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Tristes psychotropiques


SonOfKhaine

Messages recommandés

Lien de téléchargement en pdf bien présenté annoté avec tous les poèmes déjà écrits, des notes en bas de page de traduction et des filles à poil : [url=http://www.mediafire.com/view/2q3jrcqy8u3bg2p/Tristes_Psychotropiques_09-02-14.pdf]http://www.mediafire.com/view/2q3jrcqy8u3bg2p/Tristes_Psychotropiques_09-02-14.pdf[/url] (mis à jour le 23 février 2014)


Vous vous étiez sans doute demandés ce que je trafiquais pendant tout ce temps, eh bien voilà la réponse.


[center][b]TRISTES PSYCHOTROPIQUES[/b]
- un recueil vraiment stupéfiant -

I - TOUJOURS PLUS D'ARTIFICES
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2016658]1) Aube pourpre[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2016658]2) Chemise d'ours[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2019394]3) Les mains de Ba'al[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2085993]4) Longue ascension[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2085993]5) Vagues[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2085993]6) A travers les nuages[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2085993]7) Presqu'au sommet des océans[/url]
8) Labours

II - J'ERGOTAI
1) Gravé dans un cénotaphe
2) Morrígan
3) Heures noires dans un couloir sans couleur

III - VIN ORPHELIN
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2014031]1) Le ciel tombe sur la Galatie[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2014031]2) Gare au septentrion ![/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2008763]3) Spaceraum[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2010752]4) Ornemensonges[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2010752]5) An dro Breizh[/url]
6) Le destrier du maître
7) Wurte runoR heldaR / Bractéate de Tjurkö
8) Absurde
9) Reflaid

IV - LA SAUGE DES DEVINS
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2019394]1) Fin d'été[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2027097]2) Un oeil grand fermé[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2027097]3) Le cinquième postulat d'Euclide[/url]
4) Fusion
5) Dans l'empire de la mort
6) En face

V - EXTASES
1) Sépulcre
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=162368&view=findpost&p=1851236]2) A travers un trou de serrure[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2030489]3) Ephémère[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2030489]4) Laudes[/url]
5) Soñj un noz hañv / Songe d'une soirée d'automne
6) Une fleur
7) Corps et graphies
8) L'esthétique de l'échec

VI - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2044025]1) Retour en avant[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2044025]2) Fuite vers la source[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2044025]3) Bout du monde[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2044025]4) Cosmétropolite[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2044025]5) Illusions[/url]
6) Lune noire de mes nuits blanches
7) Balade étrange
8) Nach Wahlhalle
9) La pleine lune de mes nuits vides

VII - APOLLON ET DIONYSOS
1) Weine !
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2064235]2) Wie man mit dem Wandern philosophiert / Équinoxe d'été[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2064235]3) Vile[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2075222]4) Invictvs[/url]
5) Sommernatt
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2075222]6) Nebelung[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2075222]7) ALU[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2075222]8) Am Rande der Wörter[/url]
[url=http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=175647&view=findpost&p=2075222]9) Belenos[/url][/center]


[center][u][b]II - VIN ORPHELIN[/b]

3) Spaceraum[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=HwcaK6KKlWg]At the Heart of It All[/url] - Aphex Twin[/i]


Dans l'espace, un éclat orangé terrifiant,
Sur la mer volatile, un éther de chamane,
Et autour... le grand vide ; à l'endroit, à l'instant
Où le sage et le fou lentement se pavanent.
Cet éclat orangé, oppressant et mortel,
Scintillait en la nuit comme un phare funeste
Ou l'étendard d'un chevalier venu de l'est,
Qui vrille sous mon crâne, au fond de mes prunelles,
Et le plomb noir qui coule à travers mon cerveau
Me glace et me fait fondre au milieu de la pièce...
Mais je frappe où je tombe, et partout mon caveau
Résonne, dure, et réfléchit la morne messe.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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Merci bien d'avoir réutilisé mon "triste" jeu de mots anthropologique ! Mais n'oublie pas les royalties :innocent: .


Nous n'avons pas les mêmes mœurs, toi et moi ; mais cela, je n'ai pas à le juger. Un poème est un poème, même s'il est "trafiqué", comme tu dis ; chacun sa façon d'écrire, et ce poème là, pour irrégulier qu'il soit, est vraiment beau.

Il a ses temps forts ("[i]Cet éclat orangé, oppressant et mortel[/i]" ; "[i]Mais je frappe où je tombe, et partout mon caveau[/i]"), il a aussi des vers un peu plus faibles ([i]Et autour... le grand vide ; à l'endroit, à l'instant[/i]).
Mais globalement, lui aussi, il frappe. Méchamment.
Le rythme est parfaitement maîtrisé, et les trimètres viennent se couler élégamment au milieu des tétramètres. J'adore ce procédé ; bien exécuté, il donne toujours une souplesse à la fois et une force à la strophe, dont le rythme est tout d'un coup régénéré.
Je parle de ça :

[i]Scintillait en la nuit comme un phare funeste
Ou l'étendard d'un chevalier venu de l'est[/i]

Et de ça :

[i]Mais je frappe où je tombe, et partout mon caveau
Résonne, dure, et réfléchit la morne messe.[/i]

Ça, c'est magnifique.
Merci, au passage, d'illustrer brillamment ma chronique sur les accents ! ^_^

Bon, eh bien, pour paraphraser un modérateur célèbre... à quand la suite ? Modifié par Petimuel
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Continuons, continuons... (dédicace toute spéciale au 'muel pour m'avoir appris le terme "flûtiau", sans quoi j'eus sûrement utilisé péan ou sonnet, pipeau étant décidément trop inesthétique)



[center][u]4) Ornemensonges[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=DAzIhSU2tYE]Tin whistle/Uileann pipes reels (medley)[/url][/i]


Au fond d'une grotte aux parois de pierre rare
Se tenait un dieu, qui en silence dansait.
Le parfum de ses yeux clos, flûtiau de curare,
Me transperça en plein vol ce glacial abcès

Qui saigne et purule encore un peu ce matin,
Caressant la source en or bleu plein d'amertume,
Répondant au soleil grave, à la lune vin,
Sous les branchages osseux d'un rêve qui fume.




[u]5) An dro Breizh[/u]
[i]Souvenir de Locronan[/i]


Sous de longs rayons de merveille
Coulait la pluie, dans la forêt
Que bordait un profond marais,
Et ses cheveux, joyaux d'abeille,

Autour des branchages osseux
Se prélassaient en serpents pâles
Dont la peau semblable aux râles
Avait l'odeur d'un jeune feu ;

Quand le vent suprême et mon âme
Soudain se lèvent ; par leur doigt,
Fol éclair, forgent l'argent froid
D'un anneau cher comme une femme.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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Ne perdons pas le rythme...

