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[AoS][VO] Critiques Nouvelles Age of Sigmar


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La journée Black Library du Warhammer Fest 2021 n'a certes pas été très riche en termes d'annonces pour Age of Sigmar, mais il semble que cela était un calcul de Nottingham, qui avait gardé sous sa cape quelques sorties destinées aux amateurs des Royaumes Mortels. Il est donc temps pour moi de reprendre mes activités de speed reviewing, à l'occasion de la Gods & Monsters Week, qui commence aujourd'hui avec cette mégère de Morathi.

 

Oracle - L. Merciel :

Révélation

 

oracle.pngEnvoyé avec quelques copains des Hammers of Sigmar renforcer la garnison d’Anvilgard, fortement réduite par le départ d’une grande partie des Anvils of the Heldenhammer à travers Aqshy pour soutenir l’effort de guerre azyrite, le Stormcast Eternal Etanios se retrouve malgré lui impliqué dans une affaire criminelle, aux côtés des Répurgateurs de l’Ordre d’Azyr. C’est dire si les effectifs sont limités. Chargé de protéger ses frêles collègues tout de cuir vêtus dans leurs investigations de l’empoisonnement d’un notable de la cité, Etanios échoue sur toute la ligne lorsque le quatuor (le Chasseur de Sorcières Ithyrac et ses deux stagiaires, et lui-même) prend d’assaut la planque de Remera, une chef de culte chaotique suspectée d’avoir joué un rôle dans la mort du Magister. En plus de ne pas réussir à garder en vie les mortels qui l’accompagnent (et qui portent bien leur nom pour le coup), Etanios n’arrive même pas à appréhender proprement sa suspecte, qui se dissout dans ses glaires après avoir évoqué le venin rouge d’un serpent noir. C’est la boulette, mais ça ne surprend pas le Lord-Relictor Sereghast, qui attendait dehors par crainte de passer à travers le plancher (fallait pas demander du rab’ à la cantine de la caserne) : c’est le quatrième cas de désagrégation spontanée après que la victime ait fait mention d’un monstre aux écailles noires. Tout cela est fort intéressant et sinistre, mais ne fait pas progresser l’enquête ; cette dernière devra toutefois attendre un peu car les cloches du Grand Temple de Sigmar se mettent soudainement à sonner, précipitant le retour au bercail de Sereghast et de ses Enclumes de collègues. De son côté, Etanios obtient la permission de rester un peu collecter des indices et sécuriser le bâtiment. Le devoir avant tout.

 

Notre héros est surpris dans ses relevés d’empreinte par l’animation fortuite d’un des cadavres jonchant les lieux, et servant de point relais à une de ses vieilles connaissances, la sorcière Aelf Thaelire (déjà croisé dans ‘Red Claw and Ruin’). Cette dernière étant présumée morte par Etanios depuis ces funestes événements, il est à la fois ravi et suspicieux de cette reprise de contact, et son désarroi ne fait que croître lorsque Thaelire l’enjoint de déserter son poste séance tenante, et de retourner fissa à Azyrheim en passant par la Porte des Royaumes d’Anvilgard afin d’alerter Sigmar de la trahison de Morathi. Les forces de l’Oracle de Khaine sont en effet en train d’attaquer la cité, et si sa chute ne fait aucun doute, Momo ferait moins la maligne si Ziggy envoyait une cohorte de Stormcast remettre un peu d’ordre du côté de l’Ordre. D’abord dubitatif, Etanios réalise rapidement que le tuyau est tout à fait valide lorsqu’il se fait attaquer par des pillards Aelfs alors qu’il part secourir une poignée de civils pourchassés par de mystérieux assaillants. Malgré sa constitution robuste et son adresse au marteau, il aurait fini en PLS sur le pavé sans l’intervention décisive de Thaelire, qui se matérialise depuis les ombres afin de convaincre son gros copain de suivre son plan au lieu de charger dans le tas.

 

Et ce plan nécessite une bonne dose de confiance de la part d’Etanios envers sa bonne amie, car devant la rapidité avec laquelle les troupes de Morathi se sont saisies de la cité, la meilleure option pour avertir Sigmar pourrait bien être un suicide héroïque de la part du Stormcast, afin de filer à la Reforge sans devoir s’avaler tout le trajet à pied. C’est à cette fin qu’il accepte que la sorcière lui jette un sortilège de Reset sous le plastron, garantissant une mort expresse si la situation le nécessite. À la guerre comme à la guerre.

 

La suite de la nouvelle voit notre duo mal assorti mais apparemment assez amoureux (eh oui) se frayer un chemin jusqu’au port d’Anvilgard, Thaelire parvenant à grand peine à réfréner les envies d’Etanios de compléter toutes les quêtes secondaires pour paladin désintéressé pour le garder concentré sur la mission principale… Jusqu’au moment fatidique où un petit groupe de civils, pensant pouvoir filer tranquillement en embarquant sur un navire faisant dans l’humanitaire, se fait repérer par les Furies et les Corsaires montant la garde sur les quais. C’en est trop pour Etanios, qui abandonne le sortilège de discrétion que lui avait jeté sa comparse pour faire obstacle de ses gros biscotos entre la plèbe et les sbires de Morathi. Noble action mais mauvais timing, car c’est le moment qu’avait choisi l’Oracle de Khaine pour flâner dans la marina d’Anvilgard, et que le résultat de cette confrontation ne fait malheureusement pas un pli. Fidèle à lui-même, Etanios joue la montre afin de gagner du temps pour ses protégés, mais lorsqu’il en est réduit à la portion congrue de son dernier point de vie, il donne son autorisation à Thaelire de l’euthanasier pour la cause, ce qu’elle fait en… l’orgasmant à mort (?).

 

Momo, qui avait donné pour instruction à ses troupes de blesser les Stormcast gardant Anvilgard et non de les tuer, pour éviter que son petit acte de trahison soit porté à l’attention de qui on sait, n’a toutefois pas dit son dernier mo’, et parvient à entraver l’âme d’Etanios au moment où elle quitte son corps et s’élève vers Azyr. Il faudra l’intervention salutaire de Thaelire, qui parvient à hypnotiser toute la cour de Morathi et à la retourner contre cette dernière, pour que la forme astrale du Sormcast réussisse à reprendre son vol et à filer au bercail, constatant au passage que les civils qu’il a si héroïquement défendu ont réussi à embarquer et filent vers des cieux plus cléments. Double victoire moral pour, heu, l’Ordre, j’imagine ?

 

Liane Merciel prend la suite de sa novellaRed Claw and Ruin’ (que je dois préciser ne pas avoir lu au moment où cette chronique est écrite) avec ‘Oracle’, qui (re)met en scène l’improbable couple Stormcast/Sorcière Etanios/Thaelire. Chose assez rare pour être signalée, et appréciée, cette nouvelle relate un événement vraiment important des Royaumes Mortels, avec l’attaque en traître de Morathi sur Anvilgard. Les avancées de cet ordre étant généralement restreintes aux parties fluff des Battletomes, on se doit de souligner cette incursion de la Black Library dans le background « chaud » d’Age of Sigmar, et remercier Merciel pour ne pas avoir gâcher cette rare opportunité qui lui a été offerte. En effet, ‘Oracle’ remplit parfaitement son cahier des charges, en précipitant la rencontre entre un « vulgaire » Liberator armé de bonnes intentions (et d’un gros marteau) et une divinité en puissance des Royaumes Mortels. Même avant que cette confrontation déséquilibrée ne prenne place, Merciel avait réussi à brosser une histoire digne d’intérêt, mettant en scène un Anvilgard magnifiquement lugubre et glauque, et ménageant jusqu’au bout le suspens quant au sort attendant Etanios : quand même mourir est vu comme une victoire, il est difficile de prévoir à l’avance comment le récit va s’achever. Une vraie réussite que cet ‘Oracle’, dont j’espère qu’il donnera lieu à un match retour entre Tonio et Momo.

 

Schattra, pour qui sont ces serpents...

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On poursuit sans tarder ni frémir avec un peu de soleil, ou à défaut, de lumière venue tout droit du Royaume d'Hysh. Quand Teclis a besoin qu'on lui file un coup de main pour passer la magic mop dans un coin oublié, lui toujours faire ainsi. 

 

Archmage - E. Dicken:

Révélation

archmage.pngCerith Anlethnir, maître du Lyceum Vanari d’Hysh, a la particularité de ne pas être un mage, comme ses collègues ou ses élèves, par manque absolu de capacités arcaniques. Cela ne l’a pas empêché d’obtenir une place dans l’institution où il enseigne, car à défaut de pouvoir pratiquer, il comprend fort bien comme fonctionnent les courants de magie. Cependant, son impuissance thaumaturgique en fait la risée et le souffre-douleur de certaines âmes peu charitables, comme le maître Seraval, archétype du bully méprisant prenant un malin plaisir à venir chercher des noises à notre héros à la fin de ses cours.

 

Avant que l’un ou l’autre des adversaires ne se soit retrouvé enfermé dans son casier, une sonnerie convoque Cerith en salle des professeurs (ou l’équivalent chez les Aelfs d’Hyish, soit un jardin zen couvert de runes), interrompant l’esclandre. Le dévoué professeur a alors la surprise et l’honneur de réaliser que c’es Teclis lui-même qui l’a fait mander, car le Dieu et Archimage a une mission particulière à confier à son dévoué serviteur. Comme il l’explique à ce dernier alors que la Celennar les emporte jusque dans une ville en ruines de l’arrière-pays hyshois (c’est comme l’arrière-pays niçois, mais avec plus de haches), un sort persistant des temps jadis, le Vanneur1, a été réactivé par un sorcier de Slaanesh pour bousiller la belle symétrie de tonton Tecluche. Le Vanneur ayant comme caractéristique de se nourrir de magie, une approche directe est impossible, et c’est là que Cerise entre en scène : pendant que l’Archimage montrera sa lune aux alentours pour attirer l’attention du sortilège (car apparemment, c’est possible), le prof aura pour mission d’interrompre le rituel impie d’Arkathi (l’empêcheur de mandaler en rond), armé seulement de son bon sens, d’une épée et d’un fragment du pouvoir teclisien, à n’utiliser qu’en dernier recours pour ne pas susciter l’appétit du Vanneur, et ses funestes blagues. On comprend mieux pourquoi Tek Lisse a choisi de faire appel à un théoricien plutôt qu'à un praticien des arts magiques pour ce plan, l'abus de sorcellerie étant ici dangereuse et contre productive.

