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Tales of the rising sun


Ocrane

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Hello,

Voici le dernier chapitre de la première partie des aventures du (non-)équipage du Rising Sun.
Dernier chapitre parce que je compte faire une version pdf augmentée et harmonisée afin de repartir sur de bonnes bases pour la suite. Au fil des précédents quelques incohérences ou manque de précisions se sont révélées.

Au menu du jour : Je brade mon stock de Ténèbres, je développe quelques considérations sur les Space Marine et la foi impériale (peut être non fluff ? j'espère que ça reste néanmoins cohérent), j'essaie de faire évoluer les persos (et d'amorcer quelques idée d'évolutions futur) et je conclue quelques références. Et je m'essaie à une vision un peu personnelle du Grimdark au passage.
Bon, je n'aurais pas la prétention de pouvoir rendre hommage à l'univers de Leiji Matsumoto mais... un peu si (en tout cas, c'est ce qui m'avait inspiré l'idée de base de cette histoire). D'où le titre, entre autres choses
@ Jutred : J'ai pour l'instant laissé tel quel la description de la menace au précédent chapitre. J'espère que le développement de la chose sera satisfaisant.

Sur ce : Bonne lecture.

[center][b]Tales of Rising sun – Chapitre Six – Uchû Kûbo Kyûjûnana no Eru[/b][/center][center]
[/center]


« [i]Nos ancêtres étaient des dieux parmi les hommes... [/i]commença le Xenos bleu. »
Il parlait toujours dans son étrange langage fait de sons décousus. La traduction venait de la boite métallique posée sur ses genoux croisés.
Alerith était assise en tailleur face à lui, une tasse d'une quelconque infusion verte dans la main. Le petit feu du campement crépitait entre eux.
Elle fit tourner un instant sa tasse entre ses doigts, contemplant le liquide fumant alors qu'elle formulait sa question :
« Vous voulez dire qu'à l'époque Xenos et humains vivaient en paix ? demanda-t-elle, dubitative.
- [i]Vous m'avez mal compris, Alerith Oquida. Nos ancêtres [/i]étaient [i]humains... [/i]»

[i]Lorsque l'étude et l'exploitation de la pierre verte s'étaient interrompues, il était déjà trop tard.[/i]
[i]La PanTEX avait retiré ses billes précipitamment, démantelant les infrastructures les plus onéreuses et évacuant le personnel de valeur.[/i]
[i]N'étaient restés sur place que les ouvriers, les laborantins et les quelques colons sans qualification qui avaient été attirés par les promesses de terres vierges à défricher faites par la mégacorporation.[/i]
[i]Le monde n'était pas sûr. Des horreurs y erraient, engendrées - intentionnellement ou non - par le contact mutagène de la pierre verte.[/i]
[i]Les plus avertis parmi la population abandonnée avaient tout fait pour en sceller les principaux gisements. [/i]
[i]Ils s'étaient fixés comme tâche d'en garder les accès, tenant à distance le reste de la population pour sa propre sécurité.[/i]
[i]Mais, même s'ils n'étaient pas en contact direct avec la substance, sa proximité corruptrice les avait transformés au fil des générations.[/i]
[i]Si des études méthodiques avaient pu être menées alors, elles auraient mis en évidence un formidable cas d'adaptation au Warp.[/i]
[i]Mais l'obscurantisme avait depuis remplacé la raison, y compris dans les rangs des gardiens auto-proclamés.[/i]
[i]Il ne restait désormais plus – dans l'Histoire de Jamir et dans les paraboles du Livre Orange – que la mention des gardiens bleus des mesas boisés. [/i]
[i]Et, chez ces derniers, les légendes de leur devoir sacré de veille.[/i]

« [i]Votre père est venu sur ce monde, il y a de cela trois générations. J'étais jeune alors et il m'a offert de m'emmener à bord de son navire. De quitter ce monde. C'était une chance inespérée pour moi.[/i]
- Et qu'avez-vous fait ?
- J[i]e l'ai accompagné, bien évidemment. Je crois qu'alors il était à la recherche de quelque chose. Il m'a dit vouloir trouver un avenir pour sa famille. Mais j'avoue qu'à un moment Jamir m'a manqué. Et que je l'ai supplié de me ramener sans savoir s'il l'avait trouvé.[/i]
- Et aujourd'hui ?
- [i]Je pense que c'est de vous dont il parlait mais ça vous le saviez déjà. Quelques temps après m'avoir reconduit ici, il est revenu me dire qu'un jour je devrai aider son héritier. J'ai vu la traînée de vos navires dans le ciel, il y a des mois de cela. Et j'ai entendu des rumeurs sur une tribu qui avait chassée vos gens. Bien mal leur en a pris.[/i]
- Je suis désolée, murmura Alerith. C'est moi qui avait donné l'ordre de cette reconnaissance. »
Il haussa les épaules.
« [i]Garder cet endroit est notre raison d'être depuis bien trop longtemps. La plupart des miens en ont même oublié le but mais pourquoi blâmerai-je vos hommes de s'être défendus ?[/i] »
La jeune femme ouvrit la bouche et la referma, bien incapable de trouver quoique ce soit à ajouter.
Elle se demandait pourquoi son père ne lui avait pas parlée de ces êtres. Où de sa rencontre avec cet... abhumain ?
Plus tôt dans la journée, il avait dit s'appeler Mù... Drôle de nom. À l'image de son porteur, certes.
Il avait l'air âgé. Cette impression de vieillesse tenait plus à son regard profond qu'à son visage. Lisse, presque sans trait.
Se pouvait-il qu'il ai accompagné le Capitaine Oquida avant même que celui-ci ne rencontre le Garett ou Bob ?
Elle savait que son père avait toujours aimé s'entourer d'une suite hétéroclite. Et cela aussi faisait parti de son héritage.
« [i]En revanche[/i], poursuivit Mù,[i] l'un des vôtres a creusé sous le plateau, mettant à jour un de ces gisements scellés depuis des millénaires. C'était une créature verte massive.[/i]
- Bob !? Les Orks n'ont jamais été connus pour leur discernement, j'en ai peur.
- [i]Toujours est-il que ce qu'il a libéré menace la région. Vous m'avez dit être à la recherche d'un moyen de quitter cette planète et je pense avoir une partie de la solution. Mais, si vous souhaitez réellement vous montrer digne du legs de votre père, il est hors de question que vous partiez avant d'avoir réparé les erreurs commises par les hommes sous votre commandement. [/i]»

