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Kayalias

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Messages posté(e)s par Kayalias

  1. Je vous déclare ma flamme

    Depuis ma jeunesse tu éclaires mes nuits.

    De ma vie, père et mère ont voulu t'expier,

    Mais notre lien surpasse l'amour désuni,

    Nous nous sommes quittés pour mieux nous retrouver.

    Je me souviens de la chaleur de ton foyer,

    Quand l'indolence du quotidien je fuyais.

    Notre jardin secret, petit lieu rituel,

    Où l'alchimie se crée sous couvert du ciel.

    Mué en cet adolescent incandescent,

    Tu m'as manqué mais j'ai du faire avec et sans.

    Le chatoiement de tes mèches ondulantes au vent,

    Délice inviolé de par les affres du temps.

    Hier comme aujourd'hui, tu portes mes souliers,

    Passion brûlante dont on me dit fou à lier,

    Il n'est aucune drogue qui puisse m'y soustraire,

    Hormis quelques vérités, surtout leurs contraires.

    J'ai subi le blâme, purgé ma pénitence,

    La loi écartée, ma peine est écourté.

    Sur ce sentier, l'excitation rit en silence,

    Je craque une allumette, l'amour part en fumée.

  2. Pièce maitresse

    Voici la pièce maîtresse d'une synthèse,

    Mes chers lecteurs, puisse n'y avoir aucun malaise.

    Je n'ai jamais réussi une poésie,

    Mais par poésie, je risque ma peau ici.

    Je voulais jouer, mais t'as quitté la partie,

    Ce n'est pas plus mal, tu manquais de répartie.

    Pourquoi ne veux-tu pas t'amuser avec moi?

    Qu'est ce que j'ai fait hormis te tendre mon doigt?

    Tu es représentant de tout le bac à sable,

    Naif fou égaré tu t'es cru incassable.

    Qui aime bien châtie bien dit le dicton.

    La bassesse est de se croire supérieur, dit-on.

    Très virulent défenseur de Victor Hugo,

    Pauvre Homme, s'il voyait comme tu es misérable.

    Ado attardé, ouf tu n'as pas de jumeau,

    En te créant Dieu a commis l'irréparable.

    Aucun talent mais de nombreux talons d'Achille,

    Pourtant je sais que tes fondations sont fragiles.

    Besoin d'un culte de la personnalité?

    Coquille vide pleine de banalités.

    De ta part, je n'attendrai aucune vaillance.

    De toute façon tu n'es qu'un sot à caca,

    Jeu de mot chameau, tu geins en chien de faïence.

    Te morfondant couleur rouge sang, rouge bras.

    Joyeuses fêtes à tous :)

  3. Salut <_<

    Faisons vite.

    Les + :

    Une histoire originale, un contexte historique, un rythme rapide même pour le narrateur qui nous met dans le feu de l'action. Un style épuré et fluide qui me rappele les "tuniques bleues ".

    Les - :

    Je ne vais pas faire ma sainte nitouche mais c'est franchement trop vulgaire. En fait c'est pas la vulgarité qui me gêne, j'aime bien appeler les choses par ce qu'elles sont meme si c'est cru, mais là c'est vraiment un étalage on se croit parfois dans un navet Hollywodien des années 80. Ok ce sont des soldats en guerre mais pas besoin de deux putain par phrase non plus ^_^

    Il manque un petit rappel historique, le contexte etc... Je ne suis pas sur que tous les lecteurs savent pourquoi Mac-mahon est en algérie.

    Dans cette première partie, il y a beaucoup de dialogues mais l'histoire n'avance que peu. Certains dialogues sont vraiment burlesques ( le maréchal qui dort ^^ ) mais je ne sais pas si c'est volontaire. En fait j'ai du mal à cerner ce que tu veux faire : un rappel historique ou une histoire comique basée sur des faits historiques .

    Quelques fautes d'orthographe comme :

    Crèvez, enfoirés d'Arabes !

    Crevez

    La prière du muezzin de la grande mosquée hantent

    Hante

    A un dernier point négatif purement subjectif : je hais Mac-Mahon et son parlementarisme dualiste, même si c'est plus tard. Vive Adolphe Thiers!

    Allez la suite :lol:

  4. Come back, je réponds enfin.

    Est-ce du slam ?

    Tu n'es pas loin de la vérité. Mon idée de base était de pondre quelque chose de vraiment violent dans les mots et le rythme mais je me suis dit qu'il fallait peut-être le censurer en fin de compte... Le slam étant encore trop " mou " à mon gout, mon pari consistait à poster une chanson de... rap.

    En tout cas j'aime bien. Le rythme est bon, et il y a de très bonnes choses.

    J'en suis ravi, même si Petimuel n'est pas d'accord. J'y reviendrai.

    Cependant, fait attention au e muet comme ici

    Oui tu as totalement raison. J'ai commis une grosse erreur en voulant mélanger un texte de rap avec les règles de la poésie. En gros je me suis cassé la tête pour créer des alexandrins, octosyllabes ou décasyllabes ( vraiment ) mais en pensant TOUJOURS à une prononciation orale... C'est à dire en prononçant certains e muet mais pas d'autres. C'était assez maladroit en fin de compte puisqu'on à un mixe des deux ratés, des alexandrins qui n'en sont plus et des freins dans le rythme. J'ai voulu éditer une partie mais je me suis rendu compte que c'était trop tard.

    Ex :

    Cette-euh histoire-euh commence-euh comme-euh toute-euh les autres

    Voilà un exemple typique. A lire :

    Cette histoireuh commenceuh comme touteuh les autres. Prononcé rapidement, c'est plus harmonieux et forme un Alexandrin. Ce n'est pas du bricolage, c'est bien comme ça que j'ai pensé TOUS ces vers. Je voulais en quelque sorte sortir des règles ... tout en les suivant, et ainsi faire " réfléchir " le lecteur quant à la lecture de ces vers pour qu'il retrouve le bon rythme, ou en tout cas celui que je souhaitais. Il faut croire que c'est raté.

    Envolés tout ces je t'aime-euh, toute-euh ces défunte-euh promess.

    Par contre on est d'accord, au niveau de l'ésthétisme il y a mieux.

    Essaie de lire l'épinglé Techniques de Poésie, tu verras deux-trois astuces, notamment dans les techniques avancées, qui sont très utiles

    Je l'ai lu! Si si, de bout en bout. Très utile d'ailleurs mais à mes yeux ma principale erreur n'est pas un oubli de e muet mais une conciliation maladroite de deux styles.

    Merci pour tes précisions sur les e muet, je fais pâle figure avec mon écriture " au feeling " mais ce qui m'interesse le plus est ce que tu laisses en suspend : un rythme bancal. Avec toute l'objectivité dont je puisse faire preuve, je trouve que le rythme ( malgré quelques fausses notes ) est le point fort du texte. J'attends avec plaisir ton commentaire ainsi que celui des autres :lol:

    ( Je préciserai certains points dans la suite )

  5. Mon chéri mon amour, des mots vides de sens.

    Seul avec soi-même, on doit faire face à l'absence.

    A tous les amateurs d'originalité,

    Je vais vous décevoir, rien de neuf au JT.

    Cette histoire commence comme toutes les autres,

    Suis-moi je te fuis, fuis moi je te suis.

    Nos regards fusent comme les mess toute la nuit,

    Les petits oiseaux chantent, le bonheur est nôtre

    Amalgame de clichés, balades romantiques.

    Une pluie de baisers pour une fin tragique.

    Je te vois loin derrière la glace du souvenir,

    Je suis toujours pessimiste quant à l'avenir.

    Je t'ai retrouvé penchée sur le tabouret.

    Ce soir là qu'as tu senti quand il t'a bourré?

    Tu trouves que c'est avec les mots que je joue,

    Ma pauvre, ces mêmes mots coulent sur ma joue

    Mes yeux rougissent, mon crayon tremble.

    Mais je dois finir cette tâche,

    Couper les liens, brûler l'attache,

    On n'devait pas finir ensemble.

    Envolés tous ces je t'aime, toutes ces défuntes promesses?

    L'enfoiré cherchait peut-être la vertu au fond de tes fesses.

    Mesdames et messieurs, veuillez m'excuser pour la vulgarité,

    Vous trouvez ça choquant? Pas moi c'est la version censurée

    Écrire ou bien prendre mon courage à deux mains.

    Mon chéri, mon amour, aurevoir à demain.

    Ces derniers mots toujours gravés dans ma mémoire,

    Terrain hostile, abysse du désespoir.

    Avant toi, j'étais contre la lapidation,

    Depuis notre rupture j'ai changé d'opinion.

    Seigneur, Seigneur, pitié éxauce mes prières,

    Seigneur, Seigneur, laisse moi jeter la première pierre.

    Mon amour et ma volonté n'ont rien changé,

    Fou que j'étais, tes bras n'ont pas cicatrisé.

    Encore victime de ma mégalomanie,

    Ironie du sort, ma chère mélancolie.

    Le whisky-coca ne peut noyer l'amertume,

    Quand l'odeur de la trahison amère tu humes

    Ma chérie, pas de Roméo à la fenêtre,

    Juste un malade, armé d'un neuf millimètres.

    Je suis devenu homme de fer aux joues rouillées.

    Quand on se reverra ce sera dans mes songes.

    Pour penser au pardon j'ai la perpétuité.

    Un millier de sourires, un millier de mensonges.

    A H.

  6. Le nouveau Concours de poésie sera bientôt là, et ce sera quelque chose que vous n'avez encore jamais vu jusqu'ici ; et qui n'a jamais été réalisé, de mémoire d'homme (c'est dire).

    Inscrivez-vous dès maintenant, membres de la section Poésie, vous ne le regretterez pas.

    Le sujet arrivera dans quelques jours/semaines/lunes, tenez-vous prêts !

    Et moi qui pensait qu'on avait l'exclusivité sur le forum récit :)

    Pressé de voir ce que ca donne.

  7. Bonjour et merci pour les nouveaux commentaires. C'est toujours agréable de voir que l'histoire plaît.

    La suite :)/>

    ***

    — Tu n'es pas le bienvenue ici, tonna le maître des lieux.

    — Allons, allons Groth, je t'ai connu plus hospitalier, rétorqua son hôte

    Le serviteur du grand hermaphrodite dansait d'excitation, juste derrière le palanquin. A plusieurs reprises, il enroula son bras sensuel autour du cou de son homologue et le caressa, comme l'on féliciterait son coursier. Groth craignait visiblement son interlocuteur et n'osait intervenir par les armes. Le Gardien des secrets quant à lui ressentait le malaise et ne put réprimer un ronronnement de plaisir.

    — Mmmh la peur... Si délicieuse.

    Ses mouvements gagnèrent en rapidité et en fluidité. La danse élégante qu'il menait envoûtait l'assemblée. Aucun dévot de Nurgle ne s'éleva dès lors.

    — Je ne suis pas dupe, reprit Groth, un peu plus absent.

    — Vraiment ? rétorqua le Gardien des Secrets avec force d'ironie.

    — L'elfe nous appartient désormais. Si tu tentes quoi que ce soit, mes serviteurs ne te laisseront aucune chance.

    Le timbre de sa voix se voulait déterminé, mais la terreur le trahissait, empestait plus fort encore que sa carcasse pourrie.

    — Voilà une étonnante lucidité dont tu fais preuve, mon frère. Si seulement le partage t'était pareille vertu.

    Il marqua une pause puis ajouta :

    — Ton armée est bien moins impressionnante que dans mon souvenir. Tes bâtiments sont en ruine et la frontière de ton fief s'est considérablement réduite ; je sens la sauvagerie des bêtes, je sens la marque féroce de Khorne. L'invasion a frappé n'est-ce pas ? Qu'as-tu donc négocié pour qu'ils épargnent ta vie et celle de ces renégats ? Penses-tu réellement que céder le mortel apaisera la colère de notre ennemi ? Mon pauvre frère, bien triste est la faiblesse d'esprit dont tu fais preuve. Tu n'es plus que l'ombre de toi-même. Toi et toutes tes terres êtes condamnés.

    — Peut-être dis-tu vrai, mais l'histoire m'a donné raison. Jamais plus je ne te ferai confiance. Ne m'appelle plus mon frère, quitte ces lieux et emporte avec toi le mensonge que tu ne cultives que trop bien.

    Le Gardien des secrets n'eut pas pour habitude qu'on s'oppose ouvertement à lui. Son sang démoniaque ne fit qu'un tour et sa véritable nature fut exposée au grand jour. D'un geste vif, il glissa le tranchant de sa pince sur la gorge du maître des lieux, juste en dessous du menton puis la scia d'un geste sec. Plusieurs pustules explosèrent libérant un flot gluant et jaunâtre alors que la victime se noyait dans son propre sang. Entre deux infâmes plaintes agonisantes, elle eut tout juste le temps de crier l'ordre. « Protégez-le... », avant de s'effondrer sur le sol maculé. Grimlok et Festlok, les deux porte-pestes préposés obéirent immédiatement, tandis que les dévots dégainèrent pour venger l'affront. Le maître des plaisirs se dressait au sommet du palanquin, le visage sali par le meurtre fratricide. Sa queue serpentine fouettait l'air d'excitation. Il s'adressa à une foule invisible.

    « ... Il est de notre devoir d'éliminer les faibles qui s'opposent à nôtre dessein. J'offre ce domaine à quiconque me rapporte le mortel vivant. Que le grand hermaphrodite guide votre bras et que sa volonté soit faîte ! Souffrez bien mes frères ».

    A son discours une grande clameur retentit dans la plaine. Les illusions se dissipèrent alors que des dizaines de pinces claquaient dans l'air, menaçantes. Le Gardien abaissa son unique bras valide et la horde chargea comme un seul homme, galvanisée de fausses promesses.

    Le fracas des armes résonna jusque dans les souterrain par delà lesquels Grimlok et Festlok conduisaient Malékith. Très affaibli, ses yeux distinguaient quelques rares éclairs lumineux dans la pénombre. Des ustensiles métalliques faits pour serrer, couper, percer trônaient sur des étagères rongées par l'humidité. Arrivés dans une pièce à l'éclairage faible et au parfum étrangement neutre, les deux acolytes relâchèrent l'elfe sur le sol.

    — Lève-toi ! piailla Grimlok d'une tonalité de soprane.

    — Imbécile, ne vois tu pas qu'il est trop faible pour marcher ? s'enquit Festlok à la tonalité plus grave.

    — Tais-toi ! N'oublie pas que j'ai les faveurs du maître !

    — Le maître est mort Grimlok. Il souhaitait que l'on expérimente sa nouvelle peste sur l'elfe avant de le livrer vivant aux Khornites et je respecterai sa dernière volonté ; mais il est toutefois trop faible, il ne supporterait aucune inoculation.

    Festlok trifouillait dans l'armoire.

    — Bon sang ! Où es passée cette fichue fiole ?

    — Festlok, je t'interdis de...

    L'interpellé interrompit sa recherche et s'approcha de son comparse, qu'il dominait d'une tête.

    — Qu'y a-t-il Grimlok ? Que vas tu donc bien m'interdire ? Ta servilité ne souffre aucune rivale si ce n'est peut-être ta médiocrité. Au rythme du traitement que tu lui infliges, l'elfe ne tardera pas à trépasser. Il me faut intervenir, écarte toi.

    Grimlok voulut ajouter quelque chose mais Festlok l'interrompit d'un geste furieux.

    — Si tu dis un mot de plus, je te livre au Slaneshiis. Nous verrons alors quel redoutable combattant tu fais, railla le géant.

    Les mots semblaient avoir convaincu le démon qui maugréa un temps sa frustration avant de se murer dans le silence. L'autre poursuivit quant à lui sa recherche.

    — Nous y sommes ! s'exclama-t-il, triomphant. Une simple goutte suffira, je ne voudrais pas non plus que tu nous mettes en danger, s'adressa-t-il à l'attention de l'elfe mourant. Nous avons déjà fort à faire à l'extérieur.

    Il s'approcha de Malékith dont la tête pendait inerte, et le soutint d'une seule main. Grimlok s'approcha à son tour et frappa de toutes ses forces dans la cuisse de l'elfe.

    — Bois maintenant ! rugit-il.

    — Il suffit Grimlok ! Quel plaisir prends-tu à brutaliser un souffrant ? Ne vaudrais-tu pas mieux que nos ennemis ?

    Sur ces paroles, il déboucha la fiole à l'aide de sa mâchoire cariée et en versa une goutte, pas plus, dans le gosier de l'elfe inconscient. Au même moment, les vitraux du caveau se brisèrent et plusieurs silhouettes féminines jaillirent des éclats de verre. D'une pirouette gracieuse, elles touchèrent le sol, affichant un sourire satisfait. De stupeur, Festlok laissa tomber la fiole dont le breuvage se répandit sur le sol. Puis il tira une lame courbe érodée de son fourreau.

    — Beau travail, mes chères, nous l'avons finalement retrouvé.

    — Un jeu d'enfant, susurra la plus vicieuse.

    — Mettons fin à cette mascarade mes soeurs et capturons le, ajouta la troisième.

    Festlok en appela à Grimlok mais celui-ci s'enfuit à toute jambe avant qu'un dard ne le transperce de part et d'autre. Il s'effondra, les yeux rougis et exorbités.

    — Quels lâches font-ils ; pas étonnant que les Khornites les massacrent, cracha-t-elle avant de retirer sa pince du corps de Grimlok.

    Les succubes désignèrent Festlok, impassible.

    — Regardez-le, il semble vouloir se battre.

    — Comme c'est touchant. Une offense à tout ce qui vit, nous allons le défigurer.

    — Mais comment veux-tu défigurer un visage déjà si laid soeurette ?

    Elles partirent toutes les trois d'un rire dément. Festlok ne répondit pas à la provocation. Il se contenta d'avancer vers elles, déterminé.

    — Il semblerait qu'il veuille vraiment en découdre !

    — Quelle arrogance.

    — Éliminons-le une fois pour toute.

    Le regard uniformément concupiscent, elles dévisageaient Festlok. Rapidement, elles démontrèrent toute leur habileté au combat. Leurs jambes fines virevoltaient, leurs bras tournoyaient formant une véritable tempête de lames à laquelle rien ne pouvait survivre. L'agilité faisait cruellement défaut à Festlok qui tenta tant bien que mal de parer les coups. Sa lame rencontra celle d'une démonette, avant de sentir comme une brûlure au bras, puis à l'aine, puis au bas ventre avant qu'il ne s'effondre, terrassé. Les trois succubes se retirèrent un instant pour savourer la détresse de leur proie. Festlok se tordait au sol, les bras serrés contre son corps pour espérer en retenir les viscères.

