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Les poèmes de Bombur


Bombur

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Je crée ce sujet pour vous faire partager mes écrits et lire vos avis ; ils sont classés dans l'ordre chronologique, il est donc normal (j'ai écris le premier il y a plus de deux ans) que tous ne soient pas de la même qualité :ph34r: .



[center][font="Book Antiqua"][b][size=7]POUR UN GARS QUE T'AIMES VRAIMENT PAS[/size][/b]

Hé mec, j'aimerais tellement te voir empaillé,
Dépérir dans une prison aux murs délabrés.
Des traces de pneu sur ton ventre éclaté,
Joyeux spectacle sur la route étalé.
Tes tripes répandues par les chiens avalées,
Ta langue pendante par un vautour arrachée
Et tes yeux vitreux et exorbités
Engloutis par un corbeau affamé.

Mec, je voudrais te voir saisi par la frayeur,
Mec, je voudrais te voir tordu par la douleur.

Juste bon à crever tout au fond des égouts,
Même les asticots vomissant de dégoût
En voyant ta face déformée,
Crasseuse, puante et putréfiée.

Mec, je voudrais te voir souffrir,
Mec, je voudrais te voir mourir.

Enfin, tu te noieras dans ta propre pisse
Car c'est pour toi ce que prédisent les auspices,
Et tu croupiras dans ta propre chiasse
Comme un vieux scato faisant de la brasse.


[b][size=7]LA NUIT[/size][/b]

La Nuit est la noire sœur du Jour,
Tant son complément que son contraire
Et qu'il soit doux ou qu'il soit amer,
C'est sous ce sombre drap de velours
Que bien souvent s'exprime l'amour.

Mais s'il est vrai que la Nuit est fort belle,
C'est aussi la mort au coin des ruelles,
Lame blanche au clair de lune,
Luisante d'un éclat blafard,
Taillant ton flanc comme du lard,
Surgit d'une sombre brume
Car du manteau de ténèbres
Jaillit la douleur funèbre.

Enfin, la Nuit est également le royaume du mystère
Où créatures de légendes oubliées se montrent au grand air ;
Orion et Cancer, Hydre et Sagittaire descendent du firmament
Pour arpenter une fois encore les sentiers des hommes dormant.
Qui sait quels trésors cachés recèle la nocturne noirceur ?
Seul les découvrira qui de la pénombre a vaincu sa peur.


[b][size=7]RÊVE DE LIBERTÉ[/size][/b]

Je voudrais voler libre comme l'air
Tel un faucon loin au-dessus des terres.
Je voudrais tellement partir
Loin de cette prison qui me fait tant souffrir ;
Coincé entre ces quatre murs dans un espace si restreint,
Seul, sans aucun contact humain.
Depuis combien de temps suis-je ici enfermé ?
Je ne saurais le dire, j'ai perdu le compte des années.
Que ne donnerais-je pas pour revoir un visage ?
Mais non, je dois en rester aux mirages
Suscités par la folie qui me prend quelques fois
Quand ma raison me lâche tout au fond de moi.
Au lieu de ça, chaque soir, ou chaque matin,
Je ne saurais le dire, jamais plus la lumière ne m'atteint,
La nourriture m'est apportée par une main
Passant par un trou, je ne sais pas à qui elle appartient.
Je ne sais plus pourquoi je suis ici,
Il est passé trop d'années de folie,
Je ne me rappelles plus de la couleur du ciel,
Je ne me souviens plus du bruit du vent,
Je voudrais tant avoir des ailes
Pour m'envoler par-delà l'océan,
Seul l'espoir me fait vivre,
Je rêve de revoir les miens,
Les souvenirs m'enivrent
Quand je suis seul, face à mon destin.
Je voudrais voler libre comme l'air
Tel un albatros loin au-dessus des mers.


[b][size=7]AUTOMNE[/size][/b]

Soir d'automne baigné par le dernier filet de lumière estivale,
Les ombres s'allongent au-delà des monts et la pénombre emplit le val.
Les feuilles chutent au-dehors,
Pluie de rouges, d'ocres et d'ors.
Mélancolie de la chaleur qui s'abandonne à l'hiver
Abandonnant au sol les fastes de l'été et ses verts...
Les derniers fruits parsèment le sol,
Balayés par les frais vents d'Éole :
Marrons et châtaignes dans leurs bogues piquantes
Et pommes juteuses dans leurs robes brillantes ;
Une humide et froide pluie arrose la terre,
Tant boueuse aujourd'hui qu'elle était sèche hier.
Automne, tu es comparable à un empire en décadence,
Fastueux encore au moment où s'amorce la déchéance.


[b][size=7]TREIZE PIEDS SOUS TERRE[/size][/b]

En ce mois de mars j'étais parti loin de chez moi
Rallier en campagne l'immense armée de mon roi.
Ensembles, nous marchâmes ensuite sur l'ennemi,
Avides d'en découdre pour revoir nos familles.
Nous rencontrâmes enfin notre puissant adversaire,
Sous peu les généraux nous pousseront à la guerre,
L'espace résonna alors d'un unique cri
Lequel fut pourtant poussé par de multiples voix ;
Lorsque soudain en face retentit pareil bruit
Nous sûmes qu'il était temps et prîmes nos pavois.

Dans les cultures le massacre allait commencer,
Nous nous rapprochâmes lentement de la mêlée ;
Là, les sifflements des flèches étaient ceux des bassons
Et les cordes des arcs étaient celles des violons.
En ce triste endroit où la bataille faisait rage,
J'eus envie de cette partition tourner la page,
Mais bientôt, chargeant sous les oriflammes écarlates,
Je me joignis aux sons de cette triste sonate.

Quand je tombai, frappé par un silencieux tranchant,
Je vis, si sombre, splendide et terrible en même temps
Que nul homme la voyant n'eut gardé son cœur vaillant
Mort implacable s'élevant au-dessus des champs
Obscurcissant les cieux de son immense noirceur.
Nul regard pour mes frères dans la plaine gisant,
Là, au milieu du combat, était venue mon heure,
Une fois encore Thanatos était gagnant.

L'Esprit m'emporta alors vers de plus mornes terres,
Au grand fracas des armes succéda le silence,
Le sol était crevassé et plus noir était l'air
Que l'âme du Démon où lumière est en carence.
Et j'avançai longuement sans rien voir devant moi
Jusqu'à ce qu'à terme j'entende un sinistre glas :
Marchant sur les berges d'un long fleuve aux rives sombres,
Car voici le Styx, où les non-vivants vont sans nombre,
Venait Charon, passeur à la cloche ténébreuse
M'invitant à monter dans sa barque silencieuse ;
Et il s'éloigna bientôt, muette traversée,
Laissant les âmes en peine qui n'avaient point payé.

Bénissant la pièce dans mon armure égarée,
Je vis sous peu les portes des Enfers se dresser,
Titanesque seuil de métal dans la roche ancré,
Debout sur ses gonds d'or depuis des milliers d'années,
Bâti pour résister aux pires monstres créés,
Durant tout ce temps aucun n'avait pu l'ébranler.
Mais moi, simple mortel, je le franchis sans écueil,
En entrant, je n'osai regarder que d'un œil,
Sans âge, impassibles dans leur séculaire attente,
Les visages de Minos, Éaque et Rhadamanthe,
Sur leurs trônes d'ébène les trois grands juges assis
Qui du haut de leur estrade allaient juger ma vie.


[b][size=7]ODE AUX IGNARES[/size][/b]

Ô incompétence, ô effarantes lacunes,
Regardez donc les gens s'esclaffer en tribune...
Car voici la plus fervente de vos servantes :
Elle dit tant de conneries qu'elle les chante.
Chez vous on croirait s'enfoncer dans la lagune
Tant vos idioties forment un bouillon épais,
Si horribles qu'on voudrait hurler à la lune,
Si désespérantes qu'on ne peut croire vraies.
C'est pourtant le cas... Seriez-vous une génisse
À avancer ainsi dans vos bouses orales ?
Ajoutons aussi qu'en voyant vos goûts de pisse
On pourrait penser voir un mauvais carnaval ;
Et, aussi ineptes que vous êtes inapte,
Vos dires font plus niais qu'avant de vous croiser.
On aurait bien engagé quelqu'un pour un rapt
Si, vous observant, ils n'avaient tous décampé :
Qui pourrait leur en vouloir de ne point vous prendre ?
Fardeau ridicule, vous devriez vous pendre.
Fuyons, compagnons, si nous ne voulons être réduits à l'état de mollusques lymphatiques ;
Quittons ces lieux de perdition avant de parvenir à ce triste point de déchet toxique !


[b][size=7]DANSETEMPÊTE[/size][/b]

D'une sombre beauté sous la Lune argentée,
Marchant dans la plaine dessous la Lune pleine,
Sang quittant ses veines, Lune pleurant sa peine,
Alors souffle Borée sous la Lune étoilée.

Sous la pluie battante, la jeune fille avance
Mais le dieu tonne et vente, ses habits claquent et dansent ;
Elle rit, elle chante, ne craint point les offenses,
Vent du Nord, pluie mordante, la jeune fille avance.

Grimpant sur haut rocher, saluant éléments,
Tornade et ouragan, tempête déchaînée.
À gorge déployée, de sa voix entonnant
Et hymne glorifiant, et sourde mélopée.

Tonnerre détonant et éclairs foudroyants
Contre vents et marées de ses chants a calmés ;
Bruits s'évanouissant, vacarme descendant
Lorsque s'endort Borée, sa fureur apaisée.

Mais la vie s'écoule par son bras écorché,
Sa conscience coule, bientôt elle est tombée ;
Là il s'est approché, secours lui sera porté :
Qui les a tous sauvés sera aussi aidée.