Cette discussion avait eu lieu tôt dans la journée, au moment où, à des lieux de là, le sus-mentionné Bob mettait la dernière main à son cogitateur à vapeur.
La nuit tombait désormais, cependant que le Space Marine et la Sœur de Bataille regardaient le nuage de poussière de leurs compagnons disparaître aux limites du verger.
« S'ils se dépêchent, ils en ont pour trois jours à atteindre les coordonnées, fit observer Alahan à sa compagne. Je souhaite réellement qu'ils trouvent Alerith en chemin.
- Je dois vous avouez que ce sont les nuits qui m'inquiètent, mon Seigneur. Si les craintes de l'Ork sont justifiées, celles qui s'annoncent seront longues.
- J'ai confiance en son jugement. »
Même encore maintenant, la phrase paraissait étrange à Alahan. Faire confiance à un Xenos ? Vraiment ?
- Même s'ils font un détour, pensez-vous réellement que ce qui est sorti de la terre ne les poursuivra pas ?
- Je pense... – le frère de bataille se gratta songeusement l'occiput, ses doigts heurtant un des ports implantés sur sa nuque – Je pense que la chose n'a pas réellement de but. L'ouverture donnait sur l'Ouest et maintenant elle se répand dans les plaines. Quant à sa nature exacte... Tout ce dont je suis certain c'est que, si elle s'est gorgée de l'énergie de cette pierre verte, je serais affecté. Sans même parler de devoir porter mon armure. Plum Grove est une des premières localités sur son chemin et se sera à vous, ma sœur, de la défendre.
- Je vous demande pardon ?
- Nous avons une responsabilité envers ces gens. Il est de notre devoir de nous dresser face aux Ténèbres.
- J'aurais préféré que le vrai responsable soit à nos côtés. Ça ne me semble pas... juste. »
Alahan eut un sourire sans joie.
« Bienvenue dans le quarante-et-unième millénaire, ma sœur. »

« Comment t'as dit que tu l'avais appelée ? hurla Garett à Bob par dessus la cacophonie de cavalcades mêlées des pétarades haut perchées du nouveau moyen de transport de l'Ork. »
Debout sur son véhicule à l'aspect encore plus improbable que ses assemblages habituels, ce dernier grogna.
« Pas moyen que j'donne un nom à un truc aussi ridicule, fit-il. C'est sûr'ment l'truc le moins orky de l'histoire des trucs pas orky fait par un mekano... »
L'Astropathe et le Navigator chevauchaient leur Camis respectifs et, afin de ne pas les ralentir, Bob avait récupéré ce qui pouvait l'être des ruines de son cogitateur pour fabriquer son propre moyen de locomotion. Attendu que les oiseaux géants, déjà nerveux en sa présence, n'avaient certainement pas la force de supporter son poids.
L'engin n'était qu'une simple plate-forme de métal, sur laquelle il devait se tenir debout en peinant pour garder son équilibre alors qu'il se cramponnait au guidon de fortune servant à sa direction.
Le petit moteur qui, plutôt dans la journée avait servit à démarrer la chaudière, propulsait l'ensemble, relié à un bidon du prométhéum local, bringuebalant sur sa boît'eud'pandore.
L'équipée filait au grand galop en direction du front rocheux, à peine visible dans le lointain et la lumière déclinante.
« Quand j'pense qu'on aurait pu gagner une journée si on avait foncé droit, marmonna-t-il.
- Si on avait pu foncer droit, ça voulait dire qu'on aurait pas été pressé par les conséquences de tes conneries, Mekboy ! répondit l'Astropathe.
- Ah ouais ! Et qui c'est qui s'est cassé l'squig à vous trouver une solution pendant qu'tu t'prom'nais 'vec la capitaine ?
- Bah merci ! La prochaine fois tu t'les gardes tes solutions ! Et qu'est-ce que tu pense que je faisais avec Alerith, d'abord ?
- Bah, vos machins d'humains, là ! J'ai trouvé p'tit livre illustré un coup dans ta piaule ! Mais si t'es pas content, tu peux toujours descendre de ton pigeon, qu'on en cause !
- Mais vous allez la fermer, vous deux ! explosa Menelas. J'ai l'impression d'avoir à faire à deux [i]progenia [/i]! »
Il soupira dans le silence relatif qui venait de s'installer.
« Je vous jure que j'ai hâte qu'Alerith reprenne son rôle de capitaine. »


Les Ténèbres étaient enfin là.
S'étendant sous terre durant la journée, poursuivant sa route à l'abri du Soleil, la masse opaque et sans forme remontait à la surface alors que celui-ci se couchait.
Elle n'était que l'avant-garde de la menace sans conscience qui fondait sur Plum Grove. Aussi légère qu'un nuage de vapeur, elle sourdait de la terre elle même.
Entraînant son contenu avec elle.

La sœur Mégane entra dans la remise et referma la porte derrière elle.
Les armes et les armures énergétiques étaient de saintes reliques. Révérées entre toutes, elles étaient un symbole des guerriers élus de l'Empereur.
Il aurait fallut un autel sur lesquelles les poser.
Entouré de milles cierges et d'un chœur de moniales chantant des cantiques à toute heure du jour et de la nuit.
Ou, au moins, une petite chapelle dotée d'un vitrail représentant l'Empereur ou sainte Célestine.
Il n'aurait pas fallu les entreposer là, à même le sol, cachées sous une bâche en toile grossière mais Alahan avait, à l'époque, jugé avoir d'autres priorités.
Et, les mois passant, armes et armures avaient été oubliées là.
Enfin... Pas réellement oubliées mais... disons que l'entretien du matériel militaire était passé après la culture des pruniers.
Plutôt rangées, dirons nous donc. Mais sans le respect qui leur était dû.
Peut-être une courte prière permettrait-elle à alléger le blasphème ?
La jeune fille dégrafa sa robe en murmurant un cantique.
Abandonnant son habit derrière elle, elle s'agenouilla devant son plastron poussiéreux et le saisit à deux mains, fermant les yeux sans cesser de chanter.
A l'extérieur, debout dos à la porte, Alahan s'efforçait de regarder en direction du village, l'air inquiet.
La nuit était calme pour ses sens exacerbés, exception faite des froissements de tissu, suivit du chant, provenant de la remise.
Satisfaire aux impératifs religieux étaient une chose mais il sentait que, sous peu, il aurait besoin de ses armes.
Il se retourna et frappa.
« Ma sœur ! appela-t-il. Puis-je entrer prendre ma lame ? »
La faible litanie s'interrompit dans un cri bref.
« Non ! répondit la voix étouffée de la sœur. Surtout pas ! »
Il soupira et s'assit, dos au panneau. Voilà bien le genre de moment dans lequel il regrettait de ne pas avoir affaire à l'un de ses frères de bataille.

