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Légende


Enmerkar

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Bonjour les copains !

Suite au concours [b][u]Avec Contraintes ![/u][/b] actuellement en cours dans une section voisine, (paye ta pub, btw) je voulais revenir sur l'une des contraintes proposée que la main du hasard n'avait pas sélectionné.

[quote name='SonOfKhaine' timestamp='1318261458' post='2009878']
Bien, alors, pour ma part, l'extrait devra être inspiré d'au moins un mythe (gréco-romain, germano-scandinave, égyptien, japonais, amérindien, ou whatever else. Pour ceux qui préfèrent les mythes sémites, on peut bien sûr prendre un passage de l'ancien testament).
[/quote]

C'est que voyez-vous, j'avais un texte récent correspondant plutôt pas mal à cette contrainte. Je l'ai écrit en participant à un autre concours, dont le thème était "A chacun son Cap Horn" avec toutes les possibilités que cela pouvait comporter et comme c'est un concours dont le vote et la délibération se font à huis-clos, je n'ai pu recueillir aucun avis quant à sa qualité et ses défauts, je pourquoi je me propose de le soumettre à votre redoutable jugement.

[i]Here we go![/i]

[b]Légende[/b]

Comme une étoile solitaire affrontant les glaces de l’espace, météore de douleur et de mépris de soi, le voilier fendait les flots, sa coque fracassant brutalement les vagues comme si la colère de son unique passager l’animait.
Oh vieil homme, enfant à barbe blanche, pensait-il, tanguant entre dérision et douleur ; que ce drame absurde s’arrête et que chacun rencontre son destin.
« Et, » ajouta t’il à voix haute en caressant le bastingage peint, « toi, vieux camarade, je peux t’emmener avec moi sans regret. »
Ayant remonté la crête d’une vague particulièrement abrupte, l’esquif plongea dans le creux avec une joie presque infantile, avec force éclaboussures et craquements féroces que la furie des éléments couvrait pourtant.
Indifférent, le roi traversait la tempête.

« Cassy ! »
Vingt ans plus tôt, le prince insouciant sautait à terre ; heureux d’avoir dompté l’océan, heureux de rentrer chez lui, de retrouver sa femme, sa jeune déesse, son étoile. Mais voilà, des voiles noires ornaient les mâts des navires à quai comme des balcons des bâtiments blancs qui les surplombaient. On accueillit l’héritier avec une retenue digne, triste.
« Cassy » aussi était là, son doux visage qu’ornait un pâle sourire. Ses yeux étincelants et son ventre, très rebondi, contrastaient avec sa mise et sa mine austères.
Elle amena son mari devant le catafalque royal. Le prince salua son père.

Un bûcher funéraire, puis le couronnement, tandis que les navires piaffaient au port. La naissance d’Andromède apporta une nouvelle forme de joie au roi Céphée qui pourtant, toujours convoitait l’horizon azuré. L’ennui le noyait, le submergeait plus qu’aucune lame de fond, alors Cassiopée, dans l’ombre, se mit à prendre des décisions, à gouverner. Bien mieux que son époux, elle su trouver la force de s’imposer aux ministres, aux ambassadeurs, choisir ; trancher. La reine régnait, le roi reparti naviguer et Andromède grandissait. Le petit royaume d’Ethiopie s’épanouit, tout comme l’orgueil de Cassiopée croissait.
Parfois, un roitelet impudent froissait la souveraine. Un messager, des messagers ; une réunion et la flotte de guerre, commandée par un Céphée brutal et conquérant, s’en allait raser une cité, une île, une oasis.
Mais l’éphèbe musculeux à la couronne de cuivre avait vu ses boucles brunes se teinter de gris ; sa peau dorée s’orner des taches sombres de la vieillesse. Quelque chose avait-il mal tourné ? Ou au contraire, était-ce sa barre, qui, ostentatoirement toujours verrouillée sur le même cap, avait fini par se gripper, incrustée par l’accumulation des coquilles de l’habitude…

Et voilà que son bateau fendait les flots, avide de parvenir à l’autre bout du monde. Céphée avait déjà croisé les terres brûlantes, puis le bleu des glaces mais il était un lieu magique qu’un Phénicien, détenteur d’anciens secrets, lui avait un jour décrit : un cap effroyable, un piège doté de lames aussi puissantes que traîtresses, où des vagues scélérates hautes de plus de sept cents coudées peuvent soulever, renverser ou briser le plus puissant des vaisseaux ; un endroit ou les anciens seigneurs des mers, chassés par Poséidon, peuvent donner libre court à leur rage éternelle. Quoi de mieux que cet enfer marin pour emporter le roi déchu !
Parce qu’il ne cherchait plus que ça, l’imbécile. Disparaître.
C’était une dernière bataille dont l’issue, finalement, importait peu.