[b][size=7]LE MERCENAIRE[/size][/b]

Je suis chez moi, Soleil levant,
Je me tiens debout dans les champs,
Un corps dans mes bras est mourant,
Autour trois autres trépassant,
Vin de leurs veines rougissant
Épis de blé nous entourant.
Deux sont ma sœur et son amant,
Et les autres sont mes parents.

Pour eux j'aurais versé mon sang,
Mais c'est le leur qui se répand.

Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de l'être humain.
Dans ce sillon abreuvé par ma haine
S'écoule le sang rouge de la terre.
Dans ce sillon abreuvé par ma peine
S'écoule le sang rouge de ma mère.
Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de tous les miens.

J'aimerais tant pouvoir recommencer,
Faire revenir ceux que j'ai tués ;
Effacer mes erreurs et le passé,
Pouvoir refaire les choix que j'ai ratés
Alors que je ne peux que regretter
D'avoir servi seigneurs et leurs armées,
Haïr tout ce temps que j'y ai passé,
Mais hélas, je ne peux plus l'empêcher.

Je suis parti, j'avais vingt ans,
Et richesse et gloire voulant,
Quittant terre de mes parents
Et aux armes ma vie vouant.
J'ai pris des vies, brûlé des gens,
Tué des femmes et des enfants ;
Fondé renommée sur le sang,
Membres tranchant, têtes coupant.

Je fus engagé par les rois
Pour abattre leurs ennemis,
Pour laisser leurs cadavres froids,
Massacrer leurs fils et leurs filles.
Raser les cités et les villes,
Incendier les citadelles ;
Tuer cent femmes, en violer mille,
Puis torturer les jouvencelles.

J'avais de l'or et de l'argent,
Et des saphirs, et des diamants.
J'étais connu, j'avais vaincu
Tout adversaire que j'aie eu.
Pourtant malgré tous mes talents,
Malgré mes rutilantes gemmes
Me restait le plus menaçant :
Ne m'étais pas vaincu moi-même.

Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de l'être humain.
Dans ce sillon abreuvé par ma haine
S'écoule le sang rouge de la terre.
Dans ce sillon abreuvé par ma peine
S'écoule le sang rouge de ma mère.
Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de tous les miens.

J'aimerais tant pouvoir recommencer,
Faire revenir ceux que j'ai tués ;
Effacer mes erreurs et le passé,
Pouvoir refaire les choix que j'ai ratés
Alors que je ne peux que regretter
D'avoir servi seigneurs et leurs armées,
Haïr tout ce temps que j'y ai passé,
Mais hélas, je ne peux plus l'empêcher.

Insatiable était ma faim,
J'en voulais plus et jamais moins.
Pouvoir multiplier mes gains
Par le sang que j'ai sur les mains.
J'ai parcouru l'Europe entière,
J'ai navigué sur bien des mers,
J'ai gravé mon nom sur la terre,
Et par l'acier et par le fer.

Je fus mandé par un baron
Pour mettre fin à un conflit :
Je devais détruire une famille
Dont il voulait les plantations ;
Ils étaient libres, dans leur droit,
D'autres auraient refusé, pas moi.
Les faibles sont faits pour mourir
Et les forts sont faits pour occire.

Je suis parti tard dans la nuit,
J'ai pris le chemin de leur ferme.
J'avançai sous Lune qui luit
Pour mener ma mission à terme.
Les assassinant en silence
Sans qu'ils poussent le moindre cri,
Dans le noir, d'un seul coup de lance,
Sans savoir, aux miens j'ôtai vie.

Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de l'être humain.
Dans ce sillon abreuvé par ma haine
S'écoule le sang rouge de la terre.
Dans ce sillon abreuvé par ma peine
S'écoule le sang rouge de ma mère.
Ce sillon que j'ai creusé de mes mains
Draine le sang rouge de tous les miens.

J'aimerais tant pouvoir recommencer,
Faire revenir ceux que j'ai tués ;
Effacer mes erreurs et le passé,
Pouvoir refaire les choix que j'ai ratés
Alors que je ne peux que regretter
D'avoir servi seigneurs et leurs armées,
Haïr tout ce temps que j'y ai passé,
Mais hélas, je ne peux plus l'empêcher.

Je suis chez moi, Soleil levant,
Je me tiens debout dans les champs,
Un corps dans mes bras est mourant,
Autour trois autres trépassant,
Vin de leurs veines rougissant
Épis de blé nous entourant.
Deux sont ma sœur et son amant,
Et les autres sont mes parents.

Je pleure ceux que j'ai tués,
Et me jette sur mon épée.


[b][size=7]AVALMAR[/size][/b]

À l'abri de ses murs bâtis pour résister
Du granit le plus dur qui puisse se trouver
Est logée Avalmar, imprenable cité,
Lumière dans le noir au soir d'un jour d'été.

Ô puissante Avalmar, quelle joie que de vivre
Derrière tes remparts desquels parlent les livres,
Protecteurs assurés de nombreuses merveilles
D'une immense beauté à nulle autre pareille.

La splendeur céleste de tes monuments
A résisté à la peste, aux outrages du temps
Pour qu'à jamais restent ces ouvrages brillants
Miroitant à l'Ouest sous le Soleil couchant.

Avez-vous déjà vu la Citadelle aux Vents
Se dresser invaincue sous le Soleil levant,
Ou encore aperçu la haute Tour des Anges,
Ses cantiques entendus, ses célestes louanges ?

Avez-vous déjà vu le Temple du Soleil
Dresser sa flèche aiguë au chapiteau vermeil ?
Ses murs sont parcourus des reflets irisés
De la lueur ténue de l'aurore embrumée.

Avez-vous arpenté le quartier commerçant
Faiblement éclairé par les éclats dansants
De lumière orangée des lampions qu'on suspend
Quand la nuit est tombée sur la Cité d'Argent ?

Traversant ma ville, sinuant en son centre,
Large, clair et tranquille, étalant ses méandres,
Serpente l'Esseval, fleuve septentrional
Dont les eaux de cristal baignent le port fluvial.

Le long de ses rives je me suis promené
Où les carpes vives se peuvent contempler.
Sous les saules pleureurs je me suis reposé,
Là où toujours mon cœur s'est senti apaisé.


[size=7][b]UN JOUR EN FORÊT[/b][/size]

À l'aube le Soleil darde ses rayons blancs,
Éclaire du ciel vermeil la forêt s'éveillant.
Les vertes frondaisons masquent l'astre du jour ;
Au sol les tendres mousses, ce doux drap de velours,
Où les fleurs s'entrouvrant écartent leurs sépales
Qui cachaient jusqu'alors une beauté si pâle,
Se couvre de taches de lumière dansantes.
Sur les hautes cimes les petits oiseaux chantent.
La rosée limpide des fougères émeraudes
Choit dans les eaux vives du ruisseau cristallin,
Les bourgeons éclosent dans l'air frais du matin.
Puis la journée s'étale et les heures se font chaudes.

Dans les anciens arbres, maintes fois centenaires,
Monte avec la sève la force séculaire,
Profondément enfouie, subtilement cachée,
S'éveillera pourtant si elle est convoquée.
Gardienne de ces lieux, puissance de la terre,
Qui préserve la paix et éloigne la guerre
Mais peut à l'occasion devenir meurtrière
Quand ils sont menacés par les armes ou le fer.
Car les fûts sont robustes et les grands troncs sont forts,
Les racines profondes et les branches solides.
Qui, aux desseins obscurs et à l'âme perfide,
Pénètre en le grand bois jamais plus n'en ressort.

Maintenant le Soleil arrive à son zénith,
Depuis la canopée monte une mélopée :
Ses sylvains habitants vont accomplir leurs rites.
Les satyres ont lancé sarabande effrénée,
Leurs compagnes les suivent en gracieuse envolée,
Nymphes aux corps graciles d'une svelte beauté.
Et danse, danse, ô toi, dryade échevelée,
Le Soleil brille pour toi mais tu l'as éclipsé.
Ô toi, éclatante, rayonnant de lumière,
Ô toi, scintillante, dansant dans la clairière,
Au cœur de la forêt tu m'as ravi le mien,
Autour de mon être tu as tissé tes liens.

Vient maintenant la nuit terminer la journée,
Couvrir d'obscurité le profond val boisé.
Les bêtes nocturnes vont venir relayer
Les animaux diurnes, eux qui sont fatigués ;
Cette sombre sylve sera ce soir emplie
D'étranges volatiles ululant à tout va
Et de grands quadrupèdes aux griffes de furie
Arpentant les sentiers, recherchant une proie.
Mais la fête mystique est toujours animée
Et elle durera de longues heures encore
Jusqu'au lever du jour, la rougeoyante aurore,
Pour à midi demain, à nouveau commencer.


[b][size=7]JE VEUX[/size][/b]

Marcher jusqu'au Soleil,
Voler jusqu'à la Lune,
Te conter leurs merveilles
Un soir parmi les dunes.

Monter jusqu'aux étoiles,
Ramener leur lumière
Pour t'en tisser un voile,
Mon démon du désert.

Te faire une couronne
Des rayons de l'aurore
Et des vents d'un cyclone
Te porter ce trésor.

Partir vers l'inconnu,
Relever des défis ;
Je ne suis point perdu
Dès lors que tu me suis.

Voyager sur la Terre,
Rechercher des secrets,
Naviguer sur les mers
Où les bateaux sombraient.

Danser autour du feu
Dans la plaine, la nuit ;
Soyons toujours heureux
Quand l'étincelle luit.

