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Warhammer Forum

[Elfes noirs] Splendeur et Effroi


Ghiznuk

Messages recommandés

p.1

 

LE IXe ÂGE
BATAILLES FANTASTIQUES

 

SPLENDEUR ET EFFROI

Guide des Elfes noirs

 

p.2

 

LE IXe ÂGE
BATAILLES FANTASTIQUES

SPLENDEUR ET EFFROI

Guide des Elfes noirs


Auteurs principaux : Daniel Eugui, Scott Jones

Responsable de la faction : Marko Lukić

Chef de l’Équipe background : Edward Murdoch

Co-auteurs : Henry P Miller, Alessandro Vivaldi

Relecture : John Wallis

Mise en page : Kacper Bucki


Traduction française : Nitch, Mad Otter, Thraedor, Ghiznuk, Ænoriel


Première édition, avril 2021

 

 

p.3

 

Rapport de mission – Inquisiteur Première classe Elmar Lorca

 

CLASSIFICATION : SUB-ROSA – À DESTINATION DE : ÉTAT-MAJOR

 

948 AS, le 27 damose

 

La situation qui prévaut à Avranne est celle d’une scène de guerre. Les forces de la république du Dathen ont provoqué des dégâts considérables et les habitants se sont réfugiés dans les villages des collines environnantes, mettant à rude épreuve les infrastructures locales. Edmund Readwalde, Comte d’Avranne, a accepté l’offre d’aide impériale. Je crois que c’est en partie pour hâter une réaction de la part de la Cour d’Équitaine, le comte y étant en disgrâce (source locale). Nous estimons que sa coopération avec Aschau est une tentative de tirer parti de la paranoïa de la Couronne à l’égard des motivations impériales dans la région. Nous conseillons de maintenir cette approche.

 

Les forces ennemies ont recouru à la tactique caractéristique des Daebs. Des témoins oculaires ont rapporté avoir vu se lever un brouillard soudain et impénétrable provenant de la mer, duquel ont émergé des masses flottantes, de la taille de maisons.

 

Il est probable que les elfes avaient préalablement effectué une mission de reconnaissance des lieux ; ils ont fait preuve d’une surprenante intelligence des routines de la gardes, du fonctionnement de la ville et des horaires des marées locales.

 

L’attaque a été précédée par des éclaireurs, vraisemblablement des Capes noires. Nous supposons que ces agents se sont fait passer pour des marchands arandais lors des dernières semaines dans le but de recueillir des renseignements. Des personnes inconnues prétendant venir de Celeda Ablan (source locale) ont en effet été aperçues dans la ville. Cependant, mes contacts au sein de la flotte marchande des Hautes Lignées affirment ne pas connaître d’individus correspondant à leur description, ni leur navire (source fiable).

 

Cette action à Avranne est d’autant plus inquiétante qu’on a rapporté ces dernières semaines des activités suspectes similaires le long de la côte impériale. Elles présentaient les mêmes caractéristiques que celles décrites ci-dessus. Plus troublant encore, les forces qui se sont abattues sur la ville sont commandées par une aristocrate daèbe dont la réputation n’est plus à faire (nom de code : « Rose noire »). C’est une soldate remarquable ayant suivi une formation militaire conventionnelle par choix, et qui est encore plus redoutable dans le domaine de l’espionnage. Nos renseignements actuels suggèrent qu’elle aurait pu infiltrer les échelons supérieurs de la Cour des Hautes Lignées avant sa nouvelle prise de fonction. Nous ne sommes pas encore parvenus à identifier les individus susceptibles d’être sous son emprise. Nos agents au sein de la sphère diplomatique d’Aldan ont été informés de la situation ; nous nous attendons à recevoir d’autres nouvelles prochainement.

 

Rose noire est influente au sein de la faction sénatoriale « Mère-Patrie » dont l’étoile s’élève à Rathæn. Cette faction constitue une menace existentielle pour l’ensemble de la Vétie, particulièrement pour Sonnstahl. La mémoire elfique remonte en effet à des temps immémoriaux, et mes recherches suggèrent que de nombreux membres de la faction « Mère-Patrie » ressassent encore leur défaite en Vétie à l’époque de la fondation de l’Empire.

 

J’ai demandé à mes agents dans le secteur nord de prêter une attention particulière à toute activité maritime. L’Inquisition recommande que tous les commandants de garnison reçoivent l’ordre de redoubler de vigilance et de s’assurer que les infrastructures et les services locaux soient en mesure de prêter leur concours à une mobilisation rapide.

