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Les racines de l'hérésie


Rippounet

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Prologue

Le brouillard enveloppait la plaine, dessinant des formes éphémères dans les premiers rayons de l’aube. Un hurlement déchira le silence, et une silhouette massive écarta les volutes, projetant une ombre colossale sur le sol gelé. L’appareil s’immobilisa, et le brouillard reprit ses droits, dissimulant l’intrusion de tout œil indiscret. Quelques grincements métalliques plus tard, le bruit feutré de lourdes bottes marchant sur l’herbe résonna sinistrement, bientôt suivi de voix humaines. Une demi-douzaine de soldats se déploya autour de la navette, cependant qu’un groupe hétéroclite scannait les environs.

- Il n’y a pas de doute possible, seigneur. Les perturbations venaient bien de cette zone.

- Peux-tu sentir une présence ?

Un homme pâle et maigre, habillé dans un long manteau gris ferma les yeux pour se concentrer.

- Oui, il y a quelqu’un, mais son aura est trop faible pour être celle d’un damné.

- Où ?

Un doigt pointé vers l’horizon indiqua ce qui semblait être une bâtisse primitive. De quelques gestes de sa main droite, l’inquisiteur ordonna à ses hommes de former un périmètre défensif. Les soldats disparurent dans la brume.

L’inquisiteur était nerveux. Il détestait tout ce qui avait à voir avec le Warp, et bien qu’il ait affronté ses créatures un nombre impressionnant de fois et survécu, il ne pouvait s’empêcher de sentir la peur et la répulsion que lui inspiraient le Chaos. Les puissances démoniaques ressemblaient d’année en année de plus en plus comme une marée inexorable, touchant les planètes de ce secteur les unes après les autres. Sur celle-ci la rébellion était solidement contenue par les deux régiments de Garde Impériale venues renforcer les forces de défense planétaire, mais les démons étaient capricieux, et les remous causés par leur volonté pouvait toujours être annonciateurs d’un désastre imminent. Il avait été témoin de telles choses, quand la sorcellerie et la malice s’unissaient pour renverser le cours d’une campagne... Pourtant, malgré les craintes de son astropathe, cette matinée semblait étrangement banale.

Il secoua de telles pensées hors de son esprit. Il lui fallait rester prudent. Des individus étaient morts et avaient causé la ruine de civilisations entières pour avoir baissé leur garde. Sa rêverie fut d’ailleurs interrompue par le retour de son sous-officier.

- Périmètre sécurisé, seigneur…

- Qu’y a-t-il sergent ?

- C’est pas beau à voir, monsieur. Nous arrivons trop tard.

L’inquisiteur se hâta vers la maison, dont il distinguait maintenant les contours. Une petite chaumière de pierres sans étages, probablement celle d’un cultivateur local. Il n’y avait pas de traces de bataille dans le jardin, mais dés qu’il eut franchi la porte, il comprit que cela n’allait en effet pas être beau à voir. L’odeur du sang et de la chair brûlé assaillit ses narines, soulevant son cœur comme à chaque fois.

Dans la pièce principale, tout semblait en ordre, si ce n’était le couple accroché au mur près de la cheminée. Ils avaient été crucifiés sur des poutres, leur ventre ouvert laissant tomber leur tripes sur le tapis, désormais d’une teinte vermillon. Il n’y avait pas de traces de lutte, pas de symboles occultes visibles. Avaient-ils servi à un rituel ? Il était rare que les serviteurs de dieux noirs laissent une scène du crime aussi ordonnée. Mais si ce n’étaient les rebelles, qui pouvait avoir commis une telle atrocité ?

- Mähler.

- Oui, seigneur ?

- La présence que tu as sentie est-elle dans cette maison ?

- Oui, seigneur. Mais pas dans cette pièce. Dans la chambre à coté.

- Nous n’avons trouvé personne ici, monsieur. », interrompit le sergent.

Lui intimant de se taire d’un regard, l’inquisiteur entra dans la chambre. Là aussi, tout était en ordre, et il était difficile d’imaginer le carnage qui se trouvait à quelques mètres. D’un geste fluide, il dégaina un pistolet et examina attentivement le mobilier. Seule l’armoire pouvait abriter quelqu’un. Il hésita un instant à tirer dans le meuble afin d’empêcher la moindre surprise, mais un sentiment curieux l’emplit, comme s’il sentait que ce serait une erreur. Quelles chances y avait-il pour qu’un rebelle attende là une mort certaine après avoir fait sa besogne ? Le pistolet toujours en main, il ouvrit d’un coup l’armoire.

Au premier coup d’œil, il ne vit rien, trop habitué à chercher des menaces. Puis, il s’agenouilla face à sa trouvaille.

- Bonjour, toi. Comment t’appelles-tu ?

- Milone. », fit une petite voix terrifiée.

- Et bien Milone, sais-tu ce qui s’est passé ici ?

- Il y avait des hommes.

- Des hommes comment ?

Le gamin se blottit de plus belle contre un manteau d’hiver avant de répondre.

- Comme vous.

Bien sûr. Il était tellement habitué à son armure énergétique qu’il l’oubliait quelque fois, comme si elle était une seconde peau. C’était là une information très dérangeante. Si une force de marines du Chaos se trouvait sur la planète derrière les lignes impériales, elle pouvait à elle seule donner aux rebelles une chance de contrer la Garde Impériale.

- Je ne suis pas comme eux Milone. Je sers l’Empereur-dieu de l’humanité, et je suis là pour détruire les gens comme eux. Tu me crois ?

- Oui.

- Veux-tu avoir l’occasion de le faire aussi ?

Le môme se redressa, sortant pour la première fois en pleine lumière. Il devait avoir six ans tout au plus, avec de longs cheveux blonds qui retombaient sur ses épaules. Pour la première fois depuis leur arrivée, ses yeux s’illuminèrent d’un éclat nouveau tandis qu’il raidissait son corps.

- Oui.

- Alors suis-moi. J’ai bien besoin d’un garçon aussi courageux que toi à mes cotés. Je te montrerai comment œuvrer contre le mal.

Le gamin fixait le sergent, qu’il désigna du doigt dans l’instant qui suivit.

- Lui. Il sent comme les autres. Il sent la mort.

L’inquisiteur porta son regard sur le sous-officier, interloqué. Ce dernier esquissa un sourire puis, d’un geste vif, pointa son fusil-laser sur l’enfant.

- Toi ! Tu vas- !

Il n’eu pas le temps d’appuyer sur la gâchette. Un bolt dans la tête propulsa sa cervelle sur les coussins du lit. Tout en se relevant, l’inquisiteur rengaina.

- Je sens que tu vas m’être très utile.

Chapitre 1 : Arrivée sur Orar

La femme courait à perdre haleine, la panique inscrite sur chacun des traits de son visage. Vêtue d’une simple robe rougeâtre, elle s’écorchait les pieds nus sur les débris qui jonchaient le sol de ce niveau. Une odeur fétide de décomposition rendait sa respiration encore plus pénible. Plus bas, toujours plus bas. Ce niveau n’était pas sûr, ils pouvaient la retrouver ici. Ils avaient mis trop de temps à la découvrir, et maintenant elle savait. Il lui faudrait descendre encore, jusqu’au bas-fond de la ruche, jusqu’au sous-monde qui existait après les niveaux industriels. A ce rythme, il ne lui faudrait que quelques minutes pour atteindre le monte-charge 44, celui qui menait aux usines Goliath, les plus profondes qu’elle connaissait. Elle apercevait déjà la forme familière au loin. Il n’y avait pas de garde, ce qui était bon. Elle avait peut-être une chance.

Un rayon lumineux la frappa de plein fouet au visage, traversant son œil gauche et pulvérisant sa boîte crânienne. Le cadavre retomba avec un bruit mou sur le sol puant. Trois cent mètres plus loin, l’assassin Yeld murmura quelques mots dans son micro, déploya ses ailes et disparut.

L’esprit perdu dans les rapports, le commandant en chef des arbitrators de la ruche primus de la planète Orar faisait une mine sombre. Il se donna tout juste la peine de relever la tête tandis qu’on ouvrait la porte. Un homme massif entra, vêtu d’une cape sombre qui dissimulait mal une épaisse armure, suivi d’un garçon blond d’une quinzaine d’années.

- Qui êtes vous ?

L’homme montra sa bague, sur laquelle une lettre unique était gravée.

- Seigneur inquisiteur Griffith.

- L’inquisition ? Ah oui, vous venez pour elle…

Le commandant saisit un dossier et l’ouvrit sur le bureau, laissant s’étaler une demi-douzaine de photos d’un cadavre de sexe féminin.

- L’enquête n’a rien donné. On n’a pas pu retrouver de parents. Ses derniers agissements n’avaient rien de suspect. Tout laisse à penser qu’elle était un cas isolé et qu’elle se serait rendue elle-même si elle n’avait pas su ce qui l’attendait.

- Et sur quoi vous basez-vous pour arriver à cette conclusion ? » fit une troisième voix.

Le commandant sembla voir vraiment le garçon pour la première fois.

- Nous n’avons aucune raison de penser qu’elle n’était pas la seule.

- Si commandant, vous en avez une. Et vous l’auriez certainement trouvé tout seul si vous vous en étiez donné la peine.

D’un geste, Griffith fit taire le garçon.

- Du calme. Nous n’avons aucune raison de croire que vous ayez failli votre devoir. Cependant, une anomalie semble s’être glissée dans les analyses que nous avons reçues de vos services.

- C’est à dire ?

- L’examen du corps semble avoir relevé des niveaux alarmants de certaines toxines dans le sang. Des toxines qui ne pouvaient se trouver sur le lieu du décès que vous nous avez indiqué. Vous comprendrez que la sécurité de l’Imperium ne peut se reposer sur des rapports incomplets.

- Incomplets ? Nous vous avons envoyé tout ce que nous avions. Le corps a été trouvé sur son lieu de travail. Sept témoins l’ont vu s’y rendre ce matin là. Rien ne porte à croire…

- Ce genre de toxines se dissout très rapidement dans le sang. Leur fixation dans le sang de cette femme semble indiquer qu’elle se trouvait dans un niveau souterrain lorsque vous l’avez abattue.

- Ce ne sont pas mes hommes qui ont fait ça.

L’inquisiteur jeta un œil sur son acolyte.

- Milone ?

- Cela explique la nature de la blessure. Seul un fusil laser de haute puissance pouvait causer de tels dégâts. L’Arbites leur préfère l’usage d’armes à portée réduite.

- Savez-vous qui l’a abattue ?

L’arbitrator eut une expression d’inconfort.

- Commandant ?

- Ce sont ses employeurs qui nous l’ont livrée.

- Qui sont ?

- La maison Alanti.

Griffith garda le silence, et l’officier crut bon de répondre à la question indicible.

- Nous n’avons rien à reprocher à la maison Alanti. Pour autant que l’on sache, ils étaient impatients de s’en débarrasser.

- Un peu trop impatients pour la transformer en ça, non ? » fit le garçon, montrant les photos du doigt.

- Savez-vous qui s’en est chargé ? », reprit Griffith.

Le commandant fit un geste d’impuissance.

- Les Alanti ont beaucoup d’hommes et de moyens. Ils ont pu confier la tâche à un de leurs assassins. Il ne se fera pas facile de le découvrir.

- Sans doute pour cela que vous ne l’avez pas fait en premier lieu ? », asséna Milone.

- Commandant, l’Inquisition souhaite que vous placiez tous vos hommes disponibles sur cette affaire, jusqu’à temps que nous apprenions tout de cet incident.

L’ordre n’avait pas besoin de réponse.

- Je veux également que vous me mettiez en contact avec le responsable de la sécurité de la maison Alanti. », ajouta Griffith.

- Quand voulez-vous le rencontrer ?

- Tout de suite. Qu’il nous attende à l’entrée du domaine Alanti.

Sur ce, l’inquisiteur tourna les talons et se dirigea en direction du turbo-lift par lequel il était venu, son jeune assistant derrière lui.

- Milone ?

Le lift était de forme circulaire, probablement piégé par des explosifs si ses passagers devenaient un risque potentiel, et sans aucun doute truffé de capteurs divers pour pouvoir espionner les visiteurs. Demander l’avis du garçon revenait pour Griffith à avouer ses véritables pensées à l’Arbites, et donc implicitement à montrer que là n’était pas sa véritable cible. L’inquisiteur pouvait déjà imaginer le soulagement du commandant une fois qu’il aurait vérifié les enregistrements pour la énième fois.

- Il ne nous a pas tout dit. Je pense qu’il se doutait que les Alanti avaient d’autres raisons derrière l’exécution, mais il a sans doute supposé que c’était juste une question de mauvaise publicité.

Griffith approuva de la tête. La perspicacité du jeune homme ne le surprenait plus, mais il se trouvait parfois sans voix devant ses analyses.

- En effet. Reste à savoir s’il a eu raison ou non.

- Maître, pourquoi être venu ici en personne ? Vous auriez pu confier cette affaire-

- Nous vivons une époque troublée, Milone. », l’interrompit l’inquisiteur, « Notre devoir est de traquer toutes les hérésies, même si cela s’avère fastidieux. »

- J’aurais pu m’en charger en votre nom.

- Tu n’es pas encore inquisiteur, Milone. », répondit Griffith, l’intonation de sa voix montrant qu’il estimait la conversation terminée.

- Vous êtes natif d’Orar, n’est-ce pas ? », reprit le garçon, changeant de terrain.

La référence était subtile. Non seulement Milone accusait l’inquisiteur d’avoir voulu traiter lui-même l’incident pour des motifs personnels, mais il l’annonçait également à l’Arbites, qui n’ignorait pas quelles mesures pouvaient prendre un inquisiteur pour sauver son monde natal. C’était rappeler la puissance sans limite de l’Inquisition sur les autres organisations impériales.

- Oui. Toutefois, l’école de la Schola Progenum dans lequel j’ai grandi se trouve sur un autre continent.

- Voulez-vous que nous nous y rendions ?

- Non, Milone. Le devoir n’attend pas. De plus, mes vieux instructeurs sont probablement morts maintenant.

- Ils auraient été fiers de vous.

Griffith eut un regard inquiet pour son protégé. Parfois, le garçon avait de ces commentaires désarmants, qui trahissaient une maturité étonnante pour son âge. Sans parler de son intuition hors du commun, qui après toutes ces années lui valaient encore un examen psychique hebdomadaire par les psykers de son ordre. Un jour sans doute, il deviendrait un inquisiteur formidable, se dit Griffith. S’il survivait jusque là.

C’était Milone qui avait déterré l’anomalie du rapport de l’Arbites. Le garçon avait remarqué qu’un nombre croissant de tels cas avaient été signalés sur Orar. L’apparition et l’exécution de sorciers n’étaient pas en soi anormaux pour l’Imperium, mais les jeunes psykers, s’ils étaient détectés à temps, étaient supposés être remis à l’Inquisition –vivants si possibles. Une recrudescence de psykers morts suggérait en soit qu’un groupe d’intérêt était à l’œuvre sur Orar, susceptible d’empêcher le bon fonctionnement d’un des millions de rouages de la grande machine impériale. Il n’était pas rare que des extrémistes religieux –souvent avec le soutien de l’Ecclésiarchie- traquent les psykers en tous genres, y compris ceux qui étaient nécessaires à l’Imperium tels que les astropathes, les navigateurs, ou même certains inquisiteurs. Cela était dû à un paradoxe du credo impérial, qui rejetait le mutant mais n’hésitait pas à utiliser ses pouvoirs. Quelques inquisiteurs, très conscient de ce paradoxe, poussaient même le raisonnement jusqu’au bout et s’entouraient non seulement de sorciers, mais également d’artéfacts xénos, voir même hérétiques.

Griffith interrompit un instant sa rêverie pour s’interroger sur les raisons de celle-ci. Mähler, son diseur de vérité, se reposait dans la base orbitale au-dessus d’Orar. Son vieil âge lui interdisait désormais de quitter la faible gravité des installations et vaisseaux spatiaux. Comme tous les acteurs de l’Imperium, il utilisait lui aussi la puissance du Warp. Y avait-il là une réflexion utile pour son investigation ?

En débouchant dans le hall principal des Alanti, Griffith compris que oui. Le luxe opulent d’une des maisons nobles principales d’un monde tel qu’Orar était impressionnant, même pour un inquisiteur âgé de plus d’un siècle. Du coin de l’œil, il vit Milone se raidir, dégoûté par cet étalage de richesses, et se demanda brièvement si un tel préjugé pouvait entraver le raisonnement de son assistant. Probablement pas, le garçon était trop intelligent pour ne pas connaître ses propres dégoûts, et s’en méfier.

Le hall était suffisamment large pour accueillir plusieurs titans, entièrement pavé de marbre blanc, décoré de somptueuses plantes, certaines colorées, d’autres odorantes. Un subtil manège de lumino-globes sur suspenseurs dansait au-dessus de leurs têtes, projetant ombres et lueurs, troublant les sens et les émotions. Le long des murs, des cascades d’eau descendaient jusqu’au sol pour former des petits étangs dans lesquels nageaient tout une variété de carpes Koï, une espèce disparue sur Terra depuis des millénaires, et reconstituée à partir de fragments d’ADN. Un seul de ces poissons pouvait acheter une ville entière sur certaines planètes.

Griffith attendit quelques instants à l’entrée, sachant que des douzaines d’yeux l’observaient en ce moment même, et sachant pertinemment que son arrivée avait déjà été annoncée dés qu’il était monté dans le lift menant au domaine Alanti. Sans surprise, un homme émergea des fougères sur leur gauche et s’approcha du groupe, les épaulettes dorées de son uniforme étincelant dans le ballet incessant des lumino-globes.

- Seigneur-inquisiteur Renaldo Griffith ?

L’usage de son prénom en ces lieux en disait long sur les moyens d’informations de leur interlocuteur.

- Lui-même. Et vous êtes sans doute Jonas Fisk, major-général des Alanti ?

L’homme eut une grimace, rapidement dissimulée. Griffith fut amusé. Il avait été un jeu d’enfant pour Milone d’accéder aux bases de données locales à partir du terminal présent dans le lift –même si le garçon était sans nul doute le seul être humain en-dehors des techno-prêtres à pouvoir accomplir un tel exploit. On peut jouer à deux, disait maintenant l’inquisiteur.

- Très bien, sire. Je vais vous menez instamment à nos locaux. Vous y trouverez ce que vous cherchez.

Ce pouvait être de la renonciation, ou un nouveau leurre. Les trois se dirigèrent vers la cascade la plus proche, qui s’interrompit sur un geste de Fisk pour révéler une cavité.

- Vos rapports sont très précis quant à l’exécution elle-même, mais en disent fort peu sur les motifs de celle-ci. » remarqua Milone, après quelques minutes d’examen attentif.

- Avions-nous besoin de motifs particuliers pour éliminer une sorcière ?

Milone eut un regard entendu vers son maître, qui approuva d’un clignement de paupières. Trois secondes plus tard, le garçon se précipitait sur le terminal du quartier général de la sécurité, pendant que l’inquisiteur appuyait le canon de son pistolet-bolter contre le front de Fisk.

- Nous n’avons guère le temps pour cela. », dit simplement Griffith, avant d’appuyer sur la détente.

Dissimulé dans un coin de la pièce, un haut-parleur grésilla.

- Nos excuses, seigneur-inquisiteur. Vous comprendrez nos précautions…

- Comme vous comprendrez mon impatience. », rétorqua l’inquisiteur.

- Rejoignez-moi dans mon bureau. Voici le code d’accès.

Leur nouvel interlocuteur n’avait rien du sous-fifre cette fois. Sirius Alanti était un jeune hommes d’une petite vingtaine d’années, visiblement habitué aux hautes sphères du pouvoir comme aux inquisiteurs. Son bureau était rangé avec une attention presque maniaque pour le détail, des feuillets de renseignements posés parfaitement perpendiculaires aux rebords, deux cristaux d’une grande beauté placés de façon impeccablement symétrique aux deux cotés de la table, et des crayons tous superbement parallèles les uns aux autres.

- J’irai droit au but. » fit-il d’un air entendu. « Il doit maintenant vous être évident qu’un membre de notre famille a cherché à utiliser des sorciers. »

Griffith et Milone restèrent silencieux. Leur pire hypothèse s’étant révélée exacte, il leur restait maintenant à anticiper la position des Alantis. Sirius poursuivait :

- Mon père a eu six fils et deux filles, chacune d’entre elles s’étant mariée à un noble d’une autre maison. La succession de la maison Alanti est un enjeu considérable sur Orar.

- Et vous proposez de nous aider ? », questionna Griffith.

- Je ne vous aurai pas envoyé Fisk si ce n’était le cas. », répondit Sirius, la voix pleine d’ironie –ou de moquerie.

Wheels within wheels, songea Griffith. Sirius avait volontairement envoyé un sous-fifre incompétent pour leur faire comprendre la responsabilité de sa maison. Ce faisant il avait sacrifié un pion qui ne lui appartenait pas, tout en donnant une excuse aux deux partis pour commencer les opérations.

L’Inquisition était maintenant impliquée dans la querelle de succession d’une maison noble, querelle qui pouvait impliquer des aristocrates sur toute la planète. Griffith bouillait intérieurement, sachant qu’il ne pourrait pas complètement empêcher le fait d’être un pion pour les partis en présence –un pion sacrifiable, tout comme Fisk l’avait été. Il leur faudrait à présent redoubler de vigilance, et avancer de manière à surprendre leurs adversaires comme leurs alliés. Il était devenu le cavalier d’une partie d’échecs très complexe.

Milone aussi avait compris. Son regard était maintenant devenu dur, et il fixait l’aristocrate avec une intensité que Griffith ne lui connaissait pas. Il n’aimait pas être manipulé, et leur présence ici témoignait déjà du fait qu’ils l’étaient. Peut-être leur venue elle-même avait été calculée depuis le début par un parti ou par l’autre. Ce pouvait très bien être le fait de Sirius.

- Comment comptez-vous nous aider ? », demanda prudemment Griffith.

