la chute une décision mortelle. La petite plaine qui courrait devant la ville était dans un sale état. Mel’Ermat se rappelait la présence de champs mais le stationnement de leur armée avait tout retourné. Ce n’était donc plus qu’une terre brune maintenant bien plus claire car cuite par le soleil. Même les arbres commençaient à jaunir sous la chaleur et une bonne pluie ne leur aurait pas fait de mal. L’air était sec et même à l’ombre, Mel’Ermat mourait de chaud. Il n’avait plus eu d’hallucination depuis deux semaines maintenant. Il tourna son regard vers l’ouest, une colonne d’individus s’éloignait dans une trouée formée par deux bois.

 

Ce groupe était un premier jet de blessés qui allait essayer de rejoindre la région de Mel. L’intendant était allé expliquer aux gestionnaires des hôpitaux que s’ils ne voulaient pas être laissés sur place, ils feraient mieux de déplacer tous ceux qui pouvaient l’être au fur et à mesure. Il valait mieux déplacer un blessé de quelques kilomètres par jour pendant un mois que lui laisser un mois de repos supplémentaire et ne pas aller plus vite au final. Le problème était surtout lié au transport. En effet, ils auraient pu bouger plus de monde s’ils avaient eu des chariots ou un quelconque moyen de transport. Là, toutes les bêtes étaient en majorité accaparées par l’armée. Ne restaient que des vieux chevaux ou des montures ne pouvant servir que dans un champ. Il fallait donc avancer à pied. Chose rendue plus ardue par le soleil qui les brulait vif.

 

Malgré cela, il arrivait à faire partir une centaine de personnes par jour. Cela était insuffisant car à ce rythme là, il leur aurait fallu un an et demi pour évacuer tout le monde. Le temps leur manquait. Des hommes sortirent d’une forêt au sud. Mel’Ermat plissa les yeux. Ce ne pouvait pas être ceux partis détruire le royaume, il était encore trop tôt. Ce ne pouvait être que les chasseurs qui revenaient les bras chargés de vivre. Malheureusement, cela allait être inévitablement gâché, leur stock de nourriture étant au plus haut. C’était toujours ça que leurs ennemis n’auraient pas. Mel’Ermat regarda son estomac. Ils se forçaient tellement tous à manger qu’ils avaient au moins pris deux kilos depuis leur arrivée. En regardant mieux les chasseurs, il put y voir aussi des survivants parmi eux. A chaque sortie, les soldats retrouvaient des personnes qui s’étaient perdues dans la nuit de la défaite. Par réflexe, l’intendant regarda à l’est comme s’attendant à voir débarquer l’armée ennemie. Il n’y avait personne. Mel’Ermat quitta les créneaux.

 

-En avant, allons boire un coup.

 

Mel’Eclé et Mel’Flor firent un sourire. La vérité était que l’intendant se sentait toujours responsable de tous ces morts et surtout de ceux de sa garde. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que les deux derniers de cette troupe se sentent bien. Au moins, les hommes de la Compagnie d’Argent n’étaient pas dans les parages. Mel’Ermat se sentait nerveux quand c’était le cas. Descendant des remparts, ils s’enfoncèrent dans la ville au moment où des soldats prenaient leur service sur le chemin de garde. Le capitaine salua son supérieur et les autres suivirent le mouvement avec moins d’empressement. Peu de gens savaient vraiment qui il était. Il avait beau être le représentant de Mel, Mel’Placer était resté la figure dirigeante.

 

Au détour d’une petite ruelle, les trois soldats tombèrent sur un corps. Mel’Flor se pencha sur l’homme étendu dans la boue et posa ses doigts sur son cou. Il hocha la tête négativement. Peu de doutes sur ce qui l’avait tué. Le sang qui maculait le dos de sa chemise prouvait qu’un couteau s’y était planté. Il n’y avait ni trace de l’arme du crime, ni du meurtrier. C’était une des zones abandonnées de la ville et il ne risquait pas d’y trouver des témoins. Mel’Ermat soupira sans quitter le cadavre des yeux. Comme la population n’avait pas grand-chose à faire après les entraînements, les gens écumaient la ville le soir à la recherche de l’alcool qui avait été laissé là. L’ambiance était donc en début de soirée plutôt festive mais il n’était pas rare que les esprits s’échauffent rapidement. Les vendettas et les escarmouches étaient devenus monnaie courante et ils trouvaient une demi-douzaine de corps par jour. Les rivalités entre les anciens royaumes refaisaient surface et les prisons commençaient à être remplies. La situation était alarmante et Mel’Emart ne voyait pas vraiment comment calmer les troupes en attendant de quitter leur avant-poste.

 

Très peu de tavernes avaient été rouvertes et l’intendant s’était trouvé un établissement plutôt agréable. C’était le plus éloigné des demeures des soldats si bien que ces derniers ne s’y rendaient que rarement. Soûls, il était plus facile pour eux de rentrer se coucher quand la distance à parcourir était la plus courte possible. Mel’Ermat se demandait s’il ne devait pas faire changer de place les tonneaux de bière que la ville mettait gratuitement à leur disposition. Quelques soient leurs origines, tous semblaient en abuser. C’était la seule denrée que les rois et intendants ne comptaient pas déplacer d’une ville à l’autre. Cela créait plus de problème que ça en résolvait. Par exemple, certains s’accaparaient des lots entiers et les vendaient au marché noir. Les dirigeants avaient fermé les yeux, ne cherchant pas à créer d’émeute.

