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Warhammer Forum

Monthy3

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Tout ce qui a été posté par Monthy3

  1. Je valide ! Je n'ai lu que les tomes sortis en poche (prix, place, tout ça...) et c'est vraiment une très, très bonne saga. Points positifs : - Les légendes vivantes. Je m'explique : dans le monde où vadrouille la Compagnie existent des personnages surpuissants, des magiciens d'un niveau gigantesque et à l'aura incroyable. C'est extrêmement agréable de côtoyer ce genre de personnages, bourrés de prestance et de charisme, et de voir les mercenaires s'y confronter. Je pense aux Asservis et aux Maîtres d'ombre, par exemple, mais aussi aux dieux quelque peu particuliers (genre un arbre...), et le melting-pot de tous ces personnages m'a assez fasciné. - La narration. Crilest en a déjà parlé, mais j'aimerais en rajouter une couche : certains tomes ont parmi les meilleures structures narratives que j'ai jamais lues. Je le dis tout net : Le Château noir et La Pointe d'argent sont, à ce titre et à mon goût, des chefs d'œuvres. - En sus de ces deux premiers points (qui me permettent de classer la Compagnie noire parmi les meilleures sagas de fantasy, en compagnie du Trône de fer et de l'Assassin royal), il y a tout ce dont parle Crilest : le langage cru, les membres de la compagnie, l'humour noir, les changements de points de vue. Points négatifs : - On pourra peut-être reprocher à la série de n'avoir pas une structure unique, mais d'avoir des tomes dont la narration varie (un tome sera écrit en quelques énormes chapitres, un autre enchaînera les courts)... Pour moi, c'est assurément un point fort, mais peut-être que certains se sentiront perdus. - Certains personnages semblent increvables. Cela peut s'avérer agaçant. Généralement, cela m'insupporte et pourtant, vue la qualité du reste et l'omniprésence de la magie (qui peut expliquer bien des choses, évidemment, ou plutôt les résoudre sans les expliquer), j'ai rarement (un peu quand même, donc) pesté. - Je ne vois pas grand-chose d'autre. Bref, c'est un cycle de très grande qualité, que les amateurs de fantasy ne pourront qu'apprécier. Personnellement, je n'en lis plus que très peu (de fantasy), tant je me suis lassé des récits répétitifs et sans saveur, mais je dévore chaque nouveau tome de la Compagnie noire en un clin d'œil ! Petit bonus : Glen Cook (l'auteur) tient aussi une autre "série" intitulée Garett, détective privé. C'est du polar dans un univers de fantasy et c'est très rafraîchissant. L'humour est assez différent de celui de Pratchett, plus noir que "calembouresque", plus cynique, toujours délectable. Tentez le coup !
  2. Juste en passant : Pour le plaisir d'écrire, tout simplement. Ecrire un poème basique n'est pas bien difficile et assez rapide, ce qui tranche avec les nouvelles et, surtout, avec d'éventuels romans. Bref, c'était plaisant et court. Par la suite, comme bon nombre de gens ici, la poésie a été un temps un exutoire à un amour instatisfait, et avec le temps, elle est devenue pour moi un simple moyen (et non plus une fin), celui de maintenir le contact avec l'écriture lorsque j'avais la flemme d'écrire de la prose (et notamment de poursuivre le long, long récit sur lequel je trime depuis quelque trois années - oui, je suis extrêmement lent). A l'ordi quand j'en ai un sous la main, ce qui est toujours le cas depuis que j'ai un portable (à savoir depuis cet été, suite au trépas prématuré de mon fixe). Auparavant, en vacances, j'écrivais au crayon, mais c'est bien long de recopier des nouvelles sur le PC. J'écris exclusivement, depuis un certain temps, sur des personnes qui m'inspirent métaphores et comparaisons. Pas de poème sur la nature, donc, ou sur de majestueux monuments, ou sur des événements historiques ; j'écris juste à propos de personnes qui me font rêver ou à qui j'ai envie de faire plaisir (l'un n'empêchant pas nécessairement l'autre, d'ailleurs). Du coup, je trouve tout naturellement mes thèmes en observant les gens - et, pour ce faire, le grand amphithéâtre où ont lieu mes cours constitue une enceinte privilégiée. Cela dit, cette persistance du thème de la beauté humaine (on pourrait résumer le tout ainsi) implique que je ne parviens plus guère à me renouveler - et cela fait quelques années que cela dure. Bon, la raison est aussi le fait que, comme je l'ai écrit plus haut, la poésie n'est plus une fin pour moi et que c'est avec légèreté et sans grande attention ni intention que je compose aujourd'hui mes poèmes. Pour ma part, j'écris d'un trait (après y avoir pensé un certain temps auparavant) et, généralement, lorsque je commence un poème sans l'achever le jour même, je ne le termine pas - et je peux tout aussi bien l'effacer. Les exceptions sont rares et ne donnent jamais rien de bon.
  3. Malheureusement, Les innommables n'est pas publié en poche. Dommage, tu m'avais donné envie de le lire Bon, comme je n'ai rien de mieux à faire, je vais parler de pas mal de bouquins, tous chouettes (à mon goût). D'ailleurs, un grand nombre d'entre eux ont déjà été cités. En fantasy La compagnie noire de Glen Cook C'est l'histoire d'une compagnie de mercenaires, des purs et durs, narrée par ses différents annalistes (ça change selon les tomes, en fait). C'est franchement un régal. Les personnages sont on ne peut plus humains, la narration est exceptionnelle (particulièrement dans certains tomes comme les 2 et 6), et surtout les grandes figures du monde dégagent un incroyable charisme : les dix Asservis au service de la Dame, les baroudeurs, les sorciers, les maîtres d'ombres... Le ton est cru et le style, fluide. Vraiment, un must. Le trône de fer de George Martin C'est une saga impossible à résumer. En gros, il s'agit de luttes internes pour la maîtrise d'un royaume. Dans chaque chapitre, l'auteur raconte l'histoire selon le point de vue d'une personne différente (et donc le style, le ton varient énormément d'un chapitre à l'autre). On assiste à un véritable jeu politique, sordide et sanglant. Les "héros" sont, là aussi, extrêmement charismatique, et nul doute que chacun trouvera son personnage préféré. Le manichéisme est quasiment absent (comme dans La compagnie noire, d'ailleurs), et le fantastique fait son apparition très progressivement (au début, l'auteur nous dépeint un monde médiéval pur et dur puis, petit à petit, le surnaturel apparaît...). En revanche, je connais plusieurs personnes qui ont abandonné dès le premier tome, n'accrochant pas au style du traducteur. Mais franchement, ça vaut le coup (pour moi, c'est un chef d'œuvre), et n'hésitez pas à le feuilleter. La mort du nécromant et Le feu primordial de Martha Wells Ces livres feront plaisir à ceux qui se prennent déjà la tête à l'idée de se lancer dans de grandes sagas à la longueur infinie. Ce sont deux romans prenant place dans l'univers d'Ile-Rien, que je ne saurais trop bien décrire. Dans le premier, il s'agit de l'histoire d'un cambrioleur qui fait l'erreur de se planter de proie, et se retrouve confronté à des créatures tout droit sorties d'outre-tombe. Le récit est haletant (notamment arrivé à un certain point) et les personnages hauts en couleurs. Idem pour le second, d'ailleurs, où le retour de la reine des fées dans le château de son enfance va déclencher une guerre entre deux peuples. Là encore, le style est vif et le récit bien mené. Je crois d'ailleurs que Martha Wells a commencé une trilogie (comme c'est original) se déroulant dans cet univers. En fantastique Matheson (junior et senior) Je ne cite que le(s) nom(s), car tout ce que j'ai lu de lui est chouette. Déjà, il a écrit un paquet de nouvelles, regroupées en 3 tomes (+ 1 pour son fils), qui sont infiniment variées, dans les thèmes aussi bien que dans le style employé. Elles sont généralement très courtes. Bon, il y a de l'excellent et du médiocre (à mon goût), mais ça vaut le détour. Niveau roman court, c'est du tout bon : "Je suis une légende" évoque l'histoire du dernier humain sur la Terre, entouré de vampires ; "L'homme qui rétrécit", ben, narre la lutte pour la survie d'un homme qui rétrécit (non !?) et dont le pire ennemi est une araignée ; "Le jeune homme, la mort et le temps" est à propos d'un homme en fin de vie (maladie) qui tombe amoureux d'une actrice décédée et remonte le temps par auto-suggestion ; et "La maison des damnés" est une réécriture de la maison hantée, où deux spirites, un scientifique et sa femme vont étudier une maison où il s'est passé des choses pas très nettes. Lovecraft Doit-on encore le présenter ? C'est le maître de la littérature fantastique, capable de créer des ambiances vraiment malsaines par de superbes descriptions, et de faire naître l'angoisse avec une facilité déconcertante. Là où Matheson multiplie les variations de style et de thèmes, Lovecraft renouvelle l'horreur sans fioritures. Tout est fait pour nous happer dans l'histoire, dont nous ne ressortons que curieusement fascinés ou mal-à-l'aise. Difficile à expliquer, en somme. Certains sont captivés (moi), d'autres restent indifférents. Histoires extraordinaires de Poe Encore des nouvelles, dans un style assez différent. En effet, dans la plupart de ses nouvelles, Poe tente d'expliquer de façon rationnelle des situations apparemment surnaturelles ; c'est plus "scientifique", d'une certaine façon, alors que Lovecraft est plus axé ambiance. Du moins, c'est le cas de pas mal de nouvelles. Bref, cela permet de varier les plaisirs. Sans détailler, les Contes d'angoisse de Maupassant sont aussi fort sympathiques. Neverwhere de Neil Gaiman Un employé de bureau londonien voit sa vie ancienne s'effacer peu à peu lorsqu'une jeune femme du nom de Porte fait son apparition poursuivie par deux méchants... vraiment méchants. Il va découvrir que sous Londres existe un autre monde, nettement plus fun (bon, ce n'est pas forcément son avis). Ici, les stations de métro sont vraiment ce que leur nom indique, et les personnages sont formidables (surtout les méchants !). Ce livre est vraiment enchanteur. Aspiré dans le Londres du dessous, j'ai adoré suivre cette course-poursuite entre le "héros" et ses poursuivants, et la fin est parfaite pour un tel bouquin. N'hésitez pas, foncez ! Si vous aimez Gaiman, d'ailleurs, vous pourrez ensuite vous plonger dans Anansi Boys ou De bons présages (écrit en coécriture avec maître Pratchett). Riverdream de George Martin (encore lui !) Au XIXe siècle, le capitaine malchanceux d'une compagnie de bateaux à vapeur (sur le Mississipi), voit un mystérieux individu lui offrir une nouvelle chance en lui offrant le plus beau et le plus rapide des vapeurs. En échange, le capitaine devra obéir à ses demandes d'escales, même les plus étranges, et surtout ne jamais le déranger le jour, qu'il passe dans sa cabine... Un superbe roman, dans un contexte original, où le pauvre (enfin, façon de parler) capitaine se retrouve pris dans une luette entre deux clans qui le dépasse. L'atmosphère est tout simplement géniale. En science-fiction J'en lis peu, donc je serai bref. On ne présente plus Herbert et son Dune, un chef d'œuvre (du moins les premiers tomes), je n'en parlerai donc pas. Autremonde de Tad Williams C'est plutôt complexe. En gros, plusieurs personnes dans le monde seront prises au piège dans une sorte de monde persistant créée par une organisation, la Confrérie du Graal, regroupant les gens les plus riches du monde. Cependant, certains agissent en free-lance, et un tueur vraiment terrifiant (j'en suis venu à vraiment le détester, c'est rare, et j'en félicite l'auteur d'autant plus) traque ces quelques personnes, seules à même d'empêcher une machination comme d'habitude terrible, avec une histoire de mômes qui tombent dans le coma sur toute la planète, à cause du réseau. Dit comme ça, c'est vague et assez fumeux. En fait, c'est excellent. Les personnages sont crédibles (et ce tueur, grrr), les mondes variés (comme une "révision" du Magicien d'Oz, ou une... cuisine géante aux multiples dangers). En revanche, c'est une longue saga, encore en cours. A noter que Tad Williams a également écrit une saga plutôt vaste de fantasy, très chouette elle aussi : L'arcane des épées. Mais je la conseille plutôt aux lecteurs de fanatsy avertis, car elle n'est pas des plus accessibles. Des astres et des ombres de George Martin (omg, toujours lui ! Eh oui, ce type est un génie) C'est un recueil de nouvelles poétiques pour la plupart, glauques pour certaines. Toutes sont géniales (sauf peut-être la dernière, où je ne vois pas trop où l'auteur veut en venir, mais je dois avoir été un lecteur déficient), tout simplement. Après, il faut aimer ce genre de nouvelles. Posez-vous à la Fnac et lisez la première ; si elle vous plaît, foncez. Sinon, eh bien... lisez la deuxième ! De lui, on peut aussi citer Les rois des sables, un autre recueil de nouvelles, mais je lui ai trouvé moins de génie. Les nouvelles sont plus fades, en fait. Enfin, certaines d'entre elles. D'autres sont excellents, mais dans l'ensemble, j'ai préféré le premier recueil. J'espère vous avoir donné envie de lire quelques-uns de ces livres pendant l'été !
  4. Monthy3

