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Iliaron

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Tout ce qui a été posté par Iliaron

  1. Iliaron

    Les sept compagnons

    Je ne me fais pas de souci: tu as encore pas mal de marge jusqu'à ce que tu nous postes l'intégralité de ce que tu as écrit . A la vue, ca serait mieux je pense Bonne question. Personellement, je considère "Au vu" comme une expression à part entière. Du moins, je dis très souvent "au vu de" ("vu", pas "vue", sinon tu as raison, ce serait "à la vue de"). Après, reste à savoir si ce que je dis est exact . Mais je vais laisser comme ça, car parler de vision ("vue") quand il s'agit de silence, ça fait bizarre . Je sais qu'il y a répétition, d'ailleurs ça m'a posé pas mal de problèmes. Globalement je peux aisément en retirer un, mais généralement, quand on est rageur et désespéré à la fois, rajoute honteux de fuir tant qu'à faire, on ne perd pas du temps à chercher des synonimes. "Tuer" me semblait le verbe le plus adapté pour cette répétition. Mais je crois que je vais remplacer le dernier "tuer" par "abattre" (gros trou hier soir, j'avais trouvé plein de synonimes assez "injurieux", du style "amocher", mais quand on amoche, on ne tue pas forcément ) Je réfute : dans les chapitres que j'ai réécrits, chapitre III de la Partie I, il y a quand même de l'action lors de la fuite . Et puis au chapitre IV partie I aussi, quand ils cherchent à fuir (et après j'ose dire mes héros courageux ). Mais c'est vrai que j'ai rarement décrit d'action, même le chapitre nommé "Attaque" n'en a pas forcément tant que ça (je prends peut-être le syndrome de l'Everest: avant pour pas que mes héros apparaissent trop forts je ne voulais jamais qu'ils tuent une seule personne. Maintenant je veux du sang mais je cherche à créer des situations avantageuses (et là, le coup de la dague enflammé lancée dans les yeux, une scène que j'avais dans la tête depuis longtemps, d'ailleurs je suis bien content de ma phrase ) Je te ferais remarquer que tu connais une partie des causes qui ont rendu Anar aussi ténébreux, seul bémol, à part dans les rêves, on ne l'a toujours pas vu (mais tu as en partie deviné ) Pourquoi quoi? Tu veux dire: pourquoi l'attaque sur Pierre et Richard? Ou alors pourquoi Anar et Folgiwe veulent se venger (je ne pense pas, c'est plutôt clair^^)? Ou... Pour la suite, elle va pas tarder à venir (demandé si gentiment, je ne peux que m'efforcer de combler ton désir (ah bon, c'était rhétorique ) Iliaron
  2. Iliaron

    Les sept compagnons

    Je viens de me rendre compte que je n'ai pas beaucoup critiqué les autres et surtout donné en pâture mon texte... Voilà une mauvaise attitude que je vais essayer de corriger un peu (arf, la fougue de mes débuts au niveau des critiques s'estompe ) Dingue, j'ai fait ça intuitivement (surtout que je le répéte, je ne voulais pas le faire ) Mais je nuancerais un peu: Dans la première partie, leur rire n'est que façade. Dans la deuxième, certes ils sont sérieux, mais surtout tristes! Enfin, dans la troisième, ce n'est pas de l'espoir qu'ils reprennent, mais je comprends ce que tu veux dire. Ce qu'ils prennent, c'est plus une résolution de continuer malgré tout: l'espoir, ça fait longtemps qu'ils l'ont abandonné, ils ne savent pas du tout pourquoi ils combattent si ce n'est pour Pierre, Richard et Kev (tu vas me dire, c'est largement suffisant ) Arf, j'en déduis que tu as finis ton récit: toi, ne pas écrire de quatre semaines, il faudrait t'enchaîner . Ou alors c'est pour dire qu'on est bientôt à la fin, et paf, nous sortir 200 pages d'un recoin de ton ordi (** oh tiens, j'l'avais perdu, ce dossier. Tenez, je vous en fais part **) Voilà le début du chapitre XIV. Personnellement, j'en suis un peu déçu: ce chapitre marque le tournant dans l'histoire donc ça fait très longtemps que je l'imagine, mais au moment d'écrire, pouf, aucune étincelle pour venir me sauver. Je pense l'améliorer suite aux conseils, voir là où il y a le plus de problèmes (encore, au vu du premier jet, ça aurait pu être bien pire !) Chapitre XIV : Désunion Du feu ! Du feu partout ! Anar courrait depuis un bon moment à la recherche éperdue d’une issue dans ce cercle de volutes enflammées, mais il devait se rendre à l’évidence : il était prisonnier ! Autour de lui tout n’était que désolation : des bras de flammes venaient lécher les troncs avoisinants et de leur pulpeuse succion brisaient les Gardiens de l’Esprit. Les branches s’affaissaient, craquaient et se brisaient sous la morsure du feu. Elles essayaient encore de cisailler l’air, mais en vain, les flammes finissaient toujours par les détruire. Les feuilles, quand à elles, explosaient en de multiples boules de feu tellement la chaleur était intenable, et retombaient à terre, inertes. Même les racines tentaient de se libérer de l’étreinte de la terre brûlée et claquaient inutilement contre le sol, faisant trembler la terre et empêchant l’avancée des hommes. Mais déjà, dans de fatidiques craquements, les racines s’évanouissaient ; les Gardiens tombaient un à un et les hommes avançaient, déblayant les cadavres noircis de ces fiers arbres comme s’il ne s’était agi que de vulgaires arbrisseaux. Anar avait fui dès le matin, entendant des bruits étranges à l’orée de la Loriath. Il n’avait emporté avec lui qu’un carquois, par prudence, ne s’attendant qu’à y découvrir quelques hommes – ces êtres sans foi ni loi – parier sur celui qui aurait le plus de courage et s’enfoncerait le plus loin dans la forêt. A la place de la plaine herbeuse qu’il avait l’habitude de voir, tout était noir, comme calciné. Il imagina d’abord un immense brasier, sûrement un brûlis qui avait mal tourné, et avait continué de s’avancer. C’est alors qu’il avait remarqué que la plaine bougeait et s’avançait inexorablement vers la Loriath. Alors il s’était arrêté d’impuissance et n’avait pu bouger ses membres durant de longs et douloureux moments d’incertitude. Tout ce qu’il avait aimé et chéri allait être balayé par ces immenses armées d’hommes ! Lui, le chef d’Ingwar, la première tribu de la forêt, aurait alors dû alerter ses troupes, lancer des éclaireurs pour réaliser des embuscades, alerter les tribus plus éloignées, mais il était resté là, paralysé. Il avait vu les hommes s’avancer et éventrer de très nombreux tonneaux sur les Gardiens. Ces êtres avaient été bien trop occupés à éviter les branches qui découpaient avec la même facilité l’air que les membres pour remarquer cet Ath solitaire. Une odeur inconnue pour l’elfe s’était alors élevé, remplaçant le doux arôme des bois à l’aurore : celle de la naphte. Il avait ensuite vu les torches être jetés, et il n’avait toujours pas bougé. Il était resté là, vaincu, dans une posture insensée, oubliant la fournaise, oubliant la vie, prêt à mourir avec sa forêt. Alors que les flammes allaient atteindre ses bottes, il avait levé une dernière fois les yeux au ciel pour admirer cette voûte dont la danse dans le zéphyr nocturne avait bercé ses nuits étant Athi. Mais cette voûte s’était évanouie derrière un écran de fumée noire, les nuées ardentes échappées des flammes déchiquetaient le toit de la Loriath pour se frayer un chemin vers les cieux. Alors Anar avait compris qu’il était destiné à mourir dans cette guerre, mais qu’il ne devait rester inactif. En tant que chef, son rôle était de mourir pour la tribu ! Il s’était élancé en arrière, décidé à rejoindre au plus vite l’habitat où devaient encore dormir la plupart des elfes. Mais il eut la très mauvaise surprise de constater que des groupes d’hommes avaient aussi mis à feu et à sève l’intérieur même de la Loriath ! Les Gardiens avaient été vaincus et n’avaient pu empêcher l’entrée des hommes ! Alors la rentrée rapide s’était transformée en cauchemar atroce qui prenait un malin plaisir à le détourner en l’obligeant à de nombreux détours. Des murs de flammes s’élevaient entre des arbres, barrières si malléables et pourtant absolument inviolables. Ailleurs, c’étaient des charniers d’écorces qui révulsaient l’elfe et l’empêchaient de faire un pas supplémentaire ! Escalader ces troncs pour continuer sa traversée, c’était comme de se frayer un passage parmi les cadavres de ses compagnons ! Les heures s’étaient égrenaient, lentes et rapides à la fois : la souffrance qu’il éprouvait était bien trop longue pour plus la supporter, mais à la fois tout se passait tellement vite qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher les hommes de prendre Ingwar. Sa tribu… Il était désormais proche de l’habitat, mais ne pouvait plus s’en approcher. Au fond de lui, il savait qu’il était bien trop tard : il pouvait voir la carcasse noircie de ce qui avait été durant la nuit des temps leur foyer, les flammes s’échappaient encore des fenêtres naturelles et courraient parmi les couloirs. Les caresses mortelles avaient du tuer depuis longtemps les elfes non assez prompts pour fuir, tandis que les plus vindicatifs gisaient non loin, transpercés. Les flammes s’approchaient lentement, comme lors des cérémonies funéraires, à une seule différence : au lieu du deuil habituel d’une personne, ils réalisaient le deuil d’une tribu. Soudain, face à lui se découvrirent trois hommes ! Sans plus réfléchir, Anar encocha une flèche, et visa d’un œil expert sa première cible. La flèche s’élança en direction de la gorge de la victime, brisant les rideaux de flammes, dispersant les nuées, pour venir disperser la mort. Un gargouillis sonore, et l’homme n’était plus. Une deuxième flèche alla se caler dans le cœur d’un autre homme, qui trébucha à terre, sans comprendre. Le temps de baisser les yeux sur sa blessure, et il était mort. Anar se réjouit trop rapidement et sa flèche manqua le dernier être. Celui-là avait eu le temps de s’esquiver derrière un arbre. Il en ressortit, une flèche encochée, le visage impassible. Anar adressa une rapide prière à l’Esprit, fixant avec intensité cette pointe qui allait répandre la mort dans ses membres. Il avait failli, sa tribu était décimée, la forêt brûlée. La mort pouvait venir le prendre… « - Chef ! » hurla une voix hystérique, étranglée par les cendres. L’homme se détourna, paniqué à l’idée d’un nouveau danger. Il n’en fallut pas plus à Anar : son agresseur lui exposait un dos sans défense ! Une flèche plus tard, et la menace n’était déjà plus là. Anar s’élança en direction du prétendu allié, à l’affût de tout bruit suspect. Il devait pour cela oublier tous les craquements, et se décida finalement à abandonner cette quête irréalisable. Même s’il découvrait des hommes, en quoi cela l’aidait-il dans sa situation ? Il se remit alors à courir. « - Chef ! » La sentinelle sauta au bas de l’arbre dans lequel elle s’était réfugiée. « Les autres ont fui vers Iglark. Ils m’ont demandé de rester, en espérant que vous reveniez » expliqua l’Ath, la voix rendue sourde par les larmes. « - Merci Irgaëth. Viens, rejoignons-les, c’est tout ce que l’on peut faire présentement » répondit Anar en forçant sa voix à être la plus calme possible. « - Par là, alors » annonça l’elfe qui disparut aussitôt derrière deux arbres. Anar s’élança derrière lui, avec l’impression poignante qu’il laissait derrière lui un monde passé que jamais il ne reverrait. Son habitat était en flamme, sa famille certainement calcinée, l’espoir anéanti… Face à lui, il n’avait qu’une certitude : il trouverait des hommes, nombreux, ténébreux ! « - Non ! » La voix s’étrangla. Anar n’eut le temps de sortir de ses pensées que déjà la sentinelle chutait à terre. Il ne put que constater avec effroi que face à lui, derrière un mur de flammes, une dizaine d’hommes pointaient leurs arcs longs et arbalètes bâtardes dans sa direction. S’ils n’avaient pas encore tiré, c’était simplement que ces immondices se délectaient de son expression de terreur. Celle-ci se mua en fugace sourire, lorsqu’il aperçut son ami Folgiwe dans un arbre. Une seconde plus tard, une vague s’abattit sur les agresseurs, tous furent projetés en avant pour s’effondrer morts dans leur propre brasier. Anar se précipita vers le corps de la sentinelle, qui crachait du sang. « - Que l’Esprit veille sur vous… » articula-t-il avant de fermer une dernière fois les yeux. « - Que l’Esprit t’accueille à ses côtés, courageux soldat » souffla Anar d’une voix larmoyante. Il lâcha le corps de l’elfe, et s’approcha de ses troupes. « - Je ne peux passer » hurla-t-il, suffoquant à la vingtaine d’elfes survivants. « Continuez votre route, je retiens l’ennemi ! » « - Seul ? » se moqua amicalement la voix de son ami. « Je reste avec toi ! » Avant d’avoir le temps de protester, Folgiwe sauta d’une branche pour se réceptionner souplement aux côtés d’Anar. Ce dernier lança un regard surpris en voyant les branches les plus basses se situer à une dizaine de mètres. Il secoua la tête, avant d’ordonner : « - Bon… Vous tous, courrez prévenir Iglark. Essayez d’organiser un rayon de défense efficace, privilégiez les embuscades. Vous connaissez bien mieux la forêt qu’eux, et êtes de meilleurs archers. Nous deux, on va à l’orée de la forêt pour observer l’avancée ennemie. Rejoignez-nous si… » Il fut sur le point de dire : « s’il n’y a plus d’espoir de triompher » mais se ressaisit pour conclure avec force : « s’il y a un problème quelconque. » Au vu du silence qui suivit cette déclaration, la troupe avait saisie avec brio le sous-entendu. « - Où allez-vous ? » s’enquit finalement un des soldats. Anar et Folgiwe s’échangèrent un regard pour finalement déclarer : « - A la Hutte Abandonnée, là où ils nous attendront le moins. » Ce lieu était la seule construction humaine à l’intérieur de la Loriath. Des hommes plus téméraires que les autres s’étaient entêtés à construire une habitation dans la forêt. Cela leur avait coûté la vie, mais les elfes avaient conservé le bâtiment de torchis. Anar observa d’un œil brillant la course de ses troupes. De toute sa vie, c’était la première fois qu’il ne se situait pas parmi eux sur son fier cheval. « - Allez, viens, avant que toute route ne soit barrée par les flammes » le conseilla Folgiwe. Anar défourra ses deux dagues, et, l’une dans chaque main, s’écria : « - Qu’ils payent ! » D’un pas résolu, il partit en direction de l’orée de la Loriath. Un instant plus tard, et il était plaqué contre un tronc, Folgiwe le bâillonnant. Lentement, il écarta sa main, puis fit un signe : « - Là-bas, six hommes. » « - Ca en laisse trois chacun » rugit Anar, transcendé par la haine. Il s’élança à toute vitesse à l’encontre des ennemis, insouciant des risques. Un premier fut soufflé en arrière lorsqu’une flèche le percuta de plein fouet. Anar sauta de côté, et deux traits ne percèrent que du vide. Il para aussitôt le coup d’estoc que lui portait un autre homme. Le choc avec la lourde arme à deux mains projeta l’elfe en arrière, qui lâcha une de ses dagues dans les flammes. Confiant, l’homme s’apprêta à assener le coup de grâce sur cet impudent à terre. Une lame dans son dos vint lui rappeler qu’ils luttaient contre deux Aths. Il expira, et tomba au-dessus d’Anar, qui pesta à cause du poids du cadavre en armure. Folgiwe n’y prêta pas attention, et défia du regard les quatre autres hommes. Il s’amusa à érafler de sa fine lame les quatre épées larges face à lui. Les hommes semblaient plutôt stupéfaits de rencontrer un ennemi en état de lutter – pour l’instant ils n’avaient eu pour seul danger que des corps calcinés – ce qui expliquait leur hébétement. Anar avait aussi saisi cette donne : les quatre l’avaient oublié. Il était vrai que lorsque l’on devait supporter le poids d’un homme imposant protégé par son armure, l’on avait plus trop d’occasions de participer au combat. C’est pour cela qu’Anar s’efforçait de se dégager, et rassemblant ses forces, il propulsa le corps inerte contre les quatre hommes. Sans réfléchir, ces derniers s’écartèrent. Le temps de se reformer et ils constatèrent qu’ils n’étaient plus que trois. Négligemment Folgiwe essuya sa lame contre sa cape. Calmement, comme si la situation n’avait rien d’alarmant, il décréta : « - C’est bon, j’ai tué mes trois. A ton tour. » Anar ne put s’empêcher de sourire devant le flegme de son ami ; puis se mit à tourner lentement autour des hommes pour les analyser. Folgiwe fit de même, mais dans le sens inverse. Les agresseurs se scindèrent aussitôt en deux groupes. Cette manœuvre perturba le plus jeune des trois, qui ne savait quel elfe suivre des yeux, et qui ne cessait de jongler de l’un à l’autre. L’un des soldats réprimanda sévèrement ce bleu inexpérimenté. Anar profita de ce moment d’inattention, et décocha à toute vitesse une flèche dans les yeux apeurés du jeunôt. « - Il ne vous causera plus de soucis » certifia Folgiwe à l’homme rageur, qui tenait dans ses bras le cadavre de son apprenti. Haineux, le soldat rejeta la dépouille, et s’approcha en beuglant d’Anar : « - Vous nous avez attaqué, mais vous allez le regretter ! » « - A se demander qui attaque qui » se moqua Folgiwe. Cependant la ruse ne fonctionna pas et l’homme ne commit pas l’erreur de détourner le regard. Cependant, le simple fait de serrer un peu plus les poings lui fut fatal, et il n’y eut pas que les jointures qui blanchirent. L’homme s’écroula à terre, la dague ayant entamée l’armure pour atteindre le coeur. A ce moment, Anar, comprenant que sa dague resterait enfoncée dans la victime – et surtout dans la protection -, il agit impulsivement et se précipita dans les flammes. Le soldat, surpris, écarquilla les yeux. Une dague rougie par la chaleur vint les lui fermer. Se relevant l’Ath reprocha clairement : « - Tu avait l’occasion de le tuer. Quitte à en tuer quatre ! » Folgiwe s’empourpra, et Anar soupira : « - Arrêtons ces gamineries d’Athi… Et continuons notre route ! » Il commença à partir, puis s’arrêta en voyant son ami regarder d’un air las tout autour de lui. « - Je sais à quoi tu penses : que c’est lâche de fuir » commença le ton tremblant Anar. « - Nous abandonnons la Loriath… Nous ne pourrons plus jamais être assez digne pour fouler cette terre si pure et sentir le pouls de l’Esprit en nous. » « - Je sais » soupira un Anar résigné. « Je connais ces conséquences, mais je suis prêt à prendre tous les risques et à passer par toutes les souffrances. » « - Cela n’a aucun sens. Notre place est parmi cette forêt ! » protesta avec fougue Folgiwe. Les deux amis se fixèrent intensément. Les yeux verts d’Anar semblèrent se charger de cruauté lorsqu’il hurla : « - Si, cela a un sens : meurtrir au fer blanc ces hommes. Pistons-les où qu’ils aillent, massacrons leurs fils et petit-fils et anéantissons leur civilisation. » Je me demande si je n'en dis pas trop. Maintenant vous savez qui sont les ennemis (du moins vous connaissez les causes qui ont fait ce qu'ils sont). Mais bon, il faut bien commencer à vous révéler l'intrigue, non ?) A la fin, la toute dernière expression d'Anar, je suis sûr que ce n'est pas ça, mais je n'arrive plus à trouver le terme exact . Sinon, je dois avouer avoir eu un peu de mal avec cette description. Dans mes rêves, le passage de description était long: je visualisais plutôt bien la scène, mais quand à la transposer à l'écrit, voilà qui est autre chose... Encore, je suis assez content de certaines phrases (surtout au vu du premier jet catastrophique!!!), mais il manque encore quelque chose, je n'arrive pas à trouver quoi. Peut-être qu'il faudrait que je rallonge un peu les descriptions? Ou les transitions à soigner? En fait, sur ce passage, je pourrais écrire plus d'un chapitre, avec le réveil... Seul problème, comme ce n'est qu'un rêve que Kirla perçoit, je ne peux me permettre de faire trop long (remarquez, rien que sur la guerre de la Loriath, je pourrais faire bien des choses... Là on en est qu'au premières heures du conflit, et à la première tribu tuée. Quand on voit le résultat final... Manque de pôt, je ne peux y consacrer qu'un rêve (il y en aura d'autre, mais pas sur cette guerre...) Là je veux bien allonger la description, mais pas décrire plus d'événements: déjà il faut que le rêve s'arrête à ce moment-là: c'est un des moments les plus forts, donc Kirla peut prendre conscience. D'ailleurs, faut qu'il démarre à peu près au même moment, mais ce qui pourrait se tenter serait que tout se passe dans l'ordre chronologique, et non: Présent - flash backs - retour au présent. Enfin bon, j'attends de voir à quel point c'est catastrophique. Sinon, la suite devrait arriver rapidement et sera assez longue: tout est écrit: je n'ai qu'à réaliser quelques lignes de transitions, et adapter ce qui est déjà écrit, mais j'ai déjà la base. Attendez-vous à des révélations... peut-être inattendues! Iliaron
  3. Iliaron

