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[penser à trouver un titre]


Patatovitch

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Et hop.

Patatovitch

Lamnia marchait depuis une bonne heure au niveau –2. Elle n’avait pas assez conservé d’argent pour pouvoir prendre un taxi et les trains qui sillonnaient rapidement les niveaux supérieurs ne reliaient pas celui-ci. Elle essayait de rester dans les artères principales, les ruelles étaient vraiment trop sombres et sordides. Dans la rue, circulaient des véhicules individuels tous plus bricolés les uns que les autres. Les habitants d’ici compensaient le manque d’argent par une adresse surprenante en mécanique. Certains roulaient avec du carburant qu’ils synthétisait eux-mêmes. Ils étaient faciles à reconnaître à l’odeur pestilentielle qu’ils dégageaient. En théorie, c’était interdit. Lamnia croisa même un convois de blindés de la police toutes trappes fermées. Avec les vêtements que lui avait donné Emi, il lui semblait passer inaperçue. Elle serraient sous le bras son sac contenant toute sa vie : son carnet d’adresse, sa carte de retrait et quelques crédits. Elle fut tenté d’appeler ses parents puis se ravisa, à la fois parce qu’elle préférait mourir qu’affronter son reproche vivant de père et sa pleurnicharde de mère et parce qu’ils étaient certainement sur écoute. Voilà un an qu’elle ne leur avait plus adresser la parole, elle n’allait pas le faire maintenant. Quand à sa carte de retrait, elle risquait fort d’avoir été bloquée si les «brimos», c’était intéressée à elle.

Elle ne connaissait pas du tout le secteur et désespérant de trouver une indication quelconque, elle se résolut à demander à un passant le chemin le plus proche pour atteindre le niveau supérieur. Elle choisit une vielle dame d’aspect inoffensif.

« Vous, vous n’êtes pas du coin… Vous parlez bien, z’avez de l’instruction… pas comme nouz’autres, héhé… »

Elle la fixa de ses petits yeux vifs.

« Pour monter au niveau supérieur ? Le passage le plus proche est bien à deux heures par là-bas. »

Elle désigna largement une direction du bras. Evidement, c’était quasiment la direction opposée…

« Et… fait gaffe, il y a aussi des brimos.»

Elle cligna un œil. Lamnia la remercia.

Les remarques de cette femme l’avait inquiétée -avait-elle deviner qu’elle était aux abois ?-. Lamnia se retournait fréquemment pour vérifier si elle n’était pas suivie. Dire que les niveaux ouvriers n’étaient pas sur étaient un euphémisme. Elle connaissait depuis l’enfance ces histoires de rapt de jeune fille ou d’enfant dans les niveaux inférieurs. Malgré qu’elle défendait à l’occasion la thèse selon laquelle le gouvernement entretenait délibérément la peur entre la classe moyenne et la classe laborieuse, elle ne pouvait s’empêcher d’hâter le pas.

Evidement, il se mit à pleuvoir. Pas une vraie pluie bien sur, elle n’avait jamais senti une vraie pluie sur sa peau.

Mais de temps en temps, plus ou moins régulièrement selon les niveaux, une pluie artificielle «rinçait » l’air du niveau, afin de le rendre plus respirable à ce qu’on leur expliquait. C’était en plus de la ventilation. D’aucun croyait que c’était plutôt une manière de faire un couvre-feu.

Les piétons courraient se mettre à l’abri. En quelques minutes, Lamnia fut trempée jusqu’aux os, elle avait l’ascenseur en ligne de mire au bout de l’avenue rectiligne et elle ne voulait à aucun prix s’arrêtai. Les policiers retranchés dernière des barbelés et des sacs de sables étaient rentrés se mettre à l’abri de l’averse dans leur bunker. Ils ne prêtaient aucune attention aux véhicules et aux piétons qui s’entassaient sur l’antique plate-forme.

Il y avait deux moyens de passer d’un niveau à l’autre, il n’était pas rare que la police y tienne des points de contrôle permanent.: les ascenseurs et les rampes. Les rampes étaient surtout empruntée par les véhicules et elles était payantes. Les ascenseurs était beaucoup plus lents. Lamnia avait entendu parler de ces ascenseurs illicites. Des organisations criminelles avait fait percé la dalle de béton pour passer d’un niveau à un autre sans risquer les contrôles. C’était peut-être une légende. Elle avait du mal à croire que l’on puisse discrètement percer une dalle de plusieurs mètres de béton.

Les grilles se fermèrent et la plate-forme de l’ascenseur s’ébranla enfin dans un horrible grincement de câbles. Elle faisait environ cent mètres carrés. Toute sortes de véhicules et personnes était entassées les uns sur les autres. Des vendeurs à la sauvette commençaient à exposer leur marchandise. Ils allaient vers les niveaux supérieur étaler leur marchandise où les brimos leur feraient une chasse impitoyable. La vitesse d’ascension était extrêmement lente.

Lamnia avait réussi à s’asseoir dans un coin, elle avait mal aux jambes. Elle pouvait sentir les puissants flux d’air chaud qui montaient des niveaux inférieurs. Ses vêtements et ces cheveux humides er mouillés la gênaient et elle avait l’impression d’être guettée par tout le monde. Cet homme, le gros, là, sur sa droite, s’était tourné plusieurs fois vers elle. Et cet autre, avec les cheveux blancs et l’allure athlétique, avait une drôle de bosse sous l’aisselle, l’avait regardé plusieurs fois. Et il n’y avait nulle part où se cacher ici. Elle finit par s’avouer qu’elle avait peur à s’en pisser dessus.

Après un long arrêt au niveau –1 où une bonne moitié de l’effectif se renouvela., la plate-forme atteignit le niveau 0. Un des véhicules démarra dans un nuage de fumée noire. Des policiers l’interceptèrent immédiatement. Lamnia sortit en suivant le mouvement de foule sans être inquiétée.

Et au niveau 0, on pouvait trouver des distributeurs de monnaie. Lamnia finit par en trouver un à l’écart. C’était un test. Sa main tremblait lorsqu’elle avança la carte dans la fente. Elle s’attendait à tout moment que la machine explose, qu’une alarme se mettent à sonner, qu’une escouade d’assaut lui tombe dessus, le résultat fut plus laconique :

*COMPTE EXPIRE*

Elle appuya plusieurs fois sur la touche qui commandait l’éjection de la carte, en vain. Soudain, elle fut envahi d’un sentiment d’accablement. Elle n’avait plus d’argent… Ce n’est pas qu’elle en avait beaucoup. Mais ces parents lui faisait une petite rente mensuelle. De quoi vivre…

Elle compta ce qui lui restait en monnaie. Elle pouvait se payer encore se payer un trajet en trans-urbain. Elle s’assît et réfléchit. Il n’était pas question qu’elle rentre chez elle. La famille d’un des membres de la cellule tenait un hôtel. Elle décida de s’y rendre.

Dans le trans-urbain, elle retrouva la sensation désagréable d’être épiée. La moindre personne lui semblait suspecte.

Il était environ 21 heures lorsqu’elle arriva au bar-restaurant-hôtel «Les 3 copains» où elle espérait trouver refuge. Le fils de la maison était un ancien amant de Youlia – et puis d’elle aussi un peu, enfin pas longtemps. L’enseigne, les « 3 copains » datait, paraît-il, des arrière-grands-parents.

Son restaurant servait parfois de salle de réunion, même s’il n’aimait pas trop cela. Elle entra et ne passa pas aussi inaperçu qu’elle l’aurait voulu. : il y avait quelques personnes attablées qui la dévisagèrent. Ce n’est pas que l’établissement fusse particulièrement luxueux mais Lamnia était vraiment sale et mal habillée .

Elle se dirigea vers le comptoir. La mère, une grosse femme à la peau presque transparente, fronçait le sourcil.

« Allez vous en ! la maison ne fait pas crédit ! »

Elle allait appeler dans l’arrière boutique lorsque Lanmia murmura

« Je suis une amie de Nicolas. »

La réaction ne se fit pas attendre. La grosse femme balbutia :

« Oh ! Que l’Empereur ait pitié de nous… Venez mon enfant. Venez. »

Lamnia se retrouva vite dans la cuisine de l’établissement entourée de toute la maisonnée soit une dizaine de personne. Elle demanda :

« Nicolas n’est pas là ?

- Non, il a disparu depuis une semaine.

- Personne ne l’as revu.

- On pensait que vous alliez nous donnez des nouvelles…

- Vous l’avez vu ?

- Vous savez ce qui lui est arrivé ?

- Voyons, ne l’assommez pas de questions. Elle est fatiguée et sûrement affamée.

Lamnia fit signe un signe affirmatif de la tête. Elle n’avait pas mangé depuis le matin.

« Asseyez vous et dites nous, je vous porte quelque chose à manger. »

Lamnia raconta le peu qu’elle savait ou croyait savoir. Nicolas avait vraisemblablement été arrêté par la police. Elle-même y avait échappé de peu.

« Mais qu’a pu faire de mal, mon garçon. Lui si sensible. Bouhh »

La grosse femme pleurait dans les bras de mari, lui aussi généreusement enveloppé, qui gardait l’air grave.

Prudemment, Lamnia parla de l’association pacifiste à laquelle ils adhéraient mais se garda bien de se désigner comme chef. Elle sous-entendit qu’elle était elle-même très ennuyée et qu’elle n’avait nulle part où aller.

Le père l’autorisa a resté comme il lui plaisait et la grand mère l’invita de se passer « un coup d’eau sur le nez ». Cette famille, qu’elle connaissait peu en somme, lui faisait très bonne impression.

La grand-mère lui montra sa chambre et l’installa. La pièce était petite et modestement meublé. Les murs avaient du être blanc à une époque, mais malgré cela, l’ensemble faisait propre. Elle se doucha, luxe que le niveau –2 n’offrait pas. Puis, s’allongea. Même ici, elle ne se sentait en sécurité. Le moindre craquement dans le couloir la faisait sursauté.

Elle dormit très mal.

Le lendemain, ses hôtes lui prêtèrent un peu d’argent. Elle s’en voulait d’exposer ses braves gens.

Elle décida de se rendre directement chez Boris, le président de la cellule «Technique». Elle sentait qu’il la recevrait mal et il aurait raison. Mais elle ne savait que faire. Elle ne savait où aller. Elle tournait en rond. Nulle part, elle était en sécurité. Elle en devenait folle. Enfin, avec Boris, elle pourrait peut-être juger de l’étendue des dégâts. Par exemple, si Boris était déjà aux mains des brimos…

Une fois devant la porte, elle y toqua. Ce n’est qu’à la troisième reprise qu’on parla de derrière la porte.

« Qui est-ce ?

- Boris, ouvre. C’est Lamnia.

- Lamnia ?

Il ouvrit et elle entra vite. Il vérifia s’il n’y avait personne dans le couloir. Il portait un fusil laser.

« D’où tu sors ça ? demanda-t-elle montrant l’arme.

Du canon de l’arme, il la frappa violemment dans le ventre puis à la face. Elle tomba à terre, le souffle coupé et le nez en sang.

« Et toi qu’est-ce que tu fous ici ? Fedor avait dit que tu étais planqué au niveau –2.

Lamnia haletait.

« Enfin, c’est pas grave…

- Pourquoi tu m’as frappé ? brute… Ah… putain…tu ne m’as pas raté…

Son nez saignait. Boris la tira violemment par les cheveux.

« Viens par ici, ce coup-ci, on te ratera pas.

Il chercha dans un tiroir et sortit deux paires de menottes. Il lui entrava les pieds et les mains dans le dos et la jeta sur le lit.

« Patiente un peu, Tob va venir s’occuper de toi.

- Mais pourquoi tu fais ça, Boris ? Qu’est ce que j’ai fait ?

- Tu n’as rien fait. Il y a que maintenant, je suis le chef du mouvement.

- Le chef ? tu es fou !

- Oh non, ne croit pas ça, je ne me suis senti l’esprit aussi clair. Disons que je me suis fait le modeste artisan d’un révolution dans le mouvement. Les derniers événements ont prouvé que toi et tous les pacifistes bêlants se plantaient sur toute la ligne. La force et le sang sont les seuls langages que les autorités sauront entendre.

- Mais non…

- Stop ! Nous avons déjà perdu des années en discussions inutiles. Il est temps pour toi de tirer ta révérence. Tu sais que tu seras une martyre de la cause ?

