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The Last Sword

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Tout ce qui a été posté par The Last Sword

  1. Je m'inscris, première participation à un concours.
  2. Et zou, enfin la suite ! Je n'écris pas aussi vite et régulièrement que je le souhaiterais, mais je ne lâche pas le morceau. L'ajout d'aujourd'hui est à lire quelques posts plus haut. Un passage un peu plus méditatif avant de reprendre le broyage de crâne, le temps d'approfondir un peu la personnalité du gouverneur Bashir. (C'est pas parce que c'est une histoire ousskia des marounes plein de testostérone qu'on ne peut pas avoir des personnages un peu développés. ) J'en profite pour remercier tous mes lecteurs, y compris ceux qui ne postent pas ici mais dont je reçois l'avis par MP, par oral : ce sont vos critiques et vos encouragements qui me poussent à continuer. Merci !
  3. Deux semaines au lieu d'une, mais la suite est là. J'ai profité de ce surcroît de temps pour mieux me relire. J'espère avoir laissé moins de coquilles. Celles du passage précédent sont corrigées (enfin !). Celles des deux premiers chapitres attendent encore mais ça ne va plus tarder. J'ai aussi rectifié deux incohérences : l'uniforme de la garde d'Ishtar était passé de bleu nuit à noir, et les jomiens se révélaient incapables d'utiliser leurs radios pour reprendre le contact avec leurs armées... Pas grand-chose de particulier pour aujourd'hui : de l'action et encore de l'action. J'ai essayé de soigner l'atmosphère des jardins et la mise en scène des assauts. A vous de me dire si c'est réussi. Merci Zarakaï ! Quatre ans c'est vrai... Ça commence à faire ! Vivement en voir le bout quand même. J'estime en être à la moitié environ. C'est à la fois agréable et intimidant d'avoir des lecteurs assidus comme toi, car il y a toujours le risque de décevoir. Mais c'est aussi (et surtout) sympa d'avoir un avis extérieur sur sa prose.
  4. La suite est enfin là, quelques posts plus haut. Merci pour vos commentaires, ça fait très plaisir. Je ne sais pas si mon récit vaut la Bibliothèque Interdite, je n'ai pas lu les livres qui y sont publiés. Mais bon il s'agit quand même de pros, je pense qu'ils sont meilleurs que moi. Ne serait-ce que pour la régularité du travail. Ces deux derniers mois, j'ai été très occupé par les examens de fin d'année et le début de mon stage, mais la tempête est passée et je me remets au travail ! Merci sandiep pour les fautes, y compris le fichier que tu m'as envoyé. Vraiment merci beaucoup parce que ce que tu as fait représente, je pense, pas mal de travail. Je les corrigerai la semaine prochaine en même temps que j'écrirai la suite. Dans les projets annexes, je travaille à une carte du Palais qui permettra de s'y retrouver plus facilement (et puis j'aime bien faire des cartes ). Bonne lecture ! Comme d'hab n'hésitez pas à me faire part de vos remarques, que ce soit pour m'encenser ou me clouer au pilori.
  5. Merci pour vos encouragements. Si ça vous plaît, c'est l'essentiel. Sandiep > Je veux bien que tu me signales les fautes que tu as trouvées. J'ai beau me relire et utiliser le correcteur automatique, il y en a toujours qui échappent à la purge... TazangeL > Pour la Black Library on verra... Je ne prétends pas pouvoir rivaliser avec Abnett. Revoilà la suite, nous laissons le chapelain dans son congélateur géant pour retrouver Sylon, où la nuit qui vient va être décisive dans la guerre... Fin de l'exposition, le chapitre trois s'achèvera dans le fracas des bolts. Bonne lecture ! J'attends vos critiques avec plaisir. ___[Ajout du 23/04/2009]___ Le petit groupe d'hommes en uniforme bifurqua dans le couloir et au lieu de prendre la direction de la sortie, il se dirigea vers l'intendance. La forteresse occupée par les space marines était presque vide, ce qui leur facilitait grandement la tâche. Introduire les armes et l'équipement en même temps qu'eux-mêmes aurait été impossible. Mais tout ce dont ils auraient besoin avait été livré dans des containers sensés renfermer des aliments ou des pièces de plomberie de rechange. Il leur avait suffi de prendre la place d'une des équipes de liaison assurant la communication entre les marines et l'état-major jomien pour infiltrer la citadelle du Levant. Les soldats pénétrèrent dans l'intendance qui se résumait à une vaste cave remplie de tonneaux, de caisses et de containers métalliques. Ils se dirigèrent sans hésiter vers deux d'entre eux, apparemment identiques aux autres. Sitôt qu'ils furent ouverts, les armes et les tenues de combat passèrent de main en main et ils s'équipèrent avec la rapidité que confère l'entraînement. Moins de trois minutes plus tard, l'équipe de liaison s'était métamorphosée en escouade des troupes de choc jomiennes, avec treillis couleur sable, pièces d'armure, casques et fusils-radiant laser branchés sur les unités génératrices dorsales. L'élite de la Garde. Ils se regroupèrent autour de celui qui portait des insignes de sergent. - « Furb Inperiun. » murmura t-il. ___ L'air frais de la nuit entrait par la fenêtre gothique entrouverte, porteur d'étranges senteurs fruitées. Le voile servant de rideau frémissait légèrement sous la brise. Assis en tailleur, toujours engoncé dans son armure, Tibère Valens dormait. Pour autant que son état neuropsychique artificiel puisse être assimilé au sommeil. En fait on aurait plutôt cru qu'il méditait. Comme tout être humain, un space marine doit dormir, certains processus neuraux ne pouvant avoir lieu que lors des phases de repos de l'organisme. La durée nécessaire était cependant réduite à quatre heures. Mais le sommeil est un luxe en temps de guerre. D'où l'intérêt du nodule cataleptique, un bio-implant fusionnant avec le cerveau et permettant de se reposer tout en restant en état de veille. Bien que ne remplaçant pas un bon somme à long terme, c'est un substitut appréciable. Quelque chose ramena Valens à la conscience. Il ouvrit les yeux dans la pénombre, immobile, cherchant ce qui avait attiré son attention. La lune éclairait de sa lumière froide la pièce à l'austérité toute monacale. A sa droite, les cartes encombrant le bureau bruissaient paisiblement dans le courant d'air. Derrière le meuble, la porte-fenêtre donnant sur le balcon et la cour intérieure de la forteresse ne laissait filtrer aucun bruit. Les chaises disposées devant lui étaient elles aussi immobiles et silencieuses. Tout comme la ventilation. Ce qui signifiait que le courant était coupé. Il se releva souplement, à la manière d'un chat, tout en allumant mentalement sa radio. Elle resta obstinément silencieuse. Brouillage radio. Son organisme modifié réagit avec une longueur d'avance sur son esprit, déversant un flot de synthadrénaline dans ses veines. En deux pas il était à côté de la porte, quand il entendit des bruits étouffés venant de l'autre côté. Une explosion retentit avec la force d'un petit séisme. Les systèmes de sécurité commandèrent immédiatement la fermeture de la seconde porte blindée, isolant le bureau tandis que le sifflement électrique de fusils-radiant laser s'élevait dans le couloir, accompagné de bruits de course. Le maître de chapitre agit sans réfléchir, guidé par des réflexes presque innés. Tout en se dirigeant vers la fenêtre, il prit une grenade à sa ceinture et l'arma en position « détection de mouvement ». Il la plaça sous les papiers encombrant le bureau, prit son bolter posé dessus et sortit sur le balcon. La cour en contrebas était déserte. Logique, la majorité du Chapitre étant engagée dans les tranchées ou des missions de harcèlement derrière les lignes ennemies. Mais il y avait encore des frères de bataille dans la forteresse et avec le boucan que venaient de faire les assaillants, ils seraient bientôt là. Quant à lui... Il jeta un coup d'œil au balcon voisin sur sa droite, à trois mètres. Les inconnus qui tentaient de forcer sa porte se trompaient lourdement s'ils pensaient qu'il les attendrait dans la pièce verrouillée. Valens monta sur le rebord et sauta au-dessus du vide. Il se réceptionna souplement sur le balcon voisin. Il balaya la pièce du canon de son bolter tout en se redressant. Vide. Comme il l'avait escompté. Il contourna la table et les chaises qui occupaient les lieux pour se diriger à pas de loup vers la porte, arme braquée devant lui. Son épée n'était pas adaptée aux couloirs et son pistolet à plasma avait une cadence de tir trop faible pour la situation. Le combat se mènerait au fusil d'assaut. Tapis contre le mur, le guerrier-phœnix ferma les yeux et se laissa tomber dans la transe d'Acheon avec une sensation de chute libre. Les sons venant du couloir lui paraissaient plus nets dans cet état de conscience modifié. Il perçut plus qu'il n'entendit les portes blindées de son bureau s'ouvrir. Les assaillants avaient dû convaincre l'esprit de la machine de désactiver les sécurités. Courant coupé, fréquence de combat brouillée, attaque en plein cœur de la forteresse... Ils étaient très bien renseignés et préparés. Mais lui savait improviser. Il eut une impression de contraction, comme si le faisceau des évènements possibles se resserrait autour d'un seul dont la probabilité devenait égale à un. La grenade tapie sous les cartes du bureau explosa, faisant tomber du plâtre du plafond malmené. Dans l'instant qui suivit il enfonça la porte et lâcha une rafle au jugé dans le couloir, sans autre but que d'ajouter à la panique pendant qu'il jetait une autre grenade. Il eut juste le temps de se remettre à l'abri qu'elle explosait. Tibère jaillit par la porte dans le couloir empli de poussière. Son casque bascula immédiatement en infrarouges. Une silhouette vacillante apparut devant lui. Il ouvrit le feu. Les quelques soldats qui avaient survécu aux explosions furent hachés par les bolts. Il fut en quelque pas devant la porte de son bureau. Les deux marines en faction gisaient sur le sol sous les corps de leurs assassins. Des morceaux de papier voletaient au-dessus du bureau éventré. Un rapide coup d'œil à l'intérieur lui confirma que personne ne bougeait. Il se retourna et se dirigea vers l'escalier d'où lui provenaient des bruits de combat. Ses frères arrivaient à son secours. Deux soldats surgirent de la cage d'escalier au moment où il sortait de la poussière. La transe lui laissa tout le temps de les abattre d'un bolt chacun en pleine poitrine. Les bruits de combat se rapprochaient sensiblement. Les assaillants devaient maintenant savoir qu'ils étaient pris en tenaille. Il se plaça dans l'enfilade de la porte, prêt à accueillir les fuyards, masqué par l'obscurité qui occupait le couloir. Personne ne vint. Une nouvelle explosion secoua l'escalier et le silence retomba. - « Seigneur Valens ? » appela une voix rendue métallique par le haut-parleur d'une armure space marine. - « Je suis sain et sauf ! » répondit-il. Il ressenti aussitôt une torsion, les futurs possibles se resserrant à nouveau autour d'un seul qui de probable devenait quasi-certain. Sa mort. Il se retourna instinctivement pour voir derrière lui un soldat blessé brandissant une grenade. Il avait été stupide de ne pas s'assurer que les ennemis qu'il laissait derrière lui étaient bien morts. Et en parlant, il lui avait révélé sa position. Heureusement, la transe lui donnait une fraction de seconde d'avance. Il saisit la main du soldat à la vitesse de l'éclair, l'empêchant de la dégoupiller. Puis renforçant sa prise il lui tordit le bras et le contraignit à lâcher son arme. Plongeant son regard dans celui de son adversaire, il vit la haine y céder la place au désespoir. Puis une détonation claqua et il n'y vit plus rien du tout. Valens laissa s'effondrer le corps désarticulé alors que les renforts arrivaient. Deux marines le dépassèrent et remontèrent prudemment le couloir étrangement silencieux après ce déchaînement de violence. Pendant ce temps, il étudia les assaillants. Ils avaient la peau mate des natifs de Jomark et portaient des treillis couleur sable, non pas noirs comme ceux des légionnaires. Ils portaient cependant un brassard noir à l'épaule. Des troupes d'élite au vu de leurs armes, de leurs armures et surtout parce qu'ils avaient réussi à s'infiltrer au cœur d'une base space marine avant de frapper. Et ils avaient eu accès à des informations top secrètes, notamment les plans de la forteresse et les fréquences de communication Metamarines. C'était beaucoup trop pour un commando infiltré. En revanche, pour des traîtres parmi les loyalistes... Trois cartes de tarot flottèrent fugitivement devant ses yeux. Le serpent, l'épée, le cœur. - « Seigneur ? J'ai de mauvaises nouvelles. » Le maître de chapitre se tourna vers le sergent qui venait d'arriver. - « Le palais du gouverneur est attaqué. On ne sait pas s'il est en vie. » Valens ferma les yeux et serra les dents. - « Je m'y rends immédiatement. » Il rouvrit les paupières. « Sergent, assurez-vous que nous les avons tous eus et trouvez comment ils sont entrés. Je ne veux plus que des Metamarines dans cette forteresse. Et basculez sur la fréquence 186, la 192 est compromise. Faites passer le message ! » Il s'élança à grands pas vers l'escalier tandis que le sergent saluait. Il contacta Maximin tout en descendant les marches quatre à quatre. - « Frère Maximin, je veux deux tornados et deux escouades de la Garde des Lames dans la cour immédiatement, dont une avec ses réacteurs dorsaux. » - « Tout de suite, Seigneur. Où allons-nous ? » - « Éliminer les brebis galeuses. » ___[Ajout du 26/06/2009]___ Les formes allongées des deux landspeeders tornados s'élevèrent dans la cour en soulevant un tourbillon de poussière. Dès qu'ils furent à la hauteur du mur d'enceinte, ils virèrent gracieusement vers ouest-nord-ouest et s'élancèrent comme des flèches. Le couvre-feu plongeait la cité dans l'obscurité mais la lune de Jomark la baignait généreusement de sa lumière pâle. Elle miroitait sur les dômes et donnait à la ville déserte une allure fantomatique. Devant les aéronefs impériaux, le plateau basaltique remontait en pente douce jusqu'à la Cité Sainte d'où elle commandait Sylon depuis son esplanade fortifiée. Derrière le cœur du pouvoir de Jomark, la formation rocheuse s'élevait en une petite montagne, dominée par le vaste ciel sans nuage. La ville ne semblait pas vraiment endormie, plutôt figée par peur insidieuse depuis le début du siège. Rien ne laissait deviner la tentative de putsch qui se déroulait en ce moment même. - « Contrôle Palais de Zeta Omicron Six Beta, demande accès à la Cité Sainte, je répète Contrôle Palais, demande accès à la Cité Sainte. » Le pilote n'obtint pas de réponse. Il se tourna pour regarder Tibère qui se tenait aux sangles, serré contre les autres marines dans l'habitacle ouvert. Ce dernier lui fit signe de continuer droit devant, puis tapota le côté de son casque pour lui dire de tenter à nouveau le contact radio. - « Contrôle Palais de Zeta Omicron Six Beta, demande accès... » - « Zeta Omicron Six Beta de Ishtar Contrôle. » le coupa une voix agressive. « Contrôle Palais est hors-ligne. Nous sommes en situation d'urgence. Tout survol interdit. Je répète, tout survol interdit. Déroutez-vous où nous ouvrirons le feu. » Tibère, qui suivait la conversation, activa son micro. - « Ishtar Contrôle, ici Valens des Metamarines. Nous arrivons en renfort. Désengagez immédiatement vos armes et laissez-nous passer. » Il sentit un instant de flottement chez son interlocuteur. - « Toutes mes excuses seigneur Valens, je... Nous assumons les fonctions de Contrôle Palais mais la liste des appareils autorisés s'est perdue dans le transfert. Heu... Défenses désengagées, accès libre. » - « Merci Ishtar Contrôle. Valens, terminé. » - « Ishtar Contrôle, terminé seigneur. » Un instant plus tard les landspeeders passèrent au-dessus de la muraille de la Cité Sainte. Sous eux, le dédale des rues céda soudain la place aux arbres des jardins. Le palais se dressait au milieu d'eux comme une falaise dans la mer. Les deux appareils perdirent de l'altitude et ralentirent en s'approchant de la caserne de la garde d'Ishtar qui s'élevait à l'angle sud-ouest du complexe. C'était un ensemble carré de haute taille, une véritable petite forteresse dans la forteresse. Le centre était vide, formant une cour servant d'aire d'atterrissage. Les projecteurs qui l'illuminaient en faisaient une oasis de lumière dans l'obscurité qui recouvrait le palais. Tibère sentit l'appareil s'incliner vers l'arrière lorsqu'il leva le nez pour ralentir. La trajectoire des aéronefs les fit plonger en douceur dans le carré éclairé. Il devina furtivement des silhouettes qui couraient sur les toits, pointant armes et jumelles sur un ennemi invisible au moment où le landspeeder les survola. Il sauta à bas de l'appareil avant qu'il ne touche le sol pavé et courut vers la porte principale, suivit par dix marines. Deux gardes, l'air tendu, étaient de faction et portaient le treillis bleu nuit frappé du croissant d'Ishtar. Valens les salua rapidement et entra par la porte grande ouverte. Des gens couraient en tous sens, on se hélait d'une porte à l'autre, on se criait des renseignements, le tout dans un chaos maîtrisé où l'on sentait malgré tout sourdre une angoisse occultée. Avisant un officier qui passait devant lui, il l'arrêta en posant sa main gantée sur son épaule. - « Conduisez-moi au plus haut gradé présent. » Le soldat claqua des talons et se mit en route. Pas de question, pas de justification. Il était un space marine et aux yeux de tout le monde, il était un fils de l'Empereur. Il pouvait tout demander, tout exiger. Il aurait pu prendre le commandement de la garde d'Ishtar que personne n'y aurait rien redit. Le pouvoir quasi absolu. L'Hérésie d'Horus avait prouvé qu'il pouvait corrompre même les plus loyaux. Et la Bannière Noire le démontrait une fois encore. Le soldat les conduisit à grands pas dans une salle située juste sur leur droite au rez-de-chaussée. L'atmosphère y était surchauffée. Au centre de la pièce un hologramme verdâtre représentait le plan du palais. Des radios étaient installées le long d'un mur et leurs opérateurs transmettaient dans les deux sens ordres et informations. Partout des gens se déplaçaient, donnant et demandant des directives. Un homme se tenait au centre de la salle, marchant dans l'hologramme qui lui arrivait à la taille. Il bougeait ses mains avec des gestes vifs et un air concentré, manipulant des points bleus par l'intermédiaire de ses gants couverts de fils électriques. Valens reconnut un système de commandement virtuel semblable à celui dont disposaient les blindés de commandement du Chapitre. L'Esprit de la Machine qui y résidait traduisait et transmettait les ordres de l'officier en temps réel aux troupes sur le terrain. Une technologie aussi utile que rare et précieuse. Leur guide pénétra dans l'aire de l'hologramme et s'inclina. Son supérieur se tourna vers lui et vit immédiatement les marines. D'un geste sec il fit signe à son subalterne de quitter l'hologramme et rejoignit Tibère à grandes enjambées. - « Seigneur Valens, c'est un honneur et un soulagement de vous voir. Général Seylaman pour vous servir. » fit-il en saluant. Le maître de chapitre répondit à son salut tout en examinant son interlocuteur. C'était un homme barbu, sec et à l'aspect sévère. Malgré la situation il restait maître de lui-même. Quelques éléments de sa biographie remontèrent dans sa mémoire. Homme-clef dans la crise du golfe d'Agrabah, carrière brillante dans les corps d'élite de la garde impériale, … Il le catalogua parmi les hommes sur qui compter ce soir. - « Quelle la situation ? » demanda Tibère. - « Venez. » fit le général en retournant au centre de l'hologramme. Tibère lui emboîta le pas. - « Le régiment mutiné est entré il y a une heure dans la cour principale, avec des ordres valides pour renforcer les défenses du palais. » dit Seylaman en pointant l'endroit du doigt. « Puis les soldats se sont dispersés vers les points stratégiques. La ruse a été découverte quand ils se sont présentés au poste de la garde d'Ishtar qui contrôle l'accès à l'aile du gouverneur. Ils ont ouvert le feu et réussi à envahir les quartiers du gouverneur où il était en réunion avec le haut commandement. Il y a une demi-heure la garde tenait encore mais nous n'avons plus de nouvelles. » Le général se déplaça sur le côté de l'hologramme. - « Nous avons un bataillon qui tente d'accéder à l'aile privée, mais ils sont bloqués devant le grand hall d'entrée. Les traîtres ont également investi le Centre Comm au niveau moins un. A l'heure actuelle nous sommes coupés du reste de la ville. Nous avons envoyé des messagers vers les garnisons et le rempart et nous tentons de reprendre contact par radio. » Il soupira. « Pour le moment la situation est bloquée. On se bat bureau par bureau pour atteindre les monte-charges menant au complexe souterrain et tout le secteur de la cour principale, des archives et de la télévision est entre leurs mains. Les renforts extérieurs sont bloqués devant l'entrée du palais et l'Empereur seul sait s'ils ne sont pas déjà en train d'annoncer leur victoire à toute la Cité. » Valens acquiesça tout en examinant la carte. Il se fichait bien de ce que les traîtres pouvaient diffuser comme informations. Ce qui lui importait, c'était le gouverneur. Sa mort n'était pas une option car sa perte porterait un coup énorme au moral des défenseurs, sans compter que le remplacer serait tout sauf évident. Fouillant les informations ingurgitées de force par sa mémoire, il chercha un angle d'attaque. - « Là, derrière le hall d'accès à l'aile privée... Entre la cour d'honneur et les jardins. C'est bien une galerie vitrée ? » demanda t-il. - « Oui, côté jardins. » - « Mmm... Parfait. » Il releva la tête vers le général. « Prévenez vos hommes devant le hall. Nous allons prendre les traîtres à revers en donnant l'assaut