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La conscience du monolithe


Zarathoustra

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La conscience du monolithe

« Quelque chose de grave se prépare, c’est sûr ! Quelque chose de très grave ! »

Au milieu des blocs de pierres millénaires, le gardien du Temple se dirigeait vers le Tupac Palopetzl. Rien n'avait bougé, tout était calme, pourtant, il en était sûr. Quelque chose de grave allait se passer. Lorsqu’il sortit du temple, il sentit immédiatement l’effet stimulant des rayons du soleil sur sa peau. Son cerveau devint plus vif mais rien ne changea dans son esprit : « Quelque chose de terrible, même ! ».

Il descendit les marches, le brouhaha de la jungle l’assaillit comme une agression, lui qui est perdu dans le calme tout contemplatif de son Slaan. Des jeunes skinks sur sa droite jouaient avec leur sarbacane, à leurs pieds, plusieurs oiseaux chamarrés et un petit singe, tous morts empoisonnés. Il pressa le pas, indifférent au spectacle qui l’entourait. Le Tupac n’était pas dans sa cabane. Il devait être avec le chaman pour préparer le rituel de la soirée. Effectivement, sur la place centrale de la cité, ils les trouva tous les deux.

-« Quelque chose de grave se prépare ! »

- Ah oui ?

- Quelque chose de terrible !

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

- Le Slann ! Il a bougé !

- Bougé, comment ça bougé ?

- Il a bougé ! D’abord la paupière, puis il a remué le genou !

- Tu es sûr ?

- Oui ! Il a même fait comme ça !

Le gardien du temple s’était assis et mimait la scène. On voyait effectivement très bien que c’était très grave : la paupière avait bien frémi et le genou aurait plus que légèrement tremblé ! Ainsi les Anciens avaient parlé !

**

*

L’air lui-même était, dit-on, différent sur Ulthuan. Quiconque le respirait ressentait une grande sérénité, comme si le Temps n’avait plus de prise sur le corps. La luminosité aussi avait quelque chose d’unique. Chaque reflet faisait scintiller l’éclat de l’incroyable pouvoir de la Nature pour construire l’équilibre le plus fragile et le plus magnifique qui soit. En posant son regard sur de tels paysages, il est difficile de ne pas imaginer qu’ils n’avaient pas été agencés au préalable par une Volonté inconnue. L’art des elfes s’exprimait aussi dans leur sensibilité à faire vibrer ce qui était en place. Bien sûr, ils peuvent construire des édifices qui dépassent en grandeur et en sophistication ce que nous pourrions appeler le matériau d’origine, mais ils le faisaient comme s’il s’agissait d’une pièce formant un tout avec l’Ile. Pourtant, dans cet écrin de Beauté, un vent nouveau soufflait depuis peu, un vent porteur de changements.

Les mages de la Tour de Hoeth n’aimaient pas être pris de court. De nombreux émissaires avaient été envoyés vers eux, sans qu’ils n’aient rien prévu ni aucune explications à donner. Les Monolithes magiques du nord de l’Ile avaient vu leur couleur se modifier. Celle-ci s’était, d’après les témoignages, soit ternie soit foncée. De mémoires d’elfes, jamais il n’y avait eu de tels antécédents. Ce qui était sûr, c’est qu’il y avait une raison à cela, bonne ou mauvaise. Et si les sages de la Tour n’en savaient pas plus, qui pourrait empêcher le peuple d’en imaginer ?

**

*

Naggarothe reste une terre bien vide. Parmi l’immense étendu de son territoire, il existe de grandes zones désertiques où la désolation y règne comme nulle part ailleurs. La végétation y est plus que rare et la terre plus que brûlée par des siècles de laves. Malgré toute cette souffrance, la Nature y montre une volonté hors du commun à occuper la place. Curieusement, elle y trouve une liberté incroyable pour créer les paysages les plus fous et les plus dramatiques, certains diront les paysages les plus magnifiques car d’une beauté terrible et unique, une beauté qu’il faut domestiquer, une beauté sauvage faîte de fureur et d’une harmonie inouïe et inconnue. Dans cet inconnu, au milieu de l’une de ses contrées, il y a toujours un ou plusieurs villages elfiques. Ils n’ont pour eux rien de la magnificence de leur peuple, mais ils ont fait cette folle découverte et la gardent jalousement. Face à elle, Ulthuan ne pourrait plus leur servir l’évidence troublante de ses charmes.

Pour atterrir dans de tels endroits, même chez un Drucchi, il fallait souvent autre chose que de l’or, certains diraient que l’oubli seul était assez puissant. Ces colonies étaient parfois exigées par le Roi Sorcier, parfois elles étaient effectivement le fruit d’un exil, un exil soit du cœur soit de l’ombre.

Non loin de l’une d’elles se trouve l’alignement des Monolithes Noires. Personne ne sait leur signification, seulement Ils sont là, Ils défient la ligne d’horizon, Ils règnent ici comme des rois depuis toujours. Leur noirceur immaculée est majestueuse et inquiétante. Dans l’esprit de chacun, il ne fait aucun doute qu’il émane d’eux une sensation de grande pureté comme s’ils avaient un grand pouvoir, que d’eux dépend tout un équilibre. Sans qu’aucun elfe ne sache pourquoi, ils trouvaient très fréquemment du gibier tout près de ces pierres. Certains disent que c’est parce qu’elles sont chaudes, beaucoup plus chaudes que ne pourraient le faire les rayons du soleil. Mais, aujourd’hui, c’est différent. La petite colonie a été obligée de tenir conseil : les Pierres de Nuit, comme ils les appellent, ont, pour la première fois, chanté...

**

*

Pierrot n’était pourtant pas d’une nature peureuse. Mais lorsque au détour du chemin, il avait vu ça, il n’avait pas pu s’empêcher de prendre ses jambes à son cou, en laissant le petit gibier qu’il venait de braconner. Il courait depuis plusieurs minutes déjà, lorsqu’il décida de s’arrêter. Non, ce n’était pas possible. Il avait dû se tromper de chemin. La forêt était ici particulièrement épaisse. Il n’y avait pas de honte à ne pas la connaître par cœur ! Il aurait voulu revenir sur ses pas, mais il ne voulait pas se retrouver confronter à sa vision : d’une part, parce que s’il n’y avait plus rien, il devrait s’interroger sur sa santé mentale, d’autre part, s’il avait pas rêvé et s’il ne s’était pas perdu, il lui faudrait remettre en cause beaucoup de choses.

