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Ghiznuk

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Tout ce qui a été posté par Ghiznuk

  1. p.24 Chars squelettes 4e jour de damos, 962 A.S. Je savais que ce voyage comporterait son lot de moments d'inconfort, mais la rencontre de ce matin a dépassé mes attentes à tout point de vue. Au grand amusement de mes collègues (et à mon grand chagrin), je suis tombée à la renverse en découvrant deux chevaux squelettiques émergeant des sables, tirant derrière eux un char muni de faux. Ce n'est qu'après avoir réalisé que ce char était (bien entendu) stationnaire et à moitié enterré que j'ai pu retrouver mes esprits, tandis que les autres continuaient à se gausser de moi. Nos guides n'ont toutefois pas partagé la liesse générale. Au contraire, ils se sont empressés de nous faire forcer le pas. J'ai accepté à contrecœur, au vu de leur désarroi. J'ai tout de même été capable de réaliser quelques croquis de l'attelage, à fins d'études futures. Le fait que ce char et les soldats que nous avons rencontrés plus tôt arborent les mêmes symboles semble confirmer un certain nombre des théories de mon vieil ami le docteur Friedman. Peut-être pourrais-je encore sauver sa réputation en démontrant le bien-fondé de ses hypothèses sur l'un ou l'autre point.
  2. J'ai fait une annonce sur la page FB, il y a un certain ‘Julien Lecoeur’ qui a répondu présent, et un certain ‘Yoann Laute’ qui a été tagué. ‘Florian Lédet’ a également parlé d'un club à la Roche, “Les Pousseurs de Mogette”.
  3. Jette un œil sur la carte de localisation des joueurs (ici). Je vois 5 joueurs dans ta région, que tu pourrais essayer de contacter via le forum T9A. Sinon, c'est Bordeaux, Nantes ou Poitiers.
  4. Est-ce que c'est ma faute si l'administration Hollande a « oublié » de refusionner ces deux régions ? ?
  5. traduit du Ninth Scroll nº12 récit par ‘SirMC2015’ La Geste de sire Breslin – par ’SirMC2015’ Approchant à présent de la fin de mes jours, je ressens le besoin de coucher par écrit l'histoire de mon suzerain, le seigneur Breslin de Castelnoir. Lui qui m'emmena, moi, un pauvre garçon de ferme dans le plus reculé des hameaux sonnstahliens. C'est lui qui m'apprit à connaître mon vrai potentiel, lui à qui je dois la vie mais aussi ma famille, mon titre, mon honneur et ma foi. Je fus à son service, son loyal porte-étendard pour de nombreuses campagnes ; et si le monde devait à nouveau nous requérir, alors je soulèverais sa bannière une fois de plus. « Vic nor eridth, iqu darvesor aquain » : tels sont les mots par lesquels il vécut, ces mots que je chéris et dont je connais la véracité au plus profond de mon cœur. « Car dans la mort, je protège la vie ». Tout homme fidèle à mon seigneur et qui partage sa foi, partagera aussi son devoir. Mon seigneur était le bouclier et le bras de la déesse. Il ne répondait à l'appel des armes que lorsqu'il était véritablement émis par elle. Alors que ceux qu'il croisait sur le champ de bataille connaissaient la véritable peur. Ce n'est qu'à l'heure la plus sombre que je compris ce que ces mots signifiaient réellement, bien que je n'ose point ici m'aventurer plus loin. Avant de parvenir aux claires montagnes du Royaume, j'étais né dans les plaines de Parraigh, dans l'Empire. Mon père possédait un vaste domaine. Il était généreux et accueillant, mais très dur en affaires. Il avait été sergent dans la Garde impériale, avant de troquer son épée contre une charrue. Il avait parcouru le monde entier selon la volonté de l'Empereur, avait combattu en des lieux dont je ne parviendrai jamais à prononcer le nom. Mais il n'avait jamais aimé verser le sang. Je me souviens encore de ce jour où je rencontrai mon seigneur. Je m'en souviens comme si c'était hier. En vérité, quand bien même je ne me rappelle plus du visage de mon épouse – que la Dame l'ait en sa garde –, ce jour, jamais je ne l'oublierai. Père avait rempli son chariot, et nous nous rendions en ville pour y vendre nos produits. « La meilleure laine, le meilleur blé de la plaine », répétait-il à qui voulait l'entendre. Et je le croyais. Il était entré dans la halle de la Guilde des marchands pour y écouler nos produits et y trouver quelques outils de remplacement. Il s'agissait d'un bâtiment en bois, à la décoration plutôt sommaire, dont les lambris étaient aussi tachetés de brun que le plancher au sol. À l'avant du bâtiment, on voyait une enseigne représentant une bourse, le symbole de la guilde. J'étais comme d'habitude assis dans le chariot, mais de là où je me trouvais, j'entendais tout ce qui se disait au-dedans, par la fenêtre ouverte. Tout à mon œuvre d'espionnage, c'est à peine si je remarquai un homme à moitié mort de faim, menant un cheval en parfait embonpoint. Ses vêtements pendaient sur lui, comme s'ils avaient autrefois été à sa taille, mais étaient à présent trop grands. Il avait l'air abattu, tant qu'il pouvait à peine marcher en ligne droite. Lorsqu'il sortit de la Guilde, mon père remarqua immédiatement le pauvre hère qui, je l'appris plus tard, n'avait que quatre étés de plus que moi. Mon père était un rude gaillard, plus grand que la plupart des gens ; mais le nouveau venu rivalisait avec lui en taille. Il posa la main sur l'épaule de l'étranger pour le retenir – sa grosse main charnue, calleuse d'avoir tant travaillé au champ. Du peu que je perçus de leur conversation, je compris qu'elle n'était point en langue impériale commune. L'homme secoua la tête plusieurs fois, mais finit tout de même par donner un signe d'assentiment. Se retournant vers moi, mon père me héla de sa voix profonde, qui retentit sur la place du marché : « Wilhelm ! Veille donc à faire une bonne place à cet étranger à l'arrière du chariot ». Je sautai du chariot, répondant de ma propre voix enrouée : « Et le cheval, père ? » Je n'avais encore vu que quatorze moissons. Ma voix commençait à peine à muer, et mon corps croissait encore maladroitement. Le chariot était à présent bien plus léger, avec seulement quelques sacs de grain que nous avions finalement décidé de ne pas vendre, un fagot de bois et les quelques nouveaux outils. Je les réarrangeai pour m'assurer que l'étranger pût s'asseoir confortablement contre le sac de grain. « Notre invité dit que son destrier nous suivra à son propre rythme ». Maintenant qu'ils s'étaient approchés, je constatai à quel point l'étranger avait l'air mal en point. La nature l'avait pourvu d'une solide carrure, mais il était à présent dépourvu de l'énergie requise pour la mouvoir. Il était aussi décharné qu'un homme qui n'a pas fait un bon repas depuis des semaines. « Donne-lui la gourde et deux morceaux de bœuf séché à grignoter ». Je m'empressai d'obéir à mon père, tout en aidant l'homme à se hisser dans le chariot. Nous étions si concentrés sur l'aide que nous portions à cet homme, que nous ne vîmes pas les huit autres qui nous observaient de l'autre côté de la place et qui prirent la route dans la direction qui était aussi la nôtre. Une fois notre invité bien calé à l'arrière du chariot, nous dételâmes et partîmes vers l'ouest, laissant la place du marché et la halle de la Guilde derrière nous. Je me retournais sans arrêt pour observer l'homme par-dessus mon épaule. Sa tunique rouge était déchirée à plusieurs endroits, tout comme l'était son pantalon noir au niveau de ses genoux et de ses chevilles. Il portait de simples bottes de monte en cuir noir, qui avaient l'air de bonne facture, bien qu'usées. C'était là toutes ses possessions. Le destrier suivait le chariot, comme mon père l'avait prédit. Il était en pleine forme et paraissait régulièrement bouchonné. Une selle bien huilée, immaculée, était attachée autour de la taille de l'animal, avec une lourde sangle et une petite sacoche qui pendait au côté, ainsi qu'une couverture exagérément longue, nouée sur son arrière-train. Je pensai que ce cheval aurait pu avoir été volé, et j'en parlai à mon père. Il se contenta de secouer la tête : « Seul un fou tenterait de voler ce cheval ». Puis il ajouta, sur un ton avisé : « Je connais ce genre d'animal. Il est tout aussi dangereux que cet homme qui dort à l'arrière de notre chariot. Regarde ses genoux, ses sabots, les marques sur sa robe. C'est un véritable destrier, entraîné pour la guerre ! Tu n'as pas vu l'épée cachée sous la couverture ? Une épée bâtarde comme on en voit rarement. Et ses mains sont encore plus calleuses que les miennes : je suppose qu'il a donc l'habitude de s'en servir. C'est tout de même drôle, je lui parlais en langue du Royaume, mais il ne se souciait que de son cheval. Ça doit être un cadeau très précieux, de la part d'un puissant personnage. De tous les hommes d'armes et chevaliers errants du Royaume que j'ai connu, aucun ne possédait une bête si magnifique et si bien dressée. Seule la noblesse a les moyens de s'offrir de telles montures. » Nous continuâmes à deviser du Royaume, de son emplacement, de sa déesse, la Dame, et de son roi. J'étais toujours surpris de voir ce fermier à l'air si banal connaître tant de choses du monde, et je me gonflais de fierté en réalisant qu'il s'agissait de mon père. Notre ferme se trouvait à une demi-journée de route de la ville. Deux heures après que nous eûmes dépassé la dernière habitation, nous vîmes un homme arrêté au milieu de la route. Il portait une tunique et un pantalon de cuir, et une épée était accrochée à ses hanches. Il restait là, planté sur la route, un lourd gourdin posé sur l'épaule. Mon père tira les rênes pour arrêter le chariot et se mit à scruter les environs, devant, derrière, et sur les côtés. À cette distance, je pouvais discerner l'inconnu : il avait les cheveux châtain et une cicatrice rouge sur la joue gauche. « Bien le bonsoir, fermier. Comment vont les affaires à la Guilde ? » Sept autres hommes sortirent des fourrés, nous encerclant complètement. Tous étaient armés, qui d'une épée, qui d'un gourdin. Deux de ces brigands nous mettaient également en joue de leur arc. Mon père répondit, serrant les dents. « Que voulez-vous ? » Le grondement de sa voix, son intonation, sa posture m'effrayèrent. Je ne l'avais encore jamais vu prendre un tel air ; mais je savais que la vraie menace provenait des huit hommes autour de nous. « Seulement vous aider, compagnon. Votre pauvre mule qui vous tire ici m'a l'air bien épuisée. Peut-être est-ce l'or dans votre bourse ou les marchandises dans votre chariot qui la ralentissent ? Vous pourriez bien nous laisser les porter pour vous, n'est-ce