 

Bien entendu, le chemin de Cerith est semé d’embûches et parsemé de goons en collants en résilles et piercings mal placés, qu’il parvient malgré tout à vaincre grâce à ses vieux restes d’escrime médiévale et l’intervention salutaire de Celennar. Lorsqu’il arrive enfin dans le temple squatté par Arkathi, il est accueilli par un hôte fort aimable, qui le tente avec des promesses de véritables pouvoirs magiques (il n’est jamais trop tard pour agrandir son p…otentiel), et lui révèle qu’il n’est que le dernier expédient en date envoyé par l’imperturbable et insensible Teclis, qui a déjà sacrifié une troupe de mages et de Vanaris pour tenter de déloger le parasite slaaneshi, en vain. Plus motivé et débrouillard que ses prédécesseurs, Cerith refuse de prêter l’oreille aux promesses empoisonnées du sorcier et de se laisser abattre par ses sortilèges (mauvaise idée d’Arkathi, qui se fait fissa ingurgiter par le sort persistant et affamé), et parvient à localiser le mandala d’où le Vanneur tire sa puissance. Convoquant l’éclat de puissance divine qui lui a été confiée, notre héros se prépare à dissiper le phénomène arcanique…

 

Révélation

…Mais Teclis avait opté pour une approche un peu plus directe et brutale, avec Cerith dans le rôle de la bonbonne de nitroglycérine utilisée pour éteindre un incendie. Lorsqu’il reprendre connaissance, le zélé fonctionnaire à la surprise de constater qu’il n’est plus qu’un esprit désincarné, ou plutôt une présence magique que Teclis gobe promptement, non sans lui avoir indiqué qu’il avait été promu au rang de Gatorade divin (goût cerise, évidemment), ce qui n’est pas donné à tout le monde. Et croyez-le ou non, Cerith disparaît heureux de cette apothéose. Good for him, I guess.

 

1 : The Winnowing en VO. On notera au passage que ce terme est très apprécié par Evan Dicken, qui avait déjà un Winnower comme antagoniste dans la nouvelle ‘The Path to Glory’.

 

Petite nouvelle sympathique permettant de s’immerger dans le quotidien lumineux mais contrasté d’Hysh, ‘Archmage’ vaut principalement le détour par le portrait troublant qu’elle fait de Teclis, divinité indubitablement bénéfique et protectrice de son peuple, mais qui n’hésite ni à sacrifier froidement ses sujets, ni à leur dissimuler la vérité, pour arriver à ses fins. En cela, Evan parvient à distinguer l’Archimage du reste du panthéon « positif » de l’Ordre, et à lui donner une profondeur intéressante, comme d’autres auteurs avant lui sont parvenus à faire de Sigmar un good god avec une part d’ombre. Ironiquement (vu son Royaume de prédilection), c’est également le cas pour Teclis ici, et c’est tant mieux, si vous voulez mon avis.

 

Schattra, ne suivez pas les lumières...

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Mercredi, jour des enfants, des musiciens et des Princes Démons mélomanes. Un brin de pastiche signé Richard Strachan, qui quitte un peu son pré carré horrifique pour venir nous chanter quelques vers.

 

Dark Master - R. Strachan:

Révélation

 

Dark Master

Le barde Adel Janssen rêve de devenir le meilleur musicien d’Aqshy, et au passage d’obtenir le patronnage du Seigneur Hoenstahl, éminent membre du Conclave régnant sur la partie incandescente d’Hammerhal, mais malheureusement, ses ambitions dépassent de très loin ses capacités. Après s’être ridiculisé devant le public de l’open mic’ du jeudi soir du Melody Inn, Adel est positivement rolling in the deep, malgré les bobards réconfortants de sa bonne amie Gisela, qui lui assure qu’avec un peu d’entraînement, il arrivera à combler son retard sur les instrumentistes les plus doués de la mégalopole. Le concours ouvert par Hoenstahl se tiendra cependant dans des délais trop serrés pour que le troubadour débutant puisse devenir un maître de Mandolin Hero, aussi Adel choisit-il de se rabattre sur l’apparente facilité : dérober le livre dans lequel le vieux luthier Zymmerman est sensé avoir retranscrit « l’accord secret », et jouer ce dernier à minuit à la croisée des chemins. La légende veut en effet que le souhait le plus cher de celui qui accomplit cette action se réalise comme par magie.

 

Perdu pour foutu, Adel s’introduit subrepticement dans l’arrière boutique de Zimmie, finit par trouver le bouquin en question, et passe les cinq minutes avant minuit assis en tailleur au carrefour susnommé à se tordre les doigts pour tenter de sortir un B7add13(#5) de son ukulélé. Et il y arrive ! Un bien pour un mal cependant, car ce n’est pas le diable qui surgit brusquement de la brume à l’entente de ce bruit particulier, mais un amateur de Black Metal du nom de Be’lakor (ça se voit à la langue qu'il tire tout le temps sur les photos).

 

Un peu surpris par cette invocation soudaine, Bebel sort le grand jeu et accepte d’exaucer le souhait de son nouveau client, et de faire de ce dernier le meilleur musicien des Royaumes Mortels. Comme tuer tous les concurrents prendrait trop de temps, le Prince Démon augmente magiquement la dextérité de son poulain, qui remporte peu de temps après le concours d’Hoenstahl, et accepte naturellement l’offre qui lui est faite par ce dernier à l’issue d’un récital mémorable. Lorsqu’Adel est invité à se produire devant le Conclave dans un salon privé, quelques jours plus tard, il est loin de se douter que sa future prestation restera dans les annales d’Hammerhal…

 

Révélation

…mais pas pour les bonnes raisons. Possédé par le démon du jeu et du solo sur la gamme octatonique princière, le barde invoque à l’insu de son plein gré et à ses doigts défendant Be’lakor, qui massacre le public et fait du Seigneur Hoenstahl, seul rescapé du Conclave, son pantin obéissant. Voilà qui va sans doute aider le Chaos à prendre pied dans la cité, afin d’apprendre aux foules sentimentales avec soif d’idéal à shake their money maker. Si Adel semble avoir survécu à cette expérience traumatique, et continue à enchaîner les tubes sur sa gratte à la demande expresse de son mécène, il retiendra sans doute sa leçon et pratiquera avec entrain ses accords barrés au lieu de chercher à progresser de façon indue. Un son clair, ça se mérite.

 

Richard Strachan se fait plaisir en reprenant à son compte une légende bien connue du folklore musical du XXème siècle (Robert Johnson vendant son âme au diable à un carrefour pour apprendre à jouer de la guitare) et la transposant librement dans les Royaumes Mortels, assortis de quelques autres clins d’œil adressés aux amateurs de rock1. Evidemment, on voit la fin arriver des kilomètres à l’avance, mais comme il s’agit d’un hommage, il serait mesquin de reprocher à Strachan de ne pas avoir réussi à maintenir du suspens jusqu’au bout. Je suis un peu partagé sur le fait d’avoir convoqué Be’lakor, qui n’est pas le dernier des clampins dans le panthéon chaotique tout de même, dans une histoire aussi banale, comme si n’importe qui pouvait avoir accès et faire un marché avec le premier champion des Dieux Sombres, mais j’imagine que c’était une contrainte imposée à l’auteur pour pouvoir coller avec le thème de la Gods and Monsters Week, et la sortie récente de la nouvelle figurine du gonze. On notera enfin que cette nouvelle a un vrai impact sur les Royaumes Mortels, puisque ce n’est rien de moins que l’institution gouvernant une des plus grandes cités de Sigmar qui se retrouve sous la coupe d’un servant du Chaos. On verra si cela débouche sur quelque chose de sérieux, mais il y a un vrai potentiel à ce développement amené en musique par Richard Strachan, et je me félicite que la BL se montre un plus « active » que d’habitude sur ce créneau.

 

1 : J’ai détecté le vieux Zymmerman (Bob Dylan, de son vrai nom Robert Zimmerman – qui a fêté ses 80 ans trois jours avant la publication de cette nouvelle) et l’accord secret, ou « secret chord » en V.O., chanté par Leonard Cohen dans ‘Hallelujah’, mais je suis sûr qu’il y en a d’autres.

 

Schattra, tüte la müsique que j'aim-euh...

Modifié par Schattra
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On approche de la fin de cette semaine divine et monstrueuse, et on repasse dans le camp de l'Ordre avec les débuts de Noah Van Nguyen dans les Royaumes Mortels. Alarielle a des petits problèmes de vermine dans son F3, mais en vraie (Ever)queen, elle slay les fâcheux avec grâce et à propos...

 

Everqueen - N. Van Nguyen :

Révélation

 

everqueen.pngToujours à la recherche d’une idée géniale pour mettre l’ambiance (un peu) et le souk (surtout) dans les Royaumes Mortels, les Skavens ont décidé de tester la puissance d’une nouvelle arme de destruction massive mise au point par le clan Skryre, la Bombe R (comme Ronger – Gnaw-Bomb en Queekish), en attaquant le palais d’Alarielle pour tenter de faire sauter la Déesse. L’hypothèse avancée par ces brillants esprits est que le cadavre de la Dame de Feuilles, en plus d’être une excellente source de fibres, donnera la vie éternelle aux chanceux qui le dégusteront. L’immortalité étant une qualité appréciable pour remporter les innombrables guerres dans lesquelles les hommes rats sont impliqués, de grands moyens sont mis à disposition pour assurer le succès de cette opération, et notre héros, l’humble Guerrier des Clans Hakwit, se retrouve au milieu des hordes de hamsters frénétiques envoyées par le Conseil des Treize commettre un écocide en Ghyran.