    Les sept compagnons

    @ Inxi: Je me demandais si ça s'accordait avec "chose"... Mais mettre le féminin m'écorchait aussi les yeux. (n'y voyez aucune allusion ) Merci, ça récompense mon inspiration Je crois que les deux sont bon. Moi je préfère "salaud" (et après on vante les discussions châtiés de la section ) Encore merci de ta lecture! @ Gemini Non: de rien, comme c'est moi qui te remercie (ouh la, humour soir, minable (ça rime même pas, c'est dire ) Et dire que j'avais failli la zapper car je la trouvais dure à décrire. A lire les commenraires enthousiastes, ce doit être ma plus réussie . Merci! Là encore, ça a été un rapide rajout dans l'intrigue histoire de donner de l'intérêt... Je comptais le faire un peu moins, comment dire, "champ de bataille" ou "pestiféré" (choisis ce que tu préfères), mais la tentation a été la plus forte (et comme quand j'écris je tiens à me faire plaisir!) Non non, tu ne pinaille pas: à partir du moment où ça t'a gêné, c'est qu'il faut rectifier le tir. Je trouverais bien (ce que j'aime avec tes critiques, c'est que quand je reprends un chapitre, j'ai l'impression de bien enlever ces petites garces qui gâchent les texte, encore merci ) Ca, c'est une de mes erreurs: j'ai plutôt mal fixé les événements, j'aurais du faire un bref tableau chronologique. J'ai bien pensé au lieu, mais au temps, c'est souvent de l'à peu près (il y a une telle continuité chronologique que je crois que mon récit passe à un moment de la fin au début de l'hiver, puis au printemps... tout ça en quelques jours ) Pour les ans, je vérifierais. De toute façon, c'est "simple": Rencontre de Kev et Mav Deux ans plus tard: rencontre avec Geoffroy Un an plus tard: rencontre avec Pierre et Richard (parents morts assassinés), demande d'aide de Geoffroy auprès de Gontrand, qui contacte son compagnon d'arme et ami Arthur. Trois ans plus tard: Pierre et Richard sont tués: début du récit. Encore les aléas d'un long récit: au début j'étais enclin à mettre "H" pour le différencier du terme usuel? Puis j'ai trouvé ça lourd à gérer, d'où le "h". Là je serais plutôt enclin à remettre le "H". Mais de toute façon, je pense que tu l'as remarqué, j'ai pour habitude de réécrire des chapitres. Là je vais bientôt réécrire le chapitre I de la partie II. Je fixerais tout à ce moment, je pense d'ailleurs faire une remarque comme: "ce lieu s'appelait simplement l'Habitat. Jamais n'était apparu le besoin de donner un nom plus développé: il n'existait qu'un habitat et n'en existerait qu'un." En fait, maintenant que je maîtrise mieux mon monde, mes personnages, et bien entendu l'écriture, donc la narration, je vais essayer dans me réécriture du chapitre I de donner une meilleure base à ce monde des elfes. Merci pour ce détail, car c'est finalement les détails qui mis bout à bout permettent de créer un monde! Sinon, tant que j'y suis, voilà une (courte) suite. Et encore, elle aurait pu l'être bien plus . C'est juste histoire de conclure ce chapitre, avant le prochain, qui s'intitulera: "chapitre XIV: Désunion" (histoire de vous laisser imaginer de quoi il en retournera). J'aimerais d'ailleurs pouvoir le finir avant la fin des vacances (mais avec les révisions de bac, les sorties cyclistes (par ce temps ) et le permis à préparer, ça risque d'être dur, mais j'ai confiance . Bonne lecture : * * * « - Et voilà, nous y sommes » annonça le fermier en tendant inutilement l’index vers des arbres malades. En deux jours ils avaient parcouru sans encombre les quelques douze lieues qui les séparaient auparavant de la Loriath. Le groupe se félicita de l’aide de ce fermier qui leur avait efficacement permit d’éviter toute patrouille. Visiblement les habitudes des soldats n’avaient aucun secret pour ce paysan. « - C’est que » leur avait-il expliqué, « les soldats sont bruyants quand ils passent. Ils suivent toujours les mêmes rondes, à force, au bout de plus de cinquante ans, on commence à les mémoriser. » Arthur avait cillé, étonné de l’ancienneté du parcours de ces patrouilles ; quand à Gontrand, il n’avait même pas éprouvé le besoin de tourner la tête. Ils se tenaient à présent à une centaine de mètres – leur guide n’avait pas osé s’approcher plus proche – de la forêt. Les six compagnons tournaient le dos aux arbres, tandis que le fermier se tenait face à eux, se questionnant encore sur son acte. « - Allons » se moqua Geoffroy devant le tremblement de l’homme, « tu n’as donc pas confiance en nous ? » Il rit et donna une accolade à l’homme. Il semblait que rarement il ne s’était senti si heureux, comme s’il avait déjà oublié la mort de Gotric, ou tout du moins les remords : la joie d’être arrivé vivant en Loriath était bien plus prégnante ! Visiblement, quand l’homme est heureux, les pensées tristes n’ont aucune prise sur lui. Un instant plus tard, il avait détaché son fourreau et le tendait au fermier, plutôt surpris : c’était bien une des premières fois que de riches hommes ne profitaient pas de leur apparence pour le tromper. Il se saisit du fourreau, puis retira l’épée avec suspicion, encore trop étonné pour parler. « - Et bien, tu pensais que l’on allait y mettre une épée en bois ? » ironisa avec le sourire Geoffroy. « Quand même, ce serait ignoble de notre part ! » « - Vous savez, messires » commença le paysan, avec pour la première fois un réel sourire dessiné sur son visage, « dans toute ma vie, jamais je n’ai été aidé. Ici, on a les raids des mormundiens, les forêts qui nous terrorisent… Oh on nous a bien promis de nombreuses choses, mais quand à voir les palissades que d’autres avaient certifié installer… Vous six, vous n’êtes pas des êtres que de promesse, non, vous êtes des êtres de foi ! Votre langue est à l’image de votre cœur. » Mav répliqua avec ironie à l’homme : « - Sûrement pas, si vous connaissiez mieux notre ami Geoffroy, vous ne diriez pas ça. » « - J’en ai eu un entr’aperçu… » pouffa le paysan devant un Geoffroy déboussolé par tant de piques simultanées. « Non, vous êtes tous des êtres de confiance ! » « - Merci » répondirent d’une même voix les six. « Tu en es aussi un, sans ton aide, nous aurions eu bien plus de mal à atteindre cette forêt. » Le paysan leur offrit un de ses plus larges sourires. Ils devaient être parmi les premiers à le remercier chaleureusement avec sincérité… « - Rentre bien » conclut Mav, « que tu n’aies jamais à te servir de cette arme. » « - Que le Serpent guide vos pas dans cette forêt et vous permette d’en ressortir tous vivants. Et que votre quête soit accomplie avec brio. » Sur ce, il se retourna, et s’en alla sans plus un regard. « - Les amis, » commença théâtralement Geoffroy, « la paix est derrière nous, la guerre devant… » « - … la souffrance derrière, l’espoir devant… » continua Mav, sérieux. « - … l’oubli dans le passé et les réponses dans le futur… » surenchérit Kirla, motivé à l’idée de résoudre enfin le mystère de sa personnalité, ou tout du moins à comprendre comment il avait pu être le catalyseur de deux pensées différentes. « - … la discorde est déjà oubliée que naît l’amitié… » poursuivit Ilia. « - … oui » approuva Arthur, « nos disput’ n’existent plus, face à nous n’est qu’ l’union. » Après un moment de silence, Gontrand délaissa son mutisme habituel pour se joindre aussi à ce cercle de vœux : « - deux destins solitaires unis dans un même futur… » « - … Six lames tirées contre le même agresseur, dans le même but : que l’innocence prenne jour et que la culpabilité soit condamnée. » Avec un léger rire, car il considérait des paroles aussi solennelles comme bonnes pour les discours de roi, Geoffroy finit : « Notre résolution n’a plus de limites, rien ne pourra plus nous arrêter. Que l’agresseur tremble ! » Une rafale de vent les ébouriffa, et ils éclatèrent de rire. Au fond d’eux, leurs pensées étaient sérieuses, mais dites avec cette solennité, cela leur apparaissait comique. « - Profitons-en, je crains que nous n’aurons plus tellement l’occasion d’être joyeux pendant un certain temps » ironisa Geoffroy, qui s’en voulut aussitôt : cette blague avait été celle de trop : les rires cessèrent aussitôt. A la place, un léger malaise s’empara d’eux. Enfin, Kirla prit son inspiration, et signifia, le courage affluant dans ses membres : « - Nous allons au devant d’un futur bien incertain. Une seule chose est sûre : nous y laisserons nos marques, quelles qu’elles soient ! » Et il rentra dans la Loriath, avec la ferme intention de marcher jusqu’à s’arrêter d’épuisement bien après la tombée de la nuit. Alors, Ilia à son tour, ne voulant se laisser distancer par son ami, clama : « - Oublions l’état de nos gardiens. La Loriath a perdu la première bataille, mais nous allons l’aider à gagner la guerre ! » Il rejoignit en courrant son ami. Alors les quatre hommes, sans plus de chichis, les suivirent. Geoffroy marmonna à voix basse pour que seul Mav entende : « - Il aurait très bien pu dire tout simplement : « Attends-moi ! » » Mav s’esclaffa, et d’un ton sarcastique, se moqua : « - Je vois qu’absolument rien ne peut venir à bout de tes sarcasmes. » « - Ah ça non » opina Geoffroy. « - Ca fait plaisir, quelqu’un dont la bonne humeur est inébranlable ! » Là, Geoffroy répondit le ton sombre : « - Ca fait longtemps que toute joie est partie. Mes blagues ne sont qu’un ersatz du bonheur ancien que j’essaie de faire revivre par tous les moyens. Pierre et Richard sont morts, Kev changé, tant physiquement que mentalement, et ce fichu agresseur introuvable. Dis-moi franchement, tu penses pouvoir être à nouveau pleinement heureux ? Mav fut dans l’incapacité de répondre. Après quelques instants douloureux, Geoffroy clarifia sa pensée : « - As-tu espoir dans notre mission ? » A nouveau, un long silence suivit cette question. Enfin, Mav articula lentement : « - Non, nous ne sommes rien comparé à la force contre laquelle nous voulons lutter. Rien, absolument rien ! Mais tant que nous sommes quelque chose, aussi infime cela soit-il, je continuerai de lutter. Pas toi ? » Les deux s’arrêtèrent. Geoffroy fixait intensément Mav, et essayait de lire dans ses yeux un sentiment. Rien d’autre que la résignation ne s’y lisait. Finalement, la voix lugubre, Geoffroy soupira, incertain : « - Je pense que oui. C’est d’ailleurs pour cela que je suis ici, sinon je serais resté à Skefoy. Pour Kev… » « - Espoir de le voir à nouveau pleinement lui-même, à défaut de l’espoir de triompher de ce conflit ? » « - Ce doit être ça… L’ancienne amitié n’est pas morte en mon cœur… » « - Tu vois, tout n’es pas perdu ! » tenta de le rassurer Mav. « - C’est quand même bien peu… Faible espoir en vérité… » « - Que Kev oublie Ilia et que l’on retourne à Skefoy, c’est ça ? » « - Parfaitement… » Geoffroy tourna son regard en direction de l’Ath, et gémit. « - Personne n’aime partager ses amis » acquiesça Mav. « - Tant de choses s’opposent à la joie… Déjà cet ennemi… » « - Alors il faut s’attaquer à lui » lui signifia Mav. « - Je croyais que tu n’avais aucun espoir dans cette bataille » s’étonna légèrement Geoffroy, dont le ton était encore distant, comme s’il était plus absorbé par des chimères de désespoir que par la présente discussion. « - Je ne t’ai pas menti. Ce que nous allons faire n’est que pure folie. » « - Nous allons au devant de la mort » le raisonna sans réellement y croire Geoffroy. « - Je sais. Est-ce important ? » questionna Mav, donnant l’impression que les choses de la vie ne l’intéressaient plus. Devant cette réponse, Geoffroy sursauta presque et scruta les yeux de Mav. Nulle trace de folie. Finalement, Geoffroy se rendit à l’évidence et soupira : « - Non, pas tant que ça. » Ils s’échangèrent un dernier regard empli de résignation, avant de rejoindre leurs quatre compagnons. Histoire de mettre dans l'ambiance pour la suite. Au début, ça devait faire deux paragraphes: le paysan part et c'est tout. Puis finalement le concours avec "devant" et "derrière" donnait l'occasion de réaliser de jolies phrases . Ensuite, comme c'est Geoffroy qui a lancé le tout, j'ai juste voulu une dernière remarque ( le "« - Il aurait très bien pu dire tout simplement : « Attends-moi ! » »" pour finir sur une note positive). Mais là je me suis trouvé embrayé sur une discussion entre Mav et Geoffroy, limite à se demander qui écrivait: le texte avec les deux héros ou moi. Ca m'a permis de clarifier un peu Geoffroy, vraiment ça m'a fait plaisir: je ne pensais pas trouver les mots justes, et finalement je trouve (présomption, peut-être) que j'ai assez bien réussi à donner un peu de profondeur à Geoffroy qui apparaissait trop comme le blagueur de service.(à noter qu'au fond il est presque proche d'Arthur, qui a une bonne humeur exubérante pour cacher son malheur et son désespoir, et les deux, l'un comme l'autre, n'osent pas en parler; l'un parce qu'il n'ose pas car il n'a pas envie de détruire l'image qu'on a de lui, même si ce n'est pas forcément l'être qu'il est réellement, et l'autre car Gontrand n'est pas le confident parfait ( ) et car il pense (et il a d'ailleurs plutôt tort) qu'il sera considéré comme idiot (l'a un peu peur de Geoffroy en fait, car ce dernier s'est longtemps acharné sur lui ) Comment ça, c'est pas clair ? Iliaron, motivé à l'approche de la fin de ce livre I! PS: à deux chapitres (j'estime à vue de nez ) de la fin, j'en suis donc à 783 417 caractères, et toi? (j'imagine qu'il a pris 100 000 caractères d'avance, le mesquin )
  4. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Et bien, rétablis-toi bien!!! Je trouve que c'est une remarque exagérée: à chaque fois il semblait l'aimer. Ce n'est pas parce qu'il part qu'il ne l'a jamais aimé. Par contre, il peut très bien ne plus l'aimer (nuance ) Ca, ça me paraît franchement bizarre! Au tout début, il vient bien de la capitale. De plus, ça fait un an qu'il est dans ce fort, et jamais on a entendu parler de cette taverne. En parler rapidement avant (du style, que ce soit une grosse ficelle) pourrait éviter ce sentiment de heureux hasard: "tiens, une taverne ici, ça pousse vite " tromper C'est un peu exagéré: absolument aucun client, puis pas trop de monde, puis complet... Certes l'établissement est petit, donc vite rempli... Mais alors il n'est pas complétement vide (ok des gens peuvent encore arriver, mais d'où en fait?) Sinon, contrairement à kroxy (qui a eu la bêta-test ) EDIT pour éviter le flood: par "bêta-test", je voulais dire que tu as eu la version initiale. Dans les jeux vidéos (à l'époque où je jouais), c'est une des premières versions que les concepteurs vont améliorer, j'ai vraiment aimé! Ca se voit que tu as écouté ses conseils (au vu de ce qu'il a dit) et niveau sentimental, c'est un des meilleurs passages que tu nous as servi, m'est avis! Meilleur que lors du départ des cinq amis en tout cas. Bref, j'attends la suite avec impatience. D'ailleurs, je me demande encore ce qu'il va arriver à Neldirage, manque encore ce fil rouge . Iliaron PS: 775 127 caractères
  5. Iliaron