Le prêtre de Plum Grove était un homme simple.
D'un naturel débonnaire, il guidait sa communauté avec foi et sincérité sur le chemin du PanCréateur. Et – s'il avait existé une justice ineffable dans cet univers – il n'aurait pas mérité son destin.
Le service du soir venait de s'achever. Satisfait de son sermon, il refermait la porte de son temple lorsqu'il entendit un léger raclement derrière lui.
Il se retourna en levant sa lampe à huile.
C'est alors qu'il le vit.
Il n'y avait pas de doute possible quant à l'identité de la personne face à lui. Ils s'étaient connus dès l'enfance.
L'homme avait le regard vide. Sa peau était grise et desséchée et son torse profondément entaillé par le soc de charrue qui l'avait mené à la tombe quelques semaines plus tôt.
Ô PanCréateur ! Il avait prononcé lui-même l'oraison funèbre.
Derrière l'homme se tenait deux autres silhouettes indistinctes, aussi tordues que lui.
« Seigneur... souffla le prêtre. »
Il existe une convention étrange, peut-être en accord avec l'éternel sens de l'ironie de l'univers, qui veut qu'un homme revenu d'entre les morts s'attaque systématiquement à l'autorité religieuse la plus proche, si elle existe.
L'homme revenu de la tombe se jeta sur le prêtre, qui n'eut que le temps de donner un coup instinctif de sa lampe pour se protéger.
Le mort émit un hurlement rauque lorsque l'huile l'éclaboussa en s'embrasant.
Il revint à la charge alors que l'homme de foi tentait fébrilement de déverrouiller la porte de son église.
La créature saisit le prêtre par les épaules, tentant de le mordre à la nuque.
Ce dernier se baissa, esquivant la bouche béante, et rua contre la poitrine de son adversaire pour lui faire lâcher prise.
Le mort n'était pas très fort et, égratignant le cou du prêtre de ses ongles au passage, il lâcha prise dans un craquement.
Paniqué celui-ci réussi à ouvrir la porte et s'engouffra à l'abri de son temple, se jetant sur le battant pour le bloquer.
Déjà, ce dernier tremblait sous les coups du cadavre, rejoint très vite par ceux de ses deux compagnons.
Le prêtre verrouilla la serrure, s'adossant de nouveau un instant pour expirer de soulagement.
Ce faisant, il sentit la pression qui n'avait pas quitté son épaule.
Dans un cri, il vit que l'une des mains grisâtre de la créature l'agrippait toujours fermement. Le poignet s'était rompu durant le combat.
Jetant le membre au loin, il se précipita vers le beffroi.

La sœur Mégane sortit de la remise, harnachée et armée, pour entendre la cloche sonner dans le lointain.
« Voici le début de notre bataille, ma sœur, l'informa Alahan d'un voix calme.
- Vous savez, commença-t-elle alors que le Space Marine entrait pour prendre son bolter et son épée, je dois vous avouer que le combat n'a jamais été ma spécialité. »
Le sarcasme n'était pas des traits de caractère des Space Marines. Il convenait pour les Frères de Bataille de faire preuve de concision en toute circonstance. Aussi se surprit-il à feindre l'étonnement.
« Je n'étais qu'une novice destinée à l'Ordre Hospitalier, continua-t-elle alors qu'il passait son arme en bandoulière tout en vérifiant le mécanisme d'éjection.
- Vous avez une armure énergétique et un bolter. Je ne peux même pas mettre la mienne. »
Il sentait poindre au fond de son esprit une remarque du genre qui lui avait valu de finir Frère Exterminateur loin des siens. Il s'abstint. Ç'aurait été comme coller un coup de pied à un chiot larmoyant.
« Mégane, reprit-il aussi patiemment que possible. Je ne sais pas ce qui nous attend en bas mais soyez certaine que, au cours de ces cinquante dernières années, j'ai affronté mille fois pire. Il y aura un temps pour soigner les blessés mais il n'est pas venu. Je ne vous demande pas de monter en première ligne ni même de partir seule. Uniquement de couvrir mes arrières. Puis-je avoir, avec toute la confiance qu'un fils de l'Empereur place dans une fille de l'Empereur, la certitude que vous serez toujours juste derrière moi ? »
Le crépitement de son arme de force ponctua sa tirade.
« J'imagine...
- Votre parole, ma sœur. S'il vous plaît.
- Je vous promets que je resterai derrière vous.
- Parfait. »
Avisant le bolter de Mégane, il en ôta la sécurité et soupira.
La nuit promettait effectivement d'être longue...

La décision du prêtre de sonner le glas n'avait pas été réfléchie et, peut-être, n'avait-elle pas été des plus judicieuses. Le reste de logique qui, du fond de son esprit, percevait la scène au-travers des brumes de la panique, devait en convenir.
Les habitants de Plum Grove devaient être avertis que les morts se relevaient mais la sortie en masse d'hommes à moitié endormis en chemises et bonnets de nuit – et qui, pour la plupart, n'étaient pas armés – avait déjà fournis un tribut important de victimes.
Les villageois couraient en tout sens dans la nuit faiblement éclairée par les étoiles et quelques torches.
En se rapprochant de la grand'rue, Mégane et Alahan pouvaient entendre des cris et des pleurs.
L'artère principale de Plum Grove était en proie au chaos. Les vivants courraient, talonnés par des proches sortis de demeures qui n'avaient jamais été aussi peu ultimes.
Les rares inconscients, chez qui la terreur de voir un cadavre ambulant avait cédé à l'illusion de retrouver un proche disparu, n'avaient pas tardé à se rendre compte de leur erreur et gisaient sur le sol, parfois surplombé du-dit proche.
« Que pouvons-nous faire, Seigneur ? s'exclama Mégane. »
La question ne s'adressait pas réellement au Space Marine, ce dernier en avait bien conscience. Il s'agissait plutôt d'une requête à destination d'un Empereur qui, du reste, aurait été bien en peine de faire quoi que ce soit depuis son trône d'or.
Il prit néanmoins une profonde inspiration. Qu'importe l'absence d'armure ou le nombre limité de munitions – certainement insuffisant pour venir à bout de tous les mort-vivants – ils se devaient de protéger les habitants. Quand bien même, et le détail lui semblait suffisamment important pour se signaler à son attention, ces derniers n'étaient que des païens éloignés depuis trop longtemps de Sa lumière.
« Le temple ! cria-t-il pour couvrir la clameur. Rassemblons les survivants au temple. Les fenêtres sont trop hautes pour que ces créatures les traversent ! »
Il couru au centre de la rue, la sœur sur ses talons.
« Peuple de Plum Grove ! »
Sa voix tonna et roula.
« Rassemblez-vous dans votre église et, par l'Empereur-Dieu de Terra la Grande, je vous jure que vous verrez l'aube se lever ! »
Il dominait la scène de son imposante stature. Habituée qu'elle était à sa présence, Mégane en avait oublié que l'homme qui avait passé ces derniers mois à entretenir un verger n'en était plus réellement un depuis bien avant qu'elle ne vienne au monde.
Et que ses propres engagements dépassaient de loin la confection de tartes et les soins vétérinaires.
Il lui apparut, peut-être pour la première fois depuis qu'elle avait quitté les chaînes de sa cellule, sur son lointain monde-chapelle, qu'elle aussi avait dévoué sa vie à la cause de l'humanité. Au-delà de sa contemplation votive à l'Empereur-Dieu.
Le double claquement d'un bolt retenti dans la nuit, couvrant les cris.
Dans l'instant de silence qui suivit, un cadavre privé de tête s'effondra dans un bruit sourd.
Elle leva les yeux vers son compagnon, hébétée, avant de les baisser sur le canon encore fumant de sa propre arme.
« Ô sainte Célestine, murmura-t-elle. Dans votre grande miséricorde, serait-il possible que vous guidiez mon bras ? »
Alahan se tourna vers elle, marmoréen, et brandit sa lame.
Instinctivement, elle rentra sa tête dans ses épaulières au moment où le coup s'abattait. Coupant littéralement en deux le mort qui allait se saisir de son pack dorsal.
Elle aurait juré voir le Space Marine esquisser un sourire mais, quand elle releva la tête, il se dirigeait déjà vers le temple, entreprenant de débarrasser les habitants qui avaient obéi à son injonction de la horde morbide.
Elle leva les yeux au ciel, espérant de tout cœur que la sainte veillait sur celle qui se serait volontiers définie comme la moins combative de ses ouailles.
« S'il vous plaît, implora-t-elle. »
Peut-être la martyr était-elle à l'écoute ? À moins qu'un reste de conditionnement n'eut été à l'œuvre.
Ses mains semblèrent se lever d'elles-même, stabilisées par les servo-moteurs de l'armure. Elle mit en joue la lourde arme et fit feu à plusieurs reprises. Fauchant les morts et dégageant une voie vers les portes de l'église aux vivants.
L'un des monstres se précipitait sur elle et, avant que la marée d'adrénaline ne la submerge, la poussant à tourner sur la pointe du pied pour esquiver, elle eut le temps d'adresser un remerciement à la sainte patronne des Sororitas.

