Courir. Oui, courir et prevenir...
Le Sergent Hans Fretz ne pensait qu'à ça alors qu'il courrait à travers la brume, entre les sombres arbres d'une forêt inquietante.
Courir et prevenir le Comte...
Il avait été envoyé par le Comte Peter von Stople, le souverain de Leichberg, le dernier rempart du Stirland avant la terre maudite de Sylvanie.
Soudain, il entendit un hurlement de loup. Il fallait accelerer, malgré ses poumons en feux.
Hans avait réussi à s'infiltrer dans l'un des châteaux en ruines qui résident encore en ces lieux abandonnés de la Lumière de Sigmar. Le Sergent avait découvert les plans du Maître des lieux... Ce Vampire s'appretait à lever une grande armée de morts-vivants ! Il ne faisait nul doute que sa terre natale, le Stirland, courrait un grand danger.
La bête accelera, ou plutôt les bêtes. Hans ne savait pas, il était trop terrorisé pour se retourner.
Le Stirland, non, l'Empire tout entier, dépendait de cette course. S'il réussissait à atteindre Leicheberg, les forces du Grand Comté seraient averties, et pourraient contrer la menace...
Le Sergent sortit des bois, et put découvrir que trois énormes loups étaient à ses trousses. Il ne pouvait pas aller plus vite, les ignobles créatures allaient le rattraper...
C'est alors qu'il vit une lanterne, la seule lumière, exceptée celle de Manslieb, éclairant les environs. Hans courra vers elle, il pouvait déjà sentir l'haleine des créatures.
-Apportez cela au Comte ! Au Comte de...
Il ne put jamais terminer cette phrase, les trois loups funestes s'étaient aggripper au cou de leur proie. L'homme à la lanterne resta pétrifié d'effroi en voyant ces monstres. Pourtant, elles ne semblèrent pas le remarquer et s'acharnèrent à achever le Sergent. Le paysan envoya son chien contre les loups, et s'enfuit en direction de Leicheberg aussi vite que ses jambes le purent.
Le Commandant Suprême des Forces du Stirland arriva devant le Palais du Graf Albérich Haupt-Anderssen. Le Comte Electeur du Stirland avait organisé un bal en l'honneur de la victoire de ses armées sur les Hommes-Bêtes.
Anton Ludenhof, le principal responsable de cette glorieuse battue, avait bien evidemment été invité.
Anton sortit de son carosse et commença à monter les marches de l'imposant bâtiment. Il portait son armure légére, ainsi que son épée, celle-ci rangée dans son fourreau sur la hanche gauche de son propriétaire.
L'histoire lui avait montré que même durant les plus somptueuses cérémonies, il se devait de rester vigilant. L'uniforme d'Anton comportait deux couleurs : le vert et le jaune, et on pouvait y admirer les dizaines de medailles qui pendaient sur sa poitrine, signe de sa bravoure et de sa stratégie militaire. Arrivé à l'entrée du Palais, il salua l'un des gardes :
-Caporal, comment sont les environs ? ordonna Anton.
L'homme se mit au garde à vous et répondit :
-Nos hommes parcourent le périmètre comme prévu, Commandant Suprême ! Rien de suspect n'a été vu !
-Fort bien, restez toutefois sur vos gardes...
-A vos ordres !
-Tâchez de ne pas attrapper froid avec ce maudit hiver..., dit Anton en ouvrant la gigantesque porte.
Le Commandant Suprême fut étonné des milles lumières et des beautés qu'il rencontra dans le séjour. Un serviteur vint lui prendre son manteau et l'amena dans la salle du bal.
Nombres de danseurs et de danseuses étaient sous les yeux d'Anton. Sur l'aile droite de la pièce, se trouvait une vingtaine de musiciens qui jouaient et qui ne relevaient jamais la tête de leurs partitions. Sur l'aile gauche, le Ludenhof vit une table, qui par ailleurs était extremement garnie, où le Graf présidait.
Anton descendit l'escalier et se dirigea vers la gauche. Il put reconnaître le Capitaine Wilfied Klieger, chef de la garde personnelle du Comte Electeur, le Comte Martin Von Anderssen, souverain d'Anderssenstadt, ainsi que le chef de sa garde, le Lieutenant Lothard Grünider, ainsi que que Rudolph Volzinger, le maire de Kemperbad, accompagné lui aussi du dirigeant de sa garde personnelle, le Commandant Karl Von Heutrass. A la grande surprise d'Anton, Le Comte Rudolph von Wissen, le souverain de Sylvanie était lui aussi présent. Le Commandant Suprême vit bien d'autres personnes à la table du Graf, mais il ne les connaissait pas toutes.
-Ah, Ludenhof enfin ! dit le Comte Electeur.
-Mes respects, Excellence. Pardonnez moi de ce retard, je suis confus, répondit Anton embarassé.
-Voyons, ce n'est rien ! Il faudra un jour m'expliquer pourquoi avez vous choisi de vivre à l'extérieur de Wurtbad... Asseyez vous donc ! dit le Comte en désignant un siège sur sa droite.