pas ? » Il claqua des doigts, et la moitié de ses hommes s'approchèrent. L'un d'entre eux fit mine d'ouvrir la portière arrière. Mon père prit un air effondré : il était clair que nous ne pourrions gagner ce combat ; lui et moi étions à la merci de ces hommes. Nous n'avions pas la moindre arme, pas même un bâton à portée de main. Les deux archers vinrent plus près, arc bandé, flèche prête à jaillir. La suite se déroula si vite que j'eus à peine le temps de prendre conscience de ce qui se passa avant qu'il ne fût trop tard. J'entendis la portière cogner le rebord du chariot en s'ouvrant, puis un cri de surprise. Il y eut un choc sourd par terre : je crus que notre invité avait été jeté au sol. Les archers se retournèrent rapidement et décochèrent leurs projectiles. Je me souviens encore parfaitement du bruit de ces flèches s'enfonçant dans le bois du châssis. Puis un marteau – l'un des outils que mon père venait d'acheter – fendit les airs et frappa un des archers en plein milieu du front, l'envoyant culbuter. Le chef de la bande, devant nous, prit un air excédé, claqua des doigts et fit un geste en direction de quelque chose qui se trouvait dans notre dos. Je ne m'étais toujours pas retourné pour voir ce qui se passait à l'arrière, trop obnubilé par le danger juste devant moi. L'autre archer encocha une nouvelle flèche et ses compagnons tirèrent leur épée en contournant le chariot. Une autre flèche me passa juste au-dessus de la tête, son sifflement suivi par de nouveaux jurons indécents. J'entendis trois autres chocs sourds – autant de corps tombés au sol. Le regard de l'homme devant moi, qui avait au départ exprimé la malice, puis la colère, était maintenant empli de peur. J'entendis un bruit de pas sur le chêne derrière moi. Mon père avait repris sa contenance ; il paraissait à nouveau ferme, fort, et prêt à l'action. Il eut un sourire mauvais en direction du bandit. « Je suggère que vous nous laissiez à présent. Si mon fils, mon ami ou moi-même devions vous croiser à nouveau, il se pourrait bien que vous n'ayez pas autant de chance qu'aujourd'hui ». L'homme opina du chef, jeta son arme et prit la fuite. Le sourire de mon père disparut instantanément. Il sauta à bas du chariot. « Fils. Aide donc notre invité à remonter derrière. Je m'occupe des corps. » Les paroles de mon père me glacèrent. « Les co – Les corps ? », dis-je d'une voix cassée par la peur, ce que n'arrangeait pas mon jeune âge. Je finis par me retourner, pour contempler le carnage sur la route. Le premier homme, celui qui avait ouvert la portière, avait sur la tempe un trou de la taille d'un marteau. Le deuxième corps se convulsait toujours au sol, des marques de sabots dans son dos ; le destrier se tenait toujours là, son sabot ensanglanté passé à travers le crâne de l'homme. Trois autres cadavres gisaient, une large entaille sanguinolente ouverte dans leur torse et leur cou. L'épée elle-même était celle de la première victime. Je contemplais un homme qui venait d'en tuer sept. Un homme, aussi faible qu'un agneau nouveau-né, qui parvenait à peine à marcher, dont les doigts semblaient dépourvus de la vigueur nécessaire à tenir l'épée qu'il venait de manier, avait abattu sept hommes comme s'ils avaient été des moustiques. Qui donc était cet étranger ? Je m'approchai de lui avec la plus grande prudence. Il me jeta un regard, prononça un mot que je ne compris point, avant de s'évanouir, ses yeux roulant dans ses orbites. Je ne me souviens que difficilement du reste de cette journée. Mais cette première rencontre avec mon ami, sire Breslin, elle, est toujours aussi vivace dans mon esprit. Qui avait véritablement sauvé qui en ce jour ? Sans lui, je crois bien que je n'aurais point été là pour écrire ce récit. Ce ne fut d'ailleurs là que la première fois qu'il me sauva la vie, avant de nombreuses autres. C'était là le début d'une nouvelle vie. Une nouvelle voie, celle que Breslin me fit emprunter. *** Une fois arrivés à la ferme, nous trouvâmes ma mère, ma sœur et mon jeune frère qui nous attendaient sous l'auvent. Mon grand frère, alors âgé de dix-huit automnes, était toujours au champ. Le secret de la prospérité de mon père était qu'il plantait non seulement différentes cultures aux différentes saisons, mais qu'il s'en tenait à une stricte rotation de ses terres, laissant au moins deux champs en jachère chaque année. Il ne laissait même pas le bétail s'aventurer sur les parcelles inutilisées. Père disait toujours que la terre avait besoin de repos pour se soigner après que nous lui ayons tellement pris. Nous entendions régulièrement des voisins se plaindre d'une mauvaise récolte. Mais nous n'avions jamais connu de mauvaise année. Père se portait toujours volontaire pour secourir les fermiers moins chanceux des environs. Il n'y en avait pas un, parmi ceux qui vivaient à moins d'une journée de marche, qui ne devait à mon père l'une ou l'autre faveur. Mais il ne demandait jamais rien en retour. Père sauta du chariot avant même qu'il ne se fût complètement arrêté et courut vers ma mère. Il la souleva, l'embrassa vigoureusement, remerciant Sunna d'être encore en vie après ce qui nous était arrivé sur la route. Il lui raconta vivement notre mésaventure, tout en la tirant par la main pour l'amener au chariot. Tout à l'attendre, je n'avais toujours pas bougé de mon siège. Elle avait des cheveux noirs qui commençaient à virer au gris au niveau des tempes ; ils étaient noués en une longue tresse qui lui tombait jusqu'au milieu du dos. Elle portait une robe brune simple, boutonnée par devant. Son doux visage, qui, aussi loin que je puisse me le rappeler, arborait toujours un sourire aimant, exprimait à présent un soupçon d'inquiétude. Ma sœur Griselle, collée derrière elle, était comme le reflet de ma mère à qui on aurait ôté quarante ans. Elle avait elle aussi des cheveux d'un noir de jais, noués en une tresse dans son dos, et le même air soucieux que Mère, les lèvres pincées. Mon frère Jonathan restait sous l'auvent, agrippant la rambarde. Je me souviens m'être trouvé devant la portière à l'arrière du chariot. Les planches étaient éclaboussées de sang. Deux flèches étaient fichées dans son flanc. Lorsque Père et moi ouvrîmes la porte, nous vîmes encore plus d'éclaboussures. Mais les vêtements de l'étranger n'en portaient nulle trace. C'était là une illusion due au tissu de ses habits qui, bien qu'initialement tachés du sang de ceux qu'il avait tués, avaient eu le temps de l'éponger et de sécher. À ce jeune âge, j'appris qu'il était un homme de guerre, et qu'au cours de l'année qui suivit, il désirait ardemment la paix. Père tendit le bras pour le secouer ; l'étranger se réveilla en sursaut, puisant visiblement pour ce faire dans ses dernières réserves d'énergie. Père parla dans la même langue que j'avais entendue auparavant, désignant du doigt sa maison, sa femme, sa fille et son fils. L'homme opina et marmonna quelque chose que je ne pus comprendre. C'est alors que, appuyant la main sur son torse, il prononça enfin son nom : « Breslin ». Nous l'aidâmes à entrer dans la maison, tandis que Mère donnait des ordres au reste de la famille. Nous le couchâmes sur un lit dans une petite pièce du rez-de-chaussée qui, tout en étant chauffée par la cheminée de la cuisine, était séparée du reste de la maison, isolée par une porte fermée par un verrou. Deux semaines durant, ma mère et ma sœur veillèrent sur lui pour le ramener à la santé. Chaque soir, mon père rendait visite à Breslin pour discuter avec lui. Je ne sais de quoi ils devisaient ainsi. De toute ma vie, je ne l'ai jamais appris. Un soir, alors que nous étions occupés à dîner, nous entendîmes la poignée de la porte bouger. La porte étant verrouillée, il ne pouvait l'ouvrir ; dans ma jeune imagination, je craignis qu'il ne la forçât pour nous massacrer. Le bruit de cette poignée nous fit bondir ; mais alors, il se contenta de frapper. Nous restâmes là, à regarder fixement cette porte en silence. Alors nous l'entendîmes prononcer, en langue commune : « Puis-je me joindre à vous pour le souper ? » Je fus bouleversé par cette voix. Elle était claire, forte, ferme et chaleureuse. Elle ne pouvait appartenir au monstre que j'avais fantasmé après ce que j'avais vu sur la route. Père ouvrit la porte, répondant « Bien entendu. Venez donc vous asseoir avec nous. Griselle, va chercher un autre couvert ; Jonathan, apporte-nous une autre chaise. Nous serons ravis de partager notre pain avec vous. Vous nous avez sauvés sur la route, mon fils Guillaume et moi. Vous accueillir est bien pour nous la moindre des choses ». Nous bondîmes de nos sièges. Griselle accueillit Breslin avec un grand sourire, auquel il se contenta de répondre par un « Merci ». Jonathan lui adressa un hochement de tête, qui obtint lui aussi son « Merci » en retour.
  6. p.25 Nuées de scarabées Nous avons perdu un de nos porteurs. Il doit avoir dérangé une sorte de nid en partant chercher de l'eau. Nous avons été alarmés par ses cris. Quand nous l'avons retrouvé, il était entièrement recouvert d'un essaim de gros scarabées d'un noir luisant, occupés à dévorer sa chair à une vitesse effarante. Les hommes de Gilles ont repoussé l'essaim à l'aide de torches, mais trop tard. Il ne restait plus rien du pauvre garçon que ses os et quelques morceaux de peau ensanglantés. J'ai réussi à convaincre les hommes de Günther de me récupérer un des scarabées morts à des fins d'examen : comme il fallait s'y attendre, après ce qui venait d'arriver à leur ami, ils étaient plutôt réticents à s'approcher même d'un de leurs cadavres. Au vu des marques sinistres sur leurs élytres, j'ai compris que ces insectes pourraient être les fameux scarabées de Har-Khowar mentionnés par von Bodenheim dans ses Textes des pyramides. On les suppose sacrés aux yeux du dieu naptéen de l'au-delà. On conçoit aisément comment ces bêtes ont pu être associées à l'idée de la mort dans l'imaginaire populaire.
  7. Pour revenir à « l'Empire est faible en CàC », je pense que c'est aussi la seule armée qui a une Cavalerie lourde en Base avec Off 3 / Fo 3. Les gars sont vraiment nuls nuls nuls nuls nuls au combat, c'est juste qu'ils durent longtemps parce qu'ils ont une grosse armure et une Dis correcte.
  8. @hénuel Aaaaaah ok, c'est un peu bizarre, du coup, vu que nous ne sommes pas Warhammer, enfin bref… ! ^^' En tout cas, ça vous en fait des jeux !! Très sympa cette idée de tableau ! Et concernant votre adresse FB / site / forum du club et la personne de contact ?
