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[Samedi] L'ombre soeur


Lord Paladin

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Comme souvent avec mes propres chroniques (qui semblent être les seules, à mon grand désespoir), il ne s'agit pas de poèmes que je chéris au delà de tout autre (sinon Verhaeren reviendrait par trop souvent) mais d'un poème trouvé au gré de mes lectures et qui m'a suffisamment plût pour que je le dissèques dans la joie et la bonne humeur d'un dimanche matin.

[center][size="5"]L'ombre sœur[/size]

Entre à la nuit sans rivages
Si tu n’es toi qu’en passant
L’oubli rendra ton visage
Au cœur d’où rien n’est absent

Ton silence né d’une ombre
Qui l’accroît de tout le ciel
Éclot l’amour où tu sombres
Aux bras d’un double éternel

Et t’annulant sous ses voiles
Pris à la nuit d’une fleur
Donne des yeux à l’étoile
Dont ton fantôme est le cœur[/center]
[right]Joë Bousquet, [i]La Connaissance du soir[/i], collection blanche, 1947[/right]

Un (très) rapide mot sur l'auteur comme toujours. Joe Bousquet (1897-1950) est un poète du Sue-Ouest de la France qui, atteint par une balle allemande lors de la première guerre mondiale perdra à 21 ans l'usage de ses jambes et restera alité pour le reste de sa vie dans sa maison de Carcassonne.

Et maintenant passons au poème.
Bon premières choses que l'on remarque rapidement pour faire plaisir au prof de français : on a trois quatrains en heptasyllabes avec alternance de rimes féminines et masculines, une absence complète de ponctuation et un champ lexical très porté sur les effets de clair-obscur naturels : nuit(x2), ombre, étoiles, ciel auquel répond en écho sa contre-partie humaine : le clair-obscur de l'âme humaine en quelque sorte : cœur(x2), visage, silence, éternel, fantôme, œil, etc.
Le poème se trouve dons à la double croisée des mondes, celui de la lumière et de l'ombre d'un côté, celui de la nature et de l'homme de l'autre, et ces quatres univers s’interpénètrent et se nourrissent l'un l'autre comme en un tableau de Caravage.

[center][url=http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9b/Saint_Francis_in_Prayer-Caravaggio_%28c.1606%29.jpg/766px-Saint_Francis_in_Prayer-Caravaggio_%28c.1606%29.jpg][img]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9b/Saint_Francis_in_Prayer-Caravaggio_%28c.1606%29.jpg/179px-Saint_Francis_in_Prayer-Caravaggio_%28c.1606%29.jpg[/img][/url]
Caravage, [i]Saint François en méditation[/i],
Huile sur toile, 128 x 97 cm, Galerie nationale d'art ancien, Rome.[/center]

L'absence de ponctuation rend le poème multiple et difficilement déchiffrable. Les phrases semblent se chevaucher les unes les autres et il me devient rapidement impossible de pouvoir faire une analyse un tant soit peu précise car les verbes se répondent les uns les autres sans sujet précis et ne livrent pas une histoire mais plutôt un maelström de sentiment ou chacun vient lire ce qui lui plait. Disons le clairement, je ne suis généralement pas fan de cette façon de procéder. Cela me laisse toujours une curieuse impression d'inachevé et d'incompréhension.
Bref, un poème à mon sens brouillon et confus qui laisse la part belle aux sentiments. Et vous qu'en pensez-vous ?

Pal'
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Très jolie découverte Pal', vraiment.

Je ne sais pas si on peut parler de clair/obscur à proprement parler même si il y a un jeu de circulation entre le poète et l'ombre. Le lexique de la lumière est quasi absent (il y a bien étoile mais elle est ténue..son cœur étant fantôme). La tonalité générale n'est pas à l'opposition. J'y vois plutôt un appel, un désir, un élan vers. Bref je ne vois que de l'ombre, je ne vois qu'un désir de nuit. Ce serait obscur/obscur.

"Entre à la nuit"

Une invitation à l'oubli, à l'annulation, à l'absence, au silence, un désir de sombrer, un désir de se fondre dans un double fantomatique...la négation de soi (absence de "je", le poète se tutoie puis négation explicite du sujet dans "Si tu n'es toi") comme une promesse de paix et de félicité (la nuit d'une fleur)...assez loin de Poe par exemple dont le dialogue avec son double se fait sur un mode autrement plus angoissé et morbide (même si il est empreint d'un érotisme bizarre).

Je ne vois pas en quoi c'est brouillon...Bousquet brosse à grands traits minimalistes, oui mais c'est très bien construit malgré tout.

Merci Pal'. ^_^
[center][img]http://img11.hostingpics.net/pics/923396MichelangeloCaravaggio065.jpg[/img][/center]
[center][b]Narcisse - Le Caravage - 1595[/b][/center]

Avec ton choix d'illustration, j'ai vraiment cru à un sujet religieux. :lol:
Moi je penche vers Narcisse, à cause de la fleur mais surtout pour ce désir de fondre dans son ombre pour y disparaître. Notez que si tout n'est qu'ombre autour de narcisse, le reflet l'est plus encore. Modifié par Absalom
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