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La renaissance du Faucon


Shas'o Benoît

Messages recommandés

Bien, voilà la suite :

Livre II : les forces brisées

Chapitre premier : une mission

Il ouvrait lentement les yeux, mais sa vision était trouble, il ne fit qu’apercevoir un visage. Il voulu passer sa main sur son visage, mais il laissa retomber son bras en gémissant : une douleur fulgurante lui perçait le cœur. Peu à peu, il distingua plus nettement les traits de l’être qui le regardait : deux yeux dorés, un bec acéré… Inquiet, il murmura :

« -Un faucon… Le faucon !

-Arrh ! Ne me compare pas à ces petits volatiles sans envergure, humain ! » lui répondit une voix sèche. Un battement d’aile le tira définitivement de sa somnolence. Lamenoire se redressa à moitié en gémissant :

« -Doubleserre, c’est toi ?

-Bien sûr que c’est moi ! Qui veux-tu que ce soit ? »

Le rôdeur déchu promena son regard autour de lui. Il reposait dans un lit de bois, au fond d’une pièce rustique, chauffée par un feu de bois mourant. Au-dessus du foyer était suspendue une cheminée ; sur les murs s’appuyaient quelques armoires remplies de vieux grimoires. Il attendit quelques instants, puis demanda :

« -Depuis quand les aigles vivent dans de telles demeures ?

-Jamais de la vie ! Nous sommes chez quelqu’un que tu connais bien… » répondit l’harpie.

A ce moment un vieillard vêtu d’un sarrau gris et portant un fagot de bois sec entra dans la pièce, en s’exclamant :

« -Et bien, cher élève ! Vous vous réveillez enfin ! Après trois jours de sommeil…

-Maître Ytuzîr ! C’est bien vous !

-Bien sûr que c’est moi ! Qui d’autre ? »

Le vieil homme déposa sa charge à côté de la cheminée, puis il s’assit sur un tabouret. Toujours troublé, Lamenoire s’enquit :

« -Mais depuis quand suis-je ici ? Comment suis-je arrivé ? »

Le rapace lissa un instant ses rémiges avant de commencer :

« -Ah, il y a trois jours je volais dans les sous-bois d’une pinède au nord, à la recherche de petit gibier, quand j’ai vu une forme tomber au sol. Je me suis approché, et je t’ai vu ! Tu étais étendu dans la neige ; mais que pouvais-je faire ? Je sautillais sur place, cherchant dans ma tête une solution. Alors je me suis rappelé un vieux sage que tu avais appelé Ytuzîr. Alors je m’envolais et réfléchissais encore, car il me semblait avoir déjà entendu ce nom. Finalement, je me souvins d’un d’une taverne isolée dans les landes, sur laquelle je m’étais posé l’an dernier. Le blizzard soufflait alors, et je m’abritai dans le grenier de la masure. Et étant encore un jeune aiglon curieux, je prêtai l’oreille aux discussions. Et je revoyais un elfe-des-bois qui avait parlé de « bosquets oubliés d’Ytuzîr », en montrant du doigt le midi. Je partis alors dans cette direction, et scrutait les courbes du sol. Pour finir, je trouvai un groupe de bosquets perdus dans un creux de collines, et descendais en piqué. Et là je dénichai ce vieux humain en longue toge, et je l’amenai auprès de toi.

-J’ai suivi ce brave aigle harpie avec toute la vélocité que me le permettaient mes jambes usées, précisa le sage en reprenant le récit. Je t’ai rejoins au deuxième jour après ta chute, et te soulevai. Puis j’ai trouvé un paysan très conciliant, qui a accepté de nous convoyer jusque chez moi. Et depuis tu as dormi ici, jusqu’à ce matin.

-Vous avez pansé mes plaies… constata Lamenoire. Mais maintenant je ne suis plus rien. J’ai été chassé de l’Ordre.

-L’important n’est pas ce que les autres pensent de toi, dit le vieillard, mais bien l’opinion que tu te fais de toi-même. Crois-tu vraiment avoir failli ?

-Je ne sais pas. Je ne sais plus !

-Un jour tu trouveras le moyen de racheter ton honneur. Pour l’heure, tu dois guérir de tes blessures. C’est déjà miracle, que tu ais réchappé au gel. »

A ce moment des coups redoublés ébranlèrent la porte, et une voix sourde lança :

« -Ouvrez, manants ! Si vous tenez à vivre ! »

Ytuzîr regardait les planches craquer sous les chocs répétés, et il soupira :

« -Evidemment ! On ne peut jamais être tranquille un instant ! Encore une bande de brigands, sans doute…

-On vient souvent vous dévaliser ? s’étonna l’ancien rôdeur.

-Bien sûr ! Au moins une fois par semaine… Forcément, j’habite la seule maison de la région. Alors elle se fait aussitôt repérer par les bandits. »

Dans un craquement sonore, la porte fut arrachée de ses gonds, et une demi-douzaine d’hommes entrèrent dans la chaumière. Chacun portait un manteau de fourrure, et une broigne rouillée. Ils brandissaient dagues, massues, gourdins et fourches en grondant. Et voilà que le premier, apparemment le chef, portait aux mains des gants bardés de griffes en aciers, et sur son visage un masque représentant un faucon. Etendant les bras il rugit :

« -Je suis l’homme faucon ! A genoux devant moi, misérables gueux ! Et donnez-moi votre or, vos vivres, et tous vos objets précieux ! »

Ytuzîr restait assis, impassible. Lamenoire brûlait intérieurement, mais il ne pouvait rien faire, cloué au lit par ses meurtrissures. Doubleserre poussa un cri et répliqua :

« -C’est vous les gueux ! Mourez donc pour votre impertinence, et toi le premier qui te cache derrière une image ! »

Bien sûr les maraudeurs ne pouvaient comprendre ses dires, et ils se gaussèrent de cet aigle harpie piaffant devant eux. Mais vite ils se repentirent, car le rapace se jeta sur eux toutes serres dehors, mordant et griffant les visages. Alors l’ermite sourit et se leva, puis étendit la main :

« -Silence maintenant, bandits de grands chemins ! J’invoque sur vous le pouvoir du MUTISME ! »

A l’instant les six truands furent projetés au sol, immobiles et cois. L’aigle se posa sur le bord de la table en grondant. Lentement le sage s’avança devant les hommes en murmurant :

« -Je ne sais pas ce qui me retient de vous achever… Juste pour l’exemple. J’aurai peut-être enfin la paix. Sachez que tout ce que vous ferez ne servira à rien ! Vous n’êtes pas de taille à affronter un noble boghor. »

Ce-disant, il étendit les doigts vers la porte arrachée, et voilà qu’elle se remit d’elle même en place, les fers tordus se remodelèrent et les planches craquelées se ressoudèrent. Puis il baissa les yeux vers les malheureux envoûtés, et dit d’un ton solennel :

« -Allez, je vous libère, mais ne revenez plus en renâclant des pensées malignes. »

Ils allaient sortir, quand Lamenoire s’exclama :

« -Inconscients, que cherchiez-vous ici !

-Ben de quoi survivre, pardi ! rétorqua l’homme encapuchonné.

-Avant toute chose, retirez ce masque ! »

L’interpellé hésita un instant. Puis se rappelant le magicien-et surtout l’aigle, car ses compagnons, portaient maintenant des éraflures au visage- il se résolut à obéir. D’un geste il enleva sa cagoule. Il avait des cheveux noirs tirant sur le gris, et des yeux bleus délavés.

« -Croyez-vous que le vrai Faucon pillait les fermes isolées ? poursuivit Lamenoire.

-Il faut bien vivre ! L’hiver est rude, aussi pour nous et…

-Ce n’est pas une excuse ! Certes vos menues rapines vous permettront de subsister un temps. Mais outre le fait qu’elles condamneront à mourir de faim vos victimes, elles ne vous apporteront guère d’espoir. Dès la fonte des glaciers, toujours plus de suppôts du chaos descendront des montagnes du Gel Perpétuel, pour se réfugier dans les Landes. Alors le Nécromancien étendra sa domination jusque dans ces contrées. Et que croyez-vous qu’il fera ? Il massacrera toute personne se trouvant sur sa route, ou vous asservira pour travailler dans les cavernes du Nord. Est-ce cela que vous voulez ?

-Non… Mais que pourrons nous y faire ? bredouilla l’homme, déjà accablé.

-Vous pourrez fuir… Abandonner votre patrie, votre passé… Mais ce n’est guère une solution. Un jour ou l’autre, l’emprise de l’empire des Ténèbres nous retrouvera. Non, nous n’avons pas le choix. Plutôt que de dilapider les dernières ressources du pays, nous devons nous organiser pour les exploiter, et nous préparer à affronter Nommiard !

-Mais il est beaucoup trop fort pour nous !

-Pas de gémissements ! Nous ne pourrons pas le combattre de front, en effet. Ce serait pure folie. Mais nous pouvons le miner par une guerre de harcèlement. Voilà qui est à notre portée ! Ainsi agit le Faucon, jadis. Coupons ses voies de ravitaillements, étouffons ses espions et aveuglons ses éclaireurs ! Combien êtes-vous ?

-Ben dans ma bande au complet, on doit être une cinquantaine… on s’est réparti en six groupes aujourd’hui, pour avoir plus de chance dans nos recherches.

