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Iliaron

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Tout ce qui a été posté par Iliaron

  1. Iliaron

    Les archives impériales

    Iliaron, pour vous servir. Pour l'instant, je n'ai écrit qu'un seul texte dans cette section, qui n'a absolument aucun lien avec le fluff de W40k, que je ne connais d'ailleurs que fort peu . Voilà donc Vie de Rêves. C'est un texte écrit pour un concours, je vous laisse juger . Iliaron
  2. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Ca fait un peu match de foot d'une foule haineuse, ou que sais-je. ne pas prêt, pas paré Cet ustensile existe ou pas? Cela me semble bizarre, mais j'avoue ne m'y connaître que peu. D'ailleurs, "sorte de muselière" est quand même maladroit . ce traitement, pas se Arg ! Et bien, la relecture a été rapide ! C'est alors un fleuve avaient trouvé (pour le passé) allaient trouvé ou trouveraient (pour le futur) Un peu maladroite cette présentation. Disons que s'il était présenté en ville, que Neldirage le note pour la fougue... Mais là Gné, qu'est-ce à dire? En quoi les fleurs et les animaux vont aider Nedi? Ca fait bizarre pour un capitaine comme attitude, de flâner... Ou alors j'ai définitivement rien compris (fort possible ) Pourquoi donc? Les chaotiques ont eu une nuit pour rentrer, surtout que Nedi et ses hommes ont fait un détour (certes ils sont à chevaux, mais on ne sait pas pour les maraudeurs.) Ca condamne surtout à la mort... Mais je ne suis pas sûr qu'un cheval puisse aussi y résister, il faudrait vérifier. En quoi la réputation a-t-elle une importance? Enfin, le froid ne fait pas attraper de maladie, mais l'hypothermie est dangereuse et même mortelle dans leur cas! Tiens, il y a de la civilisation là-bas? les cachèrent est suffisant. ne s'éloigner Enfin, je ne vois pas pourquoi Nedi ne coule pas le bateau. Il est capitaine, il n'a vraiment cure des autres, dirons-nous. L'intérêt de la nation d'abord (j'imagine mal un capitaine s'arrêter au détail d'un bateau et de prendre le risque de laisser les agresseurs disparaître, risque d'autant plus augmenter que normalement il reste presque toujours un membre d'équipage dans le bateau, voire plus pour pouvoir partir rapidement . Au final, j'aime moins car il y a à mon goût pléthore de détails inutiles, comme le fait de s'éloigner seulement par nécessité, le risque de chute avec les maladies (tu mets le mot "mort" et tu enlèves facilement un paragraphe). Même la séquence de l'enterrement m'apparaît quelque peu maladroite: faire son cri de vengeance dans un cimetière... Il aurait au moins pu attendre qu'ils sortent. (certes, tu le justifie, mais le Nedi est paradoxal: d'un côté il n'ose pas couler un bateau pour pas s'attirer les représailles d'on ne sait qui (pas important, et franchement, on n'imagine difficilement qu'il se trompe (dis-toi que le monde que tu écris ne peut être le reflet de la réalité, donc quand un auteur passe un chapitre à décrire leur descente proche d'un navire, ce ne peut qu'être le bon navire, ou alors un qui cache le bon, qui sert de diversion en somme)), mais ose profaner un cimetière par des appels à la guerre (et donc plus de tombes à fleurir). Les dialogues sont aussi moins bon, car on devine qu'ils ne sont là que pour que Nedi explique au lecteur, et non à ses troupes, ce qu'il va faire. De plus, les remarques des soldats, à part pour le bâteau, sont quand même logiques. Dans ces contrées, tu les décris tous comme des barbares, alors ils s'y connaissent un peu dans l'art de la guerre, du moins on le devine! De plus, ils partent en marche alors qu'il y a de la neige, et ne pensent même pas en fin de colonne à un gars avec un large morceau d'un tissu épais pour recouvrir les traces (et les hommes chercheraient aussi à marcher dans les pas du précédent, juste au cas où). Enfin, le nombre d'éclaireur est relativement faible, mais on peut comprendre. Par contre, une fois qu'ils ont établi le campement, là où ils ont le plus besoin d'éclaireurs, tu les enlèves. Il en faut en arrière, pour les prévenir au cas où que des ennemis approchent, mais aussi en avant, au cas où qu'il y ait un deuxième bateau. Là, Nedi semble inconscient pour croire que leur plan fonctionnera à merveille... En fait, ce qui fait le plus défaut, c'est que l'on sent que tu imagines tout un tas de choses sans en être vraiment sûr, et il y a des failles dans l'avancée. Tout semble trop rapide, en fait; les hommes ne savent même pas vraiment ce qu'ils ont à faire... Bon, j'attends quand même le prochain chapitre avec hâte! @ Kroxy: La bannière ne sert nullement pour combattre, et n'est pas seulement mise à une lance, mais à une hampe bien plus longue. Dis-toi qu'une bannière sert à motiver les troupes, si elle n'est même pas assez haute pour être visible, son efficacité s'en trouve d'autant plus réduite . @ Re-Inxy: Je n'ai même pas trouvé (ô horreur, honte, opprobre (bon, en même temps, je suis pas super réveillé, qu'est-ce qu'elle a eu mon inspi de venir toquer à plus de minuit quand je m'endormais, pff ^^)) Franchement, à part le fait que les chaotiques ont eu le temps de partir à mon avis, ça ne me gêne pas trop. Bon, je pourrais aussi ajouter le fait que ces chaotiques qu'on a jamais vu, on sait que ce sont des chaotiques (à la limite), et que sans aucune expérience ils parviennent à tuer cinq soldats (ils sont donc plus que cinq, ou alors ils ont beaucoup de chance ou sont bénis par une bonne magie (Nedi, qu'est-ce tu fais? ). Remarque, en y réflechissant, le fait que Nedi ne nous décrive même pas le navire est gênant, quand même, on remarque la différence d'un navire de combat, qui plus est chaotique, et d'un autre de plaisance ou de l'empire... Aller, et puisque je suis sympa: dès qu'il a vu le bâtiment en flamme, Nedi aurait du utiliser sa vision magique voir s'il ne localisait pas les ennemis. Et en bonus, voilà le dernier problème: Neldirage part vers la mer sans savoir du tout où il doit arriver, réalise un détour voulu, et arrive pile poil au bon endroit (c'te chance ) (et d'ailleurs, comment a-t-il pu rester sur la plage un moment avant l'attaque et revenir en précipitation sans même remarquer quelque chose de troublant. Tiens, ça c'est mon cadeau perso, la liste de toutes les questions et les failles que j'ai pu trouvé dans ces passages (en cherchant un peu, je suis sûr que je peux doubler , héhé, mon ingratitude est de retour (ça faisait longtemps, hein; j'espère pas vous avoir manqué )). Iliaron; bon, j'attends la suite, que je puisse houspiller Inxi sur ce problème si choquant (tellement qu'on en a tous les yeux révulsés d'horreur, on le voit, mais on ose juste pas en parler )
  3. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    milliers... Je croyais que dans la cité ils sont environ trois mille, et tout le monce ne doit pas regarder. Je mettrais "centaines" Vrai ! Punaise, l'aime les lapalissades cet Inxi ^^ C'est bien, tu sais former un adverbe , mais ça ne marche pas à tous les coups (ça m'arrive aussi ce genre de mésaventures ). "macabre", ça existe, mais pas "macabrement" Van, vite... Gné? Les autres peuvent pas voir . Je trouve quand même le changement radical, et ne saisis pas le rapport du tout. Enfin, si, je comprends, mais je trouve cela maladroit. Qu'il dise que maintenant qu'il y a de la neige... C'est surtout la remarque étonnée de Van qui m'étonne Mais c'est un bon passage sinon! Iliaron
  4. Iliaron

    Les sept compagnons

    Voilà la fin du chapitre. Tout d'abord, j'ai modifié une scène précédente (juste avant la discussion entre Kirtën et son fils). En effet, je tenais absolument à mettre un discours sur les rêves, et il était illogique que je le case après le rêve de Kirla (et oui, cette fin de chapitre est trépidante, enfin je l'espère ). Voilà ledit discours : Les six compagnons mangeaient en silence. L’ambiance qui avait animé joyeusement leur groupe la veille semblait avoir déjà disparu dans les limbes d’un désespoir par trop tenace. Au bout d’un moment, excédé par l’air las de Kirla, Iliaron prit à part son ami et lui demanda simplement : « - Tout va bien ? » « - Je rêvais d’un monde meilleur… Un monde sans indécision, sans guerre, sans haine… Un monde parfait en somme, une utopie… » Après un silence, il conclut : « un monde de rêves » Iliaron frémit à cette parole, et s’exclama de vive voix : « - Il est temps d’arrêter de rêver nos vies et de vivre nos rêves. Tu comprends ? Malgré l’indécision qui nous accable, qui que tu sois, Ath ou homme, il faut passer outre et agir en fonction du futur que tu désires. Ne nous laissons plus abuser par nos destins, menons nos vies comme nous aimerions le faire, sans influence, et luttons ensemble contre les agresseurs ! Que le futur porte les marques de notre volonté, et non que notre volonté soit bridée par le passé ! » Kirla baissa la tête, comme accablé par un poids trop lourd pour un seul homme : « - Cela apparaît si simple… Et pourtant… » « - Jusqu’ici, où t’ont mené tes pensées ? » s’enquit sèchement Iliaron. « - A rien. » « - Faux, à de la résignation, à du désespoir… Au regard d’une utopie, il est certes vrai que les vies que nous menons sont bien obscurcies. Mais cela peut toujours être pire, toujours ! » « - Je ne vois pas comment » répliqua d’un air las Kirla. « Il n’y a rien à faire… » « - C’est justement le poids de l’inaction qui ne cesse de dégrader notre monde et nos existences ! » « - Je me sens si… faible… Je ne sais même pas par où commencer pour trouver notre ennemi, alors le battre… » « - Mais si tu te poses des entraves avant même que de débuter, tu n’iras jamais bien loin. Le destin a eu un malin plaisir a semé des embûches le long de nos vies, il n’est nul besoin d’en rajouter ! » « - Je n’arrive déjà pas à contourner celles de ma destinée ! » « - Il le faut pourtant ! » rugit Iliaron d’un ton impérieux. « - Comment ? » « - A toi de voir, mais il le faut ! Déjà en abandonnant tes craintes, en oubliant tes anciennes peurs et en gardant la foi au cœur, de nombreux problèmes se résoudront d’eux-mêmes ! » « - Mais je suis déjà tant terrifié ! » annonça faiblement Kirla. Iliaron explosa de rage, dégoûté de constater la futilité de son ami qui s’attachait plus à ses peurs superficielles – bien que fondées, mais qui le conduiraient invariablement à la mort – qu’à la situation présente. « - Sois donc l’elfe que tu n’es pas, et sois courageux pour une fois ! » Il parvint à calmer légèrement son accès de rage, et serra les dents en admettant : « tu l’as été à Mor, nous en avons présentement plus que besoin ! » « - Je le sais bien » soupira Kirla. « - Mais ce travail, tu dois le réaliser seul ! » Il s’éloigna de son ami, pour rejoindre les hommes qui avaient assisté en silence à l’échange. Bien que loin, ils n’avaient pas manqué un mot des paroles qu’Iliaron avait eu soin de beugler. Lorsqu’il s’assit, Geoffroy lui lança un regard ouvertement méprisant, tandis que Mav rougissait presque. Au moins, songea l’Ath, ce dernier homme était d’accord avec lui. Kirla resta immobile, se sentant malade de résignation. Il se savait coupable de sa propre faiblesse, lâche au point d’abandonner ses compagnons dans une situation mortelle. Il n’avait ni la force ni le courage de retourner enquêter au niveau de ces carcasses d’écorce, sans non plus avoir l’énergie d’accepter son être entre deux mondes, déchiré entre les hommes et les Aths. Il n’osait même plus regarder son ami Iliaron. C’était lui, plus que quiconque, qu’il trahissait, il le savait désormais. L’elfe venait de lui montrer les moyens de survivre, et l’avait par le passé éduqué pour les combats afin qu’il ait la force de lutter, et était allé jusqu’à se sacrifier en acceptant les hommes au sein de leur amitié, et même de se rendre en Skefoy ! Et lui, il ne trouvait qu’à l’abandonner… Qui était-il donc pour mériter l’amitié d’un tel elfe, lui, ce couard de la pire espèce ? Et voilà ladite suite : * * * Une douzaine d’elfes s’épongèrent le front, tremblants. Ils se trouvaient dans la clairière, au pied de l’Habitat. Tout autour d’eux, l’herbe s’était aplatie, et avait même roussie par endroits sous les puissantes énergies invoquées. Le maître de la magie blanche, Alik de son nom, avait senti un avertissement en pleine nuit. Depuis un certain moment convergeaient vers lui à chaque nuit des messages, qu’il ignorait constamment. La magie était en toute chose, et inconsciemment chacune réclamait de l’aide, cela faisait partie de l’ordre des choses. Ce qui était anormal, en revanche, était le nombre croissant de ces demandes… Mais en cette nuit, un événement inouï s’était produit : la Loriath avait réclamé l’aide des Lanceurs de Sorts. De tous temps la forêt avait été assez puissante pour se défendre seule, mais plus aujourd’hui ! Plus que la Loriath, l’Esprit même était en danger ! Alik s’était aussitôt levé, et avait rassemblé tous les magiciens blancs, à l’exception d’un seul : Iliaron, qu’ils n’avaient trouvé nulle part. Ils étaient ensuite descendus en silence dans la clairière, et Alik avait remonté le fil de sorcellerie de l’Aube qui allait de l’Habitat à l’orée de la forêt. Durant tout ce temps, les autres lanceurs cherchèrent à espionner la conversation et à découvrir l’identité des deux sorciers noirs, mais en vain : la puissance des deux êtres maléfiques était puissante, et leur invocation les protégeait de toute intrusion. Puisqu’il ne pouvait pas lier sa magie blanche à celle de l’Aube, Alik avait décidé de rompre le lien de la conversation. Là où il suffisait d’habitude simplement d’un sort pour le briser, rien ne s’était passé. Il avait aussitôt changé de stratégie, et dirigé une boule d’énergie contre la sorcellerie noire. Une fois la brèche créée, et avant que les deux interlocuteurs eût put interrompre d’eux même le lien les unissant, il s’était servi de ce fil magique comme d’un tuyau dans lequel il avait rapidement invoqué un sort de boule de puissance mineur, et l’avait dirigé contre le sorcier à l’orée de la forêt – celui qui lui semblait le plus puissant -, pensant le carboniser. Sa déception avait été grande lorsqu’il avait comprit que l’ennemi était toujours vivant. Il avait très rapidement localisé précisément l’adversaire à abattre, tandis que trois de ses congénères s’étaient chargés d’animer les trois Gardiens les plus proches. Ils s’étaient ensuite servis de la magie déjà présente dans ces trois arbres comme d’un catalyseur, et Alik avait invoqué une boule de puissance majeure, cette fois-ci. Cela n’avait encore une fois pas été suffisant, mais par malchance. Toujours était-il qu’il avait saisi la nécessité de plus de puissance. Lorsque l’éclair vert ennemi avait frappé le Gardien, un des Lanceurs avait été projeté en arrière, tandis qu’un autre avait repris aussitôt le contrôle de l’arbre. Les huit restants avaient tissé un puissant sortilège, se servant de la sorcellerie noire comme d’un réceptacle pour leur invocation. Mais cela avait été une nouvelle fois vain, et ils s’étaient ensuite laissés berner par une simple illusion, jusqu’à ce qu’Alik ait eu un doute quant à la résistance impressionnante de leur ennemi. Les Lanceurs auraient apprécié pouvoir piéger l’adversaire, mais l’illusion avaient laissé trois mages trop fatigués pour mener encore les Gardiens. Le temps de les remplacer et d’invoquer de nouveaux sortilèges, et l’ennemi était à l’abri dans son refuge, protégé par une sorcellerie bien trop puissante pour les douze Lanceurs dans l’état où ils étaient. Cette altercation gardait d’ailleurs un goût amer pour ces mages, qui avaient échoué dans toutes leurs actions : ils n’avaient pas réussi à percer à jour le masque sous lequel se cachaient les deux sorciers, pas plus qu’ils n’avaient découvert ne serait-ce que leur race : l’être qu’ils avaient eu sous les yeux n’était pas un elfe, mais clairement pas non plus un homme. Et il restait encore la sensation désagréable de ce Mirgandas, cette entité qui avait été invoquée par quatre fois, et avait à chaque fois répondu présente, devenant ainsi l’égal des autres dieux : l’Esprit et le Serpent avaient désormais un rival… Alik fit un geste, et ses compagnons désabusés et encore sous le choc commencèrent à rentrer en direction de l’Habitat. Autant essayer de voler à un destin ignoble quelques heures de sommeil en plus, les jours allaient désormais s’allonger et s’emplir comme par magie – ce devait d’ailleurs être le cas – d’embûches. Dans deux jours, les douze partiraient pour cette guerre contre Skefoy – guerre qui semblait désormais inutile en comparaison du sombre danger qui les attendait juste ici, d’autant plus qu’éloigné de la Loriath la présence de l’Esprit était bien plus faible et à ce jour seul Iliaron était parvenu à lancer une invocation en terre humaine. Cependant, Alik ne désirait pas s’attirer les mauvaises grâces de toute la nation elfique, et pour rien au monde il ne trahirait les siens ! Les douze allaient devoir attendre un mois, voire plus, avant de pouvoir enquêter. Pendant ce laps de temps, les ennemis allaient gagner encore en puissance… A côté de tous ces problèmes, l’absence d’Iliaron dans leur rang semblait presque anecdotique. * * * Kirla s’éveilla lentement suite à la sensation étrange qui l’habitait encore. D’habitude ces réveils avaient été brutaux, mais pas aujourd’hui. Il sentait que quelque chose avait changé en lui, et prenait peur. Il se rappelait parfaitement de Mälthion, ce même Mälthion qu’il avait vu dans le rêve et qui avait en un autre temps ponctué sa fuite de Skefoy. Si le récit détaillé que Geoffroy lui avait déjà fait sur les mercenaires était vrai, alors Anar n’était autre que le chef qui avait vendu ses quatre amis à Malak… Or les deux anciens elfes étaient auparavant amis, et l’étaient certainement encore ! Il lui manquait un indice pour appréhender parfaitement la situation dans laquelle il se trouvait. Tant qu’il ne découvrirait pas la clé de l’énigme il resterait esclave de ses émotions et sensations. Et de cela, il en était sûr, il avait été floué depuis le début ! Seul un sortilège puissant avait pu modifier ses perceptions au point Qu’il ne sache plus précisément quel être il était. Ce qui le ramenait au point de départ : pourquoi ? Pourquoi Anar et les siens s’étaient autant acharné sur lui ? A quoi rimait donc ce manège dans lequel l’elfe renégat les avait embarqué, lui et ses amis ? Soudain, un souvenir afflua à la surface de sa conscience. En ce jour lointain où Mälthion était venu à son aide, comme il l’avait d’abord cru, l’elfe lui avait donné un breuvage, sans doute une potion visant à changer sa mémoire. Non, ce n’était pas tout ! Anar et Folgiwe étaient forcément passé après… En outre, ses amis humains l’avaient reconnu, alors qu’il possédait encore les traits elfiques. Certes, ils avaient admis qu’il y avait eu un léger changement, mais ce dernier ne devait pas être si faible que cela ! Anar et Folgiwe avaient donc certainement modifié les perceptions des quatre hommes. A la pensée du pouvoir énorme qui s’était déjà ligué contre eux, Kirla prit peur. Si Iliaron avait été présent, il aurait été en mesure de le rassurer en lui apprenant que même une faible magie pouvait changer la conscience d’une personne – ce qui était absolument faux, mais Kirla y aurait assez cru pour abandonner sa terreur. Lorsqu’Iliaron était parti, il avait pensé qu’il abandonnait un Kirla trop apeuré pour honorer ses rêves ; en réalité Kirla était alors perdu. A présent, il disposait d’informations qu’Iliaron aurait chéri, tandis que ce dernier possédait l’assurance qui faisait défaut à Kirla. S’ils étaient restés unis, ils auraient eu en leur main le moyen de mettre à bas leur ennemi. Mais justement ils s’étaient dispersés, et de cette désunion ne pouvait naître que la mort. * * * Mav avança en silence jusqu’à sa monture, dont il serra l’encolure dans ses bras, enfouissant sa tête dans la crinière. Il jeta un regard en direction de l’Habitat, là où restaient tous ses amis. Il aurait apprécié de rester avec eux, mais ils s’étaient laissés corrompre par les vicissitudes de la faiblesse, même Geoffroy, surtout Geoffroy ! Il se jeta sur sa selle, les larmes aux yeux. Il commença à trotter légèrement, avant de se retourner une toute dernière fois. Son cœur se serra en songeant aux années d’amitié qu’il laissait derrière lui, à tous ses bonheurs qu’il avait vécus et qu’il abandonnait sciemment. Ils avaient tous été une bande soudée, n’imaginant même pas la vie sans cette amitié. Quelle plaisanterie que tous ces rêves d’une unité indéfectible qu’ils avaient chéri tous ensemble… Il ne put plus contenir ses larmes en songeant à ses quatre compagnons, quelque part dans un des cinq troncs de l’Habitat. Il ne leur avait même pas dit au revoir. Il finit par se détourner, et à lancer sa monture au galop. Il ne savait pas dans quelle direction il partait, mais une telle considération ne l’intéressait plus. En son cœur n’était plus qu’un désespoir si grand qu’il se sentait capable de se laisser mourir ; chevaucher vers l’inconnu au triple galop, jusqu’à mort de sa monture, n’était qu’un moyen. Il croisa un Athi, et éclata en sanglots en songeant à l’enfant qu’il avait été. Tout cela était bien loin désormais, perdu dans un océan de noirceur. Entendant un écho lointain de son nom, il se refusa à se retourner et il talonna à nouveau sa monture, se pencha contre l’encolure, et s’évanouit de tristesse en repensant à ses amis. * * * « - Qu’fait-il » demanda inquiet Arthur, debout dans le salon. Par une ouverture naturelle, il regardait Mav s’approcher d’un cheval, et commencer à le monter. Au bout d’un long moment silencieux, Gontrand annonça simplement : « - Il part. » « - Mais où ? » « - Il ne le sait pas lui-même » affirma Gontrand, sûr de lui. « - C’mment peux-tu l’savoir ? » interrogea Arthur en prenant Gontrand par le col. « - Par son regard. » Arthur lança un regard vers la clairière, et vit avec panique Mav commencer à s’éloigner. « - Qu’a-t-il ? » demanda-t-il avec un tel empressement qu’il en fit s’agenouiller Gontrand. « - Il a perdu tout éclat de vie. » « - Mais il reviendra ? » Gontrand secoua la tête, avant de continuer : « - Non, il part pour toujours. » Arthur fixa intensément le visage de Gontrand, voulant deviner le mensonge sous les traits tirés et émaciés. Mais jamais son ami ne lui avait menti, jamais ! Il lâcha aussitôt Gontrand, et courut comme jamais il ne l’avait fait à travers les couloirs de l’Habitat. Les elfes non assez prestes pour s’écarter furent bousculés sans ménagement. Alors qu’ils se relevaient en grommelant, Gontrand les fit à nouveau tomber dans sa propre course. Les deux hommes se jetèrent l’un après l’autre sur l’échelle de corde, se laissant glisser à toute vitesse contre le sol. Puis ils s’élancèrent à travers la clairière, Arthur criant de toutes ses forces le nom de « Mav », mais en vain. Après plus de cinq cent mètres, Gontrand parvint à le rattraper, et posa sa main sur l’épaule d’Arthur. Ce dernier s’effondra alors contre son compagnon d’arme. « - Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait cela ? » « - C’était son choix. » « - Ne sommes-nous donc plus ses amis ? » « - Si, mais notre amitié a changé en ce lieu. Il ne nous reconnaît plus. » « - Comment ça ? » Gontrand éloigna Arthur de ses épaules, et le fixa intensément dans ses pupilles. « - Nous ne sommes plus à l’image de son espoir, nous n’agissons pas comme il l’aurait espéré. » « - Et comment aurait-il fallu faire ? » demanda Arthur en tremblant. A cela, Gontrand répondit simplement : « - De la bonne manière. » Alors les jambes d’Arthur se dérobèrent, et il s’effondra pesamment à terre, songeant au gâchis qu’avait été leur amitié, brisée par un simple malentendu. Tous avaient le même désir, celui de vivre mieux, mais ils s’étaient disputés sur la manière d’y arriver. Ils payaient désormais le prix fort. Redonner à Kev ses véritables pensées semblait maintenant bien futiles ; leur amitié était brisée à jamais ! * * * « - Que compte-tu faire maintenant ? » demanda Geoffroy. Kirla lui avait raconté le rêve qu’il avait eu, ainsi que les conclusions qu’il en avait tiré. Les deux êtres étaient tous aussi terrifiés, mais ils puisaient de la force en repensant au discours d’Iliaron. Il était temps qu’ils vivent leurs rêves : ces derniers devaient cesser de les tourmenter en les réduisant à l’impuissance. « - J’avoue ne pas savoir… Anar et Folgiwe sont très puissants. Quand à Mälthion, le seul que j’ai vu en vrai, il est potentiellement très dangereux. J’avais senti être aux côtés d’un assassin, alors même que j’étais certainement sous l’influence d’une potion. » Son ton était étrangement calme, comme si en constatant qu’il ne pouvait rien faire, ses craintes s’étaient évanouies. Comme Geoffroy l’avait lui-même dit, ils avaient exploré jusqu’aux tréfonds du désespoir, la situation ne pouvait plus en toute logique que s’améliorer. « - Cela semble si désespéré que ça en apparaît presque possible » se prit à songer Geoffroy. « Nous n’avons aucun moyen de les vaincre, et pourtant j’ai cette impression que nous ne serons soulagés non pas en les gagnant, mais simplement en se battant contre eux, quelque soit l’issue du combat. » « - J’ai aussi cette impression… Au fond je ne me soucie plus vraiment de ma vie désormais. » « - Je n’en suis pas à ce point » se moqua gentiment Geoffroy. « - Notre lutte ne vaut-elle pas le prix d’une vie ? » demanda alors sérieusement Kirla. « - Sûrement, mais j’espère juste que ce ne sera pas la mienne ! » « - Au fond, tu sais que tôt ou tard, toi aussi, tu mourras. » Geoffroy baissa les yeux, et annonça résigné : « - J’aurais aimé que ce ne soit pas ma vie… » Kirla tendit son bras pour apaiser Geoffroy, mais son geste s’arrêta brusquement lorsque ses yeux vinrent à le piquer avec une telle puissance qu’il se prit la tête dans ses mains, et hurla. L’instant d’après, tout bruit cessa dans la salle, lorsque sa conscience quitta son corps, qui gisait aux pieds d’un Geoffroy absolument paniqué. Il se voyait étendu sur une dalle, non, rectifia-t-il intérieurement en observant plus précisément, sur une excroissance boisée. A ses côtés il devinait aussi une autre personne qui lui ressemblait étrangement. Alors il tendit ses bras, et en sortit une effrayante lumière verte, comme du pus qui surgirait de bubons pourris. La vision s’évanouit lorsque, répugné, il força son esprit à échapper à cette vision. Mais son esprit ne réintégra pas son corps, comme il l’avait d’abord pensé. Il se tenait au haut d’un arbre, sur une branche. Regardant à ses pieds, il vit d’abord une sombre entrée noire qui semblait vomie des entrailles même de la terre, comme un long intestin malade qui serpentait sans fin, s’enfonçant toujours plus bas certainement jusqu’en Althior, l’enfer elfique. Puis, alors qu’il levait les yeux, il découvrit une silhouette un peu plus loin, qui avançait aux aguets sur un cheval blanc. Il le reconnut comme étant celui de son ami elfique. En se concentrant sur le cavalier, il remarqua que l’Ath était bien Iliaron. Il tendit son bras droit dans sa direction, et deux elfes renégats apparurent à ses côtés, arc en main, une flèche pointée avec précision vers l’elfe qui avançait, inconscient du danger, trop ébloui par l’obscurité du boyau face à lui pour regarder autre part. Alors Kirla cria, et se débattit violemment. Les deux flèches fusèrent n’importe où, sauf là où elles l’auraient dû. Cependant, une troisième – tirée par un elfe plus loin - désarçonna Iliaron, s’enfonçant profondément dans l’échine de sa monture. Kirla donna un violent coup de pied dans un des archers, qui regarda avec étonnement la branche s’éloigner de lui, avant de crier de toutes ses forces. Dans un craquement macabre, il s’écrasa par terre. Kirla sentit alors une autre présence dans ce corps, qui se débattait avec lui. Il modifia son champ de perception, et plutôt que de voir par les yeux de l’être – Anar, il le savait désormais – il scruta avec attention l’âme de l’ancien Ath. Il devait parvenir à échapper à la conscience d’Anar encore un temps, afin qu’Iliaron ait l’opportunité de fuir. Kirla s’enfonça profondément dans l’inconscient d’Anar, pendant que l’esprit de ce dernier cherchait à le localiser. Il fallut une minute pour qu’il soit repérée, et s’engagea alors une lutte entre les deux âmes, un duel des volontés. Pendant un temps Kirla crut qu’il allait vaincre Anar et prendre possession de son corps, mais le sorcier noir avait l’habitude de ces combats d’esprit. Bien que jamais une âme ne lui ait opposé une résistance aussi farouche, il parvint à la renvoyer. Il voulut la suivre, mais son esprit se trouva cloisonné dans son propre corps, emprisonné dans cette prison de chair. La conscience de Kirla réinvestit le corps de ce dernier, et se retrancha profondément dans les limbes de son esprit pour se protéger. Une fois qu’il fut sûr qu’Anar n’avait put le suivre, il reprit conscience, et ouvrit ses yeux. Geoffroy sursauta lorsque Kirla se leva, alors que l’instant d’auparavant il gisait inconscient, avec un pouls très faible. Lentement et calmement, Kirla déclara : « - Iliaron est en danger de mort ! » Alors: beaucoup de choses en fait . Déjà, Mirgandas, voilà une piste pour le livre II . Au moins vous savez comment ça se passe en partie, et vous avez une autre vision de la scène. Au passage, n'est-ce pas un peu trop redondant avec le passage précédent? Ensuite, le passage avec Kirla. Petite introspection rapide, rien de super important si ce n'est la potion (bon, elle avait quand même un rôle limité). Ensuite, le passage avec Mav, puis celui avec Gontrand et Arthur. Ce chapitre s'appelle désunion, faut bien que je désunisse vraiment, non ? J'espère avoir fait naître des sentiments, c'est là mon unique but, je l'avoue. Vient (enfin) le passage avec Kirla et Geoffroy, qui clot ce si long chapitre (47 pages tout de même ). Au début, ce n'est qu'une discussion sans grand intérêt, juste pour caser une répartie dont j'avais envie (celle avec le prix du combat), car au fond, tout ce qu'ils disent se trouvent totalement modifié par la suite. Mais au moins on ne me reprochera pas (trop ?) leur brusque courage. On a une très courte vision (profitez-en ) du moment d'ensorcellement de Kirla. Au moins l'on devine enfin qui est Kirla (c'est pas trop tôt, me direz-vous ). Ensuite, vient la vision d'Iliaron qui s'approche du Refuge sans faire gaffe des Aths (notez l'oxymore de la mort qui tue ) On a alors le combat entre l'esprit de Kirla et celui d'Anar. Cela présage de la suite, car (je vous laisse deviner, dire que j'allais l'écrire, non mais oh ). Retour dans l'Habitat, avec la phrase qui déchire pour bien poser le suspense et, euh... ensuite la suite . Et dire que j'avais prévu que ce chapitre finisse comme il avait commencé, cad dans le calme. Mon chapitre action risque d'être bien pâle en comparaison . Ah oui, je sais, deux suites dans la même journée, ça fait vraiment beaucoup, mais c'était pour que, euh... vous restiez bien dans l'esprit (en réalité, j'étais vraiment impatient de vous en faire part, plutôt content de ma brusque inspiration ) Iliaron
  5. Iliaron

