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Warhammer Forum

[40K/WHB][VO] Hammer and Bolter


Messages recommandés

Tu extrapoles peut-être un peu beaucoup en allant jsuqu'à dire que c'est une golden shower, parce que clairment là, notre cher humain n'y prend pas trop son pied, pas plus que les HB autour de lui (enfin eux si, mais sans connotatio sexuelle...) :)
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En même temps, on peut pas vraiment dire que les hommes-bêtes soient intellectuellement très élevés. A la limite, c'est même un progrès par rapport au classique "Moi voir Homme, moi tuer".
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En même temps, je vois mal les éditeurs de la BL accepter qu'un de leurs auteurs inclue dans sa nouvelle une "véritable" séance d'ondinisme (shocking!). Aaron Dembski-Bowden a par exemple préféré s'auto-censurer et retirer un passage de son prochain roman sur les Night Lords, sous prétexte que les lignes incriminées comportaient une injure aussi violente que "frock-wearing whoresons" (prend ça dans les dents, Lion El'Jonson!)... D'ailleurs je suis surpris qu'ils aient laissé passer la petite incartade d'Andy Hoare, qui est tout de même bien plus "osée" dans son style que la somme toute assez banale mort violente qu'on était en droit d'attendre pour le pauvre Duerr. Surtout que le chef homme bête de la nouvelle avait été doté par l'auteur d'un finish move assez caractéristique. M'enfin, je vous ferai signe si les prochaines nouvelles contiennent des cas d'apotemnophilie manifestes.

Schattra, n°8 in on the way Modifié par Schattra
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Salut à tous, et bienvenue dans cette huitième revue de Hammer & Bolter! Au programme de ce numéro de juin 2011 (aaah, les souvenirs remontent...), de la nouvelle et rien que de la nouvelle, l'insipide interview de 4 pages d'un auteur de la BL, sorte de très mauvais running gag qui ne permettait même pas d'aller faire le plein de chips et de soda (c'est ça le problème avec les livres, c'est tellement égocentrique comme support que ça refuse catégoriquement de continuer à jouer si le lecteur décide de faire autre chose), laissant cette fois sa place au premier chapitre d'un livre de la BL, et pas des moindres, puisqu'il s'agit de Salvation's Reach, le dernier tome en date de la saga des Gaunt's Ghosts de Dan Abnett. C'est pas moi qui vais (merci Poupi!) regretter ce changement. Et juste pour se marrer, c'était quoi déjà la précédente « preview » de Hammer & Bolter? Ah, oui, The Fall of Damnos de Nick Kyme. Mémorable. Je ne sais pas pour vous, mais ce numéro, je le sens plutôt bien...



hammer-and-bolter-008.jpg
 


Cause and Effect – Cawkwell :


On peut penser ce qu'on veut des rapports pas toujours sereins et apaisés que la BL entretient avec ses auteurs (voir le cas Steven Savile, détaillé à la suite de la revue du -mauvais- Curse of the Necrarch de ce dernier1), mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas soutenir de toutes ses forces Sarah Cawkwell, la « hot new talent » la plus sollicitée par Hammer & Bolter, puisque Cause And Effect constitue la troisième livraison de la demoiselle pour le webzine. On peut par contre s'interroger sur les raisons de cette préférence manifeste pour les écrits de Cawkwell, qui se sont pour l'instant révélés d'une constante banalité confinant parfois à la nullité la plus crasse, dans la catégorie reine du genre, l'histoire de Maroune bête et méchante pour newbies facilement impressionnables.


Passés les stade de l'indulgence pour Primary Instinct (c'est sa première nouvelle, c'est pas évident, c'est une histoire de Marines, c'est pas facile d'innover, elle fera mieux la prochaine fois!) et de la désillusion pour Action And Consequence2 (euh, l'intrigue est toujours aussi creuse et le personnage principal inconsistant... Tu aurais pu faire un effort Sarah! Non, c'est pas une bonne id... Oh, bon, comme tu veux), on entre donc dans une sorte de zone grise de cynisme, qui amène à lire tous les textes de l'auteur concerné à l'affut de la moindre petite négligence, incohérence ou maladresse, au lieu de lui laisser le bénéfice du doute et l'opportunité de développer leur propos.


Malheur aux auteurs relégués dans cette catégorie peu enviable, car s'il leur est possible de regagner leur place parmi leurs confrères plus inspirés (Anthony Reynolds en a été capable, et Ben Counter fait régulièrement l'aller-retour), la route est longue et semée d'embuches.

C'est donc sans trop d'espoir que je me suis enquillé la nouvelle non-aventure du non-héros Gileas Ur'Ten, sergent d'une escouade d'assaut au sein du chapitre des Silver Skulls. Pour ceux qui ont eu la chance de vivre jusqu'ici dans la douillette ignorance de qui est ce zigue, un bref récapitulatif (vous me maudirez plus tard): issu d'une tribu de sauvages guerriers, même au vu des critères généralement assez coulants des Space Marines (ceux là ne devaient même pas avoir inventé le pagne et le papier toilette), Gileas est le prototype même du héros marsouin en devenir. Brave, efficace et respecté par ses frères d'armes, il a su toutefois resté humble et est comme de juste régulièrement victime de poussées métaphysiques, l'amenant à se poser toutes sortes de question plus ou moins existentielles. Sur ce gabarit usé jusqu'à la trame (duquel dérivent déjà Uriel Ventris, Alaric, Rafen, Loken... pour n'en citer que quelques uns parmi les moins ratés), Cawkwell essaie tant bien que mal de broder deux trois détails qui permettraient au lecteur de remarquer son gros bébé parmi la masse de ses concurrents. On est ainsi ravi d'apprendre que Gileas a la peau sombre et des tatouages. Super.

Après la mort ô combien prévisible du capitaine de la 8ème compagnie face aux vils Eldars Noirs dans Action And Consequence, Gileas se retrouve propulsé au poste de commandant de facto, et la moitié de la nouvelle est consacrée au récit de ses premières armes en temps qu'officier supérieur. Faisant preuve d'une audace inouïe, Sarah ose en effet se frotter au dédoublement des intrigues pour la première fois, ce qui lui permet de se distancier de son petit protégé et de balancer quelques infos sur le background des Silver Skulls. Ces derniers ne figurant pas dans le top 10 des chapitres Space Marines les plus suivis sur Twitter, on accueillera la nouvelle avec un certain détachement, d'autant plus que les révélations faites par Cawkwell ne cassent pas des briques (ni même des briquettes, ou des briquounettes3).


Chapitre dont l'origine remonte à la deuxième fondation (mais dont le Primarque est, encore une fois, manque de bol, inconnu), dirigé par un Lord Argentius secondé d'une sorte de conseil chamanique nommé le Conseil d'Élucidation, les Silver Skulls prennent leur mission de défense du domaine de Pépé tellement à cœur qu'ils ont bien du mal à remplacer leurs pertes. Cela cause bien du tracas au Lord Argentius en place, qui craint que les Hauts Seigneurs ne démantèlent le chapitre (pour quel motif? Gestion inefficace des ressources humaines? Ça doit bien faire rigoler Pedro Kantor) quand ils s'apercevront que la dîme génétique envoyée par le chapitre est plutôt maigrelette.


Autre sujet de prise de tête pour le Maître du Chapitre, la promotion de Gileas au rang de Capitaine de la 8ème compagnie ne fait pas l'affaire de tout le monde, prouvant au passage que le racisme et la xénophobie existent toujours au 41ème millénaire. Comme en plus, le chef Archiviste des Silver Skulls passe ses nuits à rêver de crânes argentés tombant en morceau, l'affaire est aussi discutée qu'un amendement du Vatican au conseil de sécurité de l'ONU. Et pendant que Gileas et ses potes concassent du Druchii de l'espace, les huiles du chapitre se tirent la bourre pour savoir si l'avancement de ce dernier menace de provoquer la fin des Silver Skulls. Malheureusement pour les lecteurs qui trouveraient ce suspense insoutenable, Sarah Cawkwell décide de terminer sa nouvelle par un cliff-hanger tellement hors de propos qu'on en vient à se demander si elle a bien compris que ce n'était pas à elle d'écrire le roman-feuilleton de Hammer & Bolter.

Pour résumer, on se retrouve donc avec ce que l'on peut en tout état de cause considérer comme un chapitre de transition dans le récit de la folle épopée de Gileas Ur'Ten, Silver Skulls, c'est à dire les moins bonnes pages d'une saga en devenir dont personne n'a rien à carrer. Un choix audacieux? Certainement! Un choix judicieux? Euh...

1 : J'autorise le premier modo qui lira ceci à me coller 20% pour cause d'autopub effrénée. Mais juste le premier hein, pas de blagues.


2 : Dont on remarquera l'étonnante similitude avec le titre de la nouvelle qui nous intéresse aujourd'hui. Je prévois que la prochaine nouvelle de Sarah s'appellera Before and After, Up and Down, Bread and Butter ou I Love Pangolins (aucun rapport, mais ça serait vraiment cool).


3 : Ce sont des petites briquettes.

Marshlight – Werner :


Contributeur régulier de la BL, et auteur de quelques séries de bonne facture (Mathias Thulmann, Witch Hunter, Brunner The Bounty Hunter), C.L. Werner, alias l'homme au chapeau, alias Mr Skaven (une bonne partie de ses bouquins se déroulant dans le monde de Warhammer ayant parmi leurs protagonistes un ou plusieurs représentants de cette très noble race1) reste toutefois une figure assez mystérieuse parmi les auteurs de cette auguste maison. Et ce n'est pas la pauvre interview qui lui a été consacré dans le cinquième numéro de Hammer & Bolter qui a fait beaucoup pour le rendre plus familier du lecteur lambda (sachez toutefois que l'homme a créé un forum sur lequel les âmes perdues en quête de réponse peuvent lui soumettre leurs questions2).


Tout ça pour dire j'ai été plaisamment surpris de voir son nom apparaître sur la « couverture » de ce numéro, ne réalisant qu'après coup qu'il avait fallu attendre huit mois pour que le sieur Werner fasse sa première réelle apparition dans le webzine (alors qu'il avait été un des contributeurs les plus prolixes pour feu Inferno! -humour-). Ayant mieux saisi que la plupart de ses collègues le caractère sombre et non manichéen des univers de Warhammer et de 40K, les nouvelles de Werner sont généralement des petits bijoux glauques, réhaussés par une bonne dose de bon vieux fluff. J'étais donc impatient de m'y mettre, surtout après l'amère mise en bouche gracieusement offerte par miss Cawkwell.