[center][u]1) Le ciel tombe sur la Galatie[/u]
[i]« To grey worlds hidden deep in nightmare’s well. »
[url=http://en.wikisource.org/wiki/Fungi_from_Yuggoth#XX._Night-Gaunts]Night-Gaunts[/url] (Howard Phillips Lovecraft)[/i]


Dans la steppe oubliée, quelque part en Asie,
L'horizon mordoré fut fiché sur sa pique.
Il nageait sous les cieux la lueur évanouie
D'une lune à la forme intrigante et mystique
Au travers de laquelle on sentait scintiller
Des étoiles chromées et des souffles d'éther,
Où des signes secrets semblaient croître et rouiller,
Ignorants du grand vide où régnait cette terre,

Quand d'équins corvidés et des anges sans nom
Se saisirent de moi dans leurs ailes lugubres,
Et plongèrent vers l'astre envoûtant et sans fond
Dont la brume démente en mon âme insalubre
Écrivait pour toujours ses odeurs inouïes,
À jamais délivrées de l'espace et du temps
Par un mur où frappait chaque vague de nuit.
Quel étrange présage, existences d'antan !



[u]2) Gare au septentrion ![/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=FNYzD58Jy8I]J'avais rêvé du Nord[/url] - Peste Noire[/i]


C'est la Gare du Nord à sept heures du soir,
Qui m'ignore et me fixe avec vingt effigies
Tout de marbres jaunis et de mornes regards.
Doucement, je lui dis : "Dédaigneuse vigie,

Ne vois-tu donc jamais, sous tes vains sept pilastres,
La résine et la poudre, et les sommes d'argent,
Qui transitent sans cesse en-dessous de chaque astre,
A l'insu de tes yeux et des chiens des agents ?"

Et j'écris tous ces vers sur la blanche notice
D'un sirop pour la toux, qui me fait voyager -
Bien plus loin que les trains de la vieille bâtisse,
Dont la face souillée finissait son chantier.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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[center][u][b]III - LA SAUGE DES DEVINS[/b]

1) Aube pourpre[/u]
[i]Skrignañ 'ra bleizi Breizh-Izel
O klevet embann ar brezel !
O klevet ar youc'h, e yudont
Gant c'hwezh ar C'hallaoued e reont :
En heñchoù, e-berr a welour
O redek ar gwad evel dour !
(en [url=http://www.youtube.com/watch?v=hr7-XExiSz0]Alarc'h[/url])[/i]


Comme la feuille pour pousser
De verte sève est irriguée,
Que la jeune herbe du printemps
Soit abreuvée par notre sang !

La mélodie de doux ramages
S'accorde au rythme des ravages.


[i]DEO MARTI RIGONEMETI[/i]



[u]2) Chemise d'ours[/u]
[i]« La mort, fauchant, rasant et dévastant,
Décim'nos rangs, frappant les survivants...
Mais le soir venu nous la chanterons
Sans rancun'car c'est un vieux compagnon. »
[url=http://www.youtube.com/watch?v=xHEAwuOtGt8]La mort (chant militaire français)[/url][/i]


À en juger par son regard, j'étais un dieu -
J'avais brillant dans mon iris la pure essence
De la douleur, de la fureur et du grand feu,
Car j'incarnais la volonté de la Puissance :

« Je n'ai peur ni du froid, ni du sang, ni des gueux.
Marcher seul ? Sans regrets, mais vers là où je veux.

Ne renie rien,
Transcende tout,
Et point ne crains
De sembler fou. »


[i]"Man, I see in Fight Club the strongest and smartest men who've ever lived."
Fight Club (Chuck Palahniuk)[/i][/center] Modifié par SonOfKhaine
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[center][u]3) Les mains de Ba'al[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=Hefa4dFj3t4]Scars in the Landscape of God[/url] - Abigor[/i]


Dans les plaines lacrymales
De mes rêves nietzschéens
Jaillissait la plaie thermale
D'un soleil adamantin.



[u]4) Fin d'été[/u]
[i][url=http://vimeo.com/27477860]« Être au monde »[/url] (un film de Benjamin Nitzer)[/i]


Comme le jour nait de la nuit
Et l'avenir sort du passé,
Et que la mort, avant la vie,
Serpente en bas pour nous hisser,

Nous n'apprendrons plus jamais rien.
Nous ne serons que nous souvenirs
De ce qui part, de ce qui vient,
Du grand royaume des soupirs...


[i]Galli se omnes ab Dite patre prognatos prædicant idque ab druidibus proditum dicunt.

Caius Iulius Cæsar - Commentarii de bello Gallico, Liber VI[/i][/center]



(... featuring an intimidating presence on the second link - especially at 1:03) Modifié par SonOfKhaine
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  • 2 semaines après...
[center][u]5) Un œil grand fermé[/u]
[i]G N O TH I S E A U T O N[/i]


Quel étrange royaume, où des rois étrangers
Changent de transe, et pensent, et voient l'aube sans foi !
Quand, dérangés, ils rangent l'eau de par leur voix,
Leurs boyaux, beaux parleurs, la pleurent, saccagés,

Et la sauge sacrée en prend peur, acre et rance,
Mais dans son sang, le miel rapide hume le cyan,
Glacial, et si sucré que l'hôte rend l'offense,
Devient temple marin, si l'augure des vents

Daigne soudain, âme et préscience, y présider,
Sous le pré de diamant et de cuivres sanglants
Dont les bois capiteux aux couleurs faisandées
Masquaient le musc obscène et ses graves relents.




[u]6) Le cinquième postulat d'Euclide[/u]
[i]Baldrs draumar[/i]


Mais d'un seul coup, le Temps, plein de rage et d'effroi,
De sa mâchoire atroce estropie les longueurs ;
Il démembre l'espace et crucifie ses lois,
Se pend dans un cri noir d'harmonique malheur,

Loin des sommets dont l'encensoir brûlait mon corps.
Soudain, par un grave fracas de vert-de-gris,
La serrure écorchée du portail aux yeux d'or
S'ouvre à tous les vents froids... Rauque charivari,

Et sous le ciel, bien au-dessus des bleus nuages,
Voyagea l'océan, où pensaient mille danses.
Au milieu d'un duvet de cent feuilles sans âge

Je flottais, lumineux, loin du flou des passages
Aux dimensions changeant souvent dès qu'on y pense,
Si l'acide de vie sanctifie son image.


[i]Potamoisi toisin autoisin embainousin hetera kai hetera hudata epirrei kai psukhai de apo tôn hugrôn anathumiôntai

Hèrakleitou ho Ephesios[/i][/center] Modifié par SonOfKhaine
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[center][u][b]IV - EXTASES[/b]

3) Ephémère[/u]
[i]Dans la crypte de l'abbaye de Quimperlé[/i]


Tout se casse,
Tout passe,
Tout s'efface
Sans trace :
Bavardages
Des sages,
Folles rages,
Visages
Des gisants...
Les ans,
Les serments
D'amants,
Rien ne reste
Ni leste.
D'un seul geste,
Les vestes
Sont tournées,
Changées -
Hyménée
Fané.



[u]4) Laudes[/u]


Le soleil et la lune coloraient l'horizon,
Salués tous les deux par l'éclat d'une étoile,
Qui restait, elle seule, dans le ciel d'électron,
Irradiant la douleur de l'aurore orientale
Dont les longs doigts de rose m'ensaignaient la raison.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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  • 3 semaines après...
Moi qui croyais que tu avais arrêté de poster il y a un ou deux ans... Je suis content de retrouver tes poêmes.

Je n'ai le temps que de lire les deux derniers et de les commenter. j'aime beaucoup "éphémère et le passage du "a" au "e" même si je trouve que c'est un peu brutal.

Laudes, j'aime bien aussi, et j'imagine que tu n'as pas fait de faute d'orthographe au dernier vers, c'est assez curieux et ça a attiré mon attention :).
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Etrange hasard, au moment où j'ai aussi un retour sur un autre forum...