 

Cette affaire est maintenant de la plus haute priorité. Veuillez vous attendre à recevoir d’autres rapports. J’ai joint à cette missive plusieurs documents, fruits de mes recherches, susceptibles de vous intéresser.

 

Sunna Libera Nos !

 

E. Lorca

 

Postscript : le Comte semble disposé à jouer le rôle d’informateur de l’Inquisition. Je recommande de suivre ce contact de très près.

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  • 8 mois après...

À la naissance, grande fut défiance :
Les Sauriens régnaient de leurs lances.
Étouffer. Enchaîner.

 

Combat s’ensuivit, jour et nuit,
Pour briser leur hégémonie.
Déchirer. Décapiter.

 

Aux heures sombres, nos ancêtres en nombre
Du véritable pouvoir firent montre.
Tuer. Écorcher.

 

Nulle pitié ne fut accordée :
La violence, nécessité.
Prospérer. Perpétuer.

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JOURNAL D’UN NOBLE ELFE DE VIRENTIE

 

Extraits présentés à la Société d’exploration océanique par un bienfaiteur anonyme, origine inconnue.

 

I

 

Comme à chaque fois que je navigue sur l’océan, mon cœur s’emplit d’une joie incomparable et d’un sentiment de liberté. C’est peut-être là tout le sens de l’âme daèbe : notre lien fatidique avec l’écume et les embruns.

 

Quoi qu’il en soit, le voyage a été agréable, même s’il a été long. Un cycle lunaire complet s’est écoulé depuis que je me suis embarqué sur ce chemin détourné en direction du grand Dathen, quittant ces rivages lointains de la petite république qui est mon foyer. La première étape du voyage s’est déroulée dans le calme, entre les eaux virentiennes et la Mer brisée. Mais à partir d’ici, la protection de Harag s’est avérée insuffisante pour assurer la sécurité de notre flottille. La tempête a été aussi soudaine que violente. Deux trirèmes et trois galères rapides ont été englouties par les eaux féroces ; leurs coques aux courbes élégantes n’ont pas résisté.

 

Nous avons dérivé loin dans le Grand océan. Une fois l’inventaire fait, j’ai été étonné et soulagé de constater que la majeure partie de ma cargaison était toujours en sécurité : trois cent vingt-deux barils de vin raffiné, trois celliers pleins de poisson salé et d’huîtres, deux cent quatre-vingts esclaves et deux belles manticores qui avaient été promises à un belluaire de Cæn Dracin. Après ce décompte, mon humeur s’est nettement améliorée. Nous n’avions perdu que sept esclaves, devenus fous, et qu’il a fallu abattre.

 

Ce matin, je me suis promené sur le pont du Vent glacial, ma fière trirème. Il bouillonnait d’activité. Les corsaires supervisaient les réparations, en plus de leurs tâches habituelles, lesquelles consistent à s’occuper du gréement et des voiles. La majorité d’entre eux sont de jeunes elfes têtus, dont beaucoup viennent à peine de sortir de l’Académie ; mais on trouve aussi parmi eux des guerriers et guerrières endurcis, ainsi que des marins expérimentés, lecteurs incomparables de l’humeur de Harag dans le ciel, et tout aussi compétents pour étriper leurs ennemis de leurs lames d’acier. Ces vétérans sont craints et respectés par le reste de l’équipage, leurs larges capes en peau de monstre marin symbolisant leur statut.

 

J’observais la trirème la plus proche, le Croc du Serpent. Je pouvais y voir les dresseurs de bêtes que j’avais engagés auprès de l’une de nos meilleures écoles de domptage afin de surveiller les manticores. J’étais inquiet d’avoir à transporter des bêtes aussi puissantes, mais ces experts méritent leur réputation : leur extraordinaire savoir-faire vaut bien chaque barre d’argent déboursée.

 

Remplissant mes poumons de l’odeur salée de l’océan, j’ai contemplé les vagues qui caressaient les coques de notre flottille. Nous avions perdu beaucoup de temps en raison de la tempête, mais les trirèmes naviguent vite grâce à la toile du navire et à la rame de l’esclave. En de tels moments, je me sens pleinement vivant.

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II

 

Le voyage avait été long depuis ma demeure en Virentie. Lorsque j’ai finalement débarqué dans le port bondé de Cæn Dracin, j’ai voulu faire route en direction des rues anguleuses de la cité. Mais avant même d’avoir fait un pas, j’ai été abordé par une esclave qui m’a conduit à son maître : mon cousin et vieil ami Loræc. Celui-ci m’a réservé un accueil chaleureux, me saluant à la manière des Daebs, le bras droit en travers de la poitrine. Il m’a fait asseoir sur un banc sur une élégante terrasse, d’où nous avons pu profiter de la vue sur le port et de la senteur de l’océan.