Bienvenue donc à Marienburg, où les autorités sont confrontées à la disparition d'une proportion non négligeable des navires remontant le Reik jusqu'à la cité-état. Après qu'un survivant, rendu complétement fou par ce qu'il a vécu (faut dire que l'eau est froide à cette époque de l'année), ait raconté à ses sauveurs que ce sont les fameux démons des marécages qui ont fait le coup, les bourgmestres décident d'envoyer deux de leurs meilleurs agents tirer l'affaire au clair. Direction donc les bucoliques marais du Wasteland, pour une partie de pêche un peu particulière.


Disons le tout de suite, j'attendais beaucoup de cette nouvelle, et n'ai pas été déçu, Werner capitalisant sur chacun de ses points forts: le rythme, l'humour noir et surtout, surtout, le fluff. Car si CL (prononcer « ciel », ça lui fera plaisir) a choisi d'explorer cette zone du monde de Warhammer, c'est d'abord et avant tout pour rendre à la légende vieillissante qui rôde dans ces eaux saumâtres depuis les premiers temps du jeu un peu de son lustre d'antan. Devinette: qu'est-ce qui peut invoquer la plus épaisse des purées de pois, n'a qu'un seul œil et vit dans les marais? Werner aurait pu s'arrêter là, la simple présence de Fimirs dans une nouvelle de la BL publiée au XXIème siècle justifiant amplement la lecture de ladite nouvelle, mais il choisit d'aller un peu plus loin en rajoutant à l'équation la légendaire ingéniosité destroy des skavens, qui confirment à cette occasion avec panache leur amour immodéré pour les déguisements grands guignolesques. Mais, qu'on se rassure, il y a bien des vrais Fimirs dans Marshlight, qui feront une apparition brève mais remarquée3 au moment opportun.

Si le fluff est donc particulièrement mis à l'honneur dans cette nouvelle, on retrouve également la patte de Werner dans le rythme enlevé de l'action, qui après un début planplan, accélère brutalement à un tiers du récit pour ne plus ralentir (la nouvelle commençant réellement au moment où d'autres auteurs moins doués de la BL l'aurait terminée). Ciel réussit également là où tous ses prédécesseurs avaient échoué, en balançant dans les dents du lecteur un twist final vicieux et non prévu dix pages à l'avance (en ce qui me concerne en tout cas). Il était temps, et pour ceci comme pour tout le reste, chapeau Mr Werner.

1 : Il a aussi écrit la trilogie Thaquol & Boneripper, qu'il faudrait que quelqu'un critique à un moment ou à un autre.


2 : lien qui va bien

 

3 : Genre « qui c'est papa, bande de hamsters dégénérés? »

Phalanx (ch.9) – Counter :

Ça lui a pris huit mois, mais Ben nous a enfin amenés là où il le voulait. Et par là, il faut comprendre au beau milieu d'une lutte sans merci entre les derniers Soul Drinkers et les Space Marines loyalistes venus assister à leur procès sur le Phalanx. Fini de rire bande de moules, c'est le moment de montrer à l'univers comment un marsouin meurt pour ses convictions. On bande ses muscles, on empoigne son bolter, on allume son épée-tronçonneuse et on saute dans le tas, non mais oh! Mais mais mais, avant d'entrer dans le vif sujet, le gars Counter tient à ce que nous comprenions bien que rien n'arrive par hasard dans cet univers pourri.

Le chapitre commence donc par un petit détour du côté de l'Hérésie d'Horus, ou plutôt, de la période qui a immédiatement suivi cette période légèrement agitée. Après que Pépé et les Quatre Affreux aient accepté la garde alternée pour les Légions Traîtresses (droit de visite pour le premier tous les 800 ans environs... c'est toujours le père qui morfle), ce fut sur les frêles épaules des Primarques loyaux survivants que reposa la tâche de nettoyer tout ce qui avait été salopé durant la surboom sauvage organisée par Horus.


Anecdote intéressante, on apprend ainsi que ce fut à Rogal Dorn d'aller fermer le portail de l'Oeil du Prédateur (sic), tâche éprouvante qui nécessita pas moins de trois jours et le sacrifice de nombreux Space Marines, et qui ne fut qu'une demi réussite, car si Dorn parvint à aveugler l'Oeil à force de coups de poing (sic encore), il comprit que ce n'était qu'un pis-aller, et jura de revenir plus tard finir le boulot une fois pour toutes, quand il aurait le temps. Malheureusement, il se fit renverser par une twingo avant d'avoir eu le temps de se repencher sur la question, et comme il avait pris le soin de ne dire à personne où se trouvait l'Oeil ni comment faire pour le crever une fois pour toutes (super comme stratégie), la mission « fermer ce foutu portail » figure toujours sur la to-do liste impériale dix millénaires plus tard.

Vous l'aurez compris, si Ben nous raconte tout ça, c'est parce que le Phalanx ne se trouve pas n'importe où dans la galaxie, mais pile dans le système solaire de l'Oeil du Prédateur, toujours dormant au début des festivités, mais pour plus très longtemps, soyez-en sûr. Car pendant que Soul Drinkers, Imperial Fists, Angel Encarmine et Howling Griffons achèvent de détruire par le fer et le feu les archives de la VIIème légion (avec quelques pertes notables de part et d'autres, sortez les mouchoirs), Iktinos et quelques copains sont très occupés à faire que la prophétie alambiquée promettant la réouverture du portail1 se réalise. Secondé par un héros du chapitre que l'on pensait mort depuis des lustres (un dénommé Daenyathos, dreadnought philosophe de son état et chirurgien cardiaque à ses heures perdues) et par le toujours aussi peu chanceux N'Kalos (qui pour l'occasion donne de sa personne à sang pour cent), le chapelain renégat parvient en effet à ouvrir l'Oeil, précipitant le retour d'Abraxes! Pardon, qui est Abraxes? Mais si, vous savez bien! Le Prince Démon qui a manipulé les Soul Drinkers pendant des siècles, précipitant ainsi leur déchéance, jusqu'à que Sarpedon le renvoie compter fleurette à Tzeentch2!


Il y a fort à parier que ce come-back méticuleusement organisé ne force les Space Marines du Phalanx à mettre de côté leurs différents pour régler son compte à l'importun, ce qui devrait permettre à la poignée de Soul Drinkers qui survivra à cette épique bataille de filer à l'anglaise à la fin du combat3... Autant pour le dernier carré héroïque qu'on nous promettait depuis le début du bouquin. Il ne reste plus qu'à parier sur l'identité du Space Marine qui essaiera quand même de se farcir Sarpedon mais se fera buter par Abraxes ou un de ses sous-fifres dans l'opération... Tapis sur Reinez!

1 : Qui n'implique toutefois pas de gnome unijambiste ni de jambon, et pour la pleine lune, comme on est dans l'espace, c'est difficile à dire.


2 : Pouce vert si toi aussi tu n'as pas lu les trois premiers romans consacrés aux Soul Drinkers, et que du coup le retour d'Abraxes te passe légèrement au dessus de la tête.


3 : De toute façon, ça a l'air tellement facile de feinter les Imperial Fists qu'on finit par se demander si l'évasion des Soul Drinkers n'était pas en fait qu'une opération de ravitaillement « chips et bière » qui a mal tourné.

Salvation's Reach (ch.1) – Abnett :


Le grand retour de Steely Dan après sept mois d'absence (il avait offert deux textes au premier numéro de Hammer & Bolter). Je ne sais pas pour vous, mais il y a certains mots qui me mettent de bonne humeur quand je les lis. « Pheguth », « etogaur », « Blood Pact », ou encore « feth » en font partie. Et pour cause, puisqu'ils sont intimement liés à ce qui est peut-être (sans doute?) la meilleure série de la BL, celle qui permet à cette dernière de se démarquer de toutes les maisons d'édition liées à une franchise med-fan/sci-fi, Les Fantômes de Gaunt. On peut légitimement penser que les Space Marines sont les figures emblématiques de Warhammer 40.000, mais les petits gars de Tanith sont des sérieux challengers à la suprématie des colosses en céramite.

Comme il est impossible de résumer convenablement cette saga de centaines de pages en quelques lignes, je ne m'y essaierai pas, d'autant plus que comme dans toute bonne série, l'intérêt des Fantômes réside principalement dans les relations entre les personnages, auxquels le lecteur s'attache très vite (ah, Mkvenner, pourquoi es-tu resté sur Gereon?). Reste qu'encore une fois, la magie Abnett opère. Comme d'habitude, Dan fait développe son propos en prenant bien soin de laisser son lecteur dans le flou (ici, on croît que Rawne essaie d'assassiner celui qu'il qualifie de « monstre » malgré l'important dispositif de sécurité dont celui-ci bénéficie... ), injectant avec son brio habituel des passages de combats réalistes et hyper nerveux. Rien à faire, le bougre est toujours aussi fort, et la fin de la preview arrive bien trop vite. On quitte le premier chapitre de Salvation's Reach avec l'envie d'en lire plus, et c'est bien ce que veut la BL (tout le monde est content donc). Allez Dan, dépêche toi d'en écrire un de plus, que l'on puisse chopper le quatrième omnibus (c'est la crise coco!)

Commander Shadow – Campbell :

Il flotte un parfum très actuel dans cette nouvelle de Braden Campbell, petit nouveau dans l'écurie BL, dont le premier texte n'est, surprise, pas consacré aux Space Marines (ça doit être une sorte de bizutage), mais à la difficile campagne de pacification d'un monde récemment tombé aux blanches mains (un peu bleues tout de même) du Bien Suprême.


Adoptant le point de vue du Commandeur Tau (deuxième -agréable- surprise) en charge du sale boulot, Campbell replace dans le cadre futuriste du 41ème millénaire une problématique des plus contemporaine, à savoir comment mettre vraiment fin à un conflit après que la guerre « classique » ait été gagnée? Car les Taus sur Cytheria (nom de la planète enlevée à l'Imperium par les guerriers de la caste du feu), c'est un peu comme la coalition en Afghanistan: une campagne remportée en quelques jours grâce à une supériorité technologique et logistique incontestable, une sincère envie de gagner la confiance et la sympathie de la population locale, que l'on fait bénéficier avec largesse des infrastructures modernes développées par les ingénieurs du Bien Suprême, sauf que, sauf que, une poignée de survivants revanchards retranchée dans une zone inaccessible fait tout son possible pour ruiner cette idylle naissante entre colonisateurs et colonisés en lançant des attaques « terroristes » sur des cibles emblématiques du nouveau pouvoir.