  9. @hénuel Excuse-moi, je regarde ton tableau les yeux grands ouverts mais je ne vois pas que vous jouez à 9 Âge ?? @hénuel il manque le pseudo forum de la personne à contacter (forum T9A ou WarFo), l'adresse de votre site / page FB, et l'adresse physique de la boutique où vous jouez
  10. p.88 Démons griffus Les Dæmons Griffus sont de grandes créatures dotées d'un exosquelette rudimentaire, qui fondent sur leurs proies avec une vitesse Terrifiante tout en jacassant. Contrairement aux autres dæmons, qui semblent tuer par pur plaisir, ces Monstruosités hybrides, mi-centaures mi-scorpions, se comportent comme de petits chiots, en plus Sinistre : amicaux, enthousiastes, raffolant d'attention, mais Mortellement dangereux. Dès qu'un de ces dæmons trouve un mortel paraissant réceptif, il l'étouffe de son Amour Perverti, inconscient de sa propre Force ou du Tranchant de ses Griffes. Sitôt que son nouvel ami cesse de bouger, il se met à la recherche d'un nouveau compagnon de jeu. On raconte, que les elfes silexiens du Dathen méridional seraient parvenus à dompter ces Créatures et à les alimenter en Magie, pour leur permettre de subsister de façon prolongée dans le Royaume mortel ; ils les utiliseraient même comme montures au combat. J'ai cependant conclu, suite à mes propres essais sur les Dæmons Griffus (dont témoignent les cicatrices sur mes omoplates), que ces récits ne sont sans doute, rien d'autre qu'une légende. Ceci dit, ces dæmons sont capables, de fournir d'importantes connaissances pour les Invocateurs les plus expérimentés, qui s'en servent en tant qu'espions dans le Royaume immortel. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  11. p.86 Faucheuse 12e jour d'acrobre À mon arrivée à Civissina, je trouvai une nuée de démons massée là. Un grand bûcher avait été allumé devant les portes de la ville. Une puanteur de soufre imbibait les environs. Sarki, vêtue d'une robe grise, faisait les cent pas devant son public baragouinant. Elle serrait un couteau dont la lame recourbée avait déjà été rendue terne par le sang séché des victimes de la veille. Le prince Damien était attaché sur le bûcher. Sa tête pendait, toute contusionnée et ensanglantée. « Tu l'aimais, pourtant ! », m'écriai-je, m'avançant parmi les démons, au beau milieu de leurs émanations et de leurs vociférations. Toujours ravis d'encourager les conflits, ils semblaient très empressés de me voir affronter la mortelle qui les menait. Sarki releva la tête rageusement. Il était évident que très peu de son intellect passé était encore intact. « Tu avais invoqué une Gueule d'Akaan pour masquer les preuves de son fratricide. Tu l'as fait par amour ! L'as-tu déjà oublié ? » D'un air absent, la sorcière détourna de moi le regard pour aviser le prince enchaîné. Elle ne paraissait pas le reconnaître. Elle commença à se gratter le corps fébrilement, agitant les bras et les jambes ; clairement un symptôme de son addiction au pouvoir. Son agitation se fit frénétique, désespérée. Je bondis, l'épée en avant, et lui fis lâcher son poignard au moment où elle le levait sur le prince. Hurlant, elle me fixa avec une expression de pure malice. Un éclair sorcier me jeta par terre. Autour de moi, tout devint flou. « Tu désires me combattre ? Moi ? rugit la magicienne tandis que je m'efforçais de me relever, pantelante. Moi, à qui ont été conférés des pouvoirs qui dépassent ton entendement ! Moi, qui commande aux Légions ! » On entendit des cris dans le lointain. Nous nous tournâmes toutes deux pour voir ce qui venait là, ravageant un escadron de soldats zalossiens. J'entrevis un tourbillon de dévastation auquel aucun mortel ne pouvait décemment tenir tête. Il approchait de notre position avec une vitesse extraordinaire. Sarki se mit à caqueter, plus enchantée que jamais. Les démons assemblés s'écartèrent, et à leur place déboula une grande machine faite de lames virevoltantes, conduite par d'autres succubes. Même si on ne pouvait en distinguer les nombreux éléments tournoyants, l'effet qu'elle produisait était limpide : toute chose sur son passage était déchiquetée en mille lambeaux. Cet engin de mort filait droit dans ma direction. Des créatures glapissantes et grinçantes le suivaient de près, à ses ordres. Je pris une profonde inspiration et fis face à cette menace imminente, tirant un objet de mon manteau. « L'orbe d'al-Sahar est un appareil extrêmement ingénieux, songeai-je, tout en relevant le changement d'expression sur le visage de mon ennemie. Son fonctionnement est on ne peut plus simple ; néanmoins, son mécanisme est presque impossible à appréhender. On dit qu'al-Sahar ne put en fabriquer que trois exemplaires au cours de sa vie, et que celui-ci est le seul qui nous est parvenu. Les Gardiens l'ont protégé pendant des générations. Il me plaît de penser qu'il s'agit d'un don de notre Mère. Elle qui nous dit d'être braves, aujourd'hui comme toujours. » La bourrasque tranchante n'était plus qu'à quelques mètres de moi lorsque l'orbe s'enclencha. Il y eut un instant de silence incommensurable, puis une sensation de déchirure, comme si le monde entier s'était tout à coup mis à pivoter autour d'un axe entre mes mains. Quand je relevai la tête, nous étions seuls au milieu du champ. La machine faucheuse avait disparu, tout comme l'ensemble des démons qui avaient été présents. Damien demeurait inconscient, attaché au poteau. Et Sarki jetait à l'entour des regards stupéfaits. « Tu ! … Penses-tu réellement que je me fasse du souci pour une poignée de démons ? Je peux invoquer toute une armée en un instant ! En ce moment même, à l'intérieur de ces portes, ils se repaissent des âmes des vivants ! Tu as perdu, toi et tes soi-disant chasseurs de démons ! Notre victoire est inéluctable ! » Une fois de plus, je fus victime d'une attaque magique. Je n'eus que le temps de me couvrir du rebord de ma cape, tissée d'énergies protectrices, avant d'être projetée dos au sol. Je vis le visage de la sorcière se pencher sur moi, une silhouette noire qui se détachait sur l'éclat du ciel gris. Elle abattit le talon d'une de ses bottes sur l'orbe d'al-Sahar, qui vola en éclats. La perte de ce mécanisme à la valeur inestimable m'arracha un cri. Je rassemblai tout le courage qui me restait. « Cassia Sarki, de Zalos, prononçai-je d'une voix faible. Sur ordre du présent tribunal, tu es déclarée ennemie du Royaume mortel. Par conséquent – — Il suffit ! Je suis la maîtresse de ce Royaume. Ma domination sur le Voile est proche ! Meurs ! » Une lance de feu blanc apparut dans ses mains. S'apprêtant à frapper, elle les releva haut au-dessus de la tête, tandis que son visage arborait un masque de folie absolue. « Ce Royaume est sous ma protection, et tu n'es maîtresse de rien de tout, murmurai-je. Ta sentence est la mort. » Et avec un petit déclic, je déverrouillai le pistolet que je conservais caché dans ma manche droite. Il bondit dans ma main et j'appuyai sur la gâchette. Sarki tomba raide morte, une balle logée dans l'œil. –––––––––– Faucheuse Se ruant sur le champ de bataille avec une Vitesse déconcertante, ces engyns démoniaques peuvent Dévaster les troupes ennemies avant même, qu'elles n'aient compris, ce qui les a frappées. Habituellement tirés par des bipèdes effilés à l'Horrible Maigreur, et manœuvrés par de petits dæmons, ces chars Diaboliques ont été observés revêtant de multiples aspects : avec plus ou moins de bêtes de trait ou de conducteurs, et une panoplie plus ou moins large de lames Vrombissantes qui, Déchiquètent les chairs. D'aucuns ayant remis mon hypothèse en doute, j'ai pu prouver que le châssis lui-même est en réalité un Dæmon vivant ; j'ai même pu entrer en communication avec l'un d'entre eux, qui avait possédé mon assistante, Hilda. Son tempérament était on ne peut plus… dynamique. Quand bien même il avait l'étrange manie de sans cesse chercher à me dérober mes couteaux de cuisine. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  12. p.84 Furies 'Z-avez entendu parler de l'Orgueil de Santa-Regina ? J'étais sur le vaisseau qui l'a trouvé en train de dériver. Tout ce qu'on dit est vrai. Du sang, des cadavres partout, le gréement en lambeaux. Il ne restait qu'un seul homme en vie, parce qu'il s'était caché dans un tonneau de poudre. Il n'arrêtait pas de trembler. Il nous a dit qu'il était pourchassé par les armées de l'Enfer, qu'elles venaient le chercher ; qu'il n'avait nulle part où se cacher. On lui a donné un peu de grog et, petit à petit, on est parvenus à ce qu'il cesse de geindre. Alors il nous a raconté cette grandiose histoire. Il a dit qu'il avait été dans les jungles du Sud. Il y avait une compagnie qui est sortie d'Aguadulce. Ils ont trouvé une cité de grandes pyramides à degrés, dans les monts de Colère. Il a dit que les sauvages là-bas ont un grand royaume cossu ou je ne sais quoi, qu'ils ont tellement d'or qu'ils semblent ne pas lui accorder la moindre valeur. Ils revenaient à leurs vaisseaux, chargés de trésors, quand ils sont tombés sur un petit village. Pas plus de quelques huttes. Ils se sont arrêtés pour casser la croûte en compagnie des indigènes, tous parés de plumes dans les cheveux, avec d'étranges marques sur le corps. Notre bonhomme, ça ne lui plaît pas. Lui et le reste de l'équipage veulent poursuivre la route, ils se sentent mal à l'aise. Mais le capitaine est tout ragaillardi par leur butin, et il s'entiche d'une jeune villageoise. Il dit aux hommes de monter le camp. Le lendemain, quand ils se réveillent, il y a partout cette odeur d'œuf pourri. Ils trouvent la jeune fille toute souriante, couverte de sang, un couteau à la main. Et plus aucune trace du capitaine. Les hommes sortent leurs fusils, entreprennent de massacrer la tribu. Ils en tuent une bonne partie, mais le reste disparaît dans les fourrés. Il n'y avait plus rien d'autre à faire. Ils ont toujours leur or, donc ils le ramassent et ils reprennent la route. Lorsque la nuit tombe, on entend quelqu'un crier à l'arrière. Tout le monde se retourne : un des hommes est au sol, avec du sang qui gicle en gargouillant d'un gros trou dans le cou. Il y a un bruissement à travers les feuillages, ils croient voir quelque chose de gros, avec des ailes, et ils entendent un ricanement dément. Quelqu'un dit que c'est un ptéradon. Un autre dit que non, c'est pas un ptéradon, que c'est une chauve-souris géante. Mais notre bonhomme, lui, il sait que les chauves-souris et les lézards ne gloussent pas comme ça. Il y a de nouveau un cri : un autre homme, empalé sur une branche, à mi-hauteur d'un arbre. Quelques soldats tirent à l'aveuglette dans la jungle, pour tout le bien que ça peut faire. Bientôt, c'est le sauve-qui-peut général. Près de la moitié de la compagnie se fait choper comme ça, tous de façons plus horribles les unes que les autres ; et ils ne voient toujours pas les monstres volants qui continuent à les attaquer avant de se replier presque aussitôt. Les choses vont si mal qu'ils sont forcés d'abandonner le trésor. Enfin, ils parviennent au rivage. Ils retrouvent l'Orgueil de Santa-Regina. Ils se retournent pour regarder les arbres : aucun signe des créatures. Ils lèvent l'ancre aussi vite qu'ils le peuvent et mettent le cap sur l'Arcalée. Il a dit que les démons sont revenus lors de leur première nuit en mer. Il est persuadé que la petite sorcière a lâché sur eux les monstres de l'Enfer. Il les a nommés « furies », comme dans les mythes, ces divinités dont on dit qu'elles punissent les malfaiteurs et qu'elles n'abandonnent jamais la poursuite. Il a dit qu'elles ont tué tout l'équipage. Pas moyen de distinguer une cible dans le noir. Tout ce qu'il y avait, c'était ce rire cruel qui résonnait tout autour. Il a sauté dans un tonneau et s'est caché là pendant des jours et des jours. Quand on l'a tiré de là, il était à moitié mort de faim et il puait la pisse. On l'a fait monter sur l'Étoile du matin, et certains de nos gars lui ont demandé où ils avaient laissé l'or. « À l'ouest », qu'il répond ; on n'en a rien tiré de plus. Il passait son temps à regarder dans toutes les directions. Au troisième jour, un vol de mouettes passe au-dessus de notre navire. Avant qu'on ne puisse l'en empêcher, le voilà qui attrape un boulet de canon et qui se jette à l'eau. Pas mal comme histoire, hein ? – Entendu sur les quais à Port-Roig
