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Kayalias

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Tout ce qui a été posté par Kayalias

  1. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    [quote]Pour le fond, ça bouge pas mal. Pour une fois c’est de l’action sans être du combat donc ça change ! C’est aussi à notre échelle sans être des trucs immenses ou des trucs magies surréalistes ! Ca reste quand même le passage le plus simple ! J’aime bien du coup ![/quote] Ma prochaine nouvelle sera très différente, beaucoup plus " accessible ". Elle ne devrait plus tarder, mais cette fois je ne ferai pas la même erreur. J'écrirai le tout avant de poster progressivement. [quote]Pratiquement rien à signaler en ce qui concerne les fautes de grammaire, conjugaison ou orthographe, vu que tu as visiblement fait l'effort d'une, voire plusieures relectures avant de poster tes différents chapitres.[/quote] Je n'ai malheureusement jamais été irréprochable en orthographe, j'essaie cependant de réaliser un ensemble " correct ", autrement dit pas trop déguelasse à la lecture. En tout cas je suis heureux que quelqu'un s'apperçoive des relectures que j'ai réalisées. [quote]Par la force des choses, il t'aura bien fallu "humaniser" un minimum Malekith -- difficile de faire du personnage central un salaud constant -- mais ce changement de perspective passe au final comme une lettre à la poste.[/quote] Je ne suis pas entièrement satisfait de la " psychologie " de Malékith dans ma nouvelle. J'ai essayé de donner une version très personnelle, au fond assez humaine comme tu le dis. Mais en réalité, je l'imagine encore plus humain que ce que j'écris. A mes yeux c'est un individu psychologiquement lambda, outrageusement influencé par sa mère et disposant d'une touche de frustration supplémentaire due a son éviction du trône. Celle-ci entraîne bien sur les débordements qu'on connaît : cruauté, despotisme, sexualité déviante... En gros un Malékith génération Dolto. C'est dit ! Je ne veux pas non plus qu'on crie à l'hérésie par des : " Ouais ton Malékith c'est une fiotte ! " Du coup je jongle entre mes envies et un semblant de crédibilité, fluff oblige. [quote]Enfin, il me semble percevoir une petite pointe de découragement -- c'est peut-être une idée que je me fais là -- ces derniers temps. Je sais, la section n'est pas ce qu'il y a de plus réactive et ne remue pas beaucoup. Un peu comme Jean-Luc Delarue. Mais bon, ces histoires de manque de participation, ce n'est pas vraiment une nouveauté... Faut faire avec. Courage ![/quote] Décidément, être mon plus grand fan ne te suffit pas ( tu as même détroné Celt ), il faut en plus que tu lises le découragement des rares posteurs. C'est vrai, il y a un certain découragement. Je pourrais te citer un emploi du temps chargé à ne rien faire mais ce serait un peu con. L'écriture ça va ça vient par périodes et je pense que seuls les critiques / commentaires permettent de rapprocher ces périodes ( [b]message implicite chers lecteurs[/b] ). Je t'avoue aussi que ta présence spectrale bondissant tantôt du néant pour commenter certains textes au petit bonheur la chance permet surement de relancer certains " auteurs ". En tout cas c'est mon cas. [u]Un grand merci[/u]. Voici la suite de la saga. Celle-ci est en deux parties. La première ( introductive ) m'a semblé longue à écrire en une soirée. Je posterai donc la seconde [b]très prochainement[/b]. Bonne lecture [center]***[/center] La membrane dorsale du démon fut prodigieusement rétablie. Les sortilèges de Malékith lui firent retrouver force et souplesse. Tazdief n'avait en rien oublié l'art de la voltige. Tous deux planaient déjà depuis un certain temps et virevoltaient habilement parmi les courants de magie. La fumée de l'incendie camouflait leur fuite aux yeux des patrouilles ennemies. — Tazdief, où nous conduis-tu ? Interrogea le Prince cramponné à son dos. — Nous allons récupérer le second fragment de mon essence. Il est retenu prisonnier au cœur d'un temple perdu dans les cieux. Y accéder pour un démon sans aile constitue déjà une épreuve. — Veux-tu dire que nous ne serons pas seuls sur place ? Il ne fallut que quelques secondes supplémentaires pour que la curiosité du Prince soit satisfaite. Là, sur une plate-forme colossale qui ne semblait soutenue que par le vide, se dressait un temple aux reflets d'opaline. De multiples flèches aux allures d'aigles, de serpents ou de vautours perçaient le ciel et une mousse pareille à la peau de certains lézards recouvrait chaque pierre de l'édifice. La plate-forme grouillait d'une foule impressionnante. Une cohorte de démons patientait, le regard dirigé vers la porte du temple. Certains projetaient leurs sortilèges colorés et illuminaient le bleu du ciel. D'autres méditaient. D'autres encore s'entraînaient au combat de corps à corps. Un rayon fila à quelques mètres du Prince et de sa monture. Malékith faillit être désarçonné et jura. — Prudence Tazdief, cette horde est belliqueuse ! rugit-il. Le bec de son acolyte se crispa, hideux à souhait. — N'ayez crainte, tous mes frères ici bas ont d'autres intérêts plus primordiaux que de vous anéantir. — Soigne ton langage, démon. N'oublie pas qui tu portes sur ton dos. — Pour sur, je n'oublie pas que mon fidèle cavalier est dépourvu d'ailes ; et qu'il serait regrettable que celui-ci chavire. Ce concours d'ironie amusa l'elfe. Il caressa le plumage de son acolyte comme pour mieux l'humilier. — Ces démons sont-ils également à la recherche d'un fragment d'essence ? — En effet, jeune Prince. Les individus que vous contemplez sont tout comme moi des renégats. Adulé un jour, maudit le lendemain, car telle est la volonté impénétrable de nos dieux. — Plus impénétrable que la folie. — Blasphémer ne vous amènera à rien, Prince Malékith. Les dieux portent leurs regard sur vous à chaque instant. Il semblerait d'ailleurs que vous soyez en leur faveur pour avoir survécu en nos terres. Profitez-en, car ils peuvent aisément reprendre ce qu'ils vous ont donné. Rien n'est immuable, si ce n'est leur existence. Et lorsque votre hérésie aura eu raison de leur divertissement, ils souffleront sur votre âme comme l'on souffle sur une simple bougie. Ce discours sonna l'elfe. Si le démon disait vrai... Et si les dieux sombres ne cessaient de l'observer, qu'ils testaient sa ruse et ses prouesses guerrières, se délectant du spectacle jusqu'aux dernières heures de leur champion. Pourraient-ils jamais quitter ces limbes ? Tazdief renchérit : — Ne craignez pas ces démons en contrebas. Ils ne sont ni nos ennemis, ni nos adversaires. Voyez par vous-même, d'autres proviennent des quatre points cardinaux et sont tous accueillis aussi chaleureusement que nous. Plusieurs démons chevauchaient des monstres ailés difformes, éloignés de la noblesse d'un dragon. Tous recevaient un signal embrasé en guise de bienvenue. Les sortilèges innombrables zébraient le ciel d'ocre et de mauve, donnant l'impression de nager dans un torrent de couleurs. Lorsque Tazdief et Malékith posèrent pied à terre, la horde leur parut d'autant plus immense. Tous observaient l'elfe avec stupeur. Chacun ressentait la présence de cet intrus, mais aucun ne s'en offusquait. L'effet de surprise fut de courte durée. Rapidement tous reprirent leurs activités, comme si de rien n'était. Les promesses de Tazdief n'avaient pas chassé toutes les peurs dont Malékith était la proie. Submergé par une légion de démons, nul mortel n'eut pu être impassible. Des années d'exercice aussi bien physiques que politiques l'avaient endurci et même si son visage ne souffrait aucune émotion, il luttait chaque instant pour maintenir son calme. Tazdief conduisit l'elfe au pied du temple. Étonnamment, aucun participant ne s'y pressait. Il régnait sur la plate-forme une discipline stricte. Le Roi Sorcier déchiffra avec lenteur les quelques runes gravées à même la porte. Celles-ci brillaient d'une lueur malsaine. Il s'agissait d'un dialecte Tzentchiite que le Roi Sorcier appris de sa mère étant enfant. Cet enseignement ne l'avait jamais enthousiasmé, préférant de loin les travaux pratiques qu'offraient les arcanes. Il plongea dans sa mémoire et repêcha des bribes de souvenir, tout juste suffisants à traduire les runes en première lecture, c'est à dire en leur sens le plus superficiel. Celles-ci énonçaient : [center][i]Lorsque l'appel résonnera, Dans le noir vous la franchirez. Nul homme ne triomphera, Sans fidèle pour déchiffrer.[/i][/center] — Quelle est leur signification exacte, démon ? — Il est une règle qui fut jadis établie par le fondateur du temple, l'éternel changeforme. Tout démon répudié qui serait suffisamment zélé pour tenter de reconquérir son essence et prouver sa loyauté envers notre Dieu, devra arpenter le temple dans l'obscurité complète. Cette obscurité n'est pas ce que vous autres mortels appelez couramment « nuit », mais bien l'incarnation pure et parfaite des ténèbres. Lorsque vous pénétrerez dans le temple, le jour cessera d'exister et vos yeux seront aveugles, aussi longtemps que vous resterez en ses murs. — Un instant démon, je n'ai nullement l'intention de pénétrer ou que ce soit, privé de mes sens. — Vous ne comprenez pas. Seules deux personnes à la fois peuvent y entrer. Tandis que l'une erre sans repère, l'autre la guide. Vous entendrez ma voix, comme un murmure dans votre tête. Il vous suffira de suivre chacun de mes conseils à la lettre et vous ne courrez aucun danger. — C'est toi qui ne semble pas comprendre. Je ne risquerai pas ma vie en me jetant dans l'inconnu. Nous pouvons très bien inverser les rôles. Tu affronteras l'obscurité et je te guiderai. — Impossible ! Coupa net le démon. Fou de rage, Malékith tira son épée du fourreau. Tous les démons alentours cessèrent momentanément leur entraînement pour savoir si le mortel allait enfreindre la règle sacrée, interdisant de verser le sang sur le sol du temple. Le démon reprit calmement. — Prince Malékith, écoutez-moi. De nous deux, je suis le seul à connaître les dédales du temple. Par trois fois, j'y fus guide afin de libérer mes frères renégats. Tous me trahirent une fois leur essence revenu en leur possession. Notre maître fut sage d'imposer à ses disciples une collaboration dans leur quête salutaire. Notre nature perfide ne collabore guère. L'entraide constitue chez nous une hauteur plus inaccessible que celle du temple. Je vous en prie, entendez moi et levez votre arme ! L'elfe observa la foule. Certains le dévisageaient, riaient ou conversaient librement. Ranger sa lame était plus prudent. Tazdief ferma les yeux et remercia la sagesse du prince. — Quelle garantie m'offrez-vous ? Comment pourrais-je faire confiance à votre nature, si celle-ci vous pousse à admettre au grand jour l'étendue de son vice ? — Nous partageons le même objectif, jeune Prince. Vous seul disposez de la force et de l'ingéniosité nécessaire pour regagner ce qui m'est le plus cher. Je suis aussi la seule personne apte à vous ouvrir les portes du labyrinthe qui abrite le palais. En son sein, différents portails mènent à tous les pôles y compris à ceux de votre monde. Voulez-vous vraiment le regagner, oui ou non ? Son interlocuteur marqua une pause de longue durée. Malékith ne lui accordait aucune confiance. Pour autant, celui-ci disait vrai. Son aide était indispensable pour franchir le labyrinthe de ronces. Sa tentative infructueuse l'en avait convaincu. Rien ne lui assurait qu'en franchissant les portes du palais, il ne serait pas exterminé. Aussi dément fut elle, la tentative devait voir le jour. Il repensa alors aux maints périls qu'il avait rencontrés depuis le harem de Sharaz jusqu'à ce sinistre îlot flottant dans les airs. Il repensa également aux paroles de Tazdief quant aux dieux sombres. Ceux-ci semblaient le protéger. Peut-être continueraient-ils. — C'est entendu, démon. Je franchirai la porte et tu me guideras dans l'obscurité. Le démon en question exulta de joie, projetant quelques flammèches incontrôlées qui embrasèrent un pan de la cape du Prince. Tazdief se confondit en excuses. — Comment saurons nous quand notre heure sera venue de franchir la porte du temple ? interrogea nerveusement l'elfe. Tazdief posa ses griffes sur les runes luisantes, puis murmura quelques paroles inintelligibles. — Le temple est en vie. Il appelle les héros à sa discrétion. Seuls les démons peuvent entendre son invitation. Délassez-vous, ou exercez-vous comme tant d'autres. Il désigna alors les multiples démons qui s'entraînaient depuis plusieurs heures. Même si je connais la plupart de ses pièges, le temple n'en est pas moins retord. Il sonde dans les âmes et personnalise ses horreurs. Lorsque vous serez dans le noir, surtout ne perdez pas le son de ma voix. Ces paroles glacèrent un peu plus le cœur de Malékith. Il s'assit en tailleur, contempla cette porte verdâtre aux runes étincelantes. Elle l'appelait de ses mystères. Le doute le saisit, mais il ne pouvait plus renoncer. Les heures glissèrent sur Malékith comme le sang glisse sur l'armure, puis le temps devint inquantifiable. Certains démons franchissaient la porte. D'abord deux géants à la peau de bronze, puis deux femmes à l'apparence quasi humaine. Aucun ne ressortirent et le temple appela d'autres victimes à engloutir. Confiants, d'autres démons y pénétrèrent continuellement, mais aucun n'en revenait jamais. Une légère torpeur saisit l'esprit de Malékith qui s'assoupit presque. Une voix le rappela à la réalité. Il s'agissait de Tazdief qui le pressait de se hâter. Le temple les avait appelés. Encore engourdi, Malékith réajusta la boucle de son fourreau. Il marcha avec détermination vers la porte. Ses runes rouges sang s'étaient estompées et tandis qu'elle se levait, une force intense et une obscurité glaciale semblèrent l'aspirer tout entier. Religieusement, la horde massée observait le mortel et le démon s'avancer dans les ténèbres. Malékith attendit la levée complète de la porte, puis inspira profondément. — Surtout, lorsque nous serons dans l'obscurité, ne perdez pas le son de ma voix. lui répéta son acolyte, imperturbable. Malékith hocha la tête, puis saisit Tazdief dans un mouvement d'une rare brutalité. Il dégaina son épée et trancha sèchement les ailes récemment soignées du démon. Celui-ci hurla de douleur, impuissant face à la poigne féroce de l'elfe. — Je tiens entre mes mains la certitude que tu ne t'échapperas jamais de cet îlot de malheur. Pas sans moi en tout cas ! s'écria Malékith dément. La masse de renégats fut alertée par les cris de leur frère et se précipita sur le Roi Sorcier, toutes griffes dehors. Malékith tira Tazdief par la nuque et tous deux, démon et elfe s'engouffrèrent dans le temple. La porte se referma en un bruit sourd et tout fut noir. Les premières gouttes de sang venaient d'être versées sur le sol sacré de l'îlot.
  2. Kayalias

    Légende

    Commentaire sur la forme : [quote]l’auberge était [b]bondée[/b][/quote] Bondée est inesthétique. [quote]Comme souvent, en ces soirs hivernaux, l’auberge était bondée. Placée non loin des quais, nombre de voyageurs en transit, de matelots attendant que fondent les neiges ou autres individus louches s’y donnaient rendez-vous et l’on entendait cris, rires et chants provenant de l’ancien entrepôt reconverti jusque tard dans la nuit, à l’heure où la ville s’endort paisiblement, comme enveloppée dans un cocon[/quote] Ta phrase est beaucoup trop longue. N'ais pas peur de marquer des pauses entre chaque idée. [quote] Les soirées étaient [b]froides[/b] dans la Cité Marchande et il valait mieux passer l’essentiel de la nuit au [b]chaud[/b] si l’on souhaitait se réveiller le lendemain.[/quote] Pléonasme. [quote]C’était, au fond, une auberge bien comme les autres : une enseigne rouillée qui peinait à afficher le nom de l’auberge[/quote] Petite lourdeur dans la répétition auberge. [quote]nom que tous ou presque avaient oublié au profit d’un plus exclusif « l’Auberge des Quais » ; une marche à descendre menait dans une grande salle, bien souvent enfumée ; derrière le comptoir, le tenancier, Eric, était un gros gaillard barbu qui avait suffisamment écumé les mers pour connaître toutes les légendes en vigueur, affirmant même avoir bien connu un des mystérieux Aeves, connus comme les « Anges Errants » ; quant aux serveuses, vulgaires et plantureuses, elles demandaient rarement plus d’une pièce d’argent pour une nuit chaleureuse.[/quote] Le style est franchement bon, mais la phrase est beaucoup trop longue. A nouveau, tu nous fais une crise de points virgules. Trois dans la même phrase, c'est beaucoup. C'est même trop puisqu'ils perdent leur rôle de " semi-pause " pour devenir des pauses à part entière. Dans ce cas, autant mettre de vrais points. [quote]Lentement, le silence se fit dans la salle pourtant [b]bondée[/b].[/quote] Rebelotte. Ouste le vilain ! [quote]« A la demande de notre cher Eric, je vais ce soir sortir un peu du répertoire habituel. Ne soupirez pas d’avance, vous en aurez d’autres, des chants paillards que vous connaissez de toute façon déjà par cœur ! Non, ce soir, vous aurez droit à une histoire que je ne raconte pas souvent : celle de Tarq l’Impitoyable. »[/quote] Simple mais très immersif. [quote]et ce n’est plus qu’un petit vassal sans réelle importance, je crois, aujourd’hui.[/quote] La construction de la phase ainsi que la virgule entre " importance " et " je crois " reste maladroite. Essaie de la lire à haute voix en respectant la ponctuation que tu as décidé. Tu y verras qu'elle cloche. Rien de grave, tu peux facilement la reformuler sans lui faire perdre son caractère " oral ". Ex : [i]et aujourd'hui, ce n'est plus qu'un petit vassal sans réelle importance, du moins je crois.[/i] [quote]Son teint pâlot, ses muscles fins et noueux et ses minuscules oreilles l’indiquaient à quiconque vivait dans les parages comme un membre de la famille royale : bien peu, cependant, se souvenaient réellement de lui.[/quote] Le double point est maladroit et casse le rythme. Encore une fois, un point simple aurait largement suffi. Pour le fond, il ne s'agit que d'une introduction donc il est difficile de déblatérer pendant des heures. Je t'avoue avoir moins accroché que pour [i]la chute[/i]. J'y ai trouvé moins de poésie et surtout moins d'audace. Aussi, de nombreux défauts de ponctuation ont entaché ma lecture. Essaie vraiment de remédier au problème des points virgules et aux tirets intempestifs qui ralentissent considérablement le récit. Même si je ne suis pas convaincu, j'attends de voir la suite.
  3. Kayalias

    Chute

    Puisqu'il faut se battre afin de commenter, voici mes impressions à vif. Tout d'abord au niveau de la forme pêle-mêle. [quote] Il demeurait de commun à cette race un aspect altier, [b]un amour les danses dans le vent[/b], à l’abri des regards terrestres ainsi, évidemment, que ces grandes ailes de plumes blanches qui leur permettaient de vivre à l’abri du monde, qui leur garantissaient le contrôle des espaces infinis du ciel et de ses merveilles insoupçonnées.[/quote] Outre que la partie en gras n'a pas de sens, cette phrase est trop lourde. Tu devrais marquer une coupure à partir de " qui leur garantissaient le contrôle des espaces infinis du ciel ... ". Sans rapport avec cette dernière phrase, tu sembles visiblement aimer les points virgule. Attention cependant à ne pas en abuser. De simples points pourraient souvent suffir. [quote]c’était une courte pour ce peuple qui vivait sans mal de deux à trois siècles mais pour un cœur amoureux, il s’agissait d’une petite éternité.[/quote] Il manque un mot. Dommage car l'effet sur le coeur amoureux est très réussi. [quote]Mon prince, commença-t-il donc, j’avoue ne pas complètement cerner cette fougue soudaine[/quote] Pour une raison que je ne saurai argumenter, je trouve que le " complètement " est maladroit. Peut-être trop ... commun pour le reste de la phrase au langage soutenu. Tu pourrais facilement trouver un substitut plus adapté. Ex : [i]je n'avoue comprendre que partiellement[/i]... Ou mieux : [i]Les motifs de votre fougue soudaine me paraissent impénétrables[/i]. [quote]Je pensais l’avoir oubliée et sitôt qu’elle ressurgit, je me trouve totalement [b]bouleversée[/b][/quote] Un e en trop. Pour tout le reste, le style est travaillé et maitrisé surtout. Maintenant au niveau du fond, c'est bon. Très bon même. L'imagination d'une cité dans les airs se banalise mais reste intéressante. Ses habitants, bien qu'inspirés des elfes ( car après tout, les Aels ne sont que des elfes ailés non ? ) semblent y être parfaitement intégrés. Culturellement, ce premier acte plante le décor. Tu ne nous bombardes pas d'informations mais les dissémines. C'est très appréciable pour le lecteur qui, par ce biais, peut se laisser tenter plus facilement par l'univers que tu nous proposes ! De plus, ton récit emprunte de nombreux procédés au théâtre, voire à la tragédie. Je parle surtout de l'amour impossible et du rôle du meilleur ami. L'ensemble est somme toute assez réussi et je ne peux que te conseiller de poster une suite.
  4. Kayalias