    Les sept compagnons

    Avant-hier en relisant tes remarques Gemini, et donc en corrigeant, je me suis surpris à être héberlué! Quand j'ai vu les erreurs que tu trouvais, les conseils que tu donnais pour des phrases! Quel bonheur! Sinon, j'ai refait le chapitre IV après environ 7 heures passées dessus hier (et pas mal aussi avant-hier et aujourd'hui, déjà plus d'une heure sur la relecture ). Jamais je n'avais été aussi inspiré (lire Feist, visiblement, ça aide ) C'est donc un chapitre que tu peux lire Gemini (je précise, car comme tu n'en es pas encore à la fin tu dois ignorer les nouvelles suites) Chapitre IV : Destins Kev tituba un instant, maladroitement, avant de s’écrouler. L’esprit perdu dans les brumes, la pensée annihilée par la fatigue, il se retourna. Face aux questions qui bourdonnaient dans sa tête en un manège infernal et inutile, il ouvrit les yeux. La même vacuité régnait dans le ciel. Bleu, rien d’autre, uniforme, pas un nuage pour briser son empire, rien d’autre que cet océan dans lequel se noyer. Il tourna légèrement son regard pour découvrir le soleil. Lourd, écrasant, impérieux. Il ferma les yeux, et sombra dans un état second, entre rêve et cauchemar, fatidique limite entre passé et futur incertain. Des voix, plutôt des cris. Un homme face à lui. Il se baisse. Pourquoi faire ? Cela est bien vide de sens de se baisser ! Une épée lui passe proche de sa chevelure. D’où venait-elle ? A quoi lui sert de continuer cette stupide course sans s’arrêter ? Et brusquement, le noir, vide et infini, désespoir et souffrance. Un clignement d’œil, du sang. A nouveau le noir. Cri, sang, supplique. Souffrance, couple diabolique. Beuglement de rage cette fois, flèche face à ses yeux. Silence. Nouveau lieu nouveau temps, mais toujours cette souffrance prégnante qui s’évertue à s’accrocher à chacun de ses nerfs alors qu’il cherche à se débarrasser de ces parasites. Inutiles débattements, toujours l’épée rouge vient tâter ses membres. Larmes, supplications ; le fouet claque ; silence ; l’épée approche. La vie supplie de s’en aller, seulement retenue par des lambeaux d’âmes s’attachant encore au corps tuméfié. Déchaînement de toutes les cellules, volonté de mourir pour survivre, pour renaître de ses cendres. Quitter cet enfer ! Coup de fouet, le cycle infernal reprend, toujours plus rapide, toujours plus impitoyable. Ecrasement de toute résistance par la souffrance, folie furieuse enfermée en toute arme et qui ne demande qu’à se répandre parmi les entailles sanglantes qui labourent la peau comme un champ, sillons dans lesquels la putréfaction s’enchante. La vie, puis la mort, à nouveau la renaissance, aussitôt corrigée par le fléau mortel ; cela pouvait durer des heures, jusqu’à ce que l’âme expire et cesse son combat perdu d’avance. Espoir brisé dans les ténèbres de la mort… En un cri de désespoir, bref sursaut d’orgueil dans lequel l’esprit battu s’oppose aux méfaits des tortures, Kev s’éveilla. Ce cauchemar, c’était sa vie, son passé et son futur tout à la fois, une tapisserie étendue devant ses yeux, déchirée sur chaque parcelle. Aucun pan de sa vie n’avait été épargné ! Un mercenaire s’approcha, et le gifla de toutes ses forces. Alors, la face enfoncée dans l’herbe, Kev laisse libre cours à ses sanglots. Il ne savait où il était, il ne savait où étaient ses amis, vivants… ou bien morts… L’espoir s’en était allé ! Cette formidable source qui s’écoulait auparavant dans son corps s’était tarie, ne subsistait que ce vide empli de morts, meilleur engrais qui existait pour que se développe une totale désespérance. En un ultime effort de volonté, Kev se retourna. La vue du soleil le réconfortait. Oh ce n’était pas grand-chose, mais cela lui permettait d’éviter de sombrer du côté de son inconscient. Une masse sombre se rapprocha. Le soldat se décala, et se plaça de manière à le priver de la vue de l’astre solaire, étant comme un bouclier aux divins rayons. L’ombre recouvrit le corps de Kev, l’obscurité se fit dans son esprit. Plus rien ne le retenait… Il ferma les yeux, s’abandonnant comme un pantin aux méfaits de son destin. * * * Kev se réveilla en entendant le crépitement d’un feu. Ce bruit… Il ne pouvait plus l’entendre ! Trop de mauvais souvenirs hantaient ses songes, trop de désespoir lui avait été révélé par la simple lumière d’une flamme. C’était bien le plus fourbe des éclairages, il dissimulait absolument tout ce qui pouvait vous toucher, mais vous autorisait à découvrir malheur et mort dans l’aura de ses flammes. Il ferma les yeux, puis voulut porter ses mains à ses oreilles. Il ne le pouvait, une solide corde les retenait. C’eût été étonnant, songea-t-il avec amertume. Enfin, cela n’était que superfétatoire, en son état, il n’aurait pas été capable d’aller bien loin. Il se démena contre ce filin, pour constater que le toucher n’était pas âpre et sa peau ne se déchirait pas sous les frottements incessants. Etrange… Cela valait bien le coup d’entrouvrir rapidement un œil. Non seulement la corde était fine – il pensait que seules les dentelles étaient si légères ! – mais résistantes – une dentelle se serait fendue suite à la pression qu’il lui avait infligé -, et de plus jolie à sa façon ; certes cela ne valait pas un collier, mais les reflets de nacre qui luisaient dans la nuit étaient de toute beauté, à en faire apprécier d’avoir un feu pour découvrir les éclats orangés. Plutôt étonné, il en oublia de refermer les yeux. Un homme, encore un mercenaire, songea-t-il, mais ce n’étaient plus les mêmes, s’approcha de lui, une fiole à la main. S’il comptait lui faire boire une immondice, il pouvait déjà aller se rhabiller ! Avait-il une tête à ingurgiter tout ce qu’on lui tendait sous prétexte qu’il était prisonnier ? L’être lui renversa la tête en arrière, déboucha l’ampoule et versa son contenu dans la bouche à Kev. Alors qu’il s’apprêtait à recracher, il constata que finalement le goût était tout sauf mauvais. Au contraire, cela était sucré et une sensation de bien-être l’envahit. Il en aurait bien redemandé, mais son orgueil d’homme prisonnier l’en retint. Tout de même, ce breuvage était un délice ! Alors un détail lui apparut en tête, et le frappa d’étonnement. Il était prisonnier et y prenait plaisir. Il s’émerveillait devant une corde et un fluide… Quelque chose était anormale ! La veille on le torturait, là, s’il n’y avait eu les liens, il aurait été comme un invité royal ! Clairement, ce n’étaient pas les mêmes mercenaires, ou alors dans la nuit ils auraient appris les bonnes manières. Un rapide regard lui apprit qu’ils auraient aussi appris à se vêtir à peu près convenablement, et, à l’odeur, à se laver. Non, en une nuit, de tels progrès étaient impossibles. Un rire enjoué vint lui confirmer cette hypothèse : qu’un de ses anciens agresseurs se soit mis à rire, c’eût été comme si Malak était gentiment venu le délivrer. En d’autres mondes, peut-être, et encore… Un cri retentit, mais léger, comme porté par le souffle du zéphyr. Il se tourna en direction de l’homme qui avait hélé un autre, mais ne découvrit que le feu duquel s’élevait une épaisse fumée. Finalement, un des mercenaires approcha vers lui, tendit ses mains en avant et s’accroupit. Il s’enquit aussitôt : « - Allez-vous bien ? Nous vous avons trouvé dans un camp de mercenaires, et après les avoir tués, nous vous avons recueilli » ajouta-t-il avant toute question. Il se pencha alors vers Kev pour examiner son visage ébranlé par cette nuit de torture. Une joue boursouflée et une large entaille au niveau du front, ainsi que de nombreux ecchymoses décoraient désormais le visage de Kev. Ce dernier en profita pour scruter le visage de cet homme qui l’observait. La première chose qui retint son attention furent ses yeux : ils semblaient avoir vécu de longues années et vu de nombreuses choses, contemplé les pires désastres et brillé lors de fêtes enjouées ; et se tenaient calmement au centre de ce visage, comme témoins d’un âge passé et perdu. Pourtant, le reste du visage était parfaitement jeune, d’une finesse rare chez les hommes. Le nez du mercenaire était fin, semblant comme une goutte d’eau sur une feuille de chêne, à la fois pureté et beauté. Pareillement, ses lèvres, qui traçaient un fin trait rose dans ce faciès, s’inséraient avec grâce, telles la tige retenant les pétales d’une fleur au nectar enivrant. Enfin, un détail intrigua l’attention de Kev : les oreilles de l’homme étaient sans lobes, et leurs pointes se dirigeaient en une lente et harmonieuse courbe en direction du ciel. Il ne parvenait à imaginer de tels attributs sur d’autres visages, mais sur celui-ci, au contraire, des oreilles normales auraient dénaturées ce visage façonné à l’image de la nature ; la perfection émanait de cet homme ! Kev se força à finalement détacher son regard de ces oreilles si étranges et étonnantes, pour finalement s’attarder sur les vêtements du mercenaire. Là où il se serait attendu de la part d’un tel être de combat et d’argent à supporter un individu défroqué vêtu d’une épaisse armure à peine polie et grinçante et de quelques habits négligemment enfilés, il découvrait la même grâce que celle habitant le visage de l’être. Des cuissardes damasquinées, où étaient finement brodées d’un fil d’or deux plumes, montaient jusqu’aux genoux de l’homme, tandis qu’un bas de chausse de soie couvrait le reste de ses jambes. Ce vêtement était teint en marron tandis qu’un nouveau motif de plume réalisé dans un splendide camaïeu de vert ornait ses cuisses. Ensuite, il devinait aisément une ceinture de cuir à laquelle était attachée à sa gauche une dague enfoncée dans son fourreau, et à sa droite de petits sacs dans lesquels devaient reposer divers ingrédients. Enfin, son torse était couvert d’une chemise d’un marron clair – il la devinait grâce au liseré qui venait s’émousser contre le cou de l’homme – surmontée d’une fine cotte elle aussi de couleur marron. Kev fut surpris du raffinement de l’être lorsqu’il remarqua les bombardes, ces manches aux bords dentelées, qui venaient se briser sur les bracelets d’argent et d’or. Enfin une cape de couleur marron était passée au-dessus de ses vêtements et s’écoulait en pli régulier jusqu’à terre. Nul ornement sur cette dernière, et Kev devina que si l’être s’enroulait dans cette cape, il pouvait parfaitement se dissimuler aux yeux de tous et apparaître avec aisance, dague contre votre nuque. D’ailleurs, la capuche qui pendait à l’arrière de son crâne confirmait cette crainte, car, en la rabattant sous ses yeux, nul ne pouvait connaître son identité. Un rapide doute s’empara de l’esprit de Kev, mais il ne parvenait à suivre une pensée claire, brouillé par sa nuit de tortures. Pour que cet être se débarrasse des mercenaires, il devait disposer d’une puissance prodigieuse… terrifiante même ! Pourtant, il était tellement anéanti par les épreuves qu’il venait de subir que son esprit cessa d’opposer sa méfiance. Cet être lui avait sauvé la vie, une nuit de plus et il serait mort dans d’atroces souffrances, en outre l’homme faisait preuve d’un raffinement appréciable, ne basculant pas dans l’excès à insérer rubis et autres saphirs sur ses vêtements. Enfin, il possédait un visage tel qu’il ne pouvait qu’inspirer la confiance, la sagesse émanait de ses yeux… Et il était si las… A quoi pouvait donc lui servir de résister. Par curiosité, encore intrigué par la nature de l’être, il se décida à le questionner. De par le ton de la réponse, il pourrait très bien aviser ensuite… « - Qui êtes-vous ? De quelle race êtes-vous ? » Kev craignit d’être allé plus loin devant le soupir de l’homme, et s’en voulut presque d’avoir été aussi franc. Il n’était pas vraiment en position de force. Une larme fugitive apparut au coin de l’œil de l’homme lorsqu’il articula : « - Je me nomme Mälthion. J’é… Je suis un elfe de Loriath : un Ath. » Son ton était triste, et le regard de l’elfe semblait s’abîmer dans les profondeurs de la réflexion. Il continua à faible voix : « C’é… C’est une belle et luxuriante forêt, nous y avons vécu longtemps… oui, très longtemps même. » Kev s’était attendu à toutes les réactions sauf à celle-la. Il bougonna, mal à l’aise : « - Je comprends… » Il aurait aimé trouver une pique à sortir sur lui-même pour redonner le sourire à l’homme. Geoffroy, lui, y serait parvenu ! Geoffroy… « - Désolé, les remords… Athi j’étais habitué à gambader avec bonheur sous une voûte d’arbres aux feuilles colorées. » Il marqua une courte pause, avant de soupirer. « Bien des hivers ont passé ». Kev fut alors étonné de se sentir aussi proche de l’être. Lui aussi donnait cette impression d’un passé heureux, et d’un futur tendu vers l’errance. Et dire que quelques instants auparavant il aurait douté de cet être ! Ils pouvaient se comprendre, il en était sûr ! C’est avec cette idée en tête qu’il osa déranger les pensées de l’Ath : « - Excusez-moi, quand vous m’avez sauvé, avez-vous trouvé d’autres… d’autres prisonniers ? » Mälthion fixa Kev, avant de souffler : « - Désolé, aucune trouvaille de vos compagnons. » Kev leva la main, sans savoir pourquoi. Parler ? Crier ? Pleurer ? Son bras retomba à ses côtés. Il était anéanti, le monde tournait autour de lui à une vitesse vertigineuse et il ne parvenait à y laisser son empreinte. Ses amis… disparus ? « - Si tu es le seul à avoir était sauvé, c’est simplement que tu étais le seul à dépareiller parmi les autres mercenaires. Sinon on t’aurait peut-être tué, à longueur d’arc, on ne peut distinguer l’ennemi précisément. » Alors il y avait encore de l’espoir. Fin, ténu même, mais n’était-ce pas grâce à un tel fil qu’il vivait depuis six ans. A force, il s’y était habitué ! Tant que ce filin d’espoir perdurait, la vie régnait. Il demanda, plus par envie de parler et de ne pas avoir à penser aux malheurs qui pouvaient être arrivés à ses compagnons. « - Vous êtes vous-mêmes mercenaires, j’imagine. » « - Absolument pas… Disons qu’avec mes amis nous parcourrons le monde à la recherche de choses et d’autres… » « - Ce doit être souvent passionnant » remarqua Kev, sans réellement s’engager dans la conversation. « - Ca pourrait l’être, si on ne faisait pas constamment de telles rencontres… Bandits de grands chemins, voleurs se croyant plus malin que leur poignard… Mais on vit avec. » Kev aurait apprécié d’oser changer de sujet et aborder directement le problème qui lui tenait à cœur. A la place de cela, il ne trouva qu’à répondre bêtement. « - Vous permettez toujours à des innocents de survivre. » « - Pas forcément aussi innocents que cela » lâcha Mälthion avec une pointe de sarcasmes. « Mais sûrement plus que ceux que l’on tue, c’est sûr » finit-il avec ironie. Kev sourit à moitié, comme s’il avait oublié la manière de sourire pleinement ; visiblement son âme refusait d’être à nouveau heureuse ! « Tu veux de nouveau de la potion, tu me sembles bien pâlot. » « - Je veux bien » accepta avec plaisir Kev, « c’est juste que je me fais du souci pour mes amis… » Mälthion ria avec légèreté, avant d’expliquer : « - Tu n’es pas commode comme enfant. D’habitude les gens que nous sauvons sont bien assez heureux comme cela pour ne cesser de nous louer, toi tu es perdu dans ta tristesse et te plaint de ne pas avoir tes amis proches de toi. » Kev voulut protester, mais l’Ath le coupa avant même qu’il ait eu le temps de parler : « - C’est bien, tu as en toi des valeurs dans lesquelles je crois aussi. » Un des elfes – Kev le devina aux oreilles pointues, sûrement une caractéristique des Aths songea-t-il – s’approcha de Mälthion et lui murmura quelque chose à l’oreille. Ce dernier se tourna vers Kev, et lui apprit d’un air contrit : « - Nous repartons demain : rapport de mon éclaireur, des hommes sont dans le coin, faut se méfier. Nous feras-tu l’honneur de nous accompagner ? » Cette remarque était faite avec gentillesse, et Kev ne sentit nulle hypocrisie dans l’étiquette de politesse. L’homme commença à balbutier, avant d’être à nouveau coupé par l’elfe : « - Tu as le temps pour décider, la nuit en fait. » Après un instant de silence, Mälthion souffla à faible voix : « - Je sais à quoi tu penses, à tes amis. Ce choix est compliqué à réaliser, je le comprends, laisse-moi donc t’indiquer les deux possibilités, après tu pourras décider. » Kev se tourna avec intérêt vers l’elfe, qui continua : « - D’un côté, tu nous accompagnes pour un temps. Ne t’inquiète pas, tu pourras partir ensuite si tu le souhaites. Certes sans tes amis, mais malheureusement en l’état tu ne peux rien faire, et nous ne pouvons t’aider. De l’autre, tu restes ici et nous laisses partir. A pied… Tu as à peu près autant de chance de te faire découvrir par le reste de la troupe de mercenaires - certes ils auront normalement tes amis, et encore… - que par les ennemis de ta nation. Même trouvé par ceux de ton royaume, seras-tu réellement accueilli dans un tel état, ne doutera-t-on pas de ton propos ? Ensuite, imaginons le cas où tu parviennes à trouver tes amis. Seuls, sans arme, que pourras-tu faire à part leur signifier que tu les apprécies ? La mort t’attendra, mais elle sera seule ! » « - Si je ne peux faire que cela, je serais déjà heureux ! » Mälthion s’arrêta dans sa harangue, surpris par les paroles de Kev. Comment, à cet âge, l’on pouvait parler avec un tel détachement ? Comprenant à quel point le jeune homme était désespéré, Mälthion s’accrocha au dernier espoir qui lui restait pour faire entendre raison à Kev. « - Sois conscient que prendre cette option est donc courir après l’espoir, mais souvent son reflet est trompeur et il est aisé de s’abîmer dans sa faute pour ne jamais en ressortir vivant ! L’autre est suivre la voix de la raison, celle que tes amis aimeraient que tu suives. » Kev se surpris à répliquer plus violemment qu’il ne l’aurait voulu : « - Tu parles d’un choix ! Que sais-tu de l’espoir d’ailleurs ? » Un malaise entoura cette question, et Kev comprit avec crainte son erreur lorsqu’il remarqua tous les elfes se lever d’un air rageur. Mälthion se redressa alors de toute sa hauteur, fit signe à ses compatriotes de se calmer, et se tourna à nouveau vers Kev : « - J’en sais plus sur l’espoir que tu ne pourrais même imaginer durant toute ta vie. Nous avons souvent suivi l’ignoble reflet de l’espérance pour découvrir à chaque fois des impasses. On pense toujours que l’on peut faire demi-tour, mais cela n’est que foutaises. Non, si tu réalises un mauvais choix maintenant, quand tu te retrouveras face à la mort, tu ne pourras que te maudire. Il sera trop tard, tu saisis. Quand à savoir si tu iras ensuite en Althior ou dans toute chose… » Une lueur de folie brilla dans les yeux de l’Ath, avant d’être remplacée par ce même éclat terne de tristesse. Là où sa voix avait été pleine d’une puissance maîtrisée, il acheva d’un ton las : « je ne te force pas, mais un mauvais choix te coûterait très cher… » Kev acquiesça, convaincu. « - Sellez un cheval supplémentaire, dans ce cas. Mälthion s’autorisa un fugace sourire, avant de répondre sardoniquement avec maintes mimiques destinées à détendre l’atmosphère : « - Il en sera fait ainsi. » Mälthion lança un regard en direction d’un nouvel elfe. Ce dernier avait le visage énervé de celui qui a perdu trop de temps et pense que toute sa vie s’en trouvera anéantie. Il soupira. Etait-ce sa faute s’il aimait passer du temps avec certains hommes qui lui apparaissaient purs ? * * * Geoffroy s’éveilla brusquement. Sa tête bourdonnait intensément, et un profond mal de crâne lui était une torture de tout instant. Des liens noueux lui enserraient les poignets, et lui lacéraient la peau à chacune de ses respirations. Il eut beau tirer, forcer, gratter la terre, rien n’y fit. Le seul et unique changement fut que la corde, à l’origine de couleur terre, se teinta de rouge à en devenir poisseuse. Si seulement cela lui avait permis de la couper, il aurait accepté cette souffrance supplémentaire. Là, non seulement sa tête, mais aussi ses poignets, l’élançaient. Il ne faisait pas bon se faire capturer ! Comme il n’avait rien d’autre à faire que d’attendre - il ne savait quoi, mais rien d’enchanteur, il le devinait sans mal – il laissa son regard errer le long des visages de ses trois compagnons. Mav dormait à ses cotés, et à part une vilaine plaie le long de son front, ainsi qu’une entaille à sa cuisse droite, il semblait ne pas être trop amoché. Certes le sang séché lui donnait mauvaise mine, de plus la souffrance lui avait arraché un teint pâle mais Geoffroy avait confiance. Arthur, un peu plus loin, allongé de tout son long, présentait un visage légèrement moins rassurant. Il avait du se prendre un pommeau d’épée, ce qui expliquerait la large tâche bleue qui recouvrait à peu près tout son visage. Sa peau tuméfiée semblait se taveler à vue d’œil et à sa mâchoire manquaient clairement quelques dents ! Là encore, Geoffroy se força à rester optimiste : Arthur était tout de même un grand gaillard ! Il en avait vu d’autre, certes jamais de tels coups durs, mais il y survivrait et son sourire serait intact. A se demander comment Arthur pouvait être aussi joyeux en toute circonstance ! Cependant, ce sourire risquait de se trouver entaché, soupira Geoffroy avec un pessimisme grandissant. Son regard se décala alors vers Gontrand. Des trois, il était très certainement le plus amoché. Toute la peau non recouverte par des vêtements était couverte de nombreuses balafres. Ce n’étaient pourtant pas ces quelques entailles qui angoissaient Geoffroy, même si cela était impressionnant à voir : sûrement ces coupures n’avaient pour origine que des branches. D’ailleurs, après quelques coups de fouet, lui-même aurait de telles empreintes sanguinolentes. Non, ce qui l’angoissait était le ventre de son ami. Sur toute cette partie ses vêtements étaient empreints de couleur rougeâtre, et il devinait même un trou béant. Probablement une flèche… Il fixa alors intensément un point très proche de la poitrine de Gontrand, et garda les yeux largement ouverts. Une première fois ce point disparut, puis encore une deuxième fois. Tant que Gontrand respirait, il était vivant ! Ils étaient prisonniers, mais pas désespérés : La situation aurait pu être bien pire, surtout au vu de l’intensité des attaques ! Il ne savait où il était, ni par qui il était capturé, mais était simplement heureux d’être vivant. N’empêche, sans ses trois amis qui l’avaient bigrement aidé lors de l’attaque, il ne savait ce qu’il serait devenu. Eux trois avaient été magnifiques, eux trois avaient combattus avec courage, eux trois… qui étaient quatre au départ. Geoffroy lança alors un regard terrifié partout alentour pour saisir que Kev n’était pas parmi eux. Il se força à se rassurer, il avait été clair que les ennemis voulaient capturer le jeune homme, non le tuer. Il devait simplement être… ailleurs. Mais où ? Mav se réveilla à son tour. Se tournant vers Geoffroy, il remarqua, la bouche pâteuse : « - T’as pas bonne mine. » Geoffroy se força à rire, et acquiesça : « - Personne a bonne mine. » « - Toi, ça a été quoi ? » s’enquit à basse voix Mav, alors qu’il cherchait à se poser dans une position plus confortable. « - J’ai vu deux gars face à moi encocher une flèche. J’ai sauté de mon cheval. Tu vois, les gens à habits verts, j’ai plus confiance ! » Mav opina silencieusement, alors que Geoffroy continuait sur le même ton atone : « Je me suis plutôt mal réceptionné sur la tête. Heureusement que j’avais un casque ! » « - Alors t’as été le plus chanceux ! Après m’être pris une lame au niveau du front, puis un autre idiot qui est tombé contre ma jambe, ils ont voulu me capturer. Ca a été un coup de poing dans mon ventre. J’avais plus d’oxygène, mais j’étais encore debout. Donc j’en ai reçu quelques autres jusqu’à ce que je m’évanouisse. » « - Les salauds, ils auraient pu te frapper à la tête plus simplement. » « - J’aurais aimé leur faire la remarque » approuva Mav avec un sourire rapide « mais ils ne m’ont pas laissé le loisir de parler… » Après un regard de connivence où haine et ironie se mélangeaient, Mav souffla avec inquiétude : « - Tu penses qu’ils sont là. » Il n’y avait nul besoin de plus de précisions : ce « ils », chacun des compagnons y songeait à tout instant de la journée, peaufinant leur vengeance à chaque heure. « - J’en suis quasiment sûr. Je sens la haine en mon cœur… » Ils restèrent alors silencieux, n’éprouvant plus le besoin de parler. Ils étaient épuisés, tellement rongés par la peur qu’ils ne parvenaient même plus à détourner leurs pensées de leurs amis, de Pierre, de Richard et de Kev… Ils se sentaient à la fois proches, en leur cœur vivaient ces trois amis, mais aussi si loin, quasiment persuadés que jamais ils ne les reverraient avant leur mort. Une heure après, un homme à l’aspect rustre entra dans leur tente, découvrant les deux amis dans la même position, immobiles, ressassant en un éternel leitmotiv leur haine. Il s’approcha de Gontrand qui geignit, recevant un coup de pied dans les côtes, puis gifla Arthur, qui beugla d’une rage impuissante. « - C’est bon, sont enfin réveillés » s’écria le mercenaire, avant de sortir aussitôt de la tente. Un autre archer entra alors. Sa prestance forçait le respect malgré la haine qu’éprouvaient les amis à l’égard des gens vêtus d’une telle manière : d’une cape verte. Avant même que de regarder le visage, les compagnons s’étaient fixés sur ces deux détails : cape verte, et dans le carquois des flèches qui brillaient au soleil. Vraisemblablement un liseré d’or ! Une haine froide inonda Geoffroy, le plus réveillé des quatre, en somme celui qui s’était fait le moins amoché lors de leur capture et qui pouvait donc ouvrir en entier ses yeux. Cette rage était d’une telle intensité, encore plus forte que celle qu’il avait déjà connu – et pourtant c’était un sentiment qu’il avait maintes fois éprouvé – à tel point qu’il pouvait encore réfléchir calmement. D’abord, comme à la chasse, avant que de traquer un animal, mieux valait repérer les forces et faiblesses de ce dernier. Le chef mercenaire était vêtu plutôt simplement : il chaussait des bottes de cuir simples, sans aucun raffinement, qui paraissaient plutôt légères. Pas de tiges de fer pour maintenir un semblant de rigidité ni de soleret pour se protéger efficacement les pieds. Leur ennemi était donc plutôt dans le genre discret que dans le genre bourrin, préférant sans nul doute la cache d’un arbre pour tirer qu’un champ de bataille exposé. Ensuite, il portait un pantalon assez moulant et de couleur verte. Cela ne faisait que confirmer la première impression. Le vêtement laissait clairement comprendre qu’il n’y avait aucune protection dessous, et cela confirma nettement la première impression. Cet être était forcément plus agile que fort, sa protection ne résidait pas dans une armure, mais bien dans sa souplesse et sa capacité à se mouvoir tout en évitant les coups. Ensuite, il était vêtu d’une chemise vert clair, surmonté d’une première courte cape cette fois-ci couleur feuille de chêne, puis enfin une seconde cape, plus longue, d’un vert foncé. Enfin, ses cheveux se trouvaient enroulés dans une ceinture de cuir qui protégeait efficacement des coups pour un poids minimal, ainsi que d’un turban vert. Un tel portrait aurait pu presque être joli à regarder en tableau, mais pas en réalité, tellement une odeur âcre émanait de tous les vêtements de l’homme, à croire qu’il l’avait fait exprès afin de leur infliger une nouvelle torture. Ce raisonnement ne tenait pourtant pas la route : beaucoup d’hommes sont prêts à infliger la torture à d’autres, mais pas à eux-mêmes ! Aucun être sensé ne pouvait supporter une telle odeur ! Geoffroy dirigea ensuite son regard en direction des yeux de l’homme, profitant que ce dernier ne l’observait pas : il n’aurait jamais osé que l’archer remarquât qu’il le dévisageait. Une puissance régnait dans ces pupilles, un pouvoir bien plus grand que celui qu’il avait déjà trouvé dans celui du duc Jules, comme si cet être était capable à lui seul de bien des prodiges. Une telle constatation aurait suffi à le faire paniquer, mais il remarqua en plus briller une lueur de tyrannie. L’homme ne devait pas en être à son premier crime et la folie meurtrière ternissait ses rêves de pouvoir. Enfin, derrière le sourire carnassier de ce chef, Geoffroy y décela des dents d’une blancheur inquiétante, à l’aspect presque pointu, comme s’il se les limait ! L’être s’agenouilla au centre de la tente, afin de ne pas toucher les anneaux métalliques qui pendaient, et dévisagea chacun des compagnons comme pour y lire dans leurs pensées. Devant la force d’un tel regard, chacun se sentit presque percé à nu. Mais ils étaient tous faibles, donc moins résistants à ce genre d’agressions. « - C’est donc vous qui avez tué neuf de mes hommes » commença leur agresseur, « on ne dirait pourtant pas, à vous voir ainsi… » Il pesta en silence, et les compagnons devinèrent qu’il se maudissait autant qu’il les détestait. « Vous avez bien de la chance qu’on me propose un bon prix… » Il sortit sans plus de paroles de la tente. Visiblement ce n’était pas le genre de type à aimer discuter, et encore moins à accepter ses torts… Le soir, les quatre amis sortirent enfin de cette tente à l’ambiance morbide pour être traînés, enchaînés les uns aux autres par les poignets, jusqu’à un feu de camp. Là, des coups de poings leur firent comprendre qu’ils devaient s’asseoir, même s’ils étaient déjà étendus dans la boue. Ensuite, une fois que tant bien que mal ils s’étaient prostrés dans une position jugée convenable, deux gardes passèrent et leur jetèrent la nourriture à terre, réprimant avec hilarité des remarques du style « Oh, fallait sortir vos assiettes. » Puis ils repartirent, les quolibets des archers accompagnant chacun de leur pas. Peu importait tout cela, les quatre compagnons se jetèrent avec avidité sur la nourriture. Cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient pas mangé ! Après sa première bouchée, Mav se releva et regarda tout autour de lui. A voir les mercenaires les pointer du doigt et s’esclaffer, nul doute qu’ils les considéraient comme des animaux. Ils se tenaient comme s’ils assistaient à un spectacle attrayant, eux quatre étaient leur divertissement, rien de plus. En d’autres mots, se mit à craindre Mav, quand les rires cesseront et qu’ils nous jugeront incapables d’encore les divertir, nos vies cesseront aussi. Les rires s’arrêtèrent pourtant tous brusquement lors de l’arrivée d’une troupe de cavalerie menée par un homme à l’aspect plutôt déroutant. D’aucuns auraient dit qu’il était inquiétant, d’autres franchement grotesque. La première chose qui choquait était ses vêtements, tous d’un rouge amarante criard. Celui qui à sa vue ne devinait pas que cet homme était un Mormundien ne pouvait qu’être aveugle ! Ses larges bottes aux bouts ferrés s’enfonçaient avec pesanteur dans le sol, laissant penser qu’en fait cela n’était qu’un soleret déguisé de cuir. Là, la couleur rouge était en partie cachée par la boue qui s’y était accumulé. Ensuite, au vu des pièces d’armure que le roi ennemi portait, les compagnons devinèrent qu’ils auraient beau lancer une charge de cavalerie contre Malak, les lances se briseraient plutôt que de transpercer les différentes couches d’armure. Jamais ils n’avaient vu un tel excès accordé à la protection, à se demander comment son cheval, lui aussi caparaçonné, pouvait y survivre. Ce n’était pas possible, mais ce qu’il chevauchait devait être un cheval de trait, non un destrier ! Ses jambes étaient préservées par un cuissard, et ensuite son torse protégé par une cuirasse sur laquelle un haubert laissait s’écouler ses milliers d’anneaux métalliques. Rien de tel pour refroidir les ardeurs du premier chevalier venu. Ensuite, au-dessus de ces deux armures, reposait une broigne, épaisse tunique renforcée d’anneaux métalliques – à se demander comment il pouvait s’habiller puis se tenir debout ! -, de couleur rouge écarlate. Ses mains se trouvaient couvertes d’un gantelet, tandis qu’un gorgerin et une salade mettaient à couvert le visage des coups ennemis. Enfin, afin de cacher un peu le métal - dont le simple reflet devait se confondre avec celui d’une armée, utile pour faire une diversion, songèrent les quatre amis – était une cape de couleur rouge cramoisie, qui s’harmoniait avec une certaine élégance aux deux autres rouges de ses vêtements. Sous cette cape, les compagnons découvrirent une longue épée qui pendait négligemment contre la monture. Ils ne mettaient en doute la force du roi, et nul doute que lorsque cette colichemarde à deux mains s’abattait sur un ennemi, les chances de survie étaient faibles. Ils baissèrent ensuite les yeux pour observer le cheval, à l’allure tout aussi massive – mieux valait pour lui d’ailleurs -, un caparaçon de cuir et un écu reposaient contre ses flancs sur lequel le blason de la famille royale était finement reproduit. Ce n’était autre qu’un serpent assez long qui s’enroulait autour d’un heaume. De sa gueule ouverte, et qui laissait voir des crocs luisants de poison, s’échappait une lance de cavalerie. A proximité de la pointe une cornette avait été réalisée, sur laquelle le même motif était réalisé semblait-il à l’infini. Certes un tel blason inspirait la crainte, mais de par sa recherche il émerveilla les quatre amis. L’héraldique n’avait