  13. p.83 Ophidiens du Voile Ces prédateurs de l'Enfer fendent l'air en se contortionnant comme, les Monstres oubliés de quelque Royaume sous-marin. Adoptant une étourdissante Diversité de formes, tenant tant du Poisson que du Serpent, ils se meuvent d'une façon, qui n'a rien en commun avec celle des créatures de ce monde ; ils se déplacent cependant à grande Vitesse, flottant et Claquant, tendant inexorablement vers la proie qu'ils convoitent plus que toute autre : la Chair Mortelle. Ne possédant ni yeux, ni autre organe sensoriel digne de ce nom, ils sont purement et simplement guidés par une Faim indicible, et une capacité troublante à localiser leurs victimes. Ils se rassemblent en bancs, réunissant leurs pouvoirs éthérés, pour affaiblir leur cible au moyen de Sorts visant à saper sa force et son courage. Certains récits font état de tels Ophidiens, vénérés autant que craints par les populations du lointain Tsouan-Tan sous le nom de « yao-kouaï ». On dit d'eux qu'ils, acquièrent leurs pouvoirs mystiques en Dévorant de Saints Hommes, et peuvent parfois être apaisés par des Offrandes aux Dieux Sombres. D'après les légendes, ils apporteraient parfois leur aide à ceux, qu'ils en jugent Dignes. Certains théologiens vont même jusqu'à prétendre, qu'il s'agirait en fait d'esprits familiers draconiens. Ce qui est, de toute évidence, on ne peut plus absurde. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  14. p.82 Diablotins On entend par le vocable « diablotin », une catégorie particulièrement étendue de dæmons, qui s'étend des minuscules homoncules aux élémentaires de la taille d'un homme. Connus par de nombreux noms (comme les exaspérants « biessis » de Volskaïa ou les « rakshasas » mangeurs d'hommes du Sagarika), leur apparence la plus commune est cependant celle de créatures gobelinoïdes de couleur vive et jacassant constamment, présentes dans pratiquement toute légion d'importance. D'autres sont cependant connues, pour se manifester sous des formes plus « brutes », moins tangibles, comme des langues de feu vivant. La plupart des types de diablotins, que j'ai catégorisés préfèrent attaquer à distance, projetant des traits pyroclastiques mortels jaillissant de leurs membres ou de leurs orifices. Certains érudits ont émis l'hypothèse, selon laquelle ces créatures ne sont pas particulièrement assoiffées de meurtre, mais uniquement mues par leurs pulsions pyromanes. Mon mentor, le professeur Jergen, aimait à dire, que les diablotins sont l'incarnation la plus pure du désir du Royaume immortel de voir notre propre monde réduit en cendres. Les marques de brûlé, qu'ils tendent à laisser dans mes cercles d'invocation attestent du bien-fondé de cette suggestion. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  15. p.80 Succubes 11e jour d'acrobre J'ai galopé jusqu'à Civissina comme si j'avais tous les démons de l'Enfer à mes trousses – quand bien même c'était moi qui allais à leur rencontre. J'avais abandonné mon devoir trop longtemps. Je n'avais pas vu ce qui se trouvait juste devant mon nez. J'avais mis en danger les âmes de toute une ville en échange de quelques faveurs inconséquentes. Je vis le premier démon avant d'atteindre les murs de Civissina. Haut de quatre pieds, aussi bleu qu'un œuf de canard, des membres épineux connectés à un tronc pansu, sur lequel était greffée une tête d'apparence elfique qui souriait en révélant deux rangées de dents aussi pointues que des aiguilles. J'ignorai cette succube qui ricanait face à ma détermination. D'autres de ses frères et sœurs apparurent sur la route, chacun d'entre eux arborant les traits d'une nouvelle variété de la même forme cruelle. Certains avaient plusieurs têtes, d'autres d'étranges membranes comme des nageoires ou des arêtes le long du dos. Leur nombre s'accroissait, jusqu'à devenir une vaste foule miaulante sous les remparts de la ville. Pendant ce temps, les soldats zalossiens avaient levé le camp pour s'installer un peu plus loin. J'aperçus leurs sentinelles guetter les mouvements sur la plaine, l'air nerveux. J'entrai dans Civissina en empruntant les mêmes tunnels secrets. La ville était à présent bien loin de l'image positive de haut lieu de coopération qu'elle donnait quelques jours plus tôt. Partout dans les rues s'étalaient les corps putréfiés des victimes des rituels invocatoires, dont l'odeur se mêlait à la lourde puanteur du soufre. Les maisons et les temples résonnaient des psalmodies des incantations, ponctuées de temps à autre de cris d'épouvante. Des regards apeurés me scrutaient dans les ombres, des formes étranges arpentaient la place du marché et les colonnades, là où déambulaient naguère les paisibles habitants. J'étais à présent entourée non plus d'humains, mais de démons. Les murailles de la ville étaient abandonnées, la cité était sans défense. Je courus vers l'ancien palais du Doge. J'y trouvai la vieille femme étendue sur le sol de sa chambre. Son sang s'épanchait de dizaines de profondes balafres. Les succubes se dispersèrent en me voyant entrer, piaillant de la satisfaction de l'œuvre accomplie. « Non ! m'écriai-je, m'élançant vers elle. Je ne te laisserai pas mourir. Tu ne peux laisser la ville se détruire elle-même. Nous avons du travail. » De sa bouche maculée de sang, la femme sourit en me fixant de ses yeux dorés. « Mais cette destruction… souffla-t-elle avec difficulté. Elle est si belle ! — Tu n'es pas folle. Tu me l'as déjà démontré. Tu cherches à mettre un terme à l'ordre, pas à infliger des souffrances absurdes ! J'ai fait ce que tu m'as demandé. J'ai trouvé les preuves à présenter au Patricien. Je peux le convaincre de la justesse de votre cause. » Mais elle ne fit que sourire encore plus largement, tandis que son regard dérivait vers quelque vision, loin derrière moi. « Le Patricien a déjà été tué par l'un des siens. Un qui a vu ce que je vois, qui nous rejoindra pour faire entrer dans votre Royaume les gloires chatoyantes du Chaos. Oh ! Comme c'est beau ! » Et pendant que je l'observais ainsi, je vis ses yeux perdre leur couleur dorée et retrouver leur humanité. Mais ils étaient désormais immobiles, dénués de vie. Je pris la fuite. Pour la troisième fois, je revins à Œnolycus couverte de la honte de la défaite. Le monastère avait été reconstruit après l'attaque, et les Gardiens étaient à présent encore plus taciturnes et plus préoccupés que jamais. Les anciens ne me blâmèrent pas pour mes erreurs. Ils me rassurèrent de ce que les armées de Myra et de Santa-Regina étaient déjà en route pour purger les provinces septentrionales de cette infestation. Mais je savais qu'elles arriveraient trop tard. Il fallait agir de suite pour sauver Civissina et, je le craignais, pour sauver Zalos également, s'il prenait l'envie à Sarki de tourner vers elle ses pouvoirs. Je savais que je devais ignorer cette injonction à la patience. J'étais le seul espoir de mettre un terme au désastre avant que tout ne fût perdu. Je récupérai les objets que j'étais venue chercher, et repris la route une fois de plus, à nouveau vêtue du manteau et de la capuche des Gardiens. –––––––––– Succubes Ces créatures agiles et souples se meuvent avec une Grâce et une Rapidité, étrangères au Royaume Mortel. Presque coquettes, même lors de leurs assauts, les Succubes peuvent se tailler un chemin à travers des Hordes d'ennemis avec une aisance Déconcertante. Rarement trouvées en petits groupes, elles se rassemblent sur le champ de bataille comme un Essaim d'Esprits Furieux, démembrant leurs proies par une rapide succession de Lacérations. On comprend mal, quelle est la logique qui, sous-tend le choix de leur victime. Tous ceulx qui ont eu le malheur d'Affronter des succubes ont fait état de ce, qu'elles semblent partager entre elles des plaisanteries comprises d'elles seules, aux dépens de leurs adversaires. C'est du moins ce que suggèrent les incessants chuchotements, gloussements et regards lourds de sous-entendus, qu'elles s'adressent les unes aux autres. Toute tentative de négociation avec elles est généralement rapidement abandonnée par suyte de Frustration. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  16. p.78 Eidolons 8e jour d'acrobre (suite) L'aide démoniaque. J'ai toujours méprisé ceux qui y recouraient. Je les considérais faibles, égoïstes, oublieux des conséquences désastreuses de leurs actes pour le Royaume de Mère Cosmos. Les démons peuvent accorder de terribles pouvoirs ; mais le prix en est toujours trop grand. Errais-je ? À Civissina, j'ai vu des démons et des hommes travailler main dans la main pour bâtir un monde libéré de la tyrannie. Était-il possible que les deux Royaumes, mortel et immortel, puissent parfois avoir les mêmes ambitions ? Était-il possible que les démons ne soient pas les créatures malfaisantes que l'on nous décrit, mais un instrument de changement neutre, pouvant être utilisé par des agents mortels pour le meilleur comme pour le pire ? J'étais seule, liée par des chaînes de fer, dans un cabanon où personne n'aurait pu me retrouver. Je savais que je n'avais aucune alternative. Mes doigts s'arrêtèrent sur un objet qui m'avait été remis à Civissina, et que j'avais conservé dans une poche. Il s'agissait d'une boîte en bois orné, inscrite des runes des Dieux Sombres. Je ne savais pas exactement ce qu'elle renfermait, mais je savais que c'était là mon seul espoir d'éviter le destin qui m'avait été promis : devenir la prochaine victime sacrificielle pour nourrir les desseins insensés de Cassia Sarki. Je savais aussi qu'en l'utilisant, je rejoignais définitivement les rangs des pauvres âmes désespérées qui avaient fait appel à l'aide des démons. Je parvins à en soulever le couvercle. La créature qui avait été piégée à l'intérieur s'en échappa aussitôt, comme aspirée du dehors. Une forme inconstante se matérialisa devant moi. Elle lévitait mystérieusement au-dessus du sol, comme un ruban de substance liquide et visqueuse qui reniait toute loi de la physique mortelle, ondoyant et fluctuant continuellement. Des membres y naissaient en des points inattendus, chacun surmonté d'une flamme grise. Je reconnus le sombrefeu. J'avais face à moi un eidolon, une des engeances les moins bien comprises parmi celles qui ont été répertoriées dans l'infinie multitude démoniaque. On dit qu'ils sont rarement aperçus en solitaire. C'était le cas de celui-là. Il resta là pendant un long moment, refluant et confluant imperturbablement en faisant d'étranges bruits de clapotis, à me juger de son regard dépourvu de la moindre orbite. Enfin, il allongea un de ses tentacules ondulants. Je fus emportée par un jet de flammes d'un noir d'encre. J'avais beau avoir déjà entendu parler de cette épreuve, les récits ne m'avaient certainement pas préparée à l'horreur de l'expérience. Je sentis mon âme se consumer dans la lave immaculée d'une étoile mourante. Je sentis la moindre parcelle de mon être psychique être déchirée par des griffes cruelles et tailladée sans merci pendant plus de mille ans. Je sentis mon cerveau se rabougrir jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une coque desséchée, et dégringoler en douceur à travers mes narines pour tomber sur le sol de poussière, où il fut dévoré par un ver — et j'étais ce