par les jardins. Comptez six minutes avant que je ne vous rappelle. Pendant ce temps transmettez-moi la fréquence de l'unité pour que je les contacte moi-même. » - « Bien seigneur. Pour l'Empereur. » - « Pour l'Empereur. » fit Tibère qui repartait déjà, précédé par les marines qui l'avaient suivi jusqu'ici. ___Ajout du 16/07/2009___ Le landspeeder glissait à vitesse réduite au ras de la mer formée par la cime des arbres du parc. Une petite clairière se dessinait non loin d'eux dans la masse noire des feuillages. Le palais se dressait sur leur droite à quelques centaines de mètres. Sur la façade la plus proche une grande galerie vitrée brillait comme un phare dans la nuit. Valens porta son regard sur leurs deux heures. Le deuxième aéronef revenait vers eux après avoir survolé les jardins privés qui s'étendaient entre eux et l'imposant bâtiment. - « Aucun signe de vie humaine, seigneur, le parc est vide. » - « Parfait. Surveillez les environs et couvrez-nous. » répondit Valens. Il se pencha vers ses pilotes. - « Déposez-nous dans la clairière et attendez mon signal. » Les pilotes acquiescèrent, puis l'appareil bascula sur la droite et perdit de l'altitude en approchant de la trouée. Il s'immobilisa précisément. Tibère leva son poing fermé et à ce signal les marines sautèrent avec lui dans le vide. Il se réceptionna en souplesse dans l'herbe humide. Tout en se relevant il balaya les environs du regard, prêt à faire feu. Il s'élança vers la lisière des arbres avec ses frères de bataille qui se déployaient, bolters braqués devant eux. Les marines s'enfoncèrent dans les sous-bois en direction du palais. Les faibles rayons de lune qui se frayaient un chemin à travers le feuillage étaient leur seule lumière. Heureusement le jardin était bien entretenu et ils progressaient sans difficulté à travers les taillis et massifs agrémentant le tapis de feuille qui s'étendait sous les arbres. Le parfum lourd et sucré de fleurs invisibles emplissait l'atmosphère. Des plantes aux formes étranges s'épanouissaient en bulbes, lianes et tiges surmontées d'organes incongrus. Il devinait les présences d'animaux arboricoles qui se taisaient sur leur passage et les regardaient du haut des branchages avec de grands yeux étonnés. Tout cela était tellement... différent. C'était la même impression sur chaque nouveau monde. De nombreux points communs, mais à chaque fois quelque chose d'indéfinissable qui faisait que l'on se sentait ailleurs. Comme si le cerveau humain conservait dans ses structures nerveuses un souvenir de son environnement primitif. Peut-être que cette sensation n'existait pas sur Terra. Encore que. Il y avait bien longtemps que l'humanité avait entièrement submergée et transformée sa surface. Ce souvenir n'était guère plus que l'écho d'un éden primordial disparu depuis une éternité. Une silhouette qui n'avait clairement rien de végétal apparu entre les arbres. Valens braqua son arme sur elle et s'approcha silencieusement. Il s'aperçut vite qu'il tenait en joue une statue. C'était une femme assise sur un trône au sommet d'un socle imposant. Une espèce de lichen orange et violet l'avait en partie recouverte et ses traits étaient émoussés comme si elle était là depuis des siècles. La femme regardait dans sa direction avec un air doux mais impénétrable. Elle avait un croissant de lune à ses pieds. Ishtar ? Qui pouvait bien savoir. Son culte s'était éteint après le rattachement de Jormark à l'Imperium. Le maître de Chapitre contourna le socle massif et poursuivit son chemin en direction des lumières qui commençaient à apparaître à travers les branches. Quelques instants plus tard son escouade et lui étaient déployés le long de l'orée des bois, cachés parmi les bosquets. Devant eux une bande de pelouse suivie d'une aire gravillonnée parsemée de bustes d'illustres inconnus les séparaient de la grande véranda. Elle était illuminée comme pour une réception officielle. On voyait des soldats se croiser en courant à l'intérieur. Ils portaient le treillis couleur sable des régiments jomiens, mais aussi le brassard noir qu'avaient les commandos tués dans la forteresse. Valens se tourna vers le sergent qui se tenait agenouillé à sa droite. - « Tenez-vous prêt, frère. » Le guerrier hocha la tête et prévint ses hommes. - « Zeta Omicron ? A vous de jouer. » murmura le guerrier-phœnix. - « Bien reçu, seigneur. En Son Nom et pour l'humanité. » Le maître de chapitre envoya un bip sur la fréquence radio de la garde d'Ishtar pour prévenir ses alliés. Il sentit une poussée d'adrénaline l'envahir, annoncée par un fourmillement familier dans les mains. Un bruit sourd s'éleva derrière lui en provenance du ciel avant de se transformer en grondement furieux. Le landspeeder jaillit au-dessus des marines et freina brutalement face à la galerie. A l'intérieur les soldats se figèrent et certains scrutèrent les ténèbres du parc, mais le contraste les rendait aveugles. Le bolter lourd de l'aéronef se mit alors à hurler comme une bête furieuse et les vitres explosèrent. Valens se dressa et se mit à courir avec ses hommes en direction du palais. Il entonna le cri de guerre du Chapitre et son « Terra Victor ! » amplifié par son casque résonna sur les murs, aussitôt reprit par ses frères. Quand il fut à une distance suffisante pour déceler des cibles à travers la pluie de verre déchaînée par le landspeeder, il appuya sur la gâchette et son bolter entonna son chant funèbre. En face la panique était complète. Les soldats couraient en tous sens pour trouver un abri et finissaient fauchés par les bolts. En quelques foulées les marines furent presque à la galerie qu'ils prenaient d'assaut sur toute sa longueur. Le landspeeder cessa le feu et décrocha pour rejoindre le second. Tibère se rua à l'intérieur tout en tirant. Les bris de verre crissèrent sous ses semelles quand il prit pied sur le parquet élégant. La véranda était en fait un vaste couloir. Quatre frères s'élancèrent vers la droite pour rejoindre le peloton de la garde d'Ishtar tandis que Valens et les six autres allaient vers l'autre extrémité pour pousser leur avantage. Un lustre fragilisé par les tirs s'écrasa dix mètres devant eux dans un grand bruit. Ils étaient presque parvenus au bout du couloir quand ils furent pris pour cible par des tirs nourris. Chacun se trouva un abri en hâte, qui dans un renfoncement de fenêtre, qui derrière un vase imposant ou un banc. Caché derrière une colonne décorative à moitié détruite, le maître de chapitre vit ses hommes saisir leurs grenades et il les imita. Quatre roulèrent sur le plancher en direction des portes. Il y eut une explosion monstrueuse et il vit voler des éclats de bois devant lui. Il se pencha et ouvrit le feu en direction des portes arrachées de leurs gonds pour protéger l'avance des marines qui en étaient les plus proches. Trois silhouettes massives investirent le hall sous les tirs de couverture. - « Dégagé. » fit sobrement l'un des guerriers après quelques instants. Les trois autres frères de bataille et lui-même les rejoignirent. Le hall magnifique, tout en pierre, en arabesques et en rideaux ornementaux, avait son parquet éventré, laissant à nu la dalle des fondations. Les corps désarticulés des traîtres avaient été jetés un peu partout par l'explosion. Devant eux, une grande porte fermée menait à la salle de bal et de là au reste de l'aile abritant les quartiers du gouverneur. Ils s'approchaient prudemment d'elle quand il entendirent derrière eux des bruits de course annonçant les renforts. Soudain la porte explosa. Tibère se baissa instinctivement mais le marine qui se trouvait devant lui ne fut pas assez rapide. Il s'effondra, touché à la poitrine. Valens attrapa un de ses bras et le tira à l'abri avec l'aide d'un autre frère sous les tirs de la mitrailleuse lourde qui venait de déchiqueter la porte. Son premier souci fut de vérifier la gravité des blessures. Les balles avaient perforée l'armure au niveau du flanc droit. Ce n'était pas mortel, d'autant plus en comptant avec les côtes renforcées des space marines, mais il avait besoin de soins rapidement. Le maître de chapitre chercha le sergent des yeux et le trouva à quelques mètres, en train d'essayer de voir ce qui se trouvait exactement dans la salle de bal. Il le rejoignit. - « Sergent, prévenez nos anges gardiens là-haut que nous avons besoin d'une assistance médicale. » L'officier hocha de la tête et rejoignit le blessé, laissant le soin à Valens de mener les opérations. Apparemment ils n'avaient contourné l'ennemi que pour mieux se retrouver bloqués un peu plus loin. De toute évidence les traîtres avaient disposées plusieurs batteries d'armes lourdes dans la salle de bal, mais leur feu incessant empêchait de risquer un œil pour évaluer leurs positions et leurs forces réelles. Du coin de l'œil il vit les quatre marines partis un peu plus tôt les rejoindre, accompagnés des silhouettes bleu nuit des soldats de la garde d'Ishtar. Leur officier le rejoignit. - « Seigneur, c'est un honneur. Merci pour votre aide. » salua t-il. - « Sergent Kenipal. » le reconnut Valens. « C'est un plaisir de vous revoir. » Il nota son regard préoccupé. - « Ne vous inquiétez pas, j'ai encore un atout à jouer. » Il régla la fréquence de son casque sur celle du second landspeeder. - « Sergent Leytum ? L'ennemi nous tient sous son feu au niveau de la salle de bal. » - « Bien reçu seigneur, nous sommes sur place dans un instant. » Il s'écoula une poignée de seconde, puis un vacarme indescriptible masqua le grondement des mitrailleuses. Par la porte éventrée, ils virent la verrière de la salle de bal s'effondrer dans une pluie de flammes et de verre brisé. Et au milieu de la tourmente des marines descendaient sur des piliers de feu. Le vrombissement sec des épées tronçonneuses se fit entendre dès qu'ils touchèrent le sol. Le combat ne dura que quelques instants. Valens et les autres se portèrent à l'assaut dès que les servants abandonnèrent leurs mitrailleuses, mais les traîtres étaient déjà morts quand ils arrivèrent. La vaste pièce était dévastée. Les trois positions d'armes lourdes fortifiées à la va-vite avec des sacs de sable étaient au centre d'une zone jonchée de bris de verre et de morceaux de métal. Les silhouettes massives des guerriers, rendues encore plus imposantes par leurs propulseurs dorsaux, s'y regroupaient déjà. Les cadavres épars gisaient au sol et le parquet buvait lentement leur sang. Le plafond n'était plus qu'une plaie béante et les murs finement décorés était couverts d'impacts. Le maître de chapitre hocha de la tête en passant devant le sergent Leytum et tous, marines et gardes, se dirigèrent vers les portes ouvertes de la salle et l'escalier menant à l'étage où se trouvait le gouverneur. ___[Ajout du 27/08/2009]___ Pour la première fois depuis des mois, le gouverneur Bashir n'avait rien à faire. Ses pensées occupaient ce vide imprévu. Et ses pensées étaient amères. Il était assis sur un fauteuil, penché en avant, les coudes posés sur ses jambes. Il avait troqué sa tenue habituelle de maréchal pour son uniforme de campagne, une casquette règlementaire et un long coupe-vent tous trois de couleur sable. Ils étaient une dizaine avec lui dans la grande pièce qui accueillait leur réunion informelle. Le haut-commandement restreint de la Garde Impériale sur Jomark : son propre état-major interarmées, le général à la tête des régiments Jomiens, l'amiral de l'aviation, le directeur des Renseignements et le Scribe supérieur de l'administration du Departmento Munitorum. Il ne manquait que le satrape de Sylon, absent sans justification, pour compléter la tête du pouvoir impérial sur Jomark. Un pouvoir que quelqu'un semblait déterminé à décapiter. Les mutins avaient fait irruption quelques heures plus tôt avec un laisser-passer en règle pour le rencontrer. Seul un contrôle un peu attentif par un officier consciencieux, au checkpoint de l'étage, avait révélé que le document ne possédait pas toutes les autorisations requises. Ç'avait été l'étincelle embrasant le palais. Les traîtres avaient ouvert le feu et s'étaient rués vers le lieu de la réunion, avant que la garde d'Ishtar ne parvienne à les retenir. L'aile du palais où ils se trouvaient avaient été promptement isolée. Ils avaient juste eu le temps d'envoyer un SOS à la caserne d'Ishtar avant la coupure des communications. Par les fenêtres, lui et les autres avaient vu des colonnes de fumée s'élever en différents points du palais, plus nombreuses d'heure en heure tandis que la nuit tombait. Et les bruits de combat se rapprochaient peu à peu. Ils étaient tous silencieux, l'air sombre. Quelques gardes étaient restés avec eux dans la pièce. Les autres formaient un rempart entre eux et l'ennemi. Pour leur part, ils étaient trop précieux pour qu'on leur permette de participer à l'affrontement. Mais ils étaient tous conscients qu'ils auraient bientôt à défendre eux-même leur vie et très probablement à la vendre chèrement. La perspective ne lui faisait pas peur, pas plus, il le savait, qu'à ses compagnons. Ils étaient tous montés au feu dans leur carrière, ils savaient se battre. Non ce qui les minait, c'était la certitude d'avoir failli à leur devoir et la question entêtante de savoir à quel moment ils s'étaient trompés et ce qu'ils auraient dû faire différemment. L'identité de leur adversaire ne faisait aucun doute : le coup de main était de toute évidence mené par le satrape Jhinn. Et derrière lui le seigneur-intendant autoproclamé. La motivation de la trahison n'était guère plus difficile à deviner. Sentant le vent tourner, Jhinn avait monnayé son soutien contre la promesse d'un peu plus de pouvoir dans l'organisation de la Bannière Noire. De plus il était natif d'Ispahan, un fait auquel Bashir n'avait jusqu'ici accordé que peu d'importance. Un peu naïvement s'apercevait-il, il avait cru pouvoir effacer l'antique rivalité entre Sylon et Ispahan en menant une politique d'intégration et de répression habile. Il n'avait en fin de compte réussi qu'à faire entrer le loup dans la bergerie. L'aristocratie Ispahie s'était alliée avec les renégats pour solder à son avantage la lutte de pouvoir séculaire l'opposant à sa sœur ennemie. La reconnaissance du ventre avait pesé bien peu face aux vieilles rancœurs soigneusement entretenues. Les bruits du combat gagnèrent en intensité, indiquant que les assaillants se rapprochaient encore. Ils seraient ici dans très peu de temps. Il écarta un pan de son coupe-vent et tira son pistolet-laser de son étui. Il entreprit machinalement de le démonter pour vérifier son fonctionnement et laissa ses pensées s'égarer. Cette arme lui avait été remise avec ses galons de colonel, lorsqu'il avait été promu colonel à la tête du 111ème. La suite logique de sa carrière d'officier, issu d'une famille de tradition militaire comme il y en avait tant sur Jomark. Il aimait la tactique et la stratégie, et l'articulation entre ces deux composantes d'une opération armée. Il se souvenait avoir passé des nuits à lire les mémoires d'anciens généraux oubliés. Avec le 111ème, il s'était illustré en menant les opérations d'abordage des méga-cargos mutinés avec des pertes humaines et matérielles minimes. Son ticket d'entrée vers l'état-major de la région. Pour continuer sa carrière, il avait dû s'engager dans les campagnes stellaires du Munitorum. Il avait quitté Jomark et sa famille sans savoir s'il les reverrait un jour. Il s'était retrouvé affecté à l'état-major du 2ème corps d'armée de Kohm, en partance pour le monde-mangrove de Palau Secundus. Une période difficile ou il avait dû s'adapter très vite pour gagner la confiance des natifs de Kohm et apprendre leur dialecte. Mais ça n'avait rien été comparé au au choc de la rencontre avec les Eldars. Leur art de la guerre était aussi étranger que leur esprit. Vicieux, brutaux, ils étaient comme une lame taillant dans les rangs impériaux. Ce furent des années de violence et de sang. Mais après tout, on ne trouve souvent que ce que l'on cherche. Cependant c'est aussi sur Palau qu'il rencontra celle qui allait devenir sa femme. Siri faisait partie de la première génération d'enfants nés sur la planète. Elle avait vingt-six ans et lui trente-et-un lorsqu'il fit sa connaissance, au hasard du conflit. La guerre s'acheva sur la victoire de l'Imperium. Le corps d'armée fut démobilisé et rejoignit les colons de Palau. Quant à lui, Bashir se vit offrir une promotion et le grade de Maréchal, ainsi qu'un ticket vers le monde de son choix. Il refusa et resta sur Palau avec sa femme. Ce fut la meilleure décision de sa vie. Il devint menuisier et Palaan. C'était une planète magnifique, sauvage et exigeante. Les immenses mangroves, entrelacs d'arbres géants et d'eau, formaient l'essentiel de l'espace habitable avec les montagnes. Un monde en bleu ciel, vert feuillage et blanc nuage. Il se rappelait les nuits de Palau, quand le ciel étoilé se reflétait dans l'eau calme et qu'il avait l'impression d'être suspendu dans une immensité scintillante. La respiration de Siri se mêlait au lent flux et reflux des vagues, et il passait alors des heures à veiller sur son sommeil, sans penser à rien, simplement en paix. Ils se révélèrent incapables d'avoir d'enfants, sans qu'ils sachent jamais lequel d'entre eux était stérile. Ce fut toujours une souffrance mais ils continuèrent leur chemin ensemble. Et puis un jour, usée par la vie, Siri mourut. Il se souviendrait toute sa vie de ses derniers instants. Il n'aurait su dire à quel moment elle était partie. C'était comme si elle s'était endormie. On avait incinéré son corps selon la coutume et il avait lui-même dispersé ses cendres depuis leur ancienne maison. Le cœur et l'esprit vide, il était parti. Il avait rejoint la capitale de la planète et s'était présenté au Departmento. La bureaucratie impériale avait toujours quelque-chose à faire de ses officiers méritants : la proposition tenait encore et il reprit du service après une ellipse de trente ans. Il n'était plus tout jeune mais un traitement rejuvenat lui redonna, si ce n'est l'apparence, au moins la force de ses quarante ans. Il retourna sur Jomark en tant que maréchal et se consacra entièrement à sa tâche. Quand l'ancien gouverneur quitta le service actif, il était le premier sur la liste. C'était ainsi qu'il était devenu responsable de la sécurité d'un secteur entier et de milliards d'âmes. La mort allait bientôt mettre un point final à son histoire. Il ne savait plus trop laquelle de ses deux vies était la plus réelle. Palau et Siri lui semblaient parfois une parenthèse dans sa vie de guerrier. D'autres fois, sa jeunesse ne paraissait être qu'un prélude et sa vieillesse une longue attente encadrant la seule période de sa vie qui ait eu de l'importance. Peut-être ces deux visions étaient-elles exactes. Peut-être son existence était-elle un long pèlerinage à la recherche de ce qu'il avait trouvé puis perdu, mais peut-être était-ce cette quête qui lui donnait un sens. Au fond il s'en fichait. Il était juste un vieil homme qui attendait calmement que la mort veuille bien de lui, et qui se laissait guider par le sens du devoir qui lui avait toujours servi de boussole. Il acheva de remettre en place les dernières pièces de son pistolet quand la clameur de la bataille redoubla dans le couloir. Le claquement sec de fusils-mitrailleurs s'éleva en même temps que les cris d'hommes se lançant à la charge. Il releva la tête, sentant le moment venu. C'est alors qu'il entendit un cri de guerre dominant le chaos. « Terra Victor ! » ___
  6. Merci ! Ça fait vraiment plaisir. J'espère que la suite sera à la hauteur des attentes. Concernant le cuirassé, je dois avouer ma relative ignorance malgré ma lecture de Battlefleet. Je pensais qu'un vaisseau de cette taille devait être équipé de torpilles. Autant pour moi... J'irai corriger (un jour, peut-être, éventuellement, si j'y pense, quand j'aurai le temps ). Je poste (toujours dans le message un peu plus haut) la suite écrite le week-end dernier. Les personnages, le décor et les évènements finissent d'être campés avec ce dernier passage. On va pouvoir commencer (continuer ?) à taillader sec et à faire avancer l'histoire dès la prochaine fois.
  7. J'ai laissé passé un peu de temps pour attendre d'éventuels commentaires, mais en absence de réponse je reprends la publication de la Bannière Noire. Après un crochet par Sylon il y a deux semaines, c'est Kirius revient en se demandant ce qu'il va bien pouvoir faire coincé qu'il est en plein pôle nord... Suite et fin de ses histoires la semaine prochaine avant d'attaquer (enfin ?) les choses sérieuses dans la capitale assiégée. L'ajout est sept posts plus haut à la suite du chapitre 3. A vos critiques.
  8. Avec les vacances la suite s'est un peu fait attendre, mais je reprends le rythme d'un ajout chaque week-end dès cette semaine. Pour la lire, rendez-vous six posts plus haut. Je vous rappelle que les deux premiers chapitres, purgés de leurs coquilles et de leurs incohérences, sont disponibles en PDF sur ce site. Effectivement la mise en place du chapitre est presque finie, on va passer à davantage d'action, mais chut... C'est pour bientôt. J'espère que les concours de Manfred se passent bien.
  9. Nouvelle semaine, nouvel ajout. Le commandant Caryandra refait son apparition et récupère quelqu'un qui avait bien besoin d'aide... J'ai regroupé dans l'avant-dernier post tout le chapitre 3 pour faciliter la lecture ( il n'y a pas trop long pour le moment). Pas de réponse depuis la dernière fois. Je ne sais pas si c'est parce que les anciens lecteurs ne sont plus sur le forum ou si c'est parce que la section SF n'est pas très active. Sans doute un mélange des deux. C'est pas grave, je vais continuer à vous infliger la suite jusqu'à ce qu'on me dise d'arrêter. [Edit]Ah ben tiens si, il reste encore des vétérans qui ont lu les chapitres précédents.
