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La Véritable histoire du Chaos


Inxi-Huinzi

Messages recommandés

Salut,

Sur le fond, je note que ton intendant parle comme il sied à son rang et que ses interlocuteurs en font de même. Bon point :good:

Sinon, quelques fautes qui m'ont frappées:

[quote][b]Coincé [/b]au milieu de [b]montagne[/b][/quote]

L'absence de "e" à "coincé" me laisse penser que c'est Mel'Ermat qui se sent enfermé, mais j'ai longtemps hésité entre ça et le fait que tu fasses référence à la ville. Pour "montagne", je doute qu'il n'y en ait qu'une ;)

[quote]Il portait autant de pièces d’armures que de [b]soie[/b][/quote]

J'aurai mis un "s" car le terme va avec "pièces" non? Ou alors tu fais référence à la matière. Un éclaircissement s'impose.

[quote]Ce n’était pas les plus grosses provinces à l’échelle du royaume mais [b]c’en[/b] faisait toujours des gens influents.[/quote]

Pas vraiment une faute, mais à l'écrit je trouve ça disgracieux. "Cela en" me paraît plus propre.

[quote]Le plus dur dans ces retrouvailles était de [b]casser [/b]la glace et de commencer à parler. Ce fut le seigneur Mel’Ygha qui se lança dans la chose en présentant quatre des accompagnants[/quote]

L'expression est "briser la glace" et au delà de ça, je trouve plus que curieux que tes personnages aient du mal à s'addresser la parole...La deuxième phrase est hyper bancale d'un point de vue vocabulaire je trouve.

On sent que tu veux faire rompre le silence qui règne, mais les termes sont vraiment mal choisis.
Un simple:
"Ce fut le seigneur Mel'Ygha qui rompit le silence en présentant ses compagnons de voyage. Il y avait là..."
me semble plus agrable à lire.

[quote]Mel’Ermat [b]ne [/b]cacha à peine sa menace.[/quote]
La négation est en trop.

[quote]-C’est une honte, dit un seigneur, vivement que ceux qui tentent ces actions [b]soit [/b]pendus haut et court.[/quote]
"soient"

[quote]-Je suis sûr que Regut y est pour quelque chose, dit le fils de Mel’Ygha ce qui lui [b]fallut [/b]un regard désapprobateur de son père puis une remarque cinglante.[/quote]
"valut" plutôt non?


Il me semble avoir vu un problème de concordance des temps mais je ne retrouve pas la phrase.

Sinon:

[quote]Par souci protocolaire, personne ne bougea avant que les seigneurs Mel’Varo et Mel’Ygha ne se soient eux-mêmes accueillis[/quote]

J'ai pas tout de suite saisi le sens de la phrase puis j'ai compris qu'en fait ils se saluaient mutuellement. Le terme "accueillis" m'a vraiment désorienté parce que j'ai eu le sentiment que la soirée se déroulait chez eux...


[quote]Mel’Ermat quitta son estrade de pierre, dévala quelques marches et alla dans leur direction. Il prit ainsi le temps d’évaluer les changements que le temps avait eu sur eux même si pour Mel’Varo, il l’avait vu quelques mois auparavant.[/quote]

Euh; s'il dévale les marches, c'est qu'il est plutôt pressé. Hors juste après tu dis qu'il prend le temps de les regarder de haut en bas. Le terme n'est pas très heureux pour le coup. Un truc du genre:
"Il quitta son estrade de pierre et descendit posément les quelques marches qui donnaient sur la cour intérieure."

Ca marque clairement qu'il est confiant, qu'il est chez lui et que c'est bien lui le patron.



Concernant le fond : tu nous présentes une scène de dîner intéressante mais que j'ai trouvé un peu plate; c'est dommage.
En effet, on assiste surtout à une discussion qui aurait pu avoir lieu n'importe quand n'importe où. Tu nous dis qu'il y a de nombreux convives mais l'attention est monopolisée par quelques uns.

J'aurai vraiment apprécié d'avoir une description détaillée de leurs vêtements, pour voir s'ils s'habillent tous pareils ou s'il existe de véritables différences de style entre les régions du royaume, j'aurai aimé avoir une description plus étoffée de la pièce, de la déco, du nombre de feux et surtout, surtout: de la mangeaille!!

Parce que là, ils grignotent deux croutons de pains, boivent deux verres de vin et le repas est fini. C'est un peu light pour un dîner je trouve...

Et l'histoire du gamin à la fin, j'ai vraiment pas accroché, désolé.
Le problème c'est qu'on sent qu'il va devenir un personnage central, ou du moins un élément majeur de ton histoire.

C'est surtout la réaction de Mel'Ermat que je ne comprends pas.

Il est curieux mais finalement il ne veut rien savoir.
Il ne croit pas à la prophétie mais les autres ont l'air de l'ignorer. C'est particulièrement flagrant dans ces lignes:

[quote]-Vous savez que je ne crois pas en cette prophétie, préféra répéter Mel’Ermat.
-Oui, dit Mel’Varo mais nous pensons avoir trouvé l’enfant…

Il y eu un grand blanc mais Mel’Ermat se pencha en avant, intrigué, désireux d’avoir plus d’informations.

-Comment ça… vous avez l’enfant ? Expliqua-t-il lentement.[/quote]

Perso, je n'aurai pas mis la première phrase de Mel'Ermat, ça aurait donné beaucoup plus de force à sa seconde réplique.

Ca donnerait un truc dans le genre:
"
-Nous pensons avoir trouvé l’enfant, dit Mel'Varo.

Il y eu un grand blanc mais Mel’Ermat se pencha en avant, intrigué.

-Comment ça… vous avez l’enfant ? demanda-t-il lentement.

Son regard était soudainement devenu très sombre.

Malgré le fait qu’il était de dix ans son aîné, on aurait dit un jeune enfant en train de se faire gronder. Mel’Varo tenta de s’expliquer bien que tous présents devaient être complices.

-Je crois que cette prophétie est… sous-estimée, tenta-t-il de dire diplomatiquement bien que Mel’Ermat comprit le message qui lui était adressé. Nous avons pensé que si celle-ci était vraie il faudrait au plus tôt mettre cet enfant sous notre protection. Il nous a fallu six mois pour mettre la main dessus et nous n’étions pas les seuls sur sa trace.
-Je ne crois pas à ces contes de vieille femme Varo. Et qui vous dit que c’est lui ?
Non ! se reprit-il immédiatement faisant sursauté la petite assemblée. Je ne veux pas savoir, vous avez réellement enlevé un enfant sur la base de calembredaines?
-Sa mère nous l’a confié, se défendit Mel’Ygha. Vous devriez parler avec lui et voir ce dont il est capable, vous seriez surpris…
"

Je trouve ça plus fort et on voit que Mel'Ermat n'est pas ébranlé dans ses convictions.

[quote]-Bien, maintenant que cet enfant est sous votre aile, garde-le en sécurité. Nous verrons plus tard ce que nous ferons de lui.[/quote]

Et puis là, le pompom: finalement, Mel'Ermat s'en fout, on verra plus tard... Mais WTF :blink: :blink: ?!?

Il ne croit pas à ces fables, et puis en fait peut être un peu, et voilà qu'on gosse débarque, fout la pétrasse; mais non, c'est pas grave, le monde entier a beau lui courir après, le sort du monde repose sur la décision de Mel'Ermat, et lui, ce c**, tout ce qu'il trouve à dire c'est: On verra plus tard... :'( :'( :'(

Et la toute fin de ton texte m'a tuée...

[quote]La fin de la discussion vit se discuter maison seconde en bord de mer –même si aucun d’eux n’avait le temps d’y aller– et de gestion des prisons, sujet qui posait certains problèmes en ce moment. [/quote]

Comme je l'ai déjà dit: les mecs évoquent la potentielle apocalypse, mais non, ça finit par discuter bonne femme et saucisson... :'(

[quote]Au final, ce fut quand même une bonne soirée.[/quote]

Décès. :skull:

Non, franchement, finir sur ça, c'est d'une platitude...Ca dégomme tout l'effet dramatique qui se mettait en place en arrière fond.

Le simple fait de tourner la phrase dans l'autre sens m'aurait davantage plu:

"Au final, la soirée aurait pu être pire..." pensa Mel'Ermat.

Sinon, on a l'impression que demain tout ira mieux, les oiseaux chanteront dans le ciel, les gamins joueront dans les champs de blés et les Ombres s'en retourneront s'occuper de leurs petites affaires.


Désolé de m'être autant lâché mais cette fin est clairement en dessous du reste de la scène.

Sinon, j'ai une question: prends tu en compte les remarques qui te sont faites quant à ton texte?
Je parle entre autres des miennes où je te remonte des passages qui mériteraient, amha, d'être revus mais je n'ai pas vu d'évolutions dans tes anciens posts?

Attention, je ne dis pas que je suis un pro de l'écriture, loin de là, mais si ce n'est pas du tout le cas j'arrêterai de me fendre de ce genre de pavé et me contenterai de dire que:

J'ai lu, j'ai bien aimé tel ou tel passage, pas tel ou tel autre, pour telle ou telle raison et voilà.

Perso, quand les sieurs Ocrane ou Jutred (qu'il me soit permis de les citer ici) me font part de leurs critiques sur ma prose, j'en prend note et revient sur les passages qui pêchent ou je leur fais une réponse dans mon post suivant.

En espérant ne pas paraître aigri ni trop vieux con, j'attends la suite des péripéties de tes héros.

Crio
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Hola !

Oui du coup je corrige mais tu avais corrigé la veille que je poste la suite donc effectivement, je n'avais pas pris encore les mesures pour corriger ce qui était annoté. J'ai bien pris en note tes remarques et j'ai fait les corrections ! Pour le repas, j'ai fait quelques changements. Enfin plutôt rajout de description avec la nourriture sur la table, la pièce (qui était déjà décrite). Les autres seigneurs interviennent aussi plus souvent. Par contre les vêtements, je décris déjà à leur arrivée donc je n'en ai pas rajouté. Mais effectivement, venant du même royaume, il n'y a que peu de diversité :P Voici donc la suite que vous attendiez tous !

Chapitre 9


Mel’Ermat essayait de ne pas claquer des dents. Le problème de sa tenue officielle était que le froid avait trop tendance à passer au travers. Il avait mis des gants et une mince écharpe mais rien n’y faisait : à huit heures du matin, il faisait trop froid. La journée s’annonçait même particulièrement humide et il passait son temps à renifler. Enfin ! s’encouragea-t-il. Il fallait accueillir son roi et personne d’autre ne pouvait le faire. Il regarda autour de lui : l’air d’atterrissage se situait sur un côté de la ville et l’avait donc s’étendant sur sa gauche. Ce devait être la seule partie de la cuvette où les rochers n’avaient jamais vraiment permis de constructions. Naturellement, c’était devenu une piste où les ballons dirigés pouvaient atterrir. Il fallait néanmoins qu’ils fassent attention car les parois étaient vraiment proches, ils n’avaient guère de pouvoir de manœuvre.

Mel’Ermat leva les yeux et put voir les transports arriver. Il y avait un gros dirigé suivi par un plus petit. Ils descendaient lentement et l’intendant décida de ne rejoindre la piste qu’au dernier moment. Le ballon volant en était à un stade où les parois s’élargissaient de plus en plus. La forme de l’endroit était vraiment caractéristique. Comme deux volcans dont les bases aurait été collées. Un trou pour entrer par les airs, une zone plus grande au milieu des montagnes et de nouveau une zone plus petite où se nichait la ville. Comme un grand losange aux bouts tronqués. Il entendit des voix aigues dans son dos. Comme il était impossible que ça soit sa garde, il se retourna et vit des enfants regarder les yeux émerveillés les machines qui s’approchaient d’eux. Ils devaient s’imaginer pouvoir voler également…

Mel’Ermat n’avait pris dans sa vie que deux fois le ballon et c’était des expériences qu’il n’avait jamais oubliées. La première fois, il eut tellement peur qu’il resta agrippé au mur de sa cabine pratiquement tout le long du voyage. Ce ne fut que le dernier jour qu’il s’habitua à voir le sol aussi loin et il regretta de ne pas avoir pu plus longtemps apprécier le paysage. La deuxième fois fut toujours pour accompagner Mel’Placer. Par contre, cette fois-ci, il ne passa que le premier jour avec l’estomac en vrac. La semaine suivante, il put découvrir des spectacles grandioses et une façon de voir les choses tout à fait surprenante. Les rivières scintillaient, les grandes forêts n’étaient que de grandes tâches vertes, même les collines semblaient ridiculement accessibles.

Désormais, il guettait avec impatience la prochaine fois qu’il pourrait monter dans un de ces engins. Mel’Ermat tourna la tête pour vérifier que ses hommes étaient parfaitement immobiles en rang puis regarda le véhicule de son roi s’arrimer au sol. Celui-ci devait d’ailleurs être pressé d’en terminer car, après sa garde royale, il fut l’un des premiers à sortir de la plateforme ventrale de l’appareil. Pour les mêmes raisons topographiques qui empêchaient les constructions, les ballons dirigés ne pouvaient pas se mettre de façon complète sur le sol. Mel’Placer garda un visage fixe jusqu’à ce que qu’ils soient pratiquement en face l’un de l’autre. Là, il fit un signe de tête, un mince sourire puis se mit en avant vers les carrosses postés là. Mel’Ermat le suivit et fit un signe de la main vers ses hommes qui encadrèrent, aidés de la garde royale, les carrosses.

Assis dans le chariot, Mel’Placer ne lui jeta pas un coup d’œil, se contentant de regarder d’un air sombre l’Impériale qu’ils traversaient de part en part. Mel’Ermat ne s’offusquait pas de l’attitude de son supérieur, ce n’était pas la première fois que l’homme se montrait lunatique. Cela arrivait souvent quand il était fatigué et il ne fallait pas le prendre personnellement. Cela l’embêtait quand même car le rapport qu’il allait lui faire était assez important pour qu’il soit commencé dès lors. Il fallait néanmoins attendre… et cela dura si longtemps qu’ils rentrèrent à la villa et se changèrent avant, qu’enfin, le roi décide d’aller voir Mel’Ermat, l’étage en dessous. Il entra sans formalité et se laissa tomber dans le fauteuil noir qu’il semblait apprécier. Il soupira puis fixa Mel’Ermat.

-Allez, raconte-moi tout ce que j’ai raté !

Mel’Ermat fit alors son rapport sans ne rien oublier. Il commença par la collision entre les bateaux et ce qui semblait être une première attaque. L’arrivée en ville puis la deuxième attaque. Leur arrivée ici puis la fête chez Regut. Il termina en passant rapidement sur tous les autres sujets : la présence hypothétique d’Ombres, la guerre au Sud, leur achat de toute la nourriture de l’Empire ainsi que la mort des rois. Ce fut cette dernière nouvelle qui choqua plus son interlocuteur. Mel’Ermat en déduisit que le roi n’aimait pas se voir rappeler sa propre mortalité. Si cela pouvait le rendre prudent, ça ne serait pas un mal.

-On m’a remis une convocation pour le conseil, tout à l’heure, ils vont avancer l’élection, annonça Mel’Placer.

Cela ne semblait pas lui faire plaisir. Il croisa les jambes et les bras.

-L’annonce devrait avoir lieu aujourd’hui même, comprit Mel’Ermat. Cela ne nous laisse plus beaucoup de temps. Pour l’instant, je suis sûr que Syrarture votera pour nous ainsi que la majorité des seigneurs de Mel. Les intendants de Sustor et Terra, après la mort de leurs rois, vendraient leurs voix à celui qui abrégera au plus tôt l’élection. Ce qui ne laisse comme candidats possibles que : Kator, Ostel et Sal. Regut n’aurait dit qu’il n’était pas intéressé et Frendlorian, notre cher Empereur et roi de l’Ostel en tant que candidat sortant, aura trop à faire avec les révolutions dans son royaume pour avoir envie de refaire un mandat. Théoriquement, cela nous laisse que le royaume de Sal et Iri.
-Iri est trop faible pour le titre, il n’a pas la carrure, dit clairement Mel’Placer en hochant la tête.
-Dans ce cas là, conclut Mel’Ermat, nous serions les seuls dans la course au pouvoir.

Mel’Placer hocha la tête, ce coup-ci, c’était de satisfaction.

-Lors de la cérémonie d’ouverture de l’élection, je tenterais d’en savoir plus pour savoir quelle est vraiment la position de Frendlorian, Iri et Regut.

Si l’annonce avait lieu aujourd’hui, la cérémonie se ferait le soir même et les portes seraient fermées dans la foulée.

-Pour ce qui est de la fête du printemps, elle s’est plutôt bien passée, mais je suis sûr que tu as déjà lu les rapports.

Mel’Ermat acquiesça.

-Très bien, fit-il, il faudra se pencher à notre retour sur ces courses de chevaux et aussi sur la gestion de nos troupes à la frontière. Je suis quand même inquiet de savoir ce qu’il se trame.

Le roi fronça les sourcils.

-Et il y a également des demandes d’implantation de l’un des ordres religieux, je ne sais plus lequel mais ils étaient vraiment insistants.

Mel’Ermat soupira franchement.

-Je verrai ça à notre retour mais c’est rarement simple avec eux, se plaignit l’intendant.
-Je te laisse le gérer ! dit Mel’Placer en se relevant de la chaise. Bien, je vais aller faire un tour en ville, nous nous verrons à la cérémonie.
-A ce soir, conclut Mel’Ermat.

Le roi quitta la pièce et Mel’Ermat décida de lui aussi se rendre en ville. Il n’avait plus beaucoup de temps et il allait être bien occupé. Il avait à traiter trois sujets en priorité : les rumeurs de guerre, l’élection et savoir si les Ombres étaient réellement revenues et s’ils craignaient quelque chose. Pour la guerre, seul son espion pourrait le renseigner. Il pourrait essayer de parler avec les intendants des royaumes du sud mais il était persuadé qu’ils n’auraient pas le temps d’un entretien avec tout ce qu’ils allaient avoir à gérer. Il ne restait plus que l’élection et les Ombres et pour ça, il avait sa petite idée quant à celui à qui il pourrait soutirer des informations. Il attrapa de la réserve secrète une petite bourse d’or et partit en ville.

Il allait retourner voir Daros, cela lui semblait être la chose la plus pertinente à faire. Etrangement, il était encore une fois l’heure de manger. C’était fou ce qu’il pouvait y avoir comme coïncidence, sourit-il.
Arrivé là-bas avec son escorte –qui resta pour le coup à l’extérieur–, il fut accueilli par le même jeune homme et il était encore plus sérieux que lors de leur première rencontre, si cela était possible. Il ne laissa pas le temps à Mel’Ermat de se présenter qu’il s’éclipsa en direction de la cuisine. La minute d’après, il revint et demanda à l’intendant de le suivre. Ils traversèrent la salle et, si ce n’était sa maîtrise hors-pair de soi, l’intendant se serait arrêté la bouche ouverte. Dans un coin de la salle, deux elfes et autant de nains discutaient. Mel’Ermat fit mine de ne pas les voir et se laissa guider jusqu’à l’exact opposé, où il ne put les voir à cause de grandes cloisons. Daros passa avec des plats et lui fit un signe discret et rapide. Ce message, qu’ils avaient pour habitude d’utiliser dans l’armée, signifiait « pas maintenant » ou « sois discret », ou quelque chose comme ça.

Il prit son mal en patience et essaya de comprendre comment des nains arrivaient à discuter pacifiquement avec des elfes. Pour attendre, il fut aidé par des petites tartines de pain sur lesquelles on lui étala plusieurs ingrédients. Il reconnut tout ce qui était viande mais moins les sortes de pâtes. Ce n’était pas mauvais en soi sauf deux qui le firent grimacer. Heureusement, l’eau avait le mérite de faire vite passer la chose. Il n’était pas très fan de ce qui était amer. Une jeune fille lui apporta ensuite un tas de petite coupe dans lequel il devait tremper des galettes qui ressemblaient à du pain. Ce fut après quelques tests culinaires que Daros le rejoignit.

-Comment ça va ? demanda le tenant des lieux en serrant la main que Mel’Ermat lui tendit.
-Ca va, répondit l’intendant. Je viens aux nouvelles. Que diable peuvent faire des elfes et des nains ensemble ? s’étonna-t-il ensuite.
-C’était pour ça que je te demandais d’être discret, avoua l’homme, j’essayais d’en savoir plus. De ce que j’ai pu capter, il s’agissait d’un accord mais il me manque les détails. Ce qui est sûr, c’est que cela contient une alliance militaire.
-Une alliance militaire ? Entre des nains et des elfes ? Sérieusement ?
-La bonne question serait contre qui, dit le tavernier.
-C’est vrai, fit Mel’Ermat.
-Des nouvelles de Ben Lor ? s’interrogea Daros.
-Oui ! Je l’ai vu pas plus tard que l’autre jour. Ca avait l’air d’aller malgré la tentative d’assassinat. Il faudra qu’on mange tous ensemble un de ces jours.
-Effectivement, rétorqua l’autre tout aussi ravi.

Les trois avaient servi dans le même régiment de longues années auparavant. Il était rare qu’un tavernier puisse se vanter d’être ami avec un intendant et un roi.

-Tu as appris pour son attaque du coup ?

Mel’Ermat hocha la tête gravement.

-On vit une sale époque quand même…

Il ne le contredit pas.

-Enfin, au moins, on est en vie ! acheva-t-il d’un sourire avec une claque sur l’épaule de son interlocuteur.

Il attrapa une tartine et Mel’Ermat en fit de même.

-Tu te rappelles quand on était coincé dans cette crevasse pendant la Longue Bataille ?
-Oh que oui, sourit Mel’Ermat, j’ai bien cru qu’on allait y passer cette fois-là…

Entourés par les monstres venus du nord, le reste de leur groupe avait trouvé refuge dans une sorte de grotte où ils avaient pu attendre les secours.

-C’était le bon temps, murmura l’homme en regardant le sol.

Ce n’était pas les termes qu’il aurait choisis mais il laissa Daros dans ses pensées. Il parut soudain se souvenir de la présence de Mel’Ermat.

-Enfin ! Je suppose que tu n’es pas ici pour parler du passé !

Il fit un clin d’œil complice et Mel’Ermat ne put s’empêcher de sourire.

-Non, effectivement, finit par répondre l’intendant après avoir avalé la meilleure tartine du lot. J’ai besoin d’informations.
-Sur ? s’intéressa le tavernier.
-Certains meurtres en ville pour commencer…

Daros ne sembla plus à l’aise du coup et il gigota sur sa chaise comme s’il était à l’étroit dessus.

-Je ne pense pas que ça soit quelque chose dont tu es envie de t’occuper…

Il savait parfaitement de quels meurtres il s’agissait visiblement.

-Il n’y a rien de naturel là-dessus, avoua-t-il. Et tous ceux qui ont fait mine de s’y intéresser sont tous portés disparus ou morts.
-Ne t’inquiète pas autant, fit l’intendant sérieusement, je ne compte pas résoudre l’enquête moi-même, j’ai des hommes pour ça. Mais je pense que ça a un lien avec toutes ces attaques sur les rois et les intendants.
-Bien, bien, concorda Daros qu’à moitié soulagé, tu devrais aller voir du côté de la caserne du capitaine Joly, du côté est de la ville. C’est lui qui mène les investigations, dis-lui que tu viens de ma part.
-D’accord, c’est noté. Et à part ça, des choses importantes en ville ?

L’homme prit son temps pour répondre.

-Non, rien de spécial. Du fait de la fermeture en avance de la ville, les gens s’activent et beaucoup vont arriver aujourd’hui et nombre d’entre eux vont aussi partir. Les marchands commencent aussi à soudoyer des seigneurs pour qu’ils votent pour les candidats qui soutiendront leurs avis. Rien de bien méchant.
-Bien, merci pour tout, conclut Mel’Ermat en se redressant non sans prendre une dernière tartine.

Il déposa la bourse sur la table et l’autre s’empressa de la faire disparaître dans les recoins de son tablier.

-C’est toujours un plaisir, acheva-t-il. Je vais aller retourner cuisiner.

En effet, l’intendant n’avait pas fait attention mais les clients commençaient à se présenter. Réajustant sa tenue officielle, il s’éclipsa sans croiser le moindre regard. S’il tenait à garder l’anonymat, il faudrait vite changer de tenue.

@+
-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Voichi la chouite !

Oubliez pas que dans le premier post vous trouverez les cartes que je mettrai à jour petit à petit.

Les gardes se remirent immédiatement en position dès sa sortie du lieu. Ils semblaient soulagés de le voir là. Mel’Ermat avait envie de leur dire que c’était sûrement un des lieux où il était le plus en sécurité mais s’abstint. Le cortège traversa une partie de la ville à un pas soutenu. Comme pour illustré les dires de Daros, on aurait dit que l’Impériale s’était mise en mouvement. A chaque coin de rue commençaient à apparaître des vendeurs de denrées qui profitaient du manque de rations à venir pour se faire de grosses marges. C’était typiquement des marchands qui disparaîtraient juste avant que les portes ne soient closes. De vrais patriotes ! Profiter du malheur mais surtout ne pas le partager.

La caserne ne fut pas très dure à trouver. Elle se situait autour d’une petite place de terre rouge centrée sur une statue de bronze qui représentait un roi sur son cheval. Le reste des bâtisses autour du lieu se composait d’une boucherie, d’une librairie, de bureaux et d’un médecin. Devant le poste de gardes, trois soldats discutaient ensemble. Ils se turent quand le groupe arriva et Mel’Ermat fit signe à son escorte d’attendre là. La caserne était un bâtiment de deux étages, plutôt étroit. Il y avait une plaque de métal sur la porte sur laquelle on pouvait lire « la garde ». Au moins, c’était chose claire.

Il poussa la porte et entra. Ses yeux s’habituèrent immédiatement à la faible luminosité. A l’extérieur, à cause des montagnes, on pouvait déjà réussir à ne pas voir le soleil si bien que Mel’Ermat se demanda comment on pouvait accepter de travailler dans un endroit avec peu de fenêtres. Le commissariat était organisé de façon vraiment originale. Le bâtiment disposait d’un vaste espace central où des dizaines de bureaux occupaient l’espace et où gardes discutaient, interrogeaient des individus ou lisaient des papiers. Tout autour de cette pièce, il y avait des bureaux pour la plupart fermés. Les étages étaient orientés sur l’espace et ne se composaient que d’un balcon qui faisait le tour de la zone centrale. On y voyait derrière d’autres bureaux. C’était harmonieux mais l’espace n’était clairement pas optimisé. Ils auraient mieux fait de construire des étages entiers… Un couple de gardes traînant littéralement un prisonnier le tira de ses pensées. Mel’Ermat sortit de leur chemin et regarda l’énergumène qui se débattait et jurait. Se rendait-il compte que cela ne servait à rien ?

Mel’Ermat se ressaisit, il n’était pas là pour tourisme. Il chercha un soldat qui ne semblait rien faire et l’apostropha.

-Je cherche le capitaine Joly, fit l’intendant.
-Dans le bureau là-bas, répondit le soldat en se tournant dans la direction indiquée.
-Merci.

Mel’Ermat longea les tables jusqu’au bureau tout en se faisant observer du coin de l’œil. Ils avaient tous reconnu la tenue du royaume de Mel et ils devaient se demander ce qui l’amenait par là. Arrivé sur place, Mel’Ermat put voir un homme penché sur des feuilles de papier. Il était tellement concentré qu’il ne l’entendit pas arriver. Il y avait là des chaises, un bureau, un petit meuble, un coffre et une étagère. Le soldat, quant à lui, était en tenue rouge. Il avait la quarantaine, sûrement comme lui, et portait une barbe de trois jours. Il avait une cicatrice le long de la mâchoire qui ne se voyait que lorsque la lumière y créait un reflet. Il finit par lever les yeux.

-Mon seigneur, fit-il en se levant. Que me vaut votre visite ?

Mel’Ermat avait beaucoup réfléchi à la manière de présenter sa requête. Il avait pensé à une histoire alambiquée mais si le soldat commençait à avoir des suspicions, il se tairait. Il préféra donc dire la vérité, ou du moins une partie.

-J’ai appris que vous étiez en charge d’une série de meurtres en ville…

Le capitaine fronça les sourcils. Il savait parfaitement de quoi parlait Mel’Ermat.

-J’aurais besoin d’avoir des informations.
-De quel genre ? se fit soupçonneux l’autre.

Il demandait de façon détournée pourquoi Mel’Ermat lui posait ces questions. Légalement, le soldat n’était pas obligé de répondre mais cela valait quand même mieux pour lui.

-Du genre où cela pourrait être lié à une série d’attaques sur ma personne.

Le capitaine Joly parut étonné. L’intendant ne voulait pas trop en dire car pour avancer dans son enquête, il était pour lui intéressant de savoir s’il y avait eu d’autres attaques avec témoins voire des indices. La vérité est que Mel’Ermat ne savait pas si les assassinats des rois, les tentatives et les meurtres en ville avaient un lien. Pour l’instant, le seul point commun qu’on pouvait en tirer était que cela sortait de l’ordinaire. C’était un mince rapport.

