Premier chapitre, d'une de mes nouvelles sur le monde de Warhammer.
CHAPITRE I
-"Johan ! Tu devrais venir voir, j'entends de drôle de bruits venant du vieux puits" cria sa femme.
Johan labourait tant bien que mal le champ que lui avait donné son père. La terre y était gelée par endroit. L'hiver était rude et avait aussi bien éprouvé les coeurs que les bourses des paysans de la région. Il en était à sa troisième lame, les deux autres ayant connu un sort tragique dans cette terre dure comme les pierres et avec des pierres aussi dures que le crâne d'un troll.
Son vieux cheval peinait à tirer l'attelage, et Johan tenait tant bien que mal la direction.
-" vient je te dis, j'entends des bruits venant du puits."
-"Tu n'as pas autre chose à faire ! Que d'écouter les râles d'un vieux trou desséché depuis
des lustres !" lui cria Johan.
Le vieux puits du champ des Woodston n'était plus utilisé. Celui ci c'était tari il y à quelques années d'une manière aussi soudaine, qu'elle était passée inaperçue.
Il avait perduré pendant des générations, traversant les grandes sécheresses, les guerres et autres méfaits de l'homme et de la nature.
Il avait été creusé par l'ancêtre des Woodston.
A cette époque, le vieux hangus, faisait le commerce du blé avec les nains. Ses céréales étaient réputées dans tout le pays. Les longues barbes, pourtant avares en compliments, reconnurent son blé comme l'un des meilleurs.
En remerciements, les nains l'aidèrent à creuser un puits, ouvragé par des mineurs et artisans nains.
C'était vraiment du beau travail. Il était large de circonférence et fait de pierres finement taillées. Les armatures étaient en bronze travaillées et le système d'extraction de l'eau avait été pensé pour faciliter la tâche à son utilisateur. Sa profondeur était impressionnante, et allait directement s'approvisionner dans une nappe phréatique.
Les maintes guerres et la rage des orques eurent raison des terres riches et abondantes des Woodston. Là où poussait du blé à perte de vue, à présent, il n'y avait plus rien. Seul restait quelques lopins de terres difficilement exploitables. Avec le temps le puits tomba en désuétude.
"viens je te dis ! " cria t-elle une nouvelle fois " j'entends comme des cliquetis venant d'en bas. Et aussi des sortes de... De... De couinements..."
A ses mots, Urtha, réalisa l'étrangeté de ses paroles.
Johan était déjà loin, et apparemment, n'avait que faire des parlottes de sa femme.
Pour vérifier qu'elle n'était pas folle, elle se pencha au dessus de ce grand trou noir, pour y tendre l'oreille. Elle prit appuie sur les rebords pour mieux écouter...
" par sigmar... Suis-je donc bonne à enfermer..."
Elle se tut un moment, restant là sans rien dire, retenant sa respiration.
Le son qui lui parvenait été sourd et lointain. Mais semblait devenir plus fort, comme si la nature du bruit se rapprochait.
Des cliquetis, comme celui de clés qu'on entrechoque arrivaient jusqu'à elle.
Urtha, n'avait entendu jusqu'à lors qu'un simple écho métallique, mais distinguait maintenant un son très clair.
"quel est donc ce bruit ? " elle se retourna pour appeler son mari, mais celui ci était déjà hors de portée.
"personne ne le croira, si je suis la seule à avoir entendu..."
Urtha décida d'aller chercher Johan, pour qu'il constate de lui même, que ce trou devait être hanté. Surement par son ancêtre, qui voyant comment son petit fils traitait le reste de l'héritage familial, était revenu d'entre les morts pour lui donner une leçon.
Elle se détacha du puits, tremblotante et excitée à cette pensée.
-"un fantôme ! Il ne manquait plus que çà"
Tournant les talons, elle allait partir en criant sur son idiot de mari, quand un nouveau son l'arrêta net.
Les couinements, qui lui avaient paru si étrange tout à l'heure, étaient maintenant amplifiés.
"depuis quand les fantômes couinent ils ?" se dit elle, oubliant ainsi son histoire de revenant ancestral.
Elle se tenait au dessus du puits pour en écouter les entrailles. Sa curiosité l'emportant sur la peur, elle se penchait peu rassurée, épiant chaque bruit, chaque souffle, essayant de trouver une source logique, ou morbide ou horrifique à tout ces couinements. Ils devaient bien venir de quelque part, ou de quelque chose...
Maintenant les sons étaient beaucoup trop fort pour les apparenter au vent, ou à l'écoulement d'un cour d'eau sous terrain.
Soudain, Urtha se redressa, comme pétrifiée par ce qu'elle venait d'entendre. Non, une telle chose ne pouvait être possible, dans un puits...
Cette fois si la peur l'emportait. Il fallait qu'elle se décroche de cette bouche des enfers. Il n'y avait plus aucun doute, ce trou sordide était l'entrée du monde des damnés.
Elle prit appui sur le rebord, pour mieux fuir ce que sa curiosité l'avait malheureusement obligée à entendre.
Mais le vieux mur, qui n'était plus entretenu, ne résista pas, et l'une des pierres céda sous la main d'Urtha. Celle ci privée d'appui bascula en avant.
Entrainée par son poids, elle tomba face la première dans le trou béant. Dans un réflexe elle essaya d'arrêter sa chute en s'agrippant de son autre main, se retenant in extremis au rebord.
Tout son corps vint frapper l'intérieur du puits. Sa figure s'écrasa sur le mur froid. Le visage en sang, sonnée, mais encore consciente. Elle n'arrivait pas à crier, traumatisée par ce qui venait de se produire.
Et de toute façon, à quoi bon. Johan était loin et il n'y avait personne. Elle était là, suspendue dans le vide. Retenue à la vie par sa main accrochée sur ce puits de malheur.
Elle tenta dans un effort ultime d'attraper le rebord avec son autre main, et d'essayer de se hisser hors de ce gouffre.
Le mur bougeait sous ses doigts désespérément agrippés.
La pierre s'arracha, tout comme la vie allait s'arracher du corps de la jeune femme. Elle tomba, avalant une dernière bouffée d'oxygène. Sa tête heurtant à plusieurs reprises les parois du puits.
Dans sa demi mort, Urtha entendait les couinements, se rapprocher.
Non... Ce n'était pas des couinements...
Comme ceux que pourrait faire un animal, une souris ou un rat.
Mais des voix...
Des voix parlant un langage chuchoté et incompréhensible.
Ce n'était pas des cliquetis...
Mais des dizaines et des dizaines de petites pattes, fuyant dans l'obscurité.
Le corps d'Urtha tombait, rebondissant d'une parois à une autre, pantin désarticulé et ensanglanté, d'une jeune femme ayant entendue, aux derniers instants, les rejetons du sous monde.
A SUIVRE...