ver, condamné pour l'éternité à percer de noirs tunnels venant de nulle part et ne débouchant sur rien. Les ténèbres firent alors place à une lueur rouge et à la pluie froide qui tombait sur mes épaules tandis que je contemplais les restes de la maison de mon enfance. Les flammes se mélangeaient à la peau écarlate de la chose qui avait tué ma mère. Elles s'entremêlaient aux fleurs du buisson dans lequel je m'étais cachée. Puis elles embrasèrent le monde tout entier, jusqu'à ce que je m'envolasse, flottant désespérément seule, dans une infinie prison de feu cramoisi. Lorsqu'enfin je revins à moi, j'étais toujours seule. Je vomis de la bile, rendue malade par la fatigue et par la faim, abattue par les visions de folie que je venais d'éprouver à un rythme infernal. Cependant, les cordes qui m'enserraient avaient brûlé. L'eidolon devait certainement avoir cru que son feu m'aurait consumée, alors qu'il m'avait en réalité été d'un grand secours. Car j'ai survécu à l'épreuve, grandie d'une certitude renouvelée : jamais plus je ne consentirai à coopérer avec des démons. Maintenant que j'avais résolu le mystère, il était l'heure de passer à l'action. M'étant levée avec grand' peine, je trouvai une vieille barre en fer dans un coin du cabanon. Je partis dans la forêt en boitillant. Je suivis la piste des troncs d'arbre brûlés, jusqu'à ce que je retrouvasse l'eidolon errant que j'avais laissé pénétrer dans le merveilleux Royaume de la Mère. Et je le cognai de ma barre en fer jusqu'à ce qu'il arrêtât de se tortiller. –––––––––– Eidolons Refusant d'adopter, comme les autres dæmons, des formes Rigides et inspirées de la Nature du Royaume Mortel, ces êtres tentent de demeurer aussi Proches que possible du Flux de Magie brute, qui s'écoule du Royaume Immortel. Leurs corps sont tangibles mais Inconstants, Changeants, faits de pigments Visqueux, qui semblent suinter et Gargouiller sans aucune considéracion pour la gravité. D'aucuns affirment avoir vu se dessiner des visages Hurlants dans ce Plasma. Il est certain, que cette Substance s'entrouvre régulièrement, pour former des orifices, desquelles s'échappent des gerbes de flammes Magiques. Ce « Sombrefeu » paraît mettre à l'épreuve la volonté de ses victimes, consumant les personnes indignes jusqu'à l'Agonye. Lorsqu'elles se trouvent en nombre, ces créatures préfèrent se regrouper, afin de mieux concentrer leur Énergie à travers l'individu le plus Puissant de leur groupe, ce qui lui permet de lancer des Sorts encore plus Dangereux que leurs jets de flammes. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  17. p.77 Char titanicide Pour des raisons diaboliques connues d'elle seule, cette machine vivante propulse sa Masse crachant la Suie à travers le champ de bataille, toujours en quête des ennemis les plus Gros et les plus Redoutables. Elle se délecte du Frisson de la charge, entassant d'Effroyables combustibles dans sa structure inintelligible, composée de métaux ésotériques et de technologies Contre-Nature, afin de Percuter aussi Fort que Possible ses proies gigantesques, leur infligeant souvent, ce faisant, des dégâts considérables. Elle transporte de petits dæmons soldats qui, se cramponnent tant bien que mal à son châssis pour l'assister dans sa mission de Massacre. Je n'ai rencontré un dæmon de cette classe qu'une seule fois, un jour où j'étais stationné avec une force expéditionnaire impériale dans la steppe des Makhars. La compagnie comprenait un ingénieur qui avait modifié un tank à vapeur pour en faire un véhicule de transport de troupes destiné à protéger les hommes sur la vaste plaine. Le dæmon engendrait un Atroce nuage de fumée, qui parut s'étendre tout à coup pour former un grand Brouillard couvrant tout le sol, hors duquel déboula le puissant titanicide. Une fois le vacarme et les flammes apaisés, il ne restait plus rien, ni de lui, ni de notre véhicule, mis à part un amoncellement de débris et un rugissement de Triomphe qui se faisait de plus en plus distant. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  18. p.76 Lémures De nombreuses cultures confondent la plaie que représentent les Dæmons avec la menace constante, posée par les Morts-Vivants ; les lémures ne font, d'ailleurs, qu'ajouter à cette Confusion. Leur nom provient de l'antique mythologie avrasienne : c'est par ce nom, en effet, que les Anciens désignaient les esprits vengeurs des corps non enterrés. On trouve également des traces de telles croyances dans la légende des draugars des pics des Jötunns. Ces spectres sans repos ne sont en fait pas des dæmons au sens strict, contrairement aux Lémures, qui sont bel et bien des Surnaturels capables de se manifester en adoptant une Multitude de formes. Ces dæmons déconcertants revêtent cependant la plupart du temps l'apparence de mortels atteints de graves Maladies ou de cadavres décomposés, ressemblant de très près, du fait de leur teinte grisâtre à verdâtre, aux goules et zombies ranimés d'entre les Morts. Mais il leur arrive aussi, de prendre un aspect entièrement indéfini, bêtes Mutantes et Boursouflées, capables de changer de forme à volonté, au point que certains les prennent par erreur pour des dæmons mineurs de Cupidité. Dans tous les cas, leur forme malléable est capable d'endurer les plus graves blessures. C'est pourquoi, dans de nombreuses cultures sur tous les continents, ces damons tiennent lieu d'Incarnation du caractère inéluctable de la Mort. Même après des années d'étude, leurs intentions demeurent impénétrables. Mes propres expériences suggèrent, que la seule manière de s'assurer, qu'un Lémure soit bel et bien mort est de le dissoudre dans une grande baignoire remplie d'eau traitée avec de la chaux. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  19. p.74 Chiens démoniaques Pour de nombreux mortels, le premier signe de l'approche d'une Légion est l'aboiement indescriptible de ses Chiens. Il ne s'agit bien évidemment pas de quelconques chiens ou loups, mais d'Horribles Monstres surgis tout droit de l'Enfer, dont les instincts ont été aiguisés par des âges entiers de Pure Soif de Sang. Lâchés à l'avant de la horde avant l'attaque, ces créatures harcèlent les ennemis, éveillant, dans le cœur de tous ceux qui entendent leurs terribles hurlements, le souvenir d'Anciennes Craintes Primordiales, capables de Glacer l'âme même de guerriers, qui restent normalement imperturbables face aux pires horreurs. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, BMag, MDiv (Hons) (Eicht) fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus Votre Excellence, Daignez, je vous prie, me pardonner, car je vous écris pour vous faire part de mon échec ; la mort de votre fils n'a toujours pas été vengée. En vérité, on peut qualifier de miracle le fait que je sois encore en mesure de vous écrire aujourd'hui, bien que je doute qu'il me faille m'en réjouir. C'est l'après-midi du second jour de notre chasse que nous acculâmes notre gibier, après l'avoir poursuivi très loin dans la forêt d'Almere. Notre progression avait été rendue extrêmement pénible par les nombreux fourrés, mais nous étions parvenus à garder la trace grâce à l'aide de Kirmakh et de ses chiens. La mégère s'était réfugiée dans les ruines d'une tour depuis longtemps abandonnée, dont l'apparence de décrépitude générale dissimulait la solidité. Elle devait avoir entendu les aboiements des chiens : nous trouvâmes en effet l'antique porte barrée de l'intérieur, toujours robuste malgré son âge. Nos tentatives d'entrer dans la tour s'avérèrent futiles : nous n'avions en effet avec nous ni haches, ni bélier pour défoncer la porte. Pour finir, après avoir longuement martelé et juré, le bailli ordonna à ses hommes de cesser l'assaut et d'encercler la structure. La fuite précipitée de notre proie l'avait certainement laissée sans nourriture ni eau. Tout ce qu'il nous restait à faire était d'attendre, en nous aidant de nos chiens pour capturer notre dîner. Tandis que les hommes montaient le camp pour la nuit, m'étant bien assuré que la tour ne disposait que d'une seule issue, j'appréciai le frisson d'une chasse au crépuscule parmi les arbres, parvenant à lever un gros sanglier. Je regagnai le camp avec une prière de gratitude pour Kirmakh et l'éducation sans faille qu'il avait donnée à ses fidèles compagnons. Je m'endormis avec les aboiements des chiens qui résonnaient dans mes oreilles ; mais ce furent leurs geignements qui me tirèrent de mon sommeil, au beau milieu de la nuit. Nous relevant de nos lits de feuilles et de terre, nous trouvâmes la clairière empreinte de la puanteur du souffre. Les purs-sangs favoris de Kirmakh, qui avaient été d'humeur si joviale le soir, se recroquevillaient maintenant en gémissant face à une présence invisible. Nous tirâmes nos armes. Des silhouettes rôdaient dans le noir, décrivant des cercles autour de nous, prenant garde à rester hors de la lumière du feu. Ces créatures se mouvaient absolument silencieusement dans les buissons ; mais les sourds grondements qu'elles émettaient dans le noir m'emplissaient de pure appréhension. Elles bondirent toutes au même moment, comme si un signal leur avait été donné : de grands canins couverts d'une fourrure noire, leurs crocs crénelés faisant saillie hors de leurs museaux allongés, tandis que dans leurs yeux couvait un feu impie. Il ne leur fallut qu'une fraction de seconde pour nous tomber dessus ; déjà leurs terribles mâchoires happaient deux des hommes du bailli, sans afficher la moindre crainte des lames que brandissaient leurs victimes. Mordant et lacérant, elles se débarrassèrent immédiatement de ces malheureux paysans, avant de faire face au reste de notre groupe. Les chiens de Kirmakh jappaient en sautillant, rendus fous par la peur ; un seul regard de leurs « cousins » démoniaques à la gueule ensanglantée suffit pour leur faire tourner les talons. Nous les suivîmes comme un seul homme. Je courus comme un dément, trébuchant à travers les broussailles, dans la direction que je supposai être celle du village. Tandis que les branches me fouettaient le visage, j'entendais, par-dessus le bruit de ma propre respiration agitée, les horribles hurlements de mes compagnons qui se faisaient happer derrière moi, l'un après l'autre. Trois d'entre nous parvinrent au bac de Naumbrück. Nous nageâmes aussi loin que nous l'osâmes en aval, espérant ainsi leur faire perdre notre trace. Pourtant, lorsque, épuisés, nous nous hissâmes sur la berge, nous trouvâmes là les ignobles bêtes qui nous y attendaient. Un de mes compagnons s'évanouit instantanément de frayeur, et l'autre se fit déchirer au moment où je replongeai dans l'eau, m'accrochant désespérément à un tronc d'arbre, sachant qu'elles continueraient à me suivre de toute façon. Ce n'est qu'à l'aube, en traversant les champs ouverts de Marchschlag, que j'osai enfin espérer leur avoir échappé. Mais même à présent, je ne peux me libérer de la sensation d'être épié et suivi à chacun de mes pas. Bien entendu, au vu de mon échec, je comprendrais, Excellence, que vous décidiez dorénavant de vous passer de mes modestes services. Je vous prie de daigner m'aviser de la manière dont vous désirez procéder. Votre fidèle serviteur, Joël Aberbach – Courrier intercepté, adressé au comte von Becker de Wechslau