    Le Canyon

    Avant que vous ne lisiez, vous devez savoir que j'ai pondu cette nouvelle hier soir, suite à une sorte de frénésie d'écriture ; que la différence de ton et de tournure reflète l'évolution de mon état d'esprit pendant que j'écrivais. Par conséquent, j'ai décidé de ne pas harmoniser le style, mais bien de le laisser tel quel. Enfin, même si cette nouvelle peut paraître légèrement barrée, elle a été pour moi un excellent petit labo d'expérience. Bonne lecture [center][size="5"][b]Le Canyon[/b][/size][/center] Je me souviendrai toujours de cette nuit. Celle ou je l'ai vu pour la première fois. Il ou elle ? Tout cela n'a que peu d'importance. Tout ce que je sais, c'est qu'il a définitivement changé notre vie, à tous les quatre. La première personne que j'ai rencontré, c'est Manu. Il a été mon voisin pendant prés de dix ans et mon meilleur ami autant de temps. Lui et moi avons beaucoup de divergences mais c'est quelqu'un de droit. Quelqu'un sur qui on peut compter, quelqu'un qui sait se mouiller. Il m'a sauvé la mise plusieurs fois, notamment au cours de cette journée de tous les diables. Manu était grand et plus vieux que moi d'un an. Il aimait s'imposer et commander. Lorsque nous avons rencontré Brice et Valentin, son autorité naturelle s'est imposée au groupe comme une évidence. Avant d'être mon chef, il restait cependant mon ami. L'inverse était vrai. Aussi nous nous estimions plus qu'égaux, presque frères. Lui et moi, on a fait les 400 cents coups quand on était gamins. On crapahutait tout le temps, rentrions au coucher du soleil, nous attirant la foudre des parents. Je ne compte plus les trempes, les interdictions, les punitions. Mais à chaque fois, la liberté prenait le dessus. On escaladait les arbres sans protection. Quand j'y repense, on aurait vraiment pu se tuer. Mais il y avait un truc qu'on aimait plus que tout. Le dimanche après-midi, on ouvrait à la tenaille le grillage qui retenait les poules de monsieur Neniche, juste pour voir le vieux courir comme un fou après ses volailles. Le spectacle était génial. Pauvre vieux, je crois qu'il a chopé Alzheimer. Je suis sur qu'on n'y est pas pour rien... Ah les petits cons que nous étions... Oui, j'ai oublié de vous dire, je m'appelle Antoine. Une femme un peu bizarre du village m'a dit un jour que ce nom venait du latin Antonius qui veut dire inestimable. Riez, à chaque fois que je raconte cette histoire, c'est la même ritournelle. Il n'empêche que j'ai su me rendre utile dans [i]la mêlée[/i]. Comme je le disais, Brice et Valentin nous ont rejoint plus tard, vers l'âge de 10 ans. Brice était petit et trapu, étonnamment poilu pour son âge. Je ne vous raconte pas aujourd'hui. Le fait est que Brice aimait la musique. Il jouait du piano comme un vrai petit péteux, mais son talent ne s'arrêtait pas là. Il a toujours su être créatif et de son imagination débordante naissait souvent quelques projets improbables. Aujourd'hui, il est ingénieur. Avec le recul, je ne l'aurai pas imaginé faire autre chose de sa vie. Valentin était grand et maigre. Sa physionomie ne reflétait pas le guerrier qui sommeille en lui. Son corps est frêle, mais son cœur est plein de courage. Nous lui devons beaucoup. Le bougre a sacrifié une part de lui même pour nous protéger. Aujourd'hui, sa pension d'invalidité ne reflète pas la dette que nous avons envers lui. A l'âge de 12 ans, notre bande découvrit la parité. Lorraine et Émilie nous rejoignirent. Ensemble, nous traînions dans le village et passions le plus clair de notre temps en forêt. Elle était notre repaire, notre bouffée d'oxygène ; notre terre de liberté et de création. Comme beaucoup de gamins, nous adorions construire des cabanes. Toute la journée, nous taillions, arrachions, clouions pour le bien de nos édifices. Brice concevait les plans, Valentin coupait le bois et Manu assemblait. Qu'est-ce que je faisais moi ? Oh, c'est simple, je passais mon temps avec Lorraine, lui vantant le futur confort de notre cabane, cabane dont je ne participais aucunement à la conception. Cette explication serait sans doute celle que vous donnerait Manu. C'est à cette époque qu'une rivalité est née entre nous deux, la seule que je puisse énumérer. Le jardin était vaste, mais nous souhaitions cueillir la même fleur. Nous ne faisions pas que bâtir des cabanes et courir les champs. A cette époque, la guerre faisait rage dans le village. Nous étions opposés à d'autres gamins du même âge que nous. Ils formaient une petite bande de 7 abrutis. Les frères Marcelo, Jimmy, Maxime, Lucas Alain et Baptiste, le meneur. A vrai dire, je ne sais pas ce qui nous opposait véritablement, si ce n'est l'inimitié. Quoiqu'il en soit, ces gars là nous menaient la vie dure. A sept contre quatre et si l'on considère Brice, court sur patte et Valentin, taillé comme une allumette, les confrontations physiques étaient loin d'être en notre faveur. De plus, ces types lorgnaient sur Émilie et Lorraine et ça, ça m'était insupportable. Pour tenir la lutte, il nous a fallu redoubler de créativité et de roublardise. Nous fabriquions des lance-pierres, des arcs et des arbalètes brevetés par notre fidèle ingénieur en herbe : Brice. La baliste n'était sortie qu'en cas de péril important. Dans ce cas, nous tirions des projectiles d'environ 1m20 de long directement dans les rayons des vélos de la faction ennemie. Je me souviens encore du soleil réalisé par le frère aîné Marcelo qui a tété le bitume avec gourmandise. Oh certes, ce n'était pas du goût des parents mais peu importait : une guerre est une guerre. Ils avaient l'avantage du nombre tandis que nous jouissions d'une supériorité technique. Les cabanes esthétiques et douillettes avaient cédé place à des forteresses fortifiées, couvertes d'épieux taillés des journées durant et munies de barbelés volés aux paysans d'à côté. Quelques accidents arrivaient parfois dans les deux camps. Une flèche qui aurait traversé le mollet. Une pierre reçue sur l'arcade, juste au dessus de l'oeil. Ou un marteau tombé du premier étage de la cabane sur une tête malencontreuse. Tout cela faisait parti du métier et nous y dépensions toute notre énergie, au grand dam de nos parents et professeurs. Cette violence n'était que le prémisse d'un conflit dans l'ampleur allait nous emporter tel le roulis implacable du plus furieux des océans. Le 1er août, au lendemain de mes 13 ans, j'ai entendu son appel, plus discret qu'une brise d'été. [i]Il[/i] s'est assis à côté de moi, a posé sa main sur mon thorax. Je dormais sans dormir. Tout mouvement m'était impossible. Et pourtant, [i]il[/i] s'est adressé à moi distinctement, comme [i]il[/i] s'est adressé aux autres : « Dans 1 mois jour pour jour, se tiendra une bataille vous opposant aux hommes de Baptiste. Cette bataille se jouera en forêt, à l'endroit que vous appelez le « canyon ». Vous devrez tuer. Tous les coups seront permis. Je récompenserai l'équipe survivante de trésors inimaginables. Les perdants n'auront que le goût âcre de la terre en bouche. Chacun de vous est au maintenant averti. Tuer ou être tué. Aux armes ». La voix s'est évaporée en même temps que sa silhouette. Pourtant je jurerais avoir entendu le nom de Lorraine, égaré quelque part dans le vent. Au petit matin, aucun des gars de ma bande ne sonna chez l'un ou chez l'autre. Je restai persuadé d'avoir rêvé, bien que la silhouette m'apparut si intense, si réelle. Elle nous avait appelé « hommes », mais nous n'étions que des enfants. Aujourd'hui, je donnerais cher pour revoir son visage. La situation dura quelques jours, alors que mes parents s'inquiétaient de ne pas me voir " prendre le large " comme ils disaient si bien. Le temps était magnifique. Cela renforçait leur sentiment de méfiance à mon égard. Ils n'avaient pas l'habitude de me voir cloitré à la maison, surtout lorsqu'un si beau soleil pointait au dehors. Ce fut finalement Valentin qui brisa cette chaîne tacite du silence . Valentin a parfois le mérite d'être profondément bête et de mettre les pieds dans le plat, mais cette fois-ci, sa bêtise nous a sauvé. Il est venu sonner à chacune de nos portes, nous expliquant qu'il voulait absolument nous parler [i]d'un truc[/i]. Tous, nous savions, mais aucun n'eut le courage de se l'avouer. Et certainement pas moi. Ce petit conseil improvisé nous révéla ce que nous devinions déjà. Tous les membres de notre groupe avaient fait le même rêve, ou du moins ce que nous appelions comme tel pour ne pas nous effrayer d'avantage. Voyant l'imminence du chaos, Manu prit la parole et tous l'écoutèrent : - Si nous avons tous fait ce rêve, ce n'est pas un hasard. La question reste de savoir si nos ennemis l'ont aux aussi fait. - Mais quand [i]la chose[/i] parlait de tuer... C'était du bluff hein ? s'enquit Brice. - Je ne sais pas. - Je me vois mal tuer qui que ce soit. - Et moi donc. Je te vois mal tuer qui que ce soit. Tous ricanèrent mais la peur était présente dans nos cœurs. Valentin n'était pas venu seul sonner à notre porte. Il avait emporté le doute. Plus noir qu'un ciel sans étoile, il menaçait de nous aspirer dans son immensité. La décision fut donc prise d'évaluer la position de nos adversaires. Ceux-là se firent extrêmement discrets dans le village. Nous avons du attendre et espionner plusieurs jours durant leur lotissement, lorsqu'au 11e jour après mon rêve, je croisais Baptiste, pressé. Il n'y avait jamais eu de rancoeur entre nous, Baptiste et moi étions amis par le passé mais les ennemis de nos amis ont fait de nous des ennemis. De tous ceux de sa bande, il était de loin le plus malin. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire avec des demeurés ? Nous nous sommes salués et adressés la parole. Cela fut bref. Si la nature ne m'a pas doté de la force et du charisme de Manu, du savoir faire de Brice ou de la fougue de Valentin, je savais lire dans les âmes. Je perçus le même trouble dans celle de Baptiste que dans la mienne. J'ai su que lui aussi avait rêvé. Rêvé d'une bataille qui aurait maintenant lieu dans moins de trois semaines. Une bataille où nous devrions tuer. [i]Tuer ou être tué[/i]. Cette idée semblait le terroriser autant que moi. Nous parlions un langage silencieux. Lorsqu'il m'avertit rejoindre ses acolytes pour se préparer, je compris qu'ils avaient pris ce rêve collectif au sérieux. Leur avance était certaine mais loin d'être décisive. Je prévins Manu sans attendre qui donna les consignes à suivre. - Dorénavant, la menace est sérieuse. Antoine m'a averti que les ennemis préparaient en ce moment une réunion secrète. Je ne sais pas qui est l'instigateur, ni pourquoi ce rêve nous a tous frappés. Tout ce que je sais est que s'il se réalise, il faudra être prêt. A partir d'aujourd'hui, il nous reste trois semaines pour nous préparer. Nous avons pris du retard, mais rien n'est joué. Allons au Canyon, à partir de maintenant, c'est notre nouvelle maison ! Tous l'acclamèrent. Manu avait grandi avec nous mais il semblait déjà être un homme. Nous obtempérâmes sans sourciller. Arrivés au Canyon, tous contemplèrent la géographie du terrain. Un ruisseau parsemé de galets glissants séparait la première berge de la seconde. Cette dernière s'élevait pour former un promontoire naturel entouré d'arbre, d'où l'appellation « Canyon ». Il ne fallait pas être ingénieur pour deviner que ce terrain constituerait l'endroit idéal pour bâtir une cabane. Brice donna tout de même de la voix : - Si nous souhaitons défendre la position, je pense que ce terrain est parfait. - Très bien. Nous aurons tous besoin de tes talents. Je ne veux pas que tu bâtisses une simple cabane, mais une forteresse défensive. Ne me déçois pas. Brice resta muet comme une carpe avachie par le poids des responsabilités. Il se mit toutefois à l'oeuvre, analysa le positionnement des arbres, la dureté du sol et surtout l'arrière du surplomb qui constituait le point faible du futur bastion. L'ennemi pouvait très bien contourner le Ruisseau et prendre la forteresse à revers, là où la pente du Canyon est douce. Il allait travailler tout çà. Manu demanda à Valentin de l'aider pour collecter les palettes et plus généralement tous les morceaux de bois environnants qui serviraient à l'élaboration de la forteresse. Avant de remplir sa mission, le chef de notre groupe s'adressa tout particulièrement à moi, me demanda si je pouvais m'occuper de la préparation des armes et des munitions. Tâche que j'acceptai avec un honneur surprenant. Toute la journée, la forêt résonnait des coups de marteau. Ceux-là parvenaient à masquer les coups que nous infligeaient les mots de la silhouette. [i]Tuer ou être tué[/i]. Cette phrase entêtante nous hantait tout le jour, pendant les repas et chaque nuit, quand nous nous endormions, le corps couvert de bleus, de plaies et de boutons d'orties. Il ne restait plus que deux semaines avant la date fatidique. Personne ne l'oubliait. Nous ignorions ce que faisaient nos ennemis. Cela renforçait l'inquiétude de chacun, mais Manu parvenait systématiquement à nous faire entendre raison, quitte à élever la voix. La cabane ou plutôt la forteresse avançait bien. Nous avions élaboré un système de poulie qui permettait de remonter sans grand effort les palettes en aval du Canyon. Brice disposait les planches de manière à renforcer l'armature du fortin. Il commença par solidifier l'arrière, la partie la plus vulnérable. Il utilisa les meilleurs renforts et les plus hautes palettes pour édifier un mur de bois d'environ 2m50 de haut. Sur les flancs qui n'étaient pas couverts par le ruisseau, Brice s'inspira de ses bouquins sur le moyen-âge et décida de constituer un second étage qui permettrait de verser de l'huile bouillante directement sur nos assaillants. Le rez de chaussée serait percé de trous suffisamment grands pour frapper avec nos lances, tout en étant à l'abri des murailles. Les lances, c'est moi qui les confectionnais. Je réunissais le bois le plus dur que je trouvais, du chêne bien souvent, puis taillais la branche avec soin. A la fin du processus, je chauffais la pointe au feu pour la durcir d'avantage. A l'aide de planches fines, je formais de solides boucliers, ni trop lourds, ni trop légers. J'en assemblais toujours un ou deux en réserve, au cas où. Mon rôle était aussi de fabriquer des arcs de qualité et de nous approvisionner en munitions. Comme le disait si bien Manu : « Rien de pire en temps de guerre de position que manquer de munitions ». Je fabriquais de nombreuses flèches en bois léger mais solide, que j'équilibrais à l'aide des plumes de canards sauvages retrouvées aux abords du ruisseau. Je mis prés d'une semaine supplémentaire pour concevoir les arbalètes dont Brice a le secret. Ses plans illisibles ralentissaient mon travail mais nous garantissaient qu'aucune de ses inventions ne tombe jamais entre les mains de l'ennemi. Il ne nous restait plus qu'une semaine. Valentin était exténué d'avoir transporté la majeure partie du bois nécessaire aux préparatifs de combat. Il prit deux jours de repos amplement mérités mais pendant ce temps, nous avons du redoubler de vigueur pour combler la force de travail manquante. L'oeuvre qu'il nous restait à accomplir restait considérable. Nos parents se demandaient sans cesse ce que nous fabriquions mais nous filions à l'anglaise dès que l'occasion se présentait. Lorsque Brice eut terminé les trappes qui permettaient de lancer des rochers sur quiconque tenterait d'escalader le canyon à l'avant du fortin, Manu prit le risque de lui demander le plus improbable des paris. - Brice, il ne nous reste plus que cinq jours en comprenant le dernier qui sera jour de repos pour tout le monde. Je veux que tu confectionnes la plus fantastique des armes de guerre, que tu ne te focalises que là dessus jusqu'à la bataille. Est-ce que tu m'as bien compris ? Brice sut qu'il n'avait pas le choix. Il accepta de bonne grâce et travailla d'arrache-pied toute la période restante. Quant à moi ? Je riais des plaisanteries de Valentin qui trouvait toujours le moyen de se blesser bêtement. Tandis que je creusais la terre humide et confectionnais quelques pièges recouverts d'un tapis de feuille, j'étais terrorisé à l'idée que le combat ait véritablement lieu. Nous n'avions toujours pas de nouvelle de nos ennemis ce qui rendait l'attente plus insupportable encore. Manu qui plantait un nombre incommensurable de pieux autour de la forteresse lut en moi l'angoisse rampante. Il s'installa à mes côtés et me présenta l'arme qu'il s'était confectionné. Il s'agissait d'une lame d'acier emprunté à la jointure de parquets. Il l'avait taillé et aiguisé à l'aide de la meule de son père. Enfin, il lui avait confectionné un pommeau de bois et y avait même gravé son nom à l'opinel : Durendal, comme l'épée de Roland. - Tu la trouve belle ? me demanda-t-il. Je ris. - Bien sur. J'éspère qu'elle est aussi belle que mortelle. - Ca nous le verrons dans quelques