La taverne était une ancienne laverie reconvertie en établissement de boissons. Il y avait donc au milieu de l’unique grande salle un fossé rectangulaire où l’eau avait eu pour habitude de couler. Désormais, on y notait des tables occupées par des clients en tout genre. Mel’Ermat et ses deux compagnons s’installèrent à une des rares tables disponibles. Bien qu’il ne boive pas, Mel’Eclé partit chercher des boissons pour son camarade et son supérieur.

 

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-= Inxi, petite suite mais c’était pour se relancer =-

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  • 3 semaines après...

Voici la suite !

 

Mel’Ermat jeta un coup d’œil autour d’eux. La table la plus proche était occupée par deux hommes et une femme d’une quarantaine d’années. Cette guerre avait bouleversé les habitudes et les dames étaient tolérées aussi bien que les hommes dans les établissements de ce genre. D’après leur accent chantant, ils devaient être originaires de Sal. De l’autre côté de ce groupe, quatre hommes discutaient à voix haute. On les entendait clairement se plaindre du manque de diversité parmi les femmes depuis le début de cette guerre. Pourtant, ils se félicitaient que cela avait également engendré le meilleur aspect de ce conflit : les filles ne regardaient plus avec qui elles passaient la nuit. Ces quatre lascars semblaient bien éméchés. Ils devaient être là depuis une bonne heure au moins. Ils n’avaient pas quitté leurs tenues de soldats mais Mel’Ermat ne parvenait pas à comprendre la région d’où ils venaient. Ceux-ci avaient mélangé les symboles de tous les royaumes. Derrière eux, un peu en retrait, se tenaient discrètement trois hommes fins aux regards pénétrants. L’intendant avait traîné avec assez de soldats pour reconnaître des officiers. Ce devenait encore plus évident lorsqu’on voyait les regards méprisant qu’ils portaient sur les guerriers soûls à côté d’eux. Mel’Ermat vit deux marchands du royaume de Mel, un batelier de l’Ostel, cinq femmes de Sustor et deux seigneurs locaux de Terra. D’autres clients étaient de dos face au comptoir et il ne savait pas d’où ils venaient. Mel’Eclé revint avec deux choppes qu’il déposa devant ses aînés. La bière était fraîche à défaut d’être bonne. C’était déjà ça.

 

-Savez-vous combien de temps on va rester là ? demanda Mel’Flor.

 

C’était un guerrier de cinquante ans qui avait servi au nord juste avant l’arrivée de Mel’Ermat. Ne trouvant pas d’emploi stable, Mel’Cari l’avait embauché à son service lorsqu’il était devenu intendant. C’était un homme très droit et très pieux qui n’avait pas subi la moindre blessure au cours de toute sa carrière militaire. A croire que ses prières étaient vraiment efficaces. En tout cas, cela ne l’avait pas empêché de se faire du souci car ses cheveux courts étaient intégralement blancs.

 

-Non, admit l’intendant. Jusqu’à la fin de l’été je pense au moins. Cela ne dépend que de nos envahisseurs, quand ils bougeront, nous bougerons.

-Que va-t-il se passer pour Mel ? s’inquiéta le jeune de la bande.

-Nous allons défendre nos terres au maximum mais nous allons devoir aussi en sacrifier la moitié.

 

Mel’Eclé en avait les larmes aux yeux.

 

-Ca n’a pas fait non plus plaisir aux gens de Sustor et de Terra de quitter leurs terres qui leur appartenaient depuis des millénaires. Ne t’inquiète pas, on fera tout notre possible pour récupérer notre dû.

 

Mel’Eclé fit un mince sourire pincé. Comme tous, ils savaient qu’ils étaient dans une position trop délicate pour espérer l’emporter.

 

-Où en est l’enquête sur la disparition de nourriture ? reprit l’autre guerrier avant qu’il ne sombre dans la dépression.

 

C’était un sujet d’actualité au centre de commandement. Ils avaient remarqué en effet que certains entrepôts étaient pillés pendant la nuit. Ce n’était pas très grave vu la quantité astronomique de provisions qu’il avait mais il ne voyait pas le but de ces rapines.

 

-Pas plus avancée, admit l’intendant, mais ça n’a pas bien d’importance.

-Et si c’étaient des traitres ? l’interrogea l’homme qui semblait avoir son idée sur la question. Ou des espions ? Je veux dire, s’expliqua-t-il après avoir passé sa main dans ses cheveux et regarder de tous les côtés, nous avons bien vu qu’ils sont comme nous. Avec tous ces réfugiés que nous trouvons en chemin, comment savoir si certains d’entre eux ne sortent pas des réserves pour leurs congénères ?

 

Mel’Ermat réfléchit un instant, c’était un bon point.

 

-Je ne pense pas que la réponse se trouve dans cette explication. La ville est fermée la nuit tombée et les quantités qui disparaissent sont certes importantes mais inutiles pour une armée de cette taille.

