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Warhammer Forum

Les Trois destins


Waz

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J'ai lu la rallonge de ton texte et, franchement, c'est bien.

le temps d’une grossière faute pour le plus grand plaisir des lecteurs avides d’un récit plus long

Ca me gêne, je mettrais pas ça dans un texte.

C'est beaucoup plus clair comme cela question Jacob. Heu... Juste comme ça, c'est un peu rustique comme arme l'arbalette, non ? :lol:

Bravo, Hexeoclann.

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Voilà la suite, un peu courte, je n'ai pas eu beaucoup de temps ces derniers jours.

le temps d’une grossière faute pour le plus grand plaisir des lecteurs avides d’un récit plus long

Ca me gêne, je mettrais pas ça dans un texte.

Moi ca me fait marrer, mais bon, si tout le monde trouve que c'est de mauvais goût, j'enleverai.

L'arbalète est en effet rustique, mais je rappelle que le background est différent de celui de Warhammer et que le prêtre est un conservateur accompli.

Bonne lecture

Nathan s’étonna de l’effet de son tir, excessivement efficace malgré la lourde protection de son adversaire. Des volutes de vapeur s’élevèrent un peu plus loin, au-delà du prêtre, et Nathan obtint la réponse à son interrogation : Josuah s’était avancé à son tour, et, profitant de la distraction du religieux aux aguets, avait ouvert le feu. Peut-être était-ce là un coup préparé du destin, mais son tir avait coïncidé dans une parfaite harmonie avec celui de Nathan, et l’effet combiné des pointes acérées avait broyé le prêtre sous son étreinte létale. Celui-ci tenta de fuir maladroitement, davantage soutenu par sa Foi que par ses jambes flageolantes, porté par les puissantes ailes de son fanatisme à une vitesse stupéfiante, malgré ses pieds bottés qui trébuchaient dans la boue durcie.

Nathan et Josuah le regardaient s’enfuir, lorsqu’un éclair de compréhension tardive les traversa au même moment. Avisant l’ombre rutilante du prêtre qui sa faufilait tant bien que mal entre les arbres épineux, ils se lancèrent à sa poursuite.

Des racines traîtresses surgissaient du sol, presque invisibles dans la pénombre des sous-bois et des branches basses les cinglaient de leurs éperons végétaux, ralentissant leur course trébuchante. Nathan suivait le sol des yeux, tout entier plongé dans son observation, inconscient du monde extérieur et à l’affût du moindre obstacle. Toutefois, il leva le regard juste à temps pour voir le prêtre déboucher dans une étroite clairière baignée par la lumière couchante de la lune. Il discerna également une masse informe et noire posée sur la terre détrempée, et atteignit à son tour la lisière feuillue de l’espace dégagé. Il constata d’un rapide regard en arrière qu’il ne s’était guère éloigné du lieu du combat, la végétation sauvage ayant ralenti leur avancée de manière significative. Il franchit la dernière ceinture de larges pins, et comme il s’y attendait, il vit la silhouette parée de reflets métalliques du prêtre penchée sur le corps inconscient de Jacob, un poignard blafard à la main.

Josuah parvint dans la clairière à la suite de Nathan en un concert de halètements rauques, rapidement interrompu par la gravité de la situation. Il savait aussi bien que son ami qu’elle n’était pas à leur avantage, mais fit néanmoins face, levant son arme déchargée. Nathan brandit lui aussi son pistolet inoffensif, joua le tout pour le tout dans cette partie mortelle.

Le prêtre les toisa un instant puis ricana, des spasmes de souffrance contenue filant sur son visage :

« - Un seul mouvement de l’index et votre ami part pour les enfers qui lui sont promis.

- Que voulez-vous ? demanda Josuah d’une voix dure, Qui vous envoie ? »

Le religieux se fendit à nouveau d’un sourire carnassier, comme s’il avait encore un atout à jouer, et ouvrit la bouche pour répondre.

Avant même qu’il ait pu formuler un seul mot, une violente crispation de souffrance passa sur ses traits pâles. Son visage reflétait un étonnement sans bornes, tel qu’on en voit lorsqu’un mari découvre sa femme dans les bras chauds d’un autre, étouffé par un irrésistible sentiment de trahison. Il resta là quelques secondes, immobile, silencieux et offrant au vent nocturne le refuge de sa bouche béante. Puis lentement, comme un arbre déraciné qui est entraîné par son poids colossal, il s’effondra lourdement sur le sol, dévoilant un profond impact sur le dos de son armure déchiquetée.

Nathan et Josuah réagirent aussitôt et sondèrent attentivement la lisière de la clairière qui étendait ses branches basses à seulement quelques mètres. Ce fut Josuah qui l’aperçut le premier, et il le signala à son compagnon par un simple mot, calme, presque résigné :

« - Là… »

Nathan pivota vivement pour s’orienter vers la direction indiquée, à une vingtaine de pas en face de Josuah, légèrement sur la droite. Le vieillard de la diligence était appuyé nonchalamment contre un arbre, l’arme levée et une mèche blanche folâtre dans le vent..

« - Et bien, messieurs, je crois que mon aide arrive à point nommé, non ? lança-t-il.

Nathan hésitait, et de toute évidence ne pouvait pas compter sur Josuah qui, paralysé, contemplait l’aristocrate avec un inexplicable dégoût. Il rassembla néanmoins ses esprits et répondit :

« - En effet, elle aurait difficilement pu être plus utile.

- Inutile de me remercier, dit le vieil homme, je n’ai fait que ce que tout homme aurait accompli. Toutefois, permettez-moi d’abuser de votre reconnaissance pour poser une question… quelque peu indiscrète.

- Allez-y, je vous en prie, déclara Nathan, ignorant le « Non ! » soufflé à son oreille par Josuah, étrangement au comble de la panique.

- Merci, voilà ma question : outre les fort beaux mensonges que vous nous avez concoctés tout à l’heure, pourquoi les jeunes gens que vous êtes voyagent-ils dans la région ? »

Et voilà, pensa Nathan, ils étaient coincés. Que devait-il faire ? Il jaugea hâtivement l’homme du regard. Son front large et dégarni surmontait de sa masse ses yeux pâles, vifs et enfoncés dans leur orbite. Des joues exsangues et creuses flanquaient la faille rusée de sa bouche et son menton volontaire achevait de donner une impression d’intelligence à l’ensemble. Mieux valait ne pas prodiguer secrets et informations à la légère car toute donnée serait inévitablement analysée, vidée de sa substance puis classée dans un ordre parfait. Cependant, il savait aussi que le moindre mensonge serait décelé et finalement informerait tout autant voire davantage que la vérité. Bref, il était au pied du mur, et n’avait pas vraiment le choix.

« - Puisque vous n’avez pas l’air tout à fait certain, laissez-moi vous aider », proposa l’aristocrate avec un sourire entendu.

Modifié par Waz
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Salut.

Nathan réagirent aussitôt

C'est un singulier.

voyagent-ils dans la région ? »

-

Et voilà, pensa Nathan

hein ?

Bon sinon, c'est vraiment bien. A part le fait que le prêtre se remet relativement vite de sa double blessure :) , je n'ai pas grand chose à dire. L'histoire avance plutôt bien et on va enfin connaître la raison qui à poussé les héros à partir :huh: .

encore bravo,

Hexeoclann.

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Bon j'ai pas vu de fautes :)

Alors dans ce passage, je dirai que le premier passage, le premier paragraphe est un peu chargé en adjectif et au final on pige pas bien ce qu'il fait notre bon curé. Ensuite, bien rien n'a dire de spécial. Le vieux leur est d'une grande aide et j'ai l'impression en fait, que c'est plutot lui qui sait tout que le feu curé :huh:

@+

-= Inxi =-

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Coucou :blink:

Voilà la suite, qui clôt le premier chapitre

J'espère que le passage au plus-que-parfait ne sera pas trop lourd, c'est un peu expérimental.

le premier paragraphe est un peu chargé en adjectif et au final on pige pas bien ce qu'il fait notre bon curé

Ca, c'est le manque de description, ca me stresse et ca transparaît sur le reste :)

Allez, bonne lecture

- Ne vous donnez pas cette peine, c’est inutile, protesta Nathan.

- Si j’insiste, cela me fait plaisir. Vous êtes donc Nathan Valde, et vos amis ici présents – bien que l’un d’entre eux ne soit pas en état de répondre pour le moment – se nomment Josuah Petersen et Jacob von Walhen. Vous trois effectuez ce voyage vers la capitale pour fuir la justice de Lacarn, bien que la cause précise de cette fuite me soit encore inconnue. J’oserais même ajouter que votre exil est préventif, la magistrature n’ayant pas encore obtenu votre identité, elle sait juste que ses recherches doivent se centrer sur trois hommes correspondant à votre description. Vous avez donc préféré partir avant que la situation ne s’envenime, et vos pas vous mènent jusqu’à Ahren, où vous espérez pouvoir recommencer une nouvelle vie à l’abri des autorités.

Dois-je continuer, ou cela suffira ?

Un rictus sardonique courait sur les lèvres du vieil homme.

- Arrêtons-nous là, cela vaut mieux, répondit Nathan, décontenancé devant ces révélations inattendues. Toutefois, comment avez-vous pu obtenir toutes ces informations.