L’Empire est une vaste terre qui abrite bien des cultures et bien des courants religieux. Et Pierrot avait une sympathie pour aucun d’eux. Et ce qu’il avait vu l’amenait à penser au divin, oui, c’était pour lui l’explication la plus raisonnable. D’ailleurs, il n’aimait pas se l’avouer. Sa vie fonctionnait très bien sans qu’il n’ait jamais eu recours à l’aide d’un dieu, pourquoi commencerait-il maintenant ?

Il se décida à y retourner. Il fut surpris par l’anarchie de sa course et eut à plusieurs reprises des doutes sur le chemin à prendre, mais il voyait très bien mentalement l’endroit. Le coude du chemin approchait, il s’arrêta, hésita un instant, puis, n’entendant ni silence inquiétant ni bruit terrifiant, il pencha d’abord le cou. Stupidement, il avait sorti son épée. « Stupidement », parce qu’a priori il n’en avait pas besoin, pas contre « ça ». Le gibier mort gisait toujours par terre, là où il l’avait laissé dans sa précipitation, en le voyant, il eut la certitude d’avoir halluciné. Il s’engagea d’un pas ferme sur ce chemin pour se retrouver à nouveau face à la réalité : il y avait bien au milieu du chemin, comme s’il était là depuis toujours, alors qu’il « savait » pertinemment que c’était impossible, il y avait donc bien là un immense monolithe bleu nuit qui lui barrait le passage et il sentait un tremblement tout autour, curieusement, là où il sentait le plus cette vibration était dans son coeur…

Modifié par Zarathoustra
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Ulthuan, la lustrie, l'empire...

Ben dis donc, on a fait le tour du monde! Et en plus, faut bien dire que tu es un merveilleux guide! Autant te le dire, cette description est sublime! (je m'en fais un peu pour le passage au récit lui-même, mais bon, ne gâchons pas ce qui ne doit pas l'être!). Je te pose la question: l'as tu travaillé, retravaillé, etc... ou bien as-tu simplement pris ton imagination à deux main pour nous faire découvrir les monolythes?

Quoiqu'il en soit, c'est étrangement sublime...

Mais je le répète, le passage au texte en lui-même va être dur! (tu ne peux pas faire tout le récit ainsi...). Donc il faudra bien travailler la suite!

Sur ce, je vais peut-être le relire encore une fois, pour le plaisir...

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Trop délire! J'adore cette intro!(et c'est pas parce que c'est le modéro que je dis ça). J'aime particulièrement la scène où le skink mime les gestes du Slann, c'est presque drôle. Et le suspens est génial. Par contre, je me demande bien où ça peut aller...Un récit qui adopte pluseurs points de vue est difficile, il va falloir s'orienter sur quelqu'un en particulier (pourquoi pas le skink? ^_^).

Non, vraiment, les descirptions sont excellentes, j'espère que ça va continuer!

Mr Petch

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Vous me mettez mal à l'aise car:

1- Non, c'est un texte non travaillé. C'est bien la première fois que j'en travaille si peu un. Zou d'un seul jet avec un coup de correcteur (bon j'ai reperé des fautes qu'il faudra que je corrige, bref faudra que je me relise!). Bon , j'avais certaines choses bien en tête, disons que j'étais mûr! A contrario, le texte que je viens de poster pour le GTC était l'un de ceux que j'avais le plus travaillé. Justement, c'était par réaction. Au bout du compte, je ne sais pas lequel des deux est le meilleur.

2- C'était l'intrigue que je vous avais évoqué pour votre RC, mais comme vous vous avez réussi à développer votre propre truc et qu'Aelnarion a laissé tombé, finalement, je me suis dit voyons ce que ça donnerait si j'avais fait votre intro. Et bien ça a donné ça.

3- Pour la suite, j'ai plein d'idées, mais la plupart sont floues, mais pour l'instant, vu l'état de mon intrigue, je ne pense pas avoir fait de faux pas irrattrapable! :)

4- Concernant l'approche multi angle, ça me fait penser que j'avais déjà procédé de la sorte avec "la Voix du Maître Tao Lin" ^_^

EDIT/ j'ai corrigé quelques fautes et j'ai modifié la dernière phrase.

Modifié par Zarathoustra
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Invité Elfiriond

Arf, joli! Les descriptions sont maîtrisées! Rien a rajouter par rapport à ce qu'on dit les autres!

Ah si: c'est Naggaroth, sans le "e" à la fin ^_^

Hum, et si les monolithes anonçaient l'arrivée prochaine de 2 hérots porteurs d'une potion miracle devant délivrer le vieux monde de la méchanceté et ammener bonheur et amour de partout? :) (Zara comprendra ce que je veux dire)

Elfi

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Hum, et si les monolithes anonçaient l'arrivée prochaine de 2 hérots porteurs d'une potion miracle devant délivrer le vieux monde de la méchanceté et ammener bonheur et amour de partout?  (Zara comprendra ce que je veux dire)

Ah ben merci, t'es pas tout seul... Donc, comme punition, faut t'expliquer! Bon, j'arrête...

Sinon, je veux juste dire que s'il y avait des erreurs, je ne les ais pas vues (j'ai failli à mon devoir!)...

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Pour la potion, j'en aimerais plutôt une de volonté, siouplait. Pour les gugusses qui sont censés servir d'humains aux Warhammer mais qui finalement font office de chair à saucisse pour les autres races.

C'était ça, ton idée ? Trop de pistes dans tous les coins. Non, on se serait retrouvé éparpillés aux quatre coins du globe sans le moindre contact. C'aurait donné à mon avis quelque chose d'incompréhensible.

Cela mis à part, je trouve le style toujours génial ; pas enchanteur, génial. Pourtant, c'est curieux, on ne se sent pas dans l'histoire : peut-être le manque de cohésion ? On a pas le temps de s'adapter au milieu que tu nous le changes. ^_^ C'est l'effet que j'en retire.

Bon, voilà, c'est tout. Après le post à Silion que je n'arrive toujours pas à déterminer dans son niveau d'acceptation (comprenez : est-il mal formulé ?), il fallait bien prouver que je sais également être gentil ! :)

Ah, si t'avais gardé des idées en réserve, fais-m'en part ! Je peux toujours améliorer tel ou tel point !