- Salaud ! …et les autres ?

- Quels autres ? ah, la cellule « Médecine »… Elle n’existe plus. Les brimos ont fait du bon boulot y a pas à dire. A ce que je sais, plus personne n’ose se rencontrer par peur des espions, des indic’, tout ça… Tout ceux qui ne sont pas encore arrêtés se planquent comme des rats.

- Mais toi… Ils vont te chercher aussi.

- Moi, j’ai certaines garanties.

- Des … garanties ?

- Héhé… oui, des garanties. Mais il est temps que j’appelle Tob. Tu verras, il a la manière…

Il quitta la pièce.

Lamnia était abasourdie. Qui était-il donc pour ne pas craindre les brimos ? Elle essaya de remuer un peu et se coucha sur le flanc, son estomac lui faisait toujours mal. Boris revint.

« Il arrive dès qu’il peut. Moi, je dois aller gagner ma croûte. »

Il commença à rassembler des affaires. Lamnia essaya d’en savoir davantage.

- Mais… et Fedor ?

- Fedor est maintenant mon bras droit.

- …C’est toi qui nous a donné ?

Il ne répondit pas.

« Hein ? C’est toi qui nous a donné ?

- Disons que ça m’aurait éviter du tracas que les brimos ne te ratent pas.

- Et tes «garanties»… Ce sont elles qui te donnes des armes ?

- Tu poses trop de questions. Ça te sers à quoi de savoir ? Tiens, je vais t’attacher un peu mieux parce que je commence à en avoir marre que tu nous échappes. Y a des gens comme ça, qui ne veulent pas mourir…

Il sortit un câble et attacha solidement les menottes à la structure du lit. Il continua à aller et venir. Il s’était changé. Boris était professeur assistant. Il allait sortir quand Lamnia l’interpella.

- Hé. Boris une dernière question.

- Vite car je suis déjà en retard.

- Pourquoi tu ne fais pas le sale boulot toi-même ? C’est donc vrai ce qu’on dit, que tu n’as pas de couilles…

Son visage habituellement toujours calme se déforma dans un rictus de colère qu’elle ne lui avait jamais vu.

« Salope ! Je te promets que Tob va te gâter… »

Il sortit et claqua la porte. Lamnia se retrouva seule dans l’appartement, les murs de béton brut de décoffrage était orné d’affiches de chanteurs de variété dont la mode était largement passé. Il y avait aussi un poster d’un gladiateur qui avait été célèbre en son temps : l’image mettait en valeur son impressionnante musculature et ses bras remplacés par des tronçonneuses. Son nom n’était pas écrit mais il y avait « la bête » à la fin. Lamnia ne regardait jamais les combats de gladiateurs qui faisait la fortune des chaînes privés de visioscopes. Cela la dégouttait de voir des humains s’étriper en direct. Celui-ci était le plus célèbre d’entre eux. Il avait eu son affiche dans les rues à une époque.

Le reste de la pièce était sobrement meublée et si propre qu’elle se demandait s’il vivait vraiment ici. Mais Elle savait Boris comme ça : il avait quelque chose du moine soldat. Puis, le bruit courrait qu’il avait subit une mauvaise blessure pendant son service militaire qui lui avait volé sa virilité. Elle avait voulu le provoquer en le lui rappelant avant qu’il parte. C’était une piètre vengeance…

Elle avait mal au ventre, elle essayait de se rassurer : elle aurait eu encore plus mal s’il lui avait éclaté l’estomac. Il avait frappé plus haut. Le sang qui coulait de son nez avait commencé à sécher.

« Je dois m’échapper et vite. »

C’était plus facile à dire qu’à faire. Elle tira sur ses liens de toute ses forces et s’écorcha seulement la peau. A force de contorsion, elle tomba du lit et là dut se résoudre à attendre son sort.

Les heures s’égrenaient. Personne n’avait entendu ses appels à l’aide.

La porte s’ouvrit enfin. D’une torsion douloureuse du cou, elle découvrit le visiteur. Il était grand et malingre. Il souriait en découvrant toutes ses dents dont la plus part n’étaient que d’immondes chicots noirâtres. Il portait un très grand sac.

« Bonjour, petite. Lamnia, je crois. C’est ça ? »

Elle ne répondit rien. Elle était terrorisée. Il posa son sac et vint s’accroupir face à elle.

« Si tu commences comme cela, on ne risque pas d’être amis, toi et moi. Alors, réponds moi, C’est bien Lamnia ton nom ? »

Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Elle remua alors la tête à l’affirmative.

« Bien. C’est bien… Si tu es gentille, ça va être amusant. Tu vas voir. Je vais te dire quelque chose qui va te faire plaisir. Tu veux l’entendre ? »

Il était fou, pire que Boris… Il la malmena jusqu’à ce qu’elle articule «oui» assez fort à son gré.

« Voilà la bonne nouvelle : tu vas quitter cette terre de en beauté car je suis un artiste, moi.

- Qui… Qui êtes-vous ?

- Ca t’intéresse ? Je vais te le dire. Je suis Tob L 1864. K9110. Tob le boucher pour les intimes. Tob le fou ! Pour mes victimes !

Il salua en s’inclinant très bas. Il était très content de sa rime, il la répéta moins 5 fois en marchant dans la pièce comme s’il avait oublié la présence de Lamnia. Brusquement, il revint à elle.

« Je n’ai aucun mérite, je la sors à chaque fois. Alors pourquoi suis-je là ? Hum ? Pourquoi suis-je là ? Mais pour toi ! Pour toi, ma petite ! »

Il commença :

« Figure-toi que nous nous sommes ratés de peu hier à ce qu’il parait. Boris m’avait dit : « Tob, il faut que tu ailles dessouder Lamnia ». Alors Tob, il se rend à l’adresse : POUF ! Plus de Lamnia. Même pas un cheveu. Ils sont jolis tes cheveux. Tu permets que je t’en prenne une mèche ? »

Il sortit un couteau et lui tailla une mèche qui rangea précieusement dans une poche intérieure de sa veste.

« Je la garderai en souvenir de toi. Je garde souvent un souvenir des gens que je croise. La dernière, c’était une vielle peau. Des cheveux gris. Elle était rondelette –note que ça le déplaît pas parfois les rondeurs. Comment s’appelait-elle ? Elle me la dit. Ah ! Je n’ai pas la mémoire des noms. Emi ! Elle s’appelait Emi. Mais Boris m’a engueulé, -Môssieur Boris- il paraît que j’aurai pas du la … enfin, j’aurais du la laisser en vie. Boris ne connaît rien à l’art. Elle est morte lentement. J’avais fait du beau boulot parce que j’aime mon travail, tu sais. Je lui avais dit de ne pas crier, elle m’a désobéi alors je lui ai coupé la langue. »

Il montra à Lamnia un pistolet laser et joignit le geste à la parole.

« Le premier coup dans la main, psuit !. Puis dans l’autre, psuit ! Puis dans l’avant bras, psuit ! … »

Lamnia écouta sa longue énumération. Elle s’était un peu ressaisie. Peut-être que ce fou ferait une erreur, il ne faudrait alors pas rater l’occasion, ce serait sûrement la seule.

« Et le plus drôle, c’est que ces restes doivent encore faisander là où je les ai laissé ! J’ai fait la peau à la vielle peau. »

Il éclata de rire.

« Ah ah ! J’ai du y mettre une bonne dizaine de décharge dans la tête après elle n’en avait plus, de tête ! »

Lamnia grimaça.

« Tu la connaissais ? Oh, toutes mes condoléances. Après, attends tu n’a pas entendu le meilleur, après, je te cherchais de partout ! De partout ! Boris me fait prévenir. Tu étais venue chez lui comme une fleur. Il aime pas se salir les mains, le Boris. C’est une tapette. Remarque, sur le fond, il a raison de laisser faire les vrais artistes. D’ailleurs, il paraît que je dois faire ça très proprement, et que je dois faire disparaître ton corps. D’où le sac que tu vois là. Il n’a pas voulu entendre parler d’acide pourtant, j’aime bien travaillé à l’acide, moi. »

Lamnia sentait son haleine putride sur son visage.

« Enfin, je vais faire cela très proprement puisque c’est le mécène qui commande l’œuvre. Tsss, proprement… Regarde ! Tu t’es pissée dessus, t’as vu ? En plus, tu as du sang séché sur la tronche. Il va falloir que je te lave. »

Avec son couteau, il trancha les câbles et lui arracha ses vêtements nous sans l’égratigner. Il la contempla.

« Tu sais que parfois je ne sais pas par où commencer mes œuvres ? Mais avec toi, je sens que ça va être facile tu as l’âme d’une muse. Attends, je vais t’enlever des entraves aux pieds. Tu ne crois pas que je vais te porter jusqu’à la douche. Je te porterai assez tout à l’heure. Et puis j’aime les femmes qui remuent un peu. C’est plus plaisant parce que ça rajoute de la difficulté à la création. Tu comprends ? »

Il passa plusieurs minutes à forcer la serrure des entraves. Lorsqu’il eut fini, il lui demanda de se lever. Elle s’exécuta avec retard du fait des crampes qui encore la retenait aussi sûrement que des chaînes. Il la souleva sans ménagement, puis la poussa ainsi, nue et les mains liées dans le dos, jusqu’à la salle d’eau. Il la plaça assise dans la douche, fit couler de l’eau et commença à la laver. Il parlait encore. Lamnia repéra une paire de ciseaux sur un meuble tout proche.

« Ca fait du bien, hein ? »

Sa main s’attardait dans son entrejambes. Il se recula soudain.

« Attend, ma muse, je viens communier avec mon œuvre ! »

Il tomba son pantalon. L’excitation le fit s’emmêler lorsqu’il ôtait son haut. Profitant de cette inattention, Lamnia

bondit hors de la douche et le percuta de plein fouet. Déséquilibré, il s’écrasa contre le mur. Le temps qu’il se relève Lamnia s’était saisi des ciseaux malgré les menottes et alors qu’il se relevait, elle les lui enfonça dans son ventre. Il poussa un cri. Il se releva encore. Elle n’avait pas assez assuré son coup mais les ciseaux restaient cruellement plantés dans sa chair.

« Ah ! ma muse…tu me trahis… »

Tob se tenait d’une main le ventre et de l’autre la frappa. Le coup l’envoya à terre. Elle se leva à nouveau et couru vers le laser qui était resté sur le lit. Tob la suivait de prés. Un coup de pied dans les cotes la fit rouler sur le coté. Il se pencha pour prendre son arme.

« Tant pis … l’efficacité y gagne ce que l’art y perd. »

Avec l’énergie du désespoir, Lamnia lui asséna un coup de tête dans l’estomac, les ciseaux s’enfoncèrent davantage dans la plaie et Tob, plié en deux, s’abattit sur le sol. Il avait perdu connaissance et se vidait de son sang. Elle utilisa le pistolet laser pour rompre les menottes. Elle réussit à la deuxième tentative, non sans s’être brûlée le bras. Alors, elle donna le coup de grâce à son adversaire. Elle détourna le regard au moment d’appuyer sur la détente.

Elle jeta l’arme loin d’elle et s’effondra dans un coin.

Elle ne pouvait pas supporter de rester une minute de plus ici. Elle chercha dans les tiroirs des vêtements qui pourrait lui aller. Boris était bien plus grand qu’elle. Elle passa ensuite devant la glace. Un ecchymose se formait sur son arcade sourcilière. Elle mit un peu d’ordre dans ses cheveux et partit laissant la chambre et la salle de bain maculées de sang.

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sa devient gore ...  

On retombe sur l'éternel débat :

Qu'est-il plus choquant de montrer un marine SS bardé de cranes ou un poil de cul ?

ça me rappele un Casus Belli dans le temps : rapport à l'interdiction aux E-U de Dark Sun pour cause d'illustrations choquantes enfin je me rappele plus trop l'histoire.

Puis je t'avais dis que tu étais jeune, Lord.

Patatovitch - ennemi des familles

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Invité LordMacragge

toi et l'humour sa fait 36 !!! ^_^:lol:-_-

a par écrire des récits (je ne veux po t'offenser, ne t'inquiete po !) ... :wink:

sinon c'est toujours aussi prenant, continu !!!