- Vous le révéler ferait perdre tout son piquant à cette conversation, j’en resterai donc là sur ce sujet…

- Que voulez-vous ?

C’était Josuah qui avait parlé. Sa voix était emplie d’un mélange de crainte et de menace, et son éternel sourire n’était plus qu’un souvenir.

- Ce que je veux, rétorqua le vieillard, c’est la vérité. Qu’est-ce qui a attiré l’attention des autorités de Lacarn et qui vous a poussé à fuir ? »

Nathan se tourna vers Josuah pour l’interroger du regard. Il découvrit son ami en pleine réflexion, parfaitement calme à présent, et les yeux du jeune homme dévisageaient pensivement l’aristocrate. Visiblement, il cherchait à deviner jusqu’où allait la connaissance du vieillard, où l’exactitude laissait place à la déduction tâtonnante. A la grande stupéfaction de Nathan, son ami prit la parole et il su clairement qu’aucun mensonge ne parsèmerait son récit.

« - Par où commencer ? demanda-t-il. Le plus judicieux est sûrement de débuter par le départ… »

Ainsi Josuah entama son récit, et Nathan se remémora avec lui les événements qui survinrent quelques jours plutôt.

Tout d’abord la pauvreté, la misère, l’affreux dénuement qui les avait tenaillé tous les trois. L’absence prolongée de travail les avait peu à peu réduit à vivre comme il le pouvaient, de vols à la tire et de rapines. Comment trouver une occupation honnête lorsque l’on est issu d’un orphelinat où l’on a échoué après avoir vu son quartier brûler ? L’incendie avait ravagé leur modeste demeure alors qu’il étaient très jeunes, mais des séquelles terribles subsistaient encore sous forme de cauchemar persistants qui minaient leurs courtes nuits.

Lassés de survivre plutôt que de profiter pleinement de la vie, ils avaient au fil du temps rehaussé leurs ambitions et s’étaient alors attaqués aux riches domaines qu’ils pillaient sans scrupules. Leur ordinaire s’était grandement amélioré, leurs entreprises étaient restées couronnées de succès malgré les risques encourus, et ils auraient raisonnablement pu s’arrêter là. Mais l’appât du gain avait été le plus fort, en tout cas jusqu’à ce fameux jour.

Cela devait être leur ultime affaire, après quoi ils retourneraient à des occupations plus classiques, appuyés par l’influence de l’argent. Nathan se souvenait nettement de cette matinée brumeuse où lui et Josuah avaient patiemment attendu leur cible, une diligence porteuse d’un important chargement d’or brut. Une entreprise en apparence aisée et qui logiquement aurait dû l’être, mais elle s’était finalement transformée en désastre.

Josuah ne s’étendit pas très longuement sur ces événements, se bornant à énumérer vaguement les nombreux problèmes qu’ils avaient rencontrés. Nathan connaissait quant à lui pour sa part les nombreux détails qui les avaient accablés tout au long de l’opération :

Leur placement avait dû être tout à fait précis et chaque étape du braquage avait été envisagée, analysée puis minutieusement préparée. Tout le déroulement de l’attaque avait été réglé, et Nathan avait veillé à ce qu’il soit parfaitement orchestré. Hélas, l’aléatoire avait frappé, surgissant soudainement de l’abîme sans fond des probabilités. D’ailleurs, le sort s’était à ce point acharné sur eux que Nathan se demandait si une pareille malchance était possible. Toujours est-il que Josuah, en poste à l’arrière du convoi d’or, gêné par la brume persistante, n’avait pas repéré l’un des gardes qui escortait la diligence. Il s’en était fallu de peu, à peine une demi-seconde ou même quelques centimètres, mais ce détail avait échappé à la vue pourtant perçante du jeune homme. Le garde avait donc eu tout la liberté de semer la confusion dans les instants qui avaient suivi, déclenchant une intense fusillade entre les trois compagnons et les membres du convoi.

Heureusement rompus aux combats de rue, Nathan et ses amis s’en étaient bien sortis, mais malgré ce résultat favorable, le hasard avait une nouvelle fois glissé son grain de sable destructeur dans les complexes rouages des possibilités : alors que Nathan mettait en joue le cocher de la diligence, un malicieux rayon de soleil l’avait aveuglé un instant, réverbéré et amplifié par l’armature métallique du Sanctuaire proche.

Maintenant qu’il se remémorait ce détail, il le trouvait de plus en plus aberrant, et s’il n’avait pas été de nature pragmatique, il aurait crié au surnaturel. En tout cas, cela avait permis au cocher de tirer en toute tranquillité et Jacob s’en était tiré avec une blessure à l’abdomen, heureusement sans gravité. C’était à croire que le sort s’acharnait sur lui et qu’il lui réservait toutes ses fourberies…

Enfin, le combat s’était achevé avec une issue largement en faveur des trois jeunes hommes, mais deux des gardes étaient parvenus à s’échapper et avaient rapidement alerté la milice, qui avait aussitôt lancé des recherches pour retrouver la trace du trio de malfaiteurs. Nathan et ses deux compagnons s’étaient donc vus contraints de s’exiler, et dès le lendemain ils commençaient leur périple en quêtes d’horizons plus cléments.

Le vieillard garda le silence jusqu’à la fin du récit, sa curiosité en partie rassasiée, puis prit la parole :

« - Voilà une histoire bien passionnante, messieurs. Si à cela on ajoute le meurtre de ce brave prêtre ici présent, on peut dire que vous possédez un palmarès criminel des plus alléchant.

- N’est-ce pas vous qui avez achevé le religieux ? précisa Nathan avec un haussement de sourcils, cela vous élèverait au même rang que nous.

- Voyons, riposta le vieil homme, qui irait croire que j’ai tué quelqu’un comme lui? Personne. Personne de raisonnable tout du moins.

- Je vois, dit Nathan qui commençait à entrevoir les visées de l’aristocrate. Et où cela va-t-il nous mener ?

- Loin, messieurs, très loin. Si vous coopérez, bien sûr. Il se trouve que j’ai besoin de gens comme vous.

- Et pourrons-nous savoir dans quel but ?

- Pas encore, rétorqua le vieillard, patience. La surprise sera d’autant plus agréable que l’attente sera longue… »

Les regards de Nathan et de Josuah se croisèrent. Ils n’avaient pas le choix. Etrangement, Josuah ne semblait pas particulièrement réticent à l’idée de suivre le vieil homme.

Enfin il déclara :

« - Et bien allons-y. »

L’aristocrate aux cheveux de nacre acquiesça avec un sourire triomphant et s’inclina, tendant sa main flétrie pour inviter les jeunes hommes à le suivre.

Modifié par Waz
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Bien, c'est super. :)

la connaissance su vieillard
métallique su Sanctuaire proche
A la grande stupéfaction de Nathan, il prit la parole et son ami su clairement qu’aucun mensonge ne parsèmerait son récit

J'aurais mis "son ami" puis "il", et pas le contraire.

Bon, sinon, comentaires!

- Vous le révéler ferait perdre tout son piquant à cette conversation, j’en resterai donc là sur ce sujet…
- Pas encore, rétorqua le vieillard, patience. La surprise sera d’autant plus agréable que l’attente sera longue… »

Tu tiens tant que ça à nous faire attendre :blink: ?

Cela devait être leur ultime affaire

C'est toujours quand on dit "allez, c'est la dernière fois" que ça foire! ^_^

C'est génial, le texte est prenant, bien décrit et juste assez long (j'aimerais bien savoir combien de pages Word ça t'as pris).

Hexeoclann.

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et son ami su clairement qu’aucun mensonge
l’armature métallique su Sanctuaire proche

??? :blink:

Bon ben c'est bien ! On voit enfin le lien avec le départ et que contrairement à ses attentes, le hasard a bien mis son grain de sable dans tout ça ! Bon donc je suppose que "l'introduction" va prendre fin et que le vieux va surement leur donner la quête qui durera jusqu'à la fin du récit ! Enfin je dis ça mais c'est pas sûr :) On va dire que en général c'est ça ^_^

Bon ben chouite quoi !

@+

-= Inxi =-

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Salut à tous (ou tout du moins à mes fidèles lecteurs que je remercie :devil: )

Voilà la suite je l'espère attendue : ('tention je n'ai pas relu ^_^)

Bonne lecture :D

Chapitre II : Ahren

L’après-midi touchait à sa fin, et le soleil flamboyant entamait sa lente descente dans le ciel parsemé de nuages. L’ultime journée du voyage approchait de son terme et Nathan se trouvait à nouveau assis sur la molle banquette de la diligence, en proie à une intense réflexion .

Il avait eu tout le loisir de penser pendant ces longues heures oisives aussi monotones que les précédentes, et était parvenu à quelques conclusions. Tout d’abord, il avait fort à dire concernant le vieillard : celui-ci avait changé du tout au tout, et alors que la veille il paraissait fatigué, usé et en pleine déchéance, la nouvelle journée l’avait trouvée totalement transformé. Que ce soit à cause de l’approche de la capitale, de sa secrète victoire de la nuit ou d’une quelconque et obscure autre raison, il avait troqué sa tenue défraîchie contre une redingote flambant neuve, ourlée de fils dorés et ornée de boutons de manchette en argent.