 

Je n’étais pas venu ici depuis de nombreuses années, et je n’ai pu m’empêcher de faire remarquer que beaucoup de choses avaient changé.

 

« Je suppose que tu as raison, a-t-il répondu. Cette ville est toujours bondée, et le flux constant de personnes et de marchandises la fait constamment évoluer.

 

— Vos concitoyens sont différents de ceux de mon pays. Il y a ici une variété saisissante de vêtements, de coiffures et de mœurs. Les corsaires et les jeunes qui naviguaient avec moi avaient les cheveux rasés sur les côtés ou entièrement coupés. Dis-moi cousin, est-ce la marque d’un culte ?

 

— Certaines sectes obligent leurs adeptes à se raser, c’est vrai. Mais ceux que tu as vus ne sont que de jeunes idéalistes avides de liberté. Vois-tu, une fois sortis de l’Académie, ils ne sont plus obligés de porter leurs cheveux en une longue tresse ou crinière, comme le veut la vieille tradition chez nos soldats. Ils les coupent alors pour signaler leur indépendance, et entament alors une nouvelle carrière loin du regard de l’État, en tant que corsaires ou esclavagistes.

 

— Il me semble, mon ami, que nous sommes tous deux trop vieux jeu pour comprendre. »

 

Nous avons terminé nos boissons, puis nous sommes promenés du port jusqu’au marché, sis au centre de la ville, près de la fontaine de Harag. Poursuivant notre conversation, comme j’étais toujours intrigué par ces jeunes elfes, je lui ai demandé comment ils étaient traités par l’État. Ce qui nous a fait aborder le sujet de la politique.

 

« Trois grandes factions politiques se partagent le pouvoir dans la République, m’a-t-il expliqué. Nous appelons la première la faction “Terre-Mère”. Il s’agit principalement de descendants d’anciennes familles, ces premiers colons abandonnés et trahis par les dirigeants arandais, il y a bien longtemps, et qui cherchent aujourd’hui à raviver l’ancienne guerre avec les Hautes Lignées et à reconquérir l’Empire elfique par la voie militaire ou diplomatique. D’autre part, les descendants des elfes qui ont fui la Vétie après les guerres de la fin de l’Âge d’Or constituent le noyau de la faction “Mère-Patrie”. Ils considèrent la Vétie comme notre foyer ancestral, et veulent rétablir notre domination sur ce continent. Les puissantes familles qui animent ces deux partis avaient l’habitude de considérer les jeunes que tu as mentionnés comme des parvenus, sans guère leur prêter attention, mais ils ont à présent crû tant en nombre qu’en puissance. Si bien que depuis de nombreux siècles, ces démagogues et chercheurs de fortune forment la troisième faction, les “Esclavagistes”, qui préconise d’oublier les antiques rancunes pour assumer la position de force acquise par le Dathen au fil des siècles afin de le faire prospérer. »

 

En approchant du marché, j’ai admiré les hauts murs de la citadelle intérieure et la célèbre statue de Dræcarion, héros déjà légendaire bien avant l’indépendance du Dathen. Bientôt, nous étions entourés des parfums et des voix du marché. De longues rangées d’esclaves marchaient avec lassitude, fraîchement débarqués du port.

 

« Tu vois, a repris mon cousin, c’est là la vraie richesse du Dathen : le monde entier mis en coupe réglée. À quoi bon les fables et les rêves de terres lointaines, quand nous avons l’océan au bout des doigts, l’abondance de la Silexie qui s’offre à nous ? C’est, du moins, ce que l’on lit dans les pamphlets des Esclavagistes… »

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L’Âge d’Or, amitiés détériorent ;
Notre race attendait l’aurore.
Attendre. Suspendre.

 

Archers cachés, des forêts suzerains :
Nous nous dressâmes contre nos cousins.
Assaillir. Trahir.

 

Des avides nains, la grande guerre vint :
Batailles dans montagnes et ravins.
Frapper. Hériter.

 

Traversant le grand océan,
Les lourdes chaînes de l’Empire brisant.
Protester. Révolter.

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Écoute moi, pourriture naine.

