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Le Loup des glaces


Petimuel

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... parce qu'il y a des fois où la vie, dans ses courants, nous ramène à la poésie, pour des raisons dont on se serait bien passé.
Désolé à tous ceux que j'importune ici, à revenir en coup de vent, comme c'est le cas de le dire.

C'est sans doute trop long. Un jour, à froid (ha ha), il faudra retailler.



[b]Le Loup des glaces[/b]


Dans ces lieux entre nuit et jour
J'ai laissé couler mon navire,
Échu sur des bancs de velours,
Mangé par des récifs de cire ;

Sa coque écrasée sous mon sort
S'enfonce dans les mers gelées,
L'eau gagne chacun de ses bords,
Déjà ses voiles résignées
Ont pris la couleur de la mort ;

Déjà son grand mât triomphant
Grelotte devant ce mystère ;
Chaque nœud de son bois se fend
Avec des bruits de cimetière,

Et je dérive doucement ;
Et peut-on parler de naufrage ?
J'ai poussé ma vie sous ces vents,
J'ai pris le chemin des voyages
Et laissé faire mes courants.

Combien de lunes, de soleils
M'ont séparé de mes semblables ?
Ici le temps n'est plus pareil :
Il s'écoule en flocons de sable

Qui s'enfuient intangiblement
Avec des accents de tourmente,
Et leurs chorégraphies souvent
Dessinent des heures qui mentent
Et trichent sur le nom des ans.

Tout est mirage en ce pays,
Et moi et moi-même que suis-je ?
Un vieux marin qui a failli
Autour de qui la mer se fige.

Je vois tous ceux que j'ai connus
S'ébattre comme des fantômes
Emportés par des vents griffus,
Vivants pourtant dans leurs atomes
Tandis que moi je ne vis plus.

J'étais ce loup gris des embruns,
Ce dévoreur de steppe immense
Gardant en son cœur enfantin
Tous les horizons qui commencent,

J'étais. Comment me retrouver
Où tous les ailleurs se ressemblent,
Sous un voile blanc déployé
Comme un linceul dont la soie tremble
Pour mieux m'y prendre et m'y noyer ?

Des glaciers s'en vont de mes mains,
Le brouillard crispe mes paupières,
Et c'est toujours ce grand Demain
Qui disparaît dans sa lumière :

Le blanc partout, partout souillé,
Recouvre l'infini des rêves,
Et semblant fuir mon œil rouillé
Cette neige s'en va mouiller
Loin de mon givre qui se lève.

Mes figures multipliées
À travers ces statues de glace
En refusant de me parler
Ne font que répéter mes traces :

Car dans ce désert inconstant
Où le vieux loup mourant repasse
Les pas suivent les pas d'avant,
Les regards des regards se lassent,
Les doigts se rejoignent souvent,

Et ces torrents de neige noire
En foudroyant mes horizons
Ont blanchi toute ma mémoire
Et l'ont remplacée par mon nom.



[url="http://www.fileden.com/files/2011/10/5/3204974/My%20Documents/Le%20loup%20des%20glaces.mp3"](Pour ceux qui voudraient l'écouter...)[/url] Modifié par Petimuel
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  • 2 semaines après...
Hum.
Je vais tenter d'imprimer l'émotion qui m'a tenaillé l'âme à la lecture. Car j'ai été saisi, sans aucun autre choix que de dérouler encore et encore tes mots, jusqu'à arriver au dernier. Et j'ai vogué sur l'océan que tu as tissé, peinant à faire sortir un souffle de ma poitrine, tant elle était oppressée. Trop long ? Non, car après une lecture aucun vers ne montre de faiblesse; oui, car la souffrance à cela de laid que même présentée sous sa plus belle forme, elle reste triste.

Alors je n'ai pas saisi toutes les implications, toutes les images, non plus que j'ai la moindre idée de qui tu es.

N'empêche, par un simple poème, tu peux être sûr que je compatis.