Dans le rôle des empêcheurs d'assimiler en rond, on retrouve donc Ezra Mihalik et sa bande de diables de Catachan1, reconvertis par la force des choses en moudjaïdins de l'Imperium, adeptes de la bombe sale (mais bio, faut pas déconner non plus) et du chantage à l'attentat. Face à cette bande de fous furieux pas vraiment adeptes du compromis et de la diplomatie, notre brave Commandeur, tout frais sorti de son école militaire, se retrouve bien dépourvu, jusqu'à ce qu'il décide à la jouer comme Beckham2, et se résolve à louer les services d'auxiliaires aussi bad ass que les Catachans. Sur cette trame plutôt innovante et intéressante, Cambell se contente malheureusement de mettre l'accent sur l'assaut des Kroots contre les derniers loyalistes de Cytheria, passage obligé certes, mais qui aurait sans doute gagné à être mis en retrait par rapport à d'autres idées que l'auteur ne développe que pas ou peu.


Par exemple, Mihalik donne une semaine aux Taus pour quitter la planète, faute de quoi il utilisera ses bombes bactériologiques faites maison contre les métropoles où sont stationnés les soldats du Bien Suprême, sans la moindre considération pour les dommages collatéraux qu'une telle action pourrait entraîner parmi la population civile, prétextant que tous ceux n'ont pas pris les armes contre l'envahisseur ne sont que des traîtres en puissance. À titre personnel, j'aurais bien aimé voir les Catachans se livrer à quelques exactions envers les « collabos » de Cytheria, histoire de sortir de la finalement très manichéenne guerre inter-espèce.


Car même si le Commandeur Shas'o Rra (le surnom que lui a donné Mihalik, qui signifie « Commandeur Fantôme ») est indubitablement le héros de la nouvelle, on peine à ressentir une quelconque empathie pour lui, les résistants de Papy apparaissant toujours bien plus sympathiques que lui aux yeux du lecteur3. Le dénouement de la nouvelle, au cours duquel Shas'o Rra pète un câble et se transforme en tueur sadique (Ezrah finira un peu comme le Kevin de Sin City, pour ceux qui connaissent), ainsi que les toutes dernières lignes de l'histoire, qui laissent entrevoir la victoire « morale » des diables de Catachan, ne font que renforcer ce sentiment de distanciation. Non que ce dernier soit vraiment dérangeant en lui-même, certains des héros de la BL n'étant pas vraiment des enfants de chœur (le petit Malus en tête), mais le manque de maîtrise de l'auteur amène à penser que lui même considère son personnage comme un être vertueux, auquel le lecteur devrait pouvoir s'identifier, ce qui n'est malheureusement pas le cas.


Reste que Campbell réussit assez bien son premier test, en rendant une copie un brin plus exotique que la norme, dans laquelle le paradoxe que représente une guerre menée au nom du Bien Suprême est, sinon exploré, au moins évoqué avec une certaine justesse.

1 : Ka'Tashun en Tau... Moi qui croyait que ça se prononçait « Katakan », me voilà fort marri.


2 : Brutos Boucher Beckham, ou BBB, champion exalté de Khorne de la légion des World Eaters.


3 : Et c'est bien normal: Rambo est bien plus cool que le général Akbar. Fact.

Au final, un numéro qui bénéficie des contributions d'auteurs de classe comme Abnett et Werner pour se placer dans le peloton de tête des meilleurs crus de Hammer & Bolter. Counter met en place les conditions nécessaires à son grand final avec un enthousiasme communicatif, même pour les non-inités, et la nouvelle de Campbell rachète par son point de vue original une qualité d'écriture peu enthousiasmante (il faut dire que passer après Abnett n'est jamais facile). Seule ombre au tableau, les errements narratifs estampillés Silver Skulls que Sarah Cawkwell voudrait faire passer pour une histoire potable de Space Marines viennent ternir le bilan sinon fort honorable de cette huitième livraison. À la prochaine!

Schattra, rattrape son retard

Modifié par Schattra
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Il faudrait que je mette la main sur des bouquins de Werner moi, tu m'en donnes l'envie Schattra.

[quote name='Schattra' timestamp='1333567388' post='2110390']
Reste qu'encore une fois, la magie Abnett opère. Comme d'habitude, Dan fait développe son propos en prenant bien soin de laisser son lecteur dans le flou (ici, on croît que Rawne essaie d'assassiner celui qu'il qualifie de « monstre » malgré l'important dispositif de sécurité dont celui-ci bénéficie... ), injectant avec son brio habituel des passages de combats réalistes et hyper nerveux.
[/quote]

Combat réaliste dans les Fantômes de Gaunt ? On parle des mêmes types qui à dix contre cinq cents s'en tirent sans une égratignure ? Les GI qui sont plus forts que des marsouins ? Réaliste n'est pas vraiment le terme que j'aurais employé pour parler des Fantômes.
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Pour le coup, c'est un "un contre trois" assez classique. Mais je suis d'accord avec toi, Abnett aime tellement ses personnages qu'il a beaucoup de mal à les faire mourir (c'est son péché mignon), ce qui mène aux situations que tu décris. Par réaliste, je voulais plutôt parler du ressenti du lecteur, qui est vraiment immergé dans l'action, bien plus que dans les scènes de combat des autres auteurs de la BL en tout cas.

Schattra, "go for Werner les gars, c'est un bon"
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  • 2 semaines après...
[quote name='Schattra' timestamp='1333567388' post='2110390']Schattra, rattrape son retard
[/quote]Et moi de même !

Toujours aussi bon, Schattra. Je t'avoue que j'ai eu l'impression que tu avais une petite baisse dans le niveau ou l'humour pendant quelques numéros ; mais sur ces deux derniers tu t'es surpassé :lol: Pour toutes ces nouvelles que je ne lirai jamais mais que tu nous résumes et critiques si bien, merci ^_^
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[quote name='Schattra' timestamp='1333567388' post='2110390']
Après que Pépé et les Quatre Affreux aient accepté la garde alternée pour les Légions Traîtresses (droit de visite pour le premier tous les 800 ans environs... c'est toujours le père qui morfle[/quote]
:wub: :D
Vraiment merci à toi pour tes critiques que je lis préférentiellement pour ton style plutôt que pour les Hammer and bolters, mais cette phrase m'a fait ma journée. :clap:
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On remarquera que la fréquentation du topic a augmenté à la mention d'une douche dorée.

De là à déduire des choses des gens du warfo ... :whistling:

Et pour ne pas rester dans le flood, je comprends ce que tu veux dire Schattra. C'est plus qu'un "il tira et tua son ennemi". Tu as plus l'impression de suivre le combat (même si au final, ça reste de la BL).
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Je viens de découvrir les critiques croustillantes de notre bon Schattra : que du bonheur !!! Un grand bravo !!! :clap:
J'ai surtout apprécié le travail d'investigation au sujet de Steven Savile : du vrai boulot de pro. Comme quoi, il faut toujours se renseigner avant de réellement comprendre ce qui s'est passé. Cela jette surtout un éclairage intéressant sur BL qui, ceci dit, n'est pas pire que d'autres boîtes d'édition.
Toutefois, pour reprendre l'expression classique "si la critique est facile, l'art est difficile", projettes-tu de te mettre à écrire des petites nouvelles car tu sembles avoir un joli brin de plume ?
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  • 2 semaines après...
Argh ! Enfer et putréfaction ! Qu'aperçois-je ?
[quote]C'est pas moi qui va regretter ce changement[/quote]
Qu'est là cet outrage à la langue française ? Shattra, tu ne vaux pas mieux que les auteurs que tu décris et décrie !
Non mais, quand on fait des critiques de ta qualité, on soigne sa grammaire !!!

Donc, tu me transformes ce "va" en "vais", ou je pose une prime sur ta tête.
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  • 3 semaines après...

Salut à tous et bienvenue dans cette nouvelle critique de Hammer & Bolter! Un grand merci pour tous les commentaires positifs, ça motive à un niveau inimaginable. Au menu de ce neuvième numéro (juillet 2011), la première offrande du grand méchant joueur (ça rappellera des souvenirs aux anciens) pour le webzine officiel de la Black Library, ce pèlerin de Jonathan Green, des nouvelles du Phalanx, définitivement « the place to kill » en cette fin de quarante-et-unième millénaire, et en conclusion, rien de moins que la meilleure nouvelle publiée par la BL depuis bien longtemps, toutes catégories confondues. Si si.

 

hammer-bolter-nine.jpg

 


Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, j'ai le triste devoir de vous annoncer le retour de la pseudo interview dans Hammer & Bolter1. Sad but true. Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est au tour de Sarah Cawkwell de s'épancher sur sa condition d'écriv... de personne chargé de l'écriture de nouvel de textes en lien avec les franchises détenues par Games Workshop. Mais les premiers à plaindre sont bien sûr les pauvres Space Marines du chapitre des Silver Skulls (qui doivent constituer une fondation maudite à eux tous seuls) qui continuent à bénéficier des soins attentionnés de miss Cawkwell, avec les conséquences que l'on sait. Outre les assommantes tribulations du bon sergent Gil'eas, qui deviendra peut-être un jour capitaine de la 8ème compagnie, les Silver Skulls se sont donc frottés aux Red Corsairs dans le premier roman de Cawkwell, The Gildar Rift, avec des résultats incertains2. Mais le supplice des meilleurs de l'Empereur ne s'arrête pas là, puisque deux autres confréries de marsouins de l'espace (les Blood Swords et les Star Dragons) ont également eu le douteux privilège d'apparaître dans une nouvelle de Sarah C., Accursed Eternity. Si on part du principe que les paroles volent et les écrits restent, alors cette histoire porte très bien son nom pour les pauvres Marines, dont le background restera irrémédiablement souillé pour les millénaires à venir. Mais que les aficionados de 40K se rassurent, ils ne seront pas les seuls à souffrir, puisque sortira en juillet prochain Valkia the Bloody, réponse au Sigvald de Darius Hinks (encore une grande plume de la BL), édité l'année dernière. On peut penser ce qu'on veut, mais personnellement, j'y vois la vengeance des Dieux du Chaos après la raclée que s'est pris Archaon devant Middenheim.
Quoi d'autre? Pas grand chose mis à part que Sarah Cawkwell voit grand, très grand. Elle aurait bien voulu participer au lancement de l'Hérésie d'Horus, et aimerait bien écrire quelque chose au sujet des « big boy Chapters » comme elle les appelle. Il ne reste plus qu'à prier l'Empereur pour que ça n'arrive jamais. Ah, et son livre préféré est Les Trois Mousquetaires. Il y a des hommages qui valent tous les enterrements.