- Et qu’y gagnerez-vous ? », ajouta Milone, sa voix presque tremblante de rage.

Sirius sourit.

- Je suis le quatrième fils du seigneur Magel Alanti. En théorie, je n’ai pas la moindre chance d’accéder jamais au trône de mon père. Mais si je vous aide à démasquer celui ou ceux de mes frères qui ont fait cela…

- Vous ne pourrez pas accuser tous les autres prétendants. », souligna Griffith.

- J’ai d’autres moyens. », se contenta de dire Sirius.

- Milone ?

Ils étaient maintenant de retour à bord de la base orbitale impériale, qui leur servirait désormais de quartier général maintenant qu’ils se savaient menacés à la surface de la planète. Mähler était là désormais, ainsi que le scribe Lacan et le techno-adepte Kohl.

- Sirius Alanti est un aristocrate ambitieux, mais ce n’est pas un fou. Il sait très bien qu’en traitant avec nous il doit être au-dessus de tout soupçon. Je suis convaincu que son dossier nous montrera que c’est un homme particulièrement pieux.

- Sans conteste. La question est de savoir s’il peut vraiment nous aider. » fit Griffith.

- J’en suis convaincu, maître. Il ne nous aurait pas contactés s’il ne pensait pas nous être utile. La question est maintenant de savoir sur lequel de ses frères doit se porter notre attention. Sirius ne nous aiguillera pas de son plein gré, sachant que la simple attention de l’Inquisition peut suffire à ruiner la réputation de ses concurrents.

- A votre demande, j’ai étudié les différentes branches de la maison Alanti. », déclara Lacan, étalant sur la table une série d’épais documents.

- Quelles sont les structures du pouvoir ? », interrogea l’inquisiteur.

- Fragmentaires, hélas. Mis à part l’aîné, il est difficile de trouver des factions dominantes au sein de la maison. Les alliances se font et se défont au gré des opportunités. »

- Et nous en sommes une… Qu’en est-il des sœurs ? », interrompit Milone.

- Là aussi nous jouons de malchance. Elles ont marié des membres importants de maisons secondaires, les maisons Fontyr et Guliam respectivement, qui peuvent chacune avoir de bonnes raisons d’œuvrer contre les Alanti. », dit Lacan.

- Sirius doit savoir tout cela. Il compte sur nous pour faire le ménage. », conclut Milone.

- Bien évidemment. », lâcha Griffith, sur un ton qui ne laissait aucun doute sur l’opinion qu’il avait de l’aristocrate.

- Seigneur, » interrompit Kohl de sa voix artificielle « n’est-ce pas là une affaire sous la jurisdiction de l’Arbites plutôt que de notre ordre ? »

Griffith hésita. Les enjeux étaient considérables, mais l’utilisation non-autorisée de psykers par une maison noble pouvait en effet relever du contrôle de l’Arbites ou du gouverneur planétaire. C’était loin d’être un crime rarissime dans un empire d’un million de mondes où les intrigues internes au pouvoir étaient aussi intenses que les guerres contre les forces xénos. De fait, la plupart des grandes maisons impériales commettaient de telles infractions impunément. L’Inquisition avait sans doute été attirée sur Orar par un noble particulièrement ambitieux et peu scrupuleux. Fallait-il vraiment continuer une investigation qui ne déboucherait sur rien d’autre que l’accomplissement de ses objectifs ?

- Maître… », plaida Milone.

- Milone ?

- Je pense que nous avons contourné le véritable problème.

- Parle ! », ordonna Griffith, sa voix grave.

- Nous nous concentrons trop sur les raisons de ce crime, et nous oublions la véritable question.

Un silence gêné accueillit la déclaration de Milone. Pour la première fois depuis qu’il avait été recueilli par l’équipe du seigneur-inquisiteur Griffith, il semblait avoir dépassé les facultés de raisonnement combinées de tous ses collègues et amis.

- Nous devons savoir depuis quand cette pratique dure. L’utilisation de pykers renégats n’est pas en soi une affaire pour notre ordre, mais si les Alanti ont déjà utilisé plusieurs de ces êtres, comment savoir s’ils sont capables de les contrôler ? Comment savoir si un de ces psykers n’a pas déjà acquis un pouvoir impossible à contrôler, capable de menacer la planète entière ?

Personne ne parla durant les quinze secondes qui suivirent, chacun étant trop occupé à contempler une telle possibilité. Milone avait mis le doigt sur la véritable raison de leur présence sur Orar. Ils devaient s’assurer qu’aucun psyker renégat ne menaçait la gouvernance impériale de la planète. Ils devaient s’assurer qu’il n’existait ni culte hérétique, ni secte en contact avec les Alantis. Ils devaient quitter Orar en étant certains que les puissances du Warp ne menaçaient pas le monde-ruche. Un à un, les visages se tournèrent vers Griffith, attendant sa décision, prêts à boire ses paroles.

- Milone a raison. » fit-il enfin « Nous ne pouvons pas ignorer les possibles répercussions d’une telle pratique. De plus, l’Arbites ne me semble pas à même de mener une purge véritablement efficace. »

L’inquisiteur se redressa de toute sa hauteur, dominant même Kohl et ses modifications cybernétiques grinçantes, un géant en armure digne des plus grandes légendes impériales.

- Messieurs, nous allons amener la pleine attention de l’Inquisition sur cette planète. Aucune déviance ne saura être tolérée. S’il faut exterminer la moitié des maisons nobles pour écarter tout risque de menace, alors nous le ferons. S’il faut détruire des ruches entières pour traquer les cultes hérétiques, nous le ferons. L’hérésie cachée est la plus profonde de toutes ! On va savoir ce qu’il en coûte de faire venir l’Inquisition à sa porte…

Les quatre autres hommes se mirent au garde-à-vous, anticipant déjà ce qui allait suivre.

- Lacan ! Je veux que tu analyses l’ensemble des archives de l’Arbites de ces cent dernières années. Coordonne tes recherches avec l’office du Juge général. Je veux connaître toutes les hérésies que cette planète a connues. Que l’Arbites mène immédiatement des recherches dans les bas-fonds de toutes les ruches ! Je veux tous les mutants de cette planète emprisonnés et interrogés d’ici 72 heures !

- Oui, seigneur !

- Kohl ! Je veux que tu contactes l’office du Gouverneur planétaire. Que les forces de défense planétaire se mettent en état d’alerte immédiatement. Tout commerce avec l’extérieur est désormais soumis à l’approbation de l’Inquisition de Sa divine majesté. Que des patrouilles fouillent tous les vaisseaux en approche. Je veux savoir tout ce qui entre et sort de cette planète. Coordonne tes efforts avec le haut commandement de tout le secteur !

- Oui, seigneur !

- Milone ! Je veux que tu prennes toutes les forces dont nous disposons et que tu prépares l’invasion du domaine Alanti et la capture de tous les responsables. Je veux connaître tous leurs agissements, tous leurs plans, toutes leurs pensées. Je veux tous les successeurs potentiels de Magel Alanti devant moi dans 72 heures ! Mähler t’assistera de la base.

- Oui, maître !

- Au nom de l’immortel Empereur-dieu de l’humanité !

- AVE IMPERATOR ! », clamèrent en chœur les quatre hommes qui possédaient désormais le contrôle d’Orar.

Modifié par Rippounet
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Bonjour à toi !

Le texte que tu nous présentes là est, je dois l'avouer, très prenant. L'intrigue semble bien mené, malgré quelques maladresses par ci par là ^^

Tout d'abord, une petite faute énervante qui revient dans le texte : le mot psycher s'écrit psyker. Ce n'est pas vraiment une faute grave, mais comme tu l'utilises souvent dans le texte, cela finit par être un peu agançant :)

Une chose qui me dérange un peu aussi, c'est le caractère un peu bancale de ton prologue. Je ne sais pas si c'est volontaire ou non, mais le flou est vraiment important au début. Pourquoi est-ce que l'inquisiteur est là ? Qu'est ce qui a nécessité spécialement sa présence, au lieu juste d'envoyer quelques subordonnés ? Qui a tué l'homme dans la maison, et pourquoi (a par le fait que ce soit un hérétique) ? Que faisait l'enfant ici ? Enfin, c'est mon humble avis...

Un dernier petit détail, c'est que poster 2 chapitre plus le prologue d'un coup, c'est un peu long à lire ^^ Pour le bien de tes lecteurs, tu pourrais poster chapitre par chapitre, ca fera durer le plaisir.

Voilà :innocent: Bonne continuation !

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Le texte que tu nous présentes là est, je dois l'avouer, très prenant.
Merci! :whistling: J'avoue que j'ai toujours peur d'être un peu plat au contraire.
Tout d'abord, une petite faute énervante qui revient dans le texte : le mot psycher s'écrit psyker.
Damned, effectivement je ne sais pas où j'ai pris cette fâcheuse manie.
Une chose qui me dérange un peu aussi, c'est le caractère un peu bancale de ton prologue. Je ne sais pas si c'est volontaire ou non, mais le flou est vraiment important au début.
C'est 100% volontaire, mais j'y reviendrai éventuellement quand cette histoire en particulier aura été bouclée.
Un dernier petit détail, c'est que poster 2 chapitre plus le prologue d'un coup, c'est un peu long à lire ^^ Pour le bien de tes lecteurs, tu pourrais poster chapitre par chapitre, ca fera durer le plaisir.
Uh... en fait c'était juste le chapitre 1... quand j'ai dit "histoire assez longue", je voulais dire une quarantaine de pages quoi... :)

Certes découper pourrait avoir son intérêt, mais j'ai peur que l'histoire soit trop diluée après, d'autant que les chapitres ont une cohérence interne que je souhaite conserver.

Merci de m'avoir lu. :)

Rip'

Chapitre 2 : L’antre des serpents

La pointe de la tour Alanti était calme en ce début de matinée. Quelques sentinelles patrouillaient autour des points d’atterrissage, le visage caché par un respirateur, le fusil laser sur l’épaule. Un sifflement aigu les mit en état d’alerte. Une navette approchait, les marquages de la maison Alanti clairement visibles même à travers les nuages chimiques du petit matin. L’appareil resta en vol stationnaire quelques instants, le temps que son pilote obtienne l’autorisation nécessaire, puis se posa sur l’une des zones réservées aux hauts dignitaires de la maison. Les sentinelles se répartirent de chaque coté de la navette, prêts à faire une garde d’honneur au seigneur qui se préparait à descendre. La rampe d’accès baissée, une unique silhouette, vêtue d’une imposante cape rouge descendit, le pistolet à la main. Avant même que les soldats aient réagi, ils étaient déjà morts.

Tout en courant vers le sas le plus proche, Milone dirigeait déjà ses équipes de soldats de quelques gestes experts, les répartissant vers les quatre sas d’accès à la ruche. Deux techno-adeptes, qui l’accompagnaient, se connectèrent au réseau général de la ruche. Tous les protocoles de gestion furent instantanément asservis au code d’accès le plus puissant de tout l’Imperium : le code alpha, capable de pénétrer tous les systèmes de sécurités standardisés en moins d’une demi-seconde, une légende pour tous ceux qui n’étaient pas de l’Inquisition. Puis, les sas s’ouvrirent et les escouades se ruèrent à l’intérieur, les hommes effectuant une entrée parfaite, deux hommes en mouvement, deux hommes en couverture, s’infiltrant rapidement dans tous les corridors du domaine Alanti, se positionnant aux intersections stratégiques. Derrière eux, un concert mécanique annonçait déjà l’arrivée de trois autres navettes nettement plus imposantes, chacune contenant trois escouades de troupes de choc inquisitoriales. En moins de quatre minutes, Milone avait inséré une centaine d’hommes rigoureusement entraînés à l’intérieur du domaine Alanti. Mais il savait que cela serait tout juste suffisant pour capturer les hauts responsables présents sur Orar.

Dans les ténèbres du sous-monde, seuls les rats et les araignées pouvaient vous voir. Et les gens munis de lunettes à infrarouges, se dit Dasyr, sa cible au cœur de son viseur. D’ici quelques instants, il pourrait se faire un joli steak. Il en salivait d’avance.

Sans avertissement, une demi-douzaine de véhicules déboula au niveau souterrain 27, roulant en trombes dans la direction du village fouisseur qui se trouvait quelques kilomètres plus loin. Déconcerté, Dasyr ne put que regarder son rat géant s’enfuir devant les rhinos aux marquages de l’Arbites. Tout en poussant un concert de jurons, il descendit de son promontoire et courut. S’il pouvait atteindre le communicateur le plus proche, il avait une chance de pouvoir prévenir les autres de la rafle. Le village le plus proche était perdu, mais il avait une chance d’alerter tout le monde. Ils descendraient au niveau 30, là ou même les impériaux n’oseraient jamais aller. Laissant son fusil laser derrière lui, il courrait maintenant du mieux qu’il pouvait. Plus que quelques mètres, et il pourrait donner le signal convenu…

Apparaissant comme par enchantement devant lui, un homme en combinaison pointa soudain ses bras armés sur lui. Dasyr n’eut que le temps de se demander pourquoi son armure possédait des ailes avant de s’effondrer, le ventre transpercé par un rayon laser de haute puissance.

La bête se cachait là depuis plusieurs semaines, prête à intervenir lorsque la pression du vide interstellaire ne se ferait plus sentir contre la coque, dans un état de demi-sommeil. Les vibrations de la coque lui disaient tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Comme lorsque le vaisseau arrivait à destination. Ou lorsqu’il était abordé.

La bête tressaillit. Elle connaissait cette impression, lorsque deux vaisseaux ajustaient la puissance de leurs moteurs pour atteindre exactement la même vélocité. Que se passait-il ? Etait-ce normal ? Dans tous les cas, il lui fallait être en alerte, parée à toute éventualité. D’un signal psychique, elle prévint ses congénères. Dans les profondeurs de la cale du vaisseau-cargo Indomptable, les créatures commencèrent à s’agiter.

- Vous pouvez tout inspecter, mais j’pense pas qu’vous trouviez grand chose. » fit une voix, descendant la rampe jusqu’aux containers sensibles.

Deux formes, humanoïdes. La bête transmit l’information. Déjà les autres s’agitaient, réveillant leurs muscles engourdis, prêts à l’action. Plusieurs se dirigeaient déjà vers la rampe pour attaquer. A un signal de sa part, ils détruiraient les humanoïdes.

Ils n’en eurent pas le temps. Un cri retentit à l’étage au-dessus, et la deuxième forme, celle qui était restée silencieuse dégaina une arme.

- Qu’est-ce que ça veut dire ?

- J’en sais rien moi ! J’ai jamais vu ça…

Un coup de feu retentit, et le membre d’équipage tomba à terre. C’était toute la confusion qu’attendaient les créatures pour agir. Se faufilant sans bruit entre les containers, elles étaient déjà à la rampe, mais l’humanoïde était prêt aussi, manipulant une sorte de petit appareil bruyant qu’il pointait vers elles.

- Alerte ! Genestealers !

Avançant furtivement de coursive en coursive, Milone progressait lentement. Même si tous les systèmes de sécurité du domaine avaient été coupés par ses techno-adeptes, il savait être à la merci d’une contre-attaque bien organisée. Les maisons nobles ne manquaient pas de ressources, et ses forces étaient maigres en comparaison de la tâche qui les attendaient. Il se hâta, faisant signe à ses soldats d’accélérer. Ils arrivaient devant le quartier d‘habitation de l’aîné des Alanti. Ici, des systèmes secondaires existaient sans doute sur des circuits autonomes qui n’auraient pas été désactivés. D’ici quelques minutes, il leur faudrait affrontait une résistance déterminée, et la capture du noble ne serait pas des plus simples. Devant la porte, il eut un instant d’hésitation, pressentant une anomalie, avant de faire entrer quelques soldats. Presque aussitôt, son micro grésilla.

- Monsieur, vous devriez voir ça. Le périmètre est sécurisé.

Déjà ? Comment ses hommes avaient-ils pu faire aussi vite ? Entrant à son tour, Milone fut véritablement surpris pour la première fois depuis longtemps.

Des cadavres étaient étalés partout. Ses hommes patrouillaient les couloirs, pénétraient les appartements, toujours en alerte, mais il était évident dés le premier coup d’œil que l’ensemble des gardes avaient déjà été massacrés et tous les systèmes de sécurité détruits. Des étoffes brodées aux couleurs de la maison Alanti et aux armoires de la branche familiale du noble finissaient de brûler un peu partout. Les miroirs avaient tous été pulvérisés, et les meubles éventrés. Les luxueux appartements de Sholam Alanti n’étaient plus. Qu’en était-il du noble ? La réponse arriva presque aussitôt dans son oreillette.

- Capture effectuée, monsieur. Alanti était déjà maîtrisé à notre arrivée.

Milone jura. Quelqu’un avait agit avant eux. Un autre noble ? Une secte hérétique, craignant d’être découverte ? Les possibilités étaient infinies, et la capture de Sholam Alanti ne garantissait pas que ses souvenirs n’aient déjà été modifiés par psycho-chirurgie. Ils s’étaient fait devancés en dépit de tout.

Sholam avait été le responsable le plus difficile à atteindre, exception faire du seigneur Magel Alanti lui-même, qui avait été « invité » par le Gouverneur planétaire à rejoindre l’inquisiteur sur la base orbitale. Tous les nobles s’étaient rendus d’eux-mêmes sans opposer de résistance, y compris Sirius. Deux d’entre eux avaient été capturés pendant qu’ils étaient en transit entre deux ruches. Les maisons Fontyr et Guliam avaient même laissé l’accès libres à leurs archives et leurs enregistrements. Sholam avait été le seul maillon manquant jusqu’ici, le seul responsable à ne pas se soumettre aux autorités.

Du coin de l’œil, Milone aperçut un mouvement et se retourna. Il n’y avait rien pourtant. Puis, comme s’il s’était téléporté, un homme en combinaison apparut devant lui. Immédiatement, ses troupes de choc pointèrent leurs fusils laser vers l’inconnu, qui loin de montrer le moindre signe de menace, se contenta de baisser la tête devant Milone.

- Le seigneur Sirius Alanti vous transmet ses respects, inquisiteur.

Puis, l’inconnu déploya une paire d’ailes et disparut. Quelques soldats ouvrirent le feu sur l’emplacement où il se trouvait un instant auparavant, mais sans résultats.

Milone resta songeur. Sirius ! Le démon les avait bien roulés. Qui pouvait dire maintenant si Sholam avait été le coupable qu’ils cherchaient ? Tout en jurant, Milone se dirigea vers la sortie.

- Nous sommes revenus au point de départ ! », hurla Milone, désespéré.

- Calme-toi, mon garçon. Nous sommes très loin de notre point de départ. » répondit Griffith, sa voix très calme et mesurée.

Ils étaient de retour dans la salle de briefing de la base orbitale, Griffith, Milone, Kohl, Lacan et Mähler, faisant le point sur les dernières 72 heures. Milone était exaspéré, enragé par son échec avec Sholam Alanti. Les autres gardaient un visage imperturbable. Comprenant son erreur, le garçon se tut.

- C’est mieux », commenta Griffith, souriant. « Lacan ? »

- Depuis une dizaine d’années, l’Arbites a observé une recrudescence de vols et d’assassinats dans certains secteurs des ruches majeures. Le Juge Général de la planète se préparait à ordonner plusieurs rafles lorsque nous sommes intervenus. »

- Et nous les avons déclenchées pour lui. Avec quels résultats ? »

- Les rafles ont capturé un nombre anormalement élevé de mutants dans les secteurs concernés. Cependant, aucun culte organisé n’a été découvert. », termina Lacan.

- Mähler ? Que nous a apporté Sholam Alanti ? », poursuivit Griffith.

- L’ « interrogatoire » a révélé que Sholam s’est appuyé sur une milice très personnelle pour conduire certaines basses besognes en échange d’armes.

- Des mercenaires psykers ?

- Oui seigneur. Sholam employait des psykers renégats pour combattre les autres maisons, notamment Fontyr et Guliam.

- Ce qui explique pourquoi celles-ci nous ont soutenu dans notre investigation. », ajouta l’inquisiteur « Non sans les conseils de Sirius, j’imagine. »

Milone était resté silencieux, digérant les informations. Griffith se tourna vers lui.

- Milone ?

- Aucun culte organisé n’a encore été découvert car nous n’avons pas dû chercher au bon endroit. Mais l’utilisation de psykers assassins laisse penser que ceux-ci abusent de leurs pouvoirs. Ils n’ont pas pu ne pas être touchés par le Warp.

Griffith approuva de la tête.

- En effet. Tout ici suggère l’existence d’un groupe de psykers bien entraînés, armés en sous-main par Sholam Alanti, qui attendait sans doute de succéder à son père pour les employer au maximum de leurs capacités. Ce groupe doit être éliminé au plus vite.

- Maître ? », hasarda Milone.

- Sirius, n’est-ce pas ? »

- Oui, maître. Son intervention dans cette affaire a été trop bien orchestrée. Il ne pouvait pas ne pas savoir à quoi et à qui nous nous opposions. Qu’il ait participé ou non au crime ne change rien au fait qu’il en était le complice.

- Je sais Milone. Cela me trouble aussi. Cependant, il est encore trop tôt pour nous retourner contre lui. Il n’est pas exceptionnel qu’un dirigeant particulièrement brillant sache manipuler amis comme ennemis pour arriver à ses fins, sans pour autant se rendre lui-même coupable d’hérésie. Pour l’heure, il est prêt à mettre toutes les ressources de la maison Alanti à notre disposition pour explorer le sous-monde de la ruche primus.

- Explorer… ? »

- Le seul endroit où ce groupe peut se dissimuler se trouve entre les sous-niveaux 29 et 37 de la ruche primus. Ce sont des niveaux complètement inconnus des autorités. La force brute ne nous aidera pas là-bas. Il nous faudra la coopération des autochtones pour trouver ce que nous cherchons. »

- Maître, les ressources de l’Arbites sont suffisantes pour-

- Mon garçon, quand tu auras mon expérience tu comprendras que la force n’est pas suffisante pour résoudre tous les problèmes. Le sous-monde de la ruche est peuplé par des dizaines de milliers d’individus, tous habitués à se battre et hostiles aux autorités de cette planète. Ni l’Arbites, ni même les FDP ne peuvent les obliger à nous aider.