-Je ne sais pas si ce que nous avons découvert va réellement vous aider, commença le capitaine. Ces meurtres ont eu tous lieu à la même heure sur trois jours successifs. On penserait même sur quatre jours. Les lieux sont trop éloignés les uns des autres pour qu’il y ait un quelconque lien. Idem pour les victimes, elles étaient toutes différentes et ne se connaissaient pas.
-Des témoins ? demanda Mel’Ermat.
-Aucun, toujours dans lieux isolés et il n’y a ni trace ni indice sur place. Comme si le tueur pouvait se volatiliser.
-On m’a dit que les corps étaient dans des états... peu naturels.
-On vous a bien dit, approuva d’un hochement de tête le capitaine. J’ai fait des guerres et vu des morts mais ceux-ci n’avaient rien de similaire. Je n’ai jamais vu ça. Les corps étaient… méconnaissables, certains étaient écrasés, vidés mais sans trace ni lésion. Comme si le vent avait fait ça. D’autres étaient coupés nets mais pas par une arme ni par magie, ou en tout cas rien de connu. Les magiciens n’ont rien su me dire et ne semblaient pas enclins à le faire. Les plaies ouvertes étaient comme rongés par endroit…
-N’avez-vous pas dit qu’elles étaient nettes ?

L’homme fit la moue et remua sur sa chaise.

-Si mais je pense que ça a été coupé net puis rongé. Tant que je n’en saurais pas plus, ça ne sera que des suppositions.

Mel’Ermat se tapota les lèvres.

-Vous avez parlé hypothétiquement de quatre jours d’attaques. Pourquoi ?
-Nous avons recensé une attaque aux mêmes heures le quatrième jour mais nous n’avions pas de victime. Juste un peu de sang comme si quelqu’un avait été blessé.
-Savez-vous le jour ?
-Oui, fit l’homme, c’était il y a trois jours.

Mel’Ermat fit le calcul. C'était le jour où Mel’Astré a été tué. Son maître-espion pensait que ça avait un lien avec Regut, se trompait-il ? Ou même pire, est-ce que tout ça était lié ? Beaucoup trop de questions, pas assez de réponse. Peut-être même que Mel’Ermat se faisait des idées, cela ne pouvait être que des coïncidences mais il fallait être sûr. Etaient-ils en sécurité dans l’Impériale ou des mesures de sécurité devaient-elles être prises ?

-Cela vous dit quelque chose ?
-Non, non, mentit Mel’Ermat. Donc pas de piste ? changea de conversation l’intendant.
-Très peu, j’aimerais que les magiciens me disent ce qu’ils savent là-dessus mais je ne me fais pas d’illusion. L’autre piste reste les égouts. Chaque attaque a lieu près d’un accès et il pourrait être intéressant d’aller fouiller par là. J’essaye d’avoir l’accord de rassembler une équipe mais on manque un peu de moyen. Il serait suicidaire d’y aller seul je pense.

Mel’Ermat réfléchit néanmoins à la question.

-Et si je vous mettais à disposition de mes soldats ? Qu’en diriez-vous ?
-Je dirais que je ne comprends pas votre intérêt mais que ça pourrait aider.
-Je ne vous demande pas de comprendre mes raisons, continua Mel’Ermat d’un ton plus dur pour qu’on ne revienne plus sur le sujet. Cela fera avancer votre enquête, c’est tout ce que vous devriez considérer.

Le capitaine hocha la tête.

-Si nous pouvions avoir un mage ou deux, ce ne serait pas superflu.

Effectivement, s’il y avait quelque chose de surnaturel, c’était mieux d’être bien accompagné. Il venait de gagner un saut par la tour des mages…

-Je vais voir ce que je peux faire, où peut-on vous trouver cet après-midi ?
-Ici, répondit le capitaine Joly en soupirant.

Il souleva un paquet de feuilles de son bureau.

-De la paperasse et encore de la paperasse…

Mel’Ermat connaissait ça et ne l’enviait pas. Il aurait largement sa dose lors de son retour à Mel.

-A tout à l’heure, s’excusa l’homme.

Mel’Ermat acquiesça et traversa de nouveau le commissariat. Il eut le droit de nouveau à des coups d’œil mais personne ne l’entrava. A l’extérieur, il y avait toujours des soldats discutant et sa garde qui patientait assise sur le porche d’une maison. A sa sortie, la demi-douzaine d’hommes se redressa et vint à sa rencontre.

-Il me faut quelqu’un qui aille voir Mel’Cari, nous allons avoir besoin de six ou sept hommes de plus.
-J’irai, mon seigneur, se proposa un soldat chauve qui n’avait pas l’air tout jeune. Que dois-je lui dire ?
-S’il se plaint, ce qui sera sûrement le cas, dites-lui que je lui dirai plus tard, peut-être…

Après tout, il n’avait pas de compte à lui rendre. Son colonel ne tentait pas de le contrôler mais s’inquiétait vraiment pour lui. De plus, quand il allait apprendre que c’était Mel’Ermat qui demandait plus d’hommes, il saurait que le danger serait proche. Ce n’était pas vraiment le cas mais il fallait tirer au clair les assassinats. Une petite visite dans les égouts ne pouvait pas être nocive. Sauf si les rumeurs disaient vraies et qu’il s’agissait bien d’Ombres. Mel’Ermat pria très fort pour que ce ne soit pas vrai car s’ils rencontraient de telles choses sous terre… Que les Dieux aient pitié de son âme. Avant d’avoir l’air trop apeuré, il reprit la conversation.

-Dites-lui que les hommes seront attendus en bas de la tour des mages.

L’homme hocha la tête et prit la direction de la villa.

-Vous autres, vous savez où nous allons ! En route !


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ET voilà la suite !



La petite troupe traversa la ville à un rythme soutenu. Le quartier des mages était pratiquement en centre-ville mais était organisé comme une petite cité. La route ouverte par cinq hommes armés à l’air patibulaire, ils y furent en moins de trente minutes. Il n’était pas très dur de s’y rendre, vu qu’il n’y avait qu’à suivre la plus haute tour de l’Impériale. Il était néanmoins plus compliqué de passer les murailles. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, la magie n’était pas utilisée pour maintenir les curieux à l’écart de la zone. Il avait été adopté une classique bonne vieille muraille. Mel’Ermat était au corps-de-garde Est où des soldats travaillant pour les magiciens les lorgnaient en attendant leur prochain mouvement.

-Je suis Mel’Ermat, intendant du royaume de Mel et je suis ici pour une audience, cria l’homme aux gardes.

Cela dut les convaincre car les portes s’ouvrirent en moins d’une minute. Les magiciens pouvaient dédaigner l’autorité exécutive mais les soldats gardaient un respect pour tout ce qui était gradé. Une paire d’entre eux les accueillit au pied de l’entrée.

-Mon seigneur, dit l’un d’eux en baissant le torse en guise de salut, nous avons fait prévenir un secrétaire, vous allez bientôt être reçu. Je vous laisse vous diriger vers la tour.
-C’est gentil, merci, termina l’intendant.

Il fit un signe de main à ses hommes et se dirigèrent dans la direction indiquée. Si ce n’était les murailles qu’ils venaient de croiser, ils auraient pu se croire dans n’importe quel autre quartier de la ville. Il y régnait la même agitation et les bâtiments y étaient les mêmes : des entrepôts, des maisons, des administrations, des lieux de culte, un marché, des commerces… La tour était impressionnante de loin et l’était encore plus de près. Mel’Ermat n’avait jamais eu le besoin de venir jusque là et s’en serait bien passé. Les magiciens se plaisaient à se mêler de tout mais à ne pas devoir de comptes. L’intendant du royaume de Mel restait néanmoins mal à l’aise avec la magie. Il leva les yeux et ne distingua pas le haut de la tour. Elle semblait s’élever sans fin dans le ciel. A force de la fixer, il eut même l’impression qu’elle se déforma. Il cligna des yeux et se décrit les portes qui lui firent face. Ce fut d’ailleurs assez rapide puisqu’elles n’étaient ornées d’aucune décoration : seulement des portes de bois. L’une d’entre elles s’ouvrit et on vint à leur rencontre. C’était un petit homme très fin, il aurait pu être un grand nain. Il était habillé comme n’importe qui, rien d’ostentatoire. Il ne sembla impressionné ni par Mel’Ermat ni par ses gardes.


-Bonjour intendant, commença l’homme, je suis Pietre, secrétaire de la tour. Voilà une venue bien originale, en quoi puis-je vous aider ?

Mel’Ermat ne savait pas grand-chose sur l’organisation du lieu mais sur le peu qu’on lui avait raconté, la tour fourmillait de tout un tas d’organisateurs ou de réceptionnistes qu’on appelait secrétaires. Pour le reste, il savait que le lieu avait ses propres lois et qu’il existait une ou plusieurs assemblées, sur ce point il n’était pas sûr. Il attaqua directement sans fioriture ce qui était parfois une tactique payante.

-Nous menons une enquête sur des disparitions en ville et nous aurions besoin d’être accompagnés par des mages, nous sommes prêts à payer pour leur service.

L’homme tenta de cacher ses émotions mais Mel’Ermat, rompu aux exercices de la politique, vit immédiatement la gêne et le malaise qui l’habita l’espace d’une seconde.

-Suivez-moi, s’il vous plait.

L’homme fit volteface et entra dans la tour. Mel’Ermat suivit sans la moindre hésitation et émergea dans une grande salle vierge de tout mobilier si ce n’était un grand autel au milieu de la pièce. L’espace était entièrement marbré du sol au plafond qui s’élevait pourtant à une dizaine de mètres de là. Au fond de la pièce, deux grandes arches constituaient les deux seules sorties de l’endroit. Mel’Ermat constata en se tournant de part et d’autres qu’ils n’étaient pas seuls. Un grand canapé suivait les parois arrondis et des hommes, pour la majorité, discutaient à divers endroits. Aussi étonnant que cela paraissait, il n’y avait pas un seul bruit et pourtant personne ne semblait particulièrement baisser la voix. Les conversations devaient être protégées par magie.

-Je vous laisse attendre là, je vais me renseigner pour vous, fit l’homme avec une courbette.
-Très bien, répondit Mel’Ermat qui n’avait pas vraiment le choix.

Il partit s’asseoir sur le canapé, vite rejoint par ses hommes. Le temps leur parut long dans le silence magique de la pièce. Les gens gesticulaient, ouvraient et refermaient la bouche mais aucun son ne filtrait. Les soldats se mirent à parler.

-C’est bizarre, fit celui à sa droite, j’aurais pas imaginer le quartier comme ça.

Il jeta un coup d’œil aux alentours comme s’il s’attendait à que tout ne soit qu’illusion.

-J’étais déjà venu une fois, fit un soldat debout face à eux, c’était déjà aussi... renfermé.

Il hocha la tête satisfait du terme qu’il avait trouvé.

-Les secrets sont bien gardés ici, ajouta Mel’Ermat.
-Ce que je ne comprends pas, fit un autre à sa gauche, c’est pourquoi ils n’ont pas leur propre archivage ici au lieu de tout avoir à la Grande Bibliothèque.

Mel’Ermat avait été instruit dans les règles de l’art sur l’Histoire et il connaissait la réponse à cette question.

-Il s’avère que pour des raisons politiques, quand l’Empire s’est créé, chaque royaume a voulu avoir des institutions importantes. Il a été décidé que pour le royaume de Terra et celui de Sustor soit construite à leur frontière commune une bibliothèque assez grande pour qu’y soit protégée la totalité des connaissances de l’Empire. C’est donc aussi pour cela qu’afin qu’un livre soit diffusé, celui-ci doit d’abord y être envoyé là-bas pour qu’un exemplaire y soit gardé.
-C’est pour ça que l’institut technologique se trouve à Kator ? continua celui qui avait lancé la conversation.
-Exact, acquiesça Mel’Ermat.
-Si je peux me permettre, demanda le suivant, que fait-on ici ?

Ses soldats gagnaient en confiance. Il était vrai que Mel’Cari avait pour habitude de beaucoup communiquer avec eux. L’intendant tourna la tête et plissa les yeux.

-Je mettrai ma main à couper que nous sommes écoutés, nous parlerons de ça une fois sortis.

Les hommes hochèrent la tête et reprirent leur surveillance. Il y avait peu de chance qu’on tente une attaque jusque là mais qui pouvait bien savoir ? L’attente fut longue et ils virent quelques allers-retours avant qu’ils voient émerger des arches du fond de la pièce le secrétaire. Il gardait un visage inexpressif. Mel’Ermat se leva du siège, suivi par ses hommes, se dépoussiéra, inutilement, la tunique et attendit, bras croisés.

-Je suis désolé, intendant, il n’y a personne de disponible pour répondre à votre requête.

Comme cela est surprenant, pensa Mel’Ermat.

-Vous direz à ces « personnes non disponibles » qu’elles peuvent bien se taire, je trouverai des réponses seul.

La voix de Mel’Ermat était sèche avec un léger zeste de colère. L’autre haussa les épaules, sembla ouvrir la bouche pour le prévenir de quelque chose puis secoua la tête.

-Allons-y, fit-il à l’adresse de son escorte.

Quelle perte de temps ! S’insurgea-t-il mentalement. Si Mel’Placer était élu Empereur, il se ferait une joie de faire changer le statut de ces magiciens. Qu’ils sachent quelque chose ou non, il ne leur coûtait rien de leur prêter assistance. Maudits soient-ils ! Ses pas raisonnaient plus forts qu’il ne l’avait voulu au travers de la salle de réception. Il continua de ruminer ses pensées jusqu’à ce qu’il sorte du quartier et qu’il vit les nouveaux soldats qui l’avaient rejoints. Ceux-ci le rattrapèrent aussitôt. Parmi eux, il y avait le grand gaillard qui aurait pu le battre à l’entraînement.

-Qu’a dit Mel’Cari, demanda par curiosité l’intendant du royaume de Mel ?
-Rien de spécial, répondit le soldat qu’il avait dépêché. Mais il ne semblait pas particulièrement heureux. Il m’a dit de vous remettre ça.

Il lui tendit une armure de cuir. Effectivement, cela serait sûrement plus prudent. Mel’Ermat ôta sa tunique officielle qu’il tendit devant lui. Un soldat s’empressa de la prendre, la plier et la mettre dans un sac de cuir. Un coup de vent plus frais que les autres fit se hâter Mel’Ermat. Cette ville au printemps valait une autre en hiver. Ne pouvait-on pas faire tomber un pan de montagne pour laisser entrer le soleil ? Une fois enfilée, il ne trouvait plus qu’il ressemblait à un gestionnaire de royaume mais bien plutôt à un mercenaire.

-Halte, entendit-il derrière lui.

Deux soldats s’interposaient, main sur la garde de leur épée, entre lui et deux individus qui venaient visiblement du quartier des mages. Les autres soldats se mirent en cercle et certains regardaient même derrière eux, au cas où.

-Nous sommes là pour discuter de votre requête, lança l’un d’eux qui ne semblait pas plus pressé que ça de s’approcher des soldats.
-C’est bon, fit Mel’Ermat, en mettant une main sur l’épaule d’un militaire. Voyons ce qu’ils veulent.

Un de ses hommes fit un signe de main pour leur intimer d’avancer. L’homme de droite était habillé comme un citoyen lambda si ce n’était un mince bandeau de soie qui faisait le tour de sa tête et plaquait par la même occasion ses cheveux noirs contre. Mis à part ce détail, il n’y trouvait aucun signe qui pourrait le distinguer d’un autre ou qui permettrait à Mel’Ermat de se souvenir de lui plus tard. Le deuxième, en revanche, se rapprochait quand même plus de l’idée qu’il avait d’un magicien. Le menton en avant, un pantalon et une veste rouge si claire qu’elle devait se voir à des lieux en pleine nuit. Ses sourcils broussailleux lui traversaient le front lui donnant un air plus âgé que ce qu’il devait être. Comme son compagnon, il ne devait pas avoir plus de trente ans. Cela ne l’empêchait visiblement pas d’avoir une haute idée de lui-même.

-Je vous écoute, leur lança Mel’Ermat les bras croisés d’autorité naturelle.

Le plus quelconque des deux pris la parole tout en jetant des regards nerveux à son compagnon. Mel’Ermat devina tout de suite que l’un ne semblait pas forcément ravi de venir voir l’intendant et ses hommes.

-Nous sommes intéressés par votre… projet, s’expliqua le quelconque.
-Bizarre, se mit sur la défensive, Mel’Ermat, je viens de parler avec un des secrétaires qui m’a dit que personne n’avait le temps.

Il se tordit les mains, mal à l’aise. Il choisit ses mots avec soin.

-Ce n’est pas que personne n’a le temps, c’est que personne ne veut et personne n’aura l’autorisation de s’en mêler.
-Pourquoi ça ? s’étonna l’intendant.
-Des conflits internes sur le sujet, coupa l’autre sèchement avant que son compagnon n’en dise trop.
-Je suppose donc que vous êtes là sans que personne ne le sache, devina Mel’Ermat.
-C’est exact, reprit le premier. Il serait bon que ça reste ainsi…
-Je ne vois pas à qui je pourrais le répéter ! Savez-vous dans quoi vous vous embarquez ?
-Nous ne serions pas là le cas contraire, dit celui au costume rouge.

Son ton était si ironiquement condescendant qu’ils eurent tous l’impression d’entendre un « abruti » à la fin de la phrase. Mel’Ermat le remettrait à sa place plus tard, lorsqu’il n’aurait plus besoin de lui. C’était d’ailleurs le moment de s’en assurer.

-En quoi pourrez-vous d’ailleurs nous être utiles ?
-Je suis du collège de la lumière, dit monsieur Tout le monde, et mon collègue et du collège du feu. Et dans le cadre de nos recherches… personnelles, nous serons les plus à mêmes à savoir s’il y a de la magie dans ces meurtres.

Bien, Mel’Ermat n’avait pas besoin d’en savoir plus. Ces deux là devraient être capables de les protéger si les choses tournaient mal, au moins magiquement. Pour l’instant, ils avaient bel et bien été attaqués par des hommes en chair et en os tandis que les crimes en ville semblaient être d’origine magique. Rien n’indiquait que les deux étaient liés mais il fallait s’en assurer. La vie de Mel’Placer, et la sienne, en dépendait. Il aurait pu laisser l’enquête à ses hommes mais il tenait à prendre les choses en main, cela ne semblait pas être dangereux avec une telle escorte. Personne d’autres ne pouvaient être au courant de ce qu’il soupçonnait tant qu’il n’avait pas de preuves. Il fallait que ce soit lui qui aille voir.

-Bien, en avant, décréta Mel’Ermat, allons chercher le capitaine Joly.


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Très rapidement, je t'avoue avoir du mal à accrocher à ton récit pour trois raisons :

- La première est purement subjective : j'ai énormément de mal avec les univers crées de toute pièce. Certes, inventer un univers, sa mythologie, ses personnages et son background enjolive le processus de création et peut se révéler très gratifiant. Mais c'est aussi (et souvent) la porte ouverte à toutes les idées bancales, recréant un pot pourri de ce qui se fait déjà, en moins bien. N'est pas Tolkien qui veut. Il ne suffit pas de balancer quelques éléments épars, confus, çà et là pour donner l'illusion d'une profondeur. Un background se pense, s'articule autour de figures, de lieux ou d'évènements forts qui s'impriment dans la tête du lecteur. Surtout, ce background doit être innovant car l'heroic-fantasy a tendance à vite tourner en rond. Le problème c'est qu'à mes yeux, ton récit tombe dans ces travers. L'ennui a supplanté le mystère en partie car ...

- Ton récit manque cruellement de rythme. Qu'est-ce que c'est long. Des pages et des pages sur des détails peu utiles (l'incendie page 1 par exemple) et une histoire qui piétine.

- Pour couronner le tout, des problèmes de ponctuations (alt 0151 pour ce tiret — au lieu de -) et de répétitions INNOMBRABLES ("fit fit fit fit fit" Mel'Ermat) deviennent presque agaçants à la longue. Le style se veut fluide, mais demeure encore maladroit. J'ai un passage en tête ou tu dis à peu de chose près que " les bateaux coulèrent dans un [b]silence complet[/b], seulement troublé par le [b]crépitement des flammes[/b] et les [b]hurlements[/b] des mourants". Là, on n'est plus dans le paradoxe mais dans le non-sens. Ce genre de maladresse éteint souvent l'effet de style que tu souhaites créer. Mais le plus important reste qu'à l'avenir tu supprimes purement et simplement tout élément de langage familier dans la narration. Ton récit en est truffé.

Bref, il y a encore beaucoup du boulot ;)

PS : désolé pour l'aigreur, mais je suis persuadé que tu es capable de nous pondre une intrigue plus intéressante, avec un style plus travaillé. Modifié par Kayalias
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[quote]- La première est purement subjective : j'ai énormément de mal avec les univers crées de toute pièce. Certes, inventer un univers, sa mythologie, ses personnages et son background enjolive le processus de création et peut se révéler très gratifiant. Mais c'est aussi (et souvent) la porte ouverte à toutes les idées bancales, recréant un pot pourri de ce qui se fait déjà, en moins bien. N'est pas Tolkien qui veut. Il ne suffit pas de balancer quelques éléments épars, confus, çà et là pour donner l'illusion d'une profondeur. Un background se pense, s'articule autour de figures, de lieux ou d'évènements forts qui s'impriment dans la tête du lecteur. Surtout, ce background doit être innovant car l'heroic-fantasy a tendance à vite tourner en rond. Le problème c'est qu'à mes yeux, ton récit tombe dans ces travers. L'ennui a supplanté le mystère en partie car ...

- Ton récit manque cruellement de rythme. Qu'est-ce que c'est long. Des pages et des pages sur des détails peu utiles (l'incendie page 1 par exemple) et une histoire qui piétine. [/quote]

Je trouve que justement les deux arguments se contredisent mais je les comprends les deux. Je parlais de GoT dans un commentaire plus haut et c'est justement ce qui m'a motivé à faire un récit d'abord basé sur la politique. Je sais que ca manque de rythme et y a pas d'action mais je voulais pas tomber dans le classisime de faire un texte qui commence direct dans le vif du sujet. Du coup, ça me permet à côté de travailler un monde dans lequel on va évoluer. Certes, ça ne se développe pas d'un coup mais ça le sera ultérieurement. La partie politique (qui n'est que la première partie du texte, la seconde étant bien plus rythmée) me permet aussi d'ammener la trame plus loin dans le texte pour montrer le contraste entre la vie avant\ la vie après. Comment tout peut basculer. De plus, c'est un choix conscient puisque suivre un roi ou un intendant de royaume a tout d'ennuyeux, ils font rien par eux mêmes et délèguent tout. Ce ne sont que des décisionnaires donc effectivement l'action n'est pas au rendez vous. Et tu parles de l'incendie qui ne sert a rien : si justement il sert. C'est juste qu'on sait pas quoi. C'est Imperator qui m'avait dit ça un jour. Je n'ouvre jamais de porte sans que ça ait un lien avec l'intrigue ou développe le monde. Ici, ça ne développe pas le monde donc ça aura un lien avec l'intrigue. Je n'écris jamais rien sans que ça ne réponde à un de ces deux conditions.

[quote]de répétitions INNOMBRABLES ("fit fit fit fit fit" Mel'Ermat)[/quote]

Je sais que c'est mon principal défaut et j'avoue que même à la relecture ça peut passer au travers. Faut que je fasse gaffe.

[quote]PS : désolé pour l'aigreur[/quote]

T'inquiète pas, j'accepte toutes les critiques, c'est ça qui fait avancer ! t'es même encore loiiin des plus virulentes ;)



Ses hommes hochèrent la tête et ne se désintéressèrent que partiellement des deux mages. La majorité des soldats continuèrent de se positionner autour de l’intendant tandis que les magiciens suivaient en avant-dernière position. Enfin, juste après eux, quatre militaires fermaient la marche. Ils gardèrent le même train qu’à l’aller et furent de retour au commissariat tout aussi vite. Cette fois-ci, les soldats qui discutaient étaient partis. Ils avaient dû se trouver du travail. Le capitaine sortit à ce moment-là et sembla satisfait de les voir là.

-Plus d’hommes, des mages et une armure, vous avez le sens du pratique, intendant.
-On n’est jamais trop prudent, répondit Mel’Ermat. Vous partiez à notre recherche ?
-Non, pas vraiment, j’avais juste besoin d’air. Rester enfermé toute la journée là-dedans pour faire des rapports… Je n’aurais jamais dû accepter ce poste !

Il secoua la tête en fixant le sol, perdu dans ses pensées. Il finit par se reprendre.

-Allons-nous changer les idées ! Un peu de terrain me fera du bien, fit-il avec un clin d’œil.
-Où allons-nous ? demanda le mage du feu.

Dieux que cette veste rouge était laide, ne put s’empêcher de penser de nouveau Mel’Ermat.

-Nous allons descendre dans les égouts non loin de là où a été commis le premier meurtre.
-Et ensuite ? continua l’intendant.
-Ensuite… on cherche, dit l’autre en levant les mains et haussant les épaules. Nos indices mènent dans cette direction mais personne n’y est allé donc il faut espérer que nous ayons des traces à exploiter.
-A faute d’avoir mieux, conclut Mel’Ermat. Dans quoi s’étaient-ils embarqués ? pensa-t-il. Pourvu que ça ne finisse pas en plusieurs heures de marche pour rien parmi les immondices et leurs odeurs associées.

La place où ils se rendirent était très similaire à n’importe quel autre endroit de la ville. Des maisons très propres, et surtout très blanches, une agitation relative, une fontaine de laquelle ne sortait pas d’eau. Rien n’identifiait la zone comme là où quelqu’un avait été assassiné. Le soldat les conduisit en direction d’une autre rue et s’arrêta à côté de deux grandes dalles blanches de deux mètres de long sur un de large.

-Allons-y les gars, donnez-moi un coup de main.

Deux de ses gros bras tournèrent la tête vers leur commandant pour avoir son accord, ils n’obéissaient pas au capitaine. Mel’Ermat hocha la tête. Ils se mirent autour de la première dalle et essayèrent de la lever. Leur essai fut infructueux et trois nouveaux soldats les rejoignirent dont celui qu’il avait affronté à l’entraînement. Même ainsi, il fut difficile de lever le morceau de granit. Mel’Ermat lorgna l’accès avec méfiance. C’était un escalier qui s’enfonçait sous la plus proche maison. Il se demanda alors si ses propriétaires sentaient les effluves au travers du sol.

-Toi, tu couvres nos arrières. Si nous ne sommes pas là dans deux heures, tu vas prévenir Mel’Cari, ordonna Mel’Ermat à un rouquin.

L’homme, qui mettait sa main constamment sur la garde de son épée, la lâcha avec un soupir, déçu.

-Oui, seigneur… répondit-il sans motivation aucune.
-Pour les autres, ouvrez l’œil et faites signe si vous voyez quelque chose de suspect.
-Que cherche-t-on ?

C’était un barbu qui avait posé la question. Il n’y avait pas une once de peur dans sa voix car il pensait ne pouvoir tomber que sur des êtres humains. Les Dieux fassent en sorte que ça soit la pire chose qu’ils puissent trouver là-dessous.

-Tout ce qui n’a rien à faire dans un égout. Allons-y.

Les soldats tirèrent leurs armes à tour de rôle puis s’occupèrent de leurs torches. Une fois prêts, les premiers s’engagèrent dans l’obscurité sous le regard curieux de passants locaux. Mel’Ermat ne perdit alors pas de temps et après qu’une demi-douzaine soit passée, il suivit le mouvement. Les guerriers n’avaient pas perdu de temps et avaient déjà bien avancé dans un long couloir sans accès. Ce dernier était rectangulaire et s’étendait au moins jusqu’au premier de ses hommes à une centaine de mètres de là. Mel’Ermat se mit en marche en prenant particulièrement garde où il mettait les pieds. L’endroit était assez propre et les odeurs inexistantes. Comme il s’agissait d’un accès, il ne devait pas y avoir de déchets. Mel’Ermat ne doutait pas que cela changerait sûrement bientôt. Il ne se trompa d’ailleurs pas puisqu’à la fin du tunnel, ils débouchèrent dans les égouts à proprement parler.

C’était une grande salle, enfin plutôt grande au regard de l’étroitesse des égouts, où gisait là une petite montagne d’ordures alimentée par une mince ouverture dans le sol à une dizaine de mètres au-dessus d’eux. Ce fut à ce moment que Mel’Ermat commença à respirer par la bouche et même ainsi, il avait l’impression de toujours sentir les effluves du lieu. C’était comme si l’on avait laissé des clochards mourir au milieu d’abats de poissons et d’œufs pourris. Plusieurs militaires hoquetèrent mais tous finirent par l’imiter. Au-dessus d’eux, une cascade de détritus qu’on déversait par les trappes des rues les maintint dans le tunnel. A gauche et à droite, on observait diverses flaques dont l’aspect intriguait autant que la couleur.

-« Abençons », dit Mel’Ermat d’une drôle de voix et le nez pincé.

Derrière lui, le mage du feu lança une volée de jurons qu’il dut croire discrète. Il s’était enfoncé dans une flaque jusqu’à la cheville. Sorti de là, il parla encore plus doucement et son corps s’entoura d’un halo rouge et de la fumée s’éleva de son pied. On sentait la chaleur émaner à plusieurs mètres de distance. Après quelques secondes, il fut aussi sec qu’un désert. La magie devait avoir ses avantages, pensa l’intendant. Le groupe se fit un chemin au travers des immondices vers un nouveau tunnel plus petit. Les parois des lieux oscillaient entre de la terre montagneuse et des murs plus classiques. Comme si l’on avait commencé une construction puis on l’avait arrêtée et ce, tous les dix mètres. Ils marchèrent ainsi près de vingt minutes sans trouver la moindre trace suspecte. Ils alternaient entre salles à ordures, couloirs, tunnels et précipices –après tout, ils étaient en montagne–. Ils finirent par trouver un escalier qui avait la particularité de s’enfoncer encore plus loin sous le sol. Mel’Ermat commença à craindre qu’il y ait plusieurs niveaux. Si c’était le cas, il faudrait des mois pour fouiller la zone… Les soldats se groupèrent autour et l’un d’entre eux fut envoyé en éclaireur. Il revint après une dizaine de secondes.