1 : S'il faut qu'Abnett fasse une preview pour que cette dernière saute, je propose de l'attacher à son poste de travail et d'exiger un nouveau roman par semaine, au nom de l'intérêt collectif. Peut-être même que ça l'aidera à terminer la série des Gaunt's Ghosts avant qu'il ne choppe Alzheimer.


2 : Comprendre que je n'ai pas lu ce bouquin. Comme d'habitude, tous les commentaires de lecteurs sur le site de la BL sont dithyrambiques (ce qui n'est pas étonnant étant donné la tendance très prononcée des responsables du site de ne publier que les critiques élogieuses... et croyez bien que j'ai pourtant essayé à plusieurs reprises de changer cet état de fait). Même le critique officieux de la BL, le bloggeur « Angels of Retribution » le dit: "The Gildar Rift is an amazing novel" (il lui a attribué la note de 8,5/10). En même temps, on parle d'un type capable de mettre 9/10 à un roman de James Swallow sans sourciller, et qui n'a jamais mis moins de 7,5 à aucun des romans de la BL qu'il a « critiqué ».

The Arkanusha War – Chambers :

Pour tous ceux qui baignent dans le milieu du zhobby depuis un certain temps, le nom d'Andy Chambers n'est pas étranger. Le « grand méchant joueur », comme il était appelé dans les pages du White Dwarf à l'époque où la proportion de publicités était encore inférieure à 75%, a en effet hanté l'histoire de GW pendant près de quinze ans, à la fois comme rédacteur, concepteur de jeu et bourreau régulier du vénérable Jervis Johnson (du temps où ce dernier avait encore des cheveux et écrivait autre chose que des éditoriaux dégoulinant de bon sentiments dans le WD).


Ayant quitté le navire en 2004 pour se consacrer à d'autres projets (Red Star Games en particulier), et travaillant depuis pour Blizzard, l'icône déglingos1 que représente toujours Andy Chambers aux yeux de bon nombre de hobbyistes de la génération X n'a toutefois pas complètement pas coupé les ponts avec son ancienne maison, puisqu'il continue à soumettre de temps en temps des textes à la BL, sans que cette dernière fasse de grands efforts pour les promouvoir il faut dire. La plupart des publications du sieur Chambers étant consacrée aux Druchiis de l'espace (Midnight on the Street of Knives, Path of the Renegade, Bellathonis and the Shadow King), ce fut une petite surprise de constater que l'intrigue de cette première nouvelle écrite pour Hammer & Bolter se situe aussi loin que possible des sombres spires de Commorragh, dans les déserts brûlants de la planète Arkanusha.

Si pour les fidèles les plus convaincus du Bien Suprême, le nom de cette planète évoquera instantanément un nom, le reste des lecteurs, moins bien informé2, devra attendre quelques lignes (ou quelques pages pour les plus lents d'entre eux, dont je fais partie) avant de réaliser que le héros de l'histoire n'est autre que le commandeur O'Shovah, alias Farsight, avant qu'il ne décide de se la jouer perso. Arkanusha est en effet le théâtre de la campagne au cours de laquelle celui qui n'était encore que le Shas'O Vior'la Kais Mont'yr (tu parles d'un nom) gagnera sa réputation de stratège magistral, sa défense inspirée contre les hordes de peaux vertes assiégeant les colons Tau permettant l'évacuation de ces derniers avec des pertes minimes et accélérant la défaite finale des envahisseurs une fois les renforts arrivés.


Après le Commander Shadow de Branden Campbell dans le numéro précédent, la nouvelle de Chambers présente-t-elle les plus altruistes des xenos sous un angle plus intéressant que celui adopté la nouvelle recrue de la BL? En toute honnêteté, la réponse est non, la tentative du grand méchant joueur souffrant de plusieurs défauts significatifs.

Le premier d'entre eux consiste sans aucun doute à avoir voulu, comme le titre le suggère, raconter la totalité de la guerre pour Arkanusha, depuis l'arrivée d'O'Shovah dans la colonie de l'empire Tau (bien avant que les Orks ne viennent dire bonjour) jusqu'à l'annihilation en bonne et due forme des derniers boys du malavisé Big Boss Gorbag Gitbiter par les renforts envoyés à la rescousse de la planète assiégée. N'ayant qu'un nombre limité de pages à consacrer à chaque événement un tant soit peu marquant de cette campagne, Chambers est forcé de faire un usage immodéré de l'ellipse, procédé littéraire généralement employé avec parcimonie par les autres auteurs de la BL (qui préfèrent plutôt recourir au bon vieux flashback des familles). On a donc l'impression d'assister à un récit « filmé » en accéléré, l'auteur zappant allègrement des semaines entières entre chaque passage un peu développé. Le choc est moins violent à la deuxième lecture, mais l'effet global est tout de même si peu « BL-like » qu'on a bien du mal à accrocher.

La deuxième lacune majeure de The Arkanusha War, qui découle de la première, est le peu de suivi que Chambers accorde à ses personnages, à l'exception d'O'Shovah. Aux côtés de Schtroumpf grognon gravitent en effet une petite galerie de seconds rôles, qui disparaissent tous du radar avec une telle brutalité qu'on a peine à croire que leur sortie de scène ait été causée par autre chose qu'un nombre insuffisant de pages. Premier concerné par cet « écrémage narratif » poussé, Gorbag en personne, qui n'aura même pas l'honneur d'être nommément dégommé au champ d'honneur, par O'Shovah ou par qui que ce soit. Malgré deux interventions pavant le chemin pour la traditionnelle confrontation finale entre le héros et sa nemesis, notre fringant despote vert ne réapparaîtra plus de la nouvelle. Dommage.

Enfin, comme beaucoup de ses prédécesseurs avant lui, Chambers se casse les dents sur le caractère doublement alien de la race Tau (non seulement ce sont des xenos, mais leur philosophie résolument progressiste les isole encore davantage dans un univers décadent comme celui de 40K): donnez un faux nez et du fond de teint à O'Shovah et sa clique, et vous obtiendrez des gardes impériaux tout à fait convaincants, alors que des différences importantes devraient tout de même subsister. L'aura de commandement qui entoure les Éthérés est à ce titre bien mal décrite par Chambers, dont le héros, loin de ressentir la dévotion absolue (apparemment provoquée chimiquement, et c'est bien ça qui est intéressant) que les autres castes éprouvent pour les Aun, a plutôt tendance à considérer ces derniers comme des incompétents finis en matière militaire, qu'il convient certes de protéger, mais surtout d'éloigner de l'action pour avoir les mains libres.

Bref, malgré toute la sympathie que j'éprouve pour Andy Chambers, je dois dire que j'ai été plutôt déçu par son Arkanusha War, qui se laisse lire (et relire donc) mais dont le propos aurait sans doute gagné à être développé dans un roman plutôt que dans une nouvelle. Prochain défi d'Andy: raconter l'Âge de l'Apostasie en un tweet.

1 : C'est à ma connaissance le seul concepteur de jeu qui aurait pu passer pour un Space Wolf sans trop de problèmes, l'immense majorité de ses collègues ressemblant plutôt à des pèlerins du Graal (atteints de scorbut pour les moins photogéniques d'entre eux). Bon, il y avait Space McQuirk aussi, c'est vrai.


2 : Ou qui s'en fout, c'est possible aussi.

Sir Dagobert's Last Battle – Green :

Mettons d'emblée les choses au clair: Jonathan Green ne fait pas partie de mes auteurs préférés, et pourtant, ce n'est pas faute de l'avoir pratiqué ou de lui avoir laissé sa chance. Prolixe auteur de nouvelles, à la fois pour Warhammer Fantasy (la série des Badenov1, dont au moins une aventure figure dans tout recueil publié par la BL, et dont l'omnibus se nomme The Dead and the Damned) et pour 40K, univers dans lequel se déroule la plupart de ses romans (un Iron Hands pas passé dans les annales, puisque c'est maintenant Chris Wraight qui écrit pour ce chapitre, et un diptyque consacré à la seconde guerre d'Armageddon2), notre homme est un ardent défenseur du « style BL » dans tout ce que ce dernier à de pesant et d'ampoulé. Il lui a toujours manqué ce petit zeste de folie et d'originalité qui permettrait au lecteur de s'immerger totalement dans ce qu'il raconte sans avoir peur de perforer l'univers en carton-pâte qui lui sert de décor à chaque fois qu'il tourne une page. Le seul moyen de passer un bon moment (ou au moins, un pas trop mauvais) avec une de ses productions est de lire le plus vite possible, en espérant ne pas voir les énormes ficelles qui parsèment le récit. Un peu comme un tour de train-fantôme effectué à deux à l'heure avec la lumière allumée, les travaux de Green ne gagnent pas vraiment à être examinés de trop près trop longtemps.

C'est donc avec le même état d'esprit que Usaïn Bolt avant un 100 mètres3 que je m'étais préparé à lire Sir Dagobert's Last Battle, desservi avant même la première ligne par un titre, comment dire, assez peu adapté à un public francophone. Ce choix a-t-il été délibéré (ce qui aurait été courageux), ou a-t-il été effectué en méconnaissance totale de la culture enfantine française (hypothèse plus probable)? Avant que votre imagination vous laisse entrevoir ce qu'aurait pu être la dernière bataille du brave Dagobert contre sa culotte possédée par un buveur de sang (moi ça m'a fait rigoler pendant 5 minutes), rendons hommage à la culture de Mr Green, qui a sans doute baptisé son personnage du nom du véritable roi Dagobert 1er, qui régna au début du VIIème siècle.

L'histoire se déroule donc dans le village de Layon, soudainement attaqué par une nuée de gobelins des forêts. En l'absence de chevaliers dans les environs immédiats, c'est aux locaux de repousser l'assaut, ce qu'ils font avec un succès raisonnable étant donné la rusticité de leur équipement (fourche, faucille, tisonnier, poêle à frire – il connaît ses classiques, le bougre -) et l'évidente supériorité numérique dont jouissent les peaux-vertes. Les Layonais sont toutefois bien aidés par deux choses dans leur lutte désespérée pour leur village: premièrement, les gobelins de Green tiennent plus du snotling hémiplégique que du vicieux zigouillard capable de se faire Archaon sur un malentendu. Si on devait se hasarder à traduire leurs piteuses aptitudes martiales en statistiques, la somme de leur CC, F et E frôlerait probablement 1,5, pour vous donner une petite idée du degré de menace qu'ils représentent. Le plus méchant de la bande à tout de même réussi à se faire une petite fille de quatre ans (mais elle était désarmée et lui tournait le dos).