Temple ancien aux pierres érodées. Temple d’une foi archaïque et cruelle, chtonienne et secrète. Ere sombre, où le dieu inspirait une sainte terreur. Seule une poignée d’élus pouvait lui murmurait quelque mot sans l’offenser. Il n’était pas question de prier, d’ailleurs, mais plutôt de le remercier pour ne pas avoir décimé le pays en retirant, pour un caprice, tout ce qui importait aux humains, tout ce pour quoi ils s’étaient battus toute leur vie et qui pouvait disparaître en un instant. Cette ère pathétique avait été vécue dans la peur et la résignation.
On en était plus là. Soit que les hommes s’étaient élevés, par l’entremise des héros, soit que les dieux, lassés des grandes colères et des éternels recommencements, eût acquis quelques éléments de philosophie. On était désormais à l’âge des grands temples bâtis sous le soleil où le respect et la dévotion remplaçaient la crainte animale.
Pourtant, ce soir-là, Céphée et Cassiopée étaient descendus, seuls et sans parure, portant torches comme de simples serviteurs, dans les entrailles de la Terre, s’agenouiller.
Les sandales claquent sur la pierre. La main droite, libre, prend appui sur la paroi irrégulière parfois creusée d’une niche, ornée de quelque sombre relique. La main gauche brandit la torche, qui d’une lumière sanglante, peine à repousser les ténèbres. De l’eau goutte dans le silence oppressant de la grotte.
L’une des caves est sommairement éclairée ; on est à présent si proche des Enfers que ce murmure qui se rapproche, qui s’intensifie, ne serait-ce pas celui des Morts, qui attendent de l’autre côté ? Céphée a le souffle court, de la sueur coule sur ses tempes. La terreur l’assaille, héritée de sa première visite dans cet antre. Enfançon. Un rituel atroce, barbare, brutal et sanglant. L’homme qui le guidait à l’époque était sans doute le même qu’aujourd’hui, une créature voûtée, rongée, sans nom ; qui n’eut jamais ni joie ni choix dans sa vie. Oh, qui n’eut en fait jamais de vie, pas de destin, juste une tâche obscure et insipide : guider les étrangers à travers les grottes interdites. Une odeur désagréable les assaille, quelque chose brûle.
Mais Céphée est un homme à présent et il n’a plus peur du noir. Il serre les dents, prend la main de sa femme et avance. Cassiopée ne tremble pas non plus. Mais c’était sa faute…
Et il se prend à réaliser que ce murmure devenu grondement n’était que la voix de l’océan entendu par en-dessous. Les caves passaient donc sous la mer. Cette pensée le réconforte sans qu’il sache pourquoi. Mais voici que le guide disparaît. Le couple est à présent face à l’Oracle.
De son visage, seul sa bouche et son menton apparaissent. Pâles, maladifs, ridés. Les plis de son vêtement, d’un blanc écru, paraissent à la lueur des bougies et des torches plonger dans les ténèbres. Ses mains s’élèvent soudain, appendices de marbre souillés de sang animal. Il marmonne dans sa folie solitaire, mais le grondement marin étouffe sa voix.
Celle-ci fini pourtant par s’élever par-dessus le tumulte :
« La reine a comparé la beauté de sa fille et la sienne à celle des immortelles. Poséidon ne pardonnera pas cette insulte. » Personne n’est venu raconter l’affront à l’ermite, Céphée le sait. Il sait aussi que la sentence que l’Oracle allait rendre serait irrémédiable, inéluctable, indiscutable. Mais le savoir est une chose, l’accepter en est une autre.
« Pour cette insulte, » dira le medium avant de s’interrompre à nouveau. Il prend une grande inspiration et relève la tête. Deux points brillent dans l’obscurité tandis qu’il dévisage Cassiopée. « Pour cette insulte, » reprend-il, « Poséidon a décidé d’envoyer une vague gigantesque détruire ce pays. Personne, non personne, ni roi, ni enfant ni bête ni prêtre n’en réchappera. »
Devant le mutisme de ses hôtes, le vieux devin insolent s’autorise un rire sans joie et un unique sarcasme : « merci, majesté. »
Mais allez, l’horrible personnage sait ménager ses effets. Ses visions, ses révélations, bien sûr qu’il les interprète, c’est sa fonction. Mais parfois plus à la façon d’un tragédien que d’un traducteur… Il lève encore les mains pour capter l’attention du couple abasourdi. « Toutefois, » et ce seul mot résonne comme un tonnerre d’espoir ; « toutefois, le seigneur des océans accepte, pour laver l’insulte faite et pour que tous se rappellent que les hommes ne sont qu’un pâle reflet de la gloire des dieux, qu’un unique sacrifice lui soit offert.
- Parle ! » Ordonne Céphée. « Que faut-il sacrifier ?
- Pas quoi, » insinue le vieillard. « Qui. Il s’agit, ô mon roi, de ta propre fille, Andromède. Elle sera livrée à un monstre des abysses envoyé par Poséidon.
- Non ! » explose le père. « Folie ! » Crache la mère.
L’Oracle secoue tristement la tête. « Vous pouvez refuser. Vous pouvez vous tuer. Vous pouvez me tuer. Vous pouvez envoyer Andromède à Thèbes, Olympie ou Nippur, mais ce pays sera anéanti. La folie, » ajoute-t’il sur un ton suppliant, « fut d’appeler sur nous la colère des Immortels alors que tout allait bien ! »