- N’a-t-on aucun moyen pour connaître la disposition des lieux ?

- Les niveaux inférieurs des ruches sont faits de métaux plus anciens que la maison Alanti elle-même. Aucun scanner ne peut les transpercer. Quant aux autochtones, ils ne connaissent eux-mêmes qu’une infime partie de ces réseaux.

Milone garda le silence, son expression faciale figée.

- Je sens que tu désapprouves, mon garçon ? », ironisa Griffith.

- Maître, nous laissons donc ces gens défier l’autorité impériale ? Purger ce sous-monde des déviants qui l’habitent ne fait-il pas partie des missions de Sa divine Inquisition ?

- Pas exactement, Milone. Combattre l’hérésie, c’est parfois aussi ne pas encourager la rébellion. Que se passerait-il à ton avis si nous attaquions le sous-monde avec l’Arbites et les Forces Planétaires ? »

- Ces gens nous combattraient de tous leurs moyens. »

- Absolument. Or, notre mission principale est de s’assurer que cette planète n’est pas menacée par les puissances du Warp. Les questions d’ordre public relèvent de l’Arbites. Nous n’allons pas déclencher une guerre civile pour restaurer la foi impériale dans les bas-fonds d’un monde ruche. » Griffith soupira. « Nous autres inquisiteurs avons un grand pouvoir. Nous devons aussi songer aux conséquences de nos actes. Est-ce que tu comprends ? »

- Oui, maître. »

- Prépare-toi maintenant. Le sous-monde n’est pas plus accueillant que Catachan. »

C’était pire que Catachan, se dit Milone, progressant à travers les décombres du sous-monde. Il aurait pu supporter les ténèbres et l’absence de ciel, mais la puanteur dépassait de loin ses pires cauchemars. Les déchets d’une ruche entière étaient restés des siècles à reposer et à pourrir, et c’était à présent des lacs entiers de liquide poisseux et verdâtre qui s’étalaient entre d’immenses tas de débris métalliques. Des passerelles branlantes reliaient les tas entre eux, permettant aux plus inconscients des mutants de subsister loin du regard de l’Imperium. En contemplant cette mer de putréfaction, Milone peinait à imaginer qu’il existait encore des niveaux en-dessous de celui-ci. Pourtant, la « cuvette », comme l’appelait les autochtones, n’était guère qu’un étang, un terrain de chasse pour les traqueurs d’araignées géantes. Dans les profondeurs les plus obscures de la ruches existaient des niveaux considérés comme « inhabitables » même par les fouisseurs, ou seules les créatures les plus dégénérées pouvaient encore extraire de l’oxygène de l’air toxique qui y régnait. Milone frissonna. De là où il était, il pouvait apercevoir un campement fouisseur, et même distinguer les déformations hideuses des habitants. Il ne pouvait s’empêcher de comparer la laideur de l’environnement aux mutations des fouisseurs. Si d’autres niveaux pires encore existaient, à quoi pouvaient bien ressembler les choses qui y demeuraient ?

Un bruit derrière lui tira Milone de sa rêverie. Agile et furtif sans son armure, Griffith se glissa au coté de son apprenti.

- Alors mon garçon, bonne pioche ?

- Je ne sais pas maître. Toutes ces mutations se valent à mes yeux. Ne pourrait-on pas juste les carboniser tous ?

- Si nous avons le temps et si tu es sage.

Milone écarquilla les yeux, se demandant s’il avait bien entendu. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait entendre un seigneur-inquisiteur faire une plaisanterie. De fait, Griffith était las désormais des requêtes constantes de son apprenti. Cela faisait maintenant plus de deux semaines qu’ils avaient plongé dans les bas-fonds, et Milone n’avait cessé de se plaindre de l’immondice ambiante. Avait-il perdu son objectivité ?

- Maître…

- Nous avons déjà parlé de ça-

- Non maître, je ne parle pas de ça. L’odeur…

L’odeur ? Griffith ne sentait rien de particulier (ou en tout cas de plus horrible que le reste). Le garçon faisait-il une blague à son tour ?

Une agitation anormale gagna le campement en contrebas et l’inquisiteur comprit que ce n’était pas une blague. Les mutants se dispersaient, couvrant toutes les directions, épiant les piles de débris à la recherche d’espions –à leur recherche. Griffith se baissa, observant la scène avec curiosité. Qu’est-ce que ces gens pouvaient avoir de si terrible à dissimuler pour prendre de telles précautions aussi loin de la surface ? En réponse, une étrange vibration commença à parcourir la zone, comme si une foreuse géante s’était mise en route. Des tourbillons agitèrent la marre puante, cependant que des bestioles sans nom s’agitaient, dérangées dans leur sommeil par cette nouvelle activité. Puis la vibration cessa, et plusieurs douzaines d’étranges mutants sortirent d’une des habitations sommaires. Milone et Griffith échangèrent un regard entendu, comprenant d’un coup l’origine de ces nouveaux habitants. Un ascenseur, peut-être même un monte-charge. Un lien entre ici et les profondeurs les plus sombres. Repensant à ses rêveries, Milone examina les nouveaux arrivants aux magnoculaires et fut instantanément pris de nausée. Le dos courbé, le visage hideux, il fallait presque se forcer pour voir en eux des restes d’humanité. La plupart possédaient au moins trois bras, qui au lieu de se terminer par des mains finissaient en griffes acérées. Des crocs démesurés sortaient de ce qui leur servait de bouche, et une lueur malsaine émanait de leur regard.

- Des hybrides…

- Maître ?

Milone avait beaucoup de mal à contrôler ses boyaux. La présence même de ces monstres le rendait malade à l’extrême, presque autant que la certitude qu’il avait désormais.

Il les avait senti venir…

Griffith ne perdit pas de temps. Se saisissant de son communicateur, il transmit rapidement les informations les plus importantes. Il ne pouvait pas contacter la surface, mais les équipes qu’ils avaient emmenés avec eux pour fouiller le sous-monde pourraient relayer le message. Il faudrait 24h au plus avant que l’Arbites puisse intervenir en force. Mais cela suffirait-il ?

- Maître ? Que sont ces créatures ?

- Des hybrides. Mi-hommes, mi-xenos. Ils représentent une forme de contagion différente de celle que nous traquons.

- Avons-nous fait fausse route ?

- Non Milone. Mais je crains que l’intrigue ne soit plus complexe que prévue.

D’un geste, l’inquisiteur ordonna le retrait. Les deux hommes reculèrent prudemment jusqu’à pouvoir se relever et courir vers l’issue la plus proche. Les hybrides ne l’atteindraient pas avant plusieurs minutes, mais il fallait à tout prix éviter d’être pris au piège. Milone haletait, cherchant à contrôler les spasmes de son corps tout en restant au niveau de son mentor.

- Bon sang Milone, tu traînes !

L’avertissement vint trop tard. Au moment ou les deux hommes parvenaient à leur porte de sortie, celle-ci s’ouvrit sur une des créatures. Griffith jura, maudissant son imprudence : les mutants avaient visiblement songé à sécuriser leur parcours. D’un geste fluide il dégaina son pistolet-bolter et lâcha une volée vers l’hybride qui l’évita dans un mouvement presque invisible à l’œil nu. Aussitôt, une auréole de lumière verdâtre entoura le crâne du monstre. Sans attendre ce qu’il préparait, l’inquisiteur ajusta son tir et l’un des bolts traversa son crâne, étalant ce qui lui faisait office de cervelle sur la porte. Griffith marqua une pause, puis se retourna pour voir où en était Milone. Le garçon semblait pétrifié, les yeux emplis de larmes, le faciès déformé par une expression de pure terreur qu’il n’avait jamais vu chez lui, pas depuis qu’il l’avait trouvé non loin des cadavres mutilés de ses parents. L’inquisiteur ouvrit la bouche pour parler, mais un rayon laser l’atteignit à la tête et il chuta lourdement au sol.

Milone ne voyait, n’entendait, ne sentait plus rien. La seule chose qu’il avait à l’esprit, c’étaient les cris de vengeance des créatures.

« Elles nous haïssent tant… », songea le garçon dans sa transe.

Puis, d’un coup la sensation cessa et le monde revint autour de lui, puanteur comprise. Jugeant la situation en un éclair, Milone se jeta sur le pistolet de son maître, sachant qu’il aurait besoin de sa puissance pour protéger le corps inerte de l’inquisiteur. Dégainant dans le même temps son propre pistolet-laser, il prit une grande bouffée d’air avant de viser.

La horde était là déjà : grouillante, nauséabonde… rapide. Avant même de tirer un hybride faillit lui arracher un bras. Faisant un pas en arrière, Milone écrasa les détentes en poussant un hurlement de rage. Les choses commencèrent à exploser, laissant un mélange de chair, de sang et d’acide sur le sol, et le silence se fit. Milone rouvrit les yeux, comprenant qu’il avait vidé ses chargeurs en l’espace d’une seconde à peine et se préparant au pire. Mais les créatures restaient à distance, poussant des grognements de frustration. Tout d’abord il n’osa pas y croire, mais à l’évidence elles le craignaient. Profitant du répit inespéré, il saisit quelques petits objets ovales dans la sacoche qu’il portait à la ceinture et les balança dans le tas. Puis, il se pencha vers son maître au moment même ou les explosions des grenades déchiquetaient ses adversaires, le souffle chaud balayant ses cheveux et brûlant son cuir chevelu. Rechargeant en quelques mouvements, il pointa ses armes vers les survivants.

« Je suis la lumière, » commença-t-il à réciter, « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »

Un à un les hybrides s’effondrèrent à ses pieds, quelques-uns tentant même de fuir le déluge de feu maintenu par le jeune homme.

« Cela est ma seule fonction. Fais resplendir mon âme de ta lumière, et châtie par mon bras tes ennemis. »

Les chiens des pistolets cliquetèrent dans le vide.

« Au nom de l’immortel Empereur-dieu de l’humanité, amen »

Lorsque les renforts arrivèrent une vingtaine de minutes plus tard, ils trouvèrent l’inquisiteur Griffith inconscient, une blessure maladroitement pansée à la tête, son apprenti Milone évanoui à ses cotés, serrant encore dans sa main noircie un pistolet-bolter au chargeur vide.

Sirius Alanti savourait posément le goût d’une cigarette du meilleur Xulim de la planète, tout en jouant avec ses gemmes préférées. Les pauvres imbéciles de sa garde personnelle ne juraient que par leur saloperie de Kalma, mais Sirius Bénevard Gabriel Alanti savait ce qui était bon. Les premiers effets de la drogue le plongeaient déjà dans des abîmes de plaisir lorsque la porte de son bureau s’ouvrit.

- Seigneur Alanti ?

- Oui… oui ?

Hébété, Sirius tentait vaguement de se souvenir de la personne qu’il avait en face de lui. Un mercenaire ? Un garde ? Son visage luisait comme s’il sortait d’une opération de chirurgie plastique. Cela était-il supposé lui dire quelque chose ?

- Nous avons trouvé ce que vous vouliez que nous trouvions.

- Quoi ?

Sortant une tête tranchée de son sac, Milone la jeta au visage de l’aristocrate qui poussa un petit hurlement.

- Cela. Une infestation genestealer.

Alanti se débattit un instant avec sa mémoire défaillante. Pourquoi avait-il fallu qu’on le surprenne au moment ou il fumait son Xulim ?

- Qu’est-ce que ça a à voir avec moi ?

- Votre frère Sholam et vous avez tenté d’utiliser ces créatures.

- C’est ridicule ! J’ai personnellement fait en sorte que-

- Vous avez trahi votre frère. Vous connaissiez les risques. Vous saviez qu’il était risqué de leur fournir des armes pendant trop longtemps.

- Prouvez-le ! » hurla Alanti, partagé entre la terreur et la rage.

Milone sortit quelques imprimés de son sac.

- Vous avez oublié une chose : votre frère et vous étiez de la même famille.

Alanti regarda un instant les quelques feuilles de papier, tentant de comprendre. Puis, il pâlit.

- En effet. Votre frère avait aussi prévu de se débarrasser de vous. Alors pour faire simple, il a laissé l’ordre de transfert original dans l’ordinateur central.

Lentement, Milone dégaina le pistolet-bolter de son maître, les dorures centenaires étincelantes à la lumière des lumino-globes.

- Non…

- J’ai bien peur que si. Vous avez personnellement signé le transfert de plus de deux cents armes à destination d’une faction xenos.

Prenant son temps pour mieux apprécier l’instant, Milone pointa peu à peu son arme vers le noble avant de demander :

- Une dernière volonté ?

- ATTEND-

L’explosion du bolt propulsa le seigneur Sirius Bénevard Gabriel Alanti hors de son siège, laissant son cadavre sanguinolent plaqué au mur.

- C’est bien ce que je pensais.

Lançant un dernier regard de mépris aux restes du traître à l’Imperium, Milone arracha les gemmes de ses mains et commença à jouer avec à son tour, un sourire aux lèvres. Puis, il activa l’ouverture de la porte et sortit.

- Tu n’oublies pas quelque chose ?

Dans le couloir, appuyé sur une cane en attendant que ses nouvelles prothèses soient opérationnelles à 100%, le visage déformé par un rictus qui ne partirait jamais, Griffith tendit la main. Poussant un soupir, Milone lui rendit le pistolet-bolter.

- Aujourd’hui on a fait ça à ta façon, mais ça ne veut pas dire que tu dois me piquer mon flingue. » fit l’inquisiteur.

- Ok.

- ‘Oui maître’, s’il te plaît.

- Oui maître.

- Et nettoie moi ce sang sur ton uniforme. Ça fait tâche…

- Bien.

- Et arrête d’être aussi sérieux aussi.

- …

Au fond d’un autre bureau, bien moins éclairé celui-là, deux silhouettes, l’une assise l’autre debout, regardaient sans bruit les soubresauts de la capitale d’Orar. De là où ils étaient, ils dominaient la ville à l’intérieur de la ruche. Ils pouvaient voir les mouvements des habitants, la foule des travailleurs qui quittaient leurs cellules le matin et y retournaient le soir, les livraisons de nourriture et de carburant. Ils pouvaient même sur certains écrans voir les navettes qui venaient de l’orbite autour de la planète, ou y retournaient.

Une telle navette allait justement quitter la tour de la maison Alanti, ses moteurs au démarrage, sombre comme la nuit, sans marquage autre qu’une unique lettre rouge sur le flanc.

- Cela a commencé.

- Oui.

- Ils sont loin de se douter.

- Comment pourraient-ils ? Moi-même je conçois à peine l’avenir que nous construisons.

- Ruine…

- Destruction…

L’une des silhouettes se découpa dans la lumière de la navette qui décollait. L’assassin se retourna, les ailes de son armure Yeld vibrant dans la pénombre.

- Le seigneur Zaraphiston sera satisfait.

Dans le vaisseau qui les transportait hors du sous-secteur d’Orar, Milone attendait une réponse. Torse nu, assis sur une table d’examen, il attendait le verdict des spécialistes, le jugement des hommes au service de son maître. De leur avis dépendrait bien plus que sa carrière. Une rébellion venait d’éclater sur le monde de Corilia et l’Inquisition y était requise de toute urgence. Il n’y avait plus de temps pour le doute ou les demi-mesures. Il fallait des certitudes.

Le sas s’ouvrit, et un magos en costume blanc entra, les yeux rivés sur les résultats d’une analyse que lui seul pouvait comprendre.

- Alors ?

- Ma foi…

- Une réponse !

- J’ignore vos raisons mais… Vos analyses restent tout ce qu’il y a de plus normal. Pas la moindre trace d’une quelconque activité psychique.

- Pas la moindre ? Il n’y a pas d’erreur possible ?

- Aucune.

Satisfait, Milone sourit. Toujours rien. Il n’était pas un psyker. Cela ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose. Il osait à peine y croire et pourtant…

En tant que membre de Sa divine Inquisition, Milone savait qu’un nombre très limité d’individus possédaient le pouvoir de combattre les abominations du Warp sans pour autant avoir recours à son énergie. Visiblement il était de ceux là. Un élu. Un homme choisi par l’Empereur pour accomplir Sa volonté, pour écraser Ses ennemis. Il se mit à prier.

Je suis la lumière. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres…

Modifié par Rippounet
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Chapitre 3 : La révolution des invisibles

Quelque part au milieu des ruines, un oiseau chantait. Des semaines de guerre incessantes avaient ravagé la cité, mais la vie avait survécu. Des grattes-ciel étaient tombés, foudroyés par les obus de la Garde Impériale, les routes étaient bloquées, jonchées de débris et d’épaves, mais certains avaient survécu.

En fait, à bien y regarder, la guerre s’était limitée à une petite partie de la ville, l’endroit ou les ouvriers avaient organisé le plus de manifestations. L’armée, renforcée par un détachement de la Garde Impériale stationné là, avait impitoyablement bombardé ce qui avait été considéré comme l’épicentre d’une révolte contre l’Imperium.

« Révolte ». Jonas Tellerman avait entendu ce mot dans la bouche des Arbites, lorsqu’ils étaient venus engager les manifestants. Il avait tout d’abord cru qu’ils se limiteraient aux grenades fumigène et aux matraques énergétiques. Puis, il avait vu les têtes exploser sous l’impact des matraques et compris qu’elles étaient réglées pour tuer. On ne protestait pas sur une planète de l’Empereur-dieu.

Ils avaient eu faim, tout simplement. Trois semaines sans rations décentes, alors que les journées de labeur avaient été allongées. Quelques courageux avaient monté une grève et une manifestation devant le palais du gouverneur. Ils étaient tous morts à présent, et la population restait confinée chez elle, sous couvre-feu. Plus personne ne critiquerait les rations individuelles à présent. Ils avaient peur. Peur de la mort, ou pire encore, peur de voir ce qui leur restait de volonté écrasé sous la botte de fer de l’Imperium.

Le jour se levait. Du haut du bâtiment où il se trouvait, Jonas voyait l’aube colorer l’horizon, répandre des couleurs sur la cité comme de la peinture sur une toile. Il était bientôt temps d’y aller, de retourner au travail. Il pouvait échapper au couvre-feu en venant dormir dans les ruines, mais il ne pouvait pas ne pas pointer à l’usine. Se redressant, il inspira un grand bol d’air pur, se dégourdit les membres et commença la descente vers le plancher des vaches. Il aurait une rude journée aujourd’hui, comme tous les jours. Le contremaître Tellerman avait son quota d’obus à produire chaque soir. Ces mêmes obus qui serviraient un jour à le tuer, lui et les siens.

A quelques dizaines de kilomètres de là, Milone était confortablement installé dans un fauteuil de cuir particulièrement moelleux. Il faisait mine de ne pas écouter son interlocuteur, concentré sur le verre d’amasec qu’on lui avait servi.

- … et croyez bien que nous restons convaincus que les derniers meneurs ont été capturés ou éliminés lors cette action-

- Gouverneur… » l’interrompit Milone, « J’ai bien conscience de ce que vous croyez. Je suis là pour juger de que vous ne croyez pas. »

L’homme obèse qui lui faisait face se tut. Milone soupira. Il comprenait mieux pourquoi Griffith l’avait chargé de le représenter aujourd’hui. Une corvée dont le vieux pacha préférait se passer… Une vraie perte de temps. Cet homme soit-disant responsable d’une planète entière n’entrevoyait même pas l’ombre de ce que pouvait être l’hérésie. Il avait écrasé une révolte de manière satisfaisante, mais sans s’assurer que les racines du mal avaient été correctement purgées.

- … seigneur inquisiteur ?

Perdu dans ses pensées, Milone n’avait pas saisi la question du gros plein de soupe. Peu importait après tout. Il se leva.

- Gouverneur, prenez conscience que nous ne pouvons pas tolérer l’idée même que des hérétiques aient pu échapper à vos… purges. Visiblement nous ne sommes pas venus pour rien. Au vu de votre incompétence, nous allons devoir enquêter nous mêmes sur cet incident.

Satisfait de la peur qu’il pouvait lire dans les yeux de l’aristocrate, Milone prit congé.

- Alors mon garçon, comment as-tu trouvé cette entrevue ?

- Ennuyeuse à souhait bien entendu. Mais vous le saviez déjà n’est-ce pas ?

Le seigneur-inquisiteur Renaldo Griffith pouffa de rire. Il n’y avait nulle besoin de réponse. Il était tranquillement resté en orbite pendant que son assistant jugeait la situation au sol.

- Je parie que tu n’as rien trouvé d’intéressant.

- Cet imbécile de gouverneur était tellement pressé de mater la rébellion qu’il s’est bien gardé d’en interroger les meneurs ! Il faudra des mois pour en vérifier la cause…

- S’il y a quelque chose à vérifier…

- Mais nous devons être sûrs ! Corilia est indispensable à la production de munitions de tout le secteur. Si des actes de sabotage venaient-

- Milone.

Le ton de la voix du vieil inquisiteur lui fit comprendre qu’il y avait plus grave. Griffith examinait un ensemble de communications en provenance de plusieurs systèmes.

- Qu’y a-t-il ? Un autre gouverneur incompétent ?

Griffith ne répondit rien et lui tendit quelques pages des dépêches. Milone se calma immédiatement.

- Ces… Ces nouvelles sont d’aujourd’hui ?

- Oui Milone, hélas. Comme je le craignais nous n’avons pas réussi à voir l’image d’ensemble. Le concile se réunit dans trois heures. C’est le temps que nous avons pour nous y rendre.

- Toutes ces attaques… en 24 heures à peine ?

- Oui mon garçon. Jusqu’à présent nous n’avons vu que des escarmouches. La vraie guerre vient de commencer.

- Bladen, Tripol, Gathara, Halemnet… Autant de noms qui résonnent du sceau de l’infamie ! La noirceur est descendue sur l’ensemble du secteur ! Les ténèbres de l’hérésie se sont abattues sur nous, et nous allons devoir les combattre avec la lumière de l’Empereur !