Deuxièmement, les villageois bénéficient du précieux soutien dudit seigneur Dagobert, chevalier du Graal de son état4, et de sa bande d'enthousiastes suivants, menés par l'extatique Arnaud, porte parole auto-désigné du noble paladin. Car il faut bien reconnaître que ce dernier, bien qu'ayant goûté au Saint Calice, est tout ce qu'il y a de plus mort, et donc de fait, assez peu loquace. Et c'est là qu'un fol espoir commence à naître, car si Jonathan Green n'est manifestement pas à son aise quand il s'agit d'insuffler à son récit la petite touche baroque qui permettrait à ce dernier de se démarquer de la concurrence, on se dit qu'il a quand même largement les moyens d'exploiter le côté macabrement grinçant du Reliquaire du Graal pour faire décoller son histoire. Et le plus beau est qu'il y arrive au delà de toutes les espérances (les miennes au moins, qui étaient assez basses pour commencer je dois reconnaître), et dresse un portrait au vitriol des plus plaisants de la société de castes bretonienne, tellement imprégnée de religion qu'elle en devient souvent absurde. Le principal mérite de Green est de dépeindre de manière réaliste et assez fine l'état d'esprit des pèlerins du Graal, qui oscille entre fanatisme indiscutable et exploitation éhontée de la crédulité et de la superstition des paysans à des fins bassement terre à terre.

Quant à sire Dagobert, sa dernière bataille est intégrée au récit sous forme de flashback, et se révèle également plaisante à suivre car l'auteur va jusqu'au bout de sa logique et ne fait littéralement pas de prisonnier. On découvre également que de son vivant, Dagobert était certes vertueux, mais avait également tendance à prendre à la lettre son serment de défendre la chapelle du Graal dont il était le protecteur attitré (ce qui lui fournissait une bonne excuse pour lui éviter de voler au secours du village d'en face). Sachez enfin que cette nouvelle est la première dans laquelle une Arachnarok (un peu amochée, et ça ne va pas aller en s'améliorant, les clins d'oeil à Samsagace Gamegie ne s'arrêtant pas au coup du gobelin expédié à coup de poêle de frire): on peut penser ce qu'on veut de Jon le Vert, mais au moins il se tient au courant des évolutions du fluff.

En conclusion, une bonne nouvelle de Jonathan Green, ce qui était plutôt inespéré. Il lui reste beaucoup à se faire pardonner, mais au moins, on sait qu'il en est capable, s'il se donne la peine.

1 : Pour faire simple, le principe est le même que celui des Gotrek et Felix, sans Gotrek.


2 : Qui n'a semble-t-il pas fait école non plus, puisque c'est à Aaron Dembski-Bowden qu'est revenu l'a charge d'écrire Helsreach.


3 : Ou DSK devant Nafissatou Diallo


4 : Je ne sais pas si c'est l'effet de l'aura que la Dame du Lac accorde à ses paladins ou bien le fait que Dagobert se balade avec un costume d'homme-sandwich vantant son pedigree, mais les villageois l'identifient comme chevalier du Graal d'un seul coup d'œil, quand bien même il se trouve perché sur une colline surplombant Layon à son arrivée dans l'histoire.

Phalanx (ch.10) – Counter :

 

Résumons: amenés sur le Phalanx pour être jugés après s'être rebellés contre l'Impérium, Sarpedon et ses Soul Drinkers ont été libérés par une bande de pèlerins adorateurs de Tzeentch et sont à présent séparés en deux factions distinctes. D'un côté, le maître de chapitre mutant et le gros des survivants, bien décidés à vendre chèrement leur peau face aux assauts vengeurs des Imperial Fists, Howling Griffons, Angel Sanguine et consorts, de l'autre le chapelain Iktinos et ses fidèles, assistés du dreadnought Daenyathos, déterminé à foutre une merde noire dans la place, ce qui passe accessoirement par invoquer dans le Phalanx un prince démon (et ses potes) précédemment banni par Sarpedon. Ajoutez à ce tableau quelques rivalités personnelles de bon aloi*, un artefact aussi mystérieux que puissant (le Soulspear), l'Inquisition et l'Adeptus Mechanicus, secouez et servez frais. Attention, ça tache.

Bref, Ben ayant enfin réussi à convier tous les invités à la fête, il ne lui reste plus qu'à mener chacune des intrigues patiemment tricotée à son dénouement. Plus facile à dire qu'à faire dans un Phalanx où les bolts pleuvent drus et où on ne peut pas faire trois pas sans se retrouver engagé dans un duel à mort contre un vieil ennemi. Et à ce petit jeu, les Space Marines partent évidemment avec plusieurs têtes d'avance.

C'est ainsi l'Archimagos Voar, qui avait semble-t-il trahi pas mal de monde avant de comparaître comme témoin à charge, qui fait le premier les frais de la volonté de Counter de régler les vieilles dettes une fois pour toutes. Sommé par Iktinos de lui rendre le Soulspear, le brave magos se met en quatre (et même plus) pour satisfaire aux attentes du chapelain, avec de lourdes conséquences pour son intégrité physique.

 

Un peu plus loin, Daenyathos essaye de convaincre Abraxes de lui acheter le Phalanx, qui maintenant qu'il est équipé d'un portail Warp flambant neuf, constitue à ses yeux (augmétiques plutôt) l'arme la plus puissante de l'univers, capable d'aller souffler dans les bronches de Pépé en deux temps trois mouvements. Faut aller dire ça à Abaddon, je suis sûr qu'il sera ravi de l'entendre (parce que des vaisseaux avec des portails Warp, il doit en avoir une tripotée, lui). Enfin, Sarpedon et Reinez entament leur 67ème duel à mort du roman alors que ce dernier était parti à la chasse des scalps d'Iktinos et de Daenyathos (mais si, on peut scalper un dreadnought si on est vraiment très en colère).

De leur côté, Pugh et le reste des loyalistes essayent de comprendre ce qu'il se passe, et, plus important, si une incursion démoniaque peut être considérée comme une menace morale. Même si on se doute qu'Abraxès et ses sbires ne vont pas tarder à être refoulés dans le Warp manu militari, on ne peut qu'admirer l'imperturbable détachement dont fait preuve Vladimir face à la tournure plutôt déplaisante qu'ont pris les évènements depuis quelques chapitres2. Humour.

Au final, un chapitre 100% action, dans lequel l'histoire avance peu en définitive. Ça ne vole pas très haut mais ça reste diablement efficace, Counter maîtrisant sans problème l'art subtil de la narration dynamique du cassage de crânes. À ce stade du roman, on a déjà une petite idée de comment tout cela va se terminer, mais laissons à Ben ses quatre derniers chapitres avant de juger de la qualité de son Phalanx.

1 : Ce qui signifie qu'une bonne moitié des personnages loyalistes, ce bon vieux Reinez en tête, veut tuer Sarpedon de ses mains pour venger une offense personnelle.


2 : Peut-être que c'est également son troisième mandat, ce qui expliquerait son sang froid exemplaire.

Survivor – Parker :

On finit par la merveille de Steve Parker, qui confirme par là que sa prometteuse première livraison pour Hammer & Bolter, Exhumed, n'était pas un coup de chance. Longue nouvelle s'étalant sur un bon tiers du numéro, Survivor est un concentré explosif de tout ce qu'il y a de bien dans les productions de la BL.

On commence à distribuer les bons points dès le début, l'angle d'attaque choisi par Parker, la (sur)vie quotidienne et solitaire d'un garçon de neuf ans dans une ville envahie par les Orks, tranchant agréablement avec l'approche classique « ma vie de marine » adoptée par la plupart des autres auteurs. Ça rappelle assez le Barbed Cat Wire de Robert Earl (Hammer & Bolter #4), dans lequel on suivait les manigances d'Adora, esclave humaine dans l'empire souterrain pour se faire la malle (également une très bonne nouvelle par ailleurs). Bas, le héros de Parker, ayant eu la chance d'échapper à la capture, son quotidien est un peu moins désespéré que celui de la protagoniste d'Earl, mais beaucoup plus agité, éviter de se faire pincer par les peaux vertes en maraude occupant évidemment l'essentiel de son temps. Pour d'autres auteurs, cette partie de cache de cache n'aurait pu constituer qu'une toile de fond, mais Parker, qui a bien compris que le diable se cache dans les détail, se fait un plaisir de couvrir tous les aspects de cette vie usante, injectant à son récit un niveau de réalisme rarement constaté ailleurs que chez Abnett.


Courses-poursuites, rationnement, prudence élevée à des niveaux paranoïaques, planification extrême et calcul coût/avantage de chaque décision... autant de thèmes que Parker aborde et développe assez pour faire comprendre à ses lecteurs qu'il a vraiment réfléchi à son histoire et s'est mis à la place de son héros. Si certains ont pu se demander si Abnett avait été soldat avant de se mettre à écrire pour réussir à retranscrire si fidèlement l'atmosphère, la réalité et les dangers d'un champ de bataille, on pourrait supposer que Parker a passé quelques semaines à Sarajevo ou à Misrata pour s'imprégner des contraintes inhérentes à la vie dans une ville en guerre.

Si Bas réussit si bien à passer entre les mailles du filet vert, c'est qu'il a reçu un entraînement complet en matière de survie et de combat, sous la tutelle de sa peau de vache de grand père, ancien soldat de la garde impériale. Intercalés entre les passages se déroulant dans l'environnement hostile que constitue la ville envahie par les Orks, des flashbacks successifs éclairent les lecteurs sur la vie de Bas bien avant que les xenos ne posent le pied sur la planète.


Cette fois-ci, Parker ne mise pas sur la surenchère de « détails qui tuent » pour embarquer ses lecteurs, mais choisit de prendre ces derniers par les sentiments. Pas d'histoire d'amour à deux balles évidemment (on est dans un univers trotro dark destiné à un public mâle et adolescent, ne l'oublions pas), mais plutôt le récit de la misérable vie de Bas, qui passe brutalement de l'opulence assurée par la position avantageuse de ses parents à la violence des bas-fonds après la mort de ses derniers. Méprisé par tous, même par son grand-père, humilié et régulièrement roué de coups, difficile de ne pas compatir un minimum aux déboires du pauvre Bas, qui prouve ligne après ligne qu'il est toujours possible de tomber plus bas, jusqu'à ce qu'il décide de rendre les coups.