  20. p.72 De la magie démoniaque J'aimerais commencer cette conférence en remerciant la Faculté d'avoir eu l'amabilité de m'inviter pour que je puisse vous apporter quelques éclairages relatifs à ce sujet aussi complexe que hautement polémique, un sujet qui n'est que d'ailleurs que rarement abordé en Vétie. Je veux parler de la démonologie. [Tumulte, suivi de nombreux rappels à l'ordre] Merci. La question à laquelle j'aimerais apporter des éléments de réponse aujourd'hui est celle-ci : quelles sont les Voies de magie pratiquées par les Légions démoniaques, et pourquoi précisément celles-là ? Certains d'entre vous pourraient se demander à présent pourquoi les démons, étant des êtres nés de pure magie, seraient limités dans leur usage du pouvoir immortel de leur propre Royaume. Mais envisageons la question sous cet angle : nous qui sommes des êtres de matière, ne régnons pas en maîtres sur l'ensemble des éléments qui constituent ce monde. De même, les démons ne peuvent agir entièrement à leur guise dans notre sphère. Sorcellerie Après la bataille de Hulgrad, les survivants ont rapporté ressentir de la honte et la sensation d'être jugés. Ils ont parlé d'étranges visions et de créatures qui paraissaient les scruter jusqu'au plus profond de leur âme. Cependant, en cette même institution, Herr Doctor Machelberg nous a enseigné que la sorcellerie est un art uniquement pratiqué par quelques bonnes femmes revêches. Un véritable magicien soulignera l'absurdité d'une telle affirmation. Comme toute magie, la sorcellerie peut être étudiée par tout mage qui le souhaite, qui possède une affinité avec cette Voie et qui reçoit la formation appropriée. Toutefois, elle vient de façon pour ainsi dire naturelle aux démons. Alors que les sorcières mortelles peuvent appréhender les pensées et sentiments de leurs victimes en jouant sur leurs superstitions, un démon emploiera ces mêmes pouvoirs en les orientant vers l'un des sept vices dont ils font des hommes la proie. J'ai moi-même un jour éprouvé le contact d'un démon de Cupidité qui avait placé son Mauvais œil sur mon esprit, me contraignant à résister à des visions de grande richesse. Thaumaturgie Bien qu'un démon qui pénètre en notre monde perde la liberté sans entrave qui était sienne dans le Royaume immortel, il reste néanmoins rattaché à ses maîtres par une sorte de cordon ombilical. Cela a été démontré par le professeur Anselus, dont les expériences conduites en partenariat avec les Gardiens du Voile ont indiqué que l'énergie perdue par un démon mort de vrai-trépas se fait brièvement ressentir sur tous les démons de même type, quelle que soit leur localisation. On en déduit que les démons restent partiellement attachés à l'Outre-Voile, et sont capables de puiser directement dans la puissance des dieux qu'ils servent. Tout thaumaturge reconnaîtra ceci comme l'état idéal pour la pratique des « arts du divin », comme ils les appellent. Nous savons que les pouvoirs de la thaumaturgie se manifestent sous différentes formes en fonction de la divinité qui leur prête son concours. D'après mes observations, les mages des Dieux Sombres produisent des flammes arc-en-ciel et présentent des formes particulièrement violentes de démence. Évocation Un évocateur compétent est à même de cultiver et de lier les âmes, l'âme étant comprise comme la petite parcelle d'immortalité conférée à tout mortel. Le magicien peut jouer de ces âmes comme s'il s'agissait d'autant de cordes à son luth, en utilisant leurs noms véritables. Pour un démon, cela constitue un passe-temps des plus gais. J'en ai vu glousser et faire des cabrioles lorsqu'ils y parviennent, même si cela ne leur vient pas toujours aisément. Ils s'entraînent en se concentrant sur une « corde » bien spécifique : celle qui relie l'âme d'une personne à un Dieu Sombre, nouée par un pacte et scellée par la mort. Mes propres recherches tendent à indiquer que même sans pacte, ce lien existe toujours sous une forme potentielle ; sa manipulation peut engendrer des résultats épouvantables. Selon l'estimé prélat Jungfrau, ces pouvoirs apparaissent aux démons de façon pour ainsi dire physique, sous la forme de tourbillons de vrilles d'un noir profond qui menacent inlassablement leurs victimes de leur étreinte. Divination Il est clair que les trois Voies que nous avons mentionnées jusqu'ici se prêtent admirablement bien à la pratique démoniaque. Mais ces abominables êtres surnaturels sont également connus pour manier une quatrième forme de magie : la divination, qui est l'art de la prescience. Je crois néanmoins avoir une théorie permettant d'expliquer son emploi courant par les démons. J'ai élaboré cette théorie suite à mes lectures de textes attribués à des personnes affirmant avoir visité le Royaume de l'Au-delà, protégées par la faveur d'un dieu. Ces textes étant très peu nombreux, je me fonde principalement sur le fameux « triumvirat » : le voyage de Marie d'Icante aux Halles de Sunna, la quête entreprise par Publius Morgile Varon pour sauver son père décédé, et le périple de Nazaire Calégari à travers les sept Cercles de l'Enfer. Tous les trois s'accordent sur le fait que le Royaume immortel est un lieu soumis au changement permanent et façonné par la volonté de ses habitants. Cela est bien connu. Mais ils font également référence, à de nombreuses reprises, aux visions engendrées par le vortex lui-même, assurant avoir entraperçu des choses dans cet océan de magie : des évènements historiques et actuels, ainsi que des supposées images du futur. C'est de ces témoignages que nous inférons notre réponse à la problématique de la divination démoniaque. Les démons ont en effet passé l'éternité dans un Royaume où, pour ceux dotés de la capacité à les lire ou de la patience d'acquérir une telle compétence, les évènements à venir peuvent être lus dans la substance même de l'environnement. – Transcription de la conférence donnée par le professeur Gerhard Daschner à l'université d'Aschau, avant qu'il ne soit violemment interrompu par des étudiants révoltés par ses propos hérétiques
  21. p.70 Systèmes de classification des légions Au cours de la longue histoire de l'art secret de l'invocation démoniaque, nombre des plus grands mages et chercheurs ont établi des correspondances et classifications symboliques dans le but d'améliorer leurs techniques évocatoires. Car bien que chaque démon possède une harmonie et une résonance uniques, une compréhension des diverses similitudes et des regroupements potentiels peut offrir de meilleurs résultats lors du rituel. Selon le maître sagarikain des arts noirs, Dassa Guptha, l'auteur du célèbre ouvrage intitulé Des secrets de l'invocateur (« Jādugar Ke Rahasy »), les démons peuvent être tout d'abord répartis en deux types : ceux dont la nature est inextricablement liée à un Dieu Sombre en particulier, et ceux de nature neutre. De plus, cet auteur affirme qu'une certaine partie des légions suprêmes est capable de changer d'allégeance, passant d'un Dieu Sombre à un autre ; c'est surtout le cas des démons les moins puissants. Ces démons restent-ils intentionnellement indépendants des dieux par l'exercice de leur volonté, ou sont-ils tout simplement trop faibles pour mériter l'attention de ces êtres supérieurs ? Cette question fait l'objet de débats depuis des millénaires. À moins, bien entendu qu'ils ne s'en tiennent à un plan secret du Père. La classification en huit arcs opérée par le vénérable Guptha fait correspondre chaque démon à un dieu ou à aucun d'entre eux ; à chacun de ces arcs est attribué un symbole, une couleur, et un jour de la semaine où leur invocation est supposée mieux réussir (primedi pour l'Orgueil, atédi pour la Cupidité, etc.). Ce système est à la fois un des plus simples et des plus fiables des nombreux systèmes similaires que j'ai étudiés. – Mikhaïl Psellus, Des œuvres des hérétiques et de leurs maîtres dæmoniaques Les dæmons peuvent être classifiés selon le rang, qu'ils occupent dans la Légion. Plus élevé est leur rang, plus Cruel sera le sacrifice, requis. Les plus grandes hordes sont commandées par des Ducs, qui sont les fils les plus considérables des Sept Fleurs du Chaos. Seuls les Invocateurs les plus expérimentés peuvent tenter de solliciter des réponses auprès d'eux, car ils sont dangereux, même pour tout un conclave de maîtres. Ils peuvent procurer d'immenses Pouvoirs et des Savoirs approfondis, mais le prix à payer en est souvent insensé. À leur suite marchent les Légats, qui président aux passions des mortels ; il est dit, qu'ils peuvent accorder l'Amour, la Haine, l'Autorité et toute autre émotion, pour peu qu'ils soient suffisamment amadoués par l'octroi des Faveurs, qu'ils exigent en retour. Ensuite viennent les Centurions, qui ont pouvoir infini sur la Matière. Selon la tradition, ils sont capables de transformer le plomb en Or, l'eau en Vin, la pierre en Végétation vivante, et peuvent enseigner de tels Pouvoirs à l'Invocateur, à condition, qu'ils soient assez satisfaits par la Douleur et la Peur d'une victime appropriée. Enfin les Soldats, l'infinie multitude de dæmons communs, aux formes Innombrables et aux voix Atroces. Ne sous-estimez pas leurs capacités, car même un dæmon mineur possède une bien plus grande force de volonté, qu'un mage novice. Bien qu'ils ne confèrent généralement pas de pouvoirs magiques spécifiques, ils sont néanmoins cruciaux pour obtenir un accès aux Sphères Supérieures des Légions. – George Sybellicus, Grimoire des Légions infinies Les sept fleurs du Chaos correspondent aux sept portes souterraines que l'on ouvre pour accéder à la Yourte de Noirceur, dans laquelle parle leur Père. Sept sont les véritables heures de la nuit ; et pendant chacune d'entre elles, une nouvelle porte peut être ouverte, qui donne accès aux démons de ce niveau. De chaque porte, un type de démons spécifique entre dans le monde. – Discours de Zengmya, ogre des tribus des Pitons célestes, tel que relaté par un prisonnier Chaque démon pénètre dans notre Royaume par l'intermédiaire d'un des douze éléments premiers : l'Air, l'Eau, le Feu, la Terre, la Lumière, l'Obscurité, le Bois, le Fer, l'Or, l'Os, l'Ichor et le Cristal. Non seulement sa forme mais aussi son esprit et sa nature sont intrinsèquement connectés à cet élément directeur. Cette taxonomie est complétée par le système observé de treize attributs et aptitudes, avec lequel elle est intimement nouée : Humanoïde, Bestial, Chimérique, Reptilien, Asquelettique (aussi appelé « Liquide »), Projectif, Aquatique, Changeforme, Ailé, Intangible, Surmembré (également appelé « Tentaculé »), Magifère et Titanesque. Cette matrice de douze rangées sur treize colonnes nous permet ainsi d'approximer une mesure précise de chacune des formes d'outre-monde. – Sin Tseu-Fou (paria tsouantanais), De l'art de la folie et de l'illumination Ces esprits farouches sont adjurés en s'orientant dans une direction spécifique : Nord, Ouest, Sud, Est, En-haut, En-bas, En-dedans. Si les quatre premières catégories d'esprits sont relativement aisées à adjurer et à contrôler, ceux qui proviennent des sphères supérieures, inférieures et intérieures sont aussi les plus redoutables, capables de tuer ou de rendre fou le sorcier invocateur lui-même. Ils peuvent adopter les apparences les plus extraordinaires en lisant dans l'esprit de celui qui les invoque pour y déceler ses craintes et ses espoirs les mieux cachés. – Tsula nu Ala, mage taphrien, tel que retranscrit par l'explorateur équitain Pierre Lestoneaux