Respirer la forêt
Et les aiguilles de pin
Quand souffle le vent frais
Dans l'air froid du matin.

Manger le tendre fruit
À l'arbre de l'amour ;
Qu'importe ce qui suit,
Je le saurai un jour.


[b][size=7]Ô MA MUSE[/size][/b]

Nuit d'encre, nuit obscure, ocre désert brûlant
Aux deux oasis purs brillant tels des diamants
Sur mon esprit inscrivent en lettres de sang rouge
Tant de poésie vive en ma plume qui bouge.
Ardent cœur poète si prompt à t'emballer,
Suis le cœur en fête cette belle envolée ;
Je soupire après toi mais tu t'es refusée
Au cœur chaud resté froid du feu qui l'a quitté.
Ô ma lune, ô ma muse, éclairant mon chemin,
Tu distilles et infuses en mes vers un destin
Où l'inspiration veille au tracé de ma main.
Incandescent soleil aux beaux rayons carmins
Mettrais fin de tes lèvres aux ténèbres où je suis
Au lieu d'être orfèvre du revers que j'essuie.
Mais tu es, naïade, toujours là sous ma mine :
Une fois dryade, quelques fois héroïne,
Surtout jeune fille parmi tant de merveilles,
Et toujours plus jolie, à nulle autre pareille.


[size="7"][b]APOCALYPSE[/b][/size]

[size="4"][b]TÉNÈBRE[/b][/size]
Rampe et mange tout être, engloutis la lumière,
Dévore le monde, la vie est éphémère,
Bois océans et mers, et avale la terre,
Déchire ciel et sol, déchaîne les Enfers ;
Croîs, Ténèbre infinie, couvre d'obscurité,
D'effroi funeste emplis les mortels apeurés.
Meurs et désespère, le temps s'arrête ici,
Le moment est venu de détruire la vie.

[size="4"][b]MORT[/b][/size]
La Mort vient ici-bas en manteau de ténèbres,
Elle apporte la ruine et la douleur funèbre,
Contemple-la, mortel, la Briseuse de rêves :
Sous son destrier noir, des os nus sur la grève,
Sur la hampe en sa main, fer aux sombres desseins
Pour moissonner les âmes et faucher les destins ;
Parcourant au galop, sinistre chevauchée,
Tristes paysages d'un silence embaumé.

[size="4"][b]GUERRE[/b][/size]
Ensuite vient la Guerre au cheval écarlate,
Le fracas des armes, tonnerre qui éclate,
Sur son chemin grondant retentit fracassant
Dans un sillon de flammes, un orage de sang.
Ennemi ou allié, plus rien n'a d'importance,
C'est le temps de l'épée, c'est le temps de la lance ;
Le frère tue le frère et le fils tue le père
Quand rit le cavalier en égorgeant la mère.

[size="4"][b]FAMINE[/b][/size]
La Famine arrive sur son palefroi gris :
Le visage émacié, un regard de folie,
Ses yeux étincellent, roulent dans leurs orbites,
Sur son chemin fatal, les vivres périclitent.
La faim vide les villes, convois de macchabées ;
Quand les cadavres eux-mêmes auront été mangés,
Les parents rendus fous mangeront leurs enfants
Dans un repas macabre au Dernier Jugement.

[size="4"][b]PESTILENCE[/b][/size]
La Pestilence est là, arrive enfin ici,
Vent putride apportant plus de cent maladies
En courant infectieux traîné par sa monture,
Tel le ver sur la plaie, le pus dans la blessure,
Et sur ce cheval pâle est dressé un cadavre.
Contre ce souffle infâme, il n'existe nul havre ;
Choléra, peste et lèpre épandant dans la nuit
L'hécatombe infecte décimant vos familles.

[size="4"][b]ARMAGEDDON[/b][/size]
Noire porte d'Érèbe, ouvre-toi devant moi,
Libère le passage à mes troupes et leur roi,
Incubes, succubes, mille et mille démons
Jaillissant de l'abîme au glas d'Armageddon.
Marchez, pillez, brûlez, mes légions infernales,
Satan et Belzébuth, Astaroth et Bélial
Marchent à nouveau libres pour que le Mal domine,
Détruiront le monde, danseront sur ses ruines.


[size="7"][b]ENNUI MORTEL[/b][/size]

Tu connais, n'est-ce pas, ce sentiment horrible
T'annonçant la venue d'heures longues et pénibles.
L'ennui arrive, une brume lourde qui tout emplit.
Tu n'entends plus, tu ne vois plus, tu cherches à t'échapper,
Mais tu ne peux pas dormir, juste subir, c'en est assez.
Mais tu dois rester. Alors, tu prends ton visage dans tes mains blêmes.
Tu ne fais plus rien. Tu ne penses à rien. La flemme.
Ton imagination commence à mourir, même.
Alors, dans un dernier sursaut, j'écris ce poème.


[size="7"][b]ALEXANDRE[/b][/size]

Il est né en prince d'un royaume du Nord,
Descendant de héros ne craignant point la mort.
Son père vint au Sud guerroyer dans la gloire ;
Unifiant le pays, il fit naître un espoir :
Un empire serein dans la paix unissant
La Grèce hellénique aux confins de l'Orient.

Et le charme en les yeux de l'enfant.

Puis les ans passèrent, le vieux roi s'éteignit,
Le fils, son temps venu, la couronne ceignit.
Marchant sur la Perse, débarquant en Asie,
Il renversa Darius, écrasa l'ennemi,
Libéra l'Égypte du joug achéménide,
Fut sacré pharaon, en chassa les avides.

Et nos armes, et nos dieux, et nos gens.

Poursuivant sa route vers le Soleil levant,
Le monarque invaincu, l'empereur conquérant,
Se battit en Inde, fit face aux éléphants.
Mais ses hommes épuisés du périple éprouvant
Demandèrent à rentrer pour revoir leurs foyers ;
Alors il renonça et le camp fut levé.

Le vacarme, et le feu, et le sang.

Il partit vers l'Ouest, traversa le désert,
Joignit Babylone, la cité millénaire,
Où par la maladie il nous fut enlevé.
Le meurtre ou le hasard n'ont été révélés ;
Sa mort comme sa vie en éclair est passée,
Mais pour l'éternité ses exploits sont gravés.

Et les larmes, et l'adieu au mourant.


[size="7"][b]DAME DES SONGES[/b][/size]

Dame des Rêves, marche en la nuit,
Dame des Songes, marchant sans bruit,
Arpentant les flots, vêtue de brume,
Ah... viens, viens à moi, fille de l'écume.

Par trop longtemps je t'ai attendue,
Seul dans le noir, navire isolé :
Un fol espoir, lumière ténue,
Me guidant outre écueils acérés.

Mais fi du passé, tu es venue,
Sous l'éclat lunaire, au clair d'argent ;
Ô damoiselle du cours dormant,
Monte à mon bord porté aux nues.

Contemplons un moment le jais du firmament
Dont l'astre retrouvé éclaire les amants,
Et franchissons le seuil de ma loge boisée,
Je mettrai en perce le grand cru de l'aimée.

Portons à nos lèvres, buvons jusqu'à la lie
Le calice d'Éros où le destin se lit.
Belle, j'ai vu l'amour. Ha ! Que ses liens nous lient !
Que la robe de soie reste au pied de ce lit.

Ensembles, douce amie, allumons les étoiles !
Faisons briller le feu plus vif que le Soleil
D'un baiser langoureux puis d'un autre pareil,
D'une étreinte infinie que nulle ombre ne voile.


[size="7"][b]L'ERG DU SCORPION[/b][/size]

Va au Sud, voyageur, aux confins de ce monde,
Plus loin que la grande eau, la Mer de Gamarönd,
Que les Terres de Feu, les pics des Dendragon.
Alors tu le verras, le grand Erg du Scorpion.

Par-delà le Grand Fleuve, une étendue de terre,
Sur son sable doré, il n'est point de rivière,
Aux jours au ciel azur sous un Soleil brûlant
Succède une nuit claire à la Lune diamant.

Prends garde, voyageur, sur ces terres trompeuses :
Le pays est changeant, sa traversée périlleuse.
C'est le fief d'Ajsatsan, le Démon du Désert,
Maître des illusions, il est ombre et lumière.

Réveillé un matin aux rayons de l'aurore,
Tu ouvriras les yeux et tu verras alors
Que les lieux ont changé le temps de ton sommeil
Et qu'elle a disparu, la piste de la veille.

Tu verras sans comprendre un soir sous les étoiles
Qu'au loin à l'horizon le firmament se voile ;
La tempête se lève en tourbillons sablants
Pour te perdre à jamais dans les dunes et les vents.

Tu verras apparaître un palais mystérieux,
Des fontaines d'eau fraîche attirant l'audacieux.
Tu te croiras boire mais tu ne boiras point
Et quand tu seras mort, plus de palais, plus rien.

Tu verras un instant, fugace et incertain,
T'observer en silence puis s'éclipser soudain
D'étranges silhouettes aussi sombres que suie :
Elles te rendront fou, te dévorant l'esprit.

Ou peut-être... improbable... il est imprévisible,
Que le Djinn amusé te deviendra visible,
En homme ou en fumée, en oiseau coloré,
Pour se rire de toi ou un don t'accorder.


[size="7"][b]ÉTOILE OBSCURE[/b][/size]

[size="4"][b]ARRANGEMENT PREMIER[/b][/size]
C'est un pays sombre et lointain
Au pied des hauts pics enneigés,
Où les eaux sommeillent en silence,
Froides comme mort et hiver,
Profondes comme âme et amour.