Son expression, son attitude même s’étaient modifiées. Son menton se levait en une pointe confiante et assurée auparavant absente, et ses rides étaient passées du statut d’accablants signes de l’âge à celui nettement plus flatteur de vénérables marques de sagesse et de connaissance. Il ne jetait plus de regards brefs et courroucés à ses voisins, aigri par un douloureux malheur, mais au contraire les dévisageait tour à tour, majestueusement, fort de son expérience et de la richesse de sa tenue. Il apparaissait comme un inébranlable roc, assis là parmi les êtres inférieurs dont il avait déjà triomphé aisément et sans effort.

Nathan ne savait plus que penser du déroutant aristocrate. Le changement de personnalité était trop brutal, quoiqu’après tout pas vraiment illogique, et bouleversait les impressions et les conclusions qu’il avait établies jusqu’alors. Comment pouvait-on passer ainsi de la faiblesse, de la chute à cet état de domination palpable ? Lui qui jusque là se montrait comme un vulgaire nobliau déchu et sans intérêt se propulsait d’un coup sur le devant de la scène, sans qu’aucune protestation ni objection ne se fasse entendre, comme si cela était dans l’ordre naturel des choses.

Décidément, cet homme savait manipuler avec habileté, et sa subtilité paraissait d’autant plus évidente au fur et à mesure que Nathan y songeait. Oui, ce n’était pas une conséquence calculables d’événements plus ou moins clairs et mis en relation, cela suggérait davantage une adroite manœuvre ayant pour but de dérouter les esprits naïfs. Nathan examina subrepticement l’aristocrate, cherchant à lire les secrets enfouis de son âme à travers l’acier de ses yeux. Il y décela une chose à laquelle il s’attendait inconsciemment et qui dominait toutes les autres pour un observateur attentif et insensible à l’aura du vieil homme. La fourberie. Fourberie et intelligence, la formule radicale pour obtenir un concentré de cynisme et de manipulation. D’ailleurs, l’un des meilleurs exemples en restait Josuah. Il fonctionnait finalement sur les mêmes bases, mêlant sympathie et vice en un concert de coups bas comme de coups d’éclat. Nathan songea que son ami ne s’était pas montré moins sournois que son homologue aux cheveux gris en de nombreuses occasions, et que cela se révélait aussi être tout à fait son style de cacher la vérité, de se montrer sous un jour différent pour tromper l’ennemi.

Restait à savoir qui était cet ennemi… Pourquoi pas lui-même, après tout ? Qu’en savait-il ? Rien, au bout du compte. Il demeurait aussi peu informé sur les pensées et les états d’âme de Josuah que sur ceux de l’Empereur en personne. Qu’une trahison vienne et il ne la verrait pas arriver, cachée qu’elle serait sous le voile trompeur de l’amitié. Ne l’avait-il pas prouvé cette nuit même ? Si Josuah avait vraiment eu pour intention de le tuer, rien au monde n’aurait pu l’en empêcher. Personne n’est exempt de soupçons, aussi vrai que tout le monde subit le coup du hasard au moins une fois dans sa vie. Nathan ne contrôlait ni l’un ni l’autre, et sa colère de l’aidait en rien à résoudre cet épineux problème.

Il prit soudain conscience de ses pensées, et avec un frisson de dégoût teinté d’une pointe de regrets, il s’arracha à sa réflexion en maudissant intérieurement son imperfection et son esprit vagabond. Peut-être pas autant qu’il l’aurait dû toutefois…

Il se força à reporter son attention sur le monde réel, qu’il découvrit inchangé et toujours aussi morne. Quoique, au-delà du changement d’attitude de l’aristocrate – d’ailleurs, il ne connaissait même pas son nom, il ignorait finalement tout de lui -, tous les autres passagers semblaient avoir modifié leur comportement, comme influencés par l’aura déroutante de leur voisin despotique. La femme massive qui auparavant traînait son regard inexpressif sur tous les recoins de la diligence contemplait à présent le paysage extérieur, son visage se déformant sous l’action incontrôlée de tics nerveux. Même la jeune femme donnait l’impression d’être mal à l’aise, et nombre de ses coups d’œil apeurés se destinaient à l’aristocrate, comme si elle voyait enfin la véritable personnalité de l’individu. Elle paraissait presque accablée sous le lourd poids d’un secret inconnu de tous et qu’elle avait le funeste privilège de partager.

Nathan, ne supportant plus la tension sans cesse grandissante de l’habitacle changea de stratégie et opta pout celle de la grosse femme, à savoir s’immerger dans la contemplation du paysage pour oublier peu à peu le reste du monde.

La forêt avait fini par laisser progressivement place à la civilisation. Les alentours vallonnés étaient à présent couverts par un terne tapis de champs laissés nus par l’hiver, et jonchés ci et là de larges fermes au toit de chaume. L’épaulement massif d’un des monts Deppel désormais tout proches barrait l’horizon de sa masse rocheuse recouverte d’arbres, mais le ciel embrasé par le soleil couchant illuminait quand même la campagne environnante de ses rayons orangés. Le Dresden coulait majestueusement dans son large lit à quelques encablures sur la droite, et était tel un fleuve de miel et d’agrumes scintillant sous la lumière dorée de l’astre mourant. Au-delà des flots lisses s’étendait une plaine jalonnée de villages agglutinés autour de leur Sanctuaire, et parfois rompue par une fragile ceinture d’arbres luttant contre la gelée. Encore plus loin, on pouvait vaguement apercevoir les Collines Grises dresser leur masse fugitive dans l’obscurité naissante du nord.

La diligence grimpait alors sur le flanc rocailleux des racines d’une montagne, et Nathan reconnut l’endroit, celui dont tout le monde parlait avec fièvre et ardeur.

Ils arrivaient enfin à Ahren.

P.S. : Hexeoclann, mes textes tournent aux environs de 7500 signes, même si je les preferes aux alentours de 10 000

Modifié par Waz
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du voyage approchait de sont terme et Nathan se trouvait à nouveau
illogique, et bouleversait les et impressions et les

T'as honte de tes fautes hein là ? ^_^

Bon c'est pas mal. Des fois j'ai l'impression qu'en lisant la dernière phrase et la première evidement, ca me ferait un résumé de ce que je vais lire ! Ben je suis pas loin sur ce passage :devil: Bon de bonnes grosses belles descriptions, rien de spécial a faire remarquer. La suite :D

@+

-= Inxi =-

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Encore un super texte. :D

Ton vocabulaire est toujours aussi varié et riche. Ce texte est exclusivement fait de déscriptions mais ça passe tout seul. On sent bien le malaise dans cette diligence. Cependant, ça me fait penser à un autre passage ^_^ .

Que va-t-il se passer ? Telle est la question.

Tu nous habitues à des texte super donc continues comme ça dans......LA SUITE!

Hexeoclann.

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Coucou :wink:

La suite avec au menu des tas de descriptions :lol: Hmm ch'est bon cha non? Comment çà une indigestion? 'Veux pas le savoir :(

T'as honte de tes fautes hein là ?

Bigre, ca vaut bien 4h d'auto flagellation en pénitence dans le congel ça...

Allez, bonne lecture :)

La voiture prit un virage sur la gauche et dépassa le promontoire rocheux qui leur barrait la vue. Alors Nathan vit, à une centaine de mètres en contrebas, la capitale étendre ses bras de pierre autour du Dresden. Ses hauts bâtiments se dressaient fièrement, leur toit ardoisé embrasé par la lumière du soleil sur le déclin. Les hôtels particuliers, les monuments, même les humbles maisons semblaient sortir de la terre, la recouvrir de leur masse de pierre uniformément sombre pour profiter de la caresse ocrée du crépuscule. Nathan admira le spectacle, imperméable aux faibles murmures qui s’étaient élevés à la vue de la ville, et tira parti d’un second virage pour mieux détailler la cité.

C'était une vaste agglomération – la plus étendue du monde prétendaient-on - , et les constructions paraissaient présentes partout. Depuis les flans escarpés de la colline Sudewer sur la gauche, où étaient bâties de riches demeures agrémentées de parcs, la ville descendait jusqu’aux berges du Dresden, parsemée de larges boulevards et de ruelles, d’antiques immeubles aux mornes façades et d’hôtels aux larges et belles fenêtres. Parfois, un monument, une grande statue ou un palais surgissait au milieu d’un riche quartier et dominait les alentours de sa haute et puissante architecture gothique. Une série d’enceintes cernait la ville et en garantissait la sécurité par l’épaisseur de ses murs et la qualité de sa construction.

Le regard de Nathan balaya la foule hérissée des édifices, puis trouva enfin l’objet de ses recherches. Il se demanda comment il n’avait pu l’apercevoir plus tôt tant elle attirait l’œil. Elle était là, la Basilique de Zauberwind, accrochée à sa falaise au défi des lois de la physique, surplombant la cité de ses énormes colonnades protectrices et teintées des flammes du crépuscule. Elles semblait être une mère bienveillante qui couvait sa descendance d’un regard attendri, immense et inébranlable.

Nathan s’arracha à sa contemplation béate et tourna les yeux vers la droite, au-delà du fleuve et de sa fameuse Ile des Jardins. Là-bas apparaissait une plaine entièrement bâtie d'habitations plus denses et visiblement modestes . Leur architecture traditionnelle, sans finesse, s’accordait avec le manque d’organisation des rues étroites. Cet endroit regroupait quelques lieux célèbres, comme le quartier des Quais ou la place des Faux Martyrs, reconnus pour leur dangerosité et leur faune pittoresque. On devinait que les lieux étaient en effet propices aux trafics et autres activités plus ou moins honnêtes par son organisation labyrinthique et regorgeante de cachettes et des coins obscurs.