  22. p.68 Moissonneur d'espoirs … Cette même année, la tribu des Jocundes, dans la province de Varalie supérieure, fut enragée par le tribut qui lui était imposé par Galenus, centurion de première classe. Ayant tout d'abord exigé les peaux du bétail des Jocundes, Galenus avait ensuite augmenté l'impôt de sorte à y inclure des terres et des esclaves ; contre lequel décret les chefs s'insurgèrent et massacrèrent la garnison de trois cents Avrasiens. Galenus, ayant trouvé refuge dans la fuite, envoya des messagers dire qu'il se trouvait assiégé dans la forêt par les forces nombreuses des Jocundes, et que ceux-ci se tournaient vers les Sombres Puissances pour porter leur vengeance. Lucius Alypius, propréteur de Varalie inférieure, manda des légionnaires vétérans ainsi que ses meilleures troupes auxiliaires d'infanterie et de cavalerie. Un gué sur le fleuve ayant été trouvé, les légionnaires vinrent sur les Jocundes dans leur dos, les dispersant rapidement à travers les arbres. Mais le jour qui suivit, Galenus trouva les Jocundes regroupés en amont. Leur humeur s'était considérablement modifiée, et leur armée, bien que nombreuse, paraissait étrangement calme et vigilante. Il fut plus tard rapporté par les survivants que les barbares, inspirés par la légende de Cacophrax en Gessie mineure, s'étaient tournés vers la Déesse de l'Apathie pour qu'elle leur vînt en aide. Et parmi eux vint le Pilentum gigans, une puissante machine consacrée au mal-être et au désespoir. Les légionnaires furent assaillis par un brouillard de désespérance vivant ; ceux qui tinrent bon et combattirent furent broyés sous ses implacables roues. Galenus fut forcé de se replier de l'autre côté du fleuve, et les terres au-delà furent abandonnées pour de nombreuses années. Le nom des Jocundes et celui de leur déesse devinrent alors célèbres en Varalie, et les consuls tinrent secrète cette perte, de peur d'alarmer le peuple d'Avras. – Explicitus, Annales (vers 1000 avant Sunna) ––––––––––––––– Ces structures impassibles envoyées par Nukudja ont beau avoir l'air conçues pour la Vitesse, rien n'est plus éloigné de la Vérité. Certes, elles Broient et Mutilent quiconque ose les approcher, mais le carnage au corps à corps n'est pas leur plus grand amour. De nature solitaire, elles rejoignent néanmoins souvent des groupes de Dæmons d'autres types, désireuses de les assister dans leur Destruction du Royaume Mortel, en mitraillant ses habitants de projectiles de Pure Énergie, semblables à des balles invisibles. Ayant libéré son Déferlement Mortel, le Moissonneur peut alors se nourrir du Désespoir des survivants. Ceux, qui tentent de négocier avec ces créatures finissent fréquemment par prendre leur propre vie. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, Mag.L., M.Div. (M.Hon.) (Eicht.), Fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  23. p.64 Sentinelle de Nukudja 8e jour d'acrobre La femme possédée me guida jusqu'à l'entrée du tunnel qui me permettrait de quitter la ville. Avant que je ne partisse, elle me remit une curieuse boîte en bois, m'enjoignant de l'utiliser en cas de danger. Une fois de plus, je me vis chevaucher de nuit en direction de Zalos. Lorsque j'arrivai sur la grand place, une foule s'y était déjà assemblée, alors que le soleil ne s'était pas encore levé. J'appris bientôt que ces gens attendaient le jugement des servantes du palais qui avaient, à ce qu'on disait, invoqué la Gueule censée avoir tué le prince Nikos. Il y a certains aspects de mon travail pour lesquels le fait que je sois une femme représente un avantage. L'art du déguisement est l'un d'entre eux. Enfilant la tenue fruste des paysans locaux, je m'introduisis facilement dans les geôles. Les gardes n'eurent pas le moindre soupçon lorsque je leur affirmai que j'étais venue apporter aux condamnées leur dernier repas dans le panier que je tenais. Ils m'amenèrent tout de suite à leur cellule. Je trouvai là deux femmes d'un certain âge, au visage ridé et à l'air stoïque. « Je suppose qu'ils vous ont traitées de sorcières, dis-je, leur tendant le pain que j'avais apporté. C'est toujours plus facile d'accuser une femme. » Elles acceptèrent mon offrande et se mirent à manger en me lançant des coups d'œil méfiants. « Je suis ici pour trouver le véritable assassin, poursuivis-je. Quelqu'un à Zalos joue avec les forces obscures, et j'ai besoin de savoir qui. — Beh c'est nous, les véritables assassins, marmonna l'une d'elles, mâchant le pain comme s'il s'était agi de poison. — C'est ça. On est des sorcières », dit l'autre. Je considérai la situation. Il était clair qu'elles couvraient quelqu'un. « Je vois. Dans ce cas, vous n'aurez aucun scrupule à m'expliquer comment vous avez invoqué un démon majeur de Gloutonnerie ? » Elles se dévisagèrent l'une l'autre. « On a fait un… un ruti… rituel. Avec du soufre », dit l'une, avec circonspection. « Et vous avez certainement recouru aux queues de triton et aux gésiers de chauve-souris, dis-je, maintenant une expression aussi sérieuse que je le pouvais. — Euh… Oui, oui… », dit la femme, l'air visiblement nerveux. Je soupirai. « Mes dames, j'ai une longue expérience de chasseuse de démons qui me permet de débusquer facilement leurs adeptes. Vous seriez toutes deux incapables de reconnaître un démon quand bien même il vous happerait pour vous tirer de l'autre côté du Voile. Je vous fais le serment que personne ne saura que je suis venue ici. Si vous pouviez me raconter quoi que ce soit quant aux circonstances dans lesquelles le prince Nikos a trouvé la mort, cela pourrait contribuer à sauver de nombreuses vies. » Quelques minutes plus tard, je me rendais au palais. Ces femmes m'avaient révélé que Nikos et Damien, les princes de Zalos, s'étaient disputés dans l'appartement de ce dernier pendant la nuit du meurtre. Il ne me fut guère facile de laisser à leur sort mes inoffensives informatrices. Je leur proposai de les aider à sortir de prison, mais elles étaient absolument convaincues de la nécessité de leur exécution. Comme je l'avais deviné, leurs familles avaient été menacées. Je savais que le temps manquait pour redresser la situation. J'espérais seulement que lorsque tout serait terminé, je pourrais revenir les sauver avant qu'il ne soit trop tard. Toujours déguisée, je m'infiltrai dans le palais par la route que j'avais empruntée pour en sortir : le gouffre béant dans la muraille qui avait été percé par la Gueule, à présent recouvert d'une toile. Je me hâtai vers les appartements de Damien. Cette grande loge richement décorée respirait l'innocence, jusqu'à ce que je remarquasse les éraflures sur le plancher, le long d'un tapis qui dissimulait une lourde trappe. Dès que je l'eus soulevée, je fus submergée par une nauséabonde sensation qui me donna le tournis : la réaction naturelle de tout mortel en présence d'une forte concentration de magie. Ayant éclairci le brouillard de mon esprit et calmé l'intense nausée, j'entrepris de descendre la longue échelle qui menait à la cave en contrebas. Une torche solitaire éclairait la voûte de pierre crasseuse. Cette pièce ressemblait fort à celle que j'avais trouvée sous la maison de Sybellicus. J'étais entourée de tout l'attirail usuel de la pratique cabalistique et du rituel démonologique. Je dus une fois de plus me cuirasser contre la sensation écrasante d'une incommensurable et terrible présence surnaturelle. Je réalisai qu'elle émanait d'une niche particulière taillée dans le mur, où je ne discernai qu'un piédestal d'obsidienne, sur lequel était disposé un orbe de noirceur absolue, comme un minuscule portail s'ouvrant sur le néant. À la lueur vacillante de la torche, j'aperçus une silhouette dans un recoin sombre de la pièce. Je m'approchai. Ayant réalisé de qui il s'agissait, ma gorge se serra et je manquai de m'étouffer : car devant moi se tenait mon frère, Vakous, décédé il y a de nombreuses années. Son visage juvénile me fixait d'un regard de nuit. Un épais sang rubis s'écoulait de la profonde entaille dans son cou. « Leonora », grogna-t-il, mais il n'était déjà plus mon frère. C'était à présent père Miceli, le corps contorsionné et brisé, tendant vers moi une main faible et implorante. Le ton de sa voix était laborieux, douloureux : « Le temps de la pénitence est terminé. Toi seule peux suivre la voie. » Je chutais. Je dégringolais dans le néant. Des visions, des gens, des souvenirs de mon passé tourbillonnaient autour de moi à travers cette noirceur totale. Et là, tout au centre, se trouvait la chose qui canalisait l'abysse lui-même. Une créature de grande taille, mi-humaine, mi-vautour, dont le visage était celui d'un grand hibou de mort. Appuyée sur un bâton sculpté, le corps enveloppé par ses ailes en lambeaux, elle restait parfaitement immobile au milieu du cyclone dont elle était l'œil. Un œil rivé sur moi. « Je vais te montrer ce que tu souhaites voir, dit le monstre, sans ouvrir le bec, d'une voix qui résonnait à travers l'éternité. De cette prison, j'observe toute chose. » Je ne pouvais plus respirer. Je ne pouvais plus ni bouger, ni parler. Mais une vision vint à moi, et je me trouvai devant le spectacle des deux princes occupés à se disputer. Nikos criait que Damien les avait trahis, qu'il s'était laissé consumer par sa passion pour sa maîtresse. Elle était la servante des Sombres Puissances, et à présent que le doge de Civissina l'avait appris, il menaçait de divulguer ce secret au grand jour. Damien répondait que Nikos manquait de loyauté envers sa famille. Bientôt les deux princes tiraient l'épée et leur sang ardent coulait à flot. Damien tuait son frère d'une grande balafre dans le torse. Il s'effondrait à côté de son cadavre, en larmes. Puis il relevait le visage pour se tourner vers une nouvelle présence qui entrait dans la pièce. Bien que je ne pût voir de qui il s'agissait, je la reconnaissais dans mon cœur. Elle allait couvrir ce crime en lâchant un démon majeur, chose dont elle avait déjà l'expérience, en puisant ses victimes sacrificielles parmi les condamnés à mort dans les cellules du palais. Je m'éveillai en poussant un cri de surprise. « Ah, vous revoilà. La Sentinelle vous a enfin libérée, à ce que je vois, dit une voix humaine à côté de moi. J'espère qu'elle vous a montré quelque chose de merveilleux. » Je jetai des regards autour de moi. J'étais dans une grange, ou une sorte de grande étable. Il faisait froid. Je constatai qu'il faisait nuit. J'étais incapable de savoir combien de temps j'avais perdu aux prises du démon d'Apathie contenu dans l'orbe. J'avais été capturée, ligotée fermement, et déposée en position assise dans un coin de cette cabane isolée. Les rayons de lune qui filtraient à travers le mur illuminaient le visage de ma ravisseuse. « Sarki, murmurai-je. Depuis que les traque-mages sont venus te chercher, je savais que tu étais plus que ce que tu paraissais. — Et malgré tout, vous n'avez rien fait pour m'arrêter, car vous saviez que vous ne pouviez rien faire. J'ai déjà anéanti le pouvoir des Gardiens du Voile. Aha. Leur chute sera alléchante à contempler. Ha. Aha. » Les étranges éructations de rire qu'elle laissait échapper en parlant me firent plisser les yeux. Sarki, l'attachée du Patricien, était complètement transformée. Elle portait à présent une grande robe grise flottante, que je reconnus comme étant celle portée par le mage zalossien qui avait si bien dirigé les démons de Cupidité lors du siège de Civissina. Ses traits étaient déformés par des spasmes d'amusement et de démence. « Bien entendu, je suis déçue que mon Ladre ne vous ait pas éliminée en personne, comme cela lui avait été ordonné. Mais là n'est pas la question. Vous ferez un sacrifice extrêmement précieux pour mes maîtres. Hélas, cela devra attendre. J'ai d'abord une ville à leur offrir, hah. J'espère que vous trouverez cet “hôtel” à votre goût. Ha ha ha. » –––––––––– Sentinelle de Nukudja Les Seigneurs démoniaques de l'Apathie préfèrent ne pas se joindre à leurs frères au milieu des combats. Ils sont des Observateurs. Il est dit, que leurs yeux d'un Noir d'encre sont des Portails, qui s'ouvrent sur l'Abysse. Avec leur corps dégingandé et leurs ailes emplumées, ils s'appuient sur de grands Bâtons afin, de dépenser aussi peu d'énergie que possible. Malgré leur vigueur apparente, ils n'attaquent pas leurs ennemis physiquement, ayant consacré leur Immortalité à la Maîtrise Authentique de la magie et du Voile, faisant pleuvoir la Ruyne et la Dévastation avec un art inégalé. Parfois, l'un d'entre eux prendra son envol afin, d'obtenir une meilleure perspective, poussant un Hurlement dont le crissement semble à même d'interrompre le flux temporel. D'autres s'élèvent et flottent à travers le champ de bataille sur des plateformes maintenues en lévitation par la seule Force de leur Volonté ou par des dæmons mineurs. Les Sentinelles peuvent fournir de phénoménales Connaissances et d'incroyables Visions. Même les plus grands érudits sont parfois retrouvés en état de catatonie après pareille Confrontation. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, BMag, MDiv (Hons) (Eicht) fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