 

Nous sommes les héritiers d’Æmbeghen, fondateur de notre république éternelle. Nous n’usons pas de ruse, nous ne trichons pas ; toute notre puissance est dirigée vers nos ennemis, car la terreur est notre arme. Nous sommes des prédateurs qui chassons nos proies avec honneur et sans pitié. Pour vous, l’honneur est d’être chassé par nous. Mais pour nous échapper, vous devrez user de stratagèmes, car votre force n’est rien face aux parfaits tueurs que nous sommes. Plus puissant est le gibier, plus grand sera notre gloire.

 

Pensez-vous que vos menaces de torture m’effraient d’une quelconque manière ? Nous sommes la peur incarnée. Nous ne craignons pas la mort, car la Reine de la mort nous accompagne dès notre naissance.

 

En tant que shethim d’Urlaïn, je prévois en Son nom notre victoire prochaine et vos cadavres pourrissant déjà sur le champ de bataille. Cette terre est nôtre, c’est notre devoir de la reconquérir et de la purifier de votre immonde présence, au nom du pacte conclu avec nos dieux.

 

Les shethims de Nabh éveilleront la soif de sang de nos guerriers en leurs prêchant les saintes paroles. Les shethims de Cædhren sélectionneront nos prochaines proies. Les shethims de Moïthir s’empareront de vos âmes. La Consule des cérémonies elle-même préparera un triomphe, au nom d’Æmar, pour nos commandants victorieux. Nous avons foi en notre domination, car la république du Dathen est consacrée par le Père divin. C’est en son triple nom que nous déclarons les guerres et c’est sa fille, la Corneille écarlate, qui guide nos lames au combat tandis que ses fils jugent les vils et les perfides.

 

L’encens brûle dans nos temples, une multitude d’esclaves est sacrifiée tandis que nos guerriers se rassemblent, de plus en plus nombreux. Les portes du temple de Nabh sont ouvertes : elles ne se refermeront qu’une fois que chacun d’entre vous aura rencontré son destin.

 

Les Trônes d’obsidienne approuvent cette campagne, car elle est sacrée pour tous nos dieux. Les dévots, ainsi que les grands prêtres des Temples, mènent nos troupes sur le champ de bataille, guidant leurs mains, conseillant nos commandants, accomplissant la volonté des dieux de la République. La victoire ou la mort est certaine, car tout Daeb, homme comme femme, sait que le Dathen et les Halles des dieux ne font qu’un.

 

La seule chose que vous devez savoir, est que vous ne serez pas épargné. La Reine fantôme réclamera vos âmes. La Sorcière des tempêtes propulsera nos flottes. Cædhren pourchassera vos espoirs. Nabh écrasera vos ambitions tout comme vos armées. Urlaïn approuvera notre victoire sur vos crânes, vos os et vos bannières. La peur que nous provoquons à nos ennemis accroît la puissance de nos Temples ; les échos de vos souffrances se répandront dans toute la Vétie. Les cités humaines seront renversées, les forteresses naines assiégées par la terreur elle-même.

 

–––––


Prétendue provocation lancée par les forces daèbes aux nains de Nevaz Vanez lors de la grande invasion de Vétie, dans l’espoir de les inciter à livrer bataille dans des conditions défavorables. J’émets de sérieuses réserves quant à la paternité de cette lettre. Nos honteux parents ne sont jamais aussi… verbeux, mais ce que nous connaissons d’eux, de leur religion ou de leur philosophie militaire, suggère que si le format et le style ont pu être contrefaits, le fond, lui, est typiquement daeb.

 

Les observations de nos agents au Dathen confirment qu’il y existe deux formes d’institutions religieuses : les Temples et les cultes. Les Temples sont approuvés par l’État, dirigés par des cadhads, des shethims et desrathims, qui sont les trois principaux grades du clergé. Certains cultes sont déclarés officiellement au sein du système des Temples, tandis que d’autres échappent au contrôle des autorités. Tout comme c’est le cas dans notre propre noble tradition, leurs dieux ont plusieurs attributs et, en général, chaque Temple ou culte ne vénère qu’un unique aspect de ce dieu. C’est ainsi que le Père divin, mentionné dans cette lettre, en possède trois. Chacun de ces aspects revêt à son tour plusieurs facettes ou spécialités. Ainsi, le culte de Yéma le Séducteur présente des croyances et des pratiques différentes de celles de Yéma l’Embellisseur.