    Du style

    En même temps, ce sujet était une bonne occasion de discuter de ce que chacun pouvait attendre d'un roman, et je ne vois pas pourquoi il faudrait demeurer au raz des pâquerettes (notez le smiley). D'ailleurs, il est plus intéressant d'illustrer ses propos par des œuvres, et si tout le monde ne les a pas lues, eh bien tant pis, ce n'est pas un drame. J'ai l'impression qu'on fait un peu un mauvais procès au Petimuel, là. Dieu (?) sait si nous ne sommes pas toujours d'accord, mais pour le coup, qualifier d'arrogance le fait qu'il donne des références, ben... C'est étonnant. Bon, sinon, grosso modo, + 1 avec Petimuel ; je plussoie globalement ce que tu as dit, hormis quant au fait que tu parles de réinventer la langue. C'est quand même très très ambitieux, et quand j'écris, ce n'est absolument pas mon optique. J'adopte plus l'attitude d'un conteur : je raconte une histoire, en usant d'un style fluide, et sans peser le pour et le contre de chaque mot, loin de là. Ce qui ne m'a pas empêcher d'adorer (le mot est faible) la Horde du contrevent, même si Damasio m'apparaît comme un type insupportable à travers ses interviews.
  5. Euh... On a bien lu les mêmes livres ? Le tome 1 de l'Epée de vérité est chouette, c'est vrai. Mais après, comment dire... D'une part, c'est TOUJOURS la même chose. D'autre part, les """héros""" sont d'une niaiserie insupportable. J'ai envie de leur mettre des claques à chaque fois qu'ils "se sourient" (ils passent leur temps à se sourire ), l'amour il est beau il est mignon, c'est merveilleux, etc Non, vraiment, mince, je suis sûr que vous avez lu un paquet de meilleures livres... Je sais pas, moi, l'Assassin royal, le Trône de fer, l'Arcane des épées, la Mort du Nécromant, les Ravens, ça, c'est chouette ! Mais dire de l'Epée de vérité que c'est une des meilleur sagas d'hf récente..., ça me dépasse Cet avis est bien évidemment éminemment subjectif
  6. Je n'ai pas le LA, mais je sais, moi , que ce n'est pas cumulable. Cf réponses d'Alessio Cavatore dans un post de la section "règles".
  7. Bonsoir Hélas, apparemment, pour l'instant en tout cas, ça ne se bouscule pas au portillon Je réclame une dérogation spéciale Ce sont ceux postés dans la partie "concours" :'(
  8. Beuh, avec tant de superbes dessins, nous autres, pauvres membres bavant d'admiration, sommes condamnés à ne pas voter ? Par simple curiosité, puisqu'il me semble que c'est la 1ere fois, dans cette section du moins, que c'est le cas : qu'est-ce qui justifie ce choix ?
  9. Bonsoir Précision : je n'ai pas le nouveau LA. J'ai ouï dire l'inverse dans le topic de la section d'à côté Ques sont tes arguments pour la grande waaagh ? Un changement de la frénésie avec la V7 ? Auparavant, le perso devait obligatoirement charger, avec ou sans son unité. J'en déduis que ça a été modifié ? Ah, mais prends le problème de l'autre côté : tu vas enfin pouvoir sorti ton ON chéri sans qu'il te grille un choix de plus ! Je m'en servais déjà en V6, je sens que je vais les adorer en V7 :'( Le plus gros problème est que c'est avant tout tes OS que tu gênes avec tes snots... L'ennemi se gardera bien de les éliminer. Youpi, je suis content, vive le nouveau LA !
  10. Effectivement, un rapport clair, précis, plutôt bien écrit, bref, un excellent rapport Je ne donnais pourtant pas cher des chances du RdT... Comme quoi
  11. Juste un message pour te dire que l'intro est au poil ! J'espère que le rapport sera de la même qualité
  12. Comme les précédents, je vous félicite et, surtout, vous remercie pour cette remise en service du warfo
  13. Monthy3

    L'Ennemi intérieur

    Merci pour ton courage, Inxi ! Oui, je sais... Mais j'ai connu une perte de motivation, et ce chapitre, je l'ai commencé au mois de mars ! Il a fallu les vacances pour que je m'y remette En tout cas, content de voir que ce passage t'a plu ! Je posterai sans doute la suite la semaine prochaine, ça me laissera du temps pour écrire le chapitre suivant
  14. Monthy3