 

Comme souvent avec les machinations des Skavens, ce qui devait être un plan sans accroc assurant une victoire rapide et totale s’avère ne pas résister longtemps (deux secondes et demi) aux fourberies de l’ennemi, qui n’a pas eu l’amabilité d’être absent ce jour là. Pris entre la ligne de front où ses semblables se font déchiqueter par les Sylvaneth en rogne, et l’arrière où des Vermines de Choc patibulaires veillent au grain, Hakwit parvient à trouver un coin discret du champ de bataille où patienter jusqu’à ce que les choses se tassent, et une racine comestible à grignoter pour passer le temps. Racine qui se trouve être la wyldroot opérant comme le relai 5Green des esprits de la forêt, et dont le rongeage intempestif permet aux Skaven de remporter contre tout attente cette bataille. Un haut fait ne pouvant rester impuni, le conseil de guerre dirigeant l’armée poilue décide de promouvoir Hakwit au rang de responsable de la Bombe R, afin de se déba-rat-sser de celui qu’ils considèrent être comme un ambitieux de première. Ne jamais prendre d’initiative, c’est pourtant une maxime bien connue dans l’armée, quelle qu’elle soit.

 

Les choses se compliquent fortement pour les ratons lorsqu’Alarielle revient en coccinelle scarabée dans sa salle du trône rat-vagée, après avoir exterminé les attaques de diversion lancées par les Skavens aux alentours de son palais. Les rongeurs impudents ne tardent pas à faire connaissance avec l’aspect furibard de la Déesse de la Vi(ens là que je te colle mes racines dans le fondement pour t’apprendre la vi)e, et malgré des réserves pléthoriques, la présence de l’intégralité de leur Battletome (moins les personnages nommés) et la participation de 13 Verminlords, les enfants du Rat Cornu se font faucher comme les blés. Cela laisse toutefois le temps à Hakwit de déclencher sa bombe sans être dérangé, ce qui anéantit le reste de son armée, mais atteint également Alarielle de plein fouet…

 

Révélation

…Il en faut cependant plus pour vitrifier définitivement l’incarnation de la vie, et bien que son brushing en ait pris un coup, Riri survit sans problème à la déflagration. Elle frôle toutefois l’extinction de voix, ce qui aurait été embêtant pour les Sylvaneth, accrocs qu’ils sont à sa playlist personnelle, mais n’aurait été qu’un désagrément passager. Isolé en territoire ennemi et pris entre quatre yeux par une Déesse compréhensive mais pas laxiste non plus, Hakwit voit déjà sa dernière minute arriver, mais c’est un autre destin qui attend le petit rat. Transformé en ca-r(y)at-ide végétal par Alarielle, il devient le Raeternam (Undying Rat), légende parmi les Skavens et les Sylvaneth – pour différentes raisons – et ornement particulier de la salle du trône complètement remarouflée de la souveraine de Ghyran.

 

Noah Van Nguyen livre une histoire avec plus de forme que de substance avec ‘Everqueen’, qui se contente pour la plus grande part d’être un rapport de bataille romancé se voulant épique mais ne se révélant guère passionnant du fait de son manque d’enjeu (il est à peu près certain qu’Alarielle ne mourra pas à la fin, donc…). Cette dominante martiale est complétée par les réflexions typiquement Skaven de Hakwit, et si on doit reconnaître à l’auteur une bonne appropriation des codes et de la culture de cette faction dans la majorité de ces passages, il y en a toutefois certains qui sonnent/se lisent un peu étrange(ment), comme les délibérations du conseil de guerre ou le discours d’un rat (un Verminlord en fait) en pleine bataille. Dernier point de grief pour ma part : une narration pas toujours fluide, comme lorsque Hakwit remporte sur un gros malentendu la première bataille, ou plus tard lorsqu’il survit mi-rat-culeusement à l’explosion de la Bombe R qui grignote pourtant tout et tous à des centaines de mètres à la ronde. Lisible donc, mais pas exceptionnel ni mémorable.

 

Schattra, she's a killer queeeeeeen 

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Avant de partir en week-end, et pour certains de découvrir 'Broken Realms : Kragnos', qui sort demain dans toutes les bonnes charcuteries, c'est à Phil Kelly qu'il revient de terminer cette semaine thématique avec une divinité sur le retour pour jouer de mauvais tours aux monteurs de châteaux de cartes et les fresqueurs dominos des Royaumes Mortels...

 

God of Earthquakes - P. Kelly :

Révélation

 

god-of-earthquakes.pngSa tribu ayant été dévorée par une bande de Gargants mal lunés, Nensi le dernier des Vexoth s’embarque dans une quête vengeresse à travers Ghur, juché sur sa fidèle monture Sontrani1. Il a pour objectif de réveiller l’ancien Dieu de son peuple, le puissant Kragnos, enfermé dans sous le Pic Bicorne – ouais je traduis à l’arrache, c’est mon côté Troll du Chaos – depuis des éons, afin que le méga-centaure aille faire leur fête aux géants en maraude. Pour cela, Nensi peut s’appuyer sur les jolies peintures rupestres qui ornaient les parois de la caverne sacrée des Vexoth, ses prières régulières à la divinité écrouée, mais aussi sur un random wind of life qui vient souffler sur notre nouvelle sans crier gare ni être expliqué par l’auteur (on est en Ghur, par en Ghyran tout de même). En plus de soigner la cheville foulée de notre héros, et de faire gagner des pecs’ à sa jument, cet événement peu banal semble précipiter la fatidique libération de Kragnos, qui jaillit du cœur de la montagne comme un diable sort de sa boîte. Nensi a-t-il eu une quelconque influence sur cette remise en liberté, ou était-il juste là au bon moment ? L’histoire le dit peut-être, mais c’est pas hyper clair franchement.

 

Il ne reste plus au Vexoth vexé et à sa cavale sous stéroïdes qu’à lancer Crâne d’Os sur les Gargants indélicats, ce qu’ils parviennent à faire malgré l’annonce faite par le narrateur quelques lignes plus haut (dans la nouvelle, pas dans la critique de cette dernière hein) que Nensi n’est qu’un misérable insecte aux yeux du Dieu des Séismes. Il faut croire que ce dernier aime vraiment beaucoup écraser les fourmis, car au prix d’une cavalcade heureusement coupée au montage, l’homme des cavernes attire Kragnos sur les terres de sa défunte et digérée tribu, où l’attendent six grands dadais prêts à la castagne. Il en faut toutefois plus que ça pour effrayer une pointure telle que le vieux Krag’, qui apprend promptement le respect des aînés à ces malotrus de Gargants, ne laissant que leur doyen en vie au bout d’un combat brutal et sanglant. Cela ne plaît pas du tout à Nensi, qui se met à piailler comme une musaraigne contrariée au pied/sabot des deux colosses…

 

Révélation

…Et se ramasse un galet dans la tronche pour sa peine. Enfin, un galet pour le Kraken Eater qui lui a fait cette réponse lapidaire, un rocher pour lui et pour la pauvre Sontrani, que sa récente buffitude ne sauvera pas d’une destinée à la Nivacrin. Son cavalier un peu trop cavalier finira lui sous la molaire du Gargant survivant, épargné par Kragnos après qu’il lui ait rendu hommage. La moralité de cette histoire est qu’il ne faut pas compter sur un Dieu du Chaos qui ne vous doit rien et ne vous calcule pas pour régler vos problèmes de voisinage à votre place. Cela me semblait pourtant aller sans dire.

 

1 : On devrait s’en moquer (du nom du cheval), mais puisque Kelly nous le ressort à toutes les sauces, je transmets ses consignes.

 

God of Earthquakes’ ne gagnera pas le prix de l’inventivité ni celui de la clarté au concours (à inventer) des meilleures nouvelles de la Black Library. Il n’est pas exclu que Kelly se soit appuyé pour écrire cette histoire sur des éléments du fluff de Kragnos publiés par Games Workshop dans le supplément éponyme, et que tout cela fasse sens pour l’heureux possesseur de ce bouquin, mais si c’est le cas, il aurait pu le faire de manière un peu moins absconse pour le tout venant. Oui, cette histoire de vent de vie qui descend mystérieusement dans la vallée ne m’a vraiment pas convaincu, vous l’aurez compris. Tout comme les moyens mis en œuvre par Nensi pour téléguider son gros copain vers la cible qu’il a choisi pour lui auraient mérité d’être un peu plus expliqués par l’auteur. Pour le reste, j’ai connu Kelly plus inspiré que ça (‘The Court Beneath’, pour ceux que ça intéresse), et ‘God of Earthquakes’ vient cruellement rappeler que ce qui fait un bon écrivain, ce n’est pas sa capacité à écrire des bons textes, mais celle de n’en pas écrire de médiocres. Je vous laisse en conclure dans quelle catégorie je range et cette nouvelle et son auteur à ce stade.

 

Schattra, Attaque Coud'Boue !!!

Modifié par Schattra
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  • 3 semaines après...
Le 18/06/2021 à 14:26, Miles a dit :

Ho! Quand même! Une nouvelle de diablerie Musicales sans le moindre Bel Accord?

 

Avec le recul, c'était pourtant évident... ? Au point où même Strachan (que je vais supposer être non francophile accompli, comme beaucoup d'anglo-saxons) aurait pu faire le lien et - peut-être - baser son histoire sur ce calembour. Je vieillis, je vieillis!

 

J'en profite pour annoncer l'ajout des nouvelles de la Gods & Monsters Week 2021.

