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Warhammer Forum

-MFT-

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Voici un petit récit destiné à faire patienter mon groupe de joueurs d'ici au prochain scénario qui prendra la suite de celui que je vais mettre en scène ici. Cela me permettra aussi de me remettre le pied à l'étrier pour achever Gabriel, mais il va falloir encore être patient sur ce point...
J'espère en tous cas que ce nouveau récit vous plaira autant que le scénario à plus à mes acolytes !

Prologue

Scintilla. Planète renommée, opulente et puissante, jalousée et maudite par ses rivales déclassées, rongée par le vice et la corruption des mœurs de ses classes dirigeantes. Surplombant des océans grisâtres pollués au-delà du possible, ses ternes continents d’un brun poussiéreux constituaient pourtant le joyau du secteur Calixis, le cœur de l’Humanité dans cette reculée du domaine de l’Empereur.
Scintilla. La capitale du Seigneur-gouverneur Marius Hax faisait frissonner les légendes. Pas un citoyen calixien qui n’ait entendu parler de Sibellus, la ruche aux milles fastes ; de Tarsus, la ruche aux milles richesses ; de Gun Metal City où les armes résonnent aussi fort que les machines de ses Manufactoria ; d’Ambulon, la mythique Ambulon, la ruche qui marche, la montagne rampante… Pas un citoyen de tout le secteur qui ne connaisse par les pèlerins sur le retour le luxe et la démesure de la cathédrale de l’Illumination, dont les voûtes sont si hautes, si larges et si longues qu’on raconte qu’elles pourraient abriter un croiseur de combat. Pas un citoyen non plus qui ne connaisse les légendes qui entourent le Palais de la Lumière, siège du Seigneur Hax et dont l’inlassable et intarissable activité maintient en vie tout le secteur.
Peu en revanche sont ceux qui ont connaissance d’un palais sinistre, ordonné autour de trois tours ténébreuses qui lui donnent son nom : le Tricorne. Formant sa propre spire de la ruche Sibellus, ce sombre lieu est le siège de l’Inquisition, institution la plus redoutée des hommes et des ennemis de l’Empereur. Dans ses couloirs obscurs, ses chambres secrètes et ses cachots sordides pourrissent les corps de ceux qui, pour avoir trop de choses à se reprocher, n’ont pas encore connu la mort salvatrice et croupissent là, tourmentés par les âmes de ceux qui les ont précédés et dont les cris d’agonie sous d’atroces tortures hantent encore les mûrs.
Sont-ce ces fantômes qui expliquent l’atmosphère lourde et pesante qui plombait les épaules des six silhouettes qui attendaient depuis plus d’une heure et demie devant cette porte, obstinément fermée ? Que ressentaient-ils, quelles étaient les pensées qui plissaient leurs fronts, rendaient nerveuses leurs mains et exacerbaient leurs réactions ? Qu’avaient-ils à se reprocher, ceux qui depuis près de six ans étaient les cinq doigts de la main gauche de l’Empereur ? Et le sixième, sans doute le plus pâle, le plus anxieux et plus effrayé de tous, que craignait-il ?

Gaexane plongea la main dans l’une des poches des lourdes robes de l’Ecclésiarchie qu’elle avait choisi de porter ce jour-là et en retira son horologium. Le cadran numérique affichait 11h50. Elle le rangea en maugréant et fourra dans sa poche avec une impatience nerveuse la chaînette d’argent qui reliait l’oignon à la doublure de sa robe. Elle aurait pourtant juré qu’il s’était écoulé une heure depuis qu’elle l’en avait tiré la dernière fois, et qu’il affichait 11h36. Elle ferma les yeux et tenta de faire le point une fois de plus, rassemblant ses arguments et les faits jusqu’à former l’explication, aussi près que possible de la vérité, pour justifier l’échec d’une des plus importantes missions que lui avait confié son maître, l’Inquisiteur Hiérax. Relevant la tête, ses yeux oranges parcoururent par-dessous sa frange châtain la cellule qu’elle menait depuis cinq ans environ au service de l’Empereur à travers les dangers du secteur Calixis, traquant et éliminant la corruption où qu’elle se trouvât.