-Je vous remercie de votre clémence, monseigneur, dit Anton en s'exécutant.
Le Graf regarda alors tous ses invités, et leva son verre.
-Vous savez tous et toutes qu'aujourd'hui le Commandant Suprême des Forces du Stirland, Anton Ludenhof, l'homme assit à ma droite, a réussi à mener nos hommes à la bataille. Messieurs, Mesdames, je voudrais qu'on lève nos verres à la victoire des soldats du Stirland contre ces infâmes Hommes-bêtes ! A la victoire ! dit le Graf en amenant sa coupe de vin à ses lèvres.
-A la victoire ! dirent en coeur ses invités, en l'imitant.
-Alors dites moi, von Wissen, comment vont les Nains de Zhufbar ? demanda Haupt-Anderssen en se remettant sur son somptueux siège.
Le concerné regarda son souverain, et lui répondit :
-Eh bien, monseigneur, les Nains de Zhufbar se portent on ne peut plus bien. Toutefois, ils restent outrés par l'attitude du Comte d'Averland. Le Haut-Roi de la Citadelle a demandé à notre Bien-Aimé Empereur, Karl Franz Ier de venir discuter de la situation.
-Ah oui ? dit le cousin du Comte, ils auraient pu aussi penser à nous...
-Allons, pourquoi nous auraient-ils inviter ? demanda Volzinger.
-Pourquoi ? Parce que c'est grâce au sang de notre peuple que la Citadelle de Zhufbar est encore debout ! Qui pourrait retenir ces immondes morts-vivants ?! s'exclama le Comte.
-N'oublions pas que les Nains de Zhufbar nous ont rendus la pareille... répondit Anton.
-Et donc vous dites que le Haut-Roi a invité l'Empereur ? demanda le Graf en tentant de changer de sujet.
-En effet, Excellence, mais Notre Empereur n'aurait pas encore donné sa réponse...
-Il doit être encore trés préoccupé par les suites de la dernière guerre, dit Volzinger.
-Tout comme nous, répondit Anton.
-Cela me fait penser à la merveilleuse défense du Mur Sud de Middenheim, organisé par notre Graf ! dit von Heutrass.
-Oui, levons notre verre à votre exploit ! dit le Commandant Suprême.
Et tous retrinquèrent.
-Dites moi, Ludenhof...
-Oui, Excellence ?
-Avez vous une petite anecdote à nous conter sur Notre Empereur ?
-Eh bien, ma foi, oui...
-Faites donc nous part de cela ! demanda Klieger.
-Ce fut la veille d'une bataille contre les Orcs. Les mêmes Orcs qui menaçaient et le Stirland et le Reikland. Cela se passa il y a plus de cinq ans.
Tous les invités étaient suspendus aux mots du Commandant Suprême.
-Nous étions en train de festoyer, mon estomac se souvient encore de ce succulent rôti !
-Vous verrez que ce soir vous ne serez pas déçu non plus ! répondit le Graf.
-Je n'en doutes pas le moins du monde, monseigneur. Donc, nous parlions de la façon de vaincre ces peaux-vertes. Et c'est alors que l'Empereur me regarda droit dans les yeux. Je me souviendrai toute ma vie de ce regard froid... Et là, Il m'a dit, exactement comme cela, alors Anton adopta une voix grave et autoritaire :
"Ludenhof !" Je répondis : "Oui, Majesté ?" "Pourriez vous me passer le sel ?"
Les invités éclatèrent de rire, même le Graf ne put s'en empecher.
-Ah Ludenhof, je suis bien content de vous avoir choisi pour être mon...
-Excellence ! dit un Garde.
Abasourdi, le Comte Electeur se retourna devant le Garde du Palais.
-Qu'y a-t-il ? Vous venez de m'interrompre ! commença à s'enerver Haupt-Anderssen.
-Milles excuses, mais un message d'urgence est arrivé de Leicheberg. Le Comte Peter Von Stople vous prie de lire immediatement cette missive.
-Bien, bien, donnez la moi !
Le Garde s'exécuta. Le Graf de Wurtbad lut attentivement... Puis, au bout de quelques minutes :
-Je vous prie de m'excuser. Ludenhof venez avec moi...
-Bien, Excellence...
Le Commandant Suprême Anton Ludenhof suiva son Seigneur dans ses appartements. Sans parler, les deux hommes, sans qui le Stirland serait tombé depuis lontemps, avancèrent dans le Palais du Graf. Les murs étaient décorés de tappisseries représentants des scènes de batailles, une des plus imposantes était une representation de la Guerrier-Reine Freya, celle qui unissa les Asoborns avec le Grand Sigmar, à la bataille où toutes les tribus de l'Empire combattaient sous une même bannière.