    L'Ennemi intérieur

    Bonsoir J'ai longtemps hésité à remonter ce sujet des catacombes du forum pour poster la suite, tout simplement parce que je ne sais pas si le warfo est le mieux adapté pour accueillir un récit à si long terme, et souvent parcouru de coupures allant d'assez longues à très longues Mais bon, au vu du nombre de commentaires constructifs que j'ai pu recevoir, j'ai décidé de tout de même vous proposer la suite, à savoir le chapitre 5 (enfin, une partie seulement, pour faire plaisir à Inxi ). J'aurais volontiers fait un résumé des chapitres précédents si je l'avais pu, mais le type de narration fait que c'est pour ainsi dire impossible. Par conséquent, si vous voulez vraiment apprécier le texte, je vous conseille de lire (ou relire) les chapitres précédents, tous dans les mes posts de la première page (le dernier chapitre écrit étant intitulé Indices). Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ---------------------------------------------------------- Chapitre 5 : Dernières volontés La journée avait été éprouvante, et c’est la tête basse que Mederick sillonnait les rues du quartier nobiliaire à la recherche de la Hache brisée. La nuit venait de tomber, la pluie glaciale lui cinglait le visage, la fatigue le faisait trébucher régulièrement, ses pensées le dévoraient peu à peu, et pourtant il poursuivait sa route. Il se croyait dans un de ses cauchemars, courant pour éviter une vague immense qui menaçait de le submerger à chaque instant ; ou cherchant la sortie d’un manoir peu à peu empli de ténèbres, lesquelles dévoraient au fur et à mesure chaque salle du bâtiment. Mais ces cauchemars le rattrapaient, prenaient bien trop souvent le dessus sur la réalité ; cela en devenait dangereux. Il secoua d’une façon qu’il aurait voulue vigoureuse sa tête : il avait encore des choses à faire, cette nuit, des personnes à trouver. Il s’écroula presque en poussant la porte de la taverne ; il préféra considérer que c’était à cause du sol boueux et glissant. Il y avait relativement peu de monde dans la taverne ; ainsi, il trouva sans difficulté les trois mercenaires, attablés au même endroit que la fois précédente. Tous trois l’avaient remarqué, mais ils l’ignoraient, poursuivant une discussion animée, une assiette de viande et une carafe devant eux. Mederick se rapprocha d’eux, prit une chaise et s’assit péniblement à la même table, écoutant leurs paroles. « Es-tu sûr de ce que tu avances ? - Oui, Annah, j’en suis sûr Et cela me rassure. Son corps n’a pas subi De terribles blessures, Mais des visions impures Ont vaincu son esprit. Ainsi l’invocation N’est pas le bon filon. – Vous avez entendu, messire. Qu’en pensez-vous ? – J’aurais tendance à approuver votre barde. – Vraiment ? Pourtant, c’était la piste la plus tentante. Pourquoi une telle assurance ? – Comme vous l’avez sûrement constaté, le corps de mon ami est indemne. Hors l’invocation, selon le nécromancien, s’attaque directement au corps de la victime et le réduit en charpie. – Nous avons suivi le même raisonnement. Therk, resté silencieux depuis l’arrivée du noble, prit alors la parole. – Eh bien, vous ne nous avez toujours pas éclairé sur la raison de votre venue dans ce lieu de pauvres. Vous semblez épuisé, vos yeux sont lourds de cernes et reflètent une lassitude qui effraie même un combattant comme moi. Par un formidable effort de volonté, le Vampire le fixa dans les yeux. – Je vais parfaitement bien. Le château est en deuil, et je dois organiser les préparatifs pour la cérémonie d’enterrement, qui aura lieu dans deux jours, conformément à la tradition. – Et pour ma question ? – Répondez d’abord à la mienne : avez-vous nui à Kjeld V’Fohs de quelque façon que ce soit ? C’est Annah qui répondit. – Nous n’avons nui à personne aujourd’hui, hormis, effectivement, à l’orgueil du nécromancien. Pourquoi ? Mederick ignora la question. « Exactement comme je le soupçonnais… Kjeld, que me caches-tu ? » Soudain, il repensa à l’état dans lequel se trouvait le nécromancien lorsqu’il était allé le voir. Serait-il possible que… ? Non, il serait déjà mort à l’heure qu’il est. – Très bien. Cependant, je vous demanderais de ne plus le déranger. – Dommage… J’ai toujours voulu savoir ce que donnerait un duel entre un magicien et un guerrier. – Votre naïveté est impressionnante, mercenaire. Therk éclata de rire, et un mince sourire se dessina sur le visage de ses compagnons. – Comme vous nous sous-estimez ! L’arrogance dont vous, les nobles, faites preuve, causera votre perte un jour ou l’autre. Et m’est avis que ce jour se rapproche… – Que voulez-vous dire ? Therk se remit à considérer avec une attention soutenue la viande chaude qui trônait au milieu de la table. Il en proposa à Arandir, qui s’empressa d’accepter. Annah poursuivit d’un ton plus sec. – Vous êtes ici chez nous et, si nous tolérons votre présence, ce n’est pas pour être importunés par une multitude de questions. C’est d’accord, nous nous tiendrons à l’écart de nécromancien. Est-ce tout ? – Non, pas tout à fait. Connaissez-vous un certain Lametrouble ? Therk intervint immédiatement. – Fadamar ? C’est un vieil ami ! Si tant est qu’il puisse considérer quelqu’un comme un ami… Arandir approuva d’un léger hochement de tête, tandis qu’Annah les regardait tous les deux avec des yeux ronds. Le barde lui adressa un léger geste, signifiant qu’ils lui expliqueraient plus tard. La jeune fille se tut et laissa le guerrier mener la conversation. – Cela tombe bien : je voudrais que vous le retrouviez. J’ai à lui parler. – Je sais où il se trouve actuellement. Ce n’est pas très loin d’ici. Voudriez-vous le voir maintenant ? – Est-ce possible ? Ce serait parfait. – Bien sûr, nous réclamerons un dédommagement pour le dérangement. » Pour toute réponse, Mederick se leva, tirant sur ses membres douloureux. Therk salua ses deux amis puis sortit, le noble à sa suite. Ils marchaient en silence, le guerrier devant, le noble peinant derrière et vacillant à chacun de ses pas. C’était comme un soleil et une ombre, l’un rayonnant d’assurance, l’autre tremblotant de fièvre, comme si la lumière venant triomphalement en tête ne faisait au final qu’engendrer la noirceur. Durant tout le trajet, seul le bruit des bottes s’enfonçant dans la boue se fit entendre, un bruit de succion, écoeurant. Cela sembla durer une éternité à Mederick, à bout de ressources mentales, et du même coup physiquement épuisé. Therk finit par entrer dans un minuscule établissement à l’enseigne illisible. La lumière était presque absente du lieu, provenant en tout et pour tout d’une seule chandelle, posée sur le comptoir. A une table se trouvait assise la seule personne de la salle. Le mercenaire s’avança vers elle avec un large sourire. « Si tu savais comme ça me fait plaisir de te revoir, Fadamar ! Comment vont les affaires ? – Le Hasard a été clément ces derniers temps. – Et j’ai l’impression qu’il en sera de même aujourd’hui. Ce cher noble dit vouloir te parler. Tu le connais ? – Oui. – Très bien. Eh, sire T’Nataus, venez donc vous asseoir, si vous pouvez traîner votre corps jusqu’ici ! » Mederick lui jeta un regard de gratitude, malgré la moquerie teintant ses propos, puis s’avança et s’assit en face de l’assassin. Il fixa Therk, qui comprit qu’il était indésirable dans la conversation. Ce qui lui était de toute évidence complètement égal, puisqu’il prit place à son tour. Résigné, et pas en état de contester la présence du guerrier, le Vampire parla. « J’ai été satisfait de ta dernière prestation. Seul un silence lui répondit. Il poursuivit. – Je fais donc une nouvelle fois appel à tes services. Ta cible s’appelle Ghendes Jhan, c’est l’enquêteur officiel du château. – Je le connais. – Bien. Demain, je serai ici à la même heure pour te récompenser. Tu n’as qu’une seule journée. – C’est solliciter rudement le Hasard. – Tu auras ce que tu désires. – Parfait. » Mederick quitta le bâtiment. Il n’aspirait qu’à dormir, mais il devait encore lutter contre la fatigue : il lui restait encore quelque chose à faire, cette nuit. Le Vampire arriva à l’aube au Dard de l’Abeille, parvenant à peine à rester en selle. Sa main était pourtant toujours crispée sur la longe par laquelle il contrôlait le cheval portant le corps de Thorlof. Dans le dos de Mederick étaient fixées les deux étranges lames de son ami, étincelant dans le pâle soleil du matin. Il se redressa, puis promena son regard. Le Dard de l’Abeille avait été la demeure de Thorlof ; elle avait reçu ce nom à cause de sa position géographique : située en hauteur, elle semblait s’enfoncer dans la terre comme un dard s’enfonçant d’un coup sec dans la peau. Comme taillée à la serpe, la demeure était loin d’être belle, mais Thorlof n’avait jamais considéré comme important son aspect esthétique ; en revanche, sa position la rendait presque inexpugnable, la seule entrée étant au bout d’un sentier très pentu et en relativement mauvais état. Ce n’était que la première fois que Mederick l’empruntait seul, du moins seul encore en vie dans ce monde, alors qu’il connaissait Thorlof depuis déjà une bonne quinzaine d’années. Le pont-levis était abaissé, la herse levée ; le Vampire pénétra donc sans problème dans la cour centrale. Le silence presque morbide qui régnait accentua l’inquiétude provoquée par cette absence totale de défense. Mettant pied à terre, il mena les bêtes à l’écurie, vides, puis fit descendre le corps de son ami et, le soutenant, se dirigea vers le donjon. La herse était là aussi levée, mais ce n’est pas cela qui effraya Mederick : une insupportable odeur de pourriture et de chair brûlée l’assaillit lorsqu’il pénétra dans le bâtiment. Instinctivement, il lâcha le cadavre pour plaquer ses mains sur son nez, le cœur soulevé par ces effluves de provenance inconnue. Arrachant une partie de son manteau, il s’en couvrit le nez, puis redressa délicatement le corps de Thorlof, qui n’avait toujours pas commencé à se décomposer. Il décida d’avancer. Il eut beau passer toute la matinée à fouiller le château, il ne parvint pas à trouver les cadavres d’où devait émaner cette odeur. Enfin, il finit par découvrir une pièce dans laquelle l’odeur était insoutenable et dont les murs étaient comme noircis par des flammes qui s’y seraient élevées. Mederick ne put s’empêcher de vomir, malgré sa protection. Il allait s’en aller, lorsqu’il se rendit compte que ce qu’il venait de régurgiter ne reposait pas sur le sol, mais se répandait sur quelque chose d’invisible. N’osant pas y croire, il pénétra de nouveau dans la petite salle et lança de petits coups de pied en l’air. Ce qu’il redoutait se révéla bien réel quand ses pieds touchèrent quelque chose de mou, qui dégagea alors une odeur de décomposition avancée. Reculant lentement, les yeux agrandis par l’horreur, Mederick se détourna et partit, le corps de Thorlof toujours appuyé contre lui. Il l’amena dans un petit jardin intérieur secret, situé tout en haut du donjon, un lieu dont son ami lui avait souvent parlé. Là, il reposerait en paix, s’il était possible pour quelqu’un comme lui de le faire. La terre y était meuble, l’eau de la fontaine pure, les fleurs épanouies : c’était comme un petit paradis resté à l’abri des terribles événements qui s’étaient déroulés ici. Mederick déshabilla Thorlof, puis le lava dans l’eau qui, étrangement, ne noircit pas. Il fut étonné de voir que le corps semblait luire doucement, plus lumineux que lorsqu’il n’était pas encore inanimé. Une fois cela fait, il lui repassa les mêmes habits, se reprochant de ne pas avoir pensé à prendre des vêtements propres dans sa précipitation. « Mon ami, excuse-moi d’utiliser ton bien le plus précieux ainsi, mais ces armes qui ont bercé ta vie te berceront dans ta mort. » Ainsi le Vampire détacha les armes toujours scintillantes qui avaient appartenu à Thorlof et se mit à creuser la terre avec elles. Ce labeur lui prit plus d’une heure, car les lames étaient fines ; mais finalement, il parvint à creuser un trou assez grand et, sur une dernière pensée d’adieu, il y déposa le corps de son ami. Il plaça à ses côtés une première lame puis, hésitant, décida de conserver l’autre : il la porterait en mémoire et en l’honneur de Thorlof, vaincu perfidement. Après avoir comblé le trou, il quitta le jardin. Une heure plus tard, en début d’après-midi, il chevauchait en direction de la capitale.
  15. Tiens, puisque le post a été relevé, juste pour l'info : si vous avez aimé ce rapport de bataille, sachez que Zephyr Vendest en a écrit plusieurs autres de la même excellente qualité sur ce forum. Alors, n'hésitez pas à utiliser la fonction recherche
  16. Monthy3