Cette nuit-là, Céphée ne peut trouver le sommeil. Il tourne sur son balcon et sous la lune, nu et les cheveux défaits, tel un lion en cage.
Cassiopée, les yeux dans le vague, n’a pas pleuré. Soudain elle se lève et se rend dans les appartements de sa fille.

Céphée se réveilla en sursaut. Tombé au fond du gouffre de l’épuisement, il avait été averti par quelque instinct de marin : il avait bien sûr survécu à la tempête de la veille, et à demi conscient, avait pris les ris, réduit sa voilure, et pourtant son bateau à présent fonçait sur une montagne de glace, surgit de nulle part...

Et puis au pays, il y avait ce jeune homme, un peu courbé, un peu effacé. Beaucoup dans le passé. Qui se perd en lui-même, qui se perd dans ses rêves, temps révolus, futurs fuyants. Peut-être ne vit-il pas assez, tout simplement.
A Andromède aussi, il songe. Pour la chaleur et la simplicité qu’elle dégage, oui, pour sa beauté aussi et sa douceur et sa force, et son courage et sa lumière.
Vous croyez qu’elle l’ignore ? Eh bien non, parce qu’elle n’est pas comme ça, Andromède.
Elle le regarde même parfois tendrement, son Persée.
Alors ?
Alors c’est compliqué.
C’est un officier, mais pas un guerrier. Semi-confident, semi-serviteur, inutile protecteur.
Elle s’oublie dans les légendes qu’il raconte ; il se retrouve dans les efforts qu’elle lui impose. Il est savant, elle est sage. Il chante, elle joue.

Et il chante, seul et loin. Il chante de désespoir, parce qu’il sait. Calmement, elle lui a expliqué ce qu’on attendait d’elle. Il est horrible, ce destin, mais elle l’a accepté. Parce que bon sang, elle est comme ça, Andromède.
Lui non.