« Menelas ? demanda Garett à des lieux de là. Que vois ton œil de Navigator ?
- Couleur au Roi à Carreau. Beaucoup de sang va couler cette nuit. »
- Pô juste, intervint Bob qui, adossé à sa boît', contemplait les étoiles. C'est d'ma faute si y s'battent et j'peux même pas y être. Vous croyez qu'c'est ce qu'on appelle un châtrement divin ? »

Alahan scrutait la nuit, inquiet. Le calme s'était installé et, au-delà de la lumière des torches et des lampes à huile, il tentait de discerner un mouvement.
« Baissez-moi cette lumière, siffla-t-il à un villageois, certes bien intentionné mais peu au fait des capacités améliorées du Space Marine. Je n'arrive pas à accommoder. »
La grand'rue était jonchée de cadavres qui, au vue des dégâts causés par les bolts de la sœur, ne se relèveraient probablement pas de sitôt.
Il entendait le faible bruit de pas traînants, par-delà le halo lumineux dispensé par le temple dans lequel les villageois avaient allumé tout ce qui pouvait l'être.
Les fenêtres, disposée à deux hauteurs d'homme, vomissaient un flot de lumière jaune.
« Ils ne sont pas très forts et les portes sont épaisses, dit l'homme. Si nous les barricadons, elles peuvent résister.
- Sauf s'ils viennent en nombre, fit observer Alahan par soucis d'exhaustivité. »
L'autre leva vers lui un regard terrifié.
Le Space Marine soupira.
Voilà pourquoi il valait mieux s'en remettre à ses frères qu'à de simples mortels.
Les guerriers de l'Empereur avaient, depuis des millénaires, fait leur l'adage qui voulait qu'aucun d'eux ne pouvait connaître la peur. Cela supposait, entre autres choses, qu'ils devaient en permanence intégrer l'ensemble des paramètres d'une situation donnée.
Les hommes vivaient dans l'espoir, souvent incarné dans les idéaux prêchés par le Ministorum, que, tôt ou tard et avec l'aide de l'Empereur-Dieu, tout finirait par s'arranger, indépendamment de leurs actions ; et ce même si cette amélioration intervenait dans leur mort.
Un Space Marine ne croyait pas et n'espérait rien. Il savait seulement qu'une situation donnée évoluerait en fonction de ses actes propres et de ceux de ses frères et il savait que ces derniers pensaient de même.
Et ils se reposaient sur ces certitudes pour ne jamais faillir. Assurés qu'ils étaient que, sans rien espérer – ni par eux-même ni pour eux-même –, ils incarnaient l'espoir de milliards d'humains à travers l'Imperium.
Voilà, au-delà des différences physiques et physiologiques, ce qui les séparait réellement du reste de l'humanité.
Cette inévitable incompréhension mutuelle était atténuée par le fait que Space Marines et simples humains interagissaient rarement. Néanmoins, dans le cas présent, Alahan devait reconnaître que c'était à lui de s'adapter à son entourage et non l'inverse.
Revenant à la réalité, il tenta un sourire bienveillant, sans grand succès. Il manquait quelque peu d'expérience dans le domaine du réconfort.
« L'Empereur-Dieu de l'Humanité vous protégera, dit-il.
- L'Empereur-Dieu ? »
Mais il connaissait un experte de ce même domaine.
« Rentrons, reprit-il. Nous allons barricader la porte pour la nuit. »

Les habitants de Plum Grove s'étaient entassés dans la nef. Ils avaient repoussé les lourds bancs de bois contre les murs et la plupart s'étaient rassemblés en petits groupe, tentant de se rassurer mutuellement.
Alors qu'il remontait la pièce en direction de la sacristie, Alahan ne put s'empêcher de remarquer que les groupes d'enfants étaient le plus au centre de la salle, entourés par ceux des femmes et enfin par les hommes.
Lesquels scrutaient les fenêtres d'un air inquiet.
Il se demandait si c'était là un instinct propre à une population non-combattante. Une sorte de reste animal que son propre conditionnement avait effacé depuis bien longtemps et qu'il n'était plus à même d'appréhender.
A moins que ce ne fut un simple hasard.
Un partie de son esprit ne pouvait s'empêcher de travailler à la question cependant que le reste s'appliquait à l'étude de son objectif.
Il pénétra dans la sacristie où se trouvaient la sœur Mégane et quelques-uns des villageois rescapés.
Tous s'affairaient à tenter de soigner ceux qui avaient été blessés par les morts ambulants.
Elle était agenouillée au chevet du prêtre. L'homme suait à grosse gouttes.
« Ma sœur, dit-il en lui saisissant le bras. Je dois vous parler. »
Même si plusieurs mois passés à vivre ensemble avaient habitué Alahan à toujours garder à l'esprit que la jeune fille ne disposait pas de sa constitution améliorée, ni de son poids, il la releva plus brutalement qu'il ne l'aurait voulu ; en dépit de la résistance augmentique de l'armure.
Elle dégagea son bras de sa poigne et il sentit un pointe de culpabilité en la voyant se masser l'épaule.
« Je suis désolé. J'ai une tâche importante à vous confier.
- Je vous prie de me pardonner, mon Seigneur, mais je dois m'occuper des blessés.
- Il y a plus encore de gens qui ont besoin de vous, à côté. La plupart tourne en rond. Ils craignent de ne pas passer la nuit. »
Elle désigna les villageois couchés.
« Il est possible qu'eux non plus ne passent pas la nuit, vous savez. Nous n'avons presque rien pour les soulager. »
Alahan ne put s'empêcher, une fois de plus, de se sentir étonné par la Sœur de Bataille. La jeune fille, d'ordinaire réservée, se faisait presque véhémente lorsqu'il s'agissait de ses patients.
« Justement, reprit-il néanmoins. J'ai besoin que vous soulagiez les âmes des gens encore vivants et valides sinon j'ai peur qu'ils ne soient perdus. »
Elle le regarda un moment, silencieuse, avant de demander d'une petite voix :
« Que voulez-vous que je fasse pour eux, exactement, mon seigneur ?
- Je crois que vous l'avez parfaitement compris, Mégane, répondit-il aussi aimablement que possible. Je veux que vous leur fassiez un sermon. »