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Bonsoir,

Zarathoustra tu nous a fais un coup de maître!!

Toutes mes félicitations.

Seulement il y a un "léger" problème ^_^ j'ai déjà vu cela quelque part non ?? pas dans 2001 l'odyssée de l'espace par hasard ?

Une nouvelle a déjà été écrite dans les années 60 sur le thème du monolythe : "la sentinelle" . Ce qui donera quelques années plus tard le film que j'ai cité.

Désolé de casser ton coup, mais là il pourrait y avoir pb avec les droits d'auteur. J'ai un petit problème de mémoire sur le nom de l'auteur (Rama, les fontaines du paradis etc...).

En tout cas j'attends l'arrivée des ET avec impatience...

JDLT

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Invité Elfiriond

Oula, le Monolithe flottant de 2001, si Zara a pu s'en inspirer, je ne vois pas d'autre parallèle! Ca serait dommage de payer des droits d'auteurs simplement parce qu'il y a un monolithe dans un texte (à ce moment là, je dépose la propriété moral des verbes être et avoir, et à moi les royalties lol)

Surtout que la pierre de 2001 à une valeur symbolique et philosophique extrèmement poussée et que ceux de Zara sont simplement témoins d'un "changement".

Si Zara a beaucoup de talent, va quand même falloir un miracle (selon moi ^_^) pour qu'il atteigne le niveau de perfection de la plus grande oeuvre de sciences fiction qui soit! :)

Elfi

"Merci Kubrik" :clap:

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histoire de faire un peu HS

L'auteur de 2001 est A.C.Clarke, et le film s'inspire bien du livre du meme nom, si la nouvelle "la sentinelle" parle bien de monolithe je ne vois pas trop de points communs avec le film de Kubrick ^_^

Enfin bon la nouvelle de Zara reste sympathique :)

Modifié par Khaldorn
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  • 2 semaines après...

Pff! c'est pas croyable, à peine 15 jours et ma petite histoire est enterrée au fin fond du forum. Faudrait qu'on se calme, ça va plus là! D'mon temps on était pénard pour un mois! :clap: . Bon, continuons là et voyons si le fantôme de Kubrick perdure... :wub:

**

*

Depuis qu’il avait fait sa découverte, le monolithe hantait littéralement les pensées de Pierrot. Bien qu’il mourut d’envie d’en parler autour de lui, quelque chose l’en empêchait : la peur d’être ridicule, le plaisir d’avoir son secret et aussi une angoisse du lendemain, comme si en le dévoilant à tous il allait lâcher des forces qui les dépassaient tous. Et puis, son rationalisme rustique de pauvre qui n’attend rien d’autre que ce que la terre lui donne se trouvait mis à mal, l’apparition trouvait une explication dans des sphères qu’il n’aimait pas côtoyer, il le savait autant qu’il le redoutait. Elle l’obligeait à envisager une divinité, un culte, un nouvel asservissement, alors qu’il n’avait rien à lui. Elle ouvrait une brèche dans ses pensées qui impliquait de reconsidérer toute sa vie et il n’en avait pas envie.

Son seul plaisir était de chasser, de prendre à qui n’en avait pas vraiment besoin les bienfaits de la nature pour en tirer un maigre profit, de quoi subsister dans un monde où la puissance de l’argent, du pouvoir et du savoir brisait quiconque trouvait l’audace de le renier. Braconner était justement sa façon de le renier, mais il ne voulait surtout pas aller plus loin. Justifier la présence de la Roche aurait nécessiter encore bien plus. Face à tout ce foisonnement de pensées qui le troublait jusque dans ses nuits, il s’efforçait de ne surtout pas réveiller ce qui aurait pu jaillir de son âme en tachant de garder son esprit le plus engourdi possible. Il ne voulait plus réfléchir, pourtant, au fond de lui, un potentiel inexploité sommeillait, il l’avait toujours su. Et cette Pierre allait… Non, il ne fallait pas ! Il resterait fidèle à lui-même, fidèle à la vie qu’il subissait plus qu’il ne l’avait choisi, mais au moins, il savait à quoi s’attendre du lendemain : des peurs simples, des joies simples, une succession rassurante de jours quasi immuables qui lui apportait ce qui s’apparentait pour lui à de la sérénité. Ce fichu roc avait créé la seule exception à cette douce certitude. « Maintenant plus rien ne sera comme avant… », ne put-il s’empêcher de penser. « Non, pourquoi je dis ça ? Il ne faut pas, je ne veux pas ! Je n’ai rien demandé à personne ! Jamais ! A personne ! Pourquoi commencerai-je ? Surtout pas ! ». Une petite voix qu’il connaissait pourtant bien lui chuchota le contraire.

Pourtant dès qu’il allait chasser sur les terres du Comte, il ne pouvait s’empêcher de faire un détour pour le contempler, d’ailleurs, cela avait toujours été fructueux pour sa chasse. Bizarrement, le gibier était devenu plus abondant dans son voisinage. Une relation s’établissait entre lui et la roche bleutée. Tout ceci ne pouvait être bien sûr que dans sa tête. Un jour, il se rendit compte qu’il n’avait jamais osé le toucher, peut-être parce qu’il sentait comme une chaleur surnaturelle à son approche ? En fait, il ne savait si tout ceci n’était pas simplement le fruit de son imagination.

Une fois de plus, il le regardait fixement à la fois craintivement et respectueusement. Par sa forme, sa couleur, il ne pouvait s’empêcher de trouver comme une résonance dans son être, comme si elle lui parlait. Pourtant, il en était certain, il n’avait en face de lui qu’une pierre, aussi énorme qu’elle fut. Il respira une grande bouffée et se mit à rire de sa peur. Il tendit sa main dans sa direction, il sentit comme un vent chaud sur tout son bras qui le fit hésiter une nouvelle fois, puis il persévéra, doucement, hésitant de plus en plus. Il n’y avait plus que quelques millimètres qui le séparaient de l’étrange roche. Plus que jamais une douce chaleur en émanait. Il surmonta sa dernière angoisse et osa enfin poser la main dessus. Il la retira immédiatement, complètement paniqué par son contact. Elle était glaciale. Le chaud froid produit sur lui une sensation des plus désagréable qui le fit reculer de plusieurs pas. Puis, une vibration dans l’air le fit paniquer pour de bon. Un son étouffé comme un rire ou un grésillement envahit la forêt pendant quelques secondes, et c’était suffisant pour que son cœur s’emballe et que son sang frappe ses tempes, saisi par une terreur sans nom, une terreur qui existait déjà dans chacun de ses cauchemars d’enfant. Il s’enfuit encore plus vite que le premier jour de sa découverte.