@+

:ermm:

Modifié par LordMacragge
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Fabuleux !!! J'ai tout lu d'une traite, c'est très prenant.

Merci mais vous pouvez critiquer aussi -constructivement bien sur.

C'est pas parce que je tape un peu sur le Lord bleu que... enfin, bref...

Sinon le chapitre 2 est bientot fini et, en effet en retrouvera l'ex-sergent au chapitre suivant.

Quand aux retrouvailles, je sais pas encore...

Patatovitch

Et un merci massif à tout ceux qui m'ont envoyé en PV des voeux.

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La suite et la fin du Chapitre 2.

Rassurez vous, j'ai trouvé le moyen de la sortir de là.

Patatovitch

Enfin, Lamnia se retrouva dans la rue. Elle respira goulûment l’air tiède puis partit en courant un peu au hasard. Ses pas la menèrent jusqu’à une station de trans-urbain. Un peu calmée par sa course, elle monta dans le premier train qui la rapprocherait des «3 Copains». Il y avait relativement peu de monde dans le wagon. Elle avait toujours cette impression que tout le monde la guettait. En plus, elle était habillée comme un sac avec ce pantalon trop grand maintenu par une ceinture. Ça jurait vraiment avec ces bottines noires. Elle se cala dans un fauteuil au fond du wagon et baissa la tête pour éviter les regards. Le train filait à grande vitesse. Tout le niveau 0 était irrigué par ces trains, c’était un moyen de transport peu coûteux et rapide. Il s’arrêtait cependant toutes les trois minutes à une station. En contrepartie, les wagons étaient très peu confortables car régulièrement bondés et très dégradés.

La fréquence des trains n’était pas assez élevée. Ce problème revenait régulièrement dans les émissions de débats au visioscope. Ainsi, il y avait certains thèmes sur lesquels l’administration planétaire acceptait de se faire critiquer ouvertement et cela parce que les réseaux de transurbains était générée par l’Asministratio Urbae (A.U.). Tout ce qui suivait l’actualité savaient qu’une constante de la vie politique taranaise était la lutte d’influence entre les fonctionnaires de l’A.U, eux-mêmes très divisés, ceux de la Police et ceux des Armées Intérieures de Garnison (AIG). Ils se rejetaient immanquablement les problèmes les uns sur les autres. Pendant ces émissions, cela pouvait devenir comique. Les transurbains, comme tout ce qui avait un rapport direct avec les infrastructures, était du ressort unique de AU. La police et l’armée, afin d’affaiblir certaines factions de l’AU laissait s’exprimer quelques critiques. Les critiques devaient rester très modérées (point de népotisme de corruption,…) et très ciblées, certains chroniqueurs jugés trop virulents avaient mystérieusement disparu. Ces organisations se faisaient souvent des procès fleuves dont le dernier en date avait pour objet l’assassinat de techniciens de l’AU sur les toits du niveau 1 par des policiers des Brigades Mobiles. Tout le monde convenait qu’il devait s’agir d’un accident mais l’affrontement portait sur les réparations financières que devait verser la Police à l’A.U.

De même, il était de notoriété publique, que l’armée et la police étaient constante en rivalité. Or, certains pensaient que les AIG avaient été sévèrement amputés en hommes et matériel pour alimenter les guerres de Taran sur Eumenes et sur Ticatus. Certains parlaient de 75% à 80 % de réduction d’effectif. Il n’était pas étonnant que des idiots comme Boris se sentissent pousser des ailes.

Son cœur s’arrêta lorsqu’elle vit entrer dans son wagon une patrouille de « brimos ». Elle se sentit pâlir. Sa gène la rendait à coup sur suspecte. Elle défit ses cheveux et les fit tomber sur son visage et se ratatina derrière un siège. La voie de la raison lui fit remarquer que des milliers de personnes devait être recherché rien qu’à Meleagre I, il y avait vraiment très peu de chance qu’un policier reconnaisse son visage.

« Pourvu qu’il ne fasse pas de contrôle d’identité..

Lamnia observait avec anxiété le petit appareil ressemblant à un pistolet qui battait sur le flanc des policiers entre le laser et la matraque électrifiée. C’était un lecteur de puce. Machinalement, elle se gratta l’avant bras, elle sentit le petit bout de métal sous sa peau.

Mais les brimos, debout, secoués par les cahots du trans-urbain, discutaient et riaient. Ils finirent par descendre. Lamnia se sentit soulagée. Elle descendit à son tour un peu plus loin.

Elle arriva à l’hôtel restaurant où elle retrouva la famille de Nicolas. Ils l’assaillirent de mille questions en particulier sur son curieux accoutrement. Elle les supplia de ne pas trop l’interroger. Elle se rendait compte qu’ils espéraient confusément qu’elle retrouve leur fils. Elle dut avouer qu’elle n’en savait pas plus sur son cas.

Lamnia resta avec eux. Elle insista pour les dédommager à les aidant. Elle passait sa journée aux cuisines et se risquait parfois à faire le service dans la salle. La patronne expliqua aux habitués que c’était une cousine lointaine. Elle broda une histoire qui tenait à peu près la route.

Lamnia essayait toujours de renouer avec les membres de la cellule « Médecine ». Elle prenait maintenant mille précautions avant d’entrer en contact. La plupart avait purement et simplement disparu : arrêtés par les brimos ou peut-être tués par Boris et sa bande. Elle prit le risque de rencontrer la famille de son amie Youlia. Les contacts de son père, lui avait permit d’apprendre que sa fille, Youlia, avait été déportée sur Eumenes dans un bordel militaire. Ces gens étaient brisés. Lamnia ressentit une peine immense et se sentit responsable du désastre actuel qui avait englouti tous ses amis. Alors qu’elle s’était presque habituée à cette vie de fuite perpétuelle, c’est de retour de chez eux qu’elle se fit prendre bêtement. Dans le transurbain, elle méditait avec amertume et ne vit pas arriver la patrouille de brimos.

« Votre bras, s’il vous plaît. »

Lamnia sursauta et leva des yeux effarés. Une femme en uniforme bleu gris attendait qu’elle présente sa puce d’identité.

« Votre bras, s’il vous plaît. »

La patrouille vérifiait tout le wagon, la routine pour eux. Elle ne pouvait pas fuir, ils l’auraient bloqués avant qu’elle n’est fait un mètre. Elle soupira et tendit son bras.

La brimos passa deux fois son appareil sur la puce et sortit sa matraque qui se mit à crépiter.

« Veuillez nous suivre sans résister, mademoiselle Corliovna. »

Elle appela une collègue qui lui passa les menottes. Lamnia se laissa faire. Ils descendirent à l’arrêt suivant. Dans la rue, ils attendirent un véhicule qui ne tarda pas.

Entre deux brimos, Lamnia repensa à celle qui lui avait sourit au lieu de l’arrêter, il y a plusieurs mois. Voilà longtemps qu’elle n’y avait songé. Elle essaya de se rappeler son visage. Elle le retrouva nettement dans un coin de sa mémoire. Elle avait un cicatrice au dessus du sourcil, des lèvres fines…

Elle avait un espoir : dans la caserne, elle cherchait ce visage sur les policières qu’elle croisait.

On l’enferma dans une cellule entassée avec sept autres détenues. Cette cellule avait pour seuls murs et plafond de lourdes grilles de fer. Elle apprit par les autres qu’elle était au bloc de détention provisoire. Dans un immense hall, une centaine de cages identiques était alignées. Les matons patrouillaient entre les cages et dessus grâce à des passerelles. Près de 800 femmes attendaient là, pour certaines depuis plusieurs années, leur jugement ou un complément d’enquête. L’atmosphère était surchauffée, étouffante et bruyante. Il n’y avait pas de jour, pas de nuit. Seulement, une sortie et une douche tous les deux jours. Mais le plus insupportable était l’absence totale d’intimité. Chaque cage avait un urinoir -grossièrement isolé avec des vielles couvertures- dans un coin et un lavabo dans un autre. Les lits superposés se pouvait pas accueillir tout le monde comme les premières arrivée étaient les premières servis, Lamnia se coucha à même le sol et ne prouva pas le sommeil à cause de la lumière et du bruit, avant de tomber littéralement de fatigue.

Toutes étaient là pour des motifs très divers. L’une d’elle, particulièrement pénible, passait son temps à crier qu’elle était innocente et raconter son histoire à qui voulait l’entendre.

Enfin, au bout d’une dizaine de douche, on commença la sortir régulièrement de la cage pour l’interroger. Elle ne voyait plus aucun intérêt à couvrir Boris et sa bande. Toute façon, ils avaient aussi prit son carnet d’adresse. Lamnia détailla les activités de Boris. Les policiers furent assez surpris par une coopération si rapide. Elle expliqua également qu’elle était devenu indésirable et qu’ils avaient tenter de la tuer.

Ce fut est lorsqu’ils commencèrent à l’interroger sur la manière dont elle échappa à l’arrestation lors d’une opération des Brigades Mobiles qu’elle se mura dans le silence. Une brimo laissa tomber que l’agent Kinov, responsable de laxisme, avait été chassée ignominieusement du corps de la police. En fait, Lamnia comprit aux questions qu’on lui posa qu’ils la recherchaient encore.

«Kinov…»

Elle avait enfin un nom à mettre sur ce visage. Par contre, l’espoir de délivrance qu’elle représentait s’évanouissait. Il y avait deux choses dont elle ne voulait pas parler : l’hôtel restaurant des « 3 Copains » et le sourire et la caresse de cette Kinov. Elle leur devait bien ça.

Evidement, ce fut sur ces deux points que les questions se firent rapidement plus précises et plus insidieuses. En premier virent les coups de matraque électrique. Elle pouvait à peine bouger lorsqu’on la rendait à sa cellule. D’autres des pensionnaires subissaient le même traitement. Certaines partaient, d’autres arrivaient.

Une fois de plus, Lamnia se retrouva dans le bureau pour la poursuite de l’interrogatoire. En entrant elle remarqua la personne portant une blouse blanche, elle n’y était pas d’habitude. Ils reposèrent les mêmes questions et elle garda le même silence buté. La policière qui d’ordinaire la rouait de coups et inventait de nouveaux endroits où poser sa matraque, ne bougea pas. Ce fut la blouse blanche qui s’avança. Elle tenait une petite boite noire d’où sortait une multitude de fils très fins. Depuis les premiers interrogatoires musclés, Lamnia était attachée. Des chaînes tombant du plafond la maintenaient debout les bras au-dessus de la tête. La blouse blanche fixa simplement la petite boite à l’aide d’une colle sur la nuque de la suppliciée puis appuya sur un bouton. Les fils se mirent à s’agiter frénétiquement.

Un éclair de douleur la transperça, les fils s’infiltraient par les trous des pores et se connectaient à son système nerveux. La douleur était insoutenable. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Elle sentait des fils qui fouillaient dans son crâne. Elle lutta un moment mais finit par céder.

Elle n’avait plus mal, mais elle n’était plus elle-même. Il lui semblait qui quelqu’un d’autre était dans son esprit. La «brimo» répéta lentement les questions et quelqu’un d’autre y répondait. Quelqu’un qui savait tout. Il savait pour le sourire, pour la caresse et pour l’hôtel des « 3 Copains ». Il savait pour Nicolas, il savait pour Youlia. Il savait tout et le leur a dit. Une fois que le boîtier fut retiré, il se retira et Lamnia pleura.

« Bien, je crois que nous en avons fini. Merci de votre coopération. »

Modifié par Patatovitch
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Chapitre 3 modifié suite aux remarques judicieuses :

CHAPITRE III : Vlatislav A.Iliytch

Sophia Kinov avait rapidement renoué avec ses vieux démons. Elle était attablée en face d’une bière forte dans une taverne miteuse du niveau –5. Voilà près de six mois qu’elle avait tout plaqué. Son ancienne vie lui semblait lointaine, presque noyée dans le brouillard.

Maintenant, elle était nettement moins seule, un peu plus libre mais finalement, pas beaucoup plus heureuse. Son cerveau ne la laissait toujours pas tranquille. Il se perdait en circonvolutions lui faisant ressentir avec âpreté le vide et l’insignifiance de son existence. Pire, contrairement à son ancienne vie de «brimo», elle avait énormément de temps, temps qu’elle consacrait à boire et à éviter de penser.