Derrière les Portes d'Airain,
Vallée où les ombres ont sombré,
Couverte d'une forêt dense
Aux arbres dix fois millénaires,
Oubliée de l'astre du jour.

Par-delà océans et mers,
Il me faut aller maintenant
Là où le monde se termine,
Au-delà du temps, de l'esprit,
Des rayons de l'aurore rouge.

Là où le ciel touche la terre,
Entre deux monts aux sommets blancs,
Est sis sculpté le seuil en ruine
Des hauts battants, jadis bâti
Par des géants maniant la gouge.

Puis le franchir sans hésiter,
Traverser ces lieux incertains :
Le val, et les eaux, et le bois ;
Avancer, sans plus de retour,
Aller, d'une démarche franche.

Alors, tout au bout du sentier,
Je pourrai lui tendre la main
Et, sinon parler sans effroi,
Au moins, lui parler sans détour,
L'Étoile Obscure en mes nuits blanches.

[size="4"][b]ARRANGEMENT SECOND[/b][/size]
Derrière les Portes d'Airain,
Au pied des hauts pics enneigés,
Est un pays sombre et lointain,
Vallée où les ombres ont sombré,
Couverte d'une forêt dense
Aux arbres dix fois millénaires,
Où les eaux sommeillent en silence,
Froides comme mort et hiver,
Profondes comme âme et amour,
Oubliées de l'astre du jour.

Par-delà océans et mers,
Il me faut aller maintenant
Là où le ciel touche la terre,
Entre deux monts aux sommets blancs,
Là où le monde se termine,
Au-delà du temps, de l'esprit,
Où est sculpté le seuil en ruine
Des hauts battants, jadis bâti
Par des géants maniant la gouge
Aux rayons de l'aurore rouge.

Puis le franchir sans hésiter,
Traverser ces lieux incertains :
Marcher jusqu'au bout du sentier
Pour pouvoir lui tendre la main ;
À travers val, et eaux, et bois,
Avancer, sans plus de retour,
Et, sinon parler sans effroi,
Au moins, lui parler sans détour ;
À elle, ces paroles franches,
L'Étoile Obscure en mes nuits blanches.


[size="7"][b]AKALLABÊTH[/b][/size]

[size="4"][b]M[/b][/size]ille eaux s'engouffrèrent quand Eru déchaîn[size="4"][b]A[/b][/size]
[size="4"][b]E[/b][/size]mbruns et écumes dans la Cité des Roi[size="4"][b]S[/b][/size] ;
[size="4"][b]N[/b][/size]úmenor la belle corps et biens disparu[size="4"][b]T[/b][/size].
[size="4"][b]E[/b][/size]ngloutit sous les flots, le pays fut perd[size="4"][b]U[/b][/size],
[size="4"][b]L[/b][/size]aissant voguer au loin et lui tournant le do[size="4"][b]S[/b][/size]
[size="4"][b]T[/b][/size]rois hommes, père et fils, formant fameux tri[size="4"][b]O[/b][/size].
[size="4"][b]A[/b][/size]mère souvenance en nos cœurs est son no[size="4"][b]M[/b][/size],
[size="4"][b]R[/b][/size]age, tristesse et peine ont pris le poids du plom[size="4"][b]B[/b][/size].
[size="4"][b]M[/b][/size]ais son haut sommet fier peut nous faire espére[size="4"][b]R[/b][/size] :
[size="4"][b]A[/b][/size]urait-il par miracle aux vagues résist[size="4"][b]É[/b][/size] ?


[size="7"][b]NOCTURNE[/b][/size]

J'ai toujours préféré la nuit au jour,
Son drapé noir et son velours ;
À la clarté cruelle et ses vérités
Les douces ténèbres aux mystères cachés.
J'aime contempler le ciel et les étoiles,
Sentir ma peau sous le mistral ;
Quand mes habits claquent au vent,
Humer l'air frais en chantonnant.
S'allonger sur la plage vide,
Une mer de jais sans une ride ;
Sur le sable seul ou à deux
Pour une nage en amoureux.

Bruisse la vie mon tendre amour
Et aimons-nous avant le jour !
Bruisse en la nuit mon tendre amant
Nos cœurs de concert battant !

J'ai toujours préféré l'argent lunaire
Aux flèches vives des ors solaires ;
Baiser des yeux le disque blanc
Loin de l'orgueil du rayonnant.
J'aime marcher dans les prés,
Sur l'herbe douce aller nus pieds ;
Boire à la source et puis entendre
Le hibou au plumage cendre.
En promenade dans la hêtraie,
Serrer la main de l'être aimé ;
Se balader sous les branches,
Sentir l'humus et les pervenches.

Bruisse la vie mon tendre amour
Et aimons-nous avant le jour !
Bruisse en la nuit mon tendre amant
Nos cœurs de concert battant !

J'ai toujours préféré un bar joyeux
Au travail morne et ennuyeux ;
Les rires éclatant en soirée
Aux sons banals de la journée.
J'aime sortir fêter la vie
Et boire une bière entre amis ;
Allez, que les verres s'entrechoquent
Jusqu'au bout de la nuit, jusqu'au chant du coq !
Allons dans la prairie allumer un brasier,
Viens ma belle, allons nous amuser ;
Et danse, danse, sous la Lune et le feu,
Que brillent, brillent, les flammes dans tes yeux !

Bruisse la vie mon tendre amour
Et aimons-nous avant le jour !
Bruisse en la nuit mon tendre amant
Nos cœurs de concert battant !


[b][size="7"]AUBE SOMBRE[/size][/b]

Le jour se lève, gris. Le jour ? Est-ce la nuit ?
Il semblerait que non. Les ténèbres s'en vont.
Mais nul Soleil ne luit, à jamais endormi.
Pas un bruit, pas un son, une chape de plomb.

L'aube se lève sombre et s'agrippent les ombres ;
L'eau elle-même dort, froide, glaçant les corps.
Et partout des décombres et des ruines sans nombre ;
Le vent seul souffle encor, dit que tout n'est pas mort.

Mais comment croire, frère, à la vie sur la terre
Quand le ciel même en nie l’existence au pays ?
Il pousse une bruyère à la couleur de verre,
Fantôme de l'ennui, hantant ces lieux tristes, sans bruit.

Triste est la contrée vide, et morts, secs, et arides
Les antiques collines et les creux des dolines ;
De l'Homme trop avide est le butin livide
Cette lande opaline arrosée par la bruine.


[size="7"][b]LE ROCHER DE L'AUBE[/b][/size]

Qui es-tu, toi au loin, perdue dans le brouillard,
Pâle silhouette sur un roc solitaire
Au milieu des vagues, sorti de nulle part
Quand perce les nuages une aurore éphémère ?

Quand les traits de Phœbus en faisceaux clairsemés
Font briller la brume comme l'or de Lydie,
Quand les flots s'illuminent en champ d'azur semé,
Tu apparais. Réelle ? Ou es-tu rêverie ?

Je ne saurais dire, mais ta beauté existe,
Une beauté fragile, une beauté d'hiver.
Tu ne rayonnes pas gouvernant les eaux tristes
En été égoïste illuminant la mer.

La lumière te suit sur les rails du destin,
Inondant ton visage et à nouveau donnée,
Plus belle à travers toi que l'astre du matin,
Que les diamants de l'Inde ou la Lune argentée.

Qui es-tu ? Tu possèdes, ô sirène éthérée,
Les attraits mystérieux de l'Orient et du noir,
La beauté ingénue de l'éternelle Actée.
Dis-le moi, inconnue, car je veux le savoir !


[size="7"][b]RÊVERIES[/b][/size]

Et pour chanter la mort et pour chanter la vie
Et tous mes amours de minuit,
Le sommeil de l'endormi,

J'écrirai des montagnes, j'écrirai des cascades
Que l'aube lie ensemble et que le soir saccade.

Et de ces mots je ferai une toile,
Dans les cieux noirs et vides je peindrai une étoile
Pour illuminer le monde
De l'âme que la plume sonde.

Pour chanter les sept mers, pour chanter l'océan,
Toutes les vallées des géants
Et les pleurs des quatre vents,

J'écrirai une pluie pour la Lune qui se lave,
Et des rêves aussi, et des glaciers de lave.

Et de ces mots je ferai une artère
Où coulent des enfants arrachés à leurs mères
Vers les futurs de jadis
Où les amants frémissent.

Pour chanter la gloire, pour chanter le tonnerre
Et tous les hommes de la guerre,
Les hauts exploits de nos pères,

J'écrirai des murmures, j'écrirai des secrets
Sur l'étang cristallin où les larmes tombaient.

Et de ces mots je ferai une tombe
Où le Soleil occis se couche sur les ondes,
Et loin au fond de la combe
J'irai enfouir l'immonde.


[size="7"][b]LE VAL DE SOMBRESEAUX[/b][/size]

Il y a longtemps, bien longtemps, avant l'Homme, avant le Nain,
Seuls chantaient et seuls couraient les torrents et les ruisseaux,
Et derrière les sommets, sous les falaises, les pins
Sommeillaient en silence dans le Val de Sombreseaux.

D'abord vinrent les bêtes, les ours, daims et sangliers,
Et au-dessus des cimes s'élevèrent les oiseaux.
Les bois étaient leurs cités, leurs forts des nids, des terriers,
Leurs batailles des chasses, dans le Val de Sombreseaux.

Le voyageur audacieux n'eut pu porter le regard
Sur un seul pré, un seul champ, un seul pâtre, un seul troupeau ;
Aussi loin qu'il eut cherché il n'eut pu apercevoir
Que la nature inviolée dans le Val de Sombreseaux.