    Dans le même temps, la mixture de la fiole faisait effet. Malékith s'éveilla brusquement sur le sol humide, les souvenirs confus. Il se souvint néanmoins qu'on le força à boire un étrange remède. Rien ne lui était plus sur. Il tourna la tête avant de voir avec horreur trois démons qui encerclaient un quatrième, à l'apparence très différente. Si cruelles et si belles à la fois, il n'eut aucun doute quant à leur obédience. Elles venaient le chercher. Encore très faible, il rampa jusqu'à la flaque verdâtre qui maculait le sol. Le Prince réprima son dégoût puis lapa à même la pierre autant de liquide revigorant qu'il le put avant que les succubes lui prêtent toute leur attention.

    — Regardez-le, soupira l'une d'entre elles, en désignant Festlok. J'ai honte pour lui.

    — Il y a de quoi, ajouta une seconde aux courbes juvéniles.

    — Laissez-le moi, il y a si longtemps que je n'ai pas quitté le temple. J'ai le droit à un peu de distraction, conclut la troisième.

    Elle s'approcha langoureusement de Festlok, un rictus tordait son sourire. Le démon gisait toujours au sol au milieu de ses entrailles. Si Nurgle lui épargnait d'abominables souffrances, il ne récupérerait cependant jamais. La nymphe s'adressa à lui avec condescendance :

    — L'entends-tu ? Le silence. Il signifie que les combats ont cessé. Ce fief nous appartient. Ta carcasse sera le seul témoin du renouveau.

    De rage, Festlok régurgita un mélange de bile et d'intestins putréfiés qui brûlèrent la démonette au visage. Ses soeurs ne purent que constater l'épouvante de la situation. Ses traits fondaient sous l'acidité révélant de profondes crevasses. La bile s'insinuait dans ses orbites, son nez et sa bouche. En quelques secondes, son corps agité de soubresauts sombra mollement, méconnaissable. Les deux autres succubes horrifiées se couvrirent de leurs mains, peu avant qu'une force invisible ne les projette brutalement contre la paroi du caveau. Leur corps s'écrasa dans un craquement sec, puis retomba. Leur nuque brisée épousait un angle mortel. Malékith se tenait debout, plus vigoureux que jamais, la paume de sa main droite encore fumante.

  8. Dialogues de nobles, dialogues ampoulés ;)/>

    Voilà la suite, bonne lecture !

    ***

    Au sommet de la butte, point de tunnel, ni lumière blanche, seulement une mort puante. La voix gutturale reprit de plus belle :

    Les enfants, nous avons de la visite...

    Malékith n'expliquait pas le paradoxe de cette voix vide, désincarnée, mais pourtant si chaleureuse. Elle suscita en outre une vague de piaillements joyeux de la part des Nurglings, ces petites créatures vicieuses, difformes et pourrissantes. Ils sautillaient dans la vase et se mordillaient joyeusement. Les créatures humanoïdes cessèrent elles-aussi leur festin et contemplèrent le seigneur démon de leur unique oeil. Une fois l'attention de ses auditeurs captée, ce dernier rugit :

    Amenez-le moi.

    Dès lors, une centaine d'yeux se portèrent instantanément au sommet de la dune. La silhouette sombre recroquevillée sur elle-même se redressa soudain. A bout de force, la souffrance ralentissait chacun de ses gestes. Par orgueil ou par folie, l'elfe dégaina d'un geste ample, dévoilant une lame noire de jais, puis se positionna en garde, immobile. Les démons ne semblèrent nullement impressionnés et bondirent sur lui plus implacables que la mort. C'était un combat inégal qu'il n'avait aucune chance de remporter mais son esprit était vide de tout sentiment. Il n'avait plus peur de la mort. Au contraire, celle-ci lui sembla être une amie fidèle qui le délivrerait bientôt.

    Son premier adversaire survint enfin. Petit, rond et laid. Une bouche disproportionnée garnie de minuscules crocs tenta de lui gober le visage. Ce ne fut sans compter la lame d'acier qui s'abattit lourdement sur la face du monstre, lui entaillant le crâne jusqu'à la gorge. Les adversaires se ruèrent à plusieurs désormais. D'un moulinet, le Prince trancha le bras putride qui voulut le saisir et asséna un violent coup de coude au porte-peste qui se glissa en silence dans son dos. Il sentit une légère secousse, avant que deux mains ne jaillissent du sable et le maintiennent fermement. Il tenta d'occire le démon de son épée, mais deux autres créatures l'immobilisèrent à leur tour. Plusieurs Nurglings bondirent sur lui et le renversèrent. Une patte griffue lui lacéra le visage puis il fut entièrement recouvert par la marée putride.

    Mes petits, vous avez bien travaillé. Approchez et savourez votre récompense

    Malékith perçut quelques rires suraigus et sentit qu'on le traînait au sol. La débauche d'énergie avait été trop forte et l'avait épuisé. Ses paupières étaient trop lourdes à porter et il sombra rapidement dans un état de semi-conscience, ouvrant tantôt un oeil pour le refermer aussitôt. On versa sur l'elfe un liquide froid et gluant qui l'extirpa du rêve. D'épaisses gouttes verdâtres dégoulinèrent sur son visage et le long de ses cheveux. Malékith se balançait, pieds et points liés, le long d'une chaîne brunie par la rouille. Ce qu'il découvrit le glaça d'horreur. Une cohorte de cadavres ambulants étaient penchés sur son corps et l'observaient d'une curiosité malsaine. Le souffle de vie avait quitté ces êtres depuis des lustres, mais c'était sans compter la puissance sombre qui parcourait leur corps et nourrissait à présent leurs tissus. Certains approchaient parfois une main putréfiée, effleurait le visage de l'elfe pour se retirer aussitôt. Derrière la marrée nauséabonde, une gigantesque larve boursouflée se tenait accoudée sur ce qui semblait être un palanquin, dont l'amas d'acier fumant ployait sous sa masse. Devant l'apparent maître des lieux, se dressait une esquisse lumineuse. Malékith devina avec incertitude un récipient de bronze craquelé d'où suintait une vapeur sinistre. Un cri strident lui déchira les tympans.

    « Maître, il s'est réveillé ! Maître, Maître j'ai réussi ! ».

    La petite créature tenait entre les mains un seau visiblement vide. Son visage, ravagé par la vérole n'inspirait à l'elfe que du dégoût. Après un silence dubitatif, le maître des lieux s'exprima en ces termes :

    — Oui Grimrok... Tu as bien travaillé, en effet. Cet être est un mortel, un elfe, précisa-t-il.

    — Qu'est-ce qu'un elfe ? l'interrompit un petit être bouffi.

    — Silence quand notre maître prend la parole ! cria une voix autoritaire au milieu de la horde.

    Le seigneur démon adopta un visage indulgent que Malékith ne pouvait voir, puis les mots franchirent à nouveau sa large bouche.

    — Point d'emportement mes frères. La question du jeune porte-peste est légitime. Certains parmi vous n'ont pas côtoyé le monde des vivants. Un elfe, disais-je est un mortel dont la vie est sensiblement plus longue que celle des hommes. Ils vivent reclus sur une île lointaine du vieux monde que l'on nomme Ulthuan. De nombreux elfes disposent d'aisance naturelle quant à la maîtrise des vents de magie. Je ne sais ni d'où, ni pourquoi ce spécimen s'est présenté à nous, médita le Seigneur démon en désignant le Prince.

    Un silence perplexe parcourut l'assemblée.

    — Quoiqu'il en soit, il s'agit une bénédiction, un cadeau de père Nurgle. J'ai déjà rencontré les membres de son espèce par le passé ; ces elfes sont une espèce intelligente, très résistante aux altérations magiques et physiques. Il constituera un sujet d'étude de choix !

    A présent son regard moribond se portait distinctement sur le Roi Sorcier.

    — Grimrok, Festlok !

    — Oui, mon maître, répondirent en choeur les deux interpellés.

    — Amenez le au laboratoire et commencez l'expérience. Ne le laissez surtout pas trépasser, ma dernière peste n'est qu'en préparation.

    Les petits yeux ratatinés de Grimrok brillèrent de fierté alors que Festlok détachait l'elfe amorphe pour le transport.

    Une masse ombreuse glissa en silence derrière la cohorte avant qu'une voix douce et sucrée, presque familière ne retentisse :

    « Navré d'interrompre vos festivités très chers, nous venons récupérer ce qui est nôtre ».

  9. Bonsoir et merci pour les commentaires.

    Sinon, voici la suite, le deuxième chapitre qui sera moins long que le précédent, mais il me reste quelques idées pour la suite. Le plus gros frein reste la flegme et les idées annexes qui tendent à m'éparpiller et à changer de projet en cours de route. Bref rassurez vous Ô mes quelques fans, je finirai. Et si je m'égare bottez moi le train! Bonne lecture :P/>

    ***

    Chapitre 2 : désespoir et tourments

    La dernière image que vit Malékith fut un visage grimaçant de haine sur lequel il pouvait lire que dans ce monde ou dans l'autre, son geôlier le retrouverait.

    Les énergies du Warp l'engloutirent aussitôt et l'entraînèrent dans une chute vertigineuse. Au loin, le spectre des étoiles révélait un corps sombre, tourbillonnant sur lui-même. Sa cage thoracique broyée par le vide, ses viscères au bord de l'éclatement, le Roi Sorcier ne parvint plus qu'à inspirer de manière saccadée. Le reflux l'attira plus profondément encore dans les limbes jusqu'à ce que l'univers clairsemé n'embrase ses astres. Désormais immobile, suspendu dans le vide la gorge nouée à une potence invisible, l'elfe capta du regard un éclair scintillant. Craignant d'être abusé, il redoubla d'effort pour discerner cette masse informe qui approchait. Du néant jaillit un essaim de créatures ailées aux griffes inégales au aux crocs longs comme des dagues. Le feu des étoiles se reflétait sur leurs ailes d'obsidienne. Elles battaient la cadence de leurs membranes furieuses en direction du Prince.

    Un vent de panique traversa l'échine du Roi Sorcier, toujours prisonnier du vortex. Les gargouilles fondaient sur lui par centaines et bientôt elles lacéreraient son visage et le dévoreraient vivant. D'abord ses yeux lui seraient arrachés, puis ses membres. Les démons se battraient ensuite pour quelques lambeaux de chair plus savoureux encore. Sans doute hurlerait-il et rapidement le calvaire s'achèverait. Il bouillonnait de rage autant que de frayeur et la fierté parla à sa place. Refusant de périr ainsi, il menaça dieux et démons, poussant de terribles jurons et aspirant vengeance. Cette fois, l'essaim fut sur lui mais il ne cilla pas.

    Un choc sourd se fit entendre, comme si ses menaces avaient été entendues par quelque divinité. Les gargouilles heurtèrent avec fracas une paroi invisible qui recouvrait le vortex. Étourdies, la plupart poussèrent un hurlement de frustration tandis que quelques cas isolés tentaient à nouveau de franchir la frontière immatérielle. Elles griffaient férocement la paroi, mais leurs pattes glissaient, impuissantes à percer la nova. Stupéfait d'être encore en vie, Malékith ravala momentanément sa rancoeur :

    « Cette prison est une véritable bénédiction ! » s'exprima-t-il, avant d'être pris d'un rire dément.

    Les hoquets de son corps obturaient un peu plus ses poumons, mais il trouva la force de s'adresser aux démons selon ces termes :

    — Pitoyables créatures jouets des dieux sombres, vous n'êtes pas maîtres, même en votre domaine.

    Les créatures en question cessèrent leur assaut dérisoire contre le bouclier, puis se rassemblèrent. L'essaim compact gagna en cohésion et adopta bientôt la forme d'une sphère en pleine révolution. Après de nombreuses rotations, la sphère organique emprunta l'aspect d'un jeune homme séduisant, aux traits fins et à l'iris sombre. L'éphèbe émit un gargouillis immonde avant de répondre à la provocation.

    — Sauvegardez l'arrogance pendant que vous le pouvez encore. Les dieux vous observent, jeune Prince. Sachez qu'une fois leur amusement tari, un sort pire que la mort vous attend. Notre commanditaire en sera le premier informé.

    Contrarié Malékith ne tarda pas à réagir.

    — Ainsi, Sharaz vous envoie ?

    Un nouveau gargouillis infâme se confondit avec le battement d'ailes des gargouilles.

    — Vôtre très chère Alyndra brûle pour ses pêchés. N'entendez vous pas ses gémissements depuis les limbes ?

    De légères plaintes, aussi faibles que des murmures émanèrent de l'essaim et achevèrent de briser le coeur de l'elfe.

    — Bientôt, vous la rejoindrez, persifla l'immense bouche à la voix inhumaine.

    La peur avait abandonné Malékith depuis plusieurs minutes, mais le nom d'Alyndra ressurgit dans son esprit tel un fer chauffé à blanc. Son souvenir douloureux raviva en lui colère et impuissance.

    — Puisque me voici condamné, murmura-t-il, permettez-moi de vous offrir un ultime divertissement.

    Sa volonté unie en un seul objectif, il plia les énergies à l'extérieur du vortex, formant une auréole de lumière qui emprisonna l'essaim. Pendant quelques courtes secondes, la sphère noire sembla comme nimbée de flammes. L'étau de braise se renferma sèchement, libérant une énergie destructrice sur un visage dont l'offense n'était que trop caractérisée. Un gargouillis lointain se répercuta dans le néant, puis vint un silence pesant. La nuée avait disparu. Lentement, les énergies du vortex se dissipèrent et Malékith poursuivit son périple. De toutes ses forces, il tentait de chasser Alyndra de son esprit tourmenté.

    D'abord indolente, sa chute n'en fut que plus intense. Les énergies du warp noircissaient sa vision mais le temps d'un battement de cil, il aperçut un sol jaunâtre se rapprocher dangereusement sous ses pieds. Une dernière inspiration coûteuse puis ce fut l'impact. Ses membres inférieurs subirent toute la violence du choc. Sa jambe droite légèrement inclinée se planta dans un sol granuleux, tandis que son bras droit amortissait le buste. Son corps s'était enfoncé jusqu'à la taille, tandis qu'un craquement sec en provenance de son humérus lui arracha un juron. Il ne réalisa pas tout de suite que son membre était fracturé. Ce ne fut que lorsqu'il essaya de dégager son bassin du sable qu'il poussa un cri de douleur. Il maudit cet endroit puis creusa autour de lui un sillon à l'aide de son bras valide qui lui permettrait de s'extirper.

    Une grimace sur les lèvres, il se leva et observa le territoire qui se présentait à lui. Il surplombait une dune. D'autres apparurent à l'horizon. Autour de sa position, un océan de sable recouvrait tout. La nature des grains ne semblait pas ordinaire. Ils se décomposaient en minuscules particules volatiles, fouettées par le vent sec. Malékith pouvait les sentir se fixer sur chacune des plaques de son armure et l'appesantir. Les grains souillés d'énergie maléfique cherchaient à le recouvrir, l'ensevelir et le corrompre. Malékith se hâta à quitter l'endroit au plus vite. Il n'y avait pourtant que le désert à des lieues à la ronde, tandis que le soleil tachait le ciel de son éclat malfaisant.

    Le bras raidi, collé au corps, le Prince décida d'avancer vers ce qui lui semblait être le nord. Ses chausses s'enfonçaient lourdement dans le sable, comme pour le retenir. Chaque pas lui coûtait un souffle et chaque souffle l'affaiblissait d'avantage. Les particules d'or virevoltaient à son passage, se heurtant aux enchantements de son armure de fer noire. Malékith veillait constamment. Des assemblages d'os humains ni morts ni vivants, le suivaient de leurs orbites, prêts à bondir s'il s'approchait. Comme pris d'hallucinations quelques minutes plus tard, Malékith sentit le sol se dérober sous ses pieds. Il roula sur quelques mètres, avant de se rééquilibrer en agrippant le cadavre d'un basilic. Des larves grouillaient à l'intérieur de son estomac gonflé. Quelques unes projetèrent leur suc acide en direction de l'elfe, voyant là une nouvelle source de vitalité à conquérir. Malékith protégea son visage et esquissa un geste de recul, surpris de l'agressivité de ces insectes à l'apparence si faible.

    Il reprit sa progression, lente et pénible. Le paysage restait constant : du sable, des ossements et des dunes à perte de vue elfique. La marche s'éternisait. Le soleil le brûlait. Une fatigue intense l'envahit. Ses pieds se firent lourd, ses jambes tremblaient et sa respiration ressemblait d'avantage à un râle d'agonie. A bout de force, il s'affaissa dans un fracas métallique. De sa main valide, il tentait de saisir le sable inconsistant et de hisser son corps dans une fuite en avant. Effort futile. Ses forces le quittaient et il s'abandonna un instant. La mort n'était peut-être pas si désagréable à bien y penser ; les grains chauds effleuraient sa peau d'une douceur réconfortante, en même temps que sa conscience s'éclipsait, calme et sereine.

    Une voix grave et profonde le tira de sa torpeur.

    Que faire ? Où aller ? Tous les chemins mènent à la souffrance et à la mort.

    Malékith releva la nuque, aux aguets. Qui s'adressait à lui ainsi ? Dans l'énergie du désespoir, il parvint à se relever. Une curiosité insensée lui insuffla le reste de force qui lui manquait. Sans plus sentir de réelle maîtrise sur son corps, une conviction l'animait. Sans savoir pourquoi il devait franchir cette ultime dune qui se dressait sur sa route.

    Douleur et tourments, voilà tout ce qui vous attend.

    Le timbre à la fois rassurant et menaçant de cette voix inconnue dépossédait un peu plus l'elfe et il chuta dans sa frénésie, à quelques pas seulement du sommet de la butte. Sa frustration était immense, mais sa gorge si sèche l'empêcha d'émettre le moindre son. Dans un dernier élan, il rampa mètre après mètre, arrachant son corps de l'étreinte sablonneuse. Le soleil illuminait toute la vallée d'une clarté aveuglante. L'espace d'un instant, Malékith savoura son triomphe dérisoire. Il joignit les bras vers le ciel et inspira à pleins poumons. Immédiatement, une odeur fétide le fit défaillir. La clarté retomba pour découvrir une vallée aride, creusée de rivières fumantes et parsemée d'arbres morts aux contours torturés.