Lorsqu’il arriva en courant dans son hameau, les quelques voisins qui y logeaient le regardèrent, incrédules devant son visage rougi et ses cheveux collés par la sueur. Compte tenu de son métier de braconnier, il habitait à quelques kilomètres du village. Officiellement, il travaillait avec le maréchal ferrant, qui s’était lui aussi retiré du village au décès de sa femme. Pierrot avait très vite été orphelin. Son père était lui aussi braconnier et lui avait très tôt enseigné ses secrets. A son grand dame, bien que très habile de ses mains, son fils semblait plus attiré par le monde de la ville. D’ailleurs, il possédait une remarquable intelligence intuitive, son esprit vif le déstabilisait parfois, lui qui n’avait vécu que dans l’ombre de son propre père, lui-même braconnier de son état. Une mauvaise fièvre l’emporta ainsi que sa femme, laissant le petit Pierrot dans la nature et une vieille cabane. D’un tempérament timide et renfermé, il vécut de petits larcins et de petits rongeurs et passereaux qu’il piégeait pendant quelques semaines. Puis les villageois lui commandèrent du gibier comme ils le faisaient avec son père. Ainsi sa vie s’était écoulée depuis sans qu’il eut repensé à la ville, comme on disait, perpétuant en solitaire le savoir de son père.

Lorsqu’ils le virent rentrer dans cet état et les mains vides, le hameau sut qu’il s’était passé quelque chose de très inhabituel. Mais ils étaient loin d’en imaginer la cause. Agé de bientôt 30 ans, Pierrot était devenu renfrogné et un célibataire endurci. Son physique robuste, sa marche de loup, son regard bleu et toujours enfantin, une voix caverneuse et gutturale ne favorisaient pas vraiment les contacts avec autrui et cela lui convenait très bien. Il aimait la solitude et avait fini par ressembler à son père sur bien des points. A force de ne dialoguer qu’avec lui-même, son esprit si vif de sa jeunesse s’était endormi. Mais, l’heure était au réveil. Bien que personne n’éprouva le besoin de connaître les raisons de sa frayeur, le voir déambuler suscitait la curiosité. Soudain, il s’arrêta. Une idée lui avait traversé la tête, une idée qu’il aurait qualifiée d’obscène il y a quelques semaines : non seulement il allait descendre à la ville, mais il allait surtout demander à être reçu par le Comte. « Les ennuis vont commencer mais qu’ai-je finalement à regretter ici ? Rien. Si je reste ainsi, jamais je n’ôterais ce maudit bout de pierre de ma tête. ». En se dirigeant vers son nouveau destin d’un pas si décidé, il ignorait que le monolithe allait entrer définitivement dans sa vie.

**

*

Beaucoup plus au Nord, là où la neige ne cède la place qu’au feu, une troupe de maraudeurs s’était regroupée autour de son sorcier.

« Les Pierres se sont réchauffés ! Les Pierres ont parlé ! Les Pierres vont nous mener à la victoire ! »

Ainsi éructait, grognait, gesticulait le sorcier en transe, les yeux exorbités et la voix subaiguë.

« Notre Dieu nous appelle. Marchons, marchons là où sa volonté sera exaucée ! Que tremblent les elfes, que tremblent les nains, que tremblent les humains qui nous barreront la route ! Nous attendions les Signes depuis des siècles, les Signes sont là ! Ainsi parlent les Pierres ! »

**

*

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comme si en le dévoilant à tous il allait lâcher des forces qui les dépassaient tous

C'est bien la seule lourdeur que je rencontre dans ton texte Zara.

Il semble qu'en ce moment, les influences chaotique se multiplient dans les récits de la section. Entre Patatovitch, ta prose et la mienne, nous n'allons pas tarder à faire crouler cette partie du forum sous le poids d'une invasion qu'Archaon n'aurait même pas imaginé. Cependant, je reste quand même sur ma faim. On avance peu, même si la psychologie de notre très cher Pierrot (et surtout ses récents changement) est détaillée à profusion. Oui tu as compris : c'est ma manière à moi de te demander une suite aussi prompte que Zarathoustrienne.

DwarfKeeper, nurgling de compagnie

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  • 1 mois après...

Le sorcier regarda une dernière fois le cercle de pierres. Elles conservaient leurs mystérieuses majestés et lui semblaient plus que jamais muettes. Il avait ressenti au plus profond de lui leurs changements, il avait attendu un signe des dieux sombres depuis si longtemps qu’il s’était empressé de les saisir comme un message favorable. Mais au plus profond de lui, il n’en savait rien. Ses maîtres étaient si imprévisibles et possédaient parfois un humour si noir que tout autour de lui pouvait s’effondrer en un instant. Qu’importe, son autorité vacillante bénéficiait d’un nouvel éclat et plus personne n’osait rire de lui. Il respirait le front haut et le regard droit.

Les préparatifs étaient déjà fort avancés. Une grande excitation régnait partout autour de lui et lui redonnait confiance. Les Pierres avaient bien parlé et seul une grande puissance en aurait eu le pouvoir, une puissance situé bien au-delà de ce qui est humain. Il refit une dernière fois le signe de soumission à son Dieu et harangua une nouvelle fois la horde. Les villages voisins s’étaient rangés sous ses ordres si bien qu’il n’avait jamais eu autant d’audience. Sa voix tonnait dans l’espace comme jamais, plus il parlait et plus il se sentait lui même puissance. Personne excepté lui n’avait le moindre doute sur ce qu’il restait à faire. Une nouvelle armée était en marche.

**

*

Tout avait changé depuis la dernière fois qu’il avait parcouru ce chemin. En fait, non, le chemin était resté lui-même, seulement Pierrot n’avait plus les mêmes yeux. Ceux-ci étaient vides, son esprit cherchait un autre chemin, bien plus difficile et secret.