Au fait, si vous voulez le tout en pdf bien préenté avec des notes en bas de page qui traduisent les machins en breton, gaulois, latin, grec ancien, sankrit, finnois, allemand, alsacien, anglais et catalan : [url=http://www.megaupload.com/?d=SI43OJJE]http://www.megaupload.com/?d=SI43OJJE[/url]

[u][b][center]V - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE[/center][/b][/u]

[center][u]1) Retour en avant[/u]
[i]« Beata solitudo, sola beatitudo »
(Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux)[/i]


Amusant, de marcher droit devant quelques heures,
De s'asseoir dans les bois, pour sans haine et sans peur,
D'un coup se rendre compte à quel point il vaut mieux
Être seul, sans personne à quelques mille lieues,
Plutôt que de paraître - amusé, bel et bien -,
Entouré par des gens qui ne deviennent rien ;

Puis soudain dans le soir passe un souffle de vent,
Qui s'aventure entre les branches, soulevant
Vaguement leur manteau hivernal et glaçant,
Puis il hésite un court instant devant le sang
Qui macule en silence et mon corps et mon cœur,
Il tente en vain de me cacher sa sainte horreur :

Un regard, un sourire, et il tourne le dos,
Toujours poli, fuyant au loin mon noir fardeau
Qu'il regrette à présent d'avoir mis dans le jour.
Il voulait voir, et maintenant fait demi-tour...

Je repars solitaire, et te vois noctambule :
Salut à toi, frère corbeau du crépuscule,
Car toi seul, tu connais toutes mes cicatrices,
Main dans la main, nous célébrons chacun nos vices.



[u]2) Fuite vers la source[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=vnvuMc_4pvg]Eine Alpensinfonie, Op.64[/url] – Richard Strauss[/i]


En descendant des monts, de retour vers la ville,
Recouverts de sueur, de poussière et de suie,
Notre troupe sauvage, audacieuse et virile,
Recherchait un ruisseau ; ou mieux, un antique puits.

De sinueux sentiers, s'éloignant de la route,
Serpentaient dans la pente entre troncs et rochers,
Et l'enfant du pays déclara sans un doute :
« Mes amis, descendons ; ici nous faut marcher. »

Nous voulûmes savoir d'où venait sa parole -
De la mémoire de son sang et de son sol.
Dévalant ce chemin qui courait sur l'Histoire,
Nous arrivâmes à la source du pouvoir,
Où l'esprit de la vie dans la langue des morts
Nous fit plonger sous les mystères de l'aurore.



[i]« Formen son càlzer escarides serres
que plateja l'hivern i l'estiu daura,
grandiós veire on beu olors l'estrella,
los aires rellentor, los núvols aigua. »

Canigó (Jacint Verdaguer)[/i][/center] Modifié par SonOfKhaine
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  • 3 semaines après...
Pas grand-chose à dire... Mais sache que je lis, je lis.
Et j'apprécie les diverses orientations, les expériences que tu tentes, tes expérimentations sont riches en enseignements, et pas que pour toi.
Après, s'il faut émettre un jugement de valeur - hélas, c'est le cas ici - j'apprécie peu le style tenté à ton "Éphémère" (IV, 3). Le reste me plaît bien, même si le rythme du "Retour vers la Source" me tarabuste. L'impression que tout cela est bancal.

Voilà voilà. Après tout, sur une place de marché, il faut aussi des badauds qui observent sans rien acheter ni vendre. C'est mon cas dans cette section, l'essentiel est que la place de marché soit vivante ^_^
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Tu m'en vois honoré, Celt (tes Zyeux sont d'ailleurs dans la liste des trucs que je dois commenter - mais je n'ai hélas pas tant à dire dessus, ça attendra peut-être de le faire de vive voix à la nuit de l'ESSEC ?)

Retour en avant ou Fuite vers la source pour le rythme bancal ? Le vers 4 de Fuite vers lasource est en effet fautif (13 syllabes), je viens de m'enrendre compte et change "Recherchait un ruisseau ; ou mieux, un antique puits" pour "Recherchait un ruisseau ; ou mieux, quelque vieux puits".

Pour le style d'Ephémère, il y a encore Illusions dans le même.



[center][u]3) Bout du monde[/u]
[i]Catabases et hécatombes[/i]


Pendant longtemps, et un peu plus encore,
J'ai avancé dans de trop longs couloirs,
J'ai tout franchi, fatigue, soif, mémoire,
J'ai oublié mon jeune esprit, mon corps,
D'où je venais, vers où j'allais, mais pas
Où je me trouve : en ce lieu sombre, humide,
Dont le plafond, que cent fissures rident,
Répond au sol par mes échos de pas ;

Et si, parfois, les maçonneries des arches
Laissent de quoi lever les yeux au ciel,
Et si, toujours, astre blafard, cruel,
Ma lampe éclaire - un peu, trop peu - ma marche,
La pleine lune, ou le soleil, ou même
Juste une étoile, éblouiraient mon âme
Accoutumée à la noirceur infâme
Dans un instant de cécité suprême,
Comme une voûte en infini azur
Partout dessus ma pauvre tête arquée
Me la ferait perdre d'un coup, broyée
Par tant d'espace, et de vrai vent - d'air pur.

Voilà pourquoi je continuai, m'assis
Sur un des bancs de quelque salle ronde
Et restai là, tout seul au bout du monde,
Accompagné d'une ténue bougie.


[i][url=http://farm1.staticflickr.com/106/295617306_60736db13d_z.jpg]« Arrête : c'est ici l'empire de la mort »[/url]
L'Enéide (Traduction de J. Delille)
[/i]



[u]4) Cosmétropolite[/u]

Dans le soir de Paris, au-dessus de la scène,
Je contemple, un peu triste, affalé sur mon siège,
Le spectacle effarant, si commun et obscène,
Du grand noir qui enserre, et étouffe, et assiège
Ce reflet d'astre pâle, entaché par son sang
Qui coulait dans mon dos. J'ai pleuré l'occident.


[i]« Le va-et-vient de la cannette de bière,
Négligemment laissée sous un strapontin,
Donne aux voyageurs le mal de mer.
C’est pas banal en souterrain !
Pour ne plus avoir mal au cœur,
Jetez-là à la poubelle, ça sera le bonheur ! »
Excrément rimé (RATP)[/i]



[u]5) Illusions[/u]
[url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Maya_%28sanskrit%29]माया[/url]


Mes névroses
Au bruit de rose
S'étalaient
Sous mon palais,

Et la danse
De leurs fragrances
Me fit voir
Le velours noir
De mes tristes
Jeux sans pistes,

Où je perds,
Dans un désert
Hypnotique
De froides piques,

Avenir
Et souvenirs.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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  • 2 semaines après...
[center][b][u]2) Wie man mit dem Wandern philosophiert[/u][/b]
[i]An deiz a zo ker kuzhet war hent an distro.
Fennoz e vo kutuilhet enor ar rannvro !
(deus [url=http://www.youtube.com/watch?v=yDglOWa8PeQ]Kan bale an ARB[/url] gant Glenmor)[/i]*

Ich wanderte im heilligen Dunkel,
Durch die Wälder und den dünnen Hellen
Die sanft starben im großen Lichtwechsel:
Sterne sangen hoch über den Wolken,
Der rote Mond, riesig und voll von Blut,
Der trank so tief, durstig, an den Wunden
Der Westsonne, erhob sich auch mit Wut -
Der Tag weinte, und blühte wie Rosen,
Dessen Dornen stachen fest die Goldglut.