Il eut été possible de se coucher et de voir
Dans le ciel nocturne et noir, sur la voûte tout là-haut,
Briller des milliers d'étoiles encor vierges de tout fard
Quand la nuit était claire dans le Val de Sombreseaux.

Seconds vinrent les Hommes, pionniers braves et forts ;
Et dans la vallée riante, ils plantèrent leur drapeau ;
Ils y furent tant séduits que de pierres et d'efforts
Une ville fut bâtie dans le Val de Sombreseaux.

Ils gravirent les versants du large Mont Bouclier
Et, en atteignant l'umbo, y érigèrent bientôt,
Coiffé de tuiles dorées, aux murs de grès ciselés,
Un castel magnifique, dans le Val de Sombreseaux.

Puis la cité s'agrandit, le commerce prospéra ;
On cultiva la terre par la houe et par la faux,
Et sous le soleil d'été son peuple la baptisa
Du beau nom de Lumeblés dans le Val de Sombreseaux.

Les richesses foisonnaient dans les coffres toujours pleins :
On trouvait de l'ambre jaune et des saphirs couleur d'eau,
Et des opales blanches, du velours et du satin
Dans les grands halls seigneuriaux, dans le Val de Sombreseaux.

Tous coulaient des jours heureux et dormaient paisiblement
Car les récoltes étaient bonnes et le pays calme et beau.
Mais le temps de la liesse, les fêtes des jours d'antan
Devaient bientôt s'en aller dans le Val de Sombreseaux.

Pour un affront oublié, pour une insulte à un roi
Sur un acte de guerre les grands posèrent leurs sceaux.
Et les forges chantèrent sous les cloches du beffroi,
Et on tira les épées dans le Val de Sombreseaux.

Et les cors résonnèrent sous un Soleil rouge et rose
Quand partit la colonne des guerriers aux blancs manteaux,
Aux grands étendards ornés du blé d'or qu'on appose
Sur les armoiries d'argent dans le Val de Sombreseaux.

On se battit dans le bois, dans la plaine et la montagne,
Dans le marais humide, tapissé de grands roseaux ;
Mais de la guerre lointaine (Et qui la perd, qui la gagne ?)
On n'entendit pas un mot dans le Val de Sombreseaux.

Et sans que nul ne l'ait su l'armée naine fut aux portes
De la vallée profonde. Depuis les crêtes, là-haut,
Elle encerclait la ville : grands feux de lumière forte
Sur les cols entre les monts dans le Val de Sombreseaux.

Cent mille guerriers vengeurs, sous la Lune et les étoiles,
Firent s'écrouler d'un pic la cime sur les hameaux
Des prairies en contrebas, et des serfs glaça la moelle
Un fracas de tonnerre dans le Val de Sombreseaux.

Les grands vents venus du nord, des mers septentrionales,
Un par un s'engouffrèrent, traînant derrière eux leurs maux :
Cent brouillards et mille pluies, et leurs pères froids et pâles :
Les orgueilleux nuages, dans le Val de Sombreseaux.

Puis dévalèrent les pentes une, deux et puis trois lances,
Puis la troupe toute entière y suivit ses généraux
Quand pour la première fois, lentement et en silence,
S'élevèrent les brumes dans le Val de Sombreseaux.

Et tous allaient doucement, à pas de loup sous les nues,
Si bien qu'ils ne pouvaient voir, tous les guetteurs du château,
Du mur ou de l'échauguette, ou de la tour la venue
Des féroces ennemis dans le Val de Sombreseaux.

Et soudain elle jaillit de la nappe vaporeuse :
Une solide échelle faite de bois de bouleau,
Puis cent autres crevèrent la surface duveteuse
Et mille Nains grimpèrent, dans le Val de Sombreseaux.

La bataille fut âpre, les Hommes pour chaque pouce
Payant et faisant payer le prix du sang par grands flots ;
Ils furent comme l'hydre, chez qui les têtes repoussent,
Un enfer à abattre, dans le Val de Sombreseaux.

Mais les Nains l'emportèrent, les Hommes se regroupèrent,
Formant un dernier carré sur l'or et sur les joyaux
Autour du jeune seigneur dont était tombé le père
Pour un ultime combat dans le Val de Sombreseaux.

À l'aube du jour naissant la ville entière était prise,
Mais n'était à l'horizon pas un arbre aux doux rameaux,
Pas un champ aux blés dorés : seuls et soufflés par la bise
Flottaient de gros nuages dans le Val de Sombreseaux.

Lumeblés reconstruite, flottant sur la mer laiteuse,
Y naviguant isolée, comme un énorme bateau
Resplendissant sous le ciel, fut renommée Nuageuse,
Grande cité des nuées dans le Val de Sombreseaux.

Mais sous le plafond brumeux, plus un seul rai de soleil :
Plus d'orge, de sarrasin, de vignes sur les coteaux,
Plus un seul grain récolté, plus de vin rouge vermeil.
Et la richesse décrût dans le Val de Sombreseaux.

Lecteur surtout souviens-toi que le trésor le plus vrai
N'est pas de rubis carmins, de soieries ou de métaux,
Mais du pain que l'on mange, qui autrefois se faisait
Au bord de la rivière dans le Val de Sombreseaux.


[b][size="7"]PANDÆMONIUM[/size][/b]

[b][size="4"]PRÉLUDE[/size][/b]
Ô Satan, ô mon roi, permets-moi de t'offrir
Ce tour de ton domaine où tous viennent souffrir
Sous le joug chthonien les douze-cents supplices
Qui pour tes généraux sont autant de délices.

[b][size="4"]LE POÈTE[/size][/b]
Je suis humble sujet, distillant dans mes vers,
Infusant dans les cœurs mille pensers pervers.
Mais c'est moi qui te peuple, ô souterrain royaume !
Le Mal est apatride et parle tout idiome.
Vers le gouffre sans fond bientôt je mènerai
L'humanité entière et l'y enfoncerai !

[b][size="4"]LE PEUPLE DES DAMNÉS[/size][/b]
Pécheurs ! Ils sont légions, pauvres âmes perdues ;
Bannis, brigands, proscrits ! et les âmes vendues ;
Voleurs, escrocs, violeurs, assassins, meurtriers !
Océan de larves. L'horizon entier
Est rempli de ces vers franchissant par cohortes
Dans la peine et l'effroi les ventaux de tes portes.
Ils viennent enchaînés encourir ta fureur,
Ô maître des Enfers, ô Premier Tourmenteur :
Jusqu'à la fin des temps ils seront tes esclaves,
Tes jouets, tes pantins, tes objets, tes épaves !
Ils seront torturés par le fer et le pal,
Brûleront dans le feu d'un bûcher infernal.
Seuls seront épargnés ceux de la pire espèce,
Ceux qui prennent l'horreur pour unique maîtresse,
Qui aiment leur vice, font le mal par plaisir :
Ceux-là pourront ici leur paradis saisir
Au milieu des anges précipités des cimes,
Et ils se mêleront au peuple des abîmes.

[b][size="4"]LE PEUPLE DES ABÎMES[/size][/b]
Ils vivent ici-bas dans le mal le plus pur ;
Ce pays de l'obscur, bastion de l'impur
Est leur forteresse, l'immoral, leur noblesse.
Festin, fête, kermesse, ils y tiennent la messe
Noire. Sinistre foi. Et l'occulte y est roi ;
Fais ce que tu voudras est le tout de la loi !
Sarabande et puis ronde y tournoie et y gronde
Toujours. Encor. L'immonde embrasse et puis féconde :
Aller, retour, sans fin, éternel va-et-vient,
Calice purpurin où toujours va le vin.
Orgie. Ils y naissent. Leurs dieux et leurs déesses,
Implorés sans cesse, sont pubis et sont fesses !
Un sabbat permanent ici va, trépidant :
Nul après, nul avant, seul existe un pendant.
Célèbre l'offense ! Viole, tue et puis danse !
Ce monde est sans clémence, aime la déchéance,
L'horreur, le feu, le sang. La seule cohésion
Du pays ténébreux est la dépravation.
Ils sont tous tes guerriers, de feux et de fumées,
La mort a son empire et le Mal ses armées :
Vois comme ils s'affairent ; mille et mille démons
Jusqu'à l'Armageddon consultent les gnomons.
Les plus modestes sont, affreux et innombrables,
Les petits diablotins, trublions implacables.
S'amusant des conflits, ils les font s'éployer
Puis ils se délectent des malheurs du foyer ;
Tourmentent les mortels et jamais ne ménagent
Ni l'homme ni la femme, excitant le ménage.
Les geôliers des Enfers, garde-chiourmes abismaux,
Tourmentent les maudits, hurlements abyssaux !
Ois claquer le fouet : le son monte du gouffre
Et des relents variés dans les naseaux s'engouffrent :
Souffre et putréfaction, senteurs de corps brûlés ;
Un parfum de douleur monte des flagellés.
Elles grognent de rage, et hurlent, vocifèrent ;
Leur visage est hideux, boursouflé de colère
Et rongé par l'envie ; elles n'ont plus de cœur,
Il ne reste que hargne, et mépris, et rancœur.
En monstres odieux et pour toujours aigries
Glapissent à jamais les glaciales furies.
Ils viennent décharnés, terrifiante vision !
Les très longs affamés, poursuivant l'illusion.
Ils mangent toujours plus, dévorés par la haine.
Puis suivent lentement et traînant la géhenne,
Empestant l'infection, dégoulinant de pus,
Les fléaux croupissants, de paresse repus.
Cauchemars ! Spectres gris ! L'horreur leur est la vie.
Ils flottent chaque nuit vers les gens et dévient
Leurs rêves et pensers vers des horizons noirs,
Vers la pure folie et de grands désespoirs :
De leur long doigt glacial, ils vous curent le crâne,
Votre raison s'étiole et se fait diaphane.
Ils marchent aveugles, voici les écorchés,
L'ire bout leurs boyaux sous leurs corps épluchés.
Tourbillons de douleur, ils ne sont que souffrance,
Et maniant l'épée, ils s'en percent la panse,
Puis perclus de folie, ils occisent hurlant
Ceux que l'errance a mis sur leur chemin sanglant.
Incubes, succubes, les séducteurs impies,
Déchirent les esprits en lambeaux, en charpies ;
Ils sont magnifiques, ces démons du désir,
De luxure mortels, ô décadent plaisir !
Ils viennent en rampant, monstrueuse caresse,
Dévorer les âmes, délicieuse détresse.
Mais de tous tes sujets les plus terribles sont
Les grands diables de feu dont ornent l'écusson
La ténèbre ou le sang. Ces monstres de puissance
Règnent sans partage sur ce pays immense
Qu'est le noir Érèbe ; ces hauts seigneurs du mal
Sur leurs trônes de fer ne connaissent d'égal.
Ou alors, peut-être, ces anges qui osèrent
Se lever contre Dieu. Lors ils Lui déclarèrent
— Et l'orgueil allumé rougeoyait dans leurs yeux —
La guerre flamboyante assourdissant les cieux.
Mais ils furent vaincus et bannis sur la Terre,
Exilés à jamais, ruminant leur colère.
J'arrête ici ma liste, y cesse mon apport ;
Je pourrais exposer sur cent pages encor
La variété qui grouille aux entrailles du monde,
Mais passons sans attendre aux princes de l'immonde.