-Mon seigneur, vous devriez voir ça, dit l’éclaireur.

Mel’Ermat fit un pas et fut arrêté.

-Vous devriez laisser votre torche, on risquerait de nous repérer.

L’homme et l’intendant confièrent leurs flambeaux et s’engagèrent prudemment dans l’escalier en colimaçon. Mel’Ermat y alla avec prudence de peur de glisser. Après une nouvelle volée de marches qui ne leur cachèrent que partiellement la lumière du groupe du dessus, ils arrivèrent à destination. L’escalier continuait de descendre au travers d’une grande salle même si ses parois s’effaçaient laissant la suite de la descente dangereuse et visible de tous les occupants de la salle. Mel’Ermat s’accroupit sur une marche et regarda en contrebas. La caverne, car c’en était visiblement une, devait faire plus de cent mètres de long sur moitié moins de large pour une vingtaine de mètres de hauteur. On y notait plusieurs terrasses créées naturellement par la roche. Il y avait même des stalactites et stalagmites. Ceux-ci étaient de toutes tailles : de quelques centimètres à de véritables liens entre le sol et le plafond mais aussi de tous diamètres : guère plus grosses d’un poing à plusieurs mètres. Au milieu de ces reliefs s’agitaient une cinquantaine de personnes. Mel’Ermat sonda le lieu et conclut que ça ne pouvait pas être ceux qu’ils recherchaient. Les feux des braseros n’étaient pas intenses mais, même à cette distance, il n’y avait pas de doutes : c’étaient tous des clochards. On voyait des couvertures étalées un peu partout et à priori, on notait trois activités principales : la sieste, le jeu de cartes ou de dés et la discussion. Mel’Ermat n’entendait pas les éclats de voix de là mais ce ne devait pas être intéressant. Il se tourna vers son homme et lui fit signe de la tête de remonter.

-C’est ce qu’on cherche ? demanda un soldat en lui rendant sa torche.
-Non, répondit Mel’Ermat. Ce n’est qu’une bande de clochards. Allons, continuons encore pour une heure et rentrons.

La troupe se mit en marche et l’intendant se mit aux côtés du capitaine Joly. Il semblait concentré et perdu dans ses pensées.

-Vous êtes étrangement silencieux, capitaine.

Il haussa les épaules, enleva son casque et le coinça sous son bras.

-Juste déçu que nous n’ayons encore rien trouvé. J’avais misé beaucoup d’espoirs pour que nous ayons des pistes près de là où ont été commis les meurtres. Maintenant, nous déambulons un peu au hasard…
-A quoi vous attendiez-vous à trouver en venant ici ? l’interrogea Mel’Ermat.
-Dans mes rêves, à une troupe armée confessant ses crimes. Au mieux, à des rats. Réellement, à rien du tout.

Il soupira et se mura de nouveau dans ses pensées. Visiblement, la sortie était loin des attentes qu’il avait eues auparavant. Mel’Ermat se mura aussi dans le silence, écoutant que d’une oreille les quelques soldats qui murmuraient entre eux. L’ambiance était morbide et il commençait à perdre la notion des directions mais également du temps. Après un énième détour, Mel’Ermat ordonna la pause.

-On s’arrête là, cria-t-il assez loin pour que les premiers entendent le message.

Il n’y en eut pas un qui ne sursauta pas car tous s’étaient laissés emporter par la mélancolie du lieu. Des ordures, des couloirs, de la pierre, de la terre et rien pour égayer tout ça.

- On n’est pas déjà passés par là ? s’inquiéta un soldat s’agrippant à son arbalète.
-Si, fit un autre en tournant autour de lui et regardant les empreintes au sol. On tourne en rond.
-Quelqu’un a une idée d’où est-ce qu’on se trouve et comment on va sortir de là ?

Le silence fut le seul à lui répondre et ses gardes semblèrent mal à l’aise.

-C’est de la magie, annonça le mage de la lumière, le banal des deux.

Mel’Ermat se rendit compte qu’il ne leur avait même pas demandé leurs noms. En tout cas, l’autre hocha la tête gravement.

-Je crois que c’est un sort très similaire à celui qui protège la Capitale. Il est très discret et je pourrais presque en trouver l’origine. Il a pour but de nous faire réfléchir et de nous laisser avancer sans but.
-Comment avons-nous défait le sortilège ? s’étonna Mel’Ermat.
-Je pense que nous ne l’avons pas fait, nous devons juste être hors de portée ou bien l’ordonnateur a rompu son sort.
-Il y a une chance que ce que nous cherchions soit à l’origine de ce maléfice ? sollicita le capitaine Joly.
-Je pense, dit le mage du feu cette fois-ci. Si on considère que le sort à une zone d’effet circulaire, il faudrait essayer de rejoindre son centre. C’est le seul moyen de remonter jusqu’au magicien qui a fait ça.
-Faisons demi-tour, requit Mel’Ermat. Que tout le monde se tienne éveillé, parlez à voix basse, occupez vous et mettez des claques à ceux qui ont les yeux dans le vague. En avant.

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Et voila la suite ! Ca se rythme ;)

Les soldats se mirent par deux et remontèrent à nouveau le couloir sans savoir combien de fois ils l’avaient déjà fait sans s’en rendre compte. Même avertis, il fut tout de même difficile de lutter contre la somnolence et il dut plusieurs fois se mordre l’intérieur des joues pour rester attentif. Même ainsi, il ne vit rien qui aurait pu sembler plus suspect qu’au premier passage. Ils s’arrêtèrent dans une salle d’où coulait du plafond sans discontinuer un liquide. Cela avait eu pour effet de créer une petite rivière mousseuse qui se perdait dans une autre salle. Mel’Ermat fixait la mousse sur un mur quand on le tira de sa torpeur, il s’était laissé emporter.

-Vous devriez venir, vite.

L’homme semblait assez alarmé pour que l’intendant n’hésite pas un seul instant. Avec tout ce qu’il avait dû voir dans sa vie, cela devait être assez choquant pour qu’il paraisse si effrayé. Après une série de couloirs, il tomba sur deux autres éclaireurs qui attendaient devant l’escalier en colimaçon qui donnait sur la caverne des sans-abris. Le premier militaire regardait le trou avec horreur tandis que l’autre fermait les yeux et récitait sans cesse la même prière. Mel’Ermat sentit son cœur se serrer mais essaya de ne pas le montrer. Après tout, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait trouver. Heureusement, ses hommes ne virent pas ses mains trembler. Après quelques marches, il arrêta de respirer. Morts. Ils étaient tous morts. Ils n’avaient même pas été tués mais bien déchiquetés. Impossible de savoir si ce qui était éparpillé un peu partout avait été des êtres humains. Pas la moindre preuve que quelqu’un n’ait échappé au carnage et il n’y avait pas la moindre trace d’un attaquant. Mel’Ermat remonta avant de se mettre à vomir.

-Il n’y avait plus personne quand vous êtes arrivés ? demanda Mel’Ermat pour la forme.
-Vous… vous n’avez pas vu ? ouvrit les yeux d’effroi celui qui priait. Ces ombres… elles bougeaient.

Mel’Ermat sentit toutes sensations le quitter. Il déglutit et donna ses ordres, les yeux brillants :

-Courrez !

Ils déboulèrent en trombe dans la salle, les regards étaient curieux mais pas effrayés. Ils étaient entraînés à faire face à n’importe quelle situation… tout mais pas ça. Les Ombres étaient là. Mel’Ermat reprit son souffle mais n’hésita pas à une seconde :

-Fuyez ! Sauvez vos vies, maintenant ! Trouvez une sortie !

Les soldats se regardèrent, circonspects. Ce n’était pas quelque chose dont ils étaient habitués.

-Allez maintenant !

Leur allégeance reprit le dessus et ils s’élancèrent, courant les uns derrière les autres sans savoir ce qu’il se passait. Mel’Ermat se dit que c’était mieux pour eux que de savoir. Quoique… Les mages ne bougeaient toujours pas.

-Vous saviez que les Ombres étaient là, n’est-ce pas ?

Les deux regardaient dans la direction d’où ils avaient émergé.

-On va essayer de les retenir, articula l’un deux.

Sans prendre le temps d’en savoir plus, Mel’Ermat se lança à la poursuite de ses soldats. Il eut à peine le temps de se demander si quelqu’un savait où ils allaient. Cela ressemblait plus à une course effrénée. Si le sort était encore actif, ils pourraient même retomber dans la même salle qu’au départ. Ses hommes, essoufflés, s’arrêtèrent dans une salle plutôt propre considérant tout ce qu’ils avaient vu auparavant. Ils n’étaient plus que huit.

-Où sont les autres ? s’alarma Mel’Ermat en soufflant.

Personne ne répondit.

-Ils ont dû se perdre, répondit le grand gaillard du duel.

Pas le temps de jouer aux héros, il fallait fuir d’ici.

-Quelqu’un sait où on est ou comment sortir ?

Personne ne répondit et ce calme lui fit peur. Il lui vint une idée.

-Regardez les déchets et dites-moi par où aller !

Tous se penchèrent et essayèrent de repérer des ordures qui auraient pu les aiguiller. Des bruits de pas résonnèrent, coupant leur recherche. Epées tendues, ils guettèrent suspicieux l’entrée tandis que Mel’Ermat se fit à peine plus relâché : des Ombres ne faisaient pas de bruits de pas. Le mage du feu débarqua.

-Du calme, du calme, ce n’est que moi ! lança-t-il en levant les mains pour ne pas se faire transpercer.

-Où sont les autres ? demanda-t-il en regardant le groupe.
-Où est ton collègue ? rétorqua Mel’Ermat.
-Je ne sais pas, on a été séparés.
-Pourrait-on savoir ce qu’on affronte ? demanda un jeune soldat qui voulait sûrement en découdre.
-Je vous en parlerais plus tard, vous n’êtes pas de taille à l’affronter. Peu le sont et ce n’est pas à l’aide d’épées et de carreaux que nous en viendrons à bout.

La réponse ne parut pas satisfaisante.

-Remettez-vous aux recherches ! ordonna Mel’Ermat avant qu’une nouvelle question ne tombe.

Les soldats se remirent avec plus d’entrain à la recherche d’indices. Mel’Ermat tira le mage dans un coin.

-Que s’est-il passé là-bas ?

L’autre ne semblait pas à l’aise et il fuyait le regard de l’intendant.

-Elles sont beaucoup plus fortes que nous. Nous avions trouvé une série de sorts mais nous n’étions pas assez entraînés. Nous avons essayé de les retarder puis nous avons pris la fuite.
-Mon Seigneur ! l’interpella un homme à travers la salle.

L’individu était armuré de la tête au pied et Mel’Ermat se demandait comment il arrivait à courir. Tous se rapprochèrent de lui.

-Là, dit-il en posant la pointe sur un papier. C’est un bon pour récupérer des commandes à la laverie. Je pense que la pièce d’où nous sommes partis devait être la laverie, ce qui expliquerait cette eau mousseuse. Il faudrait donc aller par là.

Il indiqua une des trois sorties. Ce fut alors que Mel’Ermat la sentit puis la vit. Cela commença par une sensation désagréable, comme un crissement froid sur la nuque. La température de la pièce ne changea pas pourtant Mel’Ermat sentait du froid venir d’un coin de la pièce. Il se mit à frissonner. Il y eut ensuite un long chuchotement sourd comme un râle de mourant s’étendant à l’infini. Après un instant, ses yeux remarquèrent que dans l’obscurité, une masse noire se mouvait. C’était indescriptible mais cette couleur noire n’était pas naturelle, c’était le noir le plus pur qu’il existait. Même la nuit la plus profonde n’était pas aussi noire. Si noire que même l’obscurité autour, alors qu’il était sous terre et sans lumière, semblait rayonner à côté. Ce fut le mage qui leur sauva la vie. Prenant conscience de la menace, il lança sa torche au travers de la salle en levant les bras. Il y eut une odeur de souffre puis les piles de déchets s’embrasèrent créant de véritables colonnes de flamme. Mel’Ermat dut se couvrit les yeux pour se protéger de la soudaine intensité de lumière mais aussi à cause de la chaleur que cela créait dans un environnement aussi restreint.

-Fuyez ! cria l’homme à l’adresse des soldats.

Pourtant, ce ne fut pas après cette phrase qu’ils se remirent à courir. Ce fut lorsque leurs yeux se furent habitués à la lumière et qu’ils virent des formes repliées sur elles-mêmes dans les coins de la pièce. Ce n’était pas humain, pour sûr. Cela n’en avait même pas la silhouette. C’était rapide et ça se tortillait, lançant des grondements sifflants face à cette lumière à laquelle ça voulait échapper. Il y en avait plusieurs, de toutes les tailles. Ayant eu la preuve que leurs cauchemars avaient pris vie, ce fut là qu’ils fuirent de nouveau dans le couloir qu’avait désigné le soldat. Sans savoir si le magicien les suivait, ils coururent dans une direction approximative. Il n’y avait aucune grâce dans leurs mouvements, aucun contrôle. Ils fonçaient, simplement, la terreur aux tréfonds de leur être. La colonne s’immobilisa après une paire de minutes.

-Que se passe-t-il, bon sang ? râla Mel’Ermat qui en profita pour reprendre sa respiration. Que tous ceux qui portent des torches éclairent ce maudit couloir, pas question qu’elles nous attaquent dans le dos, ordonna-t-il en allant vers le premier de ses hommes.

Ce dernier tenait en joue un individu qui levait les mains en signe de reddition. Mel’Ermat le reconnut immédiatement. C’était Llis. L’autre ne semblait pas surpris de le voir là.

-Baisse ton arme, exigea l’intendant au soldat en appuyant sur la lame tendue. Tu peux nous sortir de là ? requit-il rapidement ensuite à l’espion.

Hors de question de traîner, il tournait déjà constamment la tête dans son dos pour voir ce qui allait émerger à leur suite.

-Oui, j’ai déjà évacué une partie de vos hommes, dépêchez-vous.

L’espion comptait sur leur présence d’esprit pour ne pas discuter des ordres venant d’un inconnu. Le fait qu’ils étaient pourchassés par des Ombres fit en sorte que cette préoccupation ne leur vint même pas à l’esprit. Surtout depuis qu’un nouveau soldat était porté disparu. La course se fit effrénée et Mel’Ermat trouva fou les ressources que l’on pouvait déployer et l’endurance que l’on se découvrait lorsque sa vie était en jeu. Etaient-ce des larmes de peur qui roulaient sur ses joues ? Il passa sa manche sur son visage sans s’arrêter de courir. Ils finirent dans une impasse. Les hommes jurèrent et tournèrent sur eux-mêmes, véritables animaux aculés. Avant qu’ils s’en prennent à l’espion, l’intendant leur demanda de se taire. Ces égouts étaient sans fin, l’odeur était la même et rien ne distinguait cet endroit d’un autre. Pourtant Llis ne se laissa pas démonter.

-Toi, fit-il en désignant la brute que Mel’Ermat n’avait pu vaincre à l’entraînement. Aide-moi à déplacer ça, demanda-t-il en désignant le plafond du couloir.

Tous restèrent suspendus à l’opération, comme si l’intervenant allait créer une sortie de nulle part. Ce qui était d’ailleurs un peu le cas. La dalle bougea rapidement sous les efforts déployés et ils ne perdirent pas de temps pour sortir de là. Ils atterrirent dans une sorte d’entrepôt très sombre et plutôt désert si ce n’était quelques caisses, des outils de jardinage et un chariot partiellement démonté. Mel’Ermat sourit et sembla se remettre à respirer correctement pour la première fois depuis des heures. Les militaires, eux, se laissèrent aller et rirent et se lancèrent dans de grandes embrassades. Ils l’avaient fait, ils avaient enfin fui. Mais combien y avaient laissé la vie ? Mel’Ermat espérait que les autres avaient déjà été évacués par l’espion. Le capitaine Joly s’en était-il tiré ? Les mages avaient-ils survécu ? Mel’Ermat se pencha en avant, mains sur les genoux. Quelle folie lui avait pris d’aller là-dessous ? En se redressant, l’espion, capuche baissée, le regardait avec dans les yeux la même question. L’intendant allait l’envoyer paître quand il réalisa que ce dernier leur avait sauvé la vie.



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Voichi la suite !

-Merci, articula-t-il.

L’espion se rapprocha calmement.

-Vous auriez dû me prévenir ! ragea-t-il à voix basse. Vous auriez pu vous faire tuer !

Mel’Ermat le regarda dans les yeux sans que celui-ci ne bronche. Il serrait autant les poings que les dents et attendait visiblement des explications. L’intendant du royaume de Mel avait l’impression de se faire gronder mais encore peu remis de ses émotions, il ne broncha pas.

-A notre décharge, nous ne savions pas que nous allions tomber sur les Ombres. Je te rappelle que tu m’as dit que cela ne restait qu’une rumeur.
-Et les mages alors ? Pourquoi étaient-ils là ? contrattaqua l’espion.
-Parce que le capitaine Joly qui nous accompagnait nous a dit que les meurtres sur lesquels il enquêtait et que je pensais reliés à mes attaques pouvaient être d’origine magique.

L’espion se tut. Les arguments étaient bons et il ne saurait jamais que Mel’Ermat était allé dans les égouts en dépit du fait qu’il savait pouvoir tomber sur les Ombres. L’espion se détendit, ou le sembla.

-La cérémonie de clôture de la ville a lieu dans trente minutes, vous devriez partir.

Mel’Ermat se regarda. Il avait vraiment peu fière allure et surtout pas celle d’un second de royaume. On ne voyait plus la couleur de ses bottes sous les saletés, son pantalon était couvert de terre et il devait dégager une odeur pestilentielle. Il n’avait même plus le temps d’aller se changer, tant pis. Heureusement, un des soldats qui avait fui avec lui était celui qui avait récupéré dans son sac son haut de cérémonie. Les quatre survivants, le moment d’euphorie passé, étaient assis contre un mur et fixaient tous le sol silencieusement. Mel’Ermat récupéra le sac et en extrait sa tenue.

-Vous deux, rentrez voir Mel’Cari et ne dites rien avant que je ne sois revenu, intima-t-il à ceux de gauche. Vous, ajouta-t-il pour les deux autres, vous m’accompagnez avec notre ami ici présent jusqu’à la cérémonie.

Les hommes levèrent des yeux vides vers lui. Ce qu’ils avaient vécu aurait suffi à rendre fou n’importe quel homme. Pourtant, ils se redressèrent doucement, ramassèrent leurs affaires et l’armure que Mel’Ermat avait retirée et prirent l’unique issue du lieu. Une fois prêts, sa troupe sortit et l’intendant s’arrêta, se laissant bercer par la lumière extérieure. Il n’y avait plus de soleil à cette heure-ci mais, même à l’ombre et après ce qu’il avait vécu, il était heureux et se sentait en sécurité. Le fait d’être à l’extérieur lui remontait le moral. Il faudrait maintenant que la fin du monde soit proche pour qu’il retourne un jour là-dessous. Ils étaient sortis d’un côté de la ville plutôt éloigné de là où ils étaient rentrés mais plutôt proche de là où ils devaient se rendre.

Mel’Ermat mit près de quarante minutes à rejoindre la place où avaient été montées les estrades pour la cérémonie. La tradition voulait que cela se passe près de l’entrée sud de l’Impériale, du côté des bâtiments administratifs de l’Empereur, la partie de la ville qui restait constamment à l’ombre. S’ils avaient été seuls en ville, il lui aurait fallu guère plus de quinze minutes pour se rendre là-bas mais les arrivées des jours précédents avaient transformé la ville en vraie fourmilière et tous essayaient de se rendre à la cérémonie même s’il y aurait fallu s’y rendre le matin pour avoir une bonne vue. L’espion disparut dès que Mel’Ermat fut dans la foule et l’intendant le sut parti dès qu’il passa le cordon de sécurité que les gardes de l’Empereur avaient dressé autour des estrades et de l’entrée sud. L’organisation était simple : face à l’entrée dans la montagne était laissé un vide d’où les représentants des Quatre Races fermeraient les portes. A gauche de la paroi se situaient les citoyens qui avaient eu la chance d’avoir une place assise et à droite une grande partie des dirigeants de chaque royaume. En bas de cette estrade, on notait la rangée de sept fauteuils dédiés aux rois. Deux d’entre eux resteraient inoccupés. En retrait de ces emplacements, juste à gauche, des sièges plus petits avaient été installés dont le sien, forcément vide.

Il se faufila discrètement jusqu’à l’estrade mais fut vite remarqué par l’ensemble de l’assistance. Les rois ne tournèrent qu’un regard rapide mais les autres intendants se firent plus inquisiteurs. En effet, sa saleté et son odeur soulevaient autant les questions que les estomacs.

-Tu aurais pu te laver, le tança Mel’Placer au bout de quelques secondes.
-Longue histoire, répondit Mel’Ermat en se penchant en avant.

La cérémonie commença la seconde d’après tandis que Mel’Ermat se rendait compte de sa propre odeur. Il s’en donnait mal à la tête et contrôla tant bien que mal son estomac. Il ne manquait plus qu’il se mette à vomir…

Frendlorian, l’Empereur actuel mais aussi roi de l’Ostel, commença son discours du centre de la place. Mel’Ermat ne l’avait jamais trouvé aussi vieux. Il ne le voyait pas souvent mais le poids des années se faisait vraiment sentir. Il devait avoir passé les soixante-dix printemps au minimum. C’était une des deux raisons principales qui faisaient qu’il ne briguait pas de nouveau un poste d’Empereur. L’autre étant, d’après ses informateurs, qu’une guerre civile se préparait et qu’il aurait fort à faire dans l’année pour éteindre les braises de la révolte. Mel’Ermat se demanda s’il en aurait le temps puisque, d’après lui, ça serait un miracle s’il finissait l’année.

Ce n’était pas la première cérémonie à laquelle assistait Mel’Ermat si bien qu’il se permettait de ne pas écouter. Après les traditionnels bienvenus, il s’était auto-remercié du travail qu’il avait accompli. C’était un discours pas si évident que ça car il fallait avouer qu’il n’avait pas fait grand-chose durant son mandat. C’était d’ailleurs une attente de ceux qui l’avaient élu. Après une période où le roi Roselin, le prédécesseur de Frendlorian, avait essayé de réformer à tout-va, beaucoup avaient souhaité élire un roi qui les laisserait tranquilles.

A la fin du discours, commencèrent alors les chansons rituelles. Mel’Ermat, toujours secoué de sa découverte, n’arrivait pas à tenir en place et frappait de nervosité son talon sur le sol. Son regard alla alors sur l’estrade des Quatre Races. Ces peuples n’étaient pas en voie d’extinction mais on ne les croisait pas souvent. Pourtant, en tant que créatures les plus anciennes encore existantes, Mel’Ermat les pensait plus amicales les unes envers les autres. Ce n’était visiblement pas le cas car chaque camp était soigneusement séparé du suivant. Ils semblaient se parler entre eux mais jamais un regard sur leur droite ou leur gauche. Ceux du feu étaient au bout à droite et n’étaient pas très nombreux. Mel’Ermat se rendit compte que cela devait être ceux qu’il avait croisé en ville quelques jours auparavant. Il remarqua aussi qu’il était difficile d’en différencier un du suivant. Cette peau à l’aspect boueux ne laissait filtrer aucun détail. A leur droite patientaient ceux de l’air. C’était peut-être les plus humains des Quatre. On disait que c’était d’ailleurs par magie qu’ils leur ressemblaient autant. En effet, les peintures de bataille montrant des créatures volantes tirant plus sur un mélange entre un ange et un oiseau. A l’heure actuelle, c’était des êtres humains avec, pour la majorité, des ailes dans le dos. Il n’était pas très nombreux non plus, à peine une dizaine. Suivait ensuite les membres du peuple de la terre ou aurait dû-t-il dire le représentant car il était bien seul. C’était une colonne de cailloux avec des bras de terre, Mel’Ermat ne voyait pas d’autres descriptions. L’intendant se demandait bien pourquoi un seul des leurs était présent. Pour terminer venaient ceux de l’eau, sans aucune contestation les plus nombreux puisqu’ils étaient une trentaine. Tous avaient la faculté de ressembler à des humains mais pour eux, c’était plutôt un mélange entre ceux de l’Air et de Terre dans le sens où leur silhouette était humaine mais leur consistance était aqueuse. Ils étaient faits d’un bleu pâle tirant sur le blanc et on pouvait même voir au travers de leur corps, ce qui était plutôt déroutant.

Il se passa ensuite une heure où on assista à des chants, des spectacles et des divertissements. Face à eux, la dernière porte ouverte de la ville laissait les derniers voyageurs s’échapper. A la fin de la cérémonie, ce fut au tour des Guides de quitter les lieux. Ils se présentèrent face aux portes et un spécimen de chaque race les rejoignit et les accompagna jusqu’aux battants massifs. Une fois qu’ils eurent quitté la ville, l’Empereur lança un « Que la ville se ferme ! ». Les quatre levèrent les bras, invoquant leur propre magie, afin de refermer la porte de pierre et de la sceller. C’était désormais officiel, jusqu’à ce que les sceaux des rois votants soient insérés dans cette porte, rien n’entrerait ou ne quitterait la ville. Le dernier chemin restant était les airs mais seuls les Messagers avaient l’autorisation de l’utiliser pendant cette période. La grande place était silencieuse. Mel’Ermat remarqua des nains, ce qui lui fit penser à toutes les remarques désagréables qu’il entendait régulièrement sur le fait que les Humains n’invitaient personne d’autres qu’eux-mêmes pour cette tradition. Mel’Ermat devait alors répondre qu’ils ne faisaient pas de discrimination puisque personne n’étant pas humain n’était invité. Exception faite des Quatre Races qui étaient les seules à avoir le pouvoir de sceller la ville. A sa gauche, Mel’Ermat vit Frendlorian faire un geste de la main. Aussitôt, une armée de domestiques apparut et commencèrent à dresser des tables. La coutume voulait qu’un buffet soit dressé à la fin de la cérémonie et que tous puissent manger côte à côte sans distinction de rang ou de condition. La vérité était tout autre puisque les Quatre Races ne restaient jamais pour manger, les rois et les seigneurs restaient dans leur estrade protégée par un cordon de soldats tandis que la populace prenait possession des lieux. L’estrade libérée par les Quatre Races était en général investie par tous ceux qui avaient de l’influence dans l’Empire. Cela allait des marchands, aux membres de clergé jusqu’à des bardes célèbres ou des chanteurs à la mode.

Mel’Ermat dut patienter encore une dizaine de minutes avant de pouvoir parler seul avec son roi. A la fin de la cérémonie, beaucoup de dirigeants parlaient entre eux ou se sollicitaient les uns les autres. Beaucoup plaisantèrent avec l’intendant sur son état et il inventa une histoire à propos de tomber de cheval en pleine rue. Si quelqu’un l’avait réellement connu, son mensonge n’aurait pas tenu plus de deux minutes. Par chance, les seuls qui le savaient bon cavalier ne lui avaient pas demandé d’explications. La foule se fit plus disparate à mesure que les tables étaient couvertes des repas. Bientôt, ils furent les derniers à discuter en bas de leur estrade.


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  • 2 semaines après...
Après une semaine manquée ce qui ne semble pas avoir choqué grand monde .... :D La suite ! A titre d'info, le rythme s'accelere vraiment à partir de maintenant. Depuis un mois j'ai écris 125 pages word un peu près et j'écris avec une moyenne de 4\5 pages par jours ce qui fait que j'aurais normalement fini cette histoire d'ici un mois ! Au moins de l'écrire mais pas de la poster ;)



-Alors, cette histoire, l’interpella Mel’Placer qui semblait soulagé d’enfin avoir une explication.
-J’ai fait une visite dans les égouts. Mes informateurs m’ont annoncé que les attaques sur les rois et sur nos personnes pouvaient y trouver réponses. La vérité était tout autre et j’ai plutôt eu confirmation d’une autre rumeur, bien plus terrible.

Mel’Ermat ne savait pas comment l’annoncer sans passer pour un fou. Il finit par le dire sans détour car les sourcils de Mel’Placer se fronçaient de plus en plus, signe de son impatience. Il déglutit.

-Les Ombres sont en ville.

Les yeux de Mel’Placer s’ouvrirent en grand immédiatement imités par sa bouche. Un long silence se fit où il resta ainsi. Mel’Ermat se demanda s’il avait fait la même tête lorsqu’on lui avait annoncé. Probablement pire, conclut-il.

-Es-tu sûr ?

Ce n’était pas vraiment un manque de confiance en son bras droit mais devant les conséquences de sa révélation, cette question était obligatoire.

-Oui, dit Mel’Ermat, je les ai vues de mes propres yeux.

Il ne tenait d’ailleurs pas spécialement à s’en rappeler. Rien qu’à l’évoquer, il en avait les jambes qui tremblaient et son estomac qui se nouait.

-Pas de précipitation, ajouta Mel’Placer.

Etait-ce une impression où il respirait plus fort et plus vite.