  24. p.62 Apathie C'était ma troisième semaine dans la steppe. Je doutais de plus en plus de ma capacité à échapper aux orques, aux ogres et aux hardes bestiales qui hantaient la région. Mais la carte tsouantanaise tint ses promesses : je finis par trouver les étranges formations rocheuses qui y étaient représentées. Là, dans une crevasse entre deux titanesques rochers, j'entrevis une spirale de fumée. Je m'approchai avec anxiété de la petite cabane secrète, étreignant le talisman que mes frères m'avaient remis lorsque je m'étais embarqué pour cette mission. Tout reposait sur cet objet. La première étape était de ne pas se faire tuer. « Il ne vous arrivera rien du tout, me parvint une voix de l'intérieur de la maison. Vous voudrez sans doute du thé. » Une femme ouvrit la porte. Elle avait une quarantaine d'années. Sa peau était couverte d'étranges motifs roses. Ses yeux étaient d'une nuance vive de la même couleur. Elle portait une lourde robe grise. « C'est vous, l'ensorceleuse, n'est-ce pas ?, dis-je, oubliant toute politesse. Vous aviez prédit ma venue ? — Je vous ai entendu monter l'allée, si c'est ce que vous voulez dire. » Quelque peu hébété, je réalisai que j'étais déjà assis dans cette petite maison d'une seule pièce, avec entre les mains une tasse de quelque chose de chaud et d'épicé. « Alors, qu'est-ce que c'est ? Vous voulez servir les Dieux Sombres ? Être mon apprenti ? Me tuer pour me prendre mon livre de recettes ? — Je veux tout savoir sur les démons !, bégayai-je. Est-ce vrai que vous avez vécu parmi eux, dans les Désolations ? — Mouiiiii…, répondit-elle prudemment. Quand j'étais jeune. Ils m'ont appris à corrompre l'ordre, à saper les fondements de la civilisation, tout ça. Mais je n'y suis jamais retournée. C'est pas un coin que je vous recommande, au cas où vous compteriez vous y rendre. Voyez ce que ça a fait à mon teint. — Nous – c'est-à-dire, mes frères et moi –, nous savons comment invoquer un démon. Mais nous voulons savoir comment le contrôler. Nous avons entendu des histoires… — Le contrôler ? Mais pour quoi faire ? — Eh bien… Le savoir infini de… vous savez, le Royaume immortel. La richesse et le pouvoir au-delà de toute imagination ? Nous avons ce grimoire, vous voyez… — Laissez-moi deviner… Vous portez des cagoules, vous faites vos réunions dans des caves mal éclairées ? — Bon, ça… ça arrive, oui… — Tout ça ne finit jamais bien, croyez-moi, ça, c'est un conseil que je vous donne gratuitement, dit-elle, scrutant l'intérieur de sa tasse. Vous invoquez un démon d'Orgueil, vous faites un pacte de puissance, la première chose qu'il va faire, c'est vous vider lentement de votre santé mentale et vous lancer sur une spirale autodestructrice. Invoquez un démon de Cupidité, et vous étoufferez sous l'or – littéralement. Un démon d'Envie vous rendra plus puissant que votre voisin, mais seulement parce que vous et lui aurez tous les deux tout perdu au profit de votre autre voisin. Les grands classiques de la négociation démoniaque, quoi. — Mais il doit certainement y avoir un moyen. Si nous faisons attention… — Tiens, je sais ce que je ferais ! J'invoquerais un démon d'Apathie. Dites-moi, comment vous vous sentez, en ce moment ? — Comment je me sens ? Heureux, je suppose, puisque je vous ai enfin trouvée. — Non, je veux dire, votre corps. Qu'est-ce qu'il vous dit ? — Je dois dire que j'ai un petit creux. Et que je suis bien content d'être assis. — Voiiilà. Vous êtes fatigué. Nous sommes tous fatigués… Chaque jour apporte son nouveau lot de fardeaux. N'est-ce pas ? Et donc, votre démon d'Apathie vous accordera le savoir, et vous ôtera en même temps toute envie d'utiliser ce savoir pour en faire quoi que ce soit. Mais pour moi, c'est un résultat plutôt positif, au vu de ce qui arrive à la plupart des autres gens qui pactisent avec les démons. J'ai toujours considéré que ceux de Nukudja étaient les plus heureux de tous les cultistes, en termes de pure satisfaction. Ils savent toujours exactement ce qu'ils veulent, c'est-à-dire rien. Le pouvoir de ne pas se soucier de quoi que ce soit – en voilà un pouvoir qui en vaut la peine ! Ça, c'est un pouvoir qui a de la classe ! Je vous l'assure, tous les dieux admirent secrètement Nukudja. Elle mène une vie facile, toujours tranquille dans son coin, occupée à observer tout le monde s'agiter et se faire du mouron. Mon genre de donzelle, franchement. Et vous connaissez la meilleure ? — Quoi donc ?, bredouillai-je, horriblement fasciné. — Elle n'est jamais fatiguée. Elle dort toujours bien. Et ça, c'est un véritable tour de force. Bien entendu, on ne peut pas dire que les cultes de l'Apathie se répandent très vite. Mais si vous en trouvez un, parlez donc à quelques-uns des adorateurs qui s'y trouvent – enfin, si vous parvenez à leur faire dire quelque chose, s'entend. Faudrait déjà qu'ils aient les yeux ouverts. Vous verrez de quoi je parle. Vous tenez là de vrais adorateurs, les durs parmi les durs. Ils nous enterreront tous, croyez-moi ! Et si vous optez finalement pour un démon d'Apathie, vous verrez par vous-même que ses pouvoirs ne sont pas de la gnognotte. S'il ne bouge pas beaucoup, posez-vous la question du pourquoi. C'est parce qu'il n'en a pas besoin ! Vu qu'il peut vous liquéfier la chair d'un simple battement de paupières. Vous trouverez aussi chez lui une excellente oreille, au cas où vous auriez besoin de lui confier un truc que vous auriez sur le cœur. Au fait, vous êtes sûr que vous n'avez pas envie de me laisser votre âme immortelle avant de partir ? » – Sobolevsky Vladislavovitch, Mémoires d'un ex-adorateur des Dieux Sombres
  25. p.60 Bêtes d'airain 6e jour d'acrobre Père Miceli n'est plus. Il m'a fallu rassembler tout mon courage pour pouvoir coucher ces mots. Chaque jour, la douleur causée par sa perte se fait plus aiguë et plus déprimante. Cependant, elle renforce ma détermination à trouver son meurtrier. Je me souviens d'un sermon qu'il nous avait donné, lorsque j'étais encore novice. Il nous avait raconté comment il avait perdu son partenaire, qui était aussi son ami le plus intime, lors d'une mission en Taphrie. Un ensorceleur local avait lâché une horde de bêtes d'airain, pesants engins irrésistibles, mus par le feu-démon. Miceli avait dit que ce n'est qu'après que son ami eut été tué par ces monstres qu'il trouva la force de vaincre l'ensorceleur, poussé par la soif de revanche. La morale était que les péchés qui sont la prédilection des Dieux Sombres peuvent aussi servir d'armes entre les mains des vertueux. J'ai longtemps ressassé ce sermon. Moi aussi, j'ai connu la souffrance des mains de Vanadra ; moi aussi, j'ai ressenti la chaleur de sa fureur dans mes veines. Je la ressens à présent lorsque je pense à Miceli, lorsque je pense à ma mère, dont les dernières paroles résonnent encore dans mes oreilles, m'enjoignant à ne jamais perdre courage. Je ne peux lui faire défaut à présent. Je suis à présent l'hôte de la Révolution équilatérale, comme elle s'appelle désormais, qui a pris quartier dans l'ancien palais du Doge. Les révolutionnaires m'ont sauvée des amonceleurs, mais je ne sais si je devrais leur offrir mon aide. Je dois avouer que, bien que cette ville n'ait pas connu la moindre rébellion depuis l'époque de Bettini de Pontefreddo, elle semble s'être très bien sortie de cette crise. Les pertes subies au cours de l'insurrection ont été minimes ; un nombre surprenant des blessés sont déjà pleinement rétablis. Les citoyens ont formé un gouvernement transitoire efficace et uni, qui répartit les ressources de façon équitable et qui coordonne la défense de la ville contre l'armée de Zalos – car le siège continue. Et partout, on voit des démons. Bon nombre sont de véritables manifestations, invoqués par l'exécution rituelle des criminels et des saboteurs, y compris une puissante bête de guerre de Vanadra attirée par le sacrifice du Doge lui-même. Peut-être s'agit-il du même type de diable que Miceli rencontra il y a des années. Une fumée à l'air mauvais s'élevait d'entre ses plaques d'armure écarlates, comme la vapeur de la peau d'un mastodonte des temps anciens, et il faisait claquer ses sabots sous l'emprise d'une Colère à peine contenue. Il n'y a pas assez de magie ambiante pour maintenir toutes ces créatures au même endroit, ce qui fait qu'elles n'hésitent pas à se jeter sur les troupes ennemies jusqu'à toutes être vaincues. D'autres, par contre, ont pris possession du corps d'habitants qui les ont accueillies pour bénéficier de leurs talents et de leur savoir. Un de ces possédés est la femme en blanc, l'ensorceleuse que j'avais rencontrée dans les catacombes et qui m'a sauvée des démons de Cupidité. Elle est venue me voir dans mes appartements ce soir. Le démon de Cibaresh en elle s'est adressé à moi. « Vois-tu à présent l'ampleur de ce que tu ignores ?, me demanda-t-elle. — Je n'ai pas honte de te remercier de m'avoir secourue, répondis-je. — Je suis ravie de l'entendre. Peut-être verrons-nous cette gratitude se traduire par des actes. — Je ne suis pas un soldat de Civissina, et je ne te dois rien. » Nous nous dévisageâmes mutuellement un certain temps. « Mais il est vrai que nous avons un ennemi en commun. » — De fait, sourit-elle. Je trouve également curieux que mes espions me rapportent que le Patricien pense que nous avons tué son fils, et que tu étais l'agent qu'il a envoyé pour identifier l'assassin. — Je lui ai dit que le coupable n'était pas ici. Mais il n'a pas voulu entendre raison. — Je vois. Penses-tu qu'il serait prêt à reconsidérer son jugement si des preuves plus probantes lui étaient remises ? — Que veux-tu dire ? » La femme sourit. Ses yeux dorés paraissaient fatigués. « Nous sommes assiégés. Nous ne pouvons pas éternellement continuer à faire venir des renforts du Royaume immortel. Nos réserves seront épuisées avant la fin du mois. C'est la vie de tous ces citoyens qui est en jeu. Notre seul espoir est que Zalos lève le camp. — Tu veux que je convainque le Patricien que tu n'es pas son ennemi. — Je veux que tu accomplisses ta mission, Gardienne. Et je pense que c'est ce que tu veux, toi aussi. » –––––––––– Bêtes d'airain Les esclaves de Vanadra, l'Adversaire, sont toujours Enragés. C'est le monde mortel qui les rend Fous. Ils se matérialisent sous la forme d'Engins de guerre géants et piétinant, dont l'allure générale rappelle celle du Karkadan, mais mus par de Sombres Énergies et une Machinerie Diabolique. Ces Avatars du Carnage sont si opiniâtres dans leur quête de Massacre, qu'il est difficile de déterminer avec certitude, s'il s'agit d'une Bête ou d'une Machine, même si, bien entendu, du point de vue du dæmon, peu importe. Ils incitent de petits dæmons de Colère à les accompagner au combat, ce qui ne fait, que renforcer les Ravages, causés par leurs Charges. Mais ne vous y trompez pas : c'est la Bête qui est le Maître. Même s'il est sans doute peu approprié de dire qu'elle se « maîtrise » elle-même. – Extrait du Grimoire des Légions infinies, par Georges Sybellicus, BMag, MDiv (Hons) (Eicht) fons necromanticorum, astrologue et Magus secundus
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