« Sire ? » Céphée s’était retourné, une lourde haussière dans les bras. Le regard qu’il avait jeté, en silence, sur Persée ; lointain, désabusé, dégoûté de lui-même avait frappé le jeune homme. On était sur les quais, par un beau soir serein. Le roi préparait son voilier ; il fuyait.
Persée venait d’apprendre, de la bouche d’Andromède elle-même, d’une voix dénuée d’émotion, que le jour de sa mort était annoncé. La fureur du soupirant s’embrasa. Mais que pouvait signifier sa douleur comparée à celle de qui a accepté de sacrifier sa vie ?
Alors il avait couru, Persée, trouver son maître. Et là, il l’avait devant lui, immobile. Les mâchoires serrées et les yeux crachant de la haine, il monta à bord.
Mais là, plus rien.
Céphée l’avait regardé avec une sorte de mépris distant. Il avait compris qu’il savait et savait ce qu’il méritait. Si Persée avait levé son sabre sur lui, il n’aurait pas bougé. Mais au lieu de ça, le jeune homme était tombé sur ses genoux et avait soupiré, d’une voix brisée :
« Je me rappelle d’une légende, héritée d’un peuple du nord. Elle parlait d’un homme qu’un dieu avait choisi ; il s’appelait Avr’am, ou quelque chose comme ça. Il était vieux et désespéré de ne pas avoir d’enfant aussi le dieu fini par lui en donner un. La joie du vieil homme et de sa femme fut immense. Mais quelques années après, le dieu lui demanda de sacrifier cet enfant unique. Par amour pour lui. »
Persée avait relevé la tête, il passa deux doigts sur son visage afin d’en chasser les larmes. Puis il essaya d’affermir sa voix avant de reprendre :
« Au désespoir, Avr’am amena son fils sur la pierre où devait couler son sang. Tourmenté par la douleur la plus noire, par l’incompréhension pour son dieu qu’il croyait bon, il leva son poignard… »

« Et lorsqu’il frappa, » se souvint Céphée seul face à l’iceberg, « sa main fut retenue par celle d’un ange, car jamais le dieu n’aurait souhaité la mort de l’enfant. » Et moi, pensa-t’il, je suis pire que cet Avr’am. « Où est-il » cria t’il à la face de l’océan, « l’ange qui me fera justice ? Oh Cassiopée, ma Cassy, tu m’auras tout donné et tout pris… »

Au même moment, Persée était assis sur le toit du palais, surplombant le port. Il pouvait voir le fatal promontoire de pierre grise sur lequel Andromède allait être enchaînée. La vie continuait dans la ville mais tout était fini pour le jeune homme. Transi, il se balançait d’avant en arrière, se tenant dans ses bras. Il avait pleuré jusqu’à la glaire et tremblait tant il se serrait fort. Il ne la voyait pas, trop concentré sur sa douleur, mais une barque peinte en noire conduisait déjà la princesse à son destin.

Et voici que Céphée se réfugiait à nouveau dans des images de gloire passée. C’était si simple, à l’époque…

Dans un accès de démence, Persée avait jeté son sabre dans l’escalier qui conduisait sur le toit. Il se leva, tournant le dos à la mer et au petit point blanc qui était la suppliciée. Les yeux dans le vague, il se mit à la recherche de son arme. Il la trouva. Elle avait fendu un carreau en tombant. Il la prit et la regarda.

C’était au cours d’une campagne militaire ; une bande de centaures, des brutes mi-hommes mi-chevaux, étaient entrés dans le pays et terrorisaient les campagnes. Persée avait mené ses forces, une solide compagnie d’hoplites appuyée de cavaliers vétérans au contact de ces créatures bestiales et avait subi une défaite cuisante en ras de campagne. Son contingent avait été anéanti.
Deux jours plus tard, Céphée lui-même tendait une embuscade aux centaures. Persée avait insisté pour l’accompagner et les deux hommes se trouvèrent donc, couchés dans un champ de blé, cachés dans les herbes hautes, attendant les brigands.
Ceux-ci se présentèrent à l’aube, largement précédés par le son de leur cavalcade. Comme prévu, ils coupèrent à travers champs et les guerriers Ethiopiens, surgissant de partout, les encerclèrent. Un centaure colossal chargea Persée, terrorisé qui tenait son sabre d’une main tremblante. Interdit. Mais, sourit Céphée en larguant un ris pour prendre de la vitesse, il se rappelle avoir bondit au moment où le monstre allait éventrer Persée et de tout son poids et de toute sa force, il avait appuyé sur le flanc du centaure qui, surpris et privé d’appui, tomba lourdement sur le côté. Un coup de hache et il était mort. « Si la solution n’existe pas, invente-là ! » avait déclaré, plein de superbe, le roi triomphant.

« Merci, Père » murmura Persée.

« Un Avr’am de pacotille, vraiment ! » tonna Céphée.

Les doigts du guerrier amoureux se raidirent sur la poignée de son sabre.

Le navire de Céphée, voguant à présent allure de travers, dévorait la distance qui le séparait encore du Cap des tempêtes. Persée pensait trop, se dit-il. Et lui pas assez.

« Poséidon a clairement énoncé notre châtiment, » avait déclaré Andromède à son soupirant. « Notre pays est détruit par la Nature, ou je suis livrée à un monstre. Il n’a rien dit d’autre. » Puis elle avait baissé les yeux.