 

L’homme sembla déçu qu’on le contre avec des arguments qu’il avait sûrement déjà envisagés.

 

-Moi, je pense qu’il y a des gens en ville et qu’ils se cachent de nous, annonça Mel’Eclé.

-Pourquoi feraient-ils ça ?

 

C’était Mel’Flor, de trois fois son aîné, qui l’interrogea.

 

-Parce que je pense qu’ils se sont cachés lors des recrutements et qu’ils savent ce qui les attend si on leur met la main dessus.

-Ca, ca se tient, confirma Mel’Ermat. Vous voulez vous occuper de fouiller les bâtiments vides de la ville ? Une préférence pour les quartiers nobles ?

 

Les deux soldats sourirent.

 

-Avec plaisir.

-Alors allez au quartier général et prenez les soldats dont vous avez besoin. Tenez-moi au courant de votre avancée.

 

Les deux hommes se levèrent et firent un salut. Mel’Ermat était content de leur avoir trouvé une distraction. Recherché fondée ou non, ça aurait le mérite de les occuper quelques jours. L’intendant de Mel profita de cet instant seul pour réfléchir tout en dégustant sa bière. Pourquoi tout devait être compliqué ?

 

 

 

 

Aussi étrange que cela paraisse, Mel’Ermat eut des nouvelles de ses deux soldats dès le soir même. Il était dans une des chambres du quartier-général quand des coups furent portés à sa porte. Mel’Eclé et Mel’Flor étaient là, visiblement ravis.

 

-C’était le cas, mon Seigneur, on a trouvé la cache.

 

Ils laissèrent un silence volontaire et se délectèrent de l’attente de Mel’Ermat.

 

-Ils étaient une cinquantaine cachée là. Blottis depuis des mois vu les déchets qu’on a trouvés avec eux.

-Où étaient-ils ? demanda l’intendant.

-Dans le quartier des nobles, se vanta Mel’Eclé. Il y avait avec nous des gardes de Vitoria qui nous ont fait la visite du quartier. En explorant une maison, ils nous ont dit que le seigneur qui vivait là était réputé pour boire mais bizarrement, la demeure n’avait pas de cave.

-On a cherché, reprit Mel’Flor gravement, et on a trouvé le passage qui menait aux souterrains.

-Bien joué, les félicita l’intendant.

-Que voulez-vous qu’on fasse d’eux ?

 

La question méritait réflexion. Se cacher pendant que tout le monde partait se battre était une vraie traitrise. Au moins aussi infâme que celle d’Iri et son armée. Il n’avait que deux choix : les faire tuer pour l’exemple ou se servir d’eux.

 

-Rassemblez-les dans la cour derrière.

-Oui, Seigneur, s’inclinèrent-ils.

 

Mel’Ermat prit son temps, guère réveillé. Il faisait bien nuit à présent et à quelques minutes près, ses soldats l’auraient trouvé en train de dormir. Il lui fallut le temps d’effacer la fatigue de ses yeux et d’enfiler une tenue un peu plus crédible. Il opta pour un ensemble noir funèbre. Cela remplirait parfaitement son rôle. L’intendant de Mel quitta sa chambre et traversa le bâtiment de part en part. Ils étaient loin de l’agitation qu’ils avaient connue lorsque l’armée était encore là. Elle-même inférieure à l’agitation du camp formé par tous les royaumes regroupés.

Vaquaient dans l’édifice des soldats en charge de sa sécurité et les membres de la Compagnie d’Argent. Visiblement, le général Vendorian les avait installés dans les parages. Ce qu’ils appelaient la cour était en fait une zone attenante au palais qui était en temps normal l’endroit où on s’occupait des chevaux des invités. La foule qui avait été rassemblée là et regroupée comme des moutons emplissait le lieu de petits cris inquiets. Des soldats formaient un cordon impénétrable afin d’éviter que certains d’entre eux n’essayent de s’échapper.

 

Mel’Ermat monta sur un gros coffre qui le propulsa trois têtes au-dessus des prisonniers. Il jeta un coup d’œil à chacun d’eux. Ils semblaient en bonne santé. Pas de doute à avoir, c’étaient  bien les voleurs qu’ils cherchaient. Pas de blessure, pas de séquelles psychologiques, ces gens allaient bien. Il y avait là des hommes, en grande majorité, plutôt jeunes de surcroît mais des plus vieux également. Les femmes quant à elles étaient exclusivement trentenaires au maximum. Très belles, cela ne faisait aucun doute. A ce moment-là, Mel’Ermat n’en avait cure. Il serrait les poings de rage. C’était autant de bras qui auraient pu être à leur côté pendant la bataille. Ils auraient pu changer légèrement les combats. Cela n’aurait pas changé l’issue du conflit mais ça aurait peut-être permis de sauver quelques vies, même une seule vie en aurait valu la peine. Il ne passa pas par quatre chemins.

 

-Vous êtes une honte.

 

Peu soutinrent son regard mais il ne les lâcha pas une seule seconde des yeux.