Protégée des vents des plaines par le relief et la végétation, la nuit des hauts plateaux de Jamir était douce.
Toujours assise face au foyer de son hôte, Alerith, songeuse, contemplait ce dernier par dessus ses doigts en cloche.
« J[i]e pense avoir suffisamment bien connu Oquida pour savoir qu'il ne faisait rien au-hasard,[/i] disait Mù par le truchement de son traducteur.[i] Pourquoi pensez-vous qu'il a réuni ces gens autour de vous ? Et quelle est votre place au sein de cette équipe ? Au delà de votre simple condition d'héritière, s'entend.[/i] »
La jeune femme resta un moment silencieuse. Elle s'était déjà posée la question durant ces derniers mois.
Pourquoi eux ?
Pour deux d'entre eux, la réponse apparaissait comme presque trop évidente.
« Garett est un Astropathe et Menelas, un Navigator. Sans eux un Libre-Marchand est sourd et muet ; aveugle et immobile.
- [i]Oui. C'est vrai. Mais pourquoi cet Astropathe et ce Navigator[/i] ?
- L'un comme l'autre ont leur manière de gérer les événements et ils vouaient une profonde reconnaissance à mon père. Tout comme Bob et Mégane, d'ailleurs. Garett est un connard irritant mais, pour autant que je sache, il n'a jamais reculé devant la difficulté. Et Menelas a toujours été tellement agacé par sa condition d'héritier de la Navis Nobilite qu'il n'a jamais cessé de cherché des chemins de traverse. Peut-être est-ce pour cela qu'ils s'entendent si bien ?
- [i]Et les autres ?[/i]
- J'aimerais dire que Bob fait maintenant parti des meubles mais, tout Xenos qu'il soit, ce ne serait pas lui rendre justice. A sa façon, je crois qu'il est farouchement attaché aux idéaux de mon père.
-[i] Continuez.[/i]
- Peut-être... Peut-être qu'Alahan est la surprise bienvenue. Il me semble que mon père ne s'attendait pas réellement à se voir confier un Astartes. Je ne sais même pas s'il avait une place pour lui. Mais peut-être que si, allez-savoir.
- [i]Je sais seulement que si vous êtes réellement destinée à devenir le nouveau capitaine Oquida, il est important que vous connaissiez exactement la place et le rôle de vos gens. [/i]»
Elle leva un instant les yeux vers les étoiles pour rassembler ses pensées. Le Space Marine devait avoir son rôle à jouer. Mégane aussi, au delà de ses compétences médicales. Pour quelle raison son père avait-il choisi une jeune sœur qui n'avait de bataille que le titre ? Qu'espérait-il en l'acceptant à son bord ?
Comme souvent, la réponse vint de la simple énoncé de la question.
« Je crois, commença-t-elle lentement. Je crois que je sais... »

Debout sur l'autel, Mégane regardait les gens assemblés qui levaient les yeux vers elle.
Alahan l'avait prise sans beaucoup de ménagement pour l'y déposer.
Même si le PanCréateur n'était qu'une superstition d'une planète trop longtemps éloignée du reste de l'Humanité, elle était certaine que se tenir debout sur sa table était sacrilège.
Elle se racla la gorge.
« Peuple de Plum Grove... commença-t-elle. »
[i]S'il vous plaît Empereur-Dieu, envoyez-moi un signe,[/i] pensa-t-elle.
« Ne perdez pas espoir ! »
Derrière elle, Alahan se mordit la joue. Peut-être que cette idée n'était finalement pas si formidable qu'elle ne lui avait semblé.
[i]Même un tout petit. Une colombe, un éclair, un Exterminatus, n'importe quoi ! Oh pitiépitiépitié ![/i]
Peut-être était-ce son destin de se révéler à ce moment ?
Peut-être l'Empereur, tant cité depuis le début de ce récit, avait-il enfin décidé de se manifester pour venir en aide à sa plus humble – et plus timide – servante ?
Ou peut-être n'était-ce qu'une énième facilité scénaristique d'un auteur incapable de trouver meilleurs à-propos ?
Toujours est-il qu'un hurlement retenti depuis la sacristie.
Les quelques personnes chargées du soin des blessée surgirent, affolées, dans la nef. Talonnées par le prêtre bavant.
Il avait le teint grisâtre des mort-vivants et le regard laiteux. Les veines à la base de son cou dessinaient un chemin vert-noir sous sa peau.
De son piédestal, dans l'instant infini que procure le brusque afflux adrénale de la peur, Mégane vit Alahan amorcer un geste, vite avorté, vers son arme.
Le visage fermé, le Space Marine croisa les bras et la regarda droit dans les yeux.
Alors que le temps se contractait à nouveau, reprenant sa vitesse initiale, elle leva son propre bolter et fit feu.
La double détonation retentit, coupant l'ancien homme d'Église en deux pour projeter ses restes contre le mur.
Dans le silence qui fit place au mouvement de panique, tout les regards se tournèrent vers feu le prêtre avant de se river de nouveau sur elle.
Elle Le sentait. Pour la première fois de sa courte existence, elle comprit la manière de penser des dévots bavants du Ministorum.
« VOTRE PANCRÉATEUR VOUS AS ABANDONÉS ! tonna-t-elle en levant son arme. Il n'a pas su protéger son serviteur et ne vous protégera plus non plus ! Seul l'Empereur, seul dieu des Hommes le peut ! Je vous offre sa protection ! Je vous offre sa rédemption ! Je vous offre l'Espoir de voir le Soleil se lever sur Sa création ! Rejetez votre faux dieu et priez pour votre salut des mains de l'Empereur-Dieu qui veille sur nous de son Trône d'Or ! »
Écrasée sous la déferlante de points d'exclamation et de majuscules, l'assistance courba l'échine. Tous s'agenouillèrent devant l'autel depuis lequel les toisait la sœur Mégane, le regard enfiévré.
Debout en retrait, le frère Alahan ne put se défaire d'un léger regret mêlé d'un sentiment indéfinissable de perte.