pas été autant développée à Foy, à l’origine le peuple ne devait être qu’une même famille, tandis qu’ils découvraient brodé le long de chaque caparaçon un blason, certains différaient entre eux, d’autres non. A dire vrai, ces blasons étaient de véritables œuvres d’art, nul défaut ne s’y trouvait, et il n’y avait aucun excès dans les représentations, pas de serpents à la gueule trop emplie de crocs, pas plus d’une lance de cavalerie… En eux tout n’était qu’harmonie, comme le fruit d’évolutions de dizaines de générations. « - Vous êtes donc enfin arrivés » commença mielleusement le chef des mercenaires. « Nous allions partir. » « - Vous ne seriez pas partis avant que j’arrive » rétorqua le roi Malak, l’air hautain. « Où est donc la marchandise ? » « - Ici même, sire » répondit l’archer avec tout le raffinement dont il savait faire preuve, tout en pointant son index en direction des quatre compagnons. Le roi s’approcha des hommes à terre, et prit leurs visages dans ses doigts joufflus. Cela laissa tout loisir – façon de parler – aux hommes de l’observer. Ses yeux noirs – à l’image de son cœur, nota Geoffroy – étaient injectés de sang – qu’est-ce qu’un roi ne ferait pas pour afficher la couleur de son peuple ? se questionna Geoffroy, tandis que Mav se demandait si en ses yeux n’était pas tout le sang que Malak avait fait coulé – et les pupilles semblaient ne jamais pouvoir s’arrêter de bouger. En effet, elles se propulsaient de droite à gauche à une vitesse alarmante, évaluant d’un regard expert la marchandise qu’il allait acheter – une qualité détournée à bien mauvais escient, pensa cette fois Arthur – et préparant déjà les défauts qu’il allait pouvoir répliquer à ce mercenaire. Le nez de Malak semblait comme une hache dans un tronc tandis que son sourire démoniaque qui vibrait au rythme de son excitation se confondait avec les vagues rageuses qui s’abattaient depuis l’éternité contre les falaises. Enfin, les rares cheveux qui s’échappaient du casque étaient poisseux et huileux. Visiblement le roi partant à l’assaut ne perdait pas de temps à se laver – ça lui ferait pourtant pas trop de mal songea Geoffroy alors qu’il plissait son nez de dégoût, et détournait finalement son regard : le supplice d’un tel visage devait cesser sinon il régurgiterait le maigre repas qu’il avait reçu. Comme le roi avait finalement fini son inspection, il se retourna et rétorqua au chef mercenaire : « - Vous m’en aviez promis cinq en bonne santé. Voilà que je me retrouve avec quatre torturés et affaiblis. » Sa voix tonnait de colère. Il sortit une lourde bourse, avant de ricaner : « cela va faire baisser le prix. J’espère pour vous qu’ils peuvent encore parler ! » « - Vous n’oseriez pas ! » commença avec menace le chef mercenaire. Il se ressaisit aussitôt et continua d’une voix aussi douce que possible, dans laquelle perçait l’hypocrisie : « Nous sommes désolé, mais nous avons trouvé une meilleure offre pour l’un d’entre eux… Mais ne vous inquiétez pas, ceux-là n’ont quasiment pas été torturés. Surtout comparé à l’autre » se moqua-t-il. Geoffroy, Mav, Gontrand et Arthur, blessés par cette révélation, se regardèrent les uns les autres, une expression de haine indicible leur déchirant le visage. D’habitude, une telle expression est fugace, mais cette fois-ci, elle semblait gravée dans leur faciès, comme si jamais plus elle ne partirait, comme si ce ressentiment ne pourrait jamais s’effacer de leur cœur et rancœur. En de tels moments, la réflexion n’a aucune prise sur l’homme, les actes sont impulsifs, dirigés par la fureur là où la raison devrait être. D’un même mouvement, et bien que parfaitement conscient d’être tous enchaînés, les quatre se levèrent violemment. Avant même que les mercenaires n’aient le temps de réagir, Arthur beugla et chargea Malak. Ce dernier n’eut le temps de réagir, et il trébucha lourdement à terre. Sa bourse s’envola pour atterrir plus loin sur la tête d’un malheureux archer. Le pauvre perdit aussitôt connaissance pour ne plus jamais s’éveiller. Deux mercenaires, arme au poing, courraient vers eux. Les autres, moins futés, avaient tiré leurs arcs, menace bien futile que pouvaient ignorer les quatre fugitifs. Tant qu’ils étaient une marchandise dont on avait besoin vivant, on ne les tuerait pas. Le premier homme armé les atteignait déjà, et tendit sa lame contre la gorge de Mav. Ce dernier, sans réfléchir, leva les deux poings, avant d’enrouler la corde le long de l’arme. Il tira sèchement dessus, sans que le mercenaire ne réagisse, afin de se libérer. Les liens se coupèrent largement, tandis que l’épée rebondit à terre. Sans perdre un instant à ramasser l’arme, Mav s’élança en avant et frappa rudement l’homme à la mâchoire, qui s’évanouit. Le deuxième mercenaire, sentant son ami en danger, hurla de toutes ses forces pour détourner l’attention de Mav, et s’élança dans sa direction. Cela était une grave erreur, car ainsi faisant il négligeait le danger que les trois autres compagnons représentaient. Une lame plantée dans son dos vint le lui faire comprendre. Se retournant, il découvrit un hideux sourire sur le visage de Geoffroy. Avec négligence, ce dernier retira l’épée du premier mercenaire du corps du deuxième, puis laissa ce dernier tomber à terre en un dernier gargouillis sonore. Une flèche fusa dans leur direction, et troua les vêtements de Geoffroy sans toucher la peau. Vu la précision de ces mercenaires, il devinait aisément que l’homme n’avait pas voulu le tuer. Cette forfanterie avait été risquée, et il aurait pu encore faire baisser leur prix – louée était cette valeur – ce qui le gratifia d’une flèche dans l’œil. Le chaos régnait dans le camp ennemi, c’était parfait ! Le chef mercenaire hurla de toutes ses forces, et bien que les amis ne saisirent ce qu’il disait, la faible distance qui les séparait les poussèrent à se remettre à courir. Mav se releva aussi vite que possible, et haleta : « - Qu’a-t-il dit ? » Geoffroy, qui s’efforçait de couper avec célérité les liens de ses deux autres amis sans emporter un doigt, répondit, concentré : « - Quelque chose comme : si vous faites pareil, je fais pareil. » Ils savaient tous les quatre que malgré le résultat assez spectaculaire que leur fuite avait provoquée, ils n’avaient aucune chance de liberté. Cela n’importait que peu, ils n’avaient rien à perdre – à part quelques journées de tortures en plus – et ne risquaient aucunement leurs vies. Ils étaient décidés à faire payer ces mercenaires de leurs crimes dans ce dernier sursaut de leur liberté. Au fond, ils étaient conscients que quelque part derrière ce campement, des milliers de soldats Mormundiens n’attendaient que de les voir débouler pour les capturer. Ils réfléchirent à toute allure à un moyen de prolonger cette évasion. Malak et le chef mercenaire n’avaient toujours pas bougé, mais en face étaient moins de ces fichus archers verts à la précision si démoniaque. « - J’en tiens un ! » s’écria l’un des mercenaires, sa dague plaquée contre la gorge de Gontrand. Le gredin s’était dissimulée derrière une tente ! Toujours est-il qu’il n’eut pas plus le temps de fanfaronner : visiblement il ne savait pas qu’il avait capturé un des guerriers les plus aguerris du royaume de Skefoy. D’un revers de la main, Gontrand éloigna la dague tranquillement, presque nonchalamment, de son cou, puis, se retournant, il envoya valser l’ennemi deux mètres plus loin. Enfin, saisissant d’un geste fluide la dague par la lame, il l’envoya d’un geste sûr derrière Geoffroy. Ce dernier constata alors non sans surprise un ennemi s’écrouler comme un pantin à terre en une chute désarticulée. Il remarqua alors que la victime avait un carquois bien garni et un arc long de toute beauté. Sans hésiter, Geoffroy s’en saisit, puis commanda de reculer, ce que firent sans broncher les compagnons. Gontrand en profita pour ramasser sur le mercenaire, grognant encore de sa chute, une épée, puis il finit le travail. L’esprit de Geoffroy bouillonnait dans une des plus rapides réflexions qu’il eut jamais à mener ! Il lui semblait être bien trop loin des arbres pour s’y réfugier : courir une centaine de mètres le dos tourné, et ils ne pourraient plus anticiper les manœuvres commandées par le roi et le chef mercenaire. En effet, ces deux derniers, par défi, s’étaient clairement placés face à eux, à une vingtaine de mètres, et n’avaient toujours pas bougés. Eux quatre étaient au centre d’un espace vide, et ils pouvaient contrôler toute avancée ennemie en se plaçant en cercle. Sauf que leur but n’était pas de se défendre, mais d’attaquer ! Visiblement, ses trois autres compagnons en étaient arrivés à la même conclusion, au vu de la manière dont se tenaient rageurs Arthur et Gontrand, dos à dos, les épées pointées en avant, ainsi que Mav, une dague dans chaque main. « - Prêts à éprouver notre destin ? » questionna d’un ton de défi Geoffroy. Sa voix n’était pas résignée, et la joie y régnait presque. Il était heureux que ce soient eux quatre qui aient l’initiative, alors que les mercenaires et chevaliers étaient dix à vingt fois plus nombreux. C’était le problème quand on ne voulait pas tuer, mais quand on ne voulait pas être tué non plus. « - Et comment ! » tonnèrent les trois autres. Alors, avec vivacité, Geoffroy encocha une flèche, qu’il décocha sans réfléchir vers l’être qui représentait la plus grosse cible parmi tous ceux assemblés en face. Sans surprise, le trait se dirigea vers Malak. Ce dernier, soit complètement fou, soit sacrément sûr de son armure – même s’il avait des raisons assez objectives – laissa la pointe rebondir contre le métal. Il prit ensuite la flèche dans ses mains et la brisa en deux, avant de la jeter dans leur direction. Après un rapide regard, durant lequel les compagnons purent remarquer que nul autre n’avait bougé, Geoffroy murmura avec ironie : « - C’est pas lui qui va me faire une bonne cible. » Mav sourit, et malgré la détresse dans laquelle ils se trouvaient eux quatre, se moqua : « - Change de cible si tu veux pouvoir toucher. » Sans crier gare, à une vitesse ahurissante, Geoffroy arma un autre coup qu’il décocha avec précision en direction de l’être qu’il haïssait le plus : celui qui avait vraisemblablement tué ses deux amis, et torturé Kev. Cela n’inquiéta pas outre mesure l’homme, qui avec une facilité déconcertante, s’écarta à petits pas alors que la flèche semblait s’être comme ralentie devant la puissance du chef mercenaire. Cependant, il ne dut la vie sauve qu’à Malak qui projeta son bouclier face au visage du chef. Une flèche s’y enfonça clairement. Geoffroy s’autorisa un sourire, constatant que sa ruse fonctionnait toujours aussi bien. Un instant plus tard, il ravala profondément ce sourire. Visiblement, le chef mercenaire, conscient que finalement ses quatre prisonniers étaient un danger potentiel, lança tous ses hommes face à eux. Geoffroy savait qu’il pourrait en tuer un ou deux, et il saisit alors l’importance qu’eux quatre devaient représenter pour ce chef ! Soit ce dernier avait vraiment besoin d’argent, soit il avait peur des représailles de Malak en cas d’échec… Ce dernier ordonna ensuite brièvement à ses chevaliers de les prendre à revers. Le roi devait avoir peur que le chef meure et que plus personne ne vive pour contrôler les mercenaires et les empêcher de tirer, ce qu’ils auraient tous faits pour protéger leur vie. Les jeux étaient faits, ils n’avaient plus qu’à occasionner le plus de morts ! Que ces mercenaires se souviennent à jamais de ces quatre prisonniers qui refusèrent de se laisser capturer ! Deux flèches – et deux morts – plus tard, et les mercenaires étaient déjà sur eux. Geoffroy fit un bond de côté pour éviter le premier coup de poing, et en para un deuxième avec le carquois. Il frappa alors un des hommes avec l’arc, qui se brisa plutôt que de briser le crâne de l’agresseur. Piètre arme au corps à corps, il n’y avait pas à dire ! Il sortit une flèche qu’il fit tournoyer dans les airs. Cela fit une fine entaille dans le tissu d’un des archers, mais sans attaquer la peau. Il voulut alors l’enfoncer dans la chair de l’homme, mais ce fut la hampe qui se cassa. Un poing se fit voir à ses côtés. Il s’apprêta sereinement à le recevoir sur sa tête, simplement heureux d’avoir pris autant de vie. Mav regarda avec rage à sa droite, pour voir tomber à terre son ami Geoffroy. Déjà que lui était malmené avec ses trois ennemis, qui pourtant n’avaient aucune arme de tirée - à part l’un d’entre eux, un peu plus intelligent, qui brandissait un bâton – alors si d’autres arrivaient… Une main lui agrippa la gorge, profitant de ce léger moment d’inattention. Mav voulut planter sa dague dans le bras, mais une nouvelle main l’en empêcha. Pas grave, il avait deux dagues. Il précipita alors sa seconde arme en direction de l’homme qui l’étranglait, mais ce coup fut intercepté par une dextre. Combien avaient-ils donc de mains ? fut la dernière pensée de Mav lorsqu’un coup de poing bien senti le faucha par derrière. Les agresseurs n’eurent pas les mêmes facilités avec Arthur et Gontrand. Ces deux guerriers expérimentés se débrouillaient à merveille et maintenaient un cercle de terreur autour d’eux. Déjà trois corps gisaient à leurs pieds. Pour les battre, il aurait fallu des individus armés, mais nul mercenaire n’osait même défourrer son arme. La peur de se prendre une flèche dans la tête avait de quoi refroidir les ardeurs de plus d’un soldat ! Un bruit de cavalcade fit se retourner tous les combattants sans exception, avant que les mercenaires ne s’écartent en une preste débandade. Les chevaliers chargeaient. Aucun n’avait tiré de lance de cavalerie, mais la simple présence de colichemardes était déstabilisant. Pour autant, les chevaux passèrent en deux rapides rangées de chaque côté des amis sans les toucher. Gontrand et Arthur, qui avaient d’abord protégé leur tête avec le tranchant des armes, afin de parer aux éventuels coups, baissèrent leur garde, surpris de cette manœuvre nouvelle à leurs yeux. Cruelle erreur ! Deux pommeaux vinrent les cueillir dans les dents. Ils s’évanouirent aussitôt. Malak éclata d’un rire puissant, au bonheur de ses chevaliers. « - J’aime les individus coriaces comme eux ! Ils donnent plus de saveurs quand on leur soutire des informations ! » Le roi se tourna ensuite vers le mercenaire, et feinta de s’inquiéter : « Je pense que nous pouvons reprendre nos affaires, bien entendu, seulement si vous êtes à même de mener à bien une telle mission. Durant un bref instant, les deux se lancèrent des regards chargés de haine, avant que le mercenaire ne se contente de dire : « - Prends-les quatre, quand à moi, je garde la bourse. » Le roi susurra alors d’une voix pleine d’onctuosité hypocrite : « - Oh, même si j’ai eu le plaisir de voir qu’ils t’ont pris beaucoup de tes hommes - dix, si j’ai bonne mémoire, sans compter celui que tu as toi-même tué, à quatre, alors que l’on est lié et prisonnier sans arme, c’est quand même un beau record, je n’aurais pas fait mieux – je ne pense pas qu’ils vaillent une telle somme. » « - Avec ta bourse, tu as tué un de mes hommes ! » répliqua au tac au tac le chef mercenaire. « - Erreur, ce sont eux-mêmes qui l’ont tué. Si tu avais aussi attaché leurs jambes, tout cela ne serait pas arrivé ! Enfin, ce doit être cela l’orgueil des mercenaires, n’est-ce pas ? » L’archer cuisait de rage, mais il n’osait pourtant s’emporter, sachant qu’il n’était pas en mesure de négocier face à un tel homme. Même si Malak avait pris un cuisant échec à Skefoy, en partie à cause du désistement au dernier moment de ses archers, le chef mercenaire ne dirigeait toujours pas assez d’hommes pour s’opposer à la volonté du roi Tel était pris qui croyait prendre ! « - Alors la moitié de ton or, et on en parle plus. » « - Et encore » se moqua avec une voix doucereuse Malak, « je t’épargne d’avoir à me payer le coup reçu par ce large homme. Pour une fois que quelqu’un parvient à me déstabiliser, je peux bien mettre cela sur le compte de la rigolade. » « - Tu es bien bon » grinça avec haine le mercenaire, les dents serrées. « - C’est ce qui fait la différence entre toi et moi » fit désinvolte le roi, « la puissance. Moi je peux me montrer clément ou féroce, qu’importe ? Tandis que toi, te voilà obligé de te montrer soumis. » Un sourire rageur lui répondit. Heureux de cette pique, Malak ordonna d’un geste qu’on ligote les quatre hommes sur des chevaux. Geoffroy, le seul à avoir repris connaissance, se laissa faire. Il n’avait plus la force de résister, et avant qu’il n’ait le temps de se lever un coup de poing l’aurait fait se rasseoir. Alors que ses pieds étaient attachés fermement aux étriers des chevaux, il comprit que le roi ne laissait rien au hasard, contrairement à ces mercenaires qui semblaient ne pas avoir l’habitude de faire des prisonniers. Eux quatre n’auraient plus l’occasion de s’échapper comme ils venaient le faire. Les cavaliers, menés par un Malak ricanant, s’éloignèrent finalement du campement dévasté des mercenaires. Alors qu’ils perdaient de vue les tentes, Malak se tourna vers ses chevaliers et souffla à voix assez haute pour que toute sa compagnie puisse entendre : « - Tuez-les. Laissez ce couard de chef fuir. Un clown aussi talentueux… Ce serait bien dommage de gâcher un tel talent ! » Son rire malsain s’éleva, soutenu par la clameur de ses troupes. D’un geste de la main, la moitié se retourna, abaissa lances et visières, et se prépara à la charge. Devant cette ignominie, Geoffroy retint sa respiration. Ces hommes allaient tuer tous les mercenaires par surprise ! Quelle horreur que ces troupes asservies qui ne savaient se rebellaient contre les ordres ! Les paladins allaient souffler ces archers si remarquables – une qualité qui plaisait malgré tout à Geoffroy, même si c’était d’un être aussi talentueux que Pierre et Richard étaient morts ! – comme un balai nettoie la poussière. Visiblement, tous ces chevaliers partaient à l’assaut comme eux sept allaient auparavant dans une taverne ! Il se retourna, pour voir une tête voler puis retomber, loin de son corps. Ce spectacle était répugnant, et pourtant il ne pouvait en détacher son regard ! Si le peuple mormundien était si cruel, comment allaient-ils être traités dans la demeure de ce roi ? Etre torturé, il le savait depuis longtemps, mais il craignait qu’un sort encore pire s’abatte sur eux. Dépité, il laissa dodeliner sa tête, avant de prendre une terrible résolution. Il avait assez d’énergie et de courage pour la mettre en pratique à cet instant, et il savait que jamais plus une telle occasion ne se présenterait ensuite. Littéralement anéanti, subjugué par des sentiments contraires, il s’efforça de donner un coup d’étrier dans le flanc de sa monture. Cette dernière accéléra brutalement, à la surprise de celui chargé de le surveiller qui en lâcha la bride. Geoffroy ralentit ensuite à proximité du roi, puis lui cracha au visage toute son aversion. Malak lui renvoya un sourire mauvais, les yeux teintés de tyrannie. Geoffroy se détourna, pour voir une lame se précipiter vers son cou. Ce qui change par rapport à avant (outre le fait que ce soit trois fois plus long ). C'est quand même plus étoffé et développé et, euh... j'espère meilleur (je dois avouer en être assez content, je me suis vraiment amusé, c'est l'essentiel ). Les descriptions: ce chapitre, avec ses trois nouveaux personnages, était le cadre idéal pour s'entraîner. De plus, les amis sont un peu plus malins. Dans la dernière version, ils savaient que leurs compagnons avaient été tués par des agresseurs verts très bons archers, là ils rencontraient des archers excellents habillés de vert et ne faisaient pas le lien. Bref aperçu de ce que pourrait donc être l'ennemi . J'ai essayé de trouver des discours plus percutants, et j'ai pris vraiment du plaisir avec Malak: il ressemble un peu à Geoffroy pour casser les gens, sauf qu'il le pense réellement . Maintenant faut que je modifie peut-être un ou deux trucs là où j'en suis, histoire que Geoffroy fasse part de ses craintes. (car il ne l'aura pas oublié!) Iliaron, toujours en réécriture
  6. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Chouette, à l'assaut d'une nouvelle partie dès la fin de cette suite (j'aime le changement ) Je dirais: Le nouveau sergent décida d’aller faire un tour dans le bureau de l'ancien, déjà histoire d'être plus percutant, mais aussi parce que ça peut prêter à confusion. qui avait trait à Trois passages principaux dans ce texte: un premier où l'on lit les notes du sergent. J'ai aimé, vraiment. On sent la touche du passé dans ces notes, elles sont presque écrites d'une manière tragique, comme si un destin inéluctable menaçait ce sergent. Bravo, c'est super. Ensuite, le passage avec Phil qui se découpe en deux parties: avant le combat, puis le combat. Le premier paragraphe où ce dernier se montre odieux dénature un peu car justement il est trop odieux. Je ne sais pas si tu peux saisir ce sentiment, mais j'ai eu un peu l'impression que c'était en quelque sorte irréel. peut-être l'abondance de "c'est moi qui" qui semble gamin. Mais par la suite ça ne m'a pas gêné. Mais bon, à part ce détail au niveau du ressenti, j'ai aimé (au passage, petite hyperbole: serrer le poing au point que le sang ne coule plus, quand même ) J'ai bien aimé la façon dont tu décris le combat, alors que pourtant ne se passe pas grand chose. Dernier passage: les deux dernières lignes. Parfait, la scission avec le passé est parfaitement dessinée! En fait, petite question: si tu découpes toi-même le texte en parties, pourquoi ne pas le faire clairement apparaître. Par exemple, Bel-Ami (de Maupassant), où pourtant il y a toujours une suite dans la narration, découpe le texte en parties, parties qui représentent l'ascension social du héros. Après, c'est bien entendu un choix personnel, le fait de ne pas découper peut aussi rendre le tout comme plus uni. Iliaron
  7. Je t'avoue que voilà qui fait bien plaisir! Première case: super! Deuxième: tout aussi bien Troisième: là l'expression de Pan-Pan semble pêcher un petit peu, car justement elle est absolument indéfinissable. Je pense qu'un attitude ironique, ou un peu énervé, eût été plus juste. Là je ne vois pas du tout ce qu'il pense . Quatrième: super!!! Cinquième: il y a des petits défauts au niveau de la liaison entre Gromphall et Pan-Pan: par exemple au niveau de la patte droite du lapin et de la gauche de Gromphall, on sait pas trop ce qu'il y a, du vide (pas de pieds ). De mêmes, le bras droit de Pan-Pan semble passer derrière la queue de Gromphall, mais ne pas avoir du tout de liaison avec le lapin. On voit la main tenir la queue (du moins les bouts des doigts) mais on se demande comment elle peut être là. Niveau dialogue, du tout bon par contre. J'ai l'impression que tu as quand même un peu perdu au niveau des expressions, tu ne dois peut-être plus maîtriser à la perfection ceux-là après tant d'attente (faut donc vite dessiner des suites ). Tu serais n'importe qui d'autre, je vanterais les qualités de ton dessin, mais voilà, tu es Fourberass , et quand on est habitué à du quasi-parfait, du quasi-quasi-parfait, ça dénote par rapport au reste . Iliaron
  8. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Re-EDIT: miracle, ça marche. Tu m'as zappé mon édit, tu sais, j'ai édité juste après toi, et ça a préféré ton edit au mien . (j'étais juste étonné que tous mes QUOTE ne fonctionnaient pas, j'ai toujours pas compris pourquoi d'ailleurs (et résultat avec tous ces edits me connec s'était mis à déconner et à lagger à mort (on voit là les pros en informatique ))) Pendant que tu lis et commente mon texte, je fais de même pour le tien (mais sûrement avec plus de temps, donc tu seras déjà parti quand je posterai^^) Pas grave Remettre en état alors que l'on risque de partir juste après . Je veux dire: à 10 contre une armée ! Perdre les traces d'une armée! Il a de quoi être incrédule . Tout ça à dix! Je pense qu'au moment où tu sauves les hommes de la taverne, pas forcément pile à ce moment, mais il faut absolument qu'avant la reconstruction Neldirage fasse le bilan de ses forces. En d'autres termes, c'est ce que je voulais dire précédemment mais je n'arrivais pas à m'exprimer: à des moments, pour éviter de perdre le lecteur, il faut que tu fasses des bilans. Toi ces bilans tu les connais forcément (sinon je vais me faire du souci quand à la suite de l'histoire )(remarque, dans mon récit, je ne sais pas du tout à quel saison on est, j'ai oublié ). Bref, dire combien ils sont, pas forcément rapidement, et en plus tu leur assignes des tâches: "vous, vous gardez le château, toi tu pars en éclaireur, toi à la recherche de Phil..." qu'il Je dirais: "chaque soldat s'était emparé d'un arc" ou "les soldats s'étaient emparés des arcs" L'épée tachée de sang fait style, mais c'est un peu exagéré. Avant que de voir les épées tachées, Neldirage devrait remarquer que les épées sont défourrées (==> danger potentiel pour ne pas ranger les épées) puis ensanglantées (==> il y a eu un combat). 'fin, je suis encore surpris des capacités visuelles de notre ami^^ Tu t'es pas loupé au début ? Pire que Geoffroy (Inxi comprendra) J'ai décidé d'être ingrat (qu'une suite à commenter, je peux me lâcher^^): Ce me semble un peu drôle de donner la permission quand il s'agit d'un travail assez dur. "ordonna" ? (note: c'est vraiment une remarque personnelle, je comprends tout à fait ta réticence) ok, il a pu y avoir des morts, mais quand même, il ne devait pas y avoir que des chevaliers (sinon à 40-50 !) Style je te balance deux heures d'informations en trente secondes. Et tout ça sans le moindre sentiment (remarque, c'est bien rendu, mais il pourrait essayer de faire style, et Neldirage soulignerait son ressentiment en remarquant que cette affection n'était qu'hypocrisie) (arf, j'avais pas lu la ligne suivante^^) Phrase syntaxiquement fausse. Je ne peux t'aider, je ne l'ai pas comprise. A moins que tu voulais dire: "Un homme qui préférait rester sur son cheval pour dominer son interlocuteur plutôt que de descendre et d’avoir une discussion plus humaine [et là il manque le dernier élément de comparaison, du style: n'était pas digne de perdre son temps...]. Bref, manque la fin de la phrase (ce qui est toujours gênant ) ne put (je ne sais pas, mais "pusse" m'apparaît... étrange . Sinon, j'apprécie ce passage (vraiment!). Seul défaut, le sergent est quand même trop rapide, même si en lui tout n'est qu'hypocrisie, il faudrait nuancer un peu, lui donner du blanc. Par exemple, un peu augmenté le fait qu'il commande contre les ennemis, qu'il est dans un même combat contre les orcs... Bref, pas que du noir. Mais ça se lit vraiment bien, une de tes meilleures suite je trouve, car il n'y a pas d'incohérences (je cherche toujours la petite bête, je l'avoue), et pas non plus de deus ex machina (dans une guerre, la mort d'un sergent est compréhensible!) Vivement la suite (mais ça peut attendre Vendredi, hein, histoire que je puisse continuer mes (débuts de ) révision. Iliaron, qui a mal au bras à force d'avoir écrit une heure (on perd l'habitude après quatre jours de farniente sans trop d'activités physiques )
  9. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Arf, voilà que j'ai trois suites de retard, et Inxi compatissant m'en mets une quatrième^^ Je pense qu'un lieutenant a quand même son propre cheval. On obtient pas les même srésultats en terme de qualité d'entraînement si l'on a toujours le même que des différents (ok, la logique voudrait qu'il en ait quatre ou cinq, mais comme il est dans une ville éloignée, on peut se permettre qu'il n'en ait qu'un . Ensuite, à propos de l'arrivée des villageois. Ils ont l'air d'être nombreux, tu leur proposes des vivres. Or juste avant tu dis que le fortin a connu une famine, donc accueillir les fuyards ressemble un peu à condamner toute la population à la disette. Je ne suis pas sûr qu'absolument tout le monde dans le château soit d'accord à cela (et oui, ça s'appelle la psychologie . Mais en fait c'est simple, suffit de se demander comment on réagirait dans les conditions données, généralement on agit comme n'importe qui d'autre ). Bref, un peu sceptique sur le coup. Pour la caverne, d'ailleurs faudra m'expliquer de laquelle tu parles, car auparavant tu avais déjà glissé une allusion sur une (à moins que ce ne soient les mêmes ). Au passage, je rejoins korelion, ça fait très deus ex machina (caverne + mage) . Je fois avouer penser aussi qu'une telle puissance si jeune, c'est exagéré, il sait maîtriser sa magie avant même que de s'être fait enseigner! Phrase incorrecte. "comme ils avaient pu" Là, je rejoins cette fois-ci Wilheim: avec sept hommes, à moins de tuer le chef, ils ne feront rien. Je ne sais si tu as vu le film "the patriot", il y a aussi cette idée de guérilla, et c'est bien réalisé (j'avais trouvé) car peu à peu on prend espoir. Mais ses hommes ne s'attaquent jamais au gros des troupes, mais par exemple aux ravitaillements, aux convois de lieutenants, aux tacticiens de l'armée... Mais ils sont quand même une vraie petite armée, plus d'une cinquantaine, et face à eux les troupes sont sûrement moins nombreuses que les orques! En un mot, un tel passage nécessite d'être développé pour être vraiment bien, mais tu peux t'amuser à des descriptions pour faire naître une bonne ambiance. Au passage, je précise qu'une action de guérilla ne peut fonctionner si l'armée n'est qu'un bloc . Cela m'amène, aussi bizarre que cela puisse apparaître, à un point bien plus général: ton intrigue. Pour l'instant, même si j'ai un plaisir fou à te lire (tu as un style pas mal, qui coule plutôt bien!), il me manque vraiment un fil directeur. On voit Neldirage grandir peu à peu, mais à part ça? Certes il y a des invasions d'orcs qui encadrent ton texte (première confrontation: un gobelin; ensuite, première bataille: des orcs; récemment, colonie de gobs, et maintenant l'armée) ce qui laisse supposer que quelque chose d'anormal se prépare, mais ça tarde un epu à apparaître. Dès le début (à part si je fais fausse route) un ou deux constats alarmants de son général qui se demande pourquoi les orcs sont si nombreux, et tu captes l'attention! (bon, de toute façon, tu l'as capté, d'ailleurs, tu es bien le premier récit aussi long à avoir autant de commentaires, preuve que ton intrigue est quand même prenante). Pour l'instant, on se demande ce qui va arriver à ce pauvre Neldirage, comment il va évoluer, c'est clair que c'est prenant, mais il manque un petit quelque chose qui nous fasse aussi douter sur ce monde là, en un mot, que tu mettes en corrélation le destin d'une population/nation... et de ton héros (mais sans trop le glorifier, c'est clair que c'est quand même dur!) Ah oui, n'oublie pas quand tu introduis tes personnages de les introduire un peu moins brut de décoffrage . Par exemple, parles-en un ou deux chapitres avant, certes ça se voit que ce sera une grosse ficelle, mais une ficelle introduite ^^. Pour une armée entière, il a carrément pris un fourgon de nourriture (ok celle-la n'est destinée qu'aux éclaireurs, mais quand même, pour une armée, ils doivent facilement être une centaine!) (remarque, ok, ils peuvent les emmerder dans les passages dangereux, mais ce n'est pas avec des flèches ni rien d'autres, mais en préparant des pièges, des éboulements...) Gné? Un peu rapide! Deux paragraphes avant, tu parlais d'un délai de deux semaines, là il ne reste qu'un jour. Tu utilises une ellipse presque sur le plus important! Pas besoin de voir ce que faisaient les orcs Deux heures au triple galop! Les chevaux devraient être morts à mon avis! Sont sept: six archers + Neldirage. C'est vrai qu'ils devraient être dix ! C'est le genre de détails très importants que tu balances en une phrase . Je n'ai pas tout compris . En pleine bataille, ce n'est pas un mystère quand l'encadrement d'une porte tombe^^ L'est courageux quand même^^ En pleine ville sûrement anéantie par les orcs, il doit encore y en avoir quelques uns qui se cachent, il ose lancer un appel! Ce passage est pas mal, dans le sens où tu te retiens de réaliser des actions insensées, mais au final je ne vois pas ce que cela leur apporte. Ils apprennent juste que l'armée évite le fortin, à part ça, ils empoisonnent, quoi, disons une infime partie des loups, tuent deux-trois gobs... Rien qui ne va faire pencher la balance en leur faveur lors du combat! D'ailleurs, c'est quand même un peu confus, dans le sens où l'on ne sait comment ce conflit va se passer. peut-être cela aurait-il nécessité au début une plus grande explication des possibilités. Peut-être un défaut mineur: tes héros ne disent jamais ce qu'il est probable qu'il se passe, on les voit agir, mais rarement on sait parfaitement pourquoi (certes, là ils se sont trompés, ils n'avaient pas imaginés que l'armée évite le fortin) Court HS: Pareil . Par contre, je crains avoir du mal à suivre un rythme plus soutenu. Là j'ai déjà un peu de mal, alors que je n'ai toujours pas commencé les révisions du bac blanc (certes ça devrait pas être très long, mais bon, rien qu'avec le couple maths-physiques-chimie, j'ai des heures qui vont sauter ), donc je te laisse deviner si tu accéléres et que je me mets à bosser . Désolé, je n'ai pas le temps de lire te dernière suite . Iliaron
  10. Iliaron