 

-Pas seulement pour l’Empire ou ce royaume mais pour toute l’espèce humaine. Vous vous êtes cachés alors que vos frères se battaient pour vous… Vous vous êtes enfuis alors que tous faisaient face à l’adversité. Combien sont morts parce que vous n’avez pas aidé ?

 

Un soldat cracha au sol. Quelqu’un pleura dans l’attroupement.

 

-Vous ne méritez pas de vivre…

 

Inquiets, les yeux se levèrent vers lui.

 

-Je vous condamne aux travaux forcés…

 

Les yeux s’élargirent de soulagement. Ils semblaient heureux d’avoir un moyen de se racheter.

 

-A vie…

 

Les cris fusèrent et les lamentations aussi. La peine de mort aurait été trop douce pour eux. Puisqu’ils n’avaient pas voulu servir, ils le feraient maintenant jusqu’à la fin de leurs jours. Les soldats serrèrent les rangs.

 

-Enfermez-les. Les travaux commenceront dès demain.

 

Les guerriers poussèrent les prisonniers en avant pour les faire bouger. Ils ne ménageaient pas leur peine et les trainards finissaient souvent avec un œil au beurre noir. Mel’Ermat descendit du coffre. Mel’Eclé et Mel’Flor le regardaient sans la moindre expression. C’était la seule solution utile, ils auraient besoin de main d’œuvre. Il lui restait plus qu’à trouver ce qu’il pourrait bien leur faire faire.

 

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-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...
  • 1 mois après...

MErci de ton retour ! N’hésite pas a me signaler toute incoherence que tu observerais pendant ta lecture par la suite ! J’apprécie !

 

 

 

On disait que la nuit portait conseil et ce n’était pas tout à fait faux. Mel’Ermat se leva avec une idée qui allait faire d’une pierre plusieurs coups. Mais avant d’expliquer ce à quoi il pensait à ses généraux, il avait besoin de manger. C’était fou comment s’empiffrer avait un effet boule de neige et donnait encore plus l’envie de se rassasier. Mel’Ermat jeta son dévolu sur des galettes de pain recouvertes de miel. Il attendit cinq minutes à la fin de son repas le temps de digérer un peu. Il avait l’impression d’exploser. Après une chope de jus de raisin, il se rendit dans la salle de réunion. Le général Vendirian et le général Hermolite étaient en plein débat houleux. Ils s’arrêtèrent lorsque l’intendant entra dans la pièce.

 

-Un problème ? demanda soupçonneux Mel’Ermat qui n’avait pas compris le sujet de la dispute.

-Aucun, rétorqua Vendirian en prenant l’initiative de la réponse.

 

Il regarda les deux généraux à tour de rôle. Il n’avait pas besoin de dissension dans sa chaine de commandement.

 

-Tant mieux, coupa Mel’Ermat qui ne souhaitait pas s’étendre. Parce que je vais avoir besoin de vous.

 

Ils se firent soupçonneux.

 

-Je veux qu’on démonte la ville.

-Hein ? s’étonnèrent en même temps les deux autres.

-Nous nous fortifions à l’ouest et cette ville est destinée à brûler pour que personne ne s’en serve de base, autant récupérer tout ce qui peut servir. Nous ne manquons pas de main d’œuvre et ça évitera d’entendre que des rixes éclatent parce que les gens s’ennuient.

-Il faudrait des mois pour y arriver ! s’exclama Vendirian.

 

Visiblement, il n’avait pas l’habitude de rendre des comptes. Il connaissait mal Mel’Ermat et apprendrait vite à ne pas protester.

 

-Vous allez commencer dès maintenant. Nous emmènerons tout ce qu’on peut. Voyez avec les architectes ce dont on aura le plus besoin et commencez par les gros blocs des murailles ainsi que par les maisons vides. Faites en sorte que les matériaux soient emmenés avec les convois de blessés.

 

Vendirian allait une nouvelle fois ouvrir la bouche. Ne pouvait-il pas rester silencieux et respectueux comme Hermolite ?

 

-Et c’est ordre, ils démonteront la ville un point c’est tout, conclut l’intendant.

-Oui, Seigneur, rétorqua Hermolite en frappant son poing contre sa poitrine.

 

Vendirian préféra se taire et le fixer. Ils quittèrent néanmoins la pièce en même temps.

 

 

 

 

Mel’Ermat tira les rennes de sa monture.

 

-En avant !

 

Voilà une journée qu’ils avançaient vers l’est, droit sur leur ennemi. Mel’Ermat ne pouvait plus rester en ville à rien faire. Les bruits de travaux à longueur de journée allaient le rendre fou. Partant avec une petite armée, il avait décidé de partir à l’assaut de l’avant-garde des envahisseurs. Par avant-garde, il entendait les éclaireurs qui tentaient sûrement de faire une nouvelle cartographie de la région pour prévoir leurs prochains déplacements. La ville était restée sous la surveillance d’Hermolite. Mel’Ermat avait embarqué avec lui tous les personnes recensées comme fauteurs de trouble. Cela faisait cinq mille soldats qu’ils allaient disperser dans toute la région. Il était accompagné de ses deux derniers gardes du corps ainsi de la Compagnie d’Argent visiblement bien intégrée aux soldats humains.