  • gods-monsters.pngOracle (L. Merciel)
  • Archmage (E. Dicken)
  • Dark Master (R. Strachan)
  • Everqueen (N. Van Nguyen)
  • God of Earthquakes (P. Kelly)
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  • 2 semaines après...

Bonjour à tous! Je ressors le sujet des pseudos limbes (merci à l'épinglage, ça limite la descente) dans lequel il était tombé à l'occasion de Character Week 2022, lancée hier et assez confidentiellement par la Black Library. Comme d'habitude, on a le droit à 5 nouvelles inédites publiées à raison d'une par jour, avec une offre de gros qui met l'ensemble au même prix que quatre courts formats achetés à l'unité (13.96€ au lieu de 17.45€, allez ici si ça vous intéresse).

 

J'ai bon espoir d'arriver à doubler une étape et rattraper mon retard, mais en attendant voici la revue de la première nouvelle proposée, qui met en vedette un capitaine Kharadron particulièrement caustique.

 

The Sky Grudge - G. Haley :

Révélation

the-skyborne-grudge.pngLe capitaine Kharadron et forban notoire Drekki Flynt est en route vers le Bavardia avec navire (l’Aelsling) et équipage (beaucoup de Duardins, dont le Maître des Runes Kedren Grunnsson, et l’Ogor Gord), où l’attend une relation d’affaires. Malgré le timing serré, lorsque se présente à l’horizon un îlot de metalithe de fort beau gabarit, synonyme de ressources naturelles à mettre sur le marché à un tarif avantageux, le sang et le sens du commerce de notre héros ne fait qu’un tour, et il dirige aussi sec son esquif vers l’île flottante au trésor. Il lui faut en effet effectuer quelques relevés de terrain, et procéder à une appropriation contractuelle en bonne et due forme, pour qu’il puisse sereinement et réglementairement jouir de l’usufruit de sa trouvaille. Malgré son comportement parfois irrévérencieux, Flynt reste un Kharadron et en tant que tel, attaché au sacro-saint Code (surtout quand ça l’arrange).

 

La manœuvre est toutefois contrariée par l’arrivée soudaine et hostile de l’Ironclad Kantuz Grundi, qui commence à bombarder à vue l’Aelsling, au grand dam de son capitaine. Surclassé par la puissance de feu du nouveau-venu, le vaisseau de nos héros met à profit son agilité et sa vitesse supérieures pour échapper à son poursuivant, au moins de façon temporaire. Car il faut plus qu’une bordée de carabines éthériques pour décourager le capitaine Drekki ‘I like money’ Flint de mettre la paluche sur bon filon, surtout si les carabines en question tirent mal. Après tout, it’s free real estate. Le mystère des raisons de cette incompréhensible agression reste entier, mais la détermination de l’Ironclad laisse à penser que l’affaire est personnelle, et non pas liée à la revendication de l’îlot de metalithe. Malheureusement, cela réduit assez peu le champ des possibles, car Drekki s’est fait un nombre incalculable d’ennemis au fil des années. La rançon du succès quand on est aussi grand, beau, génial et accompli que notre ami barbu, sans doute.

 

L’Aelsling s’approche donc subrepticement de son objectif, permettant à l’Aether-Khemist du bord, Otherek Zhurafon, de confirmer la présence de minéraux et gaz de valeur, et à son boss de prendre officiellement possession de Flyntland au nom de Barak-Thrund et de l’amère batterie. La cire n’est pas encore sèche sur les tablettes que le Kantuz Grundi revient faire parler de lui, coinçant sa proie entre son stratocanon et la paroi de metalithe. Pour ne rien arranger, un quatuor d’Endrinriggers se pose sur le pont de l’Aelsling, condamnant tout espoir d’évasion de ce dernier. Le face à face entre les deux capitaines Kharadron va bien avoir lieu, et quand son homologue soulève la visière de son casque gravé, Flynt est effaré de reconnaître…

 

Révélation

…Personne de sa connaissance. Ce qui chagrine fortement son vis-à-vis, Arlfred Flodisson, persuadé qu’il était de sa propre importance et renommée. S’en suit un savoureux dialogue de sourd pendant lequel on apprend que la raison de la rancune de Flodisson envers Flynt est que ce dernier a renversé la pinte de bière du premier sur son plus beau veston, refusé de compenser les dégâts causés d’une quelconque façon, et argué que le veston en question était de toute façon affreusement moche. C’était il y a quatre ans, Drekki était fin saoul, et n’avait pas réalisé que sa nuit de beuverie lui avait causé une inimitié aussi tenace. La proposition de Flodisson de régler leur différend par un duel à mort n’étant pas vraiment à son goût, Flynt décide de mettre fin au malaise en larguant une torpille Grudgesettler sur l’Ironclad que l’imprudent Flodisson a placé en contrebas de l’Aelsling. N’ayant pas non plus pensés à se désencorder après leur abordage les Endrinriggers sont entraînés dans la chute de leur bateau. C’est ballot. Si l’équipage du Kantuz Grundi dispose de quelques minutes pour réparer l’avarie causée par cette canaille de Flynt avant de s’écraser au sol – ce qui devrait être largement suffisant pour un équipage de Duardins – la poursuite, et on l’espère la rancune, s’arrête ici entre les deux capitaines. Voilà une journée profitable pour notre Akanaute à la barbe fleurie.

 

Après des débuts inquiétants de complexité pour le tout venant (tous ces noms nains de trois syllabes ou plus qui se terminent par -on, c’est un peu prise de tête), Guy Haley parvient à redresser la barre dans la deuxième moitié de cette courte nouvelle, en laissant la part belle à la truculence naturelle de son héros, jamais à court d’une remarque acerbe, et à sa maîtrise de la mise en scène de situations et de dialogues absurdes. On retrouve en Drekki Flynt une déclinaison high fantasy du Belisarius Cawl que le même Haley a positionné comme concurrent sérieux au titre de personnage nommé le plus cool de Warhammer 40.000 (en compétition avec Trazyn l’Infini et Fabius Bile lorsque Josh Reynolds est en forme), et je dois dire que ça fait plaisir. Pas au point de me lancer dans le roman consacré au personnage (‘The Arkanaut Oath’), mais assez pour attendre avec impatience que les autres nouvelles à la gloire du Drek soient proposées dans des recueils de la Black Library. 

 

Schattra, "quel timing pour un retour"

Modifié par Schattra
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Le 24/08/2022 à 20:52, gilian a dit :

a croire qu'ils ont attendu que tu reviennes pour relancer la machine 😛

Et apparemment c'est pas fini^^

 

Trop aimable de leur part! Moi qui pensait me consacrer tranquillement à mes chroniques des vieux numéros d'Inferno!, il faut déjà que je les mette en stand by... Heureusement que ça, ça ne bougera plus. :P :(

 

Toutes les nouvelles de la Character Week 2022 sont maintenant sorties, mais je continue à mon rythme de sénateur et varie les plaisirs avec la soumission de John French pour Age of Sigmar, consacrée elle aussi à une tête nouvelle (et plus chevelue que celle de Drekki Flynt) de la BL, Cado Ezechiar.

 

Blood Bound - J. French :

Révélation

blood-bound.pngCado Ezechiar, aussi connu sous le nom du Roi Vide (Hollow King), est un vampire asocial qui gagne sa non-vie en servant de mercenaire d’élite dans les coins chauds des Royaumes Mortels. De passage dans la cité de Glimmerheart, il est mis sur une mission sensible par une de ses connaissances, l’influent et manipulateur Byrazan. En échange d’informations sur l’identité des cultistes de la Main Brûlante, responsables de sa tragique origin story (famille assassinée, royaume détruit, toilettes souillées, vol de nourriture dans le frigo collectif… la classique), il doit intercepter les ravisseurs d’un héritier d’une grande famille locale, et libérer ce dernier avant qu’il ne lui arrive malheur. Rien de très compliqué pour un être aussi ancien et puissant que notre héros, dont les aptitudes martiales viennent rapidement à bout des preneurs d’otage malgré leur détermination et les armes runiques anti-vampire à leur disposition. Cet arsenal inhabituel semble indiquer que ce rapt n’est pas une opération crapuleuse banale, ce qui est rapidement confirmé lorsque Cado prend la mesure de l’état de forme du colis (Hortio) qu’on lui a demandé de récupérer. Le nobliau a en effet reçu le baiser de sang il y a peu de temps, et est un cocktail d’hormones ambulant, ce qui l’a rendu facile à piéger. L’adolescence n’est pas une période facile, de son vivant ou de sa mort.

 

Cette petite surprise, que Byrazan s’était bien gardé de lui éventer, n’est pas la seule qui attend notre taciturne protagoniste. Hortio est ainsi son « petit-fils », comme son nez/instinct affuté le lui révèle bientôt. Comme Cado n’a eu dans sa longue vie qu’un scion, ou plutôt scionne (?), Sissendra, cela signifie que cette dernière est impliquée dans cette louche histoire. Ce qui est bien sûr le cas, comme on l’apprend lorsque Kad & O balance son descendant sur les bottes de ce fourbe de Byrazan. Sissi sort de coulisses et le briefe rapidement sur la complexe géo-politique vampirique : Neferata (l’aïeule de Cado) et Mannfred sont en bisbillle quasi-ouverte, et Hortio a rejoint la lignée de la première pour lui permettre de contrôler Glimmerheart grâce à son statut d’aristocrate. La réunion de famille n’est pas très joyeuse, tout le monde détestant/méprisant tout le monde, mais le respect qu’un scion doit à son parent (ou en son absence, au porteur du flacon de sang de ce dernier) empêche les choses de tourner au vinaigre. Byrazan, conciliant, propose à Cado un autre boulot avant de lui remettre ce qui lui a promis : neutraliser l’agent ennemi responsable de l’enlèvement de Hortio afin de sécuriser la cité pour le compte de la Reine du Sang.