-Très bien. Envoie donc tes cinq compagnons rejoindre vos collègues, qu’ils viennent ici le plus tôt possible.

-Mais…

-Fais ton choix ! La vie ou la mort ! »

Impressionné par cette infirme autoritaire, l’homme aux yeux bleus acquiesça et donna pour mission à ses compagnons de rappeler leurs forces.

Quand ils furent partis, Ytuzîr jeta quelques bûches dans l’âtre et déclara :

« -Eh bien, cela me semble être le moment idéal pour réaliser un Pacte de Fraternité. »

En ces temps-là, le pacte de Fraternité nouait les alliances entre voyageurs. Cette antique tradition consistait à se réunir en cercle et à se présenter, en expliquant l’origine de son nom. Le brigand s’assit en tailleur à même le plancher, et commença d’une voix monotone :

« -J’m’appelle Firtus. Mon père m’a appelé comme ça à cause de mon bisaïeul, qui lui-même s’était nommé ainsi. C’est une anagramme de « fruit », parce que dans le pays où je viens, mon ancêtre devint célèbre pour avoir transpercé cinq fruits différents, d’une seule flèche, en tirant à travers les branches d’un arbre. Mais vous, d’où vient qu’on vous dénomme « Ytuzîr » ?

-C’est tout simple, expliqua le vieil homme. Ainsi s’appelle ce bosquet d’arbrisseau. Ce toponyme qui vous semble étrange, signifie tout simplement en langage des elfes des bois : « jungle luxuriante ». Sans nul doute, ici jadis s’élevait une grande contrée boisée. Maintenant quand je me suis installé ici, les gens m’ont surnommé d’après l’endroit où je m’étais établi.

-Je suis Lamenoire Gandacier. Gandacier, car le fondateur de ma lignée gagna notre fief-les Falaises Ardentes- en affrontant en combat singulier le seigneur nain de la région. Il l’envoya rouler à terre d’un coup de poing, et il gagna ce patronyme, car on dit que sa main était lourde et puissante comme gantée d’acier. Lamenoire, car dans ma jeunesse, pour participer à ma première bataille, je ramassais une épée tombée à terre, qui justement avait un fer sombre et luisant. Mais depuis, j’ai manié bien des armes. »

Il regarda un moment sa finelame appuyée sur le mur, à côté de la cheminée. Il tourna alors son attention sur l’aigle, perché sur le rebord de la table :

« -Mais vous, cher oiseau, pourquoi vous a t-on appelé…

-… Doubleserre ? Ha, parce que mes parents avaient deux œufs ; mais une nuit, lorsqu’ils revinrent de la chasse, une martre s’était attaquée à leur aire et en avait brisé un. Alors fou de rage ils tuèrent le mustélidé. Et dès ma naissance ils me chérirent comme deux oisillons, et de là me vint le surnom de « Doubleserre ».

Le silence retomba dans la pièce. Au bout d’un temps, le sage détacha la marmite fumante de sa crémaillère en bronze, et il posa deux assiettes de terre cuite sur la table. Il les remplit alors du potage, puis se tourna vers le guerrier alité :

« -Je crains de na pas avoir assez pour tous le monde, cher élève. Mais ne t’inquiète pas pour moi, je suis un ascète.

-Un ascète ? En vous préparant un plein chaudron de soupe ? railla Firtus.

-Oui, car je savais que j’aurais de la visite aujourd’hui, rétorqua le sage.

-Vraiment ?

-Vraiment !

-Arh, pour moi, j’irai chasser quelques rongeurs cette nuit, pas de problème. Faut garder la forme ! »

Quand ils eurent tous dîné, Firtus expliqua que ses compagnons ne viendraient sûrement pas avant le lendemain.

« -Vous savez, ils partent souvent en randonnée au loin, pour reconnaître les routes… » expliqua t-il.

Ytuzîr le logea dans sa grange, tandis que Doubleserre s’envolait vers les arbrisseaux, guettant le moindre bruissements dans les herbes hautes. Enfin le silence tomba sur la Lande, et alors l’ermite chanta devant la cheminée, admirant les volutes de fumée et les langues de feu :

Le feu est un brasier attisé par le vent,

L’air léger et le bois de nos forêts d’argent,

Mais si vous l’inondez d’une eau abondamment

Alors il dépérit, son âme s’envolant.

L’eau coule entre nos doigts comme un filet subtil,

Elle échappe à l’étreinte, douce et volatile,

Mais si vous insufflez sur elle l’air glacé

Aussitôt elle durcit et perd sa pureté.

Et de même l’arbre vivant d’eau et de vent

Craque, se consume, quand un tison l’approche !

Et pourtant ses racines pénètrent la roche,

Font exploser le roc, le percent avec élan !

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La suite, j'espère avoir été assez vite :wub: :

Chapitre second : sursaut d’espoir

Les deux battants s’ouvrirent en grinçant sur un spectacle barbare, défiant l’imagination. Le nécromancien Nommiard s’était installé dans l’ancienne salle du Conseil de Raturn avec sa cour, saccageant les lieux. Partout, la poussière, les détritus et les armes recouvraient le sol dallé. Des taches de pourriture s’étalaient sur les tapisseries lacérées glorifiant les actes du sorcier sur une frise horrible et criarde. Des dizaines de tables recouvertes de nappes crasseuses encombraient la salle, et croulaient sous des mets douteux exhalant des odeurs nauséeuses. Ça et là, des flambeaux d’airain brûlaient des épices exotiques, répandant dans les couloirs des vapeurs fumeuses et entêtantes. Au milieu de ce décor dantesque erraient les troupes du sorcier, pillant le château et se jetant sans cérémonies sur les restes du repas. A la table du maître siégeaient les orques les plus belliqueux, couturés et balafrés, les spectres noirs rescapés avec à leur tête Zichyas, vautré nonchalamment sur un canapé à la droite de Nommiard. Il étendait ses ailes ténébreuses comme un manteau de velours, scrutant de ses orbites insondables les convives. Il se trouvait là également les plus grands meneurs des hommes corrompus, enchâssés dans des armures de fers, et drapés dans des toges rouge sang. Chacun se faisait fort de faire le plus de bruit, se versant force lampées de vin capiteux et renversant les plats avec fracas.

Au milieu du festin s’avança le chef cuisinier accompagné de son marmiton, poussant devant eux un chariot rempli de victuailles. Les troupes dépravées se moquèrent de lui et lui crièrent des quolibets ; mais le nécromancien étendit les bras en disant :

« -Mais voilà notre fidèle restaurateur ! Grand merci pour tes vivres succulents. Maintenant tu peux disposer, nous avons notre content. Tu es libéré de ton service jusqu’à demain. »

Le chef des cuisines s’inclina bien bas, puis reparti avec son aide. Ils marchaient ensemble dans les couloirs, sans mot dire.

Le gatte-sauce Midiso traînait des pieds en marmonnant des pensées noires : depuis qu’il avait été fait prisonnier par une bande de gobelins, sa vie n’avait été qu’un long calvaire. Au début, affecté au ravitaillement, voilà qu’il devenait servant d’une armée de sauvages sanguinaires !

Le chef cuisinier Tryppel souriait intérieurement : depuis quelques mois, le grand sorcier le tenait un peu plus en estime, appréciant ses talents culinaires et son obéissance ; et il ne doutait pas qu’il ne devienne bientôt un proche de l’entourage du Nécromancien !

Ils poursuivirent leur route, silencieux, et sortirent du bâtiment principal, arrivant dans la cour intérieure du palais.

Comme ils passaient sous les allées de chêne, Midiso perçut un frisson dans les parterres de broussailles. Depuis la prise de la ville, les jardins restaient sans entretien, laissés à eux-mêmes, et les fougères, les plantes croissaient en désordre dans une prolifération désordonnée. Inquiet, le jeune-homme demanda à son supérieur :

« -Vous entendez ?

-Quoi ? grogna l’autre, tiré de ses rêveries folles.

-Dans les massifs, là… Un bruit… »

Tous deux s’arrêtèrent, soudain transis par la peur. Ils avaient vu bon nombre des créatures amenées par le sorcier : loups, wargs et autres loup-garous friands de chair humaine. Qui savait combien chassaient en pleine liberté, lâchés dans la ville sans garde ? De nombreux cas de morts violentes avaient été rapportées, même parmi les troupes occupantes… Les deux hommes commençaient à se sentir désespéré : peut-être une bande d’orques affamés, n’ayant pas encore participé au festin, attendait dans l’ombre sa pitance ?

Soudain quatre silhouettes sortirent des bosquets ; elles étaient recouvertes de capes bleu nuit et de cagoules sombres. La plus grande dégaina une petite dague et, prenant Tryppel par l’épaule, lui pressa la lame sur la gorge en chuchotant :

« -Un bruit, un mot et tu es mort ! »

Deux autres encapuchonnés empoignèrent Midiso, tandis que le troisième faisait le guet, tourné vers l’entrée du donjon.

Le premier reprit :

« -Tu es le cuistot du palais ?

-Oui…gémit l’autre en déglutissant péniblement.