Les occupants de la diligence purent une dernière fois discerner le tapis irrégulier des toits aux ardoises descellées, puis le paysage fut happé par les constructions les plus proches. La voiture approchait à présent des premiers faubourgs à un rythme accéléré par la descente et le pavage régulier de la route. Elle ralentit néanmoins lorsqu’elle atteignit les premiers bâtiments, et les chevaux piaffaient, excités par la proximité de leur étable qu’ils devinaient déjà. La diligence traversa quelques rues peu animées et bordées de manufactures et d’ateliers débordant d’activité, puis tourna à droite pour s’engager dans une impasse au bout de laquelle on pouvait apercevoir un bâtiment frappé du sigle de la compagnie de transport. Après un ultime virage à gauche destiné à les amener dans une cour attenante remplie de voitures rangées les unes à côté des autres, la diligence s’arrêta et marqua la fin du périple par le crissement froid et métallique de ses freins.

Le cocher descendit précipitamment de sa place et ouvrit la portière devant laquelle il déploya un marchepied de fer rouillé. Ce fut l’aristocrate qui sortit le premier, sans un regard pour le conducteur, un sourire débonnaire plaqué sur les lèvres. La grosse femme suivit, protestant contre la scandaleuse étroitesse des portes lorsqu’elle fut obligée de forcer pour extraire son corps épais du véhicule. Lorsque la jeune femme se présenta à son tour, l’aristocrate se précipita avec grâce pour lui offrir son bras, et lui susurra quelques brefs mots alors qu’il l’aidait galamment à dévaler les quelques marches. Nathan et Josuah vinrent ensuite, supportant Jacob qui ne s’était pas encore tout à fait remis de sa mésaventure de la veille. Ses deux amis s’étaient vus contraints de le porter pour le ramener à l’auberge, et avaient prétexté une indisposition lorsqu’ils avaient presque dû hisser leur compagnon dans la diligence le lendemain matin. Il y avait eu une nette amélioration de son était depuis, mais il titubait encore légèrement et son regard se faisait par moment vide et inconsistant.

Alors que Nathan mettait le pied à terre, un responsable de la compagnie sortit d’un bâtiment et vint à leur rencontre. C’était un homme d’un certain âge à la moustache retroussée et au large sourire, portant la livrée blanche et brune habituelle de sa société. Il parvint jusqu’à eux et serra chaudement les mains des passagers et demandant d’un ton jovial :

« - Alors, tout s’est bien passé ? Etes-vous satisfaits de votre voyage ?

- Entièrement cher monsieur, répondit l’aristocrate qui pour l’occasion s’était lui-même désigné porte-parole du groupe, ce fut un plaisir, plein de surprises et de rebondissements.

Bien qu’un peu étonné de cette réponse, et se demandant s’il était ironique, le responsable enchaîna :

- Vous m’en voyez ravi. Maintenant, me ferez-vous l’honneur de partager la traditionnelle collation d’arrivée, ou bien le devoir vous appelle déjà ?

- Malheureusement, je ne sais pas ce qu’il en est pour ces gens, répondit l’aristocrate en désignant les deux femmes avec un regard appuyé sur la femme imposante alors qu’il prononçait le mot « gens », mais ces trois messieurs et moi-même sommes forcés de vous quitter dès maintenant.

- Très bien, comme vous voudrez. Toutefois, avez-vous prévu un moyen d’accéder à la ville même ? Je vous signale que nous possédons un excellent service de carrosses qui vous emmènera partout pour un prix modique.

- Cela ne sera pas nécessaire j’ai une voiture personnelle qui m’attend non loin.

Nathan fut un peu surpris de cette annonce. Posséder une voiture restait un privilège réservé aux gens aisés, et jusqu’alors, l’aristocrate n’avait pas paru particulièrement nanti du point de vue financier. Il avait remarquablement bien caché son jeu, toutes les conclusions auxquelles était parvenu Nathan s’étaient révélées erronées quel que soit l’aspect de l’homme qu’elles concernaient.

Après que la grosse femme eût décidé de rester seule profiter de l’hospitalité de la compagnie, les voyageurs se firent leurs adieux, plutôt froids, bien que le jeune femme sembla plus d’une fois sur le point d’en dire davantage. Nathan et ses deux compagnons se tournèrent alors vers leur guide, et lui emboîtèrent le pas sans hésiter. L’aristocrate n’avait pas menti et lorsqu’ils débouchèrent dans une rue proche, ils découvrirent un cabriolet garé contre le trottoir grossier. Il était de taille respectable, avec un haut châssis et un attelage de quatre chevaux, et sa noire carrosserie lustrée étincelait dans l’obscurité naissante. Les quatre hommes s’en approchèrent et un valet en costume gris sombre les accueillit avec une courbette silencieuse, avant de les inviter d’un geste à monter dans le véhicule.

Alors qu’il gravissait les deux paliers du marchepied, Nathan vit les armoiries gravées sur les portes ouvragées : un serpent s’enroulait autour d’une rose épineuse et en mordait les pétales rouge sang avec avidité. L’intérieur était quand à lui luxueusement décoré, les parois de bois ciré se tendaient de velours pourpre, qui s’échouait en une cascade de dentelle sur les dossiers de cuir sombre des banquettes. Nulle poussière, nul accroc n’apparaissait sur la surface brillante des carreaux flanqués de rideaux ornés ; tout dans l’habitacle respirait la richesse et le pouvoir.

Les passagers s’installèrent en silence dans le doux renfoncement des banquettes, et l’aristocrate avait l’air tout à fait à l’aise dans cet univers de luxe, au contraire des trois jeunes hommes, nerveux et agités. D’un léger coup de canne sur le plafond, leur hôte donna le signal du départ et le carrosse d’ébranlé dans la nuit tombante.

Modifié par Waz
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Les fautes que j'ai vu sans chercher (du tout) :

C ‘était une vaste agglomération
quelques rues peu animées t bordées

Relis-toi bien :wink: .

Commentaires :

La suite avec au menu des tas de descriptions Hmm ch'est bon cha non? Comment çà une indigestion?

Délicieux, je me suis régalé :( .

Le vieil aristoctrate est riche donc, c'est bon à savoir. Que du bon!

Hexeoclann.

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leur toit ardoisé embrasé par la lumière du soleil sur

Un seul toit ?

Bon mis à part ça, pas de remarque bien précise sur la forme. C'est plein de description partout et pour l'instant c'est pas désagréable puisque dans le contexte découverte de la ville. Bon j'ai pas grand chose à dire de plus sachant que l'histoire n'avance pas beaucoup en elle même sauf avec un aperçu de la richesse du veillard ! Bon bah a voir la suite ! :innocent:

@+

-= Inxi =-

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Bon voilà la suite, courte, j'ai pas beaucoup de temps en ce moment :innocent:

Au programme, encore (et toujours) de la description, z'inquiétez pas, c'est la dernière grosse fournée avant une petite avancée scénaristique :clap:

Pour l'histoire des toits, me semble qu'une maison n'en a qu'un seul en effet :wink:

Je pense que j'éditerai la suite, sauf si elle est suffisament longue

Bonne lecture

Le fiacre traversa quelques rues toujours bordées d’ateliers à présent calmes pour la plupart, puis parvint jusqu’à une large route qui conduisait tout droit à la première enceinte. Celle-ci bouchait l’horizon pâle par ses épais murs de sombres pierre taillées et parfaitement lisses. Sur le dessus s’ouvraient les créneaux comme autant de gueules noires guettant les passants de leur œil méfiant, parfois interrompus par une large tour, qui s’élevait jusqu’à faire de l’ombre aux rares étoiles scintillantes. Leur pâle lumière céleste tombait sur les long tubes cuivrés des canons à vapeur parsemant la muraille de leur présence silencieuse, et le reflet métallique des casques caractéristiques des soldats impériaux brisait dans temps à autres l’uniformité des ténèbres naissantes.

Toutefois, la route poursuivait son chemin, perçait l’imposant édifice au niveau d’un vaste corps de garde fortifié. Le cocher immobilisa la carrosse au passage de la porte, et un ou deux factionnaires vinrent effectuer les vérifications routinières mais obligatoires dès la tombée de la nuit.