La dernière fois qu’il l’avait suivi, son père était encore là. Il n’était alors qu’un jeune enfant qui observait plus les racines, les cachettes dans un arbre, la grenouille qui sautait sur son passage que la direction elle-même. Son braconnier de père le laissait faire. D’ailleurs, comme pour jouer avec lui, tantôt, il pointait son doigt vers une branche pour lui montrer la forme d’une feuille, tantôt, il s’arrêtait pour lui faire apparaître un chevreuil à quelque pas de lui, tantôt un cliquetis déclanchait un arrêt pour trouver la perdrix. Son père était un magicien, il faisait apparaître la vie sous ses yeux ébahis. Il parlait peu mais, de cette façon, il lui avait retransmis tout son savoir, ce langage secret de la Nature. Mais ce matin, Pierrot n’avait nul message à décoder. Juste trouver le Comte. Un animal qu’il ne connaissait pas.

**

*

Le Comte était un homme cultivé, élégant et courtisé. Sans être craint, on le savait suffisamment habile diplomate pour le respecter au plus haut plan. Ce qui fascinait le plus son entourage était son tableau de chasse féminine. Les plus belles femmes de l’Empire, disait-on, s’étaient languies dans ses bras. La fille du Comte de l’Ostland était devenu sa femme. Un mariage qui fit quelques jaloux car il scellait un pacte et aussi parce que la marié était de toute beauté.

De leur union naquit une unique fille bien des années plus tard et la mère mourut vers ses dix ans. D’autres bruits couraient sur lui dans les arrières cuisine. Les servantes disaient de lui qu il « était plus sec qu’un pois chiche », entendez par là qu’il était stérile. Aucun bâtard de lui n’était connu et pourtant, s’il en avait été autrement, on osait imaginer leur nombre. D’ailleurs, ses infidélités avaient fini par contaminer son épouse puisqu’elle aussi multiplia les amants. Et ce qui se disait encore dans les arrières cuisines, c’était que sa fille n’était point de lui et que sa femme était morte de la syphilis. Bien sûr, les arrières cuisines étaient parfois beaucoup plus grande qu’on l’imaginait…

Toujours est-il que sa fille Aurélia était devenue une jeune femme. Certains aurait pu dire qu’elle n’était pas belle. En fait, elle était juste quelconque. Rien n’attirait physiquement l’œil chez elle, ni en mal ni en bien. Pourtant, c’était inexact. Elle possédait non pas de beaux yeux mais un regard particulièrement troublant. Ce qui en donnait toute sa puissance se situait juste au dessus. En effet, deux longs et fins sourcils en soulignait et amplifiait chaque expression, si bien qu’elle savait se faire tantôt espiègle, tantôt autoritaire, tantôt charmeuse. Et ce quelque chose la faisait régulièrement sortir des jeunes filles au même titre que les plus belles. Lorsqu’elle fixait quelqu’un, ses yeux produisaient une telle intensité qu’il se sentait unique au monde, comme si elle lui faisait un don précieux. Mais sa plus grande qualité résidait dans son intelligence.

Elle se traduisait sous de multiples formes, la plus fascinante se manifestait dans les traits spirituels et mordants qu’elle savait décocher dans les situations les plus délicates. Ce n’est que lorsque son père en prit conscience qu’il s’intéressa vraiment à elle. Le Comte avait laissé sa fille au main de sa mère pendant toute son enfance, ne s’en préoccupant pour ainsi dire jamais. Le lien qui les unissait alors était étrange, un respect réciproque et froid. Puis le Comte associa de plus en plus sa fille dans ses affaires et, chemin faisant, elle devint la personne la plus importante à ses yeux. Elle apprenait peu à peu les rouages invisibles de la diplomatie et de l’hypocrisie. Bien qu’elle eût de grandes prédispositions, elle sentait au fond d’elle-même toute la vacuité de ces simulacres. Le plus souvent, son intelligence souffrait de la médiocrité de son voisinage, et seul son père lui semblait digne.

C’était cet homme que Pierrot cherchait à voir. Pour l’heure, il en était beaucoup plus loin qu’il ne le pensait. Si rentrer dans les enceintes de la ville avait été chose aisée, il se retrouvait maintenant sans le sou dans un monde qu’il ne connaissait pas. Il savait que sa nouvelle était importante et précieuse. Il ne voulait surtout pas l’ébruiter au premier venu, si bien que, lorsqu’on lui demandait pourquoi on le laisserait approcher le Comte, son mutisme avait fermé toutes les portes. Pourtant un jour, l’une d’elle s’entrebâilla. Derrière elle se tenait un homme austère, le visage émacié et les chevaux hirsutes.

**

*

Drekkner n’avait pas choisi. Le village tout entier l’avait désigné. Lui seul, grâce à son passé, pourrait annoncer la nouvelle au Roi Sorcier. L’idée ne l’enchantait pas. S’il se trouvait si loin des grandes cités de Naggaroth, ce n’était pas par hasard. Et l’idée de se retrouver face à face avec Malekith ne l’enchantait pas. Mais surtout il était le seul à avoir pu toucher les monolithes depuis qu’ils avaient chanté. Il était le seul à avoir surmonter le flot de haine que les autres nomades Drucchis avaient ressenti. L’un d’eux était toujours alité. Un autre avait fini par égorger ses propres enfants pour se pendre après. Heureusement, les autres n’avaient pas réagi avec la même intensité, seulement ils avaient peur. Ils pressentaient que s’ils s’en approchaient trop, quelque chose allait brûler en eux, quelque chose que la plupart avaient fuit ou qui pourrait se liberer.

Pourquoi n’avait-il rien senti de si terrible ? Drekkner était hanté par cette question. Dans sa tête, malgré lui, résonnait le chant subtil, doux et inquiétant des monolithes noirs.

**

*

Modifié par Zarathoustra
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Dis voire, ton aventure commence vraiment à devenir très ambitieuse!

Bon, en tout cas, tu t'en donne les moyens (et oui, c'est vachté bien écris!)

Au pire, tu devrais trouver un autre moment pour présenter le père de Pierrot et sa profession de braconneur que lorsque Pierrot court comme un fou... Au pire, trouve un connecteur de transition, que sais-je! Tout ce que je peux te dire, c'est que ça fais vraiment étrange de passer de Pierrot courant à l'enfance de Pierrot, puis à Pierrot courant...

Enfin bon, ce n'est qu'un petit passage, mais arrange déjà ça, à ton niveau, on ne peut pas se permettre la moindre erreur (et oui, c'est ça la gloire et la facilité!)

Imperator, empereur exigeant, uniquement quand il s'agit des autres (je rigole, le but, c'est avant tout d'aider!)