    Terme "Fantastique"

    Mais, dans ce cas, la science-fiction serait la transposition du fantastique à un univers futuriste ? Tout à fait d'accord, d'ailleurs, je vois rarement de rayon "fantastique"... Tout part dans "science-fiction", et on voit donc du Lovecraft côtoyer du Herbert ou du Hobb... Poe reste quant à lui du côté des classiques
  17. Monthy3

    Terme "Fantastique"

    Puisque ce post est encore ouvert, et je m'excuse tout de même de ce message pas fondamentalement utile, je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec toi Gloc'. Là, je te suis. On peut par exemple citer Lovecraft ou Poe, qui sont de grands auteurs fantastiques (Lovecraft étant à mon goût le meilleur ). Là, beaucoup moins. Je pense que tous les "machin-fantasy" appartiennent à la catégorie "Science-fiction", en tout cas c'est à ces rayons que l'on trouve les ouvrages de Gemmel, Pratchett, Eddings et tous ces grands noms. Le Fantastique est amha une catégorie bien à part. Maintenant, honnêtement, qu'en a-t-on à faire si le titre d'une section est légèrement impropre ? D'ailleurs, je pense qu'on retrouve aussi des textes purement fantastiques dans cette section
  18. Depuis le temps que je sévis dans cette section, il fallait bien que je présente quelques unes de mes tentatives de poèmes ici Alors, du plus ancien au plus récent : Trois poèmes qui marquent mes débuts en poésie. J'affectionne particulièrement le premier, évoquant la mort en tant que Promesse illusoire, tandis que le deuxième voit un homme-arbre s'intéresser à un jeune elfe s'apprêtant à pénétrer Dans les Annulii (pas mal d'erreurs de métrique étant donné que je zappais la règle du "e" muet ) et le troisième, dont il existe 2 versions, évoque avec mélancolie la Noblesse d'antan. Un dialogue poétique que je me suis pris à imaginer lors de la rencontre entre un balladin et un homme qui a tout perdu. Puisqu'il fallait bien en arriver là, voici un poème d'amour en vers libres pour lequel j'ai eu la chance d'engager un dialogue très instructif avec Tédéoume. Voici Fuite, poème évoquant la fadeur de la vie et l'ennui que les humains cherchent à fuir, en vain. Vous vous êtes déjà sans doute demandé quel était le Sens de la vie ? Voilà ma réponse, peu satisfaisante... Mais je dois avouer n'avoir pas trouvé mieux. J'ai aussi profité d'un poème de Ruteboeuf que j'aimais beaucoup pour l'accommoder à ma sauce : Que sont mes bonheurs devenus ? Revenons à l'amour, et par conséquent à la déception amoureuse avec Chute, un poème en alexandrins -- mètre que je préfère. Pour changer un peu de tous ces poèmes déprimants, un ami m'a un jour dit : "Ecris donc une chanson à boire !" Ayant failli à cette tâche trop ardue, j'ai eu l'idée de relater en alexandrins une Bagarre de taverne (qui se veut) humoristique. Et puis je suis revenu sur le thème de la Mort humaine, un poème au rythme assez particulier que et que j'aime moi-même beaucoup, notamment parce que c'est la première fois que je mets réellement le rythme au service du fond. Voici ma première tentative de poème en prose, En guerre. J'ai bien aimé l'exercice, mais j'avoue préférer les vers. Bah, c'était pour changer un peu. Avec la cité perdue, c'est le passé que j'aborde, un passé dans lequel il n'est jamais bon de se perdre... Je me suis également essayé à la ballade, un poème qui narre les aventures d'un quatuor de vaillants héros partis affronter un redoutable démon, avec tout le lyrisme et les actes courageux qu'une telle histoire entraîne ! Elle est cependant encore inachevée, malgré une somme de 300 vers. Ah, la Normandie, vert pays de mes vacances ! Il fallait bien que je l'honore d'un sonnet, surtout un lieu en particulier, un petit hameau du nom de Châtillon ! J'ai tenté de composer un poème apaisant en dépeignant Un nouveau jour, ce moment dont tout individu un tant soit peu rêveur aime profiter... Il y eut un éclair une nuit, sur une plage, par un doux vent d'automne... Vous l'aurez compris, il s'agit d'un n-ième poème d'amour, en alexandrins. Comme je passais des vacances mortellement ennuyantes à Paris, tout seul, il m'est naturellement venu à l'esprit l'idée d'écrire un poème sur la solitude. Vous avez même, en bonus, un poème de Lord Paladin sur le même thème à ma suite^^. Et puis, inspiré par une chanson de Jean-Louis Aubert, voici un poème assez doux, répondant au nom éloquent de Rêver un monde. Et vous, dans quel monde voudriez-vous vivre ? J'espère que ces poésies sauront vous satisfaire
  19. Bon, je vais essayer de t'aider sur les coûts : 25 + 20 donc 45 pts. J'aurais mis ça un poil plus cher, mais le fait que cela ne marche qu'au premier round du CàC me fait hésiter... D'un autre côté, comme une charge de cavalerie est souvent décisive... Si ça peut t'aider, une arme de base relançant uniquement les jets pour toucher coûte 35pts. Je vois bien ta lance à 40 ou 45 pts. Mais c'est vraiment juste un avis, heing. M'a l'air bien. Idem. Le talisman de saphery faisant la même chose (sans l'armure) coûte 35 pts. Pourquoi pas 45 pts ? "Subissent" plutôt que "bénéficient", non ? Je pense que le reste est à peu près bon. Sinon, ça fait plaisir, il y a des objets franchement originaux (je pense notamment aux bannières et aux objets enchantés/cabalistiques). Bonne continuation
  20. Hmm, rien n'interdit à ton fanatique de traverser toutes les unités si elles sont toutes séparées de moins de 1 pas et sur la même ligne. C'est d'ailleurs, si je ne m'abuse, la technique dite du "tapis roulant", ou un truc du genre, dont l'objectif est de mettre des gobs, par exemple, devant, pour que les fanas aillent plus loin en "roulant" sur eux.
  21. Etant donné que je trouve dommage que tu n'aies pas encore reçu de réponses, je vais te donner mon modeste avis. L'historique est tip top, j'aime beaucoup, pas (peu ?) de fautes et une histoire fort sympathique Niveau règles, trop d'imprécisions demeurent : -- Jan Pi'Err : quelle taille ? Quel socle ? Plutôt style destrier ou monture démoniaque ? -- Bha-Bass forme-t-il une unité avec les pomés ? Ce serait logique, mais sachant qu'il est monté d'une part, et qu'il a un objet pour se téléporter en contact du chef d'autre part, je doute... -- Pour les pomés : bon prix -- le chef des pomés : même profil que celui des chefs de la race actuelle (orque noir, sauvage, basique) ? -- quand Bha-Bass est chamane, est-il niveau 1 ou 2 ? Retire-t-il ses sorts à chaque fois ? -- pour le prix : je pense qu'il est trop bas Voilà, tout de même un bon boulot bien original Rajoute donc un cri de guerre, tous les mercenaires en ont
  22. Monthy3

