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Les sept compagnons


Iliaron

Messages recommandés

Je sais, je vous surcharge de suite, mais j'en profite, ce sont les vacances ^_^ .

Surtout qu'aujourd'hui, c'était soit écriture soit lecture (désolé Inxi, de toute façon, tu sais que tu m'a parmi tes fidèles lecteurs, euh... aléatoires ^_^ .

Bonne lecture:

* *

*

« - Tu dis les avoir trouvé là ? »

« - Oui ‘pa, et j’ai courru te chercher ! »

« - T’as bien fait, fiston, c’est ce qu’y faut faire. »

« - Je sais » jubila l’enfant.

« - Méfie-toi des étrangers ! »

« - Qu’est-ce tu vas en faire ? »

« - Les ligoter. »

Geoffroy émergea lentement. Son premier réflexe aurait été de se lever et de protester, mais il se méfiait. Toujours analyser avant d’agir, comme à la chasse.

Il n’y avait eu que deux voix différentes, pas de bruits de pas… Deux contre six, ils pouvaient aisément s’échapper… à condition de ne pas être capturé !

Sa réflexion cessa dès qu’il comprit que l’on s’approchait.

« - ‘Pa ? » demanda angoissé le gosse.

« - Chut fiston » souffla l’homme. Sa voix tremblait, assurément il n’avait l’habitude de recevoir une visite inopportune dans ses champs.

Geoffroy resta donc aussi calmement que possible allongé. Un homme à bout de nerfs ne savait se contrôler, et il n’était vraiment pas le moment de lui faire une frayeur en se levant d’un coup. Il ne tenait pas à prendre une fourche ou une hache en travers de son ventre !

Deux pointes effleurèrent son visage. Les traits de Geoffroy se crispèrent aussitôt sous le toucher râpeux du métal émoussé qui a connu trop de saisons.

« - Prends son arme, vite ! » commanda le père d’un ton alarmé.

Geoffroy sentit le fils se poser contre lui et tirer sa rapière du fourreau. Il aurait eu de nombreuses fois le temps de l’en empêcher, mais ce gamin n’avait rien fait de mal, pas besoin de lui en faire. En outre, la perspective d’être embroché forçait à préférer la réflexion à l’action irréfléchie…

« - Allez, passe-la moi ! »

Geoffroy déglutit péniblement lorsque le fil de sa propre épée s’appuya contre sa tempe. Maintenant que l’homme était rassuré en pensant maîtriser la situation, Geoffroy pouvait faire mine de s’éveiller. Si se faire voler une dague pouvait éviter une mort – en plus, sa mort ! – il était prêt à en offrir une seconde.

Il cligna des yeux. Aussitôt le paysan sursauta, avant de raffermir sa prise sur la dague.

« - Ah, tu t’es réveillé » prononça d’une voix de défi l’homme. En d’autres endroits et postures, Geoffroy aurait presque ri : faire croire que l’on est puissant pour cacher sa faiblesse, voilà comment ce fermier pensait pouvoir l’impressionner. Des rides pleines le visage, une bouche édenté et deux yeux ternes, perdus sous une épaisse couche de terre et de fumier, ce n’était pas forcément inquiétant. Par contre, une dague au niveau du cou, cela, ça l’était !

« - Qui es-tu ? » Il serra le col de la cape de Geoffroy, criant : « Parle ! »

« - Geo… » Geoffroy s’arrêta, et cacha son doute par un essai infructueux à avaler sa salive. « Gérard, garnison de Skefoy. »

Le compagnon comprit qu’il avait touché juste lorsque l’homme le relâcha – l’espace d’un instant il songea que s’il s’était trouvé en Mormundes, il aurait condamné ses cinq amis -, avant de le reprendre de suite :

« - Prouve-le moi ! »

« - Il y a une semaine, il y a eu une alerte. Nous six étions à l’extérieur, on a cru voir partir une ombre. On a pensé à ces agresseurs verts, vous voyez, et on est parti par là. Mais cette forêt est horrible, on y a perdu nos chevaux, une bonne partie de nos vêtements, des armes… »

« - Vraiment ? » Le ton n’était pas dubitatif. Geoffroy sut que son mensonge avait eu raison de la méfiance de l’homme. Il fit alors mine de laisser s’écouler une larme, histoire d’être plus convaincant et de soigner l’ambiance, puis demanda :

« - Vous n’en avez pas vu un seul sortir ? »

Le paysan le relâcha complètement, avant de nier de la tête.

« - On habite loin de cette forêt. Elle a pris trop de nos gosses pour qu’on les laisse jouer proche. »

« - Ouais, elle doit être maudite ! Et les agresseurs sont de vrais démons pour s’y complaire ! »

A nouveau le fermier paniqua :

« - Alors ce sont eux qui ont tués nos enfants, les sagouins ! »

C’était merveilleux de constater à quel point un mensonge bien formulé pouvait être plus percutant que de longs développements !

« - Probablement… » fit mine de songer Geoffroy. « Désolé de ne pas avoir pu vous venger. »

L’homme déglutit péniblement, chiqua, avant de murmurer faiblement, plus à lui qu’à Geoffroy :

« - C’était à moi de venger mon fils aîné… »

Une larme perla, avant de se mélanger à la terre du visage. Il resta encore un moment le visage crispé en un combat intérieur entre remords et raison, sordide duel où l’on recrée un présent de toute pièce en modifiant le passé, pour se rendre compte que le rêve n’est qu’illusoire. Alors la réalité n’en devient que plus pénible à supporter…

« - Je réveille vos amis et vous me suivez » annonça l’homme en rendant la rapière à Geoffroy.

« - Ce n’en sera pas nécessaire » éluda Mav.

Il se tenait derrière le paysan, main sur le pommeau de son épée. A ses côtés, Ilia et Kirla avaient tous deux l’arc tiré et une flèche à demi encochée. Enfin, les deux soldats n’avaient pas hésité à sortir leurs lames, qu’ils étaient en train de rengainer.

« - Simple mesure de précaution » le rassura Mav. « Vous avez, disons, oublié durant un certain temps l’épée contre le cou de notre ami. »

« - On applique les ordres d’l’Ecole de Soldats d’Foy » expliqua Arthur. Ce détail commença à calmer le paysan, bien que se retrouver au centre de cinq combattants avait de quoi faire trembler le plus endurci des vétérans.

« - Alors, monsieur, que savez-vous des événements de cette semaine ? » s’enquit Mav de son ton le plus diplomate.

« - Comment, vous savez pas ? » A nouveau le doute et la peur de s’être trompé.

« - Je vous ai dit que nous étions à l’extérieur de Skefoy lors de l’alerte. Lorsque l’on a une piste, l’on ne peut rentrer pour aller aux informations, puis repartir » gronda Geoffroy, dans une attitude presque choquée au vu du manque de confiance de l’homme. Certes il n’avait fait que lui mentir, mais ce gars pouvait bien se montrer coopérant et leur répondre.

« - Désolé » s’excusa-t-il. « Vous savez, on craint les étrangers : on est proche des Mormundiens – sales gens -, de cette grande forêt à l’Ouest – étrange lieu, j’aime pas-, et de cette forêt maudite – la pire des trois – donc on apprend à être méfiant ! »

« - On sait » grogna Geoffroy, avant de se reprendre et de taper amicalement l’épaule du paysan : « Vous devez être résistants par ici, vous avez bien du courage ! »

« - On se forge un caractère en mesure » acquiesça-t-il.

« - Oser s’interposer seulement avec une fourche devant six hommes armés, j’admire, vraiment ! »

« - Vous auriez pu me tuer » répondit avec modestie l’homme dont la couche de terre se craquelait. En dessous, les compagnons purent distinguer la peau virer au rouge. Mav pouffa à voix basse :

« - Quel marchandeur hors pair ! Prêt à faire croire n’importe quoi ! »

« - Comment ? » questionna le fermier qui avait perçu la voix de Mav sans en distinguer les paroles.

Sans perdre son aplomb, Geoffroy rapprocha Mav de l’homme et lui dit :

« - Mon ami, Mav, pensait la même chose ! » Un sourire déforma les rides du visage de l’homme, et Geoffroy en profita pour glisser à l’oreille de son ami : « la prochaine fois, tu te tais. » Il continua, à plus haute voix : « Dites-moi, n’auriez-vous pas reçu des consignes suite à cette alerte ? »

« - On est venu chercher nos meilleurs chevaux, c’est tout. »

« - Et vous n’avez pas réussi à saisir quelques conversations ? »

« - Si… Il y en a un qui a dit… » Il se pausa, cherchant à rassembler ses souvenirs épars. « - Paraîtrait qu’il y a eu des morts dans le château, des agresseurs se seraient infiltrés. Ils disaient que la porte n’avait pas été fermée et la vigie s’est faite pendre pour faute grave. »

Geoffroy se retourna si vite qu’il tomba à terre. Il l’avait tué, c’était lui qui l’avait tué ! Il lui aurait enfoncé sa rapière dans le corps que ça n’aurait rien changé ! Cette voix qui avait convaincu Gotric, c’était la sienne ! Ce sourire amical qui ornait constamment son visage, c’était le sien ! Cette pendaison qui avait condamné Gotric, c’aurait dû être la sienne… Il avait tué !

« - Voyez, ça fait un choc ! Ce devait être un traître ! L’a rien dit à la question d’ailleurs. »

A cet instant précis, Geoffroy n’avait qu’une envie, qu’une pulsion, celle d’enfoncer son épée dans le corps de ce malotru. Gotric ne les avait même pas trahi alors qu’il aurait dû pour sauver sa peau, il s’était sacrifié pour eux ! L’amitié était un présent bien horrible, on pouvait pousser un homme à sa propre mort seulement avec des paroles…

Oh oui, il aimerait le voir ce paysan mort ! Mais cela serait anéantir la mort de Gotric : ce dernier leur permettait de continuer à vivre librement, ils avaient tous envers lui cette dette de la vie ! Ils devaient continuer cette mission, et tuer ces agresseurs qui de par leur intrusion l’avaient condamné aussi sûrement qu’une flèche.

« - Vous allez bien ? » L’homme se pencha pour l’aider à se relever.

Geoffroy recula pour ne pas avoir à toucher la main de l’homme, et ce fut Mav qui l’aida. En une oeillade, les deux s’étaient échangés leurs maux. D’un simple regard un destin venait d’être scellé.

Mav s’approcha du paysan et lui annonça, d’une voix sévère :

« - En tant que soldats de Skefoy, nous réquisitionnons votre nourriture et vos vêtements. Vous saisirez qu’en l’état où nous sommes nous ne pouvons continuer la mission à laquelle nous sommes attachés. »

L’homme ne put que subir et approuver, ne comprenant le changement subit d’attitude. Il avait fait tout son possible, coopérer du mieux qu’il pouvait, allant jusqu’à se souvenir des moindres détails d’une conversation glanée entre deux sous-officiers, et la seule récompense qu’il avait, c’était de se faire voler ! Il ne le pouvait et s’interposerait volontiers s’il en avait la puissance. En plus, il ne pouvait demander de l’aide : tous se ligueraient contre lui, miliciens, gardes… Il ne restait qu’une solution.

« - Fiston, cours annoncer à maman qu’on a des invités. Dis-lui de préparer un véritable festin. »

Aussitôt le garçonnet courut à en perdre haleine. Le visage du paysan se durcit, espérant que sa femme comprendrait le message et cacherait le peu de nourriture qu’ils avaient. L’hiver n’était pas complètement terminé, et donner ses réserves était comme condamné sa famille.

Lorsqu’ils arrivèrent dans la chaumière, les compagnons s’arrêtèrent, stupéfaits. Pour tout mobilier il n’y avait qu’une table et trois chaises, pas un tapis pour cacher ce plancher infesté de termites ni de chandelles pour éclairer la pièce sombre, alors qu’ils étaient dans les heures les plus ensoleillés de la journée. De la suie, sûrement échappée de la petite cheminée cachée dans un coin de la pièce, recouvrait les murs environnants, renforçant encore plus cette obscurité maladive.

Dans cet environnement si frugal la femme se tenait face à la porte, tétanisée à la vue des six soldats. Sa robe était rapiécée ; autrefois elle avait dû être blanche, sûrement lors de sa jeunesse, mais désormais ce n’était plus qu’un réceptacle de la poussière et des immondices que les années s’étaient chargées de déposer dans la maisonnée. Au contraire, son visage, qui autrefois devait être rose, n’était plus que d’une pâleur cadavérique, et les traits tirés sur ses os firent prendre conscience la misère dans laquelle cette famille vivait.

Quand au fermier, il se réjouissait intérieurement du rangement qu’avait effectuée sa femme. En cachant la bougie et leur vase en terre cuite, elle sauvait une partie non négligeable de leur mobilier. De plus, elle avait bien dû cacher aussi leur unique livre de patates ! Si le fermier avait eu le don d’omniscience, il aurait alors pu lire dans les âmes des six compagnons une terrible prise de conscience. Ils savaient les paysans éloignés pauvres, mais à ce point !

Malgré leur diète forcée de deux jours, la vue de cet omniprésent vide qui habitait nonchalamment ce lieu les révulsèrent et leur coupèrent l’appétit. Qu’y avait-il à manger d’autre dans une telle demeure que du vide ? Les murs, le mobilier ? Rien de ce qui eut pu les aider… Et ces hommes vivaient toute l’année dans un tel état de misère, pas seulement pour un ou deux jours !

Cette simple pensée calma la fureur sourde de Geoffroy. Comprendre une telle injustice lui avait été comme un retour dans la forêt : un malaise !

« - Finalement, on devrait se débrouiller seul. »

« - Vous êtes sûrs ? » demanda l’homme, qui pourtant s’était rapproché et les dirigeait maintenant vers la sortie.

« - Attendez » signifia Mav.

L’homme se pinça les lèvres, jamais il n’aurait dû poser une telle question.

« - Vous n’avez pas peur » continua Mav, « simplement armé d’une fourche rouillée ? »

« - Messieurs » commença poliment le pauvre hère, « en ce lieu, la peur est en toute chose. Nous vivons avec elle et la cultivons au même titre que le blé… sauf qu’elle elle a trouvé un meilleur engrais et s’est développée plus rapidement… Comment voulez-vous que nous luttions de toute manière, seuls les soldats ont le privilège de ne pas paniquer. »

« - Et si, disons, on vous offrait une épée, vous ne seriez pas plus à même de vous défendre ? »

Le paysan dévisagea Mav avec de larges yeux ronds.

« - Vous le feriez ? »

« - Bien entendu, ne nous croyez pas sans cœur, votre mis… votre condition nous a marquée. »

« - Mais vous imaginez bien que nous ne faisons pas cela gratuitement » s’interposa Geoffroy.

A cette réplique, Mav lui marcha clairement sur le pied, en grondant :

« - Je lui donnais cette rapière ! »

« - Tu ne sais profiter de la situation » tiqua Geoffroy.

Le paysan, qui avait entendu le marché, expliqua avec faiblesse, les pleurs dans les yeux :

« - Je ne peux pas vous l’acheter ! Vot’ arme vaut plus que ma maison… Pourtant Serpent seul sait à quel point j’aimerais pouvoir défendre ma famille et venger mon fils. »

« - Je ne vous demande qu’une chose, monsieur : guidez-nous jusqu’à cette forêt de l’Est en évitant les soldats. »

« - Alors c’est ce que je pensais, vous n’êtes pas d’une patrouille ! » tonna le paysan. Il ne voyait comment il pourrait survivre à un affrontement, et dans un dernier sursaut d’orgueil toute son essence qui avait été cloîtrée par cette pauvreté prégnante s’exprima dans toute sa puissance.

« - Vous as-t-on déjà proposé un tel marché ? Contre un jour de marche, une épée ! C’est très cher, vous savez, très très cher. »

« - Non, jamais, mais si c’est pour me tuer après, en quoi y suis-je gagnant ? »

Alors, à la surprise des cinq compagnons et de l’homme, Geoffroy s’agenouilla devant le fermier et se confessa.

« - Vous avez raison, nous ne sommes pas des patrouilles. Comme vous nous vivons la peur au ventre, sans savoir quel sera notre lendemain. Si nous désirons échapper aux soldats, la raison est simple : nous poursuivons une quête qui dépasse les limites du royaume, une quête qui nous a fait renier jusqu’à notre habitat auquel nous attachions toute notre vie. Vous nous voyez en apparence misérables, en haillons, les vêtements rapiécés, la mine désabusée par les événements, mais nous sommes pires intérieurement. Les jours et semaines n’ont cessé de déchirer nos cœurs et à chaque heure un sillon sanglant a ébranlé nos convictions. »

« - Quelles convictions ? »

« - En ce monde la paix peut exister. Avec elle la prospérité naîtra. »

« - Vous me promettez de ne pas me tuer et de me donner l’épée ensuite ? »

Geoffroy s’étrangla de surprise, avant de rire. Cet homme là était encore meilleur que lui, et ne perdait jamais de vue son désir.

« - Nous vous le jurons. »

« - Prenez une miche de pain alors, mangez vite, puis nous partons. »

« - Nous ne voudrions vous dépou… » commença Kirla, qui fut interrompu par Geoffroy.

« - Il le fait de bon cœur, tu sais. »

A cela, Kirla ne put que répliquer :

« - N’empêche, si tu n’étais pas un ami, je te considérerais comme dangereux, à modeler la pensée des gens avec une telle facilité ! »

« - Tu sais, ce que tu viens d’entendre, ce n’était que le reflet de mon âme, un écho qui vibre dans mon cœur depuis des jours. J’ai préféré la franchise au mensonge, cet homme est digne de confiance. Pauvre, mais fidèle à tous ceux qui l’aident. »

« - Tu me sembles bien généreux aujourd’hui » le taquina Kirla.

« - Cet homme est comme Gotric. Gotric… » Geoffroy se tut pour considérer le vide avec mélancolie.

« - Courage ! »

« - Sa mort, c’est bien le plus profond sillon sanglant qui m’ait été fait. Celui-là, il ne cicatrisera jamais, même après le conflit qui se prépare. Tu vois, à la mort de Pierre et Richard, je m’en étais voulu de n’avoir pu les sauver, mais ils sont morts en pourchassant leur rêve de liberté… Lui est mort simplement à cause des demandes que j’avais formulées… »

Il s’écroula sur le parvis de la chaumière, serrant sa tête de ses poings. En sa bouche, une seule complainte qui traversait les sanglots pour se métamorphoser en une apothéose en espoir, un espoir terrible basé sur la plus forte source de désespoir : la mort. « Paix à son âme. »

De la psycho, en veux-tu en voilà :P . J'espère que ce n'est pas quand même trop :wink: .

Là je suis parti un peu en délire, normalement il ne devait pas y avoir un tel passage, juste une rencontre avec un paysan qui leur donne des nouvelles. D'ailleurs, j'avais totalement oublié ce Gotric. Mais cela s'est imposé à mon esprit d'en parler, histoire de conclure l'histoire de ce personnage secondaire... Mais si j'en parlais, me fallait un développement psychologique de Geoffroy, et ce me semblait logique qu'il se mette à haïr celui qui annonce une telle nouvelle sans prendre un ton de condoléance. Donc ça s'est rallongé pour aussi expliquer le revirement de pensée (en plus, ça tombe bien, un tel lieu ne peut qu'être miséreux!)

En fait, je précise, dans la forêt n'existent pas les agresseurs verts, ce n'est qu'un mensonge de Geoffroy ^_^ .

Enfin, ici on peut voir un peu la bivalence de Geoffroy: il peut être sans coeur, mais sera poursuivi par les remords. Il peut influencer à l'envie les gens, mais prendra sur lui les conséquences... En un mot, c'est un être qui se veut fort mais qui est rempli de faiblesse. Il a un certain panache, il peut se montrer hypocrite, puis peu de temps après confesser à un parfait étranger des choses que peu de monde pourrait dire même à un confident. Enfin, il est capable de revoir ses jugements, d'haïr d'abord ("malotru"...) puis de vanter les qualité d'un homme ("fidèle"...). Bref, je prends bien du plaisir avec lui ^_^ .

Iliaron

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Tu dis les avoir trouvé là ? »

Accord

Alors ce sont eux qui ont tués nos enfants

Pas d'accord

Bon sinon comme d'habitude, fourbe que tu es, tu as déjà fait le commentaire ! Il tourne donc autour d'un de tes héros ! Donc on a l'intérieur qui diverge beaucoup avec l'extérieur que tu nous avais montré ! Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine ! Quoique dans une histoire, on fait un peu ce qu'on veut !

Bon pour le reste, j'ai pas bien compris en quoi c'est important l'info que leur donne le paysan... A part la mort de Gotric et qu'ils apprenent qu'ils ont été vu, il y a pas grand chose d'autre ! Mais ca permet de rendre ton récit plus solide, c'est vrai. Comme une ficelle qui serait le fil de l'histoire ( jeu de mot ^_^ ) et tu entourerais d'autre ficelle autour pour faire un bloc plus solide ! Tiens ... J4aime bien cette métaphore :wink:

@+

-= Inxi, suite =-

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Chapitre IX: Passage "sympa", avec "l'ami"; ça m'a fait sortit un "hé bê"...

Et tu continues à mettre l'accent sur la peur que ressent Ilia, de perdre son amitié avec Kirla c'est du bon...

une cacophonie digne des soldats les plus rustres qu’ils avaient combattus
"qu'il aient", non ?
Il y eut un lourd silence, avant que l’être murmure :

« - Les êtres qui m’ont jeté ici s’étaient prénommés comme tels. »

C'est dommage, après tout ce mal pour éviter les répétitions.
Vous m’aviez alors apparu
C'est pas l'auxiliaire "être", pour "apparaître" ?
Il se tut alors ne préférant avouer qu’il avait alors penser que s’il mourrait dans l’heure
"pensé"; "mourait".
Etes vous… franc ?
"Etes-vous", non ?
Il aura des funérailles digne de… lui et de ses actes courageux
Si vous saviez tous les bons moments que j’ai passé avec lui…
Accord.
Quand les hommes ont désirés me jeter ici
Pas d'accord.
Je me rappelle quand gamin nous jouions aux chevaliers
Au pluriel, non ?
Nous nous étions alors jurés de jamais, ô grand jamais nous abandonner…
Je ne suis pas certain de la justesse de l'accord.
et voilà où ça l’a amenée… à un… à un…
"amené".
L’homme les suivit alors jusqu’à l’échelle, leur contant l’histoire de son amitié à son auditoire attendri.
Un de trop.
Peut-être pas besoin qu’il voit de suite les cadavres
"voie", non ?
L’homme hocha, joyeux, et sifflota un air qu’il venait de se souvenir
"hocha la tête"; on se souvient de quelque chose, on se rappelle quelque chose.
Quatre hommes s’avancèrent alors vers les deux joyeux drilles, et s’enthousiasmèrent :

« - Content de vous voir aussi heureux… »

"Contents", non ?
que Kev se souvienne vraiment de sa vraie mémoire
C'est fait exprès ? Modifié par Gemini Dragon
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Avant-hier en relisant tes remarques Gemini, et donc en corrigeant, je me suis surpris à être héberlué! Quand j'ai vu les erreurs que tu trouvais, les conseils que tu donnais pour des phrases! Quel bonheur!

Sinon, j'ai refait le chapitre IV après environ 7 heures passées dessus hier (et pas mal aussi avant-hier et aujourd'hui, déjà plus d'une heure sur la relecture ^_^ ). Jamais je n'avais été aussi inspiré (lire Feist, visiblement, ça aide ^_^ )

C'est donc un chapitre que tu peux lire Gemini (je précise, car comme tu n'en es pas encore à la fin tu dois ignorer les nouvelles suites)

Chapitre IV : Destins

Kev tituba un instant, maladroitement, avant de s’écrouler. L’esprit perdu dans les brumes, la pensée annihilée par la fatigue, il se retourna. Face aux questions qui bourdonnaient dans sa tête en un manège infernal et inutile, il ouvrit les yeux. La même vacuité régnait dans le ciel. Bleu, rien d’autre, uniforme, pas un nuage pour briser son empire, rien d’autre que cet océan dans lequel se noyer. Il tourna légèrement son regard pour découvrir le soleil. Lourd, écrasant, impérieux. Il ferma les yeux, et sombra dans un état second, entre rêve et cauchemar, fatidique limite entre passé et futur incertain.

Des voix, plutôt des cris. Un homme face à lui. Il se baisse. Pourquoi faire ? Cela est bien vide de sens de se baisser ! Une épée lui passe proche de sa chevelure. D’où venait-elle ? A quoi lui sert de continuer cette stupide course sans s’arrêter ? Et brusquement, le noir, vide et infini, désespoir et souffrance. Un clignement d’œil, du sang. A nouveau le noir. Cri, sang, supplique. Souffrance, couple diabolique. Beuglement de rage cette fois, flèche face à ses yeux. Silence.

Nouveau lieu nouveau temps, mais toujours cette souffrance prégnante qui s’évertue à s’accrocher à chacun de ses nerfs alors qu’il cherche à se débarrasser de ces parasites. Inutiles débattements, toujours l’épée rouge vient tâter ses membres. Larmes, supplications ; le fouet claque ; silence ; l’épée approche. La vie supplie de s’en aller, seulement retenue par des lambeaux d’âmes s’attachant encore au corps tuméfié. Déchaînement de toutes les cellules, volonté de mourir pour survivre, pour renaître de ses cendres. Quitter cet enfer !

Coup de fouet, le cycle infernal reprend, toujours plus rapide, toujours plus impitoyable. Ecrasement de toute résistance par la souffrance, folie furieuse enfermée en toute arme et qui ne demande qu’à se répandre parmi les entailles sanglantes qui labourent la peau comme un champ, sillons dans lesquels la putréfaction s’enchante. La vie, puis la mort, à nouveau la renaissance, aussitôt corrigée par le fléau mortel ; cela pouvait durer des heures, jusqu’à ce que l’âme expire et cesse son combat perdu d’avance. Espoir brisé dans les ténèbres de la mort…

En un cri de désespoir, bref sursaut d’orgueil dans lequel l’esprit battu s’oppose aux méfaits des tortures, Kev s’éveilla. Ce cauchemar, c’était sa vie, son passé et son futur tout à la fois, une tapisserie étendue devant ses yeux, déchirée sur chaque parcelle. Aucun pan de sa vie n’avait été épargné !

Un mercenaire s’approcha, et le gifla de toutes ses forces. Alors, la face enfoncée dans l’herbe, Kev laisse libre cours à ses sanglots. Il ne savait où il était, il ne savait où étaient ses amis, vivants… ou bien morts… L’espoir s’en était allé ! Cette formidable source qui s’écoulait auparavant dans son corps s’était tarie, ne subsistait que ce vide empli de morts, meilleur engrais qui existait pour que se développe une totale désespérance.

En un ultime effort de volonté, Kev se retourna. La vue du soleil le réconfortait. Oh ce n’était pas grand-chose, mais cela lui permettait d’éviter de sombrer du côté de son inconscient. Une masse sombre se rapprocha. Le soldat se décala, et se plaça de manière à le priver de la vue de l’astre solaire, étant comme un bouclier aux divins rayons.

L’ombre recouvrit le corps de Kev, l’obscurité se fit dans son esprit. Plus rien ne le retenait… Il ferma les yeux, s’abandonnant comme un pantin aux méfaits de son destin.

* *

*

Kev se réveilla en entendant le crépitement d’un feu. Ce bruit… Il ne pouvait plus l’entendre ! Trop de mauvais souvenirs hantaient ses songes, trop de désespoir lui avait été révélé par la simple lumière d’une flamme. C’était bien le plus fourbe des éclairages, il dissimulait absolument tout ce qui pouvait vous toucher, mais vous autorisait à découvrir malheur et mort dans l’aura de ses flammes.

Il ferma les yeux, puis voulut porter ses mains à ses oreilles. Il ne le pouvait, une solide corde les retenait. C’eût été étonnant, songea-t-il avec amertume. Enfin, cela n’était que superfétatoire, en son état, il n’aurait pas été capable d’aller bien loin.

Il se démena contre ce filin, pour constater que le toucher n’était pas âpre et sa peau ne se déchirait pas sous les frottements incessants. Etrange… Cela valait bien le coup d’entrouvrir rapidement un œil. Non seulement la corde était fine – il pensait que seules les dentelles étaient si légères ! – mais résistantes – une dentelle se serait fendue suite à la pression qu’il lui avait infligé -, et de plus jolie à sa façon ; certes cela ne valait pas un collier, mais les reflets de nacre qui luisaient dans la nuit étaient de toute beauté, à en faire apprécier d’avoir un feu pour découvrir les éclats orangés. Plutôt étonné, il en oublia de refermer les yeux. Un homme, encore un mercenaire, songea-t-il, mais ce n’étaient plus les mêmes, s’approcha de lui, une fiole à la main. S’il comptait lui faire boire une immondice, il pouvait déjà aller se rhabiller ! Avait-il une tête à ingurgiter tout ce qu’on lui tendait sous prétexte qu’il était prisonnier ?

L’être lui renversa la tête en arrière, déboucha l’ampoule et versa son contenu dans la bouche à Kev. Alors qu’il s’apprêtait à recracher, il constata que finalement le goût était tout sauf mauvais. Au contraire, cela était sucré et une sensation de bien-être l’envahit. Il en aurait bien redemandé, mais son orgueil d’homme prisonnier l’en retint. Tout de même, ce breuvage était un délice !

Alors un détail lui apparut en tête, et le frappa d’étonnement. Il était prisonnier et y prenait plaisir. Il s’émerveillait devant une corde et un fluide… Quelque chose était anormale ! La veille on le torturait, là, s’il n’y avait eu les liens, il aurait été comme un invité royal ! Clairement, ce n’étaient pas les mêmes mercenaires, ou alors dans la nuit ils auraient appris les bonnes manières. Un rapide regard lui apprit qu’ils auraient aussi appris à se vêtir à peu près convenablement, et, à l’odeur, à se laver. Non, en une nuit, de tels progrès étaient impossibles. Un rire enjoué vint lui confirmer cette hypothèse : qu’un de ses anciens agresseurs se soit mis à rire, c’eût été comme si Malak était gentiment venu le délivrer. En d’autres mondes, peut-être, et encore…

Un cri retentit, mais léger, comme porté par le souffle du zéphyr. Il se tourna en direction de l’homme qui avait hélé un autre, mais ne découvrit que le feu duquel s’élevait une épaisse fumée. Finalement, un des mercenaires approcha vers lui, tendit ses mains en avant et s’accroupit. Il s’enquit aussitôt :

« - Allez-vous bien ? Nous vous avons trouvé dans un camp de mercenaires, et après les avoir tués, nous vous avons recueilli » ajouta-t-il avant toute question. Il se pencha alors vers Kev pour examiner son visage ébranlé par cette nuit de torture. Une joue boursouflée et une large entaille au niveau du front, ainsi que de nombreux ecchymoses décoraient désormais le visage de Kev.

Ce dernier en profita pour scruter le visage de cet homme qui l’observait. La première chose qui retint son attention furent ses yeux : ils semblaient avoir vécu de longues années et vu de nombreuses choses, contemplé les pires désastres et brillé lors de fêtes enjouées ; et se tenaient calmement au centre de ce visage, comme témoins d’un âge passé et perdu. Pourtant, le reste du visage était parfaitement jeune, d’une finesse rare chez les hommes. Le nez du mercenaire était fin, semblant comme une goutte d’eau sur une feuille de chêne, à la fois pureté et beauté. Pareillement, ses lèvres, qui traçaient un fin trait rose dans ce faciès, s’inséraient avec grâce, telles la tige retenant les pétales d’une fleur au nectar enivrant. Enfin, un détail intrigua l’attention de Kev : les oreilles de l’homme étaient sans lobes, et leurs pointes se dirigeaient en une lente et harmonieuse courbe en direction du ciel. Il ne parvenait à imaginer de tels attributs sur d’autres visages, mais sur celui-ci, au contraire, des oreilles normales auraient dénaturées ce visage façonné à l’image de la nature ; la perfection émanait de cet homme !

Kev se força à finalement détacher son regard de ces oreilles si étranges et étonnantes, pour finalement s’attarder sur les vêtements du mercenaire. Là où il se serait attendu de la part d’un tel être de combat et d’argent à supporter un individu défroqué vêtu d’une épaisse armure à peine polie et grinçante et de quelques habits négligemment enfilés, il découvrait la même grâce que celle habitant le visage de l’être. Des cuissardes damasquinées, où étaient finement brodées d’un fil d’or deux plumes, montaient jusqu’aux genoux de l’homme, tandis qu’un bas de chausse de soie couvrait le reste de ses jambes. Ce vêtement était teint en marron tandis qu’un nouveau motif de plume réalisé dans un splendide camaïeu de vert ornait ses cuisses. Ensuite, il devinait aisément une ceinture de cuir à laquelle était attachée à sa gauche une dague enfoncée dans son fourreau, et à sa droite de petits sacs dans lesquels devaient reposer divers ingrédients. Enfin, son torse était couvert d’une chemise d’un marron clair – il la devinait grâce au liseré qui venait s’émousser contre le cou de l’homme – surmontée d’une fine cotte elle aussi de couleur marron. Kev fut surpris du raffinement de l’être lorsqu’il remarqua les bombardes, ces manches aux bords dentelées, qui venaient se briser sur les bracelets d’argent et d’or. Enfin une cape de couleur marron était passée au-dessus de ses vêtements et s’écoulait en pli régulier jusqu’à terre. Nul ornement sur cette dernière, et Kev devina que si l’être s’enroulait dans cette cape, il pouvait parfaitement se dissimuler aux yeux de tous et apparaître avec aisance, dague contre votre nuque. D’ailleurs, la capuche qui pendait à l’arrière de son crâne confirmait cette crainte, car, en la rabattant sous ses yeux, nul ne pouvait connaître son identité.