Moins d’une minute plus tard, le fiacre s’élançait à nouveau et pénétrait dans le cœur bien gardé de la capitale. Il traversa des enfilades de boulevards, de larges avenues et de majestueuses places ; Nathan ne savait où poser ses yeux éblouis tant il y avait à voir, à entendre et à sentir. Alors qu’il roulait sur le boulevard du Général Karlstein – le célèbre traître à l’ancienne couronne qui avait fait de l’Empire ce qu’il est maintenant, il y a un siècle et demi de cela - , il admira à loisir la vie frénétique qui animait les trottoirs : de vieux monsieurs respectables entraînaient leur femme parmi les étals déployés sous les arcades des immeubles ; des couples de jeunes mariés vaquaient, insensibles aux cris enjoués des camelots vantant les mérites de leur marchandise. Ici, un groupe d’hommes au costume à queue de pie se ruait par la porte dégoulinante de lumière d’un théâtre huppé, provoquant des remous dans la foule bruissante amassée sur les bordures sous le regard imposant mais bienveillant de l’édifice artistement sculpté ; un musicien faisait chanter les cordes de son violon sur une petite placette noire de badauds affairés ou oisifs, qui tous lui accordaient un regard intéressé avant de l’oublier aussitôt. Le tintement clair et sonore d’une cloche retentit, un peu étouffé par le doux grondement de la foule, et peu après surgit une série de wagons cuivrés tirée par une moderne locomotive à vapeur, luisante sous l’éclairage au gaz des hauts lampadaires publics. Bientôt le cortège s’immobilisa, provoquant la descente d’un flot humain paré de redingotes lustrées et de toilettes coquettes. Il vint heurter en une gerbe d’éclaboussures de dentelle les trottoirs pavés et les murs des immeubles, comme une vague de couleurs vives au défi de la sombre voûte du ciel noir ; il engloutissait les promeneurs son nombre écrasant et infiltrait les boutiques illuminées qui bordaient le boulevards avec maints cris de joie et de contentement.

Toute cette débauche de vie, de couleur et de modernité prit fin avec un virage sur la gauche, et Nathan put reposer son esprit affolé par tant d’animation. Le carrosse se dirigea vers le flanc de la colline Sudewer qui les écrasait de sa silhouette bâtie. Les rues du quartier qu’ils franchissaient étaient cette fois plus calmes. Quelque badauds se promenaient sur les trottoirs usés à l’ombre des noirs immeubles encadrant la rue, ou se pressaient vers un quelconque estaminet bondé en quête de distraction. Bientôt, ils atteignirent les premières pentes de la colline, et les constructions changèrent à nouveau : les denses carrés de résidences tout en hauteur faisaient place à des villas plus clairsemées qui avaient visiblement échappé aux grands travaux d’aménagement du siècle dernier.

Quelques virages plus tard, le fiacre quitta la route pour s’engager dans une allée gravillonnée et bordée de hautes haies taillées. Puis il déboucha dans un parc d’agrément à l’herbe rase et bien tondue, jonché de parterres de fleur rendus ternes par l’obscurité. La surface luisante d’une mare se dessinait à quelques sur la gauche, en partie cachée par l’ombre tombante d’un saule pleureur. Nathan bougea la tête de façon à voir devant la diligence et aperçut leur destination : au centre du parc était construit un beau manoir de pierre sombre, apparemment ancien, constitué d’un corps principal ainsi que de deux ailes placées en retrait. Aucune lumière n’était visible derrière les vastes fenêtres qui parsemaient les quatre étages du bâtiment, seule la lune éclairait le pignon sculpté et orné de gargouilles grimaçantes. Le carrosse passa devant les vitres vides du rez-de-chaussée puis bifurqua pour emprunter une porte cochère placée sur la droite de l’édifice, et qui menait à une arrière-cour pavée. Le véhicule s’arrêta devant le seuil ornementé des marches d’une large entrée, présentant son flanc gauche aux yeux sombres de la porte entrouverte.

Un laquais vint ouvrir la portière et l’aristocrate sortit en premier du cabriolet.

« - Suivez-moi, messieurs, annonça-t-il une fois au-dehors. Grégoire, voulez-vous vous rendre dans le petit salon et y préparer une flambée ainsi qu’une légère collation ?

Le valet acquiesça et pénétra à l’intérieur pendant que Nathan, Josuah et Jacob s’extrayaient du fiacre. Sans un mot, il suivirent le sillage de leur hôte d’un pas prudent, jaugeant hâtivement la bâtisse du regard.

Modifié par Waz
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Le tintement clair et sonore d’une retentit

Bon, à part ça, c'est (encore :wink: ) génial.

z'inquiétez pas, c'est la dernière grosse fournée avant une petite avancée scénaristique

Enfin le plat principal.

Bon bah, je pourrais copier coller mon message d'avant mais ça n'a pas d'interrêt. Je préfère donc dire que j'adore :innocent: et que j'attends la suite avec impacience.

Hexeoclann.

Modifié par Hexeoclann
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Pour l'histoire des toits, me semble qu'une maison n'en a qu'un seul en effet

Non... :innocent: Dans cette phrase comme tu l'as écrite, tu considères que les maisons n'ont qu'un seul toit en commun ! Ce qui n'est pas le cas ! Donc tout au pluriel !

J'édite pour le commentaire du nouveau passage quand j'ai le temps :wink:

@+

-= Inxi =-

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Salut.

Bon je voulais juste dire que ton texte est bien. Effectivement il faut aimer les descriptions, mais à partir de là pas de problème.

Je n'ai pas grand chose à dire sur le scénario qui avance... lentement, ni sur les fautes, que je ne repère jamais sauf en les cherchant. Mais il y a quand même quelquechose que je voulais te demander: Est-ce que ton monde correspond à quelquechose?

Nan parceque des lampadaires au gaz à une époque ou l'on croit encore que la Terre est plate... Ca n'a jamais existé dans notre monde. Bien sur, tu fais ce que tu veux, mais cela m'a un peu choqué que tu mélanges comme ça.

Voila, mon commentaire sert pas à grand chose, mais je sais que ça fait toujours plaisir de voir qu'un lecteur de plus aime.

Shas'o'da'lyth'mor'tyr,

Ah et puis suite pour que l'histoire avance (enfin).

Modifié par 0'mor'tyr
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Salut :wub:

Tout d'abord, des petites réponses s'imposent :wink:

Est-ce que ton monde correspond à quelquechose?

Si ca concerne des références au notre, je dirais plus ou moins. Le cadre ressemble à celui de l'industrialisation, mais comporte des details qui changent, enfiun je ne m'étendrai pas la dessus ici, sauf questions supplémentaires.

Quant à la question sur l'histoire de la Terre plate, peut-être queqlues indices dans ce qui suit :P

Allez, bonne lecture :D

Ils atteignirent la porte ouvragée, la franchirent, et entrèrent dans un vestibule : c’était une pièce de belle taille, haute de plafond et tendue de riches tapisseries tissées à la main. Deux lampes à gaz disposées de part et d’autre des trois portes de la salle illuminaient la scène de leur lumière grésillante, reflétées par les tubes métalliques de portemanteaux alignés contre le mur.

Alors que les trois jeunes hommes admiraient la fresque représentant l’entrée d’un condamnée aux enfers, peinte sur le plafond de plâtre durci, un domestique signala sa présence par un discret raclement de gorge.

« - Monsieur le Baron vous attend, dit-il alors que Jacob pivotait vers lui. Si vous voulez bien me suivre… »

Tiens donc, pensa Nathan avec un sourire ironique, leur hôte ne se contentait pas d’être noble, il était aussi baron. Voilà qui compliquait la situation. Traiter avec quelqu’un disposant d’un tel rang et du pouvoir qui y est lié promettait de se montrer risqué. Bah, de toute façon et comme toujours, ils n’avaient pas le choix, autant aller jusqu’au bout des choses quelles qu’en soient les conséquences. Il se décida finalement à suivre le valet, qui les mena à travers quelques couloirs lambrissés et moquettés. Arrivé devant une porte à double battant, il toqua avec légèreté puis ouvrit, avant de s’effacer pour laisser passer les jeunes hommes.

Le salon possédait des proportions raisonnables, ni trop petites pour se sentir oppressé, ni trop grandes pour un quelconque effet de solitude et de distanciation. Tout en lui évoquait au contraire l’intimité, le chez-soi. Les murs, plaqués de lambris de bois rare jusqu’à mi-hauteur, se couvraient de tissu pourpre sur la partie supérieure, et étaient ornementés d’une ou deux tentures brodées de fil d’or. Un couple de fenêtres perçait le mur du fond, déversant la lumière jaune des chandeliers fixés sur les parois dans le jardin envahi par la nuit. Un petit bureau noyé sous un monticule de papier et accompagné d’une chaise rembourrée était collé au mur sur la droite, et laissait la majeure partie de l’espace aux confortables fauteuils également pourpres regroupés autour d’une table basse de chêne. Là, quatre verres de cristal finement ciselés trônaient sur les pourtours, et au centre se dressait une flasque d’alcool millésimé, dispersant les rayons ambrés de la bougie proche sur le bois sombre.

D’un regard, l’aristocrate les invita à prendre place. Les trois hommes s’avancèrent, foulant le parquet précieux chargé d’exotiques tapis et se calèrent tour à tour dans le creux moelleux des fauteuils.

« - Eh bien ! Cela fait toujours plaisir de rentrer chez soi, n’est-ce pas ? interrogea le baron.

Les interpellés, sacrifiant à la prudence, restèrent muets et ne firent qu’acquiescer d’un petit hochement de tête.

- Goûtez ce cognac ; un vrai nectar vieux de presque un demi-siècle, proposa-t-il en souriant largement.