 

À titre d’information, j’ai décrit le panthéon daeb ci-dessous. Il est identique à de nombreux égards à celui des elfes sylvestres et au nôtre, bien que la priorité accordée à chaque dieu diffère. Notez que les Jumeaux divins, gardiens de Wyscan, ne sont vénérés que par les Tréwis, tandis qu’Urlaïn le Conquérant (appelé « Olaron » en Orient) jouit d’une adoration particulière au Dathen.

 

– Extrait du Manuel de formation pour les cadets veilleurs gris

 

Modifié par Ghiznuk
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Panthéon daeb


Moïthir
La Reine fantôme

Naram
La Mère

Bagheïm
La Guerrière

Tila
La Vieille


Æmar
Le Père divin

Yéma
Le Séducteur

Cædhren
Le Chasseur

Umæg
Le Roi


Goïren
Le Maître de la terre

Harag
La Sorcière des tempêtes

Darag
Le Forgeron divin

Æmrel
La Reine de la Sylve

Nabh
La Corneille de la guerre

Madhlis
La Grande Maîtresse

Feredh
La Prophétesse

Ceïnran
Le Roublard

Urlaïn
Le Conquérant


Les Jumeaux divins

Sura
Le Faiseur de printemps

Cyma
La Princesse
 

Modifié par Ghiznuk
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III

 

C’est ainsi que nous avons entamé notre voyage vers la maison ancestrale de ma famille, où mon cousin et moi-même avions été élevés et éduqués en tant que fiers citoyens de la République. Les paysages familiers remplissaient mon esprit de souvenirs. De longues décennies s’étaient écoulées depuis la dernière fois où j’avais posé mon regard sur ces collines et ces plaines, mais jamais mon cœur ne les avait oubliées. La brise descendait des collines et faisait onduler les blés où les esclaves peinaient sur de vastes plaines fertiles. Au loin, le large fleuve Tietha tranchait le paysage d’un horizon à l’autre. L’eau s’étendait, large et puissante devant nous, s’écoulant des frontières indomptées du nord et de l’ouest où règnent les bêtes et les sauvages, jusqu’à son estuaire à l’est, foyer de notre civilisation.

 

Poursuivant notre voyage, nous avons traversé plusieurs beaux domaines dominant les champs environnants. Le bruit des lames à l’entraînement et les ordres hurlés par les officiers affirmaient la force du cœur du territoire silexien, tout en offrant un avertissement sinistre aux esclaves. Les souvenirs de ma formation à l’Académie me sont revenus en mémoire. Si je me souviens à peine du jour où le magistrat m’a emmené à la caserne avec les autres enfants, je me rappelle très bien les conditions extrêmes de notre formation. Ce sont là les termes du contrat passé avec l’État : combattre pour la République pour gagner l’honneur de la citoyenneté. En observant les dernières recrues, je me suis remémoré l’un de mes plus grands moments de fierté, ce jour où mon entrée parmi les Lances de la République avait été finalement approuvée par le vote de mes aînés.

 

J’ai été tiré de ma rêverie par mon cousin, qui me demandait où en étaient les vignobles de mon domaine. J’ai répondu que le millésime de cette année serait bon.

 

« J’ai apporté une douzaine de mes meilleures bouteilles pour toi, aussi douces et raffinées que nous autres, Daebs.

 

— Dans ce cas, je préfèrerais boire de l’eau comme les esclaves, a-t-il répondu, et nous nous sommes tous deux mis à rire.

 

Je lui ai posé des questions sur ses propres plantations, et il a entrepris de vanter la prospérité de ses quatre domaines : sa dernière expédition en Taphrie avait été couronnée de succès, ce qui lui avait permis d’étendre ses terres à l’ouest et de renforcer les défenses le long de sa frontière avec l’arrière-pays. Il avait même obtenu une licence d’exploitation pour une mine de charbon à l’est, même si cela nécessiterait encore plus d’esclaves.

 

« Tu vois, a-t-il poursuivi, les esclaves que tu aperçois dans ces champs ne sont pas adaptés aux mines. J’ai besoin de spécimens plus robustes, mais pas trop grands, à même de transporter des pierres dans les tunnels. Des orques pourraient convenir, même des hommes-bêtes si je leur coupe les cornes, mais rien de plus grand. Les vermines sont les meilleurs de tous : ils ne sont guère endurants, mais ils sont habitués à mener une vie difficile loin de la lumière du jour.

 

— Ils ne vivent pas assez longtemps, ai-je répondu, mais il s’est contenté de glousser.