-Il y a une réunion demain matin. La première séance de l’élection. Nous en discuterons à ce moment là. N’en parles pas jusque là.
-Oui, fit Mel’Ermat en s’inclinant. Pourquoi a-t-elle lieu si tôt ? s’interrogea l’intendant.
-Je ne sais pas, cela fait plusieurs jours que tous cherchent à ce que les votes se fassent au plus tôt. Cela sera peut-être l’élection la plus rapide de l’histoire.

Il n’arriva pas à sourire à l’idée d’être élu mais Mel’Ermat sut qu’en d’autres circonstances, il se serait pavoisé.

-Je comptais sur cette semaine pour rallier des votes, se plaignit l’intendant.
-Si nous n’avons pas de temps pour convaincre des seigneurs, les autres n’en auront pas non plus.
-Savons-nous qui va se déclarer ? demanda Mel’Ermat. Vous êtes pour l’instant le seul et j’ai peur que quelqu’un n’agisse à l’abri des regards et ait déjà commencé à nous passer devant.
-Je pense que si c’était le cas, nous en aurions entendu parler, pensa le roi de Mel. Maintenant, rentre. Tu ne serviras pas notre cause dans cet état.

Mel’Ermat n’allait pas le nier. Il s’indisposait déjà lui-même donc ce n’était pas la peine d’aller discuter à droite à gauche. Cela leur nuirait plus que cela ne les aiderait.

-Ne t’en fais pas pour moi, mes gardes sont dans les parages.

Mel’Ermat n’en doutait pas. Mel’Seba, qui était le général équivalent dans la garde rapprochée de Mel’Placer, devait être encore plus à cheval sur la sécurité du roi qu’une épouse jalouse. L’intendant le laissa à ses affaires, ses pensées se dirigeant immédiatement sur son retour à la villa. Combien de ses hommes étaient rentrés en vie ? Quelles mesures de précaution allaient-ils pouvoir prendre ? Il avait beaucoup de questions et les cahots du carrosse dans lequel il monta ne l’aidèrent pas vraiment à se concentrer. Même s’il faisait presque nuit, Mel’Ermat laissa les rideaux du véhicule grands ouverts. Il avait été assez dans le noir pour aujourd’hui. Les deux soldats désignés pour l’accompagner semblaient tout aussi moroses que lui. Ils regardaient chacun de leur côté, stoïques.

Le corps-de-garde était levé à leur arrivée et on les regarda passer avec curiosité. Quand Mel’Ermat descendit du carrosse, il put voir les soldats en faction jeter des regards à leurs collègues dans le but d’avoir des indices sur ce qu’il s’était passé. Mel’Cari attendait assis sur les marches de l’entrée principale. Il ne laissa pas à son supérieur le temps de souffler.

-J’ai rassemblé les hommes au premier étage en attendant votre retour.

Son visage était indéchiffrable.

-Très bien, répondit Mel’Ermat. Fais monter ces deux là, ajouta-t-il en désignant ses accompagnateurs, ils auront besoin de boire et manger, ça a été une dure journée.

Mel’Cari acquiesça lentement. Il avait déjà dû exiger un rapport des soldats. Mel’Ermat se demanda s’il devait aller voir ses hommes de suite ou prendre le temps de se changer et de se rafraîchir les idées. Pensant que ses gardes devaient trépigner d’impatience et se poser tout autant de questions que lui, il décida d’y aller immédiatement. La salle de réunion était silencieuse et tous étaient assis autour. Mel’Ermat put noter que l’ambiance n’était pas du tout la même que lorsqu’il avait accueilli ses compatriotes. Il n’y a pas de belle nappe, pas de chandeliers ni de bougies et encore moins de bons vins ou de plats cuisinés. C’était sobre et cela convenait très bien au moment. Juste derrière lui apparurent deux serviteurs portant chacun une assiette de lentilles. Ils déposèrent les plats devant les deux derniers arrivants puis repartirent sans briser le silence. Il y avait dix de ses militaires et le capitaine Joly. Sans compter les mages, cela chiffrait les pertes réelles à deux guerriers. Mel’Ermat n’arrivait pas à se souvenir du nom des deux disparus. Il les connaissait de vue, bien évidemment, mais il évitait de trop sympathiser avec ses soldats, passant plus de temps avec son colonel.

-Je suis content que la plupart d’entre nous ait pu s’en sortir…

Les visages étaient sans expressions, les regards fuyants et tous fixaient la table de bois comme si c’était la dernière fois qu’ils allaient la voir. Certains se frottaient les mains, d’autres s’accrochaient à leur vêtement, quant au reste, ils fermaient les yeux ou semblaient essayer de penser à autre chose.

-Mel’Placer a été averti de ce qu’il s’est passé.

Les soldats tournèrent le visage vers lui, les yeux brillaient d’envie d’être rassurés.

-Nous avons décidé de garder cet évènement sous silence jusqu’à demain matin. Nous nous réunissons avec les autres rois et intendants et ce n’est pas la peine de déclencher une panique ce soir. Je vous demande donc de ne pas en parler, et ce, à qui que ce soit.

Il faisait évidemment référence à leurs compagnons.

-La nuit sera, à mon avis, agitée, et encore, si vous arrivez à vous endormir. Si Mel’Cari est d’accord, vous serez en repos demain.

Mel’Ermat se tourna vers son colonel qui hocha la tête d’assentiment. Ce dernier gardait toujours son épaule en écharpe mais Mel’Ermat avait cru entendre qu’il aurait bientôt l’autorisation de l’enlever. Mel’Ermat garda un ton calme et monotone qu’il nuança par un soupçon de sympathie.

-Est-ce qu’il y a des choses que vous voulez savoir ?

Il leur devait bien ces réponses. Il crut d’abord que personne n’allait se manifester mais au bout d’un moment, le soldat à l’armure de plaques –qu’il n’avait d’ailleurs toujours pas quittée– se mit au garde-à-vous et parla.

-Seigneur, était-ce vraiment des Ombres que nous avons affrontées là-dessous ? Ne devaient-elles pas avoir disparu depuis des millénaires ?

C’était une bonne question et il n’avait pas de réponse. Pourtant, tous le fixaient et attendaient de comprendre. Mel’Ermat s’assit en bout de table et fit signe au soldat, Mel’Felic s’il ne se trompait pas, d’en faire de même.

-C’était bien des Ombres et visiblement elles sont de retour. Je ne sais pas ce qu’elles font là et si elles ont un lien avec ces meurtres en ville.

Il fixa le capitaine Joly qui s’était fait étrangement calme. L’autre ne lui rendit pas son regard, concentré sur un verre en métal face à lui.

-Ce qui est sûr, c’est que nous n’aurions rien pu faire pour sauver ceux qui y sont restés. Quelqu’un a-t-il revu les mages après que nous ayons été séparés ?

Tous hochèrent négativement la tête. Mel’Ermat enverrait quelqu’un se renseigner à la tour même s’il n’avait pas leurs noms. Deux mages manquant devraient se remarquer assez vite.

-Pourquoi sommes-nous toujours en vie ? articula quelqu’un que ne vit pas l’intendant.

Les autres hochèrent de nouveau la tête de haut en bas. Ils s’interrogeaient tous. Mel’Ermat se posait de toute manière la même question.

-Je ne sais pas, concéda Mel’Ermat. Peut-être la chance. Nous n’étions pas prêts à les affronter, admettant le fait qu’on puisse être prêts à se battre contre ça…

Le capitaine Joly sortit de sa torpeur et se racla la gorge.

-Et si c’était leur but ? Et si nous nous étions échappés pour nous laisser dire ce que nous avons vu ?
-Je ne sais pas, admit Mel’Ermat, quel serait leur but dans ce cas là ?
-Je ne sais pas non plus, s’affaissa l’homme en soupirant. C’est ce que je ne comprends pas…

Il retourna dans son mutisme. Le roux qui avait gardé la porte des égouts, moins choqué que les autres même s’il semblait ébranlé, enchaîna sur une autre question.

-Sommes-nous en sécurité ? Comment savoir qu’elles ne viendront pas cette nuit finir le travail ?
-Pour l’instant, nous ne pouvons pas le garantir mais nous prendrons des dispositions dès demain, ne vous inquiétez pas.

Mel’Ermat essaya d’avoir l’air confiant même si ce n’était absolument pas le cas. Le rouquin, Mel’Barn, sembla quand même un peu moins blafard. Ils allaient dormir de toute manière protégés par leurs compagnons et par la garde rapprochée de Mel’Placer. Il ne devrait y avoir que peu de risques. Il ferait néanmoins plusieurs prières pour que ça soit le cas. Personne ne reprit la parole et Mel’Ermat les congédia. Mel’Cari le regarda une seconde et se retira également. Ce n’était pas le moment et il devait être peiné pour ses deux soldats disparus. Après cinq minutes perdues à ne rien faire, l’intendant de Mel attrapa toutes les bougies qu’il trouva et monta se coucher. Hors de question de dormir dans le noir.


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Voici la suite les amis :D



Chapitre 10


La réunion prévue le lendemain fut annulée par Regut en personne justifiant le respect de la tradition et de sa semaine d’attente. Mel’Ermat ne fut que partiellement déçu considérant la nuit qu’il avait passée auparavant. Il n’avait jamais dû autant cauchemarder de sa vie si bien qu’il resta le reste de la nuit assis les yeux grands ouverts à regarder autour de lui. Ce ne fut que lorsque le jour se leva que ses yeux se fermèrent. Mel’Ermat fut alors trop fatigué pour émettre la moindre pensée ou faire le moindre rêve.

Regut avait été un des premiers à vouloir que cette élection soit avancée et personne ne comprenait son revirement. Tous avaient pensé que le mariage avec sa propre fille nécessitait sa présence et qu’il voulait vite retourner au royaume de Kator. Il semblait qu’ils se soient tous fourvoyés. Cela faisait d’ailleurs enrager Democles, l’intendant de Sustor et Egéa, l’intendant de Terra qui n’attendaient qu’une chose : aller gérer leur royaumes respectifs depuis la mort de leurs rois. Mel’Placer, lui, ne s’en soucia guère et il passa la semaine à rencontrer des hauts dignitaires pour rassembler des votes.

Mel’Ermat eut une mission moins plaisante puisqu’il dut aller prévenir de la menace des Ombres chaque royaume. La majorité pensa que c’était une bonne blague ou que l’intendant avait un objectif caché derrière la tête. D’autres prétextaient qu’ils avaient mieux à penser et qu’il s’était sûrement trompé, que ça ne pouvait pas être ça. Au final, le seul qu’il convainquit vraiment fut son ami le roi de Syrarture, Ben’Lor. Il prit la menace d’ailleurs au sérieux puisqu’il alla voir les mages de la ville avec Mel’Ermat.

Arrivés sur place, ils furent à peine mieux accueillis que la fois précédente. Ils apprirent que seul un des deux magiciens était rentré mais ils ne purent savoir qui. Le secrétaire leur dit que, pour avoir désobéi, celui-ci était châtié et disgracié par leur soin. Mel’Ermat ne pouvait rien pour le pauvre bougre et décida de ne pas faire de commentaires. Seul l’Empereur avait le pouvoir de forcer les magiciens à faire quelque chose. Malheureusement pour eux, ils n’étaient pas près d’en avoir un. Du coup, ceux-ci écoutèrent attentivement les craintes qu’avaient les deux personnages puis les congédièrent arguant que si les Ombres étaient en ville, ils seraient au courant. Même Ben’Lor qui était plus dans l’action que la réflexion, remarqua qu’on les faisait tourner en bourrique. Pour l’instant, ils n’avaient aucun moyen de leur extorquer la vérité. Mel’Ermat se sentait vraiment impuissant. Ils luttaient seuls contre des créatures que personne n’avait les moyens d’abattre. Même les bibliothèques ne leur fournirent aucun indice.

A mesure que les jours passèrent, les militaires, bien qu’inquiets, et Mel’Ermat commencèrent à se calmer. Si les Ombres ne les avaient pas attaquées, c’était que la menace était autre. Soit comme le capitaine Joly l’avait dit, elles voulaient qu’on sache qu’elles étaient là, soit elles étaient là par hasard et n’aspiraient qu’à la tranquillité. Cela semblait ridicule de penser ça mais Mel’Ermat avait du mal à croire qu’elles avaient un plan. Au contraire, plus le temps passait, plus les Ombres risquaient que les humains trouvent des parades. L’intendant aurait aimé en parler à son espion mais celui-ci se faisait introuvable depuis qu’il les avait sortis des égouts. Daros, son ami tavernier, n’avait pas plus de réponse à lui fournir et les seuls qu’il aurait pu interroger furent les membres des Quatre Races. Malheureusement, il semblait qu’ils se soient tous évaporés. Seuls quelques membres du Feu restaient en ville mais Mel’Ermat n’arrivait à mettre la main dessus. Au final, la première réunion pour l’élection de l’Empereur arriva sans que l’intendant ait la moindre solution à leur problème.

Mel’Placer et Mel’Ermat descendirent en même temps les escaliers de la maison. Peu auparavant, on était venu les prévenir que le carrosse était arrivé et qu’ils étaient attendus pour la session du jour. Sans nécessité de s’habiller de façon officielle, Mel’Placer avait opté pour un pantalon bleu foncé taillé dans ce qui semblait être du cuir. Il portait également une veste blanc crème et s’était paré de sa couronne, mince diadème en or qui lui faisait le tour de la tête. Mel’Ermat avait pratiquement la même tenue. Un pantalon bleu de la même couleur et une chemise blanche surmontée d’un gilet noir. Il ne prit aucune arme puisqu’ils étaient de toute manière fouillés avant de pouvoir entrer dans les bâtiments administratifs. Les seuls à pouvoir en porter était la garde de l’Empereur.

Ils mirent un temps fou à traverser la ville et il était incroyable de voir à quel point celle-ci s’était remplie. Mel’Ermat s’en rendit vraiment compte lorsqu’ils passèrent non loin du marché ouvert qu’il avait traversé et où il put voir une foule dense et compacte négociant. Les soldats de Mel’Ermat furent les premiers à perdre patience et les insultes plurent bientôt pour qu’on leur fasse un passage. Ils n’étaient visiblement pas à l’aise depuis que l’intendant avait décidé de leur dire à tous la vérité à propos des Ombres. Dès lors, Mel’Ermat les entendait discuter en permanence de toutes les rumeurs qu’ils avaient jamais pu entendre. Celle qui les inquiétait le plus était celle qui leur prêtait la faculté de se mouvoir en plein jour, tant qu’elles restaient dans les ombres. Il fallait souvent leur répéter de ne pas s’en faire mais le fait d’être les seuls à le savoir les rendait nerveux. Cela leur donnait l’impression que personne ne s’inquiétait et qu’ils couraient tous à la catastrophe. Cela se calma un peu quand Mel’Ermat leur annonça qu’après une réunion, il avait pu prévenir chaque royaume de ce qu’il se passait et que c’était à eux de choisir désormais s’ils y croyaient ou non.

La vue des bâtiments administratifs tempéra les ardeurs. Mel’Ermat avait toujours trouvé le palais de l’Empereur à l’image du rôle qu’il avait : grand et décoratif. Y faisant plus de politique que nulle part ailleurs, le palais n’avait pas vraiment été bâti de façon classique. Alors que depuis des millénaires chaque roi s’enfermait dans de véritables places fortes plus ou moins charismatiques, on avait bâti ici un enchevêtrement de bâtiments de toute taille. La couleur blanche des murs avait été le seul point commun du quartier à sa création jusqu’à ce qu’il soit décidé de construire des tunnels d’un bâtiment à l’autre afin d’éviter d’avoir à sortir pour passer d’un service à l’autre. Vu du dessus, cela devait ressembler à une vingtaine de carrés disposés au hasard reliés par de minces couloirs fermés. Une belle fontaine trônait à l’entrée du lieu. Cela représentait plusieurs personnages de légende en train de soulever une carte de l’Empire. C’était un des monuments préférés de Mel’Ermat, il aurait pu passer des heures devant.

C’était l’heure de déjeuner et beaucoup de serviteurs s’activaient sur la place principale. Les derniers fonctionnaires prenaient aussi leur temps car plusieurs d’entre eux semblaient commencer leur journée. Mel’Ermat s’était déjà vu offrir un poste administratif au palais mais avait refusé, il trouvait que c’était plus une cachette qu’un véritable travail. L’Empereur aurait pu se débarrasser de la moitié des gens qui prétendaient travailler pour lui sans qu’il voie la moindre différence dans la gestion de l’Empire. Les deux plus hauts gradés du royaume de Mel descendirent du carrosse et lorgnèrent un instant le complexe qui leur faisait face avant de se mettre en marche. L’avantage de ce type d’installation était qu’ils pouvaient se rendre directement dans la salle de réunion alors que dans un palais classique ils auraient dû faire des tours et des détours pour rejoindre leur objectif.

Le bâtiment de la salle de réunion était un grand rectangle de deux étages bien qu’en réalité, il soit creux. Tout autour, une cinquantaine de gardes prenaient leur rôle très à cœur. On en notait même en train de faire la ronde sur le toit. Les soldats de l’Empereur portaient une tenue particulière qui mélangeait l’influence de tous les royaumes. Les casques métalliques étaient en forme d’animaux allant du lion, à l’ours jusqu’à l’aigle ou l’éléphant. Les armes allaient des rapières du nord-ouest en passant par les haches du nord-est sans oublier ces grandes épées à deux mains de l’est ou les courtes épées du sud. Les armures et leurs couleurs étaient également diverses et variées. On notait des armures de plaques complètes ou partielles, de mailles ou de cuir en fonction de l’origine et du rôle du soldat.

Mel’Placer fut reconnu par les militaires qui ne cherchèrent pas à s’interposer. Ils étaient à cran et cela se sentait. Aucune main n’était à plus de dix centimètres du manche de son arme. La mort de deux rois avait dû les inquiéter en plus haut lieu. L’entrée de la salle de réunion se situait à un coin du bâtiment et se matérialisait par une sorte de grande porte-fenêtre. Il n’y avait pas vraiment de différence avec toutes celles qui faisaient le tour de la bâtisse mais c’était cet accès qu’on utilisait pour entrée. L’intérieur était du coup très lumineux et on gardait l’impression d’être à l’extérieur. C’était d’ailleurs tant mieux puisque cette partie de la ville passait son temps à l’ombre. Sans toutes ces fenêtres, ils auraient dû faire amener des torches.

Ce qui surprenait le plus dans cette immense pièce était cette table massive qui trônait en son milieu. C’était une table ronde mesurant plusieurs dizaines de mètres de diamètre et fait d’un bois clair qui semblait pouvoir résister à un coup de canon. Il y avait sept sièges autour de la table mais également un trône. Chaque fauteuil était associé à un royaume et le roi élu quittait sa place qu’il laissait vide pour occuper le trône. Les chaises étaient superbement sculptées et chacune d’entre elles reprenait les symboles marquants du royaume associé. La table était encerclée par une estrade de trois rangées. La couleur dominante était le rouge et était due aux coussins des estrades. Lors de longues réunions, Mel’Ermat avait déjà vu des gens s’endormir dessus. A un mètre devant les tribunes mais avant les chaises des rois, des chaises à l’allure plus classique étaient laissées pour les intendants.

Le reste de la pièce était tout aussi surprenant puisque si la salle avait été vide, on aurait pu voir que le sol était une grande carte de l’Empire fait en mosaïque. Une fois que cela se savait, on pouvait reconnaître certaines zones mais à l’heure actuelle, entre la table et les tribunes, la carte ne se voyait presque pas. Le reste de la pièce se composait d’une cheminée blanche à l’heure actuelle éteinte et d’un grand bloc de granit dans lequel avait été planté un drapeau de chaque nation. La salle était pour l’heure plutôt bien remplie. Regut, roi de Kator était là avec son intendant. Ben’Lor était également installé. Le royaume de Syrarture n’avait jamais eu d’intendant. Ils auraient pu en élire un mais le fait qu’une guerre permanente se déroulait sur cette terre en avait découragé plus d’un. Du coup, Ben’Lor était plutôt entouré là-bas par des gradés de l’Empereur qui étaient les seuls à pouvoir prendre des décisions pour les troupes engagées au front. Les deux intendants Democles et Egéa étaient en place à la place de leur roi. La mort d’un roi était le seul moment où un intendant pouvait s’asseoir là. Il ne manquait plus que l’Empereur Frendlorian et Iri, le roi de Sal. Le reste de la salle était vide. Il n’était pas rare qu’on autorise certaines personnalités à assister aux débats mais dans le cas d’une succession, seuls les rois et les intendants pouvaient être présents. Cela allait même plus loin, pendant toutes les discussions, les dirigeants des royaumes étaient les seuls à pouvoir prendre la parole. Mel’Ermat n’aimait pas ça mais il allait devoir se taire en permanence à la nuance près qu’il pouvait se lever pour aller chuchoter à l’oreille de Mel’Placer.

Ce dernier avait été historiquement placé entre Egéa, de Terra et Frendlorian, d’Ostel, qui pour le coup ne serait pas là puisqu’il officierait la séance du trône de l’Empereur. Par cohérence, ils avaient été installés en fonction de leurs voisins géographiques. Venait donc ensuite Iri, Ben’Lor, Regut et Democles. Personne ne parlait et l’ambiance était sérieuse au possible. Iri finit par arriver, suivi comme son ombre par Isidor, son intendant. Mel’Ermat s’entendait plutôt bien avec lui et il lui fit un discret signe de la main auquel l’autre répondit par un hochement de tête. Iri avait sorti le grand jeu et s’était paré de dentelle qui avait la renommée de sa région. Isidor était habillé de façon moins pompeuse et, du haut de son mètre quatre-vingt dix, n’aimait pas trop qu’on le remarque. Mel’Ermat regarda comment les autres s’étaient vêtus. Ben’Lor portait une barbe de trois jours qui cachait les traits durs de son visage. Il devait être passé chez le barbier car il n’avait pas plus de quelques millimètres de cheveux sur le crâne. Les vêtements de la région étaient toujours moulants ce qui mettait en valeur les muscles, mais surtout, retirait des prises aux ennemis durant les batailles. Democles semblait trop petit dans la chaise de son roi et vacillait dessus comme s’il se brûlait les fesses. Il avait une grande moustache qui se rebiffait qui lui donnait un air joyeux alors que ce n’était sûrement pas le cas. C’était le plus gros de tous ici. Il était aussi gras que Ben’Lor était musclé. Il portait un brassard noir au bras, tout comme Egéa. Ce dernier avait revêtu une toge blanche rituelle du clergé. Le royaume de Terra était extrêmement pieux et c’était là où les moines pullulaient le plus. La suite fut plus ennuyeuse puisqu’ils attendirent une dizaine de minutes pour que Frendlorian fasse son entrée.

Autant Mel’Ermat l’avait trouvé fatigué au discours de fermeture de la ville une semaine auparavant autant à cet instant il paraissait sur le point de mourir. Il était pâle et avait les yeux hagards. Le bouclier d’or, symbole de l’Empereur, était pratiquement traîné à ses côtés et son intendant, Bernardian, fronçait les sourcils sans chercher à cacher son mécontentement. Mel’Ermat n’avait jamais parlé avec son homologue de l’Ostel. A vrai dire, celui-ci devait à peine avoir vu plus d’un quart de siècle. Frendlorian se fit soudainement plus vif et traversa la salle d’un pas assuré. Il souleva difficilement l’écu et le posa sur la table devant lui et s’assit avec soulagement sur son trône. Bernardian ne lui jeta pas un regard, rejoignit son siège et croisa les bras sans cesser de froncer les sourcils.

-Bonjour, Seigneurs, que la session soit ouverte.


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  • 2 semaines après...
Voici la suite !!!


Cela commençait enfin officiellement. Frendlorian n’était plus Empereur et jusqu’à ce que l’un d’entre les rois soit élu, les sept royaumes n’en auraient pas. L’organisation allait désormais être la suivante : D’abord, ils discuteraient de ce que chacun attendait du nouvel Empereur puis, ils annonceraient tous ce qu’ils feraient en tant qu’Empereur. Pour terminer, ils termineraient en se portant candidat ou non. Les jours suivants verraient les seigneurs les rejoindre dans cette enclave pour entendre les arguments de chaque candidat. Une fois tous les candidats d’accord, il y aurait un vote pour dégager une majorité absolue. Si celle-ci n’était pas atteinte, les débats continuraient, jour après jour, suivis des votes jusqu’à ce qu’un Empereur soit choisi. En général, il n’y avait que deux candidats et cela rendait déjà les choses difficiles car avec l’abstention, on dépassait rarement la majorité absolue avant les dix ou onzièmes jours. L’élection la plus longue, celle qui avait duré un an, avait vu les sept candidats se porter volontaires. A l’époque, les pouvoirs de l’Empereur étaient bien plus étendus et cela valait sûrement le coup. Pour ce qui était de l’élection actuelle, elle serait sûrement plus courte puisque seul Mel’Placer se présentait. Par protocole, il faudrait attendre encore une semaine avant de faire un vote avec les seigneurs de chaque royaume mais cela se terminerait dans la foulée. C’était Egéa qui ouvrait le bal des discours. Il se leva, resta très droit, croisa les mains dans son dos et récita son texte comme s’il l’avait appris par cœur.

-Ce que j’attends de l’Empereur, c’est qu’il mobilise les troupes pour défendre notre frontière Sud. Je suis sûr, que ce soit par vos réseaux d’informateurs ou par nos discussions, que vous savez tous que quelque chose se passe. Nous n’avons plus de nouvelles de nos avant-postes, tous ceux qui sont partis là-bas ne sont jamais revenus, quelque chose se prépare.

Il s’assit. La coutume voulait que chacun expose ses opinions sans qu’il ne soit coupé. Pour commenter ce que chacun disait, il faudrait attendre d’autres sessions. Mel’Placer prit le relai.

-Ce que j’attends de l’Empereur, c’est que les traités économiques soient étendus et que les Etats arrêtent de s’enfermer dans le patriotisme économique. Je souhaite également que l’Empereur prenne des dispositions en convoquant les mages afin qu’une enquête soit menée sur les Ombres. Je n’aimerais pas que celles-ci sortent d’ici avant que nous sachions comment les arrêter.

Comme son prédécesseur, il se réinstalla dans son siège.

-Ce que j’attends de l’Empereur, articula d’une voix étrangement forte Frendlorian, c’est une limitation sur la pêche, l’instauration d’un salaire réglementé par activité et une aide automatique des royaumes en cas de difficulté des uns ou des autres.

Mel’Ermat appréciait le culot de l’homme. Ces mesures allaient majoritairement à l’encontre du royaume de Mel. En effet, l’Ostel avait la côte la plus étendue mais disposait, en nombre, de la même flotte de bateaux de pêches que le royaume de Mel’Placer. Du coup, il n’était pas rare que ses navires s’aventurent trop au nord et soient dans des zones où les bateaux de l’Ostel s’affairaient également. Cela ne manquait pas de créer des tensions mais les eaux éloignées de plus de dix kilomètres des côtes étaient considérées comme appartenant à tout le monde. La revendication sur les salaires concernait le royaume de Sal puisque celui-ci était réputé pour attirer toute la main d’œuvre non qualifiée de l’Empire et payait une misère pour le travail accompli, surtout dans les ateliers de dentelle. Les industries naissantes quittaient tous l’Ostel pour s’installer dans le royaume voisin. Le peu qui restait finissait tôt ou tard par fermer boutique. En devant les payer plus, la concurrence serait rétablie. Pour terminer par le dernier souhait de Frendlorian, Mel’Ermat pensait que l’aide automatique qu’il avait mentionnée devait concerner le fait que le royaume de Mel détenait toute la nourriture de l’Empire. Si cette assistance était votée, les bénéfices s’envoleraient car la nourriture serait distribuée gratuitement. C’était hors de question. Surtout considérant l’argent qu’ils avaient dépensé.

-Ce que j’attends de l’Empereur, enchaîna Iri coupant court les pensées de l’intendant, c’est que les armées redeviennent sous contrôle de chaque état et qu’une faible portion reste pour défendre le royaume de Syrarture.

Devant le regard que lui lança Ben’Lor, il s’expliqua.

-En effet, le coût d’une telle mobilisation est élevé et je ne le pense pas nécessaire alors qu’aucune guerre n’a eu lieu depuis des dizaines d’années.

Iri, comme la dentelle le laissait supposer, n’était pas un guerrier. C’était encore moins un dirigeant. C’était un excellent chef d’entreprise mais pas un bon roi. Il ne pensait qu’à amasser de l’argent et il était connu pour être aussi lâche que cupide. Toute économie d’or était donc la bienvenue. Comme Ben’Lor le foudroyait toujours, il s’assit en déglutissant.

-Ce que j’attends de l’Empereur, dit lentement le roi de Syrarture en tournant la tête lentement d’Iri vers le reste de l’assistance.

Mel’Ermat était sûr qu’il allait enchaîner en demandant à ce que l’autre soit pendu pour une telle réflexion mais, sans grande surprise, il continua avec tact.

-C’est que des renforts soient envoyés immédiatement. En effet, les attaques se font de plus en plus nombreuses et rapprochées et si guerre il n’y a pas eu, celle-ci va bientôt arriver…

Mel’Ermat trouvait la situation bien compliquée. Entre ceux attaqués hypothétiquement par le sud, ceux par le nord et ceux qui ne croyaient en rien. Cela promettait de longues discussions…

-Ce que j’attends de l’Empereur, articula Regut.