Son fidèle garde du corps semblait impassible. Elle le savait concentré, et devinait la tension qui l’habitait à la façon dont mécaniquement, ses mains refaisaient les mêmes gestes rituels destinés à honorer l’esprit de la machine de son bolter modifié à intervalle régulier. Sa main droite reflétait la faible lumière des torches qui éclairaient le couloir sur son acier poli avec soin, trahissant le bras bionique qui montait jusqu’à l’épaule et remplaçait celui qu’il avait perdu au combat quatre ans auparavant, désintégré par l’arme d’un guerrier nécron. Se sentant observé, il tourna la tête vers l’Interrogatrice. Son visage fermé aux pommettes saillantes et sa mâchoire carrée, ses yeux verts et durs, et jusqu’à la sévère coupe en brosse brune de ses cheveux, exprimaient la désapprobation, ce qui ne lui était pas habituel. Jusqu’alors, il s’était contenté de presser la détente sur ordre, et de sauver la mise de sa cheffe de groupe à de multiples reprises. Persuadé d’être le vecteur de la vengeance de l’Empereur, il n’avait jamais remis en question les décisions de Gaexane. Du moins, jusqu’à cette mission.

Gaexane détourna le regard et se souvint de l’absolu dévouement, du courage et de l’abnégation du garde impérial. Ses pensées plongèrent dans ses souvenirs, remontant plus de trois ans en arrière, au fond d’une profonde grotte abritant les rites impies d’une société secrète dont elle avait bien failli être la victime sacrificielle. Seule l’intervention héroïque de Serghar, parvenant à se dégager à l’aide de son bras bionique de l’emprise des cultistes qui le plaquaient au sol avant de loger deux bolts dans la tête de l’hérésiarque dont la lame avait atteint son zénith, l’avait empêché d’être offerte aux Dieux sombres…

Serghar quant à lui laisse son regard courir sur le visage de l’Interrogatrice. Svelte, élégante, les traits fins et charmeurs, les sourires de Gaexane était capable d’enjôler n’importe qui mais serait-ce suffisant pour désarmer la colère qui allait suivre ? Il n’était pas dans les habitudes de l’Inquisiteur Hiérax de faire attendre ses meilleurs acolytes, et cela ne présageait rien de bon. Ne lisant rien de réconfortant dans l’expression tendue de Gaexane, Serghar passa à l’homme qui se trouvait assis à côté d’elle. Bien que l’Ecclésiaste soit plutôt menue, la silhouette de l’individu était tellement voûtée qu’il semblait écrasé par l’Interrogatrice. Qui eut pu deviner que deux semaines auparavant il était encore un des danseurs les plus adulés de la noblesse de Scintilla ne pourrait être qu’un menteur. Il s’appelait Haveloc Novus, et il était la cause de tous leurs malheurs. Quand ils l’avaient rencontré, Novus dégageait une splendide prestance et une grâce incroyable mais les épreuves récentes qu’il avait récemment traversé l’avait tellement avili qu’il en était ruiné. Il devait se douter que son destin n’était plus entre ses mains. Sa vie ne tenait plus qu’à un fil, qu’une parole malheureuse, et il n’avait aucune prise sur cela. Dans quelques minutes, sans doute serait-il mort et Serghar savait que selon toute probabilité c’était le sort qui l’attendait. La détresse de l’homme faisait peine à voir.

Novus se prit la tête entre les mains et éclata une fois de plus en sanglots. Gaexane lui passa les mains autour des épaules et tenta de le réconforter par une prière, mais cela n’eut manifestement pas l’effet escompté. Il éclata en sanglots et poussa un hurlement déchirant, qui finit d’exacerber les tensions entre les uns. Peut être cette prière lui rappelait-elle qu’il avait un temps pris quelque liberté avec la vie de zèle et de pénitence qu’on lui avait enseigné à la Schola Progenium ?

Une masse sombre drapée de rouge se leva avec un étrange grésillement d’exaspération. La chose, large comme deux hommes, s’approcha avec lenteur du danseur, alors que des dizaines de câbles énergétiques et de flexibles s’agitaient autour de lui comme autant de serpents étranges. Ses larges mécadendrites se resserrèrent autour de lui pour passer dans le couloir encombré. Dans la pénombre, il était impossible de distinguer les traits d’un visage masqué par la capuche, mais un humain normalement intolérant, superstitieux et défiant, n’aurait sans doute guère goûté ce qu’il aurait découvert…

-L’Interrogatrice désire-t-elle que je lui fasse une injection ?