Oui maintenant Céphée riait, ses larges épaules agitées de soubresauts. Peut-être venait-il de succomber à une forme de folie australe ? « J’arrive, » cria-t’il encore, à l’attention du Cap cette fois. « Prépare tes lames, fourbi tes vents, que nous voyons un peu qui l’emportera ! »
Ma tâche ici est terminée, pensa-t’il enfin.

Un bruit de course dans l’escalier.
Surgit Persée, une flamme dans les yeux. Il s’empare de son bouclier et fonce vers le port, sabre déjà dégainé et tel un croc de bronze, prêt à mordre l’immense créature en approche. Modifié par Enmerkar
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  • 2 semaines après...
Petit commentaire en passant. J'ai vraiment bien aimé, d'une part parce que ça parle de mythologie, et d'autre part à cause du style (l'indirect libre, pour être exact, qui interpèle le lecteur et entretient l'intérêt, mais aussi les nombreuses métaphores qui vont décidément bien avec le background)

J'ai adoré en particulier le passage avec le vieil oracle. J'imagine d'ici un vieil édenté qui hurle en dardant ses yeux exorbités, le visage éclairé par la torche des visiteurs, avec le bruit du ressac qui parasite ses prédications. Bien aimé aussi Céphée, qui est le personnage que l'on suit tout le long du texte. Et puis aussi quelques charmants passages, comme celui-là :
[quote]A Andromède aussi, il songe. Pour la chaleur et la simplicité qu’elle dégage, oui, pour sa beauté aussi et sa douceur et sa force, et son courage et sa lumière.
Vous croyez qu’elle l’ignore ? Eh bien non, parce qu’elle n’est pas comme ça, Andromède.
Elle le regarde même parfois tendrement, son Persée.
Alors ?
Alors c’est compliqué.
C’est un officier, mais pas un guerrier. Semi-confident, semi-serviteur, inutile protecteur.
Elle s’oublie dans les légendes qu’il raconte ; il se retrouve dans les efforts qu’elle lui impose. Il est savant, elle est sage. Il chante, elle joue.[/quote]

Bon, voilà pour le bon ; j'ajoute que tu parviens encore une fois à donner une intensité... magique à ton texte. Si si, je me souviens que c'était pareil pour "les tambours de Quatla" et aussi pour le texte sur la jeune Indonésienne. Et moi, j'adore. Cela dit, j'imagine que tu n'attends pas des lecteurs un simple éloge, alors voici quelques petits problèmes que j'ai pu détecter...

[quote]« Prépare tes lames, fourbi tes vents, que nous voyons un peu qui l’emportera ! »[/quote]Fourbis.

[quote]« Pour cette insulte, » dira le medium avant de s’interrompre à nouveau. Il prend une grande inspiration et relève la tête. Deux points brillent dans l’obscurité tandis qu’il dévisage Cassiopée. « Pour cette insulte, » reprend-il, « Poséidon a décidé d’envoyer une vague gigantesque détruire ce pays. Personne, non personne, ni roi, ni enfant ni bête ni prêtre n’en réchappera. »[/quote] Pourquoi utiliser le futur ? Certes, ça casse le rythme, mais je trouve ça maladroit.

[quote]« Et lorsqu’il frappa, » se souvint Céphée seul face à l’iceberg, « sa main fut retenue par celle d’un ange, car jamais le dieu n’aurait souhaité la mort de l’enfant. » Et moi, pensa-t’il, je suis pire que cet Avr’am. « Où est-il » cria t’il à la face de l’océan, « l’ange qui me fera justice ? Oh Cassiopée, ma Cassy, tu m’auras tout donné et tout pris… »[/quote]Là, tu m'as perdu. En fait, la montagne de glace, j'ai cru que c'était une métaphore et quand je suis arrivé à ce passage, j'ai pas compris. Ce n'est qu'à la relecture que j'ai compris. C'est p'tet parce que j'ai pas été assez attentif, mais faut parfois mâcher le travail du lecteur pour pas l'égarer ;-)

Voilà, rien d'autre à dire pour l'instant, si ce n'est que j'aime ! Modifié par Fandalg
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Merci Fandalg pour ton commentaire !

Tu as raison au sujet de l'impératif ; pour ce qui est du futur ben le présent faisait un peu moche mais il doit y avoir moyen d'arranger ça.