C’était vraiment un homme charismatique, remarqua Mel’Ermat. Sans conteste le plus bel homme de la salle. Avec sa tenue rouge cendrée et sa barbe impeccablement taillée, il en avait fait rêver plus d’une. Par contre, un détail perturbait l’intendant de Mel. C’était ses yeux. On n’y voyait non pas de la folie mais bien de la démence. C’était un homme dangereux et ambitieux, on ne pouvait pas le nier.

-C’est qu’il ne se lance pas dans des chasses aux fantômes ou qu’il n’utilise pas les armées pour de simples suppositions.

Tant pis pour le protocole et le fait de ne pas se répondre les uns les autres…

-J’aimerais aussi que soient revus les pouvoirs de l’Empereur pour en faire un coordinateur plus influent et que soit étudiée la présence sur nos territoires des races non humaines.

Voilà qui était extrêmement xénophobe, pensa Mel’Ermat. Cela ne l’étonnait pas puisqu’il était connu que le royaume de Kator n’était pas vraiment une terre d’accueil pour les étrangers… ni pour ceux qui y vivaient d’ailleurs. Encore une dizaine d’années comme ça et Regut s’exposait à de graves problèmes démographiques. En tout cas, Mel’Ermat se doutait qu’il y avait anguille sous roche. Tout ne s’annonçait pas maintenant et beaucoup se négociaient durant les débats mais Regut s’était quand même montré vague. Il s’assit sous les regards intrigués. Democles se leva pour clôturer ce premier tour.

-Ce que j’attends de l’Empereur, c’est qu’il ouvre une enquête sur les assassinats du roi Rouj et du roi Aolin. Je ne porterai pas d’accusations mais il semble que ceux-ci étaient commandités par quelqu’un de puissant dont je tairai le nom en attendant plus de preuves.

Il regardait droit devant lui. Mel’Ermat s’étonnait de tant d’impétuosité. Les accusations qu’il portait étaient graves et à ne pas prendre à la légère. En effet, cela ne pouvait vouloir dire qu’une chose : il pensait qu’un intendant, voire un roi, était à l’origine de ce qu’il s’était passé. Cela n’avait pas de sens, pourquoi aurait-il fait ça ? Tous savaient que le poste de l’Empereur était plus honorifique qu’opérationnel et que cela ne pouvait être la raison de leur assassinat. Le silence se fit après que l’intendant du royaume de Sustor se rassit. Mel’Ermat comprit que les jours à venir allaient être mouvementés.

-Ceci clôture donc les motivations, termina rituellement Frendlorian. J’invite désormais chacun d’entre vous à se recueillir.


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Hop la !

Comme j'ai mis le passage d'avant il y a pas, ce morceau là est plus court ;)



C’était loin d’être la partie la plus excitante de l’élection. Chaque roi prit une position différente : agenouillé, les mains serrées ou encore la tête sur les bras croisés posés sur la table. Mel’Ermat regarda les autres intendants mais aucun ne l’observait. Comme lui, ils devaient méditer sur ce qu’ils avaient entendu. Mel’Placer avait choisi de rester droit sur sa chaise et d’où il était, Mel’Ermat ne pouvait voir s’il avait les yeux fermés ou non. Cette étape ne devait s’achever que lorsque le dernier d’entre eux arrêterait ses méditations. Ils devaient tous faire le point sur leurs vertus, leurs défauts et s’ils se sentaient capables de devenir Empereur. Deux anecdotes presque similaires dans l’Histoire avaient rendu ce moment différent. La première chronique raconta que l’exposé des motivations s’était prolongé tard dans la nuit et que les rois finirent par s’endormir durant la phase de réflexion. Le deuxième mémoire était un peu plus morbide puisque les rois attendirent plus de dix heures que l’un d’entre eux finisse de réfléchir. Ce ne fut que lorsqu’une mouche tourna autour de lui qu’ils comprirent qu’il avait fait un arrêt cardiaque. Mel’Ermat espérait que rien de ce genre ne rallonge cette phase qu’il trouvait ennuyeuse à mourir. Cela dura néanmoins une demi-heure. Regut termina après cinq minutes, Egéa et Democles n’étaient pas concernés par les nominations puisque seulement intendants si bien qu’ils ne commencèrent même pas. Vint ensuite Frendlorian, Mel’Placer, Iri et Ben’Lor pour la conclusion.

-Que les candidats se déclarent, lança Frendlorian qui, malgré le fait qu’il ne soit plus Empereur, continuait d’officier la cérémonie.

Egéa ne pouvant rien dire, Mel’Placer se mit debout.

-Je me déclare.

Il resta quelques secondes debout où, le supposa Mel’Ermat, il regarda chacun des rois. La parole passa à Frendlorian qui hochait légèrement la tête en continue comme s’il acquiesçait à des chuchotements qu’on lui faisait à l’oreille. Cela dura pratiquement deux minutes.

-Je renonce, finit-il par dire.
-Je renonce également, n’hésita pas à une seule seconde Iri.
-Je renonce, continua Ben’Lor sans trop laisser de suspense non plus.

Regut se fit plus mystérieux. Tout le monde savait qu’il ne se présentait pas et pourtant, il continuait de prendre son temps en regardant tout le monde dans la salle. Il finit par lâcher un rictus.

-Je me déclare.

Mel’Ermat ouvrit grand la bouche et la referma immédiatement. A quoi était-il en train de jouer ? Maintenant qu’il s’était déclaré, sa candidature était officielle. On ne pourrait jamais revenir en arrière sur sa déclaration. L’intendant du royaume de Mel n’était pas le seul à ne pas comprendre dans la salle. Mel’Placer s’était retourné sur sa chaise et le lorgnait en fronçant les sourcils ce à quoi Mel’Ermat répondit par un haussement d’épaules dubitatif. Iri et Frendlorian étaient de marbre, Ben’Lor regardait Regut comme s’il voyait le gardien des enfers tandis qu’Egéa et Democles se regardaient les yeux luisant d’incompréhension. L’Empereur sortant remit de l’ordre puisque l’intendant de Sustor, Democles ne pouvait pas se présenter non plus.

-Désormais, tous les candidats sont déclarés. La séance est donc levée.

Regut, fuyant sûrement les réactions, fut le premier à s’éclipser, son intendant sur les talons. Frendlorian entreprit de parler avec Iri tout en s’éloignant vers la sortie. Mel’Placer rejoignit immédiatement Mel’Ermat, furieux.

-Qu’est-ce que c’est que ce merdier ? s’énerva-t-il.
-Aucune idée, essaya de le tempérer Mel’Ermat. Je ne sais pas à quel jeu il joue. Il annonce à tous qu’il ne se présente pas et maintenant il change d’avis ? Cela n’est stratégiquement pas bien joué, réfléchit l’intendant, beaucoup sont déjà acquis à notre cause.

Ben’Lor se permit de les rejoindre.

-Mel’Placer, Mel’Ermat, dit-il avec un hochement de tête.
-Ben’Lor, salua le roi de Mel.
-Nous avons un problème, ce qu’a fait Regut n’est pas normal.
-Il avait tout à fait le droit de se présenter, nous avons sous-estimé notre adversaire, essaya de trouver des excuses Mel’Placer.
-Non, le contredit le guerrier, quelque chose se passe. Cet homme est peut-être fou mais il a un plan, j’en suis persuadé.

Leur conversation fut coupée.

-Seigneur, est-ce que notre accord tient toujours ?

C’était le gros Democles qui avait parlé.

-Oui, dit avec sérieux Mel’Placer. Plus vite je serai élu et plus vite vous aurez des renforts pour les incidents de la frontière.
-Merci, fit-il, vous devez gagner. Regut est un meurtrier et il doit payer pour ce qu’il a fait.

Egéa, dans sa toge blanche mortuaire, lui mit un coup de coude dans les hanches.

-Attention aux accusations que vous portez, intendant, le tança Mel’Placer. Vous aimiez votre roi, c’est fort louable mais attention où vous mettez les pieds. Regut n’est pas quelqu’un que l’on prend à la légère. Si vous cherchez vengeance, soyez sûr que les preuves que vous avancez sont irréfutables.
-Je n’ai rien à perdre, s’insurgea l’autre.
-On a toujours à perdre, rétorqua Ben’Lor qui semblait d’accord avec Mel’Placer.

Mel’Ermat ne pensait pas que Regut était responsable de la mort des deux rois. Depuis qu’il s’était porté candidat, cela lui donnait une bonne raison de l’avoir fait mais ces derniers n’étaient pas franchement des rivaux. Cela devait donc être quelque chose d’autre. Un cri déchirant les fit se retourner à l’unisson vers la porte d’entrée. Mel’Ermat connaissait ce bruit, tout comme Ben’Lor. C’était celui de quelqu’un qui vient de mourir brutalement. Ils n’eurent pas le temps de faire un pas que ce furent des dizaines de cris qui s’élevèrent. Tous très courts et tous terrifiants. Les dirigeants de quatre des sept royaumes purent voir les gardes de l’Empereur à l’extérieur être happés et disparaître à tour de rôle. Certains tentèrent de s’échapper mais ils subirent le même sort. En une minute, il n’y eut plus un bruit.

-Que se passe-t-il là-bas ? s’irrita Egéa en faisant mine de rejoindre la porte-fenêtre la plus proche.

Ben’Lor l’attrapa par la toge et le tira en arrière.

-Vous n’avez pas envie de faire ça, lui conseilla le guerrier.

Ils reculèrent tous en jetant des regards autour d’eux. Il ne semblait plus y avoir de gardes autour du bâtiment. Ils durent s’arrêter lorsqu’ils touchèrent la table. Mel’Ermat entendit alors un son grave, une sorte de sifflement. Une vague froide lui parcourut l’échine.

-Les Ombres… Elles sont là.




Ca va sinon ? Vous arrivez à suivre le rythme ? L'histoire est lancée et on achève bientôt la partie politique pour passer dans le mouvementé mais si ça a déjà commencé là.


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  • 2 semaines après...
Plop,

[quote]Ca va sinon ? Vous arrivez à suivre le rythme ?[/quote]

J'y arrive même si j'ai eu pas mal de difficulté à accrocher à tous les chapitres que tu as postés depuis ma dernière intervention sur ton fil.

Globalement, beaucoup de politique, comme tu l'avais annoncé, ça change des récits où ça bourrine dans tous les sens.

[quote]Mais le plus important reste qu'à l'avenir tu supprimes purement et simplement tout élément de langage familier dans la narration. Ton récit en est truffé[/quote]
Dixit Kayalias

Je ne peux malheureusement qu'être d'accord avec mon compère :(

De même, certaines tournures de phrases sont au mieux maladroites, au pire ça ne veut rien dire.

Par exemple:

[quote]Il finit par lâcher un rictus[/quote]

On ne "lâche" pas un rictus. On utilise plutôt une forme pronominale ou transitive pour utiliser ce mot d'ailleurs.
Ca donnerait:

"Un rictus se dessina sur le visage de..."; "Un rictus déforma le visage de..."

Bon, ça c'est plutôt sur la forme.

Sur le fond:

Je me perds pas mal dans tous les protagonistes différents ainsi que les faire valoirs...(on m'a d'ailleurs fait la même remarque sur mon propre récit, comme quoi)

Du genre: "un quelconque", "un rouquin", "un gai luron"...

Je ne parle même pas des magiciens...

Même si ce ne sont que des persos anecdotiques qui ne servent que pour trois lignes de récit, il pourrait être agréable d'en avoir une description un poil plus détaillée.

J'ai pas tout bien pigé ce qu'il se passait dans les égoûts, à part qu'ils passent leur temps à courir et qu'ils tombent un peu par hasard sur les ombres.

J'ai davantage apprécier le dernier morceau que tu as posté car l'action vient ponctuer les passes politiques.

Voili voilou,

Bonne continuation,

Crio
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OUps j'ai oublié de poster la suite la semaine dernière :D/>

Pour crio, je sais que c'est mon défaut les phrases qui veulent rien dire. En fait mon problème est plus profond est que j'ai horreur de faire des répétitions et dès fois, je cherche des tournures de phrases qui au final ne veulent rien dire :D/>

Pour les personnages, on a fait globalement le tour. Après ils vont se répéter dans la grande majorité ;)/> En tout cas, plus on avancera moins y aura de problème, je vous le garantis ;)/> Au tout début il y a un glossaire si ça peut aider.

Pour les égouts, ils vont enquêter ces mystérieuses attaques en ville qu'ils pensent liées aux propres attaques sur les rois et intendants. Sauf qu'ils tombent sur les ombres et s'en sortent en s’enfuyant !

Voici la suite !





Mel’Ermat n’eut pas le temps de regarder la réaction des participants que les ombres de la salle se mirent à bouger. Ils étaient faits comme des rats, surtout dans cette partie de la ville où le soleil ne se montrait jamais. On les vit alors glisser sur les murs, comme de la fumée qui s’étendait progressivement. C’était des formes plus sombres que la nuit, sans consistance ni réalité. Deux couteaux volèrent et frappèrent l’une d’entre elle au plafond. Les dagues retombèrent au sol n’ayant fait comme dommage que deux impacts dans la pierre. Mel’Ermat entendit Ben’Lor jurer. Il n’y avait pas de sortie, elles étaient partout. L’intendant ne put alors décrire très précisément ce qu’il se passa ensuite. Une de ces formes plongea sur eux mais cela donna l’impression qu’un voile noir s’abattit sur eux. Au dernier moment, Mel’Ermat fut aveuglé par une lumière blanche qui força son visage à se réfugier dans ses mains.

C’était Egéa, à demi-accroupi comme eux tous qui avait invoqué une sorte de bulle protectrice autour d’eux. Au-delà, Mel’Ermat ne voyait pas la salle, c’était comme si un torrent de goudron leur tombait dessus et cherchait à s’infiltrer. L’intendant du royaume de Terra était plein de surprise et sa formation auprès des moines de son royaume semblait avoir vraiment été poussée. Pourtant, il vacillait de plus en plus et l’effort à produire lui semblait insupportable. Ben’Lor lui attrapa un bras et Democles suivit de même avant qu’il ne s’effondre. Cela sembla lui redonner un peu de force car il fit un hochement de tête et continua de fixer devant lui en tendant les bras au dessus de sa tête. Mel’Ermat n’avait jamais eu l’occasion de voir un sort d’aussi près. Il avait l’envie de toucher la barrière mais avait trop peur d’être attrapé par ce qu’il y avait derrière. C’était comme voir un rayon de soleil mais tout autour de soi, ça aurait pu être beau si Mel’Ermat n’avait pas eu aussi peur. Les autres ne semblaient pas rassurés du tout. Ben’Lor ne devait pas avoir peur de mourir mais il devait sûrement avoir d’autres projets sur la façon d’y rester. Cela ne devait pas inclure le fait d’être dépecé par des créatures qu’il ne pouvait pas combattre. Une voix se dégagea autour de lui, comme dans les égouts, il avait l’impression qu’on voulait lui parler. Il crut même entendre les mots « toi » et « mort ». Personne ne réagit et Mel’Ermat mit ça sur le compte du stress et de son imagination.

Egéa se mit à cligner des yeux de façon de plus en plus rapprochée et de plus en plus longue. Il allait abandonner quand une lumière encore plus aveuglante que celle qui les enveloppait surgit de nulle part. Des bruits indescriptibles s’élevèrent, mélange entre un cri strident haché et un sifflement rauque. La chaleur monta en flèche et les assaillis se regardèrent, cherchant une explication sur le visage des autres.

-Je ne sens plus de pression, haleta Egéa. Que fait-on ?

La lumière blanche qui les enveloppait n’était pas revenue à la normale. On voyait toujours des fils noirs courir sur la surface de la bulle si bien que la salle leur apparaissait opaque et floue. On notait néanmoins des formes qui s’agitaient et une en particulier qui s’avançait vers eux. Ils restèrent accroupis au sol, peu conscients de l’allure qu’ils renvoyaient, en regardant au dessus d’eux cette masse noire qui les lorgnait. La bulle éclata sans qu’Egéa n’y soit pour quelque chose. La magie à l’œuvre était juste incommensurablement plus puissante que la sienne. Ils découvrirent alors un membre de la race du feu. Il ne ressemblait plus beaucoup à ces formes brunes qu’il avait pu voir mais plutôt à une braise qu’on avait retirée précipitamment de l’âtre. Mel’Ermat se releva doucement et ses genoux l’en remercièrent. Il n’y avait plus de trace des Ombres. Il y avait eu jusqu’à cinq membres de ceux du feu, au minimum. A l’heure actuelle, deux d’entre eux transportaient les restes de deux autres. Le combat avait dû être terrible.

-Merci, dit Egéa. Sans vous, nous serions morts.
-Vous devez faire attention, crépita la créature. Les Ombres cherchent à vous atteindre. Vous, Humains, n’avez plus les moyens de les arrêter. Nous veillerons sur vous jusqu’à ce qu’un Empereur soit élu. Vous devez faire vite, elles se mettent en mouvement et sont chaque jour plus nombreuses.
-Vous connaissiez leur présence ? s’alarma Mel’Placer.
-Oui, nous les traquons depuis des dizaines d’années.

C’était une nouvelle inquiétante, conclut Mel’Ermat. L’autre reprit de sa voix surnaturelle. On aurait vraiment pu discerner le bruit d’un incendie.

-Sachez qu’elles sont aidées. D’autres Humains les ont aidées à se rendre jusqu’ici.
-Qui ? grinça Ben’Lor.
-Nous ne savons pas, nous avons interrogé beaucoup des vôtres mais personne n’a confessé jusque là.
-Quel est leur but ? posa judicieusement Mel’Ermat.
-Lors des premiers jours du monde, les ténèbres luttèrent face à la lumière. De ce combat naquirent les Ombres et jamais personne n’a pu comprendre quelles étaient leurs motivations ou leurs raisons d’être. Ce qui est sûr, c’est que quelqu’un a un moyen de les contrôler ou au moins de les pousser dans une direction. C’est pourquoi vous devez faire attention.
-Ne pouvez-vous pas les détruire ? demanda Ben’Lor que la situation agaçait.
-Non, Roi Ben’Lor, nous ne pouvons pas les chasser comme vous pouvez le faire au nord. Malgré tous nos efforts, elles n’ont cessé de grandir en nombre. Mais n’ayez crainte. Les attaques en plein jour leur coûtent énormément et elles restent très faibles à ce moment-là. Je pense qu’aujourd’hui n’était qu’un avertissement. Si elles avaient voulu vous tuer, elles auraient pu le faire comme pour ces gardes à l’extérieur. Même si leur cible est l’un d’entre vous ou même vous tous, quelque chose d’autre se trame.

Leur conversation fut coupée par l’arrivée de gardes par centaine. Heureusement pour eux, les Ombres étaient déjà parties. Ils n’avaient aucune idée vers quoi ils auraient alors couru. Au bruit de vomissement que Mel’Ermat entendait, le spectacle extérieur devait être particulier. Un capitaine les rejoignit, l’inquiétude se lisait clairement sur son visage. En effet, son futur commandant se trouvait peut-être face à lui et la situation était catastrophique.

-Est-ce que tout va bien, Seigneurs ? s’enquit-il auprès de l’assemblée.
-Oui, répondit Mel’Placer pour les autres. Grâce à nos amis du feu.
-Que s’est-il passé ? C’est un carnage !

Le soldat ne semblait pas rassuré. En tout cas, il avait retrouvé des couleurs lorsqu’il comprit que ceux du feu n’étaient pas responsables de ça. Il se serait sûrement évanoui s’il avait su la vérité.

-Tout ce que vous avez à savoir, c’est que la situation est gérée et que nous sommes saufs.

Mel’Placer avait l’étoffe d’un chef. Quand il parlait, on l’écoutait. Quand il ordonnait, on baissait les yeux. Il pouvait faire un bon Empereur, jugea son intendant.

-Je représente ici quatre royaumes, soit une majorité. Les membres de la race du feu vont devoir se déplacer. Quiconque tente de les arrêter sera puni de mort. De plus, tout ce qu’ils diront devra être exécuté sous peine d’emprisonnement. C’est une question de sécurité impériale. Ai-je votre soutien, Seigneurs ? demanda-t-il pour avoir l’accord de ses pairs.

Egéa, Democles et Ben’Lor acquiescèrent. La silhouette du feu avait repris des couleurs normales. Il jugea le moment opportun pour partir.

-Merci, ça nous aidera grandement, dit la créature.
-On vous doit bien ça, vous nous avez sauvés la vie.

Le capitaine de la garde dansait d’un pied sur l’autre.

-Vous avez entendu ? Allez faire passer le message avant de vous retrouver le premier enfermé !
-Oui, Seigneur ! répondit l’homme après un salut militaire.

Un autre soldat arriva. Il était vieux, plus que n’importe qui à ce moment. Il devait être en fin de carrière.

-La foule commence à se masser. La curiosité les pousse à agir comme des charognards. La rumeur fera venir toute la ville, si vous devez partir, il faut le faire maintenant.
-Très juste, fit Ben’Lor. Seigneurs, fit-il en s’excusant. Rendez-vous la semaine prochaine pour la séance avec les Seigneurs.

Tous en firent de même. Qui avait envie d’être vu au milieu d’un massacre ? Même si Mel’Placer avait retoqué un des gradés, on viendrait leur poser des questions. Il aurait été naïf de croire que la mort de cinquante personnes, surtout des gardes de l’Empereur, passe inaperçue. Ils devraient agir avec précaution. Si se diffusait en ville la menace que des ombres campaient juste sous eux, la panique s’emparerait de tous et cela deviendrait ingérable. Mel’Ermat et Mel’Placer prirent donc la sortie et se stoppèrent nets à la vue extérieure. Cela ressemblait que trop à ce qu’il avait vu dans les égouts. Des corps mutilés, éventrés, découpés. Il y avait tellement de façon de décrire ce qu’il voyait qu’il s’en rendit malade. Pour continuer d’avancer, il regarda droit devant lui et pensa à des chansons gaies.


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-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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Voici sûrement le chapitre le plus important de l'histoire ! Vous allez, enfin, avoir (pratiquement) une vue sur ce qu'il se passe réellement.


Des carrosses avaient été affrétés. Le vieux soldat connaissait visiblement bien son travail. Les soldats du royaume de Mel furent soulagés de voir que leurs seigneurs étaient encore en vie. Visiblement, ils étaient sur les nerfs mais les gardes de l’Empereur étaient inflexibles et n’avaient laissé passer personne. Mel’Ermat les plaignit. Cela faisait deux fois que ceux qu’ils étaient censés protéger s’étaient fait attaquer, ils devaient s’en vouloir. Seule une dizaine d’entre eux restait calme : les survivants des égouts. Ceux-ci savaient pertinemment ce qui se serait passé s’ils avaient eu le malheur d’être là pour les protéger. Ils auraient été déchiquetés par les Ombres.
Mel’Placer se mit sur la banquette en face de lui mais ne pipa pas un mot. Mel’Ermat ne chercha pas à faire la conversation. Entre savoir quelque chose et le vivre, il y avait un fossé. L’intendant du royaume de Mel, quant à lui, se demanda ce qu’il était arrivé à Iri, Frendlorian et Regut. Ils étaient sortis avant que les Ombres n’arrivent et il était probable qu’ils soient toujours en vie. Si ce n’était pas le cas, Mel’Ermat était sûr qu’il l’apprendrait bien vite.

L’intendant laissa son regard courir dans la rue. Il envia les badauds qui vivaient leur vie et qui n’imaginaient pas la poudrière sur laquelle ils vivaient. Il se demanda ce que cela devait être d’avoir des préoccupations différentes qu’éviter de se faire massacrer par de mythiques créatures légendaires. A croire qu’il ne le saurait jamais. Trouvant ses pensées plus lâches que courageuses, il se concentra sur l’extérieur. Il se laissa bercer par le décor jusqu’à ce qu’il demande l’arrêt du carrosse. Mel’Placer le regarda avec suspicion.

-On se rejoint à la villa.

Il descendit du véhicule et claqua la porte, signal pour se remettre en route. Mel’Ermat attendit que les cavaliers qui escortaient le roi s’en aillent pour faire demi-tour. Ses propres soldats descendirent de leurs montures et accompagnèrent leur commandant à pied. Après quelques dizaines de mètres, il leur dit de patienter là. Il rejoignit son interlocuteur à la terrasse d’un bar.

-Llis, content que tu refasses ton apparition.

Si l’homme lui avait déjà paru nerveux auparavant, il lui paraissait désormais sur le point d’exploser.
Son visage ne l’exprimait peut-être pas mais le fait qu’il venait de taper sa pipe sur la table pour en vider son contenu pour la dixième fois en quelques secondes était une preuve suffisante.

-J’ai des nouvelles, commença l’espion en se penchant en avant.

Ils devaient vraiment avoir l’air de conspirer. Afin de contrebalancer cet effet, Mel’Ermat s’affala sur sa chaise et mit ses mains derrière la tête.

-Cela ne pouvait pas attendre ? Pour un endroit plus discret peut-être ?
-Non, le coupa l’espion. Ces nouvelles-là ne peuvent plus être mises de côté.
-C’est par rapport aux Ombres ? s’intéressa Mel’Ermat en prononçant leurs noms à voix basse. Parce que je viens de nouveau de me faire attaquer et je commence à m’en lasser.

L’espion se figea. Il regarda autour de lui, voulut poser une question et se ravisa.

-Non, rien à voir. Ou peut-être que si, enfin en partie, ajouta-t-il précipitamment en se mélangeant les pinceaux. C’est la raison pour laquelle je n’étais pas là ces derniers temps. J’ai beaucoup de réponses…
-Alors parle ! s’impatienta Mel’Ermat.
-D’accord alors écoutez bien, sa voix n’était qu’un souffle et personne n’aurait pu capter cet échange. J’ai commencé par enquêter sur notre réseau des Ecouteurs. Il s’avère que c’était encore plus corrompu que ce que j’imaginais, il me faudra des années pour avoir quelque chose d’aussi performant que ce que j’avais. Une chose est sûre : Cela fait des années que ça dure voire des dizaines d’années. Nous sommes au beau milieu de rouages qui ont été mis délicatement en place sur des décennies. Cela ne peut être bon. L’avantage de la liste des parjures, c’est que j’ai sous la main des traîtres et tant qu’ils ne se savent pas démasqués, je peux faire en sorte de leur faire passer de mauvaises informations. Je m’occupais d’ailleurs personnellement des cibles à éliminer ici quand un contact m’a parlé du capitaine Joly et de sa façon de fouiner là où il ne devait pas. Je me suis rendu à son bureau et je suis tombé sur ces meurtres mystérieux et sa théorie sur les égouts. Je pensais pouvoir en apprendre plus sur les traitres qui devaient être aussi responsables des tentatives d’assassinat sur votre personne et les autres rois. Je sentais que quelque chose se préparait. C’est grâce à votre maître-chasseur, qui se dit ferait une excellente recrue, que nous avons avancé. Nous sommes tombés sur ces messagers qui traversaient les royaumes et une fois assommés, nous avons pu désarmer le dispositif qui leur permettait de se suicider. Nous n’avons pu tirer qu’une chose sur eux, leur employeur : Regut. Ou au moins quelqu’un de haut placé dans son entourage mais je pencherais plutôt pour lui. Par contre nous ne savons toujours pas pourquoi ces mouvements et ce qu’il se trame. Ma pensée va sur ces troubles qui agitent les royaumes du nord. Je suis pratiquement sûr qu’il a cherché à déclencher ces guerres civiles. Si l’on ajoute les assassinats, je pense qu’il cherchait à éliminer tous les dirigeants des royaumes pour se proclamer Empereur. Mais quelque chose de plus grave se passe, plus grave que les Ombres ou les manigances d’un roi fou. Les rumeurs de la guerre… Elles s’avèrent vraies. Et ce n’est pas une guerre classique, c’est une invasion…

Mel’Ermat sentit la tête lui tourner.

-Que dis-tu ? En es-tu sûr ? paniqua l’intendant.
-Absolument, je remettrais ma vie entre les mains des informateurs qui sont allés là-bas. Ce n’est pas une simple guerre. Ils sont des millions, femmes, enfants, vieillards, bêtes, ils viennent pour nos terres.
-Mais cela n’a aucun sens ! gémit Mel’Ermat.
-Pourquoi pas ? contra l’espion. Les mouvements ont commencé le jour où la ville a été scellée magiquement.
-Avec tous les dirigeants de l’Empire à l’intérieur… comprit-il. Oh mon Dieu… Nous avons été tellement aveuglé par ces Ombres que nous n’avons rien vu venir. Est-ce que… Est-ce que…

L’espion lui sortit une liasse de documents, il avait compris ce que pensait Mel’Ermat, lui-même ayant fait le résonnement. L’intendant regarda le premier d’entre eux.

-Mais c’est l’écriture de mon père ! s’exclama-t-il. Où as-tu trouvé ça ?
-Peu importe, lisez !

C’était des vieux documents, cela devait dater de l’époque où il était lui-même intendant de Mel. Peut-être trente ans auparavant. Mel’Ermat frissonna. Ces notes de son père… C’était ce qu’il se passait maintenant. C’était les doutes qu’il avait sur un complot. Il pensait que les Ombres avaient été convoquées.

-Où as-tu trouvé ça ? déglutit Mel’Ermat.
-Dans la grande bibliothèque au sud… admit Llis. On me l’a envoyé. Je pense que l’incendie dans lequel tes parents sont morts n’était qu’une façon d’éliminer ton père pour avoir mis le doigt sur le fil du complot. Avant qu’il puisse remonter jusqu’à la bobine, on l’a éliminé. Il y a un document que je ne t’ai pas remis, le rapport des enquêteurs sur l’incendie. Les descriptions sont abominables mais fait est que les corps de vos parents, ou ce qui en restait… Enfin…

Il était mal à l’aise.