Mais le plus gros de la nouvelle est consacré à la quête de Bas pour faire évader une bande de prisonniers, entreprise hautement périlleuse et que l'on pourrait trouver bien altruiste de la part d'un survivant vétéran comme lui, qui devrait pourtant être conscient des problèmes insolubles que la vie en groupe pose dans un environnement aussi hostile que celui-ci. Sauf que Parker a encore une fois prévu le coup, et prend le temps de justifier tous les choix de son héros, même les plus contre-intuitifs (comme celui-là), de telle manière qu'ils apparaissent, si ce n'est convaincants, au moins à peu près crédibles.

Le dénouement, enfin, offre une ultime et éclatante preuve de la maîtrise que Parker a de son sujet, puisque ce dernier se paie le luxe de terminer son propos avec un énorme twist final, amené avec un tranquille aplomb qui ne peut que forcer le respect. On ressort de Survivor avec l'envie de le relire sur le champ, avec le regard neuf que l'ultime rebondissement apporte sur les précédentes péripéties. Bravo l'artiste.

En conclusion, un numéro porté à bout de bras par le talent de Steve Parker, qu'il s'agit à présent de suivre avec attention. Avec un Green qui surprend plaisamment et un Counter qui ne plombe pas l'ensemble, c'est presque un sans faute, la déception que représente la nouvelle peu aboutie de Chambers constituant la seule ombre au tableau. Ce n'est peut-être pas le numéro à la qualité moyenne la plus élevée (le n°4 faisant pour l'instant la course en tête, si on met de côté la contribution de Nick Kyme), mais c'est indéniablement celui contenant la meilleure nouvelle pour le moment.

Schattra, « et maintenant, un long format »

Modifié par Schattra
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C'est toujours un plaisir de lire tes critiques, Schattra. Je suis sûr qu'un jour tu arrivera à rattraper ton retard ( encore 11 H&B à traduire).

Puisse l’Empereur ne jamais laisser Sarah Cawkwell s'approcher de l’hérésie d'Horus.
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  • 4 semaines après...
Je croyais que tu t'acharnais encore sur Counter, mais non, la BL à eu l'obligeance de te servir une nouvelle victime en la personne de Miss Cawkwell.
Le premier te serait presque devenu sympathique à t'en lire! ^^

Bon, ces petites critiques sont toujours un bon bol de fraîcheur à l'humour incisif, ça fait du bien!

(mais j'ai l'impression qu'avec Counter tu t'es habitué plus que tu n'apprecies. ^^)
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  • 9 mois après...

Bonjour à tous, et bienvenue dans la revue critique de ce dixième numéro de Hammer & Bolter, le webzine que le Warp nous envie. Croyez le ou non, aucun Eldar ne pointera le bout de ses oreilles cette fois-ci, malgré le cover art Iyandenesque que vous pouvez admirer ci-dessous. On se consolera en constatant l'absence d'interview dans ce numéro, idéalement remplacée par un extrait de l'Aurelian du bon Aaron Dembski-Bowden. N°10, je t'aime déjà.

 

hammer-and-bolter-010.jpg

 


The Last Charge – Hoare :

Trois mois après avoir fait ses premières armes dans Hammer & Bolter (Manbane, dans la tranche haute du lisible), Andy Hoare nous revient avec une nouvelle beaucoup plus ambitieuse, et malheureusement, bien moins réussie que la précédente. Autopsie d'un fiasco littéraire.

Commençons par fixer le cadre de l'histoire. Cette fois, foin de sorciers impériaux emo (comprendre, du Collège Améthyste) poursuivis par des hommes-bêtes incontinents, Andy préférant se frotter à de l'épique XXL et livrer sa propre version d'un des multiples hauts-faits guerriers dépeints dans les livres d'armée de Warhammer. Why not.


Le lecteur se retrouve donc dans la cité bretonnienne de Brionne, à l'aube de la page la plus sanglante de son histoire, c'est à dire le siège mené par le Maître des Bêtes Rakarth en 19741. Histoire de montrer à quel point sa nouvelle est chiadée, Hoare la fait précéder d'un petit paragraphe chargé d'introduire son propos avec toute la classe et le mystère que quelques lignes écrites à la manière d'un chroniqueur du XIIIème siècle2 (et en italiques, parce que plus c'est penché, plus c'est classe et mystérieux, c'est bien connu) peuvent apporter à une nouvelle d'heroic-fantasy. Et voici donc l'histoire de la cité de Brionne, bien-aimée du Duc Corentin... (traduction littérale de la dernière phrase de ce mini-prologue – si tu ne frétilles pas d'anticipation sur ton siège ami lecteur, tu es un nécron avec la gueule de bois).

Bref, comme vous l'avez compris, c'est Corentin le citéphile qui endosse la défroque du héros dans ce compte-rendu bancal de la chute de Brionne. Visiblement inspiré par le personnage de Reinhardt Metzger, chevalier grabataire et cardiaque se découvrant une vocation de chasseur de vampires à la veille de la retraite (Curse Of The Necrarch), Corentin est une relique ambulante ayant tout vu, tout combattu et tout exterminu au cours de sa longue carrière martiale. Arrivé au point de quasi péremption pour ce qui concerne les choses de la guerre (et pour les bretonniens, ça passe systématiquement par des rhumatismes aux genoux3), notre paladin grisonnant se rend dans la chapelle du Graal de son château pour demander à la Dame du Lac de lui accorder une dernière bataille digne de ce nom avant qu'il ne commence à sucrer les fraises. Magnanime, cette dernière consent, par demoiselle interposée, à sa requête. Mais un peu troll dans l'âme, elle ne se contente pas d'envoyer à son champion une petite manticore constipée ou quelques centaines d'orques en maraude, préférant plutôt le confronter à l'armada de Rakarth (que j'ai plutôt du mal à considérer comme un instrument de la Dame du Lac, mais les voies divines sont impénétrables). Sympa pour les pécores de Brionne, qui auraient sans doute préféré être laissés en dehors de ce dernier tour de piste. Mais bon, il s'agissait (d'après la manière dont Hoare présente son histoire) pour la déesse de donner une petite leçon d'humilité à Corentin, un noble dessein qui vaut bien qu'on lui sacrifie quelques milliers de manants.

La suite et le gros de la nouvelle sont consacrés à la préparation narrative de la bataille entre hommes et elfes, climax guerrier qui demande pas mal d'espace et passe par plusieurs étapes. Le débarquement des druchiis d'abord, qui donne à Hoare l'occasion de détailler la puissance de l'ost de Rakarth, puis la mobilisation des défenseurs de Brionne, afin d'équilibrer les descriptions. Vient ensuite l'entrevue entre les deux généraux, le Maître des Bêtes exposant ses conditions à son adversaire, qui s'empresse évidemment de les refuser avec toute la morgue chevaleresque dont il est capable, condamnant de fait les défenseurs à l'annihilation en cas de défaite (ce qui n'empêchera pas Brionne de se relever après le départ des pillards – comme quoi les elfes noirs ont une grande gueule et peu de patience - ). Après une nuit passée en prières sur les remparts, malgré son grand âge, ses articulations douloureuses et les suppliques de ses conseillers, Corentin se réveille juste à temps pour le début de l'assaut druchii, qui a vite fait de déborder les défenseurs.


On note au passage que le héros de Hoare est un curieux mélange d'impétuosité suicidaire et de résignation désespérée: empêché par ses propres chevaliers de mener la glorieuse sortie qui apparemment constituait sa seule stratégie, sous prétexte de préserver la vie du général dont Brionne a besoin pour espérer triompher, Corentin sombre dans une apathie évidemment peu productive, et contemple d'un air détaché son élite se faire décapsuler par les hydre de Rakarth, puis ses miliciens déserter les murs au premier monstre venu. Conclusion: ne mettez jamais un cyclothymique à la tête de votre garnison les enfants, c'est contre-productif.

Arrivé à ce stade de déroute avancé, notre malheureux duc enfourche sa monture et part seul à la rencontre des assaillants. Enfin. Il se dirige lentement vers les portes défoncées de sa cité, sourd au tumulte de la bataille et aux cris d'agonie de ses sujets, tandis que défilent devant ses yeux les souvenirs d'une vie de batailles au service de la Dame et du Royaume. Ça va chier sévère. On tourne la page pour lire la suite, et... We Are One by John French. Oh. Retour en arrière pour voir si on a pas sauté la conclusion dans notre impatience... Ce sont des choses qui arrivent. Mais non, il faut bien se rendre à l'évidence, The Last Charge se termine bien sur ce plan du vieux héros chevauchant vers son destin. Au lecteur d'imaginer la suite. Andy, t'est vraiment gonflé.

Avec le recul, ce parti-pris de favoriser la dimension philosophique (grosso modo: le héros a compris qu'il aurait mieux fait de demander une retraite paisible qu'une dernière bataille glorieuse, et son sort passé cette réalisation n'est pas important) sur la dimension narrative (et voici quelle fut la fin du duc Corentin, finalement occis par l'ennemi après avoir décapité 28 corsaires, éventré 12 furies, empalé 3 hydres de guerre, tabassé à mains nues une sorcière suprême et craché dans l'œil de Rakarth), traditionnellement privilégiée par les auteurs de la BL, se défend. Il aurait pu faire mouche si Hoare avait mieux mené sa barque, et laissé des indices aux lecteurs quant à son intention de conclure sa nouvelle de manière plus « détachée » que la moyenne. Malheureusement, tout indiquait au contraire un dénouement classique, avec un héros se frayant un chemin dans l'armée ennemie à la pointe de l'épée et un narrateur retranscrivant les moindres moulinets de cette dernière comme s'il était installé sur la croupe du destrier du noble paladin. Du coup, lors de ma première lecture de The Last Charge, j'ai vraiment eu l'impression que Hoare, manquant de place, avait du terminer sa nouvelle en catastrophe, juste avant l'épique final promis depuis les premières lignes de l'histoire.


Bref, des ambitions louables sabotées par une mise en place trop classique et convenue, pour un résultat final tristement bancal. Dommage Andy.

1 : Siège qui se terminera par une victoire nette des visiteurs après que les hydres druchii aient fracassé les portes de la ville (LA Elfes Noirs – V7).


2 : Les lecteurs ayant joué à Medieval II Total War sont appelés à se référer au baratin grandiloquent débité par le moine chauve pendant la cinématique d'introduction.


3 : Je suis sûr que ça a quelque chose à voir avec cette manie de tomber à genoux pour prier au début de chaque bataille. À force, ça doit bousiller les rotules.