-Alors tu vas nous conduire aux réserves, et vite ! »

Les deux domestiques conduisirent les quatre mystérieux visiteurs jusqu’aux quartiers de ravitaillement. Le petit groupe progressait lentement, rasant les murs, se fondant à merveille dans le décor. Les flocons de neige tombant perpétuellement les recouvraient d’un léger duvet, les cachant aux yeux de tous. Mais comme ils approchaient des entrepôts, ils virent des lumières dans le magasin le plus proche. Quelques voix aux intonations grossières, dignes d’orques, résonnaient à leurs oreilles. Alors Tryppel échappa à l’étreinte du meneur et s’enfuit en hurlant :

« -A moi ,des intrus ! Je… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, et son corps inerte s’effondra dans la neige, un couteau de lancer planté entre les omoplates. Les quatre infiltrateurs se plaquèrent aux murs noirs, et se jetèrent au sol presque invisibles, alors qu’une vingtaine de peaux-vertes ivrognes sortit de la réserve de vin. Le plus gros des guerriers s’avança en titubant, et cria d’une voix rauque :

« -Qui… est-ce qui est… là ? »

Midiso hésita un instant, puis se décida et se leva. Avançant vers les créatures immondes, il répondit :

« -Ce n’est que moi, l’aide mitron ! »

L’orque s’approcha pour mieux le voir, et son haleine alcoolisée donna la nausée au garçon. Enfin le chef des soudards le reconnut :

« -Ah ouais, c’toi ! Le p’tit morveux qu’on a assrevi…ssarevi… capturé y’a quequ’semaines ! Qu’est c’te prends d’crier comm’ça ?

-Ben, j’ai cru voir une de ces ombres, là… les spectres quoi, alors j’ai eu peur et…

-Silence ! beugla la créature, en lui soufflant au visage une haleine écœurante. Parl’pas d’malheurs ! J’espère bien plus j’mais les r’voir ! S’pèce d’bigleux ! Va t-en, et que j’te voie plus traîner dans l’coin !

-Bien messire ! »

A moitié dégrisé par l’évocation des monstres ténébreux, le chef orque ordonna à sa troupe de retourner dans leurs baraquements. Le marmiton ricana amèrement : ces monstres ailés inspiraient l’effroi à tous, même à leurs alliés ! Soudain une main se posa sur son épaule :

« -Merci, petit ! J’ai bien cru que tu allais nous dénoncer… Je me nomme Faelion, et toi ?

-Midiso… » murmura l’apprenti en se retournant.

C’était un des quatre espions. Ils avaient retiré leurs capuches, laissant voir leurs visages. Et voilà que c’étaient des elfes ! Tous avaient des oreilles pointues, des traits nobles et admirables, et des cheveux blonds doré, retenus par un cercle d’argent. Le plus grand avait un bandeau couleur d’émeraude, et ses yeux paraissaient les plus brillants dans cette nuit noire. Il enjoignit le jeune homme à les guider jusqu’aux réserves. Et Midiso les mena au grenier à blé. Mais Faelion secoua la tête en expliquant :

« -Nous ne cherchons pas les provisions, mais les boissons. »

Alors le jeune cuisinier les mena jusqu’aux réservoirs, les cuves recueillant l’eau de pluie, à côté desquelles s’alignaient de nombreux barils. Les elfes acquiescèrent, et sortirent de leurs poches de petites fioles en verre fumé. Ils les débouchèrent alors, et versèrent quelques gouttes dans chacune des grandes vasques qui contenait encore de l’eau. Un produit violacée se dilua, puis s’estompa jusqu’à disparaître. Intrigué, leur compagnon s’avança et demanda :

« -Votre solution, là… C’est quoi ?

-Une sorte de concentré de divers toxines, dissoutes dans du venin.

-Qu… quoi ?

-Tu as bien entendu. Et dorénavant, je te conseille de ne plus boire que de la neige fondue, recueillie dans une coupe propre.

-Mais, c’est horrible !

-Et toutes les horreurs qu’ils ont commises, n’étaient-elles pas mille fois plus horribles ? Tiens-tu à voir le chaos demeurer sur nos terres, et pervertir les vies, comme ton ancien chef de cuisine ? »

Midiso fit non de la tête.

« -Bien, alors viens nous aider. Nous ne serons pas de trop de cinq pour en répandre sur tous ces fûts. »

Chacun prit alors une fiole dans chaque main, et versa doucement un filet sur les couvercles en planches de sapin. Peu à peu, la substance s’infiltrait, absorbée par le bois, et se mêlait ensuite aux vins. Ils passèrent une bonne partie de la nuit à empoisonner ainsi tous les barils. Puis enfin quand le jour approcha, ils finirent leur tache et sortirent du bâtiment. Alors Faelion fit signe à ses frères d’armes de le suivre. Le cuisinier resta quelques instants debout devant l’entrepôt, puis se décida et courut vers les elfes :

« -Attendez, je viens avec vous !

-Soit. Suis-nous, mais le plus discrètement possible.

-Par où allons-nous partir ? La ville a beau être ravagée, les remparts sont bien gardés, et nous barrent la route !

-Nous allons passer par la mer.

-Il n’y a plus de bateaux, pourtant.

-La flotte des hommes a été sabordée il est vrai, à l’arrivée du nécromancien. Mais justement, à cause de cela cette route reste la plus sûre, car elle ne se surveille pas. Maintenant silence, nous approchons des docks. »

Le petit groupe s’avança sur la jetée, puis les immortels descendirent la grève en direction des blanches falaises. Les vents marins poussaient les vagues écumantes sur les rochers en contrebas, et Midiso se forçait à ne pas regarder les aspérités affleurant à la surface. Par endroit, l’océan se retirait, laissant les restes de vaisseaux crever la surface comme des aiguilles. Il y avait là des mâts brisés, des coques recouvertes d’algues jaunâtres, des pontons disloqués. Enfin ils arrivèrent à l’entrée d’une caverne au sol envahi par l’eau salée. Faelion s’avança dans la grotte et hala à lui un câble de chanvre ; ses camarades l’aidèrent, et du fond de l’antre sortit un petit radeau sans voile. Alors ils montèrent à bord, et à l’aide de gaffes se poussèrent hors des remous.

Maintenant le soleil se levait derrière les escarpements de calcaire, envoyant quelques rayons filtrer les troubles du flot. Faelion s’assit alors et s’adressa au jeune évadé qui les avait rejoint :

« -Dis-moi, associé, que sais-tu des courants marins dans la région ?

-Bien, j’ai suivi, quand j’étais plus jeune, des cours de navigation. Si mes souvenirs sont exacts, le courant du nord déferle sur nos côtes, et redescend vers le sud en longeant les plages…

-Précisément. Mais il n’y a pas que des plages. Nous nous dirigeons vers la Mangrove de Soufre.

-Pardon ?

-Tu m’as compris.

-Mais c’est une région inexplorée, infestée de créatures sanguinaires et…

-Un instant ! Région inexplorée pour les hommes ! Tu verras que bien des êtres les ont parcourues de long en large.

-Peut-être, mais pour ce qui est des monstres…

-Je n’en ai jamais rencontré, si ce n’est les freux rouges ; mais il s’agira simplement pour nous d’ouvrir l’œil, pas vrai ? »

Les autres elfes rirent avec lui, car la réputation de la vision des elfes sylvains n’était plus à faire. Midiso resta un instant silencieux, puis demanda :

« -Mais alors comment avez-vous fait pour venir sans rames et sans voile jusqu’à la ville au nord, en partant des mangroves au sud ?

-Bah, nous nous sommes poussés au large, où les courants nous ont dirigés vers le nord. Enfantin, en fait. Les hommes devraient prendre exemple sur ces principes tout simple.

-Peut-être pas ; car vous avez dû emmener de nombreux vivres, de quoi tenir le temps d’effectuer ce détour.

-Tu marques un point, jeune homme ! D’ailleurs il nous reste quelques galettes et une fiasque de ragtana. Mangeons et buvons, notre mission est terminée ! »

Vers midi, la petite embarcation approcha de région où la neige se faisait moins persistante. Et se rapprochant de la grève, ils arrivèrent bientôt aux frontières d’un royaume mystérieux et redouté.

Les Mangroves de Soufre avaient servi, au cours de l’Ere d’or, comme gigantesque carrière d’extraction. A cette époque la région ressemblait à un grand plateau herbeux, sur lequel les slaqhors, elfes du Soleil, extrayaient la matière jaune et inflammable. Mais au cours du temps, la guerre s’approchant, ils eurent besoin de toujours plus de minerai, et creusèrent les terres avec avidité, sans prendre garde. Puis aux temps de la Grande Bataille, ils abandonnèrent la région pour rejoindre Slaqhend, leur capitale menacée. Seuls quelques uns restèrent, mais en nombre trop réduit pour pouvoir entretenir toutes les galeries. A l’aube de l’Ere de vermeil, un ouragan s’abattit sur la contrée ; et les fondations cédèrent, les mines s’effondrèrent dans un séisme apocalyptique. Dès lors la végétation investit les lieux, régnant sur les fondrières et les innombrables fosses tourmentées. Des bêtes des marais et des créatures de malheur se réfugièrent dans ces lieux, à mesure que les marées inondaient les sous-bois. Ensuite, les freux rouges s’installèrent dans les arbres torturés par les eaux saumâtres, et leurs cris hantèrent ces lieux. Les derniers slaqhors encore en vie devinrent sauvages, cruels et durs. Ils errèrent sans but dans les marécages, répandant leurs maléfices et adoptant des formes plus monstrueuses les unes que les autres. Alors les arbres se tordirent, se convulsèrent lentement, étendant leurs racines dans le limon sableux, et propulsant des ramures spiralées dans toutes les directions, comme des bouquets funestes. Ce pays devint la Mangrove de Soufre, hostile et sans merci.