jours... Cette remarque glaça un peu plus nos cœurs. - Tout ira bien, tu verras. Il se leva avec la force d'un héros de roman qui, par la seule volonté de mots apparemment vides de sens, sait remplir de force l'âme des enfants et des hommes. La veille de la bataille, Lorraine peupla mes cauchemars de sa présence apaisante. Je me demandais ce qu'elle devenait depuis le temps. Cela faisait un mois pile que je n'avais plus de nouvelle. Suite au rêve, toute la bande lui avait demandé de rester à l'écart. Il en était de même pour Émilie. Lorsque je me suis levé ce dimanche à 8h du matin, [i]la voix[/i] sinistre de la silhouette murmura « Tuez ou être tués ». Je m'habillais, expliquant à mes parents que je ne rentrais pas manger. Je me demandais si je rentrerais manger un jour. - Amuse toi bien. dirent-ils comme l'on dit à un enfant dont on ne sait pas qu'il va mourir. Quand je suis arrivé au canyon, Manu faisait déjà le pied de grue, attendant ses troupes. Valentin nous rejoint. Son sourire me mit mal à l'aise mais il ne sembla pas le remarquer. - Que fais Brice ? - Je ne sais pas. - Antoine, tu as des nouvelles ? - Aucune. Tu ne lui avais pas demandé de concevoir une arme ?... Une détonation sourde retentit dans la forêt, provoquant l'envol précipité des canards apeurés. Quelques minutes plus tard, Brice grimpa en sueur la pente qui le menait au fortin. Il semblait porter une sorte de cylindre sur son dos, cylindre duquel émanait de la fumée. On lui ouvrit la trappe centrale. - Désolé les gars pour le retard... - Il n'y pas de quoi, qu'est ce que tu portes sur ton dos ? demanda Manu l'air circonspect. - Ah ça, c'est l'aboutissement de quatre jours de recherche intensive. C'est notre arme de destruction massive. - Allons donc, tu l'as testé au moins ? - Hum oui. Une fois. A l'instant. - Nous courrons à la catastrophe, chuchota Valentin. - Puisque je vous dis que cette arme est sure. D'ailleurs je lui ai donné un petit nom : [i]le Patator[/i] puisque l'unique test que je viens de réaliser a été fait en prenant une patate comme projectile. - Tu comptes blesser nos ennemis avec des pommes de terre ? s'enquit Valentin consterné. - Non idiot. J'ai dans mon sac un condensé de gravier, de verre et de pierres aiguisées. Il suffira de remplacer la patate par cette mitraille et BOUM ! La simplicité de la démonstration n'avait convaincu personne. Brice se perdit en explications sur le fonctionnement, l'allumage de la chambre de combustion chargée en laque pour cheveux, le canon percé de trous et huilé pour un meilleur départ de projectile. Valentin voulut le faire taire à coup de gourdin mais son bras fut stoppé par Manu au dernier moment. L'on entendit plusieurs craquements dans la forêt, comme si plusieurs personnes s'y promenaient ou venaient y faire la guerre... Chacun de nous se tut. Je lançai un regard à Manu qu'il ne me rendit pas. [i]Allume les casseroles d'huile[/i], me dit-il sommairement. Nos ennemis approchaient. Le combat aurait donc bien lieu. Dans cette forêt, des gens allaient mourir. A mesure que la troupe marchait vers le Canyon, nos cœurs se crispèrent. Mes doigts se refermèrent sur la lance, tandis que ma main gauche plaquait le bouclier fort contre ma poitrine. Valentin faisait de même, affichant un sourire sarcastique sur le visage, tandis que les doigts de Brice virevoltaient sur le manche de son arbalète comme sur les touches d'un piano. Était-il avec nous ou perdu dans les notes ? Peut-être se donnait-il simplement du courage. Baptiste fut le premier homme que j'aperçus. Il tenait dans sa main deux marteaux. Je vis ensuite à sa gauche le gros Alain qui tenait une pioche aussi grande que lui, ainsi que Lucas armé lui aussi d'une pioche. Ou étaient donc les frères Marcelo, Maxime et Jimmy ? Manu leva la main pour nous dire de rester calme. Je croisai longuement le regard de Baptiste. Je vis de la détresse dans ses yeux et crus qu'il voulait me dire quelque chose mais une pierre me prit pour cible, frôlant mon crâne. Le gros Alain venait de la lancer en proférant des insultes à mon encontre. Manu abaissa la main d'un geste sec, comme pour lancer la riposte. D'un geste mécanique, je lançai alors mon propre javelot en prenant soin de viser tout homme autre que Baptiste. Brice fit de même avec son arbalète mais nous manquâmes tous deux nos cibles qui prirent soin de s'abriter derrière les chênes. Un sifflement aigu se fit alors entendre dans la clairière. Dès lors, une pluie de pierres nous prit pour cible de tous côtés, nous forçant à nous abriter accroupi derrière nos murailles. Les frères Marcelo s'étaient planqués pour nous prendre à revers, tandis que Lucas profitait de la couverture que lui offrait ses comparses pour foncer sur notre flanc. Ils tentaient de nous prendre de vitesse afin de gagner au plus vite les murs du fortin. Peut-être n'étaient-ils pas si bête après-tout. Les pierres renversèrent les casseroles d'huile bouillante. Quelques gouttes touchèrent la cuisse de valentin qui poussa un hurlement de douleur. Considérant le péril, Manu donna ses ordres et tous le suivirent comme si sa volonté avait été décuplée au cœur de la bataille. Brice rechargea son arbalète dont la pointe des projectiles était spécifiquement faite de clou. Il toucha Lucas à l'abdomen. Celui-ci hurla à son tour et se plia de douleur. Manu saisit alors son arc et visa l'un des Marcelo, mais la flèche était de piètre qualité et sa stabilité trop hasardeuse ne lui permit pas de toucher sa cible. Je maudis mon propre travail mais n'eus pas le temps de m'apitoyer. Baptiste avait traversé le ruisseau avec agilité et tentait maintenant d'escalader le Canyon sous la couverture efficace des jets de pierre d'Alain. Lorsque Baptiste fut à mi-hauteur, j'ouvris les trappe et projetai deux rochers massifs qui dévalèrent la pente. Le chef de nos ennemis fut surpris et n'eut pas le temps d'éviter l'un des rochers. Il fut heurté de plein fouet et chuta de plusieurs mètres en aval, la nuque baignant dans le ruisseau. Je n'avais pas eu le choix. Alain redoubla d'insultes à mon égard. Pendant ce temps, Valentin tentait de viser les frères Marcelo à l'aide de son arbalète, mais le tir n'avait jamais été son point fort. Il manqua sa cible. Maxime et Jimmy se détachèrent des deux frères et rejoignirent le flanc pour aider Lucas. Il l'aidèrent à se relever mais Brice ajusta sa visée et tira une seconde fois. Le carreau atteint la gorge, sectionnant la carotide. Une grande quantité de sang commença à se répandre sur les feuilles de la forêt. Du sang d'enfant. Lucas gargouilla quelque chose d'incompréhensible et ses yeux roulèrent dans leurs orbites. En quelques minutes, il était mort. La bataille marqua dès cet instant un tournant. Personne ne réalisa l'ampleur de la blessure. Brice sembla ignorer lui même qu'il venait de donner la mort. Tuer ou être tué. Tout prenait son sens. Les esprits se focalisèrent un instant sur le défunt et marquèrent une pause surnaturelle au milieu la violence. Cela ne dura que quelques instants avant que la sauvagerie ne reprenne. Une pierre m'atteint cette fois à la tempe. Tout chavira. J'entendis des cris avec de m'effondrer au sol. Manu me plaquait au sol pour qu'un second projectile ne m'atteigne pas. Valentin quant à lui, frappait de grands coups de lance à l'arrière du fortin pour repousser les frères Marcelo qui essayaient de briser les pieux afin d'accéder librement au mur. Sur le flanc, Brice tremblait de tous ses membres, ne semblait pas réaliser que Maxime et Jimmy venaient d'abandonner le corps de leur ami et donnaient à présent de furieux coups de pioche et de masse qui perçaient de profondes crevasses dans la charpente. Je repris soudain mes esprits. Je saignais abondamment du front et mon esprit peinait à trouver l'équilibre. Baptiste s'était relevé. Il saignait lui aussi et boitait. Fort de son expérience, il décida de contourner le bastion et de rejoindre Maxime. Devant l'inertie de Brice, Manu empoigna son épée et frappa d'estoc à travers la meurtrière. Son épée entailla l'épaule de Maxime. Brice en profita pour reprendre ses esprits et se mit à recharger la chambre de combustion de son canon. Valentin tentait toujours de repousser les frères Marcelo mais l'un d'eux saisit sa lance et la brisa net, en l'écrasant avec son pied. Ils frappaient désormais la palissade à grands coups de hache. Celle-ci menaçait de s'effondrer. Je rechargeai alors mon arbalète et la glissa par la meurtrière, puis tira à l'aveugle. Au cri retentissant, je devinai avoir blessé l'un des frères, ce qui les força à reculer sur le moment. Pendant ce temps, Brice enfermé dans une sorte de frénésie sanglait le fut du canon à l'armature du fortin. Il le chargea de bouts de verre et de pierres fines et coupantes, puis attendit la main tremblante, prêt à faire feu. Manu quant à lui s'occupait du flanc, par lequel trois ennemis tentaient un assaut. Alain venait de dépasser Baptiste qui boitait toujours tandis que Maxime et Jimmy menaçaient de faire s'effondrer le flanc moins solide de la forteresse à l'aide de leur pioche. Notre chef attendit le bon moment. Maxime était corpulent. Lorsqu'il marcha vers le flanc avec pesanteur, le piège céda sous sa masse. Il s'enfonça à hauteur de l'abdomen dans la terre et chuta en avant, emporté par sa masse. Là, une multitude de pieux taillés l'entaillèrent en de nombreux endroits. Il laissa tomber sa pioche et poussa un hurlement déchirant. C'est ce que Manu attendait, il hurla : - Sortie ! Dès lors, il ouvrit la trappe et profita de l'effet de surprise pour frapper Maxime qui eut le dos tourné vers son comparse immobilisé en arrière. Manu écrasa Durendal sur son crâne et Maxime s'effondra sans un cri, couvert de sang. Je regardais la scène sans savoir si je devais sortir et couvrir Manu, ou s'il fallait rester en retrait le temps d'éliminer les frères Marcelo qui menaçaient notre dos. Dans le doute, j'armai une fois encore mon arbalète, emprunta un carreau à Brice et me positionna au mieux pour ajuster ma visée. Manu se battait comme un beau diable. Jimmy n'eut le temps de parer qu'une seule fois. Sa masse pesante ne lui octroyait que peu de liberté d'action et notre chef en profita. D'un puissant coup de pied, il propulsa Jimmy sur le sol et lui planta son épée dans l'abdomen. Le visage stupéfait du garçon peinait à réaliser que dans quelques minutes, la lumière du jour l'abandonnerait. La violence de cette scène semblait sans limite. Focalisé sur le regard implorant du mourant, je n'eus pas le temps de voir que Baptiste s'était approché, qu'il s'était saisi de la pioche de Maxime et menaçait maintenant notre chef. - Attention ! criai-je à l'intention de notre meneur. Celui-ci se retourna et put tout juste esquiver la pioche qui siffla lors de son moulinet. Mais le sol était couvert de feuilles et de sang poisseux. Dans son esquive, Manu glissa et chuta. Le dénivelé m'empêchait d'ajuster ma visée avec précision. Je risquai à tout moment de planter un carreau dans le dos de mon allié. Je fus simple spectateur de la scène et je revois encore Baptiste écraser la pioche de toutes ses forces sur le torse de notre chef. L'on entendit un bruit sec, puis un crachat. Manu tint de ses mains le manche de la pioche, puis tourna la tête sur le côté. Un filet de sang dégoulinait le long des lèvres de mon meilleur ami. Le sol sembla se dérober sous mes pieds, tant la scène paraissait surnaturelle. Les rires diaboliques du gros Alain, toujours bloqué à hauteur des hanches semblaient accroître l'irréel de cette bataille. Au même instant, un bruit sec de bois brisé m'indiqua que la palissade dans mon dos venait de céder. J'entendis un hurlement de Valentin, puis fut assourdi par une détonation terrifiante. La fumée envahissait la forteresse, désormais en piteux état. Les rires d'Alain redoublèrent mais je n'avais plus qu'une idée en tête. Lorsque Baptiste se releva après l'explosion, je croisai son regard une seconde qui sembla en durer cent. Ses yeux apparaissaient toujours aussi désolé que d'habitude. Je fis feu. Le carreau se logea dans sa poitrine. Il fut pris de convulsion. Un flot d'écume couvrit sa bouche, puis tout fut terminé. Dans la cabane, j'entendis un second hurlement de Valentin. Un hurlement qui devint une très longue plainte, comme celle d'un animal blessé. Je me précipitai dans l'enceinte des murs avant de réaliser qu'il manquait un bras à Valentin. Il était livide et saignait abondamment. J'eus un haut le cœur irrépressible et le besoin de m'effondrer sur le sol. Par chance, Brice ne tremblait plus. Il tentait d'immobiliser Valentin afin de lui faire un garrot avec un pan de sa chemise. Je compris alors que si la palissade avait cédé, les frères Marcelo pouvaient pénétrer dans le fortin à tout moment. Je ramassai alors la première lance que je vis, puis me faufila dans la brèche de notre palissade. Là, je vis les deux frères dans un triste état. La mitraille avait ravagé leur corps. Le carnage fut trop horrible pour être décrit. Je fus pris d'une nouvelle nausée. Un autre cri m'avertit de la présence du gros Alain, toujours embourbé dans la terre et le sang. Mon cerveau ne pensait plus que par images. Je l'avais oublié lui aussi. Depuis son trou, il voyait que le chef de sa bande avait péri. Ses insultes et ses rires déments n'en finissaient plus. Il était temps d'en finir avec ce porc. Je quittai le fortin, passais devant le corps sans vie de Baptiste et de Manu. Je ne pus retenir une larme en voyant la pioche profondément enfoncée dans le thorax de mon ami. A ses pieds reposait Durendal. D'une main ferme, je la saisis et frappai si fort mon ennemi, que le pommeau de bois finit par voler en éclat entre mes doigts couvert de sang. Dès cet instant, les rires du gros Alain se turent pour toujours. [center]***[/center] Lorsque nous sommes rentrés couverts de sang, nos parents ont immédiatement appelé le Samu. Que pouvaient-ils bien faire d'autre ? Les urgences ne se sont bien sur pas arrêtées là. La police nous a interrogés. Nous avons répondu toute la vérité. Je ne compte plus les auditions, les entretiens avec le procureur, les audiences devant le juge des tutelles. Les parents de Valentin et Brice ont plaidé la légitime défense. J'ai été accusé de meurtre aggravé d'actes de torture. Étant mineur au moment des faits, j'ai fini dans un centre éducatif fermé pendant plus de 7 ans. La silhouette n'est plus jamais reparue. Hallucination collective. Voilà ce qu'en ont dit les psy'. Hallucination ou non, qu'importe, je n'ai jamais vu la couleur des trésors promis. Elle ne m'a pas seulement volé mes années, mais la vie de mon meilleur ami. Il n'y a pas un jour ou je ne repense à lui, où qu'il soit. Tuer ou être tué. Tout ça pour quoi ? Je n'ai plus revu ni Brice, ni Valentin depuis ce jour. Seule Lorraine m'a pardonné et vint me rendre visite en prison. Elle et moi sommes mariés aujourd'hui. Elle attend notre enfant pour le mois prochain.
  5. [quote]- comment pourrait-on rendre la chose plus percutante?[/quote] La corde du héros aveugle étant déjà bien usée, peut-être faudrait-il s'épancher un peu plus sur ses qualités. C'est un one-shot, mais rien n'empêche de disséminer quelques traits de caractère un peu ... originaux par ci par là pour qu'on puisse s'attacher un minimum à ton personnage. Ensuite dans un OS, je pense surtout que le côté percutant vient de l'histoire que tu contes. Du thème et de la chute. En l'occurence il s'agit de l'intro ( sans suite et c'est dommage ) d'un fluff, donc [b]le thème n'est qu'apperçu[/b]. C'est donc extrêmement difficile de juger un récit dont le personnage principal est très peu développé et dont la quête est méconnue. Conclusion pour rendre ton récit plus percutant : rallonge-le, soit en rendant ton personnage vraiment original ou alors, en nous apportant d'avantages d'élements sur la quête. Enfin, soigne les dialogues car hormis la chute ( qui n'est pas mauvaise en soi ), c'est presque exclusivement la dessus qu'on peut juger ton récit. On en vient donc à la question suivante... [quote]- comment mettre plus de punch dans les dialogues?[/quote] Y mettre de l'émotion ( du rire, des larmes, de la colère que sais-je ? ) et supprimer les " phrases un peu niaises " du type : [i]Donc, si je suis votre pensée, mon père aurait tout intérêt à ce que ce courageux général, hypothétique libérateur d'un territoire riche en profit pour une des membres les plus influentes du conseil, qui de surcroît cherche mari pour sa descendante, [u]ce soit moi?[/u][/i] Bref, fais en sorte qu'on ait vraiment l'impression d'entendre un comte et non un garnement un peu benêt. [quote]- pourquoi 50 vues et 1 seule critique! C'est le seul retour que j'ai eu pour l'instant et je reste sur ma faim =)[/quote] Si tu commentes les récits des autres, peut-être commenteront-ils d'avantage les tiens
  6. Kayalias