EDIT:[spoiler](C'est bête, ta réponse n'en appelle pas une autre, et pourtant j'ai l'impression que je devais te signaler que je l'avais lue. Alors voilà, en pensée du moins, je t'ai répondu; reste que j'en laisse une petite trace ici).[/spoiler] Modifié par Silverthorns
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Bonsoir,

Merci pour cette belle réponse. Je la retiendrai.

En fait, deux évènements (de nature très différente) s'entremêlent dans ce poème, qui a été écrit pour le premier, puis retravaillé à l'aune du second. Deux souffrances s'y rejoignent, et deux rythmes s'y côtoient, changeants parfois d'une strophe à l'autre. C'est ce qui le rend très inégal, et qui me le fait trouver trop long ; mais aussi j'aime bien cette espèce d'incertitude traînante.
Mais sinon, je ne me porte pas trop mal, merci.

Reste que ta compassion me va droit au cœur. Un être compatissant est, par définition, un être sympathique, n'est-ce pas ?
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Waouh !

J'aime beaucoup l'orientation nostalgique que tu prends, et les comparaisons avec le vieux marin et le vieux loup, tous deux errants. Accessoirement, le titre, "Le loup des glaces", me plait. Il appel à la fois au lyrisme et à l'épique. Ton poème m'a touché, tu le trouve trop long, franchement, je trouve que c'est très bien comme ça. Personnellement, je ne suis pas un expert en longs poèmes (ni un expert en poèmes tout court d'ailleurs), mais si la longueur m'avait un peu effrayer au début, j'ai rapidement compris que la lecture se faisait toute seule.

En tous cas, ne t'arrête pas d'écrire !

PS: Merci pour ton cours sur la poésie, il m'a beaucoup aidé. Modifié par Loup Noir
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Merci beaucoup, Loup Noir, pour ta réponse. Je suis heureux que mon poème ne laisse pas de glace.

Par contre, je reviens, après coup sur la réponse de Silverthorms.

[quote]Trop long ? Non, car après une lecture aucun vers ne montre de faiblesse[/quote]

Hélas si, et c'est bien là le problème. Il n'y a aucun vers caduc (depuis le temps, je me pique quand même de savoir écrire de la poésie, du point de vue technique s'entend), mais si, il y a beaucoup de vers faibles, entendre de peu d'étendue, de faible puissance... "Vivants pourtant dans leurs atomes", par exemple...
Mais le pire de tous, le plus misérable, celui qui tombe le plus à plat... c'est le dernier vers, hélas. Et mon Loup des Glaces se termine en eau-de-boudin.
C'est ce qui me gêne le plus, chez lui. Un jour, peut-être, je lui couperai la queue. Modifié par Petimuel
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Bonjour à tous ;

J'ai changé la dernière strophe du poème. Elle a un peu plus de peps, maintenant.

J'en ai profité pour m'essayer à en faire un enregistrement. Je suis loin d'en être pleinement satisfait, mais aussi bien c'est une première tentative...
Je vous mets le lien, néanmoins. Ça se passe ici : [url="http://www.fileden.com/files/2011/10/5/3204974/My%20Documents/Le%20loup%20des%20glaces.mp3"]là.[/url]
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Je ne sais pas ce que tu as changé à la dernière strophe, mais en tout cas, la fin actuelle ne me parle pas. Elle fait peut-être jolie et frappante, mais elle ne me saisit pas vraiment, comme une fin devrait le faire (?).