La ferveur religieuse était une chose formidable, s'était dit le Space Marine.
Trente-huit millénaires plus tôt, un auteur avait écrit que, si elle ne pouvait pas déplacer des montagnes par elle même, elle pouvait en revanche créer la personne capable de le faire.
En ce qui le concernait, il aurait précisé que cette personne ne l'aurait jamais fait elle-même non plus mais qu'elle pouvait sans peine persuader mille autres de s'armer de pioches pour débiter la roche en petits morceaux et l'emmener ailleurs¹.
Son pragmatisme l'aurait ensuite certainement poussé à s'interroger sur l'intérêt d'entreprendre de tels travaux de terrassement au nom d'un dieu quelconque.
Il regardait la sœur prier à genoux, mains jointes. Son instant de fureur divine s'était rapidement évanouie.
Le reste du village l'imitait, transformant les prières apprises au nom du PanCréateur en odes à l'Empereur.
Un instant, il avait craint de créer un monstre.
Il se dirigea vers la porte de la sacristie, empoignant au passage l'homme qui, quelques temps plus tôt, s'était tenu à ses côté sur le perron du temple.
« Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il lorsqu'ils se furent assez éloignés du reste de la communauté.
- Jethro, m'sieur. »
Alahan acquiesça. C'était un nom qui en valait un autre.
« Très bien, Jethro. Vous voyez ces gens ? Ils sont en train d'espérer que dans quelques heures le Soleil se lèvera et qu'ils seront encore de ce monde pour le voir. Mais vous et moi savons que ce ne sera pas forcement le cas.
- Ah bon ?
- Oh oui. Nous le savons très bien. Et nous ne pouvons pas uniquement espérer. »
Alahan coula un regard aux restes du prêtre. Restes que l'homme contempla un long moment, silencieux, avant d'écarquiller les yeux.
« S'il est devenu un de ces monstres... commença-t-il lentement. Alors ceux qui ont été blessé vont également se transformer...
- Oui. »
Alahan avait faillit répondre « Probablement » avant de s'aviser que le moindre doute, le moindre espoir, serait néfaste à la réalisation de la tâche qu'il comptait demander à l'homme.
« Vous voulez... que nous tuions les autres blessés ?
- Je veux leur accorder la grâce de ne pas se relever pour s'en prendre aux leurs. C'est notre devoir, à nous qui savons. Nous n'avons pas le choix, à moins d'accepter la responsabilité d'autres morts. »
Jethro le fixa longtemps en silence et, à sa grande surprise, le Space Marine s'aperçut qu'il aurait préféré le voir hurler et vociférer qu'il était hors de question d'achever des blessés.
Mais l'autre baissa la tête et, sans dire un mot, se détourna en saisissant un couteau à sa ceinture avant de pénétrer dans la sacristie.
L'archiviste saisit son épée et le suivit.
Sur un champ de bataille, sa mission avait toujours été simple.
Il y avait eu ses frères à ses côtés, l'adversaire face à eux et ils n'avaient jamais eu le moindre doute quant à la nature de leur devoir.
Peut-être était-ce le sens réel de sa mission, voulu par Celestius lorsqu'il l'avait envoyé loin d'Erioch ?
Les Space Marines n'avaient jamais, en tant normal, rien à espérer. Rien en quoi croire.
Presque par habitude
Peut-être était-ce le fait d'être confronté à cette éventualité et de poursuivre, malgré tout, leur mission qui faisait d'eux des surhommes ?

Le Soleil se leva.
Dans les plaines désertiques, un Astropathe, un Navigator et un Ork se remirent en route. Déterminés, après une trop courte nuit, à rallier la haute mesa qu'ils voyaient au loin.
Sur l'un de ceux-ci, Alerith Oquida se leva à son tour.
À défaut de lui porter réellement conseil, la nuit l'avait menée au terme de ses réflexions. Aiguillées par Mù.
« Si Garett est un défi permanent à l'autorité ; si Menelas est l'indépendance ; si Bob est l'obstination ; si Mégane est l'espoir ; et si Alahan est la sérendipité... alors je me dois d'être l'esprit d'entreprise. L'âme qui guide un Libre-Marchand.
- [i]Félicitation,[/i] fit l'abhumain. [i]Je crois que vous êtes prête à réellement entamer votre quête pour le titre Capitaine de la maison Oquida.[/i] »
Alerith contempla l'aube, radieuse. Tout paraissait si simple en cet instant.
Puis elle s'affaissa.
« Sauf que mon équipage est dispersé à l'heure qu'il est. Et je n'ai pas de vaisseau. »
L'être se leva à son tour, souriant et émit une série de sons qu'Alerith se surprit à comprendre avant même que ne vienne la traduction de la boite. Venait-il réellement de s'exprimer en Bas-Gothique ?
« Mais mon cher capitaine Oquida, où est-donc passé votre esprit d'entreprise ? »

Dans le temple de Plum Grove, la prière faiblit à mesure que la lumière extérieure envahissait la nef.
Alahan passa la tête dans l'embrasure de la porte de la sacristie.
« Verrouillez la pièce derrière nous, Jethro. Puis choisissez quelques hommes de confiance pour brûler les corps. »
L'homme ne répondit pas tout de suite, affectant d'essuyer son couteau dans une tenture.
« Vous croyez que votre Empereur nous pardonnera ça, m'sieur ? finit-il par demander.
- Sans aucun doute. Il a déjà pardonné bien pire au cours de ces dix derniers millénaires, croyez-moi. Je ne suis pas prêtre, Jethro, mais s'il reste une place à sa droite, soyez certain qu'elle vous reviendra.
- Je crois que je me contenterai de la gauche, m'sieur Alahan. Je crois que ce sont tous ces pauvres gars qui méritent l'autre. »
Le Space Marine ne put qu'acquiescer, sans trop savoir pourquoi.
« Allez-y, maintenant, dit-il. Notre travail n'est pas terminé. »
Sans attendre de réponse, il se dirigea vers Mégane qui, descendue de l'autel, se dirigeait vers eux.
« Désolé, ma sœur. Nous devons sortir les premiers.
- J'ai des blessés à soigner. »
Alahan était sur le point de répondre un « Plus maintenant » laconique.
Le mensonge n'était pas dans la nature des Space Marines mais, à peine avait-il intégré une nécessitée quant à ses rapports avec les humains qu'il en découvrait une deuxième.
« Je suis désolé, Mégane. C'était trop tard pour eux. Ils s'étaient... relevés.
- Comment avez vous pu ? s'étrangla-t-elle.
- Si votre rôle est de leur apporter l'espoir, ma sœur, le mien est de le garder intact. Maintenant, suivez-moi. »
Il la remorqua vers les portes du temple, s'assura du coin de l'œil que Jethro gardait toujours l'accès à la sacristie, avant d'écarter les bancs sans effort.
Le Soleil avait achevé de se lever et illuminait brillamment la grand'rue, jonchée des cadavres de la nuit.
« Ils sont morts ? demanda la sœur.
- Ils l'étaient déjà cette nuit. Et si ce sont les Ténèbres qui les animent, il est possible que d'aucuns se relève de nouveau ce soir.
- Que pouvons-nous faire. »
Alahan resta silencieux un moment. Il avait eu une bonne partie de la nuit pour y réfléchir. Peut-être se trompait-il mais son instinct, augmenté de lectures qui, hors de son chapitre seraient passées pour hérétiques, lui hurlaient que ça ne faisait que commencer.
« Je vais être honnête avec vous, Mégane, en disant que ce qui s'est passé cette nuit n'était que l'avant-garde d'une armée bien plus terrible encore. Par chance nous avons une journée pour nous y préparer.
- Mais comment. »
Il regarda dans en direction du Soleil, avant de baisser les yeux vers elle. Ses pupilles, sous l'éclat de l'astre, s'étaient réduites à deux têtes d'épingle.
Elle eut un mouvement de recul.
« Comment croyez-vous que l'on combatte les ténèbres ? demanda-t-il avec un affreux sourire. Par chance, nous avons un Space Marine et un Sœur de Bataille. »