Le radeau oscillait doucement sur les tourbillons des flots pâteux. A la limite des jungles noyées, sur un peuplier effeuillé, un aigle harpie perché salua les voyageurs d’un cri perçant :

« -Salut à toi, Faelion ! Mais qui t’accompagne donc ?

-Un dénommé Midiso, qui préfère les Marais du sud aux Pics du Nord.

-Et bien bonne route ! Je ne vous accompagne pas, ajouta doubleserre. Ces régions sont sous la coupe des freux rouges, et ces carnassiers volants haïssent les aigles plus que tout ! Mais bien que je ne vienne point, mes pensées vous accompagnent. »

Sur ce, il prit son essor et partit vers les falaises, chasser quelque oiseau marin. A son approche, les mouettes s’égayaient dans les airs, peuplant le ciel de leurs cris stridents.

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Rien à dire, c'est vraiment bon!

Continue quoi (non, je n'ai vraiment aucune critique à faire... Ton scénario est bien élaboré, le fantastique est plus que présent et les incohérences sont plus que masquées! Bref, on est imergés dans le texte et l'on ne demanderais qu'à le rester si celui-ci ne prenait pas fin si vite...).

C'est dommage que tu ne critique pas plus les textes de autres, car tu en a les capacités, vu ta maîtrise de la langue. (tu leur serais d'une aide précieuse).

Imperator, impressioné et qui a adoré ce texte.

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La suite :

Chapitre troisième : derniers feux

Harech était un bolgniam, ce qui impliquait une noblesse hautaine et des connaissances poussées en alchimie. Plusieurs décennies auparavant, il partit de son pays natal envahi par les orques, et se réfugia dans ces régions insalubres avec toute sa mesnie. Maintenant lui et les gens de sa maison vivaient assez bien dans les marais, s’étant accommodés en s’adaptant à l’environnement. Tous ces hommes de boue avaient travaillé main dans la main, pour se forger un domaine perdu aux confins de la mangrove. Peu à peu, ils avaient réussi à défricher une petite colline au cœur du marais. Et sur ce lieu qu’ils nommèrent dans leur langue Tuni, ils édifièrent des murs de torchis, élevèrent des poteaux et construisirent une grande demeure commune. Ils l’éclairèrent de lanternes voilées, et habitèrent là, reclus et oubliés de tous. Ils l’édifièrent comme une forteresse miniature, la dotant de palissades hérissées et de hautes tourelles, de sorte qu’ils résistèrent toujours vaillamment aux assauts bestiaux. Mais un certain jour d’hiver, alors que la bruine se mêlait aux vapeurs des tourbières, une troupe d’une centaine d’hommes avait pénétré les marécages jusqu’à cette maison oubliée. Un rôdeur déchu menait cette bande, et il gagna la confiance des hommes de boue en chassant une incursion de loups sauvages avec ses camarades.

Après un mois entier de repos, Lamenoire Gandacier avait retrouvé toute son énergie et sa vigueur d’autrefois. Au faîte de la plus haute tour, avec deux autres guetteurs, il observait les marais de ses yeux acérés. Au-dessus d’eux, les nuages du haut ciel se mêlaient aux vapeurs nauséeuses, dans un tourbillon de vapeur empourpré par les derniers feux du Soleil. Comme les rayons projetaient leurs dernières étincelles à travers le duvet de brouillard, les bosquets à l’est frémirent, et deux coups brefs d’olifant retentirent ; ils tirèrent de leur somnolence trois hérons cendrés, qui s’envolèrent vers les nuées, planant doucement, sans pousser un cri. Le sang du rôdeur ne fit qu’un tour. La patrouille qu’ils attendaient ! Il descendit quatre à quatre les escaliers en bois, laissant les deux autres vigiles dans leur nid-de-pie. Maintenant vers les portes de Tuni avançait un groupe disparate : quatre elfes emmitouflés dans des capes noires et un tout jeune homme dans une livrée blanche suivaient une demi-douzaine d’hommes de boue, tenant de leurs mains terreuses des machettes. Les sentinelles ouvrirent les battants, et la formation entra, au moment où le guerrier arrivait dans la cour herbeuse. Il alla droit sur eux et demanda au premier immortel :

« -Faelion, tout s’est-il passé comme prévu ?

-Sans trop de problèmes. Les réserves en boisson de Raturn sont toutes empoisonnées.

-Qui est ce garçon ? s’interrogea Lamenoire, en montrant d’un signe de tête Midiso.

-Un des prisonniers du sorcier. Il voulait se joindre à nous, nous l’avons accepté. Cela fera toujours un opprimé de moins.

-Allons, assez parlé dehors ! » lança une voix de l’intérieur. Dans l’embrasure de la porte de la maison commune se découpait une haute silhouette. Midiso resta un instant sidéré devant ce personnage surprenant. Il avait déjà été intrigué par ces éclaireurs au corps bourbeux et aux yeux entièrement noirs, mais voir un bolgniam était autre chose, pour qui ne les connaît pas.

Harech avait deux longues jambes, fines et luisantes, comme taillées au couteau, des longs bras effilés terminés par des mains caleuses. Il portait une longue tunique de tissu léger, teinté de violet, et lançant des reflets dorés. Sur ses épaules reposait un torque impressionnant, où des dizaines de perles s’enchâssaient à merveille ; mais cette parure semblait aussi légère qu’une plume, sur ce corps puissant et rigide. Au milieu d’une tête aux traits polis et impalpables émergeaient deux orbites éclatantes, comme deux pépites d’or d’une richesse incalculable. Tous, même les quatre elfes sylvains baissèrent les yeux un temps face à cette lumière éblouissante. Harech s’avança d’une démarche saccadée vers le jeune marmiton et lui serra la main. Quand sa poigne se relâcha, Midiso regarda ses doigts : contrairement à ce qu’il aurait pu s’attendre, son contact n’était pas visqueux, et sa peau resta tout au plus légèrement humide.

Le chef des créatures de boue les convia à table, et tous entrèrent dans la haute salle. Ils s’assirent alors à une large table de bois, où la plupart des autres habitants des marais se restauraient déjà. Tout autour s’affairaient des cuisiniers, apportant sur des plats de terre cuite toutes sortes de fruits exotiques. Les nouveaux venus s’assirent en face du chef des autochtones, et ils discutèrent joyeusement. Midiso regardait Lamenoire, intrigué, et lui demanda :

« -Vous vivez ici depuis longtemps ?

-Non pas, répondit le rôdeur déchu. Je viens à Tuni de temps à autre, sous la protection des patrouilles du sire Harech ici présent. Mais ma demeure est plus au nord, près de notre patrie. Le village de Kudjo, tu connais ?

-Si je connais ! C’est à deux pas de la ville de Hunk !

-Exact. Là je réside avec mes hommes, et de ce petit bourg nous menons notre guérilla.

-Et vous n’avez jamais été vaincus ?

-Jusqu’ici, les espions du Sorcier Noir n’ont pas réussi à localiser notre retraite.

-Mais alors que venez-vous faire ici ?

-Chercher le fruit de mon savoir ! déclara le bolgniam. Tu n’ignores pas que nous autres, nobles parmi les hommes de boue, nous sommes passés maîtres en l’art de distiller et d’user de l’alchimie !

-Il est vrai que notre hôte est un puissant enchanteur, maniant les tubes comme je manie l’arc ! lança Faelion.

-Mais si cela t’intéresse, je peux te montrer mon laboratoire, petit !

-C’est que…

-Si, si ! J’insiste. Suis-moi. C’est tellement rare, les jeunes qui s’intéressent aux sciences naturelles ! »

Sur ce, Harech guida un Midiso complètement interloqué à travers la pièce, et ils sortirent de table. Achevant son dîner, le chef elfe s’écria :

« -Attendez-moi, je viens aussi ! »

Ils débouchèrent tous les trois dans une cave suintante, au plafond taillé à même la roche. appuyées les parois latérales, des armoires pleines à craquer de manuscrits parcheminés s’étalaient. Sur des tréteaux géants, des alambics, des fioles, des réchauds, des brocs d’eau saumâtre, des tubes pleins de potions fétides, des gobelets, des pots débordants de poudres multicolores s’étalaient. Le bolgniam, lancé dans son univers, commença à présenter son antre d’une voix passionnée :

« -Sur ces meubles, les recueils des écrits, des formules et des décoctions de mes ancêtres, et des anciens de mon clan, recopiés de la main de mon père lui-même. Avec eux, tu peux ramener à la vie un mourrant, ou terrasser un monstre des plus vigoureux. Ici ,dans ces rayons, tous les ingrédients dont on peut avoir besoin : racines de mandragore, plumes de freux, perles noires maudites, yeux de chats, dents de chauve-souris, terre noire du sud, poudres explosives et autres épices des lointaines contrées. Sur ces tables, mon matériel de distillation, avec mes fagots et mes réserves de graisse, pour allumer le feu avec mon foisil ; mes marmites, mes chaudrons, mes gobelets. Sur ces parois taillées dans le roc effrité des marais, la mousse verte, des filons de soufre, des diamants de lumière incrustés illuminants la pièce… C’est du plus bel effet, n’est-ce pas ? Dans cette alcôve, j’ai engrange les plantes les plus rares poussant dans ces mangroves visqueuses : plantes carnivores, algues bleues salines, et bien d’autres encore… »

Faelion, penché sur les arbustes entreposés, les palpait du bout des doigts et hochait la tête avec l’air d’un connaisseur. Midiso, lui, se sentait assez barbouillé depuis que leur hôte lui avait exhibé sous le nez ses trouvailles les plus écœurantes.