    Les sept compagnons

    Je sais, je vous surcharge de suite, mais j'en profite, ce sont les vacances . Surtout qu'aujourd'hui, c'était soit écriture soit lecture (désolé Inxi, de toute façon, tu sais que tu m'a parmi tes fidèles lecteurs, euh... aléatoires . Bonne lecture: * * * « - Tu dis les avoir trouvé là ? » « - Oui ‘pa, et j’ai courru te chercher ! » « - T’as bien fait, fiston, c’est ce qu’y faut faire. » « - Je sais » jubila l’enfant. « - Méfie-toi des étrangers ! » « - Qu’est-ce tu vas en faire ? » « - Les ligoter. » Geoffroy émergea lentement. Son premier réflexe aurait été de se lever et de protester, mais il se méfiait. Toujours analyser avant d’agir, comme à la chasse. Il n’y avait eu que deux voix différentes, pas de bruits de pas… Deux contre six, ils pouvaient aisément s’échapper… à condition de ne pas être capturé ! Sa réflexion cessa dès qu’il comprit que l’on s’approchait. « - ‘Pa ? » demanda angoissé le gosse. « - Chut fiston » souffla l’homme. Sa voix tremblait, assurément il n’avait l’habitude de recevoir une visite inopportune dans ses champs. Geoffroy resta donc aussi calmement que possible allongé. Un homme à bout de nerfs ne savait se contrôler, et il n’était vraiment pas le moment de lui faire une frayeur en se levant d’un coup. Il ne tenait pas à prendre une fourche ou une hache en travers de son ventre ! Deux pointes effleurèrent son visage. Les traits de Geoffroy se crispèrent aussitôt sous le toucher râpeux du métal émoussé qui a connu trop de saisons. « - Prends son arme, vite ! » commanda le père d’un ton alarmé. Geoffroy sentit le fils se poser contre lui et tirer sa rapière du fourreau. Il aurait eu de nombreuses fois le temps de l’en empêcher, mais ce gamin n’avait rien fait de mal, pas besoin de lui en faire. En outre, la perspective d’être embroché forçait à préférer la réflexion à l’action irréfléchie… « - Allez, passe-la moi ! » Geoffroy déglutit péniblement lorsque le fil de sa propre épée s’appuya contre sa tempe. Maintenant que l’homme était rassuré en pensant maîtriser la situation, Geoffroy pouvait faire mine de s’éveiller. Si se faire voler une dague pouvait éviter une mort – en plus, sa mort ! – il était prêt à en offrir une seconde. Il cligna des yeux. Aussitôt le paysan sursauta, avant de raffermir sa prise sur la dague. « - Ah, tu t’es réveillé » prononça d’une voix de défi l’homme. En d’autres endroits et postures, Geoffroy aurait presque ri : faire croire que l’on est puissant pour cacher sa faiblesse, voilà comment ce fermier pensait pouvoir l’impressionner. Des rides pleines le visage, une bouche édenté et deux yeux ternes, perdus sous une épaisse couche de terre et de fumier, ce n’était pas forcément inquiétant. Par contre, une dague au niveau du cou, cela, ça l’était ! « - Qui es-tu ? » Il serra le col de la cape de Geoffroy, criant : « Parle ! » « - Geo… » Geoffroy s’arrêta, et cacha son doute par un essai infructueux à avaler sa salive. « Gérard, garnison de Skefoy. » Le compagnon comprit qu’il avait touché juste lorsque l’homme le relâcha – l’espace d’un instant il songea que s’il s’était trouvé en Mormundes, il aurait condamné ses cinq amis -, avant de le reprendre de suite : « - Prouve-le moi ! » « - Il y a une semaine, il y a eu une alerte. Nous six étions à l’extérieur, on a cru voir partir une ombre. On a pensé à ces agresseurs verts, vous voyez, et on est parti par là. Mais cette forêt est horrible, on y a perdu nos chevaux, une bonne partie de nos vêtements, des armes… » « - Vraiment ? » Le ton n’était pas dubitatif. Geoffroy sut que son mensonge avait eu raison de la méfiance de l’homme. Il fit alors mine de laisser s’écouler une larme, histoire d’être plus convaincant et de soigner l’ambiance, puis demanda : « - Vous n’en avez pas vu un seul sortir ? » Le paysan le relâcha complètement, avant de nier de la tête. « - On habite loin de cette forêt. Elle a pris trop de nos gosses pour qu’on les laisse jouer proche. » « - Ouais, elle doit être maudite ! Et les agresseurs sont de vrais démons pour s’y complaire ! » A nouveau le fermier paniqua : « - Alors ce sont eux qui ont tués nos enfants, les sagouins ! » C’était merveilleux de constater à quel point un mensonge bien formulé pouvait être plus percutant que de longs développements ! « - Probablement… » fit mine de songer Geoffroy. « Désolé de ne pas avoir pu vous venger. » L’homme déglutit péniblement, chiqua, avant de murmurer faiblement, plus à lui qu’à Geoffroy : « - C’était à moi de venger mon fils aîné… » Une larme perla, avant de se mélanger à la terre du visage. Il resta encore un moment le visage crispé en un combat intérieur entre remords et raison, sordide duel où l’on recrée un présent de toute pièce en modifiant le passé, pour se rendre compte que le rêve n’est qu’illusoire. Alors la réalité n’en devient que plus pénible à supporter… « - Je réveille vos amis et vous me suivez » annonça l’homme en rendant la rapière à Geoffroy. « - Ce n’en sera pas nécessaire » éluda Mav. Il se tenait derrière le paysan, main sur le pommeau de son épée. A ses côtés, Ilia et Kirla avaient tous deux l’arc tiré et une flèche à demi encochée. Enfin, les deux soldats n’avaient pas hésité à sortir leurs lames, qu’ils étaient en train de rengainer. « - Simple mesure de précaution » le rassura Mav. « Vous avez, disons, oublié durant un certain temps l’épée contre le cou de notre ami. » « - On applique les ordres d’l’Ecole de Soldats d’Foy » expliqua Arthur. Ce détail commença à calmer le paysan, bien que se retrouver au centre de cinq combattants avait de quoi faire trembler le plus endurci des vétérans. « - Alors, monsieur, que savez-vous des événements de cette semaine ? » s’enquit Mav de son ton le plus diplomate. « - Comment, vous savez pas ? » A nouveau le doute et la peur de s’être trompé. « - Je vous ai dit que nous étions à l’extérieur de Skefoy lors de l’alerte. Lorsque l’on a une piste, l’on ne peut rentrer pour aller aux informations, puis repartir » gronda Geoffroy, dans une attitude presque choquée au vu du manque de confiance de l’homme. Certes il n’avait fait que lui mentir, mais ce gars pouvait bien se montrer coopérant et leur répondre. « - Désolé » s’excusa-t-il. « Vous savez, on craint les étrangers : on est proche des Mormundiens – sales gens -, de cette grande forêt à l’Ouest – étrange lieu, j’aime pas-, et de cette forêt maudite – la pire des trois – donc on apprend à être méfiant ! » « - On sait » grogna Geoffroy, avant de se reprendre et de taper amicalement l’épaule du paysan : « Vous devez être résistants par ici, vous avez bien du courage ! » « - On se forge un caractère en mesure » acquiesça-t-il. « - Oser s’interposer seulement avec une fourche devant six hommes armés, j’admire, vraiment ! » « - Vous auriez pu me tuer » répondit avec modestie l’homme dont la couche de terre se craquelait. En dessous, les compagnons purent distinguer la peau virer au rouge. Mav pouffa à voix basse : « - Quel marchandeur hors pair ! Prêt à faire croire n’importe quoi ! » « - Comment ? » questionna le fermier qui avait perçu la voix de Mav sans en distinguer les paroles. Sans perdre son aplomb, Geoffroy rapprocha Mav de l’homme et lui dit : « - Mon ami, Mav, pensait la même chose ! » Un sourire déforma les rides du visage de l’homme, et Geoffroy en profita pour glisser à l’oreille de son ami : « la prochaine fois, tu te tais. » Il continua, à plus haute voix : « Dites-moi, n’auriez-vous pas reçu des consignes suite à cette alerte ? » « - On est venu chercher nos meilleurs chevaux, c’est tout. » « - Et vous n’avez pas réussi à saisir quelques conversations ? » « - Si… Il y en a un qui a dit… » Il se pausa, cherchant à rassembler ses souvenirs épars. « - Paraîtrait qu’il y a eu des morts dans le château, des agresseurs se seraient infiltrés. Ils disaient que la porte n’avait pas été fermée et la vigie s’est faite pendre pour faute grave. » Geoffroy se retourna si vite qu’il tomba à terre. Il l’avait tué, c’était lui qui l’avait tué ! Il lui aurait enfoncé sa rapière dans le corps que ça n’aurait rien changé ! Cette voix qui avait convaincu Gotric, c’était la sienne ! Ce sourire amical qui ornait constamment son visage, c’était le sien ! Cette pendaison qui avait condamné Gotric, c’aurait dû être la sienne… Il avait tué ! « - Voyez, ça fait un choc ! Ce devait être un traître ! L’a rien dit à la question d’ailleurs. » A cet instant précis, Geoffroy n’avait qu’une envie, qu’une pulsion, celle d’enfoncer son épée dans le corps de ce malotru. Gotric ne les avait même pas trahi alors qu’il aurait dû pour sauver sa peau, il s’était sacrifié pour eux ! L’amitié était un présent bien horrible, on pouvait pousser un homme à sa propre mort seulement avec des paroles… Oh oui, il aimerait le voir ce paysan mort ! Mais cela serait anéantir la mort de Gotric : ce dernier leur permettait de continuer à vivre librement, ils avaient tous envers lui cette dette de la vie ! Ils devaient continuer cette mission, et tuer ces agresseurs qui de par leur intrusion l’avaient condamné aussi sûrement qu’une flèche. « - Vous allez bien ? » L’homme se pencha pour l’aider à se relever. Geoffroy recula pour ne pas avoir à toucher la main de l’homme, et ce fut Mav qui l’aida. En une oeillade, les deux s’étaient échangés leurs maux. D’un simple regard un destin venait d’être scellé. Mav s’approcha du paysan et lui annonça, d’une voix sévère : « - En tant que soldats de Skefoy, nous réquisitionnons votre nourriture et vos vêtements. Vous saisirez qu’en l’état où nous sommes nous ne pouvons continuer la mission à laquelle nous sommes attachés. » L’homme ne put que subir et approuver, ne comprenant le changement subit d’attitude. Il avait fait tout son possible, coopérer du mieux qu’il pouvait, allant jusqu’à se souvenir des moindres détails d’une conversation glanée entre deux sous-officiers, et la seule récompense qu’il avait, c’était de se faire voler ! Il ne le pouvait et s’interposerait volontiers s’il en avait la puissance. En plus, il ne pouvait demander de l’aide : tous se ligueraient contre lui, miliciens, gardes… Il ne restait qu’une solution. « - Fiston, cours annoncer à maman qu’on a des invités. Dis-lui de préparer un véritable festin. » Aussitôt le garçonnet courut à en perdre haleine. Le visage du paysan se durcit, espérant que sa femme comprendrait le message et cacherait le peu de nourriture qu’ils avaient. L’hiver n’était pas complètement terminé, et donner ses réserves était comme condamné sa famille. Lorsqu’ils arrivèrent dans la chaumière, les compagnons s’arrêtèrent, stupéfaits. Pour tout mobilier il n’y avait qu’une table et trois chaises, pas un tapis pour cacher ce plancher infesté de termites ni de chandelles pour éclairer la pièce sombre, alors qu’ils étaient dans les heures les plus ensoleillés de la journée. De la suie, sûrement échappée de la petite cheminée cachée dans un coin de la pièce, recouvrait les murs environnants, renforçant encore plus cette obscurité maladive. Dans cet environnement si frugal la femme se tenait face à la porte, tétanisée à la vue des six soldats. Sa robe était rapiécée ; autrefois elle avait dû être blanche, sûrement lors de sa jeunesse, mais désormais ce n’était plus qu’un réceptacle de la poussière et des immondices que les années s’étaient chargées de déposer dans la maisonnée. Au contraire, son visage, qui autrefois devait être rose, n’était plus que d’une pâleur cadavérique, et les traits tirés sur ses os firent prendre conscience la misère dans laquelle cette famille vivait. Quand au fermier, il se réjouissait intérieurement du rangement qu’avait effectuée sa femme. En cachant la bougie et leur vase en terre cuite, elle sauvait une partie non négligeable de leur mobilier. De plus, elle avait bien dû cacher aussi leur unique livre de patates ! Si le fermier avait eu le don d’omniscience, il aurait alors pu lire dans les âmes des six compagnons une terrible prise de conscience. Ils savaient les paysans éloignés pauvres, mais à ce point ! Malgré leur diète forcée de deux jours, la vue de cet omniprésent vide qui habitait nonchalamment ce lieu les révulsèrent et leur coupèrent l’appétit. Qu’y avait-il à manger d’autre dans une telle demeure que du vide ? Les murs, le mobilier ? Rien de ce qui eut pu les aider… Et ces hommes vivaient toute l’année dans un tel état de misère, pas seulement pour un ou deux jours ! Cette simple pensée calma la fureur sourde de Geoffroy. Comprendre une telle injustice lui avait été comme un retour dans la forêt : un malaise ! « - Finalement, on devrait se débrouiller seul. » « - Vous êtes sûrs ? » demanda l’homme, qui pourtant s’était rapproché et les dirigeait maintenant vers la sortie. « - Attendez » signifia Mav. L’homme se pinça les lèvres, jamais il n’aurait dû poser une telle question. « - Vous n’avez pas peur » continua Mav, « simplement armé d’une fourche rouillée ? » « - Messieurs » commença poliment le pauvre hère, « en ce lieu, la peur est en toute chose. Nous vivons avec elle et la cultivons au même titre que le blé… sauf qu’elle elle a trouvé un meilleur engrais et s’est développée plus rapidement… Comment voulez-vous que nous luttions de toute manière, seuls les soldats ont le privilège de ne pas paniquer. » « - Et si, disons, on vous offrait une épée, vous ne seriez pas plus à même de vous défendre ? » Le paysan dévisagea Mav avec de larges yeux ronds. « - Vous le feriez ? » « - Bien entendu, ne nous croyez pas sans cœur, votre mis… votre condition nous a marquée. » « - Mais vous imaginez bien que nous ne faisons pas cela gratuitement » s’interposa Geoffroy. A cette réplique, Mav lui marcha clairement sur le pied, en grondant : « - Je lui donnais cette rapière ! » « - Tu ne sais profiter de la situation » tiqua Geoffroy. Le paysan, qui avait entendu le marché, expliqua avec faiblesse, les pleurs dans les yeux : « - Je ne peux pas vous l’acheter ! Vot’ arme vaut plus que ma maison… Pourtant Serpent seul sait à quel point j’aimerais pouvoir défendre ma famille et venger mon fils. » « - Je ne vous demande qu’une chose, monsieur : guidez-nous jusqu’à cette forêt de l’Est en évitant les soldats. » « - Alors c’est ce que je pensais, vous n’êtes pas d’une patrouille ! » tonna le paysan. Il ne voyait comment il pourrait survivre à un affrontement, et dans un dernier sursaut d’orgueil toute son essence qui avait été cloîtrée par cette pauvreté prégnante s’exprima dans toute sa puissance. « - Vous as-t-on déjà proposé un tel marché ? Contre un jour de marche, une épée ! C’est très cher, vous savez, très très cher. » « - Non, jamais, mais si c’est pour me tuer après, en quoi y suis-je gagnant ? » Alors, à la surprise des cinq compagnons et de l’homme, Geoffroy s’agenouilla devant le fermier et se confessa. « - Vous avez raison, nous ne sommes pas des patrouilles. Comme vous nous vivons la peur au ventre, sans savoir quel sera notre lendemain. Si nous désirons échapper aux soldats, la raison est simple : nous poursuivons une quête qui dépasse les limites du royaume, une quête qui nous a fait renier jusqu’à notre habitat auquel nous attachions toute notre vie. Vous nous voyez en apparence misérables, en haillons, les vêtements rapiécés, la mine désabusée par les événements, mais nous sommes pires intérieurement. Les jours et semaines n’ont cessé de déchirer nos cœurs et à chaque heure un sillon sanglant a ébranlé nos convictions. » « - Quelles convictions ? » « - En ce monde la paix peut exister. Avec elle la prospérité naîtra. » « - Vous me promettez de ne pas me tuer et de me donner l’épée ensuite ? » Geoffroy s’étrangla de surprise, avant de rire. Cet homme là était encore meilleur que lui, et ne perdait jamais de vue son désir. « - Nous vous le jurons. » « - Prenez une miche de pain alors, mangez vite, puis nous partons. » « - Nous ne voudrions vous dépou… » commença Kirla, qui fut interrompu par Geoffroy. « - Il le fait de bon cœur, tu sais. » A cela, Kirla ne put que répliquer : « - N’empêche, si tu n’étais pas un ami, je te considérerais comme dangereux, à modeler la pensée des gens avec une telle facilité ! » « - Tu sais, ce que tu viens d’entendre, ce n’était que le reflet de mon âme, un écho qui vibre dans mon cœur depuis des jours. J’ai préféré la franchise au mensonge, cet homme est digne de confiance. Pauvre, mais fidèle à tous ceux qui l’aident. » « - Tu me sembles bien généreux aujourd’hui » le taquina Kirla. « - Cet homme est comme Gotric. Gotric… » Geoffroy se tut pour considérer le vide avec mélancolie. « - Courage ! » « - Sa mort, c’est bien le plus profond sillon sanglant qui m’ait été fait. Celui-là, il ne cicatrisera jamais, même après le conflit qui se prépare. Tu vois, à la mort de Pierre et Richard, je m’en étais voulu de n’avoir pu les sauver, mais ils sont morts en pourchassant leur rêve de liberté… Lui est mort simplement à cause des demandes que j’avais formulées… » Il s’écroula sur le parvis de la chaumière, serrant sa tête de ses poings. En sa bouche, une seule complainte qui traversait les sanglots pour se métamorphoser en une apothéose en espoir, un espoir terrible basé sur la plus forte source de désespoir : la mort. « Paix à son âme. » De la psycho, en veux-tu en voilà . J'espère que ce n'est pas quand même trop . Là je suis parti un peu en délire, normalement il ne devait pas y avoir un tel passage, juste une rencontre avec un paysan qui leur donne des nouvelles. D'ailleurs, j'avais totalement oublié ce Gotric. Mais cela s'est imposé à mon esprit d'en parler, histoire de conclure l'histoire de ce personnage secondaire... Mais si j'en parlais, me fallait un développement psychologique de Geoffroy, et ce me semblait logique qu'il se mette à haïr celui qui annonce une telle nouvelle sans prendre un ton de condoléance. Donc ça s'est rallongé pour aussi expliquer le revirement de pensée (en plus, ça tombe bien, un tel lieu ne peut qu'être miséreux!) En fait, je précise, dans la forêt n'existent pas les agresseurs verts, ce n'est qu'un mensonge de Geoffroy . Enfin, ici on peut voir un peu la bivalence de Geoffroy: il peut être sans coeur, mais sera poursuivi par les remords. Il peut influencer à l'envie les gens, mais prendra sur lui les conséquences... En un mot, c'est un être qui se veut fort mais qui est rempli de faiblesse. Il a un certain panache, il peut se montrer hypocrite, puis peu de temps après confesser à un parfait étranger des choses que peu de monde pourrait dire même à un confident. Enfin, il est capable de revoir ses jugements, d'haïr d'abord ("malotru"...) puis de vanter les qualité d'un homme ("fidèle"...). Bref, je prends bien du plaisir avec lui . Iliaron
  11. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Je suis crevé, donc je m'excuse de ce court commentaire sur une seule suite. Ca fait partie des détails pas forcément utiles , je veux dire, qu'il se fatigue si après ça a une incidence, à la limite, mais sinon, cela n'apporte rien à l'intrigue. Sinon, je reste dubitatif quand à la découverte de l'enfant: ça me paraît étrange que Neldirage soit le seul à le remarquer, le seul à passer par un chemin. Le chemin peut certes être dangereux, mais il y a toujours tentation! De plus, pour le jeune mage, à mon avis il ne maîtrise pas entiérement sa magie, donc cela m'apparaîtrait logique que sa mère ait au moins remarqué quelque chose . Iliaron
  12. Iliaron