Un rapide doute s’empara de l’esprit de Kev, mais il ne parvenait à suivre une pensée claire, brouillé par sa nuit de tortures. Pour que cet être se débarrasse des mercenaires, il devait disposer d’une puissance prodigieuse… terrifiante même ! Pourtant, il était tellement anéanti par les épreuves qu’il venait de subir que son esprit cessa d’opposer sa méfiance. Cet être lui avait sauvé la vie, une nuit de plus et il serait mort dans d’atroces souffrances, en outre l’homme faisait preuve d’un raffinement appréciable, ne basculant pas dans l’excès à insérer rubis et autres saphirs sur ses vêtements. Enfin, il possédait un visage tel qu’il ne pouvait qu’inspirer la confiance, la sagesse émanait de ses yeux… Et il était si las… A quoi pouvait donc lui servir de résister.

Par curiosité, encore intrigué par la nature de l’être, il se décida à le questionner. De par le ton de la réponse, il pourrait très bien aviser ensuite…

« - Qui êtes-vous ? De quelle race êtes-vous ? »

Kev craignit d’être allé plus loin devant le soupir de l’homme, et s’en voulut presque d’avoir été aussi franc. Il n’était pas vraiment en position de force. Une larme fugitive apparut au coin de l’œil de l’homme lorsqu’il articula :

« - Je me nomme Mälthion. J’é… Je suis un elfe de Loriath : un Ath. » Son ton était triste, et le regard de l’elfe semblait s’abîmer dans les profondeurs de la réflexion. Il continua à faible voix : « C’é… C’est une belle et luxuriante forêt, nous y avons vécu longtemps… oui, très longtemps même. »

Kev s’était attendu à toutes les réactions sauf à celle-la. Il bougonna, mal à l’aise :

« - Je comprends… »

Il aurait aimé trouver une pique à sortir sur lui-même pour redonner le sourire à l’homme. Geoffroy, lui, y serait parvenu ! Geoffroy…

« - Désolé, les remords… Athi j’étais habitué à gambader avec bonheur sous une voûte d’arbres aux feuilles colorées. » Il marqua une courte pause, avant de soupirer. « Bien des hivers ont passé ».

Kev fut alors étonné de se sentir aussi proche de l’être. Lui aussi donnait cette impression d’un passé heureux, et d’un futur tendu vers l’errance. Et dire que quelques instants auparavant il aurait douté de cet être ! Ils pouvaient se comprendre, il en était sûr ! C’est avec cette idée en tête qu’il osa déranger les pensées de l’Ath :

« - Excusez-moi, quand vous m’avez sauvé, avez-vous trouvé d’autres… d’autres prisonniers ? »

Mälthion fixa Kev, avant de souffler :

« - Désolé, aucune trouvaille de vos compagnons. »

Kev leva la main, sans savoir pourquoi. Parler ? Crier ? Pleurer ? Son bras retomba à ses côtés. Il était anéanti, le monde tournait autour de lui à une vitesse vertigineuse et il ne parvenait à y laisser son empreinte. Ses amis… disparus ?

« - Si tu es le seul à avoir était sauvé, c’est simplement que tu étais le seul à dépareiller parmi les autres mercenaires. Sinon on t’aurait peut-être tué, à longueur d’arc, on ne peut distinguer l’ennemi précisément. »

Alors il y avait encore de l’espoir. Fin, ténu même, mais n’était-ce pas grâce à un tel fil qu’il vivait depuis six ans. A force, il s’y était habitué ! Tant que ce filin d’espoir perdurait, la vie régnait. Il demanda, plus par envie de parler et de ne pas avoir à penser aux malheurs qui pouvaient être arrivés à ses compagnons.

« - Vous êtes vous-mêmes mercenaires, j’imagine. »

« - Absolument pas… Disons qu’avec mes amis nous parcourrons le monde à la recherche de choses et d’autres… »

« - Ce doit être souvent passionnant » remarqua Kev, sans réellement s’engager dans la conversation.

« - Ca pourrait l’être, si on ne faisait pas constamment de telles rencontres… Bandits de grands chemins, voleurs se croyant plus malin que leur poignard… Mais on vit avec. »

Kev aurait apprécié d’oser changer de sujet et aborder directement le problème qui lui tenait à cœur. A la place de cela, il ne trouva qu’à répondre bêtement.

« - Vous permettez toujours à des innocents de survivre. »

« - Pas forcément aussi innocents que cela » lâcha Mälthion avec une pointe de sarcasmes. « Mais sûrement plus que ceux que l’on tue, c’est sûr » finit-il avec ironie.

Kev sourit à moitié, comme s’il avait oublié la manière de sourire pleinement ; visiblement son âme refusait d’être à nouveau heureuse !

« Tu veux de nouveau de la potion, tu me sembles bien pâlot. »

« - Je veux bien » accepta avec plaisir Kev, « c’est juste que je me fais du souci pour mes amis… »

Mälthion ria avec légèreté, avant d’expliquer :

« - Tu n’es pas commode comme enfant. D’habitude les gens que nous sauvons sont bien assez heureux comme cela pour ne cesser de nous louer, toi tu es perdu dans ta tristesse et te plaint de ne pas avoir tes amis proches de toi. »

Kev voulut protester, mais l’Ath le coupa avant même qu’il ait eu le temps de parler :

« - C’est bien, tu as en toi des valeurs dans lesquelles je crois aussi. »

Un des elfes – Kev le devina aux oreilles pointues, sûrement une caractéristique des Aths songea-t-il – s’approcha de Mälthion et lui murmura quelque chose à l’oreille. Ce dernier se tourna vers Kev, et lui apprit d’un air contrit :

« - Nous repartons demain : rapport de mon éclaireur, des hommes sont dans le coin, faut se méfier. Nous feras-tu l’honneur de nous accompagner ? »

Cette remarque était faite avec gentillesse, et Kev ne sentit nulle hypocrisie dans l’étiquette de politesse. L’homme commença à balbutier, avant d’être à nouveau coupé par l’elfe :

« - Tu as le temps pour décider, la nuit en fait. »

Après un instant de silence, Mälthion souffla à faible voix :

« - Je sais à quoi tu penses, à tes amis. Ce choix est compliqué à réaliser, je le comprends, laisse-moi donc t’indiquer les deux possibilités, après tu pourras décider. »

Kev se tourna avec intérêt vers l’elfe, qui continua :

« - D’un côté, tu nous accompagnes pour un temps. Ne t’inquiète pas, tu pourras partir ensuite si tu le souhaites. Certes sans tes amis, mais malheureusement en l’état tu ne peux rien faire, et nous ne pouvons t’aider.

De l’autre, tu restes ici et nous laisses partir. A pied… Tu as à peu près autant de chance de te faire découvrir par le reste de la troupe de mercenaires - certes ils auront normalement tes amis, et encore… - que par les ennemis de ta nation. Même trouvé par ceux de ton royaume, seras-tu réellement accueilli dans un tel état, ne doutera-t-on pas de ton propos ? Ensuite, imaginons le cas où tu parviennes à trouver tes amis. Seuls, sans arme, que pourras-tu faire à part leur signifier que tu les apprécies ? La mort t’attendra, mais elle sera seule ! »

« - Si je ne peux faire que cela, je serais déjà heureux ! »

Mälthion s’arrêta dans sa harangue, surpris par les paroles de Kev. Comment, à cet âge, l’on pouvait parler avec un tel détachement ? Comprenant à quel point le jeune homme était désespéré, Mälthion s’accrocha au dernier espoir qui lui restait pour faire entendre raison à Kev.

« - Sois conscient que prendre cette option est donc courir après l’espoir, mais souvent son reflet est trompeur et il est aisé de s’abîmer dans sa faute pour ne jamais en ressortir vivant ! L’autre est suivre la voix de la raison, celle que tes amis aimeraient que tu suives. »

Kev se surpris à répliquer plus violemment qu’il ne l’aurait voulu :

« - Tu parles d’un choix ! Que sais-tu de l’espoir d’ailleurs ? »

Un malaise entoura cette question, et Kev comprit avec crainte son erreur lorsqu’il remarqua tous les elfes se lever d’un air rageur. Mälthion se redressa alors de toute sa hauteur, fit signe à ses compatriotes de se calmer, et se tourna à nouveau vers Kev :

« - J’en sais plus sur l’espoir que tu ne pourrais même imaginer durant toute ta vie. Nous avons souvent suivi l’ignoble reflet de l’espérance pour découvrir à chaque fois des impasses. On pense toujours que l’on peut faire demi-tour, mais cela n’est que foutaises. Non, si tu réalises un mauvais choix maintenant, quand tu te retrouveras face à la mort, tu ne pourras que te maudire. Il sera trop tard, tu saisis. Quand à savoir si tu iras ensuite en Althior ou dans toute chose… » Une lueur de folie brilla dans les yeux de l’Ath, avant d’être remplacée par ce même éclat terne de tristesse. Là où sa voix avait été pleine d’une puissance maîtrisée, il acheva d’un ton las : « je ne te force pas, mais un mauvais choix te coûterait très cher… »

Kev acquiesça, convaincu.

« - Sellez un cheval supplémentaire, dans ce cas.

Mälthion s’autorisa un fugace sourire, avant de répondre sardoniquement avec maintes mimiques destinées à détendre l’atmosphère :

« - Il en sera fait ainsi. »

Mälthion lança un regard en direction d’un nouvel elfe. Ce dernier avait le visage énervé de celui qui a perdu trop de temps et pense que toute sa vie s’en trouvera anéantie. Il soupira. Etait-ce sa faute s’il aimait passer du temps avec certains hommes qui lui apparaissaient purs ?

* *

*

Geoffroy s’éveilla brusquement. Sa tête bourdonnait intensément, et un profond mal de crâne lui était une torture de tout instant. Des liens noueux lui enserraient les poignets, et lui lacéraient la peau à chacune de ses respirations. Il eut beau tirer, forcer, gratter la terre, rien n’y fit. Le seul et unique changement fut que la corde, à l’origine de couleur terre, se teinta de rouge à en devenir poisseuse. Si seulement cela lui avait permis de la couper, il aurait accepté cette souffrance supplémentaire. Là, non seulement sa tête, mais aussi ses poignets, l’élançaient. Il ne faisait pas bon se faire capturer !

Comme il n’avait rien d’autre à faire que d’attendre - il ne savait quoi, mais rien d’enchanteur, il le devinait sans mal – il laissa son regard errer le long des visages de ses trois compagnons.

Mav dormait à ses cotés, et à part une vilaine plaie le long de son front, ainsi qu’une entaille à sa cuisse droite, il semblait ne pas être trop amoché. Certes le sang séché lui donnait mauvaise mine, de plus la souffrance lui avait arraché un teint pâle mais Geoffroy avait confiance.

Arthur, un peu plus loin, allongé de tout son long, présentait un visage légèrement moins rassurant. Il avait du se prendre un pommeau d’épée, ce qui expliquerait la large tâche bleue qui recouvrait à peu près tout son visage. Sa peau tuméfiée semblait se taveler à vue d’œil et à sa mâchoire manquaient clairement quelques dents ! Là encore, Geoffroy se força à rester optimiste : Arthur était tout de même un grand gaillard ! Il en avait vu d’autre, certes jamais de tels coups durs, mais il y survivrait et son sourire serait intact. A se demander comment Arthur pouvait être aussi joyeux en toute circonstance ! Cependant, ce sourire risquait de se trouver entaché, soupira Geoffroy avec un pessimisme grandissant.

Son regard se décala alors vers Gontrand. Des trois, il était très certainement le plus amoché. Toute la peau non recouverte par des vêtements était couverte de nombreuses balafres. Ce n’étaient pourtant pas ces quelques entailles qui angoissaient Geoffroy, même si cela était impressionnant à voir : sûrement ces coupures n’avaient pour origine que des branches. D’ailleurs, après quelques coups de fouet, lui-même aurait de telles empreintes sanguinolentes. Non, ce qui l’angoissait était le ventre de son ami. Sur toute cette partie ses vêtements étaient empreints de couleur rougeâtre, et il devinait même un trou béant. Probablement une flèche… Il fixa alors intensément un point très proche de la poitrine de Gontrand, et garda les yeux largement ouverts. Une première fois ce point disparut, puis encore une deuxième fois. Tant que Gontrand respirait, il était vivant !

Ils étaient prisonniers, mais pas désespérés : La situation aurait pu être bien pire, surtout au vu de l’intensité des attaques ! Il ne savait où il était, ni par qui il était capturé, mais était simplement heureux d’être vivant.

N’empêche, sans ses trois amis qui l’avaient bigrement aidé lors de l’attaque, il ne savait ce qu’il serait devenu. Eux trois avaient été magnifiques, eux trois avaient combattus avec courage, eux trois… qui étaient quatre au départ. Geoffroy lança alors un regard terrifié partout alentour pour saisir que Kev n’était pas parmi eux. Il se força à se rassurer, il avait été clair que les ennemis voulaient capturer le jeune homme, non le tuer. Il devait simplement être… ailleurs. Mais où ?

Mav se réveilla à son tour. Se tournant vers Geoffroy, il remarqua, la bouche pâteuse :

« - T’as pas bonne mine. »

Geoffroy se força à rire, et acquiesça :

« - Personne a bonne mine. »

« - Toi, ça a été quoi ? » s’enquit à basse voix Mav, alors qu’il cherchait à se poser dans une position plus confortable.

« - J’ai vu deux gars face à moi encocher une flèche. J’ai sauté de mon cheval. Tu vois, les gens à habits verts, j’ai plus confiance ! » Mav opina silencieusement, alors que Geoffroy continuait sur le même ton atone : « Je me suis plutôt mal réceptionné sur la tête. Heureusement que j’avais un casque ! »

« - Alors t’as été le plus chanceux ! Après m’être pris une lame au niveau du front, puis un autre idiot qui est tombé contre ma jambe, ils ont voulu me capturer. Ca a été un coup de poing dans mon ventre. J’avais plus d’oxygène, mais j’étais encore debout. Donc j’en ai reçu quelques autres jusqu’à ce que je m’évanouisse. »

« - Les salauds, ils auraient pu te frapper à la tête plus simplement. »

« - J’aurais aimé leur faire la remarque » approuva Mav avec un sourire rapide « mais ils ne m’ont pas laissé le loisir de parler… »

Après un regard de connivence où haine et ironie se mélangeaient, Mav souffla avec inquiétude :

« - Tu penses qu’ils sont là. » Il n’y avait nul besoin de plus de précisions : ce « ils », chacun des compagnons y songeait à tout instant de la journée, peaufinant leur vengeance à chaque heure.

« - J’en suis quasiment sûr. Je sens la haine en mon cœur… »

Ils restèrent alors silencieux, n’éprouvant plus le besoin de parler. Ils étaient épuisés, tellement rongés par la peur qu’ils ne parvenaient même plus à détourner leurs pensées de leurs amis, de Pierre, de Richard et de Kev… Ils se sentaient à la fois proches, en leur cœur vivaient ces trois amis, mais aussi si loin, quasiment persuadés que jamais ils ne les reverraient avant leur mort.

Une heure après, un homme à l’aspect rustre entra dans leur tente, découvrant les deux amis dans la même position, immobiles, ressassant en un éternel leitmotiv leur haine. Il s’approcha de Gontrand qui geignit, recevant un coup de pied dans les côtes, puis gifla Arthur, qui beugla d’une rage impuissante.

« - C’est bon, sont enfin réveillés » s’écria le mercenaire, avant de sortir aussitôt de la tente. Un autre archer entra alors.

Sa prestance forçait le respect malgré la haine qu’éprouvaient les amis à l’égard des gens vêtus d’une telle manière : d’une cape verte. Avant même que de regarder le visage, les compagnons s’étaient fixés sur ces deux détails : cape verte, et dans le carquois des flèches qui brillaient au soleil. Vraisemblablement un liseré d’or ! Une haine froide inonda Geoffroy, le plus réveillé des quatre, en somme celui qui s’était fait le moins amoché lors de leur capture et qui pouvait donc ouvrir en entier ses yeux. Cette rage était d’une telle intensité, encore plus forte que celle qu’il avait déjà connu – et pourtant c’était un sentiment qu’il avait maintes fois éprouvé – à tel point qu’il pouvait encore réfléchir calmement. D’abord, comme à la chasse, avant que de traquer un animal, mieux valait repérer les forces et faiblesses de ce dernier.

Le chef mercenaire était vêtu plutôt simplement : il chaussait des bottes de cuir simples, sans aucun raffinement, qui paraissaient plutôt légères. Pas de tiges de fer pour maintenir un semblant de rigidité ni de soleret pour se protéger efficacement les pieds. Leur ennemi était donc plutôt dans le genre discret que dans le genre bourrin, préférant sans nul doute la cache d’un arbre pour tirer qu’un champ de bataille exposé. Ensuite, il portait un pantalon assez moulant et de couleur verte. Cela ne faisait que confirmer la première impression. Le vêtement laissait clairement comprendre qu’il n’y avait aucune protection dessous, et cela confirma nettement la première impression. Cet être était forcément plus agile que fort, sa protection ne résidait pas dans une armure, mais bien dans sa souplesse et sa capacité à se mouvoir tout en évitant les coups. Ensuite, il était vêtu d’une chemise vert clair, surmonté d’une première courte cape cette fois-ci couleur feuille de chêne, puis enfin une seconde cape, plus longue, d’un vert foncé. Enfin, ses cheveux se trouvaient enroulés dans une ceinture de cuir qui protégeait efficacement des coups pour un poids minimal, ainsi que d’un turban vert. Un tel portrait aurait pu presque être joli à regarder en tableau, mais pas en réalité, tellement une odeur âcre émanait de tous les vêtements de l’homme, à croire qu’il l’avait fait exprès afin de leur infliger une nouvelle torture. Ce raisonnement ne tenait pourtant pas la route : beaucoup d’hommes sont prêts à infliger la torture à d’autres, mais pas à eux-mêmes ! Aucun être sensé ne pouvait supporter une telle odeur !

Geoffroy dirigea ensuite son regard en direction des yeux de l’homme, profitant que ce dernier ne l’observait pas : il n’aurait jamais osé que l’archer remarquât qu’il le dévisageait. Une puissance régnait dans ces pupilles, un pouvoir bien plus grand que celui qu’il avait déjà trouvé dans celui du duc Jules, comme si cet être était capable à lui seul de bien des prodiges. Une telle constatation aurait suffi à le faire paniquer, mais il remarqua en plus briller une lueur de tyrannie. L’homme ne devait pas en être à son premier crime et la folie meurtrière ternissait ses rêves de pouvoir. Enfin, derrière le sourire carnassier de ce chef, Geoffroy y décela des dents d’une blancheur inquiétante, à l’aspect presque pointu, comme s’il se les limait !

L’être s’agenouilla au centre de la tente, afin de ne pas toucher les anneaux métalliques qui pendaient, et dévisagea chacun des compagnons comme pour y lire dans leurs pensées. Devant la force d’un tel regard, chacun se sentit presque percé à nu. Mais ils étaient tous faibles, donc moins résistants à ce genre d’agressions.

« - C’est donc vous qui avez tué neuf de mes hommes » commença leur agresseur, « on ne dirait pourtant pas, à vous voir ainsi… » Il pesta en silence, et les compagnons devinèrent qu’il se maudissait autant qu’il les détestait. « Vous avez bien de la chance qu’on me propose un bon prix… »

Il sortit sans plus de paroles de la tente. Visiblement ce n’était pas le genre de type à aimer discuter, et encore moins à accepter ses torts…

Le soir, les quatre amis sortirent enfin de cette tente à l’ambiance morbide pour être traînés, enchaînés les uns aux autres par les poignets, jusqu’à un feu de camp. Là, des coups de poings leur firent comprendre qu’ils devaient s’asseoir, même s’ils étaient déjà étendus dans la boue. Ensuite, une fois que tant bien que mal ils s’étaient prostrés dans une position jugée convenable, deux gardes passèrent et leur jetèrent la nourriture à terre, réprimant avec hilarité des remarques du style « Oh, fallait sortir vos assiettes. » Puis ils repartirent, les quolibets des archers accompagnant chacun de leur pas. Peu importait tout cela, les quatre compagnons se jetèrent avec avidité sur la nourriture. Cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient pas mangé !

Après sa première bouchée, Mav se releva et regarda tout autour de lui. A voir les mercenaires les pointer du doigt et s’esclaffer, nul doute qu’ils les considéraient comme des animaux. Ils se tenaient comme s’ils assistaient à un spectacle attrayant, eux quatre étaient leur divertissement, rien de plus. En d’autres mots, se mit à craindre Mav, quand les rires cesseront et qu’ils nous jugeront incapables d’encore les divertir, nos vies cesseront aussi.

Les rires s’arrêtèrent pourtant tous brusquement lors de l’arrivée d’une troupe de cavalerie menée par un homme à l’aspect plutôt déroutant. D’aucuns auraient dit qu’il était inquiétant, d’autres franchement grotesque.

La première chose qui choquait était ses vêtements, tous d’un rouge amarante criard. Celui qui à sa vue ne devinait pas que cet homme était un Mormundien ne pouvait qu’être aveugle ! Ses larges bottes aux bouts ferrés s’enfonçaient avec pesanteur dans le sol, laissant penser qu’en fait cela n’était qu’un soleret déguisé de cuir. Là, la couleur rouge était en partie cachée par la boue qui s’y était accumulé. Ensuite, au vu des pièces d’armure que le roi ennemi portait, les compagnons devinèrent qu’ils auraient beau lancer une charge de cavalerie contre Malak, les lances se briseraient plutôt que de transpercer les différentes couches d’armure. Jamais ils n’avaient vu un tel excès accordé à la protection, à se demander comment son cheval, lui aussi caparaçonné, pouvait y survivre. Ce n’était pas possible, mais ce qu’il chevauchait devait être un cheval de trait, non un destrier ! Ses jambes étaient préservées par un cuissard, et ensuite son torse protégé par une cuirasse sur laquelle un haubert laissait s’écouler ses milliers d’anneaux métalliques. Rien de tel pour refroidir les ardeurs du premier chevalier venu. Ensuite, au-dessus de ces deux armures, reposait une broigne, épaisse tunique renforcée d’anneaux métalliques – à se demander comment il pouvait s’habiller puis se tenir debout ! -, de couleur rouge écarlate. Ses mains se trouvaient couvertes d’un gantelet, tandis qu’un gorgerin et une salade mettaient à couvert le visage des coups ennemis. Enfin, afin de cacher un peu le métal - dont le simple reflet devait se confondre avec celui d’une armée, utile pour faire une diversion, songèrent les quatre amis – était une cape de couleur rouge cramoisie, qui s’harmoniait avec une certaine élégance aux deux autres rouges de ses vêtements. Sous cette cape, les compagnons découvrirent une longue épée qui pendait négligemment contre la monture. Ils ne mettaient en doute la force du roi, et nul doute que lorsque cette colichemarde à deux mains s’abattait sur un ennemi, les chances de survie étaient faibles.

Ils baissèrent ensuite les yeux pour observer le cheval, à l’allure tout aussi massive – mieux valait pour lui d’ailleurs -, un caparaçon de cuir et un écu reposaient contre ses flancs sur lequel le blason de la famille royale était finement reproduit. Ce n’était autre qu’un serpent assez long qui s’enroulait autour d’un heaume. De sa gueule ouverte, et qui laissait voir des crocs luisants de poison, s’échappait une lance de cavalerie. A proximité de la pointe une cornette avait été réalisée, sur laquelle le même motif était réalisé semblait-il à l’infini. Certes un tel blason inspirait la crainte, mais de par sa recherche il émerveilla les quatre amis. L’héraldique n’avait pas été autant développée à Foy, à l’origine le peuple ne devait être qu’une même famille, tandis qu’ils découvraient brodé le long de chaque caparaçon un blason, certains différaient entre eux, d’autres non. A dire vrai, ces blasons étaient de véritables œuvres d’art, nul défaut ne s’y trouvait, et il n’y avait aucun excès dans les représentations, pas de serpents à la gueule trop emplie de crocs, pas plus d’une lance de cavalerie… En eux tout n’était qu’harmonie, comme le fruit d’évolutions de dizaines de générations.

« - Vous êtes donc enfin arrivés » commença mielleusement le chef des mercenaires. « Nous allions partir. »

« - Vous ne seriez pas partis avant que j’arrive » rétorqua le roi Malak, l’air hautain. « Où est donc la marchandise ? »

« - Ici même, sire » répondit l’archer avec tout le raffinement dont il savait faire preuve, tout en pointant son index en direction des quatre compagnons.

Le roi s’approcha des hommes à terre, et prit leurs visages dans ses doigts joufflus. Cela laissa tout loisir – façon de parler – aux hommes de l’observer. Ses yeux noirs – à l’image de son cœur, nota Geoffroy – étaient injectés de sang – qu’est-ce qu’un roi ne ferait pas pour afficher la couleur de son peuple ? se questionna Geoffroy, tandis que Mav se demandait si en ses yeux n’était pas tout le sang que Malak avait fait coulé – et les pupilles semblaient ne jamais pouvoir s’arrêter de bouger. En effet, elles se propulsaient de droite à gauche à une vitesse alarmante, évaluant d’un regard expert la marchandise qu’il allait acheter – une qualité détournée à bien mauvais escient, pensa cette fois Arthur – et préparant déjà les défauts qu’il allait pouvoir répliquer à ce mercenaire. Le nez de Malak semblait comme une hache dans un tronc tandis que son sourire démoniaque qui vibrait au rythme de son excitation se confondait avec les vagues rageuses qui s’abattaient depuis l’éternité contre les falaises. Enfin, les rares cheveux qui s’échappaient du casque étaient poisseux et huileux. Visiblement le roi partant à l’assaut ne perdait pas de temps à se laver – ça lui ferait pourtant pas trop de mal songea Geoffroy alors qu’il plissait son nez de dégoût, et détournait finalement son regard : le supplice d’un tel visage devait cesser sinon il régurgiterait le maigre repas qu’il avait reçu.

Comme le roi avait finalement fini son inspection, il se retourna et rétorqua au chef mercenaire :

« - Vous m’en aviez promis cinq en bonne santé. Voilà que je me retrouve avec quatre torturés et affaiblis. » Sa voix tonnait de colère. Il sortit une lourde bourse, avant de ricaner : « cela va faire baisser le prix. J’espère pour vous qu’ils peuvent encore parler ! »

« - Vous n’oseriez pas ! » commença avec menace le chef mercenaire. Il se ressaisit aussitôt et continua d’une voix aussi douce que possible, dans laquelle perçait l’hypocrisie : « Nous sommes désolé, mais nous avons trouvé une meilleure offre pour l’un d’entre eux… Mais ne vous inquiétez pas, ceux-là n’ont quasiment pas été torturés. Surtout comparé à l’autre » se moqua-t-il.

Geoffroy, Mav, Gontrand et Arthur, blessés par cette révélation, se regardèrent les uns les autres, une expression de haine indicible leur déchirant le visage. D’habitude, une telle expression est fugace, mais cette fois-ci, elle semblait gravée dans leur faciès, comme si jamais plus elle ne partirait, comme si ce ressentiment ne pourrait jamais s’effacer de leur cœur et rancœur.

En de tels moments, la réflexion n’a aucune prise sur l’homme, les actes sont impulsifs, dirigés par la fureur là où la raison devrait être. D’un même mouvement, et bien que parfaitement conscient d’être tous enchaînés, les quatre se levèrent violemment. Avant même que les mercenaires n’aient le temps de réagir, Arthur beugla et chargea Malak. Ce dernier n’eut le temps de réagir, et il trébucha lourdement à terre. Sa bourse s’envola pour atterrir plus loin sur la tête d’un malheureux archer. Le pauvre perdit aussitôt connaissance pour ne plus jamais s’éveiller.

Deux mercenaires, arme au poing, courraient vers eux. Les autres, moins futés, avaient tiré leurs arcs, menace bien futile que pouvaient ignorer les quatre fugitifs. Tant qu’ils étaient une marchandise dont on avait besoin vivant, on ne les tuerait pas.

Le premier homme armé les atteignait déjà, et tendit sa lame contre la gorge de Mav. Ce dernier, sans réfléchir, leva les deux poings, avant d’enrouler la corde le long de l’arme. Il tira sèchement dessus, sans que le mercenaire ne réagisse, afin de se libérer. Les liens se coupèrent largement, tandis que l’épée rebondit à terre. Sans perdre un instant à ramasser l’arme, Mav s’élança en avant et frappa rudement l’homme à la mâchoire, qui s’évanouit.

Le deuxième mercenaire, sentant son ami en danger, hurla de toutes ses forces pour détourner l’attention de Mav, et s’élança dans sa direction. Cela était une grave erreur, car ainsi faisant il négligeait le danger que les trois autres compagnons représentaient. Une lame plantée dans son dos vint le lui faire comprendre. Se retournant, il découvrit un hideux sourire sur le visage de Geoffroy. Avec négligence, ce dernier retira l’épée du premier mercenaire du corps du deuxième, puis laissa ce dernier tomber à terre en un dernier gargouillis sonore.

Une flèche fusa dans leur direction, et troua les vêtements de Geoffroy sans toucher la peau. Vu la précision de ces mercenaires, il devinait aisément que l’homme n’avait pas voulu le tuer. Cette forfanterie avait été risquée, et il aurait pu encore faire baisser leur prix – louée était cette valeur – ce qui le gratifia d’une flèche dans l’œil. Le chaos régnait dans le camp ennemi, c’était parfait ! Le chef mercenaire hurla de toutes ses forces, et bien que les amis ne saisirent ce qu’il disait, la faible distance qui les séparait les poussèrent à se remettre à courir.

Mav se releva aussi vite que possible, et haleta :

« - Qu’a-t-il dit ? »

Geoffroy, qui s’efforçait de couper avec célérité les liens de ses deux autres amis sans emporter un doigt, répondit, concentré :

« - Quelque chose comme : si vous faites pareil, je fais pareil. »

Ils savaient tous les quatre que malgré le résultat assez spectaculaire que leur fuite avait provoquée, ils n’avaient aucune chance de liberté. Cela n’importait que peu, ils n’avaient rien à perdre – à part quelques journées de tortures en plus – et ne risquaient aucunement leurs vies. Ils étaient décidés à faire payer ces mercenaires de leurs crimes dans ce dernier sursaut de leur liberté. Au fond, ils étaient conscients que quelque part derrière ce campement, des milliers de soldats Mormundiens n’attendaient que de les voir débouler pour les capturer.

Ils réfléchirent à toute allure à un moyen de prolonger cette évasion. Malak et le chef mercenaire n’avaient toujours pas bougé, mais en face étaient moins de ces fichus archers verts à la précision si démoniaque.

« - J’en tiens un ! » s’écria l’un des mercenaires, sa dague plaquée contre la gorge de Gontrand. Le gredin s’était dissimulée derrière une tente ! Toujours est-il qu’il n’eut pas plus le temps de fanfaronner : visiblement il ne savait pas qu’il avait capturé un des guerriers les plus aguerris du royaume de Skefoy. D’un revers de la main, Gontrand éloigna la dague tranquillement, presque nonchalamment, de son cou, puis, se retournant, il envoya valser l’ennemi deux mètres plus loin. Enfin, saisissant d’un geste fluide la dague par la lame, il l’envoya d’un geste sûr derrière Geoffroy. Ce dernier constata alors non sans surprise un ennemi s’écrouler comme un pantin à terre en une chute désarticulée.

Il remarqua alors que la victime avait un carquois bien garni et un arc long de toute beauté. Sans hésiter, Geoffroy s’en saisit, puis commanda de reculer, ce que firent sans broncher les compagnons. Gontrand en profita pour ramasser sur le mercenaire, grognant encore de sa chute, une épée, puis il finit le travail.

L’esprit de Geoffroy bouillonnait dans une des plus rapides réflexions qu’il eut jamais à mener ! Il lui semblait être bien trop loin des arbres pour s’y réfugier : courir une centaine de mètres le dos tourné, et ils ne pourraient plus anticiper les manœuvres commandées par le roi et le chef mercenaire. En effet, ces deux derniers, par défi, s’étaient clairement placés face à eux, à une vingtaine de mètres, et n’avaient toujours pas bougés.

Eux quatre étaient au centre d’un espace vide, et ils pouvaient contrôler toute avancée ennemie en se plaçant en cercle. Sauf que leur but n’était pas de se défendre, mais d’attaquer ! Visiblement, ses trois autres compagnons en étaient arrivés à la même conclusion, au vu de la manière dont se tenaient rageurs Arthur et Gontrand, dos à dos, les épées pointées en avant, ainsi que Mav, une dague dans chaque main.

« - Prêts à éprouver notre destin ? » questionna d’un ton de défi Geoffroy. Sa voix n’était pas résignée, et la joie y régnait presque. Il était heureux que ce soient eux quatre qui aient l’initiative, alors que les mercenaires et chevaliers étaient dix à vingt fois plus nombreux. C’était le problème quand on ne voulait pas tuer, mais quand on ne voulait pas être tué non plus.

« - Et comment ! » tonnèrent les trois autres.

Alors, avec vivacité, Geoffroy encocha une flèche, qu’il décocha sans réfléchir vers l’être qui représentait la plus grosse cible parmi tous ceux assemblés en face. Sans surprise, le trait se dirigea vers Malak.

Ce dernier, soit complètement fou, soit sacrément sûr de son armure – même s’il avait des raisons assez objectives – laissa la pointe rebondir contre le métal. Il prit ensuite la flèche dans ses mains et la brisa en deux, avant de la jeter dans leur direction.