    De petites créatures babilleuses jouaient dans l'écume verdâtre et se roulaient dans la fange. L'air irrespirable provenait du charnier ouest. Un trou creusé à même le sol où gisaient des centaines de corps pourrissant semblables à des poupées de chiffons repliées sur elle même. Sur ce tas de chair se promenaient d'autres créatures minuscules qui sautillaient gaiement sur les crânes où la peau plus fine avait été rongée. D'autres silhouettes, vaguement humaines rôdaient parmi les cadavres. Ces êtres décharnés et muets taillaient les membres de leurs épées rouillées et dévoraient goulument les restes. Un épais nuage de mouches baignait dans cette puanteur, formant un écran entre le ciel et la terre. La douceur promise lui semblait maintenant douloureuse. L'espérance l'avait quitté. La douce pensée d'Alyndra semblait si lointaine... Physiquement affaibli et moralement accablé, deux perles vermeilles glissèrent le long de sa joue. Une masse informe, plus haute qu'une montagne émergea de la brume nauséabonde. Elle rampait difficilement sur le sol et son corps putréfié était sans cesse parcouru de convulsions. D'une voix pleine de pus, le seigneur démon dit avec force :

    Ici, pas de salut pour les âmes.

  10. EDIT réecriture 18/11/13 : merci pour tous vos commentaires, voici la fin du premier chapitre.

    ***

    Les deux sentinelles se firent face, pivotant longuement autour d'un cercle invisible. L'une des deux s'élança soudain sur l'autre, soulevant une grande quantité de végétaux, dont les pétales retombèrent en pluie chamarrée. Son adversaire ne tarda pas à réagir et les pinces des démins fendirent l'air, dans un mouvement parfaitement symétrique. Au tout dernier instant, l'un deux pivota sur lui-même et dévia la trajectoire de sa frappe. Celui qu'il affrontait anticipa son geste et l'esquiva d'un bond sensuel. Les deux protagonistes ne tardèrent pas à se charger à nouveau, sifflant de mépris. Ils se heurtèrent en une onde de choc terrifiante ; tous deux maniaient leurs pinces tel un bretteur maniant l'épée. Une attaque vicieuse fut parée d'un pas latéral, tandis que la contre attaque vint s'écraser contre une carapasse dure comme l'acier. Le démon qui en fut la cible ronronna d'un plaisir concupiscent. Il passa la langue le long de ses lèvres mauves, retroussées, puis se jeta sur son pendant. Le gardien se déplaça à une vitesse que l'on peinait à suivre. Son corps devint comparable à celui d'un serpent, dont les ondulations hypnotiques trompaient l'oeil sans cesse. Le heurt semblait inévitable, quand le démon se volatilasa un court instant. Son jumeau prédit la sournoiserie. Il se retourna vivement et frappa la sentinelle d'un violent coup de pied, au niveau du menton. Le démon roula au sol et gémit, inconscient.

    D'un sourire satisfait le potentiel vainqueur du duel plongea son regard dans celui de Malékith. L'elfe lui renvoya son sourire et pointa un doigt nonchalant en direction de son épaule. Le démon ne comprit que lorsqu'il vit une pince dépasser de son thorax. Son opposant se tenait fléchi, à distance maximale pour éviter toute représaille. Le gardien meurtri se contorsionna quelques secondes, puis d'un geste qu'aucun homme n'eut pu accomplir, passa sa propre pince dans le dos, tranchant net le membre qui le transperçait. Les tambourins de la fête recouvrirent les hurlements bestiaux des duélistes, tandis qu'un liquide noir se répendait sur le parterre de fleurs. Le trou béant de la poitrine du démon dégoulinait de sang. Sa blessure aurait terrassé n'importe quel mortel, mais son essence démoniaque lui accordait une résistance supérieure. Il tituba et inspira avec peine. Quand il fit volte-face, son adversaire estropié pansait ses plaies, du moins l'imaginait-il. Comme paralysée, la sentinelle méditait, bras croisés. Dès lors, un double d'elle-même se matérialisa dans les jardins. En tout point semblable à son créateur, une seconde, puis une troisième illusion apparurent. Elles encerclèrent l'infirme, dont la queue fouetta l'air en signe de défi. Il frappa le sol une première fois et la vague d'énergie fit vaciller les illusions. Il frappa encore et celles-ci faillirent disparaître entièrement.

    Malékith profita de la confusion pour se débarrasser de ses courtisanes. D'un seul mot, il priva leur corps d'essence. Leur visage se pétrifia, tant de surprise que d'horreur, tandis les délices de la vie leur échappaient. « Enfin délivré de leur insupportable compagnie », pensa l'elfe. Il s'assura que les deux démons combattaient toujours. Au loin, les gardiens tourbillonnaient en un ballet aussi esthétique que mortel. Les immortels livraient un combat sans pitié et toute leur attention y était mobilisée. Malékith tira les carcasses desséchées des succubes plus profondément dans le massif. Une fois que les corps furent dissimulés, le Prince se faufila aussi vite qu'il le put vers la grande porte, à l'entrée du cloître. Les énergies arcaniques emplissaient ses poumons d'une vigueur nouvelle et prudemment, il franchit les battants de bois. Une antichambre à la blancheur parfaite s'offrit à lui. En désordre sur le sol, gisaient de nombreux items. Tantôt décoratifs, tantôt fonctionnels. Tous étaient enchantés. Sous une pile de calices incrustés de rubis, une masse sombre contrastait avec la blancheur du marbre. L'elfe poussa un soupir de soulagement, car au sol gisaient son armure et son épée. Il posa genoux à terre, s'apprêta à les saisir lorsqu'une grande clameur le fit tressaillir. A l'emplacement où il jura n'avoir apperçu qu'un simple mur en entrant, s'était esquissée une poterne. L'orgueil d'avoir retrouvé ses effets effets, mêlé à la curiosité dévorante lui firent jeter un oeil au delà du passage.

    — Sa Majestée, le Roi Malékith ! annonça une voix puissante qui se perdit entre les voûtes du palais.

    Des cors retentirent et des centaines de lanciers à l'armure chatoyante s'agenouillèrent en réponse à ce nom. Leurs regards n'exprimaient aucune haine à la vue de l'elfe. Bien au contraire, leurs yeux brillaient d'une admiration difficilement contenue. Des étendards sable et argent ornaient le plafond de l'antique salle d'Antec. Aucun mot ne pourrait décrire la stupeur de Malékith à cet instant. Plusieurs nobles s'approchèrent de lui, sans intention belliqueuse. Un sourire éclatant illuminait leur visage. Tous firent révérence et l'un deux prit la parole :

    — Voyez par vous-même l'admiration que notre peuple tout entier vous porte, dit-il tendant le bras droit le long des colonnes de guerriers. Grâce à vous, la race elfique connait un second âge d'or. Votre père serait fier de vous, Ô mon roi !

    Pour Malékith, ces paroles semblèrent irréelles, tant il les avait espérées. Elles se répercutèrent en écho contre les parois de son crâne, quand une main à la fois fine et puissante l'aggripa par l'épaule. Une force immense l'entraînait jusqu'à l'embrasure de la porte, tandis que les regards indolents de ses admirateurs s'éloignaient. Les battants de bois se refermèrent simultanément sur la salle du trône et Malékith fut pris d'un profond engourdissement. A la vue des membres féminins posés contre son torse, il comprit qu'on le maintenait encore. Il tenta en vain de se libérer de l'étreinte, alors que ses forces l'abandonnaient. A un instant, il perçut contre sa nuque le souffle d'une jeune femme, dont l'haleine fruitée apaisa ses inquiétudes. Les murs de la pièce tournaient autour de lui et une fatigue intense l'écrasait. Il sombra progressivement, s'affaissant de tout son poids dans des bras voluptueux.

    Il s'éveilla en sursaut.

    Combien de temps s'était-il écoulé depuis son sommeil ? Il n'en avait pas la moindre idée. Malékith rassembla les bribes de souvenirs qu'il lui restait. La vision encore confuse de l'antique palais d'Antec se rappela à lui. En quelques instants, la salle du trône lui était apparue, plus resplendissante qu'elle ne l'avait jamais été. Il se souvint des dorures de la voûte dont les milles éclats reflétaient les feux du soleil, illuminant ainsi les gardiens d'Ulthuan. Ceux-là n'étaient autre que la représentation des plus illustres elfes du Royaume, immortalisés dans le marbre, l'arme à la main. Leur regard sévère, emprunt de sagesse et de vaillance s'étendait sur la salle du trône et au delà. Ces figures d'un autre âge rappelaient à quiconque les fixait, un idéal de vertu auquel chaque elfe devait tendre. Cela faisait des lustres que Malékith n'avait défié leur regard. Plus encore, ce fut l'admiration de son peuple qui retint son attention. En son nom, le Roi Sorcier avait commis l'impardonnable en répendant le sang des nobles. On l'accusa de trahison et par cet acte, il scella son destin définitivement. Goûter à ce dont il fut promis ranima l'amertume de son coeur. Elle le dévorait tant que son esprit tourmenté tarda à remarquer les tatouages de la sublime créature assise en tailleur, à seulement quelques pas de lui.

    — Quel est donc ce nouveau maléfice, Alyndra ? grogna-t-il.

    — Je n'y suis pour rien, Prince Malékith. Vous venez de faire face à l'ultime rempart de Dame Sharaz. Cette pièce a été conçue pour piéger l'âme de tout intrus, l'enfermant dans la prison de son plus cher désir. Au vu de votre état, je ne puis que m'interroger sur ce que vous y avez découvert.

    — Ce que j'y ai vu ne regarde que moi, rétorqua amèrement le Prince. Pourquoi m'avoir libéré de cet endroit ?

    — Aussi astucieux soyez-vous, il semblerait que la destinée ait fait appel à mes services pour vous prémunir.

    — Alyndra, la destinée n'existe point. Ce n'est pas la première vois que vous m'aidez, n'est-ce pas ?

    La succube sourit discrètement, révélant de légères fossettes.

    — Pourquoi faîtes-vous cela ? s'enquit Malékith. Dame Sharaz vous a confié ma captivité. Savez-vous ce que vous risquez ? Une éternité de souffrance vous attend si elle découvre votre traîtrise.

    — L'éternité n'est rien pour une fraction de votre bonheur, rétorqua ironiquement la prêtresse.

    Sous ses faux airs mielleux,, Alyndra parut plus belle encore. Malékith mourut d'envie d'embrasser ses lèvres pulpeuses, pleines de désir, mais la succube le ramena brutalement à la réalité :

    — Enfilez-votre armure, le temps nous est compté !

    Il s'exécuta en hâte, puis elle s'approcha de lui, glissa les bras autour de son cou et lui soufflant son haleine parfumée. Alynra parut cependant embarassée.

    — Êtes vous prêt ? l'interrogea-t-elle.

    Malékith serra les dents et hocha la tête. Il réprima un hurlement, lorsque le métal brûlant de l'armure mordit à nouveau sa chair. Alyndra s'appliquait à tisser les enchantements destinés à soutenir leur porteur. Les souffrances terribles de l'elfe la firent tréssaillir, mais elle ne faiblit pas ; elle redoubla au contraire de détermination et de concentration pour écourter le supplice. Lorsque l'armure fut ressoudée à même le corps du Roi Sorcier, un fin nuage se dégagea de l'acier fumant. Alyndra profita de cet instant pour embrasser passionnément son amant.

    — Je n'essayerai pas de vous retenir d'avantage, dit-elle avec sérieux. Au fond du jardin, se trouve un puit qui mène aux étages inférieurs de notre dimension. Nombre d'horreurs vous y attendent. C'est aussi votre seule chance de vous échapper du temple. Hâtons-nous, lorsque Dame Sharaz s'apercevra de la supercherie, la garnison toute entière sera à nos trousses.

    Malékith se tut, mais son regard trahit ses sentiments.

    — Allons-y, décréta-t-il à son tour.

    Tous deux franchirent la porte et coururent aussi vite qu'ils le purent, traversant le cloître et le jardin. Le corps sans vie d'un des gardiens gisait au centre de l'arène. De son abdomen perforé, dégoulinait un liquide noirâtre, souillant le tapis de fleurs. Le monstre aux membres disproportionnés affichait un rictus obscène jusque dans la mort. Le second immortel demeurait quant à lui invisible. Les amants couraient maintenant à perdre haleine. Le puit fut presque à portée, quand un ululement de rage vint déchirer l'air. Le vainqueur du duel apparut dans toute son horreur. Les contusions qui scarifiaient son corps lui conféraient un aspect abominable. Son visage hideux se tordait de haine et du sang caillé recouvrait le moignon de son bras. Il fondit en un éclair sur les deux amants et captura Alyndra de son seul bras valide.

    — Traitresse, siffla-t-il en resserrant son étreinte.

    Alyndra poussa un cri étouffé, puis planta ses crocs dans l'énorme poing du démon, l'obligeant à lâcher prise. Elle tomba lourdement au le sol et se retourna vers l'elfe :

    — Maintenant ! cria-t-elle

    Malékith hésita ce qu'il lui sembla être de longues secondes. Il jeta un dernier regard à la prêtresse, plongea une dernière fois dans l'océan de ses yeux, avant de gagner le puit. Il posa ses mains contre la pierre froide et contempla l'absurdité du vide. Un choc sourd l'alerta et il fit volte-face. Il découvrit avec angoisse Alyndra, qui gisait au sol, face contre terre. La lumière de ses tatouages s'éclipsait, lentement. Sans lui accorder de répit, le gardien se rua sur l'elfe, dont l'espace et le temps lui parurent altérés. Empli de désespoir et de honte, Malékith n'eut d'autre choix que de sauter dans l'abime.

  11. EDIT réecriture 15/11/13 : la chance sourit à Malékith. N'oubliez pas que ce sont vos commentaires qui maintiennent ce récit en vie, alors à vos claviers !

    ***

    S'il existe des choses immuables au sein de l'univers, le banquet aux milles plaisirs en faisait assurément parti. Une fois encore le Roi Sorcier longea son immense tablée, y éprouvant ainsi la dépravation dans sa plus simple expression. Il distinguait les corps troubles, entrelacés, tandis que son esprit divaguait au lointain, hors des limbes, hors de ce temple. Le parfum de liberté lui chatouillait les narines. Ce serait ce soir ou jamais. Il n'eut pas le temps de répéter son plan, qu'apparut une paire de jambes vertigineuses, dont la peau laiteuse contrastait avec la noirceur du marbre qu'elles foulaient. Le regard de Malékith s'y accosta délicieusement. Il contempla tout d'abord un pied élégant, légèrement cambré, qui occupait parfaitement le volume d'un soulier aux reflets d'airain. Vint ensuite l'esquisse d'un mollet long et fin qu'on devinait ferme, puis une cuisse légèrement bombée s'imposa naturellement à sa vue. Le bal ondulant d'une robe pourpre, masquait à peine la courbure sensuelle du séant. Le regard du prince glissa le long des boutons du bustier qui maintenait fermement une poitrine opulente. Ce ne fut qu'à cet instant que les traits de la succube se révélèrent à l'elfe. Le visage angélique de la créature aurait poussé n'importe quel mortel au vice, tandis que l'aménité de ses yeux noisettes frôlaient l'hérésie.

    — Prince Malékith, quelle joie de vous retrouver parmi nous, susurra la jeune femme. Nous désespérions à l'idée de ne plus jouir de votre présence à la cour.

    — Madame, il n'est point de plus sévère affliction que la dureté de vos mots, en ce moment même. Je vous prie d'accepter mes excuses concernant notre précédente déconvenue, mais je puis désormais vous confesser la raison de mon absence.

    Il exécuta un pas en arrière, puis s'immobilisa, focalisant son pouvoir. Des ondes chaudes glissèrent imperceptibles le long de sa peau, tel un voile de renouveau. Ses traits rajeunirent en l'espace de quelques secondes et d'un sourire enjôleur, l'elfe conquit son interlocutrice.

    — Je ne puis plus vous accompagner décemment sans souffrir de ma propre laideur. Mon enveloppe charnelle vous sied elle d'avantage ?

    — Votre jouvence est des plus formidables ! répondit-t-elle, sensible à la flatterie. Joignez-vous à nous et rattrapons ensemble le temps perdu.

    Elle le saisit par la manchette de son veston ; il se laissa faire, pantin désarticulé. Elle le conduisit lascivement à une table ornementée et surplombée de quelques chandelles éparses. A cet emplacement, se languissaient d'autres créatures dont la beauté rivalisait d'érotisme. L'une des succubes se joignit à l'elfe et à son escorte. La fête s'annonçait radieuse. Les amphores furent vite servies et Malékith goûta le vin, sans plus attendre. Chaque gorgée lui procurait une jouissance sans nom. Il comprit rapidement comment ce breuvage put enivrer les immortels. Tout au long de la nuit, l'elfe fit mine de se désaltérer, feignant l'ivresse. Ainsi, l'audace de son plan le poussa à une curieuse avance.

    — Le ciel est somptueux ce soir. N'est-il pas là l'occasion idéale d'alléger nos estomacs et nos consciences lors d'une promenade dans les jardins ?

    Les deux créatures se lorgnèrent avec beaucoup de malice.

    — Je vous ignorai si romantique, jeune Prince. Votre proposition nous séduit tout à fait.

    Fort de son succès, Malékith mima un peu plus l'ivresse. Il se leva volontairement maladroit et prononça discrètement l'incantation de persuasion. Le voyant perdre l'équilibre et hésiter à la marche, chacune des succubes lui saisit un bras.

    Ils traversèrent ensemble la salle de réception et évitèrent soigneusement les alcôves, dont les muscs trompeurs pouvaient abriter quelques voyeurs. Ces précautions prises pour écarter les regards indiscrets, Malékith ne parvint pas à éliminer tout soupçon. Il sentit qu'on l'épiait. Il ne put se l'expliquer rationnellement et un malaise durable ne le quitta plus. Nonobstant son instinct, l'elfe et son escorte empruntèrent le cloître qui menait aux jardins. Là, des rosiers éblouissants semblaient ne jamais faner, les arbres luisaient de fruits inconnus à la forme obscène et de petites fontaines clapotaient d'une eau sans source. Malékith simula l'émerveillement devant les oeuvres décadentes que lui vantaient ses hôtesses. Pas après pas, son plan s'orchestrait. Depuis le parc, l'elfe pouvait deviner les deux pôles d'une énergie colossale qu'il avait entrevue lors de ses voyages astraux. Le Prince et son escorte poursuivirent leur marche sous le ciel étoilé, jusqu'à s'asseoir à l'ombre d'une tonnelle. C'est à cet instant que le Roi Sorcier les aperçut pour la première fois. Fiers et massifs, les démons majeurs semblaient immenses. Leur corps androgyne adoptait une posture statique qui suscitait un attrait irrationnel. Le regard des sentinelles croisa celui des amants d'un soir. Leur langue sensuelle fouetta l'air, tandis que leurs pinces massives claquèrent, en signe d'avertissement. La frayeur gagna le coeur des nymphes.