    Le Duché des Damnés

    [quote]Alors j'ai tout lu et ça a pas été facile ! Première règle ici pour être sûr d'avoir des commentaires ([b]et c'est jamais garanti[/b])[/quote] J'ai bien ri, c'est pas comme si la section était dynamique Blague à part, j'ai aussi lu ton récit d'une traite et je dois dire qu'il en vallait la peine malgré son aspect indigeste. Captivant et [u]très bien écrit[/u], j'ai trouvé qu'il rivalisait facilement avec le fluff officiel. Ingénieux, ton récit l'est aussi pour " caler " toutes les races que tu souhaites inclure, même si à titre personnel, j'ai trouvé les skavens assez mal amenés. Très peu de fautes d'orthographe, pas de cassure dans le rythme, une action ingénieusement menée conjointement à l'intrigue. J'aurais presque envie de dire what else ? Peut-être quelques incohérences : je ne suis pas sur d'avoir saisi le véritable enjeu de la province de Moussillon... Je peux aussi citer le bras du sorcier Khyron qui frappe le rat, sorcier qui, rappelons le, est sensé avoir été décapité ? Il reste aussi l'impuissance manifeste de la sorcière ( soeur de Kheyl ) qui reste en suspend, et plus simplement de l'inefficacité apparente de la magie dans l'univers. On comprend pourquoi, tu as voulu faire parler les armes plus que les sorciers et c'est tout à ton honneur. Tu ne tombes dans aucun cliché, excepté peut-être sur la fin avec la bretonienne. Je trouvais que tu avais traité leur relation de manière magistrale lorsqu'elle était encore piégée dans la calle. Mais dès l'apparition de la soeur de Kheyl dans la tente, tu perds complètement les pédales et lui fais adopter une posture SM assez inconcevable. ( Non que ça me déplaise... ) Il n'empêche que [b]ton récit mérite des éloges[/b]. Encore bravo. Dommage de l'avoir posté en une fois, beaucoup passeront à côté mais pour la peine... Je te remonte en première page.
  7. Kayalias

    Elsweyr

    Sans être très original ( Ignit a tout dit ... ), je pense que ton récit a du potentiel, même si l'on sent beaucoup d'influences... Attention à conserver ta pâte et ne pas tomber dans la facilité d'un vulgaire plagiat ou d'une mauvaise adaptation. En attendant la suite ...
  8. [quote]Le portail démoniaque (qui n'a pas grand chose à voir avec le vortex de l'île des morts, c'est comme comparer un robinet avec un siphon)[/quote] Je ne parlais pas d'une similitude physique mais bien d'une ressemblance entre les objectifs. Pour caricaturer : si la porte démoniaque n'est pas gardée, c'est la fin du monde. Idem pour le vortex. Je te conseillais donc de revoir à la baisse les objectifs de ton host. Tu as parfaitement le droit de vouloir que tes elfes sauvent le monde mais avoue tout de même que si chacun de nous faisait la même chose avec son fluff, ça ne serait plus aussi drôle. Bref tout est une question de crédibilité ! [quote]Si toutefois ça reste dur à digérer, je changerai ce passage en faisant moins ambitieux, genre juste un héraut de chaque grande puissance[/quote] Excellente idée. [quote] Je dois comprendre que c'est lourd? que c'est fade? les quelques ambiances (ok ce petit tâtonnement du terrain en est pauvre) que j'ai essayé de faire passer ont fait flop?[/quote] Que ça passe. Sans être fou de créativité, le style correspond à l'objectif visée : décrire un fluff. Ce n'est pas particulièrement fade mais encore une fois un peu trop gonflé de superlatifs. En cherchant tu sauras les trouver toi même ( c'est toujours dans la même veine du bourrinisme ). Aussi tu peux d'avantage te lâcher dans les figures de style, te faire plaisir si tu cherches plus cet aspect " littéraire " que descriptif. PS : le fond pdf est joli.
  9. Kayalias