We Are One – French :

John French est de retour, et il est en pleine forme. Après deux nouvelles prometteuses (Hunted et The Last Remembrancer), le prospect de la BL poursuit son exploration des zones d'ombre du puissant Imperium de l'Humanité en dépeignant la longue traque par l'Inquisition de Phocron de l'Alpha Legion. Avec des protagonistes aussi retors, le lecteur était en droit d'attendre une nouvelle à twist final, chose plus facile à dire qu'à faire, et objectif que peu de contributeurs de Hammer & Bolter ont réussi à atteindre. Fort heureusement pour nous, French fait partie de ces gifted few capables de cacher leur jeu jusqu'au dernier moment afin de surprendre plaisamment leur public, une compétence qui ne peut l'amener qu'à prendre du galon au sein de la BL, et à rejoindre Aaron Dembski-Bowden dans le club très fermé des nouvelles valeurs sûres de la maison. C'est dit.

Ne voulant pas attenter à l'intégrité et à l'intérêt de cette nouvelle fort sympathique en exposant ses rouages narratifs, je me contenterai de tirer un parallèle entre We Are One et les trilogies inquisitoriales d'Abnett que sont Eisenhorn et Ravenor. Les similitudes entre le texte de French et les romans de ce dernier sont en effet tellement apparentes qu'il ne serait pas déplacé de parler d'hommage, ou a minima de clin d'œil appuyé de l'élève envers le maître.


Qu'il s'agisse du style employé (en particulier le choix d'une narration à la première personne, procédé utilisé par Abnett dans ses deux séries), du réalisme nerveux de l'action, ou encore du découpage chronologique de la traque, condensée en cinq tableaux, pour autant de confrontations directes entre l'Inquisiteur et sa proie ou les agents de cette dernière (le tout s'étalant sur un siècle), tout évoque les aventures trépidantes de Gregor Eisenhorn et de son équipe à la poursuite de son increvable nemesis Pontius Glaw. Le premier tableau donne même l'occasion à French de réaliser un audacieux mélange entre le triomphe de Thracian Prime (événement à la suite duquel Ravenor fut placé dans sa barquette surgelée) et la chute de Tanith, le tout en moins de six pages. Du beau boulot.

En conclusion, sans doute le meilleur texte de French à ce jour, et certainement la meilleure nouvelle de ce numéro de Hammer & Bolter. Gardez un œil sur ce petit gars, il a du potentiel.

Aurelian (extrait) – Dembski-Bowden :

La BL frappe fort en proposant un extrait du roman consacré par ADB à la plus mystique des légions Space Marines, les Word Bearers. L'Aurelian dont il est question ici se révèle être Aurelian Lorgar, primarque des porteurs du mot sacré de l'Empereur, et plus tard des insanités du Warp. Même si le but de l'opération était avant tout d'appâter le quidam afin de l'amener à acheter un bouquin comme par hasard uniquement édité en version deluxe ou super deluxe (respectivement vendues à 25 et 40 euros l'unité), on doit cependant remercier l'éditeur de promouvoir de cette façon des auteurs valant leur pesant de cacahuètes (ADB donc, mais aussi Abnett dans les numéros un et huit) plutôt que d'essayer de nous refourguer ses fonds de tiroirs1.

Situons notre propos. L'histoire commence sur le vaisseau amiral d'Horus, immédiatement après les évènements d'Isstvan V. La réunion de debriefing entre les primarques renégats va prendre un tour désagréable après que Lorgar, affecté à la fois par son petit pèlerinage dans l'Œil de la Terreur et le massacre de quelques milliers de ses neveux, ait percé à jour le secret de Fulgrim, plus tout à fait lui-même depuis la mort de Ferrus Manus. Peu enclin à laisser un démon posséder un de ses frères, Lorgar passe à l'attaque, provoquant un report du debrief' et quelques dommages dans la salle de réunion. Horus réussit toutefois à convaincre son impulsif frangin de ne pas concasser la forme physique de Fulgrim, et renvoie un Lorgar furax réciter quelques catéchismes de haine dans son vaisseau pour se calmer les nerfs.

Accueilli dans ses quartiers par une projection psychique de l'autre primarque sorcier rebelle, One-eye Magnus himself, Lorgar et ce dernier entament une petite discussion sur la nature intrinsèque du Warp, qui a tôt fait de déboucher sur un concours de celui qui a la plus grosse (puissance psychique). Bref, c'est un Lorgar en pleine crise d'adolescence qui nous est dépeint par un Aaron Dembski-Bowden toujours aussi bon, et qui réussit sans peine à accrocher le lecteur dans les quelques pages qui lui ont été octroyées. On ressort de cet extrait avec l'envie de suivre les tribulations d'Aurelian et de ses fistons pendant ce moment crucial où la grande croisade se change en guerre civile, engouement immédiat qui s'est traduit par un succès commercial pour la BL, qui a écoulé la totalité des copies imprimées d'Aurelian en quelques mois, malgré un rapport prix-contenu à la limite du foutage de gueule (le bouquin ne fait que 128 pages). Les anglophones radins mais curieux pourront se rabattre sur le résumé très complet du livre disponible sur le Lexicanum.

1 : L'extrait de The Fall Of Damnos de Nick Kyme constituant bien sûr l'exception confirmant la règle.

Phalanx (ch.11) – Counter :

Les choses n'en finissent plus de devenir sérieuses sur le Phalanx, tandis que la bataille finale entre le bien et le mal (c'est du Counter, hein) menace de détruire le vénérable vaisseau de l'intérieur. C'est un chapitre 100% action qui nous est proposé dans ce numéro, avec juste assez de discussions métaphysiques entre Vladimir (Maître de Chapitre des Imperial Fists, pour ceux qui auraient renoncé à suivre), Lysander (premier capitaine des jaunards) et l'inquisiteur Kolgo1 pour que le tout ne soit pas trop indigeste à la lecture.


Comme à chaque fois, ces quelques moments de calme avant la tempête (Warp) sont émaillés de counteries savoureuses, qu'il s'agisse de l'humour tellement détaché qu'il en devient montypythonesque de Vladimir (« Oh dear, je n'arriverai jamais à faire partir cette odeur démoniaque de mon vaisseau... ») ou du faux-raccord Calgarien permettant à un inquisiteur en armure terminator de tirer les cartes à ce dernier2 (je rappelle que les cartes du tarot de l'Empereur sont faites en cristal).


Une autre brève accalmie de ce genre permet également aux Soul Drinkers « loyalistes » survivants de se rabibocher avec leurs adversaires, et tout ce petit monde part rejoindre la grosse baston au centre du Phalanx, où démons et Space Marines s'écharpent joyeusement en dégueulassant les reliques du chapitre. C'est le service nettoyage du vaisseau qui va être content.

Un peu plus loin, Sarpedon poursuit sa vendetta personnelle contre le gang des -os (Iktinos, chapelain blasé et Daenyathos, dreadnought philosophe), bien qu'il lui en coûte chèrement en terme de frères d'armes et de pattes chitineuses. Comme souligné précédemment, toute l'émotion que pourrait provoquer la disparition des premiers est réduite à néant par leur relatif anonymat pour quiconque n'ayant pas précédemment lu la trilogie que Counter a consacré aux Soul Drinkers, un peu comme si on tombait sur la mort de Sanguinius sans avoir jamais rien lu de l'Hérésie d'Horus.


Adieu donc Nephael, Salk et Leucrontas, personnages apparemment importants d'une saga que j'aurais du lire avant de me mettre à la chronique de Hammer & Bolter. Tant pis. Adieu aussi Iktinos, pas foutu de faire la peau à son ex-patron, même après avoir chourré le sable laser de Darth Maul (ce que semble être le Soulspear, d'après la description qu'en fait Ben Counter). Dans la plus pure tradition des séries B d'action, le pauvre chapelain se retrouvera du mauvais côté de la traînée de promethium et fera une sortie à la Denethor après que Sarpedon ait balancé la réplique kioul de rigueur. Grand amateur de cliffhangers devant l'éternel, Counter n'a pas résisté à l'envie de laisser planer un vieux doute quant à la mort d'Iktinos, qui pourrait fort bien avoir survécu à l'immolation infligée par son adversaire. Réponse au prochain numéro.

1 : Pro-tip: toujours avoir un inquisiteur sous la main pour lui faire déblatérer des vérités pesantes sur la nature du Chaos, le devoir des servants de l'Empereur ou la couleur du papier peint de la chambre d'amis, vastes sujets qui permettent aux auteurs de la BL de montrer à quel point ils sont profonds et à leurs romans d'atteindre plus facilement le nombre de pages requis.


2 : De Marneus Calgar, maître de chapitre des Ultramarines et seul être vivant capable de dégoupiller des grenades (frag et/ou anti-chars) avec une paire de gantelets énergétiques. Chapeau l'artiste.

Mountain Eater – Smillie :


On termine avec une confuse, très confuse, balade du côté des Montagnes des Larmes, en compagnie de Darhur, chasseur ogre de son état. Race assez délaissée par les auteurs de la BL (je crois bien que seul Robert Earl a consacré un bouquin aux disciples de la Gueule – Wild Kingdoms - avant qu'Andy Smillie ne s'y colle), les ogres ne manquent cependant pas d'attraits pour un auteur en quête d'une bonne histoire à raconter, le premier d'entre eux étant évidemment une indéniable originalité ayant toutes les chances d'intéresser les lecteurs lassés de l'omniprésence des Spaces Marines dans la littérature de GW.


Ajoutez à cela le potentiel violent, crade et comique (comique sanglant et grossier, mais comique tout de même) de ces gros mangeurs mal débourrés, un cadre exotique en diable et un bestiaire totalement renouvelé, et vous obtiendrez une base solide, qu'un auteur digne de ce nom aura tôt fait d'exploiter avec succès. Malheureusement, les meilleures intentions ne suffisent pas à transformer le plomb en or, et les partis-pris les plus enthousiasmants ne peuvent compenser à eux seuls les incongruités monstrueuses que peuvent engendrer une narration épileptique et une intrigue insuffisamment charpentée. En clair, si Andy Smillie signe avec Mountain Eater une entrée fracassante dans Hammer & Bolter, c'est sa réputation d'auteur qui en fait les frais et finit éparpillée à la lecture de ce premier texte.

Les ennuis commencent rapidement pour Darhur et le lecteur, chacun se retrouvant confronté à une épreuve quasi insurmontable. Pour le chasseur, secondé par un croc de sabre nommé Golg ainsi qu'un trio de gnoblars (le vieux Snikkit, le fourbe Najkit et le crétin Brija) au comportement aussi douteux que leur utilité narrative, il s'agit de trouver et de tuer un Cannibale. La bestiole ayant décidé d'escalader le plus haut pic de la région en pleine tempête de neige, le job de Darhur tourne vite au chemin de croix.