« -Et ce n’est pas fini ! renchérit Harech, le visage radieux. Derrière cette porte s’étendent mes réserves, où j’engrange les merveilles de l’alchimie ! Tout ce que l’on peut trouver par le truchement de la nature, je l’ai trouvé ! Un dépôt digne du plus grand apothicaire, de la plus puissante lyche ! »

Il volait, volait, à travers les feuillages touffus des arbres tordus. Son envol l’emportait, traversant comme un carreau d’arbalète les buissons de ronce et les rideaux des saules pleureurs. Doubleserre devait faire vite, le plus vite possible ; la vie de nombreux humains était en jeu. Il allait à perdre haleine, le bec grand ouvert, la crête plaquée, sur la nuque, ignorant ses ailes déchirées. Un cri perçant retentit devant lui, des formes ailées s’élancèrent, comme des feu-follets géants virevoltant dans les arbres, pourtant il devait passer…

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J'aime toujours autant !

Ton style reste fluide ! Mais tu gagnerais à mettre un résume a chaque fois car on passe d'une de tes histoires à une autre et on sait plus ou on en est ! :evilgrin:

Je crois pas avoir vu de fautes ( c'est pas pour ca qu'il y en a pas ! :evilgrin: ) et donc c'est du tout bon ! :whistling::innocent:

@+

-= Inxi, la suite =-

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C'est vrai que les transitions sont parfois rudes, mais je n'ai pas été autrement ennuyé par elles. En fait, je n'ai pas vu quoi que ce soit d'ennuyeux, sauf le fait que tu coup alors que viens enfin l'action.

Enfin bref, j'attends la suite...

Imperator, qui lance aussi souvent des récits en chantier, mais qui n'en termine que bien peu... Attention.

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  • 5 semaines après...

Livre III : Le sombre exil

Chapitre premier : le fleuve en crue

Un guetteur déboucha dans la salle commune, essoufflé et inquiet. Il courut droit vers Lamenoire et lui dit :

« -Vous devriez venir dehors, je crois. Votre aigle vient d’atterrir sur le perron, à moitié mort.

-COMMENT ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, le meneur des rebelles renversa la table en se levant, et se précipita vers le hall d’entrée, bientôt suivi des quatre elfes et d’un groupe de curieux. Il s’arrêta sur le palier, atterré, sans prendre garde aux silhouettes inquiétantes qui s’éloignaient dans la pénombre des sous-bois. A ses pieds, une forme gisait, immobile. Il s’accroupit et prit dans ses bras le rapace mortellement touché, les plumes arrachées et la crête en bataille. De ses serres perlaient quelques gouttes de sang, alors que son poitrail arborait de profondes déchirures. Retenant les sanglots qui le prenaient à la gorge, il se retourna, et serrant le corps inerte contre lui, se rua dans les couloirs, descendant toujours plus bas. La plupart des autres voyageurs retournèrent sur leurs pas, mais les quatre elfes restèrent un instant sous le portique, à questionner les sentinelles :

« -Quand cela s’est-il produit ?

-A l’instant, messire ! Dès qu’on est arrivé, on a accouru vous prévenir…

-Que s’est-il passé exactement ?

-Bien, on était là à guetter les environs, histoire de voir si rien ne semblait suspect, pas vrai Rufus ?

-Ouais, c’est vrai.

-Quand soudain on entend des cris aigus et des bruits inquiétants dans les bois, juste au nord. Même qu’on commençait à s’inquiéter rudement, pas vrai Rufus ?

-Ouais, rudement.

-Alors des feuillages est sorti c’t’oiseau, et l’était déjà salement amoché ! Derrière lui volait une demi-douzaine de freux rouges, toutes serres dehors ! Et ils le harcelaient, le griffaient… Pas vrai Rufus ?

-Ouais, c’est comme ça que ça s’est passé !

-Et qu’avez-vous fait alors ?

-J’y viens ! Finalement l’aigle s’affaissa devant l’entrée, à bout de force. Alors on a sorti nos arcs et nos flèches, et on a commencé à tirer dans le tas, juste histoire de les effrayer. Et quand vous êtes tous sortis, ils se sont égayés vers les frondaisons, d’où ils étaient venus. Les lâches ! Sales bêtes de charognards ! J’espère bien jamais me r’trouver seul dans c’marais, à leur merci. »

Au plus profond des cavernes de Tuni, Harech poursuivait la visite de ses réserves sur le même élan :

« -Maintenant nous approchons de ma réserve d’onguents et de baumes. Cette grotte devait probablement appartenir à une mine des elfes du Soleil.

-En effet, Remarqua Faelion. Voyez, on aperçoit encore ici et là des marques de coups de pioches. Voilà certainement une œuvre ne relevant pas des excavations des hommes de boue ! »

Le bolgniam le foudroya du regard, ne tolérant pas qu’on lui coupe la parole. Ayant fait taire l’importun, il reprit sa tirade en fermant les yeux :

« -Ici j’ai entreposé mes lotions ensorceleuses, mes potions curatives, et bien d’autres produits encore, que je ne saurais présenter en détail ce soir. Ici encore, j’ai enfoncé des cristaux dans la roche pour fournir un éclairage suffisant. Un vrai alchimiste ne peut se permettre de concocter ses préparations à la lueur d’une torche : la fumée aveugle le magicien et gâche irrémédiablement les pouvoirs de sa pharmacopée. En revanche… »

Un claquement sonore le fit sursauter, et furieux il se retourna en criant :

« -Qui se permet de refermer les portes avec autant de violence dans mon laboratoire ? »

Bouillonnant et fulminant, il se précipita vers la première salle, accompagné de l’elfe et du marmiton. Quand il arriva dans son antre, il se calma aussitôt : Lamenoire se tenait, raide, devant une table. Sur la table reposait le corps figé de Doubleserre, les deux orbites fixes et grandes ouvertes. L’alchimiste s’avança avec rapidité, sans faire de bruit, ses pieds glissant sur le roc taillé.

Il observa le rapace mortellement blessé, et se pencha pour examiner ses plaies. Il palpa ses ailes, frôla son cou meurtri et ses pattes crispées. Il releva alors la tête, regarda le rôdeur et dit :

« -Il n’est pas encore trop tard. »

Sans rien ajouter, il s’empara du corps glacé, et le déposa dans une alcôve creusée dans la paroi. Il commença alors à laver ses blessures en les baignant dans une infusion de régiflore, puis il appliqua dessus des cataplasmes. Ensuite il trempa les ailes dans des liqueurs odorantes, et les lissa à l’aide de linges imbibés de suc. Il imposa alors les mains sur le visage de l’harpie, et prononça à mi-voix quelques phrases dans un langage mystérieux. A cet instant les paupières de l’aigle cillèrent, et le thaumaturge esquissa un sourire. Il déposa à côté de lui une pile de tissus découpés en bandelettes, puis il retira ensuite les emplâtres, ce qui arracha à l’harpie un gémissements. Il versa sur les plaies un filet de liquide à base de pulpe de Feuilles de songe. Il s’accorda alors une pause et se retourna vers les trois compagnons qui ne le quittaient pas des yeux :

« -Vous pouvez retourner en haut, maintenant il est sauvé ; son esprit a demeuré et maintenant il va se reposer. Demain il retrouvera un peu de son aplomb. »

Lamenoire inclina la tête avec respect, et l’elfe entraîna par l’épaule Midiso, qui restait fasciné devant les talents du noble homme de boue. Le trio remonta vers les étages supérieurs, puis chacun se sépara après s’être souhaité une bonne nuit. Un autochtone de boue mena le jeune Midiso à une chambrée entièrement boisée et meublée simplement d’un lit, d’une commode et d’un tabouret rustique. L’apprenti s’endormit bientôt.

Tard dans la nuit, tandis qu’Harech pansait sa gorge lacérée, Doubleserre poussa un râle et murmura :

« -Le villag… de… hiiiiss ! A Kudjo… danger… Le Nécromancien… trahison… Aaah… »

Le soigneur sursauta, car jamais quelqu’un auparavant n’avait gardé conscience après absorption de ses drogues narcotiques. Il lui administra une nouvelle dose de Feuilles de songe, puis remonta dans la salle commune. Il survola des yeux la tablée, à la recherche de son hôte de marque. Finalement il s’approcha du sire Gandacier, prostré devant la cheminée géante qui chauffait la pièce. Posant la main sur la pierre chaude, il souffla :

« -Votre aigle…

-Ce n’est pas mon aigle, mais mon ami.