[b][size="4"]ASTAROTH[/size][/b]
Un serpent à la main, chevauchant les dragons
Et maître incontesté de quarante légions,
Son nom est craint de tous car tous craignent son ire
Qui leur apporterait des supplices ou bien pire.
Trésorier des Enfers, parangon de laideur,
Grand-duc et répandant l'ignoble puanteur,
Il possède un palais bâti sur son domaine,
Il y a ses servants et Astarté pour reine ;
Il porte sur son front, d'obsidienne et d'onyx
Un diadème offert par le puissant Phœnix.

[b][size="4"]PHŒNIX[/size][/b]
D'un garçon innocent il peut prendre la forme,
Mais toujours sur ses traits que le vice déforme
Peut se voir un rictus méprisant et malsain,
Et dans ses yeux de braise un éclat brille et ceint
Son visage d'enfant d'une aura terrifiante.
Il peut rendre sa voix magnifique, attrayante ;
Il est très grand poète et chante l'indécent,
Ce grand marquis de feu, oiseau incandescent.
Commandant vingt légions, il gouverne ses terres
En monarque orgueilleux depuis de longues ères.

[b][size="4"]BAAL[/size][/b]
Il fut le souverain d'antiques panthéons,
Prié en Canaan par mille et cent péons,
Exigeant du fidèle, en tyran sanguinaire,
Le meurtre de ses fils, et pour le satisfaire,
Ce sanglant sacrifice inondait les cités.
Il est maintenant roi, repus d'atrocités,
Du monde souterrain ; avec ses pairs, il pèche
Sans fin sur son domaine où l'on vit et l'on prêche
Des mœurs plus païennes, plus horribles encor
Qu'au palais d'Attila sous la soie et sur l'or.
Il se peut tricéphale, arborant la couronne :
L'amphibien dégouline et le félin ronronne ;
Soixante-six légions du royaume infernal
Obéiront de suite à son premier signal.

[b][size="4"]ASTARTÉ[/size][/b]
Elle se prélasse, lascive et allongée,
Sur un lit rouge et pourpre, et bleu comme l'Égée ;
Reine orientale maniant avec passion
La luxure et le stupre, et toute perversion,
Sombres arts oubliés et procédés ignobles
Garnissent ses pensers tels les fruits des vignobles ;
Amante d'Astaroth, épouse de Baal,
Maîtresse des catins, elle en ouvre le bal.

[b][size="4"]MOLOCH[/size][/b]
Seigneur ! C'est là son nom. C'est un roi de souffrance,
De haine et de douleur massacrant à outrance,
Écrasant ses vassaux, il règne sur ses gens ;
C'est un colosse immense orné d'ors et d'argents,
Neuf cornes lui ceignent le sommet de la tête,
Et sur ces picots noirs des flammes dansent, fêtent
Les dagues s'abattant sur tant de nouveau-nés,
Perçant la chair et l'os d'autant d'infortunés.

[b][size="4"]BÉLIAL[/size][/b]
Cet ange magnifique est celui des ténèbres,
Sa puissance est énorme et ses dons sont célèbres :
En exauçant leurs vœux, il se joue des mortels
En leur cachant son prix ; de grands rires cruels
S'échappent de sa gorge en froids éclats de glace
Et percent les tympans de tous ceux sur la place
Quand il voit tous les gens que ses tours ont piégés
En enlevant leur âme à tous ces affligés.
Il possède un chariot tiré par six cavales
Au sillage enflammé et aux courses fatales ;
Grande est sa volonté qui commande aux actions,
Aux funestes méfaits de quarante légions.

[b][size="4"]BELZÉBUTH[/size][/b]
Son ton est impérieux, sa voix intimidante ;
Il siège sur son trône à la taille imposante :
Ce siège est de gabbro, sa couronne de fer
Brûle incandescente des flammes de l'Enfer.
Le monstre se repaît du sang chaud des martyres ;
Il a les yeux brillants, les jambes des satyres,
La force des géants, le souffle des dragons,
Son domaine est couvert de lacs et de lagons
Emplis de lave orange exhalant le sulfure ;
De ses ailes de cuir à l'immense envergure,
Il se porte au-dessus de toute la vapeur
Et inspecte son fief en inspirant la peur.
Maître métamorphe, c'est le seigneur des mouches,
Sa corruption abat les saints les plus farouches,
C'est le grand général des légions de Satan,
Six-cent-soixante-six le suivent, combattant.

[b][size="4"]BELPHÉGOR[/size][/b]
Il est rusé, savant, démon scientifique,
Dans son laboratoire, il invente et trafique
Des potions de malheur dans d'énormes chaudrons,
De curieux récipients, ou coniques ou bien ronds,
Et dans ses alambics d'impossibles mélanges
Passent tourbillonnant en volutes étranges.
Il possède une queue et un trône percé,
Deux cornes féroces sur son crâne ont poussé ;
Il tente l'ambitieux, proposant son savoir,
Et demande en retour son âme pour avoir.

[b][size="4"]BAPHOMET[/size][/b]
Père et mère, et enfant, réceptacle, origine,
Et parent du péché, monstrueux androgyne !
Toute l'humanité le précède et le suit,
Délaissant sa vertu ; il est à la fois fruit
Et racine du Mal ; émanation et source,
Intermédiaire aussi, lancé sur une course :
C'est un cercle vicieux dont aucun ne connaît
Le début ni la fin, c'est un chemin où n'est
Ni espoir ni lumière, lieu d'où jamais le Verbe
Ne sera écouté, et la critique acerbe,
La rage impuissante sont tout ce qu'entendit
La profonde noirceur de ce sentier maudit !
Un désordre incroyable y règne et y gouverne
Et devant la Bête, les hommes se prosternent.
Lors, il contemple, hilare, et se lissant le bouc,
Le cri du pèlerin s'échappant de ce souk.

[b][size="4"]ASMODÉE[/size][/b]
Il est grand et obèse, affalé sur son trône,
Et des plus démunis, il recueille l'aumône :
C'est le surintendant du royaume infernal,
Malfaisant, odieux, arrogant et vénal ;
Puissant égoïste qui aplatit le monde
De son poids écrasant, de sa lourde faconde
Susurrant doucement des ordres insensés.
Les dons de cinq bêtes lui furent dispensés :
Le venin du serpent et la force du buffle,
Le souffle du dragon s'échappant de son mufle,
Le vol d'une oie alliés au plus grand intellect,
Tous soumis au vouloir d'un esprit plus abject
Que le pire assassin, que les pires crapules
Que la Terre ait portés. Inventant des formules,
C'est un grand érudit, astronome officiel
Et mathématicien à la cour d'Azazel.

[b][size="4"]SAMAËL[/size][/b]
C'est un ange terrible au long manteau de flamme,
Et ses ailes sont d'ombre et de venin sa lame ;
L'antique bras vengeur a été corrompu,
Dieu est abandonné, Son pouvoir est rompu :
L'ange a vu la ténèbre et il l'a embrassée.
Suivant son sillage, compagnon d'odyssée,
Souffle un vent aride plus chaud que le désert
Desséchant toute vie. Il passe par le fer
Tous ceux qui se dressent sur son chemin macabre ;
Son regard est glacial, sa monture se cabre,
Laissant derrière elle des royaumes ruinés,
Et le Diable amusé rit des infortunés.

[b][size="4"]MAMMON[/size][/b]
Ses grands crocs sont d'ivoire et sa peau est de cuivre,
Ses yeux sont deux rubis, comme ceux d'une guivre,
Ses ongles sont pointus et deux cornes d'argent
Sortent de ses tempes puis courbent en plongeant.
Fortuné, indécent de luxe et de richesse,
Son immense demeure accueille la noblesse
Et trois-mille endettés lui servent de valets.
À la plèbe massée autour de son palais
Vomissant l'opulence en tous ses orifices,
Il prend son dernier souffle et n'offre qu'immondices ;
Assoiffant l'assoiffé, affamant l'affamé,
Il règne sans partage, opprimant l'opprimé.
Il réunit chez lui d'immenses assemblées
De l'élite infernale en danses endiablées,
On y sert des banquets où un cadavre exquis
Est servi sur un plat décoré de kakis,
L'agonie horrible des pauvres à sa porte
Offre un divin spectacle à ceux de notre sorte ;
Sur sa montagne d'or, il jouit de plaisir
Jusqu'à n'en plus pouvoir et se laisser gésir.