 

Les vampires étant des êtres civilisés et respectueux de l’étiquette, un rendez-vous officiel est conclu un peu à l’écart de la ville entre les deux factions. Après un échange d’amabilités et de menaces, les tatanes commencent à pleuvoir dru. Hortio n’est pas d’une grande aide et Sissendra guère plus, mais heureusement, Cado ne se déplace jamais sans ses neuf anneaux de pouvoir, qui ne lui permettent pas de crier d’une voix suraiguë ou de porter la capuche avec une classe incomparable, mais contiennent l’âme des amis et suivants du Roi Vide, que ce dernier peut invoquer en cas de besoin pour lui filer un coup de main. Faisant face à une forte troupe de squelettes et de loups funestes, en plus d’un vampire (Voltekar) peu commode, Cado choisit la facilité et manifeste Herezai, son dragon zombie de compagnie. Ce renfort inattendu permet à nos trois compères des remporter la partie, et de repartir avec les cendres de Voltekar enfermées dans un sac d’aspirateur en nullstone, ce qui devrait l’empêcher de nuire pendant quelques millénaires. En paiement de ses bons et loyaux services, Cado reçoit une plume bleue imbue de magie, qui devrait l’aider à retrouver la piste du Magister de Tzeentch responsable de son errance, et/ou d’Elon Musk s’il finit par racheter Twitter. L’avenir nous le dira…

 

John French se trouve avec Cado Ezechiar dans une position que peu de ses camarades de la BL peuvent se vanter d’avoir : une liberté quasi-totale de développer un héros neuf d’une faction (quasi) neuve de la GW-Fiction. N’étant pas familier des autres écrits consacrés par notre homme à ce personnage au moment de ma lecture de ‘Blood Bound’, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais ressort de cette première rencontre avec le Roi Vide plutôt satisfait. Si lui-même n’est pas d’une originalité folle (on peut penser à Gilead ou Brunner, si on souhaite se restreindre à des exemples tirés de Warhammer Fantasy Battle), il dispose déjà de traits de personnalité, d’un historique et de quelques babioles intéressants, et je ne doute pas de la capacité d’un auteur vétéran comme John French de proposer quelque chose de solide sur cette base. Une série à suivre si vous avez des goûts classiques en matière d’heroic fantasy1, à mon humble avis.

 

1 : Si vous êtes un peu plus second degré, le Drekki Flynt de Guy Haley me semble par contre plus approprié.

 

Schattra, "tenez c'est Cado" (celle-là c'est fait)

Modifié par Schattra
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Je rattrape doucement mon retard sur les publications de nouvelles durant ces derniers mois, et après avoir couvert les recueils de la Black Library Celebration 2022, je m'attaque désormais aux histoires de la Black Library Celebration Week 2022 (si si, c'est différent). On commence avec une nouvelle connaissance, qui faisait ici, sauf erreur de ma part, ses tout premiers pas dans la carrière: Drekki Flynt.

 

Krenkha Gorogna - G. Haley :

Révélation

krenkha-gorogna.pngLa journée a mal commencé pour l’équipage de l’Aelsling, capturé par une tribu de Gloomspite Gits ne dédaignant pas de mettre de la chair naine au menu. Saucissonné comme ses hommes, l’optimiste capitaine Drekki Flynt garde toutefois espoir de se tirer de ce mauvais pas avant que les carottes soient cuites, et lui avec. Ses options sont toutefois limitées : les Grobis l’ont fermement attaché dans quelques hectomètres de soie d’araignée, et le seul membre d’équipage ayant échappé à la capture est le Mangeur d’Hommes Gord, dont la loyauté est mise en question par les arkaunautes les plus défaitistes, à commencer par Adrimm Adrimmsson. Sorti presque major de sa promo à Barak-Mhornar, comme il aime le répéter à tout bout de champ, Adrimm regrette amèrement d’avoir choisi Flynt comme premier employeur, et ne se fait pas prier pour le seriner sur tous les tons. Il en faut bien sûr plus pour entamer la bonhommie naturelle de notre héros, qui échafaude même un plan audacieux qui capitalise sur le mal-être de ce chouineur d’Adrimm, ainsi que sur son caractère soupe au lait. Estimant avec justesse que l’échafaudage brinquebalant sur lequel l’arkaunaute est ligoté ne résistera pas à quelques secousses bien senties, Flynt use de son art consommé du persiflage pour excéder son matelot, dont les soubresauts indignés finissent par avoir l’effet escompté.

 

Ayant trouvé un couteau sur la dépouille du malheureux Git sentinelle qu’il a twerké à mort pendant l’effondrement de la plateforme, Flynt a tôt fait de se libérer, puis de rendre la pareille à son équipage… sauf à Adrimm, qui dans sa fureur a osé remettre en cause son capitanat en invoquant (heureusement sans succès) le krenkha gorogna, que l’on peut traduire comme « mention de censure » en khazalide. C’est le moment que choisit le fidèle Gord pour lancer un groupé-pénétrant dans l’antre des Grobis, qui se font tailler en pièce en l’espace de quelques secondes, après que les Kharadrons aient rejoint la mêlée une fois leurs armes et armure récupérées. Magnanime, Drekki Flynt accepte de passer l’éponge sur l’insubordination de son matelot (qu’il avait sciemment provoqué, il faut le reconnaître), et notre histoire se termine autour du frichti de Gits que ce gourmet de Gord prépare dans le chaudron destiné à l’équipage de l’Aelsling. Ça aurait été dommage de gâcher la soupelette…

 

Petite nouvelle sympathique, où la forme l’emporte franchement sur le fond (il n’y a qu’à voir la taille du résumé ci-dessus, et pourtant ‘Krenkha Gorogna’ fait 14 pages, ce qui est dans la moyenne des nouvelles de la Black Library), cette péripétie mineure mais drolatique de la carrière de Drekki Flynt permet surtout d’en apprendre plus sur la manière dont le Kharadron roublard s’est attaché les services de son Ogor de choc, ainsi que sur la culture de cette faction et son fameux KhCode. Mis à part ça, on se contentera de profiter des saillies bien senties de ce boute en train de Duardin, qui cabotine ici outrageusement pour notre plus grand plaisir. En tout cas, moi, j’aime bien.

 

Schattra, at his own pace

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Le 11/09/2022 à 22:50, gilian a dit :

Merci Schattra.

 

Mais de rien. ^^

 

On continue avec un autre personnage relativement récent dans la cosmogonie d'Age of Sigmar, Doralia van Denst (Dodo pour ceux qui sont fatigués de vivre), qui bosse avec son père comme chasseuse de sorcières dans les Royaumes Mortels.

 

The Interrogator - R. Strachan :

Révélation

the-interrogator.pngPriez pour le pauvre Gaspar Helding. Scribe sans envergure travaillant depuis 20 ans au service de sa guilde pour un salaire de misère à Hammerhal, notre homme a eu la malchance d’attirer l’attention des zélotes de l’Ordre d’Azyr alors qu’il sortait de son office, comme tous les soirs. Arrêté sans ménagement et jeté dans une cellule humide et sombre, Gaspar se fait bientôt cuisiner, et à feu très vif, par la peu souriante Doralia van Denst, agente assermentée de l’Ordre, qui nourrit des soupçons tenaces sur son implication dans une série d’attentats commis par des cultistes du Chaos au cours des dernières semaines. Le dossier a beau reposer sur des éléments aussi solides qu’une anse de choppe tournée vers une fenêtre, une banalité sur la météo proférée à un vendeur de fruits, ou encore des typos même pas cocasses retrouvées dans les montagnes de pages que Gaspar recopie tous les jours, rien de ce que peut avancer notre héros ne réussit à convaincre sa tortionnaire de son erreur.

 

Entre deux coups de bottin et séances de waterboarding, Dora l’Excavatrice passe le temps (un peu) et se reprend son souffle (surtout) en racontant à son nouveau meilleur ami la fois où elle traquait un Horrorghast un peu trop persistant à Excelsis. Il s’était avéré que ce n’était pas un sort en fuite, mais une projection de la détresse des orphelins des miliciens de la ville, placés dans un hospice après la mort de leurs parents. Confrontée à ce problème épineux, l’avenante Doralia avait favorisé l’option la plus définitive et la plus rapide (et sans doute la plus économique : un carreau d’arbalète coûte bien moins cher que 10 ans de psychothérapie), ce qui révèle bien les trésors d’altruisme qu’elle porte en elle.

 

Ayant laissé Gaspar quelques jours mariner dans son jus et dans ses doutes, elle revient terminer leur petite discussion en lui posant un ultimatum assez tranché. La seule manière qu’il a de la convaincre de son innocence est d’utiliser le couteau qu’elle lui remet pour se trancher la main gauche. Gaspar ne comprend pas vraiment le rapport avec la choucroute, mais sa situation désespérée finit par lui faire commettre l’impensable…

 

Révélation

…Ce qui le condamne plus sûrement qu’un aveu circonstancié, puisque sa main tranchée décide d’aller se réfugier dans un coin de la cellule. Ce qui n’est pas la réaction normale et attendue d’un membre sectionné quand ce dernier appartenait à un mammifère (c’est différent pour les céphalopodes, bien sûr). Avant de le remettre à ses collègues de la BAC (Brigade Anti Chaos), Doralia explique au cultiste que le simple fait de se trancher la main aurait suffi à établir sa culpabilité, car « les innocents ne font pas ça ». Ce qui reste à démontrer quand on est à la merci de l’Ordre d’Azyr et soumis à plusieurs jours de tortures physiques et psychologiques, mais on en restera là. En attendant que l’infâme Gaspar ne se mette réellement à table, Dodo peut retourner chez elle s’en jeter un petit bien mérité : grâce à elle, les rues de Hammerhal sont un peu plus sûres ce soir.