Devant l’hésitation silencieuse des jeunes gens, il éclata d’un rire sec :

- Voyons, si j’avais eu l’intention de vous empoisonner, j’aurais eu recours à des méthodes plus raffinées. »

Nathan jeta un regard suspicieux à son hôte puis jaugea le breuvage d’un œil méfiant : il paraissait tout à fait normal, mais qui sait ? Un poison particulièrement vicieux pouvait très bien se fondre sans une trace dans le liquide ambré. Enfin, il se décida et empoigna la délicate coupe d’une main prudente, un « merci » murmuré courant sur ses lèvres. Lorsque l’alcool entra en contact avec celles-ci, aucune amertume, aucune acidité ne se fit sentir, même si Nathan était bien conscient qu’une fois encore, cela ne prouvait rien. L’aristocrate l’observait d’un œil rieur. Ce fourbe se délectait de son hésitation, de ses sens exacerbés à l’affût de la moindre saveur suspecte. Après un court moment, il reprit cependant la parole :

« - Comme vous le constatez, il n’y avait aucun piège. Réfléchissez un peu, pourquoi vous achever maintenant, après tout le mal que je me suis donné pour vous amener ici ?

- Peut-être par sournoiserie, rétorqua Josuah, son rictus ironique retrouvé et l’air assez satisfait de la situation défavorable.

- Venant de vous, cela me blesse, monsieur Petersen…

Josuah releva les yeux, indigné par un sous-entendu que Nathan n’avait pas vraiment saisi. Avant que l’échange ne s’envenime davantage entre les deux protagonistes, le jeune homme intervint.

- Peu importe tout cela. Comme vous l’avez justement souligné, nous sommes là, de plus ou moins bon gré. Que nous voulez-vous finalement, monsieur… monsieur ?

- Monsieur le Baron von Lästerzungberg, à votre service. »

Bigre, rien que ça. Même pour un provincial comme Nathan, ce nom n’était pas inconnu. C’était une figure éminente du beau monde, reçue à la cour avec des égards quais royaux. D’ailleurs, n’était-ce pas lui qui avait régi le Middenahr durant quelques années, il y avait une ou deux décennies de cela ? Il allait falloir éclaircir tout cela. En attendant, au moins se renseigner sur ses intentions.

Ignorant la crispation nerveuse de ses doigts sur l’accoudoir satiné de son fauteuil, Nathan se maîtrisa et, sirotant lentement le fond de sa boisson, se renseigna d’un ton qu’il voulait léger :

« - Fort bien. A présent, pouvons-nous savoir ce que vous attendez de nous ?

- Oh, c’est finalement assez simple, répondit le baron, rien de bien compliqué en ce qui concerne le fond. Toutefois, avant de vous en dire davantage, je dois être assuré de votre mutisme sur des sujets… sensibles, acheva-t-il après une courte hésitation. Toute action visant à dévoiler ce que je vais vous révéler sera punie de la manière la plus expéditrice qui soit.

- Parfait, déclara Josuah sans même concerter des compagnons. Nous vous écoutons. »

Il se cala dans son fauteuil, souriant, la lumière orangée des bougies se reflétant sur son long nez droit. D’un regard, la baron interrogea Nathan et Jacob, qui à leur tour donnèrent leur assentiment d’une signe de tête accompagné d’un soupir résigné. Josuah et son impétuosité…

« - Bien, débuta l’aristocrate, allons-y. Comme vous le savez, l’Empire est actuellement dirigé par son treizième empereur, Markus von Letzen. Il est au pouvoir depuis la mort de son père, il y a sept ans, et a jusqu’ici fait preuve d’une efficacité raisonnable en ce qui concerne les affaires intérieures. Ce que vous ignorez par contre, c’est que certaines personnes n’approuvent pas tout à fait certains aspects de sa ligne politique.

- Certaines personnes comme vous par exemple, releva Josuah avec une moue sarcastique, les yeux innocemment fixés sur l’un des tableaux de maître ornant le mur.

Le ton du baron se fit glacé :

- Sachez que je n’apprécie par être interrompu. Je ne tolérerai pas une seconde intervention de ce type.

Il marque une pause puis poursuivit.

- Je reprends. Donc, un nombre croissant de nobles – dont je fais partie puisqu’il semble apparemment que cela soit impérativement précisé – pense que des points précis de la politique impériale gagneraient à être améliorés. Le réclamation la plus virulente porte sur la politique étrangère de l’Empire, que beaucoup jugent honteuse. Elle consiste en effet à se réduire à une sorte de passivité oisive, sans prendre part à la moindre affaire hors des frontières établies, alors qu’au contraire il serait préférable d’agir dès maintenant, de tisser des alliances, de profiter de notre actuelle supériorité pour conclure des traités avantageux. Vous n’êtes peut-être pas sans savoir que les choses bougent au nord, en Valeron. Leur roi faiblit, il peine à résister aux exigences de ses puissants vassaux qui s’entre-déchirent. S’il vient à céder à un quelconque coup de boutoir plus violent que les autres, et qu’un duc ambitieux parvient à briser l’équilibre des forces et à prendre l’ascendant sur ses rivaux, le Valeron pourrait s’avérer quelque peu gênant dans les temps à venir. La situation menace également de dégénérer à l’ouest. La couronne de l’Hilmark commence à revendiquer la province du Pitmark, annexée il y a maintenant près d’un siècle. Même s’il ne s’agit pour l’instant que de demandes voilées, cela peut rapidement prendre un tour tout autre. Certains prétendent même qu’ils sont sur le point de découvrir le secret de la mécanique à vapeur, technologie que nous maîtrisons et jalousons depuis un demi-siècle.

« Non, tout cela doit changer, l’Empire doit cesser de rester fermé, replié sur lui-même. Pensez que nous n’avons jusqu’ici jamais exploré les éventuelles terres au-delà de l’océan, ni celles de l’autre côté des montagnes de l’est. Elles doivent pourtant receler des richesses sûrement énormes, des secrets inconnus et incroyables. Nous devons repartir sur les bases que nous avions lors de la création de notre Empire, réimposer notre hégémonie. Malheureusement, il faut pour cela que l’empereur change d’avis.

- Et en quoi tout cela nous concerne-t-il ? s’enquérit Nathan, que pouvons-nous bien y faire ?

Le regard exalté du vieux baron se braqua sur lui, comme pour à nouveau l’estimer sous la lueur chaude et vacillante des chandelles.

Nous ne sommes pas ici pour tuer l’empereur, que je sache, poursuivit-il.

- Non, bien sûr, répondit l’aristocrate d’une voix plus calme. Cela créerait des troubles incontrôlables et de plus, je doute que vous en soyez capables. Toutefois, votre véritable objectif n’en est pas si éloigné que ça.

- Comment ça ? intervint Jacob, prenant la parole pour la première fois.

- Et bien, messieurs, je vous annonce que vous allez devoir assassiner quelqu’un. »

La déclaration fut accueillie par un silence lourd et stupéfait Josuah reprit ses esprits le premier et dit d’une voix dure :

« - Les pointes de mon pistolet sont destinées à quelqu’un d’autre…

- Comment pouvez-vous le savoir, cher monsieur Petersen, puisque vous ne connaissez pas encore l’identité de votre future victime ? fit remarquer le vieil homme en souriant. Sur ce, messieurs, j’ose avancer l’idée que vous avez eu votre compte en émotions aujourd’hui. Je vais vous laisser méditer tout cela dans votre chambre, nous verrons les modalités demain . »

Les trois jeunes hommes émirent un concert de protestations, arguant qu’il n’avait en aucun cas le doit de taire la suite de sa déclaration, qu’interrompre une telle annonce d’une manière aussi brutale relevait de la plus pure mesquinerie. Le baron ne voulut rien entendre, et, insensible aux supplications, traversa le salon pour ouvrir les portes de bois brut.

« - Que la nuit vous porte conseil, messieurs. Gerhard vous mènera jusqu’à vos chambres respectives. Bonne nuit, lâcha-t-il avant de s’éclipser dans le couloir, laissant les jeunes hommes plantés debouts au milieu du salon, alors qu’ils s’étaient levés pour donner du poids à leurs exigences.

Modifié par Waz
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Ah, Bah ça avance.

Bon, tout d'abord, la forme :

C'est très bien écrit et on est vite transporté.

J'ai reperé deux petites fautes.

L’aristocrate l’observait d’un œil rieur,. :wink:
et... Ah, zut, je la retrouve plus.

Question fond, ça avance pas mal. Mais c'est quand même cruel de nous laisser en suspend, comme ça... :D ( et, selon moi, ça sert pas à grand chose ) Enfin bon, on va pas se plaindre :wub: . La suite.

Hexeoclann.

Modifié par Hexeoclann
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C'est vrai, je suis d'accord. Il gagne rien à les faire méditer ainsi. Au pire, il s'attise leur colère, ce que en quoi ne lui sert non plus à rien. Mais bon, il y a peut etre un sens caché dans tout ça. Et toi seul nous le fera découvrir. La forme est niquel, toujours amplie de descriptions qui nous font bien situer où et qu'est l'action. Rien à redire. La capitale est rapidement décrite mais je pense que plus tard on aura le droit à une visite alors tout ce qu'il me reste à dire, c'est suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 4 semaines après...