  10. Tic tac tic tac... Le temps a passé depuis la dernière fois que j'ai posté ici. Malgré les apparences, je n'ai pas abandonné la Bannière Noire. La suite est même écrite depuis un moment, bien que beaucoup moins que ce que j'aurais souhaité. Mais bon, pas de lamentations. :'( Un rafraîchissement de mémoire fera certainement du bien aux anciens et nouveaux lecteurs : voici donc le résumé des épisodes précédents. Le texte du premier chapitre est disponible en PDF sur ce site. Et maintenant, la suite du chapitre 3 ! A vos critique. Chapitre 3 : Légions Les sœurs de bataille du Couvent du Saint-Calice descendaient en ordre de bataille la grande avenue qui reliait la Cité Sainte à la Porte d’Ishtar. Ce grand axe de circulation traversait la ville en ligne droite. Les soeurs étaient suivies par des pénitents et des flagellants, membres de milices religieuses qui promettaient la rédemption en échange d’une mort violente au service de l’Empereur. Au total à peine plus de cinq mille personnes, comptant plus sur leur fanatisme que sur leurs compétences militaires pour vaincre. Tout ce monde s’en allait en grande pompe affronter seuls les légions de la Bannière Noire, sous les acclamations de la foule. De part et d’autre de l’avenue les habitants leur faisaient une haie d’honneur. Les sœurs gardaient un air digne tandis que leurs miliciens essayaient tant bien que mal d’adopter une attitude martiale. Des serviteurs encapuchonnés perdus sous leurs bures les escortaient en agitant des encensoirs. Des chants religieux s’élevaient de la colonne bigarrée, repris en chœur par les badauds venus en nombre. Tibère Valens et Maximin, le capitaine de la première compagnie, se tenaient sur les murailles de roche noire à l’écart de l’agitation. Le rempart naturel était plus bas à l’est et à cet endroit son sommet avait été aménagé en un large chemin de ronde. Les deux marines regardaient le spectacle baroque de là-haut. - "Tu es au courant ?" demanda Valens. Maximin était le seul marine que le Maître de Chapitre tutoyait. Au sein d’un Chapitre, les guerriers sont tous des frères les uns pour les autres, mais c’était encore plus vrai en ce qui les concernaient. Les deux hommes avaient fait leurs premières armes ensemble, dans la même escouade de scouts puis la même escouade tactique. Aujourd’hui ils occupaient les deux postes les plus élevés dans la hiérarchie des Metamarines. En plus d’être capitaine de la première compagnie, celle des vétérans, Maximin était le Maître des Lames, le chef de la Garde du même nom qui assurait la sécurité du Maître de Chapitre. Une amitié indéfectible les liait, forgée par des décennies de vie commune. - "Quoi ?" demanda Maximin en reportant son regard sur lui. - "Le chanoine a bénit les sœurs et leurs miliciens devant la Basilique, pour qu’on voit bien la cérémonie depuis le palais du gouverneur. La cité est presque assiégée mais ce vieillard ne pense qu’à marquer un point dans la lutte d’influence qui l’oppose au Departmento Munitorum. C’est pitoyable." - "Et voué à l’échec. Que peut-il espérer en envoyant ses soldats au massacre ?" - "Je pense qu’il compte sur une escarmouche, une embuscade, n’importe quel succès mineur qui deviendrait une victoire éclatante grâce aux miracles de la propagande. Les magouilles habituelles." répondit Valens d’une voix lasse. - "À les voir, je doute que les miliciens en soient capables." - "Qui sait ?" Les deux marines reportèrent leur attention sur la procession qui atteignait maintenant la Porte d’Ishtar. Juste au-dessus du tunnel creusé dans la roche qui y donnait accès, sur le chemin de ronde, d’autres adeptes haut placés de l’église officielle de l’Imperium étaient venus les saluer. Des serviteurs jetaient des fleurs qui tombaient en pluie sur les soldats quittant la ville. - "Tout ces petits dignitaires qui se gargarisent de leur insignifiance et qui n’ont jamais pris les armes pour défendre leur liberté… La guerre est à leurs portes et ils n’y voient qu’un moyen pour accroître leurs pouvoirs." gronda le maître du Chapitre. "Je paierais cher pour les voir en première ligne, à la place des pauvres gars qui vont se faire trouer la peau pour eux dans quelques jours." - "Ils auraient au moins le mérite de distraire nos ennemis." fit Maximin, pince-sans-rire. "Mais ce n’est de toute façon pas pour eux que nous nous battons." Tibère Valens acquiesça. La seule raison de leur présence ici, c’était la défense des milliards d’hommes anonymes qui vivaient sur Jomark et ceux bien plus nombreux qui peuplaient l’Imperium. - "Rentrons." fit-il en commençant à s’éloigner. "Il est temps de commencer à harceler les légions." Maximin lui emboîta le pas. __ Les quatre hommes regardaient d'un oeil morne l'écran d'ordinateur réglé sur la télévision, affalés sur des chaises inconfortables. Ils avaient conservés leurs treillis polaires bien rembourrés car l'habitacle de leur véhicule n'offrait qu'une chaleur toute relative. Au-dehors le vent glacial semblait les narguer en secouant à chaque bourrasque l'auto-chenille sur ses suspensions. Mais rien ne semblait pouvoir détourner les soldats abrutis de fatigue de leur contemplation silencieuse. Le commandant Caryandra occupait deux chaises, une pour son corps et une pour ses jambes. Perdu au milieu de l'inlandsis, l'immense glacier continental du pôle nord de Jomark, c'était le seul privilège que pouvait lui apporter son rang. En temps normal il dirigeait une compagnie d'environ cinq cents gardes impériaux, mais il avait sauté sur l'occasion de partir en patrouille pour un mois et de quitter temporairement les souterrains de Taqba. Ses hommes étaient capables de se débrouiller sans lui. De toute façon, là où son régiment avait été affecté, il n'y avait tout simplement rien à faire. C'était le dernier endroit où l'ennemi débarquerait. La télévision était réglée sur la chaîne officielle des armées impériales de Jomark, la seule qu'ils recevaient. Le signal arrivait jusqu'à Taqba par des câbles souterrains depuis une station-relais aux pieds de l'inlandsis. Cet avant-poste était le seul lien avec le monde au-delà du désert blanc qui les cernaient. Taqba relayait ensuite le signal à moyenne portée, à l'intention des patrouilles comme la leur. Caryandra écoutait sans s'y intéresser vraiment la voix-off débiter son flot de propagande. Tout le monde savait que les informations étaient caviardées ou même mensongères, mais au moins cela changeait les idées. Il entendit ainsi comment la flotte avait vaillamment résisté avant d'opérer un « repli tactique », reportage illustré par de magnifiques images prises depuis le sol où l'on voyait quelques points lumineux s'agiter dans un ciel bleu. Il apprit ensuite comment l'ennemi avait pu débarqué à la surface de Jomark après la capture par traîtrise de plusieurs silos de défense sol-espace (mais qui, bien entendu, ne tombèrent qu'au bout de longues heures de combats acharnés et héroïques). Le nombre de sites de débarquement sur la carte qui accompagnait le commentaire était clairement sous-estimé. Mais le gros de la soirée fut consacré à un reportage sur les armées de Sylon se préparant à défendre victorieusement la capitale. Après des images de soldats défilant au pas ou s'installant dans des bunkers et autres tranchées, ils eurent droit à l'interview d'un sergent vindicatif de la Garde d'Ishtar. Malheureusement il fut interrompu au beau milieu de sa tirade patriotique et l'écran devint noir. - "Qui a encore joué avec la télécommande ?" lâcha Caryandra d'une voix lasse. Tous les regards se tournèrent vers l'un des hommes, avachi sur sa chaise. Il leva les mains en signe de protestation. - "J'ai rien fait cette fois !" fit-il en prenant un air d'innocent injustement accusé. - "Bon. Alors c'est l'antenne qui nous lâche." soupira le commandant. - "C'est bon, j'y vais." fit le technicien-communication sans enthousiasme. Il se leva, rabattit sa capuche pour se protéger du vent, prit une lampe-torche et sortit du véhicule. Caryandra l'entendit gravir l'échelle sur le côté de l'auto-chenille puis marcher sur le toit. Il y eut ensuite quelques bruits tandis qu'il manipulait l'antenne. Mais on entendait surtout le vent. Maintenant que le son de la télévision ne le couvrait plus, il semblait mugir plus fort que jamais. Les secondes s'égrènèrent. Des bruits de bottes se firent à nouveau entendre sur les échelons mais l'écran demeurait obstinément éteint. Quelques instants plus tard le technicien rentra et referma la porte derrière lui le plus vite possible. - "Alors ?" demanda laconiquement Caryandra. Malgré ses précautions l'homme avait rapporté avec lui un peu du gel glacial qui régnait à l'extérieur. L'atmosphère s'était brutalement rafraîchie, tirant le commandant de sa torpeur. - "Alors rien. L'antenne n'a aucun souci. Si on ne reçoit rien c'est qu'il n'y a plus d'émission, il n'y a pas d'autre explication." - "Voyons voir s'ils ont le même souci à côté." fit le commandant en tendant la main vers l'interphone. "Allô, Ménès ? La télé a coupé chez nous, vous avez le même problème ?" - "Oui, c'est pareil ici." répondit le dénommé Ménès au milieu de la friture. "On ne capte plus de signal et c'est pas à cause du matériel." - "Ok, j'espère que ça va pas durer." Caryandra coupa la communication et se redressa sur sa chaise. Une panne, se demanda-t-il ? Ce serait bien la première fois. Il n'y avait aucune raison de craindre autre chose, mais il ne put pourtant pas étouffer l'inquiétude qui s'insinua en lui, semblable à une morsure. Comme si le gel s'était glissé en lui, jusqu'à son coeur. Il s'efforça de se persuader que ce sentiment était lié à leur isolement au milieu de nulle-part et rien d'autre. - "On dirait qu'on va se coucher plus tôt que d'habitude ce soir." lança-t-il pour détendre l'atmosphère. La plaisanterie tombait à pic et les autres rirent de bon coeur. Mais sans tromper personne. _____[ajout du 30/01/09]____ La nuit était tombée depuis peu sur Sylon. Le convoi aérien se dirigeait vers la capitale depuis le sud-est. Seules les veilleuses clignotantes de position, aux extrémités des véhicules Metamarines, permettaient de les repérer dans l’obscurité. Les space marines les avaient allumées en approchant de la cité pour que les défenseurs ne les confondent pas avec d’éventuels appareils ennemis. Avec le couvre-feu, la ville était aussi noire que l’enceinte rocheuse qui la protégeait. La colonne de thunderhawks, de landspeeders et de chasseurs revenait d’une série de raids et d’embuscades contre les légions qui convergeaient vers Sylon. Ils avaient portés plusieurs coups durs aux renégats, mais ils étaient tellement nombreux que c’était comme essayer d’arrêter une vague avec une épée. Alors que le convoi arrivait au-dessus des fortifications dans la plaine, un landspeeder tornado vira en vrombissant sur la droite, escorté par quatre chasseurs opérons à la silhouette caractéristique. L’antigrav était un landspeeder dont la partie centrale avait été rallongée pour permettre de transporter une dizaine de space marines. Il n’y avait ni porte ni garde-fou. Tibère Valens se tenait d’une main à une barre de maintien. Il regardait la première ligne de défense défiler sous lui. Sur des kilomètres, jusqu’aux remparts de roche de Sylon, la plaine était creusée de tranchées et couvertes de bunkers, de barbelés et de champs de mines. Tout l’art de la Garde en matière de génie militaire. Un réseau souterrain, des réserves de munitions et de nourriture, des hôpitaux de campagne, des ateliers de réparation, et des dizaines de milliers d’hommes et de femmes. Quand le speeder entama sa descente, les opérons s’écartèrent et décrirent des cercles autour de lui pour le protéger. Valens aperçut en-dessous le bunker qui était sa destination. Une minute plus tard, l’antigrav s’immobilisa en vol stationnaire à un mètre au-dessus du toit. Il sauta, suivit par deux marines de sa garde. Deux autres marines les attendaient, et Valens reconnut parmi eux le capitaine Vestus, de la troisième compagnie. - “Seigneur.” fit le capitaine en saluant. - “Capitaine.” répondit Valens en lui rendant son salut. “Vous avez bien fait en me prévenant immédiatement. Où est-elle ?” - “Nous l’avons mise à l’écart dans notre bunker avant qu’elle n’ait pu entrer en contact avec la troupe.” - “Parfait. L’effet sur le moral des soldats aurait été désastreux. Conduisez-nous, capitaine.” Le capitaine acquiesça puis se dirigea vers la porte menant vers l’intérieur du bunker. Valens lui emboîta le pas, ainsi que les marines. Les cinq hommes s’enfoncèrent dans les entrailles du colosse de béton, jusqu’aux dortoirs. Les space marines n’en ayant aucune utilité, on les avait reconverti en dépôts. Un marine était posté en faction devant la porte blindée. - “Je vous préviens, seigneur, il semble qu’elle n’ait plus toute sa tête. Nous avons essayé de la soigner, mais elle refuse de se laisser approcher et de se nourrir.” Le Maître de Chapitre hocha la tête sans rien dire. Le choc avait certainement été rude pour elle. Il fit signe au garde d’ouvrir la porte, et se prépara mentalement. La pièce était plongée dans la pénombre. Il mit quelques instants à la repérer, recroquevillée à même le sol dans l’un des angles. Il s’approcha doucement. Il reconnut l’uniforme du couvent du Saint-Calice, malgré la saleté qui le recouvrait. Il entendait un léger bruit provenant de la forme allongée, comme si elle chantonnait pour elle-même. - “Ma sœur ?” demanda-t-il en brisant le silence. La sœur de bataille se retourna vivement, comme si elle se rendait brusquement compte de sa présence. Il eut un choc en voyant son visage. Toute arrogance avait disparue de l’expression de la révérende-mère, remplacée par celle d’un animal pris au piège. Il s’accroupit en restant à distance pour ne pas l’effrayer davantage. - “Ma sœur ?” tenta-t-il à nouveau. La révérende-mère Sulpicia sembla s’apaiser un peu. - “Mes sœurs ?” fit-elle d’une petite voix. “Oui… Ce sont mes anges… Je suis dure avec elles, mais c’est pour leur bien, vous savez ?” Valens lut dans ses yeux qu’elle attendait une réponse de sa part. - “Oui, je sais.” répondit-il en essayant de rendre sa voix la plus douce possible. “Que leur est-il arrivé ?” - “Mes petits anges…” Il vit des larmes briller dans ses yeux. “Ils ont brisé leurs ailes.” finit-elle d’une toute petite voix qui lui fit mal au cœur. La révérende-mère recommença à chantonner doucement et se recroquevilla, comme un chat blessé qui ronronne pour se rassurer. Sentant qu’il ne pouvait rien faire de plus, le Maître de Chapitre se redressa, le cœur lourd. Il ressortit de la pièce et fit signe au garde de refermer la porte. Il retourna en direction du toit du bunker, suivit par le capitaine Vestus et son escorte. - “Capitaine, faites-la emmener au palais du gouverneur et remettez-la lui. Et que personne ne la voit en-dehors de lui et de la garde d’Ishtar.” ordonna le guerrier-phœnix en arrivant à l’air libre. - “Allez-vous l’accompagner ?” demanda Vestus. - “Non, je reste ici.” répondit Valens en se tournant vers l’horizon. “Regardez.” Celui-ci n’était plus noir. La limite entre ciel et terre brillait de milliers de petites lumières. Une armée en marche. Les légions étaient enfin arrivées. Elles avaient vaincu la première force loyaliste qui les avaient combattues, et elles s’installaient maintenant pour un siège, juste au-delà de la portée des pièces d’artillerie. Demain, peut-être même dès cette nuit, le bombardement commencerait. Très vite suivi par l’assaut. Tibère Valens avait du mal à savoir ce qu’il ressentait. La perspective du combat le réjouissait. C’était sa raison de vivre, la seule. Son existence n’avait pas d’autre but que d’affronter les ennemis de l’Imperium. Mais savoir qu’il allait combattre d’autres hommes l’attristait. La paix échappait une fois de plus à l'humanité par sa seule faute. Le hurlement d’une sirène déchira la nuit. Une sentinelle avait dû repérer les lumières elle aussi. D’autre sirènes s’élevèrent, de proche en proche. Valens imagina les soldats qui se réveillait en sursaut, se précipitant à moitié endormis sur leurs armes. Et les habitants de Sylon, vieillards, femmes et enfants, désarmés, vulnérables, arrachés à leurs rêves pour s’éveiller dans un cauchemar. La sirène gagnait encore en puissance et en intensité, dissipant les illusions de paix et révélant la vraie nature de l’univers. La guerre. La guerre totale. La guerre universelle. ____[Ajout du 15/02/2009]____ Caryandra était en train de remplir de thé son gobelet quand une rafale de vent plus forte que les autres fit trembler l'autochenille, renversant une partie du liquide. Il ferma le robinet de la fontaine et la fusilla du regard avant de prendre un torchon pour essuyer. Il s'apprêtait à savourer enfin sa boisson après y avoir ajouté une cuillerée de miel quand il fut à nouveau interrompu. - “ Commandant ! La liaison avec Taqba est rétablie ! ” fit une voix en provenance de la cabine de pilotage. Il but une gorgée puis soupira en traversant l'habitacle bondé. Les soldats en train de prendre leur petit-déjeuner s'écartèrent pour le laisser passer. Il passa par une petite porte au fond et entra dans la cabine minuscule. En plus des deux sièges des conducteurs, il y avait un poste de radio et à peine la place pour une quatrième personne de se tenir juste à côté. Caryandra posa son gobelet sur le plan de travail du radio qui l'avait appelé et prit un des casques accrochés sur le poste. - “ Taqba ? Ici le commandant Turpal Caryandra, vous me recevez ? ” - “ Nous vous recevons cinq sur cinq. Content de vous entendre, ici le commandant Tamir. ” fit son interlocuteur, dont le soulagement s'entendait dans la voix. Tamir était à la tête d'une autre compagnie du régiment de Caryandra, le 111ème Jomien, affecté à la base de Taqba. Mais pourquoi diable était-il occupé à rétablir le contact avec la patrouille à la place des opérateurs radios ? Le commandant eu un mauvais pressentiment. - “ Content de vous entendre, moi aussi. Pendant quelques heures, nous avons eu peur d'être complètement isolés au milieu de ce bloc de glace. ” répondit Turpal. “ Quelle est la situation à Taqba ? ” ajouta-t-il, en craignant la réponse. - “ J'ai de très mauvaises nouvelles. La station relais a été détruite au cours de la nuit dernière par un vaisseau ennemi en orbite. Le colonel était sur place au moment de l'attaque. Il n'y a aucun survivant. ” Caryandra se mordit la lèvre. - “ Qui commande le régiment ? ” demanda-t-il. - “ J'assume le commandement de Taqba pour le moment. ” Son interlocuteur marqua une pause. “ Une équipe tente de passer par un satellite pour contacter Sylon, mais ils en sont réduits à bricoler. Les géniaux concepteurs de Taqba n'ont apparemment pas pensé qu'un deuxième système de communication en plus de la station relais serait utile. En attendant, nous sommes totalement coupés du reste de Jomark. ” Le commandant hocha de la tête silencieusement. - “ J'ai rappelé les patrouilles pour regrouper les officiers. Nous verrons ensuite ce que nous pouvons faire... ” Il entendit Tamir soupirer. “ Mais avant que vous ne reveniez j'ai une tâche pour vous. Un vaisseau s'est désintégré hier dans l'atmosphère, au niveau du cercle polaire. Les radars ont accroché un écho assez gros pour être une nacelle de sauvetage qui aurait atterri, ou se serait écrasé, à vingt kilomètres au nord nord-est de votre position actuelle. J'aimerais que vous y jetiez un œil. Si c'est bien un engin de sauvetage, voyez si ses occupants sont des nôtres. Si ce sont des traîtres, capturez-les. Rentrez ensuite à Taqba. ” - “ Bien compris. Nous serons de retour demain à la mi-journée. ” répondit Caryandra. - “ Parfait. Nous nous verrons à la réunion. J'espère que nous trouverons un moyen de contribuer à la guerre. ” - “ J'espère aussi. ” fit le commandant, taisant ses doutes. - “ Tamir, terminé. ” Caryandra ôta le casque et resta sans bouger. La situation se détériorait à vue d'œil. Au rythme où allaient les choses, Taqba serait peut-être bientôt le dernier bastion loyaliste de Jomark... Auquel cas ils n'auraient plus qu'à se rendre, car même si l'ennemi ignorait vraisemblablement leur existence, ils étaient totalement insignifiants d'un point de vue militaire. Il retourna dans l'habitacle et frappa dans ses mains. Le silence se fit rapidement. - “ La situation est mauvaise, les gars. La station relais a été détruite. Nous retournons à Taqba en faisant un crochet par le nord. Nous avons un site de crash à inspecter. Départ dans un quart d'heure. Allez, au travail ! ” Ses hommes se mirent immédiatement à la tâche, rangeant les restes du petit-déjeuner et arrimant tout ce qui n'était pas vissé à la carlingue. Il les laissa s'affairer et retourna dans la cabine. Le privilège des soldats, c'était de ne se préoccuper que d'obéir aux ordres. A lui les doutes et les incertitudes. Ou plutôt la quasi-certitude de s'agiter en vain. Il s'ingéniait pourtant à maintenir l'image d'un homme résolu, ainsi qu'il sied à un officier. Rien de plus qu'un masque. Il se demandait parfois pourquoi il continuait à jouer ce rôle. Est-ce que cela changerait quelque chose à la marche de l'univers s'il cessait de faire semblant ? La seule réponse qu'il avait trouvé, c'était qu'il continuait par habitude. Pourtant cela avait eu un sens. Avant. Ou bien n'était-ce qu'une illusion ? - “ Contactez l'autre autochenille et prévenez-les. ” dit-il au radio. Les habitudes avaient la peau dure, même quand elles semblaient absurdes. Il s'apprêtait à repasser dans l'habitacle quand le jeune soldat le rappela. - “ Commandant ? Votre thé. ” fit-il en désignant le gobelet abandonné sur sa tablette. - “ Merci. ” répondit Caryandra. Il l'avait complètement oublié. Il prit son gobelet et le porta à ses lèvres. Le thé avait largement eu le temps de refroidir et il était à peine tiède. Il se força tout de même à le boire. Comme la vie qui passe, pensa-t-il tout en regardant le glacier sans fin qui s'étendait au-delà de la vitre, plongé dans la nuit polaire. ___ Kirius regardait les véhicules approcher. C’étaient deux autochenilles massives, peintes en blanc pour se fondre dans le décor. L’aigle impérial couleur argent se voyait à peine sur leurs flancs. A leur bord, une patrouille impériale qui venait à leur secours après avoir capté le signal de leur balise de détresse. Un miracle. Ils avaient réussi à survivre à la destruction du croiseur, à échapper à la DCA ennemie et à se poser intacts, dans l’endroit le plus isolé de la planète. Et une patrouille les avaient trouvés. Un miracle. Mais Kirius ne croyait pas au hasard. Les véhicules s’arrêtèrent à une dizaine de mètres et cinq hommes en descendirent. Leurs treillis blancs se confondaient eux-aussi avec la neige. L'un des gardes portait des galons de commandant de compagnie sur les épaules. Il s’avança le premier et salua respectueusement. Kirius lui rendit son salut. Il avait ôté son casque pour tenter de paraître moins impressionnant. - “ Commandant Caryandra, de la troisième compagnie du Cent-onzième Jomien, à vos ordres. ” - “ Chapelain Kirius, septième compagnie des Metamarines. ” répondit-il. “ Je suppose que c’est la première fois que vous rencontrez des space marines, commandant ? ” - “ Oui, monsieur. ” acquiesça Caryandra. - “ Dites mon père, pour vous adresser à moi. Bon. Sachez que la plupart de ce que vous avez entendu sur nous est faux. La seule chose à savoir, c’est que tous deux nous servons l’Empereur. ” - “ Oui, mon père. ” répondit respectueusement le commandant. - “ Bien, ” fit Kirius avec un sourire qu’il voulait bienveillant. “ où est la base dont vous m’avez parlé à la radio tout à l’heure ? ” - “ A une soixantaine de kilomètres à l’est d’ici. Nous y serons demain midi environ, en partant tout de suite. ” - “ Alors ne perdons pas de temps. ” Kirius et les deux space marines qui l’avaient accompagné dans la nacelle emboîtèrent le pas au commandant, abandonnant le vaisseau de secours derrière eux. ___ Le trajet en autochenille fut silencieux. Une partie des soldats avait dû se rendre dans le deuxième véhicule pour laisser la place aux trois space marines de rentrer. Malgré tout, ils étaient serrés. Les gardes impériaux, intimidés par la présence des trois colosses, ne parlaient pas entre eux. Le véhicule n'avait pas été conçu pour des gens aussi grands et Kirius était obligé de se tenir un peu courbé, ce qui ajoutait à l'inconfort. Au bout de longues heures, l'un des pilotes annonça qu'ils étaient presque arrivés. Le chapelain se pencha pour regarder par le pare-brise. Le blizzard s'était levé et un vent chargé de neige balayait le paysage désolé. Devant eux, deux puissants phares déchiraient la tempête et la nuit. Quand ils furent un peu plus proches, il vit que les projecteurs encadraient une porte blindée qui se découpait dans un massif rocheux surgissant du glacier comme un monstre à moitié enseveli. Gravés sur les vantaux, il lut les mots Departmento Munitorum et Taqba. La chaîne de montagne engloutie par les glaces se perdait derrière dans la nuit et le blizzard. Les autochenilles s'engagèrent sur la rampe. Les portes s'ouvrirent devant elles, et elles s'enfoncèrent dans les entrailles de l'inlandsis polaire. ___[Ajout du 26/02/2009]___ Les trois landspeeders sirocco s'élevèrent en formation triangulaire dans la cour de la forteresse puis décrirent un cercle et fondirent vers l'est dans un bruit de frelons en colère. Ils passèrent au-dessus de ce qui restait de la muraille de la vieille ville de Sylon et plongèrent vers les quartiers plus récents en direction de la Porte d'Ishtar. Devant eux, encore à une bonne distance, la muraille de basalte de la capitale barrait l'horizon bleu du ciel. A leur droite s'étendait le quartier du marché, reconnaissable d'en-haut