    L'Ennemi intérieur

    Chouette, vraiment bien, ces 24h de la critique Allons-y pour ce chaleureux commentaire Oui, tu as raison sur tous les poinst que tu soulèves. Surtout sur le "plusieurs trames en même temps", mais qui, tu t'en doutes, se rejoindront au final. En fait, le projet était vraiment à long terme, et 5 chapitres font peu finalement. Maintenant, voyons dans le détail tes commentaires Le flou est plus ou moins voulu, de même que les conversations sur les intervenants, puisque j'essaie tant bien que mal (surtout mal, en fait ) de présenter ces personnages... Tu ne me vexes pas, tu m'attristes J'ai essayé, pourtant, et dans les propos que tu relèves, c'est surtout Jari qui est trop franc - et c'est le but. Voilà donc la première apparition du cliché, sur lequel tu reviens ensuite... Certes, chacun a sa volonté propre, mais chacun à sa personnalité propre, aussi. Reprocherais-tu à tous les gens de ne pas penser de la même façon ? Ou des pantins, c'est vrai. Mais tu me montres bien que les ficelles sont bien trop grosses. Décidément, il m'en pose, des problèmes, ce chapitre Pour l'histoire du meilleur assassin, je trouve ça plutôt normal que chacun loue les mérites de celui qu'il engage. Non ? Mais explicite. Le but est surtout d'aider le lecteur à retenir son nom. Il parle trop ? Où ? Quand ? Et puis, il est normal qu'il change d'attitude selon l'interlocuteur, non ? Enfin, oui, c'est une particularité du récit : les pauvres en général, les nobles en général, sont des stéréotypes. En revanche, mes personnages que je prends la peine de nommer ont tous une personnalité propre et souvent ambigüe... Du moins, c'est mon souhait Un peu quand même : le roi vient d'y passer, un noble recrute des mercenaires... Bon, la première raison qui passe par la tête, c'est bien une enquête sur sa mort Tout simplement parce qu'Olaf a payé les autres pour se battre à sa place. Je ne pense pas que ce soit si surprenant ; c'est le principe des "champions", en quelque sorte... sauf qu'eux sont juste avides de richesses En fait, c'est surtout la description sommaire que je fais, et je n'ai pas trop eu le temps de revenir sur els persos. Mais c'est vrai que, maintenant que tu me le dis, ça me saute au visage... Va falloir que je trouve un moyen pour remédier à cela Merci pour les descriptions Je ne peux que te remercier, de toute façon, et surtout sur le chapitre 2, je sais que c'est le moins réussi et le plus critiqué. Et merci aussi pour le compliment de dernière minute
  23. Bonsoir Le rapport est très agréable à lire ; en plus, les armées sont petites, ce qui facilite la compréhension. En revanche, il me semble avoir vu quelques erreurs de règles : -- tour 1 orques, magie : le chamane gob n'a pas de ligne de vue sur les HA, il ne peut donc pas les cibler ; -- tours de magie HE : il est impossible de lancer un projectile magique sur une unité ennemie engagée au CàC. Pour l'instant, c'est tout, je crois... Mais, je le répète, c'est un bon RdB
  24. Monthy3