[b][size="4"]MÉPHISTOPHÉLÈS[/size][/b]
C'est un démon curieux, l'esprit qui toujours nie,
Tout en contradiction, un étrange génie,
C'est un démon obscur aux pensers tortueux,
Sa raison emprunte des chemins sinueux,
Et maniant l'antithèse, abusant d'oxymore,
Il tourmente et rend fou jusqu'à ce qu'on l'implore
Rampant ou à genoux ; c'est un démon affreux
Qui fait signer son pacte, ô combien dangereux !
C'est un démon loquace à la grande éloquence,
Un grand rhétoricien tout en ambivalence,
Un pourvoyeur de vœux dont le prix n'a d'égal
Que son machiavélisme et son mépris fatal ;
C'est un démon instruit, un penseur nihiliste,
Et rien n'est en ce monde, il n'est aucune liste
D'objets ou de vivants dont la disparition
Ne lui fasse sentir vive satisfaction.

[b][size="4"]LILITH[/size][/b]
Elle fut la première, à la grâce éternelle,
Et l'épouse d'Adam, la femme originelle ;
Magnifique et sublime, elle éclipsait l'éclat
Du Soleil du couchant et souvent, çà et là,
Elle venait danser dans le bois où la plaine,
Au bord de la rivière et sous la Lune pleine ;
Sa voix était suave et sous l'astre du soir,
Dans le jardin d'Éden le monde venait voir
La belle aux cheveux noirs. Elle avait les yeux sombres
Et sa peau était d'ocre, et la nuit dans les ombres,
Elle allait se baigner dans le grand lac profond ;
Sur les rides de l'onde aux abysses sans fond
Elle glissait fin, sur le flot et la vague,
Laissant derrière elle, traçant comme une dague
D'étranges entrelacs de son corps dévoilé,
De son sein rebondi dont le ciel étoilé
Caressait d'un rayon la courbe sensuelle,
Ô Lilith, ô ma reine, à jamais la plus belle !
Mais lorsque son mari demanda soumission,
Elle ne plia pas et fit opposition,
Car elle était faite de la même substance,
Modelée avec lui d'une argile aussi dense.
Alors Dieu la chassa, elle fut évincée,
Et par Ève la blonde, elle fut remplacée.
Avide de revanche, elle erra bien longtemps,
De désert en désert pour de nombreux printemps
Et elle s'initia à tous les arts occultes,
Gagna en puissance, découvrit d'ombreux cultes
Et joignit Lucifer, joignit sa rébellion,
Mena sa rivale jusqu'à sa perdition.
Elle en tenta un autre, et reposant la Pomme,
Fit naître le conflit sur la terre de l'Homme
Où toujours ont régné et la belle et sa main
Sur Samson et sur Loth, sur Abel et Caïn.
Elle épousa Satan lors d'une grande noce,
Et gouverne à présent l'empire de l'atroce
Aux côtés du Malin. Son haut trône est fait d'os
Et deux ailes de jais ont poussé dans son dos ;
La soif de vengeance l'a faite plus cruelle,
D'étranges procédés l'ont rendue immortelle...
Comment ? Aucun ne sait par quel charme ou quel sort,
Mais au cours des æons peut mourir même mort.
Son destin est tracé : tuer la race humaine ;
Ce sont les enfants d'Ève et ils n'ont que sa haine.

[b][size="4"]SATAN[/size][/b]
Lucifer, Azazel, ô toi qui fus aimé,
Ô Satan, ô mon roi, que ne t'a-t-on nommé ?
Ô toi qui fus jadis le plus brillant des anges,
Tu fus chassé du ciel et jeté dans les fanges
Du monde des mortels, condamné à croupir
Loin de la lumière. Tous doivent s'accroupir
Et puis se prosterner, et nul ne peut prétendre
L'égaler dans Sa gloire ; or toi tu voulus prendre
La Flamme du divin. Or tu voulus créer
Et voulus accomplir comme Lui a créé,
Comme Lui accomplit. Or toi tu voulus faire
Ce que tu ne pouvais. Jamais ne l'acceptèrent
Son orgueil, Sa puissance. Devant Sa création,
Il voulut te ployer, et que ta soumission
Aille à l'humanité. À l'Homme misérable,
Résidu de poussière, à Adam l'incapable,
À ce traîne-misère. Alors se déclencha
La grande révolte qui les cieux entacha,
Alors Son royaume s'embrasa de lumière.
Tu forças, glorieux, les portes de saint Pierre
Et menant tes légions, combattis bravement.
Mais Yahvé te défit ; sur le froid pavement
Tu tombas, rejeté, et déchu de tes titres,
Éteint. Lors, t'adressant à l'impudent bélître,
Tu parlas en ces mots : « Mieux vaut quitter ces lieux
Et régner en Enfer que servir dans les cieux !
Je n'écouterai plus Ta volonté injuste,
Je ne Te suivrai plus, Ton vouloir est vétuste ;
Je suis libre à présent ! Je ne suis plus à Toi !
Cette Terre sera désormais mon seul toit.
Jamais moi ni les miens ne courberons l'échine
Devant Ta loi odieuse ou Ta force divine.
Tout ce que Tu feras, moi je le déferai,
Je Te prendrai Tes fils et les détournerai
De Toi et Ton chemin. De mon palais de flamme,
Je les gouvernerai, jetant le Tétragramme
Dans la boue et la crasse. Ils le piétineront.
Jusqu'à la fin des temps, ils maudiront Ton nom ! »


[size="7"][b]LES ORMES D'ANTAN[/b][/size]

Les ormes d'antan ne sont plus qu'un souvenir,
De nos secrets perdus ne reste que des planches.
Pourtant quand le soir, quand les ombres s'étirent,
Je me revois encore à l'ombre de leurs branches.

Et nous gravions nos noms dans leurs écorces brunes,
Nous courions dans les rues sous le vent de l'automne ;
Il agitait leurs feuilles et les herbes des dunes,
Et nous nous enlacions sous l'orage qui tonne.

Promesses de l'aube trop souvent oubliées,
Murmurées sur le sable à la basse marée.

Puis le matin suivant tous les enfants sortaient
Et le ciel pouvait voir monter les cerfs-volants ;
Sous la voûte d'azur, rouges, bleus et violets,
Au-dessus des cimes des verts ormes d'antan.

Nous allions promener en riant doucement
Et le bruit des vagues venait couvrir nos mots.
Puis nous nous embrassions sous le Soleil levant
Allongés sur la plage et les pieds dans les flots.

Promesses de l'aube trop souvent oubliées,
Murmurées sur le sable à la basse marée.

La rue est grise et vide et je traîne le pas
Car des ormes d'antan, il ne reste plus rien.
Mais malgré mon cœur lourd, nul ne m'enlèvera
Les années de jadis, ces souvenirs sont miens.


[size="7"][b]SENS[/b][/size]

C'est l'histoire d'une pluie
Par un matin embrumé
À l'horizon obscurci,
D'un amour cent fois brisé
Dans les glaces de la vie.

Où est-elle ? Je l'envie !
Dans ce rêve au cœur du temps,
Je contemple tous les gris
Des reflets de mes présents
Sur l'argent qui me défie.

Mille mois, cent mille vies
Sur un chemin trop ardu ;
Toujours loin, mon cœur épris,
D'un amour cent fois perdu,
Mille émois couverts de pluies.

Elle est là... Elle est partie,
Sur un destin occulté.
Quel secret n'ai-je compris ?
Puis-je encore l'espérer,
Puisqu'encore, l'espoir brille ?

C'est une histoire endormie,
Le Soleil n'est pas levé.
Et le jour est déjà nuit,
Et le Soleil est couché
Sur cette quête infinie.[/font][/center] Modifié par Bombur
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Invité Absalom
Salut !

Bravo pour ta productivité et la diversité des thématiques. C'est un peu le problème pour le lecteur qui veut répondre...par quoi commencer ?
Mes préférés sont "La nuit" que je trouve vraiment mignon,"Automne" même si j'ai tiqué sur "Une humide [...] pluie" et "Un jour en forêt".

"Avalmar" me plaît car j'aime les cités imaginaires mais j'ai été surpris par les deux strophes consacrées aux remparts. Je comprends bien l'influence de Mina Tirith, ville forteresse aux murs blancs inexpugnables mais cette métonymie, c'est-à-dire cette équivalence d'emblée entre la ville et ses fortif's au point que l'une ne semble pas aller sans l'autre, cette métonymie, dis-je, me laisse dubitatif.
Tu n'es pas le premier dans la section à imaginer une cité "rempart" et certes, je comprends l'intention "utopique" et la licence poétique. Mais les villes ne sont pas des forteresses : elles ont toujours leur faubourg, leur banlieue. Les villes ont la vocation de s'étendre, d'échapper aux contrôles qu'on leur impose. Elles sont populaires par essence, volontiers anarchiques ... et puis dans l'imaginaire collectif la menace pour une ville vient autant de l’intérieur que de l'extérieur. Bref le fantasme d'une ville forteresse inexpugnable, je trouve ça un peu faux :blushing: d'autant que ta description ignore complètement les habitants, les gens, la foule...Or c'est pourtant l'essentiel pour une ville médiévale. On y vient pour les gens...pour commercer, pour le négoce.
Alors oui il y aura des fortif's, un fort qui représentera la présence d'un état ou d'une autorité militaire. Chanter l'efficacité des fortifs c'est chanter les mérites d'une présence militaire. Associer dès le début du poème cette ville à cette présence militaire, avec autant d'enthousiasme, c'est une métonymie risquée et qui moi me paraît un peu courte.