 

De plus, il fallait pouvoir s’approcher de l’ost d’envahisseurs afin de savoir ce qu’ils manigançaient. Les éclaireurs ne pouvaient pas prendre de tel risque mais une armée le pouvait. Il ne fallait juste pas trop attirer l’attention pour ne pas déclencher une attaque précoce. Ils avançaient néanmoins à vitesse réduite. Les chariots qu’ils avaient pris avec eux étaient usés jusqu’à la moelle et les essieux semblaient casser à chaque secousse. Cela irait bien mieux lorsqu’ils se sépareraient.

 

Il ne fallut que deux heures pour tomber sur leur premier groupe de soldats ennemis. Ils étaient une vingtaine et visiblement aussi surpris de les trouver là que l’inverse. Malheureusement, ils n’eurent jamais l’occasion d’aller bien loin. Le déluge de projectiles qui s’abattit sur eux mit fin d’une manière radicale à leurs vies. Mel’Ermat était étonné, il n’aurait jamais imaginé rencontrer des éclaireurs à seulement vingt kilomètres de la ville. C’était mauvais signe. Peut-être que l’été ne les retarderait plus pour longtemps. La fouille de leur affaire fut instructive et effectivement, certains d’entre eux annotaient des cartes. Malheureusement, ce n’était sûrement pas les seuls dans les parages. A mesure qu’ils retournaient en arrière, sur les traces du chemin qu’ils avaient emprunté dans leur fuite après la grande bataille, l’ambiance se fit morose et silencieuse. Même la Compagnie d’Argent ne se permettait plus d’émettre des blagues graveleuses.

 

Mel’Ermat attrapa une carte pendue à son cheval pour l’étudier. Les cartographes avaient vraiment fait du bon travail.

Caché dans un bois, ils attendirent que l’après-midi se passe. Même à l’ombre des feuilles la température était insupportable. Heureusement, une petite rivière séparait le bois en deux et tous pouvaient boire jusqu’à plus soif. Leur prochain arrêt se situait trente kilomètres au nord. Ils marcheraient de nuit. Il n’y avait pas beaucoup de risque à se perdre puisqu’ils allaient suivre un chemin qu’empruntait Terra pour se rendre à la Capitale. Ils camperaient à quinze kilomètres seulement au nord-ouest de l’armée ennemie si celle-ci n’avait pas bougé. Cela ne paraissait guère possible à moins qu’ils aient épuisé le lac à côté duquel ils patientaient. Une journée de plus les conduirait à vingt kilomètres au nord jusqu’aux premiers massifs centraux. Reliefs derrière lesquels était dissimulée l’Impériale. De là, ils auraient une bonne vue sur l’armée ennemie. Ils seraient loin de leur cible mais ils ne pouvaient pas aller plus près sans prendre le risque de se faire repérer. Les éclaireurs lui avaient appris que le camp adverse était une vraie ruche. L’agitation de l’armée bouillonnait même si l’activité se faisait de plus en faible à mesure qu’on s’éloignait du campement. On disait qu’il était impossible d’approcher à moins de dix kilomètres sans se faire repérer. Des soldats patrouillaient en se croisant en permanence. Aucune chance que quelque chose passe au travers de leur attention.

 

-Seigneur, seigneur ! cria quelqu’un au travers du bois le coupant dans ses pensées.

 

Un homme arrivait en courant et sautant par-dessus les branches qui entravaient son passage. Vendirian à ses côtés fronçaient les sourcils. Les soldats les plus proches le regardaient courir autant amusés qu’intrigués.

 

-Des ennemis arrivent !

 

Désormais, plus personne ne riait.

 

-Où ? demanda Mel’Ermat en lui montrant la carte.

 

Il était calme et se demandait comment s’était possible.

 

-Ici, répondit l’éclaireur.

 

C’était à une quinze de minutes de là.

 

-Vous ont-ils vus ? s’inquiéta Vendirian.

-Non, je ne pense pas, on était en haut d’une crête et le soleil nous masquait. Mais ils viennent par ici, c’est sûr.

-Combien sont-ils ? enchaîna Mel’Ermat.

-Un bon millier je pense, dit l’homme. Guère plus. Ils semblent plus errer au hasard qu’avoir un but précis. Ils ont changé plusieurs fois de direction depuis le début de journée que nous les surveillons.

 

Mel’Ermat regarda la carte. Ils n’avaient plus bien le choix maintenant. S’ils voulaient pousser leur route vers l’ouest au plus rapide, les envahisseurs passeraient par là. Vu la vitesse de ses propres troupes, Mel’Ermat savait qu’ils n’auraient pas le temps de leur échapper sans sacrifier leurs provisions. Ils allaient devoir se battre. L’ennemi allait passer par une trouée créée par Egéa lorsqu’il avait fait construire la route commerciale entre Vitoria et Erno. De l’autre côté de la route se situait un autre bois. Le plan était évident.

 

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-= Inxi =-
 

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  • 5 mois après...

-Vinderian, rassemblez une partie des troutes et allez vous poster le long du chemin. Mel’Flor, prends une centaine de combattants et protégez à tout prix notre approvisionnement. Attendez que toute la colonne d’ennemis soit engagée avant d’attaquer, reprit-il pour son général.