 

— Quand tu auras besoin d’esclaves, viens me voir. Je te ferai un bon prix. Je garde toujours la meilleure qualité pour mes camarades Daebs, pas comme les charognes que je vends à l’étranger. »

 

Quelques heures plus tard, nous étions sur ses terres. Autour de nous, un océan d’or s’étendait sur la plaine. Nous approchions de la seule colline à des kilomètres à la ronde, où se dressait toujours la maison fortifiée de mon enfance. J’ai constaté que les bois sauvages dans son dos étaient plus éloignés aujourd’hui que dans ma jeunesse. Mon cousin m’a dit que la limite avait été repoussée quelques années auparavant, après avoir vaincu une grande harde d’hommes-bêtes descendue des montagnes. Pourtant, une importante garnison s’entraînait toujours dans la cour d’exercice lorsque nous sommes arrivés. La présence de ces hommes, ainsi que les remparts fraîchement rénovés, suggéraient que la paix n’était pas entièrement assurée.

 

« Notre terre se trouve à la frontière même de la République, a dit mon cousin. Ici, le conflit n’est jamais vraiment terminé. Nous devons rester vigilants. Mes contacts auprès des colonies de parias qui vivent dans les bois m’ont récemment averti d’une nouvelle hausse du nombre de barbares. Je crains qu’une guerre n’éclate, telle que n’en avons pas vu depuis l’époque de nos parents. Tu te souviens ? »

 

Mais j’étais déjà perdu dans mes souvenirs, d’une époque que je croyais avoir oubliée.

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Transcription de l’interrogatoire – Inquisiteur Première classe Elmar Lorca

 

Sujet : Mlle Annabelle MÜLLER


948 AS, le 1er acrobre

 

Archiprélate Hildeguthe : Pouvez-vous continuer ?

 

Mlle Annabelle Müller : Oui, Révérende Mère, je me sens mieux, pardonnez-moi.

 

Hildeguthe : Nul besoin de demander mon pardon, mon enfant. Peu de gens échappent aux elfes silexiens ; encore moins nombreux sont ceux et celles qui parviennent à regagner leur pays natal, avec la détermination de raconter leur histoire. Elmar, voudriez-vous commencer aujourd’hui ?

 

Inquisiteur Lorca : Très bien. Dans votre position de domestique…

 

Müller : D’esclave, monsieur. J’étais esclave ! Pas besoin d’être poli.

 

Lorca : Tout à fait, mes excuses. En tant qu’esclave personnelle de votre maîtresse et donc témoin de premier plan, avez-vous à rapporter des éléments qui puissent nous permettre d’améliorer notre compréhension de leur culture ?

 

Müller : Ils se soucient les uns des autres. Ils s’aiment et sont aimés, et semblent accorder une grande valeur à la vie. Cela en est même écœurant, compte tenu de la cruauté avec laquelle ils traitent les individus qui ne sont pas des leurs. Je veux dire ceux qui ne sont pas des elfes. J’en veux pour preuve le deuil qui a touché mon maître et ma maîtresse.

 

Lorca : Parlez-nous de ce deuil.

 

À ce point de son témoignage, Mlle Müller est visiblement bouleversée, mais refuse d’ajourner la séance.

 

Müller : C’était lors de la seconde année de ma captivité. Je n’étais déjà plus que l’ombre de moi-même. Je consacrais toute mon énergie à éviter les punitions et à convenir en toutes circonstances à mes maîtres. Il le fallait afin que je puisse rester dans le confort tout relatif du foyer. Les travaux des champs auraient eu raison de moi en un mois à peine. Vous ne pouvez imaginer à quel point ils sont cruels. Je viens d’une famille fière, mais ils m’ont brisée et ont fait de moi un chiot pitoyable dont la seule préoccupation était de constamment leur plaire.

 

C’est à cette période que le fils de mes maîtres est parti combattre les barbares – chasser des indigènes de leurs terres, pour ce que j’en ai compris. Je me souviens qu’il était vêtu d’une armure et qu’il portait un bouclier et une lance. Il y a eu une célébration en son honneur. Le maître et la maîtresse portaient également une armure et avaient les larmes aux yeux. Ils pleurent ! Pouvez-vous le croire ? Je me rappelle qu’ils avaient également versé des larmes lorsque leur fils était revenu de l’Académie, juste après mon arrivée au domaine.