Après un rapide regard, durant lequel les compagnons purent remarquer que nul autre n’avait bougé, Geoffroy murmura avec ironie :

« - C’est pas lui qui va me faire une bonne cible. »

Mav sourit, et malgré la détresse dans laquelle ils se trouvaient eux quatre, se moqua :

« - Change de cible si tu veux pouvoir toucher. »

Sans crier gare, à une vitesse ahurissante, Geoffroy arma un autre coup qu’il décocha avec précision en direction de l’être qu’il haïssait le plus : celui qui avait vraisemblablement tué ses deux amis, et torturé Kev. Cela n’inquiéta pas outre mesure l’homme, qui avec une facilité déconcertante, s’écarta à petits pas alors que la flèche semblait s’être comme ralentie devant la puissance du chef mercenaire. Cependant, il ne dut la vie sauve qu’à Malak qui projeta son bouclier face au visage du chef. Une flèche s’y enfonça clairement. Geoffroy s’autorisa un sourire, constatant que sa ruse fonctionnait toujours aussi bien.

Un instant plus tard, il ravala profondément ce sourire. Visiblement, le chef mercenaire, conscient que finalement ses quatre prisonniers étaient un danger potentiel, lança tous ses hommes face à eux. Geoffroy savait qu’il pourrait en tuer un ou deux, et il saisit alors l’importance qu’eux quatre devaient représenter pour ce chef ! Soit ce dernier avait vraiment besoin d’argent, soit il avait peur des représailles de Malak en cas d’échec… Ce dernier ordonna ensuite brièvement à ses chevaliers de les prendre à revers. Le roi devait avoir peur que le chef meure et que plus personne ne vive pour contrôler les mercenaires et les empêcher de tirer, ce qu’ils auraient tous faits pour protéger leur vie.

Les jeux étaient faits, ils n’avaient plus qu’à occasionner le plus de morts ! Que ces mercenaires se souviennent à jamais de ces quatre prisonniers qui refusèrent de se laisser capturer !

Deux flèches – et deux morts – plus tard, et les mercenaires étaient déjà sur eux. Geoffroy fit un bond de côté pour éviter le premier coup de poing, et en para un deuxième avec le carquois. Il frappa alors un des hommes avec l’arc, qui se brisa plutôt que de briser le crâne de l’agresseur. Piètre arme au corps à corps, il n’y avait pas à dire ! Il sortit une flèche qu’il fit tournoyer dans les airs. Cela fit une fine entaille dans le tissu d’un des archers, mais sans attaquer la peau. Il voulut alors l’enfoncer dans la chair de l’homme, mais ce fut la hampe qui se cassa. Un poing se fit voir à ses côtés. Il s’apprêta sereinement à le recevoir sur sa tête, simplement heureux d’avoir pris autant de vie.

Mav regarda avec rage à sa droite, pour voir tomber à terre son ami Geoffroy. Déjà que lui était malmené avec ses trois ennemis, qui pourtant n’avaient aucune arme de tirée - à part l’un d’entre eux, un peu plus intelligent, qui brandissait un bâton – alors si d’autres arrivaient… Une main lui agrippa la gorge, profitant de ce léger moment d’inattention. Mav voulut planter sa dague dans le bras, mais une nouvelle main l’en empêcha. Pas grave, il avait deux dagues. Il précipita alors sa seconde arme en direction de l’homme qui l’étranglait, mais ce coup fut intercepté par une dextre. Combien avaient-ils donc de mains ? fut la dernière pensée de Mav lorsqu’un coup de poing bien senti le faucha par derrière.

Les agresseurs n’eurent pas les mêmes facilités avec Arthur et Gontrand. Ces deux guerriers expérimentés se débrouillaient à merveille et maintenaient un cercle de terreur autour d’eux. Déjà trois corps gisaient à leurs pieds. Pour les battre, il aurait fallu des individus armés, mais nul mercenaire n’osait même défourrer son arme. La peur de se prendre une flèche dans la tête avait de quoi refroidir les ardeurs de plus d’un soldat !

Un bruit de cavalcade fit se retourner tous les combattants sans exception, avant que les mercenaires ne s’écartent en une preste débandade. Les chevaliers chargeaient. Aucun n’avait tiré de lance de cavalerie, mais la simple présence de colichemardes était déstabilisant. Pour autant, les chevaux passèrent en deux rapides rangées de chaque côté des amis sans les toucher. Gontrand et Arthur, qui avaient d’abord protégé leur tête avec le tranchant des armes, afin de parer aux éventuels coups, baissèrent leur garde, surpris de cette manœuvre nouvelle à leurs yeux. Cruelle erreur ! Deux pommeaux vinrent les cueillir dans les dents. Ils s’évanouirent aussitôt.

Malak éclata d’un rire puissant, au bonheur de ses chevaliers.

« - J’aime les individus coriaces comme eux ! Ils donnent plus de saveurs quand on leur soutire des informations ! » Le roi se tourna ensuite vers le mercenaire, et feinta de s’inquiéter : « Je pense que nous pouvons reprendre nos affaires, bien entendu, seulement si vous êtes à même de mener à bien une telle mission.

Durant un bref instant, les deux se lancèrent des regards chargés de haine, avant que le mercenaire ne se contente de dire :

« - Prends-les quatre, quand à moi, je garde la bourse. »

Le roi susurra alors d’une voix pleine d’onctuosité hypocrite :

« - Oh, même si j’ai eu le plaisir de voir qu’ils t’ont pris beaucoup de tes hommes - dix, si j’ai bonne mémoire, sans compter celui que tu as toi-même tué, à quatre, alors que l’on est lié et prisonnier sans arme, c’est quand même un beau record, je n’aurais pas fait mieux – je ne pense pas qu’ils vaillent une telle somme. »

« - Avec ta bourse, tu as tué un de mes hommes ! » répliqua au tac au tac le chef mercenaire.

« - Erreur, ce sont eux-mêmes qui l’ont tué. Si tu avais aussi attaché leurs jambes, tout cela ne serait pas arrivé ! Enfin, ce doit être cela l’orgueil des mercenaires, n’est-ce pas ? »

L’archer cuisait de rage, mais il n’osait pourtant s’emporter, sachant qu’il n’était pas en mesure de négocier face à un tel homme. Même si Malak avait pris un cuisant échec à Skefoy, en partie à cause du désistement au dernier moment de ses archers, le chef mercenaire ne dirigeait toujours pas assez d’hommes pour s’opposer à la volonté du roi Tel était pris qui croyait prendre !

« - Alors la moitié de ton or, et on en parle plus. »

« - Et encore » se moqua avec une voix doucereuse Malak, « je t’épargne d’avoir à me payer le coup reçu par ce large homme. Pour une fois que quelqu’un parvient à me déstabiliser, je peux bien mettre cela sur le compte de la rigolade. »

« - Tu es bien bon » grinça avec haine le mercenaire, les dents serrées.

« - C’est ce qui fait la différence entre toi et moi » fit désinvolte le roi, « la puissance. Moi je peux me montrer clément ou féroce, qu’importe ? Tandis que toi, te voilà obligé de te montrer soumis. »

Un sourire rageur lui répondit. Heureux de cette pique, Malak ordonna d’un geste qu’on ligote les quatre hommes sur des chevaux. Geoffroy, le seul à avoir repris connaissance, se laissa faire. Il n’avait plus la force de résister, et avant qu’il n’ait le temps de se lever un coup de poing l’aurait fait se rasseoir. Alors que ses pieds étaient attachés fermement aux étriers des chevaux, il comprit que le roi ne laissait rien au hasard, contrairement à ces mercenaires qui semblaient ne pas avoir l’habitude de faire des prisonniers. Eux quatre n’auraient plus l’occasion de s’échapper comme ils venaient le faire.

Les cavaliers, menés par un Malak ricanant, s’éloignèrent finalement du campement dévasté des mercenaires. Alors qu’ils perdaient de vue les tentes, Malak se tourna vers ses chevaliers et souffla à voix assez haute pour que toute sa compagnie puisse entendre :

« - Tuez-les. Laissez ce couard de chef fuir. Un clown aussi talentueux… Ce serait bien dommage de gâcher un tel talent ! » Son rire malsain s’éleva, soutenu par la clameur de ses troupes. D’un geste de la main, la moitié se retourna, abaissa lances et visières, et se prépara à la charge.

Devant cette ignominie, Geoffroy retint sa respiration. Ces hommes allaient tuer tous les mercenaires par surprise ! Quelle horreur que ces troupes asservies qui ne savaient se rebellaient contre les ordres ! Les paladins allaient souffler ces archers si remarquables – une qualité qui plaisait malgré tout à Geoffroy, même si c’était d’un être aussi talentueux que Pierre et Richard étaient morts ! – comme un balai nettoie la poussière. Visiblement, tous ces chevaliers partaient à l’assaut comme eux sept allaient auparavant dans une taverne !

Il se retourna, pour voir une tête voler puis retomber, loin de son corps. Ce spectacle était répugnant, et pourtant il ne pouvait en détacher son regard ! Si le peuple mormundien était si cruel, comment allaient-ils être traités dans la demeure de ce roi ? Etre torturé, il le savait depuis longtemps, mais il craignait qu’un sort encore pire s’abatte sur eux.

Dépité, il laissa dodeliner sa tête, avant de prendre une terrible résolution. Il avait assez d’énergie et de courage pour la mettre en pratique à cet instant, et il savait que jamais plus une telle occasion ne se présenterait ensuite. Littéralement anéanti, subjugué par des sentiments contraires, il s’efforça de donner un coup d’étrier dans le flanc de sa monture. Cette dernière accéléra brutalement, à la surprise de celui chargé de le surveiller qui en lâcha la bride. Geoffroy ralentit ensuite à proximité du roi, puis lui cracha au visage toute son aversion. Malak lui renvoya un sourire mauvais, les yeux teintés de tyrannie. Geoffroy se détourna, pour voir une lame se précipiter vers son cou.

Ce qui change par rapport à avant (outre le fait que ce soit trois fois plus long :huh: ).

C'est quand même plus étoffé et développé et, euh... j'espère meilleur (je dois avouer en être assez content, je me suis vraiment amusé, c'est l'essentiel :) ).

Les descriptions: ce chapitre, avec ses trois nouveaux personnages, était le cadre idéal pour s'entraîner.

De plus, les amis sont un peu plus malins. Dans la dernière version, ils savaient que leurs compagnons avaient été tués par des agresseurs verts très bons archers, là ils rencontraient des archers excellents habillés de vert et ne faisaient pas le lien. Bref aperçu de ce que pourrait donc être l'ennemi :lol: .

J'ai essayé de trouver des discours plus percutants, et j'ai pris vraiment du plaisir avec Malak: il ressemble un peu à Geoffroy pour casser les gens, sauf qu'il le pense réellement :huh: .

Maintenant faut que je modifie peut-être un ou deux trucs là où j'en suis, histoire que Geoffroy fasse part de ses craintes. (car il ne l'aura pas oublié!)

Iliaron, toujours en réécriture :P

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Je fais vite parce que je suis vraiment pas bien là :lol:

Le début pas mal mais attention aux répétitions. Je veux dire que le passage de la confusion est vraiment bien réalisé mais certaines de tes répétitions alourdissent le passage.

Quelque chose était anormale ! La veille on

anormal

Le changement de partie est bien réalisé. Entre Kev aux mains des mercenaires et des elfes ^_^ On suit franchement bien la transition. D'abord cette violence puis l'étonnement que ca ne continue pas. Les remarques sur ce qui l'entourent et la deduction. Franchement bravo ! Un de tes meilleurs passages.

Mälthion ria avec légèreté, avant d’expliquer :

rit

Les salauds, ils auraient pu

salops

quatre que malgré le résultat assez spectaculaire que leur fuite avait provoquée

Pas accord

@+

-= Inxi, dvp demain =-

Modifié par Inxi-Huinzi
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Avant-hier en relisant tes remarques Gemini, et donc en corrigeant, je me suis surpris à être héberlué! Quand j'ai vu les erreurs que tu trouvais, les conseils que tu donnais pour des phrases! Quel bonheur!
Oh, ben, heu ... Merci ???

Fin du chapitre IX et chapitre X:

La scène de l'enterrement est magnifique.

« - Je suis un homme » murmura faiblement ce dernier avant de s’évanouir.

« - Non, pas ça ! » hurla Ilia, alors qu’il se précipitait pour soutenir le corps de son ami et le ranimer, les hommes oubliant leur joie le temps que Kev soit de nouveau sur pied. « Althior : » jura l’Ath.

Excellent !!! :huh:
Pour la troisième aprtie, et bien, le suspense commence vraiment et la vraie intrigue débute, maintenant que le récit est vraiment lancé  ^_^  .
Diabolique... :lol::)
Un mur se dressait devant lui, et plutôt que faire demi-tour, il fonçait dedans tête baissée, en ne pensant à aucune conséquence, comme si l’envie de vivre heureux l’avait déserté… Comme s’il se laissait transporter par un radeau sur les flots tumultueux du destin, et qu’il dérivait loin du mince espoir qui restait en lui : une fine corde, ô combien fragile, qui pourrait le ramener au rivage.
C'est beau, c'est triste... ^_^:huh:

Le retour à la Loriath est ... poignant... j'ai eu un pincement au coeur à ta description...

Bravo !!!

Les reflets sur sa lame étaient dirigés de telle manière à illuminer son visage.
"de manière à illuminer"; ou "de telle manière qu'ils illuminaient".
Tous tenaient à se montrer, même dans leur plus grande détresse, digne de tous les morts.
Accord.
Les Aths environnants le regardaient faire, tous drapés dans des capes immaculées. Les visages hagards reflétaient tous une même tristesse, et des larmes pointaient au coin des yeux, rapidement essuyés. Tous tenaient à se montrer, même dans leur plus grande détresse, digne de tous les morts.

Derrière eux se tenaient une foule d’hommes en haillons et armures, venus assister à la cérémonie, parfois par simple curiosité, d’autres fois pour mieux se faire voir de leur nouveau régent. Quelques autres, rares, laissaient couler leur mélancolie en repensant aux êtres qu’ils avaient chéris et qui étaient morts, morts contre ces Aths…

Imladrik baissa alors en un geste fluide son épée, qui pourfendit dans un sifflement aigu l’air environnant. Aussitôt une myriade de flèches enflammées fut décochée, marquant le ciel de leurs sombres traînées.

Je pinaille peut-être, mais le mot est assez particulier pour que je le remarque, et je suis très mauvais pour repérer les répétitions.
Nombres de nos frères sont morts dans la bataille
"Nombre".
combattant en héros les troupes ennemis
Accord.
les corps enveloppés dans des toges blanches furent approchés dans des charrettes décorées, avant d’être précipité vers les ardentes flammes…
Accord.
Kirla avait regardé toute la procession émue
Juste pour savoir, est-ce la procession qui est émue ?
Cela n’est pas vos affaires
"Ce ne sont pas...", non ?
Ils ne les avaient même pas vu, toute leur vision étant concentré sur les travaux en cours.
Accord (x2).
C’était… il y a trois ans
Ca fait pas quatre ? A moins que j'aie mal compris quelque chose ?
il avait dégainé son court couteau pour ramasser les champignons.
"à", à moins qu'il se mette à la cueillette d'un coup...
deux êtres tout de vert vêtu lui avaient surgi dessus
Accord.
A cet âge il aurait au mieux put leur faire subir une égratignure
"pu".
Son âme réalisait un blocage, son père ne pouvait être mort. Lui qui avait toujours été doux avec lui, mourir comme ça, si bêtement…
Y a mieux comme phrase. Puis-je suggérer "Ce père" pour remplacer le premier "lui" ?
- Que se passaient-ils ?
Au singulier, non ?
Je me souviendrais toujours de l’état des corps
"souviendrai".
Jamais la douce brise sifflant parmi les bruyères nous a autant semblé être le sifflement d’un trait mortel, jamais l’aboiement d’un chien nous avait paru rauque comme celui d’un terrible loup tout prêt de nous.
Manque les "ne"; "près".
une fois rentré dans la barbacane, nous avons laissé l’hystérie nous gagner
Accord.
Ce dernier nous a d’abord considéré
Accord.
Il a alors envoyé dans la direction indiqué des cavaliers
Accord.
« - Il a ordonné le retrait de toute la populace dans l’enceinte du château, a fermé les portes des deux côtés de la barbacane, puis est allé en personne informer toutes les écoles militaires de se tenir sur le qui-vive, prêt à enfourcher les montures et partir au plus vite à l’attaque. »
"prêt" se rapporte à quoi, au juste ?
nous avions alors discuter amicalement et sympathisé
"discuté".
Il est allé voir son compagnon de chambré
N'est-ce pas "chambrée" ?
je suis allé voir Pierre et Richard, endeuillés, et leur ait présenté les deux soldats
"ai".
leur destin était fixé depuis la mort de leur père…
J'aurais mis "leurs pères".
quelle joie il avait alors affiché
Accord.
les traits de sa mère étaient calme
Accord.
Il avait huit ans, et courrait dans les ruelles
"courait".
Il avait seize ans et scrutait dans des yeux noirs vides de toute vie : ceux de son ami…
Le "dans" est de trop, je trouve...
Tous les citoyens, quels qu’il soient, s’étaient présentés dans leurs plus beaux apparats
"dans leurs plus beaux atours", ou "dans leurs plus belles tenues d'apparat".
Dans leur dos étaient déployés leur carquois, à nouveau emplis de flèches.
Singulier ou pluriel ?
Kirla, quand à lui, essayait bien malgré lui de se convaincre que quatre amis valaient mieux qu’un
"quant".
les instants de bonheur qu’il avait vécu en Loriath.
Accord.
Nous sommes ici pour destituer votre ancien traître et couronner votre nouveau gouverneur
Son ancien statut était roi, pas traître, non ?
Un brouhaha intense secoua durant quelques instant l’assemblée
Accord.
« - Voilà le traître, lui qui a honteusement attaqué la Loriath, lui quia volé les sangliers, et lui qui a nié. »
Typo.
Aucun intérêt donc à vous laissez parler.
Infinitif.
Il sait donc reconnaître le tort que l’on fait aux gens, et saura avec maîtrise faire les bonnes décisions.
"prendre" sonnerait mieux, je trouve.
Les hommes commençaient à envisager l’unique solution plausible, les dires d’Imladrik ayant occultés les autres possibilités.
Pas d'accord.
Ca n’avait été autrefois une personne de haut placé…
"placée", non ?
hommes s’étaient mis à hurler, quelques uns avaient dégainés de fins poignards
"quelques-uns".
Mes soldats son armés et protégés
"sont".
Les premiers elfes, pris de rapidité, avaient juste dégainés qu’ils furent décapités
"pris de court" sonnerait mieux, je trouve; pas d'accord.
Leur percée avait échouée
Pas d'accord.
Les révélations avaient-elles eues raison de son cœur ?
"eu".
Quelques têtes surprises sortirent des teintures blanches.
Pas compris la phrase? pourrais-tu expliciter ?
Ce sont eux qui nous ont introduit ce mal intestinal que sont les sangliers.
Ca fait plusieurs fois que je tombe dessus; qu'entends-tu par "intestinal" ?
Rappelle toi de ton enfance, rappelle toi de ta famille, de tes premiers pas, de ta première escalade
"rappelle-toi", non ? Pas de "de".
On a du toucher à ma mémoire
"dû", non ?
Mais visiblement, je n’en aurais, quand à moi, nullement

besoin ! »

"aurai"; "quant"; retour à la ligne sauvage.
Il avait à moitié ouvert sa bouche
"la".
Qui te dis que tu ne te crois pas homme à cause d’une manigance
"dit".
Qui te dis que ces quatre êtres ne soient pas des magiciens qui t’aient lancés un sortilège dès qu’ils t’ont aperçu
"dit"; "t'ont lancé".
Tu as encore en mémoire toutes les légendes sur la guerre de Loriath, tous ce qu’ils ont été prêts à commettre ! Qui te dit qu’ils ont changés ? »
"tout"; pas d'accord.
Mais pourquoi refuse-tu de me parler
Manque un "s".
Tu auras de quoi travailler quand je serais parti.
"serai".
Offre moi cette vérification
"Offre-moi", non ?
Kirla commença à articuler un mot dans sa bouche, puis au dernier moment, alors même qu’il considérait avec méprise Ilia, il s’arrêta.
"méprise " ???
Il venait d’entrapercevoir une lueur
"entr'apercevoir".
Peut-être mes adieux dureront un mois, mais je reviendrais, je vous le promets.
"reviendrai".
J’aurais sûrement du mal à bien vous accepter au début
"aurai".
Les branches rachitiques, vidées de toutes feuille
...
Les branches rachitiques, vidées de toutes feuille, tendaient timidement leurs mains en avant, comme terrifiés par la résistance qu’elles allaient devoir endurer.
Accord.
Imperceptiblement, sans même s’en rendre lui-même compte, il glissa sa main jusqu’au fourreau de sa dague, puis s’approche vers Arthur, occupé à regarder les arbres.
Ce présent me semble suspect.
Ce dernier repris alors conscience de ses mouvements
"reprit".
Comment pouvait-il réaliser des sorts dits comme impossible ?
Accord.
la vision des hommes que j’ai eu à Mor ne m’a pas donné envie d’en être un
Accord.
Enfin, les troncs, larges mastodontes de bois, se dressaient, enfin imposant, et supportaient cet édifice qu’était le bonheur de la vie.
Accord.
leur Loriath, celle qui les avait éduqué, celle qu’ils avaient quittés
Accord.
le malheur et la peur avaient quittés les corps des elfes
Pas d'accord.
Sens cet air qui afflue, sens cet odeur de liberté qui envahi nos corps
"envahit".
L’habitat avait retrouvé ses habitants !
Pas de majuscule ?
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@ Inxi:

anormal

Je me demandais si ça s'accordait avec "chose"... Mais mettre le féminin m'écorchait aussi les yeux. (n'y voyez aucune allusion :P )

Franchement bravo ! Un de tes meilleurs passages.

Merci, ça récompense mon inspiration :P

salops

Je crois que les deux sont bon. Moi je préfère "salaud" :lol: (et après on vante les discussions châtiés de la section :huh: )

Encore merci de ta lecture!

@ Gemini

Oh, ben, heu ... Merci ???

Non: de rien, comme c'est moi qui te remercie (ouh la, humour soir, minable (ça rime même pas, c'est dire :) )

La scène de l'enterrement est magnifique.

Et dire que j'avais failli la zapper car je la trouvais dure à décrire. A lire les commenraires enthousiastes, ce doit être ma plus réussie :P .

Le retour à la Loriath est ... poignant... j'ai eu un pincement au coeur à ta description...

Merci! Là encore, ça a été un rapide rajout dans l'intrigue histoire de donner de l'intérêt... Je comptais le faire un peu moins, comment dire, "champ de bataille" ou "pestiféré" (choisis ce que tu préfères), mais la tentation a été la plus forte (et comme quand j'écris je tiens à me faire plaisir!)

Je pinaille peut-être, mais le mot est assez particulier pour que je le remarque, et je suis très mauvais pour repérer les répétitions.

Non non, tu ne pinaille pas: à partir du moment où ça t'a gêné, c'est qu'il faut rectifier le tir. Je trouverais bien (ce que j'aime avec tes critiques, c'est que quand je reprends un chapitre, j'ai l'impression de bien enlever ces petites garces qui gâchent les texte, encore merci :P )

Ca fait pas quatre ? A moins que j'aie mal compris quelque chose ?

Ca, c'est une de mes erreurs: j'ai plutôt mal fixé les événements, j'aurais du faire un bref tableau chronologique. J'ai bien pensé au lieu, mais au temps, c'est souvent de l'à peu près (il y a une telle continuité chronologique que je crois que mon récit passe à un moment de la fin au début de l'hiver, puis au printemps... tout ça en quelques jours ^_^ )

Pour les ans, je vérifierais. De toute façon, c'est "simple":

Rencontre de Kev et Mav

Deux ans plus tard: rencontre avec Geoffroy

Un an plus tard: rencontre avec Pierre et Richard (parents morts assassinés), demande d'aide de Geoffroy auprès de Gontrand, qui contacte son compagnon d'arme et ami Arthur.

Trois ans plus tard: Pierre et Richard sont tués: début du récit.

Pas de majuscule ?

Encore les aléas d'un long récit: au début j'étais enclin à mettre "H" pour le différencier du terme usuel? Puis j'ai trouvé ça lourd à gérer, d'où le "h". Là je serais plutôt enclin à remettre le "H".

Mais de toute façon, je pense que tu l'as remarqué, j'ai pour habitude de réécrire des chapitres. Là je vais bientôt réécrire le chapitre I de la partie II. Je fixerais tout à ce moment, je pense d'ailleurs faire une remarque comme: "ce lieu s'appelait simplement l'Habitat. Jamais n'était apparu le besoin de donner un nom plus développé: il n'existait qu'un habitat et n'en existerait qu'un."

En fait, maintenant que je maîtrise mieux mon monde, mes personnages, et bien entendu l'écriture, donc la narration, je vais essayer dans me réécriture du chapitre I de donner une meilleure base à ce monde des elfes.

Merci pour ce détail, car c'est finalement les détails qui mis bout à bout permettent de créer un monde!

Sinon, tant que j'y suis, voilà une (courte) suite. Et encore, elle aurait pu l'être bien plus :huh: . C'est juste histoire de conclure ce chapitre, avant le prochain, qui s'intitulera: "chapitre XIV: Désunion" (histoire de vous laisser imaginer de quoi il en retournera). J'aimerais d'ailleurs pouvoir le finir avant la fin des vacances (mais avec les révisions de bac, les sorties cyclistes (par ce temps ^_^ ) et le permis à préparer, ça risque d'être dur, mais j'ai confiance :P .

Bonne lecture :P :

* *

*

« - Et voilà, nous y sommes » annonça le fermier en tendant inutilement l’index vers des arbres malades.

En deux jours ils avaient parcouru sans encombre les quelques douze lieues qui les séparaient auparavant de la Loriath. Le groupe se félicita de l’aide de ce fermier qui leur avait efficacement permit d’éviter toute patrouille. Visiblement les habitudes des soldats n’avaient aucun secret pour ce paysan.

« - C’est que » leur avait-il expliqué, « les soldats sont bruyants quand ils passent. Ils suivent toujours les mêmes rondes, à force, au bout de plus de cinquante ans, on commence à les mémoriser. »

Arthur avait cillé, étonné de l’ancienneté du parcours de ces patrouilles ; quand à Gontrand, il n’avait même pas éprouvé le besoin de tourner la tête.

Ils se tenaient à présent à une centaine de mètres – leur guide n’avait pas osé s’approcher plus proche – de la forêt. Les six compagnons tournaient le dos aux arbres, tandis que le fermier se tenait face à eux, se questionnant encore sur son acte.

« - Allons » se moqua Geoffroy devant le tremblement de l’homme, « tu n’as donc pas confiance en nous ? » Il rit et donna une accolade à l’homme. Il semblait que rarement il ne s’était senti si heureux, comme s’il avait déjà oublié la mort de Gotric, ou tout du moins les remords : la joie d’être arrivé vivant en Loriath était bien plus prégnante ! Visiblement, quand l’homme est heureux, les pensées tristes n’ont aucune prise sur lui. Un instant plus tard, il avait détaché son fourreau et le tendait au fermier, plutôt surpris : c’était bien une des premières fois que de riches hommes ne profitaient pas de leur apparence pour le tromper. Il se saisit du fourreau, puis retira l’épée avec suspicion, encore trop étonné pour parler.

« - Et bien, tu pensais que l’on allait y mettre une épée en bois ? » ironisa avec le sourire Geoffroy. « Quand même, ce serait ignoble de notre part ! »

« - Vous savez, messires » commença le paysan, avec pour la première fois un réel sourire dessiné sur son visage, « dans toute ma vie, jamais je n’ai été aidé. Ici, on a les raids des mormundiens, les forêts qui nous terrorisent… Oh on nous a bien promis de nombreuses choses, mais quand à voir les palissades que d’autres avaient certifié installer… Vous six, vous n’êtes pas des êtres que de promesse, non, vous êtes des êtres de foi ! Votre langue est à l’image de votre cœur. »

Mav répliqua avec ironie à l’homme :

« - Sûrement pas, si vous connaissiez mieux notre ami Geoffroy, vous ne diriez pas ça. »

« - J’en ai eu un entr’aperçu… » pouffa le paysan devant un Geoffroy déboussolé par tant de piques simultanées. « Non, vous êtes tous des êtres de confiance ! »

« - Merci » répondirent d’une même voix les six. « Tu en es aussi un, sans ton aide, nous aurions eu bien plus de mal à atteindre cette forêt. »

Le paysan leur offrit un de ses plus larges sourires. Ils devaient être parmi les premiers à le remercier chaleureusement avec sincérité…

« - Rentre bien » conclut Mav, « que tu n’aies jamais à te servir de cette arme. »

« - Que le Serpent guide vos pas dans cette forêt et vous permette d’en ressortir tous vivants. Et que votre quête soit accomplie avec brio. »

Sur ce, il se retourna, et s’en alla sans plus un regard.

« - Les amis, » commença théâtralement Geoffroy, « la paix est derrière nous, la guerre devant… »

« - … la souffrance derrière, l’espoir devant… » continua Mav, sérieux.

« - … l’oubli dans le passé et les réponses dans le futur… » surenchérit Kirla, motivé à l’idée de résoudre enfin le mystère de sa personnalité, ou tout du moins à comprendre comment il avait pu être le catalyseur de deux pensées différentes.

« - … la discorde est déjà oubliée que naît l’amitié… » poursuivit Ilia.

« - … oui » approuva Arthur, « nos disput’ n’existent plus, face à nous n’est qu’ l’union. »

Après un moment de silence, Gontrand délaissa son mutisme habituel pour se joindre aussi à ce cercle de vœux :

« - deux destins solitaires unis dans un même futur… »

« - … Six lames tirées contre le même agresseur, dans le même but : que l’innocence prenne jour et que la culpabilité soit condamnée. » Avec un léger rire, car il considérait des paroles aussi solennelles comme bonnes pour les discours de roi, Geoffroy finit : « Notre résolution n’a plus de limites, rien ne pourra plus nous arrêter. Que l’agresseur tremble ! »

Une rafale de vent les ébouriffa, et ils éclatèrent de rire. Au fond d’eux, leurs pensées étaient sérieuses, mais dites avec cette solennité, cela leur apparaissait comique.

« - Profitons-en, je crains que nous n’aurons plus tellement l’occasion d’être joyeux pendant un certain temps » ironisa Geoffroy, qui s’en voulut aussitôt : cette blague avait été celle de trop : les rires cessèrent aussitôt. A la place, un léger malaise s’empara d’eux. Enfin, Kirla prit son inspiration, et signifia, le courage affluant dans ses membres :

« - Nous allons au devant d’un futur bien incertain. Une seule chose est sûre : nous y laisserons nos marques, quelles qu’elles soient ! »

Et il rentra dans la Loriath, avec la ferme intention de marcher jusqu’à s’arrêter d’épuisement bien après la tombée de la nuit. Alors, Ilia à son tour, ne voulant se laisser distancer par son ami, clama :

« - Oublions l’état de nos gardiens. La Loriath a perdu la première bataille, mais nous allons l’aider à gagner la guerre ! »

Il rejoignit en courrant son ami.

Alors les quatre hommes, sans plus de chichis, les suivirent. Geoffroy marmonna à voix basse pour que seul Mav entende :

« - Il aurait très bien pu dire tout simplement : « Attends-moi ! » »

Mav s’esclaffa, et d’un ton sarcastique, se moqua :

« - Je vois qu’absolument rien ne peut venir à bout de tes sarcasmes. »

« - Ah ça non » opina Geoffroy.

« - Ca fait plaisir, quelqu’un dont la bonne humeur est inébranlable ! »

Là, Geoffroy répondit le ton sombre :

« - Ca fait longtemps que toute joie est partie. Mes blagues ne sont qu’un ersatz du bonheur ancien que j’essaie de faire revivre par tous les moyens. Pierre et Richard sont morts, Kev changé, tant physiquement que mentalement, et ce fichu agresseur introuvable. Dis-moi franchement, tu penses pouvoir être à nouveau pleinement heureux ?

Mav fut dans l’incapacité de répondre. Après quelques instants douloureux,

Geoffroy clarifia sa pensée :

« - As-tu espoir dans notre mission ? »

A nouveau, un long silence suivit cette question. Enfin, Mav articula lentement :

« - Non, nous ne sommes rien comparé à la force contre laquelle nous voulons lutter. Rien, absolument rien ! Mais tant que nous sommes quelque chose, aussi infime cela soit-il, je continuerai de lutter. Pas toi ? »

Les deux s’arrêtèrent. Geoffroy fixait intensément Mav, et essayait de lire dans ses yeux un sentiment. Rien d’autre que la résignation ne s’y lisait. Finalement, la voix lugubre, Geoffroy soupira, incertain :

« - Je pense que oui. C’est d’ailleurs pour cela que je suis ici, sinon je serais resté à Skefoy. Pour Kev… »

« - Espoir de le voir à nouveau pleinement lui-même, à défaut de l’espoir de triompher de ce conflit ? »

« - Ce doit être ça… L’ancienne amitié n’est pas morte en mon cœur… »

« - Tu vois, tout n’es pas perdu ! » tenta de le rassurer Mav.

« - C’est quand même bien peu… Faible espoir en vérité… »

« - Que Kev oublie Ilia et que l’on retourne à Skefoy, c’est ça ? »

« - Parfaitement… » Geoffroy tourna son regard en direction de l’Ath, et gémit.