    Les sept compagnons

    Ils se courrent l'un après l'autre, en fait . Et non: (bon, j'avais aussi fait l'erreur au début ) Hein ? Euh... Ca n'est pas tiré de Feist, ou alors inconsciemment . Ca, c'est la façon de parler des elfes (bon, c'est vrai que ça varie selon ma facilité à alambiquer les phrases, qui augmente exponentiellement avec la fatigue et l'heure de la soirée qu'il est ) Niet: il était étonné que... Arf Fallait bien que je commence à dévoiler le tout Et bien, qui te dit que ces anciens elfes le sont encore? Ils ont passé globalement un millénaire à parcourir le monde, et invoquent Mirgandas, non l'Esprit . Bon, là je suis en train d'écrire la suite, ça continue sur la même lignée (peut-être pour ce soir, sûrement demain), et j'ai réussi à caser "flouer". A partir de là, tout va s'accélérer (même si ce rêve était le signal!) Iliaron
  6. Iliaron

    Les sept compagnons

    Et béh, c'est bien la première fois depuis que j'ai commencé à écrire cette histoire que j'ai perdu du temps à la retrouver parmi les nombreuses pages (le concours a donc été un succès franc ). Alors, Gemini: Pile ce que je voulais faire naître, mais c'est parfait tout ça . Hé hé C'est bien, tu t'en es souvenu ! Bon, comme tu l'as deviné, la réponse est oui (j'aurais aussi pu arguer d'une coïncidence, mais ne poussons pas non plus le suspense trop loin ) N'empêche, si tu ne me l'avais montré, je réalisais une jolie gaffe au niveau de l'intrigue (du moins pour Kirla/Kev)! Merci! Au passage, j'ai un peu modifié: "Mälthion et les autres nous attendent " J'étais fatigué Je l'adore, justement parce que c'est une des rares métaphores assez simple à utiliser (et puis, j'aime bien la mer ). Exact (tu es impressionnant dans tes relectures !) Oups, la gaffe . "cinq des sept", voilà qui est mieux . Euh... la, non, je veux dire: le vie (oups ) Alors rappelons le contexte: à ce moment-là Geoffroy gronde Arthur car ce dernier est prêt à empêcher Ilia (maintenant Iliaron, pour ne plus confondre avec Kirla; cela suite à une discussion avec Inxi) de ramener Kirla en Loriath. Il dit: En un mot, ce que reproche Geoffroy à Arthur est que ce dernier accepte qu'Iliaron les accompagne avec eux à Skefoy, les aident jusqu'à ce que Kirla retrouve sa véritable âme, et ceci fait, qu'Iliaron reparte tout seul (Geoffroy se place dans l'hypothèse où Kirla est bien un Skefien, et où il aurait donc l'envie de rester à Skefoy. Si tel était le cas, ses quatre amis humains resteraient auprès de lui, mais Iliaron repartirait en Loriath). En clair, il reproche à Arthur de ne vouloir accepter que ce qui l'arrange dans une situation, sans accepter ce qui le gêne. Alors, j'ai fini par reformuler: J'espère que tu préfères! Et encore, tu n'as rien vu "flouer" veut dire tromper (je viens de vérifier dans le dico , je ne le savais pas avant ), et ça peut correspondre, en euh... s'arrangeant un peu: lorsque notre vision devient flou, ne nous trompe-t-elle pas? (bon, ok, c'est tiré par les cheveux.) Cruel dilemne, d'un côté j'aime vraiment la prononciation de "flouée", mais d'un autre, il est vrai qu'en plein milieu du passage, juxtaposé avec "brouillée", cela peut faire bizarre... (t'as pas honte de faire des remarques si pertinentes, non? ) Bon, finalement, j'ai préféré supprimé, "brouiller" suffit à lui tout seul (écoutons donc les conseils du Warza au passage (qui me reprochait de trop juxtaposer deux synonimes, au fond il a tout à fait raison!)) (maintenant, faudra que je case mon "flouer" ailleurs, mais à un endroit où le sens corresponde, mince alors ) (en fait, flouter n'existe pas) Mais non, ce n'est qu'une larme continue (re-oups^^) Que ceux-tu, c'est ça la culture, moins on en a, plus l'on cherche à l'étaler . C'était un moyen aisé de me faire comprendre, mais je compromets pas mal mon monde en même temps, alors je change! (en plus, je préfère, "ombre", ça va vraiment mieux ) Exact! Mais je ne change pas, là c'est le personnage qui commet l'erreur, un peu comme Arthur et ses "e" avalés. J'ai vérifié dans le dico (le vrai, pas celui des synonimes ), et c'est "entrapercevoir" (mais comme je suis clément, je te pardonne cette erreur pourtant bien grande ) Effet de style, nul ne sait ce que je dis "traversé" se rapporte au pouls des grottes (bon, vous allez me dire que c'est illogique, car le pouls de la Loriath naît des foulées des animaux; et bien celui des grottes des gouttes d'eau, ah mais . Mais au fond, cela n'est pas très important. Le passage des grottes n'est là que pour faire contre-coup à la soi-disant splendeur de la Loriath que je décris tout le reste du temps. S'ils considèrent les territoires humains comme horribles, c'est parce que la majorité des Aths restent aveugles quant aux beautés des territoires humains, ne s'appuyant que sur des préjugés (mais nos deux amis (ou un, ça dépend de l'alignement de Kirla) sont amis avec des hommes, et ont donc fait taire une partie de leurs préjugés!); et les hommes le rendent de leur côté bien . Encore merci de ta lecture si attentive, Gemini! Tu vois tout, dis tout, et aide tout le monde avec tes remarques pertinentes, et tes relevés des fautes, euh... plutôt nombreuses . On devrait te donner un surnom pour te remercier (et je ne plaisante qu'à moitié ). Sinon, ce projet de récit ? (et oui, avec Inxi, l'on risque de longtemps te tourmenter (et là en postant je remarque qu'il y en a déjà un, je serais à peine idiot ) Maintenant, Inxi: Et oui, mais ils ne savent pas qu'ils auront besoin l'un de l'autre (mais l'auteur est là pour les sauver quand même par-delà tous les dangers qu'ils pourront rencontrer ) (il n'empêche qu'après vingt jours sans écriture sur les amis, il faudra que je relise attentivement pour me remettre dans le bain (heureusement, le 30, j'avais fait une liste détaillée de toutes les actions restantes avant l'action finale ) Euh... maintenant . Alors, voilà deux morceaux: d'abord, le chapitre I de la partie II réécrit, car la présentation de la Loriath était quand même vraiment faible (et j'en profite pour mettre la bonne grosse ficelle pour la suite et l'attaque de Mor ), et une courte suite (et oui, elle est courte) du chapitre XIV (qui n'est pas fini malgré ses 40 pages ). Bonne lecture ! Partie II, Chapitre I: Chasse: Kirla sortit de sa torpeur. Des rayons solaires venaient de s’échouer contre ses paupières closes, et avaient dissipé cette brume rêveuse dans laquelle il errait. Il hésita entre se lever directement, et être sûr d’avoir un bol plein de baies, ou alors rester encore quelques instants à lézarder sur cette branche. Il reposa sa tête contre le coussin de feuilles, et referma ses yeux. Une étrange sensation l’habitait encore, comme s’il n’était complètement éveillé… Plutôt, nuança-t-il intérieurement, comme si le rêve présentait sa part de réalité. Comme à chaque fois, de très brèves images demeuraient encore dans sa conscience, celles d’yeux noirs… Non, verts… Il ne savait plus vraiment… A part cette sensation de désespoir mêlée à la tyrannie, il ne restait rien. Il fixa rapidement ses pensées sur l’Esprit – le Dieu des Aths -, et aussitôt s’évanouirent ses doutes. Finalement, il retira son drap feuillu, et se leva. Déjà sa nuit était oubliée, et il ne pensa plus qu’à son père et au chef de la tribu d’Älthwe, partis depuis une semaine, à la recherche d’un important troupeau de sangliers. Comme à chaque approche de l’hiver, une battue conséquente était réalisée pour fournir des vivres au clan avant des jours plus froids – en réalité la chasse apportait avec elle surtout une opportunité de fête, l’Esprit fournissait aux hôtes de la Loriath de la nourriture quel que soit la saison, car dans cette forêt le climat ne se montrait jamais très rude. Pourtant, cette année, la Loriath n’avait pas été aussi prodigue que les précédentes saisons, et des fruits, d’habitude nombreuses et vivaces, avaient pourries avant même d’être cueillies. Kirla jeta un coup d’œil par une ouverture naturelle dans le tronc qui lui servait de chambre, et découvrit de jeunes cerfs s’amusant en réalisant des cercles à toute vitesse dans la clairière. Il ne lui serait même pas venu à l’idée de les dépecer pour manger. Ces créatures, comme les chevaux et les très rares licornes – des créatures d’origine magique -, ainsi que de nombreuses autres plus petites, étaient des créations de l’Esprit et avaient toujours vécu en Loriath. Les elfes n’étaient qu’une peuplade parmi tous ces animaux, et ils vivaient en harmonie entre eux. La seule viande qu’un Ath se permettait de manger était les sangliers, ces immondes bêtes introduites par les hommes, ces êtres cruels et répugnants, en des temps lointains. Les phacochères étaient à leur image : dégoûtants et destructeurs, s’attaquant aux arbres les plus jeunes et défiant les plus vieux, perturbant même le pouls intérieur de la Loriath - ce dernier était créé par les foulées des créatures de l’Esprit ; depuis des siècles il était agité de soubresauts, témoin d’une discorde au sein même de ce monde. Kirla ria légèrement lorsqu’un cerf un peu trop bravache se trouva monté par un elfe. La bête marqua son mécontentement d’un balancement de ses bois naissants, avant d’abdiquer et de mener l’Ath où il le désirait. Kirla s’éloigna finalement de ce spectacle merveilleux de la vie en Loriath, et commença à s’habiller. Encore jeune pour sa race – à peine deux cent ans – il était svelte mais d’une taille limitée au vu de celle des autres elfes, environ un mètre soixante-dix. Ses cheveux semblaient d’or, comme tous les Aths, et l’on aurait dit des rayons solaires venus s’attacher à un visage gracieux. Deux profonds saphirs ornaient ses pupilles ; toute la splendeur et l’orgueil des elfes pouvaient s’y lire. Mais il y subsistait encore l’éclat des Athis – les jeunes elfes – dont le moindre arbre escaladé ou bien le cerf récalcitrant rendu doux sont autant de sources d’une joie intarissable. Cette lumière se voilait pourtant de jour en jour à l’approche de l’âge adulte, bientôt sa jeunesse ne serait plus qu’un lointain souvenir. Kirla se trouvait ainsi à un âge intermédiaire, un palier de l’existence qui déterminait quel Ath il serait par la suite - chasseur ou bien cueilleur, soldat ou bien cuisinier… De nature timide et réservée – sûrement une conséquence de la mort de sa mère lors de son accouchement -, il ne possédait pas véritablement d’amis, et n’excellait pas dans le maniement de la dague et de l’arc comme tous ses congénères. Mais son cœur était pur, et il se savait prêt à se sacrifier pour le bien de la Loriath. Une fois passés ses deux capes vertes, et un bas de chausse de la même couleur, il enfila prestement de fines bottes de cuir. Il finit de s’habiller en attachant sa ceinture, et en engageant dans les fourreaux deux dagues – une habitude prise dès la très tendre enfance. Il sortit alors de sa couche et déambula dans les escaliers de l’Habitat : ce lieu avait toujours été et serait à jamais le seul foyer de la tribu d’Älthwe, et jamais il n’était venu à l’esprit des elfes de la baptiser d’un nouveau nom. L’Habitat était composé de cinq troncs imposants qui fusionnaient entre eux à une hauteur d’environ dix mètres. Au centre se trouvaient le salon, ainsi que la salle du conseil, où se réunissaient le chef Imladrik, ses gardes personnels et bien entendu ses conseillers et proches, parmi lesquels Kirtën, le père de Kirla, et meilleur ami d’Imladrik. Les branches, creuses, constituaient les couloirs, tandis que les nœuds réalisaient des chambres parfaites. L’Habitat s’étendait autant en longueur qu’en hauteur, car les troncs finissaient par se séparer à nouveau, et des escaliers naturels permettaient d’accéder aux étages supérieurs, réservés aux soldats, plus athlétiques, qu’une montée de cinquante mètres ne gênait pas outre mesure. L’ensemble était fort vaste, et pouvait abriter en son sein jusqu’à deux mille elfes, bien que présentement n’y vivaient que mille cinq cent. Aucun des habitants ne savait comment s’était créé un lieu aussi majestueux – et il n’était pas unique dans cette forêt, chaque tribu vivant en Loriath s’était établie en des endroits similaires – et finalement tous avaient convenu de l’hypothèse la plus vraisemblable : l’Esprit n’avait pas seulement créé des races par amour, mais sa bonté avait pourvu à chacune d’elle des foyers où prospérer. Certes la race des elfes n’était plus au sommet de sa puissance, comme des siècles auparavant, lorsque dans leur folie les hommes les avaient provoqués, mais ce peuple était fier de vivre en Loriath, et prêt à mourir plutôt que d’abandonner une parcelle de forêt aux mains putrides des humains. Kirla sauta une série de marches, réalisa une rapide roulade et se trouva finalement dans le salon. Tout en longueur, la tribu dans sa globalité pouvait manger en même temps à la table naturelle. Ne s’y trouvait à cette heure qu’une centaine d’Aths, parmi lesquels son père ; ses cheveux étaient encore sales de sa semaine de chevauchée, et son visage boueux, mais Kirla ne pouvait s’y tromper. Heureux de son retour, il courut à sa rencontre et s’assit à ses côtés. « - Père, vous les avez trouvé ? » « - Oui fils. Et ils sont nombreux, très nombreux ! » Il sourit, ce qui craquela la terre séchée sur ses joues. « - Alors nous passerons aisément l’hiver. » « - Comme toujours. » « - Quand chassez-vous ? » Kirtën tendit la main et prit au passage d’un serveur un bol de baies. « - Tiens, mange, tu auras besoin de forces ! » Le regard de Kirla rebondit du bol jusqu’à son père, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement à mesure qu’il comprenait. « - Tu veux dire que… » Il bégayait d’excitation, si bien que son père ria, avant de répliquer. « - Bien entendu, tu as l’âge, il est temps que tu chasses. » Un très rapide voile noir couvrit ses yeux, et une larme apparut même au coin de ses yeux, mais son fils ne la vit pas. En effet, la première chasse au sanglier était un évènement capital dans la vie d’un elfe, et représentait l’entrée dans la vie adulte. Parfois des jeunes trop enthousiastes – ou justement trop jeunes et inexpérimentés – mourraient, mais ces accidents étaient rarissimes. Kirtën jeta un regard en coin à son fils, occupé à dévorer les baies pour être au mieux de sa forme. S’il décédait, sa vie s’effondrerait. Kirla était à son goût l’être parfait, nul n’aurait pu plus convenir à ses rêves, et il avait du mal ne serait-ce qu’à accepter le risque de le perdre. Mais il le devait, sinon jamais son fils n’aurait une place au sein de leur société, et les métiers comme soldats lui seraient toujours refusés. Finalement, après un soupir si faible que son fils ne l’entendit pas, il lui expliqua : « - C’est pour cette après-midi. » « - Si tôt » s’étonna Kirla. « Vous êtes partis pendant une semaine ! » « - Ils étaient à l’opposé du lieu où on les a recherché. Althior… » marmonna dans sa barbe Kirtën. « Une importante troupe se masse proche – trop à mon goût, mais nous n’avons pas le choix – de l’orée de la forêt. Nous ne voulons pas qu’ils s’en rapprochent encore plus, même si je ne pense pas qu’ils le feront » ajouta-t-il en serrant les poings, sans pour autant expliquer la raison qui immobiliserait un troupeau. « A l’heure qu’il est, tout doit être prêt : nous avons demandé aux éclaireurs qui nous accompagnaient de construire un goulet ; en deux jours, il ont largement eu le temps de le réaliser ! Tu te souviens bien de toutes les leçons que je t’ai donné ? » finit-il par demander d’un ton brusque. Kirla opina, et son père ajouta : « Alors va vite te préparer. Vous passerez la nuit à chevaucher, et arriverez normalement à l’aurore en vue du troupeau. » « - Tu ne viens pas ? » « - Je ne pense pas, je n’ai pas l’endurance d’Imladrik. Une semaine à parcourir la Loriath me suffit grandement. » Il se leva et donna une tape dans le dos de son fils. « - Sois fort ! » Puis il s’éloigna en direction de sa couche. Le reste de la matinée ne fut alors pour Kirla qu’une course éperdue contre le temps. Il lui avait semblé qu’il lui aurait suffit de dix minutes pour se préparer, mais au bout de deux heures il se trouvait encore à courir à droite à gauche, oubliant toujours quelque chose dans son empressement. Il était déjà passé par trois fois à l’entrepôt d’armes pour la chasse, situé à une extrémité de l’Habitat, et bien entendu, songea-t-il avec amertume, à l’opposé de sa chambre (alors que l’entrepôt pour la guerre, comble de l’ironie, jouxtait sa couche). Une première fois il avait prit un carquois, puis était reparti à sa chambre. Là il avait remarqué qu’avoir des flèches pourrait peut-être l’aider lors de la chasse, et était allé en chercher. Il était finalement descendu et avait sifflé Talik, le cheval qu’il était parvenu à dompter depuis des années déjà. Alors que sa monture sautait au-dessus d’un fourré d’acanthes et se rangeait à ses côtés, il sentit un manque contre son flanc. Ce ne fut qu’alors qu’il comprit qu’il manquait l’arc. Se maudissant et traitant de tous les noms possibles la salle si éloignée, il repartit en chercher un, tandis que son destrier s’éloignait d’un air désinvolte, mécontent d’avoir été dérangé pour rien. Il était généralement obéissant, mais capricieux, et il lui faudrait un certain temps pour le trouver désormais : il ne viendrait plus à sa demande. Kirla remercia presque sa bonne étoile pour réussir à se ranger parmi les rangs des chasseurs avant que ceux-ci ne soient déjà partis depuis un certain temps. Lui qui avait compté passer le plus inaperçu possible, ses cheveux se hérissèrent lorsqu’Imladrik, juché sur un cheval et non sur sa licorne – chose étonnante compte tenu du lien unissant ces deux êtres, mais une semaine de chevauchée parvenait tout de même à affaiblir même une licorne ! – annonça d’une voix haute : « - Tout le monde est enfin là. On peut donc enfin partir. Il est vrai que nous avons failli attendre. » Sa monture s’ébroua de désapprobation, et il s’élança au trot. Kirla savait que la remarque n’était aucunement acerbe, et les quelques rires qui se firent entendre étaient tous amicaux – chacun était passé un jour par cette épreuve et ils se souvenaient à quel point ils avaient été fébriles. Pour autant, Kirla rougit jusqu’à la racine et chercha en vain à disparaître dans la crinière abondante de Talik, mais il n’y parvint pas – et ce ne fut pourtant pas faute d’essayer. « - Serait-ce ta première chasse ? » demanda un chasseur, s’approchant de lui. Kirla passa à toute allure dans sa tête les moyens qui lui permettraient de s’évanouir sous terre, mais comme il n’en trouva aucun, il se trouva forcé de répondre d’un ton qu’il força à rendre le plus sûr de lui – et ce fut donc avec une voix chevrotante qu’il acquiesça : « - Effectivement. » « - Je me nomme Iliaron » lui apprit l’elfe, faisant un signe en sa direction. Kirla frémit, à l’idée des commérages qui pourraient naître sur sa maladresse et entacher son nom, puis se remémora que tous les elfes étaient dignes de confiances. « - Kirla, enchanté. » « - Tu sembles être légèrement paniqué. » Certes les elfes étaient loyaux, mais Kirla ne se souvenait pas qu’ils puissent être autant ironiques. Il voulut répliquer, énervé, et finalement seul la vérité sortit de sa bouche : « - Et ce n’est pas peu dire. » Iliaron hocha la tête, et expliqua : « - Nous l’avons tous été, il n’y a aucune honte à cela, au contraire. L’unique opprobre est de vouloir cacher sa faiblesse. » Kirla remercia alors sa couardise qui l’avait empêché de trouver la force de mentir. « - Je resterais prêt de toi » dit alors l’elfe d’un ton amical. En d’autres temps, l’orgueil de Kirla aurait été blessé de devoir concéder son insuffisance, mais pas le jour de sa première chasse. « - Merci beaucoup ! » « - Mais je t’en prie ! » Sa voix devint alors plus sérieuse, et même mélancolique. « Dans mon cas, cela avait été un désastre… » Il laissa tomber sa tête en arrière. Surpris par ce changement si subit dans l’attitude d’Iliaron, Kirla ne sut que répondre, et aurait à nouveau souhaité disparaître, mais pour des raisons bien différentes. « - C’était mon meilleur ami… » se lamenta Iliaron. « Anéanti par les pourritures des hommes ! Depuis j’ai juré par vengeance de tuer tous les sangliers que je croiserais ! » Kirla oublia alors toute compassion pour l’elfe et se sentit frappé de plein fouet par cette parole. Dans sa hâte, sa seule crainte avait été de ne pas être à la hauteur de son père, considéré tacitement comme le second chef de la tribu ; désormais il se sentait comme un cadavre en attente de la mort. « - Je suis désolé » soupira finalement Iliaron, en découvrant le jeune elfe pris de convulsions dues à l’angoisse. Kirla se força à inspirer fortement, puis éluda les excuses d’une voix rauque : « - Ce n’est rien. » Et pourtant c’était tout. Ils restèrent ensuite silencieux durant des heures, tandis que tout autour d’eux s’excitaient les elfes au sujet du festin qui suivait à chaque fois la dernière chasse de l’année. En son for intérieur, Kirla espéra être des leurs, jamais les cuisses rôties devant lesquels ils bavaient d’envie habituellement ne lui avaient semblé si menaçantes. Lorsque la nuit finit par tomber, l’excitation se calma peu à peu alors que tous se préparaient à une longue nuit de chevauchée. Le pas des montures n’était aucunement harassant, mais pendant une nuit, cela pouvait devenir irritant. « - Si tu veux dormir, je guiderais ton cheval » lui apprit Iliaron. C’était la première parole échangée depuis le début d’après-midi. « - Jamais il ne m’est venu à l’idée de dormir sur Talik, je ne sais pas si j’y arriverais. » « - Tu vas voir, il est simple de somnoler quand tu es fatigué. Demain une journée du… tu auras besoin de vigueur » corrigea-t-il. Kirla se laissa finalement aller à des songes furtifs, ne parvenant jamais ni à s’endormir totalement, ni à se réveiller entièrement. Mais chaque fois qu’il ouvrait à moitié un œil, Iliaron était constamment à ses côtés. Ce fut une tape qui le força à s’éveiller entièrement. Il tourna vers Iliaron ses yeux encore embués du sommeil qu’il n’avait pu avoir, et lut sur les lèvres qu’ils étaient proches. Alors il fut entièrement réveillé. Imladrik s’approcha de chacun d’entre eux, et annonça à voix basse : « - Chacun prend la position convenue. » Kirla approuva lorsque le chef passa à ses côtés, avant de paniquer derechef. Comment pouvait-il donc connaître ce fameux plan, alors qu’il était arrivé en retard au regroupement ? « - C’est quoi l’idée ? » souffla-t-il à Iliaron. « - Tu restes avec moi, on prend de revers les sangliers et on les fait courir dans le goulot. Jurgas est avec nous. » Ce nom ne dit rien à Kirla, mais au vu du ton empreint de respect pris par Iliaron, ce devait être un bon chasseur. En réalité, Jurgas n’était pas simplement excellent, il était le meilleur de la tribu, peut-être le meilleur de la Loriath d’ailleurs. « - Une bête à tuer absolument, il paraît » annonça celui-ci en passant dans leur dos, vérifiant la corde de son arc. Alors que l’on aurait pu s’attendre d’un tel Ath une arme décorée et splendide, l’arc brillait par l’absence d’ornements. Jurgas était visiblement un elfe préférant l’efficacité à la beauté d’une arme. D’ailleurs, sa tenue sobre complétait cette impression. Sur un signe discret de leur chef, les groupes se formèrent et chacun avança vers son objectif : une grande partie allait se placer de part et d’autre du goulet, environ deux cent elfes, tandis que cinquante autres s’apprêtaient à encercler le troupeau et à le diriger vers le piège. A un moment donné il fut donné à Kirla l’opportunité de voir les silhouettes des sangliers, et pendant un instant il fut tétanisé à la vue des bêtes immobiles. La mort allait déferler sur elles, sans qu’aucune ne puisse en réchapper. Une fois les positions prises derrière les troncs à proximité du troupeau, chacun discerna clairement les bêtes. Des marcassins dormaient paisiblement contre des laies, tandis que des ragots vantards gardaient l’arrière du