 

Cette fois-ci, ce fut différent. Il avait été tué. C’est son cadavre qui a été ramené au domaine. C’était un spectacle écœurant ; le corps avait été… éviscéré. Pour ma part, j’étais heureuse : le jeune était cruel, même pour un Daeb. Il aimait s’entraîner à l’épée sur les ouvriers blessés, ceux qui étaient trop mal en point pour pouvoir reprendre le travail. S’il ne réussissait pas à les tuer d’un coup vif en dégainant de son fourreau, il laissait exploser sa rage… Même les autres elfes le craignaient. Quand il est mort, le maître et la maîtresse sont devenus inconsolables. Ils donnaient l’impression de ne pouvoir réussir à surmonter leur deuil, s’effondrant constamment dans les bras l’un de l’autre. L’intendant du domaine a dû faire appel à un apothicaire pour leur administrer une concoction afin de les apaiser. Il ne semblait pas inconvenant pour l’homme de la maison de céder ainsi à son chagrin, à l’inverse de ce qui s’observe dans l’Empire. Les Daebs ne semblent pas se soucier de ce genre de détails.

 

Un bûcher a été érigé dans la cour. Divers citoyens ont assisté aux funérailles. Le clergé était lui aussi présent : des prêtresses terrifiantes, l’une vêtue d’une cotte de mailles, l’autre d’une robe pourpre. Les assistants des prêtresses et la maîtresse ont préparé le corps. À peu près tout le monde était en armure ; beaucoup portaient une lance, quelques-uns une arbalète. Ceux qui avaient une arbalète se tenaient à l’écart ; ils semblaient être de rang inférieur. J’ai reconnu certains d’entre eux que j’avais croisés lors de mes corvées quotidiennes. Il semble que la plupart des citoyens du Dathen soient également soldats. Et pas une milice dépareillée, vous comprenez. Ils avaient l’air tout aussi sinistre et aguerri que vos gardes à l’extérieur.

 

Les funérailles ont commencé. La prêtresse en armure a tout d’abord fait une sorte de sermon. Elle a entonné une mélopée à laquelle tout le monde a répondu en criant et en faisant claquer ses armes. Puis la prêtresse en rouge et ses accompagnateurs ont allumé le bûcher. Je trouvais curieux que tous les esclaves de la ferme soient présents ; on les a fait se mettre en rang tandis que les acolytes du temple se tenaient derrière eux. La prêtresse en rouge semblait arriver à un point culminant…

 

Mlle Müller est de nouveau en détresse. Elle prend un peu d’eau-de-vie.

 

Hildeguthe : Prenez votre temps, ma pauvre petite.

 

Müller : D’un seul coup, les acolytes ont sorti des poignards. Ils… Ils ont tranché la gorge des ouvriers agricoles. Ils ont recueilli leur sang. Ils étaient sacrifiés, pour le fils mort.

 

S’étant recueillie, Mlle Müller reprend son récit.

 

Leur sang a été collecté dans des récipients, et leurs corps ont été placés sur le bûcher. Il y a eu d’autres incantations… et toujours le même vacarme des armes. J’ai été la seule adulte épargnée. La maîtresse m’a contrainte à regarder la scène. J’ai tenté de détourner le regard, mais alors, elle a saisi sa cravache en cuir pour me châtier. Elle était en pleurs, tout comme moi. Elle m’a hurlé dessus, m’ordonnant de faire preuve de respect, et que je n’avais qu’à maudire mes parents de m’avoir fait naître pour être témoin de ce drame. Elle a dit qu’il n’y aurait pour moi que souffrance si j’osais à nouveau détourner le regard. Je crois que… cette cruauté était sa façon d’exprimer son chagrin.

 

Ils ont festoyé pendant que le bûcher consumait les corps. Le lendemain matin, les cendres de leur fils ont été recueillies par les assistants du prêtre. Ils les ont placées dans une urne ornée de bijoux et nous sommes allés à un ruisseau voisin où elles ont été dispersées, avec le sang des sacrifiés… Là aussi, il y a eu des prières. Par la suite, j’ai appris que le domaine avait été vendu et que le maître et la maîtresse s’apprêtaient à déménager en ville. Le maître s’agrippait à l’urne vide comme un homme qui se noie s’accroche à une épave. C’est alors que les sombres guerriers sont arrivés… et que nous avons été laissés à nous-mêmes.

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IIII

 

La semaine dernière, mon noble hôte m’a emmené à une partie de chasse au-delà des limites de son domaine. Tout était déjà préparé ; chaque chasseur et esclave connaissait son rôle. Un grand nombre des nobles de la région nous accompagnaient dans cette marche en direction des contrées sauvages, mon cousin et moi-même en tête. Après quelques heures, nous nous sommes arrêtés dans une clairière. Nous avons pris le petit déjeuner servi par les esclaves domestiques, jusqu’à ce qu’un éclaireur revienne : il avait localisé un vieux cerf dont la ramure comptait douze andouillers. Nous avons poursuivi ce gibier et l’avons acculé. Mon hôte m’ayant accordé l’honneur de l’achever, je me suis exécuté d’un coup bien assuré en travers du poitrail.