Loin de là, Menelas déroula la carte à motifs floraux sur la selle de sa monture.
« Il nous reste une cinquantaine de kilomètres avant les plateaux, estima-t-il. Il y a une sorte de col que nous pouvons atteindre dans la soirée ce qui nous laissera une journée avant d'arriver aux coordonnées.
- Et Alerith ? demanda Garett.
- J'obtiens à chaque fois le même tirage. Monter sur le plateau. Retrouver Alerith. Grand voyage.
- Pourquoi j'ai comme un gros doute, là ?
- Qu'y a-t-il ? C'est notre objectif, non ?
- Sauf que la mort est aussi un grand voyage. T'as pas plus clair comme prédiction ?
- La voyance n'a jamais été une science exacte, tu sais. Surtout avec une méthode aussi...
- Foutraque ?
- J'allais dire : improvisée.
- Boah... faut pas vous inquiéter, boyz. Honnêtement, nous, les Orks, on a toujours cru qu'on été mort et qu'c'était le paradis, cette galaxie. Alors, au pire bah... on sera revivant et... euh...
- Tes notions de métempsychose valent peut-être pour les Orks mais nous, nous n'avons qu'une vie.
- Méten-quoi ? J'disais juste que t'aurais forcement une vie après.
- Désolé, c'est ma faute. Je n'aurais pas du employer ce mot. Mais honnêtement je tiens trop à celle-là pour en vouloir une autre.
- Quoi ? T'veux dire que t'adore te balader sur un piaf dans un monde qu'y connaît ni de dèv' ni de dents ?
- Dis comme ça... On t'a déjà dit que tu faisait peur, parfois, Bob ?
- Oh ça, ouaip. Pis généralement les gens partent en courant après. J'trouves ça triste mais bon.
- Pourquoi ? »
Bob sourit de toute ses dents, ce qui, chez un Ork, n'était pas une vision très rassurante.
« T'sais c'qui fait encore plus peur aux gens qu'un gros Ork ? demanda-t-il.
- Non.
- Un gros Ork intelligent. »

Les morts de la nuit avaient été traînes loin des habitations.
Il n'avait pas été facile de convaincre les habitants de Plum Grove qu'incinérer leurs proches était la meilleurs chose à faire.
Alahan trouvait étrange que l'argument qui les avait amenés à s'exécuter n'était pas tant le risque de les voir se relever la nuit prochaine mais plutôt que c'était la meilleurs manière de conduire leurs âmes vers l'Empereur.
Au delà de l'humour douteux de l'Astropathe, ou de la vision pour le moins original qu'en avait l'Ork, il sentait une pointe de déception lorsqu'il reconnaissait que sa vision du maître de l'humanité était plus proche des leurs que de la foi qu'en avait Mégane.
La Sœur de Bataille était, pour l'heure, affairée aux préparatifs alchimiques de la nuit à venir.
L'archiviste se souvenait encore du premier contact qu'il avait eu avec le produit de ses talents : un gaz de combat propre à les assommer, Bob et lui.
L'événement lui semblait remonter à une éternité, sur le pont d'un antique croiseur et, s'il avait depuis appris à apprécier les connaissances curatives de la jeune fille, il n'arrivait pas à se débarrasser d'un sentiment de malaise en la voyant préparer une mixture collante et inflammable.
La journée s'avançait doucement alors que les villageois fortifiaient le temple, clouant des planches à ses hautes fenêtres et renforçant la porte pour se préparer à l'attaque qu'il avait prophétisé.
Les gens du coin avaient déjà, au cours des trois derniers mois, appris à apprécier sa condition physique. Aujourd'hui, il mettait à leur profit sa formation tactique.
« Mégane ? demanda-t-il à la sœur lorsqu'ils prirent une pause en fin de journée pour se restaurer. Vous n'avez jamais voulu retourner sur votre monde-chapelle ? »
La question lui sembla soudain tellement stupide qu'il fut tenté de se retourner pour voir si elle ne venait pas de quelqu'un d'autre.
Il s'était aperçu, au cours de ces dernières heures, qu'il n'avait pas vraiment cherché à en savoir d'avantage sur la sœur ou même sur qui que ce soit d'autre au sein de l'équipage.
Bob était probablement celui qu'il connaissait le mieux et cela uniquement parce qu'ils avaient partagé un combat ensemble.
Il lui vint à l'esprit qu'il était probablement, de par son conditionnement ou peut-être par simple habitude, tellement éloigné du reste de ses compagnons, que la guerre demeurait la seule chose qu'ils pouvaient avoir en commun.
Peut-être que son rôle – en tant qu'Astartes détaché loin de son chapitre et de la Deathwatch – nécessitait qu'il trouve d'autres sujets de conversation ?
Il allait rapidement s'aviser que celui-ci n'était pas le meilleurs...
« J'ai passé, commença doucement Mégane après un long silence, les trois dernière années de mon noviciat enchaînée au fond d'une geôle du monastère, vous savez.
- Oh, c'est vrai... J'en suis désolé. »
Quoi que le chapelain personnifiant sa conscience, qu'il était pourtant certain d'avoir bâillonné et attaché des mois plus tôt, lui soufflait que c'était une pratique parfaitement admise et nécessaire pour...
Un regard noir introspectif poussa le petit Space Marine au casque-crâne à se taire avant de tourner les talons, penaud.
« Je vous pries de m'excuser, ma sœur, finit-il par dire, au désespoir, mais... De quoi parlent les humains normaux ? Je veux dire, d'habitude.
- Je vous demande pardon ?
- Bien sûr... »
Il tenait enfin quelque chose à quoi se raccrocher. Une quête de connaissances qui ne figuraient nulle part dans la bibliothèque de son chapitre.
Il y avait là un mystère à résoudre et cela, entre autres choses, était la spécialité des Blood Ravens.
« Je veux dire : Il est possible de vous classer dans la catégorie des humains normaux, n'est-ce pas ? Même s'il faut sûrement vous attribuer une sous-catégorie religieuse, j'en ai peur. Vous êtes donc plus à-même que moi de répondre à cette question. »
Il lui lança un regard encourageant qui se fana bien vite lorsqu'elle fronça les sourcils.
« Et moi, j'ai peur de ne pas vous suivre, répondit-elle sèchement. Et il n'est pas impossible qu'il faille trouver une entrée supplémentaire à votre catégorisation. »
Elle ramassa les restes de son repas et se leva, laissant Alahan seul, un morceau de pain à mi-chemin de ses lèvres.
Il mâchonna lentement son quignon, songeur.
Séparer les Astartes du reste de l'humanité lui avait semblé être une bonne base de travail.
Regardant les hommes et les femmes assis autour de lui à la recherche d'inspiration, il se demanda où pouvait bien se situer son éventuelle erreur de classement.