 

Richard Strachan met à profit sa maîtrise des canons de la littérature horrifique (il a commencé pour la Black Library avec plusieurs nouvelles siglées Warhammer Horror) pour signer une nouvelle viscéralement sombre mettant en lumière – haha – la charmante Doralia ven Denst, moitié féminine du duo de chasseurs de sorcières qu’elle forme avec son paternel. Le suspens ménagé quant à la culpabilité de Gaspar Helding, beaucoup plus sympathique pour le lecteur que la véritable (anti)héroïne de la nouvelle, et qui repose en grande partie sur le caractère fallacieux des accusations qui pèsent sur lui, donne à cette histoire un ressenti de thriller psychologique pas très éloigné d’un Saw, surtout lorsque le hachoir fait son apparition. On pourrait trouver que la conclusion est comparativement faible, mais le rendu global est tout à fait satisfaisant, et donne envie de se plonger dans le roman (‘Hallowed Ground’) que le même Richard Strachan a consacré van Denst & Fille. La GW-Fiction peut s’enorgueillir de quelques figures de Chasseurs de Sorcières/Inquisiteurs magnifiquement antipathiques, et il semblerait que les nouveaux-venus soient à la hauteur de leurs honorables aïeuls. Tant mieux !

 

Schattra, "d'autres questions?"

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Et on termine cette petite semaine avec une cinquième et dernière nouvelle, consacrée à la nouvelle recrue à longues canines de la Black LIbrary, Cado Ezechiar.

 

Tower of Empty Mirrors - J. French :

Révélation

tower-of-empty-mirrors.pngDans un remake AoSesque de Piège de Cristal, Cado Ezechiar aka le Roi Vide, vampire disgracié mais trotro balèze de son état, se démène comme un beau diable pour atteindre le dernier niveau de la tour habitée par un sorcier de Tzeentch, en dépit de toutes les surprises confusantes, déplaisantes et hallucinantes dont l’occupant des lieux a tapissé son antre (pensez à du papier peint des années 70, puissance 9). Si sa creuse majesté se donne autant de mal, c’est parce qu’un de ses informateurs de la cité de Glimmerheart (Byrazan, yes man de Neferata, que l’on retrouve également dans ‘Blood Bound’) lui a soufflé que le Magus solitaire détenait des informations sur la Main Enflammée, une puissante sorcière de Tzeentch responsable de la destruction du royaume dont Cado était autrefois le souverain. Comme notre homme a consacré sa non vie à traquer cette vile bougresse, il n’en fallait pas plus pour le convaincre de partir en reconnaissance dans l’arrière-pays de Glimmerheart, où la tour est sensée se trouver. Les indications n’étant pas des plus précises (position : sur la ligne de démarcation pluie-neige) et l’édifice en lui-même étant évidemment dissimulé aux yeux des badauds – même les sorciers de Tzeentch préfèrent éviter les vendeurs qui font du porte à porte – il faut quelques savante réflexions et observation à notre héros, aidé pour l’occasion par son mentor fantomatique Solia, dont l’essence est conservée dans l’un des neuf anneaux qu’il porte aux doigts, pour trouver l’entrée du donjon.

 

A l’intérieur, c’est bien sûr la fête du slip arcanique en matière de continuité spatio-temporelle, et Cado erre/court/nage/tombe/vole/twerke de salle en salle, expédiant quelques sbires de Tzeentch de temps à autres, sous le regard inquisiteur mais pas franchement hostile de son hôte. En effet, ce dernier a été emprisonné dans la tour par son ancienne maîtresse, la Main Enflammée en personne, après avoir conspiré contre elle et s’être planté dans les grandes largeurs. Condamné à la perpétuité incompressible, qui peut être extrêmement longue quand on est un disciple de Tzeentch, le Magus a vu ses pouvoirs décliner au fil des siècles, et n’est plus qu’une carcasse animée à l’arrivée du Roi Vide. Lorsque ce dernier finit par arriver au dernier niveau de la tour, une offre lui est faite : apprendre tout ce que le sorcier grabataire sait sur la Main Enflammée en échange d’une réponse honnête à la question qui définit l’identité de Cado Ezechiar : pourquoi est-il si méchaaaaaaant ??? pourquoi déteste-t-il les disciples de Tzeentch ? Une fois n’est pas coutume, le taiseux vampire accepte de se prêter au jeu de la psychanalyse, et révèle à son interlocuteur que la cause de sa haine vient du fait que la Main Enflammée et ses sbires l’ont confronté à qui il était vraiment, ce qui n’a pas dû lui faire plaisir, I guess. La nouvelle se termine avec la destruction de la tour, après que son occupant ait été soumis à une euthanasie de bien-être (#RIPFreya) par Cado le miséricordieux. Les informations récoltées, si elles peuvent être crues, mèneront notre héros vers le Sud. Pas très précis, mais on fait avec ce qu’on a.

 

Le trope du héros solitaire qui explore une tour de sorcier et se retrouve confronté à des dangers mortels aussi bien physiques que psychologiques est un des fondements de l’heroic fantasy, depuis la création du genre en littérature1, et la GW-Fiction compte son lot de travaux appartenant à cette catégorie2. Il était somme toute normal qu’un pilier de la Black Library comme John French se frotte à son tour à cet exercice de style, et je dois dire qu’il s’en sort plus qu’honorablement, peut-être aidé dans sa tâche par son passif d’auteur affilié au Dieu du Changement et ses disciples flamboyants (série ‘Ahriman’). En l’espace de 11 pages, il parvient à la fois à nous embarquer pleinement dans l’exotique Absurdistan que constitue la tour d’un sorcier de Tzeentch, à l’aide de quelques situations et visions convenablement fantasmagoriques, à nous en apprendre plus sur l’histoire de son héros creux (et sans abuser de scènes d’expositions, ce qui est appréciable), et à faire avancer – légèrement – la quête de ce dernier. Le tout de façon plaisante et, il faut aussi le souligner, rafraîchissante, du fait de « l’humanité » que témoigne le résident de la Tour de Miroirs au bout du compte. Pour une fois qu’un Elu du Chaos ne s’arqueboute pas sur sa vilénie nihiliste pour la beauté du geste, mais cède à des sentiments bien humains de désir de repos (même éternel) et de revanche contre ses ennemis, quand bien même ces derniers sont techniquement dans son camp, on peut apprécier le fair play du Magi en fin de vie. Bref, une soumission de qualité de la part de John French, que je conseille au-delà du cercle des amateurs de Cado Ezechiar.

 

: ‘La Tour de l’Éléphant’, de Robert Howard, une des nouvelles iconiques du non moins célèbre Conan le Cimmérien, date de 1933.

 

2 : On peut citer ‘The Fist of an Angry God’ (W. King) pour Age of Sigmar, mais il y a également des exemples rattachés à 40K, comme ‘Journey of the Magi’ (J. Green), ou encore certains passages de la série ‘Eisenhorn’ (D. Abnett) ainsi que le final de ‘Requiem Infernal’ (P. Fehervari).

 

Schattra, entretien (d'embauche) avec un vampire

Modifié par Schattra
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Je ne pense pas que vous l'ayez venu venir celle-là (moi non plus jusqu'à il y a une journée non plus, c'est dire), mais voici tout de même la random review de ce soir.

 

The Tainted Axe - J. Reynolds :

Révélation

the-tainted-axe.pngPeu de temps après les événements relatés dans ‘Spear of Shadows’, nous retrouvons le chevalier – ou plutôt, demigryphier – Roggen de Ghyrwood March, de retour en Ghyran avec une main en moins et des souvenirs en plus. Ayant refusé l’offre de Grugni de remplacer son membre manquant par une réplique mécanique, au profit d’une solution plus naturelle, notre héros n’a toutefois pas trouvé chaussure à son pied ni prothèse à son moignon. Sa convalescence prend un tour particulier lorsqu’il se sent appelé une nuit dans le bosquet de ferbois consacré de son ordre, où l’attend une Branchwraith mutine, avec une nouvelle quête divine à lui confier.

 

Loin au Sud se trouve le Gaut Tors1, une forêt qui a cruellement souffert des déprédations de Nurgle et des ses séides au cours des dernières années. Un champion du Dieu des maladies y a jadis mené une expédition corruptrice, dont il n’est jamais revenu mais qui a résulté en l’abandon de sa hache maudite sous un tas de feuilles. Depuis lors, cette arme maléfique corrompt les bois aux alentours, comme une pile au mercure enterrée dans l’humus. La mission de Roggen consistera donc à localiser cette relique impie et à la ramener à sa commanditrice, qui en échange de ses bons et loyaux ordonnés services lui fera pousser une nouvelle menotte. Bien que notre héros ne soit pas né de la dernière pluie, et se méfie à juste titre des fantasques Sylvaneth, le serment d’allégeance à Alarielle qu’il a prêté en devenant chevalier, et l’attrait de retrouver la main, le convainquent rapidement d’accepter cette quête. Avant de retourner écouter pousser les fleurs, la Branchwraith a l’amabilité de lui adjoindre les services d’un sherpa forestier, en la personne compacte mais grincheuse d’un esprit de la forêt.

 

Nous suivons alors Roggen, son guide mal-luné (il passe son temps à appeler le chevalier « viande », ce qui n’est guère aimable) et sa farouche monture (Harrow) jusque dans les profondeurs mal famées du Gaut Tors. Bien que sa patronne lui a promis qu’il aurait un droit de passage auprès des Sylvaneth du cru, le fait que ces derniers soient perturbés par les émanations toxiques de la hache perdue d’une part, et leur allégeance à nulle autre que Drycha Hamadreth d’autre part (un petit détail que la Branchwraith avait omis de préciser à son prestataire pendant le briefing), n’incitent pas Roggen à la détente de son slip (en bois, comme le reste de sa garde-robe). Le trio finit toutefois par arriver dans une clairière, où un petit groupe de Rotbringers est à pied (gangréné) d’œuvre, et vient d’exhumer une sorte de cocon de racines calcifiées, qui ne peut être que le réceptacle de cette fameuse hache.