 

Alors que le soleil se couchait et que nous versions le sang de la bête pour offrir à Cædhren les libations appropriées, un étrange cortège s’est approché. Une demi-douzaine de silhouettes montées étaient soudainement apparues dans l’obscurité, à la limite de la lumière du feu. Tout le monde s’est tourné vers mon cousin. Il a pris un large couteau pour arracher une des pattes du cerf, qu’il a déposée sur un rocher à proximité. Trois esclaves ont chargé le reste sur une charrette et, dans le plus grand silence, notre bande a emprunté le chemin du retour.

 

Une fois sortis de la forêt, l’humeur de mon cousin s’était améliorée. Je lui ai alors demandé ce qu’il s’était passé. Il m’a expliqué ce que j’avais déjà deviné : les personnages que nous avions rencontrés étaient des acolytes de l’une des nombreuses communautés de hors-la-loi qui parcourent les bois sombres de la frontière. Ces elfes sans foi ni loi, à demi civilisés, sont dirigés par des mages aux pouvoirs terribles : les sorciers. Le groupe que nous avions rencontré servait une telle maîtresse : une sorcière blême connue sous le nom de « Dame de l’Ombre ». Puis mon cousin a gardé le silence.

 

Une fois revenus au domaine, j’ai interrogé un garde à ce sujet. Si ce qu’il m’a dit est vrai, mon cousin s’était allié à la Dame de l’Ombre il y a quelques années alors qu’il combattait une grande harde d’hommes-bêtes. Depuis lors, ils étaient convenus de respecter leurs territoires mutuels. S’étant assuré que personne ne nous écoutait, le garde s’est rapproché et m’a confié que son maître, séduit par la sorcière, avait un temps envisagé de l’épouser, avant d’être ramené à la raison juste à temps : les sorciers ont une mauvaise réputation, unanimement honnis par tous les honnêtes Daebs, car ils descendent de mages renégats d’Aldan, qui ont toujours refusé de se soumettre ou de s’associer au peuple supérieur daeb.

 

De retour dans mes quartiers, j’ai réfléchi à tout ce que j’avais entendu sur ces mystérieuses communautés frontalières. On dit de ces parias qu’ils se sont tournés vers les arts sombres il y a bien longtemps, dans le chaos de la guerre civile, mais qu’ils avaient été reniés, d’abord par Aldan, puis par Rathæn, puisque leurs expériences avaient fait la majorité de leurs victimes parmi nos courageux rebelles. Les sorciers avaient quitté les Îles blanches en emportant de nombreux trésors et grimoires magiques qui n’ont jamais été confiés à l’étude des érudits du Dathen. Encore de nos jours, bon nombre d’entre eux demeurent bien plus puissants que les mages des Temples ; néanmoins, ces secrets occultes ont déformé leur appréciation de la société civilisée et de la stratégie militaire, les laissant indifférents aux postes de commandement – postes pour lesquels ils ne pourraient de toute façon jamais être acceptés.

 

Aujourd’hui, il semble que les sorciers ont trouvé une sorte d’équilibre précaire : ils ne sont pas citoyens de la République, mais sont autorisés à habiter les territoires à ses marches. L’État les surveille de près, et est connu pour faire usage de leurs pouvoirs à des fins militaires lorsque cela sert la République. Il arrive que certains épousent les fils ou filles de familles nobles, ou échangent des connaissances théoriques et pratiques avec les Temples de Rathæn ; j’ai d’ailleurs déjà vu des lames forgées par ces sorciers même sur mes propres terres. Pourtant, malgré ces contacts hésitants, le préjugé que j’ai clairement perçu dans les paroles du garde prouve que la plupart des Daebs ne feront jamais plus que tolérer la présence de ces parias.

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Ils voulaient nous voir trépasser,
Mais nos colonies croissaient.
Occuper. Purifier.

 

D’Ablan, la jalousie frémit :
Terres et maisons, leur vilenie.
Diviser. Séparer.

 

Arrogantes troupes étincelantes
Avons combattues sans défense.
Brûler. Unifier.

 

Ces traîtres sur la mer, se replièrent ;
Enfin libres, régnant sur nos terres.
Élever. Transcender.

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