Elle était membre de la Maison Shein, un ramassis de bandits, trafiquants, racketteurs et déjantés divers soumis au « boss » : Igor L.Shein. Ce n’est pas qu’elle se sentait meilleure qu’eux – non, certains étaient sans doute plus sain d’esprit qu’elle- mais elle regrettait un peu la phalange de son petit doigt gauche qu’elle avait laissé dans le rituel d’initiation. Si ses parents la voyaient… D’ailleurs, ils avaient sûrement été inquiétés. Ils avait peut-être supprimé la pension de son grand père. Elle n’y avait pas pensé sur le moment mais la Police se venge souvent sur la famille de ceux qu’elle ne peut attraper. Pauvre d’eux, elle les plaignait sincèrement mais sans vraiment ressentir de remords. Finalement, elle s’était diagnostiqué un égoïsme forcené. Mais que pouvait-elle y changer ? Elle avait l’impression que son cerveau fonctionnait en circuit fermé. Les événements extérieurs ne l’affectait pas ou si peu. La faille avait été la fille du Paradis, Lamnia Corliovna. Elle avait ouvert la boucle et l’avait poussé à prendre des décisions radicales qui avaient changé le cours de son existence et avait désamorcé la spirale fatale dans laquelle s’enfonçait. Elle y pensait encore de temps en temps, de moins en moins en fait. Elle aussi disparaissait dans le brouillard. Et la spirale avait refait son apparition.

Son recrutement était largement le fruit du hasard. A son arrivée dans les niveaux inférieurs, où elle ne passait pas si inaperçue qu’elle aurait aimé, elle avait rapidement été dépouillée de son argent, de ses armes et de ses explosifs par le premier hôtelier chez qui elle s’arrêta. Elle allait démolir cet hôte indélicat, lorsque qu’un fusil à la main, il lui conseilla de ne rien en faire.

Peu de temps après, alors qu’elle était en train de boire ces derniers crédits, elle avait échappé de peu à une agression en tuant un de ses assaillants. Sa performance avait suffisamment impressionné pour qu’on la jette aux pieds d’un gros homme en sueur, Igor L.Shein, lui-même, apprit-elle plus tard . Là, elle avait joué son va-tout et raconté son histoire –en omettant quelques détails bien sur. Elle avait particulièrement insisté sur ses derniers «exploits» : notamment les explosions dans les casernes des niveaux 0 et –3. Ils lui avaient laissé le bénéfice du doute et l’avait laissé mariner dans son jus pendant plusieurs jours dans un cellule sombre.

Plus tard, elle sut que l’homme qu’elle avait tué était Ivan, artificier, et, qu’après avoir eu accès à son dossier, Shein lui avait donné une chance de faire la preuve de ses talents. Tout un pan d’une caserne du Niveau -4 s’en souvenait encore.

En échange de ces services, on lui offrait de quoi subvenir largement à ses besoins, en alcool et en drogue notamment. Elle faisait partie de la bande : elle avait un salaire fixe (supérieur à celui qu’elle avait dans la police) et des primes à chaque mission significative.

La plupart du temps, cela consistait pour elle à parader en arme avec les autres pour impressionner les civils et les rivaux et à faire sauter des bombes ici ou là chez les mauvais payeurs. Heureusement, qu’on lui procurait des explosifs du même type que d’habitude car elle aurait été bien incapable de fabriquer une bombe artisanale. D’ailleurs, un des premiers qui avait eu droit à une petite visite, c’était l’hôtelier qui l’avait dépouillé. Elle lui avait simplement cassé le nez car il lui restitua une bonne partie de ses affaires qu’il n’avait pas eu le temps d’écouler. Elle avait éprouvé une certain satisfaction à retrouver son pistolet laser.

La Maison Shein vivait du monopole des petits casinos clandestins, des maisons closes, du trafic de drogues et de «subventions spontanées» sur une vaste zone discontinue qui s’étendait sur plusieurs niveaux. Il n’y avait pas eu de conflits ouverts avec les maisons concurrentes depuis que Sophia était avec eux. Mais elle sentait bien qu’il y avait toujours une tension latente. Une fois, alors qu’il longeait une frontière de leur territoire, un tireur qu’ils n’avaient pas réussi à localiser s’était amusé à balader le point rouge de son viseur laser sur le groupe.

Ici, tout le monde avait un surnom. Evidement, on l’a appelé « Sergent », c’était fou ce que les gens pouvaient manquer d’imagination. Son cursus avait déjà fait trois fois le tour du microcosme de la Maison Shein. En plus, il n’y avait pas beaucoup de femmes gangers. Les femmes ici était des mères, des sœurs ou des « putes ». Il y avait assez peu d’échelons intermédiaires. Au début, elle fut surprise et même agacée de cette ambiance extrêmement machiste –après tout, elle n’avait connu la mixité que quelques années, le temps de ses études de droit. Elle avait fini par s’étonner du nombre d’hommes dans ce niveau et en particulier dans la Maison Shein. Lorsqu’elle avait posé la question pour savoir si le service militaire était aussi en vigueur ici, on lui avait d’abord ri au nez puis elle avait appris plus tard que la Maison devait fournir chaque année un quota d’hommes jeunes et valides prélevé dans la zone qu’elle contrôlait. C’était la Maison qu’il s’occupait de désigner qui partait et qui restait, ce qui donnait lieu à de lucratifs dessous de tables. De plus, le quota était assez bas car l’Administratio ne disposait pas de chiffre de recensement de population. Ici, personne ou presque n’avait de puce d’identité dans l’avant bras. Au fil des informations qu’elle collectait, elle était surprise de l’imbrication des Maisons et du pouvoir taranais. Les Maisons étaient des émanations des grandes familles industrielles. Par exemple, Shein devait son pouvoir aux fameux et puissants industriels Daniosk. Or des Daniosk entouraient le Gouverneur comme en tant que conseillers…

De plus, personne chez ses collègues ne craignait les « brimos ». D’abord, au niveau –5, il n’y avait même pas de casernes, les dernières, transformées en bunker, étaient au niveau –4. Si d’aventure, les membres de la Maison croisait une patrouille en blindés lourds, ils ne se cachaient pas mais au contraire s’affichaient comme pour faire sentir aux «brimos» qu’ils n’étaient que tolérés. En fait, elle comprenait : les gangs et les «brimos» étaient semblables sur le fond, ils faisaient régner l’ordre. Un ordre suffisant pour que le commerce fonctionne. Les hommes des Maisons protégeaient les usines et leur propriétaire contre les revendications de leurs ouvriers dans les niveaux inférieurs. La police faisait strictement la même chose dans les niveaux supérieurs. Plus étonnant encore, les «milices d’autodéfense» organisées par paroisse étaient noyautées par les Maisons et ces milices collaboraient volontiers avec la police : subtile alchimie, régie par des règles tacites. De temps en temps, il était toléré que les gens des Maisons fassent des cartons sur les « brimos » et l’inverse arrivait parfois, ce qui alimentait un cycle sans fin de vengeance et de représailles. Cela marchait de la même façon avec les Maisons rivales.

En tant que dernière recrue, on lui faisait souvent faire le sale boulot, pour «l’endurcir». Elle avait du abattre froidement deux personnes : un pauvre type, chauffeur de taxi, qui n’avait pas payé la cotisation et une fille qui avait essayé de s’échapper d’une maison close. Dans ces circonstances elle aurait aimé que l’égoïsme qu’elle s’était diagnostiqué fut plus fort encore. Les suppliciés ont une arme terrible : dans leurs yeux se reflète le mauvaise conscience du bourreau. Elle n’avait pas toujours pas oublié leurs regards. Elle était consciente que de tels scrupules pouvaient paraître ridicule chez quelqu’un qui avait dix ans de violences policières derrière elle mais c’était ainsi. Dans la police, elle avait l’illusion de servir quelque chose de grand, un idéal presque, puis elle avait la Loi de son coté, tandis qu’ici, c’est l’arbitraire qui commande. Elle n’avait parlé à personne de ce problème de conscience.

« Sophia ? T’es encore à te bourrer la gueule ?

- J’me bourre la gueule si j’veux…

Kinov leva la tête.

« Houla… ça tourne… »

Il n’y avait pourtant que trois canettes sur la table. Ça devait être le comprimé de « Stum » avant… Elle avait pas l’habitude de ce truc.

« Tss… Tu te gâches la main et Vlatislav va pas être content.

- J’emmerde …Vlatislav…d’abord…

- Oui, oui… C’est ça … C’est drôle, tous les gars qui taquinent les explosifs que je connais sont alcooliques au dernier.

Lui, c’était Marko dit « Petit Marquis », un mètre quatre-vingt au garrot, tondu de frais qui arborait une belle rangée de tatouages, le seul aussi pour lequel elle avait un peu de sympathie. Il était son chaperon, en quelque sorte. Là, il portait un petit paquet sous le bras.

« Je suis pas …alcoolique d’abord… juste un peu …déprimée…. »

Son hoquet rendait sa diction ridicule.

« Allez , faut que je te dessoûle, Vlatislav veut te sortir ce soir. »

Vlatislav A.Iliytch était un des seconds de Shein. Elle était sa maîtresse…

Vlatislav n’était pas un méchant homme, tant qu’on ne l’énervait pas. Il était brun, costaud, un peu petit, la quarantaine, mais il gardait un certain charme. Sophia n’avait même pas fait semblant de résister à ses assauts. Devenir sa maîtresse avait été le plus sur moyen de s’intégrer rapidement à la bande. Du jour au lendemain, tout le monde tapait sur l’épaule de l’ancienne «brimo» qui au début passait au mieux pour une espionne infiltrée.

Il lui avait offert quelques bons moments. Mais il était déjà marié à Grouchenka Iliytch et il était de notoriété publique qu’il avait eu d’autres maîtresses. Après tout, la bigamie n’était pas si rare que ça sur Taran. On disait : « Vaut mieux une moitié d’homme que pas d’homme du tout » et certains ajoutaient « pourvu d’avoir la bonne moitié… ».

Grouchenka était une femme de caractère, grande et belle, toujours superbement habillée mais vraisemblablement plus âgée que Sophia. Elle gérait d’une main de fer les maisons closes du secteur de son mari. Beaucoup la disait dangereuse mais chaque fois que Sophia l’avait rencontrée, elle s’était montrée très courtoise malgré qu’elle sache pertinemment l’essentiel de ce qu’il y avait à savoir sur elle et son mari.

Marko l’aida à marcher jusqu’aux toilettes et la força à vomir. Il lui passa ensuite la tête sous l’eau et enfin, lui fit avaler un comprimé.

« Tu as tort de te détruire comme ça… un jour, tu prendras quelque chose de vraiment fort et on te retrouvera raide comme un bâton…

- T’es une vraie mère, Marquis.

Elle s’essuyait les cheveux avec une serviette à la propreté douteuse. Marko était quelqu’un avec qui elle se sentait en confiance. Malgré son look, il avait des manières plus distinguées que les autres. Elle en savait bien peu sur lui sinon qu’il était le fidèle d’entre les fidèles de son chef Vlatislav. Il reprit.

« Tu sais qu’il tient énormément à toi…

- Bof, il a eu d’autres maîtresses, non ?

- Oui, mais pas tant que lui en attribue la légende.

- Ah. Et alors. Lorsqu’il en aura marre de ma plastique, il me jettera.

- Je ne serais pas si catégorique. Je sais qu’il envisage de te prendre pour seconde épouse.

Sophia resta sans voix.

Etre seconde épouse… Avec la bénédiction de l’Empereur : c’était quelque chose… Elle… Mariée…Finalement, elle n’aurait pas attendu trente ans passé en vain. Mais, seconde épouse, sachant que la première est quelqu’un comme Grouchenka, il ne lui resterait plus que des miettes. C’était peut être mieux que rien. Par contre, elle n’éprouvait rien pour lui.

« Et si je refuse ?

- Je te conseille de bien y réfléchir. Mais jusqu’à présent, il n’a défenestré aucune fille qui se refusait à lui.

- Et…Il y a déjà des filles qui se sont refusées à lui ?

- Heu…Non.

- Et sa femme, Grouchenka, elle est au courant de ce projet ?

- Je ne crois pas.

- Et à ton avis, elle acceptera ?