L'éclairage était faible, seules quelques torches avaient cette fonction, ce qui contrastait intensement avec celui de la salle de bal. Anton n'était pas tranquille... D'habitude, le Graf Albérich attendait la fin de ses soirées organisées pour s'entretenir avec lui. C'était comme une sorte de protocole, le Comte Electeur respectait ses invités. Or, le contenu de cette lettre avait clairement indiquait à Haupt-Anderssen que le protocole était à laisser. Les deux hommes passèrent devant une tapisserie représentant l'Empire... Le regard du Commandant Suprême s'arrèta sur le Hochland. C'était la patrie de ses ancêtres. Ceux-ci avaient eu des divergences avec le Comte Electeur de cette province lors de la Grande Guerre Conte le Chaos. Ils avaient trouvé refuge chez un de leurs amis, le Graf du Stirland. Dés lors, la famille Ludenhof avait été séparée en deux, et ceux du nord vouaient une haine envers ceux du sud. Anton comprenait, mais ne pardonnait. Si son aïeul était parti, c'était pour une noble cause. Il avait demandé à son frère de placer sa confiance dans les forges de Nuln ou dans l'infanterie, plutôt qu'aux Chevaliers. Le Commandant Suprême respectait cet avis, les Chevaliers étaient pour la plupart des têtes brulées, des inconcients, des impétueux ! Nombres de bataille furent perdue, ainsi que de nombreuses vies, par leurs soi-disante "vaillance". L'Empire n'en avait pas besoin. Toutefois, Anton respectait certains ordres, notemment la Reikguard ou encore les Templiers de Morr. Anton méprisait en particulier un ordre : ceux des Chevaliers du Loup Blanc, symbole même de l'inconscience humaine. Tous les autres étaient appellés à disparaître selon lui. En ce qui concerne le Graf Albérich, il n'est pas du même avis que son Commandeur Suprême, mais le respecte. Son second avait la fâcheuse habitude, lui qui était d'ordinaire amical et compréhensif, d'être assez obtus sur ce sujet.
Les deux Stirlanders arrivèrent devant une imposante porte en bois. Deux Gardes l'ouvrirent en silence, de sorte que ni le Graf, ni le Commandant Suprême n'eurent à s'arrêter.
La porte se referma derrière eux.
Albérich Haupt-Anderssen alla s'asseoir à son bureau, encore couvert de contrats, de papiers, et d'autres formalités administratives. La salle était imposante. Anton était situé juste sur le symbole du Stirland, au milieu de la salle. A sa gauche, se trouvait des étagères ouvragées remplies de livres. La plupart était sur la politique, l'économie ou encore la guerre. Le Comte Electeur le devint trés jeune, suite au sucide de son père, il n'a donc pas joui d'une enfance heureuse. Il était nécessaire pour lui de porter le lourd fardeau de sa province, et dû donc apprendre trés vite. A sa droite, se trouvait encore une tapisserie, representant cette fois-ci Wurtbad sous un fugace levé de soleil, qui accueillait les armées victorieuses du Stirland.
Et également deux petits niches. L'une dédiée à Morr, avec le buste de l'ex-Comte Electeur, et l'autre dédiée à Freya et Sigmar.
Derrière le bureau du Graf, de grandes vitres donnaient sur le jardin du Palais. A cette heure de la soirée, on pouvait admirer Morrslieb et Manslieb brillaient dans le ciel des tenèbres.
-Je viens de recevoir une lettre du Comte Peter von Stople, le souverain de Leicheberg. Il m'informe que l'heure est grave... Un paysan aurait informé les Gardes de la ville au sujet d'une lettre qu'il aurait reçu de la part d'un Sergent. Ce Sergent se nomme Hanz Fretz.
-Ne serait-ce pas le Sergent qui fut envoyé en Sylvanie ? demanda le Commandant Surpême, sur un ton des plus polis.
-En effet. Et il est décédé, si l'on en croit les dires du paysan... répondit le Graf sur un ton grave.
-Si ce n'est qu'un paysan, je doute de ces mots, répliqua Anton en regardant son Seigneur droit dans les yeux.
-Vous dites vrai, Ludenhof. Toutefois, j'ai dans ma main la lettre du Sergent Fretz, dit le Graf en agitant une lettre ensanglanté dans la main droite. Lisez Ludenhof, lisez...
-Bien Excellence, dit Anton en prenant la lettre :
Sergent Hans Fretz, de la cité de Leichberg.
Je n'ai que peu de temps. J'ai été reperé par les Maîtres de la Sylvanie, et c'est dans une angoisse extrême que j'écris ces mots. J'ai vu trop de choses... Ils ne pourront me laisser en vie. Le Seigneur Vampire Gustav Von Carstein est de retour. Son armée frappera le Stirland trés bientôt ! La Sylvanie est agitée d'une sombre malediction...
Je prie de pouvoir vous dire ces mots, mais je ne pense pas survivre à cette nuit. J'entends les monstres du Vampire.
Dans la vie ou la mort, je reste votre serviteur...
-Alors ? demanda Haupt-Anderssen d'un oeil interrogateur.
Le Commandant Suprême releva la tête et dit :
-Quand dois-je partir pour Leicheberg, Excellence ?