Quelques-uns des auditeurs se hasardèrent à pousser des acclamations. Du haut de son pupitre, l’homme ressemblait à un fanatique prêchant le retour de l’Empereur. Ignorant la diatribe, Griffith et Milone se frayèrent un chemin jusqu’à leurs places. Ils n’étaient pas vraiment arrivés en retard mais l’inquisiteur avait pris le temps de consulter les dernières dépêches à l’entrée, sachant que la conférence elle-même consistait surtout en propagande pour les membres les moins gradés de l’Inquisition.

Leur vaisseau avait mis deux fois plus de temps que prévu pour rejoindre la base spatiale secrète qui abritait le concile « ad-hoc » de l’Inquisition pour l’ensemble du Segmentum Obscurus. Le Warp avait déchaîné sa fureur sur le secteur Gothique, et la situation s’aggravait d’heure en heure. Bientôt le secteur entier serait complètement isolé du reste de l’Imperium, laissé à la merci des flottes du Chaos dont les apparitions se faisaient également plus nombreuses d’heure en heure. Le Chaos était venu prendre quelque chose, et il serait difficile de l’en empêcher. Un concile ad-hoc ne se formait qu’en des circonstances extraordinaires, lorsque la situation était jugée suffisamment sérieuse pour pouvoir affecter l’ensemble de l’Empire. Le dernier remontait déjà à plusieurs siècles, et il n’avait alors pas été question du Chaos. A l’époque, un certain Kryptman avait exposé la découverte d’une menace susceptible de faire trembler l’Imperium tout entier. Lequel de ses confrères se chargerait aujourd’hui de cette triste besogne ? Examinant les visages autour de lui, Griffith chercha le plus déterminé. Il trouva facilement un homme dont le profil était idéal. Un seigneur inquisiteur tout comme lui selon ses habits, dont il savait peu de choses. Ce simple fait suffisait à lui indiquer qu’il s’agissait probablement de l’enquêteur « original », celui qui avait le premier tracé la source d’une hérésie jusqu’à l’invasion majeure qui prenait place. L’homme se retourna et soutint le regard de Griffith. Son visage était dur comme la pierre, et ses yeux trahissaient une impatience parfaitement maîtrisée. En un instant, les deux inquisiteurs échangèrent suffisamment d’informations pour que Griffith montre à son tour des signes d’impatience. Ce qui allait se passer n’avait rien d’anodin, même pour un inquisiteur centenaire.

- … au nom de l’immortel Empereur-dieu de l’humanité !

Un concert d’applaudissements accueillit la fin du discours. Un par un, les auditeurs sortirent, se dirigeant vers les salles de briefing où ils recevraient leurs affectations et leurs missions. Petit à petit, les lumières baissèrent en intensité, jusqu’à ce que la pièce soit dans la pénombre. Au bout de quelques minutes qui parurent interminables à Griffith, la salle se trouva enfin vide, à l’exception d’une douzaine d’hommes qui étaient restés assis. Puis les portes se fermèrent. Une première fois, normalement, et une seconde hermétiquement. Ce qui se dirait dans cette salle n’en sortirait jamais, et affecterait le futur de millions de citoyens impériaux. Une forme encapuchonnée se dirigea lentement vers l’estrade et prit sa place derrière le pupitre. Son visage était à peine visible, et probablement faux de toutes façons. Même Milone pouvait deviner que cet homme détenait un pouvoir au-delà de toute imagination. Peut-être même était-ce le Légat actuel des Hauts Seigneurs de Terra. Nul ne le saurait ce jour, peut-être pas l’homme lui-même si son cerveau avait été programmé pour la tâche que l’on attendait de lui.

- Frères, » articula l’ombre d’une voix râpeuse, « après ce discours édifiant, je souhaiterais que nous écoutions les paroles du seigneur-inquisiteur Gidéon Horst. »

Quelques murmures parcoururent la salle, quelques précieux échanges d’informations avant la communication pour laquelle étaient en fait venus. Horst prit sa place au pupitre et commença sans introduction.

- Cela fait onze ans que le Haut Conseil m’a affecté au secteur Gothique. Plusieurs attaques sur des mondes impériaux laissent à penser que les légions renégates s’apprêtent à mettre en œuvre un plan dont nous ignorons presque tout…

Quelques hologrammes s’affichèrent à coté de l’inquisiteur, venant souligner ses propos, montrant un ensemble de planètes dans différents sous-secteurs.

- … en déduire que le Fléau pense pouvoir utiliser ces xéno-artéfacts pour son bénéfice personnel. Etant donnée la nature de ceux-ci nous devons supposer que son plan peut avoir des conséquences concrètes sur l’invasion du secteur. En prenant en compte les forces impliquées lors des opérations de récupération…

Milone écoutait, le regard hagard, sans être sûr de savoir comment réagir. Depuis Orar il avait pris une confiance en lui démesurée, mais ce concile ne lui semblait pas destiné, comme s’il était resté un novice, un néophyte même. Incapable de faire autre chose, il se contenta de chercher des bribes d’informations utiles dans cette marée incompréhensible.

Les deux coups de sifflet interrompirent Tellerman en pleine vérification du calibrage d’une des machines de la chaîne n° 4. Le contremaître hésita. Il y a encore quelques mois, il aurait pris sur son temps de pause pour finir le travail commencé. Cette fois-ci, il se contenta de sauvegarder les données avant de sortir.

Dehors, plusieurs douzaines d’hommes déjeunaient déjà, le regard et l’attention sur les plats et sandwichs préparés par leur compagne. Tellerman pour sa part se faisait ses propres sandwichs ; sa femme avait accouché il y a deux semaines et était encore très faible. Tout en sortant ses modestes tranches de pain, il se demanda combien de temps cela prendrait cette fois.

- Cela ne peut plus durer ! Dans mon quartier nous n’avons plus de pain depuis deux mois ! Mon fils mange à peine une fois par jour !

- Boucle-là !

- Ouais, ta gueule !

L’homme (un jeune apprenti qu’il connaissait de vue) semblait avoir craqué émotionnellement. Et comme par hasard il avait choisi le moment du déjeuner. Ecœuré, Tellerman s’apprêtait à lui donner son casse-croûte quand une voix grave murmura à son oreille gauche :

- Il ne faudra pas longtemps, Jonas…

- Je sais.

Son interlocuteur, « le vieux », était un des vétérans de l’usine, un homme de confiance qui avait déjà vu plusieurs générations se succéder aux mêmes postes.

- Il te faudra bien te mouiller un jour, toi aussi…

Lui tournant le dos, l’appétit coupé, Tellerman repartit travailler.

- Maître, qu’est-ce que cela voulait dire ? Qui est « le Fléau » au juste ?

Griffith soupira. Le concile était terminé à présent et comme la plupart des inquisiteurs, ils se dirigeaient maintenant vers une salle de briefing pour recevoir leurs ordres.

- Un traître, passé maître dans l’art de nous nuire.

- Et ces attaques sont de son fait ?

- Et bien plus encore. Ezequel Abaddon est son vrai nom. Mais je t’en dirai plus tout à l’heure.

Surgissant d’un autre couloir, Horst marchait soudain à leur niveau. Les deux seigneurs inquisiteurs échangèrent un geste de la tête et quelques autres menus signes de reconnaissance et de respect. Puis, ils arrivèrent à destination et pénétrèrent dans une petite salle sombre au centre de laquelle trônait un visio-poste représentant le Secteur Gothique. D’un simple coup d’œil, Griffith comprit ce qu’on attendait de lui et ses épaules se voûtèrent.

- Votre apprenti apprendra beaucoup de cette campagne.

Ce n’était pas une question. Horst dévisageait Milone d’un air intrigué, comme s’il était surpris de le reconnaître en cet endroit.

- Ce n’est plus un simple apprenti désormais. S’il survit à cela, il sera des nôtres.

Horst acquiesca de la tête. Milone ne disait rien, n’osant comprendre.

- Maî-… Maître ?

- Je vais faire de toi un inquisiteur mon garçon. S’il m’arrive quelque chose, tu prendras mes responsabilités. Si nous survivons, alors tu seras libre d’aller où ta haine de l’hérésie te conduira.

- Je souhaite rester à vos cotés maître. J’ai encore beaucoup à apprendre.

- Tu n’en penses pas un mot. », répondit Griffith en souriant.

Milone baissa la tête, un sourire aux lèvres et plein d’affection pour le vieil homme.

- Peut-être plus que vous ne le pensez…

Horst conclut l’échange en changeant de sujet.

- Comme vous le voyez, vous ne manquerez pas de travail. Je reste dans le secteur de toutes façons. Vous pourrez me contacter par les voies habituelles.

- Très bien.

Griffith attendait la suite.

- Renaldo… soyez prudent. L’ennemi ne manquera pas de s’intéresser de près à Corilia j’en suis persuadé. Mais il faut voir à long terme… Si le Secteur est isolé, le Fléau peut se permettre d’agir autrement que par la force brute.

- Vous pensez à quelque chose de précis ?

- Ces derniers mois, plusieurs conflits ont éclaté au sein des ruches du Secteur. Les purges ont été menées avec l’efficacité habituelle mais…

- Mais la cause en est inconnue.

Horst regarda attentivement Griffith.

- Ne vous fiez pas aux apparences Renaldo. C’est peut-être ce qu’on attend de vous.

Tellerman était à nouveau penché sur le problème du calibrage quand le premier coup de feu claqua. Le temps qu’il se précipite dehors et plusieurs autres résonnèrent dans la cour. Un arbites tenta de l’empêcher de sortir mais Jonas ne manquait pas d’objets contondants à portée de main et un coup bien placé de barre métallique traversa la visière du casque au symbole impérial pour se planter dans l’œil gauche de l’agent des forces de l’ordre.

Lorsqu’il atteint la cour, il était déjà trop tard. Un cordon d’arbites entourait les cadavres de ses collègues les plus proches. « Le Vieux » était allongé aux pieds de l’un d’entre eux, inanimé, une large tâche rouge dans ses cheveux blanchâtres..

Jonas tomba à genoux, les yeux plein de larmes, et fut saisit aux épaules par deux arbites.

- … de celui-ci, monsieur ?

- Il ne doit pas valoir mieux que les autres. Ce sera le dernier pour ce midi.

L’arbites le plus proche arma son fusil à pompe, mais n’eut jamais l’occasion de tirer. Une rafale de rayons laser balaya soudain la cour, blessant la plupart des agents. Celui qui visait Jonas recula pour ajuster son tir mais ne put appuyer sur la gâchette avant qu’une nouvelle rafale ne le cloue au sol pour de bon.

Les yeux encore tout humides, Jonas vit les travailleurs de l’usine le rejoindre un à un, les fusils laser fraîchement terminés par la chaîne n° 2 dans les mains. L’un deux, seize ans à peine et déjà un tueur, se retourna vers lui.

- Contremaître ? Que faisons-nous des corps ?

Dans les profondeurs du Warp, la frégate inquisitoriale de Griffith avait la plus grande peine à résister aux tempêtes qui s’abattaient contre la coque, qui gémissait désormais comme un animal blessé sous la pression. Les deux inquisiteurs s’étaient déplacés jusqu’au strategium, dans le domaine réservé du navigateur qui, attaché à son siège d’airain, guidait le vaisseau dans la tourmente. Ses spasmes et ses délires avaient alerté Griffith dés leur plongée dans le Warp, et Milone et lui surveillaient désormais le moindre signe de possession démoniaque. A l’autre bout du strategium gisait le corps sans vie de l’astropathe, qui avait été exécuté « par précaution » après avoir murmuré le commencement d’un sort de magie noire.

- Maître. Qui est le Fléau ?

- Tu crois que c’est bien le moment ?

- Si nous devons mourir ici, j’aime autant ne pas mourir idiot.

- Peux-tu accepter la vérité ? Même ici, dans les profondeurs du Chaos ?

- Je suis un inquisiteur. Ma foi est mon bouclier.

Griffith attendit quelque peu, préparant sa réponse. Un silence pesa entre les deux hommes, rompu par les cris de la coque d’adamantium.

- Le Fléau est un space marine.

- Aucun space marine ne trahirait l’Empereur. », rétorqua le garçon.

- Ce fut pourtant le cas Milone. Les humains sont plus faibles que tu ne l’imagines, et la corruption bien plus forte…

- Vous blasphémez.

- Alors, laisse-moi blasphémer ! », hurla soudain Griffith, le visage déformé par la colère. « Que sais-tu du Warp, toi qui n’a jamais eu à combattre ses tentations ? L’Empereur lui-même n’a pas pu prévoir l’étendue de leur pouvoir ! »

- Que dites-

- L’Empereur avait vingt fils Milone ! Vingt ! Non pas neuf, comme on te l’a appris. Et c’est de la main de son fils le plus cher que son corps est devenu ce qu’il est. Horus était un Primarque !

Milone resta un instant sans voix, digérant l’information.

- Vous voulez dire que onze légions de space marines ont été corrompues ? Ce sont ces légions qui nous attaquent aujourd’hui… ?

Comme en écho à ces paroles, le champ geller du vaisseau commença soudain à lutter contre les démons du Warp. Un arc-en-ciel de couleurs fluorescentes apparut dans l’air autour des hommes. Le métal des parois gémit de plus belle, se déformant sous l’effort.

- C’était il y a dix mille ans… » commença Griffith.

Le corps et l’esprit las, Jonas se laissa marcher jusqu’à sa cellule, dans le bloc d’habitations du 22ème district. Laissant son fusil avec ses bottes, il se traîna jusqu’à la pièce principale où l’attendait sa femme.

- Chérie ?

- Chut ! Il s’est endormi…

D’un doigt, Soline, son amour de toujours, lui indiqua la forme recroquevillée de leur enfant qui dormait dans son couffin. Jonas se laissa aller à la contempler, son visage si parfait, ses longs cheveux noirs qui lui tombaient jusqu’à la taille, ses seins gonflés, ses yeux si brillants.

- Ça a commencé, n’est-ce pas ? » lui demanda-t-elle.

- Oui. » répondit-il faiblement.

- Ne désespère pas Jonas.

Elle s’approcha de lui, effleurant sa joue de sa main, parcourant les rides qui s’étaient creusées dans son visage.

- C’est un combat perdu d’avance. Nous n’existons même pas pour l’Imperium. Nous serons simplement pulvérisés…

- Si vous êtes invisibles pour l’Imperium, alors ils ne s’attendront pas à ce que vous vous battiez comme des soldats.

- Nous ne sommes pas des soldats… nous sommes justes une poignée d’affamés.

- Tu défends la liberté. » reprit-elle, « Tu dois être fier de l’avenir que tu veux construire pour ton enfant…

- Une révolution d’invisibles ? » fit Jonas, avec ironie. « Que pourrons-nous- »

- … et pour moi. » termina-t-elle, ses yeux dans les siens.

- Nous mourrons jusqu’au dernier.

- En hommes libres ! Préfères-tu vivre en esclave ? Moi pas ! Je veux me battre ! Pour lui, pour nous, pour mes parents, mes amis, mon monde !

Jonas la regarda d’un œil attristé, admirant la résolution, la colère qui se trouvaient dans les yeux de sa femme.

A quelques dizaines de milliers de kilomètres de là, un vaisseau déchira la fabrique de la réalité pour s’extirper de l’Immaterium. La frégate entièrement noire glissa comme un fantôme en direction de Corilia. A son bord, deux inquisiteurs restés silencieux, l’un par désespoir, l’autre par colère.

Milone était resté aussi déterminé que jamais, plus encore même. Si l’hérésie pouvait en effet toucher les élus de l’Empereur, alors il était d’autant plus nécessaire de la combattre avant qu’elle ne se propage. Il était un inquisiteur à présent, car il connaissait certains des secrets les mieux gardés de l’Imperium et de ses foules ignorantes. Horus l’arch-hérétique avait été un Primarque, un demi-dieu créé par l’Empereur lui-même pour accomplir Sa volonté. Avec lui, plusieurs milliers de space marines avaient renié leur foi. Et parmi eux, il en était un qui était de retour aujourd’hui. Il était son devoir de s’y opposer, de mourir ainsi peut-être. Mais il ne mourrait pas. Il était la lumière.

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Excellement bien! l'histoire est bien mené,le nombre de faute est très faible et en plus,l'histoire ne révèle pas de l'habituel récit baston-baston-baston sans intrigue.

Néamnoins,un petit conseil:

Ne te surmène pas et ne nous surmène pas!Si un texte trop court est désagréable(très)un texte trop long est décourageant pour nous, fragiles lecteurs.Réduit la taille du texte posté,sépare le en plus petit morceau,ect...

Sur ce,en attendant la suite

Shasel

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Message reçu, j'ai donc un peu raccourci cette fois-ci (ce sera encore plus le cas la prochaine fois).

Chapitre 4 : Une Aube Nouvelle

Jonas se réveilla la bouche pâteuse, l’esprit encore embrumé par les vapeurs d’alcool. Alors qu’il se retournait dans le lit, les souvenirs lui revinrent un à un.

La « révolution des invisibles » durait maintenant depuis plusieurs jours et de chaque coté avait fait beaucoup trop de morts. Pour une raison mystérieuse, sa voix était respectée par les meneurs de ce qui n’était vraiment qu’une petite rébellion de plus. Il avait ainsi conseillé de s’emparer des usines, des munitions et de l’armement. C’était lui qui avait eu l’idée de piéger à l’explosif l’ensemble du complexe de Corilia. En conséquence l’Arbites était impuissant face aux plus déterminés de « ses » hommes. Ils avaient bien tenté une incursion, qui avait causé la destruction de deux usines de faible importance. Depuis, les forces impériales se tenaient à distance respectable des insurgés. Mais cela ne durerait pas.

Profondément cultivé et intelligent, Jonas Tellerman était une anomalie dans les rouages de la machine impériale, un homme trop brillant pour le poste qu’il occupait, jamais reconnu à sa juste valeur par des supérieurs préoccupés par les notions de classe et de petite aristocratie. Il était une figure rassurante, un meneur naturel, et les ouvriers le regardaient avec un mélange de respect et de pitié. De pitié car dans son pragmatisme, Jonas savait que leur entreprise était condamnée avant même d’avoir commencé, et qu’il lui appartenait désormais de la conduire à bon port en dépit de tout.

Alors qu’il se levait Soline entra, vêtue d’un ensemble vestimentaire fort peu épais soulignant chaque courbe de son corps, lui tendit une tasse de liquide délicieusement amer et revigorant, cependant qu’elle se penchait vers lui pour lui déposer un baiser sur les lèvres et lui montrant ainsi –fort délibérément- sa gorge rebondie.

- Bien dormi, mon amour ?

Depuis le début des combats, sa femme n’avait cessé de le surprendre. Il ne pouvait s’empêcher d’admirer le calme dont elle faisait preuve au quotidien, s’adaptant avec talent à la nouvelle situation. Quelle force ne lui avait-elle pas cachée pendant toutes ces années ! Etait-il donc dans la nature féminine de feindre ainsi la faiblesse pour mieux attirer la soumission des mâles ? Il secoua de son esprit ces pensées bizarroïdes ; la gueule de bois lui donnait de drôle de points de vue sur les choses.

Il s’habilla en prenant son temps, un luxe qu’il n’avait jamais eu lorsqu’il était encore un contremaître au service de l’Empereur-dieu, ingéra sa caféine, embrassa sa femme et sortit.

Autour des barricades, quelques dizaines d’hommes montaient la garde, nonchalamment, fumant, échangeant des blagues, comme si ce n’était pas un combat, comme si ce n’était pas une lutte à mort. Jonas fit bonjour à ceux qu’il connaissait le mieux –il les connaissait tous-, l’esprit dans le vague, faisant mine d’être de bonne humeur. Mais il savait.

Dans moins d’une semaine ils seraient tous morts.

- Ils doivent tous mourir !

Griffith leva la main d’un air las. Il était coutumier pour Milone de jouer le rôle du méchant inquisiteur afin de mieux asseoir l’autorité du placide seigneur-inquisiteur. Mais quelquefois il semblait y prendre un peu trop goût.

- Ce que mon assistant veut dire gouverneur, c’est que nous ne pouvons pas permettre que cette situation continue. La production d’armes et de munitions est vitale à l’ensemble du secteur.

- Monseigneur-

- Vous a-t-on donné la parole ? », interrompit Milone, plein de dédain.

Le gouverneur se tut. Griffith soupira et reprit :

- Je dois juger du degré de corruption des rebelles à présent. Fournissez-moi une escorte.

- Monseigneur ?

- A la réflexion, un véhicule suffira. J’ai déjà une escorte sous la main.

- Maître ?

- Tu vas un peu trop loin mon garçon. Tu ne peux pas t’aliéner les gens sur qui va devoir ensuite te reposer.

Milone baissa la tête, subissant la remontrance sans broncher –par habitude. Le rhino les emmenait directement au front, là où la défense avait été la plus vigoureuse lorsque les arbitrators avaient tenté de reprendre les usines. Griffith s’attendait à y trouver les meneurs de la rébellion mais n’avait pas encore fait part de ses intentions à son assistant. Avec eux dans le rhino se trouvaient une petite escouade de troupes inquisitoriales dont chaque membre était aussi impassible que silencieux. Griffith se demanda si ces (ses) hommes étaient encore véritablement conscients d’exister après tous les lavages de cerveau subis. Puis le rhino s’arrêta et l’escouade se déploya autour de la rampe de descente du transport, attendant que leurs maîtres se décident pour les accompagner.

De l’autre coté des barricades, Jonas observait leur arrivée d’un œil morne. Il ne connaissait de l’Inquisition que des légendes, des histoires racontées la nuit par des hommes saouls. A présent il était obligé de se dire que ces deux hauts dignitaires de l’Imperium protégés par des troupes de choc en armure pourpre ressemblaient à s’y méprendre aux personnages des histoires. Il poussa un soupir et allait s’en retourner auprès de ses camarades quand Soline se matérialisa à ses cotés.