[b][u]2) Équinoxe d'été[/u][/b]
[i]« Hier, au crépuscule, à l'heure où tout noircit... »
(Thom Ravigo-Curie, 04/08/1937)[/i]

Tout dort.
Dès lors,
Je marchais au hasard dans les saintes ténèbres,
Au travers des fourrés et de faibles lueurs
Qui mourraient doucement dans le soir, voix funèbres.
Des étoiles dansaient sur la voûte de peur ;
La lune rousse, immense et toute emplie de sang,
Cette assoiffée buvant profondément aux plaies,
Mordant comme enragée le cou de l'occident,
Montait - et fit fleurir le jour telle une haie
De roses.
Osmose...



[b][u]3) Vile[/u][/b]
[i]FLVCTVAT NEC MERGITVR[/i]


La ville médisait et gisait tout en bas,
Si semblable, en son fond, à la vilaine loque,
Hideuse, et bien sordide, et prête à mettre bas.
A moitié nue, brillante, elle gémit et choque,

Odeur pestiférée de pute nègre et sale,
Crasseuse, et trop vaseuse, horrible sodomite,
Belle hérétique soule à l'ouverture anale,
Rongeant ma pure essence... Alcool... Putain de mite...[/center]




* : je me permets de faire une petite parenthèse sur Glenmor, qui fait partie des plus grands poètes et musiciens bretons depuis la perte de l'indépendance du duché du Bretagne. Son chant de marche de l'Armée Révolutionnaire Bretonne est composé sur le modèle des anciennes marches, et les paroles mêlent références à l'antique poésie bardique et revendications sociales propres au XXème siècle. [i]"Le jour est bien voilé sur le chemin du retour... cette nuit sera restauré l'honneur du pays".[/i] Modifié par SonOfKhaine
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  • 3 semaines après...
[center][u]4) Invictvs[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=80xDcHR7bsg]Against the Modern World – Sol Invictus[/url][/i]


Il est en ce monde
Des fous qui croient
À une aube nouvelle.
Ô Soleil, inonde
Ces aveugles ingrats,
Flamme éternelle,
Et montre à ces sots
Que c'est le même
Astre d'or et de sang
Qui scintille haut
Dans la voûte suprême
En chaque temps.


[i]"I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul."[/i]
Invictus (William Ernest Henley)



[u]6) Nebelung[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=0gY7hNzjhrY]Nebelung[/url] - Nebelung[/i]


Lune
Au-dessus de ma vie vacillait comme hier
Un blond cristal ; et ce diamant au cœur de glace
Brillait si pâlement qu'on eût cru voir l'éther
Se refléter dans un miroir, froide et fugace
Rune...



[u]7) ALU[/u]
[i]Au Mayflower[/i]


Une blanche un peu moins fraiche
Qu'un chemin dont la boue sèche,
Une blonde souple et belle,
Crépuscule fait de miel,
Une rousse dans le soir
S'écoulant, sanglante mare,
Une brune dont l'amer
Surpassait ce sombre hiver...


[i]« Ev chistr 'ta Laou, rak chistr zo mat.
Ur blank, ur blank, ar chopinad !
Ar chistr zo graet 'vit bout evet,
Hag ar merc'hed 'vit bout karet. »[/i]
[url=http://www.youtube.com/watch?v=y3qou9To3C8]La chanson du cidre[/url] (Traditionnel - Pays vannetais)



[u]8) Am Rande der Wörter[/u]
[i]A Marine[/i]


Pourtant, j'écrivis peu et je marchai beaucoup,
Car le monde est plus grand que les mots ne le sont -
Dans le sol, sous mes pas, s'enfonçaient des tessons
De vers brisés, au fond d'un pâle étang de boue,
Où le spectre lunaire, au-dessus des clairières
Et des branchages, faisait luire, à la surface,
Des éclats troubles et si flous que cette glace
Mélangeait les esprits comme l'eau d'un cratère...


[i]„Doch was sagte dir einst Zarathustra? Daß die Dichter zuviel luegen? – Aber auch Zarathustra ist ein Dichter.“ Also sprach Zarathustra.[/i]



[u]9) Belenos[/u]
[i][url=http://www.youtube.com/watch?v=odrt9s2Hgdw]Hollved hirisus[/url] - Belenos[/i]


Le soleil n'était plus qu'un lointain souvenir -
Et son nom dans la nuit, un concert de soupirs.

Quand les vents froids glaçaient nos os de leurs longs râles,
Et leur ordre impérieux qui les pentes dévale
N'épargnait rien qui soit vivant sous les étoiles,

L’œil fou de l'horizon nous fixait à travers
Un blanc nuage bas et l'esprit des montagnes,
Dont la pâleur dépareillait le noir de l'air
Qu'un lent frisson d'horreur sacrée doucement gagne...

Le sac et le ressac des brumes sur les flancs
Boisés de la montagne errait avec des vagues
Venues d'un autre monde ; et l'aube d'or, frappant
Le bleu sommet, brilla - comme une antique bague
Passée au doigt du pic qui dominait l'orient.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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  • 3 semaines après...
[center][b]I - TOUJOURS PLUS D'ARTIFICES[/b]

[u]4) Longue ascension[/u]


Macabre convergence ;
Gorge sèche qui danse,
Gueule de bois psychique,
Étranges mécaniques...
Et toujours je pense :
« Le vide est immense ».
Seul, je me dilate.
Les piliers grattent
Aux murs de verre.
« Rien » : voilà l'ère
Où l'abysse
Aux bleus vices
Tremble, lance
Six lances
Et pense
D'avance :
« Quelle
Belle
Fin ».



[u]5) Vagues[/u]


De vibrantes salves
Me submergent comme un cri
Coulé d'infini,
Puis mon crâne ouvre ses valves,
Et les frontières du vrai
Se dissolvent, jaunes
Comme un torrent de neurones
Tournant sans arrêt...



[u]6) A travers les nuages[/u]
[url=http://www.youtube.com/watch?v=PKvjjgO6ov0][i]Current Value - Faith[/i][/url]


Que tremble le Chaos !
Je ne suis rien
Que l'harmonie des eaux ;
Les soldats chiens
Émergent lentement
D'un trou au ciel
Que dix millions d'amants
Privent de sel.



[u]7) Presqu'au sommet des océans[/u]


La folie est en marche,
Émet de noires ondes
Et traverse les arches
Qui séparent les mondes.