« - Personne n’aime partager ses amis » acquiesça Mav.

« - Tant de choses s’opposent à la joie… Déjà cet ennemi… »

« - Alors il faut s’attaquer à lui » lui signifia Mav.

« - Je croyais que tu n’avais aucun espoir dans cette bataille » s’étonna légèrement Geoffroy, dont le ton était encore distant, comme s’il était plus absorbé par des chimères de désespoir que par la présente discussion.

« - Je ne t’ai pas menti. Ce que nous allons faire n’est que pure folie. »

« - Nous allons au devant de la mort » le raisonna sans réellement y croire Geoffroy.

« - Je sais. Est-ce important ? » questionna Mav, donnant l’impression que les choses de la vie ne l’intéressaient plus.

Devant cette réponse, Geoffroy sursauta presque et scruta les yeux de Mav. Nulle trace de folie. Finalement, Geoffroy se rendit à l’évidence et soupira :

« - Non, pas tant que ça. »

Ils s’échangèrent un dernier regard empli de résignation, avant de rejoindre leurs quatre compagnons.

Histoire de mettre dans l'ambiance pour la suite. Au début, ça devait faire deux paragraphes: le paysan part et c'est tout. Puis finalement le concours avec "devant" et "derrière" donnait l'occasion de réaliser de jolies phrases :P . Ensuite, comme c'est Geoffroy qui a lancé le tout, j'ai juste voulu une dernière remarque ( le "« - Il aurait très bien pu dire tout simplement : « Attends-moi ! » »" pour finir sur une note positive). Mais là je me suis trouvé embrayé sur une discussion entre Mav et Geoffroy, limite à se demander qui écrivait: le texte avec les deux héros ou moi. Ca m'a permis de clarifier un peu Geoffroy, vraiment ça m'a fait plaisir: je ne pensais pas trouver les mots justes, et finalement je trouve (présomption, peut-être) que j'ai assez bien réussi à donner un peu de profondeur à Geoffroy qui apparaissait trop comme le blagueur de service.(à noter qu'au fond il est presque proche d'Arthur, qui a une bonne humeur exubérante pour cacher son malheur et son désespoir, et les deux, l'un comme l'autre, n'osent pas en parler; l'un parce qu'il n'ose pas car il n'a pas envie de détruire l'image qu'on a de lui, même si ce n'est pas forcément l'être qu'il est réellement, et l'autre car Gontrand n'est pas le confident parfait ( :P ) et car il pense (et il a d'ailleurs plutôt tort) qu'il sera considéré comme idiot (l'a un peu peur de Geoffroy en fait, car ce dernier s'est longtemps acharné sur lui :P )

Comment ça, c'est pas clair :P ?

Iliaron, motivé à l'approche de la fin de ce livre I!

PS: à deux chapitres (j'estime à vue de nez :( ) de la fin, j'en suis donc à 783 417 caractères, et toi? (j'imagine qu'il a pris 100 000 caractères d'avance, le mesquin :) )

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avant de rejoindre leurs quatre compagnons.

Je pense pas que le pluriel soit nécéssaire :huh:

Pour le fond, tu as aadopté uncshéma que les écrivains ( grand mot pour nous autres gribouilleurs de la section ) utilisons (Je dis ca parce que j'ai du lire plus de texte différent ic qu'à côté ^_^ Enfin si je comptais les textes entiers... ) Bref ! Alors voici comment c'est organisé (tournure donc classique qu'on retrouve ailleurs)

Une première partie détente : ou ils rigolent et tout.

Une deuxième partie où ils redeviennent sérieux ( belle transition avec le bide ^_^ )

Une troisième partie avec la reprise d'espoir :huh:

En gros : :lol:

Allez suite

j'en suis donc à 783 417 caractères, et toi? (j'imagine qu'il a pris 100 000 caractères d'avance, le mesquin

Hahaha ! Même pas :) Tu as une large avance ! Ca fait quatre semaines que j'ai pas écrit...

@+

-= Inxi =-

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Je viens de me rendre compte que je n'ai pas beaucoup critiqué les autres et surtout donné en pâture mon texte... Voilà une mauvaise attitude que je vais essayer de corriger un peu (arf, la fougue de mes débuts au niveau des critiques s'estompe :mrgreen: )

Pour le fond, tu as aadopté uncshéma que les écrivains ( grand mot pour nous autres gribouilleurs de la section ) utilisons (Je dis ca parce que j'ai du lire plus de texte différent ic qu'à côté  Enfin si je comptais les textes entiers... ) Bref ! Alors voici comment c'est organisé (tournure donc classique qu'on retrouve ailleurs)

Une première partie détente : ou ils rigolent et tout.

Une deuxième partie où ils redeviennent sérieux ( belle transition avec le bide  )

Une troisième partie avec la reprise d'espoir

Dingue, j'ai fait ça intuitivement (surtout que je le répéte, je ne voulais pas le faire :wub: )

Mais je nuancerais un peu:

Dans la première partie, leur rire n'est que façade.

Dans la deuxième, certes ils sont sérieux, mais surtout tristes!

Enfin, dans la troisième, ce n'est pas de l'espoir qu'ils reprennent, mais je comprends ce que tu veux dire. Ce qu'ils prennent, c'est plus une résolution de continuer malgré tout: l'espoir, ça fait longtemps qu'ils l'ont abandonné, ils ne savent pas du tout pourquoi ils combattent si ce n'est pour Pierre, Richard et Kev (tu vas me dire, c'est largement suffisant :lol: )

Hahaha ! Même pas  Tu as une large avance ! Ca fait quatre semaines que j'ai pas écrit...

Arf, j'en déduis que tu as finis ton récit: toi, ne pas écrire de quatre semaines, il faudrait t'enchaîner -_- . Ou alors c'est pour dire qu'on est bientôt à la fin, et paf, nous sortir 200 pages d'un recoin de ton ordi (** oh tiens, j'l'avais perdu, ce dossier. Tenez, je vous en fais part 8-s **)

Voilà le début du chapitre XIV. Personnellement, j'en suis un peu déçu: ce chapitre marque le tournant dans l'histoire donc ça fait très longtemps que je l'imagine, mais au moment d'écrire, pouf, aucune étincelle pour venir me sauver. Je pense l'améliorer suite aux conseils, voir là où il y a le plus de problèmes (encore, au vu du premier jet, ça aurait pu être bien pire :mrgreen: !)

Chapitre XIV : Désunion

Du feu ! Du feu partout !

Anar courrait depuis un bon moment à la recherche éperdue d’une issue dans ce cercle de volutes enflammées, mais il devait se rendre à l’évidence : il était prisonnier !

Autour de lui tout n’était que désolation : des bras de flammes venaient lécher les troncs avoisinants et de leur pulpeuse succion brisaient les Gardiens de l’Esprit. Les branches s’affaissaient, craquaient et se brisaient sous la morsure du feu. Elles essayaient encore de cisailler l’air, mais en vain, les flammes finissaient toujours par les détruire. Les feuilles, quand à elles, explosaient en de multiples boules de feu tellement la chaleur était intenable, et retombaient à terre, inertes. Même les racines tentaient de se libérer de l’étreinte de la terre brûlée et claquaient inutilement contre le sol, faisant trembler la terre et empêchant l’avancée des hommes. Mais déjà, dans de fatidiques craquements, les racines s’évanouissaient ; les Gardiens tombaient un à un et les hommes avançaient, déblayant les cadavres noircis de ces fiers arbres comme s’il ne s’était agi que de vulgaires arbrisseaux.

Anar avait fui dès le matin, entendant des bruits étranges à l’orée de la Loriath. Il

n’avait emporté avec lui qu’un carquois, par prudence, ne s’attendant qu’à y découvrir quelques hommes – ces êtres sans foi ni loi – parier sur celui qui aurait le plus de courage et s’enfoncerait le plus loin dans la forêt. A la place de la plaine herbeuse qu’il avait l’habitude de voir, tout était noir, comme calciné. Il imagina d’abord un immense brasier, sûrement un brûlis qui avait mal tourné, et avait continué de s’avancer. C’est alors qu’il avait remarqué que la plaine bougeait et s’avançait inexorablement vers la Loriath. Alors il s’était arrêté d’impuissance et n’avait pu bouger ses membres durant de longs et douloureux moments d’incertitude. Tout ce qu’il avait aimé et chéri allait être balayé par ces immenses armées d’hommes !

Lui, le chef d’Ingwar, la première tribu de la forêt, aurait alors dû alerter ses troupes, lancer des éclaireurs pour réaliser des embuscades, alerter les tribus plus éloignées, mais il était resté là, paralysé. Il avait vu les hommes s’avancer et éventrer de très nombreux tonneaux sur les Gardiens. Ces êtres avaient été bien trop occupés à éviter les branches qui découpaient avec la même facilité l’air que les membres pour remarquer cet Ath solitaire. Une odeur inconnue pour l’elfe s’était alors élevé, remplaçant le doux arôme des bois à l’aurore : celle de la naphte. Il avait ensuite vu les torches être jetés, et il n’avait toujours pas bougé. Il était resté là, vaincu, dans une posture insensée, oubliant la fournaise, oubliant la vie, prêt à mourir avec sa forêt.

Alors que les flammes allaient atteindre ses bottes, il avait levé une dernière fois les yeux au ciel pour admirer cette voûte dont la danse dans le zéphyr nocturne avait bercé ses nuits étant Athi. Mais cette voûte s’était évanouie derrière un écran de fumée noire, les nuées ardentes échappées des flammes déchiquetaient le toit de la Loriath pour se frayer un chemin vers les cieux.

Alors Anar avait compris qu’il était destiné à mourir dans cette guerre, mais qu’il ne devait rester inactif. En tant que chef, son rôle était de mourir pour la tribu ! Il s’était élancé en arrière, décidé à rejoindre au plus vite l’habitat où devaient encore dormir la plupart des elfes. Mais il eut la très mauvaise surprise de constater que des groupes d’hommes avaient aussi mis à feu et à sève l’intérieur même de la Loriath ! Les Gardiens avaient été vaincus et n’avaient pu empêcher

l’entrée des hommes !

Alors la rentrée rapide s’était transformée en cauchemar atroce qui prenait un malin plaisir à le détourner en l’obligeant à de nombreux détours. Des murs de flammes s’élevaient entre des arbres, barrières si malléables et pourtant absolument inviolables. Ailleurs, c’étaient des charniers d’écorces qui révulsaient l’elfe et l’empêchaient de faire un pas supplémentaire ! Escalader ces troncs pour continuer sa traversée, c’était comme de se frayer un passage parmi les cadavres de ses compagnons !

Les heures s’étaient égrenaient, lentes et rapides à la fois : la souffrance qu’il éprouvait était bien trop longue pour plus la supporter, mais à la fois tout se passait tellement vite qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher les hommes de prendre Ingwar. Sa tribu…

Il était désormais proche de l’habitat, mais ne pouvait plus s’en approcher. Au fond de lui, il savait qu’il était bien trop tard : il pouvait voir la carcasse noircie de ce qui avait été durant la nuit des temps leur foyer, les flammes s’échappaient encore des fenêtres naturelles et courraient parmi les couloirs. Les caresses mortelles avaient du tuer depuis longtemps les elfes non assez prompts pour fuir, tandis que les plus vindicatifs gisaient non loin, transpercés. Les flammes s’approchaient lentement, comme lors des cérémonies funéraires, à une seule différence : au lieu du deuil habituel d’une personne, ils réalisaient le deuil d’une tribu.

Soudain, face à lui se découvrirent trois hommes ! Sans plus réfléchir, Anar encocha une flèche, et visa d’un œil expert sa première cible. La flèche s’élança en direction de la gorge de la victime, brisant les rideaux de flammes, dispersant les nuées, pour venir disperser la mort. Un gargouillis sonore, et l’homme n’était plus. Une deuxième flèche alla se caler dans le cœur d’un autre homme, qui trébucha à terre, sans comprendre. Le temps de baisser les yeux sur sa blessure, et il était mort. Anar se réjouit trop rapidement et sa flèche manqua le dernier être. Celui-là avait eu le temps de s’esquiver derrière un arbre. Il en ressortit, une flèche encochée, le visage impassible. Anar adressa une rapide prière à l’Esprit, fixant avec intensité cette pointe qui allait répandre la mort dans ses membres. Il avait failli, sa tribu était décimée, la forêt brûlée. La mort pouvait venir le prendre…

« - Chef ! » hurla une voix hystérique, étranglée par les cendres. L’homme se détourna, paniqué à l’idée d’un nouveau danger. Il n’en fallut pas plus à Anar : son agresseur lui exposait un dos sans défense ! Une flèche plus tard, et la menace n’était déjà plus là.

Anar s’élança en direction du prétendu allié, à l’affût de tout bruit suspect. Il devait pour cela oublier tous les craquements, et se décida finalement à abandonner cette quête irréalisable. Même s’il découvrait des hommes, en quoi cela l’aidait-il dans sa situation ? Il se remit alors à courir.

« - Chef ! » La sentinelle sauta au bas de l’arbre dans lequel elle s’était réfugiée. « Les autres ont fui vers Iglark. Ils m’ont demandé de rester, en espérant que vous reveniez » expliqua l’Ath, la voix rendue sourde par les larmes.

« - Merci Irgaëth. Viens, rejoignons-les, c’est tout ce que l’on peut faire présentement » répondit Anar en forçant sa voix à être la plus calme possible.

« - Par là, alors » annonça l’elfe qui disparut aussitôt derrière deux arbres. Anar s’élança derrière lui, avec l’impression poignante qu’il laissait derrière lui un monde passé que jamais il ne reverrait. Son habitat était en flamme, sa famille certainement calcinée, l’espoir anéanti… Face à lui, il n’avait qu’une certitude : il trouverait des hommes, nombreux, ténébreux !

« - Non ! »

La voix s’étrangla. Anar n’eut le temps de sortir de ses pensées que déjà la sentinelle chutait à terre. Il ne put que constater avec effroi que face à lui, derrière un mur de flammes, une dizaine d’hommes pointaient leurs arcs longs et arbalètes bâtardes dans sa direction. S’ils n’avaient pas encore tiré, c’était simplement que ces immondices se délectaient de son expression de terreur. Celle-ci se mua en fugace sourire, lorsqu’il aperçut son ami Folgiwe dans un arbre. Une seconde plus tard, une vague s’abattit sur les agresseurs, tous furent projetés en avant pour s’effondrer morts dans leur propre brasier.

Anar se précipita vers le corps de la sentinelle, qui crachait du sang.

« - Que l’Esprit veille sur vous… » articula-t-il avant de fermer une dernière fois les yeux.

« - Que l’Esprit t’accueille à ses côtés, courageux soldat » souffla Anar d’une voix larmoyante. Il lâcha le corps de l’elfe, et s’approcha de ses troupes.

« - Je ne peux passer » hurla-t-il, suffoquant à la vingtaine d’elfes survivants. « Continuez votre route, je retiens l’ennemi ! »

« - Seul ? » se moqua amicalement la voix de son ami. « Je reste avec toi ! »

Avant d’avoir le temps de protester, Folgiwe sauta d’une branche pour se réceptionner souplement aux côtés d’Anar. Ce dernier lança un regard surpris en voyant les branches les plus basses se situer à une dizaine de mètres. Il secoua la tête, avant d’ordonner :

« - Bon… Vous tous, courrez prévenir Iglark. Essayez d’organiser un rayon de défense efficace, privilégiez les embuscades. Vous connaissez bien mieux la forêt qu’eux, et êtes de meilleurs archers. Nous deux, on va à l’orée de la forêt pour observer l’avancée ennemie. Rejoignez-nous si… » Il fut sur le point de dire : « s’il n’y a plus d’espoir de triompher » mais se ressaisit pour conclure avec force : « s’il y a un problème quelconque. »

Au vu du silence qui suivit cette déclaration, la troupe avait saisie avec brio le sous-entendu.

« - Où allez-vous ? » s’enquit finalement un des soldats.

Anar et Folgiwe s’échangèrent un regard pour finalement déclarer :

« - A la Hutte Abandonnée, là où ils nous attendront le moins. » Ce lieu était la seule construction humaine à l’intérieur de la Loriath. Des hommes plus téméraires que les autres s’étaient entêtés à construire une habitation dans la forêt. Cela leur avait coûté la vie, mais les elfes avaient conservé le bâtiment de torchis.

Anar observa d’un œil brillant la course de ses troupes. De toute sa vie, c’était la première fois qu’il ne se situait pas parmi eux sur son fier cheval.

« - Allez, viens, avant que toute route ne soit barrée par les flammes » le conseilla Folgiwe.

Anar défourra ses deux dagues, et, l’une dans chaque main, s’écria :

« - Qu’ils payent ! »

D’un pas résolu, il partit en direction de l’orée de la Loriath. Un instant plus tard, et il était plaqué contre un tronc, Folgiwe le bâillonnant. Lentement, il écarta sa main, puis fit un signe :

« - Là-bas, six hommes. »

« - Ca en laisse trois chacun » rugit Anar, transcendé par la haine.

Il s’élança à toute vitesse à l’encontre des ennemis, insouciant des risques.

Un premier fut soufflé en arrière lorsqu’une flèche le percuta de plein fouet. Anar sauta de côté, et deux traits ne percèrent que du vide. Il para aussitôt le coup d’estoc que lui portait un autre homme. Le choc avec la lourde arme à deux mains projeta l’elfe en arrière, qui lâcha une de ses dagues dans les flammes. Confiant, l’homme s’apprêta à assener le coup de grâce sur cet impudent à terre. Une lame dans son dos vint lui rappeler qu’ils luttaient contre deux Aths. Il expira, et tomba au-dessus d’Anar, qui pesta à cause du poids du cadavre en armure.

Folgiwe n’y prêta pas attention, et défia du regard les quatre autres hommes. Il s’amusa à érafler de sa fine lame les quatre épées larges face à lui. Les hommes semblaient plutôt stupéfaits de rencontrer un ennemi en état de lutter – pour l’instant ils n’avaient eu pour seul danger que des corps calcinés – ce qui expliquait leur hébétement.

Anar avait aussi saisi cette donne : les quatre l’avaient oublié. Il était vrai que lorsque l’on devait supporter le poids d’un homme imposant protégé par son armure, l’on avait plus trop d’occasions de participer au combat. C’est pour cela qu’Anar s’efforçait de se dégager, et rassemblant ses forces, il propulsa le corps inerte contre les quatre hommes. Sans réfléchir, ces derniers s’écartèrent. Le temps de se reformer et ils constatèrent qu’ils n’étaient plus que trois. Négligemment Folgiwe essuya sa lame contre sa cape. Calmement, comme si la situation n’avait rien d’alarmant, il décréta :

« - C’est bon, j’ai tué mes trois. A ton tour. »

Anar ne put s’empêcher de sourire devant le flegme de son ami ; puis se mit à tourner lentement autour des hommes pour les analyser. Folgiwe fit de même, mais dans le sens inverse. Les agresseurs se scindèrent aussitôt en deux groupes. Cette manœuvre perturba le plus jeune des trois, qui ne savait quel elfe suivre des yeux, et qui ne cessait de jongler de l’un à l’autre. L’un des soldats réprimanda sévèrement ce bleu inexpérimenté.

Anar profita de ce moment d’inattention, et décocha à toute vitesse une flèche dans les yeux apeurés du jeunôt.

« - Il ne vous causera plus de soucis » certifia Folgiwe à l’homme rageur, qui tenait dans ses bras le cadavre de son apprenti. Haineux, le soldat rejeta la dépouille, et s’approcha en beuglant d’Anar :

« - Vous nous avez attaqué, mais vous allez le regretter ! »

« - A se demander qui attaque qui » se moqua Folgiwe. Cependant la ruse ne fonctionna pas et l’homme ne commit pas l’erreur de détourner le regard. Cependant, le simple fait de serrer un peu plus les poings lui fut fatal, et il n’y eut pas que les jointures qui blanchirent. L’homme s’écroula à terre, la dague ayant entamée l’armure pour atteindre le coeur.

A ce moment, Anar, comprenant que sa dague resterait enfoncée dans la victime – et surtout dans la protection -, il agit impulsivement et se précipita dans les flammes. Le soldat, surpris, écarquilla les yeux. Une dague rougie par la chaleur vint les lui fermer.

Se relevant l’Ath reprocha clairement :

« - Tu avait l’occasion de le tuer. Quitte à en tuer quatre ! »

Folgiwe s’empourpra, et Anar soupira :

« - Arrêtons ces gamineries d’Athi… Et continuons notre route ! »

Il commença à partir, puis s’arrêta en voyant son ami regarder d’un air las tout autour de lui.

« - Je sais à quoi tu penses : que c’est lâche de fuir » commença le ton tremblant Anar.

« - Nous abandonnons la Loriath… Nous ne pourrons plus jamais être assez digne pour fouler cette terre si pure et sentir le pouls de l’Esprit en nous. »

« - Je sais » soupira un Anar résigné. « Je connais ces conséquences, mais je suis prêt à prendre tous les risques et à passer par toutes les souffrances. »

« - Cela n’a aucun sens. Notre place est parmi cette forêt ! » protesta avec fougue Folgiwe.

Les deux amis se fixèrent intensément. Les yeux verts d’Anar semblèrent se charger de cruauté lorsqu’il hurla :

« - Si, cela a un sens : meurtrir au fer blanc ces hommes. Pistons-les où qu’ils aillent, massacrons leurs fils et petit-fils et anéantissons leur civilisation. »

Je me demande si je n'en dis pas trop. Maintenant vous savez qui sont les ennemis (du moins vous connaissez les causes qui ont fait ce qu'ils sont). Mais bon, il faut bien commencer à vous révéler l'intrigue, non ^_^ ?)

A la fin, la toute dernière expression d'Anar, je suis sûr que ce n'est pas ça, mais je n'arrive plus à trouver le terme exact :whistling: .

Sinon, je dois avouer avoir eu un peu de mal avec cette description. Dans mes rêves, le passage de description était long: je visualisais plutôt bien la scène, mais quand à la transposer à l'écrit, voilà qui est autre chose... Encore, je suis assez content de certaines phrases (surtout au vu du premier jet catastrophique!!!), mais il manque encore quelque chose, je n'arrive pas à trouver quoi. Peut-être qu'il faudrait que je rallonge un peu les descriptions? Ou les transitions à soigner?

En fait, sur ce passage, je pourrais écrire plus d'un chapitre, avec le réveil... Seul problème, comme ce n'est qu'un rêve que Kirla perçoit, je ne peux me permettre de faire trop long (remarquez, rien que sur la guerre de la Loriath, je pourrais faire bien des choses... Là on en est qu'au premières heures du conflit, et à la première tribu tuée. Quand on voit le résultat final... Manque de pôt, je ne peux y consacrer qu'un rêve (il y en aura d'autre, mais pas sur cette guerre...) Là je veux bien allonger la description, mais pas décrire plus d'événements: déjà il faut que le rêve s'arrête à ce moment-là: c'est un des moments les plus forts, donc Kirla peut prendre conscience. D'ailleurs, faut qu'il démarre à peu près au même moment, mais ce qui pourrait se tenter serait que tout se passe dans l'ordre chronologique, et non: Présent - flash backs - retour au présent.

Enfin bon, j'attends de voir à quel point c'est catastrophique.

Sinon, la suite devrait arriver rapidement et sera assez longue: tout est écrit: je n'ai qu'à réaliser quelques lignes de transitions, et adapter ce qui est déjà écrit, mais j'ai déjà la base. Attendez-vous à des révélations... peut-être inattendues!

Iliaron

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Arf, j'en déduis que tu as finis ton récit

Meme pas -_- J'ai plus envie d'écrire, voilà tout :lol:

Au vu du silence qui suivit cette déclaration, la troupe

A la vue, ca serait mieux je pense :wub:

Tu avait l’occasion de le tuer. Quitte à en tuer quatre

Hin hin :whistling:

Pour le fond, c'est un passage qui change ! Pour deux raisons :

-Tu passes à de l'action pure ! Ce que je crois pas que tu avais fait depuis le début de ton texte 8-s ( Je parle en niveau de proportion de texte à laquelle tu attribues cette action )

-Tu fais des révélations et quitte ( enfin :mrgreen: ) ce côté mystérieux pour nous livrer les mysteres qui entourent ton récit :mrgreen: Rien de catastrophique !

Bref, on voit la vengeance mais il reste quand même ce pourquoi ! Tant qu'on aura pas eu le passage clé comme il s'est passé, j'aurai toujours envie de dire pourquoi ! Bon que dire sinon pas mal ? Suite ! ? Ok ! Suite !

@+

-= Inxi =-

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J'ai plus envie d'écrire, voilà tout

Je ne me fais pas de souci: tu as encore pas mal de marge jusqu'à ce que tu nous postes l'intégralité de ce que tu as écrit ^_^ .

 

Au vu du silence qui suivit cette déclaration, la troupe

A la vue, ca serait mieux je pense

Bonne question. Personellement, je considère "Au vu" comme une expression à part entière. Du moins, je dis très souvent "au vu de" ("vu", pas "vue", sinon tu as raison, ce serait "à la vue de"). Après, reste à savoir si ce que je dis est exact :wub: .

Mais je vais laisser comme ça, car parler de vision ("vue") quand il s'agit de silence, ça fait bizarre :lol: .

Hin hin

Je sais qu'il y a répétition, d'ailleurs ça m'a posé pas mal de problèmes. Globalement je peux aisément en retirer un, mais généralement, quand on est rageur et désespéré à la fois, rajoute honteux de fuir tant qu'à faire, on ne perd pas du temps à chercher des synonimes. "Tuer" me semblait le verbe le plus adapté pour cette répétition.

Mais je crois que je vais remplacer le dernier "tuer" par "abattre" (gros trou hier soir, j'avais trouvé plein de synonimes assez "injurieux", du style "amocher", mais quand on amoche, on ne tue pas forcément ^_^ )

-Tu passes à de l'action pure ! Ce que je crois pas que tu avais fait depuis le début de ton texte

Je réfute -_- : dans les chapitres que j'ai réécrits, chapitre III de la Partie I, il y a quand même de l'action lors de la fuite ^_^ . Et puis au chapitre IV partie I aussi, quand ils cherchent à fuir (et après j'ose dire mes héros courageux :whistling: ). Mais c'est vrai que j'ai rarement décrit d'action, même le chapitre nommé "Attaque" n'en a pas forcément tant que ça (je prends peut-être le syndrome de l'Everest: avant pour pas que mes héros apparaissent trop forts je ne voulais jamais qu'ils tuent une seule personne. Maintenant je veux du sang :mrgreen: mais je cherche à créer des situations avantageuses (et là, le coup de la dague enflammé lancée dans les yeux, une scène que j'avais dans la tête depuis longtemps, d'ailleurs je suis bien content de ma phrase :mrgreen: )

-Tu fais des révélations et quitte ( enfin  ) ce côté mystérieux pour nous livrer les mysteres qui entourent ton récit  Rien de catastrophique !

Je te ferais remarquer que tu connais une partie des causes qui ont rendu Anar aussi ténébreux, seul bémol, à part dans les rêves, on ne l'a toujours pas vu (mais tu as en partie deviné 8-s )

Bref, on voit la vengeance mais il reste quand même ce pourquoi ! Tant qu'on aura pas eu le passage clé comme il s'est passé, j'aurai toujours envie de dire pourquoi ! Bon que dire sinon pas mal ? Suite ! ? Ok ! Suite !

Pourquoi quoi?

Tu veux dire: pourquoi l'attaque sur Pierre et Richard? Ou alors pourquoi Anar et Folgiwe veulent se venger (je ne pense pas, c'est plutôt clair^^)? Ou...

Pour la suite, elle va pas tarder à venir (demandé si gentiment, je ne peux que m'efforcer de combler ton désir (ah bon, c'était rhétorique ^_^ )

Iliaron

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Tu veux dire: pourquoi l'attaque sur Pierre et Richard? Ou alors pourquoi Anar et Folgiwe veulent se venger (je ne pense pas, c'est plutôt clair^^)? Ou...

Oui, l'attaque sur Pierre et Richard :mrgreen:

Tu avait l’occasion de le tuer. Quitte à en tuer quatre

Iliaron... :whistling:

Tu avait

Ca va mieux comme ca ? :wub:

Je réfute

Je parle en taille accordée hein :mrgreen:

@+

-= Inxi =-

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Ca va mieux comme ca ?

Arf, tu avais quoté la réplique qui me semblait la pire. L'halo de la répétition était, semble-t-il, plus puissant que celui de la faute ^_^

Merci :lol:

Voilà la suite. Soit je suis en mauvaise forme, soit je deviens comme Impe ^_^ , et je trouve ce passage plutôt mauvais. En fait, ce n'est qu'un long dialogue, j'ai perdu l'habitude faut croire (et le pire est qu'il risque d'y en avoir encore d'autres avant la fin de ce chapitre. Arrg, l'horreur :wub: . Résultat, j'ai envie de beaucoup écrire pour ne plus avoir à le faire, mais en même temps je ne suis pas super motivé, comme je ne vois pas comment rendre le tout palpitant. Ah la la ^_^ )

Bonne lecture quand même. La qualité est remplacée par la quantité des révélations :mrgreen:

* *

*

Kirla sursauta, en nage. Haletant, il se leva et tourna la tête, paniqué, pour regarder autour de lui. A la lumière du feu mourrant, il découvrit les quatre hommes. Il hurla à en perdre haleine et chuta à terre, pris de convulsions, les larmes inondant son visage. Le temps que ses cinq amis se soient réveillés, et il était déjà évanoui.

« - Qu’est-ce qui se passe ? » cria d’épouvante Mav, qui cherchait à toute vitesse sa rapière parmi ses vêtements éparpillés.

« - Réponds, vite » l’urgea Geoffroy, une flèche déjà encochée, fixant intensément les alentours.

Arthur et Gontrand étaient quand à eux déjà debout, dos à dos, épée au clair, et s’approchaient peu à peu de l’endroit où gisait Kirla. Dans la nuit environnante, ils ne décelaient de Kirla que de l’écume s’échappant de ses lèvres. Ils n’osaient se déplacer plus rapidement pour ne pas découvrir un de leur côté, mais tremblaient, craignant que leur compagnon ne soit mort.

Lorsqu’ils arrivèrent enfin, Ilia avait déjà Kirla sur ses genoux, et il l’inspectait. Intuitivement, il avait deviné ce qu’il s’était passé. Son ami avait reçu exactement le même choc qu’à Mor, lorsque la conscience d’homme l’avait envahie. Il inspira avec force, pour se donner du courage. Le seul moyen d’éloigner les énergies magiques du corps hagard de Kirla était de les récupérer. Ilia pencha son front contre celui de son « presque-frère », se répéta-t-il pour ne pas reculer. Un instant plus tard, il fut projeté en arrière dans les bras d’Arthur.

« - Hey, ça va ? » hurla ce dernier, absolument décontenancé par ce vol plané.

« - Pourrait aller mieux » souffla avec peine Ilia.

Arthur déposa l’Ath avec soin à terre, puis s’approcha de Kirla, qui s’éveillait lentement.

« - Que s’est-il passé ? » demandèrent en même temps, et avec le même ton paniqué, Kirla et Geoffroy.

Mav répondit à Kirla, essayant de calmer l’atmosphère pesante, mais il savait qu’il n’avait pas le même talent pour cela que Geoffroy.

« - Tu t’es réveillé, a hurlé comme un démon abattu, puis t’es évanoui. » Il aurait voulu continuer sur une note plus réjouissante, afin de montrer qu’aucun ne lui en voulait, mais se retrouva bégayant, et abandonna.

« - Et Ilia ? » demanda Kirla, ne le voyant pas parmi le cercle de ses amis.

« - Ton deuxième réveil lui a été très… percutant » annonça Geoffroy, se forçant à sourire. « - Pire qu’un coup de poing, sauf que t’as pas bougé d’un pouce ! »

« - Y a pas à dire, tu l’as bien mis à terre » continua Arthur, tout sourire.

Une voix mécontente s’éleva derrière eux et marmonna dans sa barbe :

« - C’est ça, moquez-vous… »

« - Quand à toi, qu’as-tu eu ? » s’enquit Mav, cherchant à rendre son ton le plus détaché possible. Malheureusement, lorsque l’on tremble d’épouvante, une telle entreprise est vouée à l’échec…

Kirla inspira avec force, avant de répondre, la voix chevrotante bloquée par les larmes.

« - Rien de plus qu’un cauchemar. »

Puis il essaya de sourire, mais ce fut plus une grimace qui se dessina sur son visage. Rien de bien convaincant, se maudit-il, mais il était encore trop choqué pour obtenir de résultats plus probants.

En silence, Geoffroy se pencha et soupira à l’oreille de Mav :

« - Il a du rêver comme moi de notre échec. »

Mav secoua la tête, comme pour reprocher à Geoffroy d’être si pessimiste sans tenir compte de l’état paniqué de Kirla.

Ilia apparut parmi le cercle, et s’assit aux côtés de Kirla. Après un temps de silence où chacun le regarda, il annonça :

« - J’ai senti la magie à l’œuvre. Tu étais chargé d’énergies contraires : sorts de l’Aube contre enchantements de la Loriath. »

Les cinq se reculèrent de lui, et le considérèrent, hébétés. Lorsque Geoffroy prit la parole, ce fut presque pour le dénoncer :

« - Tu veux parler de ces pouvoirs abracadabrantesques ? Arrête de te payer notre tête, veux-tu ? »

« - Sauf que… » commença à répliquer Ilia, avant d’être coupé.