-Il apporte de funestes nouvelles, à propos d’un village, Kujjo, Kudou ou quelque chose de ce genre… et du Nécromancien.

-Kudjo ?

-C’est cela ! Il a aussi parlé d’une trahison… »

L’homme resta un bref instant sans réagir, puis demanda brusquement :

« -Vous seriez bien aimable de demander à vos gens de convier tous mes piétons encore debout, et de réveiller ceux qui dorment déjà. Qu’ils viennent ici, j’ai à leur parler.

-Mandez-vous aussi le cuisinier de Raturn, ce… Misodi ?

-Midiso. Non, laissez-le dormir. Il se rendra compte bien assez tôt de la tournure que prennent les événements. »

Bientôt tous les rebelles se tenaient en cercle dans la haute salle, autour de leur chef. Le rôdeur déchu susurrait pourlui même quelque poème antique, tout en regardant les bûches craquer dans la cheminée. Quand il se retourna vers ses troupiers, ses yeux luisaient d’un éclat inquiétant, et il parla d’une voix ferme :

« -Compagnons, notre retraite à Kudjo a été découverte, l’Ennemi marche résolument vers le village pour écraser la résistance. Nous devons y retourner pour défendre notre dernier refuge, ainsi que les habitants. Ils nous ont offert l’hospitalité quand nous étions traqués par les Ombres ; nous ne pouvons les abandonner aujourd’hui. Demain, nous partirons vers le nord. »

Personne n’osa s’opposer à sa décision, car tous savaient qu’il avait raison.

Après s’être souhaité bonsoir, tous s’en allèrent dans leurs dortoirs.

Dans sa mansarde nichée aux étages supérieurs de la forteresse, Lamenoire veillait, debout devant la fenêtre. Il regardait fixement les émanations du marais se mêler aux ombres nocturnes, pour engloutir les derniers vacillements de lumière. Peu à peu, ses paupières s’alourdirent, et il s’abandonna à un sommeil réparateur.

Quelques dizaines de mètres au-dessus de lui, les quatres elfes tenaient lieu de silencieuse compagnie aux guetteurs de la tour. Ensemble, ils regardaient la Lune s’élever lentement à l’est, au-dessus des brouillards verdâtres de la jungle.

Le lendemain matin, Midiso se réveilla relativement frais et dispos. Il avait assez mal dormi, mais il se sentait tout de même essez d’attaque pour descendre dans la salle commune prendre son petit déjeuner.

Quand il arriva dans la pièce, la plupart des autres habitants se réunissaient déjà autour de la grande table. Ils attendirent encore quelques minutes dans le silence, puis lorsque tous furent réunis -hormis les sentinelles de faction- le maître bolgniam déclama :

« -Ces fruits de la terre qui nous sont octroyés,

Qu’ils nous servent à rétablir l’équité.

Que nos forces nous apportent sans fin

De quoi défendre les bastions de paix,

Mais qu’elles nous abandonnent à tout jamais

Si nous trahissons ; et mouront de honte enfin. »

Tous s’asseyent alors respectueusement. Midiso prit place entre Faelion et Lamenoire. Ce dernier portait sur son épaule l’aigle harpie, encore recouvert de bandages, mais déjà remis de ses blessures. Harech n’en finissait pas de s’étonner de l’étonnante faculté de récupération de cet oiseau, qui déjà paraissait alerte et prêt à en découdre.

Les serveurs déposèrent dans leurs assiettes des tranches de pastèques, et chacun se régala.

-Ça ressemble vraiment à de la viande bien juteuse ! s’extasia le rapace, le regard gourmand. Je goûterais bien ce met, tiens ! »

Lamenoire lui tendit du bout des doigts une tranche de chair pulpeuse, que l’harpie s’empressa de happer goulûment de son bec recourbé. Après quelques instants, il toussa bruyamment en s’exclamant :

« -Infect, harr ! Se rappeler : les fruits ne font pas partie du régime alimentaire classique des aigles ! Berk !

-Nous devrons partir sitôt notre repas achevé » annonça Lamenoire au bolgniam.

Son hôte hocha lentement la tête.

Quand la collation prit fin, les hommes ramassèrent leurs paquetages et se rassemblèrent à l’entrée de Tuni, en bon ordre.

Soudain les portes de la colline s’ouvrirent en grand, laissant passer une compagnie d’hommes de boue armés de sagaies et de frondes, avec à leur tête leur chef, son sceptre à la main. Ce-dernier s’inclina devant le rôdeur Gandacier et lui dit :

« -Harech, patriarche des hommes de boue exilés, ne va pas laisser tomber ses alliés quand ils sont dans le besoin ! Nous venons avec vous, que vous l’acceptiez ou non ! Vous aurez besoin de guides pour traverser ces marais, et une centaine d’auxiliaires ne peuvent pas vous embarrasser…

-Très bien, acquiesça Lamenoire ; mais je ne tiens pas à forcer vos gens à risquer leur vie.

-Ils ne sont pas obligés de me suivre. Ils tiennent simplement à apporter leur soutien à ceux qui combattent le Sorcier Noir, voilà tout. »

La troupe se mit en branle, et les elfes, les hommes et les autochtones des marais progressèrent de concert, se soutenant mutuellement pour traverser les trous d’eau, les troncs tordus barrant la route. Des détachements d’éclaireurs les tinrent régulièrement au courant des obstacles surgissant sur leur trajet. A plusieurs reprises, des rats géants, des freux se jetaient sur les voyageurs et n’étaient repoussés qu’au prix de nombreuses blessures.

Tous en butant sur les mottes de tourbe et les blocs de pierre, ils parlaient de choses et d’autres pour garder le moral.

« -Je croyais que vous veniez souvent par ici… s’étonna Midiso.

-Non, non ! s’amusa le rôdeur. Il y a bien trop de distance-et de moustiques- pour se permettre de venir souvent dans le coin. En fait, c’était seulement ma troisième visite dans la Mangrove de Soufre. »

Quelques mètres devant eux, Firtus conversait avec un des quatre elfes :

« -Ainsi, tu dis que ton nom est Bras-de-frêne ?

-Oui, je suis un elfe sylvestre en fait.

-Je vois… D’où ton patronyme révélateur !

-En revanche, ton costume d’homme rapace n’évoque en rien ton vrai prénom.

-Non, il fait référence à une vieille légende de notre pays… Cela impressionne assez les paysans… »

Un feulement jaillit d’un bosquet de passiflores à leur droite, mais avant qu’ils n’aient pu esquisser un geste, un jaguar bondit sur Midiso, la gueule grande ouverte. Lamenoire entoura son coup de ses bras, le tirant en arrière, alors que l’ancien mitron repoussait ses pattes avec une branche. Le carnassier furieux se débattit de son mieux et mordit à la main le rôdeur déchu, lui arrachant un cri de surprise. Finalement, Faelion décocha deux flèches coup sur coup dans le crâne du félin, et la bête tomba à terre, secouée de convulsions. Harech, qui cheminait en tête du convoi, s’approcha alors de Lamenoire Gandacier et lui banda la main, après lui avoir lavé les plaies d’un liquide cautérisant ; puis la marche reprit. Vers la fin de l’après-midi, ils arrivèrent au bord d’un grand fleuve, aux eaux sombres et inquiétantes. Sur les bords s’étendaient des forêts de roseaux, et dans les flancs du lit poussaient des algues gigantesques, comme des chevelures noyées.

« -Voici la Rivière Noire, dit Harech. Nous allons suivre son cours quelques temps. C’est assez risqué, mais cela nous permettra de gagner quelques heures. »

Les hommes de boue se dirigèrent alors vers la droite, et au bout de quelques minutes, ils arrivèrent sur les berges d’un bras mort. Sous une pagode tissée de jonc, une dizaine de plates formes de bois attendaient sagement que l’on vienne les tirer de leurs retraite. Alors que ses manœuvres les halaient hors de l’abri, le bolgniam expliqua :

« -C’est ici l’un de nos quelques postes avancés. Nous y laissons une provision de flèches et plusieurs radeaux comme ceux-ci. En nous serrant un peu, nous pourront tous embarquer ; mais il faudrait se tenir sur nos gardes, car les embarcations risquent d’être déséquilibrées. Nous allons rejoindre le cours d’eau, puis nous laisser porter par le courant jusqu’à arriver aux Montagnes Brisées. »

Comme convenu, toute la compagnie monta à bord des frêles esquifs. Puis les passerelles lourdement chargées s’arrachèrent à la vase du marécage. A peine commencèrent-ils à avancer que les planches se chargeaient déjà de quantités de lentilles, de plantes aquatiques en tout genre se collant au bois. Ils eurent fort à faire, en poussant à l’aide d’une gaffe les six bateaux improvisés, tandis que d’autres coupaient ou arrachaient à la main les plantes accrochées au ponton. Mais quand la flottille déboucha sur le fleuve, les algues se firent plus rares et le courant poussa de plus en plus vite les radeaux vers l’ouest. Tous regardaient les essaims d’insectes effarouchés voltiger devant eux. A l’horizon se répandaient les branches des palétuviers recouvrant presque la rivière de leurs racines sous-marines ; et derrière leur feuillage rayonnaient les derniers feux du soleil couchant.