Bien sûr tu parles bien des temples, du quartier commerçant et du fleuve et j'ai apprécié :) mais tu t'y attardes très peu. Où sont les gens ? les pêcheurs, les marchands d'épices, les femmes, les enfants qui mendient auprès des étrangers ? Les charpentiers ? Les porteurs d'eau ? Toute cette humanité variée et bruyante qui n'aura peut-être pas tant d'affection que cela pour les fortif's (gardes, sauf-conduits, taxes de passage...)

Ensuite d'un point de vue philosophique, humaniste, psychologique, personnel, enfin tout ce qu'on veut...la grandeur d'une ville ne se mesure pas à la hauteur de ses remparts. La grandeur d'une ville se mesure, à mon avis, à sa capacité d'accueillir, d'intégrer, d'inventer. ^_^

Désolé pour ce compte-rendu de lecture un peu long et qui reste subjectif.

Pour ce qui est de "L'ode aux ignares" et "Pour un gars...", j'avoue être peu sensible aux diatribes et menaces même si tout cela est sûrement au 36ème degré ;) . En tout cas, tu fais preuve d'une belle inventivité en matière de sévices. :lol:

A+
[b]Edit :[/b] message retouché pour plus de clarté. Modifié par Absalom
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J'aimerais commencer par dire que je n'avais absolument pas Minas Tirith à l'esprit lorsque j'ai écris [i]Avalmar[/i]. Sinon, l'absence de description des gens s'explique tout simplement par le fait que je voulais tout simplement décrire la cité et pas ses habitants. Pour les deux strophes sur les remparts, à la base la seconde était la dernière des strophes, mais j'ai préféré terminer le poème par la tranquillité du fleuve et j'ai donc déplacé ladite strophe en seconde position, ce qui donne deux strophes "à remparts" qui se suivent ; d'ailleurs quand j'ai écrit cette strophe, je pensais plus à la fierté des habitants qu'aux remparts, ils sont juste intervenus pour les rimes brisées. Excuse pour la répétition abusive de "strophe",mais j'ai la flemme de chercher d'autres formulations :blushing:.

Ensuite, je comprends ce qui te heurte dans la pluie humide, mais pourrais-tu développer pour [i]Un jour en forêt[/i] ?

Sinon, ça m'étonne que tu préfères [i]La Nuit[/i] et [i]Automne[/i] : je n'étais pas à mon meilleur lors de leur écriture ; qui plus est, le premier comporte une fausse rime.


PS : J'aime les commentaires longs et constructifs, ça me permet de m'améliorer, alors merci ;).
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Invité Absalom
[quote name='Bombur' timestamp='1345228944' post='2194541']
[quote name='Absalom' timestamp='1345193939' post='2194184']
Mes préférés sont "La nuit" que je trouve vraiment mignon,"Automne" même si j'ai tiqué sur "Une humide [...] pluie" et "Un jour en forêt".
[/quote]
je comprends ce qui te heurte dans la pluie humide, mais pourrais-tu développer pour [i]Un jour en forêt[/i] ?
[/quote]

Je me suis mal exprimé. Il fallait comprendre :

[quote]Mes préférés sont "La nuit" que je trouve vraiment mignon,"Automne" même si j'ai tiqué sur "Une humide [...] pluie" et [b][i]j'ai bien aimé aussi[/i][/b] "Un jour en forêt".[/quote]

Pour ce qui est de la métrique et des rimes, je dois dire que je n'en tiens pas vraiment compte mais c'est vrai qu'il y a des usagers de la section qui sont intraitables avec ça. ^_^ Modifié par Absalom
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Absolument pas constructif, mais si je puis me permettre, je conseillerais de poster les poèmes petit à petit, plutôt que tous d'un coup, pour ne pas effrayer les couards comme moi. ,)
Et ça permet aussi d'obtenir des commentaires plus construits, poème par poème.
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[quote name='Ignit le Fourbe' timestamp='1345310034' post='2195068']
Absolument pas constructif, mais si je puis me permettre, je conseillerais de poster les poèmes petit à petit, plutôt que tous d'un coup, pour ne pas effrayer les couards comme moi. ,)
Et ça permet aussi d'obtenir des commentaires plus construits, poème par poème.
[/quote]
Ouais, je sais, mais j'ai la flemme :ph34r: . Enfin, de toute façon je les ai tous postés là. Modifié par Bombur
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  • 1 mois après...
  • 3 semaines après...
  • 1 mois après...
  • 2 mois après...
Ajout de [i]Dame des Songes[/i] et de [i]L'Erg du Scorpion[/i] :) .

Le second a pour sujet un désert situé dans le même monde que la cité d'Avalmar. Modifié par Bombur
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  • 2 mois après...
  • 4 semaines après...
[quote name='Autnagrag' timestamp='1370464842' post='2377562']
Je n'ai pas encore réagi, mais j'adore tes poèmes, ils sont vraiment très bien.
[/quote]Merci :) .
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  • 2 mois après...
Bon alors, comme Morphée semble arriver avec un gourdin clouté, j'ai pas put tout lire, mais j'aime bien ce que t'écris (j'aimerais pas être le destinataire du premier poème ^^). Particulièrement le poème sur Nùmenor, mais étant un grand lecteur de Tolkien, c'est pas étonnant. En plus l'acrostiche est bien fichu.

Continue !
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  • 1 mois après...
  • 4 semaines après...
Le rythme est vraiment difficile sur ce dernier poème... Je ne comprends pas tes choix "techniques" et comment, avec quel rythme, on est sensé lire ce poème.
Peut-tu essayer de développer là dessus s'il te plait ?

Edit : du coup j'ai relu quelques uns des plus anciens. J'aime beaucoup Aube sombre mais je le trouve décevant sur la fin, dans ses deux derniers vers en fait. Panne d'inspiration ?

Merci en tout cas, c'est un plaisir de te lire. Modifié par Tar Mineldur
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En fait [i]Aube sombre[/i] évoque un pays de mon propre univers fantasy (Avalmar et L'Erg du Scorpion évoquent aussi cet univers), tous les vers sont donc en rapport avec cela.

Pour [i]Le Rocher de l'aube[/i], j'essaye justement de casser un peu le rythme des vers. Je m'explique : j'ai souvent tendance à commencer mes phrases au début d'un vers et à les finir à la fin (du même ou d'un autre), or, quand on voit les œuvres des grands poètes, il arrive assez souvent de voir un point au beau milieu d'un vers. Ça donne un effet que j'aime bien mais qui ne me vient pas du tout naturellement, donc j'essaye d'en mettre pour m'améliorer. Désolé que cela t'ai compliqué la lecture ; pourrais-tu me dire où par exemple pour que je puisse à l'avenir éviter ces écueils :) ?


PS : C'est tout de même marrant mais c'est ici que je reçois les critiques les plus constructives, alors que ce n'est pas du tout le thème de base du forum :lol: .

PPS : Sinon j'ai le droit d'en poster en italien ? Modifié par Bombur
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Je t'invite à découvrir la notion d'enjambement et toutes les subtilités qui l'accompagne. L'article [url="http://fr.wikipedia.org/wiki/Enjambement_(poésie)"]wiki[/url] est très bien.
Lis le guide en épinglé aussi, c'est vraiment passionnant.

Je connais bien le problème, j'avais ressenti la même chose avec mes propres poèmes a une époque. En fait, ici, ce qui pêche vraiment c'est l'absence de mètre fixe. Les enjambements & cie ont besoins de ça pour que le poème garde justement une certaine musique.
Ici, peu de vers sont de véritable alexandrins et même si c'est voulu, je pense que c'est un peu regrettable.

Du reste, oui, cette section est clairement un ovni du web ^_^

Pour les poèmes en italiens... franchement, je ne vois pas quel public ca trouverait. Modifié par Tar Mineldur
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Ouais, pas faux (italien)...

Par contre je proteste, ce sont des alexandrins ! Et apparemment on est sensé, en poésie, faire des liaisons partout, mais il y a des fois (comme ici : [i]s'illuminent en[/i]) ou je trouve ça vraiment très laid, du coup je préfère ne pas la faire et ça reste bien un dodécasyllabe. Je veilles aussi à toujours avoir une césure à l'hémistiche...
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Prenons un exemple : [quote]Font briller la bru[b]me[/b] comme l'or de Lydie,[/quote]
De deux choses l'une, soit on le prononce comme un alexandrins et on accentue la fin de brume. Soit on retranche une syllabe a notre vers. Aucune de ces solutions ne convient vraiment. On évite de mettre des "e" habituellement muets à l'hémistiche normalement.

Même remarque pour :
[quote]Pâle silhouette sur un roc solitaire[/quote]
[quote]Au milieu des vagues, sorti de nulle part[/quote]

Par contre, "Quand perce les nuages une aurore éphémère" nous oblige a faire l’apocope du "e" a la césure. Pourquoi pas, mais alors il faut le faire aussi avant, sinon le lecteur ne s'y retrouve plus.
Même remarque pour :
[quote]Quand les flots s'illuminent en champ d'azur semé,[/quote]

En fait, tu laisse effectivement toujours une porte de sortie pour qu'on arrive à 12 syllabes mais ça ne suffit pas. Il faut bien comprendre que la syllabe a l'hémistiche est accentué. Modifié par Tar Mineldur
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