- Honnêtement, j’en sais rien. Grouchenka a toujours bien caché son jeu et même si je la connais depuis dix ans. Je n’ai jamais réussi à deviner ce qu’elle pouvait penser. C’est pas comme toi, on lit à livre ouvert sur ton visage, surtout quand tu as bu. C’est un peu pour ça que je t’aime bien. Mais méfie-toi, c’est plutôt un défaut par ici.

- Tu me conseilles de me faire refaire la tronche ?

- Tu es bête, Sergent. Allez viens, je te raccompagne, tu vas enfiler quelque chose.

L’argent que lui donnait Vlatislav avait permis à «Sergent» de s’installer confortablement non loin de là. Elle louait une grande chambre chez un logeur. L’aspect extérieur de l’immeuble était absolument horrible mais passer les couloirs sentant l’urine, l’intérieur était assez coquet, enfin, aurait pu l’être s’il était un peu rangé. Elle avait renoncé à son habitude d’ordre méticuleux. Cette facette de sa personnalité était pour elle indissolublement liée à son ancienne vie. Ils entrèrent. Sophia s’allongea sur le lit puis se tourna vers Marko qui était resté debout.

« Et à Valt ? tu lui rapportes tout ce que je fais ?

- Tu veux savoir s’il sait que tu bois comme un trou ? Tout le monde sait que tu bois et que tu te dopes.

- Mais bon sang, je ne suis pas la seule... «La liqueur» aussi a une bonne descente.

- Evidement. Mais le boss en pince pas pour lui…

- Et toi ? Je commence en avoir plein les bottes de t’avoir tout le temps sur le dos.

- Moi ? Je ne suis rien. Je dois tout à Valt.

- Je parie que t’es aussi membré que lui…

Là, elle avait touché une corde sensible. Le visage de Marko se ferma.

« Joue pas à la plus maligne, Sophia. Valt te veut vaguement présentable dans deux heures. Tu seras vaguement présentable dans deux heures. Point.

- Te fâches pas. Je plaisante. Valt me va très bien. Il y a un an, je m’envoyais en l’air avec des gigolos ou des godes…

- Parfait. Met toi ça alors.

Il lui balança à la figure un paquet qu’il portait depuis le début.

« Qu’est-ce ?

- Une robe.

- Une robe ?

- Oui, elle devrait t’aller, Grouchenka à l’œil pour jauger les femmes.

- Une robe offerte par Grouchenka ?

- Offerte par Vlat sur les conseils de sa femme.

Elle déplia le colis et en sortit une robe noire très sobre.

« Ouah ! la classe !

- Oui, ça te changera de tes éternels pantalons. Allez. Passe-toi sous la douche et enfile la. On va être en retard.

Marko lui tourna le dos spontanément lorsqu’elle commença à se dévêtir.

« C’est une soirée ? Un bal ?

- Non, simplement une vente d’esclaves. Mais il y aura des gens importants. Vlatislav veut t’y montrer

- Une vente d’esclaves ?

- Oui, le gouvernement se fait de l’argent comme il peut : des condamnés aux Légions Pénales se voit offrir une chance de finir dans nos bordels, esclaves domestiques ou gladiateurs pour les chaînes de visioscopes.

- Ah bon…

Elle ignorait tout de ce trafic. En fait, elle ne s’était jamais posé la question du devenir des gens qu’elle arrêtait quand elle était dans la police. Elle passa sous la douche.

« Et beaucoup de gens sont achetés, comme ça ?

- Oui, enfin, non, une faible proportion : les meilleurs… heu… sujets seulement. Les autres vont effectivement aux Légions Pénales sur Eumenes.

Elle avait presque oublié cette guerre. Ici, elle ne regardait pas le visioscope et personne n’en parlait. Cela lui paraissait étrange d’avoir oublier la guerre…

« Et vous ? enfin la Maison Shein… la guerre, ça vous fait quoi ?

- ça fait marcher les affaires, qu’est-ce que tu crois.

« ça y est, tu peux te retourner. »

Marko la contempla un moment.

« Ce sera parfait.

- Je suis jolie ?

- Très jolie. Tiens mets ça avec.

Il sortit d’une poche une poignée de bijoux. Ils étaient assez lourds pour être vrais. Sophia se contempla en les ajustant dans la glace. La robe lui allait parfaitement. Moulante, elle offrait un généreux décolleté et s’arrêtait à mi-cuisse. Elle ne se reconnaissait pas. Elle ressemblait à … En tout cas, elle ne se ressemblait plus. Son nouvel aspect la mettait mal à l’aise. Oui, elle ressemblait à une femme qu’on achète.

« Tu sais que je ressemble à une pute ?

- Qu’est ce que tu racontes encore… Tu es très jolie, je t’ai dis.

Elle ne voulait pas le froisser à nouveau et elle le suivit donc. Mais jusqu’à présent Valtislav avait eu le tact de faire semblant la payer –plus qu’il aurait du- pour ses services d’artificiers. Là, cette robe et ces bijoux l’horripilaient. Elle se demandait si elle le n’allait pas gifler et lui jeter ses colliers et ses boucles d’oreilles à la figure.

Marko l’accompagna jusqu’à son véhicule : un gros quadricycle à la carrosserie rutilante. Piotr dit «Doigts de fée» les attendait depuis un moment vu le nombre de mégots qui gisaient sur le sol. Il devait son surnom à ses mains horriblement déformées. Il portait un fusil laser en bandoulière.

« N’y a pas eu de problèmes, Piotr ?

- Non, Marquis. Des mioches seulement.

Seules les Maisons avait les moyens de faire rouler leurs membres dans de tels engins. Marko et Marquis montèrent à l’avant et installèrent Sophia à l’arrière sur les sièges similicuir. « Doigts de fée » pouvait en se redressant prendre un poste de tir. Un lance-missiles était installé sur le toit sur un rail. Sophia avait encore envie de parler. Mais elle était isolée des sièges avant par une glace, elle trouva un interphone.

« Et toi, Marko ? T’es pas en tenue de gala ?

- Moi, je suis le chauffeur, c’est toi qui va t’éclater avec le gratin.

- Ouais. Tu parles…

- En attendant, on est dans les temps. Valt sera satisfait.

Sophia regarda à travers la vitre fumée. Ca lui fait drôle de contempler la rue depuis un tel véhicule. Les gens se retournait pour voir le regarder passer. Ils suivaient les quelques artères éclairées du niveau. C’était les Maisons qui en finançait l’éclairage. Sinon, d’ordinaire, tout ce qui en avait les moyens portaient des lentilles infrarouges. Les autres vivaient d’un peu de lumière en bordure d’une artère, de feux ou de torches. Des histoires circulaient sur des communautés de mutants qui aurait développé une parfaite vision nocturne. En fait, les Maisons ne contrôlaient pas tout le niveau. Les « zones sombres » n’appartenaient à personne. Des gens y disparaissaient. On disait que c’était le refuge des pires monstruosités produites par l’environnement vicié des dômes. Les limites des « zones sombres » étaient très floues. Marko lui avait parlé avec force de détails des descentes qu’ils y faisaient parfois. Dans le temps, paraît-il, la Police offrait des primes alléchantes pour les corps des «créatures» qui y vivaient. Les chasseurs de primes pullulaient. Maintenant les primes -quand elles étaient payées- étaient devenues dérisoires : plus assez pour en vivre. C’était au tour des «créatures» de pulluler maintenant, disait-on.

Ils arrivèrent rapidement devant l’immeuble où logeait Vlatislav, elle était une habituée de cet endroit. Dans la porte, elle reconnu des membres de la bande. Ils étaient tous en armes. Marko se gara et Valtislav ne tarda pas, il était aussi vêtu pour la circonstance comme la mode l’exigeait : un costume blanc, sobre et serré. Il entra dans le véhicule, l’odeur du parfum saisit immédiatement Sophia à la gorge.

« Bonsoir, chérie. Comment vas-tu ?»

Elle offrit ses lèvres en guise de réponse et il les baisa.

« Tu es belle comme un astre.

- Merci, tu es gentil.

- Ça change de te voir habillée un peu quoique personnellement, je te préfère nue.

Ils sourirent, et il lui posa la main sur la cuisse.

Marko intervient.

« Excusez-moi boss. Les autres ont l’air prêt avec le fourgon.

- Bon. On y va alors.

Le véhicule s’ébranla suivi de prêt par un autre.

Elle n’osa pas à lui jeter ses bijoux à la figure. Elle se laissait acheter, victime de ce marché tacite. Elle voyait bien que Vlatislav jubilait. Il comprenait bien ce qu’il avait gagné, lui. Elle s’en voulait d’être aussi faible.

« Qu’est-ce qu’il y a ? ça n’a pas l’air d’aller ?

- C’est que…je ne suis pas habituée à être habillée comme ça…

- C’est bien dommage, ça te va si bien. Mais tu verras on s’habitue facilement au luxe. Je t’offrirai d’autres robes et d’autres bijoux. Tu verras, bientôt, tu seras pas plus resplendissante des femmes.

Elle sourit simplement. Il lui prit une main.

- Tu sais, Sophia, je vais te présenter ce soir à plein de gens importants. C’est un grand soir pour toi. Et pour moi aussi.

Elle hésita à lui demander pourquoi sa femme n’était pas convié puis elle se ravisa. L’ironie n’aurait pas été du meilleur effet.

Le trajet fut long, Ils franchirent plusieurs niveaux sans être inquiété le moins du monde par la police. Valtislav l’entretint de mille et une chose. Il lui parla notamment de cette vente d’esclave. La Maison Stein avaient l’intention d’acheter quelques «spécimens» qui serait réparti entre les différentes maisons closes ou pour la revente «au détail » comme esclaves domestique «dressés». Cela expliquait le fourgon qui les suivait. Le «dressage» était on ne peut plus simple : un lavage de cerveau qui effaçait toute volonté chez le sujet. Ils étaient alors «apte» à la revente aux riches particuliers. Sophia ne cacha pas son horreur. Elle était bien placée pour savoir que le lavage de cerveau était interdit et que ceux qui le pratiquaient risquaient une lourde peine.

Vlaltislav s’amusa de tant de naïveté.

« Tu sais, ma chérie, je n’avais pas eu accès à ton dossier que je douterais que tu aies été une brimo. »

Ils atteignirent enfin le lieu dit du Grand Auditorium du Niveau 0. Sophia y était déjà allé, deux ou trois fois, il y a plus de dix ans pour un concert avec des amis. Il y avait aussi des matchs d’un sport de balle assez violent. C’était une structure bétonnée, vraiment immense, pouvant contenir plus de cinq cent milles personnes. Elle était encore surprise de l’étendue de l’entreprise.

L’entrée était lourdement gardée. Ils y avait plusieurs tanks de l’armée devant l’entrée principale. D’ailleurs, tous portait des uniformes des AIG –l’armée. La police n’avait apparemment plus voix au chapitre. Les prisonniers faisaient déjà partie des Légions Pénales. L’armée revendait une partie de son personnel pour financer sa guerre. Elle entra au bras de Vlatislav. Ce dernier dut présenter à plusieurs reprises son invitation mais personne ne les fouilla.

Il y avait déjà plusieurs centaines de personnes. Les innombrables rangées de gradins vides vus d’en bas donnaient l’impression de se trouver au cœur d’un entonnoir. Le brouhaha était insoutenable. Des officiers en uniformes de gala discutaient avec les femmes bien mises. Il y avait peut-être même des nobles. Sophia n’avait jamais vu de nobles ailleurs qu’au visioscope. Ils sortaient rarement des niveaux supérieurs. Elle demanda à Vlatislav quoi on pouvait différencier un noble d’un individu normal. Il répondit qu’il n’y avait qu’à regarder les vêtements. S’ils étaient vraiment ridicules, c’était un noble. Ça la fit sourire. Il précisa qu’il n’y en avait sûrement pas là. Ils se faisaient représenter. Ici, c’était plutôt une affaire de grossistes en chair humaine.

Malgré la foule, Vlatislav retrouva rapidement son chef, Igor L.Shein. Ce gros homme salua poliment Sophia. Il ne sembla pas reconnaître celle qu’il avait embauchée il y a six mois à peine. Vlatislav la traînait par le bras et elle salua plusieurs dizaines de personne dont elle ne retint pas les noms. Certains portaient des champs de protection. Elle avait finalement engagé une conversation d’une platitude désespérante avec un groupe de femmes légitimes et de maîtresses de petits chefs –elle était parmi les siennes après tout. Après deux verres d’un vin léger, Valtislav vint la chercher : ça allait commencer. Il lui expliqua qu’il y avait plusieurs enchères qui se déroulaient en même temps. La «marchandise» était divisée par sexe, par âge et par niveau d’origine.