    L'Ennemi intérieur

    Bon, eh bien je continue mon monologue pour poster le chapitre 2 remanié (je laisse en attendant la 1ère version pour permettre les comparaisons). J'ai également légèrement retouché le chapitre 4: -- la rime d'Arandir -- le premier passage en italique -- l'attaque trop brusque de la magie (à vous de me dire si vous voulez que je développe un peu plus, mais je pense que c'est suffisant) -- les "s" à grinçants et caquetants J'ai donc laissé les éléments qui me plaisaient/les moins gênants. ____________________________________________________ Chapitre 2 : Menaçant, menacés La nuit avait dévoré le soleil ; les ténèbres recouvraient désormais toute la cité, noyant les dérisoires tentatives des rares lampes de se frayer un chemin dans leur trop dense noirceur. La vie s’était presque totalement éteinte ; elle ne reprendrait qu’au lever du soleil. Seule, la Lumière de cendres semblait pouvoir lutter contre la nuit, tout comme elle luttait constamment contre le jour. En effet, à l’intérieur, le dîner allait commencer. La salle à manger était d’une immensité presque déplacée, tant le nombre des convives était généralement limité. Tous les soirs, ils étaient onze à s’asseoir à sa table, le roi et dix nobles qu’il choisissait selon les circonstances ; or, chaque invité avait une place bien définie, dont il ne pouvait jamais changer. Ainsi, la salle comportait une chaise pour chaque nom noble du royaume, ce qui la rendait bien vide, finalement, et en général l’ambiance était glaciale… Oui, il ne faisait pas forcément bon être invité à ces repas. Ce soir semblait spécial. Les convives venaient des quatre coins du royaume ; ils étaient les nobles les plus puissants, aussi riches qu’influents, aussi éloquents que perfides. Tous se demandaient le but d’une telle réunion – car il y en avait forcément un. Il faudrait probablement attendre le discours du roi pour le savoir, et pourtant ce dernier restait désespérément muet, un simple sourire se détachant sur son visage. Mederick échangea un regard avec Thorlof, situé à une vingtaine de places à sa droite : ce dernier, comme toujours, semblait sûr de lui, tandis que le Vampire se sentait oppressé dans le silence qui recouvrait toute la pièce. Il balaya cette dernière du regard, dans un soudain accès de panique ; il vit des ombres danser sur les murs, celles des nobles. Cela ne le fut pas pour le rassurer. N’étaient-ils que des spectres, sans la moindre substance, étrangers à la vie ? Il tenta de chasser ces funestes pensées, en vain ; tout était fait pour qu’il y songe. Le silence dura encore quelques minutes ; enfin, le roi brandit sa coupe de saïs, un alcool fort. Mais il ne parlait toujours pas, prenant apparemment du plaisir à l’atmosphère angoissante qu’il créait à dessein. Ce manège continua pendant plusieurs secondes, une éternité pour Mederick. Finalement, alors que les bras des nobles fatiguaient et se mettaient à trembler, le roi parla. « Amis, aux périls qui nous menacent tous ! Cette phrase, qui aurait dû mettre fin à cette longue attente, ne fit que la prolonger. Plus inquiets qu’intrigués, les invités se lançaient des regards inquisiteurs, comme si chacun se croyait empêtré dans les rets d’un complot. Malgré cela, désireux de pouvoir enfin reposer leurs bras épuisés, tous clamèrent en même temps. – Aux périls qui nous menacent tous ! Le roi s’assit, puis tous firent de même. Les serviteurs commencèrent alors à apporter des plats, aussi bien chauds que froids, qu’ils semblaient déposer au hasard devant les invités. Mederick, habitué à noter les moindres détails, remarqua que Thorlof et lui avaient de la nourriture chaude ; il le garda à l’esprit. Avant même de commencer à dîner, le roi reprit. – Savourez cette nourriture, appréciez ces plats délicieux, comme s’il s’agissait de votre dernier repas ! Pour la deuxième fois, les nobles se regardèrent, ne comprenant pas le but de telles allusions. Etait-ce un avertissement, ou un projet ? Peut-être une opération déjà entamée ? Quoi qu’il en était, il allait se passer quelque chose ce soir, Mederick en était persuadé. Malgré cela, les autres nobles avaient entamé les plats, voyant que le roi dînait sans ressentir les effets d’un quelconque poison, de même que Thorlof, toujours le premier à prendre des risques. Le saïs faisant son effet, la conversation entre les nobles finit par débuter, et devint de plus en plus animée. Les nobles parlaient de mariages, de conquêtes, essayaient de régler leurs différends à l’amiable avant d’être poussés à la dernière extrémité ; le roi se taisait et écoutait, souriant toujours. Comme les convives marquaient une pause dans leurs discussions, une voix s’éleva. – Votre majesté, je m’en voudrais de ne pas porter un toast en votre honneur. M’en laisserez-vous l’honneur ? – Fais donc,Todrick, fais donc. Le Todrick en question était petit sans vraiment l’être, tant il prenait de l’envergure lorsqu’il avait la parole. Son visage allongé, ses cheveux noirs très courts, ses yeux perçants toujours en quête de renseignements, ses ongles plutôt longs pour un aristocrate, tout en lui faisait penser à un rapace. On le soupçonnait d’avoir commis les nombreux coups bas dont on n’avait jamais ou découvrir l’instigateur. Il n’y avait personne d’assez fou pour lui faire confiance et, par conséquent, il n’avait pas d’ami. Bref, dans cette mer en furie qu’était le monde, il représentait l’îlot solitaire, immobile et arrogant. – Je vous remercie, votre majesté. Puis, d’une voix plus forte : – Mon roi et maître, mes camarades et frères, je lève mon verre à la nouveauté ! Consternation parmi les convives : quelle audace ! Ce mot banni de la cour, ce mot qui pouvait mener un imprudent à la pendaison, il le prononçait à voix haute, devant le roi lui-même, dans un dîner aussi étrange ! « Peut-être est-ce finalement le bon moment pour le faire », se surprit à penser Mederick, qui tourna son regard, comme tous les autres nobles, vers le monarque. Qui se leva, puis brandit sa coupe. – A la nouveauté, cher sire K’Rahsco ! En même temps qu’il prononçait ces mots, le Vampire crut discerner une lueur fugitive de folie dans ses yeux ; mais il était sûr d’une chose : un sourire au mieux ironique, au pore franchement sardonique, trônait à présent sur son visage. Mederick étudia soigneusement les nobles attablés : aucun ne semblait véritablement serein hormis, encore une fois, Thorlof. Lequel parla. – J’ai appris que votre père était récemment mort dans de mystérieuses circonstances, sire K’Rahsco. Je vous présente mes plus sincères condoléances. – Je vous remercie. Mais je suis parvenu à prendre sur moi pour ne pas me laisser aller au désespoir. – Je n’en doute pas. J’aimerais tellement vous soulager d’une si brûlante douleur… Celle d’avoir ainsi hérité des terres contiguës aux miennes. – Vraiment ? Je suis touché de votre sollicitude. Malheureusement, cela n’est pas possible. Mais je serais ravi de vous faire ressentir la même souffrance, celle de la perte d’un être cher. Ce faisant, il fixait, un rictus aux lèvres, Mederick, qui ne sourcilla même pas. Il savait que son sort dans cette joute verbale était entre de bonnes mains. C’est alors qu’un autre convive, du nom de Jari B’Rauts, intervint. – Ah, vos insinuations sont répugnantes, Vautour. Je bénis le jour où vous serez éliminez ! – Votre impudence est quant à elle détestable, sire B’Rauts. Je suis curieux de connaître la raison de votre présence ici : cette assemblée est normalement composée de gens subtils. Tout le monde attendait une réponse du roi à cette question qui lui était indirectement adressée, mais celui-ci se contentait toujours de sourire, savourant les discordes entre ses invités. Comprenant qu’il ne parlerait pas, Mederick le fit. – Allons, sire K’Rahsco, si tel était le cas, vous n’en seriez pas. Car perfidie n’est pas subtilité. – Et, de même, perfidie n’est pas survie. Cette dernière phrase était évidemment de Jari. Comme à son habitude, il dérangeait par sa sincérité et son insistance ; les yeux bleu clair de son visage anguleux plongeaient toujours dans ceux des autres franchement ; jamais une seule mèche de ses cheveux roux ne venait dissimuler une partie de sa face. Bref, il était un cas unique dans l’aristocratie. – Ah, les querelles des nobliaux… Comme c’est ennuyeux ! – Il est vrai, sire N’Maiz, que vous êtes fort bien placé pour parler de petitesse. Olaf N’Maiz tourna alors son regard vers Mederick, qui venait de lui répondre, puis le posa sur Thorlof. – Dites-moi, sire L’Fyls, comment avez-vous réussi à dompter aussi bien cet animal ? Votre méthode m’intéresse, tant elle apparaît d’une efficacité sans égale. – Cette méthode s’appelle l’amitié. – Vraiment ? J’ignorais qu’un maître et son dogue de chasse pouvaient développer une telle relation. – Je n’ai aucunement besoin d’un dogue pour chasser. – Et pour vous défendre ? – De même. Voulez-vous que je vous en fasse une démonstration ? – Est-ce un défi ? Ma foi, j’accepte. Thorlof se leva alors de table, sous le regard inquiet de Mederick. Qu’avait-il accepté ? Il savait son ami sans peur, mais le fait qu’Olaf n’ait pas bougé ne présageait rien de bon. Son ami n’avait rien remarqué. – Je m’excuse de cette interruption, je vous laisse juger si elle est de mon fait ou non. Votre majesté, messires, Mederick : bonne soirée.» Comme il quittait la salle, le Vampire vit N’Maiz faire un signe de la tête à deux nobles, qui se levèrent à leur tour et emboîtèrent le pas à Thorlof. Le remarquant, un sourire sans joie sur le visage, ce dernier s’évanouit dans l’ombre du château. Son départ entraîna le silence. Chacun, les yeux rivés sur les plats qu’on lui apportait, mâchait la nourriture, sans bruit. Olaf avait habilement manœuvré, faisant en sorte d’être celui qui relève le défi plutôt que celui qui le lance. Mederick savait que Thorlof aurait aisément pu éviter de se battre, s’il l’avait voulu ; ce n’avait pas été le cas. Il était sûr de lui et aimait se battre ; personne n’avait jamais pu résister à ses lames toujours étrangement propres et luisantes. Maintenant qu’il était parti, le Vampire se sentait bien seul, au milieu de tous ces serpents, dont le roi n’était pas le moins effrayant ; néanmoins, il honorerait la confiance que Thorlof avait placée en lui. C’est celui qu’il appréciait le moins, à savoir Todrick, qui brisa le silence. « Sire N’Maiz, maintenant que vous nous avez enfin débarrassé de ce parasite, pourquoi ne pas nous dévoiler ce qui vous taraudait ? Car cette disparition n’était pas gratuite, n’est-ce pas ? – Elle l’était et ne l’était pas, puisque vous savez bien que la raison m’empêche de faire des révélations en votre présence, sire K’Rahsco. – Eh quoi, Olaf ? Comptez-vous l’éliminer lui aussi, après ceux du mois dernier ? Où vous arrêterez-vous dans cette hécatombe ? Jari, une nouvelle fois, s’amusait à envenimer la situation, à expliciter à voix haute ce que tout le monde avait compris. Quel rôle jouait-il dans cette mascarade ? Il était bien trop fourbe pour faire cela par pur plaisir. Gardant cette pensée en tête, Mederick lui répondit. – Ah, laissez, sire B’Rauts. Notre ami est incapable de cesser ses agissements : il lui faudra de l’aide ! Le ton de Mederick avait été celui de la plaisanterie ; pourtant, Olaf le fixait désormais d’un œil acéré. Celui-ci devait reprendre le dessus ; c’est pourquoi il joua une nouvelle carte. – Halvor, notre invité est-il arrivé ? – Bien sûr ; veux-tu que je l’introduise ? – Eh bien, qu’en pense notre seigneur et maître ? – Faites-le appeler, je serais charmé de faire sa connaissance. Personne n’omit de remarquer qu’une étincelle de curiosité – ou était-ce de l’amusement ? – s’était allumée dans les yeux du roi, auparavant moqueurs. Le noble auquel s’était adressé N’Maiz, répondant au nom de L’Gellaus, haussa alors la voix. – Voici venue la fin de votre attente, Arme de chair ! » Les regards des nobles se vissèrent dans un bel ensemble sur la forme qui venait de se détacher des ténèbres du couloir. Pourtant, elle n’était pas bien grande : sa taille avoisinait celle de trois épées courtes disposées les unes sur les autres ; qui plus est, elle avançait courbée, ce qui n’arrangeait rien. Mais il émanait de cette énigme comme une