Bien, ceci étant dit, ma réaction ! (même si elle n'atteindra pas des sommets de lyrisme, hélas !)
De prime abord, ton poème est empreint de mélancolie (si, si, [i]CaptainObvious [/i]a frappé), et ça frappe vraiment. En particulier, l'élan de la neuvième strophe est clairement fait pour retomber ensuite encore plus profond (en seulement deux syllabes, habile). Cela s'entend dans l'enregistrement, donc le poème a bien été écrit dans cette intention. A ce propos, même si le procédé fonctionne toujours bien, je trouve l'enchaînement un peu 'facile'. Comprends-moi bien, je ne dis pas qu'il est facile à réaliser, bien sûr ; mais plutôt qu'il fait attendu dans un tel poème, et finalement peu original. Pour toi, s'entend, et je dis cela parce que j'ai une certaine (haute) estime de ton travail.
Pour tout te dire, cela m'a fait penser à [url="http://fr.wikisource.org/wiki/Moesta_et_errabunda"]ce poème[/url] (non je n'ai pas mis de Baudelaire sur le fofo :P). Notamment avec l'élan du premier vers de la troisième strophe, qui retombe immédiatement après, puis l'élan des deux dernières strophes, qui retombe par deux fois. Ton poème n'est pas [i]mauvais [/i]au point sus-explicité, bien sûr, et il fonctionne tel quel ; mais on le sent venir car le procédé est classique. c'est dommage.

A part ce passage, certaines strophes m'ont énormément plu, incluant ce vers que tu honnis tant :
[i]Je vois tous ceux que j'ai connus
S'ébattre comme des fantômes
Emportés par des vents griffus,
Vivants pourtant dans leurs atomes
Tandis que moi je ne vis plus. [/i]

[i]Car dans ce désert inconstant
Où le vieux loup mourant repasse
Les pas suivent les pas d'avant,
Les regards des regards se lassent,
Les doigts se rejoignent souvent, [/i]

A côté de cela, certains vers me paraissent peu gracieux, toujours sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi :
[i]Gardant en son cœur enfantin[/i] - L'adjectif me gêne.
[i]Et c'est toujours ce grand Demain[/i]
[i]Cette neige s'en va mouiller[/i] - Qui selon moi défigure une strophe magnifique...

Enfin, deux petites fautes d'orthographe :
[i]Un vieux marin qui failli[b]t[/b][/i]
[i]Et l'ont remplacé[b]e[/b] par mon nom.[/i] - A moins que tu ne parles du [i]désert [/i]de huit vers au-dessus, seul sujet masculin singulier potentiel.

Bre,f je parle beaucoup pour ne pas dire grand-chose, certes, surtout en citant le poème, certes aussi, mais au moins j'ai réagi (car je le devais !) ^_^
Au passage, je n'ai que peu d’avis sur ton enregistrement. En soi, il ne sert ni ne dessert le poème. Il l'accompagne surtout, mais à mon humble avis sans plus. Ce n'est que ta première tentative, donc je te fais confiance pour améliorer la méthode ^_^
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Je n'avait pas de problème avec l'ex-dernière strophe que tu a modifiée, mais je dois dire que la nouvelle est plus jolie.

J'ai écouté la version sonore. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ton élocution. Seulement le problème vient des coupures entre les vers, ça casse un peu la dynamique du poème. Mais bon, réciter ce texte ne doit pas être un exercice facile, surtout aux vues de la longueur du poème. Et puis la version sonore m'a permis de détacher du reste un quatrain que je trouve particulièrement sublime :

[quote]
J'étais ce loup gris des embruns,
Ce dévoreur de steppe immense
Gardant en son cœur enfantin
Tous les horizons qui commencent,

J'étais.[/quote]

Je pense que c'est mon préféré, une puissante rupture, faites avec de magnifiques images; et puis j'ai adoré ta façon de l'entonner.
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Merci beaucoup pour vos réponses.
Elle mettent en relief tout ce que ce poème peut avoir d'imperfections, ce dont je suis conscient, mais aussi, à vous croire, de puissance évocatrice, ce dont je suis content.
J'essaierai de faire mieux la prochaine fois.

Alors une remarque qui me stupéfie :
[quote=Celt]Enfin, deux petites fautes d'orthographe :
Un vieux marin qui failli[b]t[/b][/quote]
Eh non, ce n'est pas un "t", qui manque, c'est un "a". "Un vieux marin qui a failli". Et je ne comprends pas [u]comment[/u] j'ai pu ne pas m'en rendre compte, malgré toutes les lectures, y compris pendant l'enregistrement (si vous écoutez bien, le "a" y est prononcé) ! C'est fou !