 

Ce dernier se dirigea en courant vers ses subalternes qui partirent tout aussi vite dans toutes les directions lorsqu’on leur expliqua ce qu’il en retournait. Les hommes s’équipaient à la va-vite, abandonnant tout autour d’eux les affaires dont ils n’auraient pas besoin pour se battre. Mel’Eclé sur les talons, Mel’Ermat se dépêcha de rejoindre l’orée du bois. On pouvait voir jaillir de chaque côté des centaines de guerriers. Ceux-ci coupaient la route puis s’enfonçaient dans la forêt d’en face. D’autres s’arrêtaient là et patientaient, accroupis. L’intendant sentait la sueur lui couler dans le dos. Les capitaines organisèrent leur troupe et les firent se regrouper une centaine de mètres plus loin. Seul restait en avant Mel’Ermat et Mel’Eclé. En face, on ne vit bientôt plus personne. Les oiseaux s’étaient même remis à chanter. Les retardataires continuaient de travers la trouée puis soudain tout fut calme.

 

Les ennemis arrivèrent dix minutes plus tard. Mel’Ermat vit d’abord une troupe d’une cinquantaine de cavaliers suivi par les fantassins. Comme les armées de l’Empire, la troupe se composait d’hommes en armure autant que de civils. Il semblait aussi y avoir quelques monstres parmi eux. Mel’Ermat fit signe un de la main et Mel’Eclé battit en retraite. L’intendant était fier de ses troupes, même sachant qu’ils étaient proches, il n’arrivait pas à les percevoir. Tous s’étaient cachés comme ils le pouvaient derrière le moindre buisson et derrière les moindres souches ou troncs d’arbres. Les archers avaient tous encoché une flèche. Mel’Ermat fit plusieurs signes de la main vers un de ses lieutenants. Celui-ci hocha la tête et répéta ses ordres en de rapides mouvements. L’intendant de Mel était à couvert derrière une grande plante verte qui le cachait entièrement. En se baissant un peu, il arrivait à voir entre deux feuilles. Les premiers envahisseurs entrèrent dans les bois. Ils ne semblaient pas vraiment s’attendre à des ennuis car ils se contentaient de marcher en parallèle de la route sans jeter le moindre regard dans la forêt. Plusieurs firent même l’erreur de retirer leurs pièces d’armure dans le but de profiter de la fraîcheur de l’ombre sylvestre. Mel’Ermat baissa le bras. Les archers s’avancèrent aussi discrètement qu’ils purent, collés dans leurs mouvements par leurs compagnons. Malheureusement, une troupe de cette taille finit par attirer l’attention et les centaines de craquements de feuilles et de bois brisé leur firent tourner la tête.

 

Les flèches mirent fin à leur vie sans qu’ils ne puissent ouvrir la bouche. Malheureusement, comme il l’avait craint, certaines manquèrent leurs cibles et se perdirent en direction de la trouée. Des flèches sortant de nulle part de la forêt attiraient forcément l’attention. Mel’Ermat fit signe d’accélérer le mouvement sans considération pour la discrétion. Arrivés à l’orée, ils ne se montrèrent pas tout de suite. Les envahisseurs s’étaient établis en colonne et lorgnaient les bois, attendant confirmation de l’embuscade. L’intendant le leur servit au plus tôt et les flèches s’élevèrent du bois et plurent sur la colonne. Celle-ci, complètement désorganisée, se perdait sous les ordres contradictoires. Certains tentaient de foncer sur les ennemis, d’autres ripostaient, certains se mettaient à couvert et d’autres étaient tout simplement perdus et regardaient autour d’eux d’un air incrédule.

 

L’armée de l’Empire, elle, n’hésita pas et les victimes furent immédiates. Le flanc mené par Vendirian participa à la désorganisation et l’avant-garde ne sut plus où donner de la tête. Les deux minutes dont ils eurent besoin pour contre-attaquer leur furent fatales. L’ennemi chargea les deux bois simultanément. Mel’Ermat ordonna une contre-charge et ses troupes sortirent du bois par vagues entières. Conscients de la large supériorité numérique des attaquants, ceux-ci firent volte-face pour prendre une position défensive autour de la colonne et attendre les adversaires. Ils furent vite désabusés car les fantassins de Mel’Ermat ne les suivirent pas et retournèrent à  couvert de la forêt, suivant la consigne que l’intendant avait fait passer. Profitant de l’opportunité, les archers délivraient tir sur tir. Mel’Ermat compta dix flèches délivrées par minute. Le temps de quelques respirations, tout fut fini.

 

Les hommes sortirent avec précaution et Mel’Ermat suivit le mouvement. Il eut le plaisir de voir que l’arbre derrière lequel il s’était caché avait arrêté un certain nombre de projectiles. Il remarqua également qu’un de ses hommes avait été touché en pleine jugulaire par un trait. Personne ne paraissait avoir envie de s’occuper de lui et tous partaient achever les blessés. Mel’Ermat se pencha et retira la flèche de la gorge de l’homme. Le sang tressauta, presque déjà épuisé, et se noya sur le sol. Il récupéra son épée, son casque et sa ceinture dont sa bourse d’or puis continua sa route vers la colonne. Vinderian vint à sa rencontre.