    — Cet endroit ne présente aucun intérêt, Prince Malékith, dirent-elles d'une seule et même voix. Rebroussons chemin, si vous le souhaitez, il nous reste tant d'autres merveilles à vous faire découvrir.

    Malékith saisit sa chance au vol.

    — Allons, allons, cette nuit est sous le signe de la fête, mesdames. Je suis certain que le grand Slaanesh lui-même - que son nom soit mille fois béni, ne laisserait pas deux convives aussi exquis en proie à l'ennui. Nos comparses sont en vue, allons au moins leur offrir la politesse, qu'en pensez-vous ?

    Ses mots firent mouche à son grand étonnement. Étais-ce le fruit du sortilège de persuasion ? Il l'ignorait, mais se comporta comme si son sort ne dépendait que de ses propres talents. Malékith se détacha des jeunes femmes et s'approcha des sentinelles, les fixant du regard, sans sourciller. Les démons hautains le dominaient de toute leur stature. Aucun d'eux n'entreprit une quelconque action. Leur immobilisme incommoda d'avantage les concubines de l'elfe. Celles-ci l'exhortèrent à faire demi-tour, mais le Prince resta sourd à leurs suppliques. Il fit révérence et interpella les immortels :

    — Salutations, Ô puissants gardiens des plaisirs tourmentés. Les astres illuminent cette nuit de débauche, mais mon plaisir ne saurait être complet sans le vôtre. Si seulement vous acceptiez de briser l'ennui en vous joignant à nous, mon coeur serait transporté de joie.

    La magie noire semblait opérer, car il prononça ces mots naturellement, avant même qu'il ne les eut pensés. Les gardiens restèrent cependant impassibles et muets quant à l'offre du Prince.

    Ces démons sont bien trop puissants pour espérer les manipuler à l'aide d'un simple sortilège de persuasion, pensa l'elfe, un instant. Sa marge de manoeuvre se rapetissait dangereusement et le temps lui parut compté. Pressé par ces contraintes, son esprit pervers s'anima d'une vitalité intense et imagina une tentative audacieuse.

    — Puisque nos amis ne semblent pas vouloir se prêter à la fête, mesdames, j'ai une proposition à vous faire. Aimez-vous les joutes ? En ce qui me concerne, rien ne m'est plus divertissant ! Voyez nos hôtes. Tout porte à croire qu'ils sont identiques, n'est-il pas ? Pourtant, lorsqu'on leur prête d'avantage d'attention, il apparaît évident que le potentiel de l'un surpasse celui de l'autre. Le ressentez-vous comme je le ressens ?

    Les succubes n'osèrent répondre de suite à l'apostrophe de l'elfe.

    — Prince Malékith ! Que faites-vous ? Ces êtres sont les gardiens du temple. Est-ce l'ivresse qui vous fait blasphémer de la sorte ? s'exclamèrent-elles simultanément.

    — Certes non, répliqua-t-il en titubant.

    Il examina les deux gardiens en silence, se caressa le menton, avant de finalement désigner le démon à sa gauche.

    — Je pense que celui-ci possède un avantage indiscutable. N'êtes vous point de cet avis ? s'enquit l'elfe avec aplomb.

    La magie noire enveloppait ses paroles et les succubes hochèrent timidement la tête. A cet instant, l'orgueil fit réagir l'autre gardien qui referma ses pinces en un claquement sonore. Son regard concupiscent devint plus menaçant.

    — Fort bien ! annonça le Roi Sorcier, satisfait. Les jeux sont ainsi faits. Messieurs, je vous propose l'unique occasion d'opposer votre rivalité lors d'un duel où vous seuls fixerez les règles.

    Les gardiens restèrent silencieux.

    — S'il est une chose que j'ai apprise lors ma venue au temple, c'est qu'il sera ma dernière demeure. Les traits de ma race s'estompent de jours en jours, mais mon âme reste intacte. Existe-t-il quelqu'un ici qui puisse se targuer d'un tel privilège ?

    Le Roi Sorcier ne reçut toujours aucune réponse, bien qu'il perçut subrepticement un regain d'intérêt de la part de ses auditeurs. Il poursuivit son discours, convaincu du bien fondé de ses propres paroles.

    — Mon âme sera la récompense du vainqueur et...

    Les succubes l'interrompirent.

    — Prince Malékith, avez vous perdu l'esprit ?

    Il leur intima le silence d'un seul geste de la main, puis se tourna vers les gardiens, aphones.

    — Messieurs, je vous offre l'occasion unique d'éliminer un rival et d'emporter une récompense de choix : moi-même, annonça-t-il fièrement.

    Il pivota gracieusement vers les jeunes femmes qui tressaillirent.

    — Quant à vous mes très chères, je vous offre le plus beau des divertissements.

    — Prince Malékith, vous n'êtes pas obligé. Que va penser Dame Sharaz ?

    — Mon âme m'appartient et ma décision est prise, tempêta l'elfe. L'éternité n'est rien pour une fraction de votre bonheur. Qu'en dites-vous messieurs ?

    Après un long silence de réflexion commune, le démon à la droite de l'elfe s'approcha d'un pas étonnamment leste pour un être de sa dimension. Malékith n'esquissa pas le moindre geste en retour. Une pinces sensuelle vint délicatement caresser la joue du Prince. D'une voix profonde aux intonations androgynes, le démon prix la parole, pour la première fois.

    — Est-ce vraiment l'ivresse ou la folie pure qui vous inspire, jeune Prince ?

    Le gardien érafla la joue du Prince en question. Un filet de sang rouge vif vint colorer sa peau blême.

    — J'accepte votre proposition. Mais sachez que la pitié n'est pas dans nos moeurs. Si jamais vous veniez à défaillir, nous vous ferions tenir votre parole, ronronna-t-il, sinistre.

    Le démon s'éloigna vers le jardin et les dévotes s'écartèrent sur son passage. Son regard féroce croisa celui de son rival, qui n'eut d'autre choix que de répondre à la provocation. Intérieurement, Malékith jubilait, sans rien en laisser transparaître. Et tandis que les deux protagonistes rejoignaient l'arène de fleurs, l'elfe conduisit ses deux roses à l'ombre d'un massif.

  12. Cela dit, ça ne reste qu'un fluff perso, inspiré d'une partie du fluff officiel (j'ai vu l'absence de Corandel), même s'il a l'air sympa. Comme tout, on peut aimer certaines choses dedans et d'autres moins

    Bien sur qu'il y a du fluff perso mais il reste très largement inspiré du fluff officiel. Celui-ci contient énormément de zones d'ombre, de contradictions, voire de non-sens ( comme cela a été évoqué plus haut ) qui persistent à la compilation. Ce que je veux dire c'est qu'on peut retrouver les descriptions dans tous les codex ou dans les bouquins de la blacklibrary sans pour autant en apprendre beaucoup plus.

    Vouloir faire une compilation est sympa pour avoir une sorte de récapitulatif sans devoir fouiller les LA. Mais ca n'a pas vraiment de sens dans un monde volontairement flou ( pour laisser libre cours a l'imagination) et a fortiori une compilation ne correpond plus aux attentes de ceux qui aiment le background et qui voudraient y voir une analyse ou une interprétation des zones d'ombre.

    C'est un royaume qui a tellement changé et si rapidement en même temps :

    pré-Aenarion : comme les autres

    quand aenarion y installe sa cours (post-épée) : début de la perversion au sens khaïnite

    influence de morathi : developpement du culte du plaisir

    schisme : ça part en live

    post-schisme : royaume devasté, habitants loyaux tombés en disgrâce -> le règne d'Alith Anar

    Ca correspond exactement à ce que je viens de dire. Ton résumé est exact mais figé made in GW. Nagarythe est sans doute un royaume comme les autres, pourtant l'OP ne se contente pas de dire que " Tiranoc ressemble aux autres royaumes ", il décrit les spécificités, le climat, la typographie etc... Tu vois ce que je veux dire?

    Une fois qu'Aenarion y a installé sa cours, on dit que Nagarythe devint le joyau d'Ulthuan. Pourquoi? Par ses palais? Son agriculture? Ses spécificités martiales ? Et j'en passe!

    Encore une fois c'est une vision perso, mais il y a des tas d'évènements importants que GW passe sous silence ( Nagarythe qu'une terre immergée et stérile? ) alors pourquoi compiler ( encore une fois ) alors qu'on pourrait expliquer, inventer?!

    K.

    PS : je suis d'ailleurs heureux qu'un bouquin sorte prochainement sur Aenarion afin d'en savoir un peu plus ( je ne me fais pas d'illusion il n'y aura pas de révélation choc ).

  13. Edit réecriture 13/11/13 : merci pour les commentaires, voici la suite pour palier à la petitesse du passage précédent. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques. Bonne lecture !

    ***

    Suite à un sommeil profond, Malékith rouvrit les yeux, quelque peu hagard. Il se redressa, s'assit sur le rebord de la couche, lorsqu'on frappa. Une tentation des plus étranges guida ses pas et les quelques mètres qui le séparaient de la porte semblèrent s'allonger indéfiniment. Quand il y parvint enfin, il tourna lentement la poignée, comme pour se donner un supplément de temps. En face de lui, se tenait une femme entièrement nue. De curieux tatouages décoraient sa poitrine généreuse et à l'instant même ou il les contempla, l'elfe sentit un désir irrésistible s'emparer de son corps. Le visage féminin lui semblait connu alors même que ses traits demeuraient indistincts dans la pénombre ; qu'importe, sa raison l'avait quitté au moment où son regard s'était porté sur elle. Sans un mot il attrapa la créature par la main et la conduisit en un lieu plus intime.

    La succube passa lentement les bras autour de son cou, approcha ses lèvres pulpeuses des siennes, puis marqua une pause brûlante de désir. Un rire cristalin secoua subtilement son buste. Lentement, très lentement, la jeune femme entreprit de délester son amant d'un soir. Elle lui déroba tout d'abord sa tunique, lui ôta son ceinturon et ses chausses. Malékith ne se reconnaissait plus. Il se surprit à glisser sa main calcinée dans une masse de cheveux lisses mais soyeux qui ressemblaient tant à ceux de sa mère. C'en était trop, il se laissa submerger par l'afflux sanguin, quand l'objet de ses désirs le poussa délicatement contre le moelleux de la couche. Elle enveloppa ses cuisses fermes et chaudes autour de sa taille, se courba tandis que sa langue se laissait aller sur le torse du Prince. Les caresse dont elle le couvrait libéraient toute sa colère et chacun des va-et-viens tantôt doux, tantôt fermes noyait son âme de plaisir. Ce fut elle qui mena la danse et pour la première fois depuis des siècles, il se sentit apaisé à l'idée de perdre la maitrîse de son destin. Ses bras s'attardèrent longuement sur la poitrine ferme de sa partenaire, sans toutefois negliger la courbure de ses reins. A l'ultime délivrance, un frisson d'extase s'empara de son être. Ses mains se refermèrent avec force sur les hanches de sa partenaire, tandis que les derniers soubresauts de son bassin mouraient en rythme.

    Mais tout ceci n'était qu'un rêve.

    Le véritable réveil fut brutal et assomma Malékith qui, à son grand étonnement se trouvait nu, le membre encore dressé. Il éprouva un semblant de culpabilité pour avoir cédé au vice, quand bien même le coït aurait été fantasmé. Il maugréa et enfila prestement ses chausses, lorsqu'on frappa à la porte. Il redoubla de méfiance. Les sens aux aguets, ce petit jeu ne l'amusait pas du tout. Le torse découvert, il s'en alla ouvrir à son mystérieux visiteur. A sa grande stupéfaction, ce fut sa geôlière qui se tenait sur le pas de la porte. Un sourire discret illuminait son visage parfait.

    — Dame Alyndra, quelle charmante visite. Vous plait-il de noyer mes songes par vos grivoiseries ? s'enquit-il plus glacial qu'à son habitude.

    Alyndra fut trop rapide pour qu'il puisse anticiper son geste ; en un éclair elle bondit sur lui, glissa la main sous son drap sachant parfaitement quoi maintenir. En position absolue de vulnérabilité, Malékith se sentit dépossédé et préféra ne pas la brusquer. La succube se dressa sur la pointe des pieds, approcha ses lèvres du creux de son oreille puis lui murmura quelques mots d'une voix sensuelle :

    — Je sais ce dont vous avez besoin, mais je suis la seule qui puisse vous l'apporter. Je ne demande que peu de chose en échange... Prince Malékith. Regardez moi dans les yeux. Que décidez-vous ?

    Le Prince n'hésita que peu de temps. S'il voulait faire renaitre l'espoir d'une évasion, il n'avait pas d'autre choix. La beauté d'Alyndra étouffa vite sa morale et il se pencha sur le coté pour embrasser ses lèvres. Il les avait tant convoitées que la sensation qu'il en tira dépassa l'imagination. Lentement, l'étreinte d'Alyndra se dessera, devint plus délicate. Ainsi l'elfe l'attira vers sa couche et entreprit de conclure ce qu'il avait débuté en rêve, dans un indescriptible ballet des sens.

    La nuit lubrique s'acheva dans une atmosphère apaisante, où les corps moites s'entremêlaient aux draps défaits. Alyndra reposait confortablement sur le torse du Roi Sorcier, pendant qu'il caressait machinalement ses cheveux. Un sentiment de bien-être parcourait son corps, bien qu'il se sentit coupable d'avoir cédé à la tentation. Il ne pouvait plus nier l'étrange désir qu'il éprouvait pour cette femme qui, n'en était pas une. Au delà du plaisir charnel qu'il éprouvait, c'est sa présence plus que tout qui semblait dompter sa colère et calmer ses maux. Cette défaillance le fit tressaillir ; il maudit intérieurement cet endroit qui le faisait perdre pied et estima que le temps était venu de faire preuve de lucidité.

    — J'ai tenu mes engagements. Il n'appartient qu'à vous de tenir les vôtres, dit-il brusquement.

    Surprise, la succube se retourna, le considéra avec mépris, puis se leva sans un mot. Elle enfila quelques caches vertu de fortune et invita Malékith à en faire de même.

    — Je n'ai qu'une parole, suivez-moi.

    Ils se dirigèrent ainsi vers l'aile ouest de la bibliothèque, évitant soigneusement les quelques patrouilles visiblement dispersées çà et là dans le temple, avant d'apercevoir le précieux portail. Alyndra l'emprunta, comme si de rien n'était, mais l'elfe restait étrangement statique.

    — Qu'attendez-vous, Prince Malékith ? demanda-t-elle d'une moue volontairement puérile.

    — Un portail librement ouvert et non gardé. Me prendriez-vous pour un imbécile ? rétorqua-t-il, agacé.

    — Bien sur que non. Vous n'êtes pas sans savoir que nous ne sommes pas accoutumés à la présence d'intrus dans le sanctuaire. Nul besoin de garde par conséquent.

    — Vous m'avez donc abusé par un indécent chantage ? s'écria-t-il, soulevant des vagues d'énergie.

    — Contenez-vous, car à tout moment, je pourrais vous en refuser l'accès. Tâchez de ne pas l'oublier.

    Elle marqua une courte pause, visiblement embarrassée.

    — Pourriez-vous mentir au point de renier l'amour de la nuit passée ? s'enquit-elle.

    Les mots qu'elle avait prononcés sonnèrent vrais et transpercèrent le coeur du Prince tels une pluie de carreaux barbelés. Malékith ne connaissait pas la nature précise des enchantements qui les liaient, mais il soupçonnait Alyndra d'en jouer à cet instant précis. Son silence fut révélateur. Il ravala l'amertume et s'avança au devant du portail.

    — Vous avez la permission d'emprunter un ouvrage et un seul. Faites le bon choix, avertit la succube.

    Si Malékith supposait que la prêtresse put lire en lui, il ne s'en alarma pas dans la mesure où pour l'instant, elle le laissait agir. De toute manière, il savait n'avoir d'autre choix que celui de lui faire confiance.

    La bibliothèque s'étendait à perte de vue et la forêt d'ouvrages semblait infinie. Malékith arpenta les rayons interminables sous l'escorte d'Alyndra. Ses mains manipulèrent des centaines de grimoires ayant principalement trait au renforcement des sensations physiques, lorsqu'un tome poussiéreux attira finalement son attention. Bien que les glyphes fussent complexes à la compréhension, Malékith étudiait le langage démoniaque depuis des millénaire et déchiffra aisément le titre : « Illusion ». Il le feuilleta avec intérêt et découvrit nombre d'incantations et sortilèges destinés à tromper l'oeil des mortels comme des immortels. Le Prince décida de le dérober et Alyndra approuva son choix. La prêtresse raccompagna ensuite son amant à ses appartements.

    Quand il fut certain d'être seul, Malékith s'affala sur le matelas et poussa un soupir de soulagement. La présence d'Alyndra l'apaisait, mais le rendait également bien trop fébrile à son goût. La beauté de la prêtresse aurait fait se damner n'importe quel mortel. Plus que tout, c'était son esprit impénétrable qui suscitait les désirs du Prince. Elle lui paraissait tantôt émotive, tantôt froide. Au fil du temps, son essence avait sans doute appris à plagier le caractère faible des mortels, mais les émotions avaient-elles pu s'imprimer durablement en elle ? Il pensa brièvement au bleu de ses yeux. Étaient-ils artificiels ? Tant de mystères travaillaient l'esprit du Roi Sorcier. Et au fond de lui, il sut que les enchantements qui le liaient à elle n'étaient pas ses véritables chaînes.

    Durant les jours qui suivirent, Malékith se retira du monde et médita quant à son évasion. S'enfuir était une chose, survivre en était une autre. Il ignorait tout des dangers qui l'attendaient dans ce royaume cauchemardesque. Il décida qu'il ne quitterait pas le temple sans avoir récupéré ses artéfacts au préalable. A cet effet, il restait allongé des heures durant, laissant voguer sa conscience au grès des vents de magie. Lors de chaque voyage trenscendantal qu'il effectuait, il ne distinguait ni couleur, ni matière physique, simplement les empruntes énergétiques variables, que les démons laissaient derrière eux, selon leur puissance. Très vite, il repéra une constante : deux grandes forces statiques veillaient jour et nuit à l'ombre d'une porte, près des jardins est.