« - … Nous ne sommes pas dupes, tu sais ! » décréta Geoffroy d’un ton mesquin.

« - Je n’ai jamais… »

« - … Tu ne vois donc pas que nous ne sommes vraiment pas en état pour blaguer ? »

« - Je l’ai bien remarqué, » commença Ilia, s’énervant, « mais… »

« - … Mais tu soutiens que la magie existe… » soupira Geoffroy, comme s’il parlait à un gosse récalcitrant. « Ne me fais pas croire que la magie existe ! »

« - Et si, elle existe » annonça Ilia avec sarcasmes.

« - Des preuves ! » hurla Geoffroy. Seul Mav le remarqua, mais la voix ne tonnait nullement de rage, comme ils pouvaient tous le croire, mais bien de peur. Si Geoffroy flanchait et refusait d’accepter la vérité, ce n’était pas par entêtement, mais par terreur des conséquences.

« - Un puissant mage de l’Aube manie les pensées de Kirla. »

« - Ah oui, et ce mage, c’est toi, mais bien entendu tu ne nous en a jamais parlé » ironisa Geoffroy, la voix mielleuse.

« - Non, un mage de l’Aube manie la magie noire » déclara simplement Ilia, dont le revirement total d’apparence de Geoffroy amusa. Les deux fins traits qu’étaient ses yeux haineux se muèrent en deux larges globes révulsés.

« - On n’est pas dans une bonne situation alors… »

« - Il est vrai que jamais je n’aurais cru q’un mage pouvait être aussi puissant » avoua Ilia, redevenu sérieux.

« - Mais toi » le supplia Geoffroy en agrippant les manches de l’elfe, « toi tu es aussi un mage ! »

« - Oui, j’en suis un. »

« - Ouf » fut soulagé Geoffroy.

« - Mais vraiment faible comparé à notre ennemi » se confessa Ilia.

Geoffroy s’étrangla de peur, et soupira, finalement résigné :

« - Dans quelle situation je me suis mise… »

Kirla, sans porter attention à la déroute mentale de Geoffroy, s’exclama :

« - Mais alors tu sais lancer des sorts ! »

« - Bien entendu » affirma Ilia comme s’il n’y avait rien de plus normal.

« - Comment as-tu pu apprendre ? » s’enquit par curiosité Kirla, surpris de ne pas le savoir.

« - Chaque Athi apprend très jeune que la Loriath est magique. Tu te souviens ? » Vraisemblablement Ilia ne s’attendait pas à être coupé, et il secoua la tête d’étonnement lorsque que Kirla nia énergiquement. Après un soupir, il acquiesça : « c’est vrai qu’il te manque cette partie-là de ton passé… »

« - Que veux-tu dire ? N’oublie pas que je suis un homme ! »

« - Ce que je veux dire ? Que ceux qui t’ont introduit la pensée de ce Kev n’ont pas su où caser tout ce stock de pensée, et qu’ils ont en quelque sorte effacé une partie de ta véritable mémoire : ton lointain passé. » Il tourna un regard désappointé vers les quatre hommes. Leur apparition avait chamboulé toute sa vie, et même s’ils étaient tous amicaux, c’était par leur faute qu’ils vivaient tous un tel cauchemar…

« - Donc tous les Aths pratiquent la magie, sauf moi, c’est ça ? » constata Kirla non sans peine.

« - Pas du tout, très peu savent manier la magie… C’est un apprentissage long, et très rares sont ceux à être choisis. »

« - Ah oui, et comment as-tu pu apprendre toi ? » La voix de Geoffroy était rageuse. Visiblement il n’avait pas encore pardonné à Ilia de leur révéler au dernier moment un ennemi terrifiant – même s’ils s’en doutaient un peu -, et de concéder qu’ils n’avaient aucune chance.

« - C’est après… » Il coûtait à Ilia de parler d’un tel secret. Cette funeste connaissance avait aussi dû être retirée à Kirla. Il inspira de larges bouffées d’air, puis dit : « Après la mort du frère aîné de Kirla, j’étais tellement esseulé que… »

Comme il s’y attendait, son ami réagit plutôt violemment. Cela était normal, mais peina Ilia. Il détestait par-dessus tout faire souffrir ses amis, aujourd’hui il s’y trouvait contraint. S’il ne se confessait pas aujourd’hui, alors les conséquences seraient macabres.

« - Attends, mais en plus tu veux dire que j’ai un frère ! » hurla Kirla, excédé. Son monde était déjà bien assez branlant comme cela, alors si tout se chamboulait… Les connaissances indubitables étaient erronées, tandis que les secrets que personne n’aurait jamais dû savoir se découvraient d’eux même dans une franchise alarmante.

« - Oui… » Ilia se mordilla la lèvre supérieure, ne sachant pas comment se comporter. Finalement, il essaya de détourner la conversation sans succès : « tu ne le savais pas ? »

« - Jamais, non jamais je n’ai eu de frère ! »

« - Kirl te l’a pourtant dit… »

« - Quand, quand me l’aurait-il dit ? Comment aurais-je pu oublier cela ? » questionna avec rage Kirla.

« - Tu étais encore jeune, à peine un Athi… Tu as du refouler ce sentiment en toi, l’oublier tellement il te faisait souffrir ! » Déjà Ilia n’osait plus parler de la magie. Il savait pourtant que là était la seule réponse possible, mais entre les deux révélations auxquelles était confronté Kirla, ce dernier avait choisi de s’attaquer à celle de son frère.

« - Je ne me souviens plus de ma jeunesse, plus de mon premier arbre grimpé » se larmoya Kirla. « C’est bien là l’horrible de la situation, je n’ai même plus les moyens pour savoir qui je suis réellement ! Fichu sort… »

Ilia le regarda, incapable de plus en dire. Il avait l’impression d’être sur un radeau au milieu d’une tempête. A la moindre mauvaise parole, ils chavireraient tous deux. A sa grande joie, Kirla se résigna à continuer à parler de son frère, et la langue d’Ilia se délia :

« - D’ailleurs, qui était-il ce frère ? »

« - Tu sais, c’est lui qui m’a sauvé lors de ma première chasse, et qui est mort à ma place… C’était lui… » Ilia serra les dents tant se remémorer de ce souvenir lui était douloureux. Mais il devait dire toute la vérité à Kirla !

« - Tes deux meilleurs amis ont donc été deux frères… Quel hasard » ne trouva qu’à dire Kirla. Ce sujet le touchait bien plus qu’il ne le laissait paraître, et parler de ce qui ne l’intéressait pas n’était qu’un moyen pour ne pas avoir à affronter sa faiblesse, ce vide au-dessus duquel il se tenait et qui à tout moment menaçait de l’absorber.

« - Ce n’est pas réellement un hasard » se confia Ilia, « si j’ai tant tenu à être proche de toi pendant la première chasse, c’était justement pour t’éviter ce même sort, pour pouvoir m’interposer et te sauver… »

« - Alors » cria Kirla, excédé par ce qu’il venait d’entendre, « tu n’es même pas ami avec moi, si tu restes à mes côtés, c’est plus pour honorer le souvenir persistant d’un ami décédé que pour ce que je suis ! C’est absolument immonde ! Sois au moins honnête dans tes sentiments ! »

« - Non, bien sûr que non ! » Ilia se leva, tellement la tournure de la discussion ne lui plaisait pas. Il n’avait pas pensé que Kirla suite à la révélation de son frère mort serait autant inapte à faire la part des choses. Il payait maintenant cette erreur. « Au départ, il est vrai » concéda-t-il devant l’air désapprobateur de son ami, « je me suis rapproché de toi pour honorer ce sacrifice, honorer en quelque sorte cette dette que j’avais envers lui, mais c’est tout ! Certes j’en avais d’abord parlé à ton père, qui m’a fait totale confiance. Ca lui avait d’ailleurs bien plu… »

« - Parce qu’en plus mon père était au courant de ta tentative, et me pensait trop faible pour dévier la charge d’un sanglier ? » pesta Kirla.

« - Il t’aime, comprends cela, et il ne voulait te perdre comme précédemment, par manque d’attentions, il avait perdu un autre fils. Ton frère est mort peu après ta naissance ! »

« - Et toi, là, restes-tu à mes côtés pour mon frère ou pour moi ? »s’inquiéta Kirla. Après son accès rageur, il était désormais voûté sur lui-même et faible. Une fois la tempête de fureur évacuée, ne restait plus qu’un océan de misère.

« - Pour toi, bien entendu ! Tu es devenu au cours de cette chasse un véritable ami. Je m’étais interdit, pour honorer la mémoire de ton frère, d’en avoir un autre. Tu as brisé cet ordre néfaste et m’a refait découvrir les joies d’avoir quelqu’un sur qui compter ! L’amitié est un bien inestimable, sache-le ! Tu n’as pas eu le malheur de perdre un ami, je ne te le souhaite pas ! »

« - Tu m’étonnes » répliqua Kirla qui avait retrouvé un semblant de sourire, « c’est que ça signifierait que tu serais mort ! »

Ilia rit, évacuant ainsi la tension qui s’était accumulé. Se rasseyant, il murmura, se replongeant dans ses songes :

« - Dès fois j’imagine qu’il est encore là. Ton frère Kiriath était vraiment un être précieux, tu ne peux savoir, et son souvenir me travaille encore… Mais s’il était encore là, et que je sois ami avec vous deux, ce serait un véritable rêve ! A votre manière tous deux êtes des êtres exceptionnels, des gens prêts à se sacrifier pour vos amis, et pour lesquels toi aussi tu te sens prêt à te destituer de ta vie pour la leur… » Le léger sourire qui était apparu s’évanouit aussitôt lorsqu’il continua. « C’est suite à sa mort que j’ai appris à lancer des sorts, et c’est quand je t’ai vu sur le point de décéder que j’ai jeté mon premier artifice… »

« - Comment ? » Kirla, sous la surprise, avait sorti ses yeux de la contemplation des braises ardentes qui dormaient dans le feu.

« - En te soulevant, je t’ai… »

« - Attends ! » le coupa Kirla, « tu es en train de me dire que tu m’a lancé un sort dessus… sans m’en parler ! » Il avait lancé cette exclamation si fort que tous sursautèrent. Les quatre hommes, qui s’étaient éloignés lors de la confession des deux elfes au sujet du frère disparu, se rapprochèrent à nouveau. Si la conversation revenait sur la magie, alors ils pouvaient y prendre part et glaner de précieuses informations.

« - Oui… lors de la chasse. C’était d’ailleurs mon tout premier sort ! » Cette parole était censée calmer Kirla et lui montrer à quel point il comptait pour lui. Cependant, ce dernier le prit bien différemment.

« - Tu signifies que tu ne t’étais jamais entraîné auparavant ? » signifia-t-il, terrorisé.

« - Non, non… » chercha à rattraper Ilia, « on m’avait bien expliqué les principes ! »

« - Mais c’était bien ton tout premier sortilège » reprocha d’un ton clairement accusateur Kirla.

« - En pratique, euh… » hésita Ilia. Désemparé par le regard de Kirla, il abdiqua : « oui. » Il se ressaisit aussitôt, s’exclamant : « mais sans cela tu serais mort ! »

Kirla marqua une pause. La rage, telle une vague sur une plage, s’éloigna pour revenir encore plus puissante.

« - Alors pourquoi est-ce que tu as dû plonger sur moi ? »

« - Je l’ai déjà dit : ma magie n’est pas si puissante que cela. Je t’ai un peu soulevé et j’ai commencé à t’écarter, avant de sauter dans ta direction. Sans le sortilège tu te serais fait empaler… Jamais je ne me le serais pardonné… »

L’argument fit mouche, et Kirla parvint à se calmer. De grosses larmes roulaient le long de ses joues.

« - Désolé, j’ai l’impression que toute ma vie… s’écroule. J’avais accepté d’être un homme, je sentais le bonheur possible avec vous cinq. Et là, tout vient me hanter à nouveau… Et que je sois le jouet de l’agresseur ne m’aide en rien à me rétablir… »

« - Je ne pense justement pas que tu en sois le jouet, au contraire ! » s’exclama Ilia, l’espoir renaissant. Lui était donné l’occasion de rassurer son ami ! « A mon avis, s’il ne tenait qu’à l’agresseur, il n’y aurait aucune liaison entre vous deux. »

« - Tu en es sûr ? » La voix de Kirla tremblait d’un espoir depuis si longtemps voilé : celui que sa malédiction se transforme en bénédiction.

« - Certain ! Je ne sais trop comment cela se passe, mais clairement résidait en toi de la magie noire à ton réveil. Cette magie était là pour empêcher la magie de la Loriath d’agir. Mais c’est bien cette dernière qui a triomphé, et qui t’a permis d’avoir ce… « cauchemar ». L’agresseur a justement tout à perdre si ses rêves te permettent de deviner qui il est ! »

Kirla resta pensif, avant d’annoncer :

« - Tu dis donc avoir lancé un sort lors de la charge du sanglier, c’est tout ? » La seule envie de Kirla était de parler de ses rêves. Cependant, la peur avait été plus grande, et il avait seulement eu la force de détourner le sujet de la conversation.

Ilia fixa un instant le visage de Kirla, étonna par ce brusque changement de sujet. Il se résolut à répondre, comprenant que parler des visions pouvait être douloureux. Ils auraient bien l’occasion plus tard.

« - Pas seulement. Tu te rappelles nos entraînements avec l’orbe de bois ? »

« - A peu près… » fit Kirla.

« - Lors du premier jet, la boule s’était précipitée en direction de ta tête, et tu étais resté bien trop hésitant pour sauter de côté. Là j’ai ralenti l’orbe. »

« - C’était donc ça » se moqua Kirla avec une pointe de souffrance, « à croire que je ne suis pas capable tout seul de survivre ! J’imagine que tu as pu t’entraîner pas mal à Mor pour ralentir les gestes des ennemis. »

« - Je n’ai pas lancé un seul sort lors de l’attaque. » Un sourire réapparut sur le visage de Kirla. Encouragé, son ami continua : « je n’ai plus lancé qu’un seul sort, à Skefoy, pour savoir qui était l’homme penché sur ta tombe. Mais là, j’ai senti le pouvoir de l’ennemi très puissant, et il m’a… il m’a senti, je pense. Lors des précédents sorts, en Loriath donc, je pense que la magie de la forêt me protégeait, mais je n’ai plus confiance… »

« - D’accord... » acquiesça Kirla sans trouver plus à dire. Après un instant que Geoffroy jugea assez long il comprit que Kirla ne parlerait plus. Il osa enfin s’introduire dans la conversation :

« - D’abord, désolé, mes nerfs étaient un peu à vifs… » commença-t-il.

« - Va à l’essentiel » lui sourit Ilia, avant de continuer sardoniquement : « ça ne te réussit pas d’essayer de t’excuser. »

« - Comment tu fais pour réaliser ta magie ? Je veux dire, ça pourrait quand même nous aider si nous cinq on apprend aussi. » Le ton était émerveillé, Geoffroy venait de dénicher une véritable source d’espoir, il priait juste qu’elle ne se tarisse pas au moment où il chercherait à boire.

« - Quand je lance un sort, je formule une demande et j’appelle en moi l’Esprit. Il lit mon désir, et agit en fonction de ma demande. Le seul rôle que j’ai est de savoir ouvrir mon âme pour y accueillir l’Esprit. La magie proprement dite, c’est l’Esprit qui l’a fait. »

« - Si j’avais su que la magie était déjà en nous » s’exclamèrent en même temps Kirla et Geoffroy.

« - Kirla, rappelle-toi que tu as oublié une partie de tes connaissances… »

« - Dans le cas où Kiev, enfin Kirla, est un elfe » lui rappela Mav.

Ilia ne tint aucunement compte de l’interruption. Il lui était possible d’accepter que l’agresseur ait modifié les pensées de son ami, mais incapable d’imaginer que les siennes aient aussi été touchées. Certes restait encore le problème de l’apparence physique fortement semblable entre ce que devait être Kev et Kirla mais il préférait taire ses craintes.

« - … Mais il est vrai que le cercle des magiciens est étriqué. A la mort de ton frère, j’avais une telle envie de me venger qu’un lanceur de sorts me remarqua et m’apprit l’art, sinon jamais je n’en aurais entendu parler. »

Après une pause, Kirla remarqua :

« - Ce qui veut dire que l’Esprit existe réellement.

« Je ne sais s’il vit réellement… Disons que c’est plus une entité à part entière qui est à la fois rien et tout. Tu peux la trouver dans tout Ath, et pourtant nous ne sommes pas l’Esprit. Ses actes influent autant nos vies que la Loriath, seul lieu à vivre au rythme de l’Esprit. » Au vu du regard interrogateur que lui adressa Kirla, il n’avait pas saisi. Ilia compléta : « c’est le pouls intérieur de la forêt. »

« - Bien pratique, surtout si on est les seuls à pouvoir la manier » se réjouit Kirla.

Ilia ne répondit pas, émerveillé de ce que venait de dire Kirla : ce dernier se plaçait enfin du point de vue d’un Ath après plus d’un mois de souffrance. Voilà qui récompensait largement tous les efforts consentis !

« - En fait, il paraît qu’avant la guerre de la Loriath les animaux savaient lancer des sorts. Ce ne sont certes que des ouï-dire, mais en chaque légende est une part de vérité. »

« - Pourquoi n’ont-ils alors plus la capacité ? » demanda Geoffroy. Selon lui, les animaux n’étaient rien d’autres que des bêtes dont on pouvait prendre un plaisir fou à les chasser. Mais au vu du nombre d’animaux qu’il avait tué, si une de ses proies avait eu la capacité de riposter avec un sort, elle l’aurait fait ! En outre, la simple idée d’un cerf baisser les bois pour le foudroyer lui apparaissait plaisante, mais nullement sérieuse – ou alors il allait passer à une passion moins dangereuse.

« - Je ne sais… peut-être la mort de leur entité. Si l’Esprit venait à mourir, pareillement les Aths ne pourraient réaliser de magie. »

« - Et pourquoi les hommes ne peuvent lancer de sort dans ce cas ? » répliqua à nouveau Geoffroy. Il désirait apprendre et n’avait pas vraiment envie d’écouter raison. Pouvoir lancer des boules de feu un peu partout devait être plus destructeur qu’un arc long !

« - J’imagine que s’ils savaient écouter au fin fond de leur cœur, ils sentiraient leur dieu et pourraient alors maîtriser les arcanes magiques. A mon avis le Serpent a autant de pouvoir que l’Esprit, mais son pouvoir agit différemment. Tout du moins, à part si aucun Ath n’est au courant, ce qui est d’ailleurs possible, aucun homme n’a réussi à canaliser le flux de la vie du Serpent – à en croire les multiples icônes des hommes, le Serpent est votre dieu -, et à user de magie. Mais en vous vous possédez ce pouvoir, il faut parvenir à le maîtriser… »

« - Que cela veut-il dire ? » questionna avide Geoffroy

« - Que le Serpent vit au travers de tout homme, comme l’Esprit au travers de tout Ath. »

« - Non, tu m’as mal compris » balaya l’homme d’un geste du bras, « comment maîtriser ce pouvoir ? »

« - A toi de le découvrir, je suis un Ath et ne peux pas t’aider. Sincèrement désolé. » Et il l’était : voir l’éclat dans les yeux de Geoffroy disparaître et l’expression de joie de ce dernier muer en renfrognement était pour le moins douloureux. Cette magie semblait être le seul élément qui poussait Geoffroy vers le futur, qui lui permettait l’espoir, mais ce n’avait été qu’illusion. Le reflet de miroir qu’il poursuivait s’était évanoui, et il se trouvait au milieu d’un dédale de craintes. Incapable d’en trouver la sortie, il était destiné à y croupir, à moins que la joie vienne le guider ce qui en l’état était peu probable.

Ce fut Mav qui trouva la force de poursuivre la discussion. L’occasion d’en savoir plus sur la magie était inespérée ! Cependant, un détail semblait plaider en défaveur de la thèse de l’elfe.

« - Mais comment les animaux peuvent-ils vivre ? »

« - Si leur entité est morte, et je vous rappelle que ce n’est qu’une supputation de ma part, alors ils sont libres, entièrement libre ! Ce seraient les seuls êtres non déterminés. Il suffit d’ailleurs de les regarder, nous nous agissons toujours avec un but en tête, d’où crois-tu que tu tiens ce but ? Certes il y a des guerres intestinales entre hommes, mais cela est normal ! Les animaux, quand à eux, se contentent de vivre, et sont donc entièrement indéterminés. »

« - Attends, quel serait ce but ? »

« - Le pouvoir ; celui d’imposer sur terre soit les hommes, soit les Aths. La lutte primaire et bestiale pour le pouvoir ! » Après un silence où chacun mesura l’intelligence de la réplique, Ilia continua : « je pense d’ailleurs que nous sommes les premiers à lutter pour un autre but : l’Esprit et le Serpent perdent de leur pouvoir ! »

« - Et donc, si l’Esprit venait à mourir ? » demanda Kirla.

« - Et donc, si le Serpent venait à mourir ? » questionna au même moment Geoffroy.

« - Nous serions libres comme les animaux : nous aurions la liberté de vivre pour vivre, et ne serions pas contraints de vivre pour installer la primauté de notre dieu… »

« - Risque t-il de mourir ? » s’enquit Kirla.

« - J’espère bien que non ! » répliqua Ilia. Pour la première fois l’anxiété pouvait se lire sur son visage : sa tempe tremblait et quelques gouttes de sueur apparurent sur son front.

« - Pourquoi ? »

« - S’il meurt, alors le Serpent aura toute puissance. Un dieu est déjà mort, mais maintenant les deux ont une force presque équivalente. Si l’un des deux meurt, c’est l’équilibre de ce monde qui meurt, et vraisemblablement tous les pêchés et corruptions apparaîtront sous leurs formes les plus meurtrières ! » Après un court arrêt où chacun se laissa aller au pessimisme, il reprit plus joyeusement : « Cependant je sens croître aux côtés de ces deux dieux une nouvelle puissance, une nouvelle donne qu’eux deux n’ont jamais pris en compte et qui pourrait briser l’harmonie du monde… »

Aucun des six n’osa se demander si en brisant l’harmonie du monde ce monde ne se trouverait pas justement détruit. Leur situation était bien assez désespérée pour se torturer avec des craintes sur lesquelles ils ne pouvaient nullement avoir prise.

« - Où s’situe cette puissance rivale ? » finit par demander Arthur, tremblant.

Kirla ne répondit pas. Pourtant il sentait au plus profond de lui-même l’être à qui il se trouvait par la force des choses relié. Il connaissait la réponse !

Celle-ci le terrifiait et glaçait ses entrailles, bouleversait toutes ces certitudes. En Loriath il s’était toujours senti rassuré, il y avait toujours une main pour l’aider, un horizon vers lequel se perdre, de nouveaux bonheurs à découvrir. Il se retrouvait désormais esseulé sur un roc abrupt. Un pas et il chutait sur les récifs pointus, le vent fouettait et cherchait à le déstabiliser. Le bonheur était loin, emporté par les tempêtes. La vie de même semblait s’être échappée, coulée par les vagues. Seul une carcasse, cadavre entouré de peau, s’accrochait désespérément au récif, sans d’autres convictions que celle qu’il allait bientôt mourir, chuter dans cette mer qui ouvrait béante ses dents d’écume, et pourtant il se retenait encore. Il n’y avait nul espoir de s’échapper d’un tel lieu, il était prisonnier de son propre destin. Et soudain, il le vit. L’Ennemi approchait inexorablement. Et lui qui se trouvait sur sa route, qui le gênait, allait périr.

« - Il est en Loriath » souffla sans force Kirla.

« - Qui ? » La voix était envahie par la peur, ce qui nimbait la question d’un voile ténébreux.

« - Le serviteur le plus fidèle de l’Ennemi est ici même, en Loriath, parmi nous. »

Un malaise suivit cette déclaration, puis un silence maladif envahit leur campement.

Inxi, dis-moi si tu trouves que certaines révélations viennent un peu de nul part. Globalement j'ai cherché à bien toutes les annoncer et donner des indices précédemment (pour le frère, par exemple le terme "presque-frère", à un moment "doublement presque-frère"...). Pour la magie, lors du sort, il appelle en lui l'Esprit (et pour le Serpent, dans tous les territoires humains j'ai, me semble-t-il, pas mal insisté ^_^ ).

Enfin, pour la liaison entre Kirla et Anar, elle est ma foi plutôt évidente :mrgreen: . Quand à deviner où se situe le serviteur, c'est plus un sentiment de malaise qui l'a envahi (vrai, sans blague :P ?) qui fait qu'il sentait qu'il était proche (tout est relatif, la Loriath est quand même plutôt grande, mais vous avez bien deviné qu'il ne va pas passer un mois à la chevaucher pour le retrouver^^), il ne s'agit nullement d'un GPS qui lui indiquera précisément le lieu -_- .

(au moins maintenant vous savez pourquoi Ilia s'est tout de suite rapproché de Kirla alors qu'il ne le connaissait nullement au début 8-s )

J'espère que 10 pages de dialogues ne sont pas trop lourdes. Je crois que je n'aime plus trop ça (en plus pas super motivé pour écrire, mais je n'étais motivé pour rien, à vrai dire :whistling: ). En plus, l'idée de diviser ce dialogue en deux m'est apparu, mais manque de pot il y a des liens partout, l'histoire du frère et de la magie est quand même très liée (pour l'apprentissage, je veux dire)

Iliaron

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Dans la nuit environnante, ils ne décelaient de Kirla que de l’écume s’échappant de ses lèvres.

Trop d'ordi ! Il fait de l'epilepsie :mrgreen:

Dans quelle situation je me suis mise

mis

Après la mort du frère aîné de Kirla, j’étais tellement esseulé que… »

:whistling:

Attention avec l'aspect lunatique de Kirla. Je pense qu'une fois qu'il est 'faible et vouté' il a pas de raisons de se remettre en colère. Pourtant, il le refait et ca me parait excessif ! On voit bien qu'il y a pas de raisons de se mettre dans des états pareils.

Dans le cas où Kiev

Kev

Sympa le coup des animaux lanceur de sort ! : Je vois bien la biche lancé des éclairs ! Comme dans wow, j'ai pu voir ( je ne joue pas :wub: ) des biches level 50 xD

entièrement libre ! Ce seraient les seuls êtres non déterminés. Il suffit d’ailleurs de les regarder, nous nous agissons toujours avec un but en tête, d’où crois-tu que tu tiens ce but ? Certes il y a des guerres intestinales entre hommes, mais cela est normal ! Les animaux, quand à eux, se contentent de vivre, et sont donc entièrement indéterminés. »

libres ; quant

Pour le fond, je trouve que c'est juste le frère qui est brutal. Pour le reste, ca m'a paru des évidences ! Enfin pas évidences mais suffisement bien annoncé et marquant : Comme le Serpent ! Le sort, ben ca rien a redire, c'est meme pas une decouverte :mrgreen: Par contre l'ennemiu en Loriath, ca oui ! Alors suite !

@+

-= Inxi =-

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Trop d'ordi ! Il fait de l'epilepsie

Pour un héros, c'est moins vulgaire que "bave" -_-

Sympa le coup des animaux lanceur de sort ! : Je vois bien la biche lancé des éclairs ! Comme dans wow, j'ai pu voir ( je ne joue pas tongue.gif ) des biches level 50 xD

Malheureusement tu ne risques pas d'en voir. Trop tard :P . (je dois avouer que ça m'a un peu amusé quand même!)

Pour le fond, je trouve que c'est juste le frère qui est brutal.

La révélation du frère brutale, c'est ce que tu voulais dire?

Là, je savais que ça allait l'être, et pourtant, c'est elle que j'ai préparé le plus :wub: . Pour le système magique, tout a vraiment était mis en place il y a moins de deux chapitres^^

Pour le reste, ca m'a paru des évidences ! Enfin pas évidences mais suffisement bien annoncé et marquant

Ouf :wink:

Comme le Serpent !

Celui-là a en partie été annoncé grâce à toi: le combat magique dans la forêt (n'empêche, heureusement que tu m'as conseillé de la réutiliser, j'avais une faille dans l'intrigue, tu m'as permis de la combler :P )

(et maintenant vous pouvez un peu deviner sur quoi portera le livre II

Le sort, ben ca rien a redire, c'est meme pas une decouverte

La nouvelle est comment fonctionne les dieux. 8-s .

Par contre l'ennemiu en Loriath, ca oui ! Alors suite !

Voyons, tu as déjà deviné en partie qui est le serviteur (attention, je n'ai pas dis que l'ennemi est en Loriath, c'est son serviteur :skull:

Attention avec l'aspect lunatique de Kirla. Je pense qu'une fois qu'il est 'faible et vouté' il a pas de raisons de se remettre en colère. Pourtant, il le refait et ca me parait excessif ! On voit bien qu'il y a pas de raisons de se mettre dans des états pareils.

Voilà ce qui me gênait et que je n'avais pas réussi à identifier!

Je n'étais pas logique dans les sentiments, j'avais un sentiment de quelque chose d'illogique, maintenant je le saisis: j'ai été trop excessif.

Je vais essayer d'être plus logique:

Rôle des personnages dans la discussion:

Ilia: parfaitement calme, n'a qu'une pointe d'angoisse.

Geoffroy: au début vraiment stressé, encore choqué par la discussion qu'il a eu avec Mav. En entendant Ilia parler, il se calme finalement et devient intéressé.

Kirla: calme, jusqu'à ce qu'il apprenne pour son frère où là il éclate de colère. La raison est simple: il est outré que celui qu'il considérait comme un ami ne lui ait ni parlé de son frère ni de la magie.

Mav: écoute sagement et note les erreurs.

Arthur: à peu près pareil, sauf que lui a en plus peur.

Gontrand: bah, vous ne vous attendiez pas à ce qu'il parle quand même :whistling: (le problème est que je n'ai absolument aucune idée qui justifie qu'il ne parle pas, à part qu'il juge ça inutile... 'Fin si j'en ai (toujours rejeté car trop grand, et comme quand il parlait on remarquait son âge, il n'osait parler parmi les adultes) mais ça ne rajoute rien au niveau de l'intrigue. (bon, hein, ce problème, je m'en chargerais dans le livre II, avec tous pleins de jolis mots pour abuser le lecteur :mrgreen: il n'y verra que du feu (et il a intérêt :skull: )

Bon, parfait, je suis motivé pour enlever les erreurs de comportement :D

EDIT: CHANGEMENT (et désolé des majuscules, quand j'édite, je veux que ça se voit. De toute façon, si l'édit ne se remarque pas, j'ai des moyens de le faire connaître :mrgreen: )

Voilà la version changée (du moins la partie qui posait problème).

En fait, c'est bien simple: les parties que j'avais déjà écrites s'intégraient vraiment mal dans le discours. Préécrire, c'est super, on a l'impression de gagner du temps, mais en fait, euh, non, au contraire! Souvent les situations changent (même si ce n'est que très peu, là c'est simplement que l'ordre devait être: frère puis magie et que ça a été le contraire.

En plus, on est parfois triste de se séparer des expressions que l'on trouve bien formulée ^_^ . Alors on s'embête à essayer de bien marier le tout... C'est sûr que c'est pratique, au moins les idées restent, mais justement, il faudrait que ce ne soient que les idées :skull: !

Toujours est-il que grâce à toi (à croire que je travaille ce récit surtout grâce à toi ^_^ (ce qui est d'ailleurs en grande partie vrai, durant si longtemps tu as été mon unique lecteur (je dois être rebutant :skull: ))) (et merc à Gemini d'avoir osé s'y attaquer, je n'en aurais pas moi-même le courage vu la longueur :skull: )

Maintenant j'en suis plutôt content, ça correspond plus à mes désirs initiaux :D .

Bonne relecture :wub: :

Comme il s’y attendait, son ami réagit plutôt violemment. Cela était normal, mais peina Ilia. Il détestait par-dessus tout faire souffrir ses amis, aujourd’hui il s’y trouvait contraint. S’il ne se confessait pas aujourd’hui, alors les conséquences seraient macabres.

« - Attends, mais en plus tu veux dire que j’ai eu un frère ! » hurla Kirla, épouvanté. Son monde était déjà bien assez branlant comme cela, alors si tout se chamboulait… Les connaissances indubitables étaient erronées, tandis que les secrets que personne n’aurait jamais dû savoir se découvraient d’eux même dans une franchise alarmante.

« - Oui… » Ilia se mordilla la lèvre supérieure, ne sachant pas comment se comporter. « Il s’appelait Kiriath » se remémora-t-il les yeux brillants.

« - Kiriath… » Kirla laissa sa voix en suspens, comme s’il goûtait la prononciation de ce nom. « Impossible, ce nom m’est étranger ! »

« - Tu as dû l’oublier à cause du sort… »avança comme hypothèse Ilia.

« - Sûrement » songea Kirla. « Voilà l’horreur de la situation, je ne peux me souvenir du premier arbre que j’ai grimpé, de mes premiers amis et amours… Je ne peux même pas savoir qui je suis ! » Après un douloureux silence, il pesta : « fichu sort ! »

Ilia le regarda, incapable de plus en dire. Il savait qu’à la moindre mauvaise parole, son ami éclaterait en larme. Ce fut presque avec joie qu’il accueillit la question de son ami.