troupeau. Au centre, des sangliers grattaient la terre, alors que d’autres faisaient des tours autour d’un attroupement. Alors chacun comprit ce qui nécessitait l’intervention de Jurgas : une femelle mettait bas dans une excavation – cela arrivait parfois à cette époque en raison du climat généreux de la Loriath. Tant que la femelle ne serait pas tuée, le troupeau resterait sur place et sa fureur serait périlleuse. D’ailleurs, maintenant qu’ils voyaient la laie, ils devinaient dans l’attitude de tous les sangliers de la méfiance, et de la rage. « - C’est donc pour ça » murmura Jurgas. Il se positionna, sortit son arc, et encocha une flèche de plus d’un mètre de long, à l’empennage absolument intact. Un elfe s’approcha de lui et souffla : « - Ton tir sert de signal aux autres. Tâche de l’avoir. » « Comme toujours. » Il leva légèrement son arc. Kirla ne voyait absolument pas comment un archer, aussi bon soit-il, pouvait toucher une bête à plus de deux cent mètres, alors qu’une cinquantaine de sangliers se trouvaient amassés contre elle. « - Ces sangliers qui tournent sont gênants. » « - Althior » jura un des elfes. « - Il me faut de la visibilité, là je ne peux rien faire ! » « - Althior » pesta une deuxième voix, en veillant malgré l’injure à parler bas. « - A trois » marqua finalement l’elfe aux côtés de Jurgas. Lorsqu’il rentra son premier doigt, tous les elfes encochèrent une flèche. Son deuxième fut le signal pour lever les arcs. A l’instant où son poing se referma, une volée de cinquante flèches s’élança dans les cieux. Des grognements apeurés répondirent en écho à la mort empennée, et des marcassins vinrent se réfugier proche de leur mère lorsque les traits s’abattirent dans leur chair. Des sangliers se levèrent aussitôt et ceux qui tournaient cessèrent aussitôt leur manège pour tourner la tête en direction des agresseurs. Ce si bref instant fut suffisant pour Jurgas, dont la pointe vint se planter dans le flanc de la laie. Un grognement furieux du sanglier le plus imposant, sûrement le chef du troupeau, répondit. Cela cessa aussitôt lorsqu’un deuxième trait vint s’écraser dans ses yeux porcins. « - C’est si simple » ricana presque Jurgas. Une nouvelle volée s’éleva de tous fourrés, et les sangliers commencèrent alors à s’élancer à l’opposé, en direction du goulet – et de leur mort. Pourtant, les flèches qui s’abattaient qui de droite qui de gauche ne parvinrent pas à refroidir les ardeurs – bien que ça parvenait à en refroidir quelques uns - des quelques trop blessés pour fuir, ou bien simplement trop stupides. Ceux-là firent volte-face et chargèrent les elfes. Les Aths étaient habitués à ces réactions, et chacun prenait le temps d’ajuster sa cible avant de la tuer, à l’exception de deux d’entre eux : Jurgas, qui n’en avait même pas besoin, et Kirla, qui lui en aurait bien eu besoin. Un sanglier énorme – et qui ne faisait que grandir au fur et à mesure de son approchée – courrait à toute allure vers lui. Le premier trait de l’elfe était venu se planter aux pieds de la bête, le deuxième dans sa fourrure, ce qui ne fit qu’augmenter la rage de l’animal. Il déboulait sur lui et il n’avait pas la force de s’écarter. Ses jambes se dérobaient sous lui, si faibles, et pourtant bien trop pesantes pour le mener derrière un tronc. Alors que le sanglier n’était plus qu’à une vingtaine de mètres, et qu’il distinguait parfaitement les naseaux fumants et les yeux dilatés par la rage, une étrange impression l’envahit. Il ne perçut plus le sol sous ses pieds, et se sentit exceptionnellement léger. Le temps semblait comme suspendu, alors qu’il voyait Le sanglier passer lentement sous lui, et devinait la présence d’une autre personne contre lui. Une félicité l’habitait à l’idée de survivre, déjà le sanglier ne représentait plus aucun danger. La réception fut à l’inverse bien moins agréable, et le choc contre un tronc étourdit Kirla pendant un instant. Il cligna des yeux et découvrit Iliaron penché sur lui, suant. Lorsque ce dernier découvrit l’elfe vivant, il soupira et ria même. Heureux, il s’enquit : « - Tu vas ? » « - Mieux que jamais je ne l’ai été ! Merci ! » Iliaron tendit sa main, et aida Kirla à se relever. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, une certitude les habitant : désormais, entre eux, c’était à la vie à la mort ! « - Ca a été courageux de ta part ! » « - Je le devais » annonça Iliaron, « je me le suis promis. Depuis deux cent ans, cela n’a été que mon but, que toi tu vives. » Kirla fut surpris d’une telle parole, mais ne le montra pas. Il saisissait qu’après avoir perdu son meilleur ami lors d’une première chasse, on devait avoir envie de protéger toute une génération d’apprentis chasseurs. « - Comment… » Il était sur le point d’ajouter : « fait-on maintenant », lorsqu’Iliaron l’interrompit, refoulant quelques sanglots : « - Le sanglier me chargeait, exactement comme pour toi. Et mon ami s’est jeté devant moi, et s’est fait embrocher. Il s’est sacrifié pour que je vive. » Kirla se sentit alors terriblement gêné. Il ne voulait aucunement forcer Iliaron à aller si loin dans ses confidences, et ce dernier n’avait nulle obligation à lui apprendre tant de choses. Mais il n’interrompit pas l’elfe, comprenant que d’une certaine façon parler de ce tragique épisode de sa vie libérait l’Ath d’un poids bien trop oppressant. Il écouta ainsi attentivement le récit complet que lui délivra Iliaron, et à la fin se sentit plus proche de cet elfe que de tous les autres, à l’exception de son père. Cet elfe venait de lui ouvrir son cœur sans crainte, comme à un ami ! Et désormais, ils l’étaient pour toujours ! « - Il faudra que tu m’apprennes à utiliser l’arc, et à rester calme » plaisanta au bout d’un moment Kirla. « - Et oui, je ne serais pas toujours là » annonça d’un ton moqueur Iliaron. Sa voix s’éteignit dans sa gorge lorsqu’il leva les yeux au ciel. S’inquiétant de ce brusque silence, Kirla demanda : « - Qu’y a-t-il ? » « - A sa cime cet arbre meurt. » Il regarda alentour, et surenchérit : « tous ces arbres semblent malades ! » « - Sûrement la proximité avec les terres humaines ! » Kirla agita un bras à sa droite. En effet, par-delà des rangées disparates d’arbres se devinait la verdure de champs cultivés. « - J’espère que les Gardiens Eternels de l’Esprit sont toujours aussi solides ! » Les Gardiens étaient des arbres magiques qui poussaient à l’orée de la Loriath, protégeant la forée de toute intrusion ennemi. Leurs troncs étaient souples et pouvaient entraîner en une ronde infernale n’importe quel envahisseur, balayant les alentours de leur cime ; tandis que leurs branches étaient acérées et cisaillaient aussi bien l’air que la chair. Tant que ces statues d’écorce étaient en place et vifs, la Loriath ne courrait aucun risque ! Un soufflement de cor interrompit leur inspection des arbres : les sangliers qui s’étaient emboutis dans le goulet avaient enfin fini d’être tué, il fallait désormais ramener les carcasses jusqu’à l’Habitat. Rapidement, chaque chasseur attacha des sangles autour de leur montures, qui ne bronchèrent pas, à la surprise de Kirla : jamais il n’avait sellé un cheval, et était étonné que des montures puissent supporter un harnais. Ensuite des treillis de toiles furent attachés, sur lesquels les elfes allaient amener les lourdes dépouilles. Des équarisseurs allaient de cadavres en cadavres et découpaient rapidement et avec des gestes experts les sangliers, tout en jetant tout ce qui était immangeable pour ne pas se surcharger. Pour les ragots et marcassins – plus petits – le corps était simplement attaché aux montures, et laissé à même le sol : en glissant dans le sens du poil, la résistance était faible. Trois heures après, les quelques trois cent dépouilles étaient prêtes à être ramenées vers l’Habitat, et les elfes étaient impatients. Tous avaient en tête le festin proche, et plus tôt ils se mettraient en route, plus tôt ils pourraient déguster des mets succulents ! Cette fois, Kirla participa activement aux conversations, et se surprit à dire à Iliaron : « - C’est pourtant bien stupide que de s’impatienter, cela rend le temps plus long. » « - C’est toujours comme ça depuis l’aube des temps, il faut croire. » « - Le pire est que l’on a les bêtes pour le festin. » « - Et oui, mais qui à la faim veut les moyens ! Et nous ne les possédons pas » se moqua Iliaron. « Sans marmites et cuillères, tu ne peux rien faire » « - Et tu oublies le cuisinier » ajouta Kirla. « - Ca peut aussi être pratique pour avoir un festin, et non un ragoût fumant… » « - … cramé… » « - … dégoûtant… » « - … bon pour les hommes ! » Ils éclatèrent alors de rire, et commença une nuit blanche où chaque elfe s’émerveillait des futurs plaisirs gustatifs. Personne ne parvint même à somnoler : le festin s’annonçait tellement faste que les estomacs gargouillèrent intensément avant leur future « hibernation » avec peu de nourriture pour se remplir. Ils arrivèrent le lendemain midi vers l’Habitat, mais déjà une centaines d’Athi courraient autour des montures et piaillant à qui mieux mieux, simplement heureux. L’euphorie finit par gagner tous les membres de la tribu lorsqu’ils commencèrent à décharger les dépouilles dans la clairière, et des vieillards se mirent à déblatérer à qui voulait l’entendre les repas de leur enfance, quelques huit siècles auparavant. Les seuls, en fait, qui ne furent pas heureux furent les cuisiniers, qui faillirent tourner de l’œil lorsque chacun expliqua en détail ce qu’il désirait, et les serviteurs qui allaient devoir monter toutes ces dépouilles dans l’Habitat. Imladrik leur permit tout de même d’attendre le lendemain, en ce jour ils pouvaient se remplir la panse comme tout le monde. La fête se finit tard dans la nuit, et ce ne fut qu’après de nombreuses danses et assiettées que les elfes se décidèrent à remonter dans l’Habitat. Leurs jambes étaient alourdies par l’excès de nourriture, et la plupart tombèrent dans une profonde léthargie avant même d’avoir atteint le salon – mais ils pouvaient être content d’avoir réussi à grimper jusqu’à l’Habitat, même s’ils avaient du se servir de l’échelle de corde. Quelques minutes plus tard, tous dormaient du sommeil du juste. Dans l’ombre de la nuit se profilèrent des dizaines de formes sombres, qui s’approchaient furtivement de l’Habitat. Mais il n’y avait pas un elfe assez éveillé pour distinguer les reflets furtifs des lames. J'espère que ce n'est pas trop lourd et long. N'empêche, Inxi (et Gemini s'il relit, ainsi que tout autre lecteur (on peut rêver )), je pense que tu (vous?) auras (aurez?) plus de facilité à comprendre, comme tu connais en un sens un peu mieux le monde d'Esserpa maintenant, et surtout la Loriath. Bon, j'ai quand même caché quelques pistes d'intrigue dans ce chapitre Et maintenant, la suite proprement dite : Suite du chapitre XIV: * * * « - Folgiwe, tu m’entends ? » L’Ath sursauta de surprise. Il dormait tranquillement lorsque dans ses rêves cette voix l’avait dérangée. Il aurait bien mis cela sur le compte de l’insomnie, si la parole ne s’était répétée en un éternel leitmotiv. « - Laisse-moi » souffla-t-il, rageur. « Qui que tu sois ! » « - Je suis Anar. » La fureur de l’elfe s’évanouit de suite, et il se redressa, complètement réveillé. Pour que son ami utilise la sorcellerie pour parler à distance, la situation devait être très grave. Le risque de se faire détruire par la magie de la Loriath restait important malgré son état décadent ! « - Que se passe-t-il ? » questionna-t-il, inquiet. « - Il sait » fut la seule réponse. Un instant de silence suivit cette déclaration, avant que Folgiwe ne s’exclame : « - Qui, Kirla ? » « - Oui » « - Si j’avais su le lien si fort, j’aurais fait quelque chose ! » « - Je n’avais pas osé t’en parler, mais je le sens en moi ! » « - Alors ne fait rien ! » L’elfe marqua un arrêt, avant de reprendre : « cache-toi au Refuge, nulle magie ne peut t’atteindre là-bas. » « - Je l’espère, jamais le contact n’avait été si fort ! Avant il assistait à mes rêves, là il rêvait à ma place ! » « - Le sortilège a dû laisser des traces… » « - Si j’avais su… » commença à s’apitoyer Anar. « - On ne peut refaire le passé, essayons de limiter les dégâts maintenant. Que sait-il exactement ? » « - Il sait qui nous sommes, les buts qui nous motivent… » « - Notre présent ? » demanda Folgiwe, la voix tremblante. « - Non. » Folgiwe souffla de soulagement, malgré la situation tendue dans laquelle ils se trouvaient. « Il connaît notre identité passé mais pas présente. » « - C’est déjà ça » chercha à positiver Folgiwe. « - Il ne sait rien d’autre… » « - Tu ne me dis pas tout. » Folgiwe permit à son ami un instant de réflexion pour se confier, avant de rappeler l’Ath d’une voix rassurante : « - Anar ? » « - Il sait pour Mälthion… » « - Cela fait-il partie des… » « - Malheureusement oui » le coupa Anar. « La dernière fois, nous avions eu de la chance, mais il est parvenu à accéder à nouveau à cette partie de sa conscience, je l’ai senti ! » Un bruit strident se fit brusquement entendre, et se répercuta le long des fils magiques, empêchant toute conversation. Avant qu’Anar ait le temps de comprendre son erreur, un éclair blanc lui explosa au visage, le projetant des mètres plus loin. Alors qu’il levait les yeux, il vit une boule blanche grossir de plus en plus face à lui. Elle ne semblait constituée que de lumière pure, tandis qu’à sa surface lézardaient des rubans d’argent, qui crépitaient d’énergie. En son sein un rayonnement intense illuminait les alentours, et Anar y décela de la magie à l’état originel, tellement puissante qu’elle en était devenue solide ! Soudain, le Gardien lança la sphère dans la direction d’Anar. Encore tétanisé par le choc et la peur, il ne trouva pas la force de bouger. Il ferma les yeux. Une onde de chaleur le parcourut, brûlant en partie ses vêtements et roussissant sa peau. Rouvrant ses paupières, il découvrit avec horreur deux de ses guerriers transformés en torches, qui se tordaient de douleur. Avant qu’il ne puisse lancer tout sort curatif, les cadavres s’effondrèrent en cendres. Il releva la tête, et vit que trois Gardiens étaient sortis de leur prison de terre et courraient dans sa direction. Leurs racines écrasaient tout sur leur passage, et les quelques malheureux elfes qui étaient sortis du Refuge se firent piétiner, si ce n’est quelques miraculés qui virent leur tête coupée avant même que de voir les branches acérées voleter dans leur direction. Rapidement, Anar élabora un rapide sortilège, invoqua Mirgandas dans son esprit, et dirigea son bras vers le premier tronc. Un éclair vert en surgit, et frappa de plein fouet l’arbre, qui vacilla sous le choc. Cependant, cette joie ne fut que de courte durée car le Gardien entoura l’éclair de sa propre magie, avant de la renvoyer à toute vitesse en direction d’Anar. Seuls les réflexes sauvèrent ce dernier, qui parvint à modifier la trajectoire de la sphère magique et la dévia jusqu’à des arbres plus loin. Sous la violence du choc, des gerbes de flammes s’élevèrent au-dessus de la voûte sylvestre ; le panache lumineux ne laissa en place qu’une douzaine de squelettes d’écorces noircis. Anar, quand à lui, fut soufflé par la débauche d’énergie une douzaine de mètres plus loin. Se relevant péniblement en s’appuyant sur des souches noircies, l’elfe saisit que sa seule manière de survivre était l’esquive, et non l’affrontement. Si Folgiwe et les autres mages étaient là, peut-être qu’ils pourraient espérer vaincre un Gardien, mais le combat aurait été acharné. Alors contre trois… L’elfe ferma les yeux et commença à élaborer un nouveau sort, qui réclamait bien plus de forces. Après une minute de labeur, il tendit les deux bras en avant en suppliant Mirgandas de lui venir en aide. Surgit de ses paumes un double de lui-même. Contraignant son esprit à encore plus de souffrance, son âme prit possession du pantin, et commença à le faire courir vers les Gardiens. Il ne savait combien de temps il aurait le pouvoir de maintenir l’illusion, mais il espérait que cela durerait suffisamment longtemps. Il voyait au travers des yeux de son double, ce qui l’aida grandement dans sa tâche. Il discernait clairement les trois arbres dans la vive lumière des flammes ; deux d’entre eux élaboraient des nouvelles décharges d’énergie. Les boules furent lancées simultanément, et malgré lui Anar ferma les yeux lorsque les arbres autour de son illusion s’embrasèrent suite à l’explosion. Mais son pantin, lui, était toujours aussi vivace, courrant avec aisance parmi les flammes. Le troisième Gardien chercha à s’interposer, et après avoir posé en vain ses racines sur cette récalcitrante image magique, il commença à cisailler l’air de ses branches. Là où d’habitude ses ennemis tombaient en rondelles, le double d’Anar poursuivit sur sa lancée, et les morceaux séparés fusionnèrent d’eux-mêmes. Mais la bonne chance d’Anar avait une limite, et il le comprit lorsqu’un trait violet perça son illusion. Pendant quelques secondes, il fut sonné et ne vit tout autour de lui que les ténèbres. Enfin, après des instants qui parurent durer des éternités, tous ses sens réintégrèrent son véritable corps. Il se releva derechef, et remarqua que les Gardiens étaient deux centaines de mètres plus loin. Il n’avait que cinq cent mètres à courir pour rejoindre le Refuge, mais les trois arbres étaient encore entre lui et son unique chance de survie. Il s’élança pourtant sans réfléchir. Il n’avait plus la force de réaliser un nouveau sortilège aussi complexe. Que la mort vienne donc le prendre. Se rapprochant des Gardiens, il songea à sa vie passée et à toutes ses actions. Des remords surgirent dans son esprit lorsqu’il comprit que jamais son but ultime ne se réaliserait. Son rêve avait été si louable… Une branche se précipitait contre lui en une douce courbe. Cela aurait été joli à regarder si le bois n’avait pas été aiguisé comme les meilleures dagues. Au dernier moment, Anar bloqua l’attaque, la lame se brisa contre son bouclier protecteur et les échardes pointues jonchèrent le sol. S’il se laissait mourir, alors là, oui, il n’y aurait plus d’espoir. Mais son existence lui avait appris à passer outre toutes les épreuves d’une décadence infernale. Puisant dans ses toutes dernières réserves, il lança une nouvelle boule de feu contre une racine désireuse de l’écraser. Il dépassa ensuite un couple d’arbres qui carbonisèrent juste après son passage, et dévia une nouvelle de ces sphères de magies blanches si destructrices. Arrivé à cinquante mètres du Refuge, l’un des Gardiens se tordit de douleur, et s’effondra. La magie de l’Aube était prégnante en cet endroit ; en dépit de tout leur pouvoir les Gardiens ne pourraient y pénétrer. Anar courut jusqu’à finalement rentrer dans le long boyau noir, l’entrée du Refuge. Se retournant, il vit une énorme débauche d’énergie se précipiter à son encontre. A un mètre de lui, elle s’écrasa contre une barrière invisible et s’enroula sur toute la hauteur de l’arbre servant de refuge aux Aths renégats. La puissance de l’attaque déclina rapidement, avant que les dernières particules blanches s’évanouissent. L’elfe souffla, et tourna le dos aux deux Gardiens survivants, qui commençaient déjà à repartir. « - Que se passe-t-il ? » s’enquit Mälthion à la vue de son chef. Anar jeta ses vêtements noircis à terre, avant de finalement considérer l’Ath, et de déclarer : « - La forêt s’est réveillée. » Pour une fois, je ne suis pas (trop) radin en réponses . Déjà, on apprend que les elfes renégats ont lancé un sortilège sur Kirla (mais, mais... NON!!! Ne me dites pas que vous le saviez déjà!!! Arg, toute mon intrigue est éventée, il ne me reste plus rien que les larmes, que... que tout le reste de l'intrigue en fait ) On apprend aussi que de nouvelles barrières se sont brisées au sein de l'esprit de Kirla (tiens, intéressant cela, cela signifierait-il que... (à vous de deviner, je vais pas vous mâcher le boulot, non mais )). De même, l'on voit le pouvoir d'Anar, quand même assez sympa, ainsi que celui des Gardiens (encore mieux ) (je dois avouer m'être quand même lâché sur ce coup, mais j'aime bien l'idée d'arbres-mages en apparence (mais qui a dit que c'étaient les arbres qui avaient lancé les sorts? Les arbres peuvent très bien n'être qu'un catalyseur ). En enfin, un nom: Mirgandas... Iliaron
  7. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Et bien, c'est pas mal (bon, quand j'ai vu le post avec quatre ou cinq chapitres, j'ai failli te tuer, mais je me suis retenu (heureusement qu'ensuite c'étaient les mêmes^^)) Déjà, je ne vais rien dire quand à la vocation de Neldirage a devenir un anti-mage. Tu l'as préparé (et puis, franchement, dans mon récit, avec Ilia (désormais Iliaron, comme tu le verras quand je continuerais, là je suis plus réécriture plus révision bac (et oui, je veux une mention, enfin passons )) dont je révèle la sorcellerie bien tard dans l'intrigue ). La seule chose que je crains est peut-être que ton personnage devienne trop complet et super-bourrin, avec talent en stratégie, excellent bretteur (comme Arutha (pisque tout le monde semble connaître Feist ici-bas )) mais aussi sachant réaliser des sorts (bientôt, je n'en doute pas), et empêchant ses adversaires d'en utiliser. De plus, tout tourne un peu trop autour de Neldirage: pourquoi seul lui peut-il avoir l'idée d'une machine complexe pour les canaux d'irrigation. Laissons les ingénieurs se charger eux-mêmes de ce problème, là c'est quand même illogique . Le gars, il a du jamais voir une pompe, et il en réalise une de cinq mètres ! Disons qu'à côté, les trois amis semblent complémentaires entre eux, et aucun trop puissant. Je trouve que tu as tendance à exagérer un peu les qualités de Neldirage: qu'il soit doué militairement et magiquement, je veux bien, mais techniquement, non . Autre petit défaut, tu as tendance parfois à donner des détails inutiles. Le pire que j'ai trouvé est je pense la description d'une ligne de la baignoire (bouts de bois et anneaux métalliques): on veut bien des descriptions, mais quand même, la baignoire, on s'en passe . Certes le lecteur veut savoir des choses, mais n'a pas besoin de tout savoir. Par contre, il est clair que tu as fait d'énormes progrès au niveau des descriptions, même si certaines semblent un peu trop spontanées et irréfléchies (cf baignoire :'( ). Mais là où la qualité a le plus augmenté sont les dialogues, désormais prenant! Le mieux est quand même Van, il dépasse même Geoffroy (comprenne qui pourra )! La réplique "tu as déjà fait une boule de terre avec de la poussière" était excellente!!! (arg, je vais t'envier tes répliques cinglantes ) Bon, maintenant, j'attends la suite ! Iliaron PS: Bizarre, je l'ai lu il y a trois semaines, mais ça ne m'avait pas marqué! Ah oui, Lysle
  8. Et bien, tu t'y es enfin remis (et pendant que je suis en Italie, bravo, belle mentalité, hein (mon ingratitude t'a manqué :'( ?)) Que dire sur cette planche? Je ne sais comment tu as fait, mais ton niveau a encore augmenté par rapport à la dernière fois, le personnage est sublime, vraiment! Les torches, les ombres sur le vêtement, la chevelure... Et l'écriture est largement lisible . Que demande donc le peuple? Plus Oui, c'est ça, plus, encore Iliaron
  9. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Bon, maintenant que je suis accroc à ton histoire, voilà que je perds toute prestance à ne même pas faire attendre mon retard . Alors: Ca m'a bien fait rire, au milieu de nul part, alors que tout semble tragique! Cela m'étonne au niveau des âges. En fait, j'imagine Neldirage maintenant assez vieux (minimum 30 ans), et je ne pense pas qu'à la campagne on fasse de vieux os en plutôt bon état . Des purs coujous (normalement, absolument personne ne doit pouvoir comprendre. Si quelqu'un le peut, ce n'est que de l'ironie, hein (ah ces rancunes départementales ) Excellent cette remarque!!! Bon, passage de transition sans chichis. Je me demande juste ce que prépare Van, et j'attends la suite. Iliaron
  10. Iliaron