    C'est sans doute ici que sont conservés mes effets. Je ne pourrai tenter quoique ce soit sans m'être dépossédé des charmes d'Alyndra, pensa-t-il sévèrement.

    Il savait maintenant où frapper, mais il dut encore réfléchir à la manière. Dès lors, se focalisa-t-il à l'étude pleine du grimoire, autant en quête d'une solution que d'une distraction de fortune. Il tira de son enseignement une source de sagesse rare, liée aux rêves, aux mirages et à la manipulation. Deux passages l'intéressèrent tout particulièrement, un pour chaque sortilège.

    Page 224 verset 11 :

    « … Qu'on en déplaise, l'éphémère beauté fermente l'amour de soi, mais aussi la plus belle des récompenses : l'amour d'autrui ... ».

    Le Royaume du Chaos est la cause de toute magie. Les vents y déferlent plus fort qu'en n'importe quelle région du vieux monde. Pour un mortel, les dominer à leur origine relève de l'impossible. Malgré la grande maitrise de Malékith, le sortilège nécessitait une concentration supérieure. Il s'essaya plusieurs jours durant, devant le grand miroir de sa turne. Nu, il fermait les yeux, prononçait l'incantation et fendait l'air de ses mains, selon la formule dispensée. Après plusieurs tentatives infructueuses, une fureur primitive l'envahit. Il voulut briser le miroir, comme pour éliminer son reflet sinistre, resté inchangé. Mais le verre fit preuve d'une résistance surnaturelle, le condamnant a la persévérance. Les tentatives se succédèrent et l'acharnement porta ses fruits. La peau noire et crevassée du Roi Sorcier regagna la blancheur et la fermeté d'antan. Bientôt, son port redevint altier et ses cheveux retrouvèrent leur éclat. Un jour enfin, il se tint devant la glace et fut stupéfait de sa réussite.

    Tel était mon reflet, jadis..., se remémora-t-il, nostalgique.

    Il se flatta un instant d'avoir vaincu la punition divine. Autrefois séduisant et hâbleur, la véritable laideur du Prince fut révélée au grand jour, suite à sa trahison. Après qu'il eut assassiné les Seigneur d'Ulthuan et s'être auto-couronné, Asuryan - le dieu suprême du panthéon elfique, refusa le sacre de Malékith. Il rejeta son âme impure hors des flammes sacrées, lui infligeant de terribles brûlures et le poussant lui et son peuple à l'exil. Rattrapé par ces souvenirs douloureux, la concentration du Roi Sorcier faiblit. Sa peau se craquela légèrement, lui rappelant la nature illusoire de son sortilège. Empli d'amertume, il s'en remit dès lors au second enchantement.

    Page 336 verset 4 :

    « ...Les mots sont plus acérés que n'importe quelle lame. Choisissez vos armes avec sagesse et laissez l'éloquence accomplir votre dessein... »

    Malékith s'essaya au maléfice, mais il ne se sentit aucunement différent. Légèrement contrarié, il se décida finalement à briser son mutisme et expérimenter ses nouveaux talents de persuasion, sur le terrain. Il aviserait par la suite. Avant de quitter la pièce, il se contempla une dernière fois. Son reflet sublimé lui semblait figurer le vestige d'une époque tristement révolue.

  14. même si tu n'es pas le seul a y avoir pensé

    Je m'en doutais, mais tu as des exemples? (voire des liens)...

    j'attends avec impatience ta description de la Grande Nagarythe!

    Ou plutôt de ce qu'il en reste...

    Sachant que je suis partis de Caledor et que je remonte Ulthuan dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (me demandez pas pourquoi...), ce sera dans les derniers, mais patience...

    L'exemple le plus simple ( et un des meilleurs ) : Ulthuan vs Naggaroth

    http://ulthuan-naggaroth.over-blog.com/10-...ie-1151578.html

    Ca commence page 11 sur les croyances puis sur les terres des Asurs. Tout ce qu'il y a avant est basé sur la société Druchii.

    De rien.

    PS : Nagarythe terre ravagée doit encore contenir de nombreux secrets?! Au pire il serait interessant de la décrire comme elle était avant le cataclysme, par rapport aux autres royaumes.

  15. Salut, j'aime l'initiative que tu prends ( même si tu n'es pas le seul a y avoir pensé ), un topic regroupant tous les royaumes facilite la vision globale qu'on a d'Ulthuan. Ton style est souvent inspiré des livres d'armée mais c'est globalement facile à lire et instructif. De plus ca me donne de la matière pour mes futurs récits! Bref continue :)

    PS : j'attends avec impatience ta description de la Grande Nagarythe!

  16. Edit réecriture 12/11/13 : merci pour les commentaire, surtout s'il s'agit de compliments ;)/>/>/>

    Concernant le fluff, tout est le fruit de mon imagination, excepté certains évènements "officiels" que je reprends à mon compte. Dans ce cas, j'essaie d'y apporter ma vision. Voici la suite, bonne lecture.

    ***

    Le Roi Sorcier ignorait depuis quand durait sa captivité. Sans calendrier, ni sablier, ni cycle solaire, il lui était impossible d'estimer le temps de sa rétention. Le temps lui-même ne semblait avoir de prise sur le Royaume du Chaos, car le jour succédait à la nuit selon son bon vouloir. Cet immobilisme minéral n'était pour autant pas dénué de tout repère. Il existait au sein du temple une constance dans la délectation. En effet, le sanctuaire baignait constamment dans un musc enivrant, dont les vapeurs incessantes éclipsaient toute inhibition et lassitude, déclenchant chez les hôtes le sentiment d'une jouissance éternelle. Cet effet pervers n'avait que peu d'impact sur le Prince. Sa constitution elfique lui conférait une forme d'immunité aux charmes artificiels et cette lubricité quotidienne le laissait de marbre.

    La pratique d'activités annexes s'avérait rare et en réalité, Malékith concentrait toute son énergie à l'élaboration de son évasion. L'épisode du banquet appartenait résolument au passé et l'elfe décida en premier lieu de reconquérir le coeur des convives. Il tut sa condescendance et usa de toute sa patience et de tous ses charmes pour s'attirer les faveurs des immortels. Au premier abord, les invités le considérèrent avec force de suspicion, mais les nombreuses flagorneries dont lui seul avait le secret, eurent progressivement raison de la méfiance des démons. Il caressa leur égo, embrassa leurs vices et peu à peu, s'attira les faveurs de la cour, devenant une compagnie ardemment désirée. Dame Sharaz contemplait l'oeuvre de l'elfe avec bienveillance, bien qu'elle ne fut pas dupe. Malékith n'en avait cure, son simulacre de courtoisie n'était destiné qu'à une chose : accroître sa liberté d'action. Une nuit, lorsqu'il estima que l'admiration des démons à son égard atteignait son paroxysme, il murmura une requête à ses plus ferventes admiratrices.

    — Mesdames, votre charme n'égale ce soir que votre beauté dont la perfection ferait pâlir le grand hermaphrodite lui-même, susurra-t-il, d'une voix cendreuse.

    — Prince Malékith, vos compliments n'égalent que votre distinction, rétorquèrent-t-elles d'une seule et même voix mièvre.

    Il sourit extérieurement et intérieurement. Depuis toujours le mensonge et la tromperie lui procuraient un plaisir qu'il ne trouvait nul part ailleurs. La naïveté et l'orgueil des démons dépassaient de loin ceux des elfes et la tâche n'en était que plus aisée. La réceptivité de ses interlocutrices le mit en confiance et il passa rapidement à la seconde étape de son plan.

    — Chaque jour passé en ce lieu me remémore l'inconcevable privilège dont je bénéficie. Toutefois, j'ai ouï dire qu'une certaine bibliothèque se situait à l'aile ouest du temple, juste derrière mes appartements. Pensez-vous que je pourrais la visiter et ainsi parfaire ma connaissance de votre monde ? ajouta-il, d'une sincérité étonnamment crédible.

    Les Dames échangèrent un regard furtif. La plus prompte prit la parole.

    — Nous apprécions l'intérêt que vous portez à notre culture, Prince Malékith. Mais nous n'avons toutefois pas l'autorisation de vous laissez pénétrer dans la grande bibliothèque. Dame Sharaz en a décrété ainsi. J'espère que votre déception est minime ?

    La déception était toute sauf minime : les espoirs de Malékith s'envolaient dans le néant. Cette longue mascarade perdait son sens, il ne pouvait atteindre son but. La déception céda alors place à la frustration. Elle parcourut son corps, remonta des pieds à la tête, faisait se contracter ses muscles et bouillir son sang. Ce sentiment l'avait poursuivi depuis la lointaine Nagarythe, jusqu'ici. Des forces au delà de sa portée continuaient à lui verrouiller des portes, reniant ses efforts. Il ne pouvait plus le tolérer. Instinctivement, il serra les poings mais son visage n'exprima qu'une froideur glaciale.

    — Je comprends vos impératifs. A présent veuillez m'excuser, conclut-il d'un ton sans réplique.

    Il laissa en plan ses courtisanes immortelles et se dirigea vers sa chambre, la seule pièce ou il pourrait penser sans hypocrisie. La frustration agitait encore son esprit et le son de ses pas énergiques se répercuta dans le corridor. Les statues animales le dévisageaient, semblèrent le mépriser et il ne remarqua pas la présence qui se tapissait dans l'ombre. Il claqua la porte de sa turne, retira sa tunique et s'allongea sur le dos. Ses paupières se firent lourdes, très lourdes. Tout son corps se décrispa en quelques secondes. Il lutta un moment, mais le sommeil emporta la victoire. Inéluctablement, Malékith quittait le monde du chaos pour rejoindre celui des rêves.

  17. EDIT réecriture 12/11/13 : Bonne lecture !

    ***

    Un souffle surnaturel sinuait entre les dalles de la tour, chassait à sa suite un air froid et sec issu de la toundra. Cela faisait longtemps que la garnison ne prêtait plus attention au climat hostile de Naggaroth, autrement connue sous le nom de terre gelée. En ce jour, l'hiver mordait avec d'avantage de force, même selon les critères Druchii. Il engourdissait les membres et ralentissait l'ascension des étages. D'innombrables marches menaient à d'innombrables paliers, chacun étant naturellement clos. Tout à fait morne et indolent, le capitaine se décida à rompre le silence et présenta le lieu au héraut de passage.

    — Bienvenue à la Tour du nord, annonça-t-il, feignant la joie. Vous pénétrez ici dans notre académie. Ici même sont enseignés les arts sombres aux plus fidèles dévotes du Royaume, sous la tutelle de la matriarche suprême : Dame Morathi.

    Il récitait son discours avec plus de zèle qu'un serviteur de Khaine. Après une courte pause, le capitaine reprit sa litanie :

    — Vous imaginez aisément que chaque palier correspond au niveau de puissance des arcanistes. Plus nous nous élevons dans la tour, plus les disciples de la reine sont puissantes et talentueuses.

    Un hurlement bestial interrompit son monologue. Les soldats sous son commandement, ainsi que le messager esquissèrent un frémissement incontrôlé. Chacun s'observa sans dire mot, et tous resserrèrent leur étoffe autour du corps, comme pour attribuer leur frisson au froid qui régnait. Le capitaine quant à lui ne sembla nullement troublé. L'habitude qu'il avait de présenter cet endroit sinistre avait emporté sa peur.

    — Je n'aperçois aucun garde, aucune sentinelle alentour. Qu'adviendrait-il si les abominations que nous venons d'ouïr outrepassaient la vigilance des apprenties ? s'enquit le héraut.

    Les trois gardes furent furent secoués d'un rire mauvais et le capitaine aux traits durcis se tourna vers le messager. Par une formidable contagion de la pensée, il sembla communiquer à son visage toute la gravité du propos qu'il s'apprêtait à tenir.

    — Si ces puissances échappaient au contrôle des thaumaturges, je doute que la garnison entière de Ghrond ne suffise à les repousser. Contentons nous d'espérer que cela ne se produise jamais, rétorqua-t-il sèchement.

    Le cavalier fut comme abasourdi. Comment les citoyens soldats de Ghrond pouvaient-ils vivre, jours après jours, avec cette menace pesant perpétuellement au dessus de leur tête ? Sa réflexion fut interrompue prématurément par le prolongement du discours.

    — Nous voici à l'étage dit de la « vision ». C'est ici que les meilleures voyantes d'entre toutes contemplent et décryptent sans relâche les torrents arcaniques qui se répandent depuis les désolations du chaos. Il est dit qu'à partir de ces énergies, une âme avertie saurait lire le passé, le présent, mais aussi les différents futurs qui s'entrecroisent sur l'écheveau du temps.

    Le capitaine anticipa la prochaine interrogation et déclara sans attendre.

    — Il est inutile de me questionner sur leur fonctionnement, je ne saurais être versé dans un tel type d'art.

    Ses acolytes se gaussèrent ouvertement. Sentant son autorité en péril, le capitaine haussa le ton :

    — Silence mécréants, je n'ai peut-être pas le don de voyance mais si je vous surprends à nouveau, soyez sur que votre futur sera en première ligne aux tours de guet.

    Les mécréants en question avalèrent difficilement leur salive, et convinrent d'un accord tacite qu'il valait mieux pour eux de s'abstenir. Les poumons gonflés d'une fierté fraichement recouvrée, le capitaine conclut par ces mots :

    — Nous voilà enfin arrivés, soldat. Derrière cette porte, se trouve notre Reine à tous. Sa grâce légendaire ne doit certainement pas vous faire oublier le protocole. Votre attitude se doit d'être exemplaire, me suis-je bien fait comprendre ?

    — Assurément, capitaine.

    — Parfait, allons-y.

    Fort de ces paroles, le zélote frappa trois coups. Il lutta de toutes ses forces pour masquer son excitation. Les rares moments où il pouvait apercevoir sa Reine l'emplissaient d'une joie immense.

    — Entrez, dit simplement une voix ferme.

    Le capitaine poussa la porte. Lui et son escorte baissèrent immédiatement les yeux et s'agenouillèrent. Le messager leur emboîta le pas.

    — Relevez-vous capitaine, dit sèchement la Matriarche. Que me vaut cette intrusion ? J'ai demandé personnellement à votre supérieur de n'être dérangé sous aucun prétexte. Je prie pour vous quant à la légitimité de votre motif.

    Faiblement vêtue, Dame Morathi exaltait une beauté aux courbes sans âge. Son aura naturellement apaisante ne masquait en rien le tempérament sulfureux qui l'animait. Le capitaine minauda de toute la révérence dont il fut capable :

    — Je vous conjure d'accepter mes excuses, ma Dame. Je vous sais très occupée et bien que les ordres soient clairs, j'ai estimé bon que ce message vous parvienne.

    Le regard réprobateur de la matriarche se porta dès lors sur le cavalier noir. Celui-ci comprit aussitôt qu'il n'aurait pas droit à l'erreur. Il se leva avec distinction, salua également sa Reine, puis avança de deux pas mesurés. Il inclina la nuque et tendit de sa main droite la missive. Ce fut sa première rencontre avec Dame Morathi et son excitation fut telle qu'il ne cessa depuis d'en rêver une seconde. La grâce de la matriarche éclipsait presque entièrement celle de ses deux apprenties. L'une des succubes à la cambrure suggestive, préparait une décoction dans un chaudron fumant. L'autre traçait des runes enflammés dans l'air avec la plus grande concentration. La pièce était faiblement éclairée et contenait divers grimoires à la couverture poussiéreuse, ainsi que des chaudrons de toutes tailles, eux-même surmontés d'étagères et de fioles par centaines. De fines soieries pourpres tombaient en cascade du plafond et une couche harmonieuse scintillait à la lumière du brasero. La nymphe s'avança à son tour, allégorie de la grâce. Ses cheveux se balançaient au rythme hypnotique des hanches et à un instant le messager capta son regard. L'iris de ses yeux luisait d'un noir profond. Il contempla les lèvres pulpeuses de sa Reine, dont il pouvait presque deviner la douceur. Étourdi par tant de volupté, le héraut sentit une caresse contre sa paume. La missive venait de lui être retirée. Morathi l'examina quelques instants. Elle portait le sceau de plusieurs familles puissantes de Naggaroth.

    — Laissez nous, dit-elle, je veux converser seule avec le messager.

    Les suivants s'exécutèrent dans l'instant. Le capitaine fit volte-face, salua Dame Morathi, puis lança au cavalier un regard emprunt de méfiance. Les deux sorcières dévisagèrent le héraut avec dédain et le frôlèrent, l'une à sa gauche, l'autre à sa droite. Même un profane comme lui percevait leur puissance et il privilégia la prudence ne s'offusquant pas de leur comportement outrageux. Lorsqu'elles franchirent le pas de la porte, celle-ci se ferma sans que personne ne la pousse. Morathi incita son intervenant à s'exprimer.

    — Ma Dame, balbutia le héraut, je suis mandaté à la demande des dynastes du Conseil. En votre absence, celui-ci fut présidé par Dame Helleborn. Les nobles ont eu vent de la défaite de le plaine de Finuval et de ses... conséquences. Il se tut quelques secondes, cherchant à trouver les mots qui préserveraient sa vie. Depuis la disparition du Seigneur Malékith et la retraite du champ de bataille, certains membres du Conseil s'interrogent quant à la vacuité du trône.

    — Les Sombrecoeur, Kaledor, Hellbaine et tant d'autres, dont naturellement Hellebron me demandent ainsi des comptes ? Je devrais les faire exécuter et vous aussi par la même occasion. Elle marqua une pause, indécise. Mais vous saurez vous rendrez utile. Vous allez transmettre un message à ces politiciens de pacotille, opportunistes et naïfs. Le Seigneur Malékith étant absent, j'assurerai moi-même la régence jusqu'à son retour.

    Le héraut sembla pour le moins perplexe face à cette révélation et y vit la confirmation que son suzerain avait péri, comme les rumeurs les plus alarmistes le prédisaient. Dame Morathi lut le trouble qui hantait son âme. D'une incantation, elle décida alors de fissurer la réalité. Un portail ondulant apparut au sommet de la tour de Ghrond et la Reine le traversa, invitant son hôte à en faire de même.

    — Approchez, vous ne craignez rien. Vous serez ma voix et mes yeux à Naggarond, déclara la Matriarche.

    Terrifié, le cavalier hésitait. L'énergie sombre qui maintenait entrouverte la frontière entre ce monde et l'autre pulsait, menaçante. Craignant plus que tout le châtiment de sa maitresse s'il désobéissait, le héraut prit finalement son élan. Il ferma les yeux et s'élança au travers du portail. La sensation fut humide comme s'il bruinait, sans que toutefois sa tunique ne soit imbibée. Il s'attendit à chuter et fût surpris que ses pieds ne heurtent aucune surface dure, comme si la pesanteur n'existait plus. Morathi l'attendait, laconique. Le spectacle réservé au messager fut époustouflant ; tous deux flottaient dans le néant étoilé, loin au dessus de ce qui semblait être une terre.