« - Tu peux me parler un peu de mon frère ? Que je m’en fasse une image. »

« - Bien entendu ! C’est lui qui m’a sauvé lors de ma première chasse. A l’époque on était si proche l’un de l’autre que l’on s’appelait amicalement « presque-frère ». Vois-tu, on était fait pour s’entendre : on avait pratiquement le même âge, des passions communes et des talents complémentaires. Dans nos duels d’Athi, quand je préférais les esquives, lui s’amusait à y aller par des coups puissants. D’ailleurs il gagnait souvent… » se rappela, une larme à l’œil, Ilia. « Oui, il avait tout pour devenir un des Aths les plus puissants de la tribu… Sauf qu’il s’est jeté devant un sanglier pour moi, pour que je vive… » Ilia serra les dents tant se remémorer de ce souvenir lui était douloureux. A chacun de ses réminiscences, il se sentait coupable de son amitié : s’ils ne s’étaient pas connus, Kiriath vivrait encore ! La même amitié régnait désormais entre lui et Kirla, que deux siècles plus tôt entre lui et Kiriath. Il se sentait obligé d’apprendre à Kirla tout ce que ce dernier déciderait de savoir.

« - Tes deux meilleurs amis ont donc été deux frères… Quel hasard » ne trouva qu’à dire Kirla. Il se sentait trop faible pour continuer une telle discussion, ou alors il en viendrait aux poings ! Qu’il aurait aimé avoir un frère ! Et il l’avait eu… Il serra les poings, s’efforçant de calmer la haine qui commençait à battre dans ses veines. Sa fureur l’aveuglait et il ne voyait plus Kirla comme un ami, mais comme celui qui avait tué son frère chéri ! Sa raison combattait cette froide colère, mais il se sentait fléchir : la bestialité primaire de la violence était en train d’absorber sa volonté, et il ne pouvait rien faire ! Il était à la fois faiblesse et brutalité.

« - Ce n’est pas réellement un hasard » se confia Ilia, « si j’ai tant tenu à être proche de toi pendant la première chasse, c’était justement pour t’éviter ce même sort, pour pouvoir m’interposer et te sauver… »

Kirla n’y tint plus et se dressa de toute sa hauteur, prêt à se battre. La raison, excédée par ce qu’elle venait d’entendre, s’évanouit.

« - Alors, tu n’es même pas ami avec moi, si tu restes à mes côtés, c’est plus pour honorer le souvenir persistant d’un ami décédé que pour ce que je suis ! C’est absolument immonde ! Sois au moins honnête dans tes sentiments ! »

« - Non, bien sûr que non ! » Ilia se leva, tellement la tournure de la discussion ne lui plaisait pas. Il n’avait pas pensé déclencher une telle hostilité chez Kirla. Il payait maintenant cette erreur. « Au départ, il est vrai » concéda-t-il devant l’air désapprobateur de son ami, « je me suis rapproché de toi pour honorer ce sacrifice, honorer en quelque sorte cette dette que j’avais envers lui, mais c’est tout ! Certes j’en avais d’abord parlé à ton père, qui m’a fait totale confiance. Ca lui avait d’ailleurs bien plu… »

« - Parce qu’en plus mon père était au courant de ta tentative, et me pensait trop faible pour dévier la charge d’un sanglier ? » pesta Kirla. Il voulut en venir aux mains, mais Gontrand s’interposa et retint le bras lancé à toute vitesse.

Ilia, les yeux emplis de larme, tomba à terre, le suppliant d’entendre raison :

« - Il t’aime, comprends cela, et il ne voulait te perdre comme pour Kiriath ! Imagine, ton frère est mort juste après ta naissance ! »

« - Et toi, là, restes-tu à mes côtés pour mon frère ou pour moi ? »s’inquiéta Kirla. Sa rage s’évanouit, et avait laissé un grand vide en lui. Vide qui ne tarda pas à être comblé par la tristesse et les craintes amères qu’il traînait avec lui depuis des mois. Après la tempête, l’océan de misère reprenait ses droits… De l’être prêt à frapper ne restait plus qu’une vague forme voûtée sur elle-même, donnant l’impression qu’une brise en viendrait à bout.

Devant une telle métamorphose, Ilia paniqua : il préférait encore la rage à la détresse de son ami !

« - Pour toi, bien entendu ! Tu es devenu au cours de cette chasse un véritable ami. Je m’étais interdit, pour honorer la mémoire de ton frère, d’en avoir un autre. Tu as brisé cet ordre néfaste et m’a refait découvrir les joies d’avoir quelqu’un sur qui compter ! L’amitié est un bien inestimable, sache-le ! Tu n’as pas eu le malheur de perdre un ami, je ne te le souhaite pas ! »

« - Tu m’étonnes » répliqua Kirla qui avait retrouvé un semblant de sourire – et de force -, « c’est que ça signifierait que tu serais mort ! »

Ilia rit, évacuant ainsi la tension qui s’était accumulé. Se rasseyant, il murmura, se replongeant dans ses songes :

« - Dès fois j’imagine qu’il est encore là. Ton frère Kiriath était vraiment un être précieux, tu ne peux savoir, et son souvenir me travaille encore… Mais s’il était encore là, et que je sois ami avec vous deux, ce serait un véritable rêve ! A votre manière tous deux êtes des êtres exceptionnels, des gens prêts à se sacrifier pour vos amis, et pour lesquels toi aussi tu te sens prêt à te destituer de ta vie pour la leur… » Le léger sourire qui était apparu s’évanouit aussitôt lorsqu’il continua. « C’est suite à sa mort que j’ai appris à lancer des sorts, et c’est quand je t’ai vu sur le point de décéder que j’ai jeté mon premier artifice… »

« - Comment ? » Kirla, sous la surprise, éloigna ses yeux de la contemplation des braises ardentes qui dormaient dans le feu.

« - En te soulevant, je t’ai… »

« - Attends ! » le coupa Kirla. Il voulut tout d’abord protester, mais il ne s’en sentait

plus le courage. Et puis, le ressentiment n’était nullement une solution pour calmer la tension. Finalement, il se rabattit sur la seule phrase qui lui semblait appropriée : « tu es en train de me dire que tu m’as lancé un sort dessus. »

Les quatre hommes, qui s’étaient éloignés lors de la confession des deux elfes au sujet du frère disparu, se rapprochèrent à nouveau. Si la conversation revenait sur la magie, alors ils pouvaient y prendre part et glaner de précieuses informations.

« - Oui… lors de la chasse. C’était d’ailleurs mon tout premier sort ! » annonça fièrement Ilia.

Kirla se demanda vaguement si cela n’avait pas été dangereux, mais à quoi bon se battre pour une telle futilité ? Il avait survécu grâce à ce sortilège et Ilia s’était senti obligé de le sauver. Cela avait fonctionné : il était en vie !

« - J’avais cru que c’était ton plongeon qui m’avait sauvé » se remémora Kirla en haussant les épaules.

« - En partie » avoua Ilia. Je ne maîtrisais pas encore assez la magie et… »

« - Normal, comme c’était ton premier sort » le rassura Geoffroy, « maintenant tes sorts doivent être plus puissants. »

Ilia se tourna vers l’homme et lui sourit sincèrement. La peur effectuait des métamorphoses probantes, et transformait un railleur en être avenant ! Se retournant vers Kirla, il finit :

« - Grâce à la magie, je t’ai soulevé. Ensuite j’ai sauté vers toi. Sans cette aide, je pense que tu te serais fait empaler ! »

Kirla opina, s’imaginant ce qui serait resté de lui sans ce sortilège salvateur.

« - En tout » continua Ilia, dont le fait de parler de Kiriath et de la magie allégeait le poids qu’il avait en lui depuis le sacrifice de son ami. « J’ai lancé deux autres sorts. Lors de l’entraînement avec l’orbe, tu t’en souviens ? »

« - A peu près. C’était bien drôle d’ailleurs » se moqua-t-il.

« - Lors du premier jet, j’ai ralenti l’orbe qui se précipitait contre ton front. Tu avais trop hésité, et sans cette aide, tu aurais été sonné avec… force. »

« - Et bien » ironisa Kirla, « il faut croire que je suis incapable de survivre par moi-même. »

Ilia ne sut comment prendre cette répartie, mais comme Kirla souriait, ce ne devait être rien d’autre qu’un pique.

« - Tu sais, en s’entraidant, on survit bien mieux que seuls. »

« - Oui, les amis, ça compte ! » Kirla lui adressa un clin d’œil. En repensant à la mort de Kiriath, Ilia s’empourpra. Aussitôt, son ami chercha à lui ramener le sourire :

« - Tu as du bien t’entraîner à Mor avec moi toujours fourré dans tes pattes, cherchant ta protection ! »

« - Même pas. Il faut croire que l’on s’est assez bien débrouillé pour ne pas nous mettre dans des situations mortelles ! » Kirla acquiesça avant de rire aux éclats. Ilia continua : « non, la dernière fois que j’ai jeté un sort, c’est à Skefoy, dans le cimetière, pour voir le visage de l’homme. Sauf que là ça a mal tourné… »

« - Ah bon » s’étonna Kirla, « ton sort a fonctionné pourtant ! »

« - Je sais. Mais quelqu’un m’a, disons, senti. C’était comme s’il était en moi, et qu’il me transmettait tous ces vices, la haine des hommes, la soif de pouvoir… Jamais je n’avais ressenti cela avant. Visiblement la Loriath m’a protégé avant, et bloquait tous les sorts de la magie de l’Aube… Maintenant je n’ai plus confiance et je préfère ne plus en utiliser un seul ! Une magie puissante est à l’œuvre contre nous ! » Un silence suivit cette déclaration. Geoffroy se força à rester optimiste, mais la désillusion le frappa bien vite durement. Comment être optimisme quand le monde est contre vous ?

Après un long moment, Kirla s’interrogea, inquiet :

« - Tu penses que le cauchemar, enfin, la vision que j’ai eu cette nuit, a un rapport avec celui qui a interféré après ton sort ? »

« - Oui » annonça avec sérieux Ilia, « si ce n’est pas lui, alors c’est un de ses serviteurs. Seul un puissant sort de magie noire peut ainsi lier deux personnes par les sentiments !

« - Alors je suis le pantin de l’ennemi » se larmoya Kirla.

« - Je ne pense vraiment pas ! Au contraire, ce lien défavorise l’ennemi car il nous donne la possibilité de lire en lui et de l’identifier. »

Un fugace éclat illumina le regard de Kirla. Si la malédiction se retournait en bénédiction, l’espérance naissait !

« - Alors tout n’est pas perdu ? » demanda d’un ton hébété Geoffroy, comme si le don d’espoir était plus que tout ce qu’il souhaitait.

« - Non, tout n’est pas perdu » confirma avec le sourire Ilia. « Nous avons des atouts non négligeables ! L’amitié… » Il marqua un court silence, durant lequel il écarquilla les yeux, comme s’il venait de se souvenir d’un détail. Il se tourna vers Kirla « D’ailleurs, quel était ce rêve ? »

Kirla ne sut que répondre. Accepter que l’ennemi était un Ath était ardu, surtout si lui et Ilia en étaient.

« - Une forêt en feu, et les habitants épouvantés. Anar et Folgiwe. »

Ilia acquiesça, une expression indéchiffrable composant son visage.

Après un instant que Geoffroy jugea assez long pour permettre à Kirla ou Ilia de répondre, il osa enfin parler de ce qui lui tenait à cœur. Par habitude de blagueur, qui sait qu’il vaut mieux d’abord s’attirer la bienveillance d’un homme avant de lui soutirer des réponses, il commença par s’excuser. Ce en quoi Ilia répondit sardoniquement, se retenant de rire :

« - Va à l’essentiel, ça ne te réussit pas d’essayer de t’excuser, tu ne dois pas en avoir l’habitude. »

« - Alors tout n’est pas perdu ? » demanda d’un ton hébété Geoffroy, comme si le don d’espoir était plus que tout ce qu’il souhaitait.

Quand j'ai écrit cett répartie, j'ai pensé au film de Seigneur des Anneaux, à une discussion entre Pippin et Gandalf, j'ai adoré l'expression de Pippin, quasi-émerveillée. Malheureusement, j'ai l'impression de ne pas avoir réussi à la retranscrire par écrit ^_^ (c'est ça qui fait du mal en lisant les livres de certains, ils trouvent toujours le terme approprié (même si quand on posséde cinq personnes qui aident, ça peut, justement, aider :lol: )

Iliaron

PS: chiant sous Firefox ce smiley qui applaudit. Il est bourré aux testostérones le petit ^_^ . Mince, ça fait mal aux yeux :skull: .

Modifié par Iliaron
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Mdr.... Imagine toi que ce qui suit... Ben attends, je vais te raconter deux anecdotes qui me sont arrivées sur ton texte !

La première ( pas dans le temps ^_^ ) est à l'instant. J'ai posté la réponse à la suite de mon texte... Me demande pas pourquoi :P Avec les quote et tout ^_^

L'autre, c'est un soir ou le forum buggait et je venais de décourir que F5 et R ( rafraichir la page / renvoyé les données ) ca marchait bien quand j'arrivais pas à envoyer une réponse. Donc je faisais cette combinaison de touche a fond, quand j'ai vu qu'un coup ca aurait suffit ( je pensais que j'allais plus pouvoir quand le message serait envoyé :wink: ) et, tu as pas eu le temps de voir, ton texte s'est retrouvé avec deux pasges ( sans mentir :wink: ) du meme commentaire ^_^ Heuresement que je suis modo pour rattraper mes boulettes :(

Bon voilà le com !

Cela était normal, mais peina Ilia.

Beurk, qu'est-ce que c'est pas beau à lire... Attends, comment reformuler ça ?

---

Deux minutes plus tard

---

Bien que cela fut normal, cela n'empêcha pas de peiner Ilia ! Ou un truc comme ca :D

que j’ai eu un frère ! » hurla Kirla, épouvanté.

Le 'hurla' et le 'épouvanté' s'assemblent pas trop. Quand on est épouvanté, on hurle rarement. On a pas la force :D ==> Dit Kirla sur un ton à peine audible.

et il ne voyait plus Kirla comme un ami, mais comme celui qui avait tué son frère chéri !

Euh le 'frère chéri' brusque un peu les choses. L'idée de l'affection est vraiment bonne mais il faudrait remanier la phrase :lol:

Certes j’en avais d’abord parlé à ton père, qui m’a fait totale confiance.

Qui m'a fait totalement confiance.

Qui m'a donné une totale confiance.

Qu'a une totale confiance ( jeun'z )

Ton frère Kiriath était vraiment un être précieux, tu ne peux savoir, et son souvenir me travaille encore…

Le 'tu ne peux pas savoir' :blink: A eviter :D Imagine, il regrete de pas l'avoir connu et l'autre en rajoute une couche :P Moyen, hein ^_^

@+

-= Inxi =-

PS : Le passage est parfait sinon !

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  • 2 semaines après...
La première ( pas dans le temps  ) est à l'instant. J'ai posté la réponse à la suite de mon texte... Me demande pas pourquoi  Avec les quote et tout 

L'autre, c'est un soir ou le forum buggait et je venais de décourir que F5 et R ( rafraichir la page / renvoyé les données ) ca marchait bien quand j'arrivais pas à envoyer une réponse. Donc je faisais cette combinaison de touche a fond, quand j'ai vu qu'un coup ca aurait suffit ( je pensais que j'allais plus pouvoir quand le message serait envoyé  ) et, tu as pas eu le temps de voir, ton texte s'est retrouvé avec deux pasges ( sans mentir  ) du meme commentaire  Heuresement que je suis modo pour rattraper mes boulettes

1) Voilà qui est quand même sympa, belle erreur, fallait vraiment le vouloir ^_^

2) Si tu n'avais été modo, et donc corrigé, je me serais réveillé, et, ô joie, deux pages de commentaires! Visiblement j'ai plein de lecteurs cachés ^_^ .

Moralité: un modo est peut-être modo car il est de tous le plus étourdi :P

Ah cet Inxi :lol:

Le 'tu ne peux pas savoir'  A eviter  Imagine, il regrete de pas l'avoir connu et l'autre en rajoute une couche  Moyen, hein

Bah, faut bien, non :P

Je modifierais.

PS : Le passage est parfait sinon !

Grâce à toi et tes remarques :) .

Maintenant, quelques changements.

Le premier, Kirl (père de Kirla) s'appelle Kirtën (mais comme je réécrirais tout, je modifierais au fur et à mesure, les Chroniques me motivent pour réécrire à chaque MAJ en fait :P ).

La deuxième: Voilà deux cartes: ici et . (si vous n'y parvenez pas, allez et ce sera Esserpa 1 et Esserpa 2. (edit, je précise, au cas où que vous ne cherchiez des différences: ce sont les mêmes cartes, sauf au niveau des écritures :P )

Ensuite, au niveau du chapitre IV de la partie I, j'ai rajouté un bon (qui vous permettra de comprendre une allusion au prochain passage:

Mälthion lança un regard en direction d’un nouvel elfe. Ce dernier avait le visage énervé de celui qui a perdu trop de temps et pense que toute sa vie s’en trouvera anéantie. Il soupira. Etait-ce sa faute s’il aimait passer du temps avec certains hommes qui lui apparaissaient purs ?

Après avoir regardé d’un œil fatigué l’elfe rentrer dans la tente, Kev se mit en tête de trouver un endroit assez confortable pour dormir. Une fois installé à proximité du campement, il se mit à rêver en regardant les étoiles. Avec ses compagnons, ils s’étaient trouvés une constellation à sept étoiles - dont jamais il n’avait connu le nom – et avaient passé de nombreuses veillées sur les toits des maisons à l’observer. Cette pléiade formait un cercle quasi-parfait. Pendant quatre ans, ils s’étaient considérés aussi unis que cette constellation, imaginant que rien ne pourrait jamais les séparer… Espoir illusoire qui s’était traîtreusement retourné contre eux…

Un nuage, porté par le zéphyr nocturne, s’écoula paresseusement dans le ciel, jusqu’à recouvrir deux étoiles de cette constellation. Pierre et Richard avaient été absorbés par les ténèbres de cette même façon, sans pouvoir lutter, aucune chance de survie ne leur avait été laissée… Ses deux chers amis ! Sous le regret, il ferma les yeux. Ses jeux d’adresse avec Pierre lui semblaient si proches, et pourtant si loin. Le bilboquet était encore chez lui, mais il savait que jamais il n’y retoucherait. Le vide causé par son ami tuait l’intérêt des anciens bonheurs simples… Depuis leur assassinat, il remarquait d’ailleurs que son monde avait changé : toutes les pensées qui procuraient un réconfort le désespéraient dorénavant ; et au contraire il trouvait une aide dans ses anciens obstacles. D’ailleurs, jamais son père ne lui avait semblé si proche, comme s’il avait fallu que la mort frôle son fils pour qu’il se rende compte que ce jeune était autre chose qu’un triple idiot entouré de peau… Oui, le monde changeait, et sans Pierre et Richard pour se tenir près de lui, il n’avait plus la force de lutter.

Il rouvrit faiblement les yeux. Le nuage avait encore avancé, et de la constellation ne restait plus qu’une seule étoile. D’où Kev se tenait, cette étoile semblait privée pour toujours de la proximité de ses six congénères. Une nouvelle vie l’attendait !

Refermant les yeux, il s’endormit aussitôt, anéanti.

Dans le ciel, la nébulosité progressa inexorablement, et la dernière étoile se trouva à son tour avalée par l’obscurité.

Et maintenant, voilà la vraie suite (avouez que je vous ai bien diverti pour l'ensemble... non :P )

* *

*

Une heure plus tard, le soleil se révéla parmi les brumes matinales, et les rayons dardés dissipèrent peu à peu le brouillard qui s’épandait entre les arbres. La rosée se teinta de parures lorsque les premiers éclats solaires se brisèrent dans ces perles d’eau, tandis que les stridulations enjouées d’un rossignol accompagnaient ce spectacle de sa symphonie. Une légère brise secouait les feuillages, colonies d’oisillons qui pépiaient gaiement, et la mouvance des feuilles décrivit dans les airs des arabesques, camaïeux de verts s’étendant à l’horizon.

Insensible à ce spectacle, les six compagnons avançaient silencieux parmi les herbes, enfermés dans leurs propres pensées. Depuis les révélations, aucun n’avait plus osé parler, craignant à la fois d’être entendu de l’ennemi ou de s’attirer les foudres de ses compères. La nature avait beau s’éveiller autour d’eux, parée de ses plus beaux atours, ils n’allaient pas détourner la tête pour observer des daims ou un lapin. L’attrait de leur désespoir était bien plus fascinant, et ils se laissaient piéger par la peur plutôt que de la combattre par l’oubli. Ils délaissaient la vie présente pour se concentrer sur la mort future. Leur destin semblait inaltérable et s’avançait vers eux aussi sûr qu’eux s’approchaient de l’Habitat.

En chacun était déjà un germe de scission. Le désespoir fait taire la raison, voile la vérité et fait naître un désir insistant de survivre par tous les moyens. Ils découvraient dans l’unité de leur groupe un danger : s’ils restaient soudés, ils trouveraient l’ennemi. Cette simple idée qui brillait par son inéluctabilité et par le destin effroyable lié à l’agresseur venait peu à peu à bout de l’union des compagnons.

Kirla était conscient d’être le catalyseur de cette union : depuis le début, où qu’il allait, ses amis le suivaient. Ilia n’aurait jamais mis un pied à Skefoy, et aurait encore moins épargné ses habitants s’il n’avait su que Kirla désapprouverait un tel acte. De même, jamais les hommes n’auraient osé aller en Loriath, et ils l’auraient forcé à rester à Skefoy. En lui était un pouvoir énorme, il était le tisseur de cette si fine dentelle, invisible à l’œil, et qui relie tout compagnon par des liens inviolables tant que perdure l’amitié. Il pouvait faire faillir ou bien mener au bout cette équipée. Mais cette puissance l’effrayait, si un de ses compagnons venait à mourir, ce serait de sa faute ; ses erreurs lui devenaient insupportables, et le simple présage d’une embuscade lui donnait l’envie de tout abandonner. Il ne savait pas encore qui il était, mais cette connaissance ne lui était plus vital comme auparavant. A quoi bon mourir pour savoir qui l’on est ? Vivons, et devenons ce que l’on sera ! Et puis, le meurtre de Pierre et Richard, certes il se remémorait cette funeste soirée et du regard sans vie qu’il avait surpris dans les yeux de Pierre, mais il n’avait plus aucune rage à cette pensée. S’ils combattaient l’agresseur, ils honoreraient une amitié passée et perdue à jamais pour délier une seconde amitié dans le sommeil éternel. La mort avait déjà bien assez frappé leur groupe, ce serait pure folie que d’aller soi-même au devant de l’anéantissement.

Ilia restait en retrait, scrutant intensément son ami. Si Kirla était capable de ressentir les rêves de l’agresseur, alors ils pourraient sans problème le retrouver. Restait à le vaincre, mais en le prenant par surprise, c’était possible… Il avait donc vécu lors de la guerre de Loriath. Impossible que ce soit un Ath ou un homme… Le pressentiment qu’il avait ressenti à Skefoy ne pouvait donc qu’être faux ! Cette idée le rasséréna légèrement : il avait toujours fait confiance à l’entière tribu d’Älthwe, il lui en aurait coûté de se méfier !

« - N’empêche, j’aimerais bien savoir à quoi il ressemble, cet agresseur… » soupira-t-il à faible voix.

Geoffroy se tourna vers Mav. Devant la gravité du regard de ce dernier, il se força à parler :

« - Un être à peu près de votre taille, tout vêtu de vert, au carquois rempli de flèches au liseré d’or. J’ajouterai qu’il a une prestance admirable et qu’il fait preuve d’une rapidité phénoménale et peut éviter des flèches, par contre il ne semble pas très malin. »

Devant cette révélation, le groupe s’arrêta. Ilia dévisagea Geoffroy et questionna :

« - Comment sais-tu tout ça ? »

« - C’est ce salaud qui nous a capturé et mené à Malak. Il disposait d’une troupe d’archers talentueuse d’ailleurs, des mercenaires pas très futés non plus ! »

« - Pourquoi ne pas nous en avoir parlé avant » s’étonna Ilia. De telles

informations étaient précieuses !

« - Franchement, après un mois de torture, on a oublié. On s’est pourtant accroché à cette pensée de vengeance pour survivre, mais peu à peu tu te contrains à oublier pour ne rien divulguer… »

« - Et comment êtes-vous sûr que c’est bien l’agresseur ? »

« - Excellent archer, et c’était le seul avec ces flèches maudites ! Et puis… » Il s’arrêta, ne trouvant pas les mots.

« - Oui ? » insista l’elfe.

« - Une haine sourde m’a envahi à sa vue. »

Une foule de nouvelles questions vint à l’esprit d’Ilia, mais il n’ajouta rien. L’argument de Geoffroy était suffisant en lui-même pour prouver la véracité de ses dires.

Mav en profita pour demander à Kirla :

« - Et toi, Kev, que t’ont-ils fait subir ? »

« - Je ne me souviens plus trop, cette soirée est restée confuse… Je me souviens d’un visage étrange, d’une boisson goûteuse et d’une constellation, mais c’est tout. Seulement des réminiscences dispersées, désolé. »

Pendant un moment, tous les compagnons se regardèrent en cercle, ne bougeant que les pupilles. Tous étaient perdus dans leur réflexion, et essayaient de trouver un lien qui rapprochait les faibles indices dont ils disposaient.

« - Ses yeux ? » s’enquit Ilia, après une subite illumination.

« - Quoi ? » répliqua hébété Geoffroy.

« - Ils étaient profonds, comme s’ils avaient vécu durant de très nombreuses années, et brillaient d’une lueur de cruauté » répondit Mav.

« - Tiens » se remémora Kirla, « je me souviens d’yeux semblables, la cruauté en moins. »

Ilia fut presque bouleversé de cette dernière remarque, tant elle chamboulait ses premiers plans. Malgré cette surprise, il parvint à ne rien en laisser paraître. Kirla n’avait donc pas été en présence d’Anar ou de Folgiwe, les deux initiateurs de ce complot visant à les détruire. A moins que tout ceci ne soit qu’un leurre… On avait inséré des pensées dans la tête de son ami, alors pourquoi ne pas avoir effacé les indices compromettants en les remplaçant par des mensonges…

« - Notre ennemi est donc un être très vieux, qui a dû vivre la guerre de la Loriath, et qui depuis s’est peu à peu transformé en créature abjecte. »

« - Quoi ? » beugla Arthur avec sa discrétion habituelle, « ça veut dir’ qu’il a… »

Ilia ne le laissa pas finir :

« - Plus d’un millénaire. » Il secoua pensivement sa tête.

« - Qui pourrait ? » tonna Geoffroy, tremblant.

« - A la base c’était un Ath. Maintenant… »

Il laissa à ses cinq compagnons le loisir d’imaginer la puissance de l’être contre qui ils allaient combattre.

* *

*

Une foule hétéroclite et nombreuse se trouvait face à eux dans la clairière. Imladrik se tenait au devant de toute la foule, les yeux fatigués et le visage émacié. Il était voûté, et ses bras, telles les branches d’un saule pleureur, restaient inertes à ses côtés. La pugnacité qui émanait de l’Ath semblait avoir disparue, et n’avait laissé là qu’un cadavre à peine vivant. Surprenante métamorphose que les compagnons considérèrent avec effroi. En deux semaines, leur meneur, celui qui les avait mené victorieusement à Mor et qui avait purgé cette ville de ces vicissitudes se trouvait tel l’hère qu’il avait mis sur le trône, faible, terriblement faible… L’Esprit l’avait abandonné, et avec lui le courage et la force de vivre.

Les compagnons se détournèrent de cette image de déchéance, espérant retrouver du réconfort chez les autres Aths, une étincelle de vie, un rire, ou même un sourire. Mais ils ne découvrirent que cette même lassitude de la vie sur chaque visage. La Loriath semblait dépérir et menait dans sa tombe son peuple. L’enfer d’Althior les attendait… Ils auraient voulu crier, se réveiller de cette horreur, mais ce cauchemar était bien trop prégnant pour être irréel. Il s’attachait à toutes choses sans permettre à l’espoir de poindre.

Ce fut avec un pincement au cœur que Kirla découvrit son père. Kirtën avait la peau toute aussi pâle, et la joie évidente qu’il éprouvait à revoir son fils ne parvenait à effacer ses rides de désespoir. Le monde autour d’eux semblait se désagréger, et le père de Kirla se faisait l’écho de l’anéantissement des Aths, ses yeux n’étaient plus qu’un gouffre ténébreux : l’éclat de la jade s’était effacé de ses pupilles. Les Aths tombaient dans un tel abyme, et ils étaient encore loin de voir apparaître le fond. Une longue succession d’errements et de malheurs semblaient les attendre, avant que la mort ne vienne les délier de leur malédiction.

Derrière son père, Kirla découvrit avec un certain hébétement Yunka, habillé comme feu son père l’avait été, et Kalith. Un instant il oublia son désespoir, se réjouissant que le premier soit de nouveau sur pieds. Sans lui, se remémora-t-il avec nostalgie, le groupe Salvatus n’aurait jamais pu libérer les quatre hommes.

Il fut de suite frappé par deux évidences qui le plongèrent à nouveau dans le désespoir. Il n’était pas normal d’évoquer avec plaisir un passé de bataille. Visiblement leur destin semblait encore plus inéluctable et irréversible que les coups qui avaient plu dru lors leurs duels contre les hommes. Cependant, il était bien plus anormal, et inquiétant, que les chefs des tribus se trouvent encore en Älthwe. Cela faisait des jours qu’ils auraient du retourner dans leurs tribus pour y retrouver avec joie leurs femmes et enfants…

Décontenancé, Kirla lança des regards hagards de tous côtés, et découvrit avec stupeur des aigles posés nonchalamment sur des branches, tandis que non loin de grands cerfs cherchaient de l’herbe. En début de printemps, elle aurait dû être foisonnante ; c’était tout juste si les montures en avaient assez pour survivre.

Alors il les vit. Il recula d’un pas, et fut retenu par Ilia. La crainte qui s’était immiscée dans son esprit n’était pas seulement une chimère, mais bien une réalité ! Ce face-à-face direct avec la vérité – et la mort – le terrassait. S’il s’était trouvé seul, il se serait roulé dans la terre, et aurait pleuré comme jamais il ne l’avait fait, il aurait maudit les cieux et de rage se serait mis à tailler en pièce ces arbres qui restaient passifs devant leur malédiction ! Puis il se serait réveillé… Jamais auparavant il n’avait songé qu’un malheur puisse être autant poignant, et il désirait désormais s’enfoncer toujours plus profondément cette lame de chagrin et s’en laisser mourir. Mais même cela, il ne le pouvait…

Il se redressa, les larmes aux yeux, et essaya d’adresser un geste de bienvenue aux soldats des trois tribus. Tous baissèrent la tête, incapables de garder la tête haute devant ce désespoir qui les avait accablé. En leur souhaitant la bienvenue, Kirla venait de, sans le savoir, réveiller cette douleur sourde et sournoise.

Il resta alors immobile. Il aurait voulu s’excuser, mais sa bouche était à la fois pâteuse et inondée de sanglots, tandis que partir lui était rendu impossible par ses jambes flageolantes. Il ne voyait plus que le désespoir dans lequel s’élancer pleinement, sans retenue, et advienne que pourra, du moment que la mort soit proche…

« - Viens » lui souffla Ilia à l’oreille, qui tenta en vain d’arracher Kirla à sa contemplation silencieuse du malheur. Au moment où il se détournait, une larme coula le long de la joue de Kirtën.

Le fils baissa les yeux, vaincu. Il aurait voulu courir rejoindre son père, mais il ne l’osait pas… La clairière entière était recouverte de cendres, et quelques bûches crépitaient encore. Le fin grésillement des scories encore chaudes recouvrait par sa présence les reniflements sinistres des elfes. Lentement, un bout de tissu blanc s’éleva des restes du brasier.

A l'origine, aucun de ses passages ne devait exister. En fait je voulais faire une transition d'un paragraphe, mais j'ai eu de l'inspiration :P .

Je me suis amusé à faire des sautes d'humeur très brusques, pour prouver l'état dans lequel ils sont: ils ne savent pas eux-mêmes ^_^ .

Pour le dialogue, fallait que je fasse le lien avec la partie I chapitre IV, en plus, comme je venais de le réécrire, assez simple :P .

Pour le passage suivant, au début de l'écriture il était différent. Puis j'ai eu une idée, modifié une phrase (une seule, c'est dire à quel point ça s'y prétait bien!) et j'ai vraiment l'impression d'avoir réussi mon coup (pour une fois!). J'espère que vous comprendrez sans mal à quel moment ils arrivent (on pourra me reprocher clairement ce heureux hasard, mais en relisant cette scène, j'ai limite eu les larmes aux yeux, donc je garde!)

Iliaron, qui reprend du service (bien entendu, l'inspi n'est venu toquer qu'à la fin du week-end, là où il fau(drai)t dormir ^_^

Modifié par Iliaron
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Pourquoi ne pas nous en avoir parlé avant » s’étonna Ilia. De telles

informations étaient précieuses !

Juste un retour à la ligne incongru !

Pour le fond, ben... pas grand chose à dire ! En plus, je suis fatigué donc ca aide pas pour mettre ses idées en place ! Bon j'avais un truc à dire mais je l'ai oublié ! Ca avait un lien avec l'agresseur ! Bon si jamais ca me revient, je t'en ferai part ! A si ! Ca y est ! Enfin c'était juste pour dire que la description de l'agresseur me faisait penser à celle de gollum.

Pour le reste, c'est bien écrit mais ca vaut pas encore RE Feist ! ^_^:lol::P Je rigole ^_^ Je suis en pleine lecture des chroniques du Krondor là ! Alors je te renvoie l'appareil pour chaque fois que tu m'as fait l'allusion alors que j'étais en train de lire un de ses livres :P

Allez, suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

Après une pause dûe à... à plein de choses en fait (ainsi qu'à une absence d'inspi), je reviens vous hanter :ermm: .