 

Confiant dans ses capacités de bretteur et l’effet de surprise, Roggen fonce dans le tas avec abandon, mais se retrouve rapidement en difficulté, notamment du fait que ses adversaires ont apporté avec eux des arbalètes, ce qui n’est pas très fluff tout de même. Avant que l’impétueux chevalier n’ait été transformé en hérisson manchot (ce qui vaut mieux qu’un échidné pingouin, qu’on se le dise), une voix tonitruante vient intimer aux Nurgoons de cesser le feu. Il s’agit du Blight Knight qui commande l’expédition des prouteux, et qui, en véritable chevalier de l’ordre de la mouche, propose à Roggen de régler l’affaire par un duel tout ce qu’il y a de plus honorable, et au gagnant le loot. N’ayant pas de meilleure option sous la main, notre héros accepte la proposition de son adversaire (Feculus), et les deux champions se mettent sans tarder à l’ouvrage.

 

Si sa monture parvient sans mal à vaincre le destrier démoniaque de sa Némésis, Roggen éprouve quant à lui les pires difficultés à tenir tête à cette dernière, qui est à la fois plus forte et plus résistante que lui. Au bout du compte, il faudra l’intervention, pas vraiment fair play mais très secourable, de son sidekick végétal (qui utilise l’attaque airbark) pour que Roggen parvienne à vaincre l’ignoble Feculus. La mort de leur patron libère toutefois les Rotbringers de leur serment de non-intervention, et le chevalier Dubois n’aurait pas fait long feu sans l’arrivée à point nommée des Sylvaneth du Gaut Tors, qui se font un plaisir d’offrir une démonstration de bio compostage express à leurs ennemis honnis. Cela laisse le temps à Roggen de repartir avec sa relique rouillée, et de se retrouver en bout du compte avec une greffe maniable. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.    

 

On ne le savait pas encore à l’époque de sa publication, mais ‘The Tainted Axe’ constituait la dernière apparition du chevalier Roggen de de Ghyrwood March, l’un des personnages attachants2 créés par Josh Reynolds dans le cadre de sa saga – laissée inachevée – des Lamentations de Khorne. Si cette péripétie mineure ne se place pas parmi les meilleures soumissions de notre homme, on y retrouve toutefois les points forts habituels de sa prose, à savoir des personnages intéressants (mention spéciale au jovial Feculus, que l’on retrouve cité dans les écrits consacrés par Reynolds à l’ordre de la mouche), une intrigue et un développement qui tiennent la route, et une généreuse dose de fluff pour napper le tout. Des nouvelles comme ça, je pourrais en lire 10 par jour sans me lasser. A mettre entre toutes les mains (haha).

 

1 : Je ne sais pas si cette nouvelle a été traduite en français, mais je suis hyper fier de ma proposition (Writhing Weald en VO).

 

2 : Notamment parce qu’il a pas mal de traits communs avec Erkhart Dubnitz, du très saint et très violent ordre de Manann, un des héros les plus hauts en couleurs de la Black Library.

 

Schattra, "2017, grande année"

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Il y a 5 heures, gilian a dit :

Petite question: the eight lamentation c'est la série que Josh n'a pas fini avant de partir c'est ça?

 

Exactement! D'après le site de la BL, une trilogie était prévue et plusieurs nouvelles se rattachent également à la trame du seul roman publié avant son départ, 'Spear of Shadows'. Pour ne rien arranger, certaines de ces nouvelles n'ont pas été identifiées par la BL comme faisant partie de ce cycle... Il faudrait lire tout ce qu'il a écrit vers 2016-18 pour en avoir le cœur net.

 

Schattra, "pourquoi faire simple quand on peut être fainéant?"

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  • 2 semaines après...

On poursuit avec encore une nouvelle de l'incontournable Josh Reynolds, dont le rôle dans le développement de la gamme Age of Sigmar de la Black Library ne doit ni ne devra être jamais minimisé.

 

The Road of Blades - J. Reynolds :

Révélation

The Road of BladesAhazian Kel est ce que l’on peut appeler un routard des Royaumes Mortels. Guerrier accompli et sans pitié, il a tout sacrifié (y compris sa famille et sa tribu) pour se vouer à Khorne et devenir le plus grand dresseur Pokémon la guerre incarnée, avec un certain succès il faut le dire. Au début de notre propos, nous cueillons cette grande baderne flegmatique (y a pas grand-chose qui touche sa hache qui fait bouger son marteau) au saut du cheval, sa monture ayant prise une flèche dans l’œil après qu’il ait été repéré par un groupe de maraudeurs de Caldera alors qu’il parcourait les Herbes Noires (une steppe d’Aqshy). Peu impressionné par cet accueil hostile, Ahazian découpe quelques-uns de ces faquins mongoloïdes, ce qui convainc les survivants d’aller voir ailleurs s’il y est. L’Elu de Khorne peut donc reprendre sa route, qui doit le mener… à une autre route, mais pas n’importe laquelle : il a en effet reçu des présages insistants l’enjoignant à rejoindre la légendaire cité de Soulmaw, située à la croisée des Royaumes et centre névralgique de la production d’armes et d’armures des hordes du Dieu du Sang. Pour cela, il est nécessaire d’emprunter une huit voies, connue sous le nom de Route des Lames.

 

L’appellation n’est pas mensongère, comme il ne tarde pas à s’en rendre compte, puisque cette route est littéralement constituée de lames fondues ensemble, comme si un conquérant Targaryen anonyme avait eu des envies de tapis plutôt que de fauteuil. A chacun ses goûts. Comme Khorne n’est pas du genre à ménager ses champions, Ahazian est confronté à quelques épreuves sur le chemin de Soulmaw : des Epées de Vive-Argent s’extirpent de la route et lui tombent sur le râble, des automates tueurs lui refusent la priorité, et d’autres aspirants attirés par les mêmes présages de carnage et de grandeur que lui cherchent querelle alors qu’il attend à la sortie de la bretelle de péage. Pas vraiment ce qu’on peut appeler de la mobilité douce. Le sanguin A-ha est bien décidé à resteeeeeer sur sa route, en recourant au meurtre si nécessaire, mais avant que l’irréparable ne se produise, il est téléporté à l’intérieur d’une forge spacieuse mais rustique, où le maître des lieux lui accorde audience.

 

L’hôte en question, le Skullgrinder Volundr, n’est pas n’importe qui. Il s’agit de l’un des huit Maîtres de Forge de Khorne, soit l’élite de la crème des forgerons chaotiques. Chacun d’entre eux a notamment créé l’une des huit Lamentations du Dieu du Sang, armes exceptionnelles que Khorne avait offert à ses frères1, et qui furent perdues pendant l’Âge du Sang. Vovo a ainsi confectionné l’épée Coupemoelle (Marrowcutter en VO, c’est à peine moins ridicule), trempée dans le sang de cent démons. C’est lui qui a convoqué Ahazian, car il sait que les armées du Chaos auront bientôt besoin d’être menées par des héros maniant des armes légendaires, et il a pressenti que notre homme, s’il est le dernier des Kel, n’était pas le dernier des abrutis, et pourrait avoir l’étoffe nécessaire pour le job. Pour en être sûr, et comme c’est la tradition lors de recrutement à la Khorne Khorp., il défie Ahazian en duel, et se fait vaincre par une fourchette dans les yeux vicelarde mais réglementaire. Satisfait par le fighting spirit de sa recrue, il lui remet une hache bien stylée, et le prend à l’essai pour un premier contrat. La suite dans ‘The Spear of Shadows’.  

 

Nouvelle présentant les origines du principal antagoniste de ‘The Spear of Shadows’ et contextualisant la légende entourant les Lamentations de Khorne, ‘The Road of Blades’ n’a curieusement pas été nommément reliée au cycle éponyme par la Black Library, alors qu’elle y a toute sa place. Il n’en reste pas moins que cette histoire de champion chaotique embarqué dans une quête mortelle et affrontant des dangers aussi variés que surnaturels (Chaos oblige) se laisse lire sans problème, et permet à Reynolds de nous livrer un beau spécimen d’anti-héros aussi charismatique que détestable. Comme le dit l’adage, une bonne histoire repose en grande partie sur la qualité de son méchant, et Ahazian Kel est un (futur) antagoniste auquel on s’attache rapidement. Lecture essentielle si vous vous lancez dans la saga, malheureusement inachevée, de Reynolds pour Age of Sigmar, et sympathique sinon.

 

1 : Ce qui est assez stupide de sa part car cela fait 2.666666666666667 armes par Dieu. Il en aurait fait 9, ça aurait été plus simple.    

 

Schattra, on the road again

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Khorne a des Frangins? Fichtre, je suis vraiment plus à la page...

 

A moins que, les autres dieux du Chaos? A ouais, ça fait plus sens. Mais pourquoi leur faire des cadeaux alors qu'ils peuvent pas se blairer?

 

Le nombre est finalement en soit un début de réponse. 8 armes pour 3 bonhommes avec des égo divins... la discorde aurait pas trouvé meilleure pomme. Il devient vicieux, le Khorne...

 

Ou alors c'est le pot commun pour la prochaine invasion universelle?

 

Bon ok, j'y connais rien, c'est quoi la légende des Lamentations de Khorne?

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Il y a 4 heures, Miles a dit :

Bon ok, j'y connais rien, c'est quoi la légende des Lamentations de Khorne?

 

C'était le grand projet de Reynolds pour AoS, mais sa collaboration avec la BL s'est arrêtée avant qu'il n'ait pu écrire autre chose que le roman 'Spear of Shadows' (consacré à la lance Gung, l'une des 8 Lamentations), et quelques nouvelles ('Auction of Blood' parle du fouet Charu, 'The Tainted Axe' est centré sur une hache, et 'War Claw' est un audio drama sur... une arme). On sait que le projet était d'avoir une trilogie, donc au moins deux romans manquent à l'appel...

 

Schattra, regrets éternels

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  • 2 semaines après...