Et c'est vrai que le système que j'ai instauré à la fin (où l'on passe de Céphée à Persée de plus en plus rapidement)
C'est vrai que j'ai voulu un lien très implicite, qui se resserre au fur à mesure qu'ils réfléchissent/se souviennent.

En fait, dans la version Word, j'avais instauré saut de 1 ligne quand on restait dans le même contexte et de 2 lignes quand on changeait de lieu ou de temps...


Merci d'avoir pris le temps de lire, en tous cas :rolleyes:
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Bonjour cher camarade m'ayant devancé.

Que dire de ton récit? Tout d'abord je plussoie Fandalg, ton style est définitivement propre au fantasy de par ses descriptions mais surtout par ses figures souvent très (trop?) imagées. J'y reviendrai.

C'est donc le mythe d'Andromede que tu retranscris, interprètes et nous contes. Tout cela à la fois. Et globalement j'ai apprécié. Petit bémol quant à la personnalité effacée ou drôlement distante de Cassiopée alors qu'elle occupe un rôle central. C'est bien elle qui est responsable de l'outrage, se targuant d'être plus attirante que les néréides. Je trouve que l'accent n'est pas suffisamment mis sur sa culpabilité et son ressenti. Céphée quant à lui reste bien présent en tant qu'homme conquérant mais un peu en retrait (décidément) quant à la prise de décision. On a l'impression que tout ceci le dépasse. En même temps c'est le but de la tragédie mais j'aurais imaginé un Cephée justement plus combatif contre ces puissances qui le dépassent. Enfin Persée demeure un "captain America" dans toute sa splendeur. On n'en demande pas plus ni moins, c'est son rôle.

Après reflexion finale je vais sans transition citer certaines phrases et te donner mon impression, ce sera plus simple pour commenter, spécifiquement.

[quote]Comme une étoile solitaire affrontant [b]les glaces de l’espace[/b], [b]météore de douleur et de mépris de soi[/b], le voilier fendait les flots[/quote]

On est bien dans un mythe. Que vient faire la glace de l'espace? Certes les grecs étaient de bons mathématiciens mais je doute du fait qu'ils pratiquaient la physique quantique entre deux philosophemes :rolleyes: . Bref petite incohérence pas bien méchante. Par contre le météore de douleur est -je trouve- surfait. Quand tu parles du voilier, tu fais bien allusion à la douleur de l'équipage? Dont celle de céphée à moins que je ne mélange tout.

[quote]Vingt ans plus tôt, le prince insouciant sautait à terre ; heureux d’avoir dompté l’océan, heureux de rentrer chez lui, de retrouver sa femme, sa jeune déesse, son étoile[/quote]

Cette phrase aurait été parfaite sans le point virgule qui la coupe inutilement. Tu peux a mon avis le retirer sans que cela nuise à sa longueur.

[quote]tandis que les navires [b]piaffaient [/b]au port[/quote]

Des navires qui piaffent ?! Tu fais allusion à piaffer synonyme de trépigner? Mais même dans ce cas, le terme semble maladroit dans la personnification des navires.

[quote]Ou au contraire, était-ce sa barre, qui, ostentatoirement toujours verrouillée sur le même cap, avait fini par se gripper, [b]incrustée par l’accumulation des coquilles de l’habitude…
[/b][/quote]

Cette phrase ne m'a pas convaincu. Je vois vraiment l'effort que tu fournis pour imager tes tournures mais cette fois ça ne passe pas. J'ai l'impression de lire grand corps malade et ça ce n'est pas bon.

[quote]L’ennui le noyait, le submergeait plus qu’aucune lame de fond[/quote]

Tournure assez maladroite. Je suis sur que tu aurais pu faire mieux.

[quote]On en était plus là.[/quote]

On n'en était plus là.

[quote]Les sandales claquent sur la pierre. La main droite, libre, prend appui sur la paroi irrégulière parfois creusée d’une niche, ornée de quelque sombre relique. La main gauche brandit la torche, qui d’une lumière sanglante, peine à repousser les ténèbres. De l’eau goutte dans le silence oppressant de la grotte.[/quote]

Et paf! On passe au présent et cette transition est absolument parfaite. Elle apporte la petite touche de rythme supplémentaire qu'il manquait à ton récit jusque là.