Déjà, pour Inxi, je suis en train de lire, mais bon, ça fait quand même 16 pages :shifty: !

Pour le reste, c'est bien écrit mais ca vaut pas encore RE Feist !    Je rigole  Je suis en pleine lecture des chroniques du Krondor là ! Alors je te renvoie l'appareil pour chaque fois que tu m'as fait l'allusion alors que j'étais en train de lire un de ses livres

Et merde, me voilà trahi ^_^ ! Au moins je t'ai donné le virus (enfin, c'est peut-être pas moi). (d'ailleurs, faut que je commence la guerre des serpents dès que j'ai fini Bilobo le hobbit).

Vite fait: Esserpa est le nom du monde dans lequel se passe l'action (indiqué sur la carte, je l'insérerais aussi avant)

Bonne lecture :mrgreen: :

* *

*

Kirla restait abasourdi, deux traînées luisantes inscrites dans ses joues, signes évidents des larmes versées. Difficilement, il murmura :

« - Et ils étaient tous… absolument tous… »

Il n’arrivait à parler, comme si prononcer à voix haute le mot pouvait faire revivre le massacre et le chagrin mêlé de haine.

Lentement, Kirtën acquiesça, et Yunka suivi de Kalith, soufflèrent dans un soupir macabre :

« - Ils étaient éventrés, décapités… L’œuvre de barbares, d’hommes… » La haine se lisait clairement sur les visages de ces deux elfes, mais une expression encore plus prégnante de résignation perçait la fermeté de leur expression : les deux se sentaient faibles, et ne voyaient comment ils pouvaient s’opposer au destin de toute la nation des Aths. Les temps sombres étaient sur eux, bien trop tôt…

« - Pas un survivant » finit Imladrik, les larmes aux yeux. « Personne pour nous décrire leurs agresseurs, et que pleuve notre revanche. Rien, pas un indice. » Ensuite, plus à lui-même qu’aux compagnons, il murmura : « l’œuvre d’hommes, à n’en pas douter ! Mais où chercher, ces bêtes prolifèrent comme la peste, et sont bien plus nuisibles. » Aucun des quatre hommes ne pipa mot : devant l’effroyable tragédie qui s’était jouée en Gwaïwe et Lyondri, ils comprenaient parfaitement – et malgré leur fierté d’être des hommes – la fureur qui pouvait animer chaque elfe, et étaient d’ailleurs surpris de ne pas avoir été fait prisonnier. Ils étaient considérés comme un groupe qui acceptait la Loriath sans lui chercher tort, et si la forêt les avait accepté en son sein, alors ils devaient faire de même. Pourtant, ces derniers temps, la forêt avait tendance à accepter bien des étrangers, les ennemis pullulaient…

Soudainement, Imladrik releva la tête, serra les poings, et ragea :

« - On les retrouvera par tous les moyens. Que ce soit par l’enfer d’Althior ou la délivrance de l’Esprit, notre courroux vaincra ! Si nous nous laissons massacrer, il n’y aura bientôt plus un elfe sur cette terre qui sera livrée aux vicissitudes des hommes.

Allons au devant de notre destin, et si nous devons mourir demain, alors ce sera avec honneur ! Que l’on se souvienne de la race des elfes une fierté et un courage sans égal, et non de la couardise.

Demain, la forêt vibrera au son des galops rapides de mes éclaireurs. Sur le roc leur fracas se fera entendre, et bientôt la foudre frappera les hommes. Demain sera une journée de vengeance, une journée faite de recherche qui nous mènera aux assassins, et à la punition divine ! Que l’Esprit m’accompagne lors de cette chevauchée dans les territoires des hommes. »

Une lueur tremblotante gagna en intensité au fur et à mesure de cette harangue dans les yeux des deux chefs. L’espoir était mort, transpercé par les hommes ; mais la haine animait les corps, et guidait les coups jusque dans la chair ennemie.

Quand aux hommes, ils pâlirent. Beaucoup des leurs allaient décéder, probablement cette ultime bataille allait sceller le destin des hommes et des elfes. Dans quelques jours, un vent macabre soufflerait sur la lande d’Esserpa, une tempête gonflée par le sang versée ; mais personne pour la sentir. Seuls les cadavres joncheraient les plaines et les bois, croupiraient dans les lacs ou les marais, et les esprits défunts hanteraient ce tombeau des peuples.

Les peuples elfiques venaient de se réveiller, et ils prenaient conscience de leur puissance. Et devant elle, les peuplades humaines trembleraient, ainsi que le monde.

« - Kirtën » continua Imladrik, « je te confie le commandement de mes hommes. »

« - Et nous, » ajoutèrent ensemble Yunka et Kalith, « nous vous jurons fidélité. Vous avez su nous amener à la victoire à Mor, et vous y arriverez encore une fois ! »

« - Parfait » surenchérit Imladrik. « Envoyez des éclaireurs quérir l’aide des tribus environnantes. Finaeth a connu la guerre de la Loriath, elle répondra. Nous entretenons encore des liens avec les clans de Silath, de Tissina et d’Oglior, ils répondront. Quand à celle d’Onyx, ils peuvent débarquer à l’aide de leurs bateaux et prendre à revers les hommes.

Dites bien à chaque elfe que vous rencontrerez que de cette bataille ne dépend pas simplement une vengeance, mais aussi le destin de la Loriath et du monde. De notre action Esserpa sera changée à jamais. »

Les deux chefs et Kirtën opinèrent, sentant la confiance perdue revenir.

« - Dans une semaine, partez à l’assaut des territoires humains. N’attendez pas mon retour, cette guerre ne doit être retardée pour aucune raison. » Il se recula, et siffla. Aussitôt, comme apparue de nulle part, une splendide licorne se présenta à ses côtés. Il l’enfourcha, et sonna dans son cor. « Adieu mes amis. Que l’Esprit guide vos lames. Accordons une seconde naissance à la Loriath »

Sans un regard en arrière, il lança sa monture à toute allure au travers des fourrés. Déjà, quatre gardes le talonnaient : les soldats les plus proches d’Imladrik. Certainement le crépuscule qui accompagnait leur départ serait le dernier de toute leur vie.

* *

*

Une nuit s’était écoulée, paisible, bien trop paisible d’ailleurs au goût de Kirla – l’habitude d’être réveillée par un cauchemar devenait visiblement tenace. La tribu semblait calme. Peu d’elfes marchaient dans les couloirs de l’Habitat, ni même s’attardaient dans la salle principale. En vérité, hormis les six compagnons, il n’y avait plus personne.

De fait, une trentaine d’éclaireurs étaient partis vers les tribus éloignées. Deux centaines de soldats parcourraient les alentours de l’Habitat, chassant. Ils avaient une semaine pour ramener assez de nourritures pour tenir durant cette longue campagne. Les plus vieux s’occupaient de graisser lames et armures : rien ne devait être laissé au hasard, et pour la première fois depuis des âges immémoriaux – peut-être depuis toujours – les anciens quitteraient la Loriath et accompagneraient les soldats pour les aider. Les femmes, quand à elles, s’entraînaient à l’arc. Malgré la finesse des elfes, les mâles étaient puissants, plus que leurs femmes. Ils ne voulaient risquer de les envoyer à la mort dans des mêlées brutales. Au contraire, leur précision serait souvent vitale. Enfin, pour les quelques derniers qui restaient – fort peu – ils s’occupaient d’organiser la clairière pour être prêt à recevoir le flot de soldats qui bientôt affluerait dans cette clairière.

« - C’est du suicide » clama Geoffroy. Depuis déjà une heure ils étaient engagés dans une lutte acharnée entre raison et haine « Pour les elfes et les hommes ! »

« - Il est trop tard » le coupa Ilia, « les hommes sont allés trop loin. Ils ne sont certes pas tous aussi belliqueux et barbares, mais va faire entendre raison aux elfes maintenant… »

« - C’est justement ce que j’aimerais » beugla Geoffroy.

« - Ils te pourfendraient » le raisonna Mav, « et je les comprendrais : nous sommes des hommes. »

« - Mais nous sommes pas cruels ! » rétorqua Arthur.

« - Ils ne sont plus prêts à faire la différence. Regarde-les, au lieu de tuer seulement leurs ennemis, ils sont prêts à éradiquer tous les hommes… »

« - C’est une menace potentielle » intervint Ilia, furieux.

« - Nous sommes TOUS potentiellement dangereux, même toi ! N’as-tu donc jamais tué ? »

« - Des hommes » éluda l’elfe.

« - Qui étaient peut-être mécréants, peut-être pas » renifla avec mépris Geoffroy.

« - Mais même » objecta Ilia, « oublions nos différends… et remarquez qu’il est trop tard pour changer le destin de ce monde. »

« - Alors nous allons r’ster là et attendr’que l’monde s’fasse détruire, c’est ça ? »

« - Nous ne pouvons agir à l’échelle d’Esserpa » gronda l’elfe à la fois de rage et de résignation. « Va donc espérer de ta simple présence faire taire la haine de cinq mille Aths et celle du double ou du triple d’hommes… »

« - Mais nous pouvons agir à l’échelle de Kirla » signifia Gontrand. Comme à son habitude, ses répliques étaient concises, mais elles avaient le don de se démarquer des océans de verves. »

Kirla lui sourit, avant de dénigrer, penaud :

« - Au vu de ce que le monde va vivre très prochainement, je ne suis vraiment pas sûr que mes questions existentialistes soient très importantes. »

« - P’têtre que c’est lié ! »

« - Mais bien sûr » ironisa Ilia, « confondons donc l’Ennemi et la haine. »

« - Et si c’est l’Ennemi qui a tué les elfes des deux tribus » insinua avec sarcasmes Geoffroy. Ce dernier sentait croître en lui une haine indicible à l’égard de l’ennemi, mais aussi, et cela ne fut pas sans l’inquiéter, des elfes.

« - L’Ennemi manie une puissante magie, mais les coups d’épée étaient bien réels. »

« - Parce que tu es allé voir ? » se moqua Geoffroy.

« - Là n’est pas le problème ! »

« - Si, là est le problème… »

« - En ce cas, que préconises-tu ? »

Geoffroy abandonna son ton railleur pour avouer avec lassitude :

« - Justement, je ne sais pas. D’un côté ce serait bien de découvrir qui est l’Ennemi, ça en ferait toujours un de moins. D’un autre, j’ai du mal à accepter cette guerre stupide. Mais je me sens si faible, je ne suis rien face aux puissances contre lesquelles je désire m’opposer… »

« - Il faudra pourtant agir, quitte à mourir de notre erreur » le raisonna Mav.

« - Mais j’ai peur de cette mort, j’ai peur de l’idée même d’une fin à tout ce que j’ai connu ! Je suis tétanisé par la peur… »

« - Alors il faut l’oublier, l’enfouir au fond de toi. Laisse-toi vaincre par ta peur, et alors à coup sûr la mort viendra à toi » lui apprit Gontrand, décidemment loquace ce matin-là – l’importance, et surtout les conséquences de cette discussion, lui offrait une rare confiance. « Bats-toi contre elle, et là tu pourras la vaincre. Certes tu peux aussi mourir. »

« - Sympa » grinça Geoffroy. « Tu parles jamais, mais quand tu le fais, tu prends un malin plaisir à torturer mon esprit. »

« - Réfléchis » continua Gontrand, d’un côté tu as une mort assurée, de l’autre une mort hypothétique. »

« - Cela ne fait pas une grande différence » soupira avec résignation Geoffroy.

« - Mais de cette différence le monde pourra continuer à vivre ! » lança Mav.

Cependant, il était trop tard pour rendre de l’espoir à Geoffroy. Etait-ce par pessimisme – ou bien par lucidité – qu’il voyait la mort partout ? Il était vrai que nul n’avait réellement foi dans le futur, mais tant qu’ils vivaient, ils étaient prêts à aller de l’avant, quitte à se voiler les yeux pour ne pas voir le massacre dans lequel ils plongeaient.

* *

*

« - Arthur, tu sais que ce sont ces baies qui nourriront les elfes lors des batailles ? » intervint Kirla.

Les six étaient partis en début d’après-midi hors de l’Habitat afin d’échapper à cette atmosphère de préparation au combat – et à la mort – qui surgissait à tout endroit et les prenait littéralement à la gorge. Machinalement, plus par habitude que par besoin, Kirla et Ilia s’étaient mis à cueillir des baies. Jusqu’à l’instant où Arthur s’était lui aussi baissé. Désormais, ce dernier considérait hésitant les fruits rouges qu’il tenait dans les mains, avant d’acquiescer.

« - Je te dis cela » reprit Kirla, « afin que tu prennes conscience de ton acte : sache que tu aides les ennemis de ton peuple. »

Alors, Arthur répliqua, la foi dans sa voix :

« - Si les hommes doivent gagner, alors que c’soit avec honneur sur l’champ d’bataille contre des Aths au sommet d’leur puissance et férocité, et non contre des être’ affamés ! »

Kirla – ainsi qu’Ilia – considéra Arthur avec un regain d’intérêt. Ils découvraient une vigueur jusque-là insoupçonnée, et étaient éberlués par les valeurs qu’affichait l’homme. Ni la mort ni l’enfer ne semblaient pouvoir altérer son courage, comme s’il avait la capacité de vivre présentement en oubliant tous les hier et bonheurs passés et effacés.

« - C’est que » continua-t-il, « les destins d’deux peuples n’doivent pas êt’ décidés par la faim, mais par l’courage ! »

Un silence interloqué suivit cette valeureuse déclaration. Kirla aurait voulu lui confier à quel point des êtres aussi loyaux que lui méritaient d’être écoutés, ou bien que sa parole, au nom de la fraternité qui régnait dans chaque mot, devrait servir de maxime aux deux peuples avant la guerre : peut-être que ce respect mutuel éviterait un désastre duquel nulle race ne pourrait jamais plus se relever. Et il ne trouva qu’à dire :

« - Merci, vraiment merci de ton aide. »

Finalement, un regard remplaça ce non-dit, et le compléta même.

« - T’es un homme, Kev, pas un Ath ! »

Cependant, là où Arthur s’attendait à un sourire, il vit un Kirla laisser sa tête dodeliner.

« - Ni l’un ni l’autre » objecta-t-il, « ou bien les deux à la fois… En fait, je ne suis rien… »

Avec résignation, il jeta les fruits dans son bissac. Les cinq compagnons restèrent cois : nul mot ou accolade ne pourrait sortir Kirla de son mutisme las. La seule solution était de découvrir l’Ennemi et de le faire parler, mais ils se trouvaient embarqués dans une folle course dont l’arrivée ne serait autre que l’anéantissement du monde connu. Ils ne savaient que faire, pris dans un macabre dilemme : ou ils laissaient peu à peu mourir leur ami de résignation, ou ils espéraient arrêter cette bataille déraisonnée. Mais ils ne pouvaient faire les deux… A moins de finalement briser leur unité, et que les deux restes meurtris s’élancent dans un destin bien peu enviable.

* *

*

« - Tu peux me passer un morceau de sanglier, s’il te plaît ? »

Ilia tourna la tête vers Geoffroy, surpris. Visiblement, à l’heure où leurs liens de sympathies risquaient à tout moment de rompre – ils en avaient tous conscience, rien que leurs divergences d’opinions, et de peuples, étaient sources de conflits – les liens n’avaient en même temps jamais été aussi puissant. C’est au crépuscule d’une amitié que l’on prend conscience des bons moments, et l’on aime à s’attacher à chaque parole et geste pour faire revivre dans un présent décadent un passé bien plus joyeux qu’il en avait alors l’air. Et cette apogée de cordialité ne dupait personne : dans quelques jours ne resteraient plus que les nimbes de leur unité.

« - Sers-toi donc, Geoffroy » annonça Ilia en tendant le plat à l’homme.

« - Merci. » Après un instant hésitant, il se risqua à demander : « Que fait-on demain ? »

Les compagnons frémirent légèrement : il était dur de se projeter dans le futur lorsque celui-ci avait revêtu son plus hideux masque !

« - Je ne sais pas, cueillir des baies ou chasser » répondit Kirla.

« - Il faudrait chasser » intervint Ilia, « nous manquons de viande, et puis… » Il ponctua sa phrase d’un regard insistant en direction de Kirla. Après un bref clin d’œil, Kirla détourna la tête. Ils allaient revenir sur le lieu de sa première chasse…

« - Et puis ? »

« - Et bien, si l’on veut manger du sanglier, il faut bien le tuer d’abord ! »

« - C’est cela » railla Mav, « comme si nous n’avions pas compris que vous nous cachez le plus important. »

« - Ah mais non » se moqua Ilia, « c’était à Geoffroy de me reprendre, si en plus tu t’y mets, je n’y surviv… » Il toussa afin de voiler son erreur d’inattention, puis corrigea : « en fait, vous vous liguez contre moi ! »

Heureusement pour lui, Geoffroy vint le tirer de ce mauvais pas et redonna le sourire à tous :

« - Tant que tu parles de chasser, je te soutiendrais toujours. Ce sera toujours plus intéressant que de faire courbette devant des satanés baies qui aiment à proliférer au milieu d’épines. C’est infernal, on se coupe, on s’abîme les mains pour trois fois rien, même pas de quoi nourrir un homme. »

« - Mais un elfe, oui » lança Ilia, souriant.

« - Alors cela expliquerait votre faiblesse » ironisa Geoffroy, « je comprend tout » fit-il en feignant de prendre l’air sérieux. « Tiens, prends Arthur » continua Geoffroy, encouragé dans sa lancée comique par les sourires naissants – que cette probable dernière soirée d’amitié reste mémorable ! « là tu sens le bourrin : quadruple ration de patates le matin histoire de se réveiller, puis pour prendre des forces (là il a juste de quoi se lever du lit) pourquoi donc ne pas manger absolument toute la nourriture distribuée – sauf que généralement à sa table se trouvent cinq autres soldats, les pauvres ont compris qu’il valait mieux se lever tôt si l’on espérait simplement voir ce que l’on était sensé avoir mangé le matin – mais avec un tel goinfre c’est peine perdu, en un clin d’œil, et encore, tout a disparu.

A côté, Gontrand, on remarque bien plus de retenue, et on devine qu’en lui se cache un homme appliqué. Déjà, au réveil, il ne mange rien – remarque, il n’a pas tellement le choix. Le midi, à peine s’il touche à son assiette – et oui, il faudrait oser demander du sel, et c’est compliqué de parler, surtout quand l’on ne s’est pas entraîné à une telle tâche pendant plusieurs semaines ! Et le soir, là, il se permet enfin de se lâcher. Après les entraînements de l’après-midi où il finit toujours son travail une heure avant les plus prestes, il est déjà lavé, habillé de bien en cap, et finit son repas – et celui d’un ou deux de ses voisins, selon la difficulté des exercices – alors que les autres débarquent couverts de boue et suant comme des crapauds. »

« - Sacré Geoffroy, » se moqua Mav, hilare. « Et moi, dans ce cas, que suis-je ? »

Après un instant de réflexion, durant lequel Geoffroy assembla entre elles les piques qu’il tenait à dire, il se lança :

« - Le passionné rêveur. T’es bien le seul assez fou pour couper un poulet ou une caille avec les épées que tu as fabriqué – et en plus pour réussir sans trop te couper. Quoi, c’est vrai, pour l’instant, t’es encore vivant, et cela t’a d’ailleurs permis de conquérir le cœur de bien des jeunes infirmières… »

« - A force » se moqua Mav, les joues légèrement rougies.

« - … Et puis, histoire de continuer, il faut bien tester aussi les autres armes. J’avais assisté au test de hache, ç’avait été, comment dire, intéressant. Jamais je n’aurais cru que les morceaux d’un seul et unique pigeon pouvaient se répandre aussi loin dans une salle. Un des morceaux avait même décoiffé une passante ! Je me souviendrais toujours de ton expression éperdue quand tu courrais à travers les rues, hache à la main, la revêche à tes trousses, agitant une patte arrière. Mon unique regret est de ne pas avoir vu le test de la masse d’arme ! »

« - Oh tu n’aurais rien vu » ironisa Mav, « je te jure, après le test, il n’y avait vraiment plus rien, même plus l’assiette. »

« - Et t’espérais obtenir quoi » s’enquit Ilia, moqueur.

« - Une soupe, je voulais gagner du temps. Mais bon, les morceaux de terre cuite, c’est jamais très bon ! »

« - Mav n’a jamais été très… réfléchi quand il s’agit de ses armes »

« - Assez parlé de moi, à ton tour »

« - Vile tentative pour réorienter la conversation » se plaignit Geoffroy. « Enfin bon, puisqu’il le faut, continuons. » Il lança un rapide regard alentour, et remarqua qu’une vingtaine d’elfes s’étaient approchés en entendant les rires – acte tellement surprenant par ces temps qu’ils s’étaient sentis obligés de vérifier si ces bruits étaient bien des rires, et comme c’en était ils étaient restés. Et ils étaient là, tout ouïs, simplement heureux sans penser au lendemain. « Je suis naturellement l’être parfait. »

« - On s’en serait douté » railla avec sarcasmes Mav.

« - Lui, parfait » s’étrangla de rire Ilia. « Et bien, je n’aimerais croiser un être imparfait ! »

« - Vaut mieux pas » intervint Arthur, « surtout quand on voit la perfection d’Geoffroy »

« - Arrêtez donc d’être jaloux » s’empourpra Geoffroy. « Déjà, je ne mange que ce que je chasse… »

« - Je traduis : pas beaucoup » le coupa Mav

« - …seulement quelques fruits au petit-déjeuner… »

« - Euh, tu ne le sais peut-être pas, mais tu n’es pas obligé de chasser les fruits, je te jure, ils se laissent faire, pas besoin de les transpercer de tes flèches » se moqua Ilia.

« - T’inquiète » ria Mav, « il a compris depuis longtemps, sinon il serait probablement mort de faim. »

« - C’était une période d’apprentissage. Ca n’est donc arrivé à personne d’avoir besoin d’un carquois pour tuer son premier lapin ? » questionna à voix basse Geoffroy.

« - Personnellement, non, je n’aurais cru que cela était possible » intervint Ilia.

« - Plus fort » reprocha un des elfes éloignés, « on n’entend pas ! »

« - Ouh la, mais c’est que j’ai du succès ce soir ! Obligé de se ridiculiser devant tout le monde, dur dur ! »

« - Je ne te le fais pas dire » ria un autre elfe.

« - Ah mais non, si eux aussi s’y mettent ! » tiqua Geoffroy avec le sourire, se forçant à parler fort

« - Je sens comme une redite » ironisa Ilia.

« - Moi » fit mine de s’offusquer Geoffroy, « je n’oserais jamais, c’est juste toi qui m’a précédé, songeant à la gloire que tu en tirerais. »

« - Pas grand-chose en vérité, plus de l’opprobre d’ailleurs » le taquina Ilia.

« - Bon, en ce cas, passons à vous, pour que de la honte vous en ayez plus. »

« - Et bien, je vous souhaite bon courage si vous cherchez à dénicher des imperfections dans les Aths » se moqua un autre elfe.

« - Ah, monsieur est arrivé sur le tard, à ce que je vois. Originellement on parlait de nourriture. »

« - A ce que je vois, les hommes ne savent donc garder un fil directeur dans leur conversation. »

« - C’est que tous ces Aths ne cessent de me perturber, mais ne vous inquiétez pas, je me reprends de suite ! »

« - Justement, c’est inquiétant » le coupa Kirla, brisant l’effet de silence que Geoffroy avait escompté.

« - Les elfes sont les êtres économes – et avares – par définition. Une baie par repas, jamais plus. Il faut les voir recourbés sur la table. On pense qu’ils cachent un précieux trésor, l’or de toute une vie… En fait non, juste une simple et unique baie. Là où un être sensé la dévorerait, eux hésitent. »

« - Ca fait quand même beaucoup ! » surenchérit Mav.

« - Alors ils retirent la peau – ben oui, faut bien en garder pour après, hein. Une baie entière d’un coup, vous n’y songez tout de même pas ! Le jus, ah non, pas le jus. C’est visqueux, poisseux, colle partout. Ah non, surtout à ne pas manger ! Et puis les graines, beurk ! Non, quand même pas, ça remplit inutilement l’estomac. Et là, il reste quoi ? A dire vrai, je n’ai pas la vue assez développée – pas comme les elfes tout du moins – et donc je suis dans l’incapacité de vous l’apprendre. Toujours est-il que cela leur semble suffisant. »

« - Mais au moins » annonça un autre elfe, entraîné dans la conversation, « je ne vous dis pas le nombre d’années qu’une tribu peut survivre avec une simple bolée de baies ! »

« - J’ai du mal à imaginer. Cependant, les baies pourrissent plus vite que votre gargantuesque estomac se vide ! »

« - Ah, ça se voit que jamais vous n’avez vu des elfes manger » ria un autre.

« - Justement, j’aurais bien aimé en voir un, mais malgré tous mes efforts, ce fut vain. »

Personne ne trouva à répliquer – et pourtant ce n’était pas l’envie de continuer la conversation qui manquait – ce qui permit à Geoffroy de souffler un peu.

« - Sacré Geoffroy » s’anima Mav, donnant une tape dans le dos de son ami, « toujours toi qui as le dernier mot ! »

« - Des années d’apprentissage. Combien de victimes ai-je donc torturé de mes sarcasmes ? »

« - N’empêche, tu étais en forme ! » le félicita Mav.

« - Ah non mais moi je dis, comment donc ne pas être heureux ? Quand tu as touché la fin du fond du malheur possible et inimaginable, comment donc ne pas sourire à la vie. Maintenant que l’on ne peut plus positivement descendre plus bas – j’espère pas du moins – il faut quand même bien remonter, non ? On ne va tout de même pas rester croupir dans ce marasme prégnant de malheur alors que là-haut est le bonheur ! »

Des rires accompagnèrent cette déclaration, mais en même temps chacun songea à ces paroles. Il était vrai que leur situation était désespérée, alors autant la prendre avec le sourire ; quoi de plus enivrant que de rire à la gueule de la mort ?

« - Oh » s’étonna Geoffroy, « regardez tous là-bas ! Un groupe qui ose décemment ne pas rire, c’est honteux ! La gaieté va faire un tour là-bas, il manque quelques sourires sur ces visages ! »

Il se leva aussitôt, et s’élança vers les quelques dissidents à la joie.

Après cela, les compagnons, ainsi que les nombreux elfes qui s’étaient regroupés autour, se couchèrent dans l’herbe – à quoi bon remonter se cloîtrer dans l’Habitat par une soirée si douce et joyeuse ?

« - Sacré Geoffroy » souffla une dernière fois Mav, avant de s’endormir.

Alors:

Le premier passage est là pour profiler la situation finale (et oui, là ça va aller en s'accélérant, je me demande d'ailleurs comment je vais réussir à tout traiter, mais c'est pas grave (j'ai pas l'habitude de finir des sagas moi ^_^ )).

Pour le deuxième, ça permet de donner une idée des occupations des elfes, et puis, faut bien se disputer dans un chapitre de désunion :shifty:

Pour le troisième, je tenais à donner une autre dimension à Arthur plus que celle du gars simplet. Et puis je trouvais que cela collait vraiment à son esprit.

Enfin, le quatrième n'aurait jamais du exister, mais j'étais vraiment, mais alors vraiment inspiré. Il y a les premiers paragraphes d'intéressant, puis une longue digression. Je voulais montrer un peu l'apogée du bonheur et de l'amitié pour que cela serve de référence pour la suite, mais je crains avoir fait un peu long. S'il faut, je peux raccourcir, mais comme en plus j'ai eu l'impression de maintenir un niveau à peu près potable. Enfin, ça ne fait peut-être sourire que moi :lol: . J'espère que ça vous a plu!

Iliaron, revenant de retour après une courte absence (quoi, pourquoi vous me huez de repartir :wink: ?)

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et que pleuve notre revanche. Rien, pas un indice

J'aurai plutot mis : ' s'abatte notre revanche '

une tempête gonflée par le sang versée

versé

l’habitude d’être réveillée par un cauchemar

J'ai un doute sur l'accord, je demande confirmation de Gemini :lol:

une trentaine d’éclaireurs étaient partis vers les

était partie

assez de nourritures pour tenir durant cette

Ca serait pas la nourriture en général ?

s’occupaient d’organiser la clairière pour être prêt à

prêts

ils s’occupaient d’organiser la clairière pour être prêt à recevoir le flot de soldats qui bientôt affluerait dans cette clairière.

Répétition de clairière

il est déjà lavé, habillé de bien en cap,

Ca serait pas ' cape ' ?

Pour le fond, ca m'a plu ! ^_^ Le truc qui me gène, c'est les dialogues :ermm: T'en fait vraiment ta spécialité ! Là, autant moins je ne mets pas de terme du genre 'ironiser' ; 'le couper' ; l'interrompre' enfin bref ! Autant toi, tu en mets tout le temps ! Mais le problème, c'est ce qui se passe dans des dialogues à plusieurs personnages. Il faudrait arriver certaines fois à faire une ellipse de ces termes afin de rendre le dialogue plus fluide et qu'on s'interroge pas sur à quoi ressemble la scène à ce moment préci !

Voila, c'était ma principale remarque sinon j'ai bien aimé cette joute orale. On découvre un Geoffroy en mode Brice de Nice :wink: Allez ^_^ Encore !

@+

-= Inxi =-

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Avant la suite, je réponds :huh: :

Le truc qui me gène, c'est les dialogues  T'en fait vraiment ta spécialité ! Là, autant moins je ne mets pas de terme du genre 'ironiser' ; 'le couper' ; l'interrompre' enfin bref ! Autant toi, tu en mets tout le temps ! Mais le problème, c'est ce qui se passe dans des dialogues à plusieurs personnages. Il faudrait arriver certaines fois à faire une ellipse de ces termes afin de rendre le dialogue plus fluide et qu'on s'interroge pas sur à quoi ressemble la scène à ce moment préci !

Je craignais que sans ces termes l'on interpète mal les paroles des différents protagonistes.

En effet, entre:

"- Idiot" la taquina X

"- Idiot" le gronda X

"- Idiot" s'énerva X

"- Idiot" ria X

Il y a une belle différence!

Mais comme durant tout le dialogue je suis dans un contexte de blague, je pourrais toujours en enlever quelques uns, surtout ceux des héros en fait (je pense au moins garder ceux des Aths, car on pourrait croire qu'ils le prennent mal).

Et maintenant, la suite:

* *

*

Les six compagnons avançaient lentement parmi les arbres. Ils distinguaient à une certaine distance deux imposants sangliers, sûrement un mâle et une femelle à voir les trois marcassins les suivant.

Geoffroy se décala derrière un nouveau tronc, et fit un signe à ses cinq amis. D’un geste de la main, il leur somma de se diriger dans la direction inverse, derrière le groupe.

Quelques instants plus tard, tous étaient en place, une flèche encochée sur chaque arc, toutes pointées vers les bêtes. Geoffroy ajustait avec sérénité son tir, espérant simplement que ses cinq compères n’allaient pas trop se précipiter.

Finalement, il lâcha la corde, et le trait prit son envol, pour se ficher dans les yeux du sanglier mâle. Aussitôt, cinq nouvelles pointes s’élevèrent dans les cieux, en ayant légèrement moins de succès. Deux marcassins étaient morts, un autre indemne, et la laie avait une flèche dans le ventre. Furieuse, elle tournait éperdument en rond, à la recherche de ses agresseurs. Une flèche vint atterrir devant sa tête. Alors elle décela un Arthur, penaud de son tir manqué.

Cependant, elle n’eut le temps de charger. Ilia et Geoffroy avaient décochés simultanément, et leurs flèches étaient désormais profondément enfoncées dans la chair de l’animal. A ce moment-là, le marcassin détala.

« - Laissez-le » hurla Geoffroy, « y a pas de nourriture, et l’est trop jeune. »

Mais une flèche d’Ilia vint stopper le tout jeune animal dans sa course en quête de survie. Laconiquement, l’Ath expliqua :

« - C’était un sanglier. »

Geoffroy sentait son instinct de chasseur pulser en lui. Ne pas tuer une jeune bête était se permettre d’avoir dans son assiette une imposante côtelette quelques années plus tard. Mais au-delà de ce simple constat, il se sentait outré par la cruauté de cet acte : l’elfe venait d’ôter une vie qui ne demandait qu’à fleurir. L’estime qu’il avait réussi à préserver envers Ilia – et les elfes en général - s’évanouissait, et il sentait la haine effleurer chaque parcelle de sa peau. Cependant, il ne souffla mot. L’avenir de leur groupe était en jeu, et il ne tenait pas à être celui qui briserait leur unité déjà bien branlante. La fureur se mua en un bulbe prêt à éclater sous l’impact de la colère, et à déverser son contenu de zizanie sur chacun des compagnons. Finalement, il se força à prendre son ton le plus calme possible et à demander :

« - On ramène ces bêtes ou pas ? Maintenant qu’elles sont mortes, les laissons pas pourrir. »

« - Faites-le » annonça Ilia, « avec Kirla on va regarder si… s’il n’y a pas de traces de… de sanglier » Après une brève stridulation de l’Ath, les montures qui s’étaient éloignés le temps de la chasse arrivèrent au galop.

Geoffroy serra les poings devant le ton – et la présomption - de l’Ath, mais abdiqua. Las, il se dirigea vers les dépouilles, tournant volontairement le dos à Ilia.