J'entends ses grands tambours
En os de crocodiles,
Ainsi que le pas lourd
De vipères séniles ;

Mais voilà qu'elle frappe
Aux portes de mon âme :
Je la sens qui me happe
Comme l’œil d'une femme...[/center]
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  • 3 semaines après...
Lien mis à jour dans le premier message avec une petite dizaine de poèmes supplémentaires : [url=http://dl.free.fr/tr3oNMScG]http://dl.free.fr/tr3oNMScG[/url]. Pour des raisons de facilité et de qualité finale, je ne pense plus poster sur ce topic à part pour indiquer les mises à jour notables (et éventuellement un copié-collé sauvage sans me soucier de la présentation)



Grêve

Ce soir encore
J'ai rêvé de la mer
C'était l'hiver
Et le voile incolore
De l'horizon
Masquait la vieille aurore
Dans sa prison
De verre fourbe
Où je vis mon reflet
Virer violet
Et vibrer être courbe
Puis fusionner
Avec mon corps de tourbe
Emprisonné
Seul sur la plage
Face au ciel océan
Vide et béant
Comme un long sarcophage
Je n'ai rien dit
J'ai fixé mes mirages
Et l'infini


Skrik

Sur un pilier tenant quelque plafond pourri,
Au milieu de la boue et des pierres fanées,
D'un coup il prit mes yeux, et là... Je vis le cri.
Il semblait revenu du fin-fond des années,
En noir et blanc, muet, comme un vieux film d'horreur.
J'ai touché de mon doigt ses visqueuses couleurs,
Et j'ai frémi d'effroi : elles n'étaient pas sèches.
Mon cœur, comme soudain percé par une flèche,
Vomit ; puis j'aperçus, choqué, grouillant au sol,
De longs vers disgracieux, sans texture, à l'arôme
Subtil de renfermé, bavant dans leur idiome,
Et tout autre être au monde aurait hurlé au viol.


Encendres

J'ai vécu les brouillards
De l'extase mélancolique,
Où l'aube, ce doux phare,
Ornait ma gorge d'un aspic,
Et chaque grain de ville
Se colorait à l'intérieur,
De retour d'un exil
Au-delà du monde et des heures.

J'ai vécu face au mur
Qui cachait certaines étoiles,
Touché les bleus murmures
D'un soleil jeune et ancestral,
Goûté le feu, merveille
Forgée d'eau claire et baignée d'or :
Les oiseaux sans sommeil
Dansaient aux odeurs de l'aurore.

J'ai vécu pour faiblir,
J'ai vécu par simple bravoure,
Vécu comme la cire
Dans une flamme de velours,
Et des fumées fidèles
Ont dessiné sur mon linceul
Un atome arc-en-ciel
En cessant soudain d'être seules.
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  • 1 mois après...
Je vous rappelle que l'intégralité des poèmes mieux présentés et illustrés se trouve là : [url=http://dl.free.fr/iA4jNzpM8]http://dl.free.fr/iA4jNzpM8[/url]

Pour ceux qui pour une raison ou pour une autre ne veulent pas cliquer, quelques extraits :

[center][u][b]Memento moribond[/b][/u]

La fleur n'a jamais su pourquoi elle était née ;
N'a jamais soupiré, pas un jour ne s'est plainte.
Éclose du bourgeon, vouée à se faner,
Le vent soudain l'a prise - efface ses empreintes,
La promène un instant à travers l'Univers,
Accomplissant son rêve - et la ramène à terre.


[u][b]Averse[/b][/u]

Toujours, au plus profond
De mes rêves qui fuient,
J'entends le même son :
C'est celui de la pluie.


[u][b]Fusion[/b][/u]

Embrassant tout le ciel de son large regard,
Pleurait un crocodile, impuissant face au piège
Qui fumait dans le froid de son cœur de lézard
Et scintillait d'orgueil sous le sang de la neige.

Rien n'était - ou si peu. La lune et le hasard
Se cachaient sur la brume et la bruine qu'allège
Un grand feu d'agonie plein de brandons hagards,
Quand l'oubli s'avança par un vaste manège.

Alors les arbres, en hurlant leurs cauchemars,
Exhalèrent de plein cœur d'immenses arpèges
Dont la saveur faisait l'orgueil de tous les arts,

Et la folle lune, consumant son cortège,
Grava la bruine et ses branchages faits de dards
Pour finir le trop vaste oubli des sortilèges.

Brûlez, brûlez, ô feuilles mortes !
Votre encens satisfait nos dieux
Et monte, courbe, vers les portes
Pour qui les impies n'ont pas d'yeux.


[u][b]L'empire de la Mort[/b][/u]

Le plafond est un archer,
Brille, vibre
Et danse, fâché,
Alors que mille bras, crânes, corps, yeux, chibres,
Forment un nœud brûlant ma psyché.


[u][b]En face[/b][/u]

Sans yeux, l'univers
Me mâche sans cesse,
Et les cieux s'affaissent
Quand j'écoute un nerf
Qui est la salive
Des forêts pensives.


[u][b]Une fleur[/b][/u]

C'est une bruyère
Qu'en marchant j'ai arraché hier,
Au bord de la mer,

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème,
Devient tout à la fois -
Germe sans lois)

Une fleur d'ajonc
Qui se dresse et nous fait un pont
Avec l'horizon,

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème,
Devient tout à la fois -
Pousse sans lois)

Et c'est une rose,
Au teint si pâle et si morose,
Embrumé de prose ;

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois -
Éclot sans lois)

Une marguerite
Qui, sortie du sol, fane vite
Sans trouver de gîte ;

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois -
Flétrit sans lois)

Et, au fond d'un val
Où, de loin, on entend un bal,
De vagues pétales

(Car une fleur,
Car un poème,
Que dans un cœur
On sème
Devient tout à la fois...
Renaît sans lois).


[u][b]Corps et graphies[/b][/u]

Nous marchons vers la mort,
Mais marchons en dansant.
Quand viendra notre sort,
Ne serons mécontents

Que le peu qu'il faudra -
Pour que rien, rien n'alarme
Les dieux des hourras
Qui déversent leurs larmes.


[u][b]L'esthétique de l'échec[/b][/u]

J'assume tout.
Le ridicule,
L'espoir crédule,
Même - et surtout ! -
Ma plus terrible
Absurdité :
La vanité
Grande et risible
De mes essais
Lorsque j'invite
Ce qui m'évite
(Mais sans succès).


[u][b]Transe[/b][/u]

Danse, douce déesse, et délasse nos cœurs
Enlacés comme autant d'illusions assassines.
Qui, sinon ta chanson, peut tuer en douceur
Les folies du passé que mon sang redessine ?


[u][b]Weird[/b][/u]

Le grand visage du bonheur
S'étalait comme une mer,
Sans compter les heures,
Et les énantiomères
Soufflaient toujours
Parmi la foule
De vautours
Qui roule
Et fait tourner
Ses rayons en cuivre,
Couronnés par mes esprits ivres ;

Puis j'ai senti la vie vibrer face au miroir
Comme un tambour dément qui coule dans la pierre,
Quand les corbeaux, les loups, formant un serpent noir,
Sont descendus du ciel orné par leurs mystères ;
Ont répandu l'encens sur le sang bleu, étoiles
Dont la mort rouge, atroce, auréolait le tout
Comme un brouillard que j'aime et qui soudain dévoile
Les pyramides d'or de mon dernier atout.

Mais jamais je n'existe entre deux battements
Si ce n'est dans le cœur ou dans l'âme du monde
Les poussières d'étoile et la danse des ondes
Sont partout sont toujours un parfait monument


[u][b]Dissolution[/b][/u]

Tombe au fond de toi-même et ferme tes paupières,
Touche la grande flamme où brûle l'Univers :
L'ego est enfin mort ! Consume ses barrières,
L'écho de ses brouillards, le vide de ses vers.


[u][b]Aurore[/b][/u]

Salut à toi, soleil
Que reflètent les âmes !
Tes fils, divine flamme,
Ont fini leur sommeil.