aux étoffes colorées abritant les étals du soleil. Les maisons y formaient un un entrelacement bruyant de ruelles, de terrasses, de passages étroits et de places où l'on pouvait trouver tout ce qui était produit sur la planète et bon nombre de marchandises d'outre-espace. Plus loin sur leur gauche, niché contre le rempart de basalte et la muraille de la vieille ville qui s'élevait comme une falaise à cet endroit, se trouvait le Fazõn. Ce quartier avait pris le nom du vent chaud qui adoucissait les nuits d'été. C'était le refuge des maisons de jeux et de toutes les activités illégales. On était sûr d'y trouver ce que l'on avait cherché en vain au marché. Sous eux s'étalait une mer de terrasses et de dômes aux allures de conte des milles et une nuits, parsemée de jardins comme autant d'îles vertes. Et droit devant, derrière la crête sombre, les légions de la Bannière Noire. - « La première ligne de défense a cédé en plusieurs points. La garde se retire en bon ordre suivant le plan prévu sur la deuxième ligne, mais il y a un problème. Une colonne ennemie a atteint le bunker 732 au nord de la Porte d'Ishtar et s'y est retranchée. La Bannière Noire envoie déjà des troupes pour exploiter la percée. S'ils y parviennent, ils pourront prendre à revers nos forces en train d'évacuer et fragiliser le dispositif de défense de la porte. Le gouverneur... » Valens interrompt son briefing devant le groupe d'assaut en voyant Orion se glisser dans la pièce. L'agent porte cette fois un uniforme de serf du Chapitre. Orion le rejoint silencieusement. - « J'ai de très mauvaises nouvelles d'Ispahan. » lui glisse t-il à voix basse. « La cité s'est rendue sans combat. Le régiment de la Garde a été mis aux arrêts par les FDP et il semblerait que la ville ait envoyé dans la nuit des renforts aux légions qui nous assiègent. J'attends la confirmation de cette information d'un instant à l'autre mais j'ai préféré vous prévenir immédiatement. » - « Merci Orion. Rejoignez-moi dans mon bureau dès mon retour avec les dernières informations. » fait-il en hochant de la tête. - « Le gouverneur nous a demandé... » reprend-il tandis que l'agent quitte la pièce. A l'approche du rebord de la cuvette rocheuse, les trois landspeeders reprirent de l'altitude, leurs moteurs vrombissant sous l'effort. Sur la ligne de crête, les batteries d'artillerie camouflées ouvrirent le feu comme pour les saluer. Les appareils franchirent le rempart en grondant et plongèrent vers la plaine. Elle semblait en feu du nord au sud. Des colonnes de fumée s'élevaient de partout, plus nombreuses aux endroits où les armées de la Bannière Noire concentraient leurs efforts. Des troupes fraîches arrivaient sans cesse de derrière les collines où les renégats avaient installés leurs campements. A cette hauteur on ne distinguait rien des affrontements qu'on devinait furieux. La vision fugitive disparut alors que les aéronefs virèrent sur leur droite pour longer les tranchées en rase-motte. Reconnaissant des véhicules appartenant aux space marines, les soldats au sol les saluèrent avec de grands gestes. - « … a demandé de reprendre le bunker. Le 732 est désormais isolé et indéfendable, mais l'ennemi ne doit pas pouvoir s'en servir comme point d'appui pour ses offensives. Nous devrons le détruire avant de repartir. Temps estimé : deux minutes pour l'approche, quatre minutes pour nettoyer les lieux, huit pour placer les charges, trois pour l'évacuation. Nous quitterons le bunker à pied, nous serions vulnérables si les landspeeders revenaient nous chercher. Cette mission est avant tout l'occasion de nous montrer, à nos troupes comme aux renégats, alors je veux que tout soit impeccable ! » Les marines acquiescèrent en silence. Valens fit apparaître des plans de bâtiment sur le projecteur holographique portable. - « Vous emporterez des charges à fusion Aquila-6ZZ. Nos artificiers ont déterminé les endroits où les placer pour imploser la structure du bunker, ici, là... » Les trois aéronefs poursuivaient à vive allure leur vol vers le nord. - « Seigneur, nous arrivons en vue du 732. » fit la voix du pilote. Se retenant d'une main aux sangles accrochées au plafond de l'habitacle, Valens se pencha par le flanc ouvert de l'appareil. Le bunker se détachait sur l'horizon, petit hexagone en béton émergeant au sommet d'un tertre qui abritait sa partie souterraine, bien plus grande. Il grossissait à vue d'œil. Les épaves, les cratères et les corps sur les flancs de la butte attestaient de la violence des combats. Les landspeeders amorcèrent en ralentissant une large courbe qui les amènerait au-dessus du bunker avant de repartir vers Sylon. Le maître de Chapitre tourna la tête vers les six marines qui occupaient l'intérieur de l'appareil. - « Tenez-vous prêts, frères. » Valens ferma les yeux et respira profondément. Le grondement des moteurs, le souffle du vent et le bruit des combats s'atténuèrent à chaque inspiration jusqu'à ne plus former qu'un faible bruit de fond d'où ne ressortaient que les sons importants. Chaque fibre de son corps et de son armure pouvait réagir dans l'instant. Il était prêt. Le large virage des landspeeders les avaient amenés à la verticale du bunker au moment précis où leur vitesse était suffisamment faible pour permettre aux passagers de sauter. Une diode rouge s'alluma dans son casque. L'hexagone de béton surgit en-dessous de l'aéronef. Il sauta dans le vide, imité par les marines des trois appareils. L'impression de temps ralenti procurée par la transe d'Achéon lui laissa largement le temps de repérer les soldats pris au dépourvu par leur arrivée soudaine dans le ciel. Il eut aussi tout le temps de se préparer à la réception. Il fléchit les jambes pour absorber le choc des huit mètres de chute et utilisa l'énergie restante pour rebondir tout en dégainant son pistolet à plasma. Un trait de laser fusa mais il était déjà deux pas sur la droite. Il visa calmement le soldat et tira. La boule de plasma explosa sur son torse, projetant au sol son cadavre carbonisé. L'aboiement sauvage des bolters s'éleva derrière lui et les légionnaires furent fauchés comme le blé. Un renégat tenta d'échapper au carnage en filant par les escaliers. Valens l'ajusta. L'impact envoya voler le soldat en feu par-dessus le rebord du bunker. Les marines d'assaut s'engouffrèrent dans les escaliers accompagnés par le rugissement sauvage des épées-tronçonneuses que l'on démarre. Il ne les suivit pas. Il resta sur le toit, laissant la transe se dissiper. Les bruits revinrent, étrangement nets après le silence apaisant. Le drapeau noir des légions se dressait sur un pylône improvisé avec une barre de métal. Un tir de plasma suffit pour y mettre le feu. L'étendard impérial, aigle bicéphale d'argent sur blanc, gisait au sol. Un bolt avait projeté du sang dessus en déchiquetant sa victime. Il se saisit de la hampe et rejoignit le bord du toit. Avec un sens certain de la mise en scène, il posa un pied sur le rebord, brandit l'étendard de la main gauche et dégaina son épée énergétique de la droite avant de pousser au maximum le volume de son casque. - « Terra victor ! » hurla t-il. Son cri attira l'attention des soldats dans les tranchées alentours. Il le poussa à nouveau et cette fois quelque échos enthousiastes s'élevèrent. Il cria une troisième fois et entendit nettement « terra victor » en provenance des lignes loyalistes où des soldats le saluaient en agitant leur casque ou leur fusil. Devant, dans la plaine, la colonne adverse qui venait appuyer les légionnaires retranchés dans le bunker s'immobilisa. Leur commandant devait s'être aperçu qu'il n'était plus attendu... Valens cria une dernière fois et une véritable clameur lui répondit. ___ Memnon baissa ses jumelles. Sauvagerie, puissance, une poignée de guerriers stoppant à eux seuls une force armée bien plus imposante, le drapeau pour galvaniser la troupe... Pas une seule fausse note dans l'assaut qu'il venait d'observer depuis la colline où il avait installé son PC. Parfaitement mis en scène. Il sourit. Profitez de votre succès, seigneur Valens. Avant la fin de la journée, j'aurai les positions cruciales pour les deux prochains jours qui décideront de la guerre... Et il n'y a pas d'échec possible. ___[Ajout du 26/02/2009]___ L'ironie de la situation laissait un goût amer dans la bouche de Kirius. Il n'avait mené les survivants de l'Ultime Croisé à l'abordage que pour mieux les condamner sur un autre navire. Contre toutes les probabilités, il avait échappé à la désintégration du vaisseau spatial, aux débris en fusion et à la DCA pour s'écraser au cœur du glacier géant du pôle nord avec en tout et pour tout deux marines, seuls survivants du contingent sous ses ordres. Frère Meirion était porté disparu comme les autres. Par miracle une patrouille les avait repéré et était venu à leur rencontre. Encore plus incroyable, celle-ci les avait ramenés jusqu'à une large base militaire souterraine. Et tout ça pour rien. Le chapelain s'était entretenu avec les officiers supérieurs et il s'était rapidement avéré qu'ils étaient complètement dépassés par la situation. Il n'était pas loin de se sentir comme eux. Taqba, la base, était totalement isolée du reste de la planète, perdue au milieu de l'inlandsis et militairement insignifiante. D'après ce qu'il avait compris dans le sabir de haut-gothique qu'ils parlaient, Taqba était essentiellement un genre de barrage sur un fleuve souterrain et le contingent militaire était surtout symbolique. On avait attribué trois des meilleures cellules aux marines à leur arrivée, et Kirius s'était retiré dans la sienne pour ordonner ses idées et tenter de combattre le sentiment d'impuissance qui montait en lui. La pièce était très simple, taillée à même la roche de la montagne prise sous les glaces. On ne voyait cependant pas la pierre car les murs, le sol et le plafond était recouverts d'un d'un plastique transparent à travers lequel on devinait le matériau isolant le plus abondant dans la région : la neige. Le froid émanant de la roche maintenait l'eau à l'état solide. De ce qu'il en avait vu, la totalité de la base était bâtie sur ce modèle. Des diodes placées à des endroits étudiés dans le plastique diffusaient leur lumière dans tout le matériau, donnant l'impression que l'éclairage provenait des parois même. Le mobilier était très simple : un bureau, une chaise et un lit double sans doute récupéré chez l'un des officiers supérieurs pour convenir à la carrure d'un marine, le tout en bois. Kirius s'y sentait comme un lion en cage. Au bout d'une heure il ne tint plus et se dirigea vers la porte, encore davantage frustré que lorsqu'il était entré. Le vantail s'effaça dans un chuintement et le chapelain manqua d'écraser un bol en sortant. D'autres récipients divers étaient posés sur le pas, l'un remplit de quelque-chose qui ressemblait à de la volaille en sauce, l'autre de fleurs et l'autre encore d'encens. La porte donnait sur un palier carré de la zone d'habitation. Au centre, une rambarde séparait l'espace d'un large puits ouvrant sur les niveaux supérieurs et inférieurs. Et tout l'espace disponible était occupé par des gens prosternés face contre terre en tenue civile ou en bleu de travail. Kirius eut un temps d'arrêt avant de comprendre qu'il s'agissait des techniciens et des familles des soldats, logées sur place au vu de l'isolement total de Taqba. Il se tourna vers les deux marines postés de chaque côté de la porte. - « Ils sont arrivés peu après nous, mon père... » fit l'un d'eux avant d'être interrompu par un mouvement au premier rang. Un homme maigre vêtu de robes rouge et noire, barbe taillée à la serpe, se releva et commença à haranguer la foule prosternée d'un air farouche. Il parlait la langue locale de Jomark, un mélange du gothique commun à l'imperium et de la langue des premiers colons, mais Kirius comprit vite qu'il s'agissait d'un prêtre. Inutile d'être grand clerc pour deviner qu'il déblatérait les inepties habituelles de l'ecclésiarchie sur la divinité de l'empereur et de ses fils, c'est à dire lui-même et ses deux frères de bataille. Dans un mouvement d'humeur, le chapelain envoya voler du pied les offrandes et marcha sur le prêtre. Ne sachant comment réagir face à celui dont il venait de proclamer la nature divine ce dernier resta interdit. Kirius le saisit par le col et le souleva pour l'amener à sa hauteur. - « Toi. Si tu veux vraiment servir l'empereur, prends un fusil. Il a besoin de bras, pas de langues. » fit-il d'un ton cassant. Il le lâcha en le laissant s'affaler au sol et fendit la foule à grands-pas en direction du couloir le plus proche, indifférent à l'émoi que son intervention avait provoqué et aux hommes qui s'écartaient craintivement devant lui. - « Regagnez vos quartiers et attendez mon retour. » lança-t-il aux deux marines qui s'apprêtaient à lui emboîter le pas. Il n'eut aucun mal à retrouver le chemin vers la porte blindée qui commandait l'accès par où il était rentré quelques heures plus tôt. Le tunnel creusé dans la roche était du même blanc que le reste de la base. Des aires de stationnement et de stockage donnaient dessus mais il y avait peu d'activité. Les gardes en poste le saluèrent sur son passage et ne lui posèrent aucune question. Sur un signe de sa part, on lui ouvrit la porte. Une série de bruits métalliques assourdis accompagna la mise en marche des vérins, puis les battants s'écartèrent. Une bande noire apparut entre les deux vantaux et le vent s'y engouffra. Kirius s'enfonça résolument dans l'ouverture. Le blizzard le cueillit immédiatement. Implacable, il s'engouffrait dans la petite vallée où se nichait l'entrée. Les faisceaux des deux projecteurs déchiraient l'obscurité, illuminant les flocons lancés comme des boulets de canon. La masse sombre de la montagne enneigée se perdait dans les ténèbres au-dessus de la porte qui se refermait déjà. Le chapelain se dirigea vers la pente en luttant contre le vent et la neige, comme s'il espérait au fond de lui que le face à face avec les éléments déchaînés clarifierait son esprit. Depuis qu'il était entré au Chapitre, il s'était nourri de l'idée que la volonté était la mesure de l'homme. L'Empereur lui-même avait soumis la galaxie à sa volonté, réunifiant l'humanité et bannissant ses adversaires dans les sombres royaumes de l'Immaterium. En tant que Son Fils, portant en lui une part du génome de l'Empereur, il devait se montrer digne de Lui en faisant preuve d'une détermination inflexible. Montrer l'exemple aux hommes, leur montrer ce que pouvait être l'humanité si elle en avait le courage. Cette foi s'était nourrie des ses exploits militaires et de ses capacités qui le plaçaient au-dessus du commun des mortels. L'homme fabrique son destin. Et la voie tracée par l'Empereur est de régner sur les étoiles. Il se retrouvait brusquement confronté à sa faiblesse. Pas une faiblesse passagère mais une faiblesse constitutive de son être, fondamentale. Il avait échoué dans ses responsabilités de chef en ne réussissant pas à sauver ses hommes. Y compris Meirion, le seul qu'il aurait vraiment pu considérer comme un ami. Mais lui-même avait survécu, pour se retrouver impuissant et inutile dans l'endroit le plus perdu de cette maudite planète. Il n'était pas l'artisan de son destin. Malgré les altérations qui avaient fait de lui un space marine, il n'était pas plus fort que n'importe quel homme. Kirius gravissait avec hargne la montagne depuis un long moment quand une bourrasque le prit par surprise. Obnubilé par ses pensées tournant en boucle, il glissa en tentant de retrouver son équilibre. Il tomba à genoux et heurta le sol pavé. Il regarda sans comprendre les dalles qui ne pouvaient pas être là. Comme elles restaient obstinément en place, il releva les yeux. La montagne, l'inlandsis, le blizzard, tout avait disparu. Il était dans un temple. De hautes ouvertures en ogives perçaient les murs sur sa droite et sa gauche, laissant entrer des flots d'une étrange lumière chaud et dorée qui tombait en colonnes sur le sol. Des colonnes lisses sans fioritures s'intercalaient entre chaque fenêtre. Il n'y avait aucune décoration, aucune peinture, juste la pierre nue et la grâce élancée d'un style architectural épuré à l'extrême. Devant les fenêtres et à intervalles réguliers le long des murs, de grands rideaux d'un tissu translucide tombaient des hautes voûtes et ondulaient lentement sous l'effet d'une légère brise. Des vapeurs parfumées s'élevaient de coupes posées sur des trépieds. On n'entendait aucun bruit hormis le bruissement des rideaux. Et au fond ce temple qui semblait davantage fait d'air et de lumière que de pierre, on devinait le saint des saints. Vaguement conscient d'être l'objet d'une hallucination, mais étrangement apaisé, Kirius se releva et se mit tranquillement en marche. Malgré sa lourde et encombrante armure, ses pas n'éveillèrent aucun écho. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, la silhouette de la statue occupant le saint des saints se précisa. C'était une guerrier à l'allure noble, vêtu d'une armure semblable à celle du chapelain bien que de fabrication plus ancienne, et cependant plus raffinée. Une relique du Moyen-Âge Technologique, à n'en pas douter. Le sculpteur avait de toute évidence vu celui qu'il avait représenté ou avait eu accès à des données de première main. Le guerrier tenait un enfant dans son bras gauche. Sa main droite était posée sur la garde de son épée, prête à la dégainer. Ses longs cheveux noirs encadraient un visage reconnaissable entre tous, affichant une expression avenante mais déterminée. L'Empereur. Kirius s'arrêta à quelques mètres de l'immense statue. Il détailla l'aigle en relief sur l'épaulière, les courbes gracieuses de l'armure, la pose dynamique de la sculpture. L'artiste avait fait un travail extraordinaire. L'image d'un fleuve s'imposa à son esprit de manière d'autant plus incongrue qu'il n'y avait pas la moindre trace d'eau dans les lieux. Il continua à étudier la statue, s'attardant sur l'enfant. Étrangement ses traits étaient juste esquissés en contraste avec le reste de l'œuvre précis et détaillé. En fait il aurait pu s'agir de n'importe qui. Le fleuve restait de manière obsédante dans ses pensées, revenant sans cesse comme un cours d'eau arrive toujours à la mer. Et puis Kirius comprit. Quels que soient les obstacles, le fleuve termine immanquablement son cours dans l'océan. Il n'était pas tout-puissant, mais il était obstiné. Il en était des fleuves comme des hommes. Qu'importe que la plupart des choses échappent à son contrôle. Nul besoin de faire plier l'univers à sa volonté, la tentative étant de toute manière vouée à l'échec. Il lui suffisait de s'atteler avec persévérance au peu qu'il pouvait faire. Il n'était pas le seul serviteur de l'Empereur à œuvrer au destin de l'humanité. Et s'il existait de puissantes forces maléfiques, il en existaient d'autres comme celles qui l'avaient conduit ici. Kirius leva les yeux vers le visage de l'Empereur. Mais le temple commençait à se dissoudre. Aussi soudainement qu'elle avait commencée la vision s'évanouit. Le vent fouetta le chapelain et le poussa contre la pente enneigée. Il se dégagea avec difficulté de la neige et se releva. Le blizzard avait cessé, mais il avait aussitôt été remplacé par les vents catabatiques, provoqués par les masses d'air froid dévalant les montagnes depuis les glaciers en hauteur. Le point positif était qu'ils avaient chassé la brume et les flocons. Sur l'horizon, loin vers le sud, on devinait un faible éclaircissement du ciel d'encre qui indiquait la présence du soleil malgré la longue nuit polaire. Kirius commença à descendre la pente pour retourner à Taqba. Il savait exactement ce qu'il ferait une fois là-bas. ___[ajout du 01/04/2009]___ Le commandant Caryandra était appuyé sur le garde-fou du puits central de Taqba, le regard perdu dans les profondeurs noyées dans les ténèbres. Le faible écho du grondement d’un fleuve montait jusqu’à lui, mêlé au ronronnement de la ventilation. L’éclairage de nuit plongeait les lieux dans la pénombre mais les diodes assuraient une lumière diffuse. C’était comme si le soleil brillait de tous ses feux à la surface et que ses rayons affaiblis se frayaient un chemin à travers la glace. Dans le gouffre sans fond du puits, des bouquets de diodes parsemaient les ténèbres comme autant de lucioles. C’était une nuit d’insomnie comme il y en avait trop. Plutôt que de chercher en vain le sommeil dans sa couchette, il avait revêtu son treillis blanc et était parti arpenter les couloirs déserts de la base souterraine. Bras croisés, il sentait sous ses doigts les galons cousus sur sa manche. Mille hommes sous ses ordres, prêts à lui confier leur vie, quand lui-même ne croyait plus depuis longtemps à ce qu’il faisait. Ne pas les décevoir, faire semblant par loyauté à leur égard, c’était la dernière chose qui le retenait. Le 111ème était à la fois sa famille et ses amis. Comme les choses avaient été différentes autrefois ! Il se revoyait des années plus tôt, jeune engagé ayant choisi la carrière des armes car elle rapportait plus, financièrement et socialement, que le travail à l’usine. Il allait bientôt se marier. Le hasard ou le destin, l’un ou l’autre, s’était joué de ses projets. Il s’était alors investi corps et âme dans la Garde. Sous les ordres de Bashir, alors simple commandant de régiment à la tête du 111ème, ils avaient été envoyés dans l’hémisphère sud, sur les rivages de l’océan Nârandj. Sylon voulait là-bas des hommes sûrs pour veiller sur cette région stratégique. Dans une poudrière au centre de toutes les luttes de pouvoir entre factions impériales, ils avaient défendus les intérêts du Departmento Munitorum et des citoyens sous sa protection. Ce furent des années de gloire. Les évènements avaient culminé avec la crise du golfe de Tabir. Il se revoyait montant à l’abordage des méga-tankers bloquant la baie ou traquant les partisans dans les hauteurs et dans les ruelles. Mais surtout, il se souvenait des patrouilles dans le désert, l’hospitalité des nomades, comment le sable et le silence mettaient l’âme à nu, comment les étoiles semblaient si nombreuses la nuit, et cette étrange citée désertée et sans âge dans la vallée aride. Bashir avait été appelé à de plus hautes fonctions, et le 111ème avait peu à peu été balloté d’affectation en affectation au gré des querelles de pouvoir que se livraient les grandes familles jomiennes. Jusqu’à la sanction disciplinaire qui leur avait valu de finir ici. Des bruits de pas attirèrent son attention. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine en voyant le space marine à l’armure noire venir à sa rencontre. Sans réfléchir il se redressa et salua. Le marine, qui portait son féroce casque à tête de mort accroché à la ceinture, sourit et retourna le salut. - « Bonsoir, commandant. » fit Kirius. Le chapelain s’appuya nonchalamment sur la rambarde, comme lui-même quelques instants auparavant. Caryandra aurait juré que le métal ployait légèrement sous le poids du guerrier. Il remarqua distraitement qu’il avait les cheveux blonds. Le silence s’installa. - « C’est le fleuve que nous entendons ? » demanda Kirius au bout de quelques minutes. - « Oui, mon père. » répondit Caryandra, avant d’étoffer ses propos de peur de paraître impoli. « Al-Uphrât passe à la verticale d’ici, environ cent mètres plus bas. » - « Que faites-vous exactement ici ? » - « Nous assurons la sécurité du site, mon père. » - « Bien sûr. » fit Kirius avec un sourire. « Mais à quoi sert cette installation ? » - « Taqba est un barrage, mon père. Les technaugures du Mechanicus disent que la roche est plus chaude sous le glacier et que la fonte alimente Al-Uphrât. Il émerge à des centaines de kilomètres d’ici. Les turbines fournissent beaucoup d’électricité. Taqba devait alimenter les défenses du cercle polaire. Mais les travaux de raccordement ne sont pas finis. Et maintenant… » Il se tut conscient que ce qu’il allait dire pourrait passer pour un manque de foi en la victoire, et donc une trahison. Mais le chapelain se contenta de hocher la tête sans relever ses propos. - « Dites-moi commandant… Y a t-il un moyen de quitter l’inlandsis ? A part via la surface bien entendu. » Caryandra réfléchit un instant. Les space marines voulaient-ils déjà partir ? Il y avait bien une possibilité. - « Mon père, il y a les galeries des câbles. Elles ont été creusées mais pas équipées. Elles sont assez grandes pour qu'on puisse s'en servir comme tunnel. On pourrait même y faire passer une armée. » - « Précisément… » murmura Kirius. Il se redressa. « Je réquisitionne votre compagnie, commandant. À l’aube, prévenez vos hommes de se tenir prêts à partir. Vous êtes désormais sous mon commandement direct. Votre supérieur est déjà au courant. Retrouvez-moi devant l'entrée des galeries demain matin, je vous donnerai davantage d'informations. » Caryandra se figea sous la surprise, mais remercia ses réflexes qui lui donnèrent une contenance en le faisant saluer en signe d’obéissance. Sa réaction n’échappa toutefois pas au chapelain. - « Rassurez-vous commandant, nous ne partons vaincre les légions à nous seuls. Et pour répondre à votre question muette, nous allons rejoindre Sylon. » Le jomien resta incapable de réagir de quelque manière que ce soit. Le guerrier devant lui ordonnait rien de moins que de traverser la moitié de la planète avec mille hommes pour porter secours à la capitale assiégée par des millions de soldats. Il croisa le regard du chapelain mais n’y vit aucune folie. Au contraire il y brillait une étincelle reflétant un mélange d’énergie et de détermination. Une lueur qu’il connaissait bien et dans laquelle il reconnut ce qui l’avait poussé autrefois en avant. Quelque part au fond de lui, une part de lui-même eut envie d’y croire à nouveau.