La Maison Stein se divisa, Igor L. Shein s’assit devant l’estrade où arrivaient les jeunes garçons. Valtislav qui traînait Sophia par la main avait la réputation d’être un fin connaisseur s’installa en conséquence devant l’estrade où allait défiler les femmes de 15 à 35 ans.

Le vacarme des chaises traînées indisposa Sophia qui commençait sérieusement à avoir mal à la tête. En contre partie, elle s’assit avec plaisir, ses jambes commençaient à la faire souffrir. Vlatislav semblait aux anges. Il lui parlait sans arrêt et il l’embrassait régulièrement. Elle essayait de faire bonne figure en souriant de temps en temps.

« Peut-être que cet idiot est amoureux, après tout. »

Le qualificatif d’idiot était un peu exagéré. Elle l’aimait bien. Il n’était pas laid et faisait bien l’amour. Elle arriverait peut-être à se faire à sa nouvelle condition d’épouse et à affronter Grouchenka. Quand se déclarerait-il ?

Les «lots» commencèrent à arriver solidement encadrés par des militaires. Le commissaire-priseur annonça un lot de 10 femmes du Niveau –4, mises à prix : 500 crédits. Sophia s’étonna du prix si faible. Vlatislav lui expliqua que la valeur de la marchandise dépendait beaucoup de son niveau d’origine. Les sujets originaires des niveaux supérieurs étaient vendu individuellement. Il précisa qu’on pouvait faire d’excellentes affaires avec sujets des niveaux inférieurs mais beaucoup étaient malades ou mal formés.

« Là, par exemple, la gonzesse la plus à gauche est vraiment trop petite, puis regarde la vérolée du centre, la gueule qu’elle a… »

Sophia plaignait ses femmes de devoir s’exhiber quasiment nue. Personne ne se manifesta, elles furent retirer de l’estrade par les soldats. Elles iraient donc sur Eumenes conclut Sophia. Un nouveau lot s’avança qui ne suscita pas beaucoup plus d’intérêt. Seuls deux lots du niveau –4 furent acheté. Ce défilé de chair lui donnait la nausée. Valtislav lui permit de se lever. Marcher, malgré ses douleurs aux jambes, fut un réel soulagement. Elle jeta un œil aux autres estrades puis gagna le buffet. La majorité des gens était là pour acheter. Beaucoup avait des airs de gangsters sous leurs beaux costumes. Elle se promena plusieurs heures et consomma un peu plus d’alcool qu’elle aurait du. C’était un libre services. Plus la soirée s’avançaient plus les enchères s’animaient. Sophia revint s’asseoir à coté de Valtislav. Il avait acheté un lot du niveau –1, il semblait content de son affaire. Les lots du niveau 1 dépassèrent facilement la centaine de milliers de crédits. Enfin, on passa aux enchères individuelles : le niveau 2. Pour Sophia, cela signifiait surtout la fin imminente de cette pénible soirée. Elle regardait vaguement la pauvre fille dont l’assistance jaugeait les charmes. Elle manqua de s’étouffer en avalant sa salive. Elle la connaissait !

« Bordel de merde ! C’est elle.

- Qu’est ce que tu dis, chérie ?

- Cette fille, là, sur l’estrade !

- Tu la veux ?

- Heu…oui, s’il te plaît.

Vlatislav leva la main.

« Et de 5000 pour Monsieur, 5000 une fois… 6000 pour le monsieur du fond. 7000, à ma droite…».

Sophia se mordit les lèvres jusqu’au sang pendant que les milliers de crédits volaient. Qu’est-ce qu’elle foutait là, cette gonzesse, elle allait encore tout foutre en l’air. Pourquoi la tirer de là…

« Kinov, tu fais encore une belle connerie… »

Kinov… Maintenant, elle était Sophia. Le sergent Kinov était mort au moment où elle avait perdu la phalange de son petit doigt… Evidement, Vlatislav gagna les enchères.

« Tu vois ces 55000 crédits que je viens de claquer ? S’ils peuvent t’arracher un sourire, je ne les regrette pas.

- Merci, Valtislav, merci…

Elle regardait la fille que des soldats éloignaient.

« Ben ? ça vaut même pas un baiser ? »

- Si, bien sur.

Elle l’embrassa.

Sophia passa le reste de la soirée dans une sorte de brouillard où elle essayait de prévoir les conséquences de l’arrivée imminente de Lamnia Corliovna –elle n’avait pas oublié son nom. Elle retint seulement le chiffre astronomique d’un million deux cents mille crédits qu’atteignit une fille du niveau 5. C’était sûrement sa famille qu’il la rachetait avait commenté Valtislav. Enfin, ils se levèrent. Sophia agissait en mécanique et se laissait guider par son amant. Des gens défilèrent à nouveau, elle ne prêtait pas attention à ce qu’ils lui disaient.

Le calme était revenu. Elle retrouva ses esprits sur les sièges en cuir du véhicule dans lequel ils étaient venus jusqu’ici. Il était bien 5 heures du matin. Valtislav était à coté d’elle et Marko parlait par l’interphone.

« Avez-vous passé un charmante soirée ?

- Oui, tout à fait, Marquis. La marchandise a bien été chargée ?

- Tout est en ordre, boss.

Sophia émergea.

« Où est-elle ?

- Qui ?

- La fille que tu m’as acheté.

- Avec les autres, dans le fourgon derrière.

Elle se retourna, le fourgon les suivait en effet. Vlatsilav la sermonna.

« Sophia, vraiment, toute cette fin de soirée, tu étais complètement absente. Qu’est ce qui t’es arrivé ?

- Je ne sais pas, je me sentais pas bien… tout ce bruit…

- Et ce que tu avais bu aussi. Surveilles-toi au moins en public, bon sang ! Tu étais ridicule et je ne savais plus où me mettre.

- Toi ? Ne plus savoir où te mettre ! Tu m’étonnes !

- T’as de la chance que je te passe beaucoup de choses. Peu de femmes qui ont eu ce privilège avec moi.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment.

Sa voix se radoucit. Il lui prit les mains.

« Tu sais Sophia, je crois que je suis fou de toi. Veux-tu être ma femme ?

Là, il la prenait au dépourvu. Elle ne savait quoi répondre.

« Ta femme ? Et Grouchenka ?

- Grouchenka acceptera.

Elle ne répondit rien.

« Réponds moi, je t’en prie.

- Laisse moi le temps d’y réfléchir.

- Réfléchir ? Mais que veux-tu de plus ? Je satisfais le moindre de tes caprices, je t’offre mon amour, mon lit !

- Ecoute, on ne passe pas de brimo et épouse d’un chef de gang comme ça ! Il me faut du temps pour enterrer le passé. Tu es gentil, je t’aime beaucoup, tu m’as donné plus que m’ont donné tous les hommes dans ma vie. Mais si tu m’aimes, donne moi encore un peu de temps…

Elle s’en était pas trop mal sortie. Il ne disait plus rien mais il avait sa mine des mauvais jours. Il lui fallait voir à nouveau, cette fille, Lamnia, lui parler. Si rien ne se passait, alors elle accepterait Vlatislav.

Il fallait faire quelque chose pour le dérider et lui permettre de patienter. Elle s’approcha de lui et commença à dégrafer sa robe.

Au niveau –4, le fourgon devait les quitter pour rejoindre le QG Maison Stein. Là, tous les esclaves étaient centralisés, tirés puis dispersés dans les différentes maisons closes de la Maison ou lobotomisés pour être revendu à la pièce. Sophia insista pour que Lamnia reste avec eux. Etant donné ce qu’elle venait d’accorder à Valtislav, ce dernier accepta facilement. Ils arrêtèrent le fourgon pour en sortir Lamnia. Le cœur de Sophia battait à tout rompre. Elle allait enfin la revoir.

« Tu es vraiment sure que tu veux pas la faire lobotomisée ? Elle sera plus conciliante. Elle risque de vouloir s’échapper.

- Je te dis que je la connais, c’est une amie.

- Une amie ?

Vlatislav se renfrogna à nouveau.

La plate-forme du fourgon s’abaissait. Sophia interrogea avec inquiétude.

« Lamnia Corliovna ? Lamnia ? »

Personne ne répondait.

« Merde! Mais c’est pas vrai ! »

C’était Valtislav qui avait hurlé. Le visage de Sophia se décomposa lorsqu’elle se réalisa enfin ce qu’elle voyait. Des corps effondrés baignaient dans le sang. Elles avaient tentés de se suicider en s’entaillant les veines.

« Marko ! La boite de premiers soins ! Vite ! Elles ne m’ont pas fait, ça c’est pas vrai ! Mais c’est pas vrai !»

Sophia pataugeait déjà dans le sang et prenait les pouls. Certaines étaient encore conscientes. Elle remarqua un éclat de verre par terre. Lamnia était au fond, inconsciente mais vivante. Elle la sortit du fourgon puis appliqua les rudiments de médecine qu’on lui avait appris à la police. Elle retrouva des réflexes qu’elle croyait avoir oublier. A part elle, personne n’avait la moindre idée de la manière me faire un bandage ou même de prendre un pouls. Elle expliqua rapidement aux hommes qui l’entourait comment faire un point de compression. Elle commandait, ils obéissaient. Trois des filles étaient déjà mortes. Lamnia fut la première hors de danger. Elle était partagé entre la culpabilité d’avoir sauver son amie en premier et la tentation de laisser mourir les autres. Après tout, leur sauver la vie était sûrement un bien mauvais service qu’elle leur rendait. Elle fit tout de même du mieux qu’elle put. Il n’y avait plus assez de bandage pour les dernières, elle déchira des vêtements. Vlatislav prenait à parti les chauffeurs du fourgon et les traitait de tous les noms.

« Il leur faut l’assistance… des transfusions vite. Où va-t-on trouver ça, ici ? Chez Stein peut-être ?

- Ouais c’est là qu’il faut aller ! ils sauront quoi faire.

Vlatislav suait abondamment, il était largement dépassé par la situation. Il tremblait déjà à l’idée du savon qu’aller lui passer son chef.

« Cent mille crédits de perdu. Igor va me tuer… »

Sophia monta à l’arrière du fourgon avec les morts et les blessés. L’odeur âcre du sang lui monta aux narines. L’espace n’était même pas assez grand pour que toutes puissent s’allonger. Malgré les cahots, elle resserra quelques bandages puis prit Lamnia sur ses genoux. Elle était plus amaigrie que dans son souvenir, la perte de sang lui donnait un teint laiteux. Pourtant, la blancheur de la peau était la règle sous les dômes où jamais ne pénétrait un rayon de soleil.

Elle était encore belle malgré tout. Elle serra ce corps affaibli contre elle et le berça, une chanson enfantine lui revient à l’esprit. Cette comptine, fredonnée doucement, parlait de parents attentionnés, d’enfants obéissants et d’anges qui venaient des étoiles.

L’ambiance surréaliste combinée à l’odeur la prenait aux tripes. Une des femmes encore consciente retrouva la parole. Sa voix était très faible.

« C’est vrai qu’ils vont nous prostituer ? »

Sophia hocha affirmativement la tête.

« Vous êtes avec eux ? »

Elle hocha à nouveau la tête avec un sourire triste.

« C’est elle qui avait le tesson de bouteille. »

La femme désignait Lamnia.

Ils arrivèrent enfin. La plate-forme se baissa à nouveau. Ils étaient dans la cour intérieure de la Maison Stein. Tout le monde était visiblement prévenu, des hommes en armes courraient dans tout les sens. Il y avait d’autres fourgons garés. Igor L. Shein, rendu pourpre par la colère, trépignait et Vlatislav à ces cotés n’en menait pas large. Des hommes débarquèrent les blessés. L’un d’eux semblait diriger les opérations, Sophia s’avança vers lui.

« Vous avez de quoi faire des transfusions ?

- Ouais, mais pas assez.

- Elles se sont coupés les veines pendant le trajet.

- Je le vois bien ! C’est toi qui a fait les bandages ?

- Oui. Où vous allez les mettre ?