    Les sept compagnons

    Merci des remarques Inxi. Seulement, maintenant que je sens que j'approche du but (enfin ), j'ai plus envie de finir pour reprendre ensuite (de toute façon, je compte ensuite sûrement réécrire tout le début de la partie I (l'époque où je ne savais pas écrire ) et peut-être même ajouter un ou deux fils bleus (mineurs) pour ajouter un peu de suspense. C'est grâce à msn que j'ai justement écrit cela. Ta vision m'avait éclairé sur la manière dont tu percevais le tout, et donc j'ai abondé ici dans ton sens (tu le mérites bien pour tous tes commentaires ) Voilà la suite, bonne lecture * * * Kirla et Geoffroy secouaient leur tête pour finir de se réveiller – même si les larges cernes qu’ils portaient sous leurs yeux témoignaient en leur défaveur. Des six, ils étaient les seuls à avoir si mal dormi – pour autant les autres n’avaient pas non plus eu une nuit réellement reposante. Eux deux n’avaient cessé d’être tourmentés par des pensées dérangeantes de visions de chaos et d’apocalypse. D’habitude, ils auraient pris cela pour des cauchemars, mais en s’éveillant une désagréable impression de réel les avait habité, et les avait empêché de plus dormir. Ils enchaînèrent leur réveil par un bref et plutôt frugal petit-déjeuner– l’essentiel des vivres étant conservé pour la future campagne, seuls les biens qui pouvaient rapidement pourrir ornaient les différents bols. Mais il n’y avait pas assez de bol dans toute la Loriath pour contenter l’ogre qu’était Arthur ! Se relevant quelques instants plus tard, une fois le bol vidé, Ilia siffla son cheval, et le monta sans plus tarder. Alors d’un simple regard résigné, Kirla lui fit comprendre la triste vérité : dès ce jour-là, et pour tous les lendemains qui existeraient – sûrement pas beaucoup d’ailleurs – il n’y aurait plus de chevauchées, plus d’enquêtes… seulement une misère vivifiée. D’un soupir las, Ilia sauta finalement au bas de sa monture. Sans même regarder son ami, il colla sa tête contre les oreilles de sa monture et lui souffla quelques paroles réconfortantes, avant de lui donner une tape contre la croupe. Il regarda sa monture disparaître derrière les fourrés, avant de demander sans se retourner, la colère inscrite dans sa voix malgré ses vaines tentatives de l’effacer : « - Que fait-on donc aujourd’hui ? » « - Cueillir si l’on ne veut mourir d’inanition avant le départ. » Ilia ravala un sarcasme dans ses pleurs – lourde tristesse que celle d’abandonner les rênes de ses destins si près du but, quel qu’il soit. Il marmonna alors dans sa barbe : « - Kirtën n’est pas stupide au point de laisser son peuple décéder… » Puis il s’éloigna sans dire un mot de plus, sifflant à nouveau son destrier. A ce moment, Mav confessa : « - Au fond, il n’a pas tort… » Après un silence légèrement perturbé par les foudroyants regards que lançaient contre lui Geoffroy, il continua, contrit : « des sangliers seraient plus nourrissants… » Il avait parfaitement saisi la peur qui habitait Kirla, et semblait d’ailleurs le seul. « - On fait comme Kirla a dit ! » coupa Geoffroy. Il était visiblement d’humeur à rabattre le caquet à tous ceux qui s’opposeraient d’une manière ou d’une autre à son ami. Cette envie aurait pu réussir à redonner un semblant d’espoir dans le cœur de Kirla, sans la dernière réplique d’Arthur, à l’origine destinée à réconcilier le groupe des cinq. « - C’était juste un conseil, et non un reproche. » Alors Kirla confessa dans un sanglot : « - Je suis las. Las et lâche. Jamais vous n’entendrez de conseils sensés de la bouche d’un couard. Partez, résistez autant que vous le pouvez à vos destins et ne restez pas auprès d’un fou ! » Les quatre hommes s’approchèrent et se serrèrent contre leur compagnon. Ce geste était plus fort que toute parole, que tout sortilège, mais pourtant bien faible face au désespoir rongeant les cinq compagnons. « - Nous sommes un groupe uni, et nous le resterons toujours ! » annonça Gontrand, sérieux. « - Tu parles d’une unité » répliqua Kirla, désillusionné. « Jamais je n’ai vu de liens aussi évanescents ! » Un silence gêné suivit cette déclaration. Ils auraient dû être dans ce cercle six, et non cinq. Geoffroy sentit l’aversion à l’encontre d’Ilia l’envahir. Tout était sa faute, il venait de les abandonner, et par son acte il avait condamné Kirla au désespoir ! Il avait trahi leur groupe et par son absence les exposait à une mort inéluctable ! * * * La journée avait été invivable pour les cinq compagnons restants. Ilia, après être parti, s’était en effet bien gardé de revenir. Au final, ils n’avaient que cueilli des baies dans une ambiance maussade – pour ne pas dire franchement pénible. Les conversations oscillaient entre guerres ouvertes ou piques sournoises, et au final le repas du soir avait sonné comme la libération de ce fardeau qu’était leur unité. Durant toute l’après-midi, Geoffroy n’avait cessé de gueuler sur tous ceux qui osaient contredire Kirla, en particulier sur Mav. Ce dernier était le seul à encore utiliser sa raison sans se laisser emporter par ses pulsions. Il aurait pu être un allié salvateur, réconciliant Ilia avec leur groupe, car au fond Mav saisissait que chacun détenait une part de vérité. Seulement le vrai était poussé à l’extrême, défiguré en une parodie de réalité, afin que tous se distinguent les uns des autres. Il était d’ailleurs triste que la mort d’une amitié inébranlable se transforme aussitôt en haine farouche. Mav sentait qu’il allait aussi bientôt les quitter. Passer une journée à avoir un perroquet déchaîné beuglant en un leitmotiv affligeant les mêmes imprécations devenait à la longue réellement énervant ; jamais Mav ne s’était senti autant survolté, et il en avait même peur. S’il écoutait sa rage, jamais il ne pourrait analyser avec soin et détachement les évènements qui leur arriveraient – ou qui lui arriveraient. Or, en ces temps-là, ils avaient plus que besoin d’une analyse fine. Peut-être était-ce là la dernière arme qu’ils pouvaient fourbir pour atteindre le point faible de l’ennemi, mais ils étaient actuellement en train de se condamner eux-mêmes. Triste fin que cette enquête, soupira Mav. Lui qui avait songé que dans des conditions de survie difficile ils se serreraient les coudes, il s’était trompé, et de beaucoup. Mais qui aurait pu prévoir que le long fleuve tranquille de l’amitié se transformerait en torrent tumultueux, condamnant leur paisible bateau d’amitié à un terrible naufrage. Et ils dérivaient sur des côtés bien peu enviables… * * * « - Vous m’avez compris, les amis ? » demanda Anar avec vigueur. Les êtres assemblés autour de lui, trois centaines environ, hochèrent péniblement la tête. L’émotion était palpable, et la magie qui animait et modelait le lieu laissait même traverser quelques fins rubans rouges. Les traces du sang et de la douleur, songea Anar. « - Je sais que c’est dur » annonça-t-il. Il aurait voulu se tenir droit, mais il s’étonna à s’appuyer sur son ami de toujours, et même à verser une larme. « Vous considérez que vous avez abandonné vos foyers, laissé ces pourritures pénétrer en Loriath et profaner l’empire de l’Esprit. » Encore une fois, la troupe opina, et ça et là quelques sanglots se faisaient entendre. « - Leurs cris distordus d’« Althior » résonnent encore dans mes oreilles ! » commença à se confesser Anar ? « Je sens encore la morsure des flammes, et chaque fois que je repense à leurs maudits visages j’en suis malade ! Tout ce qu’ils ont laissé n’est qu’une large colonne de fumée ! Les cendres retombent même ici, à une centaine de lieues des combats ! » Il lança un regard désespéré derrière lui. Un haute colonne de fumée obstruait tout horizon, le ciel était englouti dans cet océan de scories et même le soleil, pourtant loin au Sud, semblait terne. Son éclat blafard ne parvenait pas à réchauffer les cœurs des elfes, et malgré l’absence totale de nuage nul ombre ne surgissait à leurs côtés. « - Tout ce qu’il nous reste est notre honneur ! » lança-t-il en défourrant sa dague. D’habitude ce geste était suivi par des vivas et des chocs métalliques. Là régnait un silence complet, seuls quelques uns de ses compagnons osaient encore regarder l’arme. Presque tous baissaient la tête sous le poids de l’opprobre. Leurs dagues devraient être enfoncées dans le cœur de ces salauds d’homme, eux-mêmes devraient être au centre des tourmentes, dans le feu infernal, morts. Mais ils avaient fui… Un des elfes osa finalement s’avancer, et prononcer à voix haute ce qui les torturait tous en silence : « - Nous avons trahi nos foyers, nos femmes, nos Athis… » Anar descendit du rocher sur lequel il se tenait, et prit dans ses bras l’Ath. « - Ecoute-moi bien » commença-t-il avec tristesse, « écoutez-moi tous ! Aucun de vous n’a trahi l’Esprit, je ne vois ici assemblés que des cœurs nobles dans des corps meurtris ! Ces hommes nous ont tous ici fait souffrir. Rester était mourir ! » Anar regretta aussitôt cette conclusion : dans les yeux de chacun se lisait ce désir d’anéantissement. Décéder en Loriath était préférable à vivre ailleurs, surtout lorsque ce ailleurs était si obscur que la frontière à laquelle ils se trouvaient. « - En choisissant de vivre, vous permettez à la vengeance des Aths de s’abattre sur les hommes. Ces humains dépravés pensent avoir maté toute résistance, et ils paieront au prix fort cette erreur ! Ils ne connaissent l’orgueil d’un Ath ! Un elfe rancunier peut traverser les siècles pour briser finalement son ennemi - ou son descendant ! Notre haine est telle que durant un millénaire nous pourrons nous abreuver du sang de ces immondices, et durant un nouveau millénaire nous pourrons reconstruire le monde tel que nous l’avons toujours connu : pur, paisible, où le bonheur est possible. » Quelques sourires carnassiers apparurent sur les visages des différents elfes assemblés. Plus une larme n’était versée – et il n’y avait plus une traînée rougeâtre alentour : pour la première fois depuis leur fuite ils cessaient de se déchirer dans ce proche passé infernale, pour se tourner vers l’avenir, bien décidé à ce qu’au bout se trouve l’avènement des elfes ! « Faisons vivre à ces hommes un enfer, « Althior » » éructa-t-il avec mépris. « Que pour chaque foulée en Loriath se trace un sillon sanglant dans leurs chairs. Leur cœur – si tant est que des êtres aussi immondes en est un – doit être brisé ! » Alors, enfin des acclamations furieuses accueillirent ses propos. Il en profita pour donner ses ordres. « - Mes frères, restez tous en ce lieu. Les hommes vont chercher à pénétrer dans ce pays-ci, opposez leur une farouche résistance. Ce seront des soûlards confiants dans leur succès. Avant même d’avoir dégainé, ils seront déjà en train de bouffer des asticots, plutôt d’être dévoré ! » Un rugissement inarticulé suivit cette déclaration. « Talka, toi qui est le plus rusé d’entre nous, tu seras leur capitaine et superviseras tous combats. » « - Mälthion » ajouta Anar, se tournant vers un nouveau Ath, « tu as toujours été le plus discret et le plus tempéré. Toi seul pourra à la vue des hommes parvenir à surmonter tes pulsions sans te jeter dague abaissée dans leur cœur ! Tu serviras donc d’éclaireur. Tu renseigneras Talka des mouvements de nos ennemis. Ne dégaine jamais, à moins d’être dans une situation vraiment désespérée. A dix contre un, ils pourraient te blesser ! » « - Et vous, chef ? » questionna en retour ce dernier, après s’être agenouillé. « - Folgiwe et moi sommes les plus revanchards ! Nous pénétrerons dans ce pays de Soleilla et trouverons les hommes. Nous leur tirerons les vers du nez, et punirons tous ceux qui ont osé planifier l’attaque de la Loriath. Leur soif insatiable de pouvoir les conduira à leur perte. Ils veulent plus de territoires, plus de guerres, plus de combats. Mais ils ne s’attendent pas à trouver en travers de leurs routes une résistance, et des sillons sanglants suivront leur pas tellement proche que l’odeur de putréfaction les fera finalement se retourner. Et là, ils verront leur échec, avant que nous surgissions sur eux, dague en avant. » Aveuglés par leur furie, nul elfe ne pensa même à se joindre à leur groupe si infime. Leurs bras vibraient le long de leurs fourreaux, et n’avaient plus que pour désir d’enfoncer les lames dans les entrailles humaines. Ils ne pouvaient plus attendre, et sentaient qu’ils prendraient même plus de plaisir à torturer les hommes qu’à les tuer rapidement. « - Pour les Aths » cria Anar en levant haut son arme. Que les hommes subissent notre courroux, ne laissons derrière nous plus que des corps mutilés pourrissants. Que les charognes nous suivent dans nos moindres déplacements, toutes avides de chair fraîche. Qu’une ère de souffrance s’abatte sur les hommes ! Vous tenez l’enfer dans vos épées, déchaînez-le ! » Sa dague encore levée, il fit volte-face, et pénétra dans le royaume de Soleilla. Derrière lui, une foultitude de fins rubans noirs tourbillonna entre les Aths, et les enveloppa tous d’un linceul de ténèbre. Rien à dire d'autre que ça se profile peu à peu (et au moins, je ne fais pas le boulot du commentateur comme me l'avait une fois reproché Inxi ) Iliaron
  11. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Et bien, j'aime encore. Contrairement à Roujio je trouve la transition vraiment bien: plus long, c'aurait été trop long car il ne se passe rien d'important, mais de cette longueur, on sent bien le calme, un ton plus détaché, plus lent aussi. C'est sûr, c'est un résumé, mais c'était voulu, et j'aime vraiment la manière posé dont c'est écrit. Ensuite, j'aime aussi, même si j'attends de voir la suite. Ce que je crains, en fait, c'est que ce cycle-ci n'ait que peu de rapport avec le cycle II (pour le cycle III, il y aura si je saisis bien le Seigneur de la garde et le "magicien". De plus, j'imagine que le sergent au nom imprononçable aura quelque chose à voir, comme s'il s'était inventé un nom pour se faire passer incognito . En fait, peut-être le seul reproche est que l'on a l'impression lors du résumé que les quatre ne sont plus vraiment soldats (peut-être est-ce possible d'ailleurs). Mais je répéte que j'ai aimé . Iliaron, suite!
  12. Iliaron

    Les sept compagnons

    Avant la suite, je réponds : Je craignais que sans ces termes l'on interpète mal les paroles des différents protagonistes. En effet, entre: "- Idiot" la taquina X "- Idiot" le gronda X "- Idiot" s'énerva X "- Idiot" ria X Il y a une belle différence! Mais comme durant tout le dialogue je suis dans un contexte de blague, je pourrais toujours en enlever quelques uns, surtout ceux des héros en fait (je pense au moins garder ceux des Aths, car on pourrait croire qu'ils le prennent mal). Et maintenant, la suite: * * * Les six compagnons avançaient lentement parmi les arbres. Ils distinguaient à une certaine distance deux imposants sangliers, sûrement un mâle et une femelle à voir les trois marcassins les suivant. Geoffroy se décala derrière un nouveau tronc, et fit un signe à ses cinq amis. D’un geste de la main, il leur somma de se diriger dans la direction inverse, derrière le groupe. Quelques instants plus tard, tous étaient en place, une flèche encochée sur chaque arc, toutes pointées vers les bêtes. Geoffroy ajustait avec sérénité son tir, espérant simplement que ses cinq compères n’allaient pas trop se précipiter. Finalement, il lâcha la corde, et le trait prit son envol, pour se ficher dans les yeux du sanglier mâle. Aussitôt, cinq nouvelles pointes s’élevèrent dans les cieux, en ayant légèrement moins de succès. Deux marcassins étaient morts, un autre indemne, et la laie avait une flèche dans le ventre. Furieuse, elle tournait éperdument en rond, à la recherche de ses agresseurs. Une flèche vint atterrir devant sa tête. Alors elle décela un Arthur, penaud de son tir manqué. Cependant, elle n’eut le temps de charger. Ilia et Geoffroy avaient décochés simultanément, et leurs flèches étaient désormais profondément enfoncées dans la chair de l’animal. A ce moment-là, le marcassin détala. « - Laissez-le » hurla Geoffroy, « y a pas de nourriture, et l’est trop jeune. » Mais une flèche d’Ilia vint stopper le tout jeune animal dans sa course en quête de survie. Laconiquement, l’Ath expliqua : « - C’était un sanglier. » Geoffroy sentait son instinct de chasseur pulser en lui. Ne pas tuer une jeune bête était se permettre d’avoir dans son assiette une imposante côtelette quelques années plus tard. Mais au-delà de ce simple constat, il se sentait outré par la cruauté de cet acte : l’elfe venait d’ôter une vie qui ne demandait qu’à fleurir. L’estime qu’il avait réussi à préserver envers Ilia – et les elfes en général - s’évanouissait, et il sentait la haine effleurer chaque parcelle de sa peau. Cependant, il ne souffla mot. L’avenir de leur groupe était en jeu, et il ne tenait pas à être celui qui briserait leur unité déjà bien branlante. La fureur se mua en un bulbe prêt à éclater sous l’impact de la colère, et à déverser son contenu de zizanie sur chacun des compagnons. Finalement, il se força à prendre son ton le plus calme possible et à demander : « - On ramène ces bêtes ou pas ? Maintenant qu’elles sont mortes, les laissons pas pourrir. » « - Faites-le » annonça Ilia, « avec Kirla on va regarder si… s’il n’y a pas de traces de… de sanglier » Après une brève stridulation de l’Ath, les montures qui s’étaient éloignés le temps de la chasse arrivèrent au galop. Geoffroy serra les poings devant le ton – et la présomption - de l’Ath, mais abdiqua. Las, il se dirigea vers les dépouilles, tournant volontairement le dos à Ilia. Après s’être éloigné des hommes, Kirla remarqua à voix basse : « - Tu as bien raison, les arbres sont ici plus malades. » Puis à voix haute, par précaution : « Aucune trace ! Je crains que nous ne trouvions pas plus de sangliers à ramener. » « - Continuons quand même nos recherches. Ces cinq que nous avons tués devaient sûrement posséder des congénères non loin de là. » Ensuite, il marmonna très rapidement, en bougeant à peine les lèvres : « Certains semblent presque éventrés par la maladie, et les troncs sont prêts à s’ouvrir d’eux-mêmes. Il serait possible d’y cacher une armée que personne ne le remarquerait. » Kirla opina silencieusement, avant de pointer un doigt, et de crier : « - Là-bas, une troupe fuit ! » Il se saisit aussitôt d’une flèche et tira. Le trait alla se loger dans un tronc, et disparut à l’intérieur de celui-ci. Kirla pesta : « Et mince, mon cri les a alerté ! » Et il reprit, faiblement : « Les troncs sont pas bien épais, t’as vu juste. » « - Ils sont pourris jusqu’à la moelle. J’aimerais bien savoir ce qu’il y a en eux… Ils ne semblent tenir droit que par magie… » Enfin, il s’énerva à l’encontre de Kirla : « Mais tu le fais exprès ou quoi ? On a besoin de toute la nourriture possible, et toi, tu ne trouves qu’à faire fuir nos vivres ambulantes ! » Kirla fit mine de s’empourprer, pour bégayer : « - Désolé, j’étais si heureux de les avoir trouvés. « - Partons, maintenant il ne sert plus à rien de rester. Il n’y a plus un sanglier… Par ta faute ! » Une fois assez éloignés de l’endroit – en vérité très proche du lieu de leur première chasse – ils se permirent de souffler, et Ilia congratula son ami. Ce dernier se permit enfin de sourire, malgré quelques tics qui apparaissaient au niveau de son visage. Quoiqu’il se cache en ce lieu, il ne désirait vraiment pas le savoir. D’autant qu’à moins d’une lieue était l’orée de la forêt, et au vu du contexte actuel il n’était pas forcément très bon d’être surpris sur les territoires humains. La très longue vie qui lui était promise risquait d’être brusquement raccourcie – tout comme lui d’ailleurs. Il frissonna, avec une unique certitude : il ne mettrait jamais plus les pieds en ce lieu maudit, ni en tout autre lieu maudit. L’ennui était que, tout comme les ennemis, ces endroits proliféraient avec une facilité plutôt déconcertante, et même inquiétante ! * * * Les six compagnons mangeaient en silence. L’ambiance qui avait animé joyeusement leur groupe la veille semblait avoir déjà disparu dans les limbes d’un désespoir par trop tenace. Kirla s’était même légèrement éloigné du groupe, se sentant malade de résignation. Il se trouvait coupable de sa propre faiblesse, lâche au point d’abandonner ses compagnons dans une situation mortelle. Il n’avait ni la force ni le courage de retourner enquêter au niveau de ces carcasses d’écorce, sans non plus avoir l’énergie d’accepter son être entre deux mondes, déchiré entre les hommes et les Aths. Il n’osait même plus regarder son ami Ilia. C’était lui, plus que quiconque, qu’il trahissait. L’elfe lui avait donné les moyens de survivre, l’avait éduqué pour les combats à venir afin qu’il ait la force de lutter, et par amitié s’était sacrifié à accepter les hommes au sein de leur amitié, et même de se rendre en Skefoy ! Et lui, il ne trouvait qu’à l’abandonner… L’attitude d’un couard de la pire espèce ! Il aurait tant aimé être autre que ce qu’il était, avoir la puissance de ses rêves et pouvoir renverser l’ordre du monde pour se redonner le sourire, ainsi qu’à tous ses compagnons. Mais comment pourrait-il jamais retourner dans les lieux maudits ? La mort se lisait sur chaque tronc, sur chaque brin d’herbe et dans la terre. Et lui devrait fouler ces marais poisseux de ténèbres, se diriger dans ce dédale infernal de malheur entre des arbres à l’aspect décrépi et maladif, le pus remplaçant la sève, les cadavres les écureuils : en somme, un lieu possédé par la mort. Ce n’était pas tant l’envie qui lui faisait défaut, mais bien la bravoure ! Il se replia sur lui-même, en essayant de cacher du mieux possible les larmes, signes évidents de sa cruelle et ignominieuse faiblesse. Son père, voyant cela, se décida enfin à s’approcher de Kirla. Depuis le retour de son enfant il avait été entièrement pris par les préparatifs de la future attaque – qui d’ailleurs se déroulaient à merveille, et le délai d’une semaine pourrait être certainement réduit à cinq jours ! – et il n’avait jamais pu allouer ne serait-ce qu’une minute pour discuter avec Kirla. Il avait remarqué l’amitié qui liait son fils aux quatre hommes et à Ilia, et s’était donc senti moins honteux de ne pas lui parler. Mais aujourd’hui son fils pleurait, soit ses amis ne l’avaient pas vu, soit les remparts de l’amitié s’étaient brisés, mais il était seul, terriblement seul ! Et personne ne savait exactement ce qu’un elfe désespéré peut réaliser, mais rarement les conséquences sont joyeuses… Or, en ces temps de guerre, il ne pouvait se le permettre : la vie de chaque elfe était trop importante pour être perdue en futilités ! Il s’assit aux côtés de son enfant, et s’excusa de son absence de deux jours. Pour toute réponse il reçut un regard résigné. Alors il prit son courage à deux mains – ainsi que son fils – et demanda : « - Quelque chose ne va pas ? Tu peux tout me dire, je te considérerais toujours comme le charmant Athi que tu étais ! » Kirla tourna ses yeux humides vers son père, avant de se perdre dans la contemplation des herbes. « - Je suis faible… » Kirtën s’assit aux côtés de son enfant, et lui confia : « - Allons, en ces temps troubles, chacun de nous sent la peur en lui. Mais tu seras là pour voir le monde de rêve que nous érigerons après cette bataille ! » « - J’ai trahi mes amis… » Kirtën marqua une pause, durant laquelle il chercha ses mots. Enfin, il parvint à articuler d’un ton rassurant : « - Si effectivement tu les avais trahi, ils ne te lanceraient pas de furtifs regards de regrets, mais d’aversion. » « - Je les ai mené partout en Esserpa pour que je sache qui je suis, je ne le sais toujours pas, et maintenant que j’ai la possibilité de le savoir, j’abandonne ! » Kirla avait dit tout cela en une seule fois, sans même reprendre sa respiration. Désormais il respirait presque difficilement, comme si remonter le poids des remords bloquait par une quelconque manière ses poumons – les pleurs sûrement. Kirtën posa sa main dans le dos de son fils, et demanda d’un ton compatissant : « - Mais qu’est le plus important selon toi ? La connaissance de ton identité, ou bien la vie à venir ? » Devant le silence de son fils, l’elfe abandonna cette discussion, et entama une nouvelle conversation. Il n’avait nulle envie de pousser Kirla trop loin dans les regrets : il était venu pour le faire remonter parmi eux, et non pour l’enterrer plus profondément dans les limbes du malheur ! « - Et qu’avez-vous trouvé à Skefoy ? » « - A part la fugitive vision d’un pseudo-père en fureur, pas grand-chose. » Kirla se tut par contre quand à l’épisode dans le cimetière. Afin d’éviter toute considération de Kirtën – qui chercherait vraisemblablement à lui pointer toutes les imperfections de ce père humain – il continua : « d’ailleurs, il y a eu une attaque au sein même du château… » « - Vraiment ? » interrogea Kirtën, une légère lueur malsaine dans les yeux. « - Oui, un meurtre, ils n’ont pas trouvé les agresseurs… » « - Ces chiens sont déjà en train de s’entre-déchirer. Quel peuple pitoyable ! » A ce moment-là, Kirla identifia l’éclat dans les yeux émeraudes de son père : les pupilles brillaient de cruauté. Quelle tristesse que ce monde dans lequel ses proches s’éloignaient simplement par divergence d’opinion… Les elfes traitaient les hommes de pervertis et corrompus par le mal, et en effet les hommes avaient une tare impardonnable : ils semaient, sans même agir, les germes de discordes dans les cœurs des Aths. Et les graines avaient bougrement bien poussées ! Comme toute chose mauvaise ces derniers temps… « - Mais bientôt » surenchérit Kirtën, « nous purifierons le monde d’Esserpa de ce vivier d’opprobre ! Et alors, chaque Ath pourra le voir, ce monde, comme jamais il ne l’avait vu. Dégagé de l’étreinte ensanglanté des humains, le soleil pourra enfin briller à son firmament, les herbes pousser sans crainte de la faux et les arbres s’élargir sans la scie pour les massacrer. Ô oui, ce jour-là sera un jour heureux ! » Kirla aurait voulu courir, hurler, tout du moins que cet être qui était son père se taise. Des images de cadavres hantaient ses nuits, nul besoin que son père leur donne une consistance ! Au plus profond de lui-même, il le sentait, cet elfe ne pouvait être son père. Un père se devait d’être quelqu’un d’aimant et de compréhensif inspirant le respect et l’amour à ses enfants. Pour la première fois de sa vie, Kirla avait peur de Kirtën, peur de ce qu’il était mais encore plus de ce qu’il pourrait devenir dans la fureur de la bataille. Alors, Kirtën, sans aucune considération pour son fils, tourmenté par la haine indicible qu’il éprouvait à l’égard des hommes, serra le poing contre le manche de sa dague, et souffla passionnément : « - Oh oui, nous les massacrerons jusqu’au dernier ! » Kirla frissonna jusque dans ses entrailles. Ce n’était pas tant l’éclat maladif et contaminé par des années de rage des yeux de Kirtën, ni même son sourire convulsionné par la fureur, et ses dents prêtes à mordre le premier homme venu, ni encore le ton possédé de sa voix qui terrorisèrent Kirla, mais la certitude frappante d’avoir déjà ressenti ces mêmes frayeurs devant un autre être loin, très loin… Dans la première partie, au travers des sangliers, je montre la haine qu'à Ilia a à l'égard des hommes, mais pas forcément des compagnons. Ensuite, lorsqu'ils vont dans les arbres, simplement pour enquêter. Ils remarquent clairement que quelque chose ne va pas dans les arbres, et comprennent que là est au moins une source de leurs problèmes. Dans la deuxième partie, lors du dialogue entre Kirla et Kirtën, j'ai longuement hésité entre révéler maintenant et casser un peu l'effet, ou bien attendre l'action finale (en plus, le secret est depuis longtemps éventé^^). Mais bon, j'avais l'occasion de faire un beau dialogue (j'espère) alors je n'ai pas plus hésité . Bon, il ne se passe certes pas grand chose, mais là je suis dans une sorte d'état calme où doucement l'action finale se prépare (ça risque d'être du joli^^) Iliaron
  13. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Bon, Gemini a relevé toutes les fautes que j'avais vu (et même bien plus ). Alors je peux me concentrer sur le fond . Remarque, j'ai juste trouvé en plus: J'aurais mis "?" Déjà, c'est vraiment une très bonne suite. Sans rire, certaines phrases sont très bien trouvéses, comme la comparaison entre le bruit des sabots et la fureur... Vraiment, on sent que sur ce passage tu as passé du temps, car il représente tout de même un changement majeur chez Neldirage, qui perd ses anciens idéaux et valeurs pour, on le devine, peu à peu devenir comme Daek. De plus, on ressent toute son ambition, car lui aussi aurait apprécié de prendre du grade! Et l'on peut encore deviner qu'il deviendra, sinon tout de suite, du moins plus tard, prêt à tout pour cela. Pfiou, c'est bien le premier passage sur lequel je ne vois vraiment pas de défauts. En plus, je trouvais presque Daek sympa (malgré le fait que j'avais trouvé son empressement à prendre un rôle qu'il disait très dangereux juste par souci de justice un peu louche: selon moi, un homme vraiment bon aurait pris le rôle sans même appuyer sur le risque que cela présente. Mais vomme je considère les répurgateurs comme un peu présomptueux (rien que par leur habit et manière d'être), cela ne m'avait pas gêné plus que cela). En clair, une super suite, sûrement le meilleur passage que j'ai jamais lu de ta plume!!! Bravo, et même merci de ce chapitre!!! Iliaron, impressionné
  14. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Critique de ce que tu m'as passé (tu dois bien te souvenir à quoi ça s'applique; il me semble que présentement il me manque deux chapitres). Alors, un de mes soucis a été le mélange des intrigues. En effet, alors que celle de l'arrestation du seigneur de la Garde (d'ailleurs, j'ai oublié pourquoi on cherche à l'arrêter, si ce n'est qu'il corrompt, vole, viole et tue éperdumment (en un mot, à part la mésaventure de Van précédemment, qu'a-t-il fait aux compagnons)) n'est pas terminé, tu embrayes sur le cimetière. Et, ô miracle , les deux se recoupent! Je dois avouer que je ne vois vraiment pas ce que faisait là le tueur, dans la mesure où il est effrayé par les zombies, et que donc il n'a pas l'habitude d'y venir. Curieuse coïncidence... (à moins qu'il n'y soit venu justement pour les tuer dans l'obscurité ni vu ni connu). Sinon, durant tout le passage du cimetière, je n'ai ressenti absolument aucune peur. Pour ainsi dire, on voit les compagnons agir, et c'est tout (il n'empêche que c'est prenant, on a envie de savoir ce qu'il va leur arriver, mais on n'a pas peur de ce qui va arriver (bon, c'est très rare les moments où j'ai vraiment peur. Souvent d'ailleurs lorsque j'ai "peur" c'est lorsque je ne sais pas ce qui se cache, lorsque l'on ne voit pas, qu'en quelque sorte l'on est aveugle. A ce jour, trois passages m'ont, disons, marqués (afin que tu comprennes mieux mon argumentation, des exemples valent milles paroles)(en espérant que tu les ais lu): A la fin du boucanier du roi, de Feist, dans le temple (je reste très vague, au cas où que tu n'y sois pas encore) Sphère, de M. Crichton. A peu près dans tout le livre en fait, il n'y a que dans les 10 dernières pages que la tension s'est relâché Et le pire a été La machine à remonter (explorer?) le temps de je ne sais plus qui. Là, on sait pourtant ce qu'il s'y passe, mais les descriptions sont vraiment réussis, et je pense que c'est le seul récit à ce jour où je n'ai pas seulement eu peur pour les personnages, mais où j'ai eu peur tout court. Après, c'est sûr qu'une ambiance effrayante est dure à créer! D'ailleurs, les abus de glauque ne servent à rien, contrairement à ce qu'initialement je croyais. Mais si tu veux t'en rapprocher, quelques conseils: - évite les blagues vaseuses, je veux dire, ça fait sortir de toute atmosphère (c'est aussi un point de vue subjectif) - sûrement moins de dialogue: lors de dialogue on a moins prise avec l'anormal. - et que tu nous laisses dans le flou: il ne faudrait pas voir les zombies: une fois qu'ils sont vus, on n'a plus peur: on sait contre quoi ils se battent. Au contraire, un silence mortuaire est bien plus terrifiant, où l'on sent à chacun des pas une menace toute proche, menace qui vire à la paranoïa... Et soudain un bras qui surgit à la gorge... (après, l'écrire est une autre paire de manche, je te l'accorde!) L'explosion m'a paru un peu hyperbolique. Ton Nedi ferait exploser la capitale pour protéger la ville d'un cimetière au fond pas si dangereux (faut entrer dedans pour qu'il le soit). Certes il y a des hommes-rats, mais ta description m'a semblé impressionnante. Le cimetière est quand même dans la ville (du moins c'est ce qu'il me semble), alors pour que les murs se trouvent soufflés, j'imagine que les quartiers proches l'ont été aussi . Entre les chapitres 43 et 44, je trouve qu'il y a un gros problème de transition: tu commences par un dialogue, pas de problème. Mais ensuite tu ne dis pas où ils sont (selon moi: changement de chapitre, changement de situation, alors que là on croirait qu'une seconde sépare les deux chapitres. De plus, je ne comprenais pas leur plan visant à enterrer le "type", comme je ne comprenais pas qui était le "type". Pour moi, il était tout aussi vivant que ceux qu'il utilise (autrement dit, vraiment pas beaucoup ) Pour ne pas être considéré comme l'ingrat de base (que je suis ), je vais quand même rappeler les qualités: - une narration qui donne envie de continuer - on est pris dans ton récit (même si tu ne parviens pas forcément à créer l'ambiance adéquate, m'enfin, quand je vois que même de grands auteurs (même Feist ) n'y parviennent pas toujours, je ne vais pas te porter préjudice) - des remarques vraiment bien trouvées, surtout celle, qui, en gros, disait: "il n'y avait pas âme qui vive ni âme plus vraiment vivante" (faudra que je la réutilise tellement elle est excellente ) Iliaron
  15. Iliaron