Après une absence (trop) longue, me voilà de retour, avec bien sûr un petit quelque chose sous forme de texte, bien évidemment dénué de toute avancée scénaristique :blink:

Bonne lecture

Ils ne pourraient pas avoir de discussion sérieuse ici sans détourner l’attention du domestique très certainement à l’affût de ce genre de comportement. D’un accord tacite, les trois jeunes hommes sortirent de la pièce et s’engagèrent dans le sillage de leur guide silencieux. Il les ramena jusqu’au vestibule carmin, où il opta pour une seconde porte de bois ouvragé dont ils poussa les épais battants. De l’autre côté se dévoila un vaste hall au murs de granit tendus de bannières, sur lesquelles se détachaient le Serpent et la Rose. Un gigantesque lustre de cristal déployait ses ramifications cristallines sous le plafond peint, et baignait la salle d’une vive lumière nacrée. L’éclairage courrait sur le sol dallé agrémenté de tapis, jusqu’aux larges marches de l’escalier. Celui-ci présentait ses courbes gracieuses et massives contre le mur du fond, enroulant ses imposantes volées de paliers en une double hélices bordée de parapets sculptés.

Le domestique en gravit les premières marches, rendu inconscient du chef-d’œuvre architectural qu’il foulait par de longues années d’habitude. Il s’arrêta sur le palier du premier étage et franchit une porte menant dans l’aile septentrionale du manoir, toujours escorté par les trois jeunes hommes. Après avoir arpenté le sol parqueté de deux couloirs consécutifs, le petit groupe s’immobilisa face à une rangée de portes flanquées de lampes à gaz. Le valet en désigna trois successives puis s’inclina en souhaitant la bonne nuit à chacun des hôtes.

Nathan adressa un dernier regard lourd de sens à ses compagnons, et pénétra dans la pièce qui lui était destinée : un large lit à baldaquin étayait le coin à sa droite, tapissé de brocart bleu sombre comme le reste des murs; le sol recouvert d’un parquet de chêne aux formes géométriques disparaissait en son centre sous un luxueux tapis brodé de fil pourpres et dorés; une armoire à double battant patientait aux côtés d’un petit secrétaire, au-dessus duquel s’ouvrait une fenêtre enténébrée par la nuit. Enfin, trois candélabres à six branches ornaient les murs et diffusaient leur lumière chaude et vacillante partout dans la pièce, jusque sur les arêtes boisées de la pendule placée face au lit.

Nathan esquissa quelques pas, puis s’arrêta pour se débarrasser de son manteau. Il le jeta à travers la pièce sans cérémonie, visant le dossier d’une chaise sans toutefois parvenir à le toucher. Il baissa les yeux sur les couvertures couvrant le matelas. Un plateau portant son repas du soir gisait là, et n’attendait plus que sa participation pour débuter le dîner. Après s’être assis et avoir ôté son chapeau, Nathan empoigna sa fourchette et entreprit de faire un sort à l’appétissant morceau de dinde qui le narguait depuis le fond de son assiette. Cependant, aussitôt après avoir englouti la première bouchée, il éructa un juron, tenta maladroitement d’éjecter le contenu de sa bouche dans une pluie de morceaux de volaille à moitié mâchée. Quel imbécile ! se croyait-il encore en séjour d’agrément ? Si le cognac ne s’était pas révélé empoisonné, le repas risquait quant à lui de l’être d’autant plus ! Que faire ? Et bien, tant pis, maintenant qu’il avait avalé une portion de la sournoise dinde, il en assumerait les conséquences. Il attendrait quelque temps, juste ce qu’il faudrait pour laisser un éventuel poison ou somnifère agir. Si aucun effet notable ne se produisait, il finirait son repas, plus prudemment.

N’ayant aucune autre occupation en vue, Nathan se laissa tomber sur le lit, et se retrouva très vite en conflit avec des pensées sous-jacentes qui profitaient de ce moment d’inaction pour l’agresser. Il observa pensivement tous les recoins de la pièce, sans vraiment les regarder, plongé dans ses réflexions rêveuses.

Il n’avait aucun moyen de prendre contact avec Josuah et Jacob, meurs mouvements étaient très certainement surveillés. Peut-être qu’en ouvrant la fenêtre…non, cela ne fonctionnerait pas. Et puis, qui savait ce que leur préparait le baron ? Même s’il n’y avait pas trop songé jusqu’ici, la tâche qui l’attendait lui répugnait au plus haut point. Que quelqu’un perde la vie lors de l’attaque d’une diligence porteuse d’un chargement précieux paraissait tout à fait concevable, presque dans l’ordre naturel des choses. Mais assassiner une personne de sang-froid, sans aucun objectif valable, cela relevait davantage de l’immoralité. Tout portait pourtant à croire qu’il devrait, lui comme ses amis, s’abaisser à ce niveau. Et cela pour le bon plaisir d’un baron avide d’une justice incompréhensible et – il n’en doutait pas bien qu’il n’eût aucune preuve – de pouvoir.

Finalement, Nathan se révélait être comme cette affreuse pendule, là, qui lui faisait fièrement face . Cette petit bille suspendue à un fil et ballottée de tout bord, c’était lui. Comme elle il montait, descendait, atteignait son apogée pour dégringoler derechef vers le côté opposé, tiré par une force contraire. A chaque fois qu’il lui semblait être sur le point de s’échapper, de s’envoler vers le ciel prometteur, un fil le tirait en arrière et le ramenait brutalement dans les affres de la réalité. Et tout cela à cause de cette série de rouages qui tournait, s’emboîtait puis se désolidarisait brusquement. Ces rouages qui jouaient avec lui, l’utilisaient selon leurs capricieux besoins. Peut-être que l’engrenage principal, coiffé d’une toison nacrée, n’était pas le pire du lot ; peut-être était-ce même le meilleur. Il ne voulait de toute façon pas le savoir. La seule information qui subsistait, celle qui obnubilait ses pensées à la dérive, c’était que tout en haut de cet échafaudage de mécanique, de ces roues et de ces engrenages, tout là-haut près du ciel, on trouvait un fruit mûr hérissé d’épines. L’Empereur dominait le système pour l’instant. Or, s’y frotter, même indirectement, ne présageait rien de bon, autant au niveau des perspectives d’avenir que de l’espérance de vie.

Un bruit sourd tira Nathan de ses pensées. Un choc. Venant de la chambre de Josuah, sur la gauche. Il se leva avec empressement pour se précipiter contre le mur fauteur de troubles. Il sonda la paroi, chercha à deviner si son compagnon faisait de même dans le but d’établir une communication, aussi ténue qu’elle fût.

Soudain, quelqu’un toqua à la porte. Nathan, le premier sursaut passé, pria l’inconnu visiteur d’entrer tout en essayant d’adopter un posture plus banale. L’huis s’ouvrit sur un domestique en livrée sombre et à la calvitie naissante.

« - Monsieur à appelé ? interrogea-t-il d’un ton formel.

- Et bien…oui », répondit Nathan en réfléchissant frénétiquement pour dénicher une quelconque excuse valable. Alors que son regard balayait le lit, il eut une idée. « Je me demandais juste ce qu’il était advenu de ma valise.

- Hélas, monsieur, je n’en sais rien, dit le domestique, le visage inexpressif, je vais me renseigner de ce pas. Bonne nuit, monsieur. »

Et il disparut dans le couloir, fermant la porte derrière lui. Très bien, songea Nathan, il ne serait pas facile de contacter Josuah ou Jacob. Leur hôte les avait munis de Cerbères attentifs au moindre mouvement. Des gardes à l’air bien peu corruptible qui plus est. Nathan ne s’attendait pas à recevoir sa valise avant le lendemain, elle devait être en ce moment même soumise à un rigoureux inventaire. Il devrait donc attendre. Il se sépara de son gilet et l’envoya rejoindre le manteau d’une secousse, puis se laissa aller à son désœuvrement. Les reliefs à peine entamés de son repas l’attendaient patiemment sur le lit mais son appétit lui faisait à présent défaut.

Waz, A+

Modifié par Waz
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Bien, bien.

Une suite toute en déscriptions, très peu d'action, ça ne change pas de ton style ordinaire, ça n'avance pas tellement... Bref, la suite parfaite pour nous faire attendre un peu plus. Tu remarquera quand même que l'on ne connaît pas de personnages secondaires à part l'aristocrate, donc on peu pas tellement stresser sur la personne qui va être tué.

Hexeoclann.

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monsieur, je n’en sait rien, dit le domestique, le

Bon j'ai vu qu'une faute ! Bon c'est vrai que ça bouge pas beaucoup ce chpaitre mais c'est normal après deux mois d'absence :P Ils se sont pris des vacances, c'est le temps de réattaquer :) Bon sinon il se passe deux trois trucs n'empêchent. Le fait qu'ils ne sont absolument pas libres de leurs mouvements, en casi prison et qu'en plus, ils sont complètement ignorants de ce qui va se passer ( comme nous :whistling: )

Suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 1 mois après...

Coucou à tous :huh:

Juste pour dire que je ne suis pas mort et que malgré les examens blancs/pertes de textes/problemes de connection/Chutes occasionnelles de motivation, je suis toujours la.

Un tout petit bout de texte complété d'ici peu histoire de relancer la machine (j'éditerais d'ici la fin du week(end j'espère)

je vous rassure, toujours fidèle à moi-même, il ne se passe pas grand chose (quoique, en faisant un peu gaffe... 8-s )

Bonne lecture

Il s’étendit sur les froides couvertures et s’immergea totalement dans l’étude approfondie de ses sens. Une vague odeur de moisi, mal dissimulée par les couches de cire odorante émanait des boiseries, planait jusqu’aux narines par vagues de fétides relents douceâtres. Sa conscience s’étendait rêveusement. Une opaque barrière bloquait ses pensées et excluait tout ce qui n’était pas sensations. Chaque nerf frémissait en son sein, protestait et trépignait, avant d’être lui aussi coupé du monde.