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Toujours aussi bien ! Mais les lieux :ermm: Je sais toujours pas précisement où ils sont ni où ils vont ! 8-s Mais quelque part c'est normal !

Niveau horto, j'ai pas vu de fautes ! Donc forme rien à redire.

Niveau fond, je voyais DoubleSerre plus gros et à part la confusion des lieux ! Tu peux continuer :(

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

Rien à dire, c'est très prenant et je ne pense pas avoir quoi que ce soit à commenter.

Bref, joliment écrit, bien mis en forme et avec plein d'évênements... Que voudrais-t'on de plus, si ce n'est peut-être un peu plus de nouvelles du côté du sombre nécromancien et de ce que devient le pays sous son emprise.

Sur ce, Imperator, qui aime bien ce monde imaginaire... (parce que y a plein de n'elfes.)

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Je sautillais sur place, cherchant dans ma tête une solution. Alors je me suis rappelé un vieux sage que tu avais appelé Ytuzîr. Alors je m’envolais et réfléchissais encore, car il me semblait avoir déjà entendu ce nom. Finalement, je me souvins d’un d’une taverne isolée dans les landes, sur laquelle je m’étais posé l’an dernier

Voilà, j'ai trouvé cette faute de frappe.

Et ensuite: Yyyyyyyyhhhhaaa! Cooooooool! Magnifique!

Bref, tu l'auras compris ton texte est pas mal... Je te dis :blushing::mrgreen:-_- car je l' :-x

Continue!!

P.S: Visez l'avatar :)

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  • 1 mois après...

Chapitre second : le tunnel effondré

Dans un même élan, les troncs des radeaux butèrent sur les racines des saules, stoppant net leur progression. Harech descendit alors et avança, de l’eau boueuse jusqu’à la taille. Perplexe, Lamenoire remarqua :

« -Nous ne sommes pas passé par ici, à l’aller.

-Non, répondit le bolgniam. Nous n’étions pas pressés par le temps ; cet itinéraire est plus direct, quoique moins sûr. Après quelques coudées, nous atteindrons une région à sec : les monts brisés. De là, nous poursuivrons et arriverons –avec de la chance- à Kudjo avant demain soir.»

Le reste de l’armée le suivit alors et commença d’aller de l’avant dans la lagune. Midiso se retourna vers les esquifs en demandant :

« -Et les barques ? ne risquent-elles pas de dériver ?

-J’en doute, répondit Faelion. Empêtrés comme ils le sont, même un dragon ne pourrait les déloger. C’est là un mérite que nous devons reconnaître aux hommes de boue : ils savent à merveille délier les nœuds et les lianes. »

Ainsi la troupe s’enfonça à nouveau dans les marais. Mais Midiso remarqua que cette région n’était pas aussi dense que celle plus au sud. Passée la rivière et ses rives, les hauts arbres et les saules se firent plus rares, comme les fougères, les massettes et les mousses arborescentes se répandaient sur un sol de plus en plus fongueux. Les moustiques cédèrent la place aux araignées d’eau et aux crapauds, et l’on voyait de nombreux corps onduleux s’insinuer entre les pierres. Car des pierres éclatées de toutes tailles émergeaient de la vase, ponctuant périodiquement le paysage de touches grisâtres. Après bien des efforts, la compagnie arriva devant des escarpements glissants, humides, s’élevant en dunes rocheuse.

« -Voici les Collines brisées, dit Harech. Une des régions minières les moins ébranlées. Nous allons passer par les anciens tunnels des elfes solaires, pour couper au plus court.

-Vous les avez déjà empruntés ? demanda Faelion.

-Une fois ou deux. Un conseil : ne vous éloignez pas des autres, car même un Second serait en péril, seul dans ces boyaux. »

Ayant dit, il se dirigea vers une ravine moussue, surplombée d’un gigantesque saule au tronc centenaire. Se laissant prudemment glisser le long de la pente, il arriva au pied de la paroi rocheuse affleurant, en-dessous des racines chevelues de l’arbre. Il sonda alors la pierre des yeux en constatant :

« -Depuis notre dernier passage, le sable, la boue et la vase ont transformé les lieux ; n’eut été le vieux saule, je n’aurais pu retrouver les entrées des cavernes. Voyons, elles étaient à peu près… ici ! »

Il traça dans le limon une croix, du bout de son bâton. Alors plusieurs hommes de boue le rejoignirent, et munis de pelles grossières sculptées dans des gourdins, ils commencèrent de déblayer la fosse. Remontant l’éboulis avec précaution, il apostropha le reste de l’équipée :

« -Allons venez les aider à dégager la porte ! Faisons une chaîne pour désensabler le passage. »

Tous s’exécutèrent, et en quelques instants le travail avança rapidement. A mesure que les fouisseurs s’activaient, le mur rocailleux se révélait. Il était clair que ce fronton avait été taillé, et par des mains de maîtres. En-dessous de la poussière et de la fange ressortaient de délicates arabesques enroulées autour de fresques mystérieuses. Lamenoire s’était joint aux excavateurs, et il arrachait de ses mains des croûtes de terre. Effleurant d’antiques runes elfes, il soupira en déclarant :

« -Quel dommage qu’Ytuzîr ne soit pas en notre compagnie. Il aurait aisément déchiffré ces glyphes.

-Bah, à quoi cela nous aurait avancés ? demanda Harech. Ils gisent là depuis des millénaires, sans que plus personne ne s’en soucie.

-Tant de savoir perdu… »

Ils reprirent le travail en silence. Enfin, après de pénibles efforts, ils dégagèrent en entier une dalle de granit, encastrée au milieu des lithographes. Une discrète encoche en acier transperçait le sommet de la pierre, et le bolgniam dit :

« -Voyez, il nous faut maintenant une bonne liane solide. Nous la passerons dans cette entaille, et nous ferons basculer la porte vers l’extérieur. Le plus pénible sera de la remettre en place.

-Est-ce que ce sera bien nécessaire ? demanda Midiso, inquiet. Nous allons nous emmurer… ?

-C’est vital, affirma le chef des hommes de boue. Sans cela, avant ce soir, la vase et la boue, accrues par les pluies du soir, vont inonder les tunnels et nous engloutir, ou nous barrer la route.

-Mais alors comment faites-vous pour venir dans l’autre sens ? Vous ne pouvez pousser la dalle comme pour entrer, vous seriez alors submergés ?

-Nous ne passons pas par ici. Il y a une autre route plus en amont, une sorte de débouché dans les rochers. Mais ce tunnel est assez difficile d’accés depuis ce versant, et cela aurait pris bien trop de temps s’il avait fallu contourner les escarpements, en fait, plus que de passer par les marais. Croyez-moi, nous devons emprunter cette voie si nous voulons arriver à temps à Kudjo. »

Ils firent comme ils avait dit, et bientôt le groupe s’avança dans les grottes. Harech se retourna une dernière fois vers l’entrée, où quatre de ses fidèles se reposaient :

« -Vous voyez, ils vont rester ici et refermert la dalle en la repoussant sur ses fondations.

-Mais que feront-ils ensuite ? senquit Lamenoire.

-Je suppose qu’ils retourneront à Tuni, avança Faelion.

-Exact, répondit le meneur des hommes de boue. Il rejoindront nos femmes et nos enfants, et grossiront un peu la garde de la colline. »

Les deux guerriers virent bien au visage tendu du bolgniam qu’il se souciait fort des siens laissés en arrière. La crispation de ses machoires en disait long sur son désarroi intérieur.

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Bah c'est court, c'est la première chose à noter. Enfin ici, c'est pas obligatoire car cela faisait longtemps que tu avais pas poster. Je m'explique, en fait je sais plus ce qui se passe ! :-x Donc en gros, il faudrait faire un résumé :shifty: Mais vu que ton texte est pas super gros, et bien on perd moins d'infos :-x:ermm:

Sinon, c'est toujours aussi bien ! Ce texte me manquait et ca fait du bien de le revoir dans le coin ! J'espere donc une suite, plus longue, plus resumé que celle la :wub: Allez suite !

@+

-= Inxi =-

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OK je vais faire ce que je peux mais en ce moment je peux me connecter qu'un temps limité ( Wek-end et mercredi et encore pas toute la journée ) et en plus j'ai pas mal d'autres textes en cours...

Merci Inxi pour ta fidélité ! :shifty:

Allez la suite pour avant dans deux semaines j'espère.

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Texte effectivement assez court.

Le dégagement de la porte et les runes me font penser à l'entrée dans la moria, mais ce n'est qu'une impression sans fondement réels... Trop regardé le seigneur des anneaux.

Pour le reste, il me tarde surtout de savoir ce qui va se passer, mais laisse-moi dors et déjà te dire que l'ensemble me semble très bien continuer. On peut peut-être s'interroger sur le danger que constituaient les bâteaux et que tu n'as pas repris, mais bon...

Sur ce, Imperator, empereur du néant.

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Invité Rik Azul

Ca y est j'ai finis de le lire ! Monde imaginaire trés bien : mon seul regret c'est qu'il y est plein d'elfes et pas de nain.... :good: !Comme Impe je pensais aussi au seigneur des anneaux quans j'ai vu les runes gravés sur le linteau de la porte.