Cela mis à part, Celt, ton commentaire est très pertinent. Je n'ai rien à lui redire. Si je résume, tu dis que c'est un poème un peu facile ; c'est vrai. Je suis heureux que tu aies relevé l'une des deux strophes que j'aime, et qui m'ont fait renoncer à mon idée de l'effacer complètement :

[i]Car dans ce désert inconstant
Où le vieux loup mourant repasse
Les pas suivent les pas d'avant,
Les regards des regards se lassent,
Les doigts se rejoignent souvent,[/i]

L'autre strophe, celle en fait que j'ai écrite en premier, étant pour moi :

[i]Des glaciers s'en vont de mes mains,
Le brouillard crispe mes paupières,
Et c'est toujours ce grand Demain
Qui disparaît dans sa lumière :[/i]

Tu n'aimes pas le troisième vers ; c'est vrai qu'en soi, il n'est pas inoubliable, mais la strophe, dans son intégralité, me parle. Ça peut paraître con à dire, vu que j'en suis l'auteur, mais il y a des strophes qui me parlent plus que d'autres, comme à n'importe-qui. ^_^

Merci aussi à Loup-Noir d'avoir identifié un temps fort du poème, le "j'étais". J'étais, j'étais... c'est vrai. J'étais. Comment me retrouver où tous les ailleurs se ressemblent ? C'est une question qui me revient, de temps en temps, depuis que j'ai écrit le poème. Et la poésie (que j'ai mise entre parenthèses ces derniers temps, pour me consacrer aux nouvelles, ce qui explique peut-être, sans l'excuser, que ce poème soit "en-dessous") m'aura au moins servi à ça. Me poser cette question. Quant à y répondre...

Merci à vos deux avis, critiques mais encourageants, sur l'enregistrement. C'est une méthode nouvelle pour moi, et je compte bien m'améliorer un petit peu. Ce n'est donc pas plus mal d'avoir commencé sur un poème qui est, comme dirant les Nuls, "bien, mais pas top".
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[quote name='Petimuel' timestamp='1317848083' post='2007218']
Si je résume, tu dis que c'est un poème un peu facile ; c'est vrai.[/quote]Rectification ! Je trouve un passage facile : celui-là même que Loup Noir a beaucoup aimé ! Moizaussi, heing, mais je le trouve simplement trop attendu, trop classique. Le procédé de rechute par les deux syllabes isolées au début de la strophe suivante, le "J'étais", me semble 'classique'. Mais j'apprécie quand même, hein, et ça fait son petit effet ^_^


[quote name='Petimuel' timestamp='1317848083' post='2007218']Merci à vos deux avis, critiques mais encourageants, sur l'enregistrement.[/quote]Je me suis senti coupable, à la lecture de Loup Noir, de n'avoir pas souligné ton élocution ! Bien sûr qu'elle était assurée et agréable (malgré les temps de "coupure" de son entre deux vers, dus je suppose à l’enregistrement). Argueul, ça me paraissait tellement évident que je ne l'ai pas dit.
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Salut !

Que dire... Que te voire poster me rempli de mélancolie ? que ton poème me rempli de mélancolie ? Et puis le passage "J'étais ce loup gris des embruns, Ce dévoreur de steppe immense" m'a rappelé pleins de souvenirs...
Bref, pas mal de puissance évocatrice en effet. j'adore quand tu en fais des comme ça :P

L'enregistrement ? Oui, bon... ça a beau être assez bien fait, ça a du mal a me convaincre. Je trouve que c'est un peu lent notamment, un peu monocorde aussi... question de goût surement.
De même (question de goût) j'arrive pas à m'y faire aux octosyllabes au rythme 5/3 (mais là vraiment, je crois que je suis le seul à le penser).

Merci pour le poème en tout cas ;)
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