-Dis-le, l’encouragement froidement Mel’Ermat.
-C’était les Ombres.

Il enchaîna voyant l’intendant se décomposer.

-On a noté des membres de la terre parmi les envahisseurs. Je pense que les Quatre Races ont quelque chose à voir dans cette histoire.
-Tu as encore des mauvaises nouvelles ? demanda Mel’Ermat après avoir pris sa respiration.
-Non, je crois que le plus important est de faire en sorte que l’élection se termine au plus vite pour aller coordonner la défense. Même ainsi, je pense que Terra et Sustor vont tomber.
-Je vais voir Mel’Placer ! S’exclama Mel’Ermat en se levant de table se rendant compte de la gravité de la situation.


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Voici la suite !

Chapitre 11



Le sommet informel se tint le soir même. Après avoir expliqué la situation, Mel’Placer prit la décision de faire venir Ben’Lor. Les deux s’entendaient aussi bien que le protocole l’exigeait mais Mel’Ermat l’avait convaincu que c’était le seul Roi en qui ils pouvaient avoir confiance. Ils devaient obtenir toute l’aide qu’ils pouvaient réunir. Mel’Cari assistait également à la réunion, ainsi que Mel’Carem, adjoint de Mel’Placer sur toutes les questions de défense. C’était un ancien général qui avait sacrifié sa vie au service du royaume de Mel. Sa loyauté était indéfectible et c’était un commandant de talent et d’expérience. A l’heure actuelle, il portait un haut noir large, serré à la taille par une ceinture et un pantalon noir de même facture que son Roi et son intendant. Il était plutôt petit et arborait une cicatrice sur le côté droit du visage qui suivait sa pommette comme un prolongement de sourire. Mel’Ermat leur expliqua donc ce qu’il en était.

-C’est impossible ! s’insurgea le roi de Syrarture.
-Nous avons tous réagi de la même manière, dit Mel’Placer. Mais il semblerait que les faits soient bien là. Nous sommes face à la plus grande invasion que nous n’ayons jamais connue.
-Comment n’avons-nous rien pu voir ? maugréa-t-il. Sommes-nous sûr qu’ils soient aussi nombreux ? Après tout, ça pourrait être une erreur…

Mel’Ermat reprit la main, c’était à lui que le rapport avait été fait.

-Il semble que cette invasion ait été préparée depuis de longues années et nous sommes pratiquement sûrs qu’ils ont bénéficié d’aides internes. Le complot de Regut ne nous a pas non plus aidés à nous focaliser sur ce qu’il se passait.
-Ce Regut… s’énerva Ben’Lor. Nous devrions le faire pendre pour traîtrise.
-Impossible, dit Mel’Placer qui s’était déjà concerté avec Mel’Ermat sur ce qu’ils devaient faire. Nous n’avons pas assez de preuves pour le faire condamner et se lancer dans un procès nous ferait perdre encore plus de temps. De plus, la ville étant scellée par magie, nous avons besoin de son sceau pour ouvrir les portes. Regut est peut-être ambitieux mais il ne laissera pas les royaumes se faire envahir.
-Et si Regut était de mèche avec tout ça ? proposa Mel’Cari.

L’homme n’aimait pas trop son rôle de politicien, il préférait sûrement être sur le champ de bataille en ce moment même. Mel’Ermat nota que son écharpe avait été enlevée et qu’il semblait commencer à bouger son bras sans douleur. Sa remarque était judicieuse.

-Nous avons écarté cette possibilité, répondit Mel’Placer. Pour la simple et bonne raison que si c’est le cas, alors nous allons perdre notre Empire. Deux royaumes sont assaillis, Syrarture est coincé au nord, l’Ostel est en guerre civile, si nous considérons que Kator nous a trahi alors cela ne laisse plus que le royaume de Sal et nous-mêmes pour prêter main forte. Et cela pèse peu face, non pas à une armée mais à une civilisation qui nous attaque.
-Je me demande bien ce qui a poussé des femmes, des enfants et aussi des vieillards à se battre.
-Comme dis le dicton, l’herbe est toujours plus verte ailleurs… Et à l’heure actuelle, l’ailleurs c’est nous et ils viennent prendre nos terres.
-Quel est le plan alors ? demanda Ben’Lor lorsqu’il prit conscience de la situation.
-Pour l’instant, faire réunir le conseil au plus tôt, demain serait le mieux. Il faut procéder à un vote après avoir expliqué la situation. Ensuite une fois que l’Empereur sera élu, décider d’un plan de bataille et envoyer toutes les légions au sud.
-Cela laisserait Syrarture sans défense, objecta Ben’Lor en croisant les bras faisant ressortir ses muscles.

Mel’Ermat et Mel’Placer avaient également anticipé cette remarque.

-Il faudra laisser le minimum ou tenter de contre-attaquer nos ennemis du nord. Si nous arrivons à chasser tous les monstres de la frontière nord alors nous pourrons nous rediriger vers le sud.
-Cela me paraît guère possible, vous savez à quel point la situation est difficile là-haut. Il faudra des mois pour réussir, même en considérant que cela soit possible.
-Inutile d’en débattre maintenant, trancha Mel’Placer. Nous devons avant tout élire un Empereur et cela risque d’être compliqué.
-Quel est mon rôle dans tout ça ? s’interrogea Mel’Carem qui avait écouté avec attention.
-Dès demain, tu quitteras la ville par ballon des Messagers et rendra à Mel pour y organiser la défense. Nous demanderons à Egéa et Democles d’en faire de même. Nous devons faire front commun jusqu’à ce que les renforts arrivent. Votre tâche sera de ralentir l’ennemi. Ne combattez sous aucun prétexte, si les chiffres sont exacts, vous êtes à quinze contre un.

Mel’Ermat hocha la tête, Mel’Placer avait raison.

-Ils attaquent au bon moment, admit Ben’Lor. L’été ne sera là que dans un mois et ils ont jusqu’aux premières neiges pour avancer. Depuis quand ont-ils commencé à attaquer ?
-Depuis que l’élection a commencé, répondit Mel’Ermat.

Ben’Lor compta alors à voix haute.

-Si leur troupe se compose vraiment d’enfants et de vieillards, alors ils n’avanceront pas vite. Dix, peut-être quinze kilomètres par jour. Cela nous laisse pratiquement un mois avant qu’ils n’atteignent les capitales de Terra ou Sustor. C’est le temps qu’il faudra pratiquement pour que nos légions viennent des endroits les plus éloignés du nord. Nous sommes dans une situation compliquée. Il faut que j’aille voir mes commandants.
-Nous irons voir Egéa et Democles demain matin avec Mel’Ermat. Il sera facile d’avoir leur soutien. Après tout, ils ont été les premiers à nous alerter et nous n’avons pas écouté, ajouta le roi de Mel.
-Très bien, à demain dans ce cas là.

L’imposant homme quitta le premier étage pour rejoindre ses hommes dans la cour. Personne n’était sûr que Regut avait abandonné son idée d’assassiner ses rivaux et il fallait se méfier. Mel’Ermat se rendit compte alors qu’il avait des choses à régler de son côté. Laissant, Mel’Carem et Mel’Placer à l’étude d’une carte où ils jugeaient de la situation, Mel’Ermat et Mel’Cari se congédièrent.

-J’ai besoin d’une faveur, Mel’Cari, l’interpella l’intendant.
-Seigneur ? répondit surpris le colonel.

Ils étaient au rez-de-chaussée, dans le petit salon de réception près de la cheminée.

-J’ai besoin que deux hommes partent au plus tôt avec Mel’Carem demain. Je voudrais que ma femme soit escortée jusqu’à côte, auprès de notre fils.

Le colonel hocha lentement la tête.

-Dites-lui que mon séjour ici se prolonge et que je la rejoindrai directement là-bas.
-Vous semblez inquiet, se permit le gradé.
-C’est le cas, avoua Mel’Ermat. La situation est critique et j’ai peur de ce qu’il va se passer.
-Je comprends, je ferai le nécessaire.
-Merci.

L’homme partit en direction de la caserne laissant l’intendant seul. Conscient que lendemain serait une longue journée, il décida d’aller se coucher sans avoir sommeil. Arrivé à sa chambre, Mel’Ermat se rendit sur sa terrasse. L’extérieur était plutôt lumineux et cela l’intriguait. Même les soirs de pleine lune où celle-ci était au-dessus d’eux il ne faisait pas autant jour. La ville rayonnait d’une lumière jaune pâle et l’intendant localisa également des points plus clairs que d’autres. Mel’Ermat finit par comprendre ce qu’il se passait quand, sur l’artère qui faisait face à la villa, il vit apparaître un groupe d’hommes du Feu. Ils ne semblaient plus du tout aussi calmes que les jours précédents puisqu’ils avaient l’apparence de torches embrasées. Ces patrouilles permirent à Mel’Ermat de se sentir plus en sécurité. Néanmoins, quand il partit se coucher, il laissa une fois de plus les bougies et les torches allumées.

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  • 2 semaines après...
La suite avec du retard ! Elle sera donc un peu plus longue que d'habitude ;)



L’intendant se réveilla avec une illumination. Il lui restait quelque chose à faire. Quelque chose qui allait au-delà de ses convictions. Il se leva à la va-vite, s’habilla comme la veille et rejoignit le bas du bâtiment. Les soldats étaient en train de déjeuner. Mel’Ermat n’avait pas faim, signe caractéristique du stress chez lui. Ne voulant déranger, il héla deux d’entre eux qui semblaient avoir fini. Il prit Mel’Eclé, le plus jeune et dernière recrue de ses gardes ainsi que Mel’Barn, le rouquin qui avait surveillé l’entrée lors de leur descente aux égouts. La salle s’arrêta de respirer à mesure que l’intendant choisissait ses hommes. Mel’Cari finit par se lever de table et le rejoindre.

-Seigneur, y a-t-il quelque chose que je dois savoir ?
-Non, le rassura son supérieur, je vais juste en ville.
-Bien, parce que les hommes seraient déçus de ne pas pouvoir vous défendre une fois de plus, sous-entendit le colonel.
-Tout se passera bien, répéta Mel’Ermat plus bas. Vous pourrez tranquilliser les esprits.

Mel’Cari hocha la tête et retourna s’asseoir. Il était sûr qu’il parlerait à sa troupe dès qu’il aurait le dos tourné. Mel’Eclé était parti s’équiper au pas de course et Mel’Barn avait suivi plus lentement. Mel’Ermat récupéra dans la pièce voisine son épée qu’il glissa au fourreau. Non pas que cela allait l’aider contre les Ombres mais il se sentait quand même rassuré. Le carrosse était en train d’être préparé mais Mel’Ermat rentra néanmoins dedans. La pluie tombait drue ce jour et il ne comptait pas passer la journée trempé. Quand ses soldats se placèrent de chaque côté du véhicule, ils semblaient soudainement moins enthousiastes d’avoir été choisis. Mel’Ermat se permit un sourire à l’ombre de son rideau à mesure que le corps-de-garde s’ouvrait. L’intendant se leva, ouvrit la petite trappe qui lui permettait de discuter avec le chauffeur et donna ses ordres. La pluie avait l’avantage de cantonner les gens chez eux et ils circulèrent plutôt vite, surtout à cette heure-ci où, d’habitude, il était impossible de bouger autrement qu’à pieds. Cinq minutes plus tard, lorsque le carrosse fut arrêté, Mel’Ermat s’avança jusqu’au porche d’une maison et frappa deux coups secs. A l’abri sous un balcon, il entendit des bruits de pas venir dans sa direction. Un jeune serviteur, sûrement plus jeune que son fils, lui ouvrit la porte.

-Mon seigneur ? demanda ce dernier.

Il n’avait sûrement pas reconnu Mel’Ermat.

-Pouvez-vous faire mander le seigneur Mel’Varo, dites-lui que Mel’Ermat est là.

Le jeune homme connaissait son nom car ses mouvements et son débit de parole se firent accélérés.

-Bien sûr, mon seigneur, entrez je vous prie.

Mel’Ermat se retourna pour faire signe à ses deux soldats que tout allait bien et qu’ils pouvaient chercher un abri le temps qu’il ressorte. L’intendant de Mel se réfugia dans la maison où une douce chaleur l’accueilli. Le jeune homme prit la veste et les gants de Mel’Ermat puis l’invita à attendre dans le salon pendant qu’il allait chercher son seigneur. L’intendant entra dans la pièce à sa gauche qui se composait d’une table et d’une demi-douzaine d’armoires vitrées à travers lesquelles on pouvait observer une belle collection de livres. Mel’Ermat en lisait les titres quand il fut surpris par l’arrivée de Mel’Varo.

-Intendant, fit-il avec une courbette. Je ne vous attendais pas.

Il ne mentait pas. Mel’Ermat avait dû le surprendre au saut du lit car il avait encore la marque du coussin sur le visage.

-Ce n’était pas mon intention de venir sans invitation mais une affaire importante m’amène.
-Amène-nous de quoi manger, ordonna Mel’Varo à son serviteur.

Cela avait surtout pour mission de l’éloigner. Les deux prirent siège autour de la table.

-C’est à propos de l’enfant…

Le regard de Mel’Varo se fit soupçonneux. Il semblait mal à l’aise.

-Je ne suis pas là pour sanctionner, l’apaisa Mel’Ermat. Au contraire, vous avez peut-être pris la bonne décision. Je veux que le garçon soit conduit à Capucin et qu’il y soit sous bonne garde.

Mel’Varo se fit alors inquiet.

-Que se passe-t-il, seigneur ? Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
-Vous en serez bientôt plus, c’est une mesure de précaution. Les rumeurs de guerre s’avèrent fondées et tout ce qui peut nous aider à la gagner doit être mis de notre côté.

Mel’Varo déglutit.

-Comment ça la guerre ?
-Nous allons essayer de faire rassembler le conseil, tout vous sera expliqué. En attendant, pas un mot ne doit sortir de ces murs. A personne. Avec toutes ces rumeurs de fin du monde, ne mettons pas le feu aux poudres. Nous n’avons pas besoin d’une population qui panique.
-Entendu, fit l’autre.

Mel’Ermat ne devait pas traîner ici, on risquerait de se poser des questions.

-Bien, d’autres affaires m’attendent et je vais prendre congés, annonça l’intendant en reculant sa chaise pour se relever.

Le jeune serviteur était en train de revenir avec un plateau rempli de victuailles et semblait déçu de ne pas avoir été assez rapide.

-Nous nous voyons au conseil alors, conclut Mel’Varo en l’accompagnant jusqu’à la porte qu’il ouvrit lui-même.

Mel’Ermat hocha la tête deux fois. La première pour confirmer au seigneur son accord et l’autre fois en direction de ses soldats qui s’étaient réfugiés sous le porche de la maison, à l’abri sous le balcon. L’intendant leva les yeux vers le ciel qui tournait du gris vers le noir. La ville était peu lumineuse mais si en plus il ne voyait pas le soleil de la journée… Il soupira et rentra de nouveau dans le carrosse. Les gouttes frappaient avec toute leur agressivité le toit de son véhicule. Mel’Ermat ouvrit de nouveau la trappe et ordonna le départ vers le palais d’Egéa.

Ce dernier se situait non loin de là, à quelques pâtés de maisons. Malheureusement, c’était dans une zone historiquement ancienne et les rues étaient si étroites qu’on y passait rarement à trois de front. Ils laissèrent donc là animaux et carrosses pour continuer en piétons. En rasant les murs, ils parvinrent à éviter la majorité de l’eau qui dégoulinait des gouttières. Les grosses flaques et les conduits d’eau au milieu de la rue par contre leur garantit d’avoir les bottes trempées. La grille du corps-de-garde du palais du royaume de Terra fut vite en vue. Ce palais était différent des autres. C’était une œuvre plus esthétique qu’une place forte. Il n’y avait pas de murs à proprement parler mais plutôt une clôture surmontée de piques. Sous le corps-de-garde, il y avait une petite cabane dans laquelle s’étaient réfugiés deux soldats. On y notait un petit réchaud et deux tabourets. Mel’Ermat ne savait pas si c’était vraiment une bonne idée lorsqu’on était dans un bâtiment en bois. Heureusement pour eux, vu le temps qu’il faisait, ça ne craignait rien. L’intendant se présenta à l’abri sous le corps-de-garde, à la fenêtre de ce petit chalet.

-Mel’Ermat pour l’intendant Egéa.

Un des gardes les regarda de la tête aux pieds puis fit signe à l’autre d’aller se renseigner. Son homologue ne semblait pas particulièrement heureux de devoir traverser le jardin pour aller chercher son maître. Il enfila une sorte de grande cape fine et courut au palais. Mel’Eclé lorgnait le dernier garde qui s’était rapproché du réchaud tandis que Mel’Barn surveillait leurs arrières. Ils ne devaient pas craindre grand-chose mais sait-on jamais. La pluie martelait le sol de plus en plus fort et on ne voyait pas à plus de deux mètres. Si jamais Egéa n’était pas là, ils attendraient un peu que l’averse passe. Heureusement pour eux, ce fut bien lui qui vint ordonner que les grilles soient levées. Il n’avait pas quitté sa robe blanche du deuil ni son brassard, comme beaucoup de sa suite. On tendait au-dessus de lui une grande toile à la manière d’un chapiteau pour éviter qu’il prenne la pluie. La grille grinça et disparut au-dessus d’eux en une trentaine de secondes. Il les invita à le suivre. La cour du palais était superbe. C’était en fait un grand jardin dans lequel on se vantait de cultiver des plantes exotiques et rares. Grâce à leur dévotion religieuse, des moines s’occupaient de son entretien gratuitement là où les autres royaumes devaient dépenser des fortunes pour les avoir à leur service. Mel’Ermat trouvait le spectacle saisissant. On se serait dit en forêt mais avec une organisation minutieuse, tout poussait sous contrôle. On y voyait de grands arbres aux troncs minces s’élever sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur côtoyer des chênes massifs plusieurs fois centenaires. Les allées, quant à elles, se décoraient de fleurs de toutes les couleurs qui commençaient lentement à préparer leur éclosion définitive pour ce printemps bien entamé. Ils ne prirent malheureusement pas les sentiers et se dirigèrent en ligne droite vers le palais. Autant de ne pas traîner par ce temps. Ils allaient attirer la foudre.

Le manoir se dressait au milieu de cet espace de verdure sur deux étages. A l’image de la salle de réunion de l’Empereur, l’édifice était pourvu de dizaines de portes-fenêtres sur chaque façade. Le blanc des bâtiments de l’Impériale avait naturellement été gardé. De grands balcons avaient été créés au niveau du premier étage et courrait le long de la bâtisse. Pour soutenir cette avancée, des colonnes carrées, que Mel’Ermat trouvait un peu disgracieuses, avaient été installées. Ils piétinèrent l’herbe mouillée quelques instants avant de rejoindre le palais. La pelouse était plutôt épaisse puisqu’ils n’emportèrent pas avec eux de la boue. Ca serait toujours ça de moins à nettoyer. On le fit entrer par la porte-fenêtre du bureau de l’intendant, ce qui en soit se comprenait. Mel’Ermat ne prendrait pas le bureau de Mel’Placer si quelque chose venait à lui arriver. Ses hommes furent amener ailleurs, ce qui en soit valait mieux que de rester sous le déluge. Le bureau était étrangement fait de métal. Après ce spectacle naturel dehors, il ne s’était pas attendu à trouver son contraire à l’intérieur. Cela scintillait et brillait à chaque mouvement. Mel’Ermat était sûr de ne jamais avoir vu d’armoires en fer. Cela devait peser une tonne.

-Qu’est ce qui t’amène par ici, Mel’Ermat ? Est-ce à propos de cette missive reçue plus tôt ?

Etant intendant, il n’était pas obligé de le vouvoyer. L’intendant de Mel n’aimait pas qu’on lui donne trop de titres mais il n’était pas habitué non plus qu’on ne lui en donne pas. Egéa était sûrement celui qui avait le plus d’expérience de tous les dirigeants, si on mettait Frendlorian de côté. Il était vieux, peut-être soixante-cinq ans, et avait donc travaillé avec son père avec qui il ne s’était jamais entendu. Cette ancienne relation avait plombé dès le départ la relation entre Mel’Ermat, jeune dans ses fonctions et son aîné. Petit à petit, Mel’Ermat avait réussi à montrer qu’il était différent de son père mais il avait toujours l’impression que les à priori restaient. L’intendant de Terra fit signe à son homologue de prendre place de l’autre côté du bureau. Mel’Ermat s’y assit.

-En effet, c’est à propos de la réunion.
-Voilà qui est bien mystérieux, fit l’individu. Pourquoi ne pas l’avoir attendue ?
-J’y viens, essaya de parler Mel’Ermat. Parce que je pense qu’il y a des traitres parmi nous et que je ne veux pas leur mettre la puce à l’oreille.

L’homme se fit intrigué et se gratta machinalement le lobe. Mel’Ermat lui fit un exposé de la situation que l’homme écouta avec attention.

-Je savais beaucoup de ce que vous m’avez dit, admit Egéa. D’autres nouvelles sont bien plus inquiétantes dans leurs ramifications. Me croyez-vous maintenant quand je vous dis qu’il nous faut de l’aide urgente ?

Mel’Ermat hocha la tête. Si seulement ils y avaient cru plus tôt.

-Nous envoyons nos consignes aujourd’hui par un ballon des Messagers. Vous devriez en faire autant. Ordonnez à vos troupes d’attendre l’arrivée des renforts, lui conseilla Mel’Ermat.
-Et quoi ? Laissez nos royaumes se faire envahir ? A l’heure actuelle, les mouvements sont du côté du Sustor mais je ne doute pas qu’ils convergeront vers nous tôt ou tard. Nous ne restons pas à rien faire tandis que nos royaumes seront envahis.
-Il le faut, contra Mel’Ermat. Même avec toutes les armées de chaque royaume et même si nous forcions nos populations à se battre comme ils le font, nous sommes en infériorité numérique. Si vous y allez seuls vous allez être exterminés.

L’autre se laissa tomber contre sa chaise.

-Ce n’est pas sûr, nous ne savons pas combien ils sont exactement. D’où tirez-vous ces informations ?

Mel’Ermat ne pouvait pas divulguer l’existence de son réseau d’espions et encore moins dire qu’une partie des pierres de communication, dont l’ensemble fait partie d’un ordre de réquisition de l’Empereur depuis des années, sont entre leurs mains.

-Je le sais de source sûre.
-Cela fait bien peu, le mit en doute Egéa.
-Voyez-vous d’autres choix ? Peut-on seulement prendre le risque que ça soit le cas ? Ordonnez au moins de se tenir prêts à reculer le temps que nous nous assurions de leur nombre…

L’homme réfléchit longuement en le fixant.

-Vous n’êtes rien comme votre père, vous le savez n’est-ce pas ? finit-il par articuler.

Mel’Ermat haussa les épaules, ne sachant s’il devait prendre ça comme un compliment.

-Très bien, je tiendrais les armées du royaume sur la défensive. Par contre, si les combats viennent jusqu’à la capitale, nous frapperons. Nous ne tomberons pas.

Mel’Ermat répondit par l’affirmative.

-De toute manière, ajouta-t-il, le plus dur à convaincre sera Democles, ils seront les premiers frappés.

Mel’Ermat ne put qu’acquiescer. Cette affaire là était entre les mains de Mel’Placer. L’intendant de Mel était satisfait, il venait de gagner quelques précieuses semaines qui leur permettraient de se rassembler.


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Je viens de lire tout d'une traite (un troisième lecteur ^^).

Mon ptit bémol : dans l'introduction il aurait été bon de faire un petit descriptif de l'organisation politique de l'empire et des royaumes, et de la place de chacun. Parce que toi-même tu t'es perdu quelque peu dans les fonctions et le statut de tes personnages, soit impérial ou bien royal. Par moment tu qualifie Mel'Ermat d'intendant royal et d'autres fois de bras-droit impérial.

Et autre exemple :[quote]Ce n’était pas la première cérémonie à laquelle assistait Mel’Ermat si bien qu’il se permettait de ne pas écouter. Après les traditionnels bienvenus, il s’était auto-remercié du travail qu’il avait accompli. C’était un discours pas si évident que ça car il fallait avouer qu’il n’avait pas fait grand-chose durant son mandat. C’était d’ailleurs une attente de ceux qui l’avaient élu. Après une période où le [u]roi Roselin[/u], le prédécesseur de Frendlorian, avait essayé de réformer à tout-va, beaucoup avaient souhaité élire un [u]roi[/u] qui les laisserait tranquilles.[/quote]
Alors qu'il s'agit bien de élection de l'empereur.

Sinon à part ça la suite vite !!! !!!
Qui sont les méchants, entre les races xénomorphes du nord et les envahisseurs humains du sud, le roi Regut, ce vil traitre, etc... Modifié par Conan
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Bienvenue sur mon récit et merci de ton retour ! Effectivement, il faudrait que je vérifie la cohérence de mon début pour vérifier que ce genre de choses ne m'a pas échappé. Je continue de développer ce qui est, vous l'avez compris, la trame réelle principale de cette histoire : enjoy !




Mel’Ermat patientait dans sa chambre, les yeux rivés sur la ville. On était au milieu de l’après-midi et la session du conseil avait été annulée. Regut ne s’était pas présenté et, ne pouvant acter si tous les rois n’étaient pas là, ils durent se résoudre à attendre la date officielle initiale du conseil soit trois jours plus tard. Cela permit néanmoins de discuter avec Iri, Frendlorian et tous les seigneurs de chaque royaume. Mis à part les convaincus, peu les crurent. D’après eux, ce n’était qu’une stratégie pour accéder au poste d’Empereur. On lui argua même le fait que Regut avait prédit que ça serait leur tactique. Mel’Ermat se demandait à quel point on les avait discrédités. Il était étrange que deux rois et deux intendants n’arrivent pas à convaincre le reste de leurs semblables du danger qui les guettait. On disait même qu’on allait jusqu’à se rire d’eux dans leur dos comme quoi ils plongeaient dans cette histoire de prophétie. Mel’Ermat pensait juste qu’ils avaient peur. Frendlorian et Iri étaient circonspects. Ils attendaient que Regut soit là pour pouvoir discuter de la marche à suivre. Democles était convaincu mais ne semblait pas disposer à la raison et comptait empêcher l’invasion de ses terres, quitte à sacrifier tous ses hommes. Mel’Placer lui avoua ne pas avoir insisté et était parti avant de le gifler. C’était une meilleure solution que de le frapper et cela leur laissait du temps pour lui faire changer d’avis.

Un autre évènement était venu bouleverser la donne puisqu’un accident était survenu en ville. En effet, un ballon des Messagers s’était écrasé contre une paroi à plusieurs centaines de mètres d’altitude bouchant totalement la voie du ciel. Mêmes les magiciens étaient impuissants à le déloger de là sans que cela ne provoque des éboulements massifs. Mel’Ermat ne croyait pas aux coïncidences. Qu’on le traite de paranoïaque mais il était sûr que cela avait pour but de les maintenir sur place. En tout cas il s’inquiétait pour son épouse. Il fallait qu’il la fasse partir de Mel. Si les envahisseurs passaient par Terra, l’étape d’après serait Mel. Il faudrait que sa femme soit à l’abri, il ne se pardonnerait jamais s’il lui arrivait quelque chose. Il ruminait ses pensées sur des suppositions à base de « si » quand Llis apparut sur la terrasse. Il ne le laissa même pas parler.

-J’ai besoin de tes talents, commença-t-il en ouvrant la porte-fenêtre.

L’autre entra et rabattit sa capuche sur son dos. Il retira ses gants tout en écoutant son supérieur parler.

-Il faut entrer en contact avec Mel. J’ai une série d’ordres à faire passer.
-Et comment je suis sensé…

Llis ne finit pas sa phrase. Il n’avait pas intérêt à perdre la confiance de son supérieur et ne prétendit donc pas ne pas avoir de moyens de communiquer à travers tout le royaume.

-Bien, je le ferais.

Mel’Ermat soupira et lui tendit une feuille remplie d’instructions. C’était la raison pour laquelle il voulait sa femme en sécurité : tant qu’elle courrait un danger, il ne pourrait penser à rien d’autre. Il partit s’asseoir sur son fauteuil.

-Je t’écoute, quelles sont les nouvelles ?
-Pas assez nombreuses, avoua l’espion, les armées du sud continuent d’avancer et elles semblent se diriger droit sur Sustor. Peu d’indices sur leur destination par la suite. Soit au nord sur Kator, soit à l’ouest sur Terra.
-C’est inquiétant, dit Mel’Ermat. Nous ne sommes pas prêts. Democles n’accepte toujours pas le fait de perdre son royaume, ne serait-ce que le temps de se regrouper.
-Il résisterait encore plus s’il savait les nouvelles…

Mel’Ermat se pencha en avant et fit un mouvement de main pour l’inviter à continuer.