Après s’être éloigné des hommes, Kirla remarqua à voix basse :

« - Tu as bien raison, les arbres sont ici plus malades. » Puis à voix haute, par précaution : « Aucune trace ! Je crains que nous ne trouvions pas plus de sangliers à ramener. »

« - Continuons quand même nos recherches. Ces cinq que nous avons tués devaient sûrement posséder des congénères non loin de là. » Ensuite, il

marmonna très rapidement, en bougeant à peine les lèvres : « Certains semblent presque éventrés par la maladie, et les troncs sont prêts à s’ouvrir d’eux-mêmes. Il serait possible d’y cacher une armée que personne ne le remarquerait. »

Kirla opina silencieusement, avant de pointer un doigt, et de crier :

« - Là-bas, une troupe fuit ! »

Il se saisit aussitôt d’une flèche et tira. Le trait alla se loger dans un tronc, et disparut à l’intérieur de celui-ci. Kirla pesta : « Et mince, mon cri les a alerté ! » Et il reprit, faiblement : « Les troncs sont pas bien épais, t’as vu juste. »

« - Ils sont pourris jusqu’à la moelle. J’aimerais bien savoir ce qu’il y a en eux… Ils ne semblent tenir droit que par magie… » Enfin, il s’énerva à l’encontre de Kirla : « Mais tu le fais exprès ou quoi ? On a besoin de toute la nourriture possible, et toi, tu ne trouves qu’à faire fuir nos vivres ambulantes ! »

Kirla fit mine de s’empourprer, pour bégayer :

« - Désolé, j’étais si heureux de les avoir trouvés.

« - Partons, maintenant il ne sert plus à rien de rester. Il n’y a plus un sanglier… Par ta faute ! »

Une fois assez éloignés de l’endroit – en vérité très proche du lieu de leur première chasse – ils se permirent de souffler, et Ilia congratula son ami. Ce dernier se permit enfin de sourire, malgré quelques tics qui apparaissaient au niveau de son visage. Quoiqu’il se cache en ce lieu, il ne désirait vraiment pas le savoir. D’autant qu’à moins d’une lieue était l’orée de la forêt, et au vu du contexte actuel il n’était pas forcément très bon d’être surpris sur les territoires humains. La très longue vie qui lui était promise risquait d’être brusquement raccourcie – tout comme lui d’ailleurs. Il frissonna, avec une unique certitude : il ne mettrait jamais plus les pieds en ce lieu maudit, ni en tout autre lieu maudit. L’ennui était que, tout comme les ennemis, ces endroits proliféraient avec une facilité plutôt déconcertante, et même inquiétante !

* *

*

Les six compagnons mangeaient en silence. L’ambiance qui avait animé joyeusement leur groupe la veille semblait avoir déjà disparu dans les limbes d’un désespoir par trop tenace. Kirla s’était même légèrement éloigné du groupe, se sentant malade de résignation. Il se trouvait coupable de sa propre faiblesse, lâche au point d’abandonner ses compagnons dans une situation mortelle. Il n’avait ni la force ni le courage de retourner enquêter au niveau de ces carcasses d’écorce, sans non plus avoir l’énergie d’accepter son être entre deux mondes, déchiré entre les hommes et les Aths. Il n’osait même plus regarder son ami Ilia. C’était lui, plus que quiconque, qu’il trahissait. L’elfe lui avait donné les moyens de survivre, l’avait éduqué pour les combats à venir afin qu’il ait la force de lutter, et par amitié s’était sacrifié à accepter les hommes au sein de leur amitié, et même de se rendre en Skefoy ! Et lui, il ne trouvait qu’à l’abandonner… L’attitude d’un couard de la pire espèce !

Il aurait tant aimé être autre que ce qu’il était, avoir la puissance de ses rêves et pouvoir renverser l’ordre du monde pour se redonner le sourire, ainsi qu’à tous ses compagnons. Mais comment pourrait-il jamais retourner dans les lieux maudits ? La mort se lisait sur chaque tronc, sur chaque brin d’herbe et dans la terre. Et lui devrait fouler ces marais poisseux de ténèbres, se diriger dans ce dédale infernal de malheur entre des arbres à l’aspect décrépi et maladif, le pus remplaçant la sève, les cadavres les écureuils : en somme, un lieu possédé par la mort. Ce n’était pas tant l’envie qui lui faisait défaut, mais bien la bravoure ! Il se replia sur lui-même, en essayant de cacher du mieux possible les larmes, signes évidents de sa cruelle et ignominieuse faiblesse.

Son père, voyant cela, se décida enfin à s’approcher de Kirla. Depuis le retour de son enfant il avait été entièrement pris par les préparatifs de la future attaque – qui d’ailleurs se déroulaient à merveille, et le délai d’une semaine pourrait être certainement réduit à cinq jours ! – et il n’avait jamais pu allouer ne serait-ce qu’une minute pour discuter avec Kirla. Il avait remarqué l’amitié qui liait son fils aux quatre hommes et à Ilia, et s’était donc senti moins honteux de ne pas lui parler. Mais aujourd’hui son fils pleurait, soit ses amis ne l’avaient pas vu, soit les remparts de l’amitié s’étaient brisés, mais il était seul, terriblement seul ! Et personne ne savait exactement ce qu’un elfe désespéré peut réaliser, mais rarement les conséquences sont joyeuses… Or, en ces temps de guerre, il ne pouvait se le permettre : la vie de chaque elfe était trop importante pour être perdue en futilités !

Il s’assit aux côtés de son enfant, et s’excusa de son absence de deux jours. Pour toute réponse il reçut un regard résigné. Alors il prit son courage à deux mains – ainsi que son fils – et demanda :

« - Quelque chose ne va pas ? Tu peux tout me dire, je te considérerais toujours comme le charmant Athi que tu étais ! »

Kirla tourna ses yeux humides vers son père, avant de se perdre dans la contemplation des herbes.

« - Je suis faible… »

Kirtën s’assit aux côtés de son enfant, et lui confia :

« - Allons, en ces temps troubles, chacun de nous sent la peur en lui. Mais tu seras là pour voir le monde de rêve que nous érigerons après cette bataille ! »

« - J’ai trahi mes amis… »

Kirtën marqua une pause, durant laquelle il chercha ses mots. Enfin, il parvint à articuler d’un ton rassurant :

« - Si effectivement tu les avais trahi, ils ne te lanceraient pas de furtifs regards de regrets, mais d’aversion. »

« - Je les ai mené partout en Esserpa pour que je sache qui je suis, je ne le sais toujours pas, et maintenant que j’ai la possibilité de le savoir, j’abandonne ! » Kirla avait dit tout cela en une seule fois, sans même reprendre sa respiration. Désormais il respirait presque difficilement, comme si remonter le poids des remords bloquait par une quelconque manière ses poumons – les pleurs sûrement.

Kirtën posa sa main dans le dos de son fils, et demanda d’un ton compatissant :

« - Mais qu’est le plus important selon toi ? La connaissance de ton identité, ou bien la vie à venir ? » Devant le silence de son fils, l’elfe abandonna cette discussion, et entama une nouvelle conversation. Il n’avait nulle envie de pousser Kirla trop loin dans les regrets : il était venu pour le faire remonter parmi eux, et non pour l’enterrer plus profondément dans les limbes du malheur !

« - Et qu’avez-vous trouvé à Skefoy ? »

« - A part la fugitive vision d’un pseudo-père en fureur, pas grand-chose. » Kirla se tut par contre quand à l’épisode dans le cimetière. Afin d’éviter toute considération de Kirtën – qui chercherait vraisemblablement à lui pointer toutes les imperfections de ce père humain – il continua : « d’ailleurs, il y a eu une attaque au sein même du château… »

« - Vraiment ? » interrogea Kirtën, une légère lueur malsaine dans les yeux.

« - Oui, un meurtre, ils n’ont pas trouvé les agresseurs… »

« - Ces chiens sont déjà en train de s’entre-déchirer. Quel peuple pitoyable ! »

A ce moment-là, Kirla identifia l’éclat dans les yeux émeraudes de son père : les pupilles brillaient de cruauté. Quelle tristesse que ce monde dans lequel ses proches s’éloignaient simplement par divergence d’opinion… Les elfes traitaient les hommes de pervertis et corrompus par le mal, et en effet les hommes avaient une tare impardonnable : ils semaient, sans même agir, les germes de discordes dans les cœurs des Aths. Et les graines avaient bougrement bien poussées ! Comme toute chose mauvaise ces derniers temps…

« - Mais bientôt » surenchérit Kirtën, « nous purifierons le monde d’Esserpa de ce vivier d’opprobre ! Et alors, chaque Ath pourra le voir, ce monde, comme jamais il ne l’avait vu. Dégagé de l’étreinte ensanglanté des humains, le soleil pourra enfin briller à son firmament, les herbes pousser sans crainte de la faux et les arbres s’élargir sans la scie pour les massacrer. Ô oui, ce jour-là sera un jour heureux ! »

Kirla aurait voulu courir, hurler, tout du moins que cet être qui était son père se taise. Des images de cadavres hantaient ses nuits, nul besoin que son père leur donne une consistance ! Au plus profond de lui-même, il le sentait, cet elfe ne pouvait être son père. Un père se devait d’être quelqu’un d’aimant et de compréhensif inspirant le respect et l’amour à ses enfants. Pour la première fois de sa vie, Kirla avait peur de Kirtën, peur de ce qu’il était mais encore plus de ce qu’il pourrait devenir dans la fureur de la bataille.

Alors, Kirtën, sans aucune considération pour son fils, tourmenté par la haine indicible qu’il éprouvait à l’égard des hommes, serra le poing contre le manche de sa dague, et souffla passionnément :

« - Oh oui, nous les massacrerons jusqu’au dernier ! »

Kirla frissonna jusque dans ses entrailles. Ce n’était pas tant l’éclat maladif et contaminé par des années de rage des yeux de Kirtën, ni même son sourire convulsionné par la fureur, et ses dents prêtes à mordre le premier homme venu, ni encore le ton possédé de sa voix qui terrorisèrent Kirla, mais la certitude frappante d’avoir déjà ressenti ces mêmes frayeurs devant un autre être loin, très loin…

Dans la première partie, au travers des sangliers, je montre la haine qu'à Ilia a à l'égard des hommes, mais pas forcément des compagnons.

Ensuite, lorsqu'ils vont dans les arbres, simplement pour enquêter. Ils remarquent clairement que quelque chose ne va pas dans les arbres, et comprennent que là est au moins une source de leurs problèmes.

Dans la deuxième partie, lors du dialogue entre Kirla et Kirtën, j'ai longuement hésité entre révéler maintenant et casser un peu l'effet, ou bien attendre l'action finale (en plus, le secret est depuis longtemps éventé^^). Mais bon, j'avais l'occasion de faire un beau dialogue (j'espère) alors je n'ai pas plus hésité :huh: .

Bon, il ne se passe certes pas grand chose, mais là je suis dans une sorte d'état calme où doucement l'action finale se prépare (ça risque d'être du joli^^)

Iliaron

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Que con ... Pourquoi j'ai appuyé sur actualisé....

Bon je résumé maintenant : Quelques peites bourdes sur la forme, que je sache en pour savoir par exemple :huh: Retrouve dans le texte.

Pour le fond, j'avais dit que c'était bien et que ca me rappelait ce qu'on disait sur msn à propos des camps. On voit qu'il est tiraillé.

Et le reproche c'est que tu refaisais un shéma : calme/triste/violent( quand il veut hurler de rage)/calme et je trouve ca choquant :huh: Essaye de plus l'introduire et qu'il contraste moins :P

C'est tout !

@+

-= Inxi, la technologie... =-

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Merci des remarques Inxi. Seulement, maintenant que je sens que j'approche du but (enfin :crying: ), j'ai plus envie de finir pour reprendre ensuite (de toute façon, je compte ensuite sûrement réécrire tout le début de la partie I (l'époque où je ne savais pas écrire :P ) et peut-être même ajouter un ou deux fils bleus (mineurs) pour ajouter un peu de suspense.

Pour le fond, j'avais dit que c'était bien et que ca me rappelait ce qu'on disait sur msn à propos des camps. On voit qu'il est tiraillé.

C'est grâce à msn que j'ai justement écrit cela. Ta vision m'avait éclairé sur la manière dont tu percevais le tout, et donc j'ai abondé ici dans ton sens (tu le mérites bien pour tous tes commentaires :crying: )

Voilà la suite, bonne lecture -_-

* *

*

Kirla et Geoffroy secouaient leur tête pour finir de se réveiller – même si les larges cernes qu’ils portaient sous leurs yeux témoignaient en leur défaveur. Des six, ils étaient les seuls à avoir si mal dormi – pour autant les autres n’avaient pas non plus eu une nuit réellement reposante. Eux deux n’avaient cessé d’être tourmentés par des pensées dérangeantes de visions de chaos et d’apocalypse. D’habitude, ils auraient pris cela pour des cauchemars, mais en s’éveillant une désagréable impression de réel les avait habité, et les avait empêché de plus dormir.

Ils enchaînèrent leur réveil par un bref et plutôt frugal petit-déjeuner– l’essentiel des vivres étant conservé pour la future campagne, seuls les biens qui pouvaient rapidement pourrir ornaient les différents bols. Mais il n’y avait pas assez de bol dans toute la Loriath pour contenter l’ogre qu’était Arthur !

Se relevant quelques instants plus tard, une fois le bol vidé, Ilia siffla son cheval, et le monta sans plus tarder. Alors d’un simple regard résigné, Kirla lui fit comprendre la triste vérité : dès ce jour-là, et pour tous les lendemains qui existeraient – sûrement pas beaucoup d’ailleurs – il n’y aurait plus de chevauchées, plus d’enquêtes… seulement une misère vivifiée.

D’un soupir las, Ilia sauta finalement au bas de sa monture. Sans même regarder son ami, il colla sa tête contre les oreilles de sa monture et lui souffla quelques paroles réconfortantes, avant de lui donner une tape contre la croupe. Il regarda sa monture disparaître derrière les fourrés, avant de demander sans se retourner, la colère inscrite dans sa voix malgré ses vaines tentatives de l’effacer :

« - Que fait-on donc aujourd’hui ? »

« - Cueillir si l’on ne veut mourir d’inanition avant le départ. »

Ilia ravala un sarcasme dans ses pleurs – lourde tristesse que celle d’abandonner les rênes de ses destins si près du but, quel qu’il soit. Il marmonna alors dans sa barbe :

« - Kirtën n’est pas stupide au point de laisser son peuple décéder… »

Puis il s’éloigna sans dire un mot de plus, sifflant à nouveau son destrier.

A ce moment, Mav confessa :

« - Au fond, il n’a pas tort… » Après un silence légèrement perturbé par les foudroyants regards que lançaient contre lui Geoffroy, il continua, contrit : « des sangliers seraient plus nourrissants… »

Il avait parfaitement saisi la peur qui habitait Kirla, et semblait d’ailleurs le seul.

« - On fait comme Kirla a dit ! » coupa Geoffroy. Il était visiblement d’humeur à rabattre le caquet à tous ceux qui s’opposeraient d’une manière ou d’une autre à son ami. Cette envie aurait pu réussir à redonner un semblant d’espoir dans le cœur de Kirla, sans la dernière réplique d’Arthur, à l’origine destinée à réconcilier le groupe des cinq.

« - C’était juste un conseil, et non un reproche. »

Alors Kirla confessa dans un sanglot :

« - Je suis las. Las et lâche. Jamais vous n’entendrez de conseils sensés de la bouche d’un couard. Partez, résistez autant que vous le pouvez à vos destins et ne restez pas auprès d’un fou ! »

Les quatre hommes s’approchèrent et se serrèrent contre leur compagnon. Ce geste était plus fort que toute parole, que tout sortilège, mais pourtant bien faible face au désespoir rongeant les cinq compagnons.

« - Nous sommes un groupe uni, et nous le resterons toujours ! » annonça Gontrand, sérieux.

« - Tu parles d’une unité » répliqua Kirla, désillusionné. « Jamais je n’ai vu de liens aussi évanescents ! »

Un silence gêné suivit cette déclaration. Ils auraient dû être dans ce cercle six, et non cinq. Geoffroy sentit l’aversion à l’encontre d’Ilia l’envahir. Tout était sa faute, il venait de les abandonner, et par son acte il avait condamné Kirla au désespoir ! Il avait trahi leur groupe et par son absence les exposait à une mort inéluctable !

* *

*

La journée avait été invivable pour les cinq compagnons restants. Ilia, après être parti, s’était en effet bien gardé de revenir. Au final, ils n’avaient que cueilli des baies dans une ambiance maussade – pour ne pas dire franchement pénible. Les conversations oscillaient entre guerres ouvertes ou piques sournoises, et au final le repas du soir avait sonné comme la libération de ce fardeau qu’était leur unité.

Durant toute l’après-midi, Geoffroy n’avait cessé de gueuler sur tous ceux qui osaient contredire Kirla, en particulier sur Mav. Ce dernier était le seul à encore utiliser sa raison sans se laisser emporter par ses pulsions. Il aurait pu être un allié salvateur, réconciliant Ilia avec leur groupe, car au fond Mav saisissait que chacun détenait une part de vérité. Seulement le vrai était poussé à l’extrême, défiguré en une parodie de réalité, afin que tous se distinguent les uns des autres. Il était d’ailleurs triste que la mort d’une amitié inébranlable se transforme aussitôt en haine farouche.

Mav sentait qu’il allait aussi bientôt les quitter. Passer une journée à avoir un perroquet déchaîné beuglant en un leitmotiv affligeant les mêmes imprécations devenait à la longue réellement énervant ; jamais Mav ne s’était senti autant survolté, et il en avait même peur. S’il écoutait sa rage, jamais il ne pourrait analyser avec soin et détachement les évènements qui leur arriveraient – ou qui lui arriveraient. Or, en ces temps-là, ils avaient plus que besoin d’une analyse fine. Peut-être était-ce là la dernière arme qu’ils pouvaient fourbir pour atteindre le point faible de l’ennemi, mais ils étaient actuellement en train de se condamner eux-mêmes.

Triste fin que cette enquête, soupira Mav. Lui qui avait songé que dans des conditions de survie difficile ils se serreraient les coudes, il s’était trompé, et de beaucoup. Mais qui aurait pu prévoir que le long fleuve tranquille de l’amitié se transformerait en torrent tumultueux, condamnant leur paisible bateau d’amitié à un terrible naufrage. Et ils dérivaient sur des côtés bien peu enviables…

* *

*

« - Vous m’avez compris, les amis ? » demanda Anar avec vigueur.

Les êtres assemblés autour de lui, trois centaines environ, hochèrent péniblement la tête. L’émotion était palpable, et la magie qui animait et modelait le lieu laissait même traverser quelques fins rubans rouges. Les traces du sang et de la douleur, songea Anar.

« - Je sais que c’est dur » annonça-t-il. Il aurait voulu se tenir droit, mais il s’étonna à s’appuyer sur son ami de toujours, et même à verser une larme. « Vous considérez que vous avez abandonné vos foyers, laissé ces pourritures pénétrer en Loriath et profaner l’empire de l’Esprit. »

Encore une fois, la troupe opina, et ça et là quelques sanglots se faisaient

entendre.

« - Leurs cris distordus d’« Althior » résonnent encore dans mes oreilles ! » commença à se confesser Anar ? « Je sens encore la morsure des flammes, et chaque fois que je repense à leurs maudits visages j’en suis malade ! Tout ce qu’ils ont laissé n’est qu’une large colonne de fumée ! Les cendres retombent même ici, à une centaine de lieues des combats ! » Il lança un regard désespéré derrière lui. Un haute colonne de fumée obstruait tout horizon, le ciel était englouti dans cet océan de scories et même le soleil, pourtant loin au Sud, semblait terne. Son éclat blafard ne parvenait pas à réchauffer les cœurs des elfes, et malgré l’absence totale de nuage nul ombre ne surgissait à leurs côtés.

« - Tout ce qu’il nous reste est notre honneur ! » lança-t-il en défourrant sa dague. D’habitude ce geste était suivi par des vivas et des chocs métalliques. Là régnait un silence complet, seuls quelques uns de ses compagnons osaient encore regarder l’arme. Presque tous baissaient la tête sous le poids de l’opprobre. Leurs dagues devraient être enfoncées dans le cœur de ces salauds d’homme, eux-mêmes devraient être au centre des tourmentes, dans le feu infernal, morts. Mais ils avaient fui…

Un des elfes osa finalement s’avancer, et prononcer à voix haute ce qui les torturait tous en silence :

« - Nous avons trahi nos foyers, nos femmes, nos Athis… »

Anar descendit du rocher sur lequel il se tenait, et prit dans ses bras l’Ath.

« - Ecoute-moi bien » commença-t-il avec tristesse, « écoutez-moi tous ! Aucun de vous n’a trahi l’Esprit, je ne vois ici assemblés que des cœurs nobles dans des corps meurtris ! Ces hommes nous ont tous ici fait souffrir. Rester était mourir ! »

Anar regretta aussitôt cette conclusion : dans les yeux de chacun se lisait ce désir d’anéantissement. Décéder en Loriath était préférable à vivre ailleurs, surtout lorsque ce ailleurs était si obscur que la frontière à laquelle ils se trouvaient.

« - En choisissant de vivre, vous permettez à la vengeance des Aths de s’abattre sur les hommes. Ces humains dépravés pensent avoir maté toute résistance, et ils paieront au prix fort cette erreur ! Ils ne connaissent l’orgueil d’un Ath ! Un elfe rancunier peut traverser les siècles pour briser finalement son ennemi - ou son descendant ! Notre haine est telle que durant un millénaire nous pourrons nous abreuver du sang de ces immondices, et durant un nouveau millénaire nous pourrons reconstruire le monde tel que nous l’avons toujours connu : pur, paisible, où le bonheur est possible. » Quelques sourires carnassiers apparurent sur les visages des différents elfes assemblés. Plus une larme n’était versée – et il n’y avait plus une traînée rougeâtre alentour : pour la première fois depuis leur fuite ils cessaient de se déchirer dans ce proche passé infernale, pour se tourner vers l’avenir, bien décidé à ce qu’au bout se trouve l’avènement des elfes ! « Faisons vivre à ces hommes un enfer, « Althior » » éructa-t-il avec mépris. « Que pour chaque foulée en Loriath se trace un sillon sanglant dans leurs chairs. Leur cœur – si tant est que des êtres aussi immondes en est un – doit être brisé ! »

Alors, enfin des acclamations furieuses accueillirent ses propos. Il en profita pour donner ses ordres.

« - Mes frères, restez tous en ce lieu. Les hommes vont chercher à pénétrer dans ce pays-ci, opposez leur une farouche résistance. Ce seront des soûlards confiants dans leur succès. Avant même d’avoir dégainé, ils seront déjà en train de bouffer des asticots, plutôt d’être dévoré ! » Un rugissement inarticulé suivit cette déclaration. « Talka, toi qui est le plus rusé d’entre nous, tu seras leur capitaine et superviseras tous combats. »

« - Mälthion » ajouta Anar, se tournant vers un nouveau Ath, « tu as toujours été le plus discret et le plus tempéré. Toi seul pourra à la vue des hommes parvenir à surmonter tes pulsions sans te jeter dague abaissée dans leur cœur ! Tu serviras donc d’éclaireur. Tu renseigneras Talka des mouvements de nos ennemis. Ne dégaine jamais, à moins d’être dans une situation vraiment désespérée. A dix contre un, ils pourraient te blesser ! »

« - Et vous, chef ? » questionna en retour ce dernier, après s’être agenouillé.

« - Folgiwe et moi sommes les plus revanchards ! Nous pénétrerons dans ce pays de Soleilla et trouverons les hommes. Nous leur tirerons les vers du nez, et punirons tous ceux qui ont osé planifier l’attaque de la Loriath. Leur soif insatiable de pouvoir les conduira à leur perte. Ils veulent plus de territoires, plus de guerres, plus de combats. Mais ils ne s’attendent pas à trouver en travers de leurs routes une résistance, et des sillons sanglants suivront leur pas tellement proche que l’odeur de putréfaction les fera finalement se retourner. Et là, ils verront leur échec, avant que nous surgissions sur eux, dague en avant. »

Aveuglés par leur furie, nul elfe ne pensa même à se joindre à leur groupe si infime. Leurs bras vibraient le long de leurs fourreaux, et n’avaient plus que pour désir d’enfoncer les lames dans les entrailles humaines. Ils ne pouvaient plus attendre, et sentaient qu’ils prendraient même plus de plaisir à torturer les hommes qu’à les tuer rapidement.

« - Pour les Aths » cria Anar en levant haut son arme. Que les hommes subissent notre courroux, ne laissons derrière nous plus que des corps mutilés pourrissants. Que les charognes nous suivent dans nos moindres déplacements, toutes avides de chair fraîche. Qu’une ère de souffrance s’abatte sur les hommes ! Vous tenez l’enfer dans vos épées, déchaînez-le ! »

Sa dague encore levée, il fit volte-face, et pénétra dans le royaume de Soleilla. Derrière lui, une foultitude de fins rubans noirs tourbillonna entre les Aths, et les enveloppa tous d’un linceul de ténèbre.

Rien à dire d'autre que ça se profile peu à peu (et au moins, je ne fais pas le boulot du commentateur comme me l'avait une fois reproché Inxi :crying: )

Iliaron

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Kirla et Geoffroy secouaient leur tête pour finir de se réveiller

Leurs têtes, non ?

contre lui Geoffroy, il continua, contrit

Je connais pas ce mot 'contrit' mais bizarrement, je dirais contrise donc je pense que ca serait 'contris' ou même contri ! :crying:

Alors Kirla confessa dans un sanglot

Fait attention avec sanglot, ca s'associe vite avec les larmes

conditions de survie difficile ils se serreraient les coudes

j'aurai mis difficiles

Un haute colonne de fumée obstruait tout horizon

Une

Bon pour le fond, ben je préfere le début :crying: C'est en fait parce qu'il parle des amis -_- Et bizarrement... je me doutais de cette dissention ( tin, j'ai pas comment ca s'écrit :crying: ) Ce trop beau calme entre les amis paraissait assez louche !

Pour la fin, on achève la vengeance des elfes :P ! Enfin on doit pas en etre loin si c'est pas fini ! Tu attribues des roles donc peut etre que tu montreras leur capacité lors d'un prochain passage !

Bref, suite !

@+

-= Inxi =-

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Chapitre XI : Découvertes

Début ...Intéressant... encore un rêve, encore des tourments en perspective...

Pas mal d'émotions: la forêt, le père, les amis; je voudrais pas être à sa place, que de pressions...

L’arme était encore tranchante, elle n’aurait aucun mal à accomplir sa besogne…

Il se releva alors, dépité. Ses deux bras se balançaient contre son corps. Une larme roula le long de ses joues avant de s’écraser à terre.

Il le fallait…

Là, je commence à me faire du souci...
« - Souviens-toi, Mälthion nous attend à la frontière. On peut toujours revenir le chercher ! »
Le même Mälthion qui sauva Kev ?
« - Tu veux dire que… »

L’être ne prit même pas la peine de répondre et se contenta d’acquiescer d’un signe de tête.

« - Mais alors…»

Surtout, ne finis pas les phrases, hein... 8-s:ph34r:
Il ne devait céder au désespoir qui l’entourait de chaque côté, et qui mettait à mal de ses vagues gigantesques les côtes ténues de l’île sur lequel il se tenait…
Encore la métaphore de l'ile, tu sembles l'apprécier; ce qui se ressent dans ta manière admirable de l'utiliser.
ces dix années durant lesquelles ils avaient était obligés de vivre avec cette souillure.
"été".
puis le calme, comme surnaturelle, malfaisant…
Accord.
Plus d’autres choix que mourir dignement.
Personnellement, j'aurais laissé un singulier.
Il pénétra ensuite dans sa couche, où, il prit les mêmes armes.
Au moins une "," de trop.
Partir à la cueillette avec une armure ! Pour qui les Aths prendraient-il ?
"Pour qui les Aths le prendraient-ils ?".
Je la considérais comme immortel
Accord.
on a beau aimé les plantes, l’herbe n’est pas un plat fameux
Infinitif.
Il s’agenouilla, puis commença à s’approcher d’un buisson de myrtille
J'aurais mis un pluriel.
Leur mère a du mourir
"dû", non ?
Qui pourrait être cruel pour tuer une jeune mère ?
Manque un "assez", je dirais.
Je pense que personne a du la tuer…
"...personne n'a dû...".
J’aurais du prendre les armures…
"dû".
« - Enfin, ainsi va la vie… de plus en plus enténébré, nous ne pouvons que lutter pour lui permettre de subsister… »
A quoi se rapporte "enténébré" ?
N’hésite pas la prochaine fois, je suis et serais toujours là, à ta disposition
"serai".
Si tel sera ton désir de rester, aussi mauvais je trouverais ce choix, je ne pourrais jamais m’y opposer.
J'aurais mis tout au conditionnel, ou tout au futur.
plusieurs issues, quelques unes meilleures que les autres
"quelques-unes" .
Et ne trouverais-tu pas en plus ingrat d’abandonner ainsi Ilia, au pavillon du château, en lui souhaitant de bien rentrer
Pas compris ce passage.
Tu es tellement opaque… et ne montre jamais tes sentiments
Accord.
honneur à la solennité du moment qui réunissait les sept compagnons pour la première fois.
??? Geoffroy, Arthur, Gontrand, Mav, Kev: ça fait cinq, Où est mon erreur ?
Ilia regagna sa couche, décontenancée.
Ilia nous a caché quelque chose ?
un nouveau groupes d’amis, différents de ses rêves ?
"groupe".
il jeta sur une excroissance boisée sa cape, avant de se poser sur une branche, songeant
"songeur" aurait une meilleure...sonorité, je trouve.
Sa vision était flouée
flouer veut dire duper; essaie "floutée", à la limite.
brouillée par un océan de larme
Pluriel, non ?
Ses cheveux de paille étaient fouettés par le vent, et flottaient derrière lui tel un ruban de deuil Sali par les intempéries.
Pourquoi une majuscule ?
« - J’espère bien » ria Mav, sinon je pars sans plus attendre.
"rit".
Ou peut-être parce qu’enfant on a décidé de faire

ce métier, et que l’on n’aimerait pas briser ces lointains désirs… »

Retour à la ligne sauvage.
« - A ton avis, en se présentant tous les deux, est-ce qu’il nous ouvrirait les

portes

Retour à la ligne sauvage.
Je serais avec toi Arthur
"serai".
Tu as manqué quelques occasions d’être sarcastiques
Accord.
Stupide, eux aussi nous verrons
"verront".
Rêves éveillés, ou bien cauchemars jusque-là endormi ?
Accord.
N’était t-il donc qu’un écho en quête de la bouche qui l’avait émise ?
Accord.
une fontaine de réel lumière
Accord.
fil d’Ariane qui ne le mènerait non pas à la liberté à laquelle il rêvait
Ils connaissent Ariane dans ton monde ?
Heureux d’une joie que je n’avais plus connu depuis des années
Accord.
Alors courrons-nous mettre hors de vue des murailles.
"courons".
cette route désespérément longiligne sur un quart de lieu
"lieue", non ?
deux jambes ayant été brisés lors de la chute
Accord.
Qui te dis qu’il sait que ce rêve n’était pas le sien…
Accord.
« - Remarque, je m’en doutais vaguement qu’il y avait déjà eu de tels « échanges »… »
Pas de "en".
il a eut un frisson de dégoût
"eu".
C’est celui qui m’a accompagné dans le rêve qui a eue ce frisson et m’a réveillé… »
"eu".
Nous sommes proche… Mais encore si loin…
Accord.
Leur population avait augmentée
Pas d'accord.
Il était le grain de sable et la montagne imposante sur lesquels l’aubade des peuples à jamais affranchi se reposait.
Accord.
Etait-il possible que lui aussi avait été en proie à la même crainte…
N'aurait-ce pas dû être un subjonctif ?
C’est peut-être ça notre nature, être pessimiste quand au futur.
"quant", non ?
nous n’avons pas beaucoup de raisons d’être optimiste
Accord.
« - Enfin, avec un peu de chance, je trouverais une réponse à toutes mes

questions demain ou après-demain au plus tard ! »

"trouverai"; retour à la ligne sauvage.
Et ils semblent cette fois puissant.
Accord.
deux individus heureux, et pour la première fois depuis bien longtemps confiant dans le futur.
Accord.
Il toucha du doigt le fourreau du stylet et se haï intérieurement.
"haït".
laissant entrapercevoir au travers de ces crevasses un tronc pourrissant.
"entr'apercevoir".
la peur qu’ils devaient inspirer aux ennemis disparu
Accord.
Ces arbres n’étaient plus que déliquescence de leur glorieux passé, anéanti par une force implacable
Accord.
métamorphoser des vétérans endurcis armes au poings en vieillard voûtés
Accord.
Kirla et Ilia, quand à eux, ne cessaient de ravaler des sanglots
"quant".
Ils étaient touchés par la douleur muette qui étranglait les elfes, et réalisaient tout leur possible pour qu’une fois sorti de cette forêt ils n’aient aucun regret, aucune envie d’y retourner…
Accord.
un marais dans lequel croupissaient les cadavres ne serait pas plus effrayants.
Accord.
Durant un bref instant ils avaient accompagnés les arbres décédés
Pas d'accord.
ressentant eux aussi une légère tristesse, certes différente que celle des Aths
"de" irait mieux, j'ai l'impression.
échangeant en une poignée de secondes plus que de longs discours pouvaient signifiaient
Infinitif.
dans leurs cœur un nouveau décès
Singulier ou pluriel ?
comme traversé par une sagesse ancestral
A quoi se rapporte "traversé" ? "ancestrale".
Vers vous il accoure
"accourt".
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