- Dans le hall, pour l’instant. Tiens, aide moi, on va porter celle là.

Aidés de gardes, ils portèrent les blessées jusque dans le hall et les alignèrent sur des couvertures. Les tentatives de réanimation furent vaines sur celles dont le cœur avait cessé de battre.

Sophia et l’autre homme installaient les poches de sang. Dans l’intervalle, un nouveau fourgon remplit d’une dizaine de jeunes hommes, la vue du sang dans l’autre véhicule provoqua un début de panique rapidement maîtriser à coup de crosses par les gardes. Igor L. Shein leur hurla de ne pas abîmer davantage la marchandise.

Alors qu’ils s’accordaient un moment de répit, Sophia interrogea l’homme avec qui elle soignait.

« Vous êtes médecin ?

- Non. Mais mon père l’était. Il m’a tout appris. Et toi ? Tes bandages sont bien faits.

- J’ai appris ça chez les brimos.

- Ah ! C’est toi la gonzesse de Vlatislav.

- Oui, je m’appelle Sophia et vous ?

- Lavrenti Utiovitch dit Doc

- Enchantée, Doc.

Elle réalisa qu’elle était couverte de sang de la tête aux pieds.

« La brune, là, tu t’en occupes particulièrement. T’y tiens ?

- Oui… heu… elle… elle vaut 55000 crédits.

- Je vois. On va faire en sorte qu’elle s’en tire, alors.

Il cligna de l’œil. Sophia changea de sujet pour éviter de rougir.

« Il leur faudrait plus de couvertures, non ? »

La tension finit par retomber et le teint Igor L.Stein retrouva son rouge naturel. Des hommes nettoyaient le fourgon. L’état des femmes étaient apparemment stabilisé. Vlatislav avait été sévèrement réprimandé par son chef. Il cherchait visiblement quelqu’un sur qui décharger sa morgue. Il s’apprêtait à rejoindre le niveau –5 et vint chercher sa maîtresse dans le hall.

« C’est bon, Sophia, amène-toi, on y va.

- Je crois qu’il vaudrait mieux que je reste ici, pour aider.

- Tu vas venir, oui ! On a perdu trop de temps ici.

- Non, je reste ici. Doc a besoin de moi.

Ce dernier acquiesça sans se mêler plus cela de la conversation.

« Tu viens quand je te l’ordonne. Et c’est un ordre. »

Il s’avança et tenta de la gifler. Elle bloqua son bras.

« Tu ne me frappes pas.

- Salope.

Il tenta à nouveau de lui la cogner. Son coup était maladroit et Sophia le déséquilibra ; il s’effondra lourdement sur le sol. Un rire gras retentit, celui inimitable d’Igor L.Shein.

« Hahaha, Vlatislav, tu es vraiment un bouffon. Va-t-en avant que je change d’avis. Mademoiselle tient à rester ici. Elle reste, si telle est sa volonté. »

Puis il s’adressa directement à Sophia, d’un ton légèrement narquois :

« J’espère que vous me ferrez l’honneur de partager mon déjeuner demain. »

Il claqua des doigts et un domestique nain parut.

« Vous lui trouverez une chambre et faites lui prendre un bain, elle en a besoin. »

Enfin, il battit des mains.

« Bon assez d’émotion pour aujourd’hui, il est temps d’avant se coucher. Nous aviserons demain. Doc, vous me surveillez ces colis, hein ? Il n’est pas question qu’il y en est d’autres qui claquent. Et pareil pour les autres, il faudrait pas que ça leur est donné des idées. »

Le nain conduisit de sa démarche bancale Sophia jusqu’à une chambre, un véritable petit palais. Elle soupçonnait que la bonté soudaine du « Boss » n’était pas pure générosité. En fait, elle craignait confusément que ce gros homme s’introduise dans sa chambre ou nourrisse quelques autres noirs desseins, bien qu’il fut de notoriété publique qu’il préférât les petits garçons. Elle prit un bain puis enfila la nuisette et la robe de chambre qu’avait porté le domestique. Elle retourna au chevet de Lamnia. La transfusion lui avait fait reprendre quelques couleurs. Elle dormait.

« Ouais, je leur ai mis un tranquillisant, des fois qu’il y en est une qui se réveille quand je dormirai. Par contre, on n’a plus de quoi les transfuser, il faudra les faire manger lorsqu’elles se réveilleront.»

Le Doc qui parlait était en train de s’affairer après un appareil qui n’était pas inconnu à Sophia.

« C’est un medipack ?

- Ouais, mais il marche plus. Il est un peu vieux.

Le medipack était un robot semi-automatique capable de soigner les plus graves blessures. Mais elle n’en avait jamais utilisé et fut bien incapable de le réparer. Le sommeil, implacable, finit par la gagner.

Elle se réveilla brusquement toute courbatue d’avoir dormi assise. A l’exception du Doc qui ronflait, tout était silencieux. Elle regarda sa montre : il était presque 11 heures du matin. Lamnia sommeillait toujours. Son souffle et son pouls restaient encore faibles mais réguliers. Elle fit quelques pas puis commença à resserrer ou remplacer les bandages. Elle se demanda où avait été amené les corps des deux mortes. Elles n’étaient plus de neuf allongées. Deux des filles semblaient à peine sortie de l’adolescence.

Elle avait envie d’amener Lamnia dans sa chambre. Sur le grand lit, elle serait mieux qu’ici. Elle était en train de réfléchir à la manière de si prendre lorsque le domestique nain reparut en clopinant.

« Excusez-moi mais il faut vous préparer. Le maître va bientôt déjeuner. »

L’agitation regagna petit à petit le QG de la Maison Stein. Le réveil du maître céans rythmait apparemment l’activité de cette fourmilière. Sophia, plus calme que la veille, découvrit ces immenses locaux. Le QG prenait bien un pâté d’immeubles ramassés autour d’une large cour intérieure. L’éclairage était assuré par la Maison elle-même. Autant la façade extérieure n’offrait un gris béton uniforme sans aucune particularité, la cour intérieure, encore encombrée des fourgons, était richement décorées de sculptures, volutes et statues. Le sol était même pavé de pierres colorées. Elle finit par suivre le nain qui la ramena dans sa chambre et lui présenta deux robes : elle choisit la plus habillée des deux.

Elle fut ensuite conduite dans un dédale de couloirs aux murs tapissés – luxe immense – et régulièrement décoré d’œuvres d’art - tableaux ou statues. Ils arrivèrent dans une grande salle au centre de laquelle trônait une grande table servie où était assise déjà trois personnes.

« Le maître aime à discuter affaire pendant son déjeuner. Installez vous, il ne va pas tarder. Vous vous lèverez pour le saluer lorsqu’il entrera.»

Sophia salua de la tête les trois autres personnes : des hommes à la mine patibulaire qui lui rendirent son salut. Elle remarqua qui leur manquaient aussi leur une phalange de leur petit doigt. Ils attendirent en silence.

Le claquement d’une porte et une grosse voix annoncèrent Igor L.Shein. Il s’emportait pour une raison inconnue après son domestique. Il parut, tous se levèrent.

« Bonjour, bonjour »

Il s’assit lourdement sur sa chaise.

« Farfadet ! Fais servir le déjeuner ! »

Le nain arriva en trottinant il frappa des mains et deux autres domestiques le crâne rasé et tatoué s’avancèrent et commencèrent à servir les plats fumants.

« Messieurs, commençons. Alors, faites moi un point sur les achats d’hier. »

L’un des hommes se leva.

« Pour ce qui est des mâles, nous pourront compléter nos effectifs dues aux pertes de ces derniers temps. Cependant, je vous ai déjà parlé du succès de cette branche et de sa potentialité de développement.

- Oui, oui. Passons, nous verrons cela aux prochaines enchères. Et pour la qualité ?

- Elle est satisfaisante. L’un d’eux à cependant une forte fièvre, on l’a isolé. Nous pourrons commencer à les mater dès aujourd’hui.

- Bien, bien. Et pour les enfants ?

Igor commença à manger, les autres l’imitèrent.

- Votre choix a été très avisé mais…

- Mais ?

- Il y a un mutant dans le lot.

- Un mutant ?

- Hélas, c’est assez discret mais assez révulsant à l’examen…

- Assez ! Nous sommes à table ! Vous me le ferez disparaître, je ne veux plus en entendre parler.

- A vos ordres.

- Passons aux femelles. Je crois que tu es bien placé pour en parler, j’ai appris que tu as passé la nuit à leurs chevets. C’est beau.

Son ton ironique manqua de faire rougir Sophia.

« En effet, Monsieur…

- Et bien ? Leur état ?

- Elles sont faibles, Monsieur, et nous n’avons plus de quoi les transfuser.

- Mais elles vont s’en tirer ?

- Oui, sans aucun doute mais il faudra du temps… Monsieur, sauf votre respect, j’aimerai vous signaler qu’il en a une qui m’appartient. J’aimerai assez la récupérer.

- Oui, je sais. J’ai fini par me rappeler où je t’avez déjà vu. Tu es l’ancienne brimo qui as tué Ivan et devenu la maîtresse de ce fat de Vlatislav.

Elle confirma.

« Tu m’as beaucoup amusé en le ridiculisant hier soir. Tel que je le connais, il va chercher à te récupérer et se venger. Tu ne seras pas belle à voir après. »

Il enfourna un gros morceau de poisson et le mâcha bruyamment. Le nain debout sur un marche pied se tenait près à essuyer les lèvres de son maître avec une serviette. Le silence troublé par les bruits de couverts et de mastication s’installa. Le repas était copieux. On y trouvait du poisson, des légumes variés, du pain à la farine d’algue et un alcool fort pour accompagner le tout. Sophia se força pour refuser le secours de la coupe qu’on lui servit. Cela ne passa pas inaperçu d’Igor.

« Allons, à ce que j’ai appris, cela ne te ressemble pas.

- C’est-à-dire que j’aurais sûrement besoin de toute ma tête pour échapper au sort que vous me prédisez.

- Héhé, bien répondu. Je t’aime bien ‘Sergent’, tu as du caractère. Je n’ai pas beaucoup de femmes dans mon entourage.

Il regarda ses hommes qui baissèrent la tête.

« Je suis entouré d’idiots virils et poilus qui ont un pénis à la place du cerveau Et je n’aime pas leurs murmures et leurs allusions sur mes goûts… hum… de lit. »

Ces hommes semblaient se ratiner sur leurs sièges. Aucun n’osait croiser le regard de leur chef.

« Aussi, je pense qu’un peu de féminité parmi mes lieutenants ne serait pas de trop. Je prends donc cette jeune personne sous mon commandement direct et faites en sorte que Vlatislav apprennent que s’il arrive quoi que ce soit à ma nouvelle adjointe, il fera un mémorable plongeon dans un bain d’acide. C’est clair ? »

L’un d’eux trouva le courage de murmurer faiblement « très clair ». Il les congédia alors qu’ils n’avaient pas encore fini leur assiette.

« Tu vois, ma chère, je viens de te faire haïr par une bonne moitié de mes hommes. L’autre moitié sera conquis par ton charme. Sauf peut-être lorsqu’ils réaliseront que tu leur préfères une femme… Car c’est bien cela n’est-ce pas ? Mon petit Farfadet n’a pas les yeux dans sa poche. Oui, la couleur de tes joues me dit qu’il ne s’est pas trompé. Ici, il faut se faire haïr et craindre pour être respecter. Toi aussi, tu me crains parce que je peux d’un claquement de doigts te prendre ta vie. Mais crois-tu qu’il y en est un seul qui m’aime, ici ? Pourtant, tous me baiserait les pieds. »

Il repartit dans un de ses rires gras et profonds.

« Reprend donc ton «esclave», soigne là et profites-en bien. Je mettrais bientôt à l’épreuve ta fidélité envers moi. J’ai de grands projets où tes compétences me seront utiles pour bientôt. »

Modifié par Patatovitch
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Excellente comme suite malgré une "manque d'originalité" (sans vouloir etre vulgaire), ce n'est pas le terme approprié mais ça fait déja vu (en fait j'avais pensé à cette suite mais sans tous les détails).

Ca fait un peu trop "rose" à mon gout, voila, j'aurai préféré que la brimo en chie dans son gang, que les autres tentent de la violer... bref pas la belle vie. Mais sait on jamais, elle peut toujours buter son futur ex-époux pour sauver la fi-fille et là ça serait trop de la balle.