-Je crois que le terme invasion n’a jamais été aussi bien choisi. Mes hommes ont arrivé à se fondre parmi les envahisseurs. Ce n’est pas très dur vu le nombre qu’ils sont. On note une organisation en au moins trois pôles : Les civils d’un côté, les militaires de formation de l’autre et les autres espèces à la suite. Par contre, même les civils sont organisés en milice et semblent être tous armés. Il leur a été impossible néanmoins impossible de s’infiltrer parmi les militaires ou les autres espèces. Ils ont même failli être découverts parmi la populace car ils parlent une langue étrangère à la nôtre. Physiquement, ils semblent très semblables à nous, mentalement également. Ils n’ont personne qui ressemblait de près ou de loin à un état-major. Mais je le répète, ils n’ont pu se déplacer que parmi les civils.
-Personne n’a remarqué des inconnus ?
-Non, répéta l’espion. Ils sont vraiment très nombreux, plus nombreux que ce que l’on a pu voir et je crains que nous ayons même sous-estimé ce nombre...
-Je n’espère pas, s’inquiéta Mel’Ermat en se tortillant dans son fauteuil. Ils sont déjà bien assez nombreux comme ça.
-Il y a aussi des créatures dont je n’ai jamais entendu parler, venues du sud semblerait-il. Je ne sais pas encore si c’est leur imagination mais il semble avoir de grands reptiles volants cracheurs de feu. Aussi grands que des palais. C’est les seules qu’ils ont pu voir en action mais il y en avait des centaines de milliers d’autres différentes et les Dieux seuls savent ce dont quoi ils sont capables.
-Quel est ton plan ? demanda l’intendant. Je suis sûr que tu as déjà pensé à des choses.

L’espion hocha la tête.

-Visiblement, nous ne pourrons nous défendre seuls. Il nous faut de l’aide, toute celle que l’on peut avoir. Il faut aller négocier des alliances au plus tôt. Les nains des montagnes de l’est, les centaures des régions du nord ou les elfes sur les îles côtières pourraient se joindre à nous.

Mel’Ermat réfléchit quelques instants.

-Cela pourra nous aider en effet, mais nous serions toujours très largement en infériorité numérique.

Un silence se fit.

-Il y a quelque chose d’autre…

Il semblait mal à l’aise. Ses yeux verts luisaient de nervosité. On aurait dit qu’il avait voulu lui cacher une information, s’était rétracté et allait lui dire pour maintenant essayer de se défiler.

-Mes hommes, ils ont vu autre chose lorsqu’ils espionnaient. Ils ont remonté la piste et sont allés jusqu’à nos avant-postes frontaliers.
-Et ? le pressa Mel’Ermat.
-Rien, justement, il ne reste plus rien ni personne. De chez nous tout du moins. Les villes sont occupées entièrement et plus de signe des précédents occupants. Si j’étais optimiste, je dirais qu’ils ont tous été tués, jusqu’au dernier… Je pense que le but de cette invasion est notre extermination, tous.

Si le silence précédent avait été long, celui-ci dura une éternité. Effectivement, ce n’était pas des nouvelles à ébruiter. Les gens n’avaient pas besoin de savoir. Si cette information tombait entre les mains de Democles, il refuserait d’abandonner ses provinces. C’était néanmoins mieux que de se transformer en une espèce en voie d’extinction.

-J’ai un contact qui aimerait vous rencontrer, changea subitement de sujet Llis.
-Qui est-ce ? demanda naturellement l’intendant.
-Je pense qu’il est mieux que vous vous rendiez compte vous-même. Il ne faudrait pas que ça se sache avant.
-Très bien, où suis-je censé le rencontrer ?
-J’ai arrangé le rendez-vous à l’auberge d’un de vos amis, Daros il me semble.

Mel’Ermat haussa un sourcil. L’espion avait-il enquêté sur ses relations ou l’avait-il fait suivre ? L’intendant ne savait pas quelle réponse était la plus satisfaisante.

-Quand ?
-Dans une heure.
-Il faudrait que je me prépare alors, grogna Mel’Ermat en sortant difficilement de sa chaise.

L’espion hocha la tête et le laissa changer de tenue. Quand Mel’Ermat finit d’enfiler sa chemise blanc par-dessus laquelle il ajouta une veste marron, Llis avait disparu. Il ne s’en formalisa pas plus que ça et partit prévenir Mel’Cari de son expédition en ville. Mel’Ermat leva les yeux vers le ciel pendant qu’on préparait le véhicule. Il ne pleuvait pas mais le ciel restait néanmoins bien couvert. Le sol de la ville serait boueux et glissant. Il faudrait faire attention. La nuit, cela devait se transformer en verglas plutôt rapidement. C’était le défaut de ne pas voir souvent le soleil. Mel’Ermat prit son carrosse et se rendit vers l’auberge « au soleil montant ». En chemin alors que la ville était redevenue une vraie fourmilière et qu’ils n’arrivaient pas à faire un mètre sans devoir s’arrêter, une foule attira son attention.



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  • 2 semaines après...
Oups j'ai raté mon post de la semaine dernière ! Voici la suite ! J'annonce officielement avoir terminé mon histoire de mon côté ! Après réaménagement, ça fera 35 hapitres pour 350 pages word écrites en 6 mois. J'ai battu mes performances ! ;)

PEtite question : Pour ceux qui lisent mon texte, quand le faites vous ? Au hasard de temps en temps ou certains suivent chapitre par chapitre et guettent le vendredi pour que je poste ?


Mel’Ermat ouvrit la trappe et ordonna à son chauffeur de s’approcher. Les six cavaliers qui l’escortèrent suivirent le mouvement. Ils se positionnèrent derrière la foule, qui se composait d’une cinquantaine d’individus, tous tournés dans la même direction : un de ces hystériques de faux prophètes. Depuis quand la population avait-elle commencé à porter attention à ces hommes-là ? La dernière fois que Mel’Ermat s’y était intéressé, ces hommes étaient des parias que seuls approchaient ceux qui leur lançaient des cailloux. Maintenant, ils captaient l’attention des citoyens de tout bord. L’intendant resta dans l’ombre de son rideau mais écouta attentivement ce qu’il se disait et la réaction de la population.

Malheureusement, sur la prophétie elle-même, Mel’Ermat n’apprit pas grand-chose. C’était toujours cette histoire d’enfant qui découvrirait un moyen de sauver leur monde des Ombres. Au-delà de ça, ce n’était qu’un appel au repentir, au don de soi-même et à l’absolution. La situation avait effectivement des échos à leur situation et Mel’Ermat se demandait s’il ne devait pas lire ce livre que sa femme avait glissé dans ses affaires. Il apprit néanmoins plus de choses en regardant les citoyens réagir. Ils semblaient acquiescer chaque fois que le prophète mentionnait la guerre toute proche ce qui fit croire à Mel’Ermat que des fuites avaient forcement eu lieu et que les rumeurs de la guerre hantaient les rues. L’intendant de Mel tapa contre la paroi du carrosse et les cahots reprirent de plus belle pour ne s’arrêter qu’au dernier moment, à leur arrivée à l’auberge.

Mel’Ermat descendit en se demandant qui serait ce fameux interlocuteur que personne ne devait savoir ici. Il n’y avait personne à l’entrée pour les accueillir et l’intendant se fit méfiant. Il fit signe à ses hommes d’encercler l’auberge. Il mit une main sur son épée et entra à pas de loup dans l’établissement. Ses soldats, sans qu’on eut besoin de leur signaler, avancèrent légèrement penchés en avant, prêts à se battre également. Il n’y avait qu’une personne dans la salle qui avait été vidée de ses cloisons. A ce moment, ils virent un individu de dos, totalement enveloppé dans une cape noire.

-Ne craignez rien, fit la femme, car c’en était une, la voix ne laissait pas de doute, nous sommes seuls.

Mel’Ermat ne retira pas sa main de la garde de sa lame. Il fit signe aux deux soldats de se mettre en position aux deux seuls accès de la salle. Ils lui firent signe qu’ils étaient bien seuls et Mel’Ermat contourna la table. Il s’assit face à cette mystérieuse dame. Elle était brune, un nez fin, un visage jeune mais des yeux pleins d’expérience. Qui était-elle ?

-Je m’appelle Ondoliel, et j’ai des informations pour vous.

Mel’Ermat ne s’était pas rendu compte qu’il avait formulé sa question à voix haute. Il se frotta la barbe naissante.

-Je fais partie de ceux que vous appelez de l’Air.

Mel’Ermat fit la moue. Cela l’étonnerait. Elle ressemblait trop à une humaine… Ses yeux lui mirent le doute.

-Une grande guerre approche, je sais que vous êtes désormais au courant.
-Vous le saviez depuis quand ? demanda Mel’Ermat prêt à leur reprocher leur silence.
-Nous auriez vous écouter ? contra Ondoliel. Vous n’avez pas cru vos homologues du sud…

Elle marquait un point. Mel’Ermat se demandait bien comment ils pouvaient être au courant. Cela sentait l’espionnage à plein nez.

-Pourquoi vouliez-vous me voir ? s’interrogea l’humain.
-J’ai besoin d’une faveur.

Elle le fixa droit dans les yeux et Mel’Ermat n’aimait pas ça. Son regard le rendait mal à l’aise, comme si elle essayait d’extraire son âme à distance.

-Allez-y, dites-moi, je verrai ce que je peux faire.

Il espérait avoir contrôlé sa voix mais il eut l’impression qu’elle était tremblotante. Qu’est-ce que l’émissaire des Airs allait-elle lui demander ?

-Je veux que vous arrêtiez de poursuivre les Ombres. Je sais que cette histoire est devenue récemment personnelle mais ce n’est pas le moment de nous gêner.
-Nous ? Gêner ? fut surpris Mel’Ermat.
-Oui, nous. Et oui, vous nous gênez. Vous forcez les Ombres à sortir, vous nous forcer à vous faire protéger. Vous n’êtes pas prêts à les affronter et vous ne serez jamais prêts. Le seul moment dans l’Histoire de l’humanité où vous auriez pu nous aider s’était terminé des millénaires auparavant, lors des âges des ténèbres. Les mages viennent juste de comprendre la gravité de la situation. Il n’y a que nous qui pouvons nous en charger alors laissez-nous nous en occuper.

Effectivement, Mel’Ermat savait qu’il avait pris trop de risque. Néanmoins, il avait besoin de réponses et si ceux-ci s’étaient manifestés avant, ils ne se seraient jamais mis dans cette situation. Il s’avoua également que depuis qu’ils savaient que les Ombres avaient tué ses parents, il avait l’impression d’avoir une dette à leur faire payer. Il avait bien entendu gardé son envie de vengeance toutes ces années mais avait aussi apprit à savoir quand une quête était vaine. Et là, c’était le cas. Mel’Ermat finit par hocher la tête.

-Et en échange ?
-En échange ?

Elle semblait vraiment étonnée. Elle ne connaissait visiblement pas la réputation de Mel’Ermat.

-Vous avez parlé d’une faveur, non ? lui rappela l’intendant. Alors nous allons faire un échange de bons procédés.
-Quand j’ai utilisé le mot faveur, c’était pour être politiquement correct.

Sa voix avait la colère d’une tempête.

-Je vous fais une faveur en vous annonçant que nous allons nous occuper des Ombres, ayez en conscience.

Mel’Ermat resta imperturbable mais il prenait un gros risque et il se demandait s’il n’avait pas fait une erreur. Il joint ses mains et les posa sur sa table.

-Ayez conscience de quelque chose, les Ombres ne sont qu’une préoccupation mineure. Vous l’avez dit vous-même, une guerre approche et nous sommes mal partis pour la remporter. Si jamais nous tombions sous le joug de l’ennemi ou que nous sommes exterminés, peu importe, je serais content que les créatures, qu’ils ont dû faire venir dont ne sait où, deviennent le problème de nos ennemis.
-Vous ne comprenez pas, se lamenta-t-elle. Cela pourrait être la fin du monde que nous connaissons !
-Pour l’instant le seul qui me préoccupe, c’est le mien. Je me moque de savoir ce qui arrivera s’il ne reste plus personne de l’Empire pour le voir. A ce qui parait, ceux de la terre ont rejoint les envahisseurs, comment se fait-il ?

Il avait amené le sujet délibérément, il avait besoin d’un accord. Ondoliel fronça les sourcils.

-Nous restons des êtres vivants, donna-t-elle pour explication, nous avons nos dissensions.
-Je suppose que vous ne partagez pas leur avis dans ce cas…

Elle parut voir où il voulait en venir et fit un mince sourire.

-Vous savez, que vous gagniez ou vous perdiez, cela ne nous intéresse point. Il y a toujours eu des Humains et il y en aura toujours. Vous ou d’autres, cela sera du pareil au même. Mais vous avez raison sur un point, intendant, le fait que ceux de la Terre prennent part au conflit est inadmissible et à plus de répercussions que vous ne pouvez l’imaginer. Ils ont avec eux des créatures qui n’auraient jamais eu à être réveillées. Je sais où vous voulez en venir mais nous autres déciderons si nous prenons part à ce conflit.

Mel’Ermat hocha la tête.

-J’entends bien. Je voulais juste que vous sachiez les enjeux.
-Vous devriez convoquer vos Dieux, lui conseilla la femme. Avant qu’ils n’aient même plus envie communiquer avec vous.
-Nos Dieux ?

Mel’Ermat n’avait jamais pensé à ça. Ils n’avaient plus de contacts officiels avec les Dieux depuis des centaines d’années. Tout allait bien dans les royaumes et il devait admettre qu’ils avaient commencé à les oublier. Les rois les voyaient plutôt comme des outils plutôt que comme des partenaires, malgré toute la puissance qu’ils pouvaient conférer. Les quatre Dieux étaient clairement peu présents dans la vie de la majorité des citoyens des royaumes, mis à part certaines régions de l’Empire. Sans oublié les mages, forcément ! Eux et leur quête du pouvoir… pensa-t-il.

-Je n’y crois pas trop mais pourquoi pas.

La dénommée Ondoliel lui jeta un regard intrigué. Elle semblait surprise de la tournure qu’avait prise la conversation.

-Est-ce que Daros va bien ? demanda soudain l’intendant en regardant autour de lui.
-Oui, fit-elle, nous lui avons loué son établissement pour la journée. Je crois qu’il est de repos aujourd’hui.
-Bien, j’espère vous revoir avec de bonnes nouvelles, se congédia Mel’Ermat en se penchant en avant une main sur le ventre. Messieurs ! fit-il d’une voix forte pour demander à ses soldats de venir. Les deux guerriers lui ouvrirent le chemin jusqu’au carrosse. Nous retournons à la villa.

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  • 2 semaines après...
La suite !

Chapitre 12


Les cris de protestation s’élevèrent dans la salle et Mel’Ermat se laissa tomber sur sa chaise. Il se frotta les yeux d’une main et paresseuse, bailla puis soupira. Il faisait nuit depuis plusieurs heures et les rois et seigneurs de l’Empire étaient rassemblés dans la salle de réunion. Les gardes extérieurs avaient été remplacés par les membres du feu et Mel’Ermat essaya de ne pas trop regarder devant lui, à l’endroit où ils avaient été acculés. Le vote qui venait d’avoir lieu s’était de nouveau achevé sur un partage des voix. Mel’Placer avait une petite longueur d’avance sur Regut mais ni l’un ni l’autre était proche d’être élu. Mel’Ermat était sûr que le roi de Kator était en fait dans la course au titre suprême depuis le début. Alors que Mel’Placer avait de son côté la majorité des grosses voix, celles des rois, Regut rassemblait les petites voix, celles des seigneurs. C’était ce que l’intendant de Mel supposait puisque les votes étaient anonymes et que chacun disait ensuite ce qu’il voulait sur sa façon de voter.

Tous étaient fatigués d’être là et ils ne souhaitaient qu’une chose : partir se coucher. Malheureusement, une semaine supplémentaire s’était déjà écoulée depuis le premier vote qui s’était soldé de la même manière : des désaccords et le report des négociations à un autre jour. C’était donc leur deuxième session et, comme il fallait que la majorité des rois soit d’accord pour clore une séance, Mel’Placer décida de ne pas jouer la carte du délai et d’essayer de régler l’élection le soir même. Ils avaient chacun une ligne de conduite : l’attentisme de Regut et la négation des évènements actuels faisait face au réalisme de Mel’Placer sur la guerre du sud et des Ombres. Mel’Ermat était sûr que tous devaient être au courant de ces menaces si bien qu’il y avait deux possibilités : soit ils les minimisaient et ne les jugeaient pas pressant, soit ils pensaient pouvoir en tirer avantage ce qui ne signifiait qu’une chose : c’était des traitres. Aucune option ne plaisait à Mel’Ermat qui désespérait de trouver une issue.

Mel’Placer s’était rapproché d’Iri et Flendlorian tandis que Regut parlait à Ben’Lor. Egéa et Democles se levèrent, s’étirèrent et vinrent vers lui.

-Si ce n’était pas mon royaume qui était menacé, grinça l’intendant de Sustor, je serais allé me coucher sur un banc.

Au fur et à mesure, il se faisait nerveux et irritable. Mel’Ermat le comprenait, son royaume était ravagé et personne ne levait le petit doigt pour le défendre. Pire, il ne pouvait même pas se rendre sur place et était condamné à se ronger les doigts sans avoir possibilité de recevoir la moindre information. Mel’Ermat aurait aimé que les Quatre Races interviennent, peut-être qu’avec leur témoignage, ils en auraient convaincu plus. Ce n’était néanmoins pas si facile car les différences entre les candidats reposaient aussi sur les projets scientifiques, économiques et militaires. Malgré les beaux discours des deux rois, il restait un nombre impressionnant de votes blancs. Mel’Ermat savait qu’il était difficile de pouvoir faire plaisir à plus de cent cinquante seigneurs. Promettre à l’un revenait parfois à s’attirer les foudres d’un autre. Le rôle du roi, sur les conseils de Mel’Ermat, était de trouver un juste milieu pour rallier les deux. Les seigneurs se dispersèrent dans toute la salle, revendications parées.

-Plus nous perdons du temps, plus nous perdons cette guerre, maugréa Egéa.
-Pourquoi ne pas faire un marchandage avec Regut ? demanda soudain Democles qui sembla avoir un éclair de génie.

Les deux intendants le regardèrent, circonspects, ne voyant pas ce qu’ils voulaient dire.

-Peu importe les enjeux sociaux, démographiques ou économiques. Si nous ne stoppons pas la guerre, cela n’aura plus aucune valeur. Nous devrions juste passé un marché avec Regut. Si nous votons pour lui, qu’il agisse.

Mel’Ermat n’aimait pas ça. La situation lui échappait. Les voix des rois du sud lui étaient principalement dues parce que Mel’Placer savait qu’une guerre avait éclaté au sud et qu’il fallait agir mais si Regut proposait aussi d’intervenir alors ils pouvaient perdre leurs voix. Enfin Democles mettrait difficilement ses sentiments de côté pour ce vote, il était persuadé que Regut avait ordonné l’assassinat de son roi. Cette voix-ci resterait du côté de Mel’Placer jusqu’à la fin. Néanmoins, avant que Mel’Ermat puisse le retenir, il se faufila à travers la salle jusqu’à l’autre prétendant au titre pour lui soumettre l’idée. L’intendant de Mel s’excusa auprès de son homologue et partit prévenir Mel’Placer qui venait de se libérer d’un groupe de seigneurs.

-Et pourquoi pas ? lança son roi après qu’il lui eut exposé l’idée.

Mel’Ermat ouvrit grand la bouche. De toutes les réactions qu’aurait pu avoir Mel’Placer, c’était celle qu’il aurait mis en bas de la liste. Il semblait fatigué.

-Vous seriez prêt à lui laisser la place ?

Il haussa les épaules.

-Ce n’est qu’un titre après tout… dit l’homme. Le plus important est de nous défendre… le reste… ce n’est qu’accessoire. Si nous n’étions pas pressés par le temps, je sais que nous aurions pu gagner mais chaque jour où mon égo, ou le sien, prolonge l’élection, ce sont des jours que nous perdons à nous battre.

Mel’Ermat comprenait son point de vue. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était le fait que nulle part était évoquée la possibilité que ça soit Regut qui abandonne la course. Après tout, ils étaient ceux avec l’intention et la motivation. Le roi de Kator ne croyait même pas au conflit et vu les antécédents qu’il avait, autant moraux que psychologiques, il aurait dû laisser sa place. Malheureusement, c’était à cause de cette même folie que l’autre ne se rendrait jamais.

-Et si nous acceptons d’abandonner la course et qu’il ne fait rien ? évoqua la possibilité l’intendant de Mel.
-A moins qu’il veuille mourir, il ne le fera pas, rétorqua Mel’Placer. Il m’a avoué savoir à propos de l’invasion mais ne pas pouvoir l’admettre sans risque de perdre ses soutiens.

La politique… Mel’Ermat jura intérieurement. Ben’Lor les rejoignit avec Regut, Egéa sur les talons. La salle ne se fit pas silencieuse mais pas loin. Les deux prétendants ne s’étaient pas adressés la parole des deux sessions. C’était forcément important.

-Trouverions-nous un compromis ? demanda Regut en préambule.

Il avait l’air vraiment dérangé. Charismatique mais fou. Sa tenue noire accentuait son air lugubre. Il ne souriait pas, ne semblait pas nerveux. Il était sérieux, conscient l’importance de la série d’échanges. Mel’Placer arborait des couleurs sombres mais portées plus moulantes au corps, peu de doute quant à sa sexualité. Mel’Ermat ne s’en formalisait plus depuis longtemps. Tous savaient de toute manière, même si Mel’Placer faisait semblant, pour la forme. Son roi respira un grand coup, réfléchit plusieurs secondes en regardant son adversaire dans les yeux puis prit la parole.

-Il faut intervenir, répéta Mel’Placer.

L’autre hocha la tête. Mel’Placer se tourna alors vers la salle et prit la parole d’une voix forte.

-Je renonce au poste d’Empereur !

Les réactions purent alors se classer en trois différentes : D’abord il y eut du soulagement. Soulagement soit de pouvoir enfin aller se coucher mais soulagement que leur candidat ait été élu. Certains se donnaient l’accolade, d’autres riaient et les derniers se contentaient de regarder dans leur direction un rictus aux lèvres. Il y eut aussi des réactions de stupeur. Stupeur liée au fait qu’ils s’étaient tous attendus à ce que cette élection soit particulièrement longue et que, coup de théâtre, elle soit déjà terminée. Les dernières réactions furent celles de colère. Colère froide comme celle de Democles qui se contentait de regarder Regut les yeux meurtriers. Ou colère chaude comme ces seigneurs qui criaient au scandale. En tout cas, il y était, Regut était élu nouvel Empereur. Il se dirigea vers la table du conseil et ramassa le bouclier d’or, symbole de son pouvoir.

-La séance est levée !




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Mel’Ermat trouvait ça inhabituel. Le protocole voulait qu’il y ait au moins un discours final où chacun s’encourage à continuer à coopérer.

-Que tous les rois se réunissent demain pour l’ouverture de la ville. N’oubliez pas d’amener les sceaux.

Cette dernière remarque était parfaitement inutile. Sans sceaux, les portes ne s’ouvriraient pas. Mel’Ermat conclut que c’était juste pour les rabaisser en les prenant pour des imbéciles. Le nouvel Empereur quitta la salle d’un pas décidé, embrayé par son intendant et quelques membres de sa nouvelle garde. Le silence s’installa dans la salle où personne ne comprit l’attitude de Regut. Mel’Placer haussa les épaules.

-Peut-être fatigué, proposa-t-il.

Au fur et à mesure, la salle se vida et Ben’Lor lui fit signe de venir.

-J’espère que nous avons fait le bon choix, lui dit-il lorsqu’il se fut approché.
-Moi aussi, Ben’Lor, moi aussi… Cela aura eu au moins le mérite de débloquer la situation.
-En effet.

Mel’Ermat vit le grand guerrier fatigué et cerné. Les multiples attentats qu’il avait subis l’avaient sûrement forcé à avoir des nuits plus courtes.

-Tu devrais aller te reposer, tu as sale mine.

Ben’Lor sourit, ce qui lui donna presque un air doux.

-Tu as sûrement raison. A demain alors, pour la cérémonie.
-A demain.

Les hommes se firent un salut militaire et se séparèrent. Mel’Ermat vit Mel’Placer retourner s’asseoir à sa place, le moral visiblement bas. Son intendant lui proposa de rentrer mais l’autre déclina l’offre, prétextant vouloir rester encore un peu. Mel’Ermat le laissa tranquille et sortit de la salle de réunion, retrouvant la fraîcheur de l’air nocturne. Les membres du feu étaient immobiles près de chaque entrée, véritables statues de charbon. L’intendant de Mel avait laissé son véhicule et ses gardes sur la place qui menait aux édifices administratifs de l’Empereur. Il lui fallut donc traverser quelques jardins et quelques bâtiments pour rejoindre la zone en question. En cours de route, alors qu’il n’était visiblement pas seul et que des seigneurs rentraient aussi les uns avec les autres, on l’interpella dans l’ombre d’un bâtiment. Mel’Ermat ne voyait rien si ce n’était que l’obscurité. Il n’y avait personne à moins de trente mètres de lui et il n’était même pas armé. Hors de question de s’approcher. Pourtant Llis vint à sa rencontre au pas de course.

-Dépêchez-vous !

L’espion attrapa l’intendant par la manche et le traîna jusqu’à la façade. Ce bâtiment était celui de l’accueil, étape obligatoire lors de l’ouverture des lieux pour pouvoir aller et venir dans les environs. Il avait une forme de L et mesurait près de cent mètres de long. Llis ne le lâcha pas et lui passer une porte qu’il referma rapidement. Jetant un œil par une fenêtre toute proche, il soupira. Mel’Ermat allait lui demander ce qui lui avait pris lorsqu’il entendit un raffut du tonnerre. Devant lui passèrent une troupe d’une trentaine de soldats. Ce qui choqua l’intendant était que ceux-ci étaient en tenue de combat, armurés et armés.

-Que se passe-t-il ? murmura l’intendant à son espion sans lâcher l’extérieur des yeux.
-J’arrive trop tard, Regut a été élu n’est-ce pas ? grommela Llis.

Mel’Ermat resta silencieux, peu désireux de savoir ce qu’allait dire l’autre après avoir avoué que c’était effectivement le cas.

-Nous sommes perdus, diables !
-Vas-tu m’expliquer ?!

Mel’Ermat perdit patience, son sang bouillonnait et il avait le cerveau en feu.

-Le traître, celui qui a permis l’invasion d’avoir lieu, c’était Regut…
-Regut ? Impossible !
-J’ai toutes les preuves nécessaires, rétorqua l’espion avec un calme hors du commun. J’étais sur une piste mais le temps m’a manqué pour vous prévenir.
-Que s’est-il passé ? le força à parler l’intendant.
-A force de traîner dans les bars, j’ai pu remarquer un nombre anormal de soldats de Kator. Ce qu’il y avait d’étrange et que ceux-ci ne restaient pas au château de Regut mais en ville, comme si on ne devait pas pouvoir les recenser. Je suis donc allé enquêter un peu et j’ai fini par suivre des transporteurs de fonds. Ceux-ci ont fini par avouer que Regut avait payé des seigneurs pour que, s’il n’était pas élu, l’élection soit la plus retardée. Je me suis donc posé la question de savoir quel était son plan s’il était élu. L’homme a été très malin et il n’y avait aucune trace écrite de ses projets. J’étais du côté du palais de l’Empereur quand j’ai surpris une troupe de soldats de Kator qui semblait observer les lieux. J’ai suivi celui qui semblait être leur commandant et je l’ai interrogé.

Mel’Ermat n’osa pas poser de questions pour savoir comment son homme faisait pour avoir des réponses que les autres avaient sûrement promis de ne jamais divulguer.

-Ils s’avèrent qu’ils avaient pour ordre de prendre contrôle des gardes de l’Empereur dès l’élection de leur roi et de bien s’assurer que ceux-ci exécutent à la lettre les instructions qu’ils allaient recevoir.
-Quels sont ces ordres ? articula péniblement Mel’Ermat.
-Le soir même de l’élection, mettre aux arrêts tous les rois et tous les intendants de chaque région.
-Oh non, Mel’Placer ! s’alarma l’intendant en tendant sa main vers la poignée de la porte.
-Trop tard ! l’arrêta l’espion. Je pensais qu’il allait revenir avec vous…
-Il voulait rester, lui expliqua Mel’Ermat.
-Mais pourquoi ? Pourquoi tout ça ?
-J’y ai bien réfléchi, dit l’espion, je pense que Regut est de mèche avec les envahisseurs. Pour une raison ou une autre, il a fomenté tous les troubles que nous connaissons pour nous occuper et maintenant, il compte sur ces arrestations pour nous empêcher d’organiser notre défense.
-Quel enfoiré ! lâcha Mel’Ermat. Comment nous n’avons rien pu voir ?
-Le plan était trop ficelé, avoua Llis. Seule la chance nous aurait permis de tomber dessus. Cela doit faire des années que cela se prépare, voire des dizaines d’années si l’on en croit les documents de votre père.
-Que va-t-on faire ? s’inquiéta Mel’Ermat en mesurant l’horreur de la situation.
-Pour l’instant ? Attendre. Une fois qu’ils auront l’impression d’avoir arrêtés tous les noms des listes, nous devrions pouvoir nous déplacer.
-Ils ont des listes ? S’étonna Mel’Ermat.

L’autre hocha la tête.