Bénie sois-tu, immense
Sphère d'or et de sang,
Mystère ivre d'encens,
Dans ton ombre je danse !

Ta gloire est grande, roi
Des symboles liquides,
Musique qui nous guide
Hors des mains de l'effroi !

Vis à jamais, fontaine
Qui colore le ciel,
Visage, arbre de miel
Au-dessus de la plaine...


[u][b]Relations[/b][/u]

Sur son cheval le vent fait frémir la forêt
Et disperse la braise à travers la clairière ;
La cendre s'en délecte, après le sang, la bière,
La musique, le miel, et les serments secrets.

« Chaque arbre, branches nues, fait l'amour à l'hiver
Que le givre a baisé de ses lèvres de craie ;
Mais tous les troncs, phallus, pointés droit la vraie
Courtisane du ciel, oublient face à l'éther

Qu'il n'est plus rien sous les étoiles qu'un regret
Puisse changer, même si peu, de loin ou près.
Les feuilles mortes ont vêtu toute la Terre

Et la tempête les piétine sans arrêt. »
Un grand silence, sur les murs du sanctuaire,
Avait gravé ces quelques mots. Depuis, il erre...


[u][b]Halbtraum[/b][/u]

Je marchais, silencieux, entre l'astre d'ivoire
Et les arbres tordus, dénudés par l'hiver,
Qu'on voyait se griffer en dansant à sa gloire...
C'est alors que le vent m'adressa quelques vers :

« Tu écris mal !
Arrête les phrases à rallonge,
Les clichés que tu ronges
Jusqu'à l'os... Tu écris mal. »

J'ai pleuré sans arrêt, j'ai crié ma douleur
En brûlant mon recueil. J'ai tout fait pour écrire
Du moderne et claquant, du stylé, du vendeur ;
Et le souffle des bois n'a plus rien voulu dire

À l'enfant de Paris, au fils de nulle part,
Au poète bien dit sans terre ni mémoire,
Qui voulait vendre en même temps sa poésie

Et son esprit païen, sa passion éternelle
Des routes et du sang, du parler paternel,
Des anciens arts et des symboles infinis.[/center] Modifié par SonOfKhaine
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Bon cru. Désolé pour le commentaire déstructuré qui suit, je relis en même temps.
J'aime bien le thème de Halbtraum qui me rappel un peu ce que j'écrivais un temps. Par contre le dernier vers ne me va pas du tout du tout. Le premier quatrain (comme dans Fusion d'ailleurs) me gène un peu du coté de la transition entre le vers 2 et 3. La phrase à rallonge construite sur un "et" c'est un peu lourd : coupe en deux.
Toujours dans Fusion, j'aime beaucoup les deux vers "Brûlez, brûlez, ô feuilles mortes ! Votre encens satisfait nos dieux", mais je trouve que c'est encore mieux en remplaçant par "notre Dieu". ça dégage le hiatus et rend donc la prononciation un peu plus fluide mais je sais que tu vas percevoir cette remarque comme une odieuse tentative d'évangélisation, enfin bon...

[u]Une fleur[/u]est intéressante, mais un peu raté finalement. A travaillé peut être. Tout de même assez joli.
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Pour le dernier vers de Halbtraum, je peine à voir où est le problème, en 4//4//4 ça se lit très bien (trouvé-je). Le "et" en début de vers n'est pas forcément optimal, je vais voir ce que je peux faire.

Sur Fusion, "notre Dieu" fait une syllabe de plus que "nos dieux", du coup le compte n'y est pas pour faire un octosyallbe (et je ne vois pas non plus de hiatus, en fait). Le "brûlez, brûlez, ô feuilles mortes" m'a été inspiré par Nerval ("roses blanches, tombez"), Celt m'avait fait promettre de le lire il y a deux ans et je l'ai fait il y a quelques mois seulement...

Quant à "une fleur", il est clairement bancal, écrit à une soirée d'anniversaire où je n'avais pas apporté de quoi satisfaire la florale requête de l'hôtesse. En attendant de le reprendre convenablement (ce qui ne se fera peut-être jamais) je trouve touchante sa naïveté puérile qui met finalement en accord le fond et la forme.


Merci d'avoir commenté, en tout cas !
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  • 3 semaines après...
Nouveau lien de téléchargement : [url=http://dl.free.fr/iCLQrnluG]http://dl.free.fr/iCLQrnluG[/url]

[center][b]Passion[/b]

Regarde la lune
Sous l'écorce brune
Des nuages morts.
Tu pleures si fort...

Je ne comprends pas,
Et sans faire un pas
Je pleure avec toi ;
Pleure, et reste là,

Parmi les je t'aime,
Les mauvais poèmes,
La boue et la cendre...
Sans jamais t'entendre.


[b]Veriterreterreur[/b]

C'est le soir,
La forêt brûle :
On croit voir
Dans une bulle
De savon.
Toutes ces teintes,
Hélas ! Vont,
Après cent feintes,

Se vider
Parmi l'écume
Des idées...
L'horizon fume
Puis s'éteint
Comme un mirage
Au matin.
Rien ne surnage ;

Mais tu sais bien,
Sœur païenne,
Frère païen,
Que les chênes
Cèdent avant
Tous les hêtres,
Et que le vent
Va renaître.

Il soufflera
Sur ta flamme ;
Entre ses bras,
C'est ton âme
Qui va jaillir
De la braise !
Plus un soupir...
Tout s'apaise.[/center]
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  • 5 semaines après...
Nouvelle version (toujours avec plus d'illustrations, etc) : [url=http://dl.free.fr/m6IKdszON]http://dl.free.fr/m6IKdszON[/url]

[center][b][u]Hallucidité[/u][/b]

Tu regardes le ciel, et c'est la fin d'une ère.

La forêt brille, nage avec le soleil vert
Des rêves iodés : c'est ce soir qu'on enterre
Le vent qui gémissait en dansant à l'envers.
Tu vois ces bulles bleues sorties des fourmilières ?

Des oiseaux lumineux m'ont dit un jour que Juin
Était né des rayons qui les ont transpercées ;
L'océan les a pris et emmenés plus loin
Derrière le vieux mur des vagues courroucées,

Où les arbres sont doux comme l'écume et l'herbe
Qui jaillit de la terre à côté de l'étang.
La vapeur de tes yeux forme, au-delà du temps,
Une soie douce-amère où se gèle le verbe...

Taisons nous donc, et profitons de cet instant.


[b][u]Coconscience[/u][/b]

Je ne sais pas, cette nuit-là, si tu as vu
Cet ange si étrange, assis, seul et par terre...
Son regard jaune d'autochtone, sans paupières,
Ne brillait que de paix, quasiment dépourvu
De ces pupilles en aiguille où luit la lune
Quand elle est blonde et ronde. Il était noir bleuté,
A moitié nu en pleine rue pour méditer,
Mais jugeant dans l'instant ma présence importune,
Il s'envola bien au-delà de mes adieux ;
Tout en sachant pourtant, et mieux que nul au monde,
Que sans option, nous partagions notre profonde
Nature, la plus pure - et j'ai ouvert les yeux.


[b][u]Déjà-vu[/u][/b]


Le vent nettoie le sang du ciel
Et rend plus froid mon cœur sans sève,
C'est le début d'un de ces rêves
A la fois fous et si réels...