J'espère cependant avoir été constructif malgré ces critiques qui n'engagent que moi.

Pour le reste: façon d'écrire/description... toujours aussi génial (et c'est ce qui compte).

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Lavrenti Pavlovitch dit Doc

On manque d'inspiration pour les noms :wub: ?

Sinon, le retournement de situation est assez plaisant bien qu'un peu simple pour 'Sergent' mais z'aime bien, mais ça fait un peu trop bizounours à mon gout (tout est relatif), elle n'a pas encore eu de gros pépin.

J'aurai préféré encore des descriptions psychologiques prises de tronche comme à début (le problème c'est que ça fait peu avancer l'histoire mais on peut pas tout avoir).

D'un autre côté il y a plein de rhytme et c'est bien aussi.

Pep - fidèle lecteur

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Invité nomad-cube

O fait patato , des histoires en zobs de choual c des histoires longues comme des " loutes " de chevaux ( pénis pour les attardés )

++

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On manque d'inspiration pour les noms  ?

oh ! je suis tombé sur un culturé :wub: En effet, Lavrenti Pavlovitch est plus connu sous le nom de Beria.

Sinon, le retournement de situation est assez plaisant bien qu'un peu simple pour 'Sergent' mais z'aime bien, mais ça fait un peu trop bizounours à mon gout (tout est relatif), elle n'a pas encore eu de gros pépin.

oui mais étant donné que les deux premiers chapitres ressemblent bigrement à des descentes aux enfers, j'ai pensé que... enfin... un peu de chance ne sera pas de trop pour refaire surface et leur donner un role qui soit mieux que prostituée... Mais rien n'est encore est j'ai plus d'un tour dans mon sac. Si elles croient pouvoir s'en tirer comme ça... ahhaha !

J'aurai préféré encore des descriptions psychologiques prises de tronche comme à début (le problème c'est que ça fait peu avancer l'histoire mais on peut pas tout avoir).

En fait, j'ai aussi eu l'impression d'être aller un peu vite sur ce 3eme chapitre.

J'aime bien fouiller dans la tête de mes héroïnes. Mais avant même que ta remarque, j'avais déjà commencé à rebosser sur ce chapitre notamment sur le début où je vais très très vite. Puis il ne fait que 10 pages.

O fait patato , des histoires en zobs de choual c des histoires longues comme des " loutes " de chevaux ( pénis pour les attardés )

Oui, j'avais compris. C'était un clin d'oeil à Slereah qui me charriait.

Patatovitch

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C'est super et l'ambiance est franchement excelente , c'est du pure Cyberpunk, TR-2070 , avec en fond l'univers de 40K ...

Vraiment excelent !

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Salut,

J'ai modifié le début du Chapitre 3 (voir ci-dessus), je pense que c'est mieux ainsi.

Je fouille un peu plus les problèmes "de tronche" de notre héroïne principale.

Le chapitre IV se nomme Fairan Utrlivna. Et oui, j'introduis encore un personnage.

Bon, c'est pas tout ça mais y a un site qui me réclame.

Patatovitch

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Et hop c'est reparti.

Patatovitch

CHAPITRE IV : Fairan Utrlivna

Elle avait sous les yeux le dossier concernant la disparition du Sergent Sophia Kinov. Elle le savait déjà de par cœur, elle ne tournait les pages que par acquis de conscience. La puce mémorielle qu'elle s'était faite greffer, il y a maintenant plus de 10 ans, avait considérablement amélioré ses facultés mnémotechniques. Elle était capable, en autre de ce rappeler ce qu’elle avait mangé à midi, 124 jours en arrière : une salade d’algues lyophilisées, accompagnés d’aromates divers. Mais l’astuce était qu’à la cantine, elle prenait toujours la salade dans l’espoir renouvelé chaque jour de mincir un peu.

Au début, ces nouvelles capacités lui avaient fait peur, elle avait eu l’impression de contenir trop d’informations : l’annuaire du niveau 0, par exemple. Mais aujourd'hui elle y était habituée. Pourtant il y avait des choses qu'elle aurait aimé oublier : quand son compagnon l’avait quittée notamment. Elle se souvenait de la scène avec tant de détails que lorsqu'elle fermait les yeux parfois elle avait l'impression de la revivre, c'était assez désagréable. Là aussi, il y avait une astuce, elle s’était cassé le bras, ce jour là. Elle pouvait encore sentir une cicatrice à l’endroit où l’os avait perforé la peau.

Depuis, elle fuyait comme la peste le silence et l’inactivité de son appartement. Elle réfléchit quelques secondes : cela faisait exactement 2 jours, 6 heures 11 minutes qu’elle n’y était pas retourné. De toutes les façons, elle ne s'y plaisait pas, chaque objet lui rappelait son ex. Elle n'avait jamais eu le courage de déménager. Son bureau était son vrai chez elle, elle y avait même installé un lit pliant.

Dans son travail, elle était Commissaire-enquêtrice, première classe, Division « Recherche » au niveau 0, dans la Police bien sur. Le reste du temps -pas souvent- elle était Fairan Utrlivna, rez-de-chaussée de l'immeuble 915 J, Niveau 0 aussi. Son dossier à elle disait qu'elle était indépendante, qu’elle avait le sens de l'initiative et que c'était un bon élément. Ces collègues l’appelait affectueusement « Mama Tyria » c’était le nom personnage au demeurant assez sympathique d’un feuilleton du canal 23 qui passait, il y a quelques années. C’était vrai qu’elle avait parfois du mal à soulever ses 100 kilos et ses 56 années terrestres standards.

Elle avait souvent l’impression d’être un ordinateur. Son cerveau, ce paresseux, s’appuyait entièrement sur son assistant électronique. Elle s’était discrètement renseigner sur les moyens qu’il y avait d’enlever cet implant. Elle avait alors appris qu’elle risquait de ne plus se rappeler ne serait ce que son nom. Elle n’avait pas compris l’explication compliquée qu’on lui avait donné mais sa mémoire était désormais presque totalement stockée dans la partie électronique de son cerveau. Un minuscule effort de concentration était suffisant pour apprendre par cœur un dossier ou retenir le visage de quelqu’un pour des années. Heureusement, la majorité du temps, elle n’enregistrait pas toutes les informations que traitaient son cerveau.

Par exemple, elle ne savait pas si le fait qu’elle eut l’impression d’avoir déjà vu ce sergent Kinov était du à son implant. Il était fort probable qu’elle l’avait déjà rencontré. Elle avait du la rencontrer à la cantine, dans la salle de prière ou simplement dans les couloirs. Elles travaillaient dans la même caserne. Utrlivna avait beau forcer sa concentration elle n’arrivait pas à préciser les conditions dans lesquelles elles l’avait aperçue.

Le Sergent Kinov était directement responsable de la mort de 20 agents et de 52 blessés dans cette caserne même, de la mort de 7 autres et 15 blessés dans la caserne du niveau –3 où on l’avait muté, de l’assassinat d’une infirmière du niveau –3 et vraisemblablement de la mort de sa collègue Youlia Tinine ainsi que celle d’un agent.

Utrlivna aimait bien sa subordonnée Tinine. L’écriture ronde de cette dernière annotait le dossier qu’elle avait sous les yeux. Tinine était une jeune femme parmi les plus talentueuse qui lui avait été donné de connaître. Elle était déjà Lieutenant-enquêtrice malgré ces vingt-huit années. Elle n’avait cependant pas prévu que le véhicule qu’elle s’apprêtait à fouiller –celui de cette Kinov- allait lui exploser au nez.

Elles avaient toutes les deux étaient témoins de l’impressionnante explosion de la salle de prière. Ça avait été l’affolement. Leur bel entraînement n’avait servi à rien. Utrlivna s’était senti soufflé puis sa tête avait cogné quelque chose. Elle s’était réveillé pleine de sang, elle avait fini par déterminer tout ce que le sang ne lui appartenait pas -du moins pas la plus grosse partie. La salle était pleine de corps plus ou moins agonisants, de bouts de membres. Elle s’était redressé avec un puissant mal de crâne et son oreille gauche saignait –tympan crevé. Des blouses blanches teintés de sang s’agitait dans tous les sens. C’est les officiers qui avait le plus souffert : 16 morts dont un Colonel et deux Capitaines. L’enquête de Tinine avait montré que la bombe, de l’explosif voler quelques minutes avant dans l’armurerie de la caserne, avait été placé sous la place qu’occuper le Lieutenant Pes. On n’avait retrouvé que les bras et la tête du Lieutenant.

Depuis, du ciment frais avait bouché le trou laissé par l’explosion. Mais avant la prière, elle surprenait beaucoup de ses collègues qui vérifiait discrètement le dessous de leurs sièges. Elle aussi ne pouvait s’empêchait d’y jeter un coup d’œil.

Tinine avait été chargée de l’enquête. Elle avait bien avancé, l’épaisseur du dossier le prouvait. Malheureusement, elle était morte. Utrlivna reprenait donc la suite.

« Elle avait l'air fatigué puis elle buvait.

- Beaucoup ?

- Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour le cacher mais tout le monde le savait. Je ne l’ai jamais vu boire en service mais souvent, elle arrivait le matin pas très très claire.

C’était le témoignage du caporal Adtuliov, ex subordonné du Sergent Kinov.

L’annotation au crayon disait : « Coup de folie ou acte prémédité ? »

Elle avait des arguments pour soutenir les deux thèses.

La première était vraisemblable : Kinov malgré son dossier exemplaire était depuis longtemps instable psychologiquement. L’agression dont elle avait été victime en arrivant à la caserne du niveau –3 la fit basculer. Par vengeance, elle avait dérobé des explosifs et les avait utiliser contre le Lieutenant Pes qui était à l’origine de sa mutation et contre les responsables de son agressions. C’était l’explication la plus simple.

La seconde thèse faisait intervenir des éléments plus incertains : en particulier, le piégeage de son véhicule et cette Lamnia Corliovna, qui était vraiment cette fille ? « Membre d’un réseau d’opposition - Condamnée au Service Pénal le 3.301.083/M41» disait sa fiche. « Membre d’un réseau d’opposition »… Et si l’action de Kinov avait été pensé ? Si Kinov était autre chose qu’une brimo instable…

Elle consulta le compte-rendu de l’interrogatoire de Corliovna. Rien, elle ne disait rien sur Kinov. « Une caresse… »

« Puéril »

Pourtant, c’était sous Porta Rack. Pourquoi attendre le Porta Rack pour avouer une caresse et lâcher des membres insignifiants de son réseau alors qu’elle avait déjà lâchés ses chefs ? Il y avait là un problème significatif. Son implant ne lui donna pas de réponse. Mais son instinct lui souffla que c’était par là qu’il fallait chercher. Que restait-il ce que réseau ? Qu’était advenu ces membres ? Kinov pouvait fort bien se cacher parmi eux.

Elle se contraignit à noter toutes ses réflexions. C'était le règlement. Les personnes comme elle prenait l'habitude de travailler uniquement dans leur tête. Un coéquipier aurait pu trouver ça désagréable et surtout en cas de disparition brutale, le travail aurait été à reprendre à zéro. Tinine avait apparemment suivi le règlement. Elle était aussi équipé d’une puce. Tout semblait y être mais peut-on rassembler dans un dossier tout ce qu’un cerveau peut produire.

De nouveaux greffons permettaient de se brancher directement sur un ordinateur par un câble, cela faisait gagner un temps appréciable. Ce genre de matériel n’était pas prés d’arriver dans le service. Les hommes du pouvoir aimaient les enquêtes rapidement menées. Les coupables étaient alors de pauvres hères que l’on jugeaient rapidement avant de les envoyer au service pénal. Mais elle et ses collègues avaient parfois des affaires qui duraient des mois et qui n’aboutissait pas ou pire qui mettaient en cause des personnalités ou leur entourage. Alors le dossier était rapidement fermé à moins que l’affaire ne soit utilisée à des fins bassement politiques, ce qui n’était guère mieux car les coupables n’était jamais jugé équitablement. Aussi le budget pour l’équipement du service était malingre.

Pour ce qui s’appelait désormais «l’affaire Kinov», il n’y avait pas eu de médiatisation. Elle avait les coudées franches, une affaire interne à la Police.

Modifié par Patatovitch
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