-Tous ceux qui peuvent gêner… Une fois qu’il les aura rassemblés et sûrement exécutés, il quittera la ville.
-Nous ne pouvons pas le laisser faire !
-Vous êtes sûrement le dernier dirigeant libre à l’heure actuelle ! Ne prenez pas de risque insensé !
-Je ne peux rien faire tout seul, lui riposta Mel’Ermat. Si les rois meurent, la défense ne s’organisera pas.
-Je sais, dit l’espion, je sais…


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  • 2 semaines après...
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Ils prirent leur mal en patience et regardèrent les allers-retours des hommes de Kator et des soldats de l’Empereur. Alors que Mel’Ermat avait trouvé le vœu de fidélité des gardes honorable, il le trouvait maintenant contre-productifs. Enfermés dans ce qui semblait être les vestiaires, le temps mourut au ralenti. Mel’Ermat passa d’abord son temps à regarder par la fenêtre en priant que personne ne vienne fouiller les bâtisses puis s’occupa ensuite à faire le tour de la pièce. Celle-ci était organisée simplement, rectangle de dix mètres sur quatre et pourvu d’un autre accès qui menait sur le hall d’accueil. On y avait rangé à la va-vite une cinquantaine de porte-manteaux, pour la plupart vides mais sur lequel certains présentaient encore des vêtements oubliés. Il y avait d’ailleurs un gros tas de pantalons et d’écharpes dans un coin de celle-ci. De souvenir, c’était ensuite distribué aux orphelins et aux plus pauvres de la ville. C’était toujours faire plaisir à la population sans le moindre frais. Mel’Ermat finit par s’asseoir sur un de ces tas, puis se permit de s’allonger et finit même par s’endormir, la fatigue terrassant la peur.
Il eut l’impression d’être réveillé dans la seconde qui suivit.

-Il faut y aller, lui glissa l’espion. Le jour va se lever. Les patrouilles n’ont pas cessé mais la journée levée, nous ne pourrons pas nous déplacer à la vue de tous.

Mel’Ermat acquiesça et se releva péniblement. Les yeux lui piquaient et il était dans le brouillard. Il n’aurait jamais dû s’endormir, cela le déboussolait trop. Il suivit Llis qui prit la porte menant sur le hall d’entrée. On voyait l’extérieur du bâtiment grâce à de grandes baies vitrées et la voie semblait dégagée. Qu’attendait-on l’espion ? Un battement de cœur plus tard, une patrouille passa. Ils jetèrent un coup d’œil à l’intérieur du bâtiment mais ne les virent pas.

-Restez-là, conseilla l’espion qui s’engagea à travers la grande salle.

Il sortit du bâtiment et Mel’Ermat le vit s’éloigner à travers les vitres. Seul, Mel’Ermat lutta pour ne pas se rendormir. Il se frotta plusieurs fois les yeux, fit les cent pas dans le vestiaire et utilisa toutes les techniques qu’il connaissait pour ne pas piquer du nez. La nuit commençait à s’éclaircir. Encore une heure de plus et il ferait jour. Mel’Ermat se demandait s’il ne valait pas mieux se cacher jusqu’à ce que la ville soit en effervescence pour se déplacer. C’était sûrement une erreur car la bâtisse administrative dans laquelle il se cachait verrait bientôt ses premiers employés arriver. Dépassés par la situation, ceux-ci s’empresseraient de vendre la mèche et Mel’Ermat serait arrêté et jeté avec les autres en prison. Llis revint bientôt, sa cape s’adaptant à l’environnement voletant derrière lui. Il était passé chercher quelques affaires qu’il tenait dans un sac.

-Ca sera pire que ce que j’avais prévu, lui dit l’espion quand il atteignit les vestiaires. Des hologrammes magiques diffusent votre portrait dans toute la ville.

Mel’Ermat maudit l’académie des sciences et leur technologie.

-Les hommes de l’Empereur ont également investi les résidences de tous les rois pour mater les idées de rébellion. Mel’Cari a gagné un tour à l’infirmerie après avoir provoqué une émeute pour savoir où vous étiez. Il s’en est échappé et je crois qu’il écume la ville à votre recherche tandis que vos soldats sont cantonnés à la villa.
-Je connais un autre endroit où nous pouvons nous rendre. Chez Daros, à l’auberge du soleil montant. C’est un ami en qui j’ai confiance.
-Je le connais, acquiesça l’espion. Enfilez ça et nous nous y rendrons.

Mel’Ermat troqua rapidement ses affaires contre une tenue de paysan. Des chausses en bois qui lui faisaient mal aux pieds, un pantalon en lin brun qui s’arrêtait au-dessus de ses chausses et une veste bleu clair totalement dépareillée. Si sa femme l’avait vu, elle ne l’aurait pas reconnu. Llis lui donna un chapeau de paille grossier qui aurait au moins le mérite de cacher son visage. L’auberge est à dix minutes de là mais ça serait un véritable parcours du combattant. Sans perdre de temps et abandonnant ses affaires sur place, Mel’Ermat et Llis quittèrent l’accueil des bâtiments impériaux.

Ils mirent rapidement au point une façon de marcher où Mel’Ermat longeait les bâtiments à droite de la rue tandis que Llis marchait devant lui, de façon naturelle mais si bien qu’on ne voyait que rarement le visage de l’intendant. Mel’Ermat, quand cela était nécessaire, penchait légèrement la tête en avant pour que le bord du chapeau masque son visage. Les premiers habitants s’affairaient déjà et ils passaient plutôt inaperçus. Sa seule véritable crainte fut lors du passage d’une patrouille de soldats du feu mais ceux-ci ne s’intéressèrent pas à lui. Au final, ils ne devaient pas se soucier des affaires humaines. Ils croisèrent une dizaine de patrouilles mais ceux-ci ne le reconnurent pas. Ils devaient chercher quelqu’un de seul et de bien habillé. Pourtant, il se méfia car plusieurs d’entre eux pouvaient déjà l’avoir vu en vrai et mettre à bas sa couverture. Il fut satisfait de rejoindre sans encombre l’auberge. L’établissement n’était pas encore ouvert. Il restait ouvert tard dans la nuit et ouvrait quelques heures après le lever du soleil pour les petits-déjeuners. Llis ne fit pas de manière et crocheta la serrure pendant que Mel’Ermat faisait le guet. Il lui fallut moins d’une minute pour entrer dans le bâtiment. Depuis la petite pièce d’accueil et au travers la porte qui menait à la salle à manger, ils virent Daros, épée à la main et en tenue de nuit, descendre des escaliers. Il devait avoir l’ouïe fine.

-Mel’Ermat ! clama l’homme quand il reconnut un des deux voleurs. Les Dieux soient loués ! J’ai appris ce qu’il s’était passé hier, j’ai cru qu’il t’avait eu aussi !
-Non, fit l’intendant en le rejoignant dans la salle aux multiples cloisons. J’ai été sauvé in extremis. Ecoute-moi Daros, la situation est grave. Regut est un traitre et il est de mèche avec une invasion au sud. Les arrestations d’hier n’ont que pour but d’empêcher nos défenses d’être organisées. Si nous ne faisons rien, il va tous les exécuter si ce n’est déjà fait.
-Quel est ton plan ? demanda l’homme en quittant son bonnet de nuit et l’envoyant sur le côté.

Il regarda son espion. Il n’y en avait qu’un de possible.

-Il faut libérer les rois, arrêter Regut et ouvrir la ville pour que nous puissions rejoindre nos royaumes.
-Ca, c’est une ligne de conduite, lui fit remarquer Daros, as-tu un plan ?
-Je pense qu’il faudrait faire savoir à vos hommes que vous êtes en ville, avec l’aide Mel’Cari, proposa l’espion. En rassemblant tous les hommes, nous pourrions jouer de l’effet de surprise et tenter de prendre d’assaut la prison.
-Impossible, contra le tavernier. Lorsque je suis venu à l’Impériale, c’était en commandant de la prison. Je n’y suis pas resté longtemps mais assez pour savoir que sans armes lourdes, vous ne passerez jamais les portes. Les cachots s’étendent sous la montagne et les parois en sont les murs. Ils n’ouvrent à personne si ce n’est aux soldats de l’Empereur. Impossible de prendre la place rapidement.
-J’ai un plan, sourit Mel’Ermat.


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  • 2 semaines après...
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Chapitre 13


-Faites place ! Faites place !

Les soldats de l’Empereur n’étaient pas tendres avec les passants et malmenaient ceux qui avaient le malheur de ne pas se pousser assez vite. Mel’Ermat, mains liées dans le dos, essayait de faire bonne figure et marchait au milieu de la trentaine de soldats le torse bombé. Mel’Cari et une demi-douzaine de ses hommes complétaient le tableau, tout aussi liés qu’il l’était. Il était presque midi et, bien qu’il ne fasse pas spécialement chaud, Mel’Ermat suait à grosses goutes. Les gardiens de la prison les regardaient s’approcher, inexpressifs.

La prison se situait à l’ouest de la ville et, comme Daros l’avait mentionné, avait été construire dans la montagne. Pour y accéder, il fallait passer deux portes de fer hermétiquement closes directement inscrustées dans la paroi rocheuse. On avait dressé autour de cette entrée un mur de pierre de trois mètres de haut, clos par une porte de bois. L’enceinte protégeait une zone de vingt mètres de profondeurs sur une cinquantaine de large. On y notait plusieurs bâtiments qui servaient entre autres de salle de repos, de dortoir, de cuisine et de consigne. Ils en étaient alors là, entourés d’une cinquantaine d’hommes dont le seul but était de protéger l’endroit.

-Où l’avez-vous trouvé ? dit le commandant des lieux en désignant Mel’Ermat.
-On l’a cueilli ce matin alors qu’il tentait de rejoindre la villa de Mel’Placer, dit le chef de son escorte.

Le commandant du fortin renifla en le regardant.

-D’où venez-vous ? dit-il méfiant en regardant tous les soldats.
-On travaille pour Regut, fit l’autre en le regardant droit dans les yeux.

Ils se jaugèrent un instant. Mel’Ermat put voir dans le regard du commandant du fort qu’il reprochait à l’autre son incorporation dans ce corps d’armée qu’il n’avait pas mérité. Ce n’était qu’un caprice de plus de Regut.

-Ouvrez les portes ! cria le commandant en se détournant de la troupe. Livrez-le à l’intérieur, ajouta-t-il pour le meneur, le commandant de la prison sera satisfait. Il va vouloir un rapport.

L’homme qui l’avait arrêté hocha la tête et la troupe se mit en avant. Ils passèrent les portes et regardèrent la montagne les avaler. Derrière eux, l’ouverture se referma, leur coupant l’accès à la lumière. Ils étaient dans un long et large couloir qui était coupé à dix mètres de là par une grille. Voyant le prisonnier, quatre gardes l’ouvrirent en grand. De l’autre côté, le couloir continuait jusqu’à une vaste caverne où une tour occupait le centre. D’ici plusieurs couloirs partaient dans plusieurs directions et ce, sur plusieurs étages. Une vingtaine de surveillants étaient là et s’affairaient à tout un tas d’activité. La troupe s’arrêta et le chef des soldats de l’Empereur fit signe à plusieurs de ses soldats de revenir en arrière. Un homme émergea de la tour et en descendit les escaliers pour venir à leur rencontre. Il arborait un grand sourire. Il était chauve, gros et semblait avoir une haute opinion de lui-même.

-Bonjour, je suis Jeta, le lieutenant des lieux et en charges des surveillants. Le commandant est pour l’instant occupé avec un interrogatoire et ne sera là que dans une demi-heure.

Il regarda Mel’Ermat.

-Voici le dernier qui manquait à l’appel… Heureusement pour nous, les premières pendaisons allaient bientôt commencer.

L’intendant déglutit.

-Vous là ! cria le gros en direction de gardiens. Escortez ces hommes à leur cellule.

On voyait dans leur regard noir l’amour qu’ils avaient pour cet homme. Les gardiens poussèrent Mel’Ermat et ses hommes pour les faire avancer.

-Par là ! firent-ils en désignant un couloir dans la montagne.

Mel’Cari lui jeta un regard, il ne semblait pas rassuré. Mel’Ermat mit ça sur le compte de la probable pendaison. Brusquement, des éclats de combat résonnèrent dans les galeries. Derrière eux, les gardes de l’Empereur avaient engagé le combat avec les geôliers. Leurs gardiens allèrent se porter renfort mais, après avoir tranché leur lien, les faux captifs les en empêchèrent.

-Hors de question, fit Mel’Ermat qui tenait son couteau contre la gorge d’un gardien. Vous allez nous mener aux cellules des rois. Maintenant, à la moindre tentative de prévenir vos collègues, vous serez exécutés. Je peux retirer ma lame ?

L’homme hocha doucement la tête. Même ainsi, le tranchant lui laissa une marque sur la gorge. Leur plan fonctionnait pour l’instant à merveille. Une fois cette partie de la prison prise, ils étaient relativement en sécurité pour accomplir leur mission de sauvetage. Il fallait néanmoins que ça se passe vite avant que quelqu’un ne remarque ce qu’il se passait. Ils n’avaient pas pour objectif de tuer mais ils le feraient si nécessaire. En attendant, les soldats de l’Empereur, qui n’étaient réellement que ses propres hommes déguisés avec les vêtements volés des hommes qui surveillaient la villa, neutraliseraient tous ceux qui auraient le malheur d’aller voir à la tour de l’entrée ce qu’il se passait. Daros, que Mel’Ermat avait mis aux commandes, puisque Mel’Cari avait tenu à être prisonnier, connaissait bien les lieux et mettraient donc les soldats aux bons endroits afin de repousser les curieux. Ca serait une autre paire de manches lorsque le commandant des lieux reviendrait de l’interrogatoire et commencerait à poser des questions sur l’absence de gardiens. D’après Daros, il y avait une centaine d’hommes dans les locaux pour deux fois plus de prisonniers. Ils avaient dû en neutraliser pour l’instant une dizaine mais cela les laissait néanmoins en trois contre un en cas de conflits.

Ils se perdirent dans un dédale de couloirs et de cellules vides, pleines ou bondées. Ces dernières étaient toutes différentes de taille comme de confort. L’endroit est particulièrement humide mais étrangement chaud. Cela rendait l’atmosphère poisseuse et lourde. Les prisonniers leur jetaient des regards intrigués mais ils ne s’attardèrent pas de peur d’être pris à partie ce qui attirerait l’attention des gardes des parages. Ils se laissèrent donc guider, couteaux collés contre les flancs des gardiens, avançant comme s’ils savaient où ils allaient. Ils finirent par arriver devant une porte de bois où se trouvait à hauteur de tête une plaque métallique. Deux torches créaient une ambiance inquiétante de chaque côté de l’accès.

-On est arrivé, dit l’un de leurs deux geôliers. Derrière cette porte se trouve les quartiers de hautes sécurités.
-Combien de gardes ? demanda Mel’Cari, inquiet.
-Un seul, admit l’autre.
-En quoi c’est de la haute sécurité ? se permit d’intervenir Mel’Eclé qui tenait son arbalète pointée sur la porte.

Malgré son jeune âge, il se permettait récemment trop d’initiatives.

-Juste à cause de cette porte, dit le gardien. C’est plus une frontière que deux espaces distincts.

Mel’Ermat frappa deux coups et fit signe à sa troupe de se baisser. L’intendant prit soin de laisser son arme dans le dos du gardien. Histoire qu’il n’oublie pas le rapport de force. Il prit néanmoins un air plus soumis. La trappe métallique s’ouvrit de façon sèche et une paire d’yeux apparue.

-Qui va là ?
-C’est nous, répondit l’interrogé. On nous a amené Mel’Ermat et on vient le mettre avec les autres.

Le regard de l’individu se posa sur lui puis la trappe se referma. On entendit une série de cliquetis, de barres tirées et de loquets qui grinçaient. La porte s’ouvrit finalement et un de ses gardes du corps s’introduisit sans hésiter en repoussant le tout. On entendit des jurons qui s’arrêtèrent bien vite. Mel’Ermat fit signe à la troupe de se mettre en avant. Ils débouchèrent sur un grand promontoire qui surplombait une vaste salle. Au milieu de celle-ci, une grande cage avait été découpée en dizaines de cellules communiquant toutes les unes avec les autres. On y trouvait en tout et pour tout une planche de bois qui devait être un lit et un seau. L’endroit semblait désert, si on ne comptait pas les dirigeants des royaumes dans les cellules.



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  • 2 semaines après...
Suiiiteee

-Enfermez-les dans une cellule, ordonna l’intendant à son colonel.

L’homme acquiesça et poussa les deux gardiens initiaux plus celui qu’ils venaient de mettre hors d’état de nuire vers une cage qui semblait vide. Il confisqua les clés des lieux puis les enferma sans que ceux-ci ne protestent. Ils avaient bien pris mesure de la situation pour ne pas essayer de faire de vagues. Mel’Ermat se dirigea alors vers les cages où il ne fut jamais aussi bien accueilli. Ils étaient tous là : Egéa, Democles, Iri, Frendlorian, Ben’Lor mais aussi les intendants Isidor et Bernardian. Mel’Placer semblait dans un sale état car il avait le visage en sang et semblait abattu sur sa couchette.

-Que s’est-il passé ? demanda Mel’Ermat à Bernardian qui était dans la cellule voisine.

Il regarda au travers les grilles et sembla désolé. Mel’Cari derrière lui s’occupait à trouver les bonnes clés qui cliquetaient pour ouvrir chaque cellule.

-C’est le premier à avoir été interrogé et le seul à ne pas avoir fait semblant d’avouer être un traitre. Il était presque mourant quand les tortionnaires l’ont ramené. D’après moi, l’heure qui arrive sera cruciale pour savoir s’il va vivre ou mourir.

Mel’Ermat soupira, Mel’Placer et son orgueil ! Il héla deux de ses hommes.

-Mel’Dartufl, Mel’Refgi ! Venez ici ! Il va falloir transporter votre roi, leur ordonna-t-il quand ils l’eurent rejoint.

Les deux hommes hochèrent la tête et passèrent leurs poignards à la ceinture. Ils soulevèrent la planche de bois et déplacèrent leur souverain. La planche n’était pas vraiment destinée à être utilisée comme un brancard mais cela suffirait pour le moment. Ben’Lor était déjà sorti et avait attrapé une des armes confisquées aux geôliers. Il regardait ses tortionnaires et semblait vouloir les faire mourir de peur. Ce qui semblait être sur le point de se produire. Mel’Ermat vit alors l’œil au beurre noir qu’arborait le roi de Syrarture. Il n’avait pas dû se rendre sans se battre. Isidor semblait aussi très remonté, il rodait comme un lion en cage, une épée à la main.

-Merci d’être venu, les remercia Frendlorian qui avançait avec peine, soutenu par son intendant. Je crois qu’ils comptaient nous exécuter.
-Nous en aurions tous fait de même au vu des enjeux, répondit humblement Mel’Ermat. Nous ne devrions pas traîner néanmoins, les encouragea l’intendant de Mel. Nous risquons d’être rapidement repérés. Notre subterfuge risque de ne pas durer longtemps.

Ses quatre soldats disponibles, accompagnés de Ben’Lor, Isidor et Mel’Cari partirent devant en éclaireurs tandis que le reste de la troupe suivait tant bien que mal. L’ancien Empereur était celui qui les ralentissait le plus mais il ne pouvait pas l’abandonner. En chemin, ils virent de nombreux gardes au sol et Mel’Ermat ne voulut pas savoir s’ils étaient morts ou tout simplement assommés. Les prisonniers des environs comprirent ce qu’il se passait et commencèrent à crier pour qu’on les emmène. La plupart ne devait pas reconnaître les dirigeants qui avaient dû être parmi ceux responsables de leur sort. Mel’Ermat trouva la situation assez ironique. Ils émergèrent dans la caverne où se trouvait la tour de contrôle. Ben’Lor semblait content de revoir Daros avec qui il était en grande discussion.

-Quelle est la suite du plan ? demanda Isidor en venant vers lui.

Il faisait de grands moulinets avec son épée, visiblement prêt à en découdre.

-Il reste encore au moins cinquante soldats dans l’enceinte extérieure. Ils sont plus nombreux que nous mais nous pourrions les affronter. Le problème est que nous courrons le risque qu’ils aillent chercher des renforts et que nous soyons pris au piège ici. La vérité est que nous ne pensions pas que notre plan se passerait aussi bien…
-Je vois, intervint Iri, roi de Sal qui ne semblait pas rassuré.

Mel’Ermat trouva que sa réputation de lâche était encore inférieure à la vérité. Il était persuadé que toutes les décisions courageuses devaient être prises par son intendant, Isidor.

-Il nous reste qu’un choix, lui souffla Mel’Cari derrière lui.

Mel’Ermat hocha la tête lentement, ce n’était vraiment pas sa solution favorite pour sortir de là. Ils avaient de toute manière su quand ils avaient discuté du plan qu’il faudrait sûrement en venir là. Le colonel partit avec une quinzaine d’hommes chercher des prisonniers. Ils en ramenèrent le triple près de dix minutes plus tard. Dans l’intervalle, deux gardiens eurent le malheur de vouloir absolument venir parler au responsable Jeta et ils en furent quitte pour deux coups de poignée d’épée derrière la nuque. Leurs corps furent ligotés et trainés en haut de la tour de guet. Bientôt, on s’inquiéterait de ces absents. Dommage que les gardiens n’avaient pas de tenues réglementaires, ils auraient pu tenter la même feinte qu’à l’aller. Pourtant, il paraissait difficile de trouver une excuse crédible quant au fait de faire sortir tous les rois et les intendants de la prison. Cela aurait été immédiatement suspicieux. Daros était en train d’expliquer aux prisonniers leur rôle.

Mel’Ermat écouta attentivement. Une fois libérés, ils devraient se ruer sans bruit dans le dortoir pour se débarrasser des gardes qui dormaient. De là, ils prendraient leurs armes et pourraient se défendre contre les gardes du fortin. Quand Mel’Cari avait proposé ce plan, l’intendant avait été dubitatif. Surtout si un prisonnier se demandait pourquoi les armes seraient stockées dans les dortoirs. Il pourrait y en avoir un peu, bien évidemment, mais jamais assez pour équiper quarante personnes. Ce plan était donc un beau mensonge car il était hors de question qu’ils aident des prisonniers à s’échapper. Tant pis si ceux-ci venaient à mourir, ce n’était pas vraiment des innocents… Leur but était donc juste d’attirer le plus de gardes dans la zone du dortoir pendant que l’escorte de Mel’Ermat ferait une sortie au travers de ce qu’il resterait comme gardes. Les hommes parurent satisfaits même si l’un ne put s’empêcher de demander quel serait leur rôle dans l’histoire. Daros leur répondit qu’ils s’occuperaient d’ouvrir la porte afin que tous puissent sortir. Ca serait le cas… Sauf que les prisonniers ne seraient pas invités à les suivre.

-Alerte !!

La voix venait de la zone de la tour qu’ils avaient quitté derrière eux. Le son disparut rapidement. Un gardien avec dû noter l’invasion et était parti chercher des renforts. Il ne leur restait que quelques minutes. Les prisonniers ne semblaient pas enclins à se révolter contre Mel’Ermat et sa troupe qui les avaient libérés. Cela se comprenait, ils pensaient sûrement avoir plus de chance en attaquant cinquante gardes par surprise que trente combattants prêts à les recevoir. De plus se battre maintenant dans la prison tuait tout espoir de fuir par la suite. Sans compter les morts et les blessés que cela occasionnerait. Les prisonniers furent massés vers les portes de sortie tandis que tous s’organisaient pour se mettre à courir quand il le faudrait. C’était néanmoins une affaire risquée car entre Mel’Placer inconscient et Frendlorian usé, ils allaient perdre du temps. Mel’Eclé, le plus jeune de ses gardes, entrouvrit une porte sur moins de cinquante centimètres et passa sa tête dans l’interstice. Il se passa une minute avant qu’il fasse signe que la voie était dégagée.

-Et n’oubliez pas… commença-t-il en se mettant de côté et faisant signe aux prisonniers en haillons d’y aller.

Ceux-ci se précipitèrent à l’extérieur en hurlant, déferlant à l’air libre comme une vague de tueurs.

-Silence… acheva Mel’Eclé sa phrase.
-On y va ! lança Mel’Cari sans se soucier ni du protocole ni de qui devait commander. On a plus le temps.

Les soldats se lancèrent dans la brèche immédiatement suivis par les rois. A l’extérieur régnait la confusion la plus totale. Les combats avaient effectivement été portés du côté des dortoirs mais il y en avait de partout. Peu équipé, les prisonniers se battaient comme ils pouvaient. Ne pouvant se battre en un contre un, ils avaient mis au point des techniques de combat peu conventionnelles. Là, Mel’Ermat put voir un homme attirer l’attention d’un soldat tandis qu’un deuxième se jetait sur lui par derrière. Neutralisé, ils récupéraient ses armes et partaient affronter d’autres hommes. Là-bas, l’intendant de Mel put voir les archers tirer leurs flèches depuis le chemin de ronde. Les tirs faisaient mouche car des corps sans vie jonchaient le sol. A gauche, on entendit une explosion suivie par des cris d’agonie. Devant eux, un groupe de soldats mirent à terre un homme et le transpercèrent de part en part. L’homme regarda dans leur direction, le regard vide, toussant du sang puis s’effondra sur les pavés, créant une rivière de fluide rouge qui suivait les interstices du sol. Le groupe ne s’était pas arrêté d’avancer et les soldats leur demandaient main forte pour mater la révolte. Heureusement pour eux, dans ce genre de situation, personne ne s’arrêtait pour penser. Ils auraient pu se demander, par exemple, ce que faisaient les rois parmi eux. Ils auraient pu aussi se poser la question de savoir pourquoi cette troupe était sortie derrière les prisonniers.

Mel’Cari formait la pointe de la lance qui parcourait les vingt mètres jusqu’au portail. De ses soldats, toujours déguisés en tenue de ceux de l’Empereur, avaient escaladés la muraille et se dirigeaient vers les archers qui n’avaient toujours pas pris la mesure de l’imposture. Quand ils remarquèrent la traitrise, ils étaient déjà désarmés et hors de combat. La majorité des engagements étaient maintenant hors de leur champ de vision. Le gros de l’affrontement avait lieu dans les dortoirs mais également vers la consigne où les prisonniers pensaient sûrement pouvoir trouver de l’équipement. C’était une aubaine pour eux qui n’eurent qu’à menacer la demi-douzaine de soldats de l’entrée afin qu’on leur ouvre les portes. Un d’entre eux tenta bien de jouer le héros en chargeant la trentaine de fuyards. Mel’Cari, colonel surentraîné, para son attaque, le désarma et le gifla du plat de sa lame. L’homme tomba au sol, sonné.

-Vous avez fort à faire sans avoir à vous souciez de nous. Ouvrez la porte avant que des prisonniers tentent de s’évader !

Les cinq survivants de l’entrée formaient un demi-cercle défensif dos aux portes. Ils reconnurent toutefois ceux qui les accompagnaient.

-Nous serons pendus au moment où on saura que vous vous êtes échappés… se désola un des gardes.
-Donc il vaut mieux mourir tout de suite ? s’étonna Mel’Cari qui tentait toujours de les convaincre. Vous êtes assez intelligents, j’en suis sûr, pour trouver une excuse. Vous auriez pu être en train de vous battre et n’aurait pu empêcher de nous évader…

Le doute passa sur le visage des cinq qui se jetèrent des regards mal à l’aise. Ils n’avaient pas particulièrement envie de mourir, même en faisant leur devoir. Ils se battaient à un contre six. Et encore… Entre les arbalètes des uns et les pistolets des autres, ce ne serait pas un combat mais une exécution. Ils le comprirent et s’écartèrent de la porte. Les soldats se mirent en avant tout en jetant des coups d’œil autour d’eux. Il ne fallait pas que les renforts reviennent par ici. Les hommes sautèrent des murailles et entourèrent la troupe de dirigeants. Ils se réjouirent de retrouver la liberté mais ne perdirent pas de temps et s’enfoncèrent tout de suite dans la rue la plus proche. Mel’Ermat ordonna une pause. Ils ne pouvaient pas se promener en ville de cette manière.

-Seigneurs, je suis désolé, mais il va falloir jouer le jeu.

Les soldats de Mel’Cari demandèrent à chaque intendant et chaque roi de lui remettre ses armes. En effet, des prisonniers ne pouvaient pas en porter. Cela attirerait l’attention. On leur fit passer à chacun un morceau de vêtements. Mel’Ermat le déplia et enfila sa cagoule. Il ne vit plus rien mais sentit une main se poser sur son bras pour guider ses mouvements. Il mit ses mains dans son dos comme s’il était attaché.

-Mettez une couverture par-dessus lui !

Mel’Ermat reconnut la voix froide de son colonel. Il parlait sûrement de Mel’Placer. Plongé dans le noir, on le poussa légèrement en avant et l’intendant se laissa guider. On allait bientôt se lancer à leur recherche et il fallait vite disparaître en ville. Daros avait proposé son auberge mais ils étaient pratiquement sûrs qu’on viendrait aussi chercher de ce côté-là. Llis avait alors proposé l’entrepôt par lequel il s’était échappé des égouts. Ils traversaient la ville à un rythme plutôt rapide et il avait vraiment du mal à respirer là-dessous. Il se demanda comment Frendlorian s’en sortait. Llis n’était pas dans les parages mais il avait expliqué comment ouvrir la cache depuis l’extérieur. Le trajet fut long et stressant mais malgré les patrouilles ne posèrent pas trop de questions. Sauf une fois où on les reconnut aucun des soldats de l’Empereur et qu’ils durent réexpliquer travailler pour Regut. Il y eut un silence mais ils se remirent ensuite en avant.

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