    — Que vos yeux soient grand ouverts, car ce que vous vous apprêtez à voir sera unique, l'avertit la Matriarche.

    La Dame aux milles et une beautés déposa les mains sur ses tempes et les deux corps se rapprochèrent aussitôt de la terre. Leur vitesse s'accrût, devint astronomique et les étoiles, les nuages, les arbres se confondirent en un tourbillon de couleurs, jusqu'à ce qu'une chambre sans fenêtre se dessine dans l'éther. Le héraut fut pris d'une sorte de vertige devant tout le faste de cette pièce. Des broderies somptueuses tapissaient les murs. Des meubles aux contours épurés mettaient en valeur des vases d'orfèvres et des sculptures garnies de joyaux et de métaux précieux. Le messager laissa glisser son regard sur une couche à baldaquin dont les draps furent défaits. Là, se tenait l'elfe le plus puissant de Naggaroth. Accoudé, ce dernier semblait étonnamment détendu et feuilletait patiemment un ouvrage d'une langue inconnue aux profanes. Malékith ne se doutait pas un seul instant des voyeurs qui peuplaient sa pièce, en ce moment même. Soudain, la concentration de Dame Morathi faiblit légèrement. Le plafond de la pièce se découpa sur le néant et de minuscules créatures fondirent sur les deux elfes. La Matriarche se ressaisit rapidement, mais pas assez pour que les démons ailés ne heurtent la barrière invisible qu'elle venait de dresser. Effrayé par une horde fulminante composée de griffes et de crocs, le héraut sentit son coeur battre à tout rompre. Sans savoir que faire, il dégaina son épée, adressant des regards craintifs à Dame Morathi. Celle-ci l'ignora froidement et maintint la barrière en place le temps de franchir le portail, avant de le dissiper d'un geste final.

    — Ainsi vous voilà convaincu soldat ? A présent, portez sans plus attendre ma parole à Naggarond. Vous pouvez disposer, coupa-t-elle sèchement.

    Le cavalier la salua bien bas et se précipita hors de la tour, pétri d'effroi. Son corps tout entier était parcouru de tremblements. Il pria finalement pour ne jamais revoir Dame Morathi.

  18. Edit réecriture 12/11/13 : merci pour les commentaires, j'ai supprimé la plupart de mes propres réponses pour faciliter la lecture.

    ***

    Le guerrier en armure arpentait machinalement le chemin de ronde. Il guettait depuis des semaines un ennemi invisible au delà du mur, dont les gelées répétées avait fissuré la pierre. Son transfert à la frontière des désolations du chaos avait fait doubler son solde, mais il en payait un lourd tribut. Ses rêves, ultimes moyens d'évasion, étaient désormais peuplés de créatures maléfiques. La nuit dernière encore, il dut lutter contre ses démons.

    Le cauchemar débuta simplement. Il marchait seul, sans repère, le long d'un sentier sablonneux. La brume dense était sa seule compagne, lorsque surgit brusquement un premier visage grimaçant. Cette apparition fut pareille à un mirage, jusqu'à ce que d'autres démons lui emboîtent le pas. L'angoisse s'empara dès lors de l'elfe. Un frisson glacé lui courut entre les épaule au moment où le premier opposant tenta de lui lacérer la gorge. Il leva son bouclier en guise de parade, murmura une prière à Khaine et chargea bravement la horde. Son sabre fouettait l'air aveuglément, tournoyait et tranchait les corps, mais les ennemis toujours plus nombreux finirent par le submerger. Ils l'encerclèrent, si bien qu'il ne put anticiper le coup sournois le visant à la nuque. Sonné, il tomba à terre et réalisa maladroitement un dernier moulinet qui fut facilement paré par le chef de meute. Le démon asséna un coup brutal qui lui décrocha la mâchoire. L'elfe perdit subitement connaissance.

    Ce fut sans doute le goût âcre du sang en bouche qui l'extirpa de sa torpeur. Il se tenait nu et allongé, pieds et poings liés à un autel de marbre fissuré. Sa mâchoire pendait mollement et sa vision était trouble, mais il distingua les mêmes créatures qu'il avait combattu avant de sombrer et qui s'adonnaient maintenant à une danse tribale. Les ravisseurs ne mirent que peu de temps à s'apercevoir de l'éveil du captif. Ils quittèrent leur transe et poussèrent de sauvages acclamations. L'un des démons à l'allure simiesque fendit la masse beuglante, les bras croisés. Il considéra un instant l'elfe avec nonchalance, se délectant de la terreur au fond de ses yeux. Ses bras musculeux se décroisèrent, révélant ainsi l'artéfact sinistre. La conscience de l'elfe vacillait pas saccade. Aussi ne put-il distinguer précisément l'objet. D'apparence métallique, sans doute était-il aiguisé ? Le guerrier l'ignorait. C'est alors qu'il sentit une violente empoignade à l'entrejambe qui lui donna la nausée. Il aperçut alors le démon lever le bras au ciel et un instant plus tard, l'abattre en ligne droite. Une douleur atroce, insurmontable le fit défaillir. Il poussa un hurlement dérisoire en comparaison de la souffrance indicible dont il était l'objet. Elle envahissait chaque replis de sa peau, chaque nerf de ses muscles et battait dans ses veines au rythme effréné de son coeur. Un liquide chaud et rougeâtre glissait le long de ses cuisses. Le cauchemar commençait à peine.

    Le démon exhiba fièrement son trophée sanguinolent, avant de l'enfourner dans sa large bouche, sous les acclamations de la foule. Au paroxysme de la douleur et du dégout, le guerrier régurgita le contenu de son estomac, s'attirant les quolibets de ses tortionnaires. Le chef de meute approcha sa tête difforme de l'elfe, mima la compassion, puis se tourna vers l'assemblée hilare. Les acclamations gutturales redoublèrent d'intensité. Le démon déchira la tunique de l'elfe, révélant un torse svelte et glabre. Il le regarda droit dans les yeux et hocha la tête avant d'entamer un lent mouvement tranchant et vertical, de haut en bas. L'elfe ferma les yeux comme pour se préserver du supplice à venir, mais il ne put réprimer un hurlement lorsque ses organes furent révélés au grand jour.

    « Un festin vous attend mes frères, servez-vous ! », clama le démon.

    La mort aurait du l'emporter mais elle lui refusait ce plaisir. Et seulement lorsque tous ses viscères furent dévorés, l'un après l'autre, le guerrier s'éveilla à la réalité, haletant et trempé de sueur.

    Ses cauchemars gagnaient en intensité et celui de la nuit dernière hantait encore ses pensées. Il n'était pourtant pas question de se livrer à qui que ce soit. Sur la terre du grand froid, la coutume muselait les états d'âme. Nombre de ses compagnons avaient ainsi sombré dans la démence et les cas de suicide étaient devenus monnaie courante. Nul n'ignorait la vérité sur ces évènements, mais la loi du silence régnait en maître, afin ne pas saper le moral des troupes. On encourageait la délation qu'elle soit fondée ou non, et tout contrevenant s'exposait au châtiment définitif du Seigneur Druk'theran qui abhorrait plus que tout cette « faiblesse d'esprit ».

    Aujourd'hui encore, l'hiver resserrait son étreinte glacée et une lourde brume pesait au dessus de la tour du nord, masquant sa plus haute flèche d'un nuage surnaturel. La forteresse constituait le premier rempart contre les incursions du chaos. Sa physionomie simple faisait primer la fonctionnalité à l'esthétique ; d'épaisses murailles, gardées jours et nuits, entouraient plusieurs casernes sous le contrôle de différents lieutenant de Naggaroth. Les baraquements entreposés de façon méthodique encerclaient eux-même une tour noire dont la hauteur défiait le ciel. La tour de Ghrond fut une des premières à être érigées, au temps des grands travaux engagés par Malékith, peu après l'exil du peuple Druchii. Le noir Suzerain les avait pensées tel une maille qui relierait le glacier de Fergivre à l'estuaire de la mer gelée. L'entreprise fut colossale, mais une fois les tours de guet dressées, celles-ci permirent de mettre un terme aux incursions venues du nord. Par la lance et l'épée, le Roi Sorcier imposa son autorité aux tributs barbares. Les échardes bordent les désolations du chaos et la proximité avec cette région infernale a endurci les veilleurs. Dans les désolations, la frontière entre ce monde et celui des démons est ténue. Les courants des arcanes soufflent ici plus fort qu'ailleurs et les thaumaturges les plus expérimentés du royaume se livrent à de sinistres rituels, au sommet de leurs appartements. Par leurs enchantements, elles tentent de décrypter les courants et de lire l'avenir. Des missives s'échangent chaque jour entre les tours de guet et Naggarond, le fief de Malékith. Le Roi Sorcier voit tout, sait tout et tient ses légions prêtes à agir quand les vents se déchaînent et entraînent dans leur sillon les horreurs les plus abjectes.

    Malgré la présence de cinq milles hommes, la guerrier ne se sentait pas en sécurité. Un malaise pesant s'installait en lui. Ses démons étaient profondément enfouis. Ils ne cessaient jamais de le pourchasser.

    A quoi bon ?, se disait-il. Tôt ou tard, ils marcheront à notre rencontre, et notre monde sera condamné.

    Il pencha la tête par dessus la muraille. La hauteur lui provoqua un vertige étrange où peur et désir se confondaient délicieusement. Il voulut appréhender le vide, tester ses limites, accroître ses sensations. Discrètement, il profita que son collègue eut tourné la tête, afin d'enjamber la rambarde ; là, il se mit à rire sans raison, tel un dément. Pour la première fois depuis des mois, il sentit le parfum de la liberté. Il pouvait presque voir le visage de sa femme en contrebas, ses longs cheveux noirs flottant au vent. Elle l'appelait à elle. Il lui manquait tant. Sans plus d'hésitation, l'elfe ferma les yeux et se laissa glisser lentement...

    « Cavalier elfe en approche ! », avertit le guet.

    Cette voix dure et ferme ramena instantanément le guerrier à la réalité. Instinctivement, il rouvrit les yeux et s'extirpa violemment en arrière. La chute sur le dos lui coupa la respiration. Il réalisa avec angoisse la folie qu'il s'apprêtait à accomplir. Il se leva et jeta un oeil craintif par dessus la muraille. Le spectre de sa femme avait disparu. Attiré par le fracas métallique, son camarade accourut :

    — Que t'est-il encore arrivé ? soupira le garde.

    — Rien de grave, mentit le guerrier. J'ai glissé sur une plaque de gel. Reprenons notre poste.

    Son camarade le considéra un instant avec suspicion puis retrouva son individualisme habituel :

    — Dépêche toi de te relever, cet endroit est suffisamment sinistre, je n'ai pas envie d'y être affecté toute ma vie par ton oisiveté.

    Le guerrier acquiesça le regard vague. Bientôt, mais pas encore..., lui murmura une voix douce.

    Un cavalier noir comme la nuit fendait la brume à toute allure, sans se soucier de la centaine d'arbalètes à répétition braquée sur lui. Ouvrir la forteresse comportait toujours un risque qu'il fallait contrôler par des mesures nécessaires. Au moindre mouvement suspect, le héraut serait abattu sans sommation. La herse de fer s'ouvrit sur la cour et le cavalier pénétra au sein de la cité fortifiée. On ferma presque immédiatement la lourde porte derrière lui. Le capitaine de la garnison et son escorte s'avancèrent. Ils reconnurent aisément le blason de Naggarond mais il était du devoir du gradé de suivre la procédure :

    — Halte là cavalier, d'où viens tu et quelle est ta mission ? s'enquit-il.

    L'interpellé fit révérence et répondit calmement :

    — Salutations capitaine, je suis Illyas Saltek, messager de Naggarond. Une bande du nord en maraude semble avoir échappé à la vigilance des tours de gardes et mes compagnons et moi même avons été la cible d'une embuscade. En tant que survivant, j'apporte un message à son excellence, Dame Morathi.

    Le capitaine ne se souciait pas le moins du monde du sort de l'escorte. Il se contenta d'examiner le cachet de sa missive et en conclut immédiatement son importance.

    — Suivez-moi soldat, siffla-t-il, un roturier humain se chargera de votre monture.

    La troupe poursuivit à pied, sous les regards inquisiteurs des soldats alentours. Ils atteignirent après quelques minutes de marche la porte du couvent où deux brasiers brulaient d'un combustible invisible. Les froides dalles de pierre s'empilaient en colimaçon sur plusieurs dizaines de mètres ; l'ascension s'avérait longue.

  19. EDIT réecriture 11/11/13 : Malékith reste Malékith. Sur de lui, voire franchement hautain. Certes, il survivra, mais l'intérêt est de savoir comment et pourquoi. Place à la suite.

    ***

    Dame Sharaz mesurait environ deux pieds de plus que Malékith, pourtant de haute stature. Son corps entier était couvert de runes aux motifs complexes et d'étranges talismans finement ciselés caressaient l'ouïe à chaque tintement. Le galbe de ses hanches captait l'attention et il émanait d'elle un halo de lumière infiniment apaisant. Elle descendit lentement les marches raffinées de son trône et s'approcha de ses deux convives privilégies. Un sourire subtile précéda sa prise de parole.

    — Prince Malékith, nous vous attendions avec impatience ! s'exclama Dama Sharaz, d'une voix chaude et réconfortante. J'ai confié vos soins à ma plus fidèle prêtresse, Dame Alyndra qui se trouve à vos côtés.

    La prêtresse dont il était question hocha la tête en direction du dit prince, qui lui rendit à son tour une juste considération. Les instincts politiques de l'elfe reprirent rapidement leurs droits.

    — Votre hospitalité est des plus gomorrhéenne, renchérit-il d'une politesse emprunte de sarcasme. Que me vaut donc l'honneur d'arpenter ce lieu impropre aux mortels ?

    — Sage interrogation mon enfant, répliqua Sharaz. Votre mère Dame Morathi et moi même avons conclu un pacte à avantages respectifs. Votre vie contre disons le, quelques indulgences, ajouta-t-elle, tandis que sa voix s'élevaient dans les airs.

    — Soit, auriez vous l'obligeance de me préciser les termes du contrat, ajouta-t-il feignant à nouveau la politesse. Et qu'avez vous fait de mes artéfacts ?

    — Les termes ne notre accord ne sauraient s'ébruiter, je regrette, Prince Malékith. Pour ce qui est de vos effets personnels, rassurez-vous, ils sont en sureté, dit-elle en accompagnant sa réponse d'un sourire bienveillant.

    — Tout cela est limpide, ma Dame, mais aussi chaleureux soit votre accueil, les responsabilités me pressent à regagner le monde des mortels, annonça-t-il.

    — J'ai bien peur que votre requête ne puisse aboutir, jeune prince. Vous êtes un personnage d'importance dans l'autre monde. Je ne puis raisonnablement vous laissez partir sans en exiger une juste et préalable compensation. Son sourire rassurant se mua en un rictus pervers.

    Malékith fut secoué d'un rire glacial.

    — Soyez sans crainte, les traitements dont vous m'avez gratifiés seront hautement récompensés ; mais veuillez maintenant me rapporter mes effets personnels, conclut-il avec fermeté.

    Un silence facilement interprétable ponctua sa demande.

    — Vous osez me retenir en captivité ? persiffla-t-il. Sachez que je ne négocie nullement avec les gens de votre espèce et que je m'emparerai de ce que je veux quelque en soit la manière !

    Sa dernière phrase retentit dans la salle de réception tel un coup de tonnerre, soulevant ainsi une violente bourrasque. Les énergies magiques crépitèrent autour de son ombre, façonnant ainsi un vortex de lumière noire. Tirant son pouvoir directement à leur source, le sort de Malékith atteignit une puissance inégalée, faisant trembler le dôme du réfectoire. Des coupes de cristal se brisèrent en une kyrielle de fragments et la porcelaine fut projetée à travers toute la pièce. Les convives apeurés interrompirent leurs activités lubriques et certains téméraires s'interposèrent pour défendre leur maitresse. Dame Sharaz resta étrangement impassible, tandis qu'Alyndra se contentait d'observer froidement le Roi Sorcier, comme l'on mépriserait un butor.

    — Prince Malékith renchérit la matriarche, votre ingratitude envers ceux qui vous ont sauvé la vie témoigne de votre manque d'esprit. N'envisagez pas votre séjour parmi nous comme une « rétention », non... voyez-le plutôt comme un privilège. Celui pour un mortel de goûter à une parcelle de paradis.

    — Votre décadence insipide ne suscite en moi aucun attrait, dame du vice, dit calmement Malékith. Je vous laisse à présent le choix. Conduisez moi à mes effets ou mourez !

    L'elfe ressentit plusieurs auras magiques s'insinuer discrètement dans son dos et d'un simple mot, il décida de les incinérer, dispersant leurs cendres dans le néant. Les convives poussèrent un hurlement de rage mêlé de frayeur et nombre d'entre eux révélèrent leur vraie nature. Les mains fines s'allongèrent en pinces redoutables, les jambes fusionnèrent en une longue queue reptilienne, aux battements sensuels et malsains. Les visages d'éphèbes devinrent hideux, tandis que de nouvelles langues serpentines balayaient frénétiquement l'air.

    — Quelle absurde mascarade estima Malékith, contenant son dégoût.

    Sa répulsion fut brusquement chassé par une sensation douce et chaude qui parcourut son corps, pareille à un léger chatouillement de l'âme. Le Prince fit volte-face et constata l'étrange rune que Dame Sharaz inscrivait dans les airs. Le symbole obscur apaisa immédiatement la fureur des convives qui, petit à petit, reculèrent et retrouvèrent leur état illusoire, si plaisant à la vue.

    La matriarche reprit la conversation autrement :

    « Lorsque nous vous avons trouvé agonisant, j'ai confié vos soins à Dame Alyndra, comme vous le savez. Pour soigner vos blessures, il nous a fallu ôter votre armure, soudée à même la chair. Ce fut un travail de longue haleine. Alyndra y consacra son temps et usa de toute sa sorcellerie pour l'accomplir. Nous découvrîmes en outre que votre formidable vitalité dépendait de cette armure. Pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons préféré la conserver hors de votre portée pour le moment, remplaçant ses effets sur votre santé par nos enchantements. L'énergie brute qui abreuve votre corps en ce moment même en est le fruit. C'est grâce à elle que vous pouvez vous mouvoir, dialoguer ou manier les arcanes sans ressentir d'affreuses brûlures. Même si nous ne pourrons jamais expier la marque divine, sachez qu'ici en ce temple du plaisir, peine et douleur n'ont plus d'existence ».