  11. Ah, de la biologie ! Dans le fluff, un cerveau space marines peut survivre très longtemps : pour preuve frère Bjorn des Space Wolwes, qui a participé à la Grande Croisade et qui a passé près de 10.000 ans dans un dreadnought. Ceci dit il y a peut-être des techniques de "stase" qui entrent en jeu. En tout cas ça donne une idée de l'espérance de vie minimum : énorme. (Mais alors pourquoi les primarques loyaux sont morts ? ) Quant aux justifications scientifiques, je confirme qu'on peut allonger l'espérance de vie d'une mouche en utilisant des télomèrases, qui vont réparer l'extrémité des chromosomes après qu'une cellule se soit divisée en deux autres. De plus on peut créer des neurones et toutes les autres cellules à partir de cellules non-spécialisées chez le rat. A terme, ce devrait être possible chez l'homme, et on pourrait alors "réparer" le cerveau. Avec ces deux moyens, il y a déjà de quoi faire pour s'assurer que les p'tits marines combattent jusqu'au dernier neurone. J'parle pas de l'ADN des SM, on en a déjà beaucoup dit. [Edit] Effectivement c'est 10.000 ans, pas 30.000... Pfiou, j'suis fatigué moi.
  12. C'est un plaisir de lire la suite. Juste deux remarques : Pas de "e" ici. "Culpabilité" serait peut-être plus adapté ?
  13. Excellent, c'est le mot qui me vient. J'aime beaucoup le découpage chronologique qui fait assister à plusieurs histoires en parallèles, avant que le lecteur ne comprenne qu'il ne s'agit que d'une seule. Les éléments de l'intrigue sont dévoilés peu à peu en laissant deviner ce qui va venir dans le passage suivant mais en laissant dans l'incertitude, ce qui laisse le plaisir de la découverte. L'intrigue elle-même est intéressante et développée, on a envie de savoir la suite de ce drame qui lie la grande et la petite histoire, celle des eldars et celle des deux personnages principaux. L'univers (le vaisseau-monde) qui sert de toile de fond est assez étoffé pour être crédible. La psychologie des eldars est très bien mise en valeur et forme l'ossature du récit. Les personnages ne sont pas en reste, leurs sentiments et leur évolution sont très bien. J'ai particulièrement apprécié le combat entre le héros et l'Ultramarine, très prenant. Plus généralement tout ce qui touche à l'état d'esprit, les émotions et les sentiments des personnages est décrit sur le ton juste, ni trop ni trop peu, pourtant pas facile à trouver. On sent un véritable soin apporté à la narration et ce ne sont pas les traductions en elfique qui me contrediront. (d'ailleurs, sur quoi t'es-tu basé pour les faire ?) Bref, je suis conquis ! Petit bémol : des coquilles qui auraient pu être évitées dans les premiers posts. Dans les suivants, rien ne m'a sauté aux yeux. Bonne continuation !
  14. C'est aujourd'hui le début du troisième chapitre de la Croisade de la Bannière Noire. Dans le dernier épisode, les légions renégates débarquaient sur Jomark après avoir balayé la flotte loyaliste, les défenseurs de Sylon se préparaient au siège et le chapelain Kirius tentait d'atteindre la surface de la planète. Au menu de ce soir, un aperçu de l'ambiance à Sylon et l'apparition de nouveaux personnages. Promis, dès le prochain ajout, on va s'occuper sérieusement des légions fraîchement arrivées au sol. Je remercie tous ceux qui postent ici, vos encouragements et vos critiques sont toujours les bienvenus ! Et sans plus attendre : [Edit : chapitre 3 déplacé un peu plus bas]
  15. Kirius est en congés pour le début du chapitre 3, il reviendra un peu plus tard. On va redonner la vedette au Maître de Chapitre (il allait finir par se sentir délaissé). Voilà la fin tant promis et tant retardée du chapitre 2. On conclut en passant de l'autre côté, voir ce que pensent les autres de la guerre qu'ils ont déclenché. En espérant que ce passage vous plaise autant que les précédents . Le récit est à la suite du dernier, quelques posts plus haut, avec comme d'habitude des balises bleues pour le repérer facilement. En ce qui concerne le site, il est terminé, mais ça coince un peu pour l'hébergement .
  16. Merci, ça fait plaisir de voir que ça ne plait pas qu'à moi . Je te comprends en ce qui concerne ce passage de la bataille spatiale, j'ai eu du mal à l'écrire et surtout à le rendre crédible. Les défenseurs devaient être obligés de reculer et d'abandonner leurs positions en quelques heures sans que cela tourne au massacre unilatéral. Bref je ne suis pas encore passé maître dans l'art de bien ficeler un scénario. Ni dans l'art d'écrire régulièrement. La suite est sur mon ordinateur, mais je crois qu'un escargot paraplégique irait plus vite. Je vous rassure quand même, il ne me reste plus qu'une page environ à rédiger pour pouvoir poster. Normalement d'ici la fin de la semaine. Les combats au sol suivront et les grandes lignes sont tracées. Et je ferai en sorte de ne plus rien faire de confus ! [Edit] Je mets la dernière touche au chapitre 2, et voici la suite comme promis, avant la fin du week-end (à 30 minutes près ). Je suis bien conscient que la "régularité" chaotique de la publication de l'histoire risque d'en décourager plus d'un . J'entame un nouveau post, le précédent étant arrivé à la limite de longueur de texte. Je profite de cet ajout pour répondre au "courrier en retard" : Dernière information : l'idée de faire un petit site internet pour mettre à disposition (en PDF) les chapitres terminés a fait son chemin. Il sera en ligne début avril, quand je serai (enfin !) en vacances. Bonne lecture ! ________ Ajout du 25/03/07 ________ Le croiseur se trouvait maintenant beaucoup plus près de Jomark, entre la planète et le soleil. La moitié de sa coque était exposée aux feux du soleil, l’autre était plongée dans les ténèbres. Sur cette moitié, une faible étincelle brillait par intermittence dans l’obscurité. Kirius était debout sur l’immense navire de guerre, maintenu à sa surface par la faible gravité que sa masse engendrait. À côté de lui un techmarine était penché sur une fissure de la coque qu’il colmatait tant bien que mal au chalumeau. Si proche et pourtant encore inaccessible, Jomark déployait au-dessus de leurs têtes ses immenses étendues bleues, ocres et blanches. Il en étaient si proches que son disque occupait la plus grande partie de leur champ de vision. L’autre horizon qui définissait leur univers était la surface du croiseur. Entre les deux se trouvait une étroite bande de ténèbres piquetée d’étoiles. Les autres vaisseaux de guerre étaient des points à peine plus lumineux qu’elles, séparés du croiseur par des abîmes de milliers de kilomètres. Même aux abords d’une planète, les distances étaient énormes. La conscience de ce vide infini faisait naître en Kirius une sensation de vulnérabilité omniprésente. Même après des millénaires de conquête et d’exploration, l’espace restait fondamentalement hostile à la présence de la vie et les planètes étaient des refuges bien précaires. En regardant Jomark, le chapelain se demandait comment l’on pouvait prétendre défendre son immensité. Sur un territoire de la taille d’une planète, les hommes sont plus insignifiants que des grains de poussière. Ce n’était pas un univers à taille humaine. Il était fait pour des entités plus vastes, pensant et agissant à des échelles inconcevables pour un esprit humain. Un monde de titans. Le destin de l’Humanité dépendait de l’Empereur, le seul capable de rivaliser avec de telles puissances. Le chapelain s’arracha à la contemplation de Jomark et évalua le travail qui restait au techmarine. La fissure était presque réparée. Bien sûr c’était du provisoire, mais il n’avait aucune intention de s’attarder à bord du croiseur. L’amirauté de la Bannière Noire allait bientôt s’inquiéter de ce qui était arrivé au vaisseau endommagé maintenant que la bataille spatiale était terminée. Si ce n’était pas déjà fait. Heureusement il avait pu contacter le Chapitre et un thunderhawk se préparait à les rejoindre pour les ramener sur la terre ferme. Quant à l’équipage, pour le moment enfermé dans l’une des soutes, Kirius avait décidé de l’affecter aux légions pénales de la Garde. Un excellent moyen de les rendre utiles, tout en leur permettant de se racheter. Certes, aucun ne recouvrerait sa liberté, mais leur mort au service de l’Empereur effacerait leurs fautes. Le techmarine apportait la dernière touche à sa soudure quand le casque du chapelain émit un bip sourd dans son oreille. Il prit aussitôt la communication. -« Mon Père, ici la passerelle. Nous sommes contactés par le Suzerain. » -« Bien. Vous leur avez dit comme convenu que nous avions déplacé le croiseur vers une orbite plus stable ? » Il sentit une hésitation chez son interlocuteur. -« Ils savent que nous sommes ici. Ils connaissent votre identité et demandent à vous parler personnellement. » Kirius sentit son sang se figer. -« Passez-les moi. » finit-il par dire en assurant sa voix pour paraître le plus confiant possible. Il y eu un peu de friture tandis que le space marine effectuait les réglages, puis un bip discret signala au chapelain que la communication était établie. -« Chapelain Kirius, de la septième compagnie des Metamarines ? » demanda une voix calme et enjouée. -« Et vous ? » fit Kirius. -« Je suis Tarnon, maréchal des Légions de la Bannière Noire. » répondit son interlocuteur avec une pointe d’amusement dans la voix. -« Que puis-je pour vous ? » Il y eu un éclat de rire. -« Vous ne vous laissez pas démonter facilement, dites-moi. » -« Est-ce que le Génie du Mal a tant d’hommes qu’il puisse se permettre de vous employer à faire la discussion ? » fit Kirius sur un ton cassant. -« Le Seigneur-Intendant tenait à savoir si le Renouveau était à votre goût. Il a longuement hésité avant de choisir le vaisseau qu’il allait vous fournir. » reprit le maréchal, l’air franchement amusé. -« Vous voulez me faire croire que votre maître n’a rien d’autre à faire que de se soucier d’une poignée de soldats perdus dans une épave ? Et qu’en plus il est capable de jouer les voyantes ? Si vous voulez nous tuer, ayez l’obligeance de le faire sans vous payer notre tête. » cracha Kirius. -« Vous ne croyez pas si bien dire, mon Père, vous ne croyez pas si bien dire… Et si le Seigneur-Intendant vous a permis d’aller jusqu’ici, c’est parce qu’il connaît l’heure et l’endroit. » -« Je n’ai pas le temps de jouer aux devinettes. » -« Oui, je sais, un thunderhawk et tout ça… Mais parlons un peu de votre mort. Regardez vers la poupe du croiseur que nous vous avons offert. Je pense que vous ne pouvez pas le distinguer, mais un de mes vaisseaux est dans cette direction. » Le chapelain releva instinctivement les yeux dans la direction que le maréchal venait de lui indiquer. Il ne vit d’abord rien. Il y eu vaguement un bref éclat, mais rien de remarquable. Quelques secondes passèrent et le prêtre-guerrier se demanda si son adversaire ne s’était pas encore moqué de lui. Puis il remarqua deux points lumineux en mouvement. Droit vers lui. Son cœur fit un bond. -« Je pense que vous devez avoir commencé à courir, à présent. Mais c’est inutile bien sûr. Après que vous et votre vaisseau auront étés consumés dans l’atmosphère, on ne récupérera pas assez de vous pour remplir un verre. Adieu, mon Père. Votre conversation était très agréable. » fit le maréchal d’une voix polie. -« Allez en enfer ! » cria Kirius en coupant la communication et en commençant à courir. Il se dirigea vers l’écoutille la plus proche, le techmarine sur les talons. Les deux marines progressaient par petites foulées, rasant le plus possible la coque pour éviter de faire un bond trop fort qui les aurait arrachés à l’attraction du navire. Mais si les missiles frappaient le navire avant qu’ils soient rentrés, l’onde de choc les enverraient jouer les satellites autour de Jomark pour l’éternité. Les deux hommes forcèrent l’allure. -« Passerelle ! Ici Kirius ! Préparez-vous à un impact de missiles ! » Le chapelain n’entendit pas la réponse. Arrivé au sas, il en actionna la commande. L’écoutille blindée s’ouvrit avec une lenteur exaspérante. Dès que l’ouverture fut suffisante il s’engouffra dans le boyau, suivi de près par le techmarine. __ Les deux guerriers venaient de sortir du sas lorsque les missiles frappèrent, à quelques secondes d’intervalle l’un de l’autre. La vibration sourde de l’explosion fut suivie par un long couinement de métal torturé, comme si le vaisseau exprimait sa douleur. Le couloir fut plongé dans l’obscurité. Le calme revint, bientôt suivi par la lumière fournie par les générateurs de secours installés un peu partout dans le navire. Kirius attendit quelques secondes pour être sûr que la situation se soit stabilisée, puis il fit signe au techmarine de le suivre tout en prenant le chemin de la passerelle. Tout en marchant, il tenta de contacter les marines qui étaient là-bas. -« Passerelle ? Ici Kirius. Répondez. Passerelle, vous m’entendez ? » Les secondes s’égrenèrent, mais aucune réponse ne venait. Sans perdre son calme, le chapelain continua ses tentatives, bien qu’il commença à envisager sérieusement que le centre névralgique du vaisseau ait été touché. Le bruit de friture se fit entendre, puis céda la place à la voix du techno-frère Sengus. -« Mon Père, ici la passerelle. Nous sommes opérationnels. Vous avez pu rentrer à temps ? » -« Affirmatif. » répondit Kirius, soulagé. « Quelle est la situation du navire ? » -« Les moteurs ont été frappés de plein fouet et sont hors d’usage. À cette exception près, l’état du vaisseau n’est pas pire qu’avant l’abordage. » -« Impossible de relancer les moteurs ? » -« Négatif. Si nous les rallumons, ce qui est encore intact va nous exploser à la figure. » Kirius jura. -« Mais ce n’est pas le vrai problème, mon Père. Avec les frottements de l’air de la haute atmosphère, nous perdons de la vitesse et notre trajectoire est désormais instable. Nous ne pouvons pas nous maintenir en orbite jusqu’à l’arrivée du thunderhawk. » -« Combien de temps avons-nous avant de nous écraser ? » demanda Kirius. -« Avec notre vitesse, le vaisseau peut faire deux fois le tour de Jomark. Mais dans son état il ne résistera jamais aussi longtemps aux frottements de l’air. Il va se désagréger comme un météore bien avant d’avoir parcouru une seule orbite. » -« Combien de temps ? » demanda le chapelain en fermant les yeux, craignant la réponse. Le techmarine soupira. -« Au pire vingt minutes, au mieux trente. » Il se mit aussitôt à réfléchir. Il avait été entraîné à prendre des décisions dans des délais très courts avec des informations parcellaires. Mais jamais il n’avait été confronté à un problème aussi vital. Son conditionnement jugula le début d’angoisse qui commençait en lui et l’écrasa impitoyablement pour lui laisser l’esprit le plus clair possible. Il fallait évacuer le navire, c’était impératif. Et pour cela il n’y avait que les capsules de sauvetage. Mais elles n’avaient pas été conçues pour des space marines. Au lieu de dix hommes, elles ne pourraient embarquer que cinq ou six de ses soldats. Et comment faire pour échapper aux radars de la Bannière Noire ? S’ils avaient pu repérer deux hommes sur la coque d’un croiseur, nul doute qu’ils traqueraient les capsules avec la même efficacité et que la DCA allait s’en donner à cœur joie. Sans compter les débris qui risqueraient de heurter les capsules et de les détruire… Les débris… C’était la solution ! -« Frère Sengus, donnez le signal de l’évacuation ! Tout le monde doit être dans les capsules de sauvetage d’ici dix minutes. Nous utiliserons le panache de débris pour échapper aux détecteurs. » ordonna le chapelain. En espérant que cela suffise pour échapper aux radars de poursuite et que les capsules résisteraient, ajouta-t-il pour lui-même. Les grincements et gémissements de la tôle s’amplifiaient de minute en minute. Le vaisseau, légèrement ralenti, s’enfonçait toujours davantage dans l’atmosphère, perdant de l’altitude à chaque seconde. La vitesse du navire était telle que l’air se mettait à brûler, enveloppant de flammes la coque peu aérodynamique. Le croiseur n’avait pas été conçu pour le vol atmosphérique et seule sa vitesse l’empêchait de tomber comme une pierre. Le crash n’était plus qu’une question de temps. De très peu de temps. Dix minutes pour rejoindre les capsules les plus proches. Kirius avait douloureusement conscience de l’écoulement du temps tandis qu’il remontait les coursives le plus vite possible, un œil sur la carte et l’autre sur le compte à rebours. Dix minutes. Ensuite il faudrait attendre, harnachés sur les sièges trop petits pour des space marines, que la queue de morceaux arrachés à la coque soit suffisant pour dissimuler les capsules. Et prier pour que le vaisseau déjà endommagé avant cette épreuve tienne le coup jusque là. Sinon Kirius et ses hommes seraient des débris parmi d’autres. Le chapelain jeta un œil sur sa carte. Ils étaient presque arrivés. Sans se retourner il fit un signe de la main par-dessus son épaule pour en informer le techmarine qui le suivait. Les deux marines étaient presque arrivés quand le casque de Kirius filtra des bruits de pas au milieu des gémissement du navire en voie de dislocation. Quatre hommes à juger aux bruits. Il se figea au milieu du couloir en faisant signe à son compagnon de faire de même. Tout en braquant les capteurs de son casque pour tenter d’identifier les intrus, il descendit la main vers l’étui de son pistolet-bolter. Peut-être des soldats évadés de la soute ? Il se prépara à les éliminer le plus rapidement possible. L’Esprit de la Machine afficha soudainement quatre silhouettes marchant à leur rencontre derrière la paroi, les identifiant comme Meirion accompagné de trois guerriers. Kirius sentit ses muscles se relâcher légèrement. Pendant un instant, il fut partagé entre le soulagement et la colère. Puis cette dernière prit le dessus. -« Meirion ! Que faites-vous encore ici ? » rugit-il en avançant à sa rencontre. Le chapelain franchit un angle et tomba nez à nez avec son sergent. -« Vous devriez déjà être sanglé dans une nacelle ! » Frère Meirion salua respectueusement. -« Mes ordres sont de veiller sur votre vie, mon Père. » répondit-il calmement. D’expérience, il savait que garder une attitude obéissante était le seul moyen d’empêcher le chapelain de s’emporter. -« Et ma tâche est de veiller sur celles de mes hommes ! » répondit Kirius. Meirion resta impassible. -« Nous règlerons cela une fois au sol. » reprit plus calmement le chapelain. Puis il passa à côté du sergent et poursuivit jusqu’au sas de secours sans rien ajouter ni lui accorder un regard. De l’autre côté, trois écoutilles circulaires donnaient sur les capsules. Les marines se mirent à la tâche sans avoir besoin de se concerter. Ils avaient répété la manœuvre d’évacuation tant de fois qu’ils auraient presque pu l’accomplir les yeux fermés. Ils ouvrirent deux écoutilles. Le techmarine embarqua le premier après avoir enlevé son harnais. Une fois à l’intérieur, le suivant lui fit passer l’imposant amas de bras, de scies et de chalumeaux. Deux hommes suivirent et Meirion se glissa en dernier par l'ouverture. Pendant ce temps, les deux derniers marines étaient entrés dans la capsule voisine. Le hurlement du vaisseau était devenu assourdissant. L’air commençait à s’échapper par des micro-fissures dans les tôles et se répandait dans l’entre-deux coques dépressurisée. Kirius eut l’impression d’être à l’intérieur d’un animal à l’agonie. Lui qui n’avait jamais apprécié les espaces exigus des navires spatiaux, il était obligé de faire confiance au plus petit qu’il ait jamais occupé pour le sauver. Dans une époque de démence, regarde le fou te montrer la voie… À contrecœur il se glissa par l’étroite écoutille et verrouilla le battant derrière lui. ________ Ajout du 15/04/07 ________ Memnon avait regagné sa loge, une vaste salle de style gothique où il avait établi ses quartiers. Une chambre et une salle de bains étaient accessibles par une porte. La pièce principale était occupée par une vaste table de réunion et des systèmes informatiques qui lui permettaient de se tenir au courant de l’évolution des combats. Un des murs était une vaste baie par laquelle on pouvait observer l’espace. Du moins en apparence, car il s’agissait en réalité d’un écran géant, la loge étant située dans les entrailles du Suzerain. Le seigneur-intendant avait commandé en personne la bataille spatiale et le début du débarquement. Maintenant que la phase cruciale de l’assaut était passée, il avait laissé la supervision des opérations à son bras droit pour prendre un peu de repos. Le maréchal Tarnon était un stratège brillant et un chef apprécié de la troupe. Un homme à surveiller auraient pensé la plupart des gens, mais Memnon savait ne rien avoir à craindre. Il lisait dans l’âme des hommes comme dans un livre ouvert, tout comme il pouvait voir l’avenir et le passé. Ces talents ne lui réclamaient aucun effort particulier et aussi loin qu’il se souvienne il avait toujours eu un don de prévoyance. Il n’y était pour rien. La mutation psychique qui lui permettait d’utiliser les énergies du warp était le dernier cadeau de l’évolution à ses enfants éparpillés dans les étoiles. Ou un fléau, selon le point de vue. Car ceux qui le possédaient étaient