Dans un bourdonnement désagréable, les multiples bras de la mécadendrite medicae s’activèrent et l’un d’entre eux s’étendit, pointant une seringue hypodermique vers l’épaule de Novus. Une main d’une pâleur cadavérique s’étira à son tour hors de la manche rouge sombre frangée d’un damier blanc et noir et s’apprêta à saisir sa proie quand Gaexane la repoussa sans ménagement.

-Non merci Lacrise, ce ne sera pas nécessaire, répondit-il avec fermeté. Vargnas et toi l’avez déjà suffisamment bousillé comme cela, ajouta-t-elle froidement.

-Je proteste, émit ce dernier.

L’homme se redressa et sortit de l’ombre dans laquelle il se tenait. Rester dans l’ombre ne lui était pas habituel et cela disait assez qu’il était également anxieux.

-Tu sais aussi bien que moi qu’il aurait été extrêmement dangereux de le laisser en pleine faculté de ses moyens. Il n’y avait pas d’autres solutions.

Gaexane ne répondit rien mais dévisagea d’un regard glacial le psyker assermenté. Elle avait bien du mal à supporter sa détestable égocentricité et son avarice si proverbiale que « faire son Vargnas » était devenu une expression courante parmi eux pour désigner tous ceux qui coupaient les cheveux en quatre pour quelques trônes-gelt. Le psyker albinos, dont les veines bleutées ressortaient horriblement sous sa peau malsaine, s’approcha à son tour. Son armure énergétique légère rutilait malgré l’obscurité savamment entretenue du couloir. Elle semblait briller de mille feux, et la richesse des vêtements de l’individu était tellement déplacée dans un tel contexte de contrition qu’elle se semblait odieuse. Mais au fond d’elle-même, Gaexane devait bien reconnaître qu’il avait raison sur un point : il n’y avait pas eu d’autres solutions que de fabriquer un dérivé ultra-puissant de l’obscura pour empêcher que la chose qui avait pris possession du corps de Novus ne parvienne à ses fins. Mais le corps de Novus y était tellement devenu accro qu’il risquait fort de ne jamais s’en remettre, compromettant totalement l’excellente source qu’il était et qu’ils étaient sensés protéger…

-L’Empereur ne nous pardonnera pas un tel échec, et pire encore il ne nous pardonnera jamais ce que nous avons fait pour le réparer, tança une voix tranchante comme du métal.

L’Arbitrator Grendll sortit de son mutisme. Elle se redressa, se releva, son long manteau noir frappé de l’insigne du redoutable Adeptus se déploya le long de ses jambes comme les ailes d’un corbeau.

-Qu’est-ce que cela pourrait bien changer pour lui ? lui répondit la voix métallique de Lacrise. A ces mots Novus émit un petit cri plaintif.

-Après tout ce qu’il a subi ? Tout ce que vous lui avez fait subir ? Et vous voudriez encore aggraver son état ?

Elle se planta entre Lacrise et Novus, s’interposant de toute sa stature, ses cheveux d’un violet profond encadrant un sévère visage noir au dur tracé. Son œil droit avait été remplacé par une prothèse suite à une mission qui avait mal tournée. L’œil bionique flamboyait d’un rouge sombre mais peu engageant, quand l’autre brillait froidement d’une bleu turquoise. Elle toisa le technoprêtre tout en se vissant la casquette sur la tête.

-Très bien. En toute logique, vous en porterez la seule responsabilité. Je suis formellement déchargé de toutes les conséquences négatives dont l’occurrence est une certitude au taux de probabilité supérieur au seuil critique acceptable. Je dois faire remarquer que la concentration anormalement de phéromone excrétée signifie que…

-Boucle-la, Lacrise.

La surprise coupa court au débit monotone du technoprêtre. Personne jusqu’ici n’avait jamais osé manquer de respect au représentant du culte de Mars ! La tension était sur le point d’éclater, et peut être bien, avec elle, tout le groupe.

Pour ne rien arranger, la porte de l’Inquisiteur Hiérax s’ouvrit enfin…

-MFT-

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  • 10 mois après...

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