    Elle marqua une pause, sembla perplexe, puis reprit :

    — Et ce n'est certainement pas votre esprit tourmenté qui corrompra ce havre de paix, sans quoi Alyndra devra prendre des mesures, comme vous l'avez sans doute remarqué, ironisa-t-elle. Sachez aussi que si l'envie vous prenait de vous enfuir, les charmes de la prêtresse cesseraient nécessairement, vous exposant à un univers infernal dépassant votre compréhension. Un lieu de larmes et de sang, de sang et de fureur, loin, très loin de cet idylle. Avez vous saisi l'essence de mes propos, prince Malékith ?

    Après une légère hésitation, le noir suzerain dissipa son vortex, emportant avec lui la tension de l'assemblée. Sans accorder le moindre égard à sa geôlière, il tourna les talons et maugréa :

    — J'accepte ma condition, Sharaz.

    Sur ces mots sinistres, la silhouette sombre s'en alla rejoindre ses appartements, ne prêtant aucune attention aux courtisans qui s'écartaient de son chemin.

  20. Bonjour, ma rentrée étant tardive, j'ai beaucoup de temps libre, alors j'arpente le forum et je lis, même si je n'ai pas toujours le temps pour commenter (et oui écrire et commenter prennent du temps, alors quand on en manque, il faut choisir!). Ce que je vous propose aujourd'hui est un thème qui me tient à coeur : les pérégrinations de Malékith dans le Royaume du Chaos. Il s'agit donc d'une nouvelle s'inscrivant dans le monde de Warhammer. Vous êtes au courant, je n'ai pas inventé le personnage. Ce qui m'intéresse sera de le développer au fil d'aventures trouvant peu d'écho dans le fluff officiel. Vous verrez aussi que je reprends souvent des éléments du dit fluff officiel et cherche à les approfondir, les relier ou tout simplement à les interpréter, le tout pour donner une cohérence à mon histoire. J'essayerai tant bien que mal de respecter les dates et les lieux des évènements connus que je reprendrai à mon compte, mais gardez en tête que je n'ai pas de licence en histoire du monde de Warhammer ; que même si google est mon ami, il m'arrivera fréquemment de me planter dans l'âge de tel ou tel personnage à tel moment de l'aventure. Si un puriste passe par là, qu'il me le signale. Enfin, je voudrais vous dire trois dernières petites choses avant de vous présenter mon bébé.

    - La nouvelle aura quatre parties limpides (vous comprendrez pourquoi au fil des discussions)

    - J'essaie de la réediter régulièrement, car avec le temps certains passages me paraissent trop peu précis, confus ou tout simplement mal écrits. Preuve en est, sur ce premier post, j'en suis au moins à ma 10e réedition, dussent-t-elle ne servir qu'à 5 nouveaux lecteurs.

    - Si ma nouvelle vous plaît, n'hésitez pas à la faire partager, car je suis extrêmement jaloux que Inxi ait pu obtenir 1000 vus en seulement un jour avec la sienne.

    Tout est dit, bonne lecture!

    ***

    En l'an 2301 du calendrier impérial...

    La bataille de la plaine de Finuval faisait rage. Une fois encore, les armées d'Ulthuan luttaient contre la folie destructrice de leurs noirs cousins. Nourris par l'euphorie de la reconquête, la haine armait le bras des Druchii et peu à peu, l'espoir des Asur faiblissait. Alors que le destin de l'île semblait scellé, Teclis implora Asuryan et éveilla la puissance du sceptre qu'Alarielle – la reine éternelle, lui avait offert. Dans un geste tant audacieux que désespéré, Teclis libéra un éclair d'énergie pure directement sur le Roi Sorcier. Malgré ses efforts, le souverain ne put détourner le projectile et fut brûlé jusqu'aux tréfonds de son âme. A nouveau frappé par le jugement d'Asuryan et au seuil de la mort, Malékith rassembla les bribes de son pouvoir et s'échappa dans les Royaume du Chaos.

    Chapitre I : Oisiveté, plaisir et vice

    Le Roi Sorcier chuta lourdement au sol dans un fracas métallique. Face contre terre, ses os lui semblèrent brisés, sa chair brûlée, son âme meurtrie. Il voulut hurler, mais ses cordes vocales ne répondirent plus. Une souffrance indicible le paralysa et il mit longtemps avant de réaliser où il se trouvait. Relever la tête lui arracha un premier cri inarticulé ; de fait il aperçut d'immenses pins tout autour de lui. Tous ces conifères le noyaient par leur gigantisme et à un moment, il jura que l'un d'entre eux l'observait, silencieusement. Sa vision floue distinguait un oeil logé dans la partie basse du tronc. Recouvert d'une résine brunâtre, cet oeil le fixait sans ciller. Malékith se souvint alors avec horreur de la bataille, du sortilège et de sa fuite. Il n'eut pas le temps de mobiliser ses ressources, qu'il entendit de toute part des craquements secs d'écorce, aussitôt suivis par des bruits de succions. Des globes oculaires naissaient là ou l'écorce avait éclaté. Certains pleuraient, d'autres cillaient sans cesse, mais tous observaient l'elfe. Malékith sentit ces yeux vides et noirs le fixer impitoyablement et sa douleur céda progressivement place à l'angoisse. Les regards devinrent plus incisifs. Il rampa pour leur échapper, mais ses coudes endoloris glissaient sans cesse sur les feuilles mortes. L'insanité le pourchassait. D'autres globes émergèrent bientôt, transformant l'angoisse de l'elfe en terreur sourde. Les yeux étaient partout. Ils jaugeaient son âme, se délectaient de sa noirceur. Malékith sentit ses barrières faiblir et tandis que sa conscience s'éclipsait, une voix apaisante résonnait dans sa tête.

    L'héritier est enfin parmi nous, chargez vous de lui.

    Le Roi Sorcier s'éveilla brusquement à la réalité. Son sommeil fut hanté de cauchemars effroyables, qu'il préféra chasser de ses pensées. Assis sur une couche au confort certain, il opéra une rapide inspection des lieux. La pièce dans laquelle il se trouvait était spacieuse, mais sans fenêtre. L'éclairage tamisé par de l'encens narcotique révélait moult broderies et tapisseries, décrivant des scènes de banquets ou d'amours interdits. Il ne tarda pas à remarquer sa propre nudité. Pour la première fois depuis quatre millénaires, son cercueil de métal lui fut ôté, si bien qu'il eut tout le « loisir » de contempler ce qui autrefois était un corps d'elfe, et dont il ne restait qu'une peau à jamais noircie, recouvrant quelques muscles atrophiés. Il se tint debout, au centre de la pièce, devant un miroir à l'ornement obscène.

    « Qui de mon corps ou de mon âme est le plus usé ? », demanda-t-il à son sinistre reflet.

    Il ne reçut en écho qu'une frappe à la porte, aussi douce qu'une caresse. Il devina aisément quelle créature pouvait dégager une telle aura. Les vents de magie soufflaient si fort qu'ils lui indiquèrent la présence de nombreuses autres créatures, derrière les murs ; il pouvait presque les flairer. Ces femmes avaient sans doute eu maintes occasions de l'éliminer pendant son sommeil, mais ne l'avaient pas fait. Seul et désarmé, le Prince fit preuve d'une extrême prudence. Il revêtit en hâte un drap de soie autour de sa virilité, puis ouvrit la porte de bois, feignant la nonchalance.

    Ses sens ne l'avaient pas trompé. Une femme à la beauté insolente se tenait lascivement, sur le pas de la chambre. Presque entièrement nue, elle ne portait que quelques morceaux de tissu au niveau du bas ventre, plus par esthétisme que par pudeur. Des jambes interminables surmontées de hanches légèrement évasées portaient un ventre plat, couvert de peinture. L'encre bleu traçait un labyrinthe sinueux que le regard se devait de suivre. Le petit sentier semblait volontairement s'attarder sur le nombril de la succube, comme pour en ralentir sa progression en hauteur. La poitrine était pourtant une escale que nul mortel n'aurait esquivé : de petits seins à la fermeté emplie de désir n'attendaient que les délices d'une nuit d'amour sans lendemain. De longs cheveux noirs de jais achevaient un visage si parfait, qu'il en devenait artificiel. Aussi artificiel que le sourire enjôleur qu'elle arborait. A son cou enfin, pendait un collier au symbole androgyne, révélant ouvertement son identité. Cela n'était qu'un détail. Tout être ayant quelque affinité avec les arcanes aurait pu déceler la véritable nature de cette femme. Elle exhalait volupté et une telle puissance magique, qu'elle en semblait intrinsèquement liée. Selon la loi Naggarothi, le Prince aurait du occire cette servante qui avait l'impudence de se tenir à moins de trois longueur de lame, mais en ces lieux, il n'était qu'un étranger hors de son Royaume.

    — Salutations prince Malékith. Votre nuitée fut-elle douce en notre contrée ?

    Le ton était ouvertement ironique.

    — La nuit fut délicieuse et je vous remercie du soin que vous me portez. Je n'ai cependant pas l'intention de m'épancher d'avantage en politesses futiles. Conduisez moi à votre maîtresse immédiatement, répondit-il, comme s'il ne s'agissait que d'une simple préposée.

    A cet instant, il croisa le regard de son interlocutrice. Ses beaux yeux bleus d'une clarté frôlant le gris pénétraient son esprit et en prenaient subtilement le contrôle. Malékith sentit un vent de panique s'emparer de lui. Cela commença tout d'abord par un immobilisme. Le regard de la succube le fixait intensément et il sentit sa main droite glisser le long de son bas ventre. Lentement, elle dénouait le drap autour de sa pudeur. La démonette fixait toujours Malékith, se délectait de son impuissance, puis à l'ultime dénouement, un sourire narquois se dessina sur son visage. « Suivez-moi », dit la jeune femme à la voix pleine de promesses. Les mots prononcés en Drukh-Eltharin semblèrent comme flotter dans les airs. Les consonances dures et sèches du langage Druchii s'habillaient d'intonations doucereuses lorsqu'elles étaient prononcées par la succube. Ces deux mots simples suffirent à apaiser immédiatement la vindicte de l'elfe. Ayant repris possession de ses moyens, il renoua le drap autour de sa taille, et dans un regard aussi surpris que prudent, suivit la marche volontairement chaloupée de la jeune femme.

    En premier lieu, l'elfe et la servante longèrent un corridor pourpre aux nombreuses sculptures de marbre. Des fillettes figées et faussement effarouchées « jouaient » avec des bêtes sauvages, aux membres érigés et aux yeux exorbités. Malékith n'appréciait guère ce type d'art, dont la décadence lui rappela les jardins de sa mère. Il réprima son dégout et accéléra le pas. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de repenser la scène qu'il venait de vivre. En l'espace d'un éclair, il avait perdu possession de son corps, découvrant un sentiment étrange, mêlant soumission et colère, dans un balai d'euphorie. Ses pensées aux conclusions paradoxales s'évanouirent à l'instant ou il découvrit le coeur du temple.

    — Voici le buffet aux milles plaisir, dit simplement la succube. Après votre entretien avec Dame Sharaz, vous pourrez vous restaurer à loisir.

    Pauvre sotte, pensa-t-il, cela fait une éternité que les besoins des mortels ne sont plus les miens.

    A sa droite, la table du banquet ne semblait avoir aucune limite, s'étendant à perte de vue elfique. Des milliers de convives à l'apparence humaine festoyaient dans le plus simple appareil, sans prêter attention au suzerain des elfes qui errait. Celui-ci fut immédiatement séduit par la diversité des mets qu'on lui proposa. Cà et là, se côtoyaient perdrix, paons et gibier, dont le fumet délicat lui chatouilla les narines. Toutes les viandes furent accompagnées de céréales cuites et de végétaux rares tels le panet ou l'onagre. Le vin quant à lui, coulait à flot depuis d'immenses amphores suspendues et les corbeilles resplendissaient de fruits rivalisant de beauté et de fraicheur. Partout, l'appétit était courtisé. Des jeunes femmes au teint clair et aux traits juvéniles déversaient à la demande des convives des épices ou du miel, dont les multiples nuances trompaient sans cesse le palet. Les hôtes piochaient allègrement leurs victuailles dans des jarres inépuisables. Quand l'un d'eux se servait une part, le plat entamé se remplissait prodigieusement de lui même. Il eut fallu l'éternité et même plus à Malékith, pour ne serais-ce que goûter chacun des mets.

    Un bruit de vaisselle brisée interrompit ses rêveries et il se retourna. L'un des convives venait de saisir une servante par la taille et la projeta sous lui. Avec une brutalité sauvage, il lui écarta les cuisses et la pénétra à même la table, sous l'acclamation de l'assemblée. La succube au torse peint eut un léger rire moqueur, tandis que Malékith crachait sur leur comportement bestial. Il se questionna alors sur les autres incivilités auxquelles il aurait droit au sein de la maison du vice. De part et d'autre du banquet, se trouvaient des alcôves, dont les ombres appelaient à plus d'intimité. Le peu de luminosité dévoilait des poses sensuelles qui se dessinaient sur quelques divans colorés. Là, d'autres convives sirotaient diverses boissons au contenu érotique, ou chevauchaient ardemment de beaux mâles à la nature avantageuse. Cet endroit était une ode à la perversion. La nudité noircie du roi sorcier passait inaperçue et ils continuèrent leur progression jusqu'à l'autel de Dame Sharaz. Celle-ci salua l'arrivée du couple, se leva de son trône et écarta ses mains, les paumes face au ciel.

  21. Gros mécontentement, niveau scenario.

    Pardon? Le prisonnier se coupe la langue durant une séance de question? Tu veux dire que personne ne lui a pose de gouttière? (pour info, ce sont deux petites pièces de métal que l'on place a la commissure de la mâchoire pour empêcher son actionnement. Aujourd'hui il n'y a -je l'espère- plus guère que les vétérinaires qui s'en servent. Et peut-être également les malades atteints de bruxisme, mais j'imagine que la médecine dentaire a du faire des progrès depuis.)

    Au départ je pensais que c'était de l'ironie... Mais je ne crois pas qu'Arion pouvait se douter que son interlocuteur allait se crever les yeux et se déchirer la langue. De toute facon ca n'a pas d'interet puisque le sectateur n'en aurait dit plus. S'il ne s'était pas mordu la langue, il se serait suicidé avec ses lames...

    Bref si y a une incohérence dans le scénario c'est pas à ce niveau :P

    ( Ah oui c'était a Poupi de répondre )

  22. C'est reparti pour la critique. Comme d'habitude je vais oublier la moitié de ce que j'ai en tete. Et comme d'habitude je devrai y revenir.

    Naturellement j'ai tout lu ( en perdant 1/10e dans chaque oeil, merci l'écran plat ).

    Commencons d'abord par la ou je me suis arreté c'est à dire la famille décimée. Soyons clair ce passage est raté. Autant l'idée de créer des personnages attachants pour les éliminer d'un seul coup est interessante, mais la manière dont tu le fais entache le tout pour deux raisons principales. La première est cette rechute vers le bourrinisme. Des têtes arrachées, des membres dispersés à la pelle... Cette surenchère de gore décrédibilise ton passage! Au lieu d'être choqués, on rit de bon coeur :D Deuxièmement, l'émotion n'est pas au rendez-vous. Trop de bambins dont on n'a pas eu le temps de s'attacher et un rythme beaucoup trop rapide ce qui confirme ma thèse du " coup de speed bourrin ". Enfin de compte, on trouve que cette mort accélérée de nos héros est indigne. On en vient même à se demander pourquoi on a lu toute la saga pour les voir finir ainsi? On reste sur une sacrée frustration.

    La deuxième partie de ta saga ( c'est à dire celle avec le chaos ) m'avait très peu inspirée au départ. Mais je dois dire que tu ne t'en tires pas mal malgré quelques bémols. Le mélange des race ( que foutent ici des nains du chaos? ) digne de la campagne d'Albion, le coup de la prophétie ( qui m'a inévitablement fait penser a N'Kari qui pourchasse la descendance d'Aenarion ) vu vu et revue ainsi que les relations parfois tirées par les cheveux entre les personnages ( j'y reviendrai ).

    Mais il y a naturellement du bon et même du très bon. Mention spéciale pour le personnage de Triocculus car même si sa prise de conscience était inévitablement prévisible, j'ai été agréablement surpris que tu la retardes au maximum. La scène de la chèvre dans le sous-sol de l'hotel était aussi une belle réussite car tu as as très bien imaginé et décrit la perversion de la dévote. Etrangement cette description de la perversion est une constante positive dans ta saga :lol:

    Vient aussi la relation dominant / dominé entre les deux chamans ( Ubrianis et l'autre dont j'ai oublié le nom ) qui se renverse presque. Et c'est ce presque qui fait toute la différence! Puisque malgré son chantage il reste toujours en position d'infériorité. Bref que du bon.

    On aborde à présent d'autres points négatifs. Tout d'abord le langage des chaotiques. Tantot beauf tantot mondain. Bien que la tribut vénère Slaanesh, ils restent des barbares ne l'oublie pas.

    Je t’en prie, charge-toi toi-même de prévenir notre tribu… Je ne veux pas subir le spectacle de Trioculus et de son mignon

    Cette phrase me parait incongrue venant d'un gros bourrin à 4 bras.

    On revient maintenant à Arion. Que dire? Il devient de plus en plus dark et la scène de l'interrogatoire ne fait que révéler sa faiblesse d'âme. Bizarrement je trouve qu'il a perdu son charisme des débuts ( avec le comte humain ) pour se transformer en Druchii lambda, même si je pense que sa repentance est proche...

    Tirianis devient discrète ce qui n'est pas plus mal. Malgré sa soumission au démon je crois qu'elle a pris du plomb dans la cervelle. A contrario d'Arion, elle devient bien intriguante et je me demande quelle fin tu lui reserves. ( Pitié pas de tete et de membres éparpillés... )

    Ce qui me fait penser à une autre bonne scène. Celle de la discussion entre Finubar et son conseiller ( Sheratam je crois ). J'ai du mal à cerner ce qui m'a plu dans cette scène... Sans doute la désinvolture qu'ont ces deux elfes de parler d'un troublion comme Arion.