    Coeur de glace

    C'est un très bon récit qui contraste beaucoup avec ce que l'on voit habituellement dans la section. Je ne parle pas de sa qualité indéniable, tant dans le style soigné ( malgré quelques fautes d'orthographes ) que dans la description ultra détaillée des villes elfiques, mais du thème de ce récit. La guerre n'est pas omniprésente, elle est à la fois un spectre du passé qui a laissé quelques traces sur le marbre blanc des cités mais aussi un danger hypothétique, très éloigné. J'ai tout simplement adoré cette conception assez contemplative, le parti pris évident pour la reconstruction plus que pour la violence, la mise en exergue de l'art et de la culture. Je ne peux que t'inciter à continuer dans ce style, à prendre ton temps dans les descriptions qui sont très bien rendues et à nous dévoiler un peu plus l'avenir de notre futur marin. Bravo.
  10. Salut, Disons-le clairement, ton récit ne m'a pas emballé. Je ne présume en rien sur l'histoire à venir et les multiples rebondissements que tu prévois sans doute... Mais je l'ai trouvé terne et peu incitatif à poursuivre la lecture, dans le sens ou il ne se passe ... Rien. On nous parle d'un comte qui aime caracoler à dos de griffon. Bien. D'une sorte d'oracle. Ok. Et enfin de l'héritière du Wissenland. Super. Dis comme ça, l'histoire n'a rien de palpitant. Et pourtant c'est à peu de choses prêt comme ça que tu nous la présentes. C'est dommage, car j'ai su apprécier ton style. Sobre mais efficace ( excepté pour les dialogues qui sont franchement niais ). Malheureusement tu ne parviens pas à mettre en valeur les enjeux du récit. Certes, tu pourrais dire que ce n'est que le début. Mais je te répondrais ainsi : " Plus de 60% d'audience d'une saison de série télé dépend de la qualité du premier épisode ". Autrement dit, tu as beau avoir une série en béton, si l'épisode pilote est mauvais, ou en tout cas ne permet pas de captiver suffisamment le spectateur, il est très difficile de renouer son intérêt, plus tard dans la saison. Voilà, c'était un avis très personnel. Je le répète, c'est dommage que ce premier chapitre ne soit pas plus percutant car certaines idées étaient intéréssantes. C'est notamment le cas du passage sur l'orbe. Grâce à toi, je sais d'ailleurs que c'est " un orbe " et non " une orbe ". Oui j'ai honte mais qu'importe, " une orbe " sonne quand même vachement mieux...
  11. Salut, Je n'ai pas grand chose à dire, puisque c'est du fluff personnel donc propre à tes envies. Le style d'écriture passe tout à fait pour du background. Mais entre nous, tu ne trouves pas ton personnage un peu grossbill ? Armure forgée par les prêtres de Vaul, armes bourrines héritées d'Aenarion, griffon ? Son host repousse [b]seulement[/b] 4 démons majeurs commandés par un Prince démon. Outre l'absurdité qu'un démon à l'importance plus faible commande les quatre créatures les plus puissantes de l'univers de warhammer, je te repose la question, est ce que tu ne penses pas que ça fait un peu beaucoup ? D'autant que le concept de porte des dieux sombres ressemblent beaucoup au vortex. En ce sens, tu n'inventes pas grand chose et c'est dommage. Je comprends que ce soit ton armée, que tu veuilles la faire gagner sur les tables de jeu, mais par pitié : évite le trop plein de bourrinisme
  12. Kayalias

    De sang et de sel

    Après un petit moment d'attente, je me suis finalement décidé à lire ton récit. Autant le dire tout de suite, j'ai passé un bon moment. Un style sans prétention, fluide et agréable. L'histoire quant à elle commence sur les chapeaux de roues. La tempête, le petit commerçant à la bourse bien remplie, la fausse mort de l'elfe noir... Bref, du très bon. Le conflit entre frères est lui aussi intéréssant. Comment ne pas penser d'ailleurs au parrain II durant la tentative de noyade ? La suite du récit m'a par contre moins marqué. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de confusions spatio-temporelles. Cela étant du au peu d'indications que tu nous donnes ( je parle notamment de la fin du récit quand on apprend que la trahison de Khar a deux ans ). Il en est de même pour les personnages. Tu as ( je trouve ) bien mieux décrit le commerçant du premier chapitre que tous les frères elfes noirs réunis. Comme ça a déjà été dit, les personnages elfes sont aseptisés, voire un poil caricaturaux. Excepté Khar ( coup de coeur pour ce récit ). Contrairement à Inxi, je pense que même en étant dans un univers assez spécial, propre aux Druchii ayant une mentalité fourbe, on peut s'écarter des sentiers battus et dépasser les : sourires carnassiers... méchancetés gratuites et autres trahisons intempestives... Je pense que tu aurais eu à gagner en approfondissant les côtés peut-être plus " méconnus " de tes personnages elfes. Un dernier reproche peut-être ? La rapidité avec laquelle tu décris certains évènements qui tantôt donne un rythme brutal et efficace à ton récit ( l'empoisonnement du capitaine humain par exemple ), tantôt le précipite et entâche le plaisir de lecture ( mort de Khar, fin un peu trop vite amenée ). Un dernier mot critique sur le style ( je hais les louanges ). Comme je te l'ai dit, ton style m'a globalement plu. Excepté certaines phrases narratives trop longues, se perdant en conjonctions de coordinations dignes d'un arrêt de la cour de cassation. J'ai noté quelques phrases au sens trouble, peut-être les citerais-je plus tard si le temps m'est donné. En conclusion et malgré un commentaire assez négatif de ma part, j'ai globalement apprécié ton récit. Même si les personnages étaient insuffisamment développés, la trame du récit était suffisamment intéressante pour qu'il reste une sensation de plaisir à la lecture. Aussi, comme l'a dit Celte, Dieu que c'est bon de lire un récit terminé... Si c'est le cas...
  13. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    [quote]Les galères et les compromis sont jamais finis pour Malékith ! Voyons ce sur quoi marchera le marché et ce qu'il trouvera par de là la protection des plantes ![/quote] Et pourtant croyez moi, la fin approche... [quote name='Newlight' timestamp='1350846534' post='2234185'] All Hail Malekith! Il va ressortir grandi de toutes ces épreuves. [/quote] Un séjour dans le warp, c'est le meilleure stage qu'on puisse trouver ! Bonne lecture pour la suite [center]***[/center] Tazdief, est-ce encore loin ? soupira le Prince. Cela faisait une éternité qu'ils marchaient à travers bois. — Patience, jeune Prince, nous n'en avons plus pour très longtemps. Malékith laissa échapper un grognement d'insatisfaction. Il rappela son guide. — Dis-m'en plus démon. — Je vous demande pardon ? — Je veux savoir ce que recèle ce palais et pourquoi il suscite en moi un tel attrait. — Le Palais renferme les secrets du monde. Il abrite de nombreuses bibliothèques interdites et une infinité de portail qui nous permettent de voyager de dimensions en dimensions. Nombre de démons sont appelés, mais peu d'élus parviennent à intégrer ses murs. Aucun mortel ne l'a jamais franchi, s'il est utile de le rappeler. Le Roi Sorcier partit d'un rire glacial. — C'est également ce que l'on prétendait de la forteresse des crânes. Tazdief considéra longuement le Prince, hésitant quant à la véracité de ses propos. — Vous avez franchi les murs de la forteresse des...? Impressionnant. Vous devez être un bretteur d'exception, mais il est des lieux ou vos armes physiques ne vous serons d'aucun secours. Le palais est de ceux-là. — S'il doit être ma dernière demeure, démon, ainsi soit-il, ajouta le Prince, le regard vide. — Vous semblez si déterminé. Quelque chose dans l'autre monde doit vous animer au delà de toute raison. — Penses-tu, démon, penses-tu. A ton tour, dis moi pourquoi tu as quitté le palais. — Je n'ai pas eu le choix. J'en ai été chassé, il y a de çà des années. — Cesse donc de distiller tes paroles au compte goutte et viens en aux faits ! — Tout de suite, jeune Prince, tout de suite. Savez-vous quelles puissances abrite ce palais ? Non, bien sur que non, vous l'ignorez. Notre maître loge dans l'une des chambres les plus reculées. Les enchantements qui gardent son repère sont si puissants, qu'on dit qu'ils pourraient plonger dans la folie quiconque oserait les forcer. Démons et mortels, idoles et dieux, qu'importe, j'ai désobéi aux ordres. J'ai voulu accroître mon pouvoir et surpasser mes pairs. Mes actions ont déplu au maître. Lui qui voit tout, lui qui sait tout a ordonné qu'on m'enchaîne. Ses pantins m'ont condamné dans une parodie de procès. Estimant que ma sanction devait être exemplaire, mes confrères ont décidé de me retirer ce que j'avais de plus cher … l'essence qui me compose. — Sans elle, vos pouvoirs ont considérablement faibli, mais vous ne semblez pas plus humain, démon. — Vos plaisanteries ne m'atteignent pas, Prince Malékith. Si l'essence est mon salut, elle est aussi le votre. Sans elle et sans mon aide, vous ne franchirez jamais le labyrinthe. — Certainement, démon. Poursuis ton récit sans crainte d'être interrompu. — Mon maître a fractionné l'essence en trois fragments qu'il a dispersé à travers le Royaume. J'ai passé plusieurs vies d'homme à les localiser. Je connais maintenant la position exacte de chacune d'elles. Mes capacités à elles seules sont insuffisantes pour les récupérer. J'ai besoin d'une aide extérieure, quelqu'un de fort, aussi habile l'arme à la main qu'à l'incantation. Ainsi, vous connaissez désormais la tâche qui vous incombe. L'acceptez-vous ? — Ai-je vraiment le choix ? Rétorqua l'elfe. — Bien... Très bien. Attrapez cette sacoche ! Elle est le seul moyen d'enfermer les fragments de mon essence jusqu'à leur réunion complète. Malékith attrapa au vol la petite bourse d'apparence neutre. Un cuir de piètre qualité la composait et à son embout, deux boucles d'argent en permettaient la fermeture. Elle ne pesait pas plus lourd qu'une pomme de pin. Tazdief écarta plusieurs branches violacées de ses griffes, puis s'exclama d'un air faussement enjoué : — Nous y voilà ! Le Roi Sorcier pencha sa tête par dessus l'épaule du démon et fut instantanément ébloui par une lumière vive. Plusieurs secondes après que ses pupilles se furent adaptées aux puissants rayons de lumière, il découvrit une cuvette rocheuse improbable, nichée au milieu de la forêt. En contrebas, l'elfe distinguait une multitude de diamants, répartis en cercle et incrustés à même la roche. Au centre du cercle, un socle de diamant surplombait un second, qui surplombait un troisième. Le soleil au Zénith frappait perpendiculairement à l'intérieur de l'anneau et chaque fois que la lumière franchissait l'un de socles, elle en ressortait plus brûlante. Après avoir traversé le dernier, une forêt de diamants la réfractait dans toutes les directions. — Le premier fragment d'essence se trouve en dessous du troisième socle, soupira Tazdief. — Oui, j'aperçois son contour spectral, répondit Malékith. Il arpenta la forêt alentour quelques instants, avant d'en tirer une branche de taille conséquente. Ajustant son tir, il la projeta en direction du troisième socle, mais la branche était lourde et la visée ardue. Elle n'atteignit que le second socle, là où la lumière n'était pas la plus brûlante. Le bois se consuma en un éclair, dans un crépitement effrayant. Malékith contempla son œuvre puis s'exprima à haute voix. — Intéressant. Peut-être faudrait-il détruire les diamants empêchant la lumière de se catalyser. — Inutile, sourit le démon, je l'ai déjà tenté. — Avez-vous déjà essayé de détourner les rayons incidents ? — Oui, c'est inutile. Les socles sont inamovibles. — Parfait ! s'exaspéra l'elfe. Si nous ne pouvons venir vers l'essence, attirons là vers nous. — Folie ! L'essence ne doit en aucun cas être détériorée. Si elle traverse les rayons, tout espoir est perdu. — Tazdief, ton pessimisme me fatigue. Malékith retourna en forêt, l'arpenta longuement avant d'en revenir, poussant un rocher de la taille d'une souche. En sueur, il le disposa à flanc de la falaise, ajusta ses calculs puis le poussa avec vigueur. Le rocher dévala la pente clairsemée et roula tel un projectile furieux vers les socles de lumière. Un craquement sourd retentit lorsque la pierre, dure et froide, heurta le centre du cercle, explosant en de multiples fragments incandescents. La trajectoire des rayons, n'avait pas dévié d'un pouce. Dépité, Malékith s'assit à l'orée de la forêt. — Que faîtes-vous ? l'interpella le démon empli de rage. — Je réfléchis. Vois-tu, le brasier n'existe que par la présence des rayons solaires. J'attends donc le coucher du soleil pour en retirer l'essence sans risque. — Idiotie ! La nuit ne tombe jamais en notre Royaume. — En es-tu si sur démon ? dit Malékith, un rictus sur les lèvres. Il incita son interlocuteur à descendre dans l'une des fractures de la roche, puis pointa son gantelet vers les quatre points cardinaux de la forêt. Dès cet instant, des flammes incontrôlables jaillirent de sa paume et enflammèrent les arbres secs. — Avez-vous perdu l'esprit, Prince Malékith ? s'emporta Tazdief. Malékith l'empoigna fermement, puis lui cracha ces paroles : — Cette insulte sera ta dernière. Si tu veux véritablement récupérer ton essence, Démon, alors sois prêt à en verser le prix. — Cet incendie attirera à nous toute la garnison du palais ! — Ne t'inquiètes pas pour cela, chaque chose vient à point nommée, conclut l'elfe. Tous deux regagnèrent la fracture dans la roche, à l'abri de la chaleur sucitée par l'incendie en amont et par les rayons du soleil en aval. Malékith ne cessait de scruter le ciel. Après quelques minutes, la fumée dégagée par l'incendie masqua le soleil et fit vaciller ses rayons. Le Roi Sorcier exultait. Il ne lui restait plus beaucoup de temps à attendre. Lorsqu'une fumée opaque recouvrit l'intégralité du ciel et que les diamants cessèrent de renvoyer leur lumière brûlante, Malékith dévala la pente qui le menait aux socles centraux, sous les yeux stupéfiés du démon. L'épais nuage mêlé de cendre et de poussière déformait la silhouette de l'elfe, lui conférait une allure fantomatique. Seul un halo empourpré transparaissait dans la nuit. Le fragment d'essence flottait dans l'air semblable à ces étranges méduses qui flottent dans les mers chaudes de Tilée. L'elfe plongea vers elle un gantelet hésitant. Son contact le surprit tout d'abord. Il ressentit un léger frisson comme s'il avait trempé la main dans une eau tout juste tiède. Le fragment sembla ensuite s'enrouler autour de son bras, gagna son épaule d'une lenteur suave. — La sacoche ! hurla Tazdief qui devinait la scène plus qu'il ne la voyait. Ses intonations prenaient celles de la panique et Malékith obtempéra, non sans curiosité pour cette chose rampante. Il la saisit fermement, puis la plongea dans la bourse de cuir. Celle-ci sembla happer le fragment à son contact et se referma d'elle même, provoquant un léger souffle. L'elfe regagna alors la faille dans la roche. — L'incendie nous encercle, Prince Malékith. Les dévots ne tarderont pas à nous retrouver. Comment allons-nous nous échapper ? — Chaque chose vient à point nommée, ne te l'ai-je pas déjà dit, Tazdief mon ami ? », rétorqua l'elfe, l'air absent. Il cerna la situation. L'air devenait irrespirable et la chaleur brûlante. Le démon disait vrai. Il fallait quitter cet endroit prestement. — Le temps nous est compté. Je n'aurai pas la patience de dresser l'un de ces oiseaux hurleurs qui tournent sans cesse au dessus de nos têtes. Mais, je saurais guérir tes ailes atrophiées, à condition que tu me serves de monture, démon... — Il en est hors de question ! s'indigna Tazdief. — Soit. Alors périssons dans les flammes, conclut l'elfe, lapidaire. Tazdief fut forcé de considérer la suggestion de l'elfe. L'ampleur du péril l'obligeait à renoncer à son honneur. Il le maudit, consolé par l'idée que son heure viendrait tôt ou tard. Avant de se retourner pour lui exposer les blessures de son dos, il réalisa toute la démence de son nouvel acolyte. Alors que tout se consumait autour d'eux, la flamme du triomphe brûlait plus forte que jamais dans l'iris du Roi Sorcier.
  14. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    Les excuses sont toujours moches : rentrée, projets annexes, vie IRL ( et oui ! ). Mes chers lecteurs, chers amis, tout vient à point à qui sait attendre. Pour cet ultime chapitre, j'ai encore nombre d'idées ambitieuses en réserve. [b]Alors n'hésitez pas, si ce récit vous plait, faites le moi savoir. Commentez et critiquez, ce sera la plus belle reconnaissance de mon travail[/b]. La suite ! [center]***[/center] Sa besogne accomplie, Malékith gravit la colline, abandonnant ainsi les relents nauséabonds du fleuve. L'odeur âcre des corps ébouillantés empoisonnait l'air et s'insinuait jusque dans les plis de son étoffe. Plus un cri ne brisa le silence. La forêt était tout proche. En peu de temps, l'elfe gagna son étrange lisière. Les arbres multi-séculaires abritaient un mystère impalpable. Leur feuillage alternait les teintes. Elles passaient tantôt à l'ocre, tantôt au pourpre ou au mauve. Cette ronde des couleurs semblaient les immuniser au changement extérieur, puisque la forêt demeurait pérenne quand le monde tout autour se déconstruisait et se reconstruisait. Certains des troncs étaient gravés d'esquisses en forme de visages macabres ou bienveillants, qui se gorgeaient d'une sève translucide. On distinguait sans peine le parcours du nectar qui dégorgeait à une vitesse improbable, le long des branches, des tiges et des nervures. Malékith fut fasciné devant cette prouesse aussi naturelle que surnaturelle. Épris de curiosité, il imagina plusieurs théories pouvant expliquer le phénomène. Pour lui, les végétaux s'étaient adaptés aux vents de magie qui balayaient sans cesse les plaines du Royaume. Pour survivre, l'ordre biologique s'était accéléré. La végétation avait muté et appris à absorber les énergies en grande quantité. Elle la filtrait, purgeait les sols. Peut-être aussi la reconvertissait-elle en substance pour le moment inconnue. Une chose était évidente pour le Prince : cet écosystème n'existait que par seule nécessité. En toute discrétion, il assurait la stabilité d'un monde. Malékith se risqua à porter la main sur l'un des fruits qui mûrissait à l'ombre d'un pommier. L'elfe considéra longuement la pomme, sans se risquer toutefois à le croquer. Il la palpa et y découvrit une puissance remarquable. Si concentrée en magie brute, qu'un simple quartier risquait de le tuer. L'apparence du fruit était trompeuse. On le devinait juteux à l'excès ; sa couleur vive, sa souplesse au toucher et son rebondi forçaient l'appétit. Malékith se l'interdit. Il lança la pomme aussi loin qu'il le put, avant qu'elle heurte le sol et explose à son contact. Malékith sourit, satisfait de n'y avoir goûté sous aucun prétexte. En y songeant, il estima que de tels explosifs compléteraient utilement son arsenal. Très délicatement, il en amassa une demi-douzaine qu'il confina au fond de ses sacoches. Une forme de torpeur le gagnait lentement. Son périple l'avait éprouvé plus que de raison. Les milles parcourus avaient plié son dos comme le fouet plie celui des esclaves. Ses séquelles physiques trahissaient les combats qu'il avait livrés . Un peu de sang séché aux coins des lèvres témoignait de sa dernière lutte. Le démon avait emporté une partie de son visage et il s'en était fallu de peu pour qu'il ne lui ôte le reste. Pour la première fois, il s'interrogea sur la signification de son entreprise. Pourquoi combattait-il ? Reverrait-il le monde qu'il chérissait tant ? Celui auquel il avait voué son existence, souhaitant en rétablir l'ordre. La forêt lui paraissait maintenant immense et lui si minuscule. Combien de temps durerait encore la lutte ? Tourmenté par l'absence de certitudes, l'elfe se résolut à dresser un tapis de feuilles qui, à cet instant, lui sembla être la plus agréable des couches. Il s'apaisa. Le jour ne permutait pas avec la nuit. Quand bien même, cela n'aurait rien changé. Les sortilèges éclatants de la rive ouest dessinaient leurs lueurs dans le ciel. La bataille de la plaine de Finuval semblait si loin. Abrité depuis sa colline boisée, Malékith contemplait le spectacle du changement. Il ferma les yeux, juste un instant. [center]***[/center] Lorsqu'il les rouvrit, Malékith se maudit. S'assoupir, c'était se mettre en danger. Et le danger signifiait la mort. Le sommeil du Prince fut peuplé de cauchemars. Il y avait vu des images de bataille aux portes de Naggarond. Moribond, il refoula ces visions de braise et de sang. Par elles, son questionnement de la veille avait cependant trouvé réponse. Il imagina que son peuple le réclamait ; que sans lui, le Royaume tout entier péricliterait. Cette idée lui était insupportable et sans plus attendre, il rassembla ses effets, destiné plus que jamais à rejoindre le palais qu'il avait observé depuis les cieux. Il ignorait encore quelle ruse et quelle audace lui permettraient de s'y introduire, mais qu'importe. Il était convaincu de trouver un moyen de regagner son Royaume. Avant de quitter son campement de fortune, il jeta un coup d'oeil furtif le long de la plaine, de l'autre coté du fleuve. Celle-ci avait été ravagée. Plusieurs pointes de roches se dressaient de terre et quelques tornades enflammées pourléchaient la pierre. D'un pas leste, emprunté à la grâce des félins, Malékith traversa le barrage de feuilles et de branches, imposé par la forêt. Ses pouvoirs mystiques, omniprésents permettaient à l'elfe de recouvrir une partie de l'énergie qu'il avait perdue en route. Les faibles brises lui caressaient le visage et lui désordonnaient les cheveux. Bientôt, les premières flèches de la citadelle de lumière lui apparurent. Leur clarté éblouissante contrastait avec la sérénité qui se dégageait de la forêt. Les teintes froides du feuillage renvoyaient en étroits miroirs colorés différents spectres lumineux qui fendaient le ciel de leur faisceau. De joie et d'espoir, le Prince sourit. Il poursuivit sa route et ses ambitions vacillèrent. Les tours d'or et d'ivoire semblaient plus proches que jamais ; l'on y distinguait même quelques volatiles indistincts qui se nichaient dans les meurtrières. Pourtant, la citadelle était encerclée de ronces immenses qui s'entortillaient sur un large périmètre. Certaines croissaient, tandis que d'autres s'évanouissaient dans la masse verdoyante. Les plus imposantes tendaient parfois un tentacule dans les airs afin de capturer un oiseau malchanceux. D'autres encore crachaient une substance putride, dont il émanait de fine particules probablement toxiques.  Malékith poussa un juron : « Ce lacis protège la citadelle ! », s'exclama-t-il.   Si la forteresse fut un chevalier, le labyrinthe en était l'armure qu'il lui fallait percer. Malékith estima que ces quelques végétaux ne suffiraient pas à l'arrêter. Il tira une fois encore la lame de son fourreau, n'écoutant que sa colère. A grands coups de taille, il trancha les tiges et écarta les ronces. D'un geste mécanique, il s'abrita derrière son pavois quand une gueule verdâtre voulut le happer. Sans ménagement, il la décapita d'un coup sec. Son incartade paisible ne dura que peu de temps. Plus il s'enfonça, plus les organismes vivants se révélaient nombreux et vicieux. L'une des plantes jaillit de nulle part et parvint à mordre l'elfe au mollet gauche. D'autres lianes s'enroulèrent autour de ses chevilles. Il poussa un nouveau juron et tenta de se dégager comme il le put. Les racines cherchaient à le maintenir fermement quand le véritable danger survint. Un tentacule gigantesque, réhaussé d'une gueule terrifiante se fraya un passage et s'éleva au dessus de la mêlée. Le cœur de Malékith battait à tout rompre. Il trancha les racines à ses pieds, se roula en arrière, contraint d'abandonner son bouclier dans l'action. Quand la gueule plongea en avant, elle heurta le sol dans un grondement de tonnerre, qui souleva une nappe de poussière. Malékith comprit que persévérer dans cette voie serait pure folie. Il rebroussa chemin, tant qu'il en était encore temps. Assailli de toutes parts, les ronces derrière lui s'éveillèrent, lui refusant le passage et lui coupant tout échappatoire.  Le Roi Sorcier redoubla de vigueur dans ses moulinets. Les ronces se répandaient au sol en pluie verdâtre. La terre s'inondait d'un liquide répugnant. La gueule massive plongea de nouveau sur lui. Malékith l'esquiva comme il le put, mais le tremblement de terre qui suivit l'impact lui fit perdre l'équilibre. D'un geste de recul, il cogna du plat de sa botte le mince tentacule qui l'emprisonnait. Il roula sur le côté, lorsqu'un autre voulut le saisir à la gorge. Submergé, il n'eut d'autre choix que de faire appel à la magie. Il prononça quelques mots inaudibles et libéra une puissante vague de flamme qui perfora le mur végétal. Ainsi put-il se dégager un chemin. Une sorte de tunnel formée à travers la végétation se dessina autour de lui. Les ronces ne tarderaient pas à combler l'espace. Il courut alors aussi vite qu'il le put afin de regagner la plaine.  Lorsqu'il se trouva hors de danger, Malékith contempla le commencement d'incendie qu'il avait fait naître. Il resta pantois face à la ferveur que démontraient les ronces à l'éteindre. Tel une entité, le labyrinthe s'organisait. Il tissait autour des flammes un cocon impénétrable, afin de les étouffer. Les fumées ne tardèrent pas à se dissiper. Les racines se réassemblèrent en visages grimaçants qui narguaient le Prince. Au milieu d'elles, ce dernier distingua un objet luisant : il s'agissait de son bouclier. Au moment de s'enfuir, il l'avait égaré. Il n'était plus question pour lui de songer à le récupérer. L'entité démoniaque le savait. Elle exposait le pavois tel un trophée, se riant de son ancien porteur. De rage et au risque de donner l'alerte, Malékith projeta plusieurs nouvelles vagues embrasées sur l'entité. Les visages se dissipèrent tels des feux follets irréels, tout juste des mirages.  — Vous perdez vôtre temps, annonça une voix nasillarde derrière l'elfe. Ce dernier n'hésita pas une seconde, il détacha l'un des fruits cueillis il y a quelques heures et le projeta en direction de la voix. Une violente détonation s'ensuivit et fit s'envoler les quelques volatils difformes qui erraient au dessus du labyrinthe. Une gerbe de fumée couvrait l'individu qui venait de proférer ces paroles. Avant qu'elle ne fut dissipée, la voix l'interpella de nouveau : — Ce n'est certainement pas avec ce genre d'artifice que vous regagnerez votre Royaume. Malékith se trouva décontenancé. — Qui es-tu ? s'enquit-il. Cesse de te terrer dans les ombres ! La fumée se dispersa progressivement et l'elfe pu contempler le visage de son interlocuteur. Ce dernier possédait un crâne ovoïde, parfaitement lisse. Son profil était angulaire et il possédait en outre le bec d'un rapace. De petits yeux noirs et vifs le défiaient. Sa peau était orangée et son plumage reflétait à Malékith les rayons du soleil. — Je me prénomme Tadzief, dit le démon voûté. Je suis honoré de faire votre connaissance, Prince Malékith. Il exécuta un simulacre de révérence qui révéla une paire d'ailes atrophiées, desquelles suintaient un nuage de cendre. — Qui t'a indiqué mon nom ? rétorqua l'elfe sur ses gardes. — Je vous ai observé. Je vous ai suivi. La difficulté n'a pas été grande compte tenu de votre amour pour la discrétion.  — Ah le sarcasme ; il raisonne en moi comme une élégie. Donne moi une seule raison de t'épargner. — J'ai apprécié votre tentative consistant à percer le mur végétal qui garde l'entrée de la citadelle. Courageuse, mais vaine. D'autres s'y sont déjà attelés. J'ai aussi une petite idée de ce que vous y comptez faire. Je connais le moyen de traverser cette barrière sans encombre. Malékith rit à gorge déployée. — Pauvre sot, si tu m'as suivi, n'as-tu point compris qu'il est impossible de franchir ce mur ? Qu'importe, si tu recherches la mort, soit. Ouvre la voie. Ton spectacle saura me divertir. A sa grande surprise, le démon obtempéra. Il fit les cent pas devant la barrière, avança un peu, puis revint à sa position initiale. Quelques secondes plus tard, un sentier s'ouvrait à lui à travers les ronces. Malékith n'en croyait pas ses yeux. Ce démon chétif ouvrait un passage sans faire usage de la force. Bientôt, il s'enfonça si profondément que l'elfe en perdit sa trace. Le Prince le crut mort. Lorsqu'il revint, le même chemin s'ouvrit devant lui. Sa patte griffue tenait quelque chose de massif, à la fois sombre et luisant. Il le déposa aux pieds de Malékith. — Cet écusson vous appartient ? demanda-t-il ironiquement à l'elfe. Suspicieux, Malékith saisit le bouclier. Il le soupesa, l'examina soigneusement. Il n'y avait aucun doute. Ce bouclier était le sien. Il pensait l'avoir perdu à tout jamais. — Parbleu, comment as-tu fait cela ? s'écria le Prince des elfes. — J'étais un résidant. J'ai été banni, privé de mes dons, mais je n'ai pas oublié tous les secrets de mon ancienne demeure. Je ressens une grande force en vous. Vous et moi pouvons nous aider réciproquement. Accomplissez quelques tâches pour moi et je vous ferai traverser le labyrinthe, sain et sauf. Malékith, circonspect, n'ajouta pas un mot. Le démon renchérit : — Suivez-moi, ou restez-ici à attendre la mort. Les gardes du palais seront bientôt sur nous. Lorsqu'il conclut sa menace, il se dirigea vers la plaine. Malékith resta un instant indécis, fasciné devant tant d'arrogance et tant de certitudes. Les petits pas du démon ne soulevaient que peu de poussière. L'elfe les lui emboîta sous un soleil de plomb.
  15. [quote]Ah, pouvoir modérer un autre modérateur, le plaisir suprême ! [/quote] Je n'ai malheureusement pas ce privilège mais je peux néanmoins critiquer ! Tout d'abord, la longueur est trop courte, Haldu l'a dit. Le style est élégan et planant. Attention cependant aux répétitions : humanité - humanité disparues - ne sont plus. Bien qu'il soit court; ton " poème " en prose si l'on peut ainsi l'appeler, m'a laissé une sensation " d'apaisement " magnétique, presque hypnotique. L'apaisement n'est décidément pas le bon terme puisque derrière, la nostalgie est bien présente. La guerre, c'est la paix. La paix, c'est la guerre. L'on devine que cette paix mélancolique a été atteinte au prix de nombreuses souffrances, qu'elle en a ainsi perdu sa saveur. Il ne reste qu'un sentiment de vide glacial ou seules " quelques architectures torturées " nous rappellent que le passé a bel et bien existé. Finalement, la paix était-elle vraiment ce que nous désirions ?
  16. Kayalias