- C’est trop tard pour reculer n’est-ce pas ? », demanda-t-elle de sa voix fruitée.

- Amour…

- Les hommes ont besoin de toi Jonas. Pour leur montrer la voie.

- Je ne la connais pas moi-même…

- Tu sais ce qui est juste. Ils ont besoin de le savoir aussi.

- Je n’ai aucun espoir à leur donner.

Elle se rapprocha de lui, le regard intense.

- Ils ne veulent pas l’espoir. Ils veulent juste savoir ce qu’ils font.

Jonas soupira. Un poids commençait à tomber sur ses épaules, plus lourd que tous les obus qu’il avait jamais portés.

- Observe Milone, n’y a-t-il rien qui te frappe ?

Le garçon garda un instant le silence, examinant la ligne de front, les soldats des forces de défense planétaire qui faisaient face aux ouvriers en révolte. On aurait dit n’importe quelle zone de guerre, si ce n’était…

- C’est une guerre d’amateurs.

Griffith se décontracta, visiblement soulagé.

- Oui mon garçon, je suis d’accord.

Sous les yeux ébahis de Milone, le seigneur-inquisiteur fit quelques signes à son escorte et commença à marcher vers les barricades.

- Maître ?

- Tu n’es pas obligé de me suivre.

Jonas n’en revenait pas. Ce qu’il prenait pour un inquisiteur se dirigeait droit vers eux, sans avoir dégainé la moindre arme. Il avait déjà une demi-douzaine de tireurs qui l’avaient dans leur ligne de mire mais l’homme n’affichait pas la moindre peur. Un gamin lui traînait aux semelles, à peine assez vieux pour se raser, visiblement contrarié par l’attitude de son maître. L’inquisiteur marcha ainsi jusqu’à se retrouver à une quinzaine de mètres des rebelles.

- Ouvriers de Corilia ! Je suis venu jusqu’ici pour négocier votre reddition ! Nous savons vous et moi que votre combat est sans espoir ! Ne jetez pas ainsi vos vies en vain. Je vous promets d’examiner personnellement vos exigences… Pensez à vos femmes, à vos fils, à l’avenir ! Je reviendrai ici demain à midi pour discuter.

Puis Griffith fit demi-tour, un Milone hébété avec lui. Des deux cotés de la barricade des muscles se relâchèrent et des fusils furent baissés. Jonas le regarda partir, songeur. Il remarqua soudain que Soline contenait à peine sa rage.

- Regarde-le, se pavanant, si sûr de lui ! Il nous nargue, nous provoque !

- Amour…

- Non ! », hurla-t-elle soudain, « Tu sais ce qu’il veut dire par reddition ! Il veut tous nous massacrer ! Vas-tu laisser faire ça sans broncher ? »

- Probablement pas. », répondit Jonas Tellerman, le regard vide. Il était glacé d’effroi.

- Je veux que tu comprennes cette leçon mon garçon. Notre grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

- Comment pouvez-vous-

- Ecoute-moi bon sang ! Nous ne sommes pas des juges ou des prêtres ! Notre rôle n’est pas de condamner la moindre petite hérésie qui se cache sur chaque planète ! Nous sommes l’INQUISITION. Notre devoir est de voir l’image d’ensemble, de trouver ce qui est mieux pour l’Imperium. Qu’as-tu vu à l’instant ?

- Je vous ai vu risquer votre vie…

- Précisément. Et pourquoi l’ai-je fait à ton avis ?

- Je ne sais pas.

- Regarde moi dans les yeux Milone ! Il y a plusieurs façons d’être brave ! Il faut parfois avoir le courage de ne pas faire couler le sang. Ces hommes n’ont aucun signe de corruption sur eux. Ce sont des fils, des maris, des pères de famille, des hommes qui luttent pour subsister. Et ils sont qualifiés… ! Combien de temps crois-tu qu’il faudrait pour remettre ces usines en état de marche si nous les massacrions. ?

Milone releva la tête, une lueur de compréhension dans ses pupilles.

- Alors vous avez fait cela pour…

- Oui Milone. Ces gens ne sont pas l’ennemi. Mais nous avons besoin d’eux pour le combattre. Nous devons savoir juger où réside le mal véritable. N’oublie pas cela.

- Je comprends maître.

Griffith regarda son apprenti avec attention. Il avait voulu donner cette leçon à Milone depuis longtemps. Il connaissait trop d’inquisiteurs avides de vengeance pour en créer un de plus.

- J’espère mon garçon. Si je découvre que ce n’est pas le cas, tu quitteras mon service.

- Maître ? Mais devant Horst-

- Je suis seul à décider si tu peux devenir inquisiteur. Peu importe ce que j’ai dit devant Horst. Si tu continues à ne pas te montrer à la hauteur tu en subiras les conséquences.

Milone frissonna. Il ne savait que trop bien que personne ne quittait le service de l’Inquisition intact. Etait-il si faible, si lent à comprendre ? Qu’attendait vraiment Griffith de lui ? Il ne pouvait avoir la moindre pitié pour les rebelles et les hérétiques. Devrait-il constamment se retenir, contenir sa colère et sa haine ?

Il réalisa que sa colère troublait son raisonnement. Les yeux posés sur son maître, il jura de faire tout ce qu’il demanderait pour atteindre son but.

Jonas regarda la foule qui se pressait à ses pieds pour l’entendre. Lorsqu’il avait parlé de s’adresser à « tout le monde », il n’avait pensé qu’à ses anciens camarades, les autres de l’usine #72B. Devant lui à présent se trouvaient plusieurs milliers d’hommes, peut-être plus encore, à l’évidence venant de l’ensemble du complexe. L’entrepôt principal d’armes de Corilia était rempli d’hommes pour une fois. On avait dû faire passer le message sur son allocution à venir, et sa réputation avait attiré presque toute la rébellion à lui. Il jeta un regard de biais à sa femme qui se tenait discrètement quelques mètres derrière lui sur l’estrade. Elle lui sourit, les yeux brillants, et il sut ce qu’il avait à faire.

- Camarades ! Je suis venu vous parler d’une idée que j’ai depuis longtemps.

Depuis des générations nos familles travaillent pour l’Imperium. Nos vies ont été consacrées à un labeur ingrat, à fabriquer des engins de mort ! Nous avons donné notre sueur et notre sang pour que l’Imperium puisse faire la guerre par-delà les étoiles. Nous avons donné nos fils et nos filles à une machine qui ne s’arrêtera jamais de tuer !

Une première clameur monta dans la salle. La voix de Jonas Tellerman s’enhardit.

- Et qu’y avons-nous gagné ? Quelle est notre récompense ? Toujours plus de sang ! Toujours plus de larmes ! On nous ignore, on ne nous donne même pas le pain qu’il nous faut pour ne pas avoir faim ! Nous ne sommes rien aux yeux de l’Imperium, rien que de la main d’œuvre malléable à souhait ! Cela peut-il continuer ? Mes frères, pouvons-nous rester ainsi de simples automates ?

Quelques poings se levèrent vers le ciel.

- Bien sûr que non ! Nous pouvons faire mieux que cela. Aujourd’hui l’Arbites a appris qu’il ne pouvait pas nous tuer impunément, que nous savons nous défendre. Aujourd’hui l’Arbites a appris que nous pouvons être plus forts qu’eux !

L’agitation gagnait les auditeurs. Plusieurs coups de feu partirent. Des applaudissements fusaient de toutes parts. A un geste de Soline, le calme se fit pour entendre la suite.

- Nous allons construire autre chose ! Nous ne pouvons pas renier l’Empereur ni l’Imperium, mais nous pouvons prendre notre destin en main. Nous pouvons construire un système ou nous aurons le pouvoir, ou nous déciderons pour nous-mêmes. Fini les gouverneurs corrompus, tellement gras qu’ils peuvent à peine marcher ! Finie l’oppression des faibles ! Levez-vous et prenez le pouvoir !

Nous allons fonder un système ou l’ouvrier sera aux commandes, une société juste ou les travailleurs sont ceux qui décident ! Camarades, préparez-vous, parce que dés demain votre avis comptera enfin ! Plus jamais vous n’aurez à obéir aveuglément à des maîtres sans visage ! Demain nous faisons la REVOLUTION et le soleil se lèvera…

Jonas fit une pause. Ils étaient tous pendus à ses lèvres, ils attendaient la chute. Il hésita, mais une caresse furtive dans le dos lui fournit la résolution nécessaire.

- … sur une AUBE NOUVELLE !

La salle rugit. Ce qui était en vérité plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers de Corilia hurlèrent leur approbation. Jonas Tellerman venait d’être élu à leur tête. Les larmes aux yeux il regarda derrière lui, s’attendant à trouver l’origine de la caresse juste derrière lui. Mais Soline n’avait pas bougé, était restée en retrait dans la pénombre. Elle lui adressa son plus beau sourire et il se retourna vers ses hommes pour savourer cet instant.

- Jonas Tellerman.

- On le dirait bien.

Au cœur du palais du gouverneur, Griffith et Milone terminaient leur examen des rapports les plus récents sur la rébellion.

- Demain c’est à lui qu’il faudra que je parle. », conclut Griffith.

Milone ne dit rien, préférant taire ses doutes à présent. De plus, il savait déjà comment il pouvait agir sans que Griffith ne puisse trouver à y redire. Il prit congé, prétextant une fatigue latente. Le temps d’atteindre sa chambre pour la nuit et son plan était déjà achevé.

Quelques heures plus tard, il se réveilla en hurlant. Le cauchemar avait été limpide, beaucoup trop. La main tremblante il saisit la carafe d’eau qui se trouvait à portée de main et se versa un grand verre qu’il but d’un coup. Avant que le souvenir s’estompe, il força son esprit à admettre ce qu’il venait de voir, réalisant qu’il l’avait déjà vu des dizaines de fois sans le comprendre.

Son maître allait mourir. Son ami, son frère, son père, disparaîtrait à jamais.

Les négociations allaient échouer, elles ne pouvaient qu’échouer. Un tir emporterait Griffith.

Il regarda son chronomètre de chevet. Plus que quelques heures.

Plus que quelques heures et il serait inquisiteur.

Milone ferma les yeux. Des sentiments contradictoires l’assaillaient. D’un coté cette angoisse primale, enflammée par son affection pour le vieil homme. De l’autre sa rationalité, nourrie par son ambition.

Il se leva de son lit et commença à s’habiller. Il devait s’assurer que la rencontre d’aujourd’hui avec les rebelles se passe parfaitement bien.

Dans le 22ème district de Corilia prime, un homme seul se levait. Mécaniquement il commença les rituels du matin : les ablutions, les vêtements, et l’assemblage de son fusil-laser modèle Triplex. Quand il y jeta un dernier regard avant de partir, le miroir ne lui renvoya aucune image qu’il puisse percevoir.

C’était une belle matinée. Un ciel d’une pureté incomparable dominait la ville jusqu’à perte de vue. Dans les premières heures du jour, plusieurs pelotons de la Garde Impériale prirent position aux alentours du complexe militaro-industriel le plus important du secteur. Leurs ordres étaient de se tenir prêts à intervenir, mais d’éviter tout contact hostile sans ordre explicite. Des patrouilles de sentinelles formaient un cordon défensif autour de la zone contrôlée par les rebelles. Les forces aux alentours du complexe étaient essentiellement composées d’infanterie légère. Mais sous les ordres de Milone, un second cordon de forces impériales enserrait le premier, composé cette fois d’infanterie motorisée et de plusieurs escadrons blindés. Le futur inquisiteur avait lourdement insisté pour déployer quatre tanks hellhound sur l’artère principale de Corilia prime. Sur une simple transmission codée de sa part ils pourraient atteindre la ligne de front en moins de quatre minutes.

Et il y avait plus.

Jonas Tellerman huma l’air frais du matin et fronça les sourcils. C’était une trop belle journée pour mourir se dit-il. Il avait placé des snipers partout autour de ce qui allait devenir une zone de rencontre. L’ensemble de ses forces était sur le pied de guerre, prêt à soutenir les hommes aux barricades si cela s’avérait nécessaire. Sur ses ordres, plusieurs équipes s’étaient même entraînées à l’usage de lances-missiles car il craignait une incursion blindée.

La plupart des meneurs ne l’appuyait pas dans son désir de rencontrer l’Inquisition. Mais il pensait devoir à ses hommes de tout tenter pour éviter le bain de sang. Il ne voyait pas l’intérêt de mourir inutilement, même pour la cause de leur révolution.

Son chronomètre de poignet indiquait qu’il restait encore plusieurs heures. Il fit un effort pour prendre son mal en patience.

Dans le ciel, lentement, le soleil avança petit à petit vers son zénith.

******

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J'ai pris beaucoup de plaisir à te lire =)

Les quelques lourdeurs qui existent dans ton premier post disparaissent au fur et à mesure. L'histoire est toute fois un peu difficile à cerner, il faut croire que les premiers chapitres sont juste là pour présenter les personnages ce qui est un peu dommage. On a du mal à savoir si on est rentré dans le vif sujet ou si c'est une autre purge de présentation ^^.

Les personnages sont plaisant à suivre, attention à ne pas tomber dans la caricature par contre, certains passages m'ont donné l'impression de lire un dialogue entre un maitre jedi et son padawan x). George Luca a grillé le mot : "maitre" ^^

J'attends la suite.

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Hello,

C'est vraiment bon tout ça, j'ai enfin pris le temps de tout lire et je je ne regrette pas. C'est bien écrit et comme dit plus haut on est pas dans la description de bataille pure et dure qui règne sur la section (et que j'alimente moi même :huh: ) Pour tout te dire, ça m'a donné envie d'écrire des choses plus subtiles, et c'est un bon point selon moi.

Sinon pour les reproches, j'ai noté ça :

Griffith se demanda si ces (ses) hommes étaient encore
Que j'aurais plutôt vu en : "Griffith se demanda si ces hommes, les siens, étaient encore". Enfin si je peux me permettre puisque je trouve la parenthèse de trop, avis personnel.

J'ai aussi trouvé bizarre que milone ne soit pas informé plus tôt dans sa formation de la trahison d'Horus et de la possibilité que les space marines trahissent. Après tout, un bon inquisiteur doit être capable de soupçonner tout le monde, non ?

Là encore ce n'est que mon avis et je vais essayer de trouver moi même ce qu'il peut en être dans le fluff...

Bonne continuation en tous cas, j'attends la suite que je lirais avec plaisir.

++

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Les quelques lourdeurs qui existent dans ton premier post disparaissent au fur et à mesure. L'histoire est toute fois un peu difficile à cerner, il faut croire que les premiers chapitres sont juste là pour présenter les personnages ce qui est un peu dommage. On a du mal à savoir si on est rentré dans le vif sujet ou si c'est une autre purge de présentation ^^.
Oui c'est vrai que les événements du début n'ont pas assez d'impact sur la suite (même si l'histoire n'est pas conclue :) ), j'aurais dû mieux travailler la cohérence d'ensemble. Je ferai attention à ça par la suite. :wink:
Les personnages sont plaisant à suivre, attention à ne pas tomber dans la caricature par contre, certains passages m'ont donné l'impression de lire un dialogue entre un maitre jedi et son padawan x). George Luca a grillé le mot : "maitre" ^^
Damned! En écrivant ça j'avais bien conscience que mon duo était un "classique", mais je n'ai même pas réalisé que je reproduisais la relation ObiWan-Annakin. Voila ce que c'est de trop regarder Clone Wars... :wink:
Enfin si je peux me permettre puisque je trouve la parenthèse de trop, avis personnel.
Tu as tout à fait raison, la parenthèse est une petite espièglerie qui n'a pas sa place ici. Là aussi c'est une influence extérieure qui s'est glissée dans mon truc. :huh:
J'ai aussi trouvé bizarre que milone ne soit pas informé plus tôt dans sa formation de la trahison d'Horus et de la possibilité que les space marines trahissent. Après tout, un bon inquisiteur doit être capable de soupçonner tout le monde, non ?

Là encore ce n'est que mon avis et je vais essayer de trouver moi même ce qu'il peut en être dans le fluff...

Le niveau d'information des gens de l'Imperioume sur l'Hérésie d'Horus fait débat de manière générale. Comme Milone est jeune (et un peu fanatique sur les bords), j'ai préféré considérer que ce genre d'infos était encore trop "sensible" pour un novice comme lui, mais c'est juste un choix personnel. Dans la plupart des cas effectivement, les apprentis inquisiteurs seraient probablement au fait de l'HH.

Merci pour vos commentaires élogieux, j'espère que la suite ne vous décevra pas. :D

******

- Maître ?

- Oui ?

Milone hésitait. Devait-il faire part de ses cauchemars à Griffith ? D’après les examens qu’il avait passé il n’avait rien d’un psyker. Le vieil homme le prendrait-il au sérieux ?

- Milone, le temps presse. Il ne nous reste que vingt minutes avant l’heure du rendez-vous. Si tu as quelque chose à dire, dis le !

Un instant, Milone vit autre chose que son mentor face à lui. Un vieillard arrogant et dépassé, qui marchait vers sa mort comme un animal : inconscient, stupide, aveugle.

- J’ai pris des précautions pour assurer notre sécurité.

Griffith prit le temps de digérer l’information, analysant le timbre de la voix de Milone, les sous-entendus, le poids de l’aveu.

- Très bien. Allons-y.

Sur un signal, le rhino démarra.

Jonas regarda le transport arriver sans laisser d’émotion paraître. Ils étaient à l’heure, et les forces impériales ne semblaient pas avoir reçu l’ordre d’attaquer. S’il devait être assassiné aujourd’hui, ses hommes seraient en mesure de prendre l’initiative. Après un ultime regard en arrière il s’avança vers les lignes impériales. Face à lui, l’inquisiteur, son jeune assistant, et un officier impérial firent de même.

C’était ironique de voir une rencontre aussi visiblement peu équitable. Un homme contre trois, pour négocier le sort de dizaines de millier d’autres. A plusieurs kilomètres à la ronde, chaque être humain retiendrait son souffle pendant les pourparlers.

- Jonas Tellerman, contremaître.

- Seigneur-inquisiteur Renaldo Griffith. Voici le lieutenant-colonel Broman, commandant les forces impériales sur Corilia.

- Salutations. Et le jeune homme … ?

- Milone, mon apprenti.

Jonas et Milone échangèrent un long regard plein de bile ; ils se détestèrent du premier coup d’œil, chacun voyant dans l’autre les pires maux imaginables.

- Que voulez-vous négocier, inquisiteur ?

- Je sais que vous n’êtes pas entré en rébellion de votre plein gré Tellerman. Je veux savoir sous quelles conditions vous accepteriez de reprendre le travail.

Jonas resta un instant sous le choc. Etait-ce un piège ? Il pouvait tenter le coup.

- En premier lieu, de quoi manger décemment.

- Très bien je peux arranger cela. Et ensuite ?

- L’instauration d’un gouvernement démocratique sur Corilia.

Les trois dignitaires impériaux se figèrent, mais Griffith ne perdit pas pied.

- Vous êtes conscients de la difficulté de faire admettre cela à l’Administratum ?

- Non. Mais c’est à prendre ou à laisser.

Un silence gêné se fit. La demande était énorme, inattendue. Milone et Griffith échangèrent un regard : Tellerman était effectivement bien plus qu’un « simple » meneur. Visiblement il était également capable de conduire ses hommes à exiger de vraies réformes.

- Nous pouvons enclencher un processus de réforme institutionnelle. Mais comprenez que je ne peux rien garantir. », prononça enfin Griffith.

Ce furent ses derniers mots.

Milone se raidit soudain, et s’effondra, pris de convulsions. Puis un rayon laser frappa l’inquisiteur entre les deux yeux. Sa forme majestueuse tomba lourdement au sol. Le tout s’était déroulé en quelques battements de cœur. Jonas était resté figé, stupéfait. Il se reprit rapidement cependant et se plaqua au sol, juste à temps car les premiers tirs impériaux fusèrent.

L’engagement dura un total de vingt quatre minutes.

Broman avait rapidement rejoint ses lignes et donné les ordres nécessaires pour que la pleine puissance de la Garde Impériale écrase la rébellion. Dissimulée à plusieurs kilomètres de là, une batterie d’artillerie ouvrit le feu et commença à pilonner le complexe.

Sur l’artère principale, quatre hellhounds précédaient une véritable marée de chimères et de leman russ. En atteignant le front, les tanks de soutien prirent position sur une ligne de trois kilomètres pendant que les chimères dégorgeaient dix sept pelotons complets de gardes sous un feu nourri de rayons laser. Les rebelles avaient cherché à avancer dans les premières minutes de l’affrontement. Leurs premiers groupes atteignaient à peine les sacs de sable des lignes impériales quand les tirs de canon inferno les incinérèrent dans un concert de hurlements. Quelques véhicules civils remplis de rebelles firent quelques centaines de mètres de plus avant d’être désintégrés par les obusiers des leman russ. L’assaut des ouvriers avait été facilement et durablement contenu par les forces impériales.

Contraints à garder une position défensive, les rebelles s’appuyèrent sur leurs équipes anti-tanks pour défendre le complexe. Dissimulés dans les immenses bâtiments des usines, des petits groupes armés pouvaient impunément tirer une roquette avant de se replier vers un autre poste de tir. Deux des quatre hellhounds explosèrent quelques instants après être arrivés sur le champ de bataille. Quelques rechargements plus tard et les deux autres subirent le même sort. Devant cette défense bien organisée, les impériaux formèrent une ligne de leman russ, leur solide blindage avant capable de tenir tête aux missiles, et les gardes avancèrent sous le couvert des blindés. Mais lorsque les impériaux eurent dépassé la première usine celle-ci trembla puis se désintégra, enterrant sous les décombres un peloton entier de soldats qui s’étaient aventurés dans le complexe pour faire la chasse aux équipes anti-tanks. Sur toute la ligne de bataille les usines piégées s’effondrèrent les unes après les autres, piégeant les hommes et parfois même les véhicules. Dans leur retraite, les rebelles prirent la peine de miner les routes les plus larges, détruisant un autre peloton entier en quelques instants lorsque les chimères faiblement blindées menèrent l’assaut vers l’usine #72B. Puis l’avance impériale s’interrompit.