impitoyablement traqués. Une des machines installées à côté de la grande table se mit à siffler en crachant un morceau de papier. Memnon s’approcha et le lit. C’était un rapport en provenance de Tarnon, l’informant que le croiseur abordé par ce chapelain space marine avait été abattu. Il spécifiait que les capsules tentant de s’échapper avaient été abattues, mais que par mesure de sécurité des patrouilles inspectaient la zone de dispersion des débris. Cela ne faisait que confirmer ce qu’il avait déjà senti. Un subtil changement dans la trame de l’avenir, des éventualités disparaissant, le faisceau des futurs possibles qui se resserrait. Depuis des années il procédait ainsi, guidant par petites touches le cours des évènements vers le but qu’il s’était assigné. Il avait vu le rôle que le chapelain pouvait tenir dans la défense de Jomark et il avait donc fait le nécessaire. La salle était silencieuse, à l’exception du léger soufflement des ventilateurs. Le seigneur-intendant retourna à la contemplation des étoiles. Mais debout face à elles il ne les voyait pas vraiment. Le regard dans le vague, il laissa se déployer devant lui la trame du temps. Des milliers d’évènements passés et à venir, connectés à leurs causes et à leurs conséquences. Parmi eux, il voyait ceux qui menaient là où il voulait aller, le chemin à suivre. Il suffisait ensuite de les favoriser et d’empêcher les autres d’arriver. En connaissant le cours de l’Histoire, il le détournait et l’utilisait à son avantage. Ses ennemis le surnommaient le Génie du Mal. Une tentative d’ignorants pour mettre des mots sur ce qu’ils ne seraient jamais capables de comprendre. S’ils avaient été capables de voir comme lui le Temps dans son ensemble, ils auraient compris. Mais ils étaient prisonniers du présent. Memnon avait un peu plus de cent ans, bien qu’il en paraissait cinquante grâce aux drogues de rajeunissement juvenat, réservées aux dignitaires de l’Imperium et à ceux qui pouvaient payer leur prix. Il avait accumulé un savoir et une expérience plus grande que la plupart de ses semblables. Et il s’était appliqué à maîtriser ses pouvoirs. La première expérience qu’il avait eu en les utilisant était la peur. Une peur noire, dévorante. Il avait brutalement pris conscience qu’il était une proie. Tapi au cœur de l’Imperium, il avait senti un être habité par une faim insatiable et qui se nourrissait de l’âme de mutants tels que lui. Plus que n’importe qui, il savait quel était le prix terrible que l’humanité devait payer pour maintenir son Empereur en vie. Prisonniers des champs de stase du Trône d’Or, il absorbait à chaque instant les esprits des psykers qu’on lui sacrifiait. À travers la galaxie les vaisseaux noirs de l’Inquisition, la police politique de l’Imperium, traquaient sans relâche les mutants comme lui pour les amener à Terra. Les plus chanceux, ceux qu’on jugeait suffisamment dociles, étaient formés pour servir d’astropathes. Les autres étaient jetés en pâture à l’ogre qu’était devenu l’Empereur. Memnon avait vu cela, et il avait aussi vu dans quelle catégorie il serait rangé s’il était capturé. Il avait alors vécu dans la terreur d’être démasqué. Mais il avait toujours réussi à passer à travers les mailles du filet. Il avait caché son talent et s’était appliqué à vivre aussi normalement que possible en s’engageant dans les Forces de Défense Planétaire de Glosst. Sans renoncer toutefois à utiliser ses pouvoirs. Il découvrit assez rapidement qu’il pouvait voir l’avenir, se contentant d’abord d’être un simple observateur. Il se garda bien de se servir de ce savoir pour influer sur le cours des choses, car cela aurait fini par attirer l’attention sur lui. Mais il poussa toujours plus loin ses explorations. Il fit alors sa deuxième expérience du warp. Le désespoir. Memnon vit l’imminence de l’extinction de l’humanité. L’Imperium l’avait protégé durant dix mille ans, mais cette ère touchait sa fin et les hommes seraient balayés. Terra, leur berceau, serait également leur dernier bastion. Que ce soit par les légions du Chaos, la marée verte des Orks ou les flottes-ruches des Tyranides, c’était là que le dernier homme mourrait. Mais en cherchant encore, il découvrit une voie étroite et fragile menant à la survie de l’humanité. Il s’était alors attelé à la tâche, influençant le cours des évènements par petites touches. Au début il avait pensé pouvoir tirer les ficelles dans l’ombre. Mais rapidement, il s’était imposé que la seule solution était de prendre le pouvoir. Il l’avait donc fait, avec la tranquille assurance que procurait le fait de savoir que l’échec était impossible. Cette tâche, il la poursuivrait jusqu’au bout. Jusqu’à se dresser contre l’Empereur alors que celui-ci le terrifiait depuis toujours. Jusqu’à la guerre civile, puisque c’était le seul moyen. Tout pour éviter les ténèbres. Memnon n’avait pas découvert que l’avenir en explorant les courants du warp. Il avait aussi très vite senti une présence, et cette sensation n’avait fait que grandir au fil des années. C’était comme si quelque chose avait son attention posée sur lui. Il la percevait désormais assez pour deviner sa trace quand il regardait sa propre vie dans la trame du temps. L’intelligence avait voilé son existence aux sbires de l’Inquisition. Elle l’avait protégé depuis son plus jeune âge. Chaque fois qu’il tentait de l’approcher, elle se dérobait. Il se doutait qu’elle ne l’aidait pas sans arrière-pensées, mais il y trouvait son compte. Il avait bien besoin d’alliés dans sa tâche, et celui-ci était puissant. Il avait senti sa marque quand le warp avait vomi un cuirassé Emperor vide et en parfait état dans le système solaire de Glosst. Il l’avait fait réarmer et le Suzerain était devenu le pivot de sa campagne militaire. Et si l’intelligence espérait se servir de lui, Memnon se servait d’elle. Il savait pouvoir compter sur ses pouvoirs pour ne pas être la victime si cette coopération s’avérait être un marché de dupes. Sur Jomark, il le pressentait, il saurait enfin qui était cette présence. Cela ne tarderait pas. Une journée de combat avait suffit pour vaincre la flotte ennemie. La plupart des points stratégiques de la planète étaient déjà entre ses mains. La chute de la capitale ne prendrait guère plus de temps, il l’avait vu. Alors il saurait. Ensuite l’avenir était plus trouble, mais les grandes lignes étaient tracées. Avec ses légions il reprendrait le chemin de Terra. Vers son destin et celui de l’humanité. Il lui était impossible d’échouer. *** Fin du Chapitre 2 ***
  17. Petite précision : il n'y a pas de servomoteurs dans une armure énergétique. Ce sont des muscles artificiels (Des "faisceaux de fibre électrique" pour être exact. Ce qui ne veut pas dire grand chose, le câble d'alimentation de mon PC correspond à cette description ). Cf. Taran, l'incontournable. Le biologiste / géologiste en moi ne peut que s'insurger, même si les dinosaures ne sont pas vraiment le sujet . Je ne vais pas entrer dans les détails pour ne pas dériver, je vais me limiter à dire que cette phrase est un non-sens scientifique. Pour aller plus loin, MP ou recherche perso sur internet .
  18. J'étais persuadé qu'il y avait une fonction "supprimer le message", mais on dirait bien que je me suis trompé. Je voulais faire remonter le topic tout en éliminant cette réponse pour éviter un double-post. Je me suis loupé...
  19. Mea culpa, vérification faite sur Taran, l'armure n'est pas un exosquelette à proprement parler. En revanche elle agit bien comme une seconde peau, ce qui permet aux marines de se déplacer normalementmalgré son poids :
  20. J'espère que des gars qui ne dorment presque pas et s'entraînent en permanence quand ils ne sont pas au combat ont -au moins- des rudiments de combat à main nue. Ou alors y a quelqu'un qui fait mal son boulot . C'est vrai qu'autant que je me souvienne je n'ai trouvé aucune référence fluffique sur le sujet, mais un Marine est sensé être l'élite militaire du 41ème millénaire. S'il ne sait se battre qu'avec un bolter, c'est un peu limite . Je n'ai pas lu "Parole de Sang", mais le maroune dont tu parles a peut-être échangé son armure énergétique contre le treillis des scouts ? Sinon, il ne faut pas oublier qu'une telle armure n'est pas qu'une bête protection, c'est aussi un exosquelette avec des moteurs un peu partout. Heureusement d'ailleurs, parce que marine ou pas, c'est lourd quand même. C'est pas comme les trucs d'acier du moyen-âge, c'est comme une seconde peau. C'est pas pour rien qu'on dit qu'ils ont le meilleur matériel dont dispose l'Imperium. L'armure/exosquelette, plus les implants, plus le dopage et l'entraînement, finalement on est presque étonné qu'ils ne fassent pas des bonds de Jedi .
  21. Je poste la suite pour tenter de vous rassasier. Mais je crois que je n'échapperais pas à une remarque sur la longueur du texte . C'est du 100% écrit depuis la semaine dernière, je suis plutôt content de moi, j'arrive à travailler avec régularité sur la Bannière Noire. Quant à la qualité, à vous de juger si elle suit.
  22. Merci pour vos encouragements, ça fait chaud au coeur . Surtout que ma régularité laisse planer des doutes sur mon mérite . Mais j'ai un peu changé ma méthode de travail (bon soyons honnête, en fait j'ai adopté une méthode de travail et je n'en avais pas vraiment avant... ) et désormais je m'astreint à une demi-heure minimum d'écriture par jour. Comme en plus la fin des examens approche (dernier partiel demain), voici enfin la suite. On aborde, on grimpe à bord, et on fait chauffer le moteur de l'épée-tronçonneuse (le pauvre manque d'exercice...). Pas trop de dialogues prévus pour les prochains paragraphes, on va laisser les armes parler un peu. (Le texte est à la suite du précédent, un peu plus haut, suite à la demande de Tano pour fusionner les ajouts) Criomega, j'ai fait attention cette fois, j'ai fait tourné le correcteur d'orthographe de word et relu deux fois le tout. J'espère qu'aucune coquille ne m'a échappé. Sinon pour le nombre de pages, c'est une information classée secret-défense . Plus sérieusement, je ne sais pas. Les quelques paragraphes de ce soir font un peu plus de trois pages, pour te donner une idée. General_Grievous, je n'ai joué qu'à la démo de Homeworld, mais elle était très bien. Si j'ai l'occasion de mettre la main sur le deuxième, je n'hésiterais pas.
  23. Ça croustille sous la dent, comme les textes d'antan, Y a juste quelques jeu d'mots, dont l'sens échappe à mon cerveau, Mais tout c'la est fort bon, flon flon. En général je ne suis pas fan de ce genre d'humour : Mais là ça passe plutôt bien. Je ne résiste pas, je fais une petite liste des croustilleries piquantes qui ont agité mes zygomatiques : Et aussi le passage où tout le monde se congratule joyeusement TLS qui, une fois de plus, ne regrette pas d'avoir poussé à la publication de ces couenneries (comme on dit ici).
  24. Tano ayant fusionné mon dernier post avec le précédent, je vais l'utiliser pour mettre la suite. (Donc l'ajout est dans mon post juste au-dessus de celui de Yohann. Moi-même je m'y perd un peu. ) Vous aurez remarqué que je n'ai pas réussi à finir le chapitre 2 pour août... En tout cas voilà le texte ficelée il y a déjà un moment. Merci à tous les lecteurs pour les commentaires que vous avez laissé. La foi en l'Empereur, ça vaut toutes les psychothérapies du monde. B) Merci pour les compliments Yohann, je vais essayer de ne pas décevoir avec le reste de l'histoire.
  25. Ce n'est plus une faille, c'est un canyon béant. Pas grave, les loyalistes se regroupent, rien n'est encore joué. Mais l'autre faille approche peu à peu... J'ai repris le passage précédent en tenant compte des remarques de Haazehl. (Sympa d'ailleurs le livre de règles BFG, ça donne envie d'y jouer ) Je prépare un passage avec le seigneur-intendant pour la fin du deuxième chapitre. Histoire de mieux connaître ses motivations, ses rêves, ses bonbons préférés et la couleur de ses lacets. En entendant, voilà le retour du chapelain. Retour douloureux, évidemment après ce qu'il s'est pris dessus la dernière fois... ______ Le plafond du couloir s’était en partie effondré sur le sol, recouvrant de poussière et de débris les motifs bleus et blancs en entrelacs du dallage. Les cinq space marines se déplaçaient lentement dans le corridor désolé en tentant de faire le moins de bruit possible, Kirius en tête. Il portait son masque de chapelain, un casque à tête de mort. Dans sa main gauche il tenait son pistolet-bolter. Sa main droite était refermée sur le manche de son crozius arcanum. Le petit groupe s’arrêta en arrivant au bout du couloir qui débouchait sur un vaste hall circulaire haut de deux étages. Il avait dû être beau autrefois, mais lui aussi avait le théâtre de violents combats. La coupole brisée s’était effondrée sur le sol et encombrait le rez-de-chaussée de gros bloc de verre-corail bleu, mêlés aux débris de la balustrade de l’étage et à ceux des colonnes et des murs soufflés par les explosions. Au milieu de ce chaos, les quelques plantes vertes qui avaient survécu étaient couvertes de poussière de plâtre. Le pylône qui avait détruit la coupole en s’effondrant dessus obstruait l’ouverture dans le plafond, plongeant le hall mort dans la pénombre. Elle n’était troublée que par les rares rayons lumineux qui arrivaient à se frayer un chemin dans le chaos de ruines qu’était devenue la surface de la cité flottante. Le chapelain se plaqua au mur et s’immobilisa, imité par ses hommes, guettant un indice sur ce qui pouvait les attendre de l’autre côté. Gardant les yeux rivés sur le hall, il poussa les capteurs auditifs de son casque au-delà de leur niveau normal. Si quelqu’un avait éternué à côté de son oreille, il aurait pu lui déchirer les tympans. Il resta ainsi quelques minutes, écoutant les bruits, cherchant celui qui trahirait la présence de leur adversaire. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Lui et ses hommes avaient été séparés du reste de la compagnie quatre heures auparavant lorsqu’un couloir s’était effondré dans une escarmouche. Depuis, ils étaient livrés à eux-même. Rien. Juste le bruit des vagues qui venaient heurter les flancs de la cité flottante et les cris des oiseaux à la surface. Avec les space marines, ils étaient sans doute les derniers à hanter ces ruines. En plus des traqueurs, bien sûr. Le chapelain risqua un coup d’œil dans le hall. Aux aguets, il fit une rapide vérification. Rien. Si. Là-bas, une ombre avait bougé. Cette saloperie était tapie dans l’obscurité, sous le balcon qui faisait le tour du hall au premier étage. Il se retourna et indiqua d’un geste de la main à ses hommes qu’il en avait repérée une. Bien. Maintenant la deuxième, se dit-t-il. L’expérience leur avait appris qu’elles allaient toujours par binôme. Une en soutien, l’autre en attaque. Les duos se répartissaient en réseau et restaient en contact. Si l’un d’eux tombait sur un ennemi, les plus proches arrivaient en renfort. Il repassa la tête à l’angle, cherchant son deuxième adversaire. Il la trouva rapidement. Là-haut. Au premier étage. Il devinait plus qu’il ne voyait sa silhouette arachnoïde. Une sphère blindée d’où sortaient six pattes articulées et deux pinces énergétiques, avec en prime un bolter lourd accroché sous le ventre. Un des chefs d’œuvre des technomages de Mars. Le chapelain se demandait encore comment l’Adeptus Mechanicus avait réussi à persuader la Garde Impériale, d’ordinaire très superstitieuse avec les machines plus intelligentes qu’un système de ciblage autonome, de lui laisser déployer ses drones dans les cités de Calique. Toutefois ceux-ci s’étaient révélés extrêmement efficaces pour traquer les rebelles dans les dédales des villes sur ballasts. Trop peut-être. Quand les pelotons de la Garde avaient suivi pour reprendre le contrôle du terrain, ils avaient été considérés comme des proies. Kirius ne se faisait pas d’illusions sur les techno-prêtres. En ce moment-même, ils devaient étudier avec crainte et respect l’une de ces machines de mort tout en murmurant leurs prières à l’Omnimessie, en se demandant comment elle faisait pour distinguer les êtres humains d’une armoire. Et ceci sans une seule pensée pour les gardes qui s’étaient fait massacrer par leur faute. En attendant qu’ils trouvent quelque-chose, les cités où les drones avaient été lâchés étaient classées Gamma Perdition. Et la présence des traqueurs ne simplifiait pas la mission des space marines. Bon, pensa-t-il en revenant dans le couloir. Souci. Il leur fallait absolument passer par ce hall pour rejoindre le camp de base sécurisé qu’ils avaient installé en arrivant ici. Le chapelain se retourna vers le hall, étudiant rapidement les lieux pour échafauder un plan. Il nota mentalement les couverts procurés par les morceaux de la coupole, cherchant la meilleure approche. Les choses auraient été plus simples s’ils avaient eu une escouade Devastator avec ses armes lourdes. Même un lance-missile aurait suffit. Mais ils n’avaient rien de plus puissant que leurs bolters. Il allait falloir jouer de la grenade. Kirius fit un geste à l’adresse de ses hommes et ceux-ci se déployèrent silencieusement dans le couloir pour pouvoir le couvrir. L’un d’eux détacha une grenade de sa ceinture, se tenant prêt à la dégoupiller. Le chapelain hocha de la tête puis soupesa les siennes en révisant le trajet qu’il avait mis au point. Il respira un grand coup, et fit un geste de la main pour donner le signal. Aussitôt la grenade s’envola à travers le hall, rebondit sur le mur de l’autre côté et explosa. Le drone se rua vers le cratère et Kirius bondit vers le premier couvert qu’il avait choisi. Les traqueurs n’étaient pas très intelligents, mais ils étaient incroyablement rapides. Ils se retournèrent aussitôt vers le chapelain et leurs bolters lourds commencèrent à cribler l’air de balles. C’est l’instant que choisirent les quatre space marines pour ouvrir le feu. Changeant une nouvelle fois de cible, le drone du bas s’avança vers eux tout en tirant, celui du haut restant à l’étage pour le couvrir. Toujours à l’abri derrière son bloc de verre-corail, Kirius guettait l’ombre monstrueuse de la créature-araignée, une grenade à la main. Malgré le danger grandissant, il était serein. Des années d’entraînement et de méditation l’avait rendu capable de se concentrer uniquement sur l’action à accomplir. Top, pensa-t-il en un éclair, et il s’élança hors de son couvert alors que le drone passait à son niveau. Sans s’arrêter, il colla sa grenade sur la coque et continua sur sa lancée, vers le deuxième couvert qu’il avait repéré et qu’il atteignit d’une roulade. Une explosion secoua le hall une fraction de seconde plus tard, et le bruit du drone s’effondrant sur le sol lui apprit qu’il l’avait eu. Sans reprendre son souffle, le chapelain prit une deuxième grenade à sa ceinture et se prépara à la lancer vers le balcon. -« Mon Père ? » C’était la voix du sergent Meirion. Le chapelain s’immobilisa. C’était impossible. Frère Meirion n’était pas venu sur Calique. -« Père Kirius ? » Le décor de Calique se dissipa quand il comprit que c’était un rêve. Il se sentit revenir lentement à la conscience. Mais la réalité lui échappait encore. D’abord la douleur. Localisée au début, dans son épaule droite et ses jambes. Puis elle se diffusa jusqu’à émaner de tout son corps, une douleur sourde, pulsante. Il se sentit grimacer. Il n’aurait pas dû. Sans prévenir, un sifflement lui vrilla les tympans tandis que le système auditif de son casque et ses oreilles se réaccordaient. Cela dura quelques secondes insupportables avant de s’arrêter. Il prit alors conscience que la douleur avait reflué pour atteindre un niveau tout à fait acceptable. Son armure avait dû lui injecter un antalgique en réponse à la souffrance qu’elle avait détectée. Kirius se sentait bien, et au fond de lui une petite voix murmurait qu’il pourrait rester les yeux fermés, dans ce délicieux état intermédiaire entre le sommeil et la conscience. Son conditionnement écrasa impitoyablement cette pensée. Dans un effort de volonté, il ouvrit les yeux. La lumière ne lui brûla pas la rétine comme il l’avait craint, car le vaisseau était passé en éclairage de combat et une lueur rouge baignait le hangar. En revanche le chapelain eut besoin de quelques instants pour forcer ses yeux à focaliser. Le flou disparu et il reconnut le casque de frère Meirion au-dessus de lui. -« Je vous l’avais dit qu’il était solide ! » fit ce dernier en levant la tête vers une autre personne que Kirius ne voyait pas. __________ Pile dix jours après le dernier ajout, voici la suite de la Croisade. Je ficelle la fin du deuxième chapitre pour celle du mois d'août. Courage ! Et pour vous Warfomeurs, bonne lecture ! ________ Il existe plusieurs moyens pour communiquer d’un vaisseau à un autre dans l’espace. Pour les longues distances, le mieux est d’utiliser des astropathes. La distance ne signifie rien pour eux : un message peut être transmis instantanément d’un bout à l’autre de la galaxie. En théorie du moins. Car le warp est capricieux, et un message peut dériver, s’altérer ou arriver trop tard – ou avant même d’être envoyé – si la distance est trop importante. Mais cela ne concerne