EDIT ZARA: j'ai modifié une phrase pour être plus explicite pour les distraits...

Modifié par Zarathoustra
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Invité Mr Petch

Je me devais de lire cette histoire que(honte sur moi!) je n'avais pas encore commencé.

Bon, que dire à part que c'est très agréable et prenant. Pas tant qeu ça à cause du changement de personnes mais bon, c'est le début, on finit par s'habituer. Sinon, je trouve que tu sais développer à merveille la psychologie et l'historique de tes persos en quelques phrases. De ce côté là, pas de problème. Maintenant juste une question: la ptite Aurélia va-t-elle tomber amoureuse du beau Pierrot renfrogné, dementant ainsi sa réputation de célibataire endurci? Ce n'est qu'une supposition !

Mr Petch

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  • 1 mois après...

La pièce était assez mal éclairée et relativement crasseuse, une odeur indéfinissable y flottait. L’homme qui fixait Pierrot dégageait néanmoins une étrange aura, comme s’il était empli d’une immense force intérieure, son regard était terrifiant pour qui l’affrontait.

- Jeune homme, je sens que je peux vous aider, je me trompe ?

- C’est-à-dire, je ne sais pas … Qui êtes-vous d’abord?

- Qui je suis ? Je suis à la fois misérable et très puissant. Je peux t’ouvrir des portes auxquelles nul autre n’a accès. Mais aucune ne mènera vers de l’or ou le puissance, si c’est ce que tu recherches, même si j’en doute. Et pourtant tu seras plus riche et plus fort que le Comte lui-même si tu sais les franchir…

Le flot de parole n’avait pas fait baisser pour autant la garde de Pierrot. Il l’observait. Devant son silence, l’inconnu poursuivit.

- Je suis Berdenmutel. Et je te le répète, je pense pouvoir t’aider, seulement pour cela, tu dois juste avoir un peu plus confiance en moi, dit-il avec un grand sourire tout en lui tendant sa main.

- C’est simple, on va le savoir tout de suite, je veux rencontrer le Comte car j’ai quelque chose d’important à lui dire.

- Effectivement, je peux t’introduire auprès de lui… Mais je ne le ferais pas tant que je ne saurais pas si, de mon côté, je puis avoir confiance en toi…

Pierrot hésitait. D’un côté, il serait bien parti, car quelque chose en vis-à-vis le mettait profondément mal à l’aise, de l’autre, il sentait aussi qu’il tenait là une chance à saisir et que Berdenmutel n’avait pas de mauvaises intentions. Seulement, il n’avait pas l’habitude d’affronter de tels individus, il décryptait beaucoup plus facilement les traces des lapins et des sangliers. Pourtant, si les mots pouvaient aisément le tromper, il avait appris à lire les expressions et les émotions de chaque animal, et l’homme en était un. Rien d’hostile ne filtrait de ce visage, il en était sûr, seulement il sentait que cet homme n’était pas la solution qu’il recherchait. Ce dernier l’invita à manger, il accepta de bon coeur. La salle à manger qui servait également de cuisine était plus propre mais la même odeur y régnait que dans le hall. La même austérité émanait de la pièce.

- Veux-tu te joindre à moi pour une petite réunion ?

- Tu sais, je ne sais pas si je suis fait pour les réunions.

- Mais je ne pense pas que tu aies assisté à une de ce genre. Vois-tu, je suis disciple de Sigmar. Comme tu le vois, je ne suis pas riche mais nous formons un ordre puissant que le pouvoir lui-même respecte. C’est là où je peux t’aider. Pas moi directement, mais les amis que je souhaite te présenter. D’ailleurs, tous ne sont pas forcément mes amis, rajouta-t-il en riant.

- Pourquoi m’aideraient-ils ?

- Parce que tu as un message qu’ils attendent !

**

*

Depuis plusieurs semaines le Comte recherchait des alliés. De nombreuses tractations avaient lieu derrière son dos dans les Comtés voisins pour construire une route qui permettrait d’éviter de passer sa ville, faisant fuir tout un commerce duquel il tirait des revenus et le soutien des commerçants. Mais justement, ces derniers, afin d’accroître leur profit cherchaient à développer les échanges avec leur voisin, pour cela une route au sud traversant la vaste forêt du Comte serait nécessaire. Lui était très hostile à ce projet. D’une part, l’accepter aurait été un signe de faiblesse de sa part mais il soupçonnait également la province voisine d’en être à l’origine. Pour être plus exact, il devinait que son confrère cherchait là à lui faire payer ses démarches entreprenantes auprès de son épouse. Et c’était habilement mené car, s’il était nettement meilleur orateur et diplomate que lui, il n’avait pour l’instant trouvé aucune parade pour le contrer, car après tout, cette manœuvre souterraine avait officiellement comme but l’intérêt général de tous. Seulement, cette route allait détourner nombres de caravanes de sa province car elle leur ouvrait une voie directe vers les portes de la Capitale.

A l’heure actuelle, il disposait d’un atout qu’il n’avait jamais utilisé, sa propre fille. Aurélia était informée de la situation, le Comte l’associant au plus près de ses préoccupations d’Etat. Nouer une alliance au profit de son père en se mariant ne l’effrayait pas, d’ailleurs, elle savait que c’était là son destin. Son second atout résidait dans sa connaissance de la cour impériale et de ses relations avec le suprême souverain. Mais cette dernière option ne lui aurait apporté aucune gloire en agissant de la sorte, tout au plus le respect de la bourgeoisie à son égard aurait baissé.

Son dilemme était simple : comment contrecarrer ce projet sans en ressortir affaibli ? Cette question le hantait encore lorsqu’il se dirigea à sa réunion auprès des responsables sigmarites. Il n’aimait pas cet ordre qui le jugeait sévèrement sur ses écarts conjugaux, mais il devait composer avec car leur rayonnement se retrouvait partout. Ces dignitaires et lui jouaient un jeu de dupe, chacun arbitrant une partie où chacun avait besoin de l’autre. Le Comte voulait connaître l’avis de la secte sur le projet, le tout était de le découvrir sans montrer ses propres intentions et sa relative faiblesse. Il adorait ce type de défit et l’ordre oeuvrait souvent pour lui sans s’en rendre compte. Cette fois-ci l’enjeu pouvait être beaucoup plus important car donner un pouvoir supplémentaire à la province voisine risquait de déséquilibrer une bonne partie de l’édifice qu’il avait construit pour obtenir son crédit à l’échelon le plus haut, il avait suffisamment œuvré de la sorte par le passé pour parfaitement le savoir et le mesurer. Quand il ouvrit la porte, il se retrouva face à face avec ces fous de Dieux au complet, le bras de fer allait commencer.