    Les sept compagnons

    Après une pause dûe à... à plein de choses en fait (ainsi qu'à une absence d'inspi), je reviens vous hanter . Déjà, pour Inxi, je suis en train de lire, mais bon, ça fait quand même 16 pages ! Et merde, me voilà trahi ! Au moins je t'ai donné le virus (enfin, c'est peut-être pas moi). (d'ailleurs, faut que je commence la guerre des serpents dès que j'ai fini Bilobo le hobbit). Vite fait: Esserpa est le nom du monde dans lequel se passe l'action (indiqué sur la carte, je l'insérerais aussi avant) Bonne lecture : * * * Kirla restait abasourdi, deux traînées luisantes inscrites dans ses joues, signes évidents des larmes versées. Difficilement, il murmura : « - Et ils étaient tous… absolument tous… » Il n’arrivait à parler, comme si prononcer à voix haute le mot pouvait faire revivre le massacre et le chagrin mêlé de haine. Lentement, Kirtën acquiesça, et Yunka suivi de Kalith, soufflèrent dans un soupir macabre : « - Ils étaient éventrés, décapités… L’œuvre de barbares, d’hommes… » La haine se lisait clairement sur les visages de ces deux elfes, mais une expression encore plus prégnante de résignation perçait la fermeté de leur expression : les deux se sentaient faibles, et ne voyaient comment ils pouvaient s’opposer au destin de toute la nation des Aths. Les temps sombres étaient sur eux, bien trop tôt… « - Pas un survivant » finit Imladrik, les larmes aux yeux. « Personne pour nous décrire leurs agresseurs, et que pleuve notre revanche. Rien, pas un indice. » Ensuite, plus à lui-même qu’aux compagnons, il murmura : « l’œuvre d’hommes, à n’en pas douter ! Mais où chercher, ces bêtes prolifèrent comme la peste, et sont bien plus nuisibles. » Aucun des quatre hommes ne pipa mot : devant l’effroyable tragédie qui s’était jouée en Gwaïwe et Lyondri, ils comprenaient parfaitement – et malgré leur fierté d’être des hommes – la fureur qui pouvait animer chaque elfe, et étaient d’ailleurs surpris de ne pas avoir été fait prisonnier. Ils étaient considérés comme un groupe qui acceptait la Loriath sans lui chercher tort, et si la forêt les avait accepté en son sein, alors ils devaient faire de même. Pourtant, ces derniers temps, la forêt avait tendance à accepter bien des étrangers, les ennemis pullulaient… Soudainement, Imladrik releva la tête, serra les poings, et ragea : « - On les retrouvera par tous les moyens. Que ce soit par l’enfer d’Althior ou la délivrance de l’Esprit, notre courroux vaincra ! Si nous nous laissons massacrer, il n’y aura bientôt plus un elfe sur cette terre qui sera livrée aux vicissitudes des hommes. Allons au devant de notre destin, et si nous devons mourir demain, alors ce sera avec honneur ! Que l’on se souvienne de la race des elfes une fierté et un courage sans égal, et non de la couardise. Demain, la forêt vibrera au son des galops rapides de mes éclaireurs. Sur le roc leur fracas se fera entendre, et bientôt la foudre frappera les hommes. Demain sera une journée de vengeance, une journée faite de recherche qui nous mènera aux assassins, et à la punition divine ! Que l’Esprit m’accompagne lors de cette chevauchée dans les territoires des hommes. » Une lueur tremblotante gagna en intensité au fur et à mesure de cette harangue dans les yeux des deux chefs. L’espoir était mort, transpercé par les hommes ; mais la haine animait les corps, et guidait les coups jusque dans la chair ennemie. Quand aux hommes, ils pâlirent. Beaucoup des leurs allaient décéder, probablement cette ultime bataille allait sceller le destin des hommes et des elfes. Dans quelques jours, un vent macabre soufflerait sur la lande d’Esserpa, une tempête gonflée par le sang versée ; mais personne pour la sentir. Seuls les cadavres joncheraient les plaines et les bois, croupiraient dans les lacs ou les marais, et les esprits défunts hanteraient ce tombeau des peuples. Les peuples elfiques venaient de se réveiller, et ils prenaient conscience de leur puissance. Et devant elle, les peuplades humaines trembleraient, ainsi que le monde. « - Kirtën » continua Imladrik, « je te confie le commandement de mes hommes. » « - Et nous, » ajoutèrent ensemble Yunka et Kalith, « nous vous jurons fidélité. Vous avez su nous amener à la victoire à Mor, et vous y arriverez encore une fois ! » « - Parfait » surenchérit Imladrik. « Envoyez des éclaireurs quérir l’aide des tribus environnantes. Finaeth a connu la guerre de la Loriath, elle répondra. Nous entretenons encore des liens avec les clans de Silath, de Tissina et d’Oglior, ils répondront. Quand à celle d’Onyx, ils peuvent débarquer à l’aide de leurs bateaux et prendre à revers les hommes. Dites bien à chaque elfe que vous rencontrerez que de cette bataille ne dépend pas simplement une vengeance, mais aussi le destin de la Loriath et du monde. De notre action Esserpa sera changée à jamais. » Les deux chefs et Kirtën opinèrent, sentant la confiance perdue revenir. « - Dans une semaine, partez à l’assaut des territoires humains. N’attendez pas mon retour, cette guerre ne doit être retardée pour aucune raison. » Il se recula, et siffla. Aussitôt, comme apparue de nulle part, une splendide licorne se présenta à ses côtés. Il l’enfourcha, et sonna dans son cor. « Adieu mes amis. Que l’Esprit guide vos lames. Accordons une seconde naissance à la Loriath » Sans un regard en arrière, il lança sa monture à toute allure au travers des fourrés. Déjà, quatre gardes le talonnaient : les soldats les plus proches d’Imladrik. Certainement le crépuscule qui accompagnait leur départ serait le dernier de toute leur vie. * * * Une nuit s’était écoulée, paisible, bien trop paisible d’ailleurs au goût de Kirla – l’habitude d’être réveillée par un cauchemar devenait visiblement tenace. La tribu semblait calme. Peu d’elfes marchaient dans les couloirs de l’Habitat, ni même s’attardaient dans la salle principale. En vérité, hormis les six compagnons, il n’y avait plus personne. De fait, une trentaine d’éclaireurs étaient partis vers les tribus éloignées. Deux centaines de soldats parcourraient les alentours de l’Habitat, chassant. Ils avaient une semaine pour ramener assez de nourritures pour tenir durant cette longue campagne. Les plus vieux s’occupaient de graisser lames et armures : rien ne devait être laissé au hasard, et pour la première fois depuis des âges immémoriaux – peut-être depuis toujours – les anciens quitteraient la Loriath et accompagneraient les soldats pour les aider. Les femmes, quand à elles, s’entraînaient à l’arc. Malgré la finesse des elfes, les mâles étaient puissants, plus que leurs femmes. Ils ne voulaient risquer de les envoyer à la mort dans des mêlées brutales. Au contraire, leur précision serait souvent vitale. Enfin, pour les quelques derniers qui restaient – fort peu – ils s’occupaient d’organiser la clairière pour être prêt à recevoir le flot de soldats qui bientôt affluerait dans cette clairière. « - C’est du suicide » clama Geoffroy. Depuis déjà une heure ils étaient engagés dans une lutte acharnée entre raison et haine « Pour les elfes et les hommes ! » « - Il est trop tard » le coupa Ilia, « les hommes sont allés trop loin. Ils ne sont certes pas tous aussi belliqueux et barbares, mais va faire entendre raison aux elfes maintenant… » « - C’est justement ce que j’aimerais » beugla Geoffroy. « - Ils te pourfendraient » le raisonna Mav, « et je les comprendrais : nous sommes des hommes. » « - Mais nous sommes pas cruels ! » rétorqua Arthur. « - Ils ne sont plus prêts à faire la différence. Regarde-les, au lieu de tuer seulement leurs ennemis, ils sont prêts à éradiquer tous les hommes… » « - C’est une menace potentielle » intervint Ilia, furieux. « - Nous sommes TOUS potentiellement dangereux, même toi ! N’as-tu donc jamais tué ? » « - Des hommes » éluda l’elfe. « - Qui étaient peut-être mécréants, peut-être pas » renifla avec mépris Geoffroy. « - Mais même » objecta Ilia, « oublions nos différends… et remarquez qu’il est trop tard pour changer le destin de ce monde. » « - Alors nous allons r’ster là et attendr’que l’monde s’fasse détruire, c’est ça ? » « - Nous ne pouvons agir à l’échelle d’Esserpa » gronda l’elfe à la fois de rage et de résignation. « Va donc espérer de ta simple présence faire taire la haine de cinq mille Aths et celle du double ou du triple d’hommes… » « - Mais nous pouvons agir à l’échelle de Kirla » signifia Gontrand. Comme à son habitude, ses répliques étaient concises, mais elles avaient le don de se démarquer des océans de verves. » Kirla lui sourit, avant de dénigrer, penaud : « - Au vu de ce que le monde va vivre très prochainement, je ne suis vraiment pas sûr que mes questions existentialistes soient très importantes. » « - P’têtre que c’est lié ! » « - Mais bien sûr » ironisa Ilia, « confondons donc l’Ennemi et la haine. » « - Et si c’est l’Ennemi qui a tué les elfes des deux tribus » insinua avec sarcasmes Geoffroy. Ce dernier sentait croître en lui une haine indicible à l’égard de l’ennemi, mais aussi, et cela ne fut pas sans l’inquiéter, des elfes. « - L’Ennemi manie une puissante magie, mais les coups d’épée étaient bien réels. » « - Parce que tu es allé voir ? » se moqua Geoffroy. « - Là n’est pas le problème ! » « - Si, là est le problème… » « - En ce cas, que préconises-tu ? » Geoffroy abandonna son ton railleur pour avouer avec lassitude : « - Justement, je ne sais pas. D’un côté ce serait bien de découvrir qui est l’Ennemi, ça en ferait toujours un de moins. D’un autre, j’ai du mal à accepter cette guerre stupide. Mais je me sens si faible, je ne suis rien face aux puissances contre lesquelles je désire m’opposer… » « - Il faudra pourtant agir, quitte à mourir de notre erreur » le raisonna Mav. « - Mais j’ai peur de cette mort, j’ai peur de l’idée même d’une fin à tout ce que j’ai connu ! Je suis tétanisé par la peur… » « - Alors il faut l’oublier, l’enfouir au fond de toi. Laisse-toi vaincre par ta peur, et alors à coup sûr la mort viendra à toi » lui apprit Gontrand, décidemment loquace ce matin-là – l’importance, et surtout les conséquences de cette discussion, lui offrait une rare confiance. « Bats-toi contre elle, et là tu pourras la vaincre. Certes tu peux aussi mourir. » « - Sympa » grinça Geoffroy. « Tu parles jamais, mais quand tu le fais, tu prends un malin plaisir à torturer mon esprit. » « - Réfléchis » continua Gontrand, d’un côté tu as une mort assurée, de l’autre une mort hypothétique. » « - Cela ne fait pas une grande différence » soupira avec résignation Geoffroy. « - Mais de cette différence le monde pourra continuer à vivre ! » lança Mav. Cependant, il était trop tard pour rendre de l’espoir à Geoffroy. Etait-ce par pessimisme – ou bien par lucidité – qu’il voyait la mort partout ? Il était vrai que nul n’avait réellement foi dans le futur, mais tant qu’ils vivaient, ils étaient prêts à aller de l’avant, quitte à se voiler les yeux pour ne pas voir le massacre dans lequel ils plongeaient. * * * « - Arthur, tu sais que ce sont ces baies qui nourriront les elfes lors des batailles ? » intervint Kirla. Les six étaient partis en début d’après-midi hors de l’Habitat afin d’échapper à cette atmosphère de préparation au combat – et à la mort – qui surgissait à tout endroit et les prenait littéralement à la gorge. Machinalement, plus par habitude que par besoin, Kirla et Ilia s’étaient mis à cueillir des baies. Jusqu’à l’instant où Arthur s’était lui aussi baissé. Désormais, ce dernier considérait hésitant les fruits rouges qu’il tenait dans les mains, avant d’acquiescer. « - Je te dis cela » reprit Kirla, « afin que tu prennes conscience de ton acte : sache que tu aides les ennemis de ton peuple. » Alors, Arthur répliqua, la foi dans sa voix : « - Si les hommes doivent gagner, alors que c’soit avec honneur sur l’champ d’bataille contre des Aths au sommet d’leur puissance et férocité, et non contre des être’ affamés ! » Kirla – ainsi qu’Ilia – considéra Arthur avec un regain d’intérêt. Ils découvraient une vigueur jusque-là insoupçonnée, et étaient éberlués par les valeurs qu’affichait l’homme. Ni la mort ni l’enfer ne semblaient pouvoir altérer son courage, comme s’il avait la capacité de vivre présentement en oubliant tous les hier et bonheurs passés et effacés. « - C’est que » continua-t-il, « les destins d’deux peuples n’doivent pas êt’ décidés par la faim, mais par l’courage ! » Un silence interloqué suivit cette valeureuse déclaration. Kirla aurait voulu lui confier à quel point des êtres aussi loyaux que lui méritaient d’être écoutés, ou bien que sa parole, au nom de la fraternité qui régnait dans chaque mot, devrait servir de maxime aux deux peuples avant la guerre : peut-être que ce respect mutuel éviterait un désastre duquel nulle race ne pourrait jamais plus se relever. Et il ne trouva qu’à dire : « - Merci, vraiment merci de ton aide. » Finalement, un regard remplaça ce non-dit, et le compléta même. « - T’es un homme, Kev, pas un Ath ! » Cependant, là où Arthur s’attendait à un sourire, il vit un Kirla laisser sa tête dodeliner. « - Ni l’un ni l’autre » objecta-t-il, « ou bien les deux à la fois… En fait, je ne suis rien… » Avec résignation, il jeta les fruits dans son bissac. Les cinq compagnons restèrent cois : nul mot ou accolade ne pourrait sortir Kirla de son mutisme las. La seule solution était de découvrir l’Ennemi et de le faire parler, mais ils se trouvaient embarqués dans une folle course dont l’arrivée ne serait autre que l’anéantissement du monde connu. Ils ne savaient que faire, pris dans un macabre dilemme : ou ils laissaient peu à peu mourir leur ami de résignation, ou ils espéraient arrêter cette bataille déraisonnée. Mais ils ne pouvaient faire les deux… A moins de finalement briser leur unité, et que les deux restes meurtris s’élancent dans un destin bien peu enviable. * * * « - Tu peux me passer un morceau de sanglier, s’il te plaît ? » Ilia tourna la tête vers Geoffroy, surpris. Visiblement, à l’heure où leurs liens de sympathies risquaient à tout moment de rompre – ils en avaient tous conscience, rien que leurs divergences d’opinions, et de peuples, étaient sources de conflits – les liens n’avaient en même temps jamais été aussi puissant. C’est au crépuscule d’une amitié que l’on prend conscience des bons moments, et l’on aime à s’attacher à chaque parole et geste pour faire revivre dans un présent décadent un passé bien plus joyeux qu’il en avait alors l’air. Et cette apogée de cordialité ne dupait personne : dans quelques jours ne resteraient plus que les nimbes de leur unité. « - Sers-toi donc, Geoffroy » annonça Ilia en tendant le plat à l’homme. « - Merci. » Après un instant hésitant, il se risqua à demander : « Que fait-on demain ? » Les compagnons frémirent légèrement : il était dur de se projeter dans le futur lorsque celui-ci avait revêtu son plus hideux masque ! « - Je ne sais pas, cueillir des baies ou chasser » répondit Kirla. « - Il faudrait chasser » intervint Ilia, « nous manquons de viande, et puis… » Il ponctua sa phrase d’un regard insistant en direction de Kirla. Après un bref clin d’œil, Kirla détourna la tête. Ils allaient revenir sur le lieu de sa première chasse… « - Et puis ? » « - Et bien, si l’on veut manger du sanglier, il faut bien le tuer d’abord ! » « - C’est cela » railla Mav, « comme si nous n’avions pas compris que vous nous cachez le plus important. » « - Ah mais non » se moqua Ilia, « c’était à Geoffroy de me reprendre, si en plus tu t’y mets, je n’y surviv… » Il toussa afin de voiler son erreur d’inattention, puis corrigea : « en fait, vous vous liguez contre moi ! » Heureusement pour lui, Geoffroy vint le tirer de ce mauvais pas et redonna le sourire à tous : « - Tant que tu parles de chasser, je te soutiendrais toujours. Ce sera toujours plus intéressant que de faire courbette devant des satanés baies qui aiment à proliférer au milieu d’épines. C’est infernal, on se coupe, on s’abîme les mains pour trois fois rien, même pas de quoi nourrir un homme. » « - Mais un elfe, oui » lança Ilia, souriant. « - Alors cela expliquerait votre faiblesse » ironisa Geoffroy, « je comprend tout » fit-il en feignant de prendre l’air sérieux. « Tiens, prends Arthur » continua Geoffroy, encouragé dans sa lancée comique par les sourires naissants – que cette probable dernière soirée d’amitié reste mémorable ! « là tu sens le bourrin : quadruple ration de patates le matin histoire de se réveiller, puis pour prendre des forces (là il a juste de quoi se lever du lit) pourquoi donc ne pas manger absolument toute la nourriture distribuée – sauf que généralement à sa table se trouvent cinq autres soldats, les pauvres ont compris qu’il valait mieux se lever tôt si l’on espérait simplement voir ce que l’on était sensé avoir mangé le matin – mais avec un tel goinfre c’est peine perdu, en un clin d’œil, et encore, tout a disparu. A côté, Gontrand, on remarque bien plus de retenue, et on devine qu’en lui se cache un homme appliqué. Déjà, au réveil, il ne mange rien – remarque, il n’a pas tellement le choix. Le midi, à peine s’il touche à son assiette – et oui, il faudrait oser demander du sel, et c’est compliqué de parler, surtout quand l’on ne s’est pas entraîné à une telle tâche pendant plusieurs semaines ! Et le soir, là, il se permet enfin de se lâcher. Après les entraînements de l’après-midi où il finit toujours son travail une heure avant les plus prestes, il est déjà lavé, habillé de bien en cap, et finit son repas – et celui d’un ou deux de ses voisins, selon la difficulté des exercices – alors que les autres débarquent couverts de boue et suant comme des crapauds. » « - Sacré Geoffroy, » se moqua Mav, hilare. « Et moi, dans ce cas, que suis-je ? » Après un instant de réflexion, durant lequel Geoffroy assembla entre elles les piques qu’il tenait à dire, il se lança : « - Le passionné rêveur. T’es bien le seul assez fou pour couper un poulet ou une caille avec les épées que tu as fabriqué – et en plus pour réussir sans trop te couper. Quoi, c’est vrai, pour l’instant, t’es encore vivant, et cela t’a d’ailleurs permis de conquérir le cœur de bien des jeunes infirmières… » « - A force » se moqua Mav, les joues légèrement rougies. « - … Et puis, histoire de continuer, il faut bien tester aussi les autres armes. J’avais assisté au test de hache, ç’avait été, comment dire, intéressant. Jamais je n’aurais cru que les morceaux d’un seul et unique pigeon pouvaient se répandre aussi loin dans une salle. Un des morceaux avait même décoiffé une passante ! Je me souviendrais toujours de ton expression éperdue quand tu courrais à travers les rues, hache à la main, la revêche à tes trousses, agitant une patte arrière. Mon unique regret est de ne pas avoir vu le test de la masse d’arme ! » « - Oh tu n’aurais rien vu » ironisa Mav, « je te jure, après le test, il n’y avait vraiment plus rien, même plus l’assiette. » « - Et t’espérais obtenir quoi » s’enquit Ilia, moqueur. « - Une soupe, je voulais gagner du temps. Mais bon, les morceaux de terre cuite, c’est jamais très bon ! » « - Mav n’a jamais été très… réfléchi quand il s’agit de ses armes » « - Assez parlé de moi, à ton tour » « - Vile tentative pour réorienter la conversation » se plaignit Geoffroy. « Enfin bon, puisqu’il le faut, continuons. » Il lança un rapide regard alentour, et remarqua qu’une vingtaine d’elfes s’étaient approchés en entendant les rires – acte tellement surprenant par ces temps qu’ils s’étaient sentis obligés de vérifier si ces bruits étaient bien des rires, et comme c’en était ils étaient restés. Et ils étaient là, tout ouïs, simplement heureux sans penser au lendemain. « Je suis naturellement l’être parfait. » « - On s’en serait douté » railla avec sarcasmes Mav. « - Lui, parfait » s’étrangla de rire Ilia. « Et bien, je n’aimerais croiser un être imparfait ! » « - Vaut mieux pas » intervint Arthur, « surtout quand on voit la perfection d’Geoffroy » « - Arrêtez donc d’être jaloux » s’empourpra Geoffroy. « Déjà, je ne mange que ce que je chasse… » « - Je traduis : pas beaucoup » le coupa Mav « - …seulement quelques fruits au petit-déjeuner… » « - Euh, tu ne le sais peut-être pas, mais tu n’es pas obligé de chasser les fruits, je te jure, ils se laissent faire, pas besoin de les transpercer de tes flèches » se moqua Ilia. « - T’inquiète » ria Mav, « il a compris depuis longtemps, sinon il serait probablement mort de faim. » « - C’était une période d’apprentissage. Ca n’est donc arrivé à personne d’avoir besoin d’un carquois pour tuer son premier lapin ? » questionna à voix basse Geoffroy. « - Personnellement, non, je n’aurais cru que cela était possible » intervint Ilia. « - Plus fort » reprocha un des elfes éloignés, « on n’entend pas ! » « - Ouh la, mais c’est que j’ai du succès ce soir ! Obligé de se ridiculiser devant tout le monde, dur dur ! » « - Je ne te le fais pas dire » ria un autre elfe. « - Ah mais non, si eux aussi s’y mettent ! » tiqua Geoffroy avec le sourire, se forçant à parler fort « - Je sens comme une redite » ironisa Ilia. « - Moi » fit mine de s’offusquer Geoffroy, « je n’oserais jamais, c’est juste toi qui m’a précédé, songeant à la gloire que tu en tirerais. » « - Pas grand-chose en vérité, plus de l’opprobre d’ailleurs » le taquina Ilia. « - Bon, en ce cas, passons à vous, pour que de la honte vous en ayez plus. » « - Et bien, je vous souhaite bon courage si vous cherchez à dénicher des imperfections dans les Aths » se moqua un autre elfe. « - Ah, monsieur est arrivé sur le tard, à ce que je vois. Originellement on parlait de nourriture. » « - A ce que je vois, les hommes ne savent donc garder un fil directeur dans leur conversation. » « - C’est que tous ces Aths ne cessent de me perturber, mais ne vous inquiétez pas, je me reprends de suite ! » « - Justement, c’est inquiétant » le coupa Kirla, brisant l’effet de silence que Geoffroy avait escompté. « - Les elfes sont les êtres économes – et avares – par définition. Une baie par repas, jamais plus. Il faut les voir recourbés sur la table. On pense qu’ils cachent un précieux trésor, l’or de toute une vie… En fait non, juste une simple et unique baie. Là où un être sensé la dévorerait, eux hésitent. » « - Ca fait quand même beaucoup ! » surenchérit Mav. « - Alors ils retirent la peau – ben oui, faut bien en garder pour après, hein. Une baie entière d’un coup, vous n’y songez tout de même pas ! Le jus, ah non, pas le jus. C’est visqueux, poisseux, colle partout. Ah non, surtout à ne pas manger ! Et puis les graines, beurk ! Non, quand même pas, ça remplit inutilement l’estomac. Et là, il reste quoi ? A dire vrai, je n’ai pas la vue assez développée – pas comme les elfes tout du moins – et donc je suis dans l’incapacité de vous l’apprendre. Toujours est-il que cela leur semble suffisant. » « - Mais au moins » annonça un autre elfe, entraîné dans la conversation, « je ne vous dis pas le nombre d’années qu’une tribu peut survivre avec une simple bolée de baies ! » « - J’ai du mal à imaginer. Cependant, les baies pourrissent plus vite que votre gargantuesque estomac se vide ! » « - Ah, ça se voit que jamais vous n’avez vu des elfes manger » ria un autre. « - Justement, j’aurais bien aimé en voir un, mais malgré tous mes efforts, ce fut vain. » Personne ne trouva à répliquer – et pourtant ce n’était pas l’envie de continuer la conversation qui manquait – ce qui permit à Geoffroy de souffler un peu. « - Sacré Geoffroy » s’anima Mav, donnant une tape dans le dos de son ami, « toujours toi qui as le dernier mot ! » « - Des années d’apprentissage. Combien de victimes ai-je donc torturé de mes sarcasmes ? » « - N’empêche, tu étais en forme ! » le félicita Mav. « - Ah non mais moi je dis, comment donc ne pas être heureux ? Quand tu as touché la fin du fond du malheur possible et inimaginable, comment donc ne pas sourire à la vie. Maintenant que l’on ne peut plus positivement descendre plus bas – j’espère pas du moins – il faut quand même bien remonter, non ? On ne va tout de même pas rester croupir dans ce marasme prégnant de malheur alors que là-haut est le bonheur ! » Des rires accompagnèrent cette déclaration, mais en même temps chacun songea à ces paroles. Il était vrai que leur situation était désespérée, alors autant la prendre avec le sourire ; quoi de plus enivrant que de rire à la gueule de la mort ? « - Oh » s’étonna Geoffroy, « regardez tous là-bas ! Un groupe qui ose décemment ne pas rire, c’est honteux ! La gaieté va faire un tour là-bas, il manque quelques sourires sur ces visages ! » Il se leva aussitôt, et s’élança vers les quelques dissidents à la joie. Après cela, les compagnons, ainsi que les nombreux elfes qui s’étaient regroupés autour, se couchèrent dans l’herbe – à quoi bon remonter se cloîtrer dans l’Habitat par une soirée si douce et joyeuse ? « - Sacré Geoffroy » souffla une dernière fois Mav, avant de s’endormir. Alors: Le premier passage est là pour profiler la situation finale (et oui, là ça va aller en s'accélérant, je me demande d'ailleurs comment je vais réussir à tout traiter, mais c'est pas grave (j'ai pas l'habitude de finir des sagas moi )). Pour le deuxième, ça permet de donner une idée des occupations des elfes, et puis, faut bien se disputer dans un chapitre de désunion Pour le troisième, je tenais à donner une autre dimension à Arthur plus que celle du gars simplet. Et puis je trouvais que cela collait vraiment à son esprit. Enfin, le quatrième n'aurait jamais du exister, mais j'étais vraiment, mais alors vraiment inspiré. Il y a les premiers paragraphes d'intéressant, puis une longue digression. Je voulais montrer un peu l'apogée du bonheur et de l'amitié pour que cela serve de référence pour la suite, mais je crains avoir fait un peu long. S'il faut, je peux raccourcir, mais comme en plus j'ai eu l'impression de maintenir un niveau à peu près potable. Enfin, ça ne fait peut-être sourire que moi . J'espère que ça vous a plu! Iliaron, revenant de retour après une courte absence (quoi, pourquoi vous me huez de repartir ?)
  16. Iliaron