    Sur la tombe de Dieu

    Mes acolytes ont traduit l'essentiel de ma pensée. Le style est inégal, mais on sent du potentiel. Concernant le fond maintenant, l'idée d'inventer son propre univers est louable, à condition que n'y transparaisse pas une certaine arrogance de l'auteur. En l'éspèce, c'est raté. [quote]L'univers dont il est ici question est inédit (et, en toute modestie, assez originalImage IPB) [/quote]. De plus cet univers " inédit " ne l'est pas tant que ça puisqu'il reprend les codes de nombreux autres : les orcs, les sorciers, les champignons de Zangar, les gardiens d'ulduar, le puit du soleil... Ca ne vous rappelle rien ?
  17. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    [quote]Que je la trouve très bien écrite et affarante d'inventivité. Et en tant que grand fan de Tzeentch, je pense que ça va devenir encore bien mieux là ! [/quote] Ca me fait très plaisir. [quote]Par contre niveau trame, on avance pas du tout [/quote] C'est juste le temps de fixer les bases de l'univers du changement. Ne t'en fais pas l'histoire avance ( lentement mais surement ). C'est le dernier chapitre après tout. La suite. [center]***[/center] Il y eut un craquement effroyable lorsque l'acier trancha la gueule exposée de l'horreur gesticulante. Plusieurs tentacules du démon furent sectionnés au passage et son visage – si l'on put ainsi le qualifier, fut séparé en deux parts inégales, l'une s'effondrant sur l'autre. Du sang mauve en profusion macula la tunique du Roi Sorcier. Ce dernier profita de l'effet de surprise pour prendre de vitesse son second adversaire. Il esquiva un premier rai de lumière argenté, détourna le second à l'aide de son pavois, puis balaya l'opposant le plus proche d'un puissant revers. Celui-ci s'empala lourdement contre un rocher naissant. De petites étincelles s'échappaient de son torse ensanglanté et un gargouillement infâme accompagna son supplice. Malékith voulut l'achever d'un coup sec, mais une flamme bleu dévia son coup dans le vide. Son épée ricocha contre la pierre. De son bras valide, il leva son bouclier, afin de détourner les projectiles toujours plus nombreux qui l'assaillaient.  Chaque fois qu'un sort se heurtait au pavois et à ses enchantements, l'elfe était parcouru de secousses. Le démon quant à lui, ne faiblissait pas. Juché sur un corps rachitique, la tête aux multiples orifices crachait de toute part. Ses suivants ne tarderaient pas à être alertés par le raffut du combat. Pire ! La structure de la grotte changeait sans cesse et menaçait d'enssevelir les opposants. Malékith décida qu'il était temps d'en finir. Il réunit ses forces et les condensa en un prisme de lumière, autour de son bouclier. Un torrent d'énergie illumina les ténèbres de la grotte. Comme le démon fut désorienté, le Roi Sorcier saisit cette opportunité et projeta son bouclier auréolé contre le monstre. Le halo explosa à son contact, lui arrachant les membres. Libéré de son étreinte, l'elfe brandit son épée et se rua sur lui. Ses deux mains retrouvèrent le contact rassurant des nervures du pommeau et l'incroyable jouissance ressenti lorsque celui-ci s'abat sur un ennemi. La tête continua longuement de cracher des flammes, bien après qu'elle fut détachée de son tronc. Malékith gagna promptement la lumière du jour. Il examina rapidement la situation. Le relief avait considérablement évolué. Le léger escarpement qu'il avait découvert quelques heures auparavant s'était radicalement transformé. De nombreux pics perçaient la montagne. Ils semblaient former une gueule gigantesque, une gueule mouvante dans laquelle il se trouvait. Derrière l'un des pics, l'ost de démons devait être à sa recherche. Il ne fallait pas traîner.  La forêt au feuillages argenté. C'est à elle qu'il pensait. Elle constituerait un repère idéal pour reprendre des forces, avant de poursuivre sa route. Il se remit en marche le plus rapidement possible. Les parois montagneuses furent contournées, les rochers enjambés et, petit à petit, la tâche argentée se rapprocha. Il ne se retourna pas une fois pendant sa course. De loin, la montagne lui apparut sous son véritable jour. Les sommets aigus se changèrent en griffes et les parois devinrent écailles. De la pierre était né un immense reptile couleur de poussière. Il remuait lentement son corps massif et provoquait des tremblements de terre de faible intensité. Sa tête serpentine touchait presque les nuages et ses yeux d'airain brillaient intensément. Malékith redoubla de vigueur et traversa rapidement la plaine. De multiples espèces végétales y poussaient et y mourraient quasi-instantanément, alimentant les suivantes pour perpétuer le grand cycle éternel. Il n'y prêta que peu d'attention, piétinant la plupart d'entre elles, se moquant de leurs potentielles vertus. Le Prince atteignit rapidement la rivière qui séparait la plaine de la forêt mais se heurta à une contrariété d'envergure. L'eau changeait sans cesse d'état. En seulement quelques secondes, la rivière pouvait bouillir, geler ou tout emporter de son formidable courant tempéré. Malékith n'eut pas le temps de réfléchir au plus ingénieux moyen de la franchir, car d'autres flammes bleues le prenaient pour cibles. Celles-ci ne s'éteignaient pas au contact de la terre, mais perduraient quelques secondes, rampant au sol afin d'enchaîner leur cible dans une seconde tentative. Le Roi Sorcier se retourna et découvrit avec horreur des centaines de démons. Eux aussi avaient fui la montagne vivante et souhaitaient gagner la forêt de cristal. L'ancienne plaine verdoyante avait sombré. Un torrent de flammes l'avait recouverte et quelques douves fumantes avaient remplacé ses bassins d'eau douce. Malékith comprit alors que de tous les lieux de Royaume, la forêt devait être l'un des rares à être épargnés par cette frénésie du changement. Il comprit aussi que lorsque celui-ci était engagé, rien ne pouvait l'arrêter. Les matières changeaient d'état, avant de se métamorphoser. Le métal fondait, l'eau gelait. Petit à petit, la cohérence et l'ordre logique se bousculaient. Le papillon régressait en chrysalide. Une falaise entière pouvait disparaître, cédant place à un gouffre. Un volcan se changeait en clairière. Le changement n'avait plus de limite, au delà de cette rivière. Malékith esquiva plusieurs projectiles de natures différentes. L'un deux lui cingla le bras et le choc le projeta en avant. Les flammes orangées s'enroulèrent tel un serpent autour de lui. Leur étreinte se renforça mais l'elfe se rit de leur effort. « D'autres flammes m'ont déjà dévoré, il y a des millénaires. Vos flammèches ne peuvent rien contre moi », pensa-t-il. La horde de démons le talonnait. La rivière gelée, Malékith aborda la traversée. La glace craquait sous ses pieds et se fissurait par endroit. Les projectiles sifflaient dans toutes les directions, faisant fondre le gel. Il ne restait à l'elfe plus que quelques mètres à parcourir, quand un dernier projectile heurta son genou droit, le faisant trébucher. A nouveau, les flammes se répandirent, galopant comme la peste sur un mourant. Sous l'effet conjugué de la masse de l'elfe et de la chaleur, un anneau de glace se rompit, entraînant le Prince dans l'eau glacée. Sa respiration fut coupée quand un millier d'échardes glacées le transpercèrent. Le froid paralysait son corps et son esprit ; la lourde armure qu'il traînait l'emportait au fond de la rivière et ses pieds s'embourbaient dans la vase en dépôt. Les projectiles continuèrent à fuser tout autour de lui, illuminant l'eau gelée de teintes chaudes. A quelques mètres seulement de la berge, Malékith suffoquait. Un craquement sourd, lointain, lui indiqua que la nappe de glace au dessus de lui venait de se rompre en entier. Des dizaines de démons Tzentchiites furent aspirés vers les profondeurs de la rivière. La température de l'eau avait subitement augmenté, devenant presque agréable. Un fort courant tira Malékith hors de la vase et l'emporta en amont, de l'autre côté de la rivière. Il put inspirer une bouffée d'oxygène salvatrice, avant que sa tête ne cogne contre de nombreux rochers. Sa vision devint trouble et il ne réalisa pas tout de suite que cet ensemble de roches le préservait du courant. Lorsqu'il recouvrit la vu, le lit de la rivière avait doublé. Plusieurs démons n'eurent pas sa chance et tous furent emportés, exceptés l'un d'eux. La force des eaux l'avait charrié – comme le Prince avant lui, à l'abri du courant, derrière quelques blocs de pierre massés à proximité de la berge. Le démon au visage angulaire et aux pommettes creusées se redressa hors de l'eau, entreprit de mordre au cou le Roi Sorcier. L'elfe n'eut le temps que de pivoter et la gueule se heurta aux épaulières d'acier.  Les deux tentacules du démon maintenaient fermement les bras de Malékith qui fut incapable de dégainer. Il esquiva miraculeusement une attaque, avant qu'une morsure ne l'atteigne à la joue. Il hurla de douleur quand le démon agita un lambeau de chair calcinée. Par un violent mouvement de hanche, l'elfe utilisa la faible pesanteur de son adversaire dans l'eau pour le faire basculer par dessus lui. Le démon lâcha sa prise. Malékith exsangue, put se glisser dans son dos. Il usa de toute sa force et de tout le tranchant de ses brassards pour perforer la gorge du démon. Dans l'eau, la créature gargouillait quelques menaces inaudibles. Malékith resserra son étreinte et les paroles du démon se noyèrent dans son sang. La température de l'eau s'éleva d'avantage. Des bulles d'air se perdaient à sa surface. Un rictus de plaisir fendit le visage du Roi Sorcier. Les démons entraînés par le courant mourraient ébouillantés. Il traîna la dépouille agonisante de son adversaire hors de l'eau et patienta quelques instants. Ses brassards étaient toujours profondément plantés dans la chair du monstre vaincu. Malékith lui murmura ces mots : — Connais tu l'origine de ta race, démon ? Vous êtes notre création, issus de sentiments mortels, des plus complexes au plus bas instincts. Alimentés dans l'immaterium, nos pensées ont emprunté une forme. La vôtre. [i]Nous[/i] avons donné naissance aux dieux sombres. Si tes maîtres t'abreuvent de fausses promesses, telle est pourtant la vérité. Le démon se débattit au sol, en vain. Malékith maintint fermement son étreinte. — La douleur ne vous est pas étrangère. Je l'ai vue. Dans quelques instants, tu partageras le sort de tes frères. Malékith patienta jusqu'à ce que les derniers râles de la horde se dissipent, puis plongea le démon, la tête la première dans l'eau brûlante. Son corps s'agita de multiples soubresauts, mais ne pouvait se relever. Les pointes des brassards étaient trop solidement enfoncées dans sa nuque. Une odeur insoutenable emplit l'air et parvint aux narines de l'elfe. Quand les tremblements du démon s'interrompirent et que ses gémissements furent étouffés, l'elfe jeta sa carcasse en pâture à la rivière. Quelques gouttes de son sang s'y trempèrent elles-aussi. Elles serviraient d'avertissement aux dieux sombres. Leurs serviteurs mourraient quand lui vivrait. 
  18. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    [quote]j'aime bien c'est inspiré[/quote] Merci N'hésitez surtout pas à me dire ce que vous appréciez et ce que vous appréciez moins. Voici la suite. [center]***[/center] Pendant son intertie, une épaisse couche de nuages privait le noir Suzerain de toute visibilité, renforçant le sentiment persistant de mystère qui planait au dessus du Royaume. Lorsqu'il traversa les cumulus, plusieurs gouttes d'eau perlèrent sur les crêtes de son armure, avant de se disperser dans l'atmosphère. Les nuages pâlirent, à mesure que la descente se poursuivait. Bientôt, l'on put distinguer au travers des masses d'air, les contours ombrageux d'une terre pourpre, presque violacée. Plusieurs blocs de l'écorce terrestre parurent flotter dans les airs, certains en rotation, d'autres parfaitement immobiles. Tous semblaient avoir été arrachés du sol, et quelques uns abritaient encore les fondations de forteresses datant d'un autre âge. Ces blocs de pierre usés par les éléments, inspirèrent à l'elfe une nostalgie semblable à celle qu'il ressentait au souvenir d'Antec. Une intense solitude l'embrassa, tandis qu'il contemplait ces paysages désolés. Aucun cours d'eau ne les traversait, malgré l'apparition de plusieurs sillons, témoignant qu'autrefois cette terre ne fut pas aussi aride. Vers ce qui semblait être l'est, se dressait une montagne aux valons boisés. Ses éclats scintillants captèrent longuement l'attention du Prince qui, malgré ses périples à travers le monde connu, n'avait jamais rencontré d'arbres de cette nature, aux nervures argentées. Le feuillage des pins étincelaient, tel une robe de joyaux. Au delà de la formidable aquarelle qui s'imposait à lui, Malékith distingua les flèches éblouissantes d'une citadelle. Le sommet des tours renvoyait à la péninsule milles teintes et suscitait maints attraits. Une flamme orangée s'échappa vigoureusement d'une cheminée de l'édifice. Elle s'accompagna d'un sifflement strident mais non angoissant. La gigantesque flamme traça dans les cieux une demi-lune embrasée à la queue serpentine, qui persista une poignée de secondes avant de s'éteindre. — C'est incroyable.., murmura le Roi Sorcier emerveillé. Il n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres d'un sol, jonché de rochers effilés. C'est ainsi qu'il entama l'incantation qui lui sauverait la vie. Il fut surpris de constater qu'à peine les premières paroles prononcées, la bourrasque qu'il tentait d'invoquer, le soulevait déjà. Les vents soufflèrent sous lui, suivant un cycle qui s'accélérait de plus en plus vite et de plus en plus fort pour devenir incontrôlables. L'elfe poussa un juron. Si ses talents d'arcaniste ne souffraient aucune comparaison dans le monde des mortels, il vagabondait ici bas au coeur de la source même des vents de magie. Ces derniers ne répondaient plus de la même manière ; tous ses repères volaient en éclat. La nature brute des courants décuplait la puissance de tout sortilège. Elle rendait aussi sa stabilité bien plus ardue à maintenir. Il s'en était aperçu, en menaçant Dame Sharaz. Maintenant, il en était convaincu. Il ferma son esprit à l'émotion, à toute autre préoccupation qu'à son atterrissage. Les vents contraires l'emprisonnaient, le transportaient capricieusement dans les airs, telle une poupée de chiffon. Il lutta ardemment pour les soumettre à sa volonté. De grosses gouttes de sueur ruisselaient sur son visage, se mêlaient à la vapeur d'eau des cumulus et dégoulinaient le long de ses cheveux. Encore quelques mètres. Son échine se courba légèrement en avant pour préparer l'impact. Ses forces s'épuisaient rapidement. Les bourrasques soufflaient rageusement. Chaque seconde d'inattention pouvait lui coûter la vie. Sa concentration ne devait fléchir. Lorsque les vents furent suffisamment ralentis et contraints à le rapprocher de la terre, Malékith interrompit le rituel. Déchaînés, les bourrasques filèrent et regagnèrent les hauteurs célestes. Le Prince chuta aussitôt d'environ deux fois sa taille. Ses genoux craquèrent à la réception et son corps s'affaissa aussi habilement que son armure le lui permit. Son tibia gauche heurta la bordure d'un rocher dans sa course et l'écaille de son armure s'enfonça de quelques centimètres dans sa cuisse. Le Roi Sorcier émit un grognement de douleur. A l'aide du pommeau de son épée, il redressa le métal tordu. Il déchira ensuite un pan de sa tunique, l'enroula autour de sa blessure et se redressa à mi-hauteur, malaxant le muscle douloureux. Le terrain lui apparaissait plus inhospitalier que ce qu'il avait envisagé. Des rochers poreux, infestés d'insectes venimeux lui barraient la route. Certains s'amoncelaient et formaient des grottes de faible profondeur. En aucun cas, il n'avait désir d'y faire escale. Depuis les cieux, son attention s'était exclusivement tournée vers la magnifique citadelle. Le symbole nimbé de flamme avait résonné en lui comme un appel. Les vents de magie étaient si fortement canalisés en son sein, que tout lui semblait possible. Malékith ne céda pas aux sirènes des apparences. Ces terres étaient occupée, malgré l'étrange sérénité qui y régnait. Avec prudence il marcha le regard toujours dirigé vers l'est. Il contourna certains blocs de roche, marcha encore, escalada des escarpements, mais ce fut au détour de l'un d'entre eux plus volumineux que les autres, qu'il renifla une puanteur infecte, reconnaissable, car familière. Une brise vespérale portait l'infection entre les fissures de granit. Le Roi Sorcier se tapit en silence dans l'une d'elle, s'assurant que son ombre ne le trahirait pas. Il se risqua à glisser un oeil en contrebas. Quelle fut sa surprise lorsqu'il découvrit un charnier infecte, duquel plusieurs monceaux de corps putréfiés soufflaient l'haleine pestilentielle de la mort. Certains étaient abominablement mutilés, méconnaissables tant la putréfaction les avait rongés. Les affres de la maladie crevassaient leur peau et plusieurs balafres exposaient leurs entrailles à l'air libre. Les mouches bourdonnaient incessamment, se battant pour pondre sur leurs restes méphitiques. Autour du charnier, quelques créatures tentaculaires à la peau nuancée de rouges, de bleus et de violet, s'unissaient en arc de cercle. Leur masse faite de magie solide ondulait en permanence, changeant de silhouette à volonté. Leurs protubérances frétillantes palpaient à chaque instant les courants ascendants. L'une d'elle particulièrement imprévisible entama une succession de chants stridents qui eut pour effet de galvaniser le reste de la meute. Les suivants orientèrent leur gueule inhumaine vers l'astre du crépuscule qui leur communiquait une fraction de sa puissance. Dès lors, les démons projetèrent une infinité de traits enflammés dans toutes les directions. Les carcasses décomposés s'embrasaient du feu divin. Les flammes du changement pourléchèrent les corps, ne laissant rien de leur chair pourrie, si ce n'est quelques lambeaux noircis. L'essaim d'insectes tournoyant disparut à son tour, purifié dans les flammes. L'elfe fut abasourdi par la violence des sortilèges qui pleuvaient sur les dépouilles des serviteurs de Nurgle. Sa stupeur se changea en incrédulité, lorsqu'il vit les cendres se rassembler, s'animer. Les corps n'étaient pas seulement lavés de la corruption : ils renaissaient. Leur essence avait muté. Les furoncles éclatants avaient cédé place à une peau rosée, parfaitement lisse tandis que les membres reptiliens retrouvaient force et vigueur. L'instant d'après, le surplomb sur lequel Malékith reposait s'affaissa sans prévenir. Les flammes dévorantes modifiaient jusqu'à la structure des matériaux alentour. La roche en amont fondait sous ses yeux, s'écoulait le long des crevasses puis se reconstituait. Pris au piège, il tenta de s'échapper aussi silencieusement que possible, mais lorsqu'il posa le pied sur le rocher à sa gauche, celui-ci se brisa en morceaux qui roulèrent le long de la paroi. La course folle des galets et le cliquetis de l'armure sombre ne tardèrent pas à alerter les démons alentour. L'un d'eux hulula en direction de l'elfe, puis le désigna de ses griffes acérés. Malékith n'eut d'autre choix que d'abandonner toute discrétion. Il tira l'épée de son fourreau et se rua sur le flan de la falaise naissante. Son épaule heurta une paroi qui n'existait pas il y a encore quelques secondes. Il se tint accroupi et vit que la roche mouvante s'enroulait en anneaux de plus en plus large. Il attendit dans l'ombre que son premier adversaire soit cueilli. Ils furent en réalité quatre à pénétrer dans la caverne en formation. Leurs griffes s'agitaient frénétiquement tandis qu'ils arpentaient l'obscurité à la recherche du mortel. A pas de loup, Malékith s'était d'avantage retiré sous la terre, là où la luminosité serait plus faible. L'iris parfaitement adapté à l'obscurité, l'elfe percevait chaque reflet du soleil qui se réverbérait sur la peau des démons. De la sorte, il n'avait aucun mal à deviner leurs plus infimes mouvements. Le premier serviteur s'approcha de plus en plus prés du rocher derrière lequel patientait le Prince. Lorsqu'il fut à porté de lame, Malékith retint son souffle. Toujours imperceptible, il noua ses cheveux à l'aide d'une lanière de soie, puis donna à son épée l'impulsion nécessaire à l'arc de cercle meurtrier. La peur brilla quelques secondes dans les yeux orangés du démon, qui ne put qu'opposer ses mains frêles à la frappe. Le traqueur devint proie.
  19. Kayalias

    Autres nouvelles de Kritislik

    Encore des orks, toujours des orks ? ! Trève de plaisanterie, j'ai apprécié ton récit. L'histoire d'une bidasse perdue dans l'horreur d'une guerre, reste pourtant un sujet très conventionnel. Les bidasses parlons-en, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux Gears face aux locustes en lisant ta description des soldats. Le type très " badass ", les tranchées, le canon scié, les tronçonneuses, l'ork en armure, Tania ? Bref, j'ai eu l'impression de retrouver beaucoup d'éléments connus. Ce n'est pas forcément un mal, puisque l'univers de 40k s'y prête parfaitement. Ce n'est pourtant pas ce que je retiens de ton récit. Il en ressort surtout une volonté de ta part de prendre ton temps, de décrire au mieux cet enfer. Chacun s'y essaie, mais tous n'y parviennent pas. Soit on en fait trop, trop de gore, trop tiré par les cheveux, mais tu parviens à trouver une certaine justesse et une crédibilité à ton personnage pourtant " increvable ". J'ai particulièrement apprécié les scènes de corps à corps et où Horst manie son canon scié. Les descriptions étaient très précises, très immersives. Par la suite, je trouve que le récit perd un peu de vivacité, peut-être au moment où Horst se cache derrière le corps d'un gamin de 15 ans et qu'il finit par pleurer ( Rambo ? ). Cette touche d'émotion que tu as voulu transmettre n'est malheureusement pas passée. Pire, j'ai trouvé qu'elle gâchait un peu la fin du récit. Tu avais su nous immerger de manière magistrale dans un combat de tranchée pour finir sur le cliché Hollywoodien du guerrier qui pleurt. Faut-il vraiment pleurer pour réaliser l'horreur d'une guerre ? Sur ce point, je trouvais que tu avais manqué d'un poil de subtilité. D'autant que tu renchéris en citant la bonne parole de Théoden : [quote]Que pouvaient les hommes face à tant de haine ? [/quote] Bref ce sont selon moi des maladresses qui troublent l'équilibre du récit. On voit bien que tu as pris le temps de soigner les descriptions de violence, et elles font mouche. Finalement les passages les plus réussis sont ceux de l'action. L'on s'y croirait. Mais dès que tu souhaites quitter ce sentier et gagner celui de l'émotion, ce n'est plus très convainquant.
  20. Entièrement d'accord avec mon précesseur, le récit est drôle, bien mené et l'on sent une grande tendresse de l'auteur envers un peuple si bourrin. [quote]Le chef le toisa. Il méprisait l’intelligence, mais son neurone lui disait que son soldat n’avait pas tort. [/quote] Mention spéciale à cette phrase dont je suis sorti hilare. Peut-être parce qu'il n'y a pas que chez les orks qu'on retrouve ce genre de comportement... J'ai grandement apprécié l'absence de " syntaxe phonétique particulière " pour les peaux vertes. Si elle peut être fun dans un but d'immersion, elle se révèle souvent pénible à la longue. Un autre point que j'ai grandement apprécié est que l'on n'a pas besoin d'être un grand connaisseur de 40k pour saisir ce qu'il se passe. C'est vraiment très appréciable. Que dire de plus ? Ton récit est bien aéré, incisif et globalement bien écrit. [quote]Comme lui. Gros Paf [b]ria[/b] et accéléra[/quote] Ca, c'est pas très beau par contre. Un dernier bémol puisqu'il en faut, j'ai trouvé la fin expéditive et très révélateur de cette " tendresse " à l'égard des orks. Tu as envie qu'ils gagnent à la fin, et selon leurs méthodes tant qu'à faire. Je comprends cette attitude ( même si les créatures type attardées ne me font pas rêver ) et le pardonne même puisqu'en fait ... j'ai passé un excellent moment en te lisant !
  21. Kayalias

    Lutter contre ses démons.