    Les sept compagnons

    Les arbres n'ont qu'une seule journée d'âge: en une nuit ils sont nés et ont poussé jusqu'à atteindre l'âge adulte. N'empêche, je m'attendais à une remarque sur le fait qu'Ilia dise "hier" alors que l'événement sur la dalle s'est passé deux jours auparavant. Pff, petits lecteurs . Merci, sans rire, ce verbe, je l'avais oublié et j'en ai souvent l'utilité . Disons que le sous-entendu s'inscrit sur la globalité du passage, surtout sur la fin Voilà un compliment! (et je ne blague pas). C'est vrai que le style qu'a Impe est un style que j'affectionne, et comme j'ai un plaisir fou à lire des récits réalisés avec ce style, forcément, ça se retrouve quelque part! En plus, après avoir lu Claire, on est dans un état plus propice à ce genre d'écrits. Voilà la méthode pour réaliser du récit psychologique, s'immerger dans un texte d'Impe, après ça coule tout seul . Après, chacun a un style qu'il préfére, donc en fin de compte les récits ne sont que le reflet de ce que l'on veut créer (je dis reflet, car quand on arrivera à écrire pile ce à quoi l'on voulait arriver, l'on sera vraiment fort ). Forcément, ça différe selon les gens, et même si mon style peut se rapprocher de celui d'Impe, il est quand même différent (déjà, sûrement moins réfléchi quand je vois l'analyse qu'il crée en fin de chacun de ses récits!) T'inquiète ça fait un certain temps que tu es toujours le premier... et dernier (mais gare, Gemini va te rattraper ) Iliaron
  13. Iliaron

    Les sept compagnons

    Une suite écrite petit bout à petit bour, jusqu'à l'apothéose aujourd'hui, où je me suis déchaîné . En espérant que ça vous plaise . Bonne lecture : Ilia, après s’être levé et avoir titubé sur quelques mètres, s’écroula à terre. Alors, balbutiant, il remarqua enfin les arbres, avant de se rendormir aussitôt. « - Il est vraiment crevé » constata avec sidération Geoffroy. « - T’m’étonnes ! L’avais pas encore vu les arbres, alors qu’on voit que ça ! » jura Arthur en frissonnant. « ‘Fin, je préfère l’ombre des arbres à la dalle ! » « - Justement » surenchérit Mav, « c’est ce que j’aimerais savoir : quelle force a assez de puissante pour faire évanouir six personnes et pousser des arbres en une nuit ! On n’aurait pas marché hier sur la dalle, on n’aurait eu absolument aucun moyen de savoir que ces arbres n’ont qu’une journée… » Cette déclaration avait sapé le peu d’énergie qu’il avait, et il s’effondra, sanglotant de peur. Kirla s’avança vers Mav, et lui souffla : « - Quoi que ce soit, cela ne peut qu’être elfique. La Loriath a son propre pouvoir, on vient d’assister à un de ses déchaînements. Tant qu’il y aura Ilia, je pense que l’on ne risque rien : la forêt ne fera pas de mal à un Ath. » Geoffroy se retourna vivement. Il fut étonné d’apprendre qu’ils se trouvaient en Loriath, mais ce qui le dérangea le plus fut la dernière révélation de son ami. « - Explique-moi alors pourquoi c’est Ilia qui semble avoir le plus souffert de… » Il se stoppa, regardant Mav. Il corrigea aussitôt sa fin de phrase. « De ça ? » « - ‘T’être que les Aths résistent moins » supputa Arthur, qui s’était accroupi aux côtés de Mav. « - Cinq contre un, l’avait aucune chance… » avança Gontrand. Seul Mav, entre deux sanglots, hocha. Visiblement seul lui avait compris, et il ne semblait pas décidé à s’expliquer. Gontrand était déjà retombé dans son mutisme habituel, tandis que Mav avait fermé les yeux pour se calmer. Seul la sagesse de ce dernier lui faisait découvrir des liens où les autres trouvaient du hasard. Mais les suppositions qu’il réalisait ne lui convenaient toujours pas. Il avait parfaitement saisi qu’un pouvoir surnaturel avait eu lieu, et avait accepté l’idée d’une puissance incommensurable. Mais il ne parvenait aucunement à saisir le sens d’une telle débauche d’énergie… « - Regardez sur c’t’arbre ! » lança Arthur, surexcité, pointant l’écorce d’un tronc. » « - Quoi ? » se réveilla Ilia. « - Qu’as-tu vu ? » Mav dévisagea un instant le visage d’Arthur. Il était habitué à ce qu’il soit très expressif, mais il n’expliquait l’agitation de son ami. « - Foy ! » « - Foy ? » s’étonna Kirla. « - Fais une phrase » l’avisa Geoffroy. Il savait que lui aurait continué à entretenir le quiproquo, mais il désirait savoir. « - Alors c’est bien là » soupira Mav. « Je m’en doutais, mais… » « - Ouais » approuva Arthur. « - Ce devait être sur la dalle que le duc a installé sa tente… » hypothéqua Mav. « - Vous voulez dire qu’est gravé « Foy » au niveau de l’arbre ! » s’exclama Geoffroy. Les deux approuvèrent, silencieux. « - ‘Signifiez qu’un homme est resté là ? » s’étonna Ilia, ensommeillé. « - Oui, Jules… Le duc de Skefoy, je veux dire. » « - Je vois » souffla faiblement Ilia, avant de rejoindre le cercle taciturne des deux hommes. « - Duc qui a été ami avec Jean et Dieter. » Devant le sourcillement d’Ilia, Kirla continua : « les pères à Pierre et Richard. » « - Tu veux dire : les deux amis qui ont été tués par des… » Il fut sur le point d’ajouter par des flèches vertes, un des rares détails qu’il avait retenu, mais se retint au dernier moment. Son carquois en était garni, nul besoin de rendre l’ambiance encore plus morne. « - Justement, on ne sait pas par qui ! » acheva Geoffroy. Mais déjà Ilia n’écoutait plus. Il entrevoyait un lien entre les deux consciences de son ami Kirla et la mort des deux hommes. Il ne savait pourquoi, mais le simple fait que Kirla se prenne pour un homme dont les parents ont été amis avec un souverain qui a pénétré dans une partie de la Loriath ne pouvait qu’être un signe… Visiblement, l’élément qui reliait ces deux événements était l’agresseur. Ne restait plus qu’à le dénicher ! A nouveau, il frissonna. Il avait bien eu une intuition à Skefoy ; à présent il entrevoyait les conséquences s’il se trompait… Mais ce n’était rien comparé à l’enfer qui se dresserait s’il avait raison ! Mav s’éveilla de sa torpeur pour soumettre sa pensée. A dire vrai, il ne dit à voix haute que ce que tous pensaient. « - Vous ne pensez pas que le duc, après avoir été retrouvé par Jean et Dieter, ait organisé une opération vengeance en Loriath… » « - Et manque de chance avec l’aide de Jean et de Dieter il n’aurait pas réussi à se perdre… » continua Geoffroy. « - Pour k’ces deux derniers s’fassent repérer ! » se lamenta Arthur. « Si ça s’trouve, n’ont même pas tué un seul Ath ! » « - Je pense que si » prononcèrent en même temps Mav et Geoffroy, le ton lugubre, comme en un mauvais présage. « - Vous pensez vraiment ? » rugit-il. Cette fois, ce fut Gontrand qui approuva. Geoffroy parla à sa place : « - Tu n’as pas remarqué que Pierre et Richard étaient littéralement terrorisés par un arc. Ils n’ont eu aucune éducation militaire, absolument aucune ! » « - Seulement de la cueillette ! » conclut Mav. « - Ce qui n’est pas plus mal » ne put s’empêcher d’ajouter Ilia. Malgré tous les efforts qu’il réalisait, il parvenait avec difficulté à accepter l’idée de tuer un cerf. « - En ce cas » commença Geoffroy à plus haute voix, serrant ses poings pour ne pas riposter. Mav sourit à la pensée que Geoffroy devait prendre sur lui pour se taire, tellement il était passionné de chasse. « Il est normal qu’ils aient déclenché la vengeance des Aths ! » « - Les flèches vertes » approuva Kirla. « J’espérais que ce ne soit qu’une coïncidence. » « - Ce ne sont pas des Aths qu’ils ont touché ! » coupa Ilia. « Sinon, Kirla, sois sûr qu’on l’aurait su ! » « - Kev ne peut savoir, comme il est un homme » tempêta Geoffroy. Sa patience venait de flancher. « - Alors, qui ont-ils touché ? » s’interrogea Mav à une telle haute voix qu’il recouvrit le débat naissant. « - Je ne sais pas » avoua Ilia. « - Allez, crache le morceau » ordonna Geoffroy. Ilia se retint avec difficulté d’obéir – mais le fait de cracher était par trop humain ! – avant de s’expliciter : « - Je ne sais vraiment pas ! » Devant le timbre atone, presque résigné, de l’Ath, Geoffroy se calma aussitôt, pour souffler avec faiblesse : « - Vrai ? » Après un silence, Ilia approuva. « - Ni homme ni Aths. » * * * Depuis quelques heures déjà ils avaient repris leur marche à travers la forêt pour rejoindre la Loriath. Le sentier était aisé à suivre, large, et les herbes touffues pavaient le chemin en un tapis de verdure protecteur. A aucun moment une racine ou ornière ne s’était dressé devant eux, tant et si bien que malgré la défaillance d’Ilia, ils marchaient à grands pas. Le premier était Kirla. Sa connaissance des forêts était précieuse, il pouvait sans problème s’y repérer de jour comme de nuit, et son instinct le guidait vers la Loriath. Sûrement une réminiscence de sa conscience d’Aths. Pour la première fois, il trouvait d’ailleurs un avantage à se sentir autant homme qu’elfe. Ensuite, Mav et Geoffroy conversaient sur cette mystérieuse dalle et sur les probables agresseurs. Ils imaginaient par moments leur agresseur, et en étaient arrivés à l’idée d’une créature protéiforme possédant une habileté incomparable dans le maniement des armes et capable de se fondre parmi les arbres ; tandis que d’autres fois se préparaient mentalement aux recherches à réaliser et aux lieux à inspecter. Cela revenait en fait à dresser une liste de question à l’adresse d’Ilia qui leur servirait de guide. Enfin venaient Gontrand et Arthur, avec dans ses bras Ilia. Ces derniers portaient à tour de rôle l’Ath, et cela ne les gênait pas outre mesure. A force de s’être habitué à s’harnacher une épaisse armure et à transporter un pesant bouclier, la minceur d’un elfe était presque plaisante ! Les deux soldats ne s’échangèrent que quelques regards, mais durant ces furtifs instants ils saisirent que leur langage codé allait de nouveau leur servir. L’agresseur ne devait pas savoir ce qu’ils allaient s’échanger lors de leurs recherches, sinon ils pouvaient d’ores et déjà creuser leurs sépultures. Parfois, Ilia marmonnait et leur sommait de le poser à terre. Cependant, comme il ne parvenait que difficilement à marcher, il acceptait malgré son orgueil d’être porté par des humains. Se faire aider par des hommes, ces êtres qu’il avait appris à haïr, lui était encore difficile à accepter. Il avait bien compris que la même bonté existait dans ces deux espèces, mais combler le gouffre entre la compréhension et l’accord était autre chose. Il s’était pourtant élancé dans cet abîme, et avait atteint le bord opposé. Restait à s’y hissait… « - Ca va, j’te secoue pas trop ? » s’enquit Arthur, soucieux du confort de l’elfe. En un sourire, il l’accepta. Hommes ou Aths, le fond était le même. Seul la culture avait éloigné ces deux peuplades, rancunes et guerres avaient rythmés les millénaires. L’heure de fraterniser était venue ! « - C’est parfait, Arthur. Je ne suis pas trop lourd ? » « - T’es léger comme une plume ! » « - Que ce soit comme une plume de colombe alors » se réjouit Ilia à haute voix. Tous entendirent, et en un instant, moment bien trop subit pour être saisi et dont les conséquences peuvent pourtant être senties durant toute une vie, le foyer de l’espoir se raviva et réchauffa les six compagnons. Des larmes de joie perlèrent avant de s’écouler avec grâce le long des joues. Geoffroy ria, tant de bonheur que parce qu’il se sentait ridicule. Stupide, et pourtant d’une puissance inégalée, aussi paradoxale lui apparaissait cette pensée. Certes le vent ne tournait pas encore, mais ils n’étaient non plus six êtres isolés à s’y opposer, mais bien une unité indissociable ! Tant que l’étoile de l’espoir brillait à son firmament, les failles dans leurs forces pouvaient être colmatées, les erreurs de jugement effacées, les faiblesses tournées en avantage. * * * Deux autres journées s’écoulèrent durant lesquelles les compagnons ne cessèrent de progresser. Peu à peu, le sentier rassurant devint tortueux, les herbes croupissantes dans des marécages et les ornières voilées par un tapis de feuilles mortes sans cesse renouvelé. Des arbres maladifs et tortueux se mélangeaient en une hideuse fresque à d’autres, épais et résistants sur lesquels les années n’avaient nulle prise. La sente se perdait en de multiples endroits, fines rivières de boue ne menant qu’à des impasses, et c’était au prix de multiples retours intempestifs que les compagnons trouvaient leur chemin. Ilia s’était finalement mis à marcher après que Gontrand, le portant, ne lui tombe dessus. Les six étaient recouverts de boues et de longs et pullulants vers de terre se cachaient dans les plis de leurs vêtements. Aucun n’avait ouvert la bouche, de peur d’avaler une de ces bêtes répugnantes avec lesquelles ils devaient survivre. Les nuits s’étaient raccourcies, pour ne devenir que deux très brèves pauses où personne ne mangeait ni ne buvait. Quelques regards de dégoûts s’échangeaient, avant de reprendre cette affreuse marche, ersatz d’espoir de sortir un jour de cet enfer. Ils avaient bien tentés de composer une torche avec une branche sèche, que les deux guerriers avaient allumée à l’aide de deux silex, mais ce feu ténu n’avait eu pour seul impact que d’amplifier leur peur. Dans la nuit, les ombres immenses et mouvantes semblaient s’entortiller autour de leur corps, et tel un serpent les dévorer finalement. Des branches se découpaient, terribles, devant eux, surgissant de l’ombre tel un renard pour les faire se reculer d’un bond. La terreur les tenaillait, et par simple pressentiment ils avaient réalisé de nombreux demi-tours. Ils ne savaient plus s’ils avançaient ou reculaient, seul comptait de continuer à marcher, à rester debout envers et contre tout et à ne pas flancher devant l’emprise de cette nature viciée. Avec rage, Kirla s’était finalement saisi de la torche pour la jeter dans la première flaque venue. Quitte à être dévoré par un loup ou une autre bête affreuse, autant ne pas en être terrifié auparavant. Mieux valait le cisaillement d’une branche que la vision d’un possible cisaillement. Etrange atmosphère dans laquelle on tait nos sens au profit d’un seul, dans lequel on porte tout notre espoir, toute notre vie. Seul le regard comptait, le reste, ils parvenaient à l’oublier. Les odeurs de décomposition ne troublaient même pas leurs pas, ils ouïssaient les piaffements de corbeaux sans se retourner, la terrible mixture nauséabonde de la boue ne les faisait pas cracher et aucune branche ni arbre n’eut pu les arrêter. Ils continuaient envers les déchiquètements de leur peau et les entailles dans leur visage, toute une nature s’écroulait sur eux et inlassablement, ils avançaient, tels des métronomes. Mais la vue, un furtif reflet et déjà ils sentaient la lame d’un poignard sous leur cou, une branche qui se découpait sur la lune et ils la voyaient s’écraser, terrible, sur leurs crânes. Deux globes globuleux d’une hirondelles se transformaient en une forme carnassière, un bec serti de dents pointues et terriblement sanguinaires… Le monde des impressions s’entrechoquait en un terrible fracas contre la réalité, et perdus dans cet océan de visions et cauchemars, aucun des compagnons ne parvenait à en faire la différence. Tels des spectres, ils titubaient, et l’on eût pu les confondre avec des mânes à la recherche d’un possible repos éternel. Souvent ils fermaient les yeux, et continuaient pourtant d’avancer, se scindant en divers groupes au gré des hallucinations, percevant au travers de leurs yeux clos l’éclat malsain d’une lame, ou le sourire glacial d’un arbre. Ce n’était plus du désespoir qui s’écoulait dans chacune de leur veine, mais bien une terreur sourde. Chacun de leur battement était amplifié par l’horreur, jusqu’à atteindre une force insupportable et insoutenable, les faisant vaciller parmi les arbres, se cogner les uns contre les autres puis se prendre par les bras pour avancer, comme si le fait d’être deux les protégeait mieux de cette peur intérieure. S’ils avaient pu réfléchir sainement, Ilia et Mav auraient sentis le piége de cette forêt. Une entrée simple, à peine repoussante, mais quand à sortir, la tâche était ardue ! La gueule du filet s’était refermée sur eux, et ils n’étaient plus que des ombres parmi les ombres tentant d’échapper en vain aux mailles. Prisonniers de leur propre corps et peurs, de leurs cauchemars réels et du présent surnaturel. Déjà les ronces s’attaquaient à leurs jambes, et les vêtements en lambeaux ils avançaient encore, trébuchant parmi les épines et orties, se relevant à chaque fois. C’était un miracle qu’ils fussent encore ensemble, peut-être avaient-ils saisis que sans cette vue rassurante d’amis, ils flancheraient pour aller se perdre irrémédiablement dans cette forêt maudite. Avancer, encore avancer, telle était leur unique pensée, l’unique force qui les faisait soulever leurs jambes hors des mares pour s’extirper de cette boue prégnante qui collait à toutes choses. Garder les yeux ouverts ou fermés n’avait plus d’importance, ils ne voyaient plus que leur peur intérieure, distillat de leurs craintes et phobies, de leurs pressentiments et sentiments. Seul comptait les pas. Un puis deux puis trois puis chute. Se relever, et continuer, occulter toute autre sensation que celle ces compagnons avançant encore envers et contre tout. La peur au ventre et la foi dans l’esprit, oublier les éléments pour se recréer son monde de toute pièce. Et comme dans un rêve, alors que l’espoir s’éteignait des suites de leurs deux nuits passées à trébucher et se perdre, le soleil vint les éclairer. Sans se donner la peine de lever les yeux, ils le sentaient caresser leur peau, les réchauffer intérieurement. Les arbres étaient désormais épars, et les six pouvaient désormais se tenir de fronts, se serrant les uns contre les autres. Ce geste, aussi anodin soit-il, permettait à chacun de puiser dans le courage de l’autre et de trouver la force de continuer à marcher là où la volonté leur aurait sommé de s’arrêter pour un repos salvateur. Mais ils devaient d’abord échapper au piége de cette forêt, immondice tâchant de son éclat verdâtre la face de la terre. Ce fut avec un soulagement partagé qu’ils entrevirent enfin l’orée des bois, et avec elle, le crépuscule à l’horizon. Courses et soulagements, avant de s’écrouler, une centaine de mètres plus tard, dans l’herbe. Non pas celle dans laquelle ils avaient pataugé tant d’heures, mais la vraie, celle qui pouvait être saisie à pleine main et arrachée sans se décomposer, celle grâce à laquelle une touffe permet de reposer sa tête. A peine s’étaient-ils jetés dans cette verdure que les premiers ronflements arrachés aux ténèbres se firent entendre. Seul restait Arthur, chancelant, qui se jura de veiller sur ses cinq amis. Ils étaient dans un champ, à la merci de la première milice locale. Mais il était robuste et pouvait rester éveillé encore des heures ! Que la lune était belle ! Déjà une semaine s’était écoulée, et, Serpent, le croissant qu’elle présentait était splendide. Appétissant même, rappelant à l’homme qu’il avait passé deux jours sans se nourrir. Il se coucha pour calmer ses maux qui le suppliaient de manger de leurs grognements. Et les étoiles ! Jeune il rêvait de pouvoir en explorer une. Il était émerveillé de la puissance de la nature, cette même nature qui lui avait permis d’être robuste et de s’opposer aux apprentis brigands de son quartier. Il en avait passé des nuits avec la ribambelle de petiots le considérant comme un sauveur, à les observer ces étoiles. Ils étaient les soldats d’une constellation, et les pointes des lances brillaient dans la nuit, avec pour seul objectif que l’éclat devienne solaire. Mais ces rêves d’enfance s’étaient effacés devant la vie qui continuait son chemin sans jamais discontinuer, toujours vers de nouveaux horizons pour finalement se rétracter à des considérations bien plus terre-à-terre. Finies les escapades dans l’espace, seul comptait cette vie dans laquelle on les engonçait et avec laquelle ils devaient composer constamment. Il aimait à se comparer encore à une étoile qui possédait des liaisons par delà toute la galaxie. Il pouvait aider toute autre astre dont l’éclat trembloterait, et ainsi faire revivre son enfance. Drôle de vie que ce futur dirigé vers la renaissance perpétuelle de son passé. Etrange monde que celui dans lequel il évoluait, mais n’était-ce pas cela que de vivre : rêver ? Lentement, ses bras glissèrent contre son corps, ses yeux se fermèrent pour se rouvrir sur un nouveau monde, verdoyant à souhait, dans lequel il évoluait avec gaieté. Un sourire fugace naquit, avant d’être voilé par le sérieux du sommeil. Je suis content d'avoir enfin écrit ça, on va pouvoir passer aux choses sérieuses . En plus, ça m'a bien plu^^. Que retenir de ce passage? Je dirais que c'est à vous de piocher pour essayer de comprendre, tout du moins il y a un indice peut-être pas mal dissimulé, et pourtant important pour le livre II . Iliaron, en rush pour passer à table
  14. Voilà qui fait plaisir! Cette planche en est une de transition, mais je trouve quand même l'humour pas mal ! Quelques références à Naheulbeuk , alors si le reste est à la hauteur, voilà qui promet ! Bon, vivement la suite alors Iliaron
  15. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Ca démarre vraiment bien, on sent le déchirement de Neldirage. mais, car il y a un mais : Là ça casse l'ambiance: tu donnes l'idée d'un Neldirage furieux, qui déteste qu'on désobéisse à ses ordres. Là l'homme n'a pas obéi, et pourtant Neldirage s'explique. Il n'a pourtant vraiment pas à s'expliquer. Même s'il éprouve des remords à être si dur envers ses hommes, il faut absolument qu'il reste fort face aux hommes. Qu'une fois rentré dans sa demeure il éclate en sanglots, je veux bien (et même, j'en serais ravi!), mais qu'il s'excuse, surtout pas! J'ai laissé passer pas mal de fautes, mais celle-là est trop grosse : n'y Je n'aime pas forcément ces dons de prédictions, à toi de voir si tu veux garder. Par contre, une remarque du style que: "au fond de lui, il savait qu'il ferait tout pour les rattraper" ou bien qu'ils comptent encore énormément dans sa manière d'agir... Mais bon, là c'est plus une critique personnelle. La foule sait comment va se passer la cérémonie. Je trouve assez maladroit cette remarque, à vrai dire... Je ne sais comment le dire, mais lors de funéraille, l'ambiance n'est pas à chercher à comprendre ni rien, ni même aux remords, mais bien aux regrets et aux pleurs. Bref, comment la cérémonie va se passer, à dire vrai cela n'est pas intéressant, mais ce sont les sentiments ressentis envers le défunt qui le sont. Sinon ce passage psychologique est assez bien traité, surtout que c'est vraiment très dur à réaliser (et vu comment je me suis embrouillé parfois avec Kirla dans mon récit, je ne peux vraiment rien dire!). C'est sûr qu'à des moments je trouve que ça sonne un peu faux malgré tout, même si je suis absolument incapable de dire pourquoi. On a l'impression que c'est un peu exagéré, ou que ce n'est pas exactement à ça qu'on pense... Mais en fait, ce sont des sentiments très personnels, et dans ce genre de situation chacun réagit différemment. Dans mon cas, je ne pense pas réagir d'une telle manière, peut-être pour ça que par endroit je trouve que ça sonne faux, mais c'est quand même vraiment bien réaliser (faut se dire que je serais plus dans le genre à me projeter dans un passé heureux et à le faire vivre, en d'autres termes à contourner les pleurs et la tristesse, seul bémol, c'est qu'à un moment faut bien les assumer :'( ) N'empêche, même si je prends toujours du plaisir à te lire, j'ai hâte qu'il retrouve ses amis. Là je trouve presque un peu fade à cause de ce sentiment de solitude. Il y a un réel manque de compagnie entre Neldirage et les autres, j'ai vraiment vraiment hâte qu'il les retrouve! (ça veut dire: suite ) Iliaron
  16. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Ce qu'on ferait pas pour aider Justement, c'est une bonne occasion pour varier et ne pas mettre toujours "dit"; c'est certes plus long (faut trouver les synonimes) mais je trouve que c'est plus réaliste (après faut pas non plus exagérer) D'ailleurs, cela sert à quoi ces corps de gobelin qui tombent? On ne sait même pas d'où ils tombent! Ni comment! Précise! Sinon, à la limite, qu'il s'émerveille, je veux bien, qu'il découvre que son bras est emporté par l'eau, ok, mais la petite précision que la manche est mouillé, ça détruit un peu trop le personnage, je veux dire que ça fait une remarque un peu gamine . Arf, l'excuse^^ Je dirais que tu tombes là dans un piège aisé, qui correspond en fait à: j'ai une idée d'un lieu, très compliqué, je ne sais vraiment comment expliquer, et je veux à tout prix la représenter. Dans notre tête, il est clair que ça pète bien, et on voit bien tout, on en est presque émerveillé. Sauf que tout le monde n'est pas dans ta tête :'( . En un mot, et même si ça fait un peu mal car on a eu l'impression d'avoir une super idée, il faut simplifier pour que le lecteur comprenne (j'avoue ne pas avoir ce genre de problèmes, tout le monde n'a pas tes capacités d'imagination , et pourtant je fais partie des éternels rêveurs (un peu trop d'ailleurs...)) En un mot, par exemple: ils débouchèrent sur un plateau qui s'étendait à leurs pieds sur quelques hectares (ça ce sont des indications claires sur lesquels le lecteur peut se baser). A leur gauche était une large paroi de pierre qui surplombait la caverne, et sur laquelle se tenaient déjà les archers (encore et toujours clair, et tu situes les archers) Je sais que ce n'est pas ça que tu imaginais ('fin, j'imagine^^), mais essaie quand même de simplifier et de rendre plus clair. Déjà, il aurait fallu le préciser, là j'avais plus pigé comme quelque chose de large . Ensuite, le reste, ça se tient (bien que je trouve que comme embuscade c'est moyen ). C'est vrai que si les gobs avaient tenté de tirer, les humains auraient pu sortir leurs arcs et a pu gob . Ce qui m'étonnait c'est qu'en fait ils en savent autant sans jamais avoir donner l'impression d'essayer de les poursuivre. Je veux dire, Neldirage connaissait de manière assez précise leurs habits, leurs manière d'être, donc ça donne l'impression qu'il les a "cotoyé". En fait, je préférerais à la limite une remarque du type: "les quelques remorques pillées laissaient penser que ce groupe disposait d'un faible effectif (je ne trouve pas les bons mots ), plutôt que "trentaine". En fait, cela n'est pas vraiment très important le nombre exact. Je veux dire, il y en a toujours un qui peut sortir d'une anfractuosité, deux réussir à sauter sur le même homme... Je dois avouer être un fervent défenseur du, même si les ennemis sont très faibles, qu'il y ait quand même un mort, histoire de (moi, gore ). Oui, faut croire que tu t'étais embrouillé . Sinon, j'avais oublié de parler de la fin qui est vraiment très bonne: le changement de psychologie est, je trouve, vraiment bien amené... Bref, j'ai apprécié, ça ne tombe pas du ciel comme ça . Sinon, vite fait: Merci! Le problème, c'est que ça prend quand même du temps . Qu'est-ce tu crois? C'est ça la popularité (un jour, tu apprendras ) Iliaron, l'heure de se coucher
  17. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Bien immiscé le sentiment de jalousie. Par contre, je pense qu'il sera alors le numéro 3: le sergent n'est-il pas au-dessus de lui? (je pense que oui, déjà parce que c'est lui qui l'a nommé lieutenant.) C'est bien, le dialogue est plus vivant, mais j'ai un peu de mal à bien situer à qui il parle... On dirait qu'il y a Neldirage et le sergent... Dis où est la caverne par rapport à ça: quand tu dis "caverne", on pense directement à en bas, non à en haut :'( . L'art de dire que ça servira lors du combat... Déjà, j'enléverai "whaoh" et remplacerai par: "une exclamation de surprise"; en clair, pas la parole directe. Sinon, je mettrais "c'était impressionnant comme rien ne semblait..." Ah oui, dire qu'il regrette l'acte est inutile . Ah ben non, ça ne sert pas... Si plus tard ça ne servira toujours pas, je pense que ce détail est superflu, donc inutile (et oui, je suis pervers, je vois tout (du moins je fais mine de ) Ca casse un peu le charme des descriptions de tels termes L'art d'embrouiller ton lecteur^^ Regardez le, lui, dit-il... Naïf le combattant... Trop s'il vit dans un tel lieu! Par contre, le combat est... maladroit: tu parles d'une embuscade, et il n'y en a aucune! Je veux dire, si les gobelins n'avaient pas mimés, ils auraient pu leur tirer dessus depuis bien plus de temps, donc c'est assez stupide qu'ils attendent. De plus, ce que j'adore, c'est qu'à la base personne ne sait qu'ils sont dans cette caverne, et là Neldirage connaît leur nombre exact... De plus, qu'il n'y ait pas un seul mort est exagéré, il faudrait au moins deux morts plus deux blessés, mais bon, même si un gobelin est faible, à 20, ils le sont moins. Ensuite, à quoi servent exactement les archers? C'est hyper confus comment tu les traites, tu leur dis de se cacher on ne sait où et qu'ils n'auront à se charger que des autres archers qui pourront les viser, mais ce que j'ai compris est que les archers sont hors de la caverne, alors pour tuer les gobs, c'est pas pratique... Bref, précise plus le lieu de tes combattants! Iliaron
  18. Iliaron