    Les sept compagnons

    1) Voilà qui est quand même sympa, belle erreur, fallait vraiment le vouloir 2) Si tu n'avais été modo, et donc corrigé, je me serais réveillé, et, ô joie, deux pages de commentaires! Visiblement j'ai plein de lecteurs cachés . Moralité: un modo est peut-être modo car il est de tous le plus étourdi Ah cet Inxi Bah, faut bien, non Je modifierais. Grâce à toi et tes remarques . Maintenant, quelques changements. Le premier, Kirl (père de Kirla) s'appelle Kirtën (mais comme je réécrirais tout, je modifierais au fur et à mesure, les Chroniques me motivent pour réécrire à chaque MAJ en fait ). La deuxième: Voilà deux cartes: ici et là. (si vous n'y parvenez pas, allez là et ce sera Esserpa 1 et Esserpa 2. (edit, je précise, au cas où que vous ne cherchiez des différences: ce sont les mêmes cartes, sauf au niveau des écritures ) Ensuite, au niveau du chapitre IV de la partie I, j'ai rajouté un bon (qui vous permettra de comprendre une allusion au prochain passage: Mälthion lança un regard en direction d’un nouvel elfe. Ce dernier avait le visage énervé de celui qui a perdu trop de temps et pense que toute sa vie s’en trouvera anéantie. Il soupira. Etait-ce sa faute s’il aimait passer du temps avec certains hommes qui lui apparaissaient purs ? Après avoir regardé d’un œil fatigué l’elfe rentrer dans la tente, Kev se mit en tête de trouver un endroit assez confortable pour dormir. Une fois installé à proximité du campement, il se mit à rêver en regardant les étoiles. Avec ses compagnons, ils s’étaient trouvés une constellation à sept étoiles - dont jamais il n’avait connu le nom – et avaient passé de nombreuses veillées sur les toits des maisons à l’observer. Cette pléiade formait un cercle quasi-parfait. Pendant quatre ans, ils s’étaient considérés aussi unis que cette constellation, imaginant que rien ne pourrait jamais les séparer… Espoir illusoire qui s’était traîtreusement retourné contre eux… Un nuage, porté par le zéphyr nocturne, s’écoula paresseusement dans le ciel, jusqu’à recouvrir deux étoiles de cette constellation. Pierre et Richard avaient été absorbés par les ténèbres de cette même façon, sans pouvoir lutter, aucune chance de survie ne leur avait été laissée… Ses deux chers amis ! Sous le regret, il ferma les yeux. Ses jeux d’adresse avec Pierre lui semblaient si proches, et pourtant si loin. Le bilboquet était encore chez lui, mais il savait que jamais il n’y retoucherait. Le vide causé par son ami tuait l’intérêt des anciens bonheurs simples… Depuis leur assassinat, il remarquait d’ailleurs que son monde avait changé : toutes les pensées qui procuraient un réconfort le désespéraient dorénavant ; et au contraire il trouvait une aide dans ses anciens obstacles. D’ailleurs, jamais son père ne lui avait semblé si proche, comme s’il avait fallu que la mort frôle son fils pour qu’il se rende compte que ce jeune était autre chose qu’un triple idiot entouré de peau… Oui, le monde changeait, et sans Pierre et Richard pour se tenir près de lui, il n’avait plus la force de lutter. Il rouvrit faiblement les yeux. Le nuage avait encore avancé, et de la constellation ne restait plus qu’une seule étoile. D’où Kev se tenait, cette étoile semblait privée pour toujours de la proximité de ses six congénères. Une nouvelle vie l’attendait ! Refermant les yeux, il s’endormit aussitôt, anéanti. Dans le ciel, la nébulosité progressa inexorablement, et la dernière étoile se trouva à son tour avalée par l’obscurité. Et maintenant, voilà la vraie suite (avouez que je vous ai bien diverti pour l'ensemble... non ) * * * Une heure plus tard, le soleil se révéla parmi les brumes matinales, et les rayons dardés dissipèrent peu à peu le brouillard qui s’épandait entre les arbres. La rosée se teinta de parures lorsque les premiers éclats solaires se brisèrent dans ces perles d’eau, tandis que les stridulations enjouées d’un rossignol accompagnaient ce spectacle de sa symphonie. Une légère brise secouait les feuillages, colonies d’oisillons qui pépiaient gaiement, et la mouvance des feuilles décrivit dans les airs des arabesques, camaïeux de verts s’étendant à l’horizon. Insensible à ce spectacle, les six compagnons avançaient silencieux parmi les herbes, enfermés dans leurs propres pensées. Depuis les révélations, aucun n’avait plus osé parler, craignant à la fois d’être entendu de l’ennemi ou de s’attirer les foudres de ses compères. La nature avait beau s’éveiller autour d’eux, parée de ses plus beaux atours, ils n’allaient pas détourner la tête pour observer des daims ou un lapin. L’attrait de leur désespoir était bien plus fascinant, et ils se laissaient piéger par la peur plutôt que de la combattre par l’oubli. Ils délaissaient la vie présente pour se concentrer sur la mort future. Leur destin semblait inaltérable et s’avançait vers eux aussi sûr qu’eux s’approchaient de l’Habitat. En chacun était déjà un germe de scission. Le désespoir fait taire la raison, voile la vérité et fait naître un désir insistant de survivre par tous les moyens. Ils découvraient dans l’unité de leur groupe un danger : s’ils restaient soudés, ils trouveraient l’ennemi. Cette simple idée qui brillait par son inéluctabilité et par le destin effroyable lié à l’agresseur venait peu à peu à bout de l’union des compagnons. Kirla était conscient d’être le catalyseur de cette union : depuis le début, où qu’il allait, ses amis le suivaient. Ilia n’aurait jamais mis un pied à Skefoy, et aurait encore moins épargné ses habitants s’il n’avait su que Kirla désapprouverait un tel acte. De même, jamais les hommes n’auraient osé aller en Loriath, et ils l’auraient forcé à rester à Skefoy. En lui était un pouvoir énorme, il était le tisseur de cette si fine dentelle, invisible à l’œil, et qui relie tout compagnon par des liens inviolables tant que perdure l’amitié. Il pouvait faire faillir ou bien mener au bout cette équipée. Mais cette puissance l’effrayait, si un de ses compagnons venait à mourir, ce serait de sa faute ; ses erreurs lui devenaient insupportables, et le simple présage d’une embuscade lui donnait l’envie de tout abandonner. Il ne savait pas encore qui il était, mais cette connaissance ne lui était plus vital comme auparavant. A quoi bon mourir pour savoir qui l’on est ? Vivons, et devenons ce que l’on sera ! Et puis, le meurtre de Pierre et Richard, certes il se remémorait cette funeste soirée et du regard sans vie qu’il avait surpris dans les yeux de Pierre, mais il n’avait plus aucune rage à cette pensée. S’ils combattaient l’agresseur, ils honoreraient une amitié passée et perdue à jamais pour délier une seconde amitié dans le sommeil éternel. La mort avait déjà bien assez frappé leur groupe, ce serait pure folie que d’aller soi-même au devant de l’anéantissement. Ilia restait en retrait, scrutant intensément son ami. Si Kirla était capable de ressentir les rêves de l’agresseur, alors ils pourraient sans problème le retrouver. Restait à le vaincre, mais en le prenant par surprise, c’était possible… Il avait donc vécu lors de la guerre de Loriath. Impossible que ce soit un Ath ou un homme… Le pressentiment qu’il avait ressenti à Skefoy ne pouvait donc qu’être faux ! Cette idée le rasséréna légèrement : il avait toujours fait confiance à l’entière tribu d’Älthwe, il lui en aurait coûté de se méfier ! « - N’empêche, j’aimerais bien savoir à quoi il ressemble, cet agresseur… » soupira-t-il à faible voix. Geoffroy se tourna vers Mav. Devant la gravité du regard de ce dernier, il se força à parler : « - Un être à peu près de votre taille, tout vêtu de vert, au carquois rempli de flèches au liseré d’or. J’ajouterai qu’il a une prestance admirable et qu’il fait preuve d’une rapidité phénoménale et peut éviter des flèches, par contre il ne semble pas très malin. » Devant cette révélation, le groupe s’arrêta. Ilia dévisagea Geoffroy et questionna : « - Comment sais-tu tout ça ? » « - C’est ce salaud qui nous a capturé et mené à Malak. Il disposait d’une troupe d’archers talentueuse d’ailleurs, des mercenaires pas très futés non plus ! » « - Pourquoi ne pas nous en avoir parlé avant » s’étonna Ilia. De telles informations étaient précieuses ! « - Franchement, après un mois de torture, on a oublié. On s’est pourtant accroché à cette pensée de vengeance pour survivre, mais peu à peu tu te contrains à oublier pour ne rien divulguer… » « - Et comment êtes-vous sûr que c’est bien l’agresseur ? » « - Excellent archer, et c’était le seul avec ces flèches maudites ! Et puis… » Il s’arrêta, ne trouvant pas les mots. « - Oui ? » insista l’elfe. « - Une haine sourde m’a envahi à sa vue. » Une foule de nouvelles questions vint à l’esprit d’Ilia, mais il n’ajouta rien. L’argument de Geoffroy était suffisant en lui-même pour prouver la véracité de ses dires. Mav en profita pour demander à Kirla : « - Et toi, Kev, que t’ont-ils fait subir ? » « - Je ne me souviens plus trop, cette soirée est restée confuse… Je me souviens d’un visage étrange, d’une boisson goûteuse et d’une constellation, mais c’est tout. Seulement des réminiscences dispersées, désolé. » Pendant un moment, tous les compagnons se regardèrent en cercle, ne bougeant que les pupilles. Tous étaient perdus dans leur réflexion, et essayaient de trouver un lien qui rapprochait les faibles indices dont ils disposaient. « - Ses yeux ? » s’enquit Ilia, après une subite illumination. « - Quoi ? » répliqua hébété Geoffroy. « - Ils étaient profonds, comme s’ils avaient vécu durant de très nombreuses années, et brillaient d’une lueur de cruauté » répondit Mav. « - Tiens » se remémora Kirla, « je me souviens d’yeux semblables, la cruauté en moins. » Ilia fut presque bouleversé de cette dernière remarque, tant elle chamboulait ses premiers plans. Malgré cette surprise, il parvint à ne rien en laisser paraître. Kirla n’avait donc pas été en présence d’Anar ou de Folgiwe, les deux initiateurs de ce complot visant à les détruire. A moins que tout ceci ne soit qu’un leurre… On avait inséré des pensées dans la tête de son ami, alors pourquoi ne pas avoir effacé les indices compromettants en les remplaçant par des mensonges… « - Notre ennemi est donc un être très vieux, qui a dû vivre la guerre de la Loriath, et qui depuis s’est peu à peu transformé en créature abjecte. » « - Quoi ? » beugla Arthur avec sa discrétion habituelle, « ça veut dir’ qu’il a… » Ilia ne le laissa pas finir : « - Plus d’un millénaire. » Il secoua pensivement sa tête. « - Qui pourrait ? » tonna Geoffroy, tremblant. « - A la base c’était un Ath. Maintenant… » Il laissa à ses cinq compagnons le loisir d’imaginer la puissance de l’être contre qui ils allaient combattre. * * * Une foule hétéroclite et nombreuse se trouvait face à eux dans la clairière. Imladrik se tenait au devant de toute la foule, les yeux fatigués et le visage émacié. Il était voûté, et ses bras, telles les branches d’un saule pleureur, restaient inertes à ses côtés. La pugnacité qui émanait de l’Ath semblait avoir disparue, et n’avait laissé là qu’un cadavre à peine vivant. Surprenante métamorphose que les compagnons considérèrent avec effroi. En deux semaines, leur meneur, celui qui les avait mené victorieusement à Mor et qui avait purgé cette ville de ces vicissitudes se trouvait tel l’hère qu’il avait mis sur le trône, faible, terriblement faible… L’Esprit l’avait abandonné, et avec lui le courage et la force de vivre. Les compagnons se détournèrent de cette image de déchéance, espérant retrouver du réconfort chez les autres Aths, une étincelle de vie, un rire, ou même un sourire. Mais ils ne découvrirent que cette même lassitude de la vie sur chaque visage. La Loriath semblait dépérir et menait dans sa tombe son peuple. L’enfer d’Althior les attendait… Ils auraient voulu crier, se réveiller de cette horreur, mais ce cauchemar était bien trop prégnant pour être irréel. Il s’attachait à toutes choses sans permettre à l’espoir de poindre. Ce fut avec un pincement au cœur que Kirla découvrit son père. Kirtën avait la peau toute aussi pâle, et la joie évidente qu’il éprouvait à revoir son fils ne parvenait à effacer ses rides de désespoir. Le monde autour d’eux semblait se désagréger, et le père de Kirla se faisait l’écho de l’anéantissement des Aths, ses yeux n’étaient plus qu’un gouffre ténébreux : l’éclat de la jade s’était effacé de ses pupilles. Les Aths tombaient dans un tel abyme, et ils étaient encore loin de voir apparaître le fond. Une longue succession d’errements et de malheurs semblaient les attendre, avant que la mort ne vienne les délier de leur malédiction. Derrière son père, Kirla découvrit avec un certain hébétement Yunka, habillé comme feu son père l’avait été, et Kalith. Un instant il oublia son désespoir, se réjouissant que le premier soit de nouveau sur pieds. Sans lui, se remémora-t-il avec nostalgie, le groupe Salvatus n’aurait jamais pu libérer les quatre hommes. Il fut de suite frappé par deux évidences qui le plongèrent à nouveau dans le désespoir. Il n’était pas normal d’évoquer avec plaisir un passé de bataille. Visiblement leur destin semblait encore plus inéluctable et irréversible que les coups qui avaient plu dru lors leurs duels contre les hommes. Cependant, il était bien plus anormal, et inquiétant, que les chefs des tribus se trouvent encore en Älthwe. Cela faisait des jours qu’ils auraient du retourner dans leurs tribus pour y retrouver avec joie leurs femmes et enfants… Décontenancé, Kirla lança des regards hagards de tous côtés, et découvrit avec stupeur des aigles posés nonchalamment sur des branches, tandis que non loin de grands cerfs cherchaient de l’herbe. En début de printemps, elle aurait dû être foisonnante ; c’était tout juste si les montures en avaient assez pour survivre. Alors il les vit. Il recula d’un pas, et fut retenu par Ilia. La crainte qui s’était immiscée dans son esprit n’était pas seulement une chimère, mais bien une réalité ! Ce face-à-face direct avec la vérité – et la mort – le terrassait. S’il s’était trouvé seul, il se serait roulé dans la terre, et aurait pleuré comme jamais il ne l’avait fait, il aurait maudit les cieux et de rage se serait mis à tailler en pièce ces arbres qui restaient passifs devant leur malédiction ! Puis il se serait réveillé… Jamais auparavant il n’avait songé qu’un malheur puisse être autant poignant, et il désirait désormais s’enfoncer toujours plus profondément cette lame de chagrin et s’en laisser mourir. Mais même cela, il ne le pouvait… Il se redressa, les larmes aux yeux, et essaya d’adresser un geste de bienvenue aux soldats des trois tribus. Tous baissèrent la tête, incapables de garder la tête haute devant ce désespoir qui les avait accablé. En leur souhaitant la bienvenue, Kirla venait de, sans le savoir, réveiller cette douleur sourde et sournoise. Il resta alors immobile. Il aurait voulu s’excuser, mais sa bouche était à la fois pâteuse et inondée de sanglots, tandis que partir lui était rendu impossible par ses jambes flageolantes. Il ne voyait plus que le désespoir dans lequel s’élancer pleinement, sans retenue, et advienne que pourra, du moment que la mort soit proche… « - Viens » lui souffla Ilia à l’oreille, qui tenta en vain d’arracher Kirla à sa contemplation silencieuse du malheur. Au moment où il se détournait, une larme coula le long de la joue de Kirtën. Le fils baissa les yeux, vaincu. Il aurait voulu courir rejoindre son père, mais il ne l’osait pas… La clairière entière était recouverte de cendres, et quelques bûches crépitaient encore. Le fin grésillement des scories encore chaudes recouvrait par sa présence les reniflements sinistres des elfes. Lentement, un bout de tissu blanc s’éleva des restes du brasier. A l'origine, aucun de ses passages ne devait exister. En fait je voulais faire une transition d'un paragraphe, mais j'ai eu de l'inspiration . Je me suis amusé à faire des sautes d'humeur très brusques, pour prouver l'état dans lequel ils sont: ils ne savent pas eux-mêmes . Pour le dialogue, fallait que je fasse le lien avec la partie I chapitre IV, en plus, comme je venais de le réécrire, assez simple . Pour le passage suivant, au début de l'écriture il était différent. Puis j'ai eu une idée, modifié une phrase (une seule, c'est dire à quel point ça s'y prétait bien!) et j'ai vraiment l'impression d'avoir réussi mon coup (pour une fois!). J'espère que vous comprendrez sans mal à quel moment ils arrivent (on pourra me reprocher clairement ce heureux hasard, mais en relisant cette scène, j'ai limite eu les larmes aux yeux, donc je garde!) Iliaron, qui reprend du service (bien entendu, l'inspi n'est venu toquer qu'à la fin du week-end, là où il fau(drai)t dormir
  17. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    La suite est pas mal, bien que certaines choses soient assez maladroites. De la manière dont tu présentes la chose avec Fertan au début Je ne peux que le penser suspect. Perso, dès que je vois que le héros refuse quelque chose à quelqu'un, ceci fait en style résumé (donc pas de descriptions de la tristesse...), je vois l'autre comme s'il avait voulu faire échouer le plan. Ensuite, j'imagine que Neldirage pouvait savoir avant pour la fête. C'est quelque chose de merveilleux, Neldirage, il lui arrive des choses qu'il n'avait jamais pensé. Je veux dire, la veille d'une fête, on voit bien qu'il va se passer quelque chose, on entend les gens (et ses amis) en parler... Lui non . Pour la princesse, deus ex machina je dirais :'( . Surtout que tu nous la présentes comme si elle était dangereuse: les amis sont occupés, le soldat de la garde arrive... Remarque, ça met dans l'ambiance, on s'attend à une altercation! En fait, un peu dur à s'y retrouver entre Seigneur de la Garde, capitaine de la garde... Mais bonne suite prenante. Je trouve certes la narration moins bonne, mais je suis plongé dans du Feist, alors je ne peux rien trouver de beau (d'ailleurs pour ça que j'ai suspendu mon écriture, surtout que je ne suis pas inspiré ) Iliaron EDIT: Le pire est que je ne l'avais pas remarqué, pourtant j'affectionne vraiment cette figure de style! C'est vrai que le simple fait que ce soit séparé par plus que "et"... ou peut-être parce que j'avais commenté en n'ayant que le rêve de dormir . Oui (et je ne mens même pas! )Tes critiques sont très précieuses (et puis ça fait toujours plaisir de ne pas avoir à faire le relevé des fautes sur les autres textes (je vais me faire haïr, fichu ingratitude ))
  18. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Mince, je voulais critiquer rapidos, mais deux répétitions m'ont coupé. Zoli d'ailleurs L'autre est quand même mieux! Pour l'instant, le principal problème est qu'il y a de nouveaux personnages qui gravitent autour du héros sans que tu ne les ais introduit. Bref, simplement des faire-valoir pour l'instant, Pat...) Ben voyons . C'est trop beau pour être vrai, Neldirage le sauveur de collier (notons qu'auparavant il avait évité le viol d'une femme pourtant en armure . Bref, les actes juste pour montrer l'héroïsme de ton héros, et qui semblent un peu trop irréels, et surtout bien superflus, ne servent pas à grand chose T'était motivé niveau répét' Tiens, je viens de voir ça: redondant : "les gardes en faction" serait sans doute plus élégant Tu as bien ajouté en faction, mais a oublié d'enlever ce qu'il fallait Rempart fait bizarre, là encore, j'ai du mal à imaginer d'un rempart serve à grand chose . Mais je dois avouer que c'est une touche vraiment bien réalisée, on sent que quelque chose cloche (même si je dirais que c'est un peu trop visible pour être surprenant!) Cette remarque casse l'ambiance funeste d'un enterrement. Je regrette qu'après il n'y ait pas une remarque histoire de revenir à la réalité, du style que pour ne pas se faire mal dans le passé, on essaie de revenir au présent, de ne pas se perdre dans ses regrets... J'espère que l'arrestation dans la taverne aura un impact à qui tu as à faire (euh, je crois, vous me faites douter maintenant) Sinon, pour les deux hommes, les liens sont bien trop ténus pour qu'on les découvre. Bref, soit tu fais le truc bien trop visible (cimetière) et quand tu cherches à faire soft, tu fais trop soft (ces lecteurs, jamais contents ). Bref, essaie de faire une phrase où le lieutenant est étonné du fait que les embûches semblent précéder à chaque fois ses pas (belle phrase ça, j'aime bien la formulation, faudra que je réutilise ) Ce qui me fais toujours rire c'est que sur d'énormes récits ces deux mots ne sont pas utilisés, sûrement qu'ils semblent trop... qu'ils induisent trop en erreur. anachronisme, et en plus contre-sens C'est pas du racket, mais bien un vol! Dialogue avec le Seigneur de la Garde Impressionnant, j'en suis bluffé!!! Superbe :'( Description concise, mais qui permet de nous donner une ébauche du personnage Désolé, je ne pouvais m'en empêcher. Ah que ces beaux les doubles sens Dix mille! Ca m'apparaît énorme! (note que j'ai complétement oublié le fluff de Warhammer depuis le temps) il doit y avoir dernier bout maladroit, difficilement compréhensible: je ne peux en certifier que si peu, ou alors: je n'en suis sûr que de si peu... Manque le "ne" en fait Selon moi, un lieutenant (sergent?) a le pouvoir d'être arbitraire (et oui ). De plus, les deux étaient clairement en train d'agresser l'aubergiste! Nedi... Neldi, non? Quand même, pas mal le lien pour Van, ça vient du début de l'histoire, super finalement, j'ai été surpris. Dommage qu'en fait on ait autant eu le loisir de l'oublier (en même temps, on ne lit jamais beaucoup à chaque fois) Désolé, je laisse tomber le dernier passage, je suis crevé, mal dormi cette semaine (fichu bac blanc...), faut que je me couche . N'empêche, j'ai vraiment eu plaisir à lire ton récit! Iliaron
  19. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Je le sais bien, c'est écrit à un moment. Ce que je pensais, c'était que tu allais nous y faire assister, ça permettait un bon passage psychologique où Neldirage réfléchit un peu sur son parcours. Ca permet une pause dans l'intrigue, enfin, on peut bien s'amuser sur un tel passage, ça offre certaines possibilités (et je ne dis pas ça car j'ai un chapitre consacré à un enterrement ). Ca permettrait vraiment de souder par la pensée (et la souffrance) les quatre compagnons! (je sais pas pourquoi, mais je m'étais imaginé qu'il y en avait un cinquième sans compter Rob ) Iliaron
  20. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Bravo!!! Super idée que ce "mordant"! Tu disais que c'était un scribe Incompréhensible Inxi, as-tu seulement relu ce paragraphe... répétitif un peu plus acceptable... impeccable est à mon avis à éviter: si c'est impeccable, rien à redire, là c'est plus de l'acceptable qu'il cherche à obtenir. Evite... Ces amis devraient le reconnaître directement! Quand on passe du temps avec un ami proche, des années après, on doit le reconnaître. Là ça fait à peine un an (je ne me souviens pas exactement), certes il a grandi, mais de là à changer totalement! A la limite, qu'ils soient un peu saouls et aient du mal au début, ok, mais même, un devrait le reconnaître de suite et s'élancer vers lui, ou alors faire mine de ne pasl'avoir vu, mais Neldirage voit quand même les sourires. Plus que parfait, ça a duré un certain temps: ils avaient visité... (pareil pour toute la suite du paragraphe: ils avaient été... Superbe phrase, j'ai adoté le sous-entendu (certes triste). Ca m'en aurait presque tiré une larme. Et l'enterrement? Certes Rob se fait inhumer, mais on enterre, ou au moins on répand les cendres quelque part. De plus, il me semble que dans la lettre, Ylanay avait demandé à Neldirage de venir pour l'enterrement. Même Ylanay cauchemarde ? Alors tout ce qu'il disait n'était que du pipeau (s'il n'a vraiment pas peur, il ne cauchemarderait pas, ou du moins ferait semblant de ne pas avoir cauchemardé, en fait il aurait nié les disparitions simplement car il en est terrifié et veut se persuader qu'elles n'existent pas. Bonne suite quand même . Iliaron
  21. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    C'étaient Inxi... Sinon, je pense qu'il faudrait dire qu'au début il essaie puis que finalement il abandonne. Là on a une phrase qui dit qu'il passe à cheval et celle d'apès qui dit le contraire Sinon, le passage avec le général et vraiment mieux; à la taverne aussi. Après, je trouve toujours que c'est un peu rapide, mais je vais arrêter de chipoter quand même . Iliaron
  22. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    J'étais bien lancé dans ma critique En fait, selon moi, une chose démoniaque n'est pas arrêtée par des barbelés . On est pas dans le bon monde, ou bonne époque Ben oui, j'ai passé une heure 20 à tout réécrire. Mais je n'ai pas édité le texte (je le laisse au cas où que ce soit mieux) mais le commentaire qui suit . Allez, comme je suis sympa (et que j'ai envie d'avoir un avis ), je mets le lien: ici (HS: tu remarqueras qu'il ne s'énerve pas une deuxième fois, au contraire, passage de rigolade; PHS: rassure-moi, tu n'as pas relu la précédente monture (sinon t'as du t'ennuyer ) fin de PHS et HS ) Iliaron, qui se rend compte qu'en fait la moitié de son commentaire sert à rien, quand on n'arrive pas à saisir l'intrigue, forcément . EDIT: J'avais cru que le délit de sale gueule avait été plus un prétexte, une excuse, aucunement la vraie raison
  23. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Je vais tester un type de critiques. peut-être que ce sera mauvais, mais j'ai envie d'essayer. Passage pas mal, ça montre la tension qu'il a mais on ne comprend pas trop pourquoi. Je saisirais la tristesse, pas la peur . De plus, c'est quand même un peu exagéré, la différence entre un rire et un cri d'alarme est assez flagrante Passage qui dure un peu. Au fond, tout ce qui est en gras est plutôt superflu, ça permet juste de réaliser un paragraphe. Peut-être essayer de décrire un peu plus l'ambiance, donner des indices pour la suite de l'intrigue (s'il y en a), décrire la salle, ce qu'il s'y passe (jeu de cartes, chanteurs...) Passage strictement d'ambiance. Inutile de faire ressortir un paradoxe, pas besoin que tout soiut miraculeux (quoique, ça apporte une touche rigolote ) Légère déception, on s'attendait quand même à ce qu'il s'y passe quelque chose dans cet auberge. En l'état, je dirais qu'une ellipse n'aurait finalement pas été forcément dérangeante: c'est bien écrit, mais ça respire le superflu. Super première phrase, même si ça veut dire que le soleil est depuis longtemps levé (à l'aube, le soleil est encore trop bas pour venir éclairer aux fenêtres) Pas de problèmes Intéressant finalement cette fatigue. Là le passage de la taverne en devient justement important! Ce qui justifierait une description de l'ambiance, de l'euphorie qui l'envahit peu à peu suite à la nuit qui tombe et l'alcool qui se remplit . Entre le début et la fin de la première phrase, je suis pas sûr qu'il y ait un lien. 'Fin, je sais pas, ça m'apparaît bizarre qu'un cheval soit heureux de son nom, surtout qu'avant il devait bien en avoir un! J'aurais aimé une description plus longue, que tu nous fasses ressentir la magnificience de la cité. Là tu nous dis c'est beau, puis... mince, déjà fini Pas de problème, même si je comprends pas pourquoi il a des problèmes pour rentrer Pas de problèmes Le paragraphe s'enchaîne assez mal avec le précédent. En fait on a souvent l'impression en te lisant de paragraphes qui décrivent chacun une situation à différents moments, et cela se suit de manière rapproché dans le temps, mais pas une courbe, en fait, des points séparés. Je m'explique: là, il est à l'entrée. BLANC Il est au milieu de la cour. A aucun moment tu ne précises qu'il avance, sans rire, soigne un tout petit peu les transitions entre tes paragraphes, et tu gagneras en fluidité! (après, j'exagère, ce n'est vraiment pas à tous les paragraphes, mais assez pour que je le remarque depuis un certain temps. Illogique, à l'uniforme, on doit quand même reconnaitre un général. Et puis, ce n'est vraiment pas au général d'aller l'accueillir, il y a des aides pour cela (à moins que ce ne soit pour montrer un caractère du général, dans ce cas il faut plus en parler, du style: "ce fut le général lui-même qui... Pareillement, essaie d'allonger (un tout petit peu ) tes descriptions. Je ne sais, décris peut-être ses vêtements, mais aussi parle de son visage, du regard (super important, ça donne la première impression. D'ailleurs dans à peu près tous les livres que j'ai lu, tant qu'on n'a pas eu la description des yeux, on ne saura jamais comment sera la personne, et dès qu'on l'a, on saura comment elle risque de se comporter... (je pense que tu dois aussi comprendre, vu le lecteur que tu dois être (et déjà que tu es sur le WarFo), il y a toujours des indices qui ne trompent pas ) Arf, décris nous la pièce avant de dire ce qu'en déduit Neldirage Pour les longueurs, tu peux le mettre vraiment en fin de description. Par exemple, ton héros embrasse la pièce, il voit les murs hauts, des peintures... puis ses yeux tombent sur la table et sur ce qu'il y a dessus, et enfin il déduit que. En fait, à la dernière phrase, enlève le dernier "il", c'est trop "parlé" Pas de problèmes, quoique le général devrait connaître le col, justement en tant que Général (à plus forte raison si le col n'est quà 5 ou 6 jours). Intéressant, bien amené! 500 !!! Chaque fois que tu nous décrivais le fort, tu le décrivais comme faible... Et il y a 500 hommes!!! Alors que les entraînements ressemblaient à une petite bande, surtout au vu des activités que leur faisait faire Neldirage!!! Sans rire, c'est pas illogique, on ne traite pas aussi simplement 500 hommes (par exemple, les soirées dans les tavernes semblaient petites, j'aurais dit au maximum 50-75 hommes, donc en tout une garnison de 100 hommes... Bref, c'aurait été bien de nous le dire dès le tout début, à la fin de la première partie, que le sergent dise qu'ils ne sont que 500... **Je sens que je vais haïr Mozilla qui me met mes balises toujours en bas de pages ** Gagner Sinon, un peu trop simple le coup du "tiens, je te replace là, petit chanceux". Ca fait un peu décentralisation, partout on vaut la même chose, alors qu'un sergent du trou pommé aura moins de valeur qu'un lieutenant de la capitale! Pas mal de maladresses... Rapidement: "salle froide"... Dans le Vieux Monde Il put voir qu'il y avait foule... Quel perspicacité ce Neldirage^^. Sans rire, préfère: la foule le gênait (en la décrivant un peu) "sur son cheval" + les gênes que ça lui occasionne: vraiment peu intéressant! Aprs tout, il a qu'à descendre du cheval (ce qui serait plus logique d'ailleurs) Grilles de fer résistantes... Un peu hyperbolique sur le coup. Ils craignent quoi, que les esprits s'échappent? (remarque, histoire de faire un trait d'ironie sur ça, dire que le cimetière est protégé comme l'est un cachot, comme si...) Encore maladroit Quelque chose de maléfique qui veut s'échapper... Mais à tout hasard, il n'y a même pas une entrée pour amener les corps ou pour les visites? On a un cimetière, mais il reste toujours fermé... Sur le coup, ce n'est pas très réfléchi . Non, vraiment, là il y a un gros problème. J'imagine mal une procession pour enterrer quelqu'un avec vingt gardes à la porte, un magicien de chaque côté de la procession et une rangée de soldat autour de la tombe... Beaucoup trop d'incohérences, la chose maléfique peut avoir la bonté d'aller vivre ailleurs! En plus, ça fait super décousu! Je veux dire, comme par hasard, il faut qu'il y ait une chose maléfique, et comme par hasard Neldirage va combattre contre... Il manque toujours ce fil directeur. Là on va d'actions en actions sans vraiment de but, à part celui de voir Neldirage évoluer. Au début de l'histoire c'est super, mais il aurait fallu donner directement une intrigue, que Neldirage évolue peu à peu, mais que cette évolution se fasse pour contrer la menace induite par l'intrigue. Bref, un fil rouge autre que l'ascension sociale de ton héros. Pour l'instant on a: Phase 1: enfance + début dans l'armée. Fin: trahison, on ne sait pourquoi (ça pourrait faire une super intrigue, mais il aurait fallu plus insister dessus, et faire quelques rappels, que Neldirage se demande pourquoi il a été trahi. Deuxième phase: il devient sergent. Aucun lien avec la précédente phase, sauf lui-même (sa force...) Troisième phase: combat contre "chose maléfique" (j'imagine). On a comme lien la bataille contre les orcs, mais une bataillr, tant qu'on ne l'a pas développé au maximum de ses capacités, n'est pas une intrigue à elle-même. Il manque un mystère dans ton récit! En fait, il y en a un, car perso je n'ai toujours pas compris pourquoi ils se sont fait trahir à la fin de la phase 1, mais j'ai l'impression que Neldirage a déjà oublié . Pour l'instant, on a vu un héros s'élever, mais ça aurait pu être absolument n'importe qui, et cela aurait aussi pu se passer autrement. ca n'a pas été assez inscrit dans un mystère à mon avis (désolé, je suis en train de lire du Feist, j'ai passé une bonne partie de la journée sur ça, et c'est un maître pour l'intrigue: des intrigues vraiment logiques, avec des liens de toutes parts, vraiment peu d'incohérences voire pas du tout, mais surtout une résolution à la toute fin (dans la première quadralogie, sur environ 2500 pages, on apprend à 50 âges qui sont les ennemis (quoiqu'on pouvait s'y attendre ), et à 10 pages de la fin on remarque que ça cache quelque chose de bien plus grand ) J'ai quand même hâte de lire la suite afin de découvrir le mystère (en fait, un défaut de la phase II est que justement il n'y a même pas de mystère interne (pas tellement plus phase I)) Quoiqu'en y repensant il y a eut le minotaure au début, maintenant les orques, beaucoup de signes, mais ce ne reste que des signes. Il faut absolument que Neldirage passe au moins 1000 caractères ( ) à se demander si tout cela ne respire pas à une invasion. Bref, tu sèmes quelques indices, mais surtout tu dis clairement qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, que les orques ne savent pas normalement être autant alliés... Et comme ça tu as ton intrigue, je te ronchonne pas dessus (et ne perds pas 20 min à taper à l'ordi ), et ton récit prend vraiment une autre importance!!! Iliaron PS: pour les Sept Compagnons, j'ai édité mon dernier message avec la version corrigée PPS: je crois que je vais bannir ce mode de commentaire, à peu près une heure (les révisions de bac blanc ) et puis, je relève trop d'erreurs pour être apprécié (tremblez tous, Iliaron commente ) PPPS: Et Mozilla va vraiment m'énerver avec ces retours intempestifs à la première ligne
  24. Iliaron