Je hais ces soirs au peu de lune :
L’œil de la nuit semble si noir
Que je ne sais comment le voir ;
Et tout le long de la lagune,

Rien, pas un seul reflet d'or blanc
Pour éclairer mon âme vide.
Ce grand étang, rien ne le ride :
C'est tout un monde de relents.[/center]


Le dernier est assez orienté auto-dérision, puisqu'il reprend les 19 mots les plus utilisés dans le recueil : vent, sang, ciel, froid, coeur, fou, soir, peu, lune, oeil, nuit, noir, long, rien, seul, âme, grand, rien et monde. Modifié par SonOfKhaine
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  • 3 semaines après...
Nouvelle version (augmentée de quelques poèmes et d'un certain nombre d'images) : [url=http://dl.free.fr/nxASmngrU]http://dl.free.fr/nxASmngrU[/url]

Bon, quelques nouvelles du front pour ceux que ça peut intéresser. La date de publication en auto-édition est pour le moment fixée au 30 septembre, soit un an quasiment jour pour jour après la naissance du concept. D'ici-là, je vais travailler surtout sur le côté graphique, avec quelques amis (il va par ailleurs de soi que je suis ouvert à toutes les collaborations, si vous connaissez quelqu'un d'intéressé, ça m'intéresse), étant donné que la phase d'écriture des textes est quasiment terminée (plus que quelques poèmes à finir, a priori, mais je n'exclus pas des ajouts de dernière minute). Au niveau musical, l'Esthétique de l'échec a commencé son enregistrement, d'autres pièces sont aussi en cours de composition.


[center][u]LABOURS[/u]

Il est tôt, beaucoup trop tôt, et j'espère encore,
Piétinant le goudron, la nuit, le souffle noir
De la ville, et son maître Hiver. Elle m'ignore,
La confuse clameur qui a rempli les rues,
Ne répond pas à mon long silence oratoire.
Jamais je n'ai perçu le fait d'être un intrus
Avec autant de clarté sur ce territoire.
J'ai froid et je suis seul, et je hais ce quartier.
Ses couleurs amères sonnent faux, mon nez nu -
Phare rougi qui coule – endure mal, altier,
L'air de rien glacial... A l'heure (ou presque), incongrue,
Je vois que vient, au loin, mon armée d'égoutiers.


[u]SENS[/u]

La corne bleue qui court et frappe dans ses mains
Soudain me mord trop fort. Bientôt naîtra demain :
Le jour se meurt à l'ouest, où l'or du soir fourmille
De douces mélodies que chantent mille filles,
Au rythme de l'amour qui brille dans les bois.
Cet arbre me regarde et prend sa grosse voix
Pour dire aux fleurs qui rient de rire, et rire encore,
De jouir partout de tout, au moins jusqu'à l'aurore.

Car peut-être (qui sait ?) qu'au matin, l'univers
Ne sera plus qu'un rêve, effacé d'un revers
De fractale et d'oubli. D'ici-là, comment dire...
J'aime vivre – et puis bon, ça pourrait être pire.


[u]RAGE D'ORAGE HORS D'ÂGE[/u]

La lumière jaune
Se faufile dans mon cœur,
Lui fait l'aumône
D'un éclat qui se meurt.
Soudain, elle enfante
Un diamant : chaos complet
Où l'orage s'invente,
Le beau est laid,

Les océans se reflètent
Dans l'arbre chantant.
Le monde en fête,
Tout s'arrête le temps
D'un de ces rares sourires
Qui font exister
Et poussent à chérir
L'humanité.


[u]JE TUE LES AILES DES ÎLES[/u]

Ah, l’oméga
Jaune émeraude !
Ces loups qui rôdent,
Serpents nougats...

Vois, vieille pierre,
Comment la mort
De notre corps
Fout tes frontières
Au cimetière,
Sous les grands ifs
Gris et lascifs.

Pourquoi la langue
Et tous les mots
Sentent la mangue
Et l'escargot ?[/center]
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  • 3 mois après...
Avant toute chose, le lien pour télécharger le pdf : [url=http://www.mediafire.com/view/?krbkj8okt4o352r]http://www.mediafire.com/view/?krbkj8okt4o352r[/url]

Le pdf est (dans son état d'avancement actuel, soit quasiment fini : il reste des illustrations à ajouter/remplacer et trois poèmes fragmentaires à finir) le recueil, ce que je poste ici n'en est qu'un vague reflet (sans la musique et l'image, donc).

Le bouclage définitif et l'envoi en auto-édition sont prévus pour fin octobre/début novembre (un an, une lune et un jour après la naissance du concept du recueil le 30 septembre dernier).

Bref, place à la dernière fournée de poèmes (11 pour cette fois, portant Tristes Psychotropiques à un total de 84 poèmes dont 3 inachevés).


[center]PRISONNIER DES BARREAUX DE MON ECHELLE

Au fond des yeux d'or fin d'un scarabée violet
Étincelaient sans fin des étoiles lointaines,
Autour desquelles orbitaient des lunes naines
Immenses comme un grain de sable ultraviolet.

J'ai vu le monde à sa façon, pendant des heures
Arrêtées au cadran. J'ai vu les bois dormant
Sous l'étrange tapis des feuilles tombées l'an
Dernier, où des millions de moucherons demeurent.

J'aurais pu prendre tout le ciel avec deux doigts,
Noyer des galaxies dans une seule larme...
L'Univers en entier résonnait du vacarme
De mes murmures sourds. J'étais l'infime roi

D'une souche pourrie vaste comme un atome,
Dieu coprophage et sourd, hurlant toujours mon nom,
Qui résonnait partout jusqu'au plus proche tronc
En dansant tout le long de mes courts chromosomes.


VITALCHIMORT

« Être un artiste, c'est créer ».
Créer ? J'ai éclaté de rire.
Tout se transforme, pour le pire
Ou le meilleur. Sur le fumier

Poussent les fleurs dont les pétales
Vont se faner dans quelques jours,
Rien ne se perd dans le grand bal
(Mais on est parfois à la bourre).

Bâtir, c'est changer, démolir :
On casse toujours pour construire.
Les châteaux de sable ne durent
Pas plus longtemps qu'un clair-obscur.


RÊVES EVEILLES & HISTOIRES A DORMIR DEBOUT

J'aime ses yeux bleu-vert.
Ou bleu-gris, parfois, quand elle se lève
Et qu'ils sont entr'ouverts.
Je les vois si souvent dans chaque rêve
Que je ne sais jamais,
Quand ils croisent les miens, si mes paupières
Ne seraient pas, en vrai,
Aussi bien fermées que son cœur de pierre.
De la fumée, juste de la fumée...

Noire d'un soir sans étoile,
Pâle comme l'aube où l'on voit marcher
Ces cadavres gris aux râles
Faisant geler le sang de ceux qui salent
Les trottoirs à déneiger.

Tout est cendres
Et tu vois fondre tes yeux ;
Il faut descendre
Parmi les rires des dieux.


C'EST UN VASISTAS

Longtemps, j'ai couru sans réponse
En cherchant au milieu des ronces...

Vérité suprême
Se diluant dans le réel, au loin,
Souffle divin
Sur la mer enchaînée qui crie « je t'aime ! »,
Souris ; et dis-moi
Si, malgré tout, ce monde existe encore.
Tes yeux dévorent
Ce qui reste des mots - je suis ma voie.