    Les sept compagnons

    Quel mystère? Que Kirla soit Kev? Ou bien qu'Arthur, Mav, Geoffroy et Gontrand soient dans la prison? Pour le premier, je ne vais rien te dire, c'est une part non négligeable de l'intrigue de ce livre I (et je ne l'ai toujours pas vraiment expliqué (ne t'inquiète pas, c'est très clair pour moi)) Pour le deuxième: à la fin de la partie I, je précise bien que Malak a capturé les quatre hommes, on devine quand même que c'est surtout pour les "questionner" (sous-entendre soumettre à la question). Si tu veux d'autres précisions, n'hésite pas à m'envoyer un MP . Et encore merci des corrections! @ Inxi: Tout à fait! J'hésitais pas mal à réaliser une telle chose, mais ça s'insère parfaitement dans l'intrigue, et même ça évitera que vous ne cillez un peu trop lors des ultimes révélations **se frotte les mains et conspire** D'abord, merci. Sinon, que veux-tu dire par "tu rompts avec ton style dans le premier paragraphe"? Qualité ou défaut? (faudrait pas non plus que je rompts trop, je compte y revenir très rapidement à mon style habituel (remarque, bientôt ça va être surtout de l'action, 'fin, j'ai bien préparé ma fiche pour organiser tous les événements et ne rien oublier (enfin, ne pas trop en oublier :'( ) Plus accrocher? Car il y a plus de suspense? Tu vas pouvoir attendre la fin du livre I alors (ça devrait quand même bientôt arriver) N'empêche, depuis qu'ils sont rentrés dans la forêt, ils n'ont toujours pas trouvé ce pour quoi ils étaient venus^^ (mais ils sont proches ) Iliaron
  19. Iliaron

    Le Bourreau

    Là, ce n'est clairement plus du journal intime, à moins qu'il n'ait écrit ce passage bien plus tard, tout en le mettant au présent. Mettre le pluriel et le présent est assez destabilisant. Sinon, le discours de fin du fou fait un peu trop PNJ, mais à la limite ça peut passer car on se dit qu'en enfer, il n'y a pas vraiment de logique... Mais surtout que cela fait partie de la damnation de s'entendre déblatérer par un fou le lieu où l'on est... Tu as réalisé une superbe description du fou, brr, glauque à souhait! Bravo, surtout qu'on parvient à l'imaginer! Cette suite est donc à la hauteur de mes espérances, même si j'aimerais bien comprendre comment il est arrivé là, et au passage, si ce morceau se situe avant ou après la partie I. Bonne continuation Iliaron
  20. Iliaron

    Les sept compagnons

    Voilà la suite. Bon, j'ai pas mal souffert sur certains passages, car c'est un style différent... Je ne suis toujours pas vraiment satisfait, car ce passage est quand même assez important. Mais bon, je pense que déjà c'est une bonne base pour des critiques pour ensuite améliorer (quoique je me dis que ça aurait pu être pire...) Bonne lecture: * * * Peu de temps après ils débouchèrent dans une étroite clairière, insérée entre deux vagues d’arbres, qui telle une île asséché survivait à l’attaque incessante de la nature. Sur un bref espace, à peine assez large pour que se tiennent les six compagnons, toute vie semblait avoir disparue, et seul un roc fracturé présentait sa face racornie au soleil. Les herbes qui jouxtaient cette dalle morte étaient toutes desséchées, visiblement vaincus par les enfers émanant des stries de la roche. L’air même semblait différent, obstruant leurs narines par sa pesanteur ; les rafales se brisaient à la verticale de ce lieu maudit, et les six percevaient sans mal les éclats blancs de ces chocs continuels qui déchiraient la forêt en une lutte continuelle. D’ailleurs, le temps même donnait l’impression de s’être arrêté après une longue fuite au travers des abymes de l’oubli et des destinées. C’était comme si en ce lieu il n’y avait eu nul passé, que le présent n’existait pas et que jamais n’adviendrait un futur. La vie s’était arrêtée, sans pour autant avoir été remplacée par la mort. Un climat de tension figé entre ces deux extrémités régnait, et un atroce combat se ressentait jusque dans les plus infimes cristaux des roches. Ce n’était pas tant ce sentiment malsain qui fit crier et basculer en arrière Ilia, mais le ressenti d’une puissance extrême qui pulsait au travers de toute chose en cet endroit. D’ailleurs, non pas une seule puissance, mais bien une lutte acharnée entre deux forces qui cherchaient à avoir le contrôle de ce lieu pour prendre enfin un ascendant sur son ennemi. Rapidement les cinq autres compagnons, même si aucun d’entre eux ne sentit ce déchaînement magique, rejoignirent Ilia hors de la dalle. Leurs visages étaient blêmes, la pâleur cadavérique noyée sous les larmes, tout courage sapé jusque dans leur cœur. Un cauchemar horrible prit possession de leur âme. Des masses en haillons, vomies de toutes les crevasses qui zébraient les roches, s’avançaient sur les désolations, triste spectacle de cadavres agitant inutilement leurs restes pour faire fléchir ce qui était hors d’atteinte. Des hommes côtoyaient des Aths, enfin réconciliés car ayant trouvé un ennemi commun, mais cela était trop tard. Leurs yeux ternes, qui jamais plus ne verraient le soleil, reflétaient, ô ironie du sort, le regret de s’être haï auparavant. Nul autre sentiment que le désespoir n’existait parmi ces troupes abattues, l’évidence de l’erreur de leurs existences leur apparaissait à leurs yeux. Ils n’étaient rien quand ils étaient tout, ils s’étaient comportés en poussières alors qu’ils étaient matrices, ils s’étaient enclavés dans le passé quand le futur s’offrait à eux ; la paix était déclarée quand la guerre éclatait : ils étaient morts et la vie s’offrait enfin à eux. Triste gâchis que leurs destinées qui n’avaient remarqué les failles qu’elles avaient elles-mêmes creusées que lorsqu’elles chutèrent dans ces crevasses de mort. Des serpes mêmes de l’enfer s’étaient réveillés les abominations qui avaient condamné leur passé, ténébreuses figures voilées de flamme, salies par leur désir sans cesse croissant. Les coquilles les entourant s’étaient brisées, et les débris fumants, cercueils de l’ancienne liberté des hommes et des Aths, gisaient à terre, brisées pour toujours. Les guenilles levèrent soudain leurs yeux ; deux éclairs lumineux rouge et bleus se fracassèrent l’un contre l’autre en une terrible complainte. Litanies de sortilèges, reflets de lames, tempête d’esquives… En une déflagration l’humanité n’était plus, anéantie. Et sur les têtes des cadavres combattaient encore les deux puissances. Les six s’évanouirent, les yeux révulsés, agités de convulsion. Ils avaient vu ce qu’ils n’auraient du voir. * * * De légers crépitements magiques pétillèrent encore quelques instants dans la nuit, avant de s’évanouir dans l’évanescence des ténèbres. Un brouillard opaque régna encore un instant sur la dalle rocheuse avant d’être balayé par le zéphyr environnant. Le silence s’installa. Ce fut d’abord une tige blanchâtre, aussitôt métamorphosée en herbe verte. Puis une deuxième naquit à ses côtés, avant de prospérer tel un couple. Les pétales d’une rose percèrent la roche, et s’échappa de son cœur une abeille, régalée du nectar. Rapidement un coquelicot s’éleva, et à son travers le rougeoiement d’un vers luisant se remarqua. La roche avait disparue sous la nature vivace et sauvage, déjà les choeurs des pétales se noyaient sous la masse verte des bras dressés se balançant au gré du vent. De jeunes arbustes se faisaient envahir par le lierre, et des bourgeons éclos les feuilles s’éveillaient au monde. En un instant, le miracle de la vie recouvrit toute trace du combat, comme si la nature, excédée du retard pris, avait concentré tout son être sur ce lopin de terre. Déjà la roche n’était plus ; à la place une terre fine propre aux excès de toutes plantes. Les lapins foulaient de leurs bonds gracieux le lieu tandis que les fourmis installaient leur habitat, futur prometteur qui s’offrait désormais à eux. Ce fut d’abord un grondement sourd qui s’exprima au travers de toute chose, et rapidement un tremblement parcourut le sol. Déjà les heureux réfugiés s’éloignaient de ce jardin d’Eden, terrorisés. De toute son immensité, un gigantesque arbre dévoila ses longues branches sous le regard impassible de la lune. Un autre se dressa à ses côtés, l’attitude menaçante qui convenait à un gardien éternel. De nouvelles pousses bondirent à leur tour, enclavant l’ancienne dalle rocheuse, souvenir déjà effacé, de statues d’écorce. Branches tendues, tels les guerriers projetant leur rapière, ces vigies de la vie se tenaient droites et fières. Leur stature élancée n’avait d’égale que les multiples branches qui cisaillaient l’air à chaque rafale, tandis que le bruissement des feuilles repoussait tous prédateurs. Les nervures s’étaient rigidifiées, et les feuilles désormais acérées des chênes luisaient dans la nuit. La haine dans leur cœur de bois se sentait, et rageurs ils firent bruisser leurs pics en une litanie pénétrante. Des racines s’arrachèrent en une complainte du sol, soulevant des gerbes de terres, projetant fleurs et herbes loin d’elles. Les membres écaillés s’avancèrent vers les six formes à terre, les extrémités frétillantes à l’idée de se planter dans du sang. Avançant leurs pointes aiguisées, un dernier frémissement parcourut toutes folioles des chênes, avant que ces derniers ne s’immobilisent. La léthargie de la vie les avait rejoints. A leurs pieds les six compagnons, encore évanouis, étaient allongés. Une dernière lame se rengaina dans la racine, qui retrouva refuge sous terre. A nouveau le silence comme seul maître, les ténèbres comme seules vertus. * * * L’aube naissait enfin. Quelques rayons perçaient l’air, teintant les nuages d’un camaïeu de rose aussi loin que portaient les yeux. Rapidement, l’astre se dégagea de l’étreinte de l’horizon pour s’élever lentement dans les cieux. Des fouets de lumière atteignirent la forêt. Flamboiement de couleur au passage des gouttes de rosées, vie retrouvée lorsque les animaux diurnes sortaient leurs museaux des tanières. Derrière un voile d’arbres, les six compagnons se tenaient encore. Aucun rayon ne pouvait jamais les atteindre, se brisant sur les troncs massifs sans parvenir à se faufiler parmi les fins espaces entre les branches. Les compagnons n’étaient pas destinés à connaître à nouveau la caresse chaleureuse des bienfaits du soleil. * * * Un nouveau cycle prenait fin pendant qu’un nouveau s’éveillait à la vie. Tandis que les animaux diurnes rentraient après une fructueuse journée de chasse, le hululement d’une chouette annonça l’arrivée de la nuit. La lune, dont l’intensité ne cessait de décroître depuis quelques jours, prit possession du vaste espace laissé vacant par le soleil. Protégé par la faible intensité de ses rayons, des rôdeurs nocturnes courraient à la recherche de nourritures. Les mélodies des différentes courses se mélangeaient entre elles ; de temps en temps un râle d’agonie brisait cette symphonie de la nuit, ode de la vie et de la mort qui jouait de ses instruments depuis la nuit des temps. Insensibles, les six compagnons étaient toujours dans la même position. Peu à peu, les forces revenaient dans leurs muscles meurtris, et quelques tremblements convulsifs créaient des plis dans leurs vêtements. * * * Enfin, alors que le soleil sortait timidement son visage de la cachette où il avait passé la nuit, un des hommes s’étira. Les membres encore engourdis et les yeux lourds de sommeil, Arthur s’ébroua, avant d’essayer de se relever, sans succès. Il donna un coup à Gontrand, qui ne réagit pas. Après un deuxième coup, un tic lui indiqua le réveil de son compagnon d’armes. Une autre tape vint frapper Geoffroy, qui lui grogna, la bouche grande ouverte face à la terre. Quelques instants plus tard, bien que la fatigue les accablant les firent douter sur cette durée, Mav, Geoffroy, Arthur, Gontrand et Kirla se tenaient en ronde autour d’Ilia. Aucun n’avait encore parlé, encore trop hébété. N’y tenant plus, Kirla, s’agenouilla à la gauche de son ami et vérifia qu’il respirait encore. Le souffle était très faible, mais régulier ! Alors il secoua doucement l’Ath, sifflotant faiblement une comptine pour enfant : « Athi, le soleil est là Tous tes amis sont levés, Entends leurs joyeux rires » A ce moment là, Ilia frémit doucement. Kirla, à cette vue, siffla plus fort. « Va, cours donc les rejoindre Tant d’arbres à escalader Au sommet sera la joie. » Ilia ouvrit un œil, encore aplasique. Il marmonna très difficilement : « - C’ment tu t’souviens ? » Kirla ria légèrement, heureux à la fois de voir Ilia réveillé, mais aussi de cette remarque. « - Ca m’est revenu, comme ça, je l’avais oublié. » Ilia sourit, avant de se rendormir. « - Faudrait qu’il reste réveillé, on va avoir besoin de partir dans pas longtemps… » marqua Geoffroy. Pendant que Kirla extrayait à nouveau Ilia de ses songes, Mav souffla, soudain sérieux. « - Vous l’avez ressenti, vous aussi ? » Durant un bref instant les hommes frissonnèrent, et des sueurs froides coulèrent dans leur dos. « - C’était terrifiant ! » jeta Arthur, tremblant. « - Comme si nous étions morts… » annonça avec pessimisme Geoffroy, « ou en attente de mourir… » « - Jamais plus je n’y mettrais un pied » ajouta Kirla qui tentait de faire se lever Ilia. Manifestement, ses jambes étaient encore bien trop faibles pour le soutenir debout. « - Laisse, je l’porterai » fit Arthur, encore choqué. Il désirait plus que tout oublier ce moment d’intense terreur, et pour lui aider ses amis était un moyen pour se concentrer ailleurs que sur ces lugubres pensées de mort. « - J’aimerai bien savoir ce que c’était, n’empêche » conclut Mav. Lui aussi avait été très fortement blessé par ces attaques surnaturelles, et il craignait que s’ils tombaient une nouvelle fois dans un tel piège, alors ils mourraient. Mais en l’état, aucun d’eux n’avait le pouvoir de deviner le combat qui s’était joué en eux. Essayer d’oublier, ne pas se fixer sur ces présages macabres n’était plus que l’unique solution pour aller encore de l’avant et oser s’affirmer. Il y a vraiment beaucoup de choses importantes... Je crains d'ailleurs d'en avoir trop dit (Inxi ou un autre lecteur anonyme depuis si longtemps, s'il a des idées, n'hésitez pas à m'envoyer un MP, ça me permettra de vérifier). En fait, c'est un moyen pour introduire ensuite le livre II (patience ) Notez qu'il y a des éléments d'intrigue aussi importants pour la résolution de ce livre, même si je pense que c'est plus simple à deviner... (j'en dis pas plus...) A la fin je voulais rendre le dialogue plus long, mais j'ai craint que ça ne devienne insipide (et puis plus d'idée ) Comme quoi, cette forêt avait encore son importance, je ne le savais pas moi-même (mais finalement ça n'aurait pu mieux se passer ) Iliaron
  21. Iliaron