    Les sept compagnons

    Pour un héros, c'est moins vulgaire que "bave" Malheureusement tu ne risques pas d'en voir. Trop tard . (je dois avouer que ça m'a un peu amusé quand même!) La révélation du frère brutale, c'est ce que tu voulais dire? Là, je savais que ça allait l'être, et pourtant, c'est elle que j'ai préparé le plus . Pour le système magique, tout a vraiment était mis en place il y a moins de deux chapitres^^ Ouf Celui-là a en partie été annoncé grâce à toi: le combat magique dans la forêt (n'empêche, heureusement que tu m'as conseillé de la réutiliser, j'avais une faille dans l'intrigue, tu m'as permis de la combler ) (et maintenant vous pouvez un peu deviner sur quoi portera le livre II La nouvelle est comment fonctionne les dieux. . Voyons, tu as déjà deviné en partie qui est le serviteur (attention, je n'ai pas dis que l'ennemi est en Loriath, c'est son serviteur Voilà ce qui me gênait et que je n'avais pas réussi à identifier! Je n'étais pas logique dans les sentiments, j'avais un sentiment de quelque chose d'illogique, maintenant je le saisis: j'ai été trop excessif. Je vais essayer d'être plus logique: Rôle des personnages dans la discussion: Ilia: parfaitement calme, n'a qu'une pointe d'angoisse. Geoffroy: au début vraiment stressé, encore choqué par la discussion qu'il a eu avec Mav. En entendant Ilia parler, il se calme finalement et devient intéressé. Kirla: calme, jusqu'à ce qu'il apprenne pour son frère où là il éclate de colère. La raison est simple: il est outré que celui qu'il considérait comme un ami ne lui ait ni parlé de son frère ni de la magie. Mav: écoute sagement et note les erreurs. Arthur: à peu près pareil, sauf que lui a en plus peur. Gontrand: bah, vous ne vous attendiez pas à ce qu'il parle quand même (le problème est que je n'ai absolument aucune idée qui justifie qu'il ne parle pas, à part qu'il juge ça inutile... 'Fin si j'en ai (toujours rejeté car trop grand, et comme quand il parlait on remarquait son âge, il n'osait parler parmi les adultes) mais ça ne rajoute rien au niveau de l'intrigue. (bon, hein, ce problème, je m'en chargerais dans le livre II, avec tous pleins de jolis mots pour abuser le lecteur il n'y verra que du feu (et il a intérêt ) Bon, parfait, je suis motivé pour enlever les erreurs de comportement EDIT: CHANGEMENT (et désolé des majuscules, quand j'édite, je veux que ça se voit. De toute façon, si l'édit ne se remarque pas, j'ai des moyens de le faire connaître ) Voilà la version changée (du moins la partie qui posait problème). En fait, c'est bien simple: les parties que j'avais déjà écrites s'intégraient vraiment mal dans le discours. Préécrire, c'est super, on a l'impression de gagner du temps, mais en fait, euh, non, au contraire! Souvent les situations changent (même si ce n'est que très peu, là c'est simplement que l'ordre devait être: frère puis magie et que ça a été le contraire. En plus, on est parfois triste de se séparer des expressions que l'on trouve bien formulée . Alors on s'embête à essayer de bien marier le tout... C'est sûr que c'est pratique, au moins les idées restent, mais justement, il faudrait que ce ne soient que les idées ! Toujours est-il que grâce à toi (à croire que je travaille ce récit surtout grâce à toi (ce qui est d'ailleurs en grande partie vrai, durant si longtemps tu as été mon unique lecteur (je dois être rebutant ))) (et merc à Gemini d'avoir osé s'y attaquer, je n'en aurais pas moi-même le courage vu la longueur ) Maintenant j'en suis plutôt content, ça correspond plus à mes désirs initiaux . Bonne relecture : Comme il s’y attendait, son ami réagit plutôt violemment. Cela était normal, mais peina Ilia. Il détestait par-dessus tout faire souffrir ses amis, aujourd’hui il s’y trouvait contraint. S’il ne se confessait pas aujourd’hui, alors les conséquences seraient macabres. « - Attends, mais en plus tu veux dire que j’ai eu un frère ! » hurla Kirla, épouvanté. Son monde était déjà bien assez branlant comme cela, alors si tout se chamboulait… Les connaissances indubitables étaient erronées, tandis que les secrets que personne n’aurait jamais dû savoir se découvraient d’eux même dans une franchise alarmante. « - Oui… » Ilia se mordilla la lèvre supérieure, ne sachant pas comment se comporter. « Il s’appelait Kiriath » se remémora-t-il les yeux brillants. « - Kiriath… » Kirla laissa sa voix en suspens, comme s’il goûtait la prononciation de ce nom. « Impossible, ce nom m’est étranger ! » « - Tu as dû l’oublier à cause du sort… »avança comme hypothèse Ilia. « - Sûrement » songea Kirla. « Voilà l’horreur de la situation, je ne peux me souvenir du premier arbre que j’ai grimpé, de mes premiers amis et amours… Je ne peux même pas savoir qui je suis ! » Après un douloureux silence, il pesta : « fichu sort ! » Ilia le regarda, incapable de plus en dire. Il savait qu’à la moindre mauvaise parole, son ami éclaterait en larme. Ce fut presque avec joie qu’il accueillit la question de son ami. « - Tu peux me parler un peu de mon frère ? Que je m’en fasse une image. » « - Bien entendu ! C’est lui qui m’a sauvé lors de ma première chasse. A l’époque on était si proche l’un de l’autre que l’on s’appelait amicalement « presque-frère ». Vois-tu, on était fait pour s’entendre : on avait pratiquement le même âge, des passions communes et des talents complémentaires. Dans nos duels d’Athi, quand je préférais les esquives, lui s’amusait à y aller par des coups puissants. D’ailleurs il gagnait souvent… » se rappela, une larme à l’œil, Ilia. « Oui, il avait tout pour devenir un des Aths les plus puissants de la tribu… Sauf qu’il s’est jeté devant un sanglier pour moi, pour que je vive… » Ilia serra les dents tant se remémorer de ce souvenir lui était douloureux. A chacun de ses réminiscences, il se sentait coupable de son amitié : s’ils ne s’étaient pas connus, Kiriath vivrait encore ! La même amitié régnait désormais entre lui et Kirla, que deux siècles plus tôt entre lui et Kiriath. Il se sentait obligé d’apprendre à Kirla tout ce que ce dernier déciderait de savoir. « - Tes deux meilleurs amis ont donc été deux frères… Quel hasard » ne trouva qu’à dire Kirla. Il se sentait trop faible pour continuer une telle discussion, ou alors il en viendrait aux poings ! Qu’il aurait aimé avoir un frère ! Et il l’avait eu… Il serra les poings, s’efforçant de calmer la haine qui commençait à battre dans ses veines. Sa fureur l’aveuglait et il ne voyait plus Kirla comme un ami, mais comme celui qui avait tué son frère chéri ! Sa raison combattait cette froide colère, mais il se sentait fléchir : la bestialité primaire de la violence était en train d’absorber sa volonté, et il ne pouvait rien faire ! Il était à la fois faiblesse et brutalité. « - Ce n’est pas réellement un hasard » se confia Ilia, « si j’ai tant tenu à être proche de toi pendant la première chasse, c’était justement pour t’éviter ce même sort, pour pouvoir m’interposer et te sauver… » Kirla n’y tint plus et se dressa de toute sa hauteur, prêt à se battre. La raison, excédée par ce qu’elle venait d’entendre, s’évanouit. « - Alors, tu n’es même pas ami avec moi, si tu restes à mes côtés, c’est plus pour honorer le souvenir persistant d’un ami décédé que pour ce que je suis ! C’est absolument immonde ! Sois au moins honnête dans tes sentiments ! » « - Non, bien sûr que non ! » Ilia se leva, tellement la tournure de la discussion ne lui plaisait pas. Il n’avait pas pensé déclencher une telle hostilité chez Kirla. Il payait maintenant cette erreur. « Au départ, il est vrai » concéda-t-il devant l’air désapprobateur de son ami, « je me suis rapproché de toi pour honorer ce sacrifice, honorer en quelque sorte cette dette que j’avais envers lui, mais c’est tout ! Certes j’en avais d’abord parlé à ton père, qui m’a fait totale confiance. Ca lui avait d’ailleurs bien plu… » « - Parce qu’en plus mon père était au courant de ta tentative, et me pensait trop faible pour dévier la charge d’un sanglier ? » pesta Kirla. Il voulut en venir aux mains, mais Gontrand s’interposa et retint le bras lancé à toute vitesse. Ilia, les yeux emplis de larme, tomba à terre, le suppliant d’entendre raison : « - Il t’aime, comprends cela, et il ne voulait te perdre comme pour Kiriath ! Imagine, ton frère est mort juste après ta naissance ! » « - Et toi, là, restes-tu à mes côtés pour mon frère ou pour moi ? »s’inquiéta Kirla. Sa rage s’évanouit, et avait laissé un grand vide en lui. Vide qui ne tarda pas à être comblé par la tristesse et les craintes amères qu’il traînait avec lui depuis des mois. Après la tempête, l’océan de misère reprenait ses droits… De l’être prêt à frapper ne restait plus qu’une vague forme voûtée sur elle-même, donnant l’impression qu’une brise en viendrait à bout. Devant une telle métamorphose, Ilia paniqua : il préférait encore la rage à la détresse de son ami ! « - Pour toi, bien entendu ! Tu es devenu au cours de cette chasse un véritable ami. Je m’étais interdit, pour honorer la mémoire de ton frère, d’en avoir un autre. Tu as brisé cet ordre néfaste et m’a refait découvrir les joies d’avoir quelqu’un sur qui compter ! L’amitié est un bien inestimable, sache-le ! Tu n’as pas eu le malheur de perdre un ami, je ne te le souhaite pas ! » « - Tu m’étonnes » répliqua Kirla qui avait retrouvé un semblant de sourire – et de force -, « c’est que ça signifierait que tu serais mort ! » Ilia rit, évacuant ainsi la tension qui s’était accumulé. Se rasseyant, il murmura, se replongeant dans ses songes : « - Dès fois j’imagine qu’il est encore là. Ton frère Kiriath était vraiment un être précieux, tu ne peux savoir, et son souvenir me travaille encore… Mais s’il était encore là, et que je sois ami avec vous deux, ce serait un véritable rêve ! A votre manière tous deux êtes des êtres exceptionnels, des gens prêts à se sacrifier pour vos amis, et pour lesquels toi aussi tu te sens prêt à te destituer de ta vie pour la leur… » Le léger sourire qui était apparu s’évanouit aussitôt lorsqu’il continua. « C’est suite à sa mort que j’ai appris à lancer des sorts, et c’est quand je t’ai vu sur le point de décéder que j’ai jeté mon premier artifice… » « - Comment ? » Kirla, sous la surprise, éloigna ses yeux de la contemplation des braises ardentes qui dormaient dans le feu. « - En te soulevant, je t’ai… » « - Attends ! » le coupa Kirla. Il voulut tout d’abord protester, mais il ne s’en sentait plus le courage. Et puis, le ressentiment n’était nullement une solution pour calmer la tension. Finalement, il se rabattit sur la seule phrase qui lui semblait appropriée : « tu es en train de me dire que tu m’as lancé un sort dessus. » Les quatre hommes, qui s’étaient éloignés lors de la confession des deux elfes au sujet du frère disparu, se rapprochèrent à nouveau. Si la conversation revenait sur la magie, alors ils pouvaient y prendre part et glaner de précieuses informations. « - Oui… lors de la chasse. C’était d’ailleurs mon tout premier sort ! » annonça fièrement Ilia. Kirla se demanda vaguement si cela n’avait pas été dangereux, mais à quoi bon se battre pour une telle futilité ? Il avait survécu grâce à ce sortilège et Ilia s’était senti obligé de le sauver. Cela avait fonctionné : il était en vie ! « - J’avais cru que c’était ton plongeon qui m’avait sauvé » se remémora Kirla en haussant les épaules. « - En partie » avoua Ilia. Je ne maîtrisais pas encore assez la magie et… » « - Normal, comme c’était ton premier sort » le rassura Geoffroy, « maintenant tes sorts doivent être plus puissants. » Ilia se tourna vers l’homme et lui sourit sincèrement. La peur effectuait des métamorphoses probantes, et transformait un railleur en être avenant ! Se retournant vers Kirla, il finit : « - Grâce à la magie, je t’ai soulevé. Ensuite j’ai sauté vers toi. Sans cette aide, je pense que tu te serais fait empaler ! » Kirla opina, s’imaginant ce qui serait resté de lui sans ce sortilège salvateur. « - En tout » continua Ilia, dont le fait de parler de Kiriath et de la magie allégeait le poids qu’il avait en lui depuis le sacrifice de son ami. « J’ai lancé deux autres sorts. Lors de l’entraînement avec l’orbe, tu t’en souviens ? » « - A peu près. C’était bien drôle d’ailleurs » se moqua-t-il. « - Lors du premier jet, j’ai ralenti l’orbe qui se précipitait contre ton front. Tu avais trop hésité, et sans cette aide, tu aurais été sonné avec… force. » « - Et bien » ironisa Kirla, « il faut croire que je suis incapable de survivre par moi-même. » Ilia ne sut comment prendre cette répartie, mais comme Kirla souriait, ce ne devait être rien d’autre qu’un pique. « - Tu sais, en s’entraidant, on survit bien mieux que seuls. » « - Oui, les amis, ça compte ! » Kirla lui adressa un clin d’œil. En repensant à la mort de Kiriath, Ilia s’empourpra. Aussitôt, son ami chercha à lui ramener le sourire : « - Tu as du bien t’entraîner à Mor avec moi toujours fourré dans tes pattes, cherchant ta protection ! » « - Même pas. Il faut croire que l’on s’est assez bien débrouillé pour ne pas nous mettre dans des situations mortelles ! » Kirla acquiesça avant de rire aux éclats. Ilia continua : « non, la dernière fois que j’ai jeté un sort, c’est à Skefoy, dans le cimetière, pour voir le visage de l’homme. Sauf que là ça a mal tourné… » « - Ah bon » s’étonna Kirla, « ton sort a fonctionné pourtant ! » « - Je sais. Mais quelqu’un m’a, disons, senti. C’était comme s’il était en moi, et qu’il me transmettait tous ces vices, la haine des hommes, la soif de pouvoir… Jamais je n’avais ressenti cela avant. Visiblement la Loriath m’a protégé avant, et bloquait tous les sorts de la magie de l’Aube… Maintenant je n’ai plus confiance et je préfère ne plus en utiliser un seul ! Une magie puissante est à l’œuvre contre nous ! » Un silence suivit cette déclaration. Geoffroy se força à rester optimiste, mais la désillusion le frappa bien vite durement. Comment être optimisme quand le monde est contre vous ? Après un long moment, Kirla s’interrogea, inquiet : « - Tu penses que le cauchemar, enfin, la vision que j’ai eu cette nuit, a un rapport avec celui qui a interféré après ton sort ? » « - Oui » annonça avec sérieux Ilia, « si ce n’est pas lui, alors c’est un de ses serviteurs. Seul un puissant sort de magie noire peut ainsi lier deux personnes par les sentiments ! « - Alors je suis le pantin de l’ennemi » se larmoya Kirla. « - Je ne pense vraiment pas ! Au contraire, ce lien défavorise l’ennemi car il nous donne la possibilité de lire en lui et de l’identifier. » Un fugace éclat illumina le regard de Kirla. Si la malédiction se retournait en bénédiction, l’espérance naissait ! « - Alors tout n’est pas perdu ? » demanda d’un ton hébété Geoffroy, comme si le don d’espoir était plus que tout ce qu’il souhaitait. « - Non, tout n’est pas perdu » confirma avec le sourire Ilia. « Nous avons des atouts non négligeables ! L’amitié… » Il marqua un court silence, durant lequel il écarquilla les yeux, comme s’il venait de se souvenir d’un détail. Il se tourna vers Kirla « D’ailleurs, quel était ce rêve ? » Kirla ne sut que répondre. Accepter que l’ennemi était un Ath était ardu, surtout si lui et Ilia en étaient. « - Une forêt en feu, et les habitants épouvantés. Anar et Folgiwe. » Ilia acquiesça, une expression indéchiffrable composant son visage. Après un instant que Geoffroy jugea assez long pour permettre à Kirla ou Ilia de répondre, il osa enfin parler de ce qui lui tenait à cœur. Par habitude de blagueur, qui sait qu’il vaut mieux d’abord s’attirer la bienveillance d’un homme avant de lui soutirer des réponses, il commença par s’excuser. Ce en quoi Ilia répondit sardoniquement, se retenant de rire : « - Va à l’essentiel, ça ne te réussit pas d’essayer de t’excuser, tu ne dois pas en avoir l’habitude. » Quand j'ai écrit cett répartie, j'ai pensé au film de Seigneur des Anneaux, à une discussion entre Pippin et Gandalf, j'ai adoré l'expression de Pippin, quasi-émerveillée. Malheureusement, j'ai l'impression de ne pas avoir réussi à la retranscrire par écrit (c'est ça qui fait du mal en lisant les livres de certains, ils trouvent toujours le terme approprié (même si quand on posséde cinq personnes qui aident, ça peut, justement, aider ) Iliaron PS: chiant sous Firefox ce smiley qui applaudit. Il est bourré aux testostérones le petit . Mince, ça fait mal aux yeux .
  25. Iliaron