Les discrets craquement du bois brut résonnaient de temps à autre dans la pièce. Ils s’élevaient puis retombaient après une brève apogée de souffrance physique. Chaque meuble s’animait tour à tour de cette vie aussi courte que glacée. La table puis la chaise ; cela se propageait, onde avide de chair fraîche. La pendule à présent, cette pendule honnie et redoutée qui ployait sous le poids d’une charge inconnue. Le parquet ; cela se rapprochait dangereusement, bientôt il serait au pied du lit, et ensuite, en fléau inextinguible, il atteindrait…

Sa main agrippa le tissu râpeux des couvertures. Aucun réconfort de côté-ci, aucun chaleur protectrice pour recouvrir sa peau engourdie et insensibilisée. Hérissée par le sang froid et acide charrié par ses veines. De vagues ombres se détachaient sur l’étendue noire de ses paupières fermées. Trop tard. La tête lui tournait. Il sombra.

Une seule forme, solitaire et enténébrée, se dressait devant lui. Elle furetait, s’approchait petit à petit, ses membres tâtonnants promenant leur masse flasque dans chaque recoin. Un flou brumeux l’enveloppait, la drapait de ses replis toujours plus impénétrables. Bientôt il n’y verrait plus. Soudain, un chatoyant éclair blanc puis le noir. Le noir de l’oubli.

Nathan émergea en douceur. Il ouvrit doucement les yeux, encore engourdi de sommeil, pour découvrir les fanfreluches de dentelle du baldaquin se balancer mollement sous la caresse d’un léger souffle de vent. Avec un grognement de bon aloi, il se retourna dans son lit de manière à voir l’ensemble de la chambre. Un domestique était manifestement venu le matin, avait rangé les vêtements éparpillés à travers la pièce et ouvert la fenêtre afin d’aérer un peu le tout. Sans qu’il ne remarquât rien, songea Nathan, l’esprit encore embrumé par la fatigue. La méfiance faisait revenir la lucidité au galop. Quelqu’un ayant des intentions nettement moins pures aurait très bien pu s’introduire dans la chambre sans plus de problèmes. Sa vigilance ne devait pas se relâcher, pas au moment le plus inopportun.

Malgré les protestations de ses muscles ankylosés par abus de diligence, Nathan parvint à sortir du lit puis à atteindre ses vêtements. Une rapide toilette effectuée avec la bassine d’eau prévue à cet effet, suivie d’une habillage à la hâte, et il était fin prêt à descendre souhaiter la bonne journée à leur hôte. Il sortit de la pièce, déambula un moment dans les couloirs parquetés, puis mit le grappin sur un domestique dans l’espoir de trouver le baron plus rapidement.

Il le trouva dans un petit boudoir, une gazette sous les yeux et une tasse dans la main – thé ou tisane, Nathan n’aurait su le dire -.Un large divan faisait face à un chapelet de fauteuils repartis en arc de cercle sur le sol moquetté. Le valet qui avait obligeamment conduit Nathan jusque là toqua discrètement à la porte et annonça le visiteur :

« - Ah, monsieur Valde, bien le bonjour, lança le baron avec un large sourire. Je vous en prie, joignez-vous à moi. »

Nathan répondit au salut par une courbette puis alla s’asseoir en silence dans le fauteuil qui lui avait été imparti.

« - Je vais faire appeler monsieur von Wahlen puisque nous sommes au complet, continue la noble d’un ton jovial. Voulez-vous du thé ?

- Non, je vous remercie. » Une migraine commençait à poindre dans le front de Nathan. Il poursuivit toutefois. « Au complet avez-vous dit ? Où donc est Josuah en ce cas ? »

Le baron afficha une expression surprise :

« - Ne vous a-t-il point prévenu qu’il retournait à la compagnie de diligence ce matin ? il y aurait apparemment oublié ou égaré quelque chose d’importance. »

Nathan retint un juron. A quoi jouait Josuah ? il tenta de dissimuler son gêne par un sarcasme, aussi peu avisé soit-il.

« - Et vous l’avez laissé partir tout naturellement. Quelle noblesse…

- Sous escorte, cela va de soi, répliqua le vieil homme sans s’offusquer de la raillerie. Votre méfiance outrancière me peine, monsieur Valde. Vous ne devriez pas… ah ! n’est-ce pas monsieur von Wahlen qui arrive là-bas ? »

Jacob se profilait en effet dans l’encadrement de l’une des portes du boudoir, pleinement illuminé par la lumière se deversant de la fenêtre dans le dos du baron.

« - Et bien, mon cher, l’apostropha celui-ci, qu’avez-vous pensé de ma petite collection de tableaux ?

- Impressionnant, sans aucun doute, répondit laconiquement l’interpelé.

- N’est-ce pas ? C’est le travail de toute une vie, certaines pièces m’ont demandé des efforts colossaux pour les obtenir. La Chute du monarque de Venira par exemple, a nécessité près d’un an de recherches, et encore la moitié plus de négociations. Et ce n’est pas le pire, voyez-vous. D’autres m’ont causé davantage de soucis encore.

Nathan était en ébullition. Le baron semblait être en mesure de discourir des heures sur ses tableaux dont il n’était manifestement pas peu fier. Mais qu’importait l’art ou même La Chute du monarque en ce moment ? Les préoccupations de Nathan demeuraient tout autres, mais il voyait mal comment détourner la conversation sans s’attirer l’ire du vieil homme. Et cette migraine qui lui martelait les tempes, comme un marteau sur une enclume d’étain, comme la réplique appuyée d’un séisme antérieur.

Un coup d’œil vers Jacob lui apprit qu’il ne s’intéressait pas davantage aux tableaux. Il ne répondait que par pure politesse et cela se voyait, même si leur hôte exalté ne faisait pas mine de le remarquer.

« - A propos d’art, déclara soudain ce dernier, préparez-vous messieurs, car nous sortons ce soir . Le Grand Schwan nous ouvre ses portes. »

Nathan hoqueta, désorienté par l’annonce inattendue et lancée sans aucun préavis. Le baron s’amusait. il jouait avec leur nerfs comme un barde aux ongles acérés avec une lyre désaccordée. Le choc à peine digéré, Nathan songea directement aux implications d’un tel événement sous le regard amusé et scrutateur de son interlocuteur. Celui-ci rompit une nouvelle fois le fil – ou la corde – de ses pensées.

« - Oui, vous ne vous trompez pas, il s’agit bien du théâtre le plus réputé d’Ahren avec la Triste Plume. J’ai pensé qu’une plongée dans le beau monde vous ferait le plus grand bien avant d’entamer enfin les choses sérieuses.

- Mais nous n’avons rien de suffisamment décent à porter pour un tel lieu », fit remarquer Jacob, et Nathan fut un instant tenté de lui vouer un culte pour le pragmatisme qu’il parvenait à affecter en un moment comme celui-ci.

Le baron lui-même parut légèrement étonné , et sans doute considérait-il désormais le jeune homme sous un autre jour. Il se reprit très vite :

- « Ca n’est pas un problème, je pourrais vous prêter quelque chose de correct pour l’occasion. mais, oh ! veuillez m’excusez, un rendez-vous urgent auprès du Préfet m’attend. Nous poursuivrons plus tard, si vous le voulez bien. Bonne journée messieurs. »

Sur ce, le baron s’en fut sans autre sommation qu’un vague signe de tête. Les deux jeunes hommes ne réagirent pas, pris au dépourvu par la soudaineté de ce départ. Deux fois, songea Nathan alors que la silhouette du vieil homme disparaissait dans le couloir, deux fois qu’il leur faisait le coup. Cela frisait l’impolitesse à un tel point que la signification en devenait claire : ici, c’était lui le maître, lui qui dictait les règles. Et malheur à celui qui oserait le contester ? Cependant, à force de prouver sa domination, l’insurrection ne saurait tarder à éclater.

Sur ce, Waz, a++

J'ai posté une suite intégrée dans la partie précédente, histoire de ne pas pas me faire zigouiller par Inxi :D

Ah, et le monoligne ne tue pas, au fait (les modos si, il paraît, mais cela fait longtemps que je ne crains plus les lycanomorphes :P )

Sur ce, Waz, qui ne fait ni latin ni grec mais qui aime les mots tordus :woot:

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Bon bah rien à dire du tout sauf que j'ai l'habitude, sur cette taille de message, de renvoyer le texte en MP à l'auteur en disant de revenir quand ça sera plus long ! :o Bon là tu as de la chance que ça soit toi et que c'est de qualité ! Mais la prochaine fois, je veux au moins cinq fois plus long hein ! Allez suite alors ! :o

@+

-= Inxi =-

suivie d’une habillage à la hâte, et il était fin prêt

Bon ben ça va un peu mieux en plus grand ! J'ai combiné nos messages. Bon donc ce qu'on va apprendre là c'est que la crise se rapproche mais aussi qu'ils vont allés au theatre et je pense que c'est à ce moment là qu'on en apprendra plus ! Allez chouite !

@+

-= Inxi =-

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