que des lieux tellement éloignés que même les années-lumières sont trop petites pour mesurer efficacement leur écartement. Ces effets secondaires ne concernent pas les communications au sein d’une flotte de guerre. Quand on ne dispose pas d’astropathe, on peut utiliser les ondes radios. À condition que les vaisseaux soient proches car sur de grandes distances, supérieures à une année-lumière, le décalage entre l’émission et la réception devient important. Et pendant une bataille, le temps peut décider de la victoire ou de la défaite. Enfin lorsque la flotte ne livre pas bataille, on peut relier des vaisseaux proches par des câbles, par exemple lors d’un transbordement. Cette technique élimine tout risque d’interception des messages, ce que ne permet pas une émission radio. Heureusement pour les survivants de l’Ultime Croisé, leur vaisseau est proche de Jomark et la flotte loyaliste également. Reste à cibler la barge The Last Sword avec un faisceau radio, seul moyen de garantir que la communication n’est pas interceptée. Heureusement encore, l’énorme navire de guerre représente une cible facile à viser. __ Les deux space marines en armure grise traversaient la passerelle de la barge d’un pas rapide. Tout en marchant, l’amiral mettait son second au courant de l’évolution de la bataille. -« La situation est de pire en pire à l’extérieur. La flotte est débordée de tous les côtés et nos stations orbitales sont détruites une à une. La lune est tombée il y a vingt minutes. On se bat encore dans quelques bunkers mais les défenses sol-espace ont cessé de tirer. » fit-il d’un air préoccupé. « Ce n’est pas encore officiel, mais le repli de la flotte a été décidé. » Frère Junnius soupira. -« De toute manière nous ne pouvons plus rien faire ici. Le Seigneur Valens nous ordonne de partir avant que la flotte du Chapitre soit réduite à néant. Notre destination n’est pas encore connue, mais je pense que nous n’irons pas plus loin que l’un des secteurs voisins. » Le capitaine Questus hocha de la tête en silence. Il n’y avait rien à ajouter. Ils étaient vaincus, et cette évidence était dure pour des hommes peu habitués à la défaite. Les deux hommes s’arrêtèrent au milieu du vaste pupitre en demi-cercle disposé à droite du fauteuil de commandement, lui-même au centre de la passerelle. Il étalait ses écrans, ses claviers et ses voyants lumineux sur un grand hémicycle. Il y en avait un autre disposé symétriquement de l’autre côté de la passerelle. À eux deux ils centralisaient toutes les données de la barge et celles de la flotte de guerre du Chapitre. Moteurs, armes, communications, tout passait par ici. -« Alors, Enguerran, qu’y a-t-il ? » demanda-t-il au serf assit au poste communications. L’amiral essayait de se souvenir du prénom de tous les serfs sous ses ordres, au moins ceux qui étaient en poste sur la passerelle. Dans de nombreux Chapitres ces hommes, dont la majorité étaient ceux qui avaient échoué à devenir des space marines, étaient considérés comme des esclaves. Les Metamarines, dans leur quête d'amélioration spirituelle et morale de l'humanité, considéraient que chacun devait pouvoir être fier de ce qu’il accomplissait au service de l’Empereur. Et le premier moyen pour cela était d’accorder respect et estime au travail d’autrui. De plus, ils n’oubliaient pas que leurs mille moines-soldats, modifiés et conditionnés pour être les guerriers ultimes de l’humanité, ne seraient rien sans cette armée de serfs pour les servir. Ces derniers étaient donc considérés par les frères de bataille comme des membres à part entière du Chapitre. -« Nous recevons une transmission sur faisceau étroit, amiral. Depuis l’Ultime Croisé. » répondit le serviteur. -« Empereur tout-puissant, il y a des survivant là-bas ? » murmura l’amiral en se penchant vers le micro de la console sans perdre une seconde. Il appuya sur un bouton et le voyant à côté du micro passa au vert. -« Ultime Croisé, ici l’amiral Junnius, me recevez-vous ? » -« … recevons… cinq su… inq… » crachota le haut-parleur en face de l’amiral. Enguerran reprit aussitôt les réglages. -« Nous vous recevons cinq sur cinq, amiral. » fit l’appareil quelques secondes plus tard. Frère Junnius posa sa main droite sur l’épaule d’Enguerran et la serra brièvement pour le remercier. -« Bien reçu, Ultime Croisé. Qui commande là-bas ? » -« Chapelain Kirius, de la septième compagnie, à vos ordres. » -« Mon Père, votre vaisseau est classé comme perte. Quelle est votre situation ? » -« Pas très brillante. Nous avons perdu un bon tiers du navire. Les moteurs sont éventrés et la passerelle a été entièrement détruite. J’ai fait rassembler les survivants dans le hangar. L’Empereur soit loué, nous n’avons que des blessés légers, mais nous n’avons aucune réserve, ni d’eau ni d’air. Il nous reste deux barges d’abordage en état de voler. » La voix du chapelain était parfaitement calme malgré la situation critique dans laquelle étaient les survivants du croiseur. -« Compris. Mon Père, nous ne pouvons pas venir vous chercher. Toutes nos forces sont mobilisées en orbite. Il va falloir que vous veniez jusqu’ici avec les barges. C’est possible ? » Il y eu un moment de silence, puis le chapelain répondit. -« Sauf votre respect, amiral, autant nous tirer tout seuls une balle dans la tête. Le résultat sera le même. » Frère Junnius retint un juron. Il était bien conscient que c’était suicidaire, mais c’était la seule solution. -« Je sais, mais vous n’avez pas vraiment le choix. » Encore un silence. Quand Kirius reprit la parole, sa voix était pensive. -« Amiral, y a-t-il des vaisseaux adverses proches de notre position ? » Junnius jeta un regard à son second qui acquiesça et partit chercher l’information. -« On va vous trouver ça, mon Père. » Quelques instants plus tard l’écran voisin affichait une carte spatiale des environs de l’épave. Frère Questus revint un peu après. -« On vous envoie les données. Il y a un croiseur ennemi endommagé pas très loin de vous. Il s’est mis en panne à l’écart des combats pour effectuer des réparations d’urgence. Vous avez de la chance, mon Père. Si j’avais eu un vaisseau disponible, il serait déjà achevé. » -« Ne vous inquiétez pas, amiral, nous allons nous en occuper pour vous. » répondit Kirius d’un ton enjoué. -« Que comptez-vous faire ? » demanda l’amiral, pressentant la réponse. -« L’aborder, bien sûr. Il nous faut un autre vaisseau, et nous n’avons pas vraiment le choix. » ________ Le chaud soleil d’été s’était couché depuis plusieurs heures et son éclat éblouissant ne masquait plus les étoiles. La nuit était douce, bien différente de celles rudes et glaciales d’Echtelion. Le couvre-feu avait été décrété sur toute la planète afin de ne pas faciliter d’éventuels bombardements ennemis et Sylon ne faisait pas exception. La Cité d’ordinaire illuminée la nuit était plongée dans l’obscurité. Aucune lumière ne venait gêner l’observation des cieux et pour la première fois sans doute depuis des décennies, les habitants pouvaient voir la Voie Lactée. Pour une planète aussi distante que Jomark du centre de la galaxie, elle n’était guère plus qu’une fine bande qui traversait le ciel. La voir ainsi rappelait l’éloignement qui séparait la frontière Nord de l’Imperium et Terra la Sainte. Dans ces lieux vastes et reculés, le vide lui-même était hostile par son immensité. Où que l’on porte son regard, Sylon était cernée par les hautes murailles naturelles de basalte dont les lignes de crêtes se découpaient sur le ciel sans nuage. On aurait pu croire que l’Univers se résumait à la Cité surplombée par la voûte étoilée et que ses remparts étaient le bord du monde. Un bref éclair silencieux illumina soudainement la ville comme en plein jour, et deux silhouettes se détachèrent sur un balcon de la forteresse prêtée aux Metamarines. -« Les fous », fit Tibère Valens d’une voix calme. « Ils auraient dû partir avec la flotte quand il en était encore temps. Maintenant, ils vont tous mourir. » Les deux mains posées sur la rambarde, face à la cour intérieure de la forteresse, le Maître de Chapitre regardait le ciel. -« Leur sacrifice a permis à nos vaisseaux de rejoindre le point de saut sans être harcelés par l’ennemi », fit remarquer Orion. Le space marine quitta des yeux les points lumineux qui signalaient la bataille qui se déroulait en orbite et se tourna vers son agent. Celui-ci était habillé d’une grande cape noire avec manches et capuche, qui lui permettait de se déplacer discrètement la nuit. -« Vous savez comme moi que ce n’était pas nécessaire et que ce n’est de toute façon pas pour cette raison que les Emperor’s Thunder sont restés en orbite. » répondit-il en soupirant. Quand il avait parlé à frère Acheros pour le convaincre de retirer ses vaisseaux, ce dernier avait répondu par un poème, les Vers du Talamactra. Il se rappelait les mots cuisants sans effort. « Lorsque les cités brûlent et que les armées reculent dans le désarroi, Les lâches prétendent qu’il vaut mieux partir pour vaincre une autre fois. Mais le vrai guerrier sait dans son cœur lorsque la mort vient l’emporter, Qu’il est préférable de se battre et de mourir plutôt que d’abandonner. » Valens avait frémi en entendant l’insulte à peine voilée et frère Acheros avait adouci ses paroles d’un salut aimable. Il était alors parti, sachant qu’il était vain d’insister. Et maintenant la flotte des Emperor’s Thunder était anéantie ou en voie de l’être. L’agent allait ajouter quelque chose, mais leur attention à tous deux fut attirée par un petit groupe d’étoiles filantes qui se dirigeait vers l’ouest. Il y eut un grondement phénoménal qui résonna au-dessus de la Cité quand les canons sol-espace firent feu sur ce qui était en réalité des barges de débarquement. Les habitants n’auraient pas le sommeil tranquille cette nuit. Et vraisemblablement plus avant longtemps. Plusieurs points devinrent plus brillants encore avant de disparaître. -« Ce groupe-là a dû mal calculer sa trajectoire d’entrée dans l’atmosphère », remarqua le space marine. Orion le rejoignit contre la balustrade. -« Le gros du débarquement se fait à l’Ouest. Pour le moment ce ne sont que de petits groupes qui préparent le terrain pour la première vague. Le capitaine Constantin a trouvé l’un des sites et est en train de le nettoyer, mais l’ennemi a atterrit en trop d’endroits pour qu’on puisse s’occuper de tous pour le moment. » l’informa Valens. -« J’ai entendu dire que plusieurs postes de défense était tombés aux mains de l’ennemi. » lui dit Orion. -« L’information est encore top secrète. » L’agent était décidément très efficace. « Plusieurs silos ont été pris par des traîtres au sein de leur garnison au début de la nuit. Les premiers groupes de débarquement ont suivi dans l’heure. Les autre silos sont attaqués en ce moment même. » Le Maître de Chapitre avait gardé une voix calme, comme s’il faisait un exposé. Mais dans son esprit il tournait et retournait la prédiction faite sur Echtelion. La trahison frappe au cœur. Était-ce cela que frère Edimberg avait prédit ? Ou la véritable traîtrise restait-elle encore à venir ? Orion acquiesça. Une journée avait suffit à l’ennemi pour balayer la flotte loyaliste et l’obliger à quitter Jomark ou être anéantie, et on avait déjà commencé à se battre à la surface. Valens savait que son agent portait le même jugement que lui sur la situation, et qu’il n’était pas bon. Mais si une guerre se gagnait avec des statistiques et des prévisions mathématiques, cela se saurait. -« L’ennemi a avancé ses pions. Qu’allons-nous faire ? » Un éclair, probablement dû à la destruction d’un navire en orbite, illumina sans bruit la Cité et Orion put voir son seigneur sourire. -« À notre tour de jouer. Nous ne pouvons pas empêcher l’ennemi de venir jusqu’à Sylon, mais nous n’allons pas lui faciliter la tâche. À l’aube nous mènerons une opération conjointe avec la Garde Impériale contre les colonnes ennemies. De plus la Garde d’Ishtar et les troupes de choc s’apprêtent à lancer un assaut contre la plupart des têtes de pont identifiées dans une heure et demie. Constantin a ordre de les aider dès qu’il en aura fini avec la sienne. » Tibère Valens serra la rambarde dans son poing ganté. -« Nous n’avons pas encore perdu nos griffes. » L’agent hocha de la tête en regardant la cour en contrebas. -« Quels sont mes ordres ? » Le Maître de Chapitre s’adossa à la balustrade, face à la porte-fenêtre ouverte qui donnait sur son bureau. -« Vous allez quitter la ville pour l’Ouest. C’est en grande partie sur vous et vos renseignements que nous allons appuyer la stratégie du Chapitre. » Il marqua une pause. « Plus précisément, vous devrez repérer les chefs ennemis, tous ceux qui sont des meneurs et qui sont responsables de cette traîtrise. » Il avait presque craché le dernier mot, une expression de colère sur le visage. -« Ensuite nous les tuerons. » -« Y a t-il autre chose ? » demanda Orion, habitué à de tels ordres aux conséquences expéditives. -« Oui. Cherchez la moindre trace d’adoration du Chaos. Nos renseignements n’en ont pas fait état jusqu’ici sur les planètes conquises, mais ceux qui se détournent de l’Empereur ne sont jamais longs à servir Ses ennemis. Nous devons détruire la corruption dans l’œuf. » -« Bien, seigneur », fit l’agent en saluant à la manière du Chapitre. « Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais aller me préparer. » Il s’apprêtait à partir quand Tibère Valens reprit la parole. -« Une dernière chose, Orion. » Le space marine se redressa et rejoignit son agent près de la porte-fenêtre. -« J’ai vu le Maître-Archiviste tout à l’heure. Il a tiré le Tarot de l’Empereur. Ça n’a pas été facile car l’influence du Grand Manipulateur est de plus en plus présente. Mais il a pu me dire que nous arrivons au point crucial de ce conflit. Le sort de la guerre se jouera dans les prochains jours. » ________ [Je fusionne en passant -désolé si tu comptais le faire. Le texte semble toujours aussi interessant et à même l'air de devenir génial, et je m'en veux beaucoup de ne pas avoir le temps de le lire pour le moment ... Je tente de remédier à cela ce soir. TH, dont les engagements sont rarement tenus...] [Edit: grand délinquant récidiviste vas . Et chapeau l'artiste . TH, bien décidé cette fois à lire, commenter, bref rattraper son retard pour le choper en le quérissant. Avec détermination, même.] ________ Les guerriers qui avaient survécu à l’assaut contre l’Ultime Croisé s’étaient rassemblés entre les deux barges dans le vaste hangar. La pénombre rougeoyante leur donnait l’aspect de silhouettes noires. L’obscurité qui régnait faisait écho à leur colère et à leur volonté de faire payer à l’ennemi la mort de leurs frères. Silencieux, ils écoutaient attentivement le space marine qui leur faisait face et qui allait leur donner le moyen de se venger. -« Sergent Fridric, vous commanderez le groupe d’assaut Sabre. » dit Kirius. Le guerrier massif inclina son casque rouge sang de vétéran en signe d’assentiment. -« Vous aborderez au niveau de la salle des machines. Éliminez toute résistance et isolez les moteurs du reste du vaisseau. » reprit le chapelain. Kirius demanda mentalement à l’Esprit de la Machine de son casque de modifier la projection sur sa visière. L’image de la poupe du vaisseau ennemi fut remplacée par celle de sa passerelle. Les casques de ses hommes, asservis au sien, firent de même. -« Le groupe Dague, sous mon commandement, abordera près de la passerelle et en prendra le contrôle. » Les données concernant le plan prévu s’affichèrent en surimpression sur les images du vaisseau dans tous les casques. En même temps que l’Esprit de la Machine, les guerriers assimilaient les informations pour les utiliser dans le feu du combat. Les technologies devaient aider l’homme, jamais se substituer à lui. Une telle paresse avait failli anéantir l’humanité, bien avant l’Ere de l’Imperium. -« Quand ce sera fait, nous aurons le contrôle du vaisseau. Nous laisserons aux traîtres le choix de se rendre ou de mourir sur-le-champ. » Le chapelain balaya du regard l’arc de cercle formé par ses guerriers rassemblés entre les masses sombres des deux barges d’abordage. Ses hommes restèrent impassibles tandis qu’il se redressait. -« Des questions ? » demanda-t-il. Rien ne vint. -« Alors recommandons nos âmes à l’Empereur. » conclut-il. Les cliquetis des bolters qu’on arme lui répondirent. Et tandis que ses guerriers s’écartaient devant lui en entonnant les prières rituelles de veille de bataille, le chapelain s’avança au milieu d’eux en brandissant son Crozius Arcanum pour les bénir. __ Assis sur l’un des sièges spartiates de la barge exiguë, Kirius sentait peser sur ses épaules sa charge de chapelain. Il tenait entre ses mains son masque de mort. Le crâne grimaçant qui lui faisait face le contemplait de ses orbites vides. Avec le crozius et la peinture noire de son armure, c’était l’un des insignes des prêtres-guerriers space marines. Comme avant chaque combat, il allait le fixer sur son casque. Il deviendrait alors, pour ses frères de bataille et pour ses ennemis, l’incarnation de la mort. La barge oscilla légèrement comme un bateau ballotté par la houle tandis que le pilote la dégageait doucement du hangar. La porte blindée ne s’ouvrait plus que partiellement, rendant la tâche délicate. Le vaisseau se mit à avancer par à petits coups inconfortables en direction de l’ouverture donnant sur l’espace. La vingtaine de guerriers que contenait l’habitacle endura en silence. La majeure partie des survivants était formée par les space marines des équipes d’assaut présentes dans le hangar au moment de l’attaque. Il y avait également deux techmarines et une dizaine de serfs. Ceux-ci avaient revêtu des armures de combat spatial classiques, semblables à celles qu’employait la Garde Impériale. Pas plus de cinquante personnes, sur un équipage qui en comptait plus d’un millier. Trois frères de bataille de l’escouade Reclusiam de Kirius étaient inscrits au décompte des morts. Devant l’impossibilité de ramener leurs corps et ceux des autres guerriers sur Echtelion pour que leurs cendres transformées en diamants rejoignent la voûte du Sanctus, Kirius s’était résigné à les abandonner au néant. Leurs armures étaient également intransportables et les morts avaient emporté avec eux ces biens précieux. Il avait célébré une brève cérémonie puis les cadavres avaient été sortis du vaisseau par l’un des sas encore utilisables, chacun placé dans un linceul frappé de l’aigle bicéphale. Ils flottaient maintenant pour l’éternité dans l’espace froid et mort, débris parmi des milliers d’autres, au milieu des véritables étoiles. Ces hommes étaient morts sans que leur disparition serve l’Imperium, et Kirius craignait qu’il en soit de même pour lui et ses hommes. Cet abordage improvisé d’un adversaire formidablement armé et supérieur en nombre était une folie. Un rien pouvait faire échouer la tentative. À commencer par le risque que l’ennemi repère les mouvements autour de l’épave avant que les deux barges ne puissent la quitter, auquel cas ils seraient immédiatement foudroyés par le feu des armes du croiseur. Kirius retourna le masque et regarda l’intérieur. Des mots étaient gravés au creux du front. Il les connaissait par cœur. Ils avaient été mis là par son mentor, quand il avait reçu de ses mains les insignes de sa fonction de chapelain. « Dans une époque de Ténèbres un aveugle est le meilleur guide. Dans une époque de Démence, regardons le fou nous montrer la voie. » Alors suivons le fou une fois de plus, pensa-t-il. Il porta le masque à son visage et le fixa sur son casque en murmurant une prière à l’Esprit de la Machine. S'il n’était pas capable de se dépasser pour tenter d’égaler les actes de l’Empereur, comment le commun des mortels le pourrait-il ? Si lui, un chapelain, ne croyait pas en la victoire, comment ses hommes le pourraient-ils ? Qu’importe que les probabilités soient contre eux. Un space marine ne connaît pas la reddition. Il lutte jusqu’à la victoire ou meurt en chemin, mais jamais il n’abandonne. La vraie défaite c’est de s’avouer vaincu. -« Mon Père, nous sommes dégagés de l’Ultime Croisé. Nous serons alignés avec le vecteur d’abordage dans deux minutes et vingt secondes. » fit une voix dans son casque. Le chapelain sortit de ses pensées et se concentra sur la tâche qui l’attendait. -« Bien, frère Sengus. » répondit-il au techmarine qui pilotait la barge. Sans bouger de son siège, Kirius changea les réglages de son casque pour s’adresser à l’ensemble des frères de batailles et des serfs. -« Frères, les mauvaises herbes ont poussé dans le champ et le temps de la moisson est venu. Du milieu des justes nous faucherons les vies des hommes mauvais. Nous sommes la faucille ! Malheur aux traîtres car le jugement arrive ! » -« En Son Nom et pour l’Humanité ! » répondirent-ils d’une seule voix. -« L’Empereur nous regarde, montrons-nous digne d’être Ses fils ! » ___ Les deux barges se tenaient dans l’ombre de l’épave du croiseur, hors de vue de leur cible. Leur peinture d’un noir mat et les blindages utilisés diminuaient encore les risque de détection. Aucun souci d’aérodynamisme n’avait présidé à la conception de la coque. Les deux vaisseaux avaient