Sinon j'attend ta suite avec grand intéret.

PS:Un texte sans faute c'est agréable a lire , merci de t'etre auto-corrigé -_- !

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Merci à vous tous ! Rik Azul, si tu veux des nains j'avais commencé un texte avec des nains ( ça doit être assez loin dans les pages de cette section maintenant ) et dès que j'ai fini celui-là je m'y attelerait...

Voilà toujours un autre bout de mon histoire !

Le premier réseau de galeries qu’ils empruntèrent parut exceptionnellement vieux et délabré, même pour une cité souterraine de plusieurs dizaines de milliers d’année ! Les moisissures recouvraient toutes les parois, comme un duvet grotesque, et exhalaient des fragrances immondes leur soulevant le cœur. Ils avançaient, courbés en deux, éclairés par les flambeaux des bolgniam ; ces torches ciselées dans des cristaux enchantées provoquaient l’admiration de Midiso, le respect de Faelion et de ses compagnons, l’émerveillement de Lamenoire. Ils leur semblait qu’au bout des bâtons d’airain aient été encastrées des dômes de verre, taillés en une kyrielle de faces réfléchissantes. Au centre des globes brillait une flamme, comme une étoile rougeoyante, et ses rayons diffusaient un halo sanglant. Harech tenait un fanal dans chaque main, jetant de temps à autre un coup d’œil furtif sur les anfractuosités s’ouvrant sur les côtés. Il apparaissait que de ce boyau central partaient des centaines de tunnels dans toutes les directions.

Après une durée indéterminée –bien qu’il parut à Midiso et Lamenoire qu’ils s’enfonçaient depuis plusieurs heures dans les tréfonds des collines- la troupe arriva dans un caveau un peu plus haut de plafond, mais au sol délavé et glissant comme de la glace.

« -Attendez, lança le chef des hommes de boue, pas un pas de plus ! »

Le bolgniam se hasarda alors à faire quelques pas en avant, puis il sourit et poursuivit :

« -Tout va bien, compagnons, nous avons fait un tiers du chemin ! Regardez… »

Ils s’approchèrent en silence et s’arrêtèrent, stupéfaits : à leurs pieds, à la lueur, des torches, un gouffre profond, un ravin noir comme du charbon s’ouvrait dans le sol, leur barrant complètement la route. Dans l’air humide résonnait un tintement régulier, familier. Comme une fontaine, un égouttement sans fin. Ils comprirent d’où venait ce bruit sans tarder, car depuis de nombreuses ouvertures à droite et à gauche, des filets d’eau claire jaillissaient du rocher et tombaient dans les profondeurs souterraines. Loin en contrebas, on distinguait les remous de leurs chutes désordonnées.

« -Des cascades et torrents à perte de vue, expliqua Harech. Lors de mon dernier passage, j’eus beau chercher, que l’on aille à dextre ou senestre, ce damné abîme interdit tout passage, et des ruisseaux dévalent les pentes pour s’y précipiter.

-Par où êtes-vous passés ? s’enquit Bras-de-frêne.

-Par là ! »

Il éleva ses torches, et tous remarquèrent un crochet enfonçé dans le plafond, à hauteur de la tête. Une corde brunâtre s’y enroulait avant de disparaître dans l’obscurité, devant eux, à moitié détendue au dessus du précipice. Chacun éprouva à la fois joie et crainte, joie de ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien, crainte de devoir jouer leur vie sur la solidité d’une corde croupissant depuis des lustres dans une caverne oubliée…

Seul le bolgniam paraissait résolu à franchir le gouffre; un air amusé dans ses yeux lumineux, il dévisageait ses camarades, et jugeait de leur courage sur leurs faces inquiètes. Finalement, il coupa court à toute inquiétude en demandant :

« -Faelion, vous qui êtes un elfe, regardez devant vous et dites-moi, que voyez-vous ?

-Eh bien… A première vue, on dirait une corniche, de l’autre côté du gouffre… Oui, c’est ça. Mais je ne vois pas comment…

-le plus simplement du monde ! »

Et Harech lui tendit une de ses torches, passa l’autre au-dessus du filin, puis la saisit des deux mains, de chaque côté, et il s’élança dans la nuit, sans un cri. Les autres entendirent un frottement continu, puis au bout de quelques secondes, le silence, et enfin :

« -Eh bien, qu’attendez-vous ? »

Faelion soupira, et répéta les gestes du bolgniam. Se laissant glisser le long de la corde, il arriva bientôt sur l’autre bord du précipice, sain et sauf. Le meneur des hommes de boue l’attendait, les bras croisés :

« -Vous voyez, ce n’est guère compliqué. »

Un à un, les voyageurs se jetèrent dans le noir, retenus par leurs flambeau à la corde suspendue. Déjà il n’en restait plus sur la corniche opposée, et Bras-de-frêne franchit à son tour le canyon. Mais au dernier instant, le câble se rompit, il n’eut pas le temps de crier. Il disparut dans les tréfonds de la terre, et l’éclat de son fanal se perdit dans la gorge souterraine.

« - Bras-de-frêne ! Bras-de-frêne ! »

Les quatre elfes se penchèrent au-dessus de l’abîme, leurs compagnons sur leurs pas, et en vain ils scrutèrent les profondeurs insondables. Résignés et le visage fermé, ils se relevèrent, et la troupe se remit en route. Midiso ne put s’empêcher de murmurer :

« -Et en plus, voilà notre retraite définitivement coupée ! »

A nouveau ils s’avancèrent dans des dédales de tunnels sombres, des sinueux boyaux s’enfilant entre les blocs de granit. Souvent ils buttèrent sur des éboulis, et les hommes de boue firent de nouveau preuve de leur ingéniosité : ils sortirent de leurs bissacs de petits pots de terre cuite, renfermant une mixture poisseuse. Ils y mirent le feu, et les bocaux volèrent en éclat, pulvérisant les roches éparses. A de nombreuses ils durent faire sauter la pierre, pour dégager la voie. Pourtant plus ils avançaient, plus il leur paraissait qu’ils n’arrivaient à rien. Une nouvelle fois l’expédition se retrouva confrontée à un cul-de-sac, manifestement comblé par un effondrement des temps jadis.

« -Encore un tunnel bouché ! pesta Lamenoire.

-Cette fois, il va falloir faire demi-tour, annonça Harech. Nous n’aurons plus assez de charges pour faire sauter la roche. D’ailleurs la pierre se fissure en maints endroits, il ne serait pas prudent de… »

Ses paroles restèrent dans sa gorge, et tous reculèrent avec effroi car un filet de vapeurs jaunâtres perlait à travers les rochers. En quelques instants, la pierre se désagrégea et, pulvérisée par les nuages ensorcelés, partit en poussière. Des volutes de cendres sortit une silhouette enveloppée de draps grisonnants, et elle tenait un bâton de saule. Alors une voix familière résonna dans les tunnels :

« -Enfin, la voix est libre !

-Ytuzîr ! s’écria le rôdeur déchu, courant vers le vieillard. Que fais-tu ici ?

-Comme tu le vois, j’erre dans ce damné labyrinthe ! Quand tu es partis des Landes Ténébreuses, j’ai continué à organiser notre réseau, mais la pression de Nommiard est de plus en plus forte. J’ai confié au chef de Kudjo le commandement de nos forces, pendant mon absence. Pour moi, je suis parti te chercher.

-Vraiment tu fais un fin limier ! Mais nous sommes au courant…

-Kiii, cria Doubleserre, juché sur l’épaule de son maître et ami, j’ai volé à tire d’aile à travers les mangroves pour le prévenir !

-Bel exploit en vérité, s’étonna le mage, mais depuis quelques jours la situation empire : les espions du Sorcier Noir traquent nos propres agents, et les spectres de la nuit hantent les villes et villages, les croisées de chemin. Notre retraite ne restera pas longtemps inconnue de l’ennemi. Ce n’est qu’une question d’heures. L’espoir fuit le pays, et le peuple a plus que jamais besoin des rôdeurs pour les guider…

-je ne suis plus un rôdeur, protesta Lamenoire.

-Peut-être pas, opina Ytuzîr, mais ton bannissement n’a pas été édicté par le maître suprême de l’Ordre : le roi !

-Le Roi est mort, Vulniaf restait le dernier capitaine, et donc son successeur…

-Il n’en avait pas pris les fonctions, et même s’il avait eut le droit, tu as encore une grande expérience et serait apte à former de nouveaux apprentis. L’ordre doit renaître…

-Nous verrons plus tard ! Pour l’heure, nous avons un village à sauver ! »

Et toute la bande se remit en marche, descendant toujours plus bas.

Modifié par Shas'o Benoît
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Invité Rik Azul
Merci à vous tous ! Rik Azul, si tu veux des nains j'avais commencé un texte avec des nains ( ça doit être assez loin dans les pages de cette section maintenant ) et dès que j'ai fini celui-là je m'y attelerait...

Et bien il a interet a etre aussi bien que ce récit la (ce qui n'est pas peu dire...).Il n'y a pas de raison pour que les elfes aient un récit mieux que nous :D !

Peu de choses a dire sur ce texte sinon que c'est toujours trés bien :D .Alors j'attend la suite trés vivement !

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