Rien de plus, sans détours ;
Rien de moins, mon amour.

Ce soir, sur la plage,
Quelques années plus tard, je reviens
Et suis enfin
Prêt à te voir. Le ciel bleu se dégage
Quand j'entends la vie
Chanter sous l'océan, sur le soleil
Du vieil éveil :
« C'est un miroir où vient mourir la pluie ».

En vivant au milieu des ronces,
Soudain, j'ai trouvé ma réponse.

Rien de moins, mon amour ;
Rien de plus, sans détours.


AMALGAME SANS AME

Rouges, orange ou verts selon le moment,
Les feux se conjuguent étrangement
Avec le jaune urinaire
Des vieux lampadaires ;
Cette rue
Pue
Le bitume,
Les mégots qui fument
En crevant sur le trottoir...
Ce soir, comme tous les autres soirs,
La Ville Lumière est mon sombre miroir.


HAGALAZ

Ce matin-ci encor, le vent hurle et me mord,
J'ai l'esprit embrumé comme l'horizon gris :
C'est l'automne, déjà, dont le givre flétrit
Les feuilles et les corps. Je gémis à la mort...

Tant d'éveils douloureux dans l'aube pâle et froide,
Tant d'occasions manquées, tant de rêves partis,
Mais j'espère toujours, à la fin de ma vie,
Pouvoir revoir l'orient dans ce prisme de jade

En chantant en silence : oui, ça en valait la peine.
Peu importe, après tout, ce qui aurait pu être ;
Et si tout est écrit, qui peut lire ces lettres ?
J'ai choisi mon chemin, voyons voir où il mène.


ALL HAIL THE HOLY HOLE

Givre blanc sur le néant qui pâlit
Au rythme des minuscules étoiles...
Au bout du tunnel d'ossements polis,
Loin, flotte une silhouette spectrale
Dont le manteau est flou comme l'acier
Des anneaux de Saturne. Il prend le large,
Muet, brûlant sous son masque d'osier.
Vers la tombe du temps flotte sa barge ;
Sans cesse il rame dans le vent, portier
Troublant les trous noirs par l'architecture
Exponentielle d'arômes fondus
Que prend parfois son haleine au mercure.
Soudain, il explose comme un obus,
Sème des éclats de rire qui durent
Encore au fond de ces lieux distordus.


PRIS DANS LA TOILE

Un jour encore ?
Allons, allons, juste un dernier poème
Avant la mort,
Car il n'est rien, plus rien d'autre que j'aime
Dans tout ce monde,
Ce monde immonde qui toujours nous ment :
La Terre est ronde,
Nous revenons sur nos pas trop souvent.

Une heure encore ?
Allons, allons, une dernière strophe
Contre le sort
Qui de l'abîme à présent m'apostrophe.
Juste un instant ?
J'aimerais bien, hélas, pouvoir écrire
(Si j'ai le temps)
Un seul bon vers, ou du moins un moins pire...


ALOGIE

Je reste assis, à contempler la flamme
Qui danse seule, en face d'un mur blanc
Servant de scène au plus terrible drame
Que j'aie pu voir ma vie durant.
Hélas, je blâme
Les mots trop faibles pour saisir la profondeur
Des longs sillons creusés au crâne par cette heure
A sourire et ramper jusqu'au bout de l'horreur...


REDESCENTE INDECENTE








Sans savoir où aller, je marche tout droit.





Pour m'y être perdu tant de fois,




Je reconnais cet endroit :



Où est-ce ? Je crois


Que c'est moi.

Moi
...


LE VISAGE DU TROLL

Un soir, je me promenais
Dans la forêt.
Soudain, j'ai vu apparaître
Un de ces êtres
Qui ne peut pas exister.
J'ai demandé
Ce que ça pouvait lui faire ;
Ses congénères
Ont, en sortant du brouillard,
Voulu savoir
Comment c'était d'être au monde.
Trente secondes
Après, je ne riais plus,
Et j'ai bien vu
Le sarcastique sourire
De ces messires.


Mise à jour du sommaire :

I – TOUJOURS PLUS D'ARTIFICES
1) Aube pourpre
2) Chemise d'ours
3) Une idole manchote
4) Vacuité
5) Longue ascension
6) Vagues
7) A travers les nuages
Presqu'au sommet des océans
9) Labours
10) Ce que pense la Fractale
11) Prisonnier des barreaux de mon échelle
12) Vitalchimort

II- J'ERGOTAI
1) Gravé dans un cénotaphe
2) Morrígan
3) Heures noires s'écoulant dans un couloir sans couleur
4) Memento moribond
5) Hallucidité
6) Association
7) Sens
Rage d'orage hors d'âge
9) Rêves éveillés et histoires à dormir debout
10) C'est un vasistas
11) Amalgame sans âme
12) Hagalaz

III - VIN ORPHELIN
1) Le ciel tombe sur la Galatie
2) Gare au septentrion !
3) Spaceraum
4) Ornemensonges
5) An dro Breizh
6) Le destrier du maître
7) Wurte runoR heldaR
/ Bractéate de Tjurkö
Reflaid
9) Grêve
10) Averse
11) Coconscience
12) All hail the holy Hole

IV - LA SAUGE DES DEVINS
1) Fin d'été
2) Un œil grand fermé
3) Le cinquième postulat d'Euclide
4) Fusion
5) Nach Walhalle
6) Dans l'empire de la mort
7) En face
Métamorphoses
9) Pris dans la Toile
10) Alogie
11) Redescente indécente
12) Le visage du Troll

V - EXTASES
1) Sépulcre
2) A travers un trou de serrure
3) Éphémère
4) Laudes
5) Illusions
6) Soñj un noz hañv
/ Songe d'une soirée d'automne
7) Une fleur
Corps et graphies
9) L'esthétique de l'échec
10) Blanche Marine
11) Transe
12) Relations


VI - QUADRUPLE EAU DE CHANVRE

1) Retour en avant
2) Fuite vers la source
3) BDM
4) Cosmétropolite
5) La noire lune des mes nuits blanches
6) Ballade étrange
7) La pleine lune de mes nuits vides
Wyrd
9) Encendres
10) Dissolution
/ No solitudes
11) Passion
12) Vériterreur

VII - APOLLON ET DIONYSOS
1) Weine !
2) Wie man mit dem Wandern philosophiert
/ Équinoxe d'été
3) Vile
4) Invictvs
5) Gilbhart
6) ALU
7) Am Rande der Wörter
Belenos
9) Horror
10) Vers après quelques verres
11) Halbtraum
12) Déjà-vu[/center]
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Je me sens presque insultant en postant un commentaire trivial, mais bon... :whistling:

J'apprécie énormément (on se passera de l'éloge ici), et j'ai juste une petite question : les liens youtube confinent le receuil au format PDF/informatique, non ? Parce que le recueil sans la musique serait... plus ou moins incomplet non ?
(SoK, ton avis pleeease :crying: )
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En effet, d'une certaine manière. Le format papier est vraiment juste une copie de la chose pour ceux qui préfèrent les supports matériels. Enfin cela dit rien n'empêche les jeunes gens qui le souhaitent d'aller jeter un oeil sur youtube en tapant le nom du morceau en question pour l'écouter.
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