Quinze pour cent du complexe avaient été détruit. Il était clair à présent que mâter la rébellion ne se ferait pas sans en perdre la totalité. Sans les ordres de Griffith, le lieutenant-colonel Broman ne put se résoudre à prendre la responsabilité de perdre la capacité militaro-industrielle de Corilia.

La ligne de front s’était déplacée d’un peu plus de deux kilomètres. En à peine plus de vingt minutes, plus de trois mille hommes avaient trouvé la mort, dont une immense majorité dans le camp de la rébellion. C’était un désastre pour tout le monde.

Milone fut élevé au rang d’inquisiteur par une transmission cryptée à quinze heures, une fois la mort de Renaldo Griffith confirmée par les membres de sa suite : Mähler, Lacan et Kohl. Ceux-ci lui prêtèrent serment de fidélité dans la soirée.

Dans les profondeurs du 22ème district, Jonas Tellerman conféra avec ses subalternes. Il n’y eut pas de reproches, pas même une remarque. Tous les hommes présents savaient que l’affrontement avait été inévitable.

- A-t-on identifié le tireur, bon sang ? », demanda une énième fois Jonas à ses hommes.

- On a une piste. Un type aurait été vu en train de déguerpir juste après les premiers tirs.

- On le connaît ?

- Selon les témoins, un ouvrier de la #84C. Soupçonné depuis un bout de temps d’être un informateur.

- QUOI ?

Jonas digéra l’information. Si l’assassin était un agent impérial, alors la mort de l’inquisiteur n’avait été un prétexte. Peut-être même avait-il été un faux inquisiteur, un simple homme de paille destiné à fournir une excuse pour l’écrasement du soulèvement et la perte du complexe. Cette pensée lui donnait la nausée.

- Trouvez-le. Je veux des réponses.

A moins d’un kilomètre à vol d’oiseau l’homme seul rentra chez lui. Il déposa son fusil-laser Triplex dans le vestibule et se dirigea vers la salle de bains. Il s’y trouvait encore lorsqu’il reprit ses esprits. Clignant des yeux, l’homme se demanda longuement ce qu’il avait fait de sa journée. Il se le demanda encore plus après avoir retrouvé son arme dont le chargeur était vide.

Dans le même quartier, une femme cligna des yeux, prit une profonde respiration, et relâcha complètement le contrôle mental qu’elle possédait sur lui. Elle patienta encore une bonne dizaine de minutes avant d’étirer ses membres et de se préparer à sortir.

Désormais, tous les obstacles avaient été éliminés. Plus rien ne s’opposait à une guerre totale et sans merci entre les impériaux et les rebelles. D’une manière ou d’une autre, Corilia était perdue pour l’effort de guerre impérial.

La femme jeta un œil dans le miroir le plus proche et soupira. L’utilisation de ses pouvoirs lui donnait un air fatigué que tout le maquillage du monde ne pouvait pas dissimuler. Il lui faudrait éviter Jonas jusqu’à ce que la nuit tombe. Aucune précaution n’était de trop après tout. Tout en souriant à sa propre réflexion, Soline Tellerman se félicita d’avoir tout prévu depuis le début.

Dans le palais du gouverneur, Milone ne fit pas de cauchemar cette nuit là. La culpabilité qu’il ressentait avait été effacée par la déférence toute nouvelle que lui montrait son entourage. Il était inquisiteur à présent, et possédait le pouvoir qu’il avait toujours désiré, celui d’exercer Sa vengeance sur une centaine de mondes, d’étouffer les ténèbres de l’hérésie avec la toute-puissance de la lumière impériale.

Je suis la lumière. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres…

Cette nuit là, dans ses rêves, Milone acquit la puissance d’un dieu et son rire fit pâlir les astres eux-mêmes.

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Chapitre 5: Par le sang et par les flammes

Il se déplaçait furtivement pour sa taille. Dans sa capacité à rester invisible résidait la réussite de la mission, sa survie, et beaucoup d’autres choses qu’il n’osait pas contempler. Dans une ruelle suffisamment obscure il consulta son écran tactique. En quelques clignements d’yeux il pouvait survoler l’ensemble du champ des opérations. Ainsi relié à des drones de surveillance en orbite basse il vit instantanément où se trouvaient les sentinelles. Elles étaient peu nombreuses, et probablement peu préparées à ce qu’elles allaient affronter. Il communiqua les informations à son escouade et, d’un geste expert, arma son bolter. Il n’entendait pas l’utiliser mais c’était un rituel qu’il appréciait pour sa symbolique : il était l’heure de tuer.

« Le Rat » en avait assez d’attendre. On l’avait collé là pendant des heures à ne rien faire, pendant que les autres se pochtronaient tranquillement. En dépit de tout ce qu’avait dit Tellerman, il doutait de l’utilité de monter la garde à l’intérieur des usines. A l’évidence, la menace viendrait de l’extérieur du complexe, des centaines de gardes impériaux qui n’attendaient qu’un signal pour attaquer. Dépité, il poussa un soupir, saisit la flasque dans la doublure de son manteau et commença à imiter ses collègues.

Cela lui sauva presque la vie.

L’agresseur était parvenu jusque derrière lui lorsqu’il prit sa gorgée de gnôle. La lame qui s’était dirigée vers sa gorge trancha son poignet à la place. « Le Rat » hurla, se retournant les yeux plein d’effroi.

Un géant se tenait au-dessus de lui. Vêtu d’une épaisse armure comme il n’en avait jamais vu, il le dominait de toute sa hauteur. « Le Rat » n’avait rien d’un militaire. Au lieu de saisir sa radio et de rendre son sacrifice utile, il préféra tenter de saisir son pistolet. La lame de l’inconnu se figea dans son autre poignet. Il hurla. Puis deux mains lui saisirent la tête et exercèrent une soudaine torsion sur son coup. Un craquement retentit à l’intérieur de son corps, le dernier bruit qu’il entendit.

A genoux à coté du cadavre de la sentinelle, le sergent Vars se maudit de sa négligence. Il avait agi avec trop de confiance, et risqué de compromettre la mission. Fort heureusement, son escouade ne rapportait aucun mouvement à la suite du hurlement. Ses hommes avaient correctement neutralisé leurs cibles. A présent, il fallait passer à la partie suivante. Il sortit son auspex et commença à chercher les signatures caractéristiques des détonateurs primitifs utilisés par les rebelles.

- Le sergent Vars rapporte que sa mission est un succès, frère-capitaine !

- Loué soit l’Empereur. Décollage immédiat.

Il étaient quatre seulement. Mais chaque Thunderhawk transportaient assez de marines pour écraser la rébellion trois fois. L’inquisiteur avait été clair : pas un seul hérétique ne devait survivre à cette journée. Alors que les puissants réacteurs des transporteurs poussèrent leur hurlement familier, l’oreille du capitaine Gavius perçut au loin le bruit caractéristique de batteries d’artillerie ouvrant le feu. Le bombardement leur offrirait le couvert nécessaire pour se poser au beau milieu du complexe. L’assaut simultané des gardes impériaux ne laisserait aucune chance aux rebelles.

Jonas se réveilla en sursaut, couvert de transpiration. Dans un premier temps il ne sut pas où il était et pourquoi il s’était réveillé. Puis un hurlement strident suivi d’une énorme explosion l’éclairèrent. Sans être soldat, Jonas savait ce que cela signifiait. D’un bond il sauta du lit et se jeta sur sa radio. Il écouta rapidement les transmissions audibles, mais dû renoncer : à l’évidence les impériaux brouillaient toutes les communications. Laissant Soline se ruer vers la cave, il courut vers son QG.

Dehors, l’enfer avait recouvert son monde. Ne pouvant risquer de toucher le complexe, le bombardement impérial était concentré sur les zones habitables. Les explosions se succédaient rapidement, dévastant des immeubles remplies de familles apeurées. Jonas fonça, priant des dieux inconnus, essayant de se protéger le visage du souffle et des débris qui pleuvaient. Puis les bombes cessèrent et une ombre passa au-dessus de lui, le figeant sur place. Un frisson glacé lui parcourut le dos. Cette silhouette était supposée inspirer la crainte même chez les citoyens impériaux les plus loyaux, mais pour lui elle était synonyme de terreur. Il saisit sa radio, ses doigts tremblants glissant sur les boutons.

- Thunderhawk, thunderhawk ! Evacuation générale !

Et comme seul un crépitement statique lui répondait il s’en débarrassa et retourna aussi vite qu’il le put vers sa famille. A présent tout était terminé. Les marines étaient là et ils allaient tous mourir.

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Gavius lâcha une rafale de bolts et le regretta aussitôt. Ce n’était qu’un enfant, tout juste une dizaine d’années, et les quatre bolts qui le touchèrent le transformèrent en un amas de pulpe sanguinolente. De fait, cette opération lui semblait être un véritable gâchis de munitions. Les marines auraient pu tout aussi bien régler l’affaire à l’arme blanche. Peut-être même les scouts du sergent Vars auraient-ils suffit si on lui avait laissé la chance de le prouver.

Les détonateurs désactivés, la rébellion s’était avérée n’être qu’une bande d’ouvriers fatigués, incapables de tirer sur, et encore moins de blesser les space marines de l’Empereur. La majeure partie des rebelles armés s’était retrouvée piégée entre l’avance mécanisée de la Garde Impériale et le débarquement marine. Nombre d’entre eux avaient supplié ses hommes de leur laisser la vie sauve et constituaient à présent des piles de corps à intervalles réguliers. Il ne restait que quelques survivants cachés dans les précieuses usines de l’inquisiteur.

En parlant du loup, se dit Gavius, voyant le garçon sortir d’une chimère aux couleurs bien particulières. Certains sergents avaient émis des doutes sur sa capacité à commander, mais le zèle du jeune homme était sans failles, et l’opération qu’il avait conçu était à la fois simple et efficace. Bien entendu, le fait de disposer des marines des Angels of Absolution aurait rendu presque n’importe quel plan valide.

- Capitaine, il semble que les félicitations soient de rigueur.

- Par la grâce de l’Empereur, inquisiteur, il semblerait qu’elles le soient.

Milone sourit. L’orthodoxie religieuse des marines l’amuserait toujours.

- Loué soit l’Empereur, en effet, capitaine, pour nous avoir permis de mettre fin à cette hérésie. Ces usines seront précieuses pour affronter les hérétiques.

Le marine resta silencieux. Milone garda son sourire. Il se doutait que le fier guerrier aurait préféré un combat plus glorieux que la récupération d’un complexe d’usines de munitions, mais c’était à l’Inquisition de déterminer les priorités dans la guerre du secteur Gothique, et la priorité absolue était d’approvisionner les forces combattant sur Tripol et Galatha. La subtilité viendrait plus tard.

Une communication écarta momentanément le capitaine, laissant le jeune inquisiteur savourer son pouvoir. Mais lorsque le marine revint, sa mine était soucieuse.

- Inquisiteur, mes hommes rapportent une agitation grandissante en périphérie du complexe.

- C’est à dire ?

- Il semble qu’un soulèvement massif de la population ait suivi notre opération. Des civils se pressent par milliers pour huer mes hommes.

- Huer ?

- Oui inquisiteur.

Milone comprit l’air grave du capitaine. Huer un marine revenait à insulter l’Empereur en personne. C’était une offense grave envers l’Imperium tout entier.

Mais la nouvelle demeurait surprenante. La rébellion avait été cantonnée aux ouvriers des usines. La corruption était-elle en fait plus profonde ? Si les habitants de la ville étaient touchés, c’étaient plusieurs millions d’hérétiques qu’il faudrait purger. Il y allait de sa responsabilité.

- Inquisiteur ?

- Oui, capitaine, je comprends la situation.

- Quels sont vos ordres ?

- Purifiez cette cité capitaine. Par le sang et par les flammes, ne laissez aucun rebelle respirer.

- In nomine imperator.

- En Son nom, oui.

La journée s’acheva sur le pire bain de sang jamais vu sur Corilia. Le 22ème district n’était plus, entièrement rasé par les tirs de vindicators space marine. Avec lui avaient disparu les trois secteurs adjacents, créant un no man’s land entre le complexe et le reste de la cité. Autour des usines, un régiment entier de gardes impériaux était maintenant déployé, protégé par cinq escadrons de leman russ. Les marines continuaient à mener des attaques éclair dans la cité contre des cibles presque imaginaires, s’attaquant à tout regroupement suspect. L’hôpital avait ainsi été un des premiers bâtiments à être « sécurisé » ; de ses ruines sans vie montait maintenant une épaisse fumée due aux réserves de son groupe électrogène.

Alors que la nuit tombait, la ville se retrouva privée d’eau et d’électricité. Huit millions de souffles maudirent les soldats impériaux. Dans le Warp, quelque chose ricana.

Assis à son bureau, Milone regardait avec gravité les feuilles de papier en face de lui. Autour du jeune inquisiteur se tenaient Lacan et Mähler, tous deux impassibles.

- Comment cela est-il possible ?

- Le contrôle de la presse est difficile dans ce sous-secteur. Les habitants sont des ouvriers qualifiés et il existe une myriade de petits journaux-

- Fermez-les.

Un silence se fit.

- Vous n’approuvez pas ?

- Avec respect… », hasarda Mähler.

- Parlez.

- Le seigneur Griffith n’a jamais eu à contrôler la presse. Il lui fournissait simplement les informations qu’il souhaitait. En identifiant les nœuds de l’information il pouvait ensuite s’arranger pour qu’ils reçoivent ce que bon lui semblait.

- Les nœuds ?

- Il existe toujours des centres de recueillement de l’information, avant que celle-ci soit rediffusée sur le territoire concerné.

Milone soupira lourdement.

- C’est un travail de longue haleine. Nous n’avons plus le temps nécessaire pour ça.

En son for intérieur, il commençait à songer qu’il s’agissait à présent d’une situation à laquelle son mentor n’aurait pas été adapté. Une guerre de cette ampleur demandait des mesures extraordinaires. On ne pouvait pas tolérer la moindre déviance. Plus que jamais les sujets impériaux devaient être exemplaires.

Sur le bureau, des photos de scènes de massacres faisaient la première page de plusieurs journaux importants du sous-secteur. Le plus gros titre sautait littéralement aux yeux :

LES FORCES IMPERIALES CONTINUENT LEUR MASSACRE

Il faudrait tout de même s’occuper de changer ces gros titres…

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Toujours très sympa à lire =).

Milone est devenue un dangereux psychopathe prêt à tout pour... justement pourquoi? Par ambition? Par folie?

En tous cas ce n'est ni par dévotion ni pour venger son mentor. Quel est son but? En a-t'il un? Creuse d'avantage le personnage puisqu'il est au centre de tout. Ses étranges pertes de connaissance, en a t'il conscience?

L'enchainement des événements et le manque d'information sur ton personnage principale nous donne l'impression que tu sais pas trop où tu vas, ce qui est dommage parce que si on sait pas où nous mène l'histoire, l'écriture est fluide et agréable.

Ne la gâche pas dans une histoire à rallonge qui perd son sens au fur et à mesure des chapitres. :whistling:

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L'enchainement des événements et le manque d'information sur ton personnage principale nous donne l'impression que tu sais pas trop où tu vas, ce qui est dommage parce que si on sait pas où nous mène l'histoire, l'écriture est fluide et agréable.

Ne la gâche pas dans une histoire à rallonge qui perd son sens au fur et à mesure des chapitres. :)

En fait j'ai fini d'écrire l'histoire il y a déjà un certain temps, je me contente de recorriger un peu avant de la poster ici.

Je comprends que le manque d'informations peut laisser perplexe, mais le but est justement de pousser le lecteur à se poser des questions.

Dans le prochain post, le début du sixième et dernier chapitre, qui doit (normalement) répondre à toutes les interrogations. :)

****

La capitaine Solomon Gavius contemplait les ruines d’un air sombre. Ces dernières semaines avaient vu une recrudescence d’actes kamikazes contre ses hommes. Si la plupart du temps les réflexes surhumains des marines, combinés à leur armure d’adamantium, suffisait à les protéger, de plus en plus étaient blessés et quelques-uns étaient même morts après avoir croisé la route d’un terroriste. A présent, chaque habitant de Corilia était une menace potentielle, et la campagne s’embourbait dans une guérilla urbaine. Plusieurs fois déjà, le jeune inquisiteur lui avait refusé ses requêtes de redéploiement, trouvant sans cesse de nouveaux objectifs pour sa compagnie.

Gavius n’était pas dupe. Il avait compris depuis déjà un certain temps que sa présence visait à impressionner la population, voir à la terrifier. A l’inverse, si les marines quittaient Corilia, il était à craindre que la rébellion n’en fasse un triomphe susceptible de balayer la Garde Impériale. En d’autres termes, chaque jour de plus passé ici rendait les marines plus indispensables.

Gavius était un homme de devoir, mais il se surprit à se demander comment la situation avait pu ainsi échapper à tout contrôle.

Dans l’un des rares grattes-ciel de Corilia épargnés par la guerre, Milone, encadré par Broman et Lacan, s’entretenait depuis plusieurs heures avec une demi-douzaine de personnes.

- Vous devez comprendre l’impact que vos décisions ont sur la population. », concluait le jeune homme.

Autour de lui, les responsables des grands médias du secteur semblaient dubitatifs. L’un deux se hasarda à prendre la parole.

- Avec tout le respect que l’on vous doit inquisiteur, ce que vous nous demandez va à l’encontre de nos principes. Vous nous demandez de mentir.

- Je vous demande d’occulter certaines informations.

- Mais dans quel but ? Même si nous cessons de publier des articles sur les rafles et les massacres, tout le monde sait bien qu’ils existent ! Si vous voulez changer l’image de votre opération, le mieux à faire est encore d’expliquer directement vos raisons à la population.

- Et me faire connaître de tout un système ?

Milone fit un geste dédaigneux de la main.

- Je ne suis pas un personnage public. Mais le lieutenant-colonel Broman pourra sans doute faire l’affaire.

- Sauf votre respect-

- Cette conversation est terminée. Vous savez désormais quelles sont vos responsabilités de loyaux citoyens impériaux.

Deux étages plus bas, le départ de Milone était retransmis sur les petits écrans du réseau de surveillance intérieure du bâtiment. Des doigts agiles travaillèrent sur la console de contrôle, et les écrans se figèrent sur une vue très claire de son visage, frappant par sa jeunesse. Quelques commandes données, et des copies de son visage furent imprimées sur d’épaisses feuilles couleur rouge sang.

Saisissant les tirages, Soline enjamba distraitement les cadavres des agents de sécurité et s’esquiva, le sourire au lèvres.

Tu feras un très bon personnage public au contraire.

Dans les profondeurs mal éclairées du sous-sol d’un bâtiment effondré, Jonas était entouré des quelques survivants de l’attaque des marines. Des rebelles originaux de l’usine #72B ne restaient qu’une petite dizaine de membres, mais chacun d’eux était désormais considéré comme un héros par les habitants de Corolia. L’assaut sanglant des forces impériales avait durablement acquis la population à leur cause, et ils cherchaient maintenant un moyen d’en profiter.

- Nous pourrions détourner une Valkyrie et la jeter sur le bâtiment de l’Arbites, ce serait un symbole fort.

- Nous ne voulons pas faire de pertes inutiles. », répéta pour la énième fois Jonas.

L’ancien contremaître de la chaîne n°4 était fatigué, usé par un conflit qui s’annonçait sans échappatoire. Son fils était mort dans la destruction du 22ème district, et sa femme était devenue une torche de fureur. Il avait perdu sa famille, son travail, ses collègues, son toit, sa vie. Il ne lui restait rien de plus qu’un rage sourde, et la volonté de changer l’univers dans lequel il évoluait. Mais comment ?

D’un point de vue purement logistique, leur situation n’était pas mauvaise. Leur réseau de résistance était soutenu par la population, et ni la Garde Impériale ni les Space Marines ne connaissaient suffisamment bien la planète et ses habitants pour les traquer avec efficacité.

Surtout, il entretenait des contacts au sein de l’état-major des forces de défense planétaire, et plusieurs hauts gradés, écoeurés par les politiques impériales, se disaient prêts à changer d’allégeance à un moment clé.

Restait à générer ce tournant. Si les FDP se joignaient à eux, ils auraient une armée professionnelle ainsi que les moyens de recruter de nouveaux régiments entiers. C’est tout Corilia qui se soulèverait. La situation dans le secteur devrait permettre d’éviter des représailles massives de l’Imperium. Une fois les envahisseurs rejetés, ils serait possible de construire un ensemble de défense susceptible de repousser les attaques de la Navis. Tout était possible.

Soline entra dans la pièce et jeta négligemment une photo sur la table.

- Qui est-ce ?

- Le responsable.

- Ce gamin ?

Elle souriait.

- Ce gamin est un inquisiteur, et c’est lui qui commande.

Les hommes étaient atterrés. Un gamin d’une quinzaine d’années leur faisait la guerre, avec à sa disposition les marines impériaux. Solin poursuivit :

- Je vois à votre réaction que vous pensez comme moi. Et je suggère une stratégie. Distribuons ces photos.

- Dans quel but ?

- Montrer à tous que les impériaux sont commandés par un gosse. Quand nos compatriotes verront ce visage, ils comprendront contre quoi on se bat.

Les rebelles se regardèrent, interdits. L’idée semblait bonne, simple même. Mais Jonas n’avait pas de réponse à son problème.

- Les impériaux perdront toute crédibilité d’accord, mais il faut encore déclencher le soulèvement général.

Soline souriait toujours.

- J’ai ma petite idée.

D’un geste rageur, Milone arracha l’affiche.

En-dessous de la photo, sur laquelle il était encadré par Broman et Lacan, la légende « Inquisiteur Milone, commandant-en-chef des forces impériales sur Corilia » ne laissait planer aucun doute. Qui ? QUI ?

Quelqu’un avait attaqué là où cela faisait mal. Quelqu’un avait su.