    L'Ascension d'un héros

    Le rapport: obscurité et reflet est étrange Précision inutile, ça fait un peu coup de chance qu'il est tombé sur la cage la moins solide Discours un peu plat... Pas "dit", mais "haleta", "beugla"... Mets de l'action! Un peu plus de description quand même, rends cela moins risible (là c'est trop ciard que tu as tout fait pour casser l'image des compagnons...) (comme de tomber sur le châle... et la shaman qui se débarrasse de ses habits... Répétition de dos Attention, il y a vraiment des très grosses fautes! (je pense que Gemini les a relevé) Après les donc, les assez^^ Sinon, encore une fois les discours font assez irréalistes. A mon avis tu gagnerais à en allonger certains, à briser tes discours par des incises, non pas seulement "dit", mais "souffla" "grogna", "maugréa"... C'est vraiment le seul gros défaut de ton texxte, tout le reste est prenant, mais les discours nous détachent toujours de l'ambiance... (remarque, rendre le dernier combat risible est moyen, qu'ils en tirent des leçons, ok, mais de là à les tourner en dérision...) J'ai vu que Gemini n'avait pas relevé celle-là (normal que je m'en vante, c'est très rare cet exploit, que Gemini laisse passer une faute (et pouvoir la trouver en plus )) S'ensuivit Ca a vite passé, quand on se dit qu'au tout début ils étaient enthousiastes de rejoindre un coin tranquille, ils seraient prêts à rejoindre l'armée de Van Hoff alors même que c'est un peu cette armée (du moins une "sous-filière") qui les a trahi... Bref, je pense qu'il faudrait par exemple un peu plus argumenter la décision de Rob, les autres suivront, on le comprend encore... C'est pas mal^^ Déjà, ça m'apparaît un peu bizarre qu'il soit nommé lieutenant seulement un mois après son affectation au fortin. Sinon, ce passage est psychologiquement très bon, du moins pour bien casser l'ambiance précédemment créée. Seul bémol: ce passage: comme tu décris, tu nous laisses entendre que ses amis s'en contrebalancent royalement. Or, même s'ils partent, ce n'est quand même pas le cas. Je veux dire: dire qu'ils ne se retournent pas comme s'ils craignaient qu'en se retournant le courage qu'ils avaient accumulés pour partir et laisser leur ami s'évanouirait, car en réalité s'éloigner de Neldirage leur fait beaucoup de mal... Bref, rendre tout cela plus dur, pas forcément beaucoup plus long, mais pour ce passage particulier qu'est le départ des quatre, il faudrait insister! Une simple incise: "bon, ce n'est déjà pas si mal" fit Phil après un léger moment de flottement. pourrait être pas mal +1, tout à fait d'accord, il faut rendre tragique tout cela! Cela se faisait vraiment ou pas? Car question de logique, ça ne marche pas : il ne faut pas que ça séche, donc mettre un peu de peinture en excés. lors d'un choc épée contre épée, un peu de peinture, même si elle est visqueuse à souhait, sera projeté contre les deux adversaires (de même lors de gestes larges...) Mais bon, au moins, on voit que ton imagination pour transformer des amusements présents (paintball) en délires anciens est toujours aussi forte, et on y croirait presque par moments ! Mettre quand même un ton di'ironie pour la première fois. Là ça apparaît quasiment évident que Neldirage va partir, c'est bien trop rapide! Je veux dire, même si le sergent a une aversion des soldats, déjà, Neldirage en était un avant donc pas de raisons qu'il l'apprécie, et ensuite, Neldirage ayant aussi été un soldat (je me répéte^^), le sergent sait que Neldirage va mal le prendre. (un peu de psychologie sur les persos secondaires, et tes dialogues seront bien mieux!) D'autre part, je dirais Ah, mais pourquoi "dit", alors que tu pourrais mettre "songer", "penser"... Un conseil, évite si tu ne veux pas que ton texte vire un conte de fée tout rose Groumf, je te retrouve bien là : ce ne peut qu'être ton héros qui invente les meilleurs solutions. Elles sont simples, mais pourtant, après des siècles de commandement diverses, lui la trouve dès la première nuit... Merci Neldirage . En un mot, admets que ce système avait été trouvé auparavant, sinon c'est quand même vraiment trop tiré par les cheveux (quoique Neldirage a déjà inventé tout jeune un système d'entraînement qui a mis des années à être conçu^^) Un peu trop sympa ce lieutenant, un peu trop irréaliste; Surtout si le soldat le bat, je pense qu'il aura ensuite des idées en tête... Bref, l'humilité est à donner avec parcimonie, tu imagines ton héros certes bon, mais le fait qu'il soit parfait dans certaines circonstances est inutile Bein tiens, ils sortent du fortin et ne gardent même pas leurs armes, voyons ... Arf, que d'incohérences, Neldirage a des traits de génie par moment mais il est d'une maïveté! (en même temps, il faut avouer que nos héros n'ont aps de chance, on leur fait vivre de ces choses, les pauvres^^). Plus sérieusement, je pense vraiment qu'un soldat, surtout qu'il y a une forte familiarité avec Neldirage, lui dirait en rigolant "et s'il y a une attaque?", car en combat avec les épées en bois, ils ne vont pas ressortir leurs vrais épées, mais en cas d'attaque... N'oublie pas qu'à leur arrivée tu as dis que ce lieu était très dangereux, et maintenant tu leur fait oublier toute sécurité. En un mot, je peux presque affirmer sans me tromper qu'à un moment, pas forcément ce coup-ci (histoire de laisser retomber la pression^^) ils se feront avoir, peut-être même avec les rescapés de ceux qui s'étaient échappés la dernière fois (s'il y en a eu), tout du moins, il est clair net et précis qu'ils se feront avoir! N'oublie pas que quand quelqu'un a l'habitude de lire, si un endroit est dangereux et que les entraînements se passent en extérieur, on sait déjà qu'il y aura une attaque. Si en plus il n'y a pas de vrais armes, on se marre presque . Au moins ça permet de savoir que ses hommes mourront en grande partie, lui survivra et se fera dépouiller de son grade, sûrement emprinsonné puis sauvé par ses anciens amis. Autre solution: il se fera jeter hors du fortin, et en errant trouvera ses amis, qui seront soit de simples soldats (ce que je ne crois guère), et je suis prêt à te parier qu'ils traîneront proche du fortin pour revoir Neldirage (si ça se trouve ils vont aussi combattre lors de l'attaque, à moins que ce soient eux qui prennent les armes pour faire peur...) Il y aura Ylanay, ça c'est sûr, car il a dit "à bientôt" et reviendra donc... Bref, j'ai pas mal d'idées, et je suis quasiment spur d'une (du moins de la combinée de quelques unes) Bon, j'arrête là, si jamais je me plante, je vais passer pour un idiot ( même pas ingrat^^) Arrg, que d'indices, ils ne seront même pas en condition pour combattre Mais dis-moi donc, il est sympa cet entraînement: pile quand on se repose, on peut faire une autre activité grâce à un gobelin qui arrive au bon moment... Ben voyons, les autres ne voient pas le gobelin, lui il voit tout ça! Je croyais pourtant que des cinq (certes les quatre ne sont plus là) il était celui qui voyait le mieux) Seulement deux . De plus, j'avais cru que Neldirage devrait toujours les accompagner (c'est peut-être les expéditions, je peux me tromper) Sinon c'est vraiment bien, mais il y a quand même pas mal d'incohérences dans tout ton texte. Dommage! EDIT: ah oui, dommage qu'il y ait tant de fautes... Je sais que les relectures ne te les enlèvent pas, mais je suis sûr qu'en prenant beaucoup d'attention ça le ferait. Par exemple, quand je relis, je passe souvent plus de 20 minutes seulement sur quatre pages Word (en taille 12), ça permet aussi de voir si des phrases sont bancales (par exemple, Roujio t'en a relevé une qui ne veut rien dire et tu ne l'a pas corrigé ) Bon, je comptais écrire, mais plus d'une heure à te commenter, dommage, tu gardes ton avance . Iliaron
  22. Iliaron

    Les sept compagnons

    Je ne sais pas si ça te le fait, mais même quand, après avoir été inspiré et avoir l'impression d'avoir écrit avec acharnement un passage, en le tapant à l'ordi il grandit, comme si la simplicité à taper deux à trois fois plus vite permettait d'écrire plus . Me suis vraiment mal exprimer, elle a son importance, mais pas forcément pour la suite (ça permet en fait surtout au lecteur de mieux comprendre ce qui s'est passé auparavant pour mieux comprendre le futur) Ca a un rapport pour le passé, et ça explique pourquoi le duc s'est perdu (je laisse comprendre que la forêt a une vie, donc si elle a une vie, elle sait "reconnaître" (à toi de voir la suite ) La forêt a donc un fort impact sur l'histoire passée (sans elle, sans ce reste de rancune en plein milieu des terres humaines, l'histoire ne se passerait pas). Je pensais assez clair que le duc n'était quand même pas assez bête pour se laisser perdre dans une forêt "normale", il en fallait plus que ça . Et puis il ne s'était pas non plus trompé de beaucoup, même si les hommes lors de la guerre de la Loriath ont ravagé pas mal de la forêt, cette partie se trouve plutôt proche de la Loriath, rendant l'erreur possible. Ca a donc une importance vitale pour l'intrigue, mais maintenant elle ne devrait plus resservir (pour le livre I, c'est sûr, pour le livre II, ça l'est moins, là je n'ai que le fil rouge (et encore, c'est en dire beaucoup ) et une partie d'un message codé (déjà trois heures à l'élaborer, c'est long! (et je crains avoir perdu ce papier si précieux, sigh, ça me réussit pas de ranger ma chambre, me retrouve mieux dans mon bazar )) J'essaierai de le repréciser, sûrement en épilogue à ce livre (l'inconvénient, c'est que j'ai plein de fiches avec ce genre de notes, faudra vraiment que je les reprenne toutes une par une, mais normalement ça devrait le faire ). Le problème sera donc comment l'insérer d'une manière pas trop lourde (déjà que j'ai eu pas mal de mal à trouver un moyen d'expliquer la magie (comment ça, on me réclame la suite pour mieux comprendre ) Ca, ça fait réagir (je taquine, il se fait tard^^) Tout à fait d'accord! Au début ça peut faire peur et apparaître décourageant, mais déjà, j'en suis convaincu, pour avoir une telle maîtrise de l'orthographe tu lis beaucoup, donc ton entrée dans l'écriture en sera facilitée (et tu auras deux lecteurs, sois-en sûr (bon, faut toujours que je prenne un peu de retard, mais je récupère avec facilité quand même ) Iliaron
  23. Iliaron

    Le Bourreau

    Je viens de remarquer grâce à ces deux "chapitres" quelque chose de peut-être bizarre pour un journal intime: les titres des chapitres. Je vois plus le gars écrire: tel jour que par exemple Perdu. De plus, ce titre est particulièrement maladroit car je ne sais même pas si ton héros est assez raisonnable pour remarquer qu'il est perdu. Ce jugement apparaît bien trop objectif pour l'être absolument mouvementé qu'il est... C'est un peu comme s'il se collait à chaque fois une étiquette, comme si dans cette mouvance qui est sa vie il choisissait ce qui est à chaque fois le plus représentatif, alors qu'il apparaît tellement perdu qu'il ne sait pas ce qui est important de ce qui ne l'est pas... Sinon, même s'ils sont courts, j'ai vraiment apprécié ces trois paragraphes! Sans rire! Surtout le chapitre 3, des phrases pleines de paradoxe comme je les affectionne, car justement ce sont celles qui font le plus réfléchir, et ça se démarque. Bref, j'aodre !!! Remarque, le second (tout est dit avec ce simple mot ) paragraphe du chapitre 4 est aussi vraiment bien, donne vraiment une impression de rupture. On sent qu'il y a une différence entre avant et le présent: avant il ne savait que pensé, était mouvementé, perdu même, dorénavant ce qu'il dit est bien plus objectif, ça correspond à des actions présentes, et non des doutes présents ayant pour origine le passé, bref un changement radical dans la narration! Bravo donc! Comme quoi, il ne faut pas toujours faire long pour conquérir le coeur de ses lecteurs, vraiment j'ai adoré ces deux chapitres, digne d'une poésie en prose . Iliaron, conquis
  24. Iliaron

    Les sept compagnons

    Voilà une courte suite, certes, comme je viens de le dire: courte, mais je tenais à la poster car j'ai pris un certain plaisir sur certaines phrases (et me suis arraché des cheveux sur d'autres, histoire de compenser ) Mais tout d'abord: @ Gemini: Merci encore de ta lecture attentive! Parfait . La non-coïncidence serait troublante quand même Voilà une erreur stylisée Je me comprends, mais c'est vrai que c'est un peu dur: quand il attaque la branche, de la sève coule. Cette sève donne de l'odeur, donc ça embaume. Il est en train de travailler, donc ça embaume le travail (logique, non ?) @ Inxi (certes je l'ai édité juste plus haut, mais juste histoire de rire ) 690 179 en comptant les espaces (sous Word: Fichier ==> Propriétés ==> Statistiques) (note que ça ne sert à rien, car il peut être plus dur d'écrire à des moments un paragraphe qu'un chapitre ) Attention: Dieter: père à Pierre, et Jean: père à Richard Bonne lecture * * * « - Ce n’est pas la Loriath ! » Ilia se tenait obstinément devant la forêt, désappointé. « - C’est pourtant ce que nous a dit le duc » lança d’un air incrédule Mav, s’efforçant d’apparaître peiné de la nouvelle. « - Ouais ! » renchérit Arthur. « - Ca se voit du premier coup d’œil pourtant ! Pas de gardiens majestueux à l’entrée dissuadant l’intrus de rentrer, pas de barrières mouvantes cisaillant à l’envie l’agresseur… Cette forêt n’a aucune spécificité ! » « - J’avais rien… » commença Arthur, avant que Mav ne lui souffle : « - Arbres et branches, même s’ils étaient rachitiques. » Arthur approuva d’un air complice, même s’il n’avait toujours pas saisi. « - Et il n’y a pas cette vie qui anime toute chose en Loriath » fit d’un air songeur Ilia. « Cet endroit est comme mort, desséché, abandonné par les forces de l’Esprit… » « - Tu veux qu’on vérifie sur cette colline ? Nous autres, humains, on ne voit pas tout ce que tu perçois si finement » proposa Geoffroy. Ilia marqua son consentement, à la grande joie de Mav et Geoffroy, et ils montèrent rapidement à la crête de la colline. Ils découvrirent à leurs pieds une forêt, certes vaste, mais dont ils percevaient les limites. Les arbres semblaient s’enclaver entre les bases de plusieurs collines, le toit de verdure s’arrêtant toujours au niveau des premiers affleurements rocheux. Les cimes ondulaient sous l’effet du vent, et, toutes se trouvant à la même hauteur, donnaient l’impression d’une mer verdâtre se balançant au gré des vagues, n’attendant qu’une bourrasque pour se transformer en rouleau. Dans ce lac houleux s’insérait un fin sentier, que seul les yeux développés d’Ilia percevaient, qui se frayait timidement un chemin parmi les larges conifères, tel un être ténu venu défier la puissance de la nature. Mais ce que remarquèrent les hommes ne fut aucunement ce merveilleux spectacle s’offrant à leurs yeux, mais la forme de la forêt. Sa rotondité quasiment parfaite correspondait au discours qu’avait tenu le duc. Il s’était donc perdu dans cette forêt, non en Loriath comme il l’avait cru… Un des mystères entourant la mort de Pierre et de Richard et celle de leurs pères s’éclairait. Jamais les Aths n’avaient secouru le duc, mais lui y était vraisemblablement retourné pour les remercier. Visiblement accompagné de Dieter et de Jean il n’était parvenu à se perdre, et ce qu’ils avaient découverts n’avait pas du être à leur goût… « - Finalement j’accepte notre erreur » concéda Geoffroy. Ilia, étonné par l’attitude de l’homme si peu naturelle par rapport à son habitude assez énervante de blaguer, signifia : « - Arrête de jouer ta comédie de suite. Si tu veux que notre amitié soit scellée, joue franc jeu. Que voulez-vous que je vous apprenne, je peux très bien coopérer de mon plein gré ! » « - Désolé. » Mav s’avança, à la surprise d’Ilia, qui pensait s’être forgé en lui un ami. « Si on s’est servi de toi, c’est parce que l’on craignait que tu n’acceptes pas. On savait à peu près à quoi nous attendre, mais on voulait être sûr. Si l’on t’a menti c’était justement pour préserver notre amitié, tu saisis ? » « - Pas du tout, l’amitié ne peut s’inscrire que dans la vérité ! » Il y eut un court silence avant qu’il ne maugrée : « Que vouliez-vous de moi ? » « - Etre sûr que ce n’était pas la Loriath, rien de méchant » sourit Mav. « - Remarque, si tu pouvais voir un ruisseau qui s’écoule à une certaine distance proche du sentier, ce serait aussi bien » fit d’un air ironique Geoffroy. Presque content de voir Geoffroy retrouver son ancienne personnalité – bien que ne pas être continuellement victime de railleries de mauvais goût avait du bon – Ilia pointa rapidement un lieu possible. Il précisa qu’il ne pouvait non plus voir très loin la sente, celle-ci se perdait au bout d’un moment dans la mouvance éternelle des cimes. « Pas à plus de quatre lieux », s’excusa-t-il presque de cette si faible distance. Une fois que Geoffroy eut réconforté Ilia à grand renfort de sarcasmes, descendant en flèche cette si misérable performance « même pas digne d’un homme » - « Tu l’avais vu le ruisseau ? » avait-il demandé juste avant à un Mav éberlué - ils descendirent en direction de la forêt. Mais bien entendu, affirma Geoffroy à l’aube des premiers arbres, « tout ceci n’est que de l’humour. » Pas vraiment certain d’apprécier ces railleries, Ilia, avec à sa droite Kirla, et derrière lui les quatre hommes, entra dans les bois. Ils n’avaient qu’à suivre le sentier et ils trouveraient rapidement l’endroit demandé, en somme, dès qu’ils entendraient la douce mélodie de l’eau jouant avec les rochers. * * * Trois heures déjà qu’ils erraient, tels des fantômes, entre les troncs et buissons. Le chemin, qui avait d’abord présenté un aspect accueillant avec ses herbes grasses et les papillons qui fourmillaient entre diverses fleurs, s’était finalement pleinement révélé. Dans l’obscurité gigantesque des arbres la sente se protégeait des rayons solaires, et en ses ornières voilées se cachaient des racines. Il était aisé de trébucher après un pas pour peu que l’on n’ait veillé où l’on posait les pieds, et leur vitesse d’avancée avait fortement ralenti. De plus, certaines flaques sournoises révélaient leur présence nauséabonde seulement lorsqu’un pied venait déranger l’équilibre de ses eaux croupissantes, amenant une culbute inéluctable. Après forces jurons le groupe parvint à se frayer un passage. Les menaces qu’ils proféraient à l’encontre des arbres et des racines n’avaient eu aucun effet sur ces derniers, mais avaient eu le mérite de leur fournir une force accrue pour arriver au ruisseau avant la chute totale du soleil. Sinon, comme avait maugréé Geoffroy après une chute, ils étaient bons pour passer la nuit en compagnie des larves, perspective si peu réjouissante qu’au fur et à mesure de leur fatigue ils accéléraient. Pourtant, après ces laborieuses heures de marche, la forêt leur révéla son cœur intérieur, vaste lieu de bonté donnant sans compter sa bienveillante nature. Soudainement, comme si ce qu’ils venaient de traverser n’était qu’une ceinture de protection, le chemin s’élargit légèrement, la boue sembla s’évaporer dans les touffes et les ornières s’aplanirent. Les arbres, jusqu’alors recouverts de lichen, présentèrent des troncs blancs et bien moins tordus que précédemment, alors que la vie auparavant limité à des limaces se trouva remplacée par de bondissants lapins et roucoulants oiseaux. Les hommes s’émerveillèrent – et se réjouirent – de ce changement impromptu, prenant enfin du plaisir dans leur marche. Ilia, tout aussi éberlué, souffla : « - Cette forêt est bizarre… Finalement elle semble avoir une vie propre un peu comme la Loriath, tu ne trouves pas Kirla ? » Ce dernier hocha la tête, avant de murmurer à son tour : « - A la différence que la protection de la Loriath réside dans la stature fière des arbres à l’orée de la forêt, ici c’est au contraire dans leur attitude menaçante. D’abord guilleret comme pour piéger l’inconscient, puis dangereuse, cruelle même ! » « - Exactement comme la Loriath, cette forêt a sa propre conscience et agit seule. Comme si… » Il ne termina sa phrase, mais son ami saisit aussi ce qu’il signifiait : comme si cette forêt avait autrefois fait partie de la Loriath, et qu’elle avait survécu aux ravages de la Guerre de la Loriath, pour finalement être corrompu par les vicissitudes des hommes, et adopter une nature proche d’eux. Seul son cœur était resté pur, là où les hommes n’avaient dû pénétrer. Il comprit enfin pourquoi le chemin menant à ce bois était si inusité : les hommes devaient avoir peur de ce lieu… Tout à ces pensées, ils n’entendirent pas le son du ruisseau. Ce ne fut que lorsqu’ils découvrirent face à eux la formidable escapade des gouttelettes, dans un fracas continuel contre les rochers, à travers cieux et terres, qu’ils saisirent où ils étaient situés. Le liquide semblait en ce lieu pur, et au travers de son écume blanchâtre se dessinaient les fonds pierreux. Les différentes courbes que dessinaient les cours d’eau se rejoignaient tous, comme si l’union du ruisseau ne vivait que par ces différences. Certains flots s’écrasaient tumultueusement dans des cascades, alors que d’autres empruntaient des détours pour rejoindre ensuite avec nonchalance le cours d’eau principal. Ilia regarda encore un instant les flots s’animer devant son regard, avant de se remémorer la vision qu’il avait eu au sommet de la colline. S’il avait perçu la bonne clairière, alors ils avaient poursuivi leur marche trop longtemps. Lorsqu’il l’apprit au groupe, Geoffroy railla : « - Tu veux vraiment passer le plus de temps possible dans cette forêt », puis amicalement il tapa sur l’épaule d’Ilia pour le réconforter « mais sans toi on se serait perdu depuis bien longtemps. » Il y a en même temps des choses intéressantes et d'autres moins... Par exemple, la fait que la forêt ait appartenu à la Loriath est pourtant inutile (qui sait, ça pourra toujours me servir par après, mais pour l'instant non). Au contraire... En fait non, rien de vraiment utile, comme j'avais dit, c'est surtout un passage de transition (c'est pour ça que je me suis "lâché" dans certaines phrases ) Enfin, je me demande quand même si le passage de description de la rivière n'est pas un peu lourd et surréaliste. Je pense que si, mais je préfère soumettre avant (au cas où qu'il y ait des choses à peu près intéressantes ) Bon, maintenant, il ne restera plus qu'un ou deux passages de transition, et on va entrer dans le vif du sujet (enfin )(ça fait un moment que j'ai hâte de pouvoir refermer des pistes déjà ouvertes, dès fois j'ai un peu peur qu'un jour j'oublie tout, ça me ferait suer ) Iliaron
  25. Iliaron

    Le Bourreau

    Les deux: Pour ceux qui suivent, c'est plus simple sans les edits. Pour ceux qui débutent ou qui ont raté de longs morceaux, c'est mieux si c'est dans le premier message. Et comme copier/coller est si simple . ok J'en suis aussi ravi, j'adore ce type de récits . Iliaron
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