L’issu de la réunion donna un résultat conforme à ce qu’il attendait : l’Ordre Sigmarite n’en avait cure, pour obtenir son soutien il lui faudrait lui donner un peu plus d’autorité mais cette solution le répugnait. Il devait trouver une solution plus conforme à son esprit, une solution qui ne lui coûterait rien et qui pourtant lui ouvrirait leur faveur. Cette solution, il ne le savait pas, était à portée de sa main, un peu plus loin que son château, à quelques pâtés de maison.

**

*

Ulthuan tremblait depuis plusieurs semaines. Le conseil de la Tour de Hoeth avait enfin tranché : l’accès aux monolithes au nord de l’Ile serait bloqué par l’armée. Devant les réactions imprévisibles des Asur à leur contact, la force leur était apparue comme la plus sage des décisions. Ils le savaient, cet usage de la force était un aveu de faiblesse. Ils ne pouvaient expliquer le changement de couleur, ils ne pouvaient maîtriser les émotions suscitées par les pierres ni les rumeurs qui enflaient dans toute l’île.

Mais en l’espace de quelques jours le cercle de Pierres était devenu une menace à l’équilibre de la nation. Irrésistiblement, les elfes étaient attirés, ils voulaient les toucher, et là se produisaient dans leur âme comme un cataclysme. Tantôt ils devenaient violents et haineux, détruisant tout sur leur passage, femmes et enfants, tantôt ils se transformaient en saint en y voyant la marque des dieux. Le plus étrange était qu’aucun n’était prédisposé à de telles réactions si extrêmes. Peu à peu, le peuple Asur voyait en elles un révélateur de leur destin. Etaient-ils foncièrement bons au plus profond d’eux mêmes ? Pourraient-ils tenir face à la tentation de Slaanesh ? Les monolithes étaient là pour leur faire découvrir. Telle était son interprétation. Elles étaient un gage de vérité. Surmonter l’épreuve était au contraire devenu l’ultime quête pour exécuter son destin et mettre un terme aux soupçons que les Drucchis réveillaient en permanence pour mieux asseoir leurs pouvoirs souterrains.

Le conseil des ages lui y voyait beaucoup plus qu’un simple signe. Cela pouvait être le début d’un nouvel âge, peut-être le plus noir de toute l’histoire d’Ulthuan. Quelle volonté était derrière ce sortilège ? Comment l’arrêter ? Pourquoi aucune magie ne semblait pouvoir contrôler ce pouvoir ?

A défaut d’apporter des réponses, il faut également décidé d’envoyer des émissaires vers chaque nation alliée. Berenis était l’un d’eux.

**

*

Modifié par Zarathoustra
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Je trouves ça dommage que tu le supprimes, je le trouvais très bien. C'est vrai j'ai lu les 3 noms d'Alarielle mais je pensais avoir posté dessus, mais a priori cela ne c'est pas fait :wub: En tout cas si j'ai bien appris un truc ici c'est qu'il faut perseverer et meme si personne ne le lit, écrit au moins pour toi, fait toi plaisir c'est tout ce qui compte. Ca me rappelle quand meme le SOS... :sorcerer:

@+

-=Inxi=-

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  • 3 semaines après...

Depuis une semaine, Berdenmutel devait conduire Pierrot à une réunion auprès de l’ordre pour y être présenté. La salle se situait dans une annexe d’une chapelle. Seul au milieu, le jeune homme regardait l’assemblée le dévisager. Il se sentait profondément mal à l’aise, il retrouvait cette même odeur qui planait chez son nouveau compagnon et faire face à tant de gens n’était vraiment pas dans ces habitudes. Plus que tout, la lueur pleine de folle et sourde sauvagerie dans leurs yeux l’effrayait. Il n’y avait rien de semblable chez le vieil homme. De plus en plus inquiet du silence plein de murmures qui régnait depuis plusieurs longues minutes, Pierrot se frottait nerveusement les doigts. Il ne faisait plus de doute qu’il avait fait une erreur en acceptant de venir ici.

Une porte s’ouvrit et deux individus rentrèrent dans la pièce, leurs deux visages étaient émaciés, l’un portait une vieille redingote et l’autre avait le torse nu sur lequel plusieurs longues cicatrices dessinaient comme une série de signes mystérieux et inconnus, un pantalon de toile tenu par une ficelle autour de la taille. Contre toute attente, toute l’assemblée se leva et se tut à leur approche.

- La séance peut commencer, fit l’homme à la redingote. Comme vous le savez, une entrevue avec le Comte a été organisée. Ce dernier semble disposer à nous aider. Nous ne savons pas pourquoi, mais il a promis de l’argent et un poste de conseiller à l’un des nôtres. Ce qu’il ignore, c’est que notre influence s’est bien développée autour de lui, nous disposons de nouveaux appuis depuis la dernière fois qu’il a fait appel à nous. Nous lui avons laissé entendre que nous n’exigerions guère plus. Il se trompe bien sûr !

L’homme couvert de cicatrices prit sa suite :

- Nous envisageons de le pousser à marier sa fille au Comte de Stirr qui est des nôtres. Ce serait pour nous une grande victoire ! Mais l’animal est habile, nous préférons mieux cerner son jeu avant d’avancer nos pions face à lui. Nous sommes ici pour parler également d’autres choses. Comme vous le savez, nous attendons un signe de Sigmar depuis maintenant suffisamment longtemps pour que celui-ci soit imminent. Berdenmutel a trouvé quelqu’un qui pourrait l’avoir vu.