puissance effrayante, une aura de terreur ; ses pas rapides, bruyants, à la fois secs et glaciaux, troublaient le silence et fascinaient les convives. De son visage, dissimulé dans l’ombre d’un capuchon au marron délavé, on ne pouvait voir, et encore uniquement en l’observant attentivement, que deux yeux d’un bleu pâle, terne, sans saveur. Son manteau, la cape reposant sur ses épaules, ses chaussures, tout était usé sur elle et en elle. Car elle avait vu ou commis les pires horreurs, assisté ou participé aux plans les plus machiavéliques ; comme sa peau se cachait derrière ses vêtements, son âme se dissimulait derrière la carapace mentale dont elle avait été forcée de se doter afin de ne pas perdre la raison. Le roi lui-même tressaillit lorsqu’il se rendit compte que l’apparition, presque fantomatique, se trouvait maintenant juste à côté de lui, immobile. Elle avait semblé se téléporter, bien qu’il ait pu contempler chacun de ses pas ; du moins, il le lui semblait. Reprenant contenance, il s’adressa à Olaf. « Eh bien, très cher, qu’attends-tu pour faire les présentations ? – Ce ne sera pas nécessaire, votre majesté, car cet homme n’a pas de nom et les nôtres lui importent peu. Sachez juste qu’il est un des assassins les plus redoutés de la ville. Jari sauta sur l’occasion. – Tiens, un de plus à cette table ? Soyez le bienvenu parmi les vôtres, Sans-nom ! L’ignorant superbement, Olaf poursuivit. – Si je l’ai convoqué ici, c’est parce qu’il rapporte que des événements particulièrement inquiétants se déroulent en ce moment. Selon lui, une tempête approche. A ces mots, toute l’assemblée redevint sérieuse et concentrée ; en effet, ils signifiaient, comme à leur habitude, que le royaume lui-même était en péril. Tous les convives se mirent à examiner l’assassin en quête d’un renseignement supplémentaire, en vain, pendant que celui-ci restait impassible. Alors, une voix désagréablement mielleuse s’éleva, celle d’un noble resté jusqu’ici silencieux du nom d’Alrick N’Drof. – Votre ‘invité’ n’est pas bien loquace, sire N’Maiz. Ce qui m’amène à la question suivante : est-il là pour autre chose qu’un meurtre ? Car, depuis le début, toutes vos manœuvres n’ont pas d’autre objectif ; quelle est donc sa cible ? – Cet homme est muet. Par cette phrase sèche, Olaf avait coupé court à la discussion, mais aussi habilement éludé toutes les questions gênantes. Cependant, Mederick savait que chaque intervention d’Alrick était pertinente, car cet homme, pratiquant la magie perceptive, de couleur blanche, possédait une lucidité parfaite des propos de chacun. Le Vampire reprit la parole. – Alors, pourquoi l’avoir fait venir ? – Certes, il ne parle pas. Mais il existe d’autres moyens de s’exprimer, que vous semblez ne pas maîtriser puisque vous allez jusqu’à les oublier. Je pense en particulier à l’écriture. » C’est Halvor qui avait répondu à la question, prenant le relais de son ami ; il brandissait en même temps une feuille sur laquelle on décelait un texte, écrit proprement et sans fioritures, mais composé de phrases dénuées de toute élégance. Il le lut. « Soran est mort cet après-midi : c’est le onzième forgeron à être tombé cette semaine. Près de trois cadavres, on a retrouvé des signes de magie mortelle. Sur sept autres, des marques de lames, dagues ou épées. Près du dernier, les énergies étaient jaunes : je ne connais pas ce type de magie. De plus en plus de marchands sont assassinés. Des assemblées se réunissent, des confréries se forment. Le peuple a peur. Une tempête approche. » C’est le seul homme qui n’était pas encore intervenu qui rompit le silence établi par les autres, plongés dans leurs réflexions. « Il s’agit de la première magie du monde, plus ancienne encore que celle que je pratique. Le jaune, plus précisément le doré, est la couleur de l’invocation. Kjeld V’Fohs était probablement le magicien le plus puissant, le plus expérimenté et le plus érudit de toues les nobles. Son domaine, la nécromancie, dont la couleur était le bleu, imposait le respect par son ancienneté. Quant à son âge, nécessairement avancé pour avoir acquis une telle maîtrise de la magie, il entraînait de la déférence même de la part de ses semblables, et son désintéressement affirmé pour la politique n’était pas pour leur déplaire. Alors, on considérait chacune de ses remarques avec attention ; celle-ci plus encore, étant donné son aspect profondément inquiétant. Mederick exprima à voix haute ce à quoi tout le monde songeait. – Plus ancienne encore que la nécromancie, est-ce à dire plus puissante également ? – Exact. Plus destructrice notamment, mais particulièrement difficile à contrôler. – Alors, celui qui la pratique… – Son contrôle lui échappera tôt ou tard, c’est certain. En tant que première magie apparue au monde, pas créée par l’homme et donc peu connue de lui, elle est la plus instable, et la plus mutatrice. – Qu’entendez-vous pas ce terme ? Toute l’assemblée était suspendue aux lèvres de Kjeld, captivée par ses propos, attendant la suite avec avidité. – C’est l’histoire du monde que vous me demandez là. Soit, je peux tenter de la retrouver. Cependant, je me tairai à la première interruption, car je dois me perdre dans les souvenirs des défunts, un sortilège particulièrement douloureux lorsqu’il faut remonter à une époque aussi lointaine. » Le sorcier se tut, puis se concentra. Les yeux plissés, il fit des mouvements dans l’air, saisissant des énergies invisibles aux yeux des profanes, de plus en plus rapidement, de façon toujours plus régulière. Un souffle parcourut la salle tandis que les flux se mettaient à trembler, puis à s’agiter tout en se teintant de bleu, un bleu presque transparent. Alors, le corps de Kjeld scintilla et tremblota cependant qu’il perdait toute consistance ; ses doigts se fondaient dans les énergies tout en même temps qu’il les manipulait et modelait. Petit à petit, la forme d’un crâne se dessina, un crâne de magie pure, de cette même couleur bleue pâle. Les yeux du nécromancien s’écarquillèrent soudain ; il remua les lèvres, mais c’est de la bouche du mort-vivant que sortirent ses paroles. « Je me souviens du monde, un monde entièrement créé par la magie ; ou plutôt, un monde déformé par la magie. Si compacts étaient ses flux qu’ils s’aggloméraient, formant terre et mer, faune et flore… Enfin, ce n’est pas tout à fait exact, cela me revient. Les créations se tordaient dans tous les sens, semblant agoniser. La terre pleurait et la mer tremblait, les cieux s’écrasaient sur des créatures difformes et terrifiées. Les formes magiques changeaient sans cesse d’aspect, passant du loup à l’arbre, du rocher au nuage, en un rien de temps. Cela s’appliquait aussi à l’homme : quelle horreur de voir ces humains muter, leurs visages se tordant de douleur comme ils perdaient un membre, s’encastraient dans un tronc ou, incapables de s’accrocher aux énergies, disparaissaient parfois tout simplement dans un tourbillon de lumière. Oui, c’est vrai, je m’en souviens, maintenant : une lumière d’un jaune éblouissant, brûlant les yeux, asséchant ou remplissant indifféremment les cours d’eau, aveuglant même les aveugles. Tout mutait là où elle passait, et elle passait partout. Elle était inévitable, oh, tellement inévitable que l’humanité semblait ne pas pouvoir advenir… » « Qu’importent ces événements révolus ! Le ton sec de Jari interrompit brutalement la transe du magicien, qui poussa un hurlement de douleur. Son corps s’agita dans tous les sens, en proie à d’horribles convulsions. Ce n’est que lorsque la forme immatérielle de Kjeld revint dans sa forme physique que cela stoppa. Cette intervention déplut fortement au roi, comme tous les autres passionné par le récit. – Sortez, sire B’Rauts. Vous n’êtes plus le bienvenu à cette table. – Je vous ouvre les yeux et vous, vous me chassez d’un mot ? Bien, très bien ; mais vous le regretterez. Il se leva brusquement, toisa les autres convives avec mépris, l’assassin avec suspicion, puis se dirigea d’un pas rapide vers la porte. Après avoir lancé un dernier regard circulaire, comme pour graver cette scène dans son esprit, il sortit. Mederick, lui, choisit de poursuivre l’idée de Jari. – Messire B’Rauts est intervenu mal à propos, il est vrai. Il n’empêche que la supposée extraordinaire puissance de l’invocation ne doit pas nous faire oublier que sept sont morts par les armes, et trois par une magie plus commune. – La ‘supposée’ extraordinaire puissance de l’invocation ? Je ne vous pensais pas capable d’une telle négligence, sire T’Nataus. Non, vous ne réalisez pas la gravité de la situation : la magie peut s’introduire partout où son manipulateur le désire, et vaincre tout ce qu’on peut lui opposer. – Pourquoi nous inquiéter ? Seuls les gens du peuple sont attaqués ; je ne serais pas surpris que le coupable soit l’un des habitants du quartier riche, c’est-à-dire quelqu’un n’ayant aucune raison de nous en vouloir. Certains hochèrent la tête suite à cette remarque de Todrick, mais les autres demeurèrent songeurs ; seul, le roi souriait toujours. « Il a perdu l’esprit, c’est évident maintenant », pensa Mederick. Alors, pour la deuxième fois, Alrick N’Drof intervint. – Quels rideaux se sont abattus sur vos yeux, confrères, pour que vous ne vissiez pas dans ces meurtres une menace nous étant directement adressée ? Exactement onze forgerons sont morts, c’est bien cela, assassin ? La forme opina du chef. – Onze ont péri, onze nous étions à table : troublante coïncidence, vous me l’accorderez. Trop troublante pour n’en être qu’une. Todrick reprit. – Vous êtes, sire N’Drof, l’homme qui occulte des informations. Certes, onze forgerons ont été assassinés ; mais de nombreux petits marchands également. Votre interprétation me semble, par conséquent, trop libre. – Libre ou pas, elle tient debout. Et, si l’on en croit messire V’Fohs, l’ennemi a les moyens de nous atteindre. Mederick se rendit compte qu’Olaf venait finalement de résumer toute la première partie du message. Il prit sa suite. – De plus, le peuple, aussi misérable soit-il, semble représenter désormais un véritable danger. – Inepties que tout cela ! Nous avons les fortifications, les meilleures armes, la magie, l’habileté… Non, il n’osera pas nous attaquer. – Messire K’Rahsco est dans le vrai. Jamais il ne s’en prendra à nous. Ces derniers propos venaient d’Halvor, qui était pour Olaf N’Maiz ce que Mederick était pour Thorlof. Le Vampire les trouva beaucoup trop tranchés, beaucoup trop rassurants. C’est pourquoi il prit la parole. – Du moins directement… Votre invité, sire N’Maiz, nous informe que les gens se regroupent ; or, il ne sort jamais rien de bon de ces réunions. Posons-nous une seule question : que peut-il s’y passer ? Une soudaine avalanche de crimes s’abat sur les pauvres : la faute, à leurs yeux – et peut-être est-ce vrai – nous incombe. Logiquement, ils devraient réagir. Comment, je ne le sais pas davantage qu’eux ; mais ils finiront bien par trouver un moyen de nous nuire. – C’est pourquoi il nous faut anticiper leur réaction. – Bien sûr ! Rien de plus facile que de prévoir la réaction de personnes désespérées ! Une idée lumineuse, sire V’Fohs ! – Je vous remercie, sire K’Rahsco ; après tout, c’est en vous contemplant qu'elle m'est venue à l'esprit. Vous tous qui êtes attablés ici, mettez votre intelligence et votre intuition à contribution. Réfléchissez ; si vous êtes dignes de votre position sociale, vous trouverez. Tous se sentirent rabroués, rabaissés par les mots de Kjeld. Certains, comme Olaf ou Todrick, s’apprêtaient à exprimer à haute voix leur ressentiment, quand le roi intervint. – Paroles de sagesse, maître mage. Je suis sûr que tous mes invités en tiendront compte ; bien évidemment, il serait bon d’en informer ceux qui ne sont plus des nôtres… si c’est encore possible. Eh bien, Todrick, tu parlais de changement : le voilà qui approche, sous la forme d’une tempête ! Je vous parlais de la mort : elle aussi approche, à grands pas ! Messires, ce dîner, qui s’est révélé particulièrement amusant, arrive à son terme : bonsoir ! Quant à toi, assassin, reste là un moment, que je te récompense pour le divertissement que nous a prodigué ton message. » Seuls demeurèrent dans la salle le roi et l’Arme de chair. La lumière s’éteignit.
  25. Monthy3