    Les sept compagnons

    Arf, tu avais quoté la réplique qui me semblait la pire. L'halo de la répétition était, semble-t-il, plus puissant que celui de la faute Merci Voilà la suite. Soit je suis en mauvaise forme, soit je deviens comme Impe , et je trouve ce passage plutôt mauvais. En fait, ce n'est qu'un long dialogue, j'ai perdu l'habitude faut croire (et le pire est qu'il risque d'y en avoir encore d'autres avant la fin de ce chapitre. Arrg, l'horreur . Résultat, j'ai envie de beaucoup écrire pour ne plus avoir à le faire, mais en même temps je ne suis pas super motivé, comme je ne vois pas comment rendre le tout palpitant. Ah la la ) Bonne lecture quand même. La qualité est remplacée par la quantité des révélations * * * Kirla sursauta, en nage. Haletant, il se leva et tourna la tête, paniqué, pour regarder autour de lui. A la lumière du feu mourrant, il découvrit les quatre hommes. Il hurla à en perdre haleine et chuta à terre, pris de convulsions, les larmes inondant son visage. Le temps que ses cinq amis se soient réveillés, et il était déjà évanoui. « - Qu’est-ce qui se passe ? » cria d’épouvante Mav, qui cherchait à toute vitesse sa rapière parmi ses vêtements éparpillés. « - Réponds, vite » l’urgea Geoffroy, une flèche déjà encochée, fixant intensément les alentours. Arthur et Gontrand étaient quand à eux déjà debout, dos à dos, épée au clair, et s’approchaient peu à peu de l’endroit où gisait Kirla. Dans la nuit environnante, ils ne décelaient de Kirla que de l’écume s’échappant de ses lèvres. Ils n’osaient se déplacer plus rapidement pour ne pas découvrir un de leur côté, mais tremblaient, craignant que leur compagnon ne soit mort. Lorsqu’ils arrivèrent enfin, Ilia avait déjà Kirla sur ses genoux, et il l’inspectait. Intuitivement, il avait deviné ce qu’il s’était passé. Son ami avait reçu exactement le même choc qu’à Mor, lorsque la conscience d’homme l’avait envahie. Il inspira avec force, pour se donner du courage. Le seul moyen d’éloigner les énergies magiques du corps hagard de Kirla était de les récupérer. Ilia pencha son front contre celui de son « presque-frère », se répéta-t-il pour ne pas reculer. Un instant plus tard, il fut projeté en arrière dans les bras d’Arthur. « - Hey, ça va ? » hurla ce dernier, absolument décontenancé par ce vol plané. « - Pourrait aller mieux » souffla avec peine Ilia. Arthur déposa l’Ath avec soin à terre, puis s’approcha de Kirla, qui s’éveillait lentement. « - Que s’est-il passé ? » demandèrent en même temps, et avec le même ton paniqué, Kirla et Geoffroy. Mav répondit à Kirla, essayant de calmer l’atmosphère pesante, mais il savait qu’il n’avait pas le même talent pour cela que Geoffroy. « - Tu t’es réveillé, a hurlé comme un démon abattu, puis t’es évanoui. » Il aurait voulu continuer sur une note plus réjouissante, afin de montrer qu’aucun ne lui en voulait, mais se retrouva bégayant, et abandonna. « - Et Ilia ? » demanda Kirla, ne le voyant pas parmi le cercle de ses amis. « - Ton deuxième réveil lui a été très… percutant » annonça Geoffroy, se forçant à sourire. « - Pire qu’un coup de poing, sauf que t’as pas bougé d’un pouce ! » « - Y a pas à dire, tu l’as bien mis à terre » continua Arthur, tout sourire. Une voix mécontente s’éleva derrière eux et marmonna dans sa barbe : « - C’est ça, moquez-vous… » « - Quand à toi, qu’as-tu eu ? » s’enquit Mav, cherchant à rendre son ton le plus détaché possible. Malheureusement, lorsque l’on tremble d’épouvante, une telle entreprise est vouée à l’échec… Kirla inspira avec force, avant de répondre, la voix chevrotante bloquée par les larmes. « - Rien de plus qu’un cauchemar. » Puis il essaya de sourire, mais ce fut plus une grimace qui se dessina sur son visage. Rien de bien convaincant, se maudit-il, mais il était encore trop choqué pour obtenir de résultats plus probants. En silence, Geoffroy se pencha et soupira à l’oreille de Mav : « - Il a du rêver comme moi de notre échec. » Mav secoua la tête, comme pour reprocher à Geoffroy d’être si pessimiste sans tenir compte de l’état paniqué de Kirla. Ilia apparut parmi le cercle, et s’assit aux côtés de Kirla. Après un temps de silence où chacun le regarda, il annonça : « - J’ai senti la magie à l’œuvre. Tu étais chargé d’énergies contraires : sorts de l’Aube contre enchantements de la Loriath. » Les cinq se reculèrent de lui, et le considérèrent, hébétés. Lorsque Geoffroy prit la parole, ce fut presque pour le dénoncer : « - Tu veux parler de ces pouvoirs abracadabrantesques ? Arrête de te payer notre tête, veux-tu ? » « - Sauf que… » commença à répliquer Ilia, avant d’être coupé. « - … Nous ne sommes pas dupes, tu sais ! » décréta Geoffroy d’un ton mesquin. « - Je n’ai jamais… » « - … Tu ne vois donc pas que nous ne sommes vraiment pas en état pour blaguer ? » « - Je l’ai bien remarqué, » commença Ilia, s’énervant, « mais… » « - … Mais tu soutiens que la magie existe… » soupira Geoffroy, comme s’il parlait à un gosse récalcitrant. « Ne me fais pas croire que la magie existe ! » « - Et si, elle existe » annonça Ilia avec sarcasmes. « - Des preuves ! » hurla Geoffroy. Seul Mav le remarqua, mais la voix ne tonnait nullement de rage, comme ils pouvaient tous le croire, mais bien de peur. Si Geoffroy flanchait et refusait d’accepter la vérité, ce n’était pas par entêtement, mais par terreur des conséquences. « - Un puissant mage de l’Aube manie les pensées de Kirla. » « - Ah oui, et ce mage, c’est toi, mais bien entendu tu ne nous en a jamais parlé » ironisa Geoffroy, la voix mielleuse. « - Non, un mage de l’Aube manie la magie noire » déclara simplement Ilia, dont le revirement total d’apparence de Geoffroy amusa. Les deux fins traits qu’étaient ses yeux haineux se muèrent en deux larges globes révulsés. « - On n’est pas dans une bonne situation alors… » « - Il est vrai que jamais je n’aurais cru q’un mage pouvait être aussi puissant » avoua Ilia, redevenu sérieux. « - Mais toi » le supplia Geoffroy en agrippant les manches de l’elfe, « toi tu es aussi un mage ! » « - Oui, j’en suis un. » « - Ouf » fut soulagé Geoffroy. « - Mais vraiment faible comparé à notre ennemi » se confessa Ilia. Geoffroy s’étrangla de peur, et soupira, finalement résigné : « - Dans quelle situation je me suis mise… » Kirla, sans porter attention à la déroute mentale de Geoffroy, s’exclama : « - Mais alors tu sais lancer des sorts ! » « - Bien entendu » affirma Ilia comme s’il n’y avait rien de plus normal. « - Comment as-tu pu apprendre ? » s’enquit par curiosité Kirla, surpris de ne pas le savoir. « - Chaque Athi apprend très jeune que la Loriath est magique. Tu te souviens ? » Vraisemblablement Ilia ne s’attendait pas à être coupé, et il secoua la tête d’étonnement lorsque que Kirla nia énergiquement. Après un soupir, il acquiesça : « c’est vrai qu’il te manque cette partie-là de ton passé… » « - Que veux-tu dire ? N’oublie pas que je suis un homme ! » « - Ce que je veux dire ? Que ceux qui t’ont introduit la pensée de ce Kev n’ont pas su où caser tout ce stock de pensée, et qu’ils ont en quelque sorte effacé une partie de ta véritable mémoire : ton lointain passé. » Il tourna un regard désappointé vers les quatre hommes. Leur apparition avait chamboulé toute sa vie, et même s’ils étaient tous amicaux, c’était par leur faute qu’ils vivaient tous un tel cauchemar… « - Donc tous les Aths pratiquent la magie, sauf moi, c’est ça ? » constata Kirla non sans peine. « - Pas du tout, très peu savent manier la magie… C’est un apprentissage long, et très rares sont ceux à être choisis. » « - Ah oui, et comment as-tu pu apprendre toi ? » La voix de Geoffroy était rageuse. Visiblement il n’avait pas encore pardonné à Ilia de leur révéler au dernier moment un ennemi terrifiant – même s’ils s’en doutaient un peu -, et de concéder qu’ils n’avaient aucune chance. « - C’est après… » Il coûtait à Ilia de parler d’un tel secret. Cette funeste connaissance avait aussi dû être retirée à Kirla. Il inspira de larges bouffées d’air, puis dit : « Après la mort du frère aîné de Kirla, j’étais tellement esseulé que… » Comme il s’y attendait, son ami réagit plutôt violemment. Cela était normal, mais peina Ilia. Il détestait par-dessus tout faire souffrir ses amis, aujourd’hui il s’y trouvait contraint. S’il ne se confessait pas aujourd’hui, alors les conséquences seraient macabres. « - Attends, mais en plus tu veux dire que j’ai un frère ! » hurla Kirla, excédé. Son monde était déjà bien assez branlant comme cela, alors si tout se chamboulait… Les connaissances indubitables étaient erronées, tandis que les secrets que personne n’aurait jamais dû savoir se découvraient d’eux même dans une franchise alarmante. « - Oui… » Ilia se mordilla la lèvre supérieure, ne sachant pas comment se comporter. Finalement, il essaya de détourner la conversation sans succès : « tu ne le savais pas ? » « - Jamais, non jamais je n’ai eu de frère ! » « - Kirl te l’a pourtant dit… » « - Quand, quand me l’aurait-il dit ? Comment aurais-je pu oublier cela ? » questionna avec rage Kirla. « - Tu étais encore jeune, à peine un Athi… Tu as du refouler ce sentiment en toi, l’oublier tellement il te faisait souffrir ! » Déjà Ilia n’osait plus parler de la magie. Il savait pourtant que là était la seule réponse possible, mais entre les deux révélations auxquelles était confronté Kirla, ce dernier avait choisi de s’attaquer à celle de son frère. « - Je ne me souviens plus de ma jeunesse, plus de mon premier arbre grimpé » se larmoya Kirla. « C’est bien là l’horrible de la situation, je n’ai même plus les moyens pour savoir qui je suis réellement ! Fichu sort… » Ilia le regarda, incapable de plus en dire. Il avait l’impression d’être sur un radeau au milieu d’une tempête. A la moindre mauvaise parole, ils chavireraient tous deux. A sa grande joie, Kirla se résigna à continuer à parler de son frère, et la langue d’Ilia se délia : « - D’ailleurs, qui était-il ce frère ? » « - Tu sais, c’est lui qui m’a sauvé lors de ma première chasse, et qui est mort à ma place… C’était lui… » Ilia serra les dents tant se remémorer de ce souvenir lui était douloureux. Mais il devait dire toute la vérité à Kirla ! « - Tes deux meilleurs amis ont donc été deux frères… Quel hasard » ne trouva qu’à dire Kirla. Ce sujet le touchait bien plus qu’il ne le laissait paraître, et parler de ce qui ne l’intéressait pas n’était qu’un moyen pour ne pas avoir à affronter sa faiblesse, ce vide au-dessus duquel il se tenait et qui à tout moment menaçait de l’absorber. « - Ce n’est pas réellement un hasard » se confia Ilia, « si j’ai tant tenu à être proche de toi pendant la première chasse, c’était justement pour t’éviter ce même sort, pour pouvoir m’interposer et te sauver… » « - Alors » cria Kirla, excédé par ce qu’il venait d’entendre, « tu n’es même pas ami avec moi, si tu restes à mes côtés, c’est plus pour honorer le souvenir persistant d’un ami décédé que pour ce que je suis ! C’est absolument immonde ! Sois au moins honnête dans tes sentiments ! » « - Non, bien sûr que non ! » Ilia se leva, tellement la tournure de la discussion ne lui plaisait pas. Il n’avait pas pensé que Kirla suite à la révélation de son frère mort serait autant inapte à faire la part des choses. Il payait maintenant cette erreur. « Au départ, il est vrai » concéda-t-il devant l’air désapprobateur de son ami, « je me suis rapproché de toi pour honorer ce sacrifice, honorer en quelque sorte cette dette que j’avais envers lui, mais c’est tout ! Certes j’en avais d’abord parlé à ton père, qui m’a fait totale confiance. Ca lui avait d’ailleurs bien plu… » « - Parce qu’en plus mon père était au courant de ta tentative, et me pensait trop faible pour dévier la charge d’un sanglier ? » pesta Kirla. « - Il t’aime, comprends cela, et il ne voulait te perdre comme précédemment, par manque d’attentions, il avait perdu un autre fils. Ton frère est mort peu après ta naissance ! » « - Et toi, là, restes-tu à mes côtés pour mon frère ou pour moi ? »s’inquiéta Kirla. Après son accès rageur, il était désormais voûté sur lui-même et faible. Une fois la tempête de fureur évacuée, ne restait plus qu’un océan de misère. « - Pour toi, bien entendu ! Tu es devenu au cours de cette chasse un véritable ami. Je m’étais interdit, pour honorer la mémoire de ton frère, d’en avoir un autre. Tu as brisé cet ordre néfaste et m’a refait découvrir les joies d’avoir quelqu’un sur qui compter ! L’amitié est un bien inestimable, sache-le ! Tu n’as pas eu le malheur de perdre un ami, je ne te le souhaite pas ! » « - Tu m’étonnes » répliqua Kirla qui avait retrouvé un semblant de sourire, « c’est que ça signifierait que tu serais mort ! » Ilia rit, évacuant ainsi la tension qui s’était accumulé. Se rasseyant, il murmura, se replongeant dans ses songes : « - Dès fois j’imagine qu’il est encore là. Ton frère Kiriath était vraiment un être précieux, tu ne peux savoir, et son souvenir me travaille encore… Mais s’il était encore là, et que je sois ami avec vous deux, ce serait un véritable rêve ! A votre manière tous deux êtes des êtres exceptionnels, des gens prêts à se sacrifier pour vos amis, et pour lesquels toi aussi tu te sens prêt à te destituer de ta vie pour la leur… » Le léger sourire qui était apparu s’évanouit aussitôt lorsqu’il continua. « C’est suite à sa mort que j’ai appris à lancer des sorts, et c’est quand je t’ai vu sur le point de décéder que j’ai jeté mon premier artifice… » « - Comment ? » Kirla, sous la surprise, avait sorti ses yeux de la contemplation des braises ardentes qui dormaient dans le feu. « - En te soulevant, je t’ai… » « - Attends ! » le coupa Kirla, « tu es en train de me dire que tu m’a lancé un sort dessus… sans m’en parler ! » Il avait lancé cette exclamation si fort que tous sursautèrent. Les quatre hommes, qui s’étaient éloignés lors de la confession des deux elfes au sujet du frère disparu, se rapprochèrent à nouveau. Si la conversation revenait sur la magie, alors ils pouvaient y prendre part et glaner de précieuses informations. « - Oui… lors de la chasse. C’était d’ailleurs mon tout premier sort ! » Cette parole était censée calmer Kirla et lui montrer à quel point il comptait pour lui. Cependant, ce dernier le prit bien différemment. « - Tu signifies que tu ne t’étais jamais entraîné auparavant ? » signifia-t-il, terrorisé. « - Non, non… » chercha à rattraper Ilia, « on m’avait bien expliqué les principes ! » « - Mais c’était bien ton tout premier sortilège » reprocha d’un ton clairement accusateur Kirla. « - En pratique, euh… » hésita Ilia. Désemparé par le regard de Kirla, il abdiqua : « oui. » Il se ressaisit aussitôt, s’exclamant : « mais sans cela tu serais mort ! » Kirla marqua une pause. La rage, telle une vague sur une plage, s’éloigna pour revenir encore plus puissante. « - Alors pourquoi est-ce que tu as dû plonger sur moi ? » « - Je l’ai déjà dit : ma magie n’est pas si puissante que cela. Je t’ai un peu soulevé et j’ai commencé à t’écarter, avant de sauter dans ta direction. Sans le sortilège tu te serais fait empaler… Jamais je ne me le serais pardonné… » L’argument fit mouche, et Kirla parvint à se calmer. De grosses larmes roulaient le long de ses joues. « - Désolé, j’ai l’impression que toute ma vie… s’écroule. J’avais accepté d’être un homme, je sentais le bonheur possible avec vous cinq. Et là, tout vient me hanter à nouveau… Et que je sois le jouet de l’agresseur ne m’aide en rien à me rétablir… » « - Je ne pense justement pas que tu en sois le jouet, au contraire ! » s’exclama Ilia, l’espoir renaissant. Lui était donné l’occasion de rassurer son ami ! « A mon avis, s’il ne tenait qu’à l’agresseur, il n’y aurait aucune liaison entre vous deux. » « - Tu en es sûr ? » La voix de Kirla tremblait d’un espoir depuis si longtemps voilé : celui que sa malédiction se transforme en bénédiction. « - Certain ! Je ne sais trop comment cela se passe, mais clairement résidait en toi de la magie noire à ton réveil. Cette magie était là pour empêcher la magie de la Loriath d’agir. Mais c’est bien cette dernière qui a triomphé, et qui t’a permis d’avoir ce… « cauchemar ». L’agresseur a justement tout à perdre si ses rêves te permettent de deviner qui il est ! » Kirla resta pensif, avant d’annoncer : « - Tu dis donc avoir lancé un sort lors de la charge du sanglier, c’est tout ? » La seule envie de Kirla était de parler de ses rêves. Cependant, la peur avait été plus grande, et il avait seulement eu la force de détourner le sujet de la conversation. Ilia fixa un instant le visage de Kirla, étonna par ce brusque changement de sujet. Il se résolut à répondre, comprenant que parler des visions pouvait être douloureux. Ils auraient bien l’occasion plus tard. « - Pas seulement. Tu te rappelles nos entraînements avec l’orbe de bois ? » « - A peu près… » fit Kirla. « - Lors du premier jet, la boule s’était précipitée en direction de ta tête, et tu étais resté bien trop hésitant pour sauter de côté. Là j’ai ralenti l’orbe. » « - C’était donc ça » se moqua Kirla avec une pointe de souffrance, « à croire que je ne suis pas capable tout seul de survivre ! J’imagine que tu as pu t’entraîner pas mal à Mor pour ralentir les gestes des ennemis. » « - Je n’ai pas lancé un seul sort lors de l’attaque. » Un sourire réapparut sur le visage de Kirla. Encouragé, son ami continua : « je n’ai plus lancé qu’un seul sort, à Skefoy, pour savoir qui était l’homme penché sur ta tombe. Mais là, j’ai senti le pouvoir de l’ennemi très puissant, et il m’a… il m’a senti, je pense. Lors des précédents sorts, en Loriath donc, je pense que la magie de la forêt me protégeait, mais je n’ai plus confiance… » « - D’accord... » acquiesça Kirla sans trouver plus à dire. Après un instant que Geoffroy jugea assez long il comprit que Kirla ne parlerait plus. Il osa enfin s’introduire dans la conversation : « - D’abord, désolé, mes nerfs étaient un peu à vifs… » commença-t-il. « - Va à l’essentiel » lui sourit Ilia, avant de continuer sardoniquement : « ça ne te réussit pas d’essayer de t’excuser. » « - Comment tu fais pour réaliser ta magie ? Je veux dire, ça pourrait quand même nous aider si nous cinq on apprend aussi. » Le ton était émerveillé, Geoffroy venait de dénicher une véritable source d’espoir, il priait juste qu’elle ne se tarisse pas au moment où il chercherait à boire. « - Quand je lance un sort, je formule une demande et j’appelle en moi l’Esprit. Il lit mon désir, et agit en fonction de ma demande. Le seul rôle que j’ai est de savoir ouvrir mon âme pour y accueillir l’Esprit. La magie proprement dite, c’est l’Esprit qui l’a fait. » « - Si j’avais su que la magie était déjà en nous » s’exclamèrent en même temps Kirla et Geoffroy. « - Kirla, rappelle-toi que tu as oublié une partie de tes connaissances… » « - Dans le cas où Kiev, enfin Kirla, est un elfe » lui rappela Mav. Ilia ne tint aucunement compte de l’interruption. Il lui était possible d’accepter que l’agresseur ait modifié les pensées de son ami, mais incapable d’imaginer que les siennes aient aussi été touchées. Certes restait encore le problème de l’apparence physique fortement semblable entre ce que devait être Kev et Kirla mais il préférait taire ses craintes. « - … Mais il est vrai que le cercle des magiciens est étriqué. A la mort de ton frère, j’avais une telle envie de me venger qu’un lanceur de sorts me remarqua et m’apprit l’art, sinon jamais je n’en aurais entendu parler. » Après une pause, Kirla remarqua : « - Ce qui veut dire que l’Esprit existe réellement. « Je ne sais s’il vit réellement… Disons que c’est plus une entité à part entière qui est à la fois rien et tout. Tu peux la trouver dans tout Ath, et pourtant nous ne sommes pas l’Esprit. Ses actes influent autant nos vies que la Loriath, seul lieu à vivre au rythme de l’Esprit. » Au vu du regard interrogateur que lui adressa Kirla, il n’avait pas saisi. Ilia compléta : « c’est le pouls intérieur de la forêt. » « - Bien pratique, surtout si on est les seuls à pouvoir la manier » se réjouit Kirla. Ilia ne répondit pas, émerveillé de ce que venait de dire Kirla : ce dernier se plaçait enfin du point de vue d’un Ath après plus d’un mois de souffrance. Voilà qui récompensait largement tous les efforts consentis ! « - En fait, il paraît qu’avant la guerre de la Loriath les animaux savaient lancer des sorts. Ce ne sont certes que des ouï-dire, mais en chaque légende est une part de vérité. » « - Pourquoi n’ont-ils alors plus la capacité ? » demanda Geoffroy. Selon lui, les animaux n’étaient rien d’autres que des bêtes dont on pouvait prendre un plaisir fou à les chasser. Mais au vu du nombre d’animaux qu’il avait tué, si une de ses proies avait eu la capacité de riposter avec un sort, elle l’aurait fait ! En outre, la simple idée d’un cerf baisser les bois pour le foudroyer lui apparaissait plaisante, mais nullement sérieuse – ou alors il allait passer à une passion moins dangereuse. « - Je ne sais… peut-être la mort de leur entité. Si l’Esprit venait à mourir, pareillement les Aths ne pourraient réaliser de magie. » « - Et pourquoi les hommes ne peuvent lancer de sort dans ce cas ? » répliqua à nouveau Geoffroy. Il désirait apprendre et n’avait pas vraiment envie d’écouter raison. Pouvoir lancer des boules de feu un peu partout devait être plus destructeur qu’un arc long ! « - J’imagine que s’ils savaient écouter au fin fond de leur cœur, ils sentiraient leur dieu et pourraient alors maîtriser les arcanes magiques. A mon avis le Serpent a autant de pouvoir que l’Esprit, mais son pouvoir agit différemment. Tout du moins, à part si aucun Ath n’est au courant, ce qui est d’ailleurs possible, aucun homme n’a réussi à canaliser le flux de la vie du Serpent – à en croire les multiples icônes des hommes, le Serpent est votre dieu -, et à user de magie. Mais en vous vous possédez ce pouvoir, il faut parvenir à le maîtriser… » « - Que cela veut-il dire ? » questionna avide Geoffroy « - Que le Serpent vit au travers de tout homme, comme l’Esprit au travers de tout Ath. » « - Non, tu m’as mal compris » balaya l’homme d’un geste du bras, « comment maîtriser ce pouvoir ? » « - A toi de le découvrir, je suis un Ath et ne peux pas t’aider. Sincèrement désolé. » Et il l’était : voir l’éclat dans les yeux de Geoffroy disparaître et l’expression de joie de ce dernier muer en renfrognement était pour le moins douloureux. Cette magie semblait être le seul élément qui poussait Geoffroy vers le futur, qui lui permettait l’espoir, mais ce n’avait été qu’illusion. Le reflet de miroir qu’il poursuivait s’était évanoui, et il se trouvait au milieu d’un dédale de craintes. Incapable d’en trouver la sortie, il était destiné à y croupir, à moins que la joie vienne le guider ce qui en l’état était peu probable. Ce fut Mav qui trouva la force de poursuivre la discussion. L’occasion d’en savoir plus sur la magie était inespérée ! Cependant, un détail semblait plaider en défaveur de la thèse de l’elfe. « - Mais comment les animaux peuvent-ils vivre ? » « - Si leur entité est morte, et je vous rappelle que ce n’est qu’une supputation de ma part, alors ils sont libres, entièrement libre ! Ce seraient les seuls êtres non déterminés. Il suffit d’ailleurs de les regarder, nous nous agissons toujours avec un but en tête, d’où crois-tu que tu tiens ce but ? Certes il y a des guerres intestinales entre hommes, mais cela est normal ! Les animaux, quand à eux, se contentent de vivre, et sont donc entièrement indéterminés. » « - Attends, quel serait ce but ? » « - Le pouvoir ; celui d’imposer sur terre soit les hommes, soit les Aths. La lutte primaire et bestiale pour le pouvoir ! » Après un silence où chacun mesura l’intelligence de la réplique, Ilia continua : « je pense d’ailleurs que nous sommes les premiers à lutter pour un autre but : l’Esprit et le Serpent perdent de leur pouvoir ! » « - Et donc, si l’Esprit venait à mourir ? » demanda Kirla. « - Et donc, si le Serpent venait à mourir ? » questionna au même moment Geoffroy. « - Nous serions libres comme les animaux : nous aurions la liberté de vivre pour vivre, et ne serions pas contraints de vivre pour installer la primauté de notre dieu… » « - Risque t-il de mourir ? » s’enquit Kirla. « - J’espère bien que non ! » répliqua Ilia. Pour la première fois l’anxiété pouvait se lire sur son visage : sa tempe tremblait et quelques gouttes de sueur apparurent sur son front. « - Pourquoi ? » « - S’il meurt, alors le Serpent aura toute puissance. Un dieu est déjà mort, mais maintenant les deux ont une force presque équivalente. Si l’un des deux meurt, c’est l’équilibre de ce monde qui meurt, et vraisemblablement tous les pêchés et corruptions apparaîtront sous leurs formes les plus meurtrières ! » Après un court arrêt où chacun se laissa aller au pessimisme, il reprit plus joyeusement : « Cependant je sens croître aux côtés de ces deux dieux une nouvelle puissance, une nouvelle donne qu’eux deux n’ont jamais pris en compte et qui pourrait briser l’harmonie du monde… » Aucun des six n’osa se demander si en brisant l’harmonie du monde ce monde ne se trouverait pas justement détruit. Leur situation était bien assez désespérée pour se torturer avec des craintes sur lesquelles ils ne pouvaient nullement avoir prise. « - Où s’situe cette puissance rivale ? » finit par demander Arthur, tremblant. Kirla ne répondit pas. Pourtant il sentait au plus profond de lui-même l’être à qui il se trouvait par la force des choses relié. Il connaissait la réponse ! Celle-ci le terrifiait et glaçait ses entrailles, bouleversait toutes ces certitudes. En Loriath il s’était toujours senti rassuré, il y avait toujours une main pour l’aider, un horizon vers lequel se perdre, de nouveaux bonheurs à découvrir. Il se retrouvait désormais esseulé sur un roc abrupt. Un pas et il chutait sur les récifs pointus, le vent fouettait et cherchait à le déstabiliser. Le bonheur était loin, emporté par les tempêtes. La vie de même semblait s’être échappée, coulée par les vagues. Seul une carcasse, cadavre entouré de peau, s’accrochait désespérément au récif, sans d’autres convictions que celle qu’il allait bientôt mourir, chuter dans cette mer qui ouvrait béante ses dents d’écume, et pourtant il se retenait encore. Il n’y avait nul espoir de s’échapper d’un tel lieu, il était prisonnier de son propre destin. Et soudain, il le vit. L’Ennemi approchait inexorablement. Et lui qui se trouvait sur sa route, qui le gênait, allait périr. « - Il est en Loriath » souffla sans force Kirla. « - Qui ? » La voix était envahie par la peur, ce qui nimbait la question d’un voile ténébreux. « - Le serviteur le plus fidèle de l’Ennemi est ici même, en Loriath, parmi nous. » Un malaise suivit cette déclaration, puis un silence maladif envahit leur campement. Inxi, dis-moi si tu trouves que certaines révélations viennent un peu de nul part. Globalement j'ai cherché à bien toutes les annoncer et donner des indices précédemment (pour le frère, par exemple le terme "presque-frère", à un moment "doublement presque-frère"...). Pour la magie, lors du sort, il appelle en lui l'Esprit (et pour le Serpent, dans tous les territoires humains j'ai, me semble-t-il, pas mal insisté ). Enfin, pour la liaison entre Kirla et Anar, elle est ma foi plutôt évidente . Quand à deviner où se situe le serviteur, c'est plus un sentiment de malaise qui l'a envahi (vrai, sans blague ?) qui fait qu'il sentait qu'il était proche (tout est relatif, la Loriath est quand même plutôt grande, mais vous avez bien deviné qu'il ne va pas passer un mois à la chevaucher pour le retrouver^^), il ne s'agit nullement d'un GPS qui lui indiquera précisément le lieu . (au moins maintenant vous savez pourquoi Ilia s'est tout de suite rapproché de Kirla alors qu'il ne le connaissait nullement au début ) J'espère que 10 pages de dialogues ne sont pas trop lourdes. Je crois que je n'aime plus trop ça (en plus pas super motivé pour écrire, mais je n'étais motivé pour rien, à vrai dire ). En plus, l'idée de diviser ce dialogue en deux m'est apparu, mais manque de pot il y a des liens partout, l'histoire du frère et de la magie est quand même très liée (pour l'apprentissage, je veux dire) Iliaron
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