Le lecteur, quant à lui, essaye tant bien que mal de comprendre le pourquoi du comment de cette quête, dont les tenants et les aboutissants ne cessent de varier au fil des pages. D'après ce que j'en ai compris, Darhur a été chassé de sa tribu après qu'il ait tué un Ventre-Dur, dont le gnoblar avait auparavant éborgné son croc de sabre. Seulement, Smillie sous-entend un peu plus loin que le tyran de la tribu a en fait envoyé le chasseur traquer la bête ayant boulotté son gnoblar porte-bonheur favori, et qu'il pourrait donc rentrer une fois la bête abattue. À cette première contradiction viennent se greffer des lacunes évidentes en matière de storytelling, dont le trio des gnoblars fait principalement les frais. Concentré sur les personnages de Darhur et de Golg, Smillie oublie en effet régulièrement de développer les actions et les motivations des petits peaux vertes, dont on peine à suivre le parcours des plus hachés.


Ainsi, lorsque Darhur les envoie explorer une grotte au début de la nouvelle, Najkit balance tout d'un coup son couteau sur Snikkit, sans aucune explication. Il le rate. Fin de l'histoire. On ne saura jamais ce qu'a fait Snikkit pour mériter cette tentative de meurtre, ce dernier ne se formalisant même pas de la pulsion homicide de son comparse. Un peu plus tard, quand la petite bande est attaquée par un Dos-Gris dont elle a envahie la caverne pour se mettre à l'abri d'une tempête de neige, l'auteur déclare soudainement que Najkit a bu tellement de pisse de yéti (on se saoule avec ce qu'on a sous la main) entre le moment où ils sont entrés s'abriter et le retour de la bête qu'il cuve tranquillement dans un coin pendant l'attaque... qui a pourtant l'air de se dérouler quelques instants après l'intrusion.


Ce manque de suivi, maladroitement rattrapé par quelques évocations balancées de temps en temps, est d'ailleurs particulièrement patent pendant la tempête de neige en question: à cette occasion, Smillie se consacre exclusivement au calvaire subi par Darhur, qui finit par tomber d'épuisement, et ne doit son salut qu'à l'acharnement de son croc de sabre, qui le réveille à force de morsures et le guide jusqu'à la tanière du yéti. On s'attendrait alors que l'auteur nous explique que les gnoblars ont péri des heures plus tôt, victimes des éléments déchaînés. Comment auraient-ils pu en effet survivre à une escalade capable d'épuiser un chasseur ogre à ce point? Et bien non, pas du tout, ils vont très bien (peut-être un peu froid tout de même), et arrivent dans la caverne quelques instants plus tard. Et quand Smillie fait dire à Darhur qu'il « les avait oubliés », comme pour justifier cette apparition miraculeuse, j'y vois comme un aveu de l'auteur de sa propre omission.

Finalement, l'inévitable confrontation entre le chasseur et sa proie se produit, et bien que souffrant des mêmes défauts que les reste de la nouvelle (narration hachée, faux-raccords, personnages « abandonnés » en cours de route), ce duel au sommet, dans tous les sens du terme, s'achève sur la victoire indiscutable de l'un des deux camps (ce qui constitue une petite satisfaction pour le lecteur, rendu méfiant à ce stade de la nouvelle). On s'attend alors à ce que l'auteur embraye sur une conclusion, son héros ayant accompli la quête qui lui était échue. Sauf que non. C'est pas fini. Loin de là. Smillie sort de son chapeau rien de moins qu'un géant de pierre affamé invoqué par un mage humain, paire improbable qui fera office de véritable boss de fin pour Darhur et ses sidekicks.


Évidemment, on ne saura jamais pourquoi le sorcier a pris la peine de se rendre à cet endroit (ni comment il a pu y arriver) pour bosser ses incantations, ni ce qu'il comptait faire de son golem. Ce dernier, construction magique, a d'ailleurs besoin de manger les bestioles hypnotisées par l'enchanteur (c'est alors qu'on comprend pourquoi le Cannibale avait soudainement développé une telle passion pour l'alpinisme) pour maintenir son intégrité... à moins que ce soit par pure gourmandise. Ce n'est pas expliqué non plus. Bref, c'est la fête du slip, mais Darhur, sans doute aussi surpris que le lecteur, se contente de foncer dans le tas, ce qui constituait sans doute la meilleure chose à faire pour lui. Heureux l'esprit trop étroit pour le doute, comme dirait l'autre.

Au final, on ressort franchement étourdi de Mountain Eater, nouvelle dont le niveau de n'importenawak ne cesse de grimper de la première à la dernière ligne. Plus fort que le TGCM, plus fort que le Deus Ex Machina, il y a Andy Smillie et sa terrifiante technique de « zapping narratif », le pire étant sans doute qu'il ne semble même pas avoir conscience des énormes lacunes dont son texte recèle. On ne peut qu'espérer qu'il corrige le tir dans ses prochaines livraisons, sans quoi il pourrait fort venir concurrencer Sarah Cawkwell pour le titre de pire auteur en activité de la BL.

En conclusion, un numéro encore une fois très contrasté, French et Dembski-Bowden compensant tant bien que mal les errements des deux Andy (Hoare et Smillie), avec du Counter fidèle à lui-même, c'est à dire moyen, pour équilibrer le tout. À la prochaine!

Schattra, qui oublie des trucs aussi

Modifié par Schattra
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  • 2 semaines après...
Marrant, ton public semble avoir déserté, alors que tu lutte pour conserver ta chronique en vie. Une bonne occasion pour surgir du néant et faire entendre la voix de la partie silencieuse des lecteurs avides de ton travail.

Que dire ? Je ne poserais probablement jamais les mains sur Hammer and Bolter, mais bon Dieu, que j'aime lire ces résumés ! Ils se suffisent presque à eux mêmes, tant tu arrive à capter la trame de l'histoire dans tes critiques. La précision des anecdotes rapportées, le condensé de la personnalité des personnages, l'humour et le style font de ton travail plus qu'une annexe aux récits, mais un récit à part entière.

Alors oui, je souhaite, tant que tu le pourras, que tu conserve l'envie et l'intérêt que tu as pour cette chronique, parce que c'est un vrai régal !
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Heureusement qu'ils ont arrêté les H&B car avec 9 mois d'attente entre deux critiques d'un recueil mensuel, ce sujet serait devenu le tonneau des Danaïdes. :whistling: Pour autant j'apprécie toujour autant tes critiques de cette revue que j'ai pourtant téléchargé mais dont j'ai passé toutes les nouvelles n'ayant pas pour sujet l'Hérésie d'Horus.
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Et bien merci à tous pour ces retours positifs, qui m'incitent fortement à commencer la lecture et la chronique du prochain numéro de Hammer & Bolter. L'objectif étant de boucler la première année et de tirer le bilan de ces douze premiers mois avant de, peut-être, repartir sur une nouvelle saison.

 

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Que dire ? Je ne poserais probablement jamais les mains sur Hammer & Bolter, mais bon Dieu, que j'aime lire ces résumés ! Ils se suffisent presque à eux mêmes, tant tu arrive à capter la trame de l'histoire dans tes critiques. La précision des anecdotes rapportées, le condensé de la personnalité des personnages, l'humour et le style font de ton travail plus qu'une annexe aux récits, mais un récit à part entière.

 

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Mais tu as beau poster tous les 36 du mois, c'est toujours un plaisir à te lire :).

 

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Je te lis depuis le premier numéro, et c'est toujours aussi drôle.

 


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Marrant, ton public semble avoir déserté, alors que tu lutte pour conserver ta chronique en vie.


Mais non, il est toujours là, la preuve! Et je comprends bien que tout le monde n'ait pas le temps/l'envie/l'inspiration de poster un retour après avoir lu (moi le premier d'ailleurs). C'est pour ça que le compteur de vues à été mis en place, non? Et puis j'ai fait mienne la devise de Guillaume d'Orange: il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Bref, même si j'apprécie grandement avoir des retours, je suis prêt à continuer mon job même dans l'indifférence (relative), car j'aime chroniquer les romans et nouvelles de la BL. Surtout quand ils sont mauvais.
 

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Heureusement qu'ils ont arrêté les H&B car avec 9 mois d'attente entre deux critiques d'un recueil mensuel, ce sujet serait devenu le tonneau des Danaïdes.


Voilà, j'ai envoyé un mail à la direction de la BL, et ils ont accepté de mettre la revue en latence le temps que je réduise mon écart de quelques années. Ils sont bien gentils. Blague à part, j'ai constaté qu'en effet le dernier numéro de H&B datait de novembre 2012, et bien que personne n'ait (à ma connaissance) communiqué sur un éventuel arrêt du webzine, il semble bien que le successeur d'Inferno! a connu le même destin que son grand frère. Triste, surtout que les coûts de production devaient être bien plus limités que pour un tirage papier, mais c'est la crise...

Bref, merci encore à tous ceux qui ont pris le temps de lire mes bêtises, qu'ils aient jugé bon d'y répondre sur ce thread ou non. J'espère que la prochaine chronique ne prendra pas aussi longtemps à arriver que la précédente, mais je préfère ne rien promettre.

Schattra, l'homme qui tirait sur les charrettes de Morr

Modifié par Schattra
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Ah mais, ce n'est pas parcequ'on ne répond pas (que dire, en même temps ?) qu'on ne lit pas. C'est toujours avec joie et frénésie que je retrouve cette chronique, qui est surement dans le top 5 des trucs à suivre juste après le [i]joueur du grenier[/i] (et juste avant Usul donc).

Bref, vite vite, un prochain numéro :angry: .
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  • 3 mois après...
Ce qui est bien avec Schattra, c'ets qu'en revenant sur le forum après une absence de 9 mois, on n'a qu'une seule chronique à relire ! Tant que ton rythme de parution suit mon rythme de passage, sois certain que je serai toujours là :D
C'est encore et toujours un délice de te lire, Schattra. FreDrich te compare à l'Odieux Connard - et en cela je trouve qu'il n'a pas tort - mais tu as les avantages non négligeables :
- d'être de bonne foi (ça aide paraît-il) ;
- de faire des recherches (l'enquête au sujet de l'auteur de ce roman catastrophique me rappelle tes grande sheures de journalisme ^_^ ) ;
- et surtout de causer littérature ! Et mine de rien, ça rend le propos bien plus élevé et agréable.

Alors merci et encore, et à dans neuf mois ! Ou plus tôt j'espère :P
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