[quote]Mais allez, l’horrible personnage sait ménager ses effets. Ses visions, ses révélations, bien sûr qu’il les interprète, c’est sa fonction.[/quote]

Tournure très maladroite, il te suffira de la relire pour t'en rendre compte.

[quote]Vous croyez qu’elle l’ignore ? Eh bien non, parce qu’elle n’est pas comme ça, Andromède.
Elle le regarde même parfois tendrement, son Persée.[/quote]

Je me doute que le présent de l'indicatif est sensé rappeler que ton récit est effectivement conté mais la pillule ne passe pas. Le registre est trop familier et contraste vraiment avec la narration antérieure.

[quote]Et il chante, seul et loin. Il chante de désespoir, parce qu’il sait. Calmement, elle lui a expliqué ce qu’on attendait d’elle. Il est horrible, ce destin, mais elle l’a accepté. Parce que bon sang, elle est comme ça, Andromède.[/quote]

Un peu la même chose qu'au dessus sauf que je ressens dans ce style d'écriture une inspiration qui se rapproche du texte de Celt (Gab'). Et encore une fois je trouve que tu t'éloignes de ce pourquoi tu es douée c'est à dire une narration détachée du lecteur.


Voici pour la critique. J'éspère qu'elle ne t'es pas apparue trop sévère car à vrai dire j'ai apprécié ton récit. C'est juste que comme dit Fandalg, une critique insistant sur les aspects négatifs sera toujours plus constructives (et plus drôle :devil: ) pour toi. Pour un bref rappel : la narration est comme toujours excellente sauf quand tu en fais "trop" (Cf : métaphores un peu bancales). Tu es plus dans ton élément quand tu ne t'adresses pas au lecteur. Mais la tentative était interessante. Enfin les personnages sont crédibles mais manquent parfois un peu de consistance.

Conclusion : un bon récit non exempt de défauts ; certainement pas mon préféré (venant de toi) mais [u]un bon récit quand même[/u]. Modifié par Kayalias
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  • 2 semaines après...
Intéressante variation sur un personnage plutôt méconnu de la mythologie grecque — hormis le sacrifice qu’il fait de sa propre fille, Andromède. L’idée du cap « suicidaire » est bien amenée et exploitée, surtout lorsque l’on considère qu’il s’agit d’une contrainte thématique
Sur la forme, je serai un peu moins enthousiaste. Le style lyrique a ses amateurs… et ses détracteurs. Je fais partie des seconds : les météores de douleur, les dérisions fatales et autres damnations éternelles — j’ai du mal à accrocher.
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  • 3 semaines après...
Ca va rejoindre ce qu'il s'est dit mais en avant !

alors pareil que les autres la façon de raconter un plutôt prenante et le style est bon pour qu'on se laisse guider toute l'aventure. Effectivement, certains personnages sont trop en retraits par rapport au rôle qu'ils jouent et on regrettera par moment de ne plus savoir qui on suit vraiment. Bien faire attention aux transitions. Après, ça m'a donné l'impression de revoir un film que j'ai vu y a pas longtemps là dessus.

Un bon texte !

@+
-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Mieux vaut tard que jamais, je rattrape mon retard en section Fantastique ! En commençant par un texte que j'ai moi-même conseillé, soyons logiques...

Comme d'habitude, ai-je envie de dire, j'ai bien aimé. Notamment grâce à cette force assez irréaliste qui me fait entrer d'emblée dans le récit, imaginer ce qui n'est pas dit, en à peine quelques lignes. Je vois tout, je sens tout, et cela grâce à un style extrêmement prenant et agréable. La lecture n'est jamais gênée ou laborieuse - malgré quelques passages où les temps me semblent partir en vrille... - même quand tu sautes très vite d'un personnage à l'autre.
En somme, tes quelques imperfections de forme (il y en a, mais je n'ai pas la force de faire une liste exhaustive, à regret ; cela dit, je n'ai pas encore lu ce qu'ont écrit les autres, mais j'ai cru voir qu'ils avaient essayé d'être plus critiques sur l'expression) sont aisément rattrapées par l'engouement et la force du récit.
J'ai passé un moment charmant, merci à toi ^_^
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  • 1 mois après...
Merci Celt pour ces commentaires, il n'est pas évident d'explorer de nouvelles tonalités mais j'espère pouvoir parvenir à mieux doser tout cela dans le futur.

Au plaisir de se recroiser sur un nouveau concours ;)
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