- Maître, » hasarda Lacan, « Vous pouvez tourner cela à votre avantage. »

- Je sais bien.

Un plan se formait dans son esprit. Audacieux et simple à la fois. Il pouvait effectivement utiliser son image, prouver la justesse de ses décisions. La rébellion s’éteindrait d’elle-même.

- Maître…

- Oui ?

- Les magos vous attendent.

- Au diable, les magos ! Nous avons du travail.

Lorsque Milone lui exposa son idée, Lacan pâlit.

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Chapitre 6 : Les racines de l’hérésie

La foule était venue nombreuse écouter l’Inquisition de l’Empereur-dieu parler.

Sur ce qui avait été la place principale de la capitale de Corilia, des dizaines de milliers de personnes se pressaient, encadrés par les cordons de sécurité des forces de défense planétaire. L’estrade et ses micros géants avaient été placés sous une énorme aquila, symbole de la puissance impériale.

Aujourd’hui la guerre devait finir. Cela avait été proclamé depuis plus d’une dizaine de jours par des affiches, des tracts, des appels à la population par tous les médias encore existants. Milone allait proclamer un discours qui terminerait les hostilités.

Déjà la foule s’agitait, l’heure convenue était déjà dépassée, et l’inquisiteur se faisait attendre. Derrière l’estrade, Milone s’entretenait avec Broman et Gavius. Broman semblait sceptique sur l’entreprise, mais Gavius, sans élever la voix, souligna l’importance stratégique du retrait des marines. Prenant une grande inspiration, Milone commença à marcher vers l’estrade.

Au dernier étage d’un bâtiment non loin, un soldat portant l’uniforme des FDP ajusta la lunette téléscopique de son fusil laser.

Dans la foule, Jonas Tellerman prépara lui aussi ses armes.

Milone apparut enfin, resplendissant dans une armure dorée finement ouvragée destinée à rappeler symboliquement celle de l’Empereur en personne, et une clameur s’éleva de la foule. Par quelques gestes il intima le silence et parla enfin :

- Mes frères. Après des semaines d’un conflit épuisant, je me suis décidé à vous parler afin de vous expliquer la situation.

Le secteur est menacé. Une immense flotte de guerre est apparue et s’attaque à toutes les planètes sur son chemin. Plusieurs menacent déjà de tomber entre leurs mains, et leur défense dépend de leur bon approvisionnement en armes et en munitions.

C’est ici que votre contribution est capitale. Certains vous ont fait miroiter un avenir de paix et de liberté. Ces mensonges sont les racines de l’hérésie.

En vérité, il n’y a pas de paix dans cet univers. J’ai déjà parcouru l’ensemble du Segmentum Obscurus et foulé le sol de plus de trente planètes et d’un nombre incalculable de bases spatiales et de vaisseaux, et je peux vous dire ceci : il n’y a pas de paix au sein des étoiles, uniquement la guerre. L’humanité est menacée, au bord de l’extinction, et seuls nos sacrifices protègent l’Imperium des horreurs qui l’assiègent.

Une voix se fit entendre dans l’assistance : « NOS sacrifices ! »

- Je conçois combien il est difficile pour vous de faire plus avec moins, combien il est éprouvant de ne pas recevoir les rations que vous estimez mériter. Mais chaque bouchée de moins représente plus de nourriture pour nos glorieux soldats, chaque minute de plus que vous travaillez leur permet de pouvoir faire plus de tirs contre les ennemis de l’humanité.

Une centaine de mètres plus loin, le tireur embusqué tenait Milone dans son viseur. En contrebas, la foule commençait à huer.

Derrière l’homme la porte s’ouvrit silencieusement, et la forme sensuelle de Soline Tellerman s’avança vers lui.

- Je sais que la plupart d’entre vous ont perdu des leurs lors du conflit qui a fait rage ces derniers temps. Je ne peux vous demander de les oublier, mais je vous demande de ne pas faire en sorte que leur mort ait été inutile.

Ceux qui sont morts ont été tués au nom de la loi de l’Empereur-dieu de l’humanité.

Ce n’est pas qu’une abstraction. L’amour de l’Empereur est ce qui nous distingue des animaux qui rampent dans la poussière. La croyance dans quelque chose de plus grand que nous nous sépare du bestial. Car nous sommes prêts à donner nos vies, et bien plus encore en Son nom.

Des cris de protestation montaient dans le public. Quelques petits objets, cailloux, aquilas étaient projetés vers l’estrade.

- Essayez de comprendre, » reprit Milone. « Si nous nous détournons de la lumière impériale, plus rien n’aura d’importance. Les planètes brûleront, vos enfant mourront…

L’assistance tapait du pied, hurlait, vociférait des insultes vers l’inquisiteur.

- Si vous ne vous pliez pas à ma volonté, vous irez à l’encontre de l’Empereur lui-même !

A présent la foule scandait un mot, répété à l’infini, doucement d’abord, puis de plus en plus fort : liberté, liberté, liberté, LIBERTE…

- Ne vous détournez pas de la lumière !

C’est cet instant que Soline choisit pour agir. Sortant un poignard aiguisé, elle le planta dans la nuque du tireur et lui arracha l’arme des mains. Puis, elle visa à son tour.

Dans la foule, Jonas Tellerman décida également d’agir. Prenant son arme en main il prit son temps pour la lancer vers Milone de toutes ses forces.

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- Ne me trahissez pas… », finissait l’inquisiteur, lorsque l’objet l’atteignit à la poitrine.

D’un air dégoûté, Milone contempla la tâche rougeâtre sur son armure d’or. Le fruit, dans un état avancé de décomposition, s’était parfaitement écrasé sur l’aigle impérial de son plastron. L’insulte était tellement forte que le silence se fit instantanément.

A ce moment précis, Soline appuya sur la détente et la tête de Jonas Tellerman explosa. Les gens les plus proches mirent une seconde à comprendre, puis une femme hurla. Par la fenêtre, Soline lâcha une rafale aveugle dans la foule, touchant plusieurs personnes, avant de prendre la fuite.

La panique emporta l’assistance. Les soldats furent débordés, et des milliers de personnes se ruèrent vers l’estrade. Resté au micro, Milone donna l’ordre irréparable :

- Retenez les ! Tirez s’il le faut !

C’était une erreur, mais il ne pouvait le savoir. Dans leur véhicule blindé, en retrait, les officiers des FDP l’entendirent et prirent la décision de donner un contrordre par les oreillettes de leurs hommes. Pas un seul soldat ne prit les armes.

Surgissant de nulle part, Gavius apparut soudain derrière Milone et le saisit par les épaules.

- Inquisiteur, il faut partir. Mon speeder est là.

Milone était sous le choc, tétanisé par la tournure des événements. Il regarda une derrière fois la foule déchaînée avant de suivre le capitaine.

***

Corilia était perdue.

A la suite de l’échec du discours de Milone, la populace, grâce à l’aide des forces de défense planétaire, se souleva véritablement contre l’Imperium. La Garde Impériale du lieutenant-colonel Broman, retranchée à l’extérieur de la capitale, subit l’assaut de deux millions d’habitants en fureur, armés par leurs forces de défense planétaire..

Dans un premier temps, Milone voulut ordonner au capitaine Gavius de le soutenir, mais Lacan l’en dissuada.

- Maître, les chances de réussite, même pour les marines, sont infinitésimales.

- Mais ils pourraient réussir à tuer leur leader.

- Ils n’ont plus de leader.

La mort de Jonas Tellerman, abattu par les forces impériales pour un jet de fruit avarié, en fit un martyr. Les foules scandaient son nom en attaquant les dernières poches d’autorité sur Corilia.

La planète entière tomba en quelques heures.

***

Seul dans le strategium du croiseur d’attaque des Angels of Absolution, Milone pensait.

Son échec ne l’avait pas dérouté. Il avait toujours su que la manière douce échouerait. L’amertume le rongeait, mais c’était plus le remords d’avoir voulu suivre une dernière fois les conseils de Griffith.

A présent il se sentait en accord avec lui-même. Il n’y aurait plus de manière douce, plus jamais.

Le capitaine Gavius entra à son tour dans le strategium. Il jeta un œil par l’immense baie vitrée à la planète en contrebas avant de se placer à la droite de Milone.

- Inquisiteur, quels sont vos ordres ?

- Ceux que j’aurais dû vous donner depuis longtemps capitaine : faites les brûler dans les flammes de l’enfer

Le marine se figea un instant, mesurant le poids de ces paroles. Puis :

- A vos ordres.

La nuit était tombée sur la capitale.

Après les derniers combats, les rues étaient maintenant désertes. Les hommes qui avaient encore une famille l’avaient rejointe dans leur cellule d’habitation, les autres campaient à l’extérieur de la ville sur les restes de l’armée impériale, récupérant le matériel encore utilisable, et tout particulièrement les flasques d’alcool.

Sur l’un des toits, la femme qu’on appelait Soline Tellerman regardait fixement les usines restantes de Corilia. Le complexe militaro-industriel était encore en partie debout, mais cela ne modifierait en rien l’avenir.

Bien sûr, les promesses de liberté n’avaient été qu’un mensonge. En aucun cas l’Imperium ne prendrait le risque que cette production d’armes et de munitions tombe aux mains de ses adversaires.

Sachant ce qui allait maintenant survenir, elle relâcha l’illusion de son apparence, et une lueur malsaine l’auréola. Ses traits se déformèrent, et le démon de Tzeentch invoqué par Zaraphiston, une forme avancée de Tsani’kchami’i, put enfin éclater de son rire caractéristique, alors que, dans le ciel sombre de Corilia, les premières lumières du bombardement orbital s’allumèrent.

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Demeuré dans le strategium, Milone regardait Corilia brûler sur l’enregistrement, encore et encore. Personne ne s’opposerait à Sa volonté.

Concentré sur l’horreur bien réelle de la destruction d’une planète impériale, il n’entendit pas l’homme s’approcher derrière lui.

- Inquisiteur ?

Se retournant, Milone se retrouva face à une paire d’yeux gris dans un visage de pierre.

Horst.

- Vous… Vous étiez là ?

- Je suis là où mon devoir l’exige, inquisiteur.

Ce dernier mot était dit sur un ton moqueur, comme Horst ne faisait aucun effort pour dissimuler son mépris.

- Je peux très bien me charger de cette mission.

- A l’évidence.

Encore ce mépris. Horst poursuivit :

- Vous avez perdu une planète vitale pour notre effort de guerre. Par vos méthodes primitives et votre incompétence, vous avez même perdu les forces dont vous étiez responsables pour l’accomplissement de votre mission.

- Des sacrifices nécessaires, seigneur-inquisiteur.

- Nécessaires ? Et combien de sacrifices estimerez vous nécessaires pour vaincre le Fléau à présent ?

- Je… Je-

- Il suffit. Le monde-ruche Orar connaît une rébellion d’une ampleur considérable. J’ai déjà ordonné au capitaine Gavius de changer de cap. Par ailleurs, il semble que nos ennemis disposent désormais d’un vaisseau capable de réduire à néant une planète en un seul tir. Nous avons perdu Savaven ainsi. Toutes nos forces doivent être redéployées.

- Très bien, je vais consulter les-

- Cela ne vous concerne plus. Je ne fais que vous informer de l’ampleur de vos échecs.

Horst avait prononcé ces mots d’une voix particulièrement ferme. Il continua sur le même ton :

- Vous n’êtes plus dignes de vos fonctions. Vous serez consigné dans une cabine jusqu’à ce qu’un tribunal inquisitorial juge vos actes.

- C’est insensé.

- Non Milone. C’est vous qui étiez insensé. Pensiez-vous vraiment tout résoudre par la force ?

Deux marines parurent derrière Horst, qui visiblement avaient attendu son signal pour intervenir. Comme ils se rapprochaient, Milone fit un pas en arrière.

- Je refuse.

- Vous refusez ?

- Vous ne m’enlèverez pas le commandement de cette mission. Je suis la lumière.

Les yeux du garçon avaient changé. Habités par une lumière surnaturelle, ils paraissaient à présent lancer des éclairs. Horst, impassible, le regarda d’un air triste.

- Non Milone. Vous n’êtes rien de plus que l’instrument des ténèbres.

L’attaque psychique projeta Horst et les marines dans les airs, laissant l’opportunité à Milone de quitter le strategium.

Tout d’abord il marchait, se tenant droit, des larmes de rage aux yeux. Puis, lorsque l’alarme générale retentit dans les couloirs du vaisseau, il se mit à courir.

Sur le pont, Horst, le visage partiellement brûlé, se retourna vers Gavius. Il n’y avait pas besoin de mots.

- A vos ordres. » fit le marine.

Un officier se retourna vers Gavius.

- Capitaine. Un thunderhawk vient de quitter le hangars trois.

- C’est forcément lui. Verrouillez-

- Attendez.

Horst semblait avoir changé d’avis, et examinait avec grand intérêt une carte du secteur.

- Est-ce là la planète la plus proche ?

- Oui monsieur.

- Alors laissez-le.

- Monsieur ?

- D’après nos informations, Belatis est la prochaine cible du Fléau. Quoiqu’il fasse, il n’a aucune chance d’en réchapper. Nous aurons juste à nous assurer qu’il ne tombe pas dans les mains de l’ennemi. Je vais donner des ordres en ce sens.

- Oui seigneur.

- Quant à nous capitaine, nous avons une guerre à gagner.

- A vos ordres.

Dans l'espace le minuscule point qu'était le thunderhawk se détacha de la forme massive du croiseur et accéléra vers la planète condamnée. Seul aux commandes, Milone peina pour contrôler l'appareil au contact des premières couches de l'atmosphère. Rendu presque incontrôlable par la friction, l'oiseau de feu plongea vers le sol à grande vitesse.

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Hello,

Hé bien dites donc, on se bouscule pas pour te commenter... X-/ Quel dommage vu le niveau du récit. Et bravo pour ta persévérance X-/

Sinon le texte est toujours aussi bon, très cohérent et bien mené avec de bons rebondissements. Continue comme ça, j'attends la suite.

++

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Yo!

Bon, alors je n'ai actuellement lu que les deux premiers chapitres. Et c'est plutôt bien, mon gars. Si je devais faire dans le général d'abord, je dirais que c'est fluide, plutôt bien maîtriser. L'intrigue se dévoile peu à peu mais, à mon sens, s'éparpille parfois beaucoup. Cette histoire de course au pouvoir chez les Alanti, par exemple, me laisse insatisfait: les rouages ne sont pas assez expliqués ni clarifiés, les buts de chacun à peine évoqués, bref, lorsqu'il meurt pour trafique d'arme je n'ai pas compris la raison de ce même trafique. Mais c'est peut être moi.

Certaines petites fautes d'orthographe ou de frappe, mais ce n'est pas important, car une simple relecture les corrigera.

Là où cela est un peu plus bancal, c'est au niveau du style: certaines formules sont maladroites ou mal employées (même si c'est rare), et surtout, il y a un problème de registre. Enfin, je crois. Je m'explique: je ne suis pas très au fait du fluff de Warhammer 40k, mais globalement l'Inquisition reste un archétype plus accessible que d'autres factions. Et je vois mal cette Institution ressembler à des super-flics. Il faudrait plutôt donner dans le côté fanatique, comme tu as commencé à le faire.

Encore une fois, je le répète, je n'ai lu que deux chapitres.

Bon, je vais essayer de reprendre en plus détaillé maintenant:

PROLOGUE:

"de lourdes bottes"

Bon, je sais bien que l'Inquisiteur n'est pas seul, mais c'est le personnage clé, et décrire le bruit des bottes de ses soldats me semble réducteur pour lui. Aucune mention de son armure énergétique et des llourdes plaques d'adamantium qui la compose? Donc il n'est pas encore sorti du véhicule? Hum, c'est minime, mais quand même.

"Il n’y a pas de douteS possibleS"

"il ne pouvait s’empêcher de sentir la peur et la répulsion que lui inspiraient le Chaos"

Les Inquisiteurs n'ont pas peur. Milone, pourquoi pas; Griffith, non.

"Les puissances démoniaques ressemblaient d’année en année de plus en plus comme une marée inexorable"

Là, y'a un truc en trop: c'est soit "de plus en plus à une marée inexorable" (et encore, inexorable n'attend rien ensuite je crois. On l'emploie pour 'Une inexorable avancée', par exemple, et plutôt avant qu'après. Bref), soit "la ressemblance avec une inexorable marée s'accentuait d'année en année". Pas les deux, et pas dans cet ordre là.

"C’est pas beau à voir, monsieur."

On lui donne du Seigneur et ensuite du "Monsieur"? Et il lui éclate pas la tronche à ce sergent mal poli? Ça m'étonne. :whistling: (remarque il le fait, mais pas pour les mêmes raisons)

"dés"

Ouais, ça c'est une erreur chronique dans ton texte: écrit comme ça, ce sont les dés pour jouer aux Warhammer. Sinon, c'est 'dès', comme dans 'dès qu'il arriva...'

"soulevant son cœur comme à chaque fois."

On aura compris que cette fragilité mentale, psychique, des Inquisiteurs me laisse plein de doutes.

"le carnage qui se trouvait à quelques mètres"

"le carnage qui se trouvait à une pièce de là" sonne mieux, je trouve.

CHAPITRE 1:

"faisait une mine sombre"

On a l'impression qu'il joue la comédie, là; essaye plutôt le style indirecte: "la figure du blablabla était sombre".

"vêtu d’une cape sombre"

Répétition, mon cher, qui se voit.

"Le commandant saisit un dossier et l’ouvrit sur le bureau, laissant s’étaler une demi-douzaine de photos d’un cadavre de sexe féminin."

Bon, pour le coup cet extrait va cristalliser bon nombre de mes interrogations: est il possible qu'au 41ème millénaire, les photos soient encore d'usage? Parce que des archives papiers, déjà, me semble étrange; mais alors des photos... Vraiment, il faudrait revoir à la hausse le niveau technologique, non? Est ce que tu vois, dans Star Wars, le moment où Obi Wan cherche la planète Kamyno (pas sûr de l'orthographe) dans la bibliothèque Jedi? Voilà ce qui selon moi ressemble le plus aux types de documents existant à warhammer 40k. Et lorsque tu décris le bureau de Sirius Alanti, c'est pareil: m'étonnerait qu'un homme de son importance s'encombre de papiers et de 'crayons' (sans vouloir être vexant, cette mention des crayons m'évoque plus un petit enfant ordonné qui vient de finir son coloriage X-/ )

D'ailleurs, c'est étrange ça: les vaisseaux, les armures énergétiques, les lasers, les globes lumineux et compagnie, pour continuer à bosser sur des feuilles?

Bref, là à mon avis ça coince, alors que le reste de l'univers de 40k est bien retranscrit (les mondes ruches, les serviteurs plus tellement humains, toussa toussa quoi).

"Nous n’avons aucune raison de penser qu’elle n’était pas la seule"

Donc ils pensent qu'il y en a d'autres? Cela contredit cette phrase, deux lignes au dessus: "Tout laisse à penser qu’elle était un cas isolé" (d'ailleurs, il me semble que l'expression c'est 'tout laisse à croire'; je ne me rappelle plus si c'est valable aussi pour 'penser').

"Si commandant, vous en avez une. Et vous l’auriez certainement trouvé tout seul si vous vous en étiez donné la peine."

Donc en fait il y a une raison qui nous ferait penser qu'elle est seule, et c'est pas bien? A cause de l'erreur du dessus, tu embrouilles tout ce passage! Vilain!

"Seul un fusil laser de haute puissance pouvait causer de tels dégâts"

'peut'. Tu as commencer le discours de Milone au présent, et cet imparfait est pour le moins imparfait!

"ils étaient impatients de s’en débarrasser."

Là, je ne suis plus: comment la maison Alanti peut elle désirer la mort d'une femme qui court pieds nus? Parce que c'était un psyker? Mais les autorités ne sont pas sensées savoir qu'ils en utilisent, non?

"Ce sont ses employeurs qui nous l’ont livrée." Et cette phrase ne m'aide pas beaucoup: une vulgaire employée que l'on trouve normal de dézinguer?

"Milone accusait l’inquisiteur d’avoir voulu traiter lui-même l’incident pour des motifs personnels"

Encore une fois, je vois mal un Inquisiteur être soumis à la nostalgie. Mais bon.

"C’était Milone qui avait déterré l’anomalie du rapport de l’Arbites"

Déterré me paraît inapproprié. Détecter, plutôt?

"Comme tous les acteurs de l’Imperium, il utilisait lui aussi la puissance du Warp. Y avait-il là une réflexion utile pour son investigation ?"

Suivit de:

"En débouchant dans le hall principal des Alanti, Griffith compris que oui. Le luxe opulent d’une des maisons nobles principales d’un monde tel qu’Orar était impressionnant, même pour un inquisiteur âgé de plus d’un siècle"

Le rapport entre le Warp et la richesse? J'ai du mal à suivre le raisonnement.

"Le hall était suffisamment large pour accueillir plusieurs titans"

J'ai du mal à me représenter la taille d'un Titan, m'enfin... Si j'en crois les proportions d'un simple canon fournaise dans Dawn Of War Dark Crusade, le hall est aussi grand que Paris, quoi (oui, moi aussi j'aime exagérer!).

"certaines colorées, d’autres odorantes"

Ça, j'aime bien.

Ensuite, le passage avec Fisk me laisse insatisfait: soit tu es trop subtil pour moi, soit ce n'est pas très clair, mais globalement et à mon sens il se prend un bolt pour rien.

"Je ne vous aurai pas envoyé Fisk si ce n’était le cas"

Là, c'est le début de la fin (ahah, je suis génial!), je ne comprend plus grand chose: je veux vous aider alors je vous offre un mongol pour passer vos nerfs? Ou alors je vous montre que je suis prêt à sacrifier beaucoup?

Bon, je n'ai plus de temps (et oui, les bus n'attendent pas), mais j'aime la fin, et le AVE IMPERATOR. Ça, c'est l'Inquisition!

Rassures toi, ton texte se lit très bien, et c'est agréable comme ambiance.