    J'embraye sur deux détails que j'ai oublié. Le 1er n'a aucun rapport avec ce que j'ai écrit plus haut mais c'est au niveau des scènes plus ou moins sexuelles. Soyons cru, je trouve que tu insistes trop sur les seins. Je ne te demande pas de me faire un kamasutra d'heroic fantasy mais il y a des tas d'autres " parties " du corps féminin que tu pourais décrire et rendre sensuelles! Les jambes, le ventre ou meme des parties plus insolites comme le cou, l'expression du regard etc... Les seins c'est un petit peu " facile " :wub:

    Parenthèse fermée, je repars sur Finubar et un détail qui m'a vraiment interpelé. C'est que même lui, ce roi phénix des plus orgueilleux à un conseiller qui dépasse son role et devient presque son mentor. Et en faisant un petit saut dans le passé on se rend compte que presque toutes tes relations entre personnages sont empreintes de paternalisme : Lexaria => Tirianis, le halfling => Comte et son fils voire le vieux chaman androgyne => Ubrianis. Et vu comme finissent les " élèves " on peut se demander si ce n'est pas une critique de la " désobéiance " comme la plupart des tragédies?

    Encore un autre point positif est que la ou tu annoncais une perte de qualité ( a cause de tes exams ), on ne la ressent que peu contrairement a ton dernier post très plat.

    Pour conclure : même si j'ai du mal à cerner ce que tu as voulu faire dans la première partie de ta saga ( trop courte pour etre un récit, trop longue pour être une intro ), tu t'es bien rattrapé dans la seconde. Seulement j'ai l'impression que tu as de plus en plus de mal à réunir les personnages et expliquer leurs rapports sans que cela ne paraisse tiré par les cheveux. Si tu n'as pas de trame de départ, n'essaie pas de complexifier d'avantage ton récit car tu risques de t'y perdre et aboutir sur une conclusion aussi foireuse que le dernier Indiana Jones ( Nous ne sommes pas seuls :P ). Si par contre tu as ta trame et que tu veux t'y tenir, je te conseille aussi de ne plus trop retarder la chute finale car à force d'étirer ta saga ( défi personnel dans doute ? ) tu finis par l'essouffler, comme en témoigne ton dernier post.

    1er EDIT : je laisse les fautes à miss et mister bescherelle :)

  23. Euh, amo, comment dire... Là, t'as pas lu 1/3 de ce que j'ai déja posté, et je n'ai pas encore posté les 2/3 du récit... Donc en gros, t'en est carrément au début.

    Si tu prends le début du Seigneur des Anneaux, t'as plusieurs centaines de pages qui trainent aussi en longueur ; ça permet de poser les personnages.

    Pour l'instant j'en suis à la page 3/6 ( la famille se fait décimer ) mais je vais essayer de finir ta saga d'ici demain. Je suis conscient que je ne juge que partie après partie mais il le faut. Deja que j'ai ommis pas mal de choses que je voulais dire ( Tiens une me revient : ton passage ou on apprend que Paulus et l'elfe ont plein d'enfant est un véritable fouilli! L'utilisation des prénoms des pères / grand pères n'aide pas à la compréhension du lecteur surtout à ce stade ), si je donne un avis qu'une fois TOUTE ta saga lue, alors j'en oublierais encore plus. Je te donne juste un commentaire " progressif " à chaud. D'autres suivront.

    Cette scène là est ratée et trop rapide, je suis d'accord. Elle est é réecrire.

    Oui, une bande de nordiques en maraude : " toc toc toc je cherche des esclaves ", on se demande ou est l'armée kislévite?

    1) Mon récit n'a rien à voir avec la prélogie Star Wars

    2) Même remarque précedemment, t'es au tout début du récit...

    Meme si ton personnage finira par évoluer, ca ne change rien au fait que son " basculement " est classique. Il perd sa femme et sa fille, il sombre dans la folie et le desespoir.

    Le but n'est pas du tout de me la péter.

    Simplement, par la suite, le récit se complexifie un peu (intrigues secondaires, etc...) et le but est que le lecteur garde toujours l'iris en tête ; le but est de faire de cet iris un des enjeux du récit.

    J'imagine mais ne sous estime pas le lecteur. On sait que l'iris est un enjeu. Tu nous le martèles au départ et nous le rappele tout du long avec parfois des allusions manquant de subtilité ( CF Arion qui pete un cable : " regardez ces yeux! Y-a t-il quelqu'un pouvant se targuer d'avoir la meme pureté ? " Oui je réecris ton texte ne m'en veux pas :lol: )

    Elle n'a aucun rapport avec Hélène de Troie.

    Par ailleurs, je n'est pas voulu créer un perso de fille conne, mais un perso de "pucelle naive" qui évolue par la suite.

    Peut etre pour toi. Mais je ne peux m'empecher d'y voir des similitudes ( amour interdit, fuite du chateau etc... ).

    Une pucelle naive? Bel euphémisme X-/

    Tu peux développer ? Je comprends pas "prétentieux" et "populaire".

    Dans le fluff, il parait que Finubar est un roi phénix très populaire, mais j'ai du mal a comprendre comment on peut apprécier un personnage aussi suffisant ( comme tu le dépeints ). En gros je n'imaginais pas Finubar comme tu le décris, mais plutot comme un roi très sage et plutot humble pour un elfe.

    Pour Paulus : encore une fois, tu n'as pas fin de voir sa formation. La première partie (que tu n'as pas encore fini) montre entre autre une évolution, un passage de l'adolescence à l'age adulte ; les scènes "clichés" que tu as lues sont là justement pour refleter une psychée immature et infantile des ersonnage, qui se transformeront par la suite.

    La Paulus est mort et je n'ai pas vu de réelle transformation a part qu'il est devenu père de famille et qu'il ne sait toujours pas se battre.

    Plus sérieusement, c'est faux, la plupart des personnages évoluent. Tirianis, au final, devient bien plus complexe que Chirandoux. Simplement, tu juges des persos dont tu n'as pas fini de voir le portrait.

    Pour l'instant, je maintiens que les personnages ( ou j'en suis actuellement dans le récit ) sont plutot simples a cerner, surtout Paulus. Peut etre que mon avis evoluera dans la suite de la saga.

    Euh... je sais pas trop, je trouve pas que je rends la femme particulièrement objet...

    Peut-être est-ce ma nature profondément machiste qui se manifeste.

    Et pourtant. Quand elles ne font pas violer, les femmes allaitent. Même pour la femme d'Arion que tu passes vite sous silence. Un petit discours, un bucher et on en parle plus. Elles n'ont de l'importance que parce qu'elles influencent les hommes dans leurs décisions ( souvent déraisonnées ) comme la fuite du chateau ou la déchéance d'Arion, ses prostiuées etc... Pour le moment elles n'ont pas d'importance par ce qu'elles font. Voyons comment va devenir Tirianis.

    Tu me trouves libertin, hédoniste, athée, baroudeur... ?

    Et, par ailleurs, si tu connaissais le sort réservé à Chirandoux, tu ne penserais pas qu'il s'agit d'une projection de moi-même.

    Le rôle de Chirandoux est un rôle de mentor, comme il y en a dans nombre de récits fantastiques. Cela ne le rend pas central, bien au contraire : s'est plus un adjuvant qu'un héros.

    Non. Mais il détient pas mal de TES caractéristiques : cynique, moraliste, un poil hédonique et quelques immoralités que nous n'allons pas aborder sur un forum :P

    Sinon oui, j'ai vu sa fin. D'un coté j'etais decu, me disant que ton récit allait en patir mais en y réfléchissant non puisque sa tache est accomplie. Le baron mort, l'éducation de son fils faite, il n'avait plus rien a apporter.

    Ben, autant c'est vrai que parfois je zappe un peu les descriptions, autant pour le coup, Arion est sans doute le personnage le plus décrit ! Y-t-at-t-il la moindre information que tu ignores à son sujet ?

    C'est surtout physique. On ne sait rien de lui je ne parviens pas à me l'imaginer exactement comme Aenarion.

    En résumé, je trouve que tu soulignes quelques points intéressant, mais que tu portes un jugement sur l'ensemble du récit, sans te cantonner au petit fragment que tu as lu pour l'instant.

    Oui mais je suis aussi le seul à commenter de la sorte. Donnant une vision plus globale puisque à chacun des post qui prolongent ta saga, s'ensuivent des commentaires visant uniquement ton dernier post.

    Pour le "jaime lire":

    Une phrase dans le genre là, ça serait sympa de l'expliquer avec des exemples, parsque bon, dire d'un texte qu'il est niveau j'aime lire sans argumenter, c'est moyen sympa...

    Je compare aussi certains de tes passages à du Rousseau. Inutile de te braquer. Mais si tu veux une phrase d'exemple pour " J'aime lire " :

    " Si nous nous gardons d’intervenir immédiatement, continua-t-il en ignorant l’interruption, les corsaires s’imagineront que nous n’avons pas de troupes disponibles pour l’instant. Ils s’avanceront plus en avant dans les terres pour prendre plus de butin. "

    Exemple typique de phrase a deux vitesses. Un style chatié jusqu'à " instant " ( j'aurais mis " moment " question de gout ) puis commun presque enfantin pour la suite : " ils s'avanceront " " DANS les terres " " prendre PLUS DE BUTIN "

    Tu vois un peu de quoi je parle ? Je n'ai pris qu'un exemple parce que j'execre rechercher des petites phrases par ci par la dans un long pavé, mais il y en a d'autres.

    Et il me semble que "carrefour" était tout à fait connu au moyen-âge... (mais pour le vocabulaire, je sais que j'ai commis plusieurs anachronismes).

    C'est possible meme si ca sonne " faux ". Mais il y en a d'autrs : " Pègre " " Toquer " " Vrac " etc... Il y a aussi parfois des termes pour lesquels tu détournes le véritable sens comme te l'a dit Light ( Encore une fois j'ai pas envie de chercher mais si tu en veux, relis ses post ) à tel point que je dois retourner chercher dans le dico et vérifier leur sens! Ca renforce encore cette idée de récit à la qualité variable. Parfois tu négliges totalement certaines parties ( sans doute celles que tu ne trouves pas interessantes mais pourtant obligatoires ) pour insister sur d'autres et trouver les mots justes ou pour en faire trop et détourner les mots de leur sens en voulant " bien faire ". N'importe quel auteur insiste d'avantage sur les passages qu'il prefere mais n'oublie pas qu'un récit plus que pour être écrit est fait pour etre lu. Pense comme le lecteur, n'en fais pas trop et egalise ton niveau d'écriture ( pas ton style qui est pour le moins atypique et plaisant ).

    Edit : Inxi -> Poupi, c'est pas la première fois que je te préviens, apprends à nuancer tes messages. J'ai fait un peu le message mais à part faire fuir les commentateurs, ça sert a rien de mal prendre les critiques. Tu veux des critiques, tu en as, alors apprends juste à mettre ton orgueil de côté et à voir le message qu'on veut te faire passer. Je sais c'est jamais facile mais ça fait partie du métier !

    J'ai eu le droit a la version censurée alors ? :wink:

    tu fais qui cette année ? psycho ?

    Concours ICN business School : 11e / 500. Pff facile.

  24. Salut. Bon c'est une des saga que je me suis promis de lire. Je m'y suis mis à l'instant jusqu'au chapitre 9 " Déchéance " ( page 2 ) et je vais essayer de commenter tout ca ( puis les autres chapitres plus tard ) même si pas mal de points que je voulais aborder sont oubliés ( pour le moment ). Ah au fait, tout au long de mon commentaire je ne cesserais de faire l'analogie avec d'autres oeuvres.Qu'importe prépare toi a des idées en vrac!

    Une saga haut-elfe. Quoi de plus naturel pour un fan de cette race? Bon pour etre honnete je n'accroche que moyennement. Ca y est le mot est laché. Place, maintenant, à l'explication.

    Tout d'abord parce qu'il ne se passe rien. On est dans de l'heroic fantasy pas dans plus belle la vie! Désolé de faire la comparaison mais tous les evenements sont réunis : Amourettes, ambiance " sombre ", kidnaping. Je sais que tu es en thérapie comportementale de débourinage intensif mais la tu en fais trop, par moment c'est ouvertement chiant car tu as tendance à rouler des mécaniques efficaces mais répétitives : Tristesse d'Arion => repas diplomatique => Ebats inter ratial. Le kidnaping ne m'inspire pas du tout. Seul la transformation d'Arion m'intrigue ( la c'est mon coté Darklol qui parle ). Car même si c'est du vu et revu ( Qui a dit Anakin et Padmé? ) on adore nos héros mais ce qu'on préfère c'est les voir tomber :wink:

    Sinon l l'idée de l'iris des ethar en soi est plutot sympa meme si tu insistes trop dessus ( surtout en début de récit ) comme pour dire : " regardez les gars mon idée elle est trop cool! "

    Tiens les personnages. Venons en.

    Le comte Heirich : laxiste, diplomate, sage ( pour un humain ) mais peu charismatique.

    Paulus : Candide libertin ( tout est dit ) , assez ininteressant.

    Arion : personnage relativement interessant. Torturé ( alala j'aime le dark ), ouvert d'esprit tout en gardant son origine elfique ( hautain etc ). Obsédé par sa descendance. Sa métamorphose est un peu rapide et stéréotypée, j'espere que son personnage est approndi par la suite.

    Sa fille ( j'oublie toujours son nom ) : Hélène de Troie en plus conne ( et plus fertiles ) ?

    Finubar : un peu trop prétentieux pour un Roi phénix aussi populaire.

    Le halfling ( idem j'oublie son nom ) : l'image de départ que tu en as fait m'a exaspéré au mais au fil du temps on finit par l'apprécier. C'est le seul ( avec Arion ) qui n'est pas creux. Normal, je le vois comme ta représentation consciente ou pas dans cette saga ( oui tu ne pouvais t'en tirer sans psychologie de comptoir ! :P ). Un être petit, discret mais intelligent et vif. Quelqu'un de presque omniscient qui va devenir le bienveillant maitre à penser du baron, puis de son fils alors qu'il n'était au départ qu'un renegat. Il va même jusqu'a s'attirer la considération de l'ambassadeur des elfes!

    Le coup du " tu m'as libéré de ma prison ? ON EST COP1 POUR LA VIE " est un peu ridicule mais Ce halfling demeure le personnage le plus interessant. Bien qu'il n'occupe qu'un second role il eclipse parfois Arion et c'est dommage. Ne laisse pas ton ego déteindre sur ton récit :lol: En plus de ses remarques souvent droles, il apporte une réelle fraicheur à ton récit. J'aime.

    Au niveau des personnages on a un niveau très hétérogène de qualité et cette caractéristique va te suivre dans tous les domaines de ta Saga. J'y reviendrai.

    Venons en maintenant à l'amour impossible qui devient possible ( merci coca-cola ).

    Comme ca a déja été dit on y retrouve les éléments de la tragédie grecque ( le destin, les races, la barriere mondaine etc... ) arromatisé Illiade et Roméo et Juliette ( forcément le coup du balecon... ). Mais à la rigueur si tu n'as jamais écrit de scène du genre, c'est normal de t'inspirer des classiques. Ce qui me déplait est ce petit coté " Transformers " je ne sais pas comment l'appeler autrement. C'est la caractéristique permanente des ( derniers ) films américains ou l'idiot fornique avec la belle ( Ah Megan fox ... Celle qui a mouillé les reves des ados ). Je trouve ce cliché grotesque et tu aurais pu l'éviter en faisant d'une pierre deux coups c'est à dire rendre Paulus interessant. J'ai pas dit un mix de Rambo et Descartes mais un personnage avec du relief.

    Tes scènes d'amour sont décrites avec une moquerie habituelle ( je sais ca a été abordé )ah que c'est bon de se moquer des ces filles naives X-/ ) mais elle entache le récit puisqu'au lieu de nous faire rever d'amour adolescent, tu nous confrontes a la realité qu'on ne connait que trop bien. L'evasion n'a plus lieu, le contrat n'est qu'a moitié rempli.

    Certains détails m'ont particulièrement frappé. Dans toutes tes scènes d'amour ( charnel comme sexuel ) avec Arion comme Paulus, on y retrouve le male dominant et la femme qui cède toujours aux avances. J'irais meme jusqu'à dire que tu transformes parfois la femme en créature objet. Un objet pour se rassurer, se satisfaire, avoir une descendance. Attention je ne suis loin d'être féministe mais je m'étonne d'être le seul a faire la remarque. Est ce cela ta vision d'une relation d'ado?

    Abordons finalement le style d'écriture. Quelques fautes d'orthographe et de grammaire par ci par la, mais rien de bien important. Le problème reste la syntaxe inégale : tantot tout droit sortie des confessions de Rousseau tantot de j'aime lire ( Etant gosse j'adorais ces bouquins surtout Tom-Tom et Nana mais bon passons ). Tu veux un style riche sauf que tu ne peux le tenir tout du long. Sans cesse on fait le yoyo passant de phrases / termes magnifiquement bien choisis comme : "

    C’est bien de se poser des questions, mais c’est fatiguant d’en poser aux autres. " à un style plus naif " on toqua à la porte de la salle modeste " ou encore "

    Lokhi, un de ses intermédiaires avec la pègre asur " . Tu manies bien ces deux styles mais pas ( encore ? ) suffisament le littéraire pour obtenir un rendu équilibré. Patience. En travaillant tu l'atteindras certainement :wink:

    D'ailleurs je me demandais si Lokhi etait en reference au dieu scandinave Loki ? ( Manigances et intrigues de mémoire ) J'en profite aussi pour souligner la Pègre et d'autres termes comme " carrefour " etc non usités dans un langage moyennageux!

    Enfin les descriptions. Sujet facheux tu en conviendras :P Les tiennes sont parfois menues ( on ne sait rien d'Arion a part qu'il est grand blond et a des yeux bleus / verts ! ), parfois inexistantes ( le chateau des elfes? Kislev n'est que plaine aux herbes orangées? Finubar n'a qu'un front plissé? ) et parfois trop fournies comme le psychisme et vents intérieurs des mages.

    En gage de conclusion : un bon récit. De bonnes idées malgré pas mal de clichés. Une intrigue moyenne et longue a se mettre en place ( Que de mondanités! ). Un potentiel d'ecriture certain mais encore des tas de points a travailler ou retravailler ( tout est dit plus haut ). Je commenterai la suite dans les jours qui viennent. Bye :D

    Ps : au vu de tous les commentaires qui t'encensent je ne pouvais que pondre une critique en bonne et due forme. J'ai préféré ne pas te ménager étant donné que tous les points positifs ont deja été cités maintes fois

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