une section hexagonale aplatie, comme passée sous une presse hydraulique. L’avant était occupé par un petit poste de pilotage et les sièges des troupes d’assaut. Les puissants moteurs occupaient la plus grande partie du petit transport. L’autre élément essentiel était le sas ventral circulaire. Entouré de découpeurs au plasma, il n’avait qu’une fonction : forer un accès dans la coque de l’adversaire. Le reste du ventre des barges était équipé de divers systèmes de fixations. Que la cible soit de conception humaine ou xenos, il y avait forcément l’un d’eux qui pourraient s’y amarrer. Le lent mouvement de rotation de l’épave allait bientôt dégager la trajectoire entre les deux barges et leur proie. L’éclat aveuglant de l’étoile de Jomark se refléta sur la coque torturée du croiseur détruit, puis soudain le vaisseau ennemi fut en vue. Dans un grondement de fin du monde uniquement perceptible pour leurs occupants, les moteurs des barges s’allumèrent. Deux gigantesques traits de feu déchirèrent l’obscurité de l’espace, propulsant les barges vers le croiseur ennemi à une vitesse phénoménale. Debout leur colonne de plasma, les vaisseaux formaient la pointe minuscule de lances immenses. Les alarmes devaient commencer à hurler sur la passerelle de leur cible, mais il était déjà trop tard. Sur sa visière connectée aux caméras de la barge, Kirius voyait leur cible se rapprocher vertigineusement vite. Il sentait la fièvre du combat monter en lui tandis qu’il récitait avec ses hommes la litanie de la Juste Colère. Le sang battait à ses tempes au rythme d’une rage froide et implacable. La transe d’Acheon montait mais il la maintenait sous contrôle, comme un torrent sous la glace. Certains détails s’estompaient, d’autres paraissaient plus nets. Le vaisseau était tout proche maintenant. Les deux lances de lumière s’élançaient vers le croiseur, semblant vouloir le transpercer. ________ Ajout du 26/12/2006 Un choc violent. La barge venait de se poser sur la coque du croiseur. Une série de bruits sourds. Un sifflement. Le grincement de la tôle torturée. Les torches au plasma commençaient à découper un accès au niveau du sas ventral du vaisseau d’abordage. Kirius détacha son harnais et se leva en même temps que ses hommes. Les guerriers rejoignirent en silence le sas ventral à l’avant de la barge. Ils savaient tous ce qu’ils avaient à faire, ils avaient répétés ces gestes un nombre incalculable de fois. Le diaphragme au sol qui fermait le sas laissait échapper les gémissements de la coque déchirée par les torches. Au-dessus, un disque accroché au plafond contenait plusieurs dérouleurs. Kirius et trois des guerriers de son escouade attrapèrent les mousquetons et les fixèrent à la ceinture de leur armure en tirant sur le câble. Les autres frères de bataille les entourèrent, prêts à prendre leur place dès qu’ils auraient commencé la descente. Dans un coin de la visière du chapelain une barre verte virait au rouge au fur et à mesure que les découpeurs au plasma s’acquittaient de leur tâche. Le plancher métallique vibra puis le disque d’adamantium se décrocha de la coque dans un ultime grincement. Dans la seconde qui suivit le diaphragme s’ouvrit sur un puit de ténèbres. Sans hésiter, Kirius et ses trois space marines s’y laissèrent glisser. Les faisceaux des torches sur les casques des quatre marines suspendus à leur câble étaient la seule lumière qui déchirait l’obscurité. Ils filaient à toute vitesse dans l’obscurité vers le sol, le long de parois de métal. Ils étaient dans l’espace entre la coque extérieure et les lieux de vie, qui servait au stockage de tout ce dont a besoin un navire de guerre en campagne. Le chapelain avait choisi cet partie en accord avec les vétérans des troupes d’assaut, pour la relative facilité d’intrusion qu’il permettait. Sur la paroi qui défilait, le pinceau lumineux de la torche du chapelain accrocha un mot en haut-gothique. Eau. Au moins, se dit-il, ils n’étaient pas arrivés à côté des réserves de carburant. Au-dessus de lui, quatre autres guerriers s’élançaient à sa suite au bout de leur câble. Kirius sentit sa descente ralentir et se prépara à l’atterrissage. Malgré la décélération, le contact fut rude. Tout en amortissant en fléchissant les genoux, il décrocha le mousqueton. D’un même mouvement, les quatre marines balayèrent l’espace autour d’eux en braquant leurs armes. Rien. Se regroupant deux par deux pour se couvrir, ils se déployèrent sans cesser de scruter les ténèbres. Pistolet-bolter pointé devant lui, prêt à faire feu, le chapelain cherchait la porte de service qui donnait sur le reste du croiseur. Il sentait derrière lui présence de frère Meirion. Les space marines continuaient d’arriver à quelques secondes d’intervalle, silencieux et efficaces. Kirius repéra le disque découpé dans la coque qui gisait un peu plus loin, mais toujours pas de porte. Faisant appel à sa mémoire, il continua à longer la paroi du réservoir en direction de l’endroit où elle devait se trouver. Quelques instants plus tard il apercevait ses contours. Il donna l’ordre à sa boussole numérique projetée sur son casque d’indiquer l’emplacement de la porte en utilisant un code vocal préprogrammé puis envoya l’information à son équipe. Quelques instants plus tard les space marines convergeaient silencieusement vers lui. __ Le couloir était peint en blanc cassé et actuellement désert. Une porte donnait dessus, avec sur le battant un pictogramme rappelant que le port d’une combinaison pressurisée était indispensable pour pénétrer de l’autre côté. Au loin on entendait l’alarme indiquant que le vaisseau avait été abordé par l’ennemi. La porte s’ouvrit doucement pour livrer passage à plusieurs guerriers en armure à l’air farouche. Ils se déployèrent aussitôt pour se couvrir les uns les autres. Ils furent suivi par deux dizaines d’autres marines. Au milieu de ses hommes en armures grises, la peinture noire de celle de Kirius détonnait. Il pénétra dans le couloir parmi les premiers. Son thermomètre enregistra une hausse d’une dizaine de degrés de la température. Il indiqua d’un geste de la main la direction à suivre. Le groupe d’assaut entama sa progression, méthodiquement mais rapidement. Les space marines remontaient la coursive en direction de la passerelle depuis quelques minutes quand Kirius entendit dans ses écouteurs la voix d’un des soldats qui couvraient l’arrière. -« Mon Père, les portes coupe-feu se referment derrière nous. » Ils se décident enfin à nous affronter songea t-il. Et si cela leur faisait plaisir de leur couper la retraite, tant mieux. Quant à lui, il poursuivrait son chemin droit devant, quel que soit l’obstacle. -« Bien reçu. Groupe Dague, préparez-vous au contact. » répondit le chapelain. Sans cesser d’avancer, Kirius vérifia l’indicateur de charge de son pistolet-bolter. Vert. Parfait. De sa main gauche il saisit le manche de son crozius et le détacha de sa ceinture. Il soupesa la lourde masse, s’assurant une bonne prise. Puis il tendit l’index vers le bouton activant le champ énergétique. Une lueur bleutée entoura l’aigle bicéphale en adamantium massif à l’extrémité du manche. Le couloir leur apporta le bruit d’hommes en train de courir à leur rencontre devant eux. Kirius sentait monter la tension accumulée depuis des heures, se mêlant à la colère. Une sensation de chaleur se répandit dans ses membres. Il sentait ses hommes aussi impatient que lui de se battre, leur ardeur était presque palpable. Le grondement sinistre du moteur des épées tronçonneuses s’éleva dans la coursive. Les space marines n’entonnèrent aucun cantique, aucun chant guerrier. Le bruit de leurs armes serait leur prière. Devant eux, le couloir était bloqué par une porte abaissée. Les pas de leur ennemis se rassemblant de l’autre côté faisait vibrer le sol. Kirius s’abandonna à la transe. Ce fut comme s’il s’éveillait. Il n’avait plus à comprendre, il savait déjà. Il pressentait les multiples possibilités de l’avenir immédiat et pouvait choisir la meilleure. Il ressentait la moindre parcelle de son corps. Il était une arme mortelle, d’une précision inégalable. Et il sentait la rage consumer son cœur. Comme un feu qui se répandait en lui et le faisait se mouvoir, canalisé par la transe. -« Frères ! La mort pour les traîtres ! » cria-t-il. -« En Son Nom et pour l’Humanité ! » répondirent les guerriers. La porte s’ouvrit, livrant passage à un peloton de gardes impériaux en treillis noirs. Ils portaient non pas le gilet pare-balle générique, mais une armure carapace, bien plus efficace. La protection recouvrait leur torse et leurs avant-bras. Ils étaient armés de fusils lasers à baïonnette et d’épées tronçonneuses. Le premier rang marqua une légère hésitation à la vue des space marines mais la discipline reprit immédiatement le dessus. Ils mirent un genou en terre et deux rangées de fusils lasers se braquèrent sur Kirius et ses hommes. Galvanisés, les guerriers s’élançèrent vers les soldats de la Bannière Noire avec une agilité et une vitesse surprenante pour le poids des armures énergétiques qu’ils portaient. -« Terra Victor ! » hurla Kirius, et le cri de guerre fut repris par ses hommes. Les soldats face à eux restèrent imperturbables. -« Furb Inperiun ! » Le cri de guerre de la Bannière Noire retentit en même temps que l’ordre de tirer. Les fusils lasers claquèrent en rafales. Sans même détourner son regard, Kirius sut qu’aucun de ses frères n’avait été blessé sérieusement. Il se rua en poussant un cri de rage sur le premier rang qui lui faisait face. Un coup de taille de son crozius ouvrit une faille dans la première ligne, il s’y engouffra. Frappant de part et d’autre, il ne laissa pas le temps à ses ennemis de riposter. Un renégat s’effondra à sa droite et fut remplacé par le sergent Meirion. Devant le chapelain, l’ennemi avait resserré les rangs et formait une ligne compacte, menaçant de bloquer la charge. Son pistolet-bolter ouvrit une brèche. Il bondit en avant, pulvérisant le crâne d’un des soldats sous son crozius. Toujours à la pointe de l’assaut, il s’enfonça dans les lignes adverses. Chacun de ses gestes était précis et calculé. Plongé dans la transe d’Acheon, tout son être était tendu vers un seul but. Vaincre en inspirant la peur. L’enchaînement de ses assauts et de ses esquives ressemblait à une chorégraphie, bien qu’il ne prévoie rien à l’avance, se contentant d’exploiter les possibles de chaque instant. Porté par la lutte, Kirius sentit grandir l’exaltation du combat. La Bannière Noire sembla flancher un instant sous la violence de l’assaut, puis une clameur retentit et les renégats se ruèrent vers les space marines. Taillant et frappant sans discontinuer, Kirius continua son avance malgré tout. Le bolter cessa soudain de prier, à court de munitions. S’en apercevant, deux soldats tentèrent leur chance. Kirius sentit l’avenir basculer, les probabilités de sa mort augmentant dangereusement. Il réagit instinctivement. Se servant de son arme vide comme d’une masse, le chapelain frappa au ventre l’adversaire le plus proche puis remit rapidement le pistolet à l’étui. Il sentit que l’équilibre se rétablissait. Levant à deux mains son crozius, il se rua à nouveau dans la mêlée. __ Le groupe Sabre avait abordé tout près de la salle des machines et n’avait rencontré aucune résistance sur le court chemin qu’il avait eu à parcourir. Les space marines pénétrèrent dans l’immense salle en verrouillant la porte blindée derrière eux. Les spectacle qui s’offrait à eux était incroyable. La salle des machines était si grande qu’on n’en voyait pas l’extrémité. L’espace était traversé d’innombrables passerelles, échafaudages et échelles de métal qui semblaient bien frêles comparés aux énormes tuyaux qui convoyaient les gaz et les liquides nécessaires au fonctionnement des moteurs. D’une taille inimaginable, cyclopéens, ceux-ci occupaient le cœur de la machinerie. Leurs tubes, sans doute aussi gros que les tours de la forteresse du Chapitre, étendaient leur longueur sur plusieurs centaines de mètres. Un nombre incalculable de conduites de toutes tailles les reliaient aux réservoirs et aux capteurs comme autant de cordons ombilicaux. Dans ce temple à la gloire de la Machine, des centaines d’hommes s’activaient, entretenant et réparant en permanence ce monstrueux organisme de métal. C’était de cet endroit que les vingt space marines devaient s’emparer. Et ils allaient réussir, le sergent Fridric n’en doutait pas. Ils allaient faire comme d’habitude. Méthodiquement. Mortellement efficaces. -« Séparez-vous par escouades de cinq. Progressez vers le poupe. Verrouillez les portes en utilisant le code prioritaire. Ne faites pas de prisonniers. En Son Nom et pour l’Humanité ! » Les guerriers se dispersèrent dans le dédale. En dix minutes le complexe était isolé du reste du croiseur. Les space marines s’enfoncèrent alors vers le cœur de la machinerie et le massacre commença. __ Un nouvel obus s’écrasa sur le mur d’adamantium, réussissant seulement à le noircir davantage. Kirius était un peu plus loin, abrité derrière des caisses de boulons que frère Meirion avait trouvées dans une aire de stockage voisine. Devant lui le couloir continuait tout droit, avec un embranchement à droite qui menait directement à la passerelle du croiseur. De l’autre côté ils pouvaient voir l’autre moitié de son équipe, également abritée. Après avoir vaincu le peloton envoyé à leur rencontre, en perdant tout de même trois frères de bataille, le groupe Dague avait presque réussi à atteindre son objectif. Mais l’ennemi s’était retranché avec un autocanon devant l’accès et il était impossible de progresser davantage. Kirius enrageait. Ils étaient bloqués depuis cinq minutes et chaque instant qui passait augmentait les risques d’être pris en tenaille par des renforts. -« Vous êtes prêts cette fois ? » demanda t-il par-dessus son épaule. Le techmarine auquel il s’adressait ne répondit pas. En fait il paraissait d’un calme inébranlable comme si rien ne pouvait l’atteindre, à l’image des machines qu’il servait et qu’il admirait. Il avait passé les dernières minutes à modifier les réglages des chalumeaux et des torches à plasma des bras de son servo-harnais. L’encombrant matériel le faisait ressembler à une sorte d’araignée, mais il allait sans doute les tirer d’affaire. Deux guerriers équipés de lance-flamme encadraient le techmarine. Le chapelain se leva légèrement et jeta un œil par-dessus sa caisse sur ses hommes situés en face. À travers la fumée, ceux-ci lui firent signe qu’ils étaient prêts. Kirius acquiesça et se retourna pour jeter un coup d’œil circulaire sur ses hommes. Ils n’attendaient plus que son signal. Il leva la main. -« Très bien les gars. Fumigènes, grenades et tir de suppression, on prépare le terrain pour frère Sengus ! » ordonna t-il. Il baissa la main et jeta lui-même une grenade dans le couloir. D’autres volèrent. L’autocanon répondit aussitôt, mais les explosions qui suivirent obligèrent les gardes à se mettre à l’abri. Dès qu’il cessa de tirer Kirius se redressa. -« En avant ! » Les guerriers jaillirent à sa suite et arrosèrent au jugé les positions retranchées masquées par la fumée pour contraindre l’adversaire à rester à couvert. Quelques tirs sporadiques mal ajustés leur répondirent. Sans perdre de temps, le techmarine Sengus et les autres guerriers se mirent en place. À genoux le long du mur, utilisant des corps de renégats en guise de couvert, le chapelain vérifia qu’ils étaient prêts. -« Feu ! » cria Kirius pour couvrir le bruit des bolters. L’enfer se déchaîna aussitôt. Les gueules des lance-flammes et des torches à plasma du techmarine vomirent des torrents de feu à travers la fumée. Tout devint jaune orangé, comme si l’air lui-même s’embrasait. Les capteurs optiques du casque de Kirius modifièrent leurs réglages pour lui éviter d’être aveuglé. Le thermomètre indiquait une hausse constante de la température. Les hurlements des renégats retranchés s’élevèrent presque immédiatement. Kirius frissonna. C’était à peine imaginable que des hommes puissent crier de cette manière. Cela dura quelques dizaines de secondes, puis les voix se turent une à une. Le flot de feu s’interrompit et un silence étrange plana sur le couloir. Il se redressa. Compétent et disciplinés, ses hommes commençaient à avancer vers la position ennemie. Mais les serfs avaient l’air mal à l’aise. -« Espérons que leurs tourments leur vaudront le rachat de leur âme devant l’Empereur. » dit-il en regardant les restes calcinés de l’autocanon. Métal, tissu et chair étaient irrémédiablement fusionnés. Il devinait ce que ressentaient les serviteurs du Chapitre pour qui c’était le premier vrai combat. Il avait vécu la même chose lors de sa première bataille contre d’autres hommes. Créés et éduqués pour combattre au nom de l’humanité unifiée, les space marines subissaient un choc la première fois qu’ils devaient tuer ceux qu’ils auraient dû défendre. Mais on s’y faisait vite. Kirius n’éprouvait désormais plus que du mépris pour ces hommes qui entraînaient l’Imperium dans leur folie fratricide. Les space marines dépassèrent les reste carbonisés de la dernière ligne de défense et se retrouvèrent devant la porte blindée de la passerelle. Ils se déployèrent devant tandis que Kirius s’approchait du clavier numérique dont le code ouvrait l’accès. Le texte « Clavier verrouillé » clignotait en rouge sur le petit écran, indiquant que la porte était bloquée depuis la passerelle et que le clavier ne pouvait plus l’ouvrir. -« Terminus, Epsilon, Régent, Rejuvenator, Aleph. » récita le chapelain. -« Code prioritaire reconnu. Veuillez donner la clé de confirmation. » lui répondit une voix artificielle, ni masculine ni féminine. -« Orion-Origine. » -« Code accepté. » fit laconiquement le clavier. TERRA O-O. Le code prioritaire implanté dans les Esprits de la Machine de la plupart des vaisseaux et équipements de l’Imperium depuis l’Hérésie d’Horus. Il n’était connu que des Adeptus Astartes, les Légions space marines, de la Sainte Inquisition, de certains membres de la Garde Impériale et d’autres serviteurs de l’Empereur triés sur le volet. En leur permettant de se faire obéir en tout lieu, le code était la matérialisation de Sa Volonté. Il y eu un grondement profond quand les barres de verrouillage sortirent de leur logement dans la porte. Kirius se prépara. Il aurait donné cher pour voir la tête du capitaine et de son équipage en ce moment même, alors qu’ils comprenaient qu’ils n’avaient plus aucune protection. Les panneaux blindés s’écartèrent. Les vingt-deux guerriers firent irruption sur la passerelle de commandement avec rapidité en se couvrant mutuellement, armes braqués sur les occupants. Le lieu ressemblait aux passerelles des croiseurs du Chapitre, avec ses consoles disposés à chaque endroit disponible et son fauteuil de commandement au centre. -« Posez vos armes ! Agenouillez-vous mains sur la tête ! » cria le chapelain. Kirius était tendu. Ils avançaient sur un fil très mince. Ils devaient faire comprendre à l’équipage qu’il avait une chance de survivre en se rendant afin d’éviter une tentative de résistance désespérée. Le chapelain ne pouvait pas se permettre une fusillade au milieu des équipements indispensables au contrôle du croiseur. Certains obtempérèrent, d’autres restèrent paralysés par la peur. Par l’Empereur, allez-y, jura t-il intérieurement. La situation menaçait de lui échapper. -« J’ai dit mains sur la tête ! Dernière sommation ! » aboya-t-il. Le capitaine sortit son pistolet-laser de son étui et le posa au sol en s’agenouillant. Le reste de l’équipage fit très rapidement de même. Personne n’émit de protestation. Même s’il n’en avait jamais vu de leur vie, ils savaient qu’ils étaient face à des space marines, et ils savaient ce que cela signifiait. -« Très bien. Rassemblez-les là-bas. » fit-il a ses hommes en indiquant un des coins de la salle. Tandis que ses frères emmenaient sous bonne garde les prisonniers terrifiés, Kirius s’approcha du fauteuil de commandement et se planta devant, cherchant du regard les commandes des communications. Il effectua quelques réglages pour pouvoir s’adresser à tout le vaisseau, puis il chercha Meirion du regard. Ce dernier approchait à grands pas de la porte qu’il venait de refermer. -« Sergent, avez-vous des nouvelles du groupe Sabre ? » Meirion salua en frappant du poing droit sur sa poitrine. -« Oui, mon Père. Ils viennent de m’informer qu’ils sont maîtres de la salle des machines. » Pour la première fois depuis qu’il était revenu à lui dans l’épave de l’Ultime Croisé, Kirius se sentit légèrement détendu. Il reconnaissait cette sensation. C’était celle de la victoire. -« Parfait. Nous allons pouvoir annoncer sa défaite à l’équipage. » Il ôta son casque sur lequel était toujours fixé le masque de mort et se pencha vers le micro de la console. -« Soldats de la Bannière Noire. Ici le chapelain Kirius de la septième compagnie du Chapitre Metamarines. Au nom de l’Imperium, moi et mes hommes venons de prendre le contrôle de la passerelle et des systèmes de propulsion. Rendez-vous sans condition, ou bien j’évacuerai l’atmosphère du vaisseau, et vous avec. » ________
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