Première entrée Age of Sigmar dans la Warhammer Horror Week 2022 (il était temps), avec le retour d'un petit nouveau qui avait déjà participé à une semaine thématique de la BL, quelques mois auparavant.

 

The Somewhere Sister - J. Lambert :

Révélation

The Somewhere SisterDans une vallée perdue de Hyish, une famille aelfique vivote en hébergeant les voyageurs se dirigeant vers la cité mythique de Ar-Ennascath, dont l’accès est défendu par des montagnes aussi inhospitalières que dangereuses. L’auberge de la Sœur Errante (traduction par votre serviteur de la V.O. Somewher Sister) a cependant connu des jours meilleurs, puisque seule notre héroïne, Vendriel réside encore entre ses murs décatis. Après avoir perdu sa mère, puis sa sœur jumelle, Velethir, toutes deux victimes de leur addiction aux éclats d’aetherquartz1 qui entourent le miroir de la matriarche, Vendriel doit gérer l’établissement par ses propres moyens, tout en restant persuadée que Velethir n’a pas vraiment quitté les lieux, rêves macabres (elle la voit hurler sans un bruit, une entité imprécise mais certainement maléfique coincée au fond du gosier) à l’appui. Fort heureusement, la Sœur Errante ne croule pas sous les visiteurs, et est même complètement vide au moment où se présente le forgeron Duardin Gryn Garinsson, bien décidé à présenter son heaume runique lors du festival de Syari, qui se tiendra dans quelques jours à Ar-Ennascath.

 

Prise de court par l’arrivée du nabot (mouahaha), Vendriel parvient à donner le change et à lui refiler sa piquette premier choix – alors que Gryn voulait de la bière, comme tout nain qui se respecte – malgré l’atmosphère décidément creepy qui baigne l’auberge. Après avoir été à nouveau témoin de l’apparition pas franchement rassurante de Velethir dans le cellier, elle abandonne son hôte pioncer devant la cheminée, mais, miracle, Gryn parvient à passer une nuit tranquille et repart en sifflotant le lendemain à l’aube. Il serait temps de laver le linge miroir sale en famille, maintenant…

 

Révélation

…Ces choses là sont cependant plus faciles à entreprendre qu’à conclure, comme Vendriel s’en rend compte lorsqu’elle tente de se défaire du miroir en question. Son idée ne plait en effet pas du tout au démon de Slaanesh qui a possédé Velethir, ni à celui qui a fait de même avec sa mère auparavant, d’ailleurs (peut-être est-ce le même d’ailleurs, l’engeance du Prince du Chaos n’étant pas franchement connue pour être monogame). Confrontée à cette double menace, notre héroïne n’a pas d’autre choix que de rejoindre la petite affaire familiale, et de devenir à son tour une junkie hallucinée et pseudo-démoniaque. Lorsque Gryn repasse par la Sœur Errant pour faire coucou, une fois le festival terminé, il bénéficie d’un accueil dont il se souviendra… toute sa vie.

 

Jeremy Lambert poursuit sur sa lancée aelfique (après ‘The House of Moons’) avec cette nouvelle où se perçoit nettement son passif de scénariste de comics, tant il semble à la lecture que cette histoire a été écrite avec des effets d’horreur « visuelle » en tête. Les jeux de miroir, de dédoublement (et plus si affinité), le basculement de la narration d’un point de vue de personnage à l’autre… sont autant de stratagèmes éprouvés pour créer un sentiment d’angoisse et de tension chez le spectateur, et si cela marche un peu moins bien sous format littéraire, le résultat reste tout à fait satisfaisant. Finalement, le seul reproche que je pourrais faire à ‘The Somewhere Sister’ est son manque de pédagogie à propos des éléments du fluff Lumineth nécessaires à la bonne compréhension de l’intrigue, à commencer par les éclats d’aetherquartz dont la famille de Vendriel fait si grande consommation, et les effets néfastes de cette dernière, particulièrement lorsque le recyclage en est négligé. Quand on vous dit que l’économie circulaire, c’est important…

 

1 : L’aetherquartz est la forme Hyishienne (?) des pierres de royaume, et a entre pouvoirs celui d’aspirer les sentiments tristes et négatifs de celui qui le contemple. Les éclats finissent cependant par se saturer de pensées néfastes, et doivent alors être purifiés, leur trop grande concentration pouvant les transformer en générateurs d’angoisse et de déprime.

 

Schattra, big mouth strikes again

Modifié par Schattra
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Deuxième (et dernière) nouvelle AoS de cette série horrifique 2022, qui démontre de manière explicite qu'il faut faire attention à ne pas stocker des matériaux réactifs au même endroit, quelque soit l'univers dans lequel on vit.

 

The Gnarled Bough - J. Mistry-Evans :

Révélation

The Gnarled BoughAlors que les autres serviteurs du Seigneur Schreikwood partent dans leur village natal pour fêter avec leurs proches la Nocta Heldenfast, le jeune Arnvoe, garçon à tout faire de la propriété, surprend sans le vouloir une transaction entre le majordome (Kratchloc) et une ranger aelf de passage dans la vallée Morrthawn, en Shyish. S’il n’arrive pas à apercevoir ce qui se dissimule dans le paquet que la voyageuse remet à l’antipathique Kratchloc en échange d’une quantité respectable de sable de tombe, il réussit toutefois son entrée, en s’écrasant du haut du (petit) beffroi jusqu’aux pieds des deux conspirateurs. Le majordome n’étant pas connu pour sa clémence, Arnvoe se prépare à passer une sale journée lorsque son boss trouvera le temps de s’occuper de son cas, ce qui est heureusement reporté à plus tard du fait d’une activité chargée (ces latrines ne vont pas se nettoyer toutes seules) et d’un effectif plus réduit que d’habitude, du fait des festivités prochaines.

 

Nous suivons alors Arnvoe dans son morne et pénible quotidien, fait de récurage, dépoussiérage et autre passage de serpillière dans les recoins les moins salubres du manoir de Schreikwood. N’étant pas natif de Shyish, mais de Ghyran, où il était enfant des rues jusqu’à ce que le Seigneur S. ne le ramène comme souvenir d’une des ses nombreuses escapades dans le Royaume de la Vie, auquel il voue une passion aussi dévorante que dispendieuse, Arnvoe ne s’est jamais pleinement intégré à ses collègues de servage, et ne bénéficie lui d’aucun jour de congés (motif officiel : ce n’est pas sa culture). Les travailleurs détachés sont toujours les plus mal lotis, ça, ça ne change pas. Seule la vieille cuisinière a un peu d’égard pour lui, et lui permet ainsi de se faire un petit gueuleton à base d’os – on est à Shysish, what did you expect ? – entre deux corvées.

 

Le sursis laissé par Kratchloc finit cependant par expirer, et après s’être fait copieusement corriger à coup de ceinture pour apprendre à espionner les gens et à pointer au boulot en retard, Arnvoe est envoyé nettoyer la cave où le Seigneur Schreikwood garde sa collection d’incunables ghyranites. Une tâche d’ampleur pour notre héros, et qui surtout le place à proximité d’une sinistre relique, que tous les membres de la maisonnée évitent comme la peste…

 

Révélation

…Alors qu’il est occupé à épousseter un tas de glands, Arnvoe assiste au début d’une réaction en chaîne provoquée par la proximité entre le paquet ramené le matin même par l’aelf (et qui contient de la jadéite, la pierre de royaume de Ghyran) et l’inquiétante acquisition #83, précédemment évoquée. Comme cette dernière se trouvait être, non pas un cep de vigne particulièrement pittoresque, mais la « coquille » d’un Tree-Revenant, la situation dégénère rapidement au fur et à mesure que le réveil de l’esprit des bois s’accompagne par la pousse spontanée et rapide de ronces et d’épineux animés de sanguinaires attentions envers les humains qui leur passent à portée de tige. C’est la pauvre cuisinière qui est la première à se prendre une écharde mortelle dans le gras du talon, suivie par les gardes du château. Au bout de quelques minutes aussi confuses que vivaces, il ne reste plus que Arnvoe, Kratchloc et le Seigneur Schreikwood de vivants dans le manoir.

 

Lorsque le Tree-Revenant, un peu groggy après ces années à servir de cale porte, se présente finalement devant le trio de survivants, il peut compter sur un allié inattendu mais fort utile en la présence d’Arnvoe, dont les racines (mouahaha) ghyranites le rendent sensibles à la chanson d’Alarielle que l’esprit de la forêt marmonne. Alliant l’inconscient à l’agréable, il profite de l’inattention de ses boss pour planter une hache dans le dos du majordome lorsque celui-ci (merci @Miles) tente de transformer le Tree-Revenant en torche, et laisse le fantôme de Yannick Jadot faire son affaire au Seigneur Schreikwood sans s’interposer. La nouvelle se termine sur la perspective d’un compostage prochain et express de la biomasse que constitue le corps d’Arnvoe, mais avec le consentement de ce dernier. C’est dire à quel point la musique devait être bonne, bonne, bonne…

 

Jamie Mistry-Evans n’est pas le premier à explorer la face sombre des Sylvaneth pour le compte de Warhammer Horror, et je dois dire qu’il n’est pas l’auteur dont la tentative m’a le plus impressionnée. Là où Lora Gray avait réussi à mettre en scène de façon viscérale la folie des Parias (‘Crimson Snow’), et Josh Reynolds donné un aperçu de la menace fongique posée par les suivants d’Alarielle (‘A Darksome Place’), Mistry-Evans reste assez convenu et réservé dans son approche, ce qui est un gros handicap pour susciter l’angoisse chez le lecteur à mon humble avis. A cela s’ajoute une intrigue qui devient dénuée de tout suspens à mi-chemin (une fois que le dormeur du val s’éveille), et qui donne la part belle à l’action (convenue et là encore assez peu marquante) aux dépends de l’atmosphère ou du suspens. Pas mauvais à proprement parler, mais assez quelconque.

 

Schattra, la main verte

Modifié par Schattra
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