Je finirais plus tard, peut être.

Modifié par Silverthorns
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Hello,

Je réagit suite à l'intervention de Silverthorns :

Les Inquisiteurs n'ont pas peur. Milone, pourquoi pas; Griffith, non.
:whistling: ?!? Pourquoi ça ?

A ma connaissance seuls les astartes ne "connaissent pas la peur" et encore c'est plus une formulation visant à décrire leurs prouesses qu'une vérité absolue. Quand on sait les menacent que combattent un inquisiteur et les secrets qu'ils connaissent, on se dit que seul un fou pourrait ne pas avoir peur. Selon moi, au contraire, un inquisiteur qui n'a peur de rien est un danger publique (ou alors il est déjà corrompu par le chaos).

est il possible qu'au 41ème millénaire, les photos soient encore d'usage?
Bien sur que oui.

D'après ma lecture des premiers tomes de la série sur l'hérésie d'Horus, les légions Space marines étaient accompagnées par des artistes qui devaient retranscrire la grande croisade et il y avait parmis eux des photographes. Bien sur la technologie a certainement évolué et les appareils ainsi que les impressions papiers n'ont peut-être rien de commun avec ce que l'on connait aujourd'hui, mais je ne pense pas qu'ils aient disparus.

dans Star Wars
Le 41ème millénaire n'est PAS Star Wars.

C'est une galaxie en guerre perpétuelle contre des ennemis qui menacent la survie de l'humanité. Dans cet univers, la "technologie" est maintenue essentiellement par les membres de l'adeptus mechanicus grâce à des "rites" qui ne sont pas enseignés au commun des mortels. D'ailleurs une grande part des meilleurs technologies est consacrée à la guerre (comme les armures énergétiques et autres lasers que tu cite). C'est pas moi qui le dit hein, c'est le background de 40K qui est comme ça et c'est de là aussi que vient le côté sombre et gothique de cet univers.

[Edit] Tiré de TARAN :

Lors de la présentation des armes dans l'Arsenal, les explications technologiques sont généralement absentes. Seuls leurs effets sont décrits car eux seuls importent pour le jeu. C'est une politique délibéré pour une raison de simplicité.

Cependant la principale raison est que les hommes de l'Age de l'Imperium ne sont pas du tout sensibles à la technologie. C'est une époque ou les problèmes sont résolus par la force brute et l'ignorance, où les périls sont trop grands et trop inconcevables pour envisager une autre réponse. Dans ce lointain futur, les cercles de pierres dressés sont aussi incompressibles que les ordinateurs. Les connaissances scientifiques qui survivent du Moyen Age Technologique sont très loin de celle que nous pouvons imaginer à notre début de 21e siècle. La connaissance est le privilège de quelques technoprètres de l'Adeptus Mechanicus et même leurs connaissances sont un peu altérées. La technologie pour le citoyen impérial de base est comme la sorcellerie pour un habitant du moyen-âge : un mélange de fascination et de peur. La technologie est traitée avec un respect et une déférence toute religieuse. Les Space Marines, par exemple, maintiennent constamment leurs équipements et leurs armures en espérant que leurs armes ne s'enrayeront pas et que leurs armures les protégeront. Celui qui les entretient mal risque d'être puni par une fuite dans sa combinaison ou tout autre mauvais fonctionnement comme s'il s'agissait d'un dieu offensé.

Il est impossible de spéculer sur les progrès que réalisera la technologie dans les 38000 prochaines années mais il a bien fallu pour la construction du jeu faire quelques suppositions. Les principales d'entre elles sont la création d'un univers peuplé de danger et cette grande histoire (Wh40k bien sur)…

Les habitants de ce futur lointain sont mentalement très différents de nous -nos idées de moralité et de rationalité leur sont totalement étrangères- et leur technologie reflète à la fois leur passé (une ère de découverte et d'achèvement) et leur futur (une ère de dangers et de survivants).

A noter qu'il y a donc certainement des "invraisemblances" liées à la nécessité de créer un univers intéressant pour le jeu, à nous de faire avec.[/Edit]

Bref, je n'ai pas le temps de tout relire mais il ne me semblait pas avoir remarqué de grosses fautes "fluffiques" dans ce texte. Ce qui n'engage que moi hein...

++

Modifié par M3mn0ch07
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Je l'ai peut être pas assez montré, mais c'était plus des questionnement dus à un manque de connaissances que des critiques et affirmations.

Sauf pour l'histoire de l'Inquisiteur. Vraiment, je ne sais pas, je ne me les représente pas comme ça. Si les marines sont des sur-hommes de par leur conditionnement physique, les Inquisiteurs sont des sur-hommes psychique. Suffit de regarder les chapelains et l'attention qu'on porte à ce qu'ils ne présentent aucune déficience mentale.

Alors pour un Inquisiteur qui, comme tu dis, connaît tant de secrets que ça...

Une chose en passant, qui m'avait frappé lors de la lecture:

"- Tu n’oublies pas quelque chose ?

Dans le couloir, appuyé sur une cane en attendant que ses nouvelles prothèses soient opérationnelles à 100%, le visage déformé par un rictus qui ne partirait jamais, Griffith tendit la main. Poussant un soupir, Milone lui rendit le pistolet-bolter.

- Aujourd’hui on a fait ça à ta façon, mais ça ne veut pas dire que tu dois me piquer mon flingue. » fit l’inquisiteur.

- Ok.

- ‘Oui maître’, s’il te plaît.

- Oui maître.

- Et nettoie moi ce sang sur ton uniforme. Ça fait tâche…

- Bien.

- Et arrête d’être aussi sérieux aussi.

- …"

Tout ce passage, là, je me suis cru dans Bad Boys. Sans blague, pour un Inquisiteur qu'est pas drôle habituellement, et qui vient de se prendre un coup de laser dans la tête, je le trouve très cool et décontracté.

Mais c'est peut être aussi marquer dans le fluff que les Inquisiteurs, après avoir reçu un coup sur la tête, deviennent des bôgosseuh de films d'action... :whistling:

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Yop,

Sauf pour l'histoire de l'Inquisiteur. Vraiment, je ne sais pas, je ne me les représente pas comme ça. Si les marines sont des sur-hommes de par leur conditionnement physique, les Inquisiteurs sont des sur-hommes psychique. Suffit de regarder les chapelains et l'attention qu'on porte à ce qu'ils ne présentent aucune déficience mentale.
AMHA, la peur n'est pas une déficience mentale, je dirais même que c'est l'absence de peur qui relève de la déficience mentale (qui a dit que les space marines sont stupides ? :) ). Après, ça ne veut pas dire que l'inquisiteur ne doit pas maitriser sa peur, mais rien ne l'empêche de la ressentir. Oui, les inquisiteurs sont puissants et bien formés, mais maitriser une émotion dangereuse et ne pas la ressentir sont deux choses différentes.
Mais c'est peut être aussi marquer dans le fluff que les Inquisiteurs, après avoir reçu un coup sur la tête, deviennent des bôgosseuh de films d'action...
Justement, d'après TARAN... Heu non je rigole... :P

D'ailleurs je ne dis pas que tout le texte de Rippounet colle parfaitement au fluff, simplement que les entorses qu'il y fait sont moins conséquentes que ce que laissait entendre ton premier message.

++

Modifié par M3mn0ch07
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Merci pour les critiques les gars!

Pour essayer d'y répondre sans trop déborder sur la section BG...

Pour ce qui est des photos l'erreur est en fait d'avoir gardé le mot actuel plutôt que d'avoir tenté un néologisme (pict-truc ou instantané-chose... ). Du coup, ça se voit trop, c'est maladroit. Mais par contre, comme l'a bien dit M3mn0ch07 il n'est pas anachronique d'avoir des photos, du papier ou des crayons au 41ème millénaire.

Quant au hall assez grand pour accueillir des titans, je tiens à souligner que ça n'a rien d'une exagération. Les ruches sont immenses, et la plupart des titans, à l'inverse, ne le sont pas tant que ça (un Warlord fait une soixantaine de mètres de haut).

En ce qui concerne le caractère de Griffith par contre, le but était justement de prendre un peu à contre-pieds les images "classiques" de l'Inquisiteur (que je connais bien). J'ai peut-être un peu poussé le bouchon par contre... mais le but était de forcer le contraste entre Griffith (humain) et Milone (plus classique), pour montrer... hum, voici la conclusion en-dessous. :P

Je ne vais pas m'attarder sur les erreurs et les maladresses, je prends note qu'il y en a quand même un sacré nombre, ce qui pose la question de savoir si mes relectures sont efficaces.

J'ai juste deux points à expliquer:

"Comme tous les acteurs de l’Imperium, il utilisait lui aussi la puissance du Warp. Y avait-il là une réflexion utile pour son investigation ?"

Suivit de:

"En débouchant dans le hall principal des Alanti, Griffith compris que oui. Le luxe opulent d’une des maisons nobles principales d’un monde tel qu’Orar était impressionnant, même pour un inquisiteur âgé de plus d’un siècle"

Le rapport entre le Warp et la richesse? J'ai du mal à suivre le raisonnement.

Argh, j'ai très mal tourné ça.

L'idée était que Griffith se fait la réflexion que l'Imperium est bâti sur l'usage des psykers, juste avant de pénétrer dans le hall immense d'une maison noble de l'Imperium: le bâtiment était supposé symboliser l'Imperium lui-même. Le fait que l'Imperium lui-même ne soit pas "pur", laisse à penser qu'aucune grande organisation ne peut l'être, et donc que les maisons nobles, à l'image de l'Imperium, sont probablement corrompues.

Ensuite, le passage avec Fisk me laisse insatisfait: soit tu es trop subtil pour moi, soit ce n'est pas très clair, mais globalement et à mon sens il se prend un bolt pour rien.

"Je ne vous aurai pas envoyé Fisk si ce n’était le cas"

Là, c'est le début de la fin (ahah, je suis génial!), je ne comprend plus grand chose: je veux vous aider alors je vous offre un mongol pour passer vos nerfs? Ou alors je vous montre que je suis prêt à sacrifier beaucoup?

Scène bâclée. :) L'idée était qu'un noble qui envoie un incompétent faire la parlote à l'Inquisition a quelque chose à dire en personne, autrement dit c'est une manière de faire venir les autres à lui (mais sans se déplacer, ni éveiller les soupçons extérieurs).

Rip'

***

Il n’y avait plus rien. Après le crash, l’esprit vide, Milone marcha dans les montagnes de Belatis durant plusieurs heures ou plusieurs jours, incapable de formuler la moindre pensée. Il n’était pas la lumière de l’Empereur. Il n’était pas même humain. Tout ce qu’il avait toujours combattu se trouvait en lui.

A présent, ses sens étaient décuplés par ses pouvoirs psychiques latents. Il percevait la peur et la souffrance des humains à plusieurs kilomètres à la ronde. La sensation était insupportablement douloureuse, accusatrice. Mais quel choix avait-il eu ? N’était-il pas né ainsi, destiné à combattre l’hérésie ?

Un bâtiment se dressait devant lui, plus ancien que tous ceux qu’il avait vu jusqu’à présent, fait d’une pierre sombre sur laquelle courrait un lierre mort. Quelque chose de différent émanait de l’endroit, quelque chose d’infect et de délicieux à la fois, la promesse de libertés inavouables et d’une perdition éternelle. Il prit une forte inspiration et sut que cette pestilence était celle du Chaos.

Il fit quelques pas dans le temple maudit, cherchant du regard quelque origine à l’émanation. Mais la corruption semblait venir du sol lui-même, et ses racines étaient profondes. Milone devina que des siècles de pratiques sacrilèges avaient façonné cet endroit.

Ses pas résonnèrent lourdement dans la pénombre, et un oiseau noir de jais s’enfuit en lançant un croassement sinistre. Il connaissait cette odeur, comme un souvenir, comme une familiarité.

- Bienvenue.

La voix féminine explosa dans sa tête, écrasante. Milone tomba à genoux, se saisit la tête entre les mains.

- Tu dois connaître cet endroit, jeune élu.

La voix était redevenue normale, enfantine presque. Milone releva les yeux et vit une toute jeune fille, douze ans peut-être, vêtue d’une ample robe noire qui lui laissait les épaules à nu. Il détourna rapidement le regard ; la noirceur de sa robe n’était pas une teinte, mais les ténèbres créés par les signes cabalistiques qui se trouvaient dessus.

- Regarde.

Milone résista, mais le ton de la fille était redevenu impérieux, irrésistible à présent.

- Regarde, et vois d’où tu viens.

Et elle éclata en rires, d’une joie pure et puérile.

L’illusion était dissipée. Milone se tint devant elle et l’examina. Son visage lui rappelait quelque chose, mais il ne comprenait pas.

- Je m’appelle Namée, fille d’An’droch. Tu es aussi fils d’An’droch. Ta mère était née sur son domaine. Une pitoyable humaine qui se refusait à son maître.

- An’droch ?

- Un démon, jeune élu.

Un vent surnaturel souffla dans le temple, tandis que Milone puisait dans l’Immaterium. Mais Namée sourit.

- Oh oui, tu as cette puissance en effet. Tout comme moi.

Elle leva la main, et les forces qu’avaient déchaînées Milone s’apaisèrent aussitôt.

- Pourquoi suis-je un élu ?

- Curieux, tu es ? », répondit Namée en riant.

Elle s’approcha, et de sa main lui caressa la joue.

- Tu es presque humain. En débit de ta parenté, tu sembles humain…

Elle tournait autour de lui, marchant presque sur la pointe des pieds, à la manière d’un félin.

- … mais un humain maudit, destiné à servir le Chaos. Ta nature démoniaque n’attendait qu’un signe pour sortir à la surface. C’est ton ambition toute humaine qui t’a condamné.

- Impossible !

- Mais si. Tu n’as plus rien de bon en toi. Tu ne ressens que le besoin de pouvoir. Tu n’as en toi que le Chaos.

- Tu mens !

Milone tremblait de la tête aux pieds, et ses yeux pleuraient de rage.

- J’ai voulu faire le bien ! J’ai voulu conduire les hommes à l’amour de l’Empereur !

- Et tu les as conduit à s’en détourner.

- Je leur montrais le chemin ! Pour le bien de tous !

- Mais non. Tu voulais juste jouir du pouvoir. Le pouvoir de vie ou de mort sur les hommes.

- Je voulais… Je voulais…

- Le bien de tous ?

Namée s’arrêta sous une fenêtre, et une mince lueur de l’extérieur illumina sa chevelure noire, révélant ses yeux d’un pourpre profond. Elle soupira, avant de poursuivre :

- L’Homme ne reconnaît aucun « bien de tous ».

- L’Empereur-

- -est un symbole. Un idéal. Mais qui en voudrait ? Qui voudrait d’une vie vécue aux noms d’idéaux quand on peut jouir du pouvoir ? Même toi tu as manqué du dévouement nécessaire à ton devoir.

- Tu es une créature infernale.

- Bien sûr. Mais je ne suis pas hypocrite, moi. Je sais ce que les hommes veulent.

- Les hommes ne sont pas tous damnés.

- Vraiment ? Alors pourquoi les hommes ne vivent-ils pas pour l’Empereur ? Pourquoi y a-t-il toujours des révoltes, des rebellions, des trahisons ? Aucun être humain ne peut vivre pour le bien de son voisin. Les hommes n’aiment pas leur dieu. Ce sont ça les racines de l’hérésie !

- Démon…

- Les hommes préfèrent saisir leur chance quand ils le peuvent. Leur chance d’accéder au pouvoir. Leur chance d’être forts et respectés. Leur chance de vivre une vie de plaisirs sans fin. Chacun vit pour soi, comme tu l’as fait.

- Que me veux-tu ?

- T’ouvrir les yeux Milone. Que tu puisses au moins être fier de toi. Tu as prouvé que même s’il a le choix, l’Homme ne choisit pas le bien.

- Tes artifices ne marcheront pas sur moi sorcière !

Namée rit à gorge déployée.

- Tu ne vois pas ? Tu as poussé tes idéaux jusqu’au bout, et qu’est-il advenu de toi ? Les hommes t’ont-ils suivi pour ton Empereur ?

- Tu m’as trompé.

- Pas moi Milone. C’est toi. Tout seul. Tu ne pouvais pas convaincre les hommes alors tu as dû les massacrer. Tu as voulu imposer ta volonté par la force.

- Non.

- Si. Tu t’es pris au jeu. Le pouvoir. La puissance. En combattant le mal par le mal, tu es devenu un démon.

- NON !

- Tu as pris plaisir à tuer. Et maintenant, voilà ce que tu es : un traître. Le plus grand traître de l’histoire de l’Imperium ! Grâce à toi et à ton zèle un secteur entier va tomber ! Plus d’une demi-douzaine de planètes ont succombé aux ténèbres, et la flotte impériale est en déroute. De l’espace, le Fléau contemple ton œuvre et sourit. Car il sait.

- NOOON !

La voix de Milone s’était brisée, et il s’étala maintenant sur le sol, abandonnant son corps à la gravité comme son esprit à la vérité. Ses ongles se plantèrent d’eux-mêmes dans ses joues, déchirant la peau comme un masque devenu inutile. Son sang coula lentement entre les pavés.

- Grâce à toi, la galaxie sera à feu et à sang. Cadia tombera, et le Chaos rongera l’Imperium comme un cancer jusqu’à son agonie finale. Ton dieu-cadavre pourrira sur son trône, et la puanteur se sentira jusqu’au fin fond de l’œil de la Terreur !

Namée se calma, fixa sur la forme abattue de son demi-frère un regard perçant.

- Mais tu dois encore servir à quelque chose. Ta vie a été précieuse pour les Dieux Noirs. Et sa fin aussi. Le dernier sacrifice pour effacer ton existence.

Dans le ciel, la foudre tonna. Mais c’était une foudre mécanique, produite par le survol d’appareils aux couleurs sombres. A cinq cents pieds du sol, des instructions furent relayées. Namée souriait.

- Tu aurais pu finir avec Belatis, mais ton sacrifice aurait été gâché. Au lieu de ça, les hommes que tu as si fidèlement servis sont venus te retrouver pour te donner le coup de grâce.

Milone regarda la lettre qui pendait à son coup. Bien sûr. Avait-il vraiment cru qu’il échapperait à l’Ordo ?

- Ce soir, je renaîtrai sous le nom de Khoysan. Et toi, les Dieux se battront pour savourer ton âme.

La main sur sa rosette, Milone consacra son dernier souffle à prier l’Empereur.

Le temple fut vaporisé. Ce n’était pas simplement une explosion, mais une immense boule de plasma incandescent qui le fit instantanément disparaître de la surface de Belatis. Des dizaines d’autochtones périrent en même temps que Milone, une offrande supplémentaire pour l’Architecte du Changement.

Les deux Thunderbolts firent un dernier survol à mille pieds avant de partir s’évanouir dans le noir de l’espace. Une fois l’atmosphère quittée ils se dirigèrent droit vers la frégate inquisitoriale qui les attendait, les moteurs déjà prêts à rugir pour quitter l’orbite de la planète condamnée.

Des centaines de vaisseaux entouraient l’astre, du plus petit vaisseau intra-système aux massifs croiseurs de combat de la flotte impériale : Drachenfelds, Graf Orlock, et Macharius. L’évacuation était presque terminée. Ou plutôt la fuite. Au cœur de l’Immaterium, le tueur de planètes approchait. Autour de lui, les démons du Warp ricanaient, sûrs de leur victoire.

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J'aime particulièrement les ch'tites références à "Execution Hour" de Gordon Rennie !

Et sinon, le texte est plaisant, l'intrigue bien menée, mais il y a un truc que je ne pige pas :

après que Milone eu repoussé les Stealers, il s'est fait tester pour des capacités psy, tests qui se sont révélés négatifs, c'est bien ça ? J'en ai donc conclu qu'il se croyait un intouchable, et c'était écrit noir sur blanc... Hors vu les derniers développements, ce n'est plus très crédible ! Donc je crois qu'il y a un problème à ce niveau, parce qu'un intouchable peut se détecter via un test génétique, et juste par son influence sur les gens autour de lui...

Autre option qui m'a traversé l'esprit : Milone est un des fils de Pépé, qui sont eux aussi des blancs psychiques... mais c'est carrément mort ça !

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après que Milone eu repoussé les Stealers, il s'est fait tester pour des capacités psy, tests qui se sont révélés négatifs, c'est bien ça ? J'en ai donc conclu qu'il se croyait un intouchable, et c'était écrit noir sur blanc...
C'est Milone qui croit ça oui, mais en fait si les tests ne révèlent rien, c'est juste que ses pouvoirs ne sont pas encore véritablement éveillés. Seuls les hybrides, eux aussi psykers, sont capables de voir sa vraie nature, ce qui les fait hésiter, ne sachant pas à quoi elles ont affaire (cette hésitation n'est que passagère en fait).

La nature de Milone n'est pas très claire ici (j'en suis conscient), mais j'ai dans l'idée d'écrire l'histoire de sa naissance (un jour :)), sachant que j'ai déjà fait l'histoire de sa mère il y a longtemps. Pour l'instant, je dirais juste que des sorciers de Tzeentch se sont penchés sur lui et se sont assurés que sa vraie nature reste dissimulée aussi longtemps que possible.

Et merci à toi d'avoir reconnu Execution Hour! Ce passage où l'Inquisition vient "nettoyer" quelque chose sur Belatis m'avait carrément rongé de curiosité, c'est pourquoi j'ai voulu l'expliquer.

Rip'

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Hum, j'ai avancé dans la lecture, et ça ne me plaît pas...

Quoi? Les Space Marines et l'Inquisition peuvent ils être si aveugles? Comment? La manipulation est si facile?

Rah, j'enrage, parce que ton récit n'est que trop réaliste, et que malheureusement les "méchants" ont encore la tâche facile. (Oui, je suis très manichéen)

Enfin bref, c'est bon, il y a d'autres erreurs (du même types que j'ai signalé précédemment) qui parsèment ton texte, mais c'est de plus en plus ténu. Bravo, donc.

Et à mort Soline!

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