    Merci cette rectification. La voici corrigée. Je me disais la même chose en l'ajoutant à la liste de mes récits. Il a plus sa place dans la section fantastique, même si je me suis laissé largement influencer par la première partie très contemporaine. Bref pourrais tu me le déplacer s'il te plaît ? Toutes les autres remarques restent bonnes à prendre !
  22. [center][size="5"][b]Lutter contre ses démons[/b][/size][/center] Il est vingt deux heures précises, nous sommes samedi. La semaine a été éreintante et le trajet – habituellement si tranquille m'a semblé durer une éternité. C'est ma faute, je m'y suis encore pris trop tard. Le voyage en première, le seul encore disponible m'a coûté les deux bras. La bonne nouvelle est que j'ai pu assister à une pièce de théâtre bon marché. Voiture 10, les deux clown à ma droite entreprirent de débattre à propos d'un sujet qui n'avait encore jamais été débattu : la présidence de François Hollande. Le programme économique du très récent président fut observé à la loupe par nos deux experts économiques, diplômés par le bistrot du coin. « Non mais tu comprends Denis, c'est pas en embauchant des fonctionnaires qu'on va diminuer la dette. - Tu vois bien que l'austérité marche nul part, tu veux que la France finisse comme la Grèce ? - La Grèce était dirigée par des socialistes je te rappelle. - Il n'empêche que l'austérité n'est pas la solution, ce qu'il faut c'est relancer la croissance. - Justement ! Il faut relancer la croissance en baissant le coût du travail, exactement l'inverse de ce que veulent faire les socialistes. A ce rythme là, la France va devenir le pays roi de l'assistanat. Tout ce que propose le PS n'est que du vent, ce qu'il faut c'est de la compétitivité dans les entreprises. Tout le reste c'est de la masturbation intellectuelle ». Si " tout le reste " est peut-être de la masturbation intellectuelle, alors nous avons affaire à un parfait éjaculateur précoce de la pensée, me soufflais-je à moi même. C'est à cet instant que le contrôleur glissa comme une ombre dans la voiture. « Contrôle des titres de transport, persiffla-t-il. - Les hommes ont inventé la politesse pour communiquer », lui répondis-je agacé par tant d'incorrection. Je ne reçus en retour qu'un regard de merlan frit. Je déteste par dessus tout ces individus qui revêtissent l'uniforme et s'inventent des prérogatives associées. Jusqu'à preuve du contraire, un képi n'a jamais donné de droit à l'impolitesse. L'autorité ne souffre d'aucun apparat. Avant de porter l'uniforme, peut-être faudrait il déjà porter ses propres corones. Faute de " s'il vous plaît ", j'ai naturellement refusé de lui présenter mon billet et à fortiori de régler l'amende qui en découle. Le scandale a été tel que les deux apprentis journalistes politiques prirent même la peine d'interrompre leur débat, pensant sans doute avoir à faire à l'un de ces jeunes délinquants dont les journaux nous abreuvent. Arrivé en gare, je descendis du train, casque sur les oreilles, valise à la main et quittai le plus naturellement du monde le quai, sous les menaces du contrôleur. Son képi gris ne lui donnait pas suffisamment d'autorité, il fallait que d'autres prennent sa place. Peut-être que les képis bleus sauraient m'arrêter ? Mais quand la police vint, je fus déjà loin. J'arrive enfin à la maison, salue un peu mon chien – un coton de tuléar, sorte de ratier provenant de Madagascar, puis me dirige vers la cuisine. Comme tout étudiant qui se respecte, je meurs de faim. Je ne trouve pourtant qu'un mot, griffonné en hâte sur un post-it jaune. « Nous sommes partis au cinéma. Il reste des lasagnes dans le frigot ». Bon Dieu, j'ai échappé à la blanquette. Je loue un moment le ciel pour cette offrande divine puis salive avidement devant cette triple couche de béchamel qui fait danser mes papilles. Je me pose un instant sur le canapé avant de mettre un peu de musique. J'ai besoin de quelque chose de relaxant. Je pianote un instant sur les touches de l'i-pod puis tombe par hasard sur Juicy de Notorious big. Parfait. Les lasagnes chauffent au four. Impeccable. http://www.youtube.com/watch?v=_JZom_gVfuw&ob=av3e Le téléphone vibre soudain. Merde, c'est Jen. J'ai complètement oublié de la rappeler. Je sais très bien ce qu'elle va me dire. Je décroche ? Je ne décroche pas ? Au bout de la quatrième vibration, je presse enfin l'icône du petit téléphone vert. « Allo ? Je viens juste de rentrer, je comptais t'appeler justement... ». Je n'eus pas le temps de pratiquer le faux semblant. Sa vindicte semblait déjà toute prête à frapper. « Tu te moques de moi ? J'ai attendu ton coup de fil toute l'après-midi. J'avais peut-être des choses à faire entretemps tu ne te l'es pas demandé ça, n'est-ce pas ? J'en ai marre, t'entends ? J'en ai marre. Tu ne tiens pas tes engagements. Tu critiques ceux qui ne tiennent pas leurs promesses mais tu es pire qu'eux. C'est pas la première fois que tu me le coup. C'est devenu une habitude. Tu vis ta vie, sans te soucier de personne, tu penses que les gens vont s'adapter à toutes tes exigences, que tout va se dérouler comme tu le désires. J'en ai assez que tu me prennes pour une idiote. - C'est bon tu as fini ? - Et c'est tout ce que tu trouves à me dire ? Aucune excuse. Rien. C'est bien ce que je dis tu me prends pour une conne... - Tu sais très bien que ce n'est pas ça, j'ai eu une sale journée, j'ai complètement oublié de te rappeler, je suis désolé ». Au fond de moi je savais très bien qu'elle avait raison, mais je sentais une colère sourde gronder. Il ne faudrait surtout pas que la dispute s'éternise. « Tu as toujours une bonne raison, c'est merveilleux avec toi. - Je viens de m'excuser, qu'est ce que tu veux de plus ? Que je me prosterne et subisse tes admonestations jusqu'à la fin des temps ? - Tu vois, tout de suite, comme tu réagis, c'est méprisable. J'attendais juste un peu de considération et toi, tu ne peux pas t'empêcher d'être sarcastique. Ca ne te rend pas service ». La ligne rouge venait d'être franchie. Dès cet instant, je savais que j'allais prononcer des mots que je regretterai. C'est comme si l'espace de quelques minutes, toute émotion positive à l'égard de mon interlocutrice, de celle qui partageait ma vie depuis maintenant trois ans, semblait aspirée dans un gigantesque trou noir. Je ne ressentais plus qu'une indicible fureur. Cette conversation devenait une joute et je devais en ressortirait vainqueur, quel qu'en soit le prix. - Tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre de ce qui me rend service ou non. Tout comme je me fous éperdument de tes jugements. Tu sais pourquoi je ne t'ai pas rappelé tout de suite ? Parce que je savais très bien que tu allais encore me faire une de tes crises. Qu'est ce qu'il y a encore ? C'est à cause de tes règles c'est ça ? Si tu ne les as plus depuis un moment, il ne tient qu'à toi d'aller consulter, au lieu d'attendre comme une imbécile qu'elles reviennent comme par magie ». J'avais tapé là ou cela faisait mal, je le savais. J'entendis quelques sanglots à l'autre bout du combiné : je venais de remporter le combat. Le trou noir me rendit alors quelques émotions. « Excuse moi, ce n'est pas ce que je voulais dire... - Tu es détestable », sanglota-t-elle. Puis elle raccrocha. Le silence qui s'en suivit me parut assourdissant. Les émotions m'étaient rendues au compte goutte depuis que la joute s'était conclue et je prenais véritablement conscience de ses dernières paroles. J'étais bel et bien détestable. Les lasagnes étaient prêtes mais la faim m'avait quitté en même temps que Jen. Je voulus la rappeler, tenter de lui expliquer combien j'étais désolé, combien je pouvais être stupide, combien il arrivait des moments où je ne savais me contrôler, mais elle m'avait anticipé. Je tombais sur sa messagerie. Il était minuit, je m'allongeais sur le canapé. Mistral, tenta vaguement de me consoler en se blottissant contre moi. Ses poils blancs me parurent incroyablement doux au toucher. Et tandis que ma main vagabondait, mon esprit faisait de même. Cherchant tous les stratagèmes possibles pour reconquérir celle que j'avais blessé, je ne vis pas l'heure filer. Le tourbillon d'idées et d'émotions maintint mon cerveau éveillé un moment mais une fatigue lourde, irrésistible, me prit par surprise. Je tentais de lutter autant que je le pouvais, mais les combats de la journée m'avaient épuisés. La chaîne hi-fi passait le cimetière des éléphants d'Eddy Mitchell. http://www.youtube.com/watch?v=5fM8Et-MtnA « [i]C'est pas perdu puisque tu m'aimes... [/i]», furent les dernières paroles que je perçus avant de sombrer. Quand mes yeux s'ouvrirent à nouveau, la lumière du salon était restée allumée. Le chien avait délaissé le canapé, où était-il passé encore ? J'éteignis la chaîne hi-fi qui tournait dans le vide, me frottai les yeux avant d'en jeter un sur mon portable. Deux heures du matin. Pourquoi est-ce que je me suis réveillé ? Je me dirigeais vers la cuisine, glissai ma tête par la fenêtre. La voiture de mes parents n'étaient pas garée devant la porte. Je repris petit à petit mes esprits et repensai immédiatement à la conversation agitée que j'avais eu quelques heures plus tôt. Je consultai à nouveau mon téléphone et remarquai un « appel en absence ». C'était elle, elle m'avait contacté il y a quelques minutes seulement. Je mourrais d'envie de la rappeler. J'allais pouvoir lui dire à quel point je l'aime, à quel point elle compte pour moi, à quel point je m'en veux de porter des jugements et de ne jamais tenir mes promesses. Je me dirigeais en hâte au salon, m'assis sur le canapé puis j'ai composé son numéro. A cet instant, l'électricité se coupa et mon portable s'éteignit brusquement, en un éclair. Je tentais de le rallumer, mi agacé, mi impatient, en vain. J'entrepris alors de descendre à la cave et rebrancher le disjoncteur. Pourtant, lorsque ma main serra la poignée d'étain, une petite voix intérieure sembla m'avertir : « [b][i]Cela commence[/i][/b] ». Je descendis les marches rapidement, passai devant la petite fenêtre par laquelle un vague clair de lune illuminait la cave. Je distinguai vaguement les agglos de béton, constitutifs des murs porteurs, les conserves entassées sur les étagères, la machine à laver et quelques vieilles armoires. Le disjoncteur se trouvait dans l'antichambre, à côté de la chaudière. Pour l'atteindre, il fallait se glisser dans l'atelier de mon père, éviter de se blesser sur les outils qui traînaient un peu partout et contourner l'immense armoire de ma grand-mère. Dans l'obscurité presque totale, mes pupilles semblaient s'adapter et je me repérais à l'aide du faible éclat de lune, renvoyé par le miroir de l'armoire. A tâtons, je parvins au disjoncteur. Je vérifiais un à un chaque plomb, les changeais tous pour trouver le défaillant. Mais après un tour complet, je m'aperçus qu'aucun ne l'était. J'entrepris de recommencer, pensant m'être fourvoyé et alors que je m'effectuais, une main putride me tira en arrière, au milieu des outils, tandis que la seconde tentait de m'étouffer en recouvrant ma bouche d'une étreinte meurtrière. Cette peau rugueuse, pâle et crevassée à la lueur du croissant de lune glaça mon échine. Je voulus hurler mais l'étau m'écrasait. Je sentis ma nuque se tordre en arrière et ma bouche fut presque arrachée par la force démente de mon bourreau. Les tournevis au sol me lacéraient les jambes et mon esprit fut comme embrumé par le manque d'oxygène. Je sentais mes poumons se vider à mesure que l'étreinte se renforçait, je ne pouvais déjà presque plus bouger les bras. Pour une raison que j'ignore encore, l'étau sembla un instant se desserrer et comme un éclair de lucidité, l'instinct de survie me poussa à tenter le tout pour le tout. En projetant mes deux coudes en arrière, je fis reculer mon adversaire. Mes os heurtèrent un visage glacé et lorsque ma bouche et mon nez furent libres, j'inspirai désespérément en quête d'oxygène. C'est alors que je sentis pour la première fois la puanteur macabre qui recouvrait l'antichambre de cette cave. J'entendis un grognement sauvage derrière moi. A l'aide du rebord de l'établi sous lequel il avait tenté de me glisser, je me levai au bord du malaise. D'une main maladroite je projetai tous les outils que je trouvais sur la silhouette, puis me précipita vers les escaliers pour regagner l'étage. Mon coeur battait à cent à l'heure. Je sentais encore ses doigts glacés serrer mon cou. Je passai alors devant la vieille armoire et un rayon argenté me révéla la monstruosité qui se relevait derrière moi. Les cheveux avaient depuis longtemps quitté ce crâne allongé et livide, presque translucide. Plusieurs dents lui manquaient et plusieurs cicatrices parsemaient son corps rachitique. La manière qu'il avait de se mouvoir était malsaine. A chaque pas, il semblait s'effondrer pourtant je ne doutais plus de l'incroyable force qu'il possédait. Celui qui tentait de m'assassiner n'était pas un homme. Je ne savais pas ce qu'il était, je ne voulais pas le savoir. Je devais fuir, fuir aussi vite que mes jambes me le permettaient et prier pour qu'il ne me rattrape jamais. La terreur m'envahit et je rejoins la cave, tremblant des pieds à la tête. Je passai devant les armoires, les étagères de conserve et la machine à laver mais j'entendais qu'un être rampait entre chaque râle. J'ignorais quelle distance nous séparait mais le râle se rapprochait. Il semblait même gagner en intensité. Mes jambes semblaient si lourdes et avec toute la misère du monde, je gravis les escaliers puis refermai la porte de la cave à double tour. Je remerciai mille fois mon père d'avoir fait installer une clé à cette serrure pour nous protéger des voleurs. A ma grande surprise, personne ne cogna à la porte. Avais-je inventé de toute pièce cette poursuite ? Depuis mon retour la porte d'entrée s'était entre ouverte. Elle révélait un ciel magnifique, bleu nuit et parsemé d'étoiles plus brillantes que d'ordinaire. Cette porte vers l'extérieur était mon seul échappatoire. Je pouvais l'emprunter ou rester ici, dans cet enfer. Le trou noir semblait avoir emporté toute trace d'émotion. Je ne ressentais ni peur, ni bravoure. Je n'étais qu'un être aseptisé. En silence, je refermai la porte et ses cieux enjôleurs. Mais où était passé ce chien ? De toute évidence, je devais m'y résoudre : je serai seul à combattre mes démons. Cette pensée reçut en écho les ricanements pervers d'une demi-douzaine de ces monstruosités. Tapis dans les ombres du séjour, chacune d'elle arborait le visage de la mort. Je m'avançai, surpris qu'elles ne bondissent sur moi comme un seul homme. Aucune n'esquissa le moindre geste. A dire vrai, je ne les voyais pas. Le clair de lune se faufilait à travers les rideaux et dessinait inégalement les ombres. Mes pupilles adaptées à l'obscurité ne parvenaient à voir au delà des zones d'ombres les plus opaques. C'est ici que les créatures élurent domicile. Chacune d'elle occupait un manteau de ténèbre, ne pouvait s'en détacher, prisonnière de la nuit. Je devinais leur présence, la ressentais au plus profond de mon coeur. Si je m'approchais trop près des ténèbres, alors les créatures me happeraient pour toujours. Je tentais tout d'abord de les contourner, sans jamais m'approcher d'elles. Quelle étrange sensation de se savoir hors de porté mais à la fois au bord du précipice. Eux aussi le savaient et attendaient mon premier faux pas avec un enthousiasme féroce. Mon objectif était de gagner l'étage, mais à mesure que je m'approchais des escaliers conduisant aux chambres, la nuit me gagna et les rires se firent plus insistants. Je persévérai en silence, tel un équilibriste, vacillant à chaque pas, titubant à chaque souffle. Je m'étais approché trop prés, avais tenté de fuir les démons. Ils m'avaient rattrapé en même temps que les ombres. L'un d'eux m'agrippa par le col pour m'amener à lui dans un anneau où la lumière n'a plus sa place. Je me débattis comme je le pus, avec les pieds, avec les mains, avec les ongles le forçant à lâcher prise. Les contourner n'était pas la solution, je regagnai ma position initiale, dos à la porte d'entrée. Je me tenais désormais face à la salle de séjour et distinguai chaque zone d'ombre, chaque piège tendu. A ma gauche, sur le canapé perpendiculaire à celui sur lequel je m'étais endormi, j'entendis un râle d'agonie. Je n'en étais pas certain, mais l'une de ces créatures était mourante. Elle était allongée sur le canapé, les bras en croix, je sentais sa puanteur nauséabonde. A mesure que je l'observais, la terreur me paralysais. J'étais condamné. Les autres créatures me scrutaient elles aussi de leurs yeux d'obsidienne. Certaines se penchaient à travers leur prison d'ombre afin que je puisse croiser leur regard. Tous me défiaient mais je n'osais me mouvoir. Ils ricanèrent de plus belle. Leur rire me glaça le sang. J'étais seul. La pénombre était totale. A nouveau mes membres tremblèrent et un étau serra ma poitrine. J'avançais vers le mourant. Pas à pas, j'évitais les ombres, afin qu'aucune créature ne m'agrippe et ne m'emporte. J'arrivai enfin face au vieillard. Son odeur pestilentielle embauma mes poumons. Était-il inoffensif ou n'étais-ce qu'un nouveau piège ? L'action s'empara alors de mes membres avant même que mon cerveau n'en ait donné l'ordre. Je refermai mes mains autour de sa nuque, comme la monstruosité de la cave l'avait fait contre moi. Sans aucune logique, il devait en être ainsi. L'être inhumain se débattit furieusement et n'avait plus rien d'un mourant. Sa force semblait décluplée et le contact de sa peau me donnait des hauts le coeur. Chacun de ses soubresauts me suppliait de libérer mon étreinte. Mes doigts privés de morale firent tout le contraire et se refermèrent d'avantage. Je fermai les yeux un moment pour ne plus devoir supporter ce spectacle puis les grognements du mourant se turent. Son corps s'affaissa, immobile, mort comme il aurait du l'être depuis toujours. Je ressentis une once de soulagement, telle une libération, un acte salvateur qui aurait permis de purger mon âme. Mon regard se porta alors vers les tâches d'ombre desquels les créatures silencieuses contemplèrent le mort. Elles s'agitèrent dans leur prison immatérielle, voulurent se jeter sur moi mais ne le pouvaient. En éliminant cet être mourant que je présumais être leur meneur, je pensais les faire fuir, les emporter avec lui. C'est impuissant que j'assistai à leur colère. Tous rêvaient de revanche. Tous me fixaient de leurs orbites vides et noires. Depuis leur prison ténébreuse, mes démons m'attendaient.
  23. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    Mes partiels étant terminé, je peux reprendre cette chronique. [quote]Salut, juste pour dire que même si je ne m'exprime pas souvent je suis ce récit avec grand intérêt. [/quote] Et qu'en penses-tu ? />/> [quote]Le deuxième passage est un peu plus flou parce qu'on situe pas bien le passage dans l'histoire quant àla chronologie. Tu dis que c'est du passé mais ça ressemble un peu au présent (invasion de démons). Donc j'attends la suite pour avoir une explication sur tout ça [/quote] La voilà, jeune impatient ! [center]***[/center] Un nouvel éclair déchira les catacombes. Chacun de ces coups de tonnerre dévoilait à Malékith un pan du passé. Le Roi Sorcier déambulait désormais dans les couloirs de l'antique Antec, le palais de Nagarythe où se tenait jadis, la cour du premier Roi Phénix. Cela faisait une éternité que Malékith n'avait foulé les dalles marbrées de la citadelle, du temps où elle arborait encore ses étendards sable et argent. Il connaissait les lieux à la perfection. C'est ici qu'il avait grandi, dans la plus majestueuse cité du vieux monde, sous l'influence des plus grands généraux de sa race, sous le regard de son père surtout. Chaque portrait, chaque lustre, chaque dorure l'emplissaient d'une délicieuse nostalgie ; il était ici chez lui, loin de la froideur glaciale des tours de Naggaroth, dont l'architecture se mariait à ses états d'âme. Depuis si longtemps, il avait oublié qu'une forteresse pouvait cumuler esthétisme et fonctionnalité. En hâte, il emboîta le pas d'un émissaire aux cheveux châtain. Il semblait éploré et avançait à grand pas vers des appartements qui étaient interdits à Malékith, étant enfant. L'émissaire frappa. La porte s'ouvrit sans un son. — Parle sans attendre, clama une voix féminine autoritaire. — Les recherches sur l'île blafarde sont restées vaines, Ô ma reine, rétorqua l'émissaire voûté. De grosses larmes perlaient sur sa joue. Difficilement, il trouva en lui la force de poursuivre. — Nous continuerons nos recherches jusqu'au coucher du soleil, puis nous reprendrons demain, et tous les autres jours qui suivront. — Et bien faîtes, répondit Dame Morathi, aussi glaciale qu'à son habitude. Cet émissaire remémora à Malékith un bien triste souvenir. Il vivait une seconde fois la veille du jour où on lui annonça le décès de son père, tombé il y a cinq mille ans de cela. Ce souvenir fit jaillir en lui un flot d'émotion qu'il pensait éteint. La sincérité des sentiments de l'émissaire resterait gravée en lui pour toujours. Au départ de ce dernier, Malékith leva la tête vers sa mère. La froideur la caractérisait. Celle-ci n'était pas feinte, mais bien réelle. Malékith serra les points devant le dédain de celle qui l'avait mis au monde. Comment osait-elle négliger à ce point les recherches ? En tant que Reine, en tant qu'épouse, il était de son devoir d'être sur l'île et de mener les investigations. Il n'en était rien. Dame Morathi se contentait de faire bouillir un chaudron, y déposa plusieurs ingrédients, quelques breuvages obscurs et deux ou trois os poussiéreux. Elle se mit à psalmodier devant sa décoction. L'atmosphère se glaça, assombrissant les somptueux lustres de la tour nord, ce qui ne manqua pas d'attirer quelques diablotins affamés. Nourris par l'énergie accumulée, ces êtres vils tentèrent de la distraire, lui tirant les cheveux ou lui mordillant les poignets. Elle restait cependant imperturbable. Une phrase en Druk Eltharin révéla la véritable nature de son rituel : « Montre-moi le visage du successeur au trône... », exigea-t-elle du chaudron. Tous les diablotins se dispersèrent instantanément, repoussés par une force autrement plus consistante. La vapeur du chaudron devint brûlante, âcre. Sa flamme vacilla quelques temps. Morathi porta ses mains délicates sur sa fine bouche rose, puis s'agenouilla sur les dalles tièdes de la tour. Malékith enjamba le corps recroquevillé de sa mère, sans lui porter le moindre regard. Il se pencha en avant sur le chaudron. Le liquide visqueux tournoyait en un vortex qui s'épaississait petit à petit et représentait un visage en suspend. Avec amertume, Malékith constata que les traits n'étaient pas les siens. Autrefois, il eut voulu arracher le chaudron de son socle et le projeter par dessus la fenêtre du palais. Aujourd'hui, la déception n'était plus aussi vive. La culpabilité le rongeait. Était-il semblable à sa mère ? Était-il un être prêt à sacrifier son sang, prêt à sacrifier son père pour monter sur le trône ? Non, il n'en serait jamais ainsi. En tant qu'héritier légitime, toute sa vie avait été menée en honneur de son père. Mais on l'avait négligé, on l'avait trahi. Les extrémités auxquelles il avait été réduit s'étaient imposées à lui. Jamais il ne les avait choisies. Un éclair plus fort que les autres sembla consumer l'intérieur de son crâne. Les bannières d'Antec se dissipèrent, cédant à nouveau place aux ténèbres. La tête du Seigneur Kazac semblait toujours aussi démente. Elle se colla presque au visage de Malékith, immobilisé, flottant dans un espace infini, tel un corps sans pesanteur. La tête décapitée adopta alors la voix éplorée de l'émissaire du palais d'Antec. Elle prononça ces mots, très clairement : — Ces choix ne se sont pas imposés à toi. Tu les as faits en ton âme et conscience. — NON ! Protesta l'elfe au bord de l'asphyxie. Chacun d'eux était un sacrifice ! Des images de meurtres, d'empoisonnements, de tortures et d'esclavage le rattrapèrent, se mêlant aux souvenirs nobles de son père. — Tu n'auras pas été seul dans ton entreprise, ajouta la tête. Nous t'avons aidé... Ses mots reçurent en écho un ultime coup de tonnerre dont le grondement fut assourdissant. Malékith fut parachuté dans les désolations du Chaos, un territoire qu'il connaissait en détails, pour y avoir combattu les hordes de nordiques. Le passé dans lequel il fut projeté ressemblait trait pour trait à celui de l'invocation des chaudrons de sang. La caravane était la même, mais son équipage différait. Le Roi Sorcier ne parvenait pas à estimer temporellement cet événement qui, de fait, avait eu lieu antérieurement à la déchirure. Il traversa le cortège du sud au nord, frôla quelques âmes qui se retournèrent à son passage, sans le voir naturellement. Sa présence invisible en ce temps qui ne lui appartenait pas était celle du plus infime des feux follets. Il devinait que sa mère menait la caravane. L'air était glacé, le ciel était chargé. Aucune âme ne vivait à des milles à la ronde. La terre privée d'eau et saturée en magie n'abritait ni plante, ni insecte. Les sang-froids beuglaient de fatigue, de faim aussi, tandis que les chariots marquaient le sol de leurs roues. Malékith se faufila dans l'un d'eux. Il semblait abriter des victuailles fraîches. Pain, gibier, potages. Un festin se préparait. Il gagna le chariot suivant. Celui-ci recelait d'or, de calices incrustés de rubis, d'opales scintillantes et de colliers sertis de topazes. Était-ce un tribu ou une offrande ? Il inspecta un troisième chariot qui contenait divers parchemins, sans valeur. Malékith descendit pendant la marche, sans lever un grain de poussière. Sa main spectrale caressa les écailles de l'attelage. Le sang-froid se cambra instinctivement, comme paralysé. La mort elle-même semblait avoir porté la main sur son échine. L'elfe la retira et poursuivit ses recherches. Si on l'avait envoyé ici, c'est qu'il devait comprendre. Ou peut-être n'étais-ce qu'un piège de plus ? Rien ne lui garantissait que ces images étaient bien réelles. « Quand bien-même, je n'ai pas le choix », marmonna l'elfe. La caravane marqua une pause. Malékith scuta la ligne d'horizon. Il ne distinguait que des vestiges de temples et de monolithes, dressés en l'honneur de divinités corrompues. Une silhouette aux longs cheveux noirs se démarqua alors des chariots de bois. Elle ondulait gracieusement des hanches et semblait détenir entre ses mains une étrange couronne sombre. Malékith courut à perdre haleine pour la rejoindre. Il n'osait en croire ses yeux. Dame Morathi pénétra dans les ruines anciennes de Vorshgar, accompagnée de sa garde rapprochée. Les pierres d'anciens temples, bâtis par des mains non elfiques gisaient au sol. Quelques obélisques s'étaient couchées ; de nombreux caveaux avaient explosé par la force du gel. La Matriarche suprême repéra l'un d'eux, s'agenouilla, puis déposa aussi profond qu'elle le put la couronne de fer noire, la même que celle que portait Malékith depuis des millénaires. Le sol se déroba sous les pieds de Malékith. C'était cette étrange couronne qui lui avait suggéré pour la première fois d'étudier les vents chaotiques. C'était cette couronne qui, lors de la déchirure, lui conseilla de plier les démons à sa volonté, afin de repousser l'assaut des ses rivaux de Tiranoc à Ellyrion. C'était encore elle qui lui avait murmuré d'unifier son peuple d'exilés sous l'égide de Khaine. En réalité, les chaudrons ne lui appartenaient pas, ils n'étaient que les instruments du dieu du sang, réalisa le Prince. Morathi les lui avait dérobés avec audace. Quels autres pactes sinistres avait-elle pu passer avec les serviteurs de la luxure pour alimenter son éternelle jeunesse ? Sans le savoir, de nombreux Druchii vénéraient un avatar qui n'était pas le leur. Ce secret, Malékith l'avait toujours soupçonné mais, aveuglé par sa soif de vengeance, cela lui semblait dérisoire. Aujourd'hui, le calcul avait accentué sa colère et la méfiance à l'égard de sa mère s'était décuplée. Si ce passé avait vraiment existé, alors le Roi Sorcier n'était qu'un jouet. Son lien filial l'avait conduit à négliger la véritable allégeance de sa mère. Il pensait à tort que celle-ci partageait sa cause, sa vision de l'équité et de la justice. Mais quand elle sut, que le successeur au trône du Roi Phénix ne serait pas son fils, la rage emplit son coeur noir. Elle ne pouvait supporter l'idée de perdre la place privilégiée qu'était la sienne. Sans l'once d'un remord, elle plaça la couronne de fer noir dans les ruines de Vorshgar et attira Malékith à elle. Cet artefact susciterait la juste dose de curiosité et entretiendrait la rancoeur de son fils. Sa soif de pouvoir ferait le reste. Ces révélations le laissèrent interdit. Partagé entre l'amour légitime qu'il ressentait pour sa mère et la rage d'avoir été dupé sa vie durant. Il s'empressa de retirer le heaume qu'il portait. Il retira ensuite son gantelet puis contempla la chair calcinée qui découvrait ses tendons à vif. Sa pénitence lui sembla, pour la première fois méritée. Il avait été aveuglé, faible, manipulé. Le véritable danger ne résidait pas derrière la brume qui recouvre Ulthuan mais bien en son fief, à ses côtés. Jamais plus, il ne considérerait Dame Morathi. Il regretta de ne pas l'avoir faite exécuter au retour de ses explorations du vieux monde, lorsqu'il dénonça à l'opinion publique le culte des excès dont sa mère était l'instigatrice. Pour protéger ses intérêts, elle avait fait éclater une guerre fratricide et avait entretenu les années de souffrance de son fils. Quand le passé se fut dissipé et que Malékith regagna les ombres, la tête du Seigneur Kazak implosa en une gerbe de sang coagulé. Le corps de l'elfe se mit lentement à quitter l'état de pesanteur qui le caractérisait, puis chuta de plus en plus vite, tel un astre éteint. En un silence de perfidie, il se jura que quoiqu'il advienne, Dame Morathi payerait pour toutes ces vies volées.
  24. Kayalias

    Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]

    [quote]Ah, une petite critique quand même. Il aurait été de bon ton de rappeler plus explicitement qui était Festlok [/quote] C'est fait, Haldu. Le résumé est d'ailleurs posté. Place à la suite ! [center]***[/center] [b]Résumé des trois parties précédentes :[/b] [i]Au cours de la bataille de la plaine de Finuval, Malékith fut foudroyé par Teclis. Il n'eut d'autre choix que de s'enfuir par le royaume du chaos. A moitié mort, il atterrit quelque part dans le néant. Là, il fut recueilli par une puissante servante de Slaanesh qui le maintenait en vie afin de marchander avec sa mère, Dame Morathi. En « captivité », Malékith chercha différents moyens d'échapper à la prison dorée. Il s'amouracha d'Alyndra, jeune démonette qui l'aida après maintes péripéties à s'enfuir. Alors que Morathi cherche par tous les moyens de sauver son fils, celui ci erre désormais sur une terre aride et désolée, aux portes de Nurgle. Submergé par les hordes pestilentielles, le Roi Sorcier est à nouveau maintenu en détention. Pour le maître des lieux, un démon majeur de Nurgle, Malékith est un présage, mais lequel ? Au même moment, un ost slaaneshi par à la recherche du Prince.. Alors que Malékith est destiné à servir de cobaye aux expériences malsaines, trois démonettes éliminent sans difficulté les deux démons sensés cacher cacher l'elfe. Celui-ci saisit alors sa chance, et élimine à son tour celles qui étaient venues le chercher. Cette tâche accomplie, Malékith se trouva pris au piège dans le sinistre monastère, reconverti pour l'occasion en laboratoire. C'est alors qu'un râle attire son attention. Il s'agit de Festlok, l'un des deux démons de nurgle mandatés pour le protéger. Après une brève mais intense conversation, Festlok indique à l'elfe une issue souterraine dangereuse, mais à priori inconnue des slaneshii. Pour lui avoir fait grâce de ce service, Malékith achève le démon agonisant. Il ne de doute pas un seul instant que Festlok vient, à travers cet acte, de prendre possession de lui. Le démon se fait discret mais mène silencieusement Malékith à travers de nouvelles terres : celles du plus sinistre des Dieux, le Seigneur des crânes. Malékith y lutte pour survivre à chaque instant, et ce n'est qu'au coeur de la citadelle d'os, que Festlok dévoile ses véritables projets. Il voit en l'elfe une occasion unique d'éliminer son plus important rival, le Seigneur Kazac, et de restaurer l'héritage passé de son père Nurgle. Une fois le Khornite abattu d'une mort digne, Festlok abandonne son ancien hôte face à une armée de griffes et de crocs vengeurs.[/i] [center][b][size="5"]Chapite IV : la réalité détramée[/size][/b] [/center] Lorsque la hallebarde s'abattit sur Malékith, il n'en ressentit aucune douleur, comme si l'impact ne s'eut jamais produit. Son corps et son esprit tournoyaient, happés dans ce qui semblait être une autre réalité. Des images changeantes assaillaient le Prince en tous sens. Cela commença d'abord par de terribles éclairs, tous plus aveuglants les uns que les autres. Puis vinrent les souvenirs de la forteresse d'os, la sauvagerie de ses habitants, le feulement de ses molosses et la terrifiante créature qui dominait le ciel et la terre depuis son trône d'airain. L'espace d'un instant, Malékith sentit le regard brûlant de cette divinité se poser sur son âme. Elle la convoitait. L'elfe flottait dans les airs au dessus d'une marre de sang, incapable de mettre fin à sa traversée, se rapprochant toujours plus de la montagne de crânes. D'autres éclairs l'aveuglèrent. La réalité changea à nouveau et entre deux coups de tonnerre, il aperçut une minuscule silhouette s'approcher dans l'obscurité.  Cette ombre aux contours sphériques ne se détachait pratiquement pas des ténèbres. En rotation sur elle-même, elle approchait, défiant la gravité. Malékith ne distingua que tardivement sa nature. C'était une tête, une tête blafarde, séparée de son tronc. Quelques lambeaux de chair pendaient mollement au niveau de son cou et ses deux yeux roulaient perpétuellement dans leurs orbites sombres. Bientôt, les deux lèvres gelées s'ouvrirent, provoquant un gémissement strident. Malékith voulut crier à son tour, car il s'agissait de la tête du Seigneur Kazak qui le pourchassait dans la non vie. La voix n'était pas la sienne, comme les cris suraigus en attestaient. La tête hurlante arrêta sa ronde et ses deux yeux noirs rencontrèrent un instant ceux du Roi Sorcier. Ses ricanements reprirent de plus belle, la tonalité variant cette fois d'un couinement strident au grave profond, sans cesser de geindre. Malékith se sentit défaillir. Il baignait dans l'éther, se pensant mort, harcelé par le cadavre de son ultime adversaire. Impuissant et terrorisé à l'idée d'avoir gagné un monde infernal, pire que le Royaume du Chaos, Malékith ne put qu'endurer son calvaire. Au bord de la folie, le Prince jura que la tête s'était adressée à lui entre deux plaintes de douleur. — Tu veux connaître la vérité ? Regarde là ! Elle est devant toi ! dit-elle, d'une voix débordant de souffrance. Un nouvel éclair particulièrement lumineux brouilla la vision de Malékith à deux reprises. En même temps que les hurlements de la tête se perdaient dans le néant le plus complet, l'elfe noir sombrait vers un lointain passé... Quand la réalité se figea à nouveau, Malékith se trouvait dans ce qui semblait être un gigantesque tombeau. Il faisait face à sa mère dans la pénombre. Une brise surnaturelle agitait ses longs cheveux. Son visage austère, aux traits purs, ne trahissaient pas son âge. Dans cette réalité, elle ne pouvait voir son fils. Celui-ci errait telle une âme immatérielle dans les couloirs du temps. Dame Morathi contemplait la splendeur d'une œuvre unique. Il s'agissait d'un immense chaudron de bronze, surmonté d'un autel de marbre vert. Un ornement d'or et de jades entrelaçait les différentes parties de l'édifice. Dame Morathi se tint devant le chaudron, immobile, fascinée par la puissance qu'il s'en dégageait. Malékith détacha son regard du visage de sa mère et vint caresser le pourtour du chaudron. Un liquide vermillon s'en échappait. Une vapeur âcre tapissait le plafond de pierre des catacombes. Le sang contenu dans le chaudron bouillonnait, sans qu'aucun feu ne le réchauffe. Le Roi Sorcier ne masqua pas son dégoût. Il observa en détail les magnifiques ornements qui escaladaient la paroi d'une imposante silhouette. Vaguement humanoïde, celle-ci revêtait un masque de mort, et était armée de dagues sacrificielles, comme si elle eut versé elle-même le sang dans le bassinet. Un nouvel éclair aveugla le Roi Sorcier.  Cette fois, il marchait sur une plaine vierge. Un cortège Druchii l'accompagnait. De lourds nuages pesaient au dessus de la terre et quelques rocs torturés défiaient les cieux. La caravane était exclusivement constituée de femmes elfes. L'une d'elle chevauchait un palefroi ébène et traversa le corps de Malékith. Elle se retourna, visiblement prise d'un malaise, mais ne vit que l'horizon devant elle. Intriguée, elle vaqua finalement à sa tâche, n'expliquant pas l'objet de son trouble. La caravane débordait d'or et de pierres précieuses. Elle était tirée par ces lézards géants et agressifs que l'on nomme communément « sang-froids ». Pour les dresser, les Druchii devaient s'enduire de leur salive. Ils appréciaient ce genre de monture pour leur endurance remarquable et pour l'escorte qu'elles constituaient en cas de péril. Or, ce dernier n'existait que dans la forme. En effet, les véritables gardiens de la caravane étaient en fait des gardiennes. Toutes membres du couvent noir, les courants de magie vrombissaient à leur passage. Même le Prince pouvait les sentir malgré l'écart temporel. Certaines thaumaturges recelaient une puissance incroyable qui impressionna le Roi Sorcier. Ce talent l'avertit qu'il n'avait pas affaire à de simples néophytes, bien au contraire. Il ne connaissait pas le nom de ces splendides créatures et s'en offusqua. Sa mère lui aurait-elle caché l'existence de ces sorcières ? Lui aurait-elle nié jusqu'à l'organisation de cette expédition dans les désolations ?  Point le temps de dissiper ce mystère. Dame Morathi en tête de cortège leva la main, signe que la destination était atteinte. En amont, se dressait un monolithe d'airain, gravé de runes datant de temps immémoriaux ; le Roi Sorcier ne pouvait les comprendre. Il remonta la caravane, puis frôla le caban délicat de sa mère, humant son parfum de fleurs. Le langage du monolithe lui était bel et bien inconnu. Était-ce une plaisanterie ? Sa mère lui avait enseigné tout ce qu'elle savait. Les sorcières établirent plusieurs sortilèges tout autour de la pierre, dressant un périmètre de sécurité. Puis Dame Morathi commença à psalmodier. Ses paroles étaient dures et glacées. L'atmosphère devint électrique et les montures s'agitèrent. On lisait de la nervosité sur les visages pâles des membres du couvent et toutes semblaient prêtes à défaillir. La matriarche, imperturbable, poursuivit sa sinistre litanie. Des crépitements d'énergie se firent entendre. De derrière les rochers, apparurent d'innombrables silhouettes distordues, attirées par la déferlante de magie. Leurs multiples pattes griffues lacéraient le sik et leur gueule menaçante bavait une substance acide. Elles se dirigeaient vers la caravane. Les sangs-froids brisèrent presque leurs harnais, tant ils s'excitaient. « Qu'attendent-elles pour les anéantir ?, » s'interrogea le Prince. Toutes les thaumaturges retinrent leur souffle. Le rituel devait être perturbé le moins possible. Tout sortilège parasite était momentanément proscrit. Les sorcières attendirent le dernier moment pour éliminer ces créatures. Elles levèrent leur doigt à l'unisson et plusieurs tornades d'ombre recouvrirent les abominations. Celles-ci furent transportées dans un violent ballet de magie brute qui dispersa en morceaux leur corps ravagé. Dame Morathi n'accorda aucune attention à ses servantes, pas plus qu'au beuglement des sangs-froids. La ride de la concentration se lisait sur son front. Le rituel progressait et le sol trembla. Désormais, plusieurs failles s'ouvrirent vers différents plans et il en jaillit un flot d'écorcheurs, identiques à ceux qu'avait croisé Malékith, au sein de la forteresse d'os. La horde sanguinaire n'hésita pas un seul instant et semblait prête à tout pour empêcher le rituel de s'achever. Malgré leur résistance inhérente à la magie, la puissance combinée des sorcières de Morathi ne fit qu'une bouchée de ces êtes abjectes. Les éclairs foudroyaient les démons par dizaines, tandis que les rares survivants se heurtaient aux sauvages montures qui tiraient la caravane. Au coeur de la bataille, Malékith voyait la situation se dégrader. Toujours plus de failles s'ouvraient et les sorcières seraient bientôt submergées. Quand un démon tombait, dix prenaient sa place. Dame Morathi suait à grosses gouttes. L'un de ces écorcheurs parvint soudain à tromper la défense du barrage magique et tenta d'asséner un coup vicieux à la Matriarche. « NON ! », s'écria Malékith, tentant en vain de s'interposer. Un javelot noir le traversa sans douleur et empala l'écorcheur en pleine poitrine. L'elfe se retourna stupéfait d'être indemne, puis croisa le regard glacial d'une sorcière suprême à la vigilance redoublée. Quand la bataille fut à son paroxysme, un gigantesque portail s'ouvrit au coeur de la plaine. Une créature à la dimension terrifiante penchait son torse en avant, forçant le portail démoniaque trop étroit. Sa tête était celle d'un buffle aux cornes embrasées et à la peau calcinée. Son museau soufflait un air brûlant et ses petits yeux rouges brillaient d'une rage démentielle. A l'aide de ses poings gorgés de puissance, semblables à deux rochers flamboyants, il tentait de se hisser hors de son monde. Aussitôt, les quatre sorcières les plus puissantes se tournèrent vers ce démon que tous eurent préféré fuir. D'une seule volonté, elles unirent leur sortilège et projetèrent une nova d'énergie brute qui fit reculer le monstre. Celui-ci ne renonçait pas et se cramponna fermement au portail, désireux de semer la mort parmi les mortelles. Les hordes de démons recouvraient la plaine et plusieurs sorcières furent assaillies. Certaines trépassèrent, leur sang pur répandu avidement sur le sol. Un cercle se formait autour de la Matriarche et des quatre thaumaturges. Épuisées, elles ne tiendraient pas longtemps. Un soulagement général galvanisa les sorcières, lorsque Dame Morathi acheva le rituel d'une voix puissante. Le sol trembla à nouveau, le monolithe s'effondra et toutes les failles se refermèrent une à une. Le portail du démon majeur fut le dernier à disparaître. Son hôte chercha à lutter de toutes ses forces, poussant un beuglement de frustration lorsqu'il fut ramené de force vers son Royaume d'origine. Les quatre sorcières et Morathi s'effondrèrent au sol, exténuées. Les survivantes enjambèrent les morts et portèrent assistance à leur maîtresse. Dame Morathi puisa dans ses dernières forces, se leva avec peine puis se tint sur son sceptre aux serres aiguisées. Le monolithe désormais incurvé avait creusé un sillon dans la terre, un sillon qui menait à des catacombes. Malékith s'y précipita immédiatement et y découvrit l'objet de sa première vision. Les sorcières allumèrent des flammèches au coeur de leur paume et illuminèrent un chaudron de sang, orné d'or et de marbre. Plusieurs acclamations se firent entendre, tranchant avec la nature habituellement placide des membres du couvent. L'une des quatre sorcières s'adressa à la Matriarche, à bout de souffle. — Toutes mes félicitation, ma Reine. Le rituel s'est achevé avec succès. Le monde se souviendra longtemps comment, grâce à votre talent, nous avons pu dérober au Dieu du sang en personne l'un de ses artefacts de carnage. Morathi ne répondit pas à ce compliment lourd de sens, mais la flamme du triomphe brillait dans ses deux magnifiques yeux. 
  25. [quote]Comment présenter sa passion sur un CV ?[/quote] S'il s'agit de warhammer alors mieux vaut ne pas la présenter. L'a priori est très souvent négatif au sujet du modélisme, surtout quand il s'agit de " petits soldats de plomb " comme tu l'as si bien dit. Si tu souhaites la présenter c'est que tu y tiens ou que tu essaies forcément de te " distinguer ". Sur ce point tu as bien raison, après tout un employeur préferera toujours un profil extraordinaire ( dans le bon sens ) qu'un profil quelconque. Le seul bémol c'est que le modélisme surtout s'il se rapporte à " des petits soldats de plomb " est très mal vu. Puéril et ridicule sont bien souvent les mots qui y sont associés. C'est parfaitement stupide, mais c'est ainsi. Les recruteurs ne sont malheureusement pas souvent des exemples d'ouverture d'esprit. Les hobbys sont un un moyen d'exprimer une partie de ta personnalité, mais en souhaitant présenter ta passion pour les warhammer, tu prends un risque. Un risque sans doute plus grand que le bénéfice que tu peux en tirer. Un employeur préferera presque toujours un musicien de talent ou une ceinture noire de judo à un modéliste. C'est un fait alors sauf si tu as un plan génial pour présenter ta passion je te déconseille de l'afficher sur ton CV. Entre présenter ta passion et avoir le poste, tu préfères le poste je présume ? Alors il faudra conformer tes hobbys malheureusement. Après tout on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ? Au fond le plus important n'est peut-être pas de présenter ta passion sur un CV, prendre un risque inutile auprès d'un recruteur qui au mieux risque de s'en f*****, au pire te considérer comme un ayatollah qui n'est pas sorti de l'enfance. Ce qui compte c'est de présenter nôtre passion à nos proches ( qui bien souvent réagissent de premier abord comme les recruteurs à ce sujet ... ), car eux nous laisseront au moins une chance.
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