 

-Peu de pertes de notre côté, commença le général. Des tirs perdus et des guerriers qui ont réussi à atteindre les frondaisons.

-Même chose de mon côté, dit Mel Ermat, bien que, d’après moi, personne n’a atteint les bois.

 

Ca avait été facile. Le calcul était simple : trois mille archers lâchant plusieurs flèches à la minute, cela donnait un combat fini théoriquement en vingt secondes. En pratique, il leur avait fallu un peu plus de temps. Mel’Ermat s’approcha d’un chariot recouvert d’une grande toile blanche trouée par les projectiles. Il y avait à l’intérieur des bidons d’eau percés, de la nourriture et des couvertures. Il y avait une trentaine d’autres véhicules et Mel’Ermat n’en regarda que deux de plus. L’un était strictement similaire au précédent tandis que l’autre contenait du matériel de construction.

 

-Ils venaient installer une colonie ? demanda Vinderian en suivant l’enquête de l’intendant.

-Il semblerait, concorda Mel’Ermat en laissant retomber la toile. Ils ont découvert la rivière et pensaient s’y installer le long.

 

Ce n’était que des suppositions. Les envahisseurs étaient tous morts et, de toute façon, même en vie, la barrière de la langue l’aurait empêché de demander. Ils étaient bien mieux au sol, morts, lardés de traits.

 

-Prenez tout ce qu’il y a à prendre et on retourne dans les bois ! cria Mel’Ermat.

 

Les hommes poussèrent un unique cri de joie et dépouillèrent les macchabés. Il ne fallait pas non plus traîner. On s’inquiéterait bientôt de ne plus avoir de nouvelles de ces colons et des forces plus importantes seraient envoyées pour enquêter. Pour l’instant, ils avaient la surprise avec eux, autant en profiter. La cinquantaine de pertes qu’ils avaient subie valait largement le millier de morts causé. S’ils continuaient sur sa lancée et sur ce ratio, ils pourraient vaincre cent mille ennemis. Cela lui parut utopique, ça ne se passerait pas tout le temps aussi bien.

 

 

 

On disait souvent que vanter sa chance la faisait fuir. Mel’Ermat en eu la preuve sur les trois jours qui suivirent. Pour des raisons pratiques, les éclaireurs qui gravitaient autour de son armée ne pouvaient aller très loin de peur de se faire repérer. Malheureusement, cette considération les fit tomber deux fois nez à nez avec des groupes ennemis. Ce n’était pas très grave lorsqu’ils étaient largement supérieurs en nombre car le combat ne durait jamais bien longtemps mais c’était dangereux lorsqu’ils tombaient sur des monstres, surtout par milliers. Ce fut ce qu’il se passa à l’aube du deuxième jour, alors qu’ils avaient presque atteint les montagnes.

 

C’était des choses mutantes et poilues. Voilà comment Mel’Ermat aurait décrit ces monstres. Certains avaient des têtes de loups, de chiens, de cochons ou d’autres animaux. Ces créatures gardaient un corps vaguement humain malgré ces poils noirs qui les couvraient comme une toison. Chaque bête gardait aussi une caractéristique propre de l’animal qu’il représentait. Mel’Ermat vit rapidement que même la plus petite créature ne mesurant pourtant même pas six pieds, pouvait faire des ravages. Même équipés d’armes rudimentaires, la colère et leur peau épaisse les transformaient en véritables plaies. La seule chose qui leur permit de remporter le combat, alors que les Humains avaient l’avantage du nombre, fut la désorganisation de leurs adversaires. Ceux-ci avançaient éparpillés et leur fonçait dessus par petits groupes. Malgré cela, le corps à corps devint vite un impératif et les pertes s’accumulèrent rapidement. Leur soif de sang n’avait d’égal que la stupidité suintant de leurs yeux rouges ou noirs. Même anéantis, les derniers d’entre eux ne considérèrent pas la fuite comme une option. Mel’Ermat perdit ce jour là cinq cent de ses hommes. Depuis ce jour et malgré les risques qu’ils encouraient, ils décidèrent avec Vinderian d’élargir le cercle des patrouilles. Ils avaient eu de la chance de ne pas tomber sur un groupe plus important d’adversaires. Que se serait-il passé s’ils étaient tombés sur dix mille soldats ? Ou plus ?

 

Le combat du troisième jour fut plus curieux que difficile. Ayant rejoint les montagnes, ils se dirigèrent vers les grottes qui menaient à l’Impériale. Là, ils neutralisèrent un groupe d’une centaine d’envahisseurs campant juste devant. Peu d’entre eux avait eu l’air de combattants, preuve en était qu’ils ne s’étaient que vaguement défendus. On aurait dit qu’ils étaient là pour examiner l’entrée. Ils devaient savoir qu’ils ne pouvaient rentrer dans les cavernes sous risque d’y mourir perdus. Ces hommes devaient essayer de trouver un moyen de contourner les défenses magiques des lieux. Sa troupe campa là, dos aux flanc de montagne et tournée vers le sud. Accompagné d’une vingtaine de soldats, Mel’Ermat emprunta un chemin qui longeait les parois et montait le long des reliefs. Il leur fallut une demi-journée pour prendre assez de hauteur pour avoir un aperçu de leurs adversaires.