    L'Ennemi intérieur

    Damned, je n'ai toujours fini mon boulot sur Kant (sur lequel j'ai passé presque tout mon dimanche et un peu de mon samedi quand même ), et je me sens pourtant obligés de vous répondre ! @ Inxi Ok, j'ai compris (c'est Kant, vous dis-je...) D'accord, mais je n'aime pas couper un chapitre... Enfin, comme mes deux commentateurs (ce qui, vue leur qualité, me suffit amplement !) me le demandent, je vais m'y résoudre A la fin du texte, il n'y a que deux personnages Mais je note en tout cas, je te remercie de ta franchise Pour le début, c'est vrai, il avait le choix entre Annah et Therk... Mais il était plus logique que ça vienne du guerrier Merci pour les compliments @ Jineon Plus ou moins. C'est un choix dans la mesure où ils auraient pu refuser d'enquêter... Mais, vis à vis du roi, ce n'en est pas un, tu as raison. Je vais chercher autre chose de plus approprié Effectivement, il s'agit bien de la boue. A voir, même si sur l'instant je n'ai pas d'autre idée... Ca va venir ! Je ne sais pas si on peut parler de paranoiä Effectivement, la boue ne se voit qu'à l'extérieur. Dans le château, c'est propre (comme tu peux le voir au début du chapitre, quand Mederick marche dans les couloirs). Je vois ce que tu veux dire... Mais je crois bien que c'est correct grammaticalement ; en fait, tu peux y voir deux causes aboutissant à la même conséquence. Bref, même rapport entre les deux premiers éléments... je pense Merci J'aurais tout aussi bien pu lier cette phrase avec la précédente par un ";" au lieu du "." ; ce dernier permet cependant un choc brutal, que je trouve approprié à ce niveau-là C'est noté et cela va être immédiatement corrigé Je pensais à leur attitude entre eux, à leur confiance mutuelle, à leur assurance... Mais il est vrai que c'est peut-être trop tôt Tu as raison. (ben quoi, que dire d'autre ? Ah, oui ! Je vais remanier ce passage en italique ) J'ai tendance à apprécier aussi la brutalité dans l'écriture, un peu comme quelque chose tombe comme une masse (ex : le "Car") alors qu'on ne s'y attend pas. Et j'ai peur qu'une longue description annule l'effet. Quoique... Une idée me vient à l'esprit, là, tout de suite Personnellement, j'aime bien Je trouve que ça représente bien le défilement des pensées de l'assassin. Elle pense à sa survie, puis, naturellement, passe aux moyens de la conserver. C'est un peu un enchaînement d'idées brutes, correspondant aussi bien à la nature de ses pensées. Un point que je n'ai jamais éclairci : si les participes ne sont pas vraiment pris comme adjectifs, mais déterminent une action, ne peuvent-ils pas rester invariables ? Ce sont les ossements qui grincent Oups ^^ Rassure-toi, jamais je ne prends mal des critiques, encore moins lorsqu'elles sont aussi bien justifiées que les vôtres ! Tiens, je voudrais un peu m'étendre sur plusieurs choses à propos de ce chapitre. -- tout d'abord, je n'ai pas du tout écrit pendant les vacances, j'ai recommencé ce mardi, ce qui explique en partie l'attente ; -- ensuite, j'étais parti sur un autre point de vue au départ, c'est-à-dire sur un chapitre presque sans rapport à celui que vous avez lu ; j'ai donc dû tout recommencer, et je suis plus satisfait de cette version. Il faut dire que le récit est tellement ouvert que je peux me permettre pas mal de choses Passons aux bons points, sur le récit en général : -- plus j'écris et plus j'avance dans l'histoire, plus j'ai envie d'écrire pour découvrir la suite C'est pas beau, ça ? -- j'ai sans arrêt des idées permettant de rendre plus cohérente l'intrigue, mais malheureusement elles portent souvent sur ce que j'ai prévu à long terme... C'est bien, mais très frustrant Voià pour le post fleuve ! EDIT : Inxi -> Problème de quote réglé EDIT : merci bien
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