A ces mots, Pierrot tressaillit. Il ne lui avait rien dit, préférant garder pour lui sa découverte. Mais face à cette assemblée, il sentit la peur le gagner, un peu la même qu’il avait ressentie en touchant le monolithe, comme si tout autour de lui quelque chose allait lui brûler les doigts. Il mit ses mains derrière son dos, ne sachant pas si c’était à lui de parler ni ce qu’il allait dire. Au fond de lui, il sentit comme une vibration, comme si quelque chose cherchait à communiquer avec lui. Une lueur bleue envahissait peu à peu son esprit. Puis un terrible sifflement raisonna dans toute sa tête. Il ignorait si les autres pouvaient eux aussi le percevoir, mais, tout en se bouchant les oreilles, il les dévisagea à son tour pour se rassurer. L’effet fut inverse, toutes ces têtes autour de lui semblaient complètement hostiles, puis, peu à peu, elles semblèrent même flotter autour de lui. Le bruit devint encore plus assourdissant, à un tel point qu’il ne put retenir un hurlement de douleur. Il avait de plus en plus de mal à garder son équilibre. Cette odeur lui donnait envie de vomir. Tous ces yeux exorbités qui le fixaient le rendaient fou, puis tout se mit à tourner autour de lui, tout devint bleu. Un choc violent à l’arrière du crâne fit la dernière chose qu’il sentit avant de sombrer dans l’inconscient.

**

*

Drekkner avait traversé toute l’étendue de glace qui le séparait de Naggarond pour se présenter au Roi Sorcier. Pendant tout le trajet, il avait cherché quoi dire pour oser se retrouver face à lui. Il avait envisagé un moment s’enfuir et laisser les villageois avec un problème qui, dés qu’il les avait quittés, ne devnait plus le sien. Mais il n’en avait rien fait. Une part de lui-même, la plus secrète, avait besoin d’une réponse. Pourquoi lui ? Pourquoi était-il le seul pouvoir toucher les monolithes noirs sans rien ressentir de particulier ? Si, bien sûr, leur contact était d’une incroyable froideur, il en avait encore au bout de ses doigts la sensation. C’était un froid qui semblait l’aspirer. Pourtant, leur surface avait aussi quelque chose d’agréable, de sensuel, leur contact lui manquait parfois. Mais immédiatement revenait au bout de ses doigts ce picotement engourdissant.

Il avait quitté la ville et la civilisation depuis si longtemps qu’il eut du mal à parler aux personnes qui l’accostait. Qu’une seule personne l’avait regardé comme s’il recherchait où il avait déjà vu son visage. Il sourit intérieurement à cette occasion. Ce fut la seule fois jusqu’à ce qu’il se retrouve face aux gardes du palais de Malekith. Lorsque l’imposante porte s’ouvrit devant lui pour le laisser passer, il ignorait toujours ce qu’il allait dire.

Tout son esprit était en éveil, il avait donné son nom, résigné à tout ce qui pouvait lui arriver de bon ou mauvais. On le fit patienter. Cette attente, il le savait, était toujours un plaisir que s’offrait Malekith pour qui le dérangeait importunément. Drekkner ne put qu’être admiratif sur l’effet produit. Plus le temps s’écoulait, plus il était inquiet sur son sort, le Roi Sorcier ne pardonnait quasiment jamais. Qu’avait-il à donner au change ? Que des gros cailloux s’étaient mis à chanter ? Il trouva soudain le motif de sa venue bien dérisoire. Et immédiatement, il ressentit un picotement sur le bout de ses doigts, il ressentit également une vibration et quelque chose de mélodieux raisonné à ses oreilles : la mélopée des monolithes noirs…

Enfin, deux gardes l’invitèrent à pénétrer dans la salle royale. Des murs d’obsidienne jaillissaient de subtils rayons lumineux et violets à travers des vitraux. Cet éclairage particulier était amplifié par des jeux de miroirs et une multitude de candélabres en or. Au fond, un trône immense en forme de crâne, à la blancheur d’albâtre, attirait immédiatement l’œil. Le visage impassible et implacable, Malekith regardait Drekkner s’avancer vers lui, les mains appuyées sur une longue épée en forme d’éclairs et à l’extrémité cruellement dentée.

- Alors, misérable, quel mort viens-tu chercher ici pour te faire pardonner ? La plus lente et la plus raffinée d’entre toutes ? Détrompe-toi, tu ne mérites même pas cet honneur !

Les deux hommes durcirent chacun leur regard, puis le roi se mit à rire de sa voix si cassée et si désagréable.

- Je suppose que tu es toujours censé et que la nouvelle que tu m’apportes mérite le temps que je t’accorde ?

- C’est-à-dire, mon Seigneur, que le fait que je viens vous rapporter est si étrange et si imprévisible quant à ses effets et sa signification, que vous êtes certainement le seul à pouvoir en tirer partie. Voyez-vous, je m’étais caché non loin du Grand Cercles des Monolithes Noirs... Et ces derniers se sont mis à chanter tout récemment. La puissance qu’ils semblent renfermer a effrayé tous les habitants des environs. La plupart de ceux qui les ont approchés de trop prêt ont sombré dans une furie démente. Je pense que si vous êtes en mesure de la maîtriser alors nul doute que vous saurez en faire bon usage !

- Crois-tu ?

- Je vous fais confiance, mon seigneur.

**

*

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L'un des plus grands mystères auquel je suis confronté est celui-ci: que mes textes soient très très occasionnellement commentés, j'ai l'habitude. Mais voyez-vous, je regarde le combre de lecteurs, et , o miracle, je constate qu'il n'y en a pas. A part pour le premier texte (qui pour une raison inexpliqué avait attiré les foules), il bouge uniquement quand Inxi ou moi le consultont, c'est tout!

Je crois que c'est encore pire que de se savoir lu mais pas commenté! :wub:

Zarathoustra, un peu perplexe

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Invité jackywar

Inscrit depuis peu sur ce forum, je viens de découvrir ton sublime texte! (si si)

tres facile à lire avec une intrigue bien construite, j'attends la suite avec impatience...

je trouve vraiment dommage que peu de personnes le lisent, alors je te dis bon courage pour la suite!

:P:wub:

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Eh bien, eh bien, eh bien...Au moins je comprends pourquoi c'est toi le patron! B)

Ce récit, bien que non terminé, est vraiment bien, très bien écrit, etc...que dire d'autre?? :D:P:clap:

Je comprends ton désarroi face à la fuite des lectures...Mais je pense que ce n'est pas forcemment fait exprès. Chacun doit se dire "moi je veux lire ça, d'autres lisent les autres..." mais malheureusement... :P

Enfin, voilà, au moins moi j'ai lu et je le regrette vraiment pas! -_-

P.S:

quel mort

Une faute Zara?? Fait attention, c'est comme les skavs, ça prolifère... :wub:

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