 

La zone est très peu vallonnée et on ne pouvait pas manquer cette tâche noire non loin de l’horizon. Eloigné de quarante kilomètres, c’était une plaque informe d’où s’élevaient des bâtiments et des fumées. Leurs opposants semblaient bien installés à côté de ce grand lac bleu qui scintillait. Il en oublia un instant la guerre et eut envie d’y plonger pour se rafraîchir. L’altitude n’ayant en rien fait baisser la température. Le soleil dans le ciel était impitoyable et Mel’Ermat se sentait cuire. Après s’être essuyé le visage pour la énième fois, il nota aussi d’autres villages plus éloignés du principal et notamment un qui avait dû n’être qu’à une paire de kilomètres de là où ils étaient passés. L’intendant avait sa réponse, l’ennemi était bien en place et n’était pas prêt de se mettre en avant. C’était une bonne nouvelle. Cela leur laissait encore le temps d’entraver leur marche en avant en les empêchant de trouver les points d’eau de la région.

 

Il leur fallut autant de temps pour redescendre les chemins tortueux et sinueux. La terre était sèche et poussiéreuse, il aurait été facile de glisser. Tous avançaient avec prudence. Seul Mel’Eclé parla du voyage. Il demanda si quelqu’un avait déjà essayé de rejoindre la Capitale en passant par-dessus les montagnes. De souvenir, Mel’Ermat lui répondit que quelques-uns avaient déjà essayé et peu avaient réussi. Le voyage était long, périlleux et même arrivés sur place, il fallait encore descendre dans la cavité. L’intendant de Mel rejoignit son campement juste avant que la nuit tombe. Ils campèrent sur place et tous ne dormirent que d’un œil. Ils avaient beau être toujours au sein des frontières de l’Empire, ils ne se sentaient plus chez eux. Roulé en boule dans sa couverture et la tête reposant sur un rocher qu’il avait recouvert d’un haut, Mel’Ermat fut secoué par un de ses gardes alors qu’ils commençaient à plier bagages.

 

-Seigneur !

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Texte intéressant. Certaines phrases sonnent un peu bizarre. J'ai mis quelques propositions pour les modifier. Voici quelques remarques:

 

- Il reste quelques fautes qu’un correcteur d’orthographe pourrait voir. Notamment le « troutes » à la première ligne.

 

- « Les retardataires continuaient de travers la trouée puis soudain tout fut calme. » Il ne manque pas un mot ?

 

- « L’intendant de Mel était à couvert derrière une grande plante verte «  Plante verte fait un peu salon je trouve. Peut-être utiliser des noms d’espèces végétales pour éviter de réutiliser buisson.

 

- « Des flèches sortant de nulle part de la forêt attiraient forcément l’attention. » Ce n’est pas plutôt les mecs criblaient de flèches qui attirent l’attention ?

 

- « Arrivés à l’orée, ils ne se montrèrent pas tout de suite. » Je mettrais plutôt « Ils s’avancèrent à l’orée de la forêt, restant dissimulés »

 

- « Certains tentaient de foncer sur les ennemis, d’autres ripostaient, certains se mettaient à couvert et d’autres étaient tout simplement perdus et regardaient autour d’eux d’un air incrédule. » Répétition de « d’autres ».

 

- « Les deux minutes dont ils eurent besoin pour contre-attaquer leur furent fatales. » Je mettrais plutôt « Le temps dont ils eurent besoin » plutôt que deux minutes. Je ne suis pas fan des temps précis dans les moments d’action tant que ce n’est pas nécessaire.

 

- « Le sang tressauta, presque déjà épuisé, et se noya sur le sol ». Le sang, presque tarit, se répandit sur le sol.

 

-Même chose de mon côté, dit Mel Ermat, bien que, d’après moi, personne n’a atteint les bois. « Bien que personne n’est atteint ce côté des bois »

 

- Chaque bête gardait aussi une caractéristique propre de l’animal qu’il représentait. Pas trop sûr de comprendre la phrase. Tu veux dire qu’en plus de la tête de l’animal, ils ont une autre partie du corps qui a mutée ?

 

- Mel’Ermat perdit ce jour-là cinq cent de ses hommes. 500 pertes contre plusieurs milliers d’hommes-bêtes qui les surprennent ? Ça me paraît peu.

 

- Ils devaient savoir qu’ils ne pouvaient rentrer dans les cavernes sous risque d’y mourir perdus. Sans risque de s’y perdre tout simplement ?

 

- Sa troupe campa là, dos aux flanc de montagne et tournée vers le sud. Sa troupe campa ici, contre le flanc sud de la montagne.

 

- il nota aussi d’autres villages plus éloignés du principal et notamment un qui avait dû n’être qu’à une paire de kilomètres de là où ils étaient passés. Plus éloignés que le principal plutôt ?

 

- L’intendant avait sa réponse, l’ennemi était bien en place et n’était pas prêt de se mettre en avant. Pas prêt à se mettre en marche. 

 

Bon courage pour la suite!

Modifié par kruger
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