À une centaine de kilomètres de là, dans la lumière déclinante, les ombres des hauts-plateaux commençaient à s'étendre sur la plaine en contrebas.
« On a un peu d'avance, annonça Menelas, satisfait. Nous pouvons même espérer atteindre le sommet avant la nuit.
- Le Grand Patron bénisse le Navigator et ses connaissances en... euh...
- Navigation ?
- Ouais bon... Mais avec seulement trois petites dimensions, t'avoueras qu'il n'y avait pas vraiment de challenge pour toi.
- Moi, j'aimerais bien r'croiser les p'tits machins bleus, là.
- Moi pas, répondit le Navigator. Nous n'avons pas de temps à perdre.
- Je me demande tout de même comment nous allons faire décoller un vaisseau à quatre pelots, à supposer qu'on retrouve Alerith. J'crois qu'Oquida a un peu oublié le technoprêtre dans son super plan.
- Naan... Poses toi la question autrement, boy : Y t'sers à quoi ton curé d'Mars quand t'as un Mekano Ork à la place ? »
L'Astropathe feignit de lever les yeux au ciel.
« Ô Empereur-Dieu ! Mais qu'est-ce que j'Vous ai fait pour mériter ça ?
- Tu tiens vraiment à ce qu'on en dresse une liste? »

Loin au-dessus d'eux, à quelques kilomètres du bord du plateau, Alerith releva la tête, le regard fixé sur la partie la plus sombre de l'horizon, visible à travers la cime des arbres entourant la tente de Mù.
« Ce sont des tambours, que j'entends ?
- Effectivement, confirma le vieil abhumain. Ils préviennent de l'arrivée d'étrangers.
- Ils ne précisent pas leur apparence ?
- Ce sont des tambours, ma chère. Pas un dispositif vox. »
Mù rangea dans son sac quelques affaires éparpillées autour de lui et versa le reste de son infusion sur le foyer pour l'éteindre.
« Venez, dit-il en se levant. Il est plus que probable que des gens désireux de braver les gardiens des hauts plateaux ne viennent pas de ce monde. »
Elle secoua la tête en lui emboîtant le pas sous les frondaisons.
Après plus de deux jours à communiquer par l'intermédiaire du traducteur, Mù et elle venaient de passer les dernières heures à converser en Bas-Gothique.
« Franchement, dit-elle. Pourquoi cette mascarade si vous étiez capable de me comprendre.
- Les distractions sont rares, ici, répondit l'autre en souriant. Et puis c'était un cadeau que m'a fait votre père lors de notre première rencontre. Cela faisait des décennies que je n'avais pas eu l'occasion de m'en servir. »
Il la guida pendant quelques minutes à travers les bois jusqu'à une autre clairière où se trouvait un esquif antigrav tel que ceux décrit dans le rapport de reconnaissance d'Alahan.
Elle écarquilla les yeux.
« Vous ne pensiez tout de même pas que je vous avez traînée hors de votre sous-terrain sur mon dos, fit-il en surprenant son expression. Ces engins, tout comme nos armes, sont des restes de l'ancienne technologie des colons. Quoique certains de nos artisans penchent pour une origine plus... exotique.
- Alahan nous avait fait mention d'une probable technologie énoulienne.
- Peut-être... Nous pouvons la reproduire à grand peine mais je crois que même le plus sage de nos manufacturiers ne la comprend pas réellement. Mais elle marche, c'est un fait.
- Sans remercier l'Omnimessie au passage, j'imagine.
- Si cela vous semble étrange, gardez à l'esprit que vos coutumes me le sont tout autant. S'il n'est pas nécessaire de prier qui que ce soi lorsque le feu fait bouillir mon thé, pourquoi le ferais-le lorsque cette même flamme fait fondre du métal ? »
Il se détourna sans attendre de réponse et entreprit d'escalader péniblement le véhicule qui flottait à quelques centimètres du sol.
« Venez, l'enjoignit-il lorsqu'il fut enfin à bord. Allons voir s'il s'agit de vos amis. »

Bob, Menelas et Garett avaient atteint le sommet du col.
Ils étaient descendus de leurs montures respectives et se tenaient dos à dos.
L'Ork avait déployé son armure de bronze, l'Astropathe brandissait une paire de revolver et le Navigator, incertain de ce qu'il pouvait en faire, tenait pour l'heure un magnifique Flush Royal.
« Rappelles-moi ce que tu disais tout à l'heure au sujet de pas perdre de temps ? lui demanda l'Astropathe. »
- Et maintenant ? demanda Menelas. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Je sais pas ? T'as l'air bien parti pour leur proposer une partie de carte, là ? »
- Z'avez rien d'mieux, là ? Passke j'entends un d'leur skiff arriver. »
Dépassant la cime des arbres, la proue du véhicule antigrav venait d'apparaître. Il perdait lentement de l'altitude à mesure qu'il s'approcher jusqu'à s'arrêter à quelques mètre du groupe, son flanc face à eux.
Menelas reprit bruyamment sa respiration.
« Ne me dites pas que c'est Alerith, à son bord.
- Cherches pas ! répondit Garett en se tournant vers lui en arborant un sourire idiot. Tu peux pas test le pouvoir de ton Flush Royal ! »
La jeune femme sauta de l'esquif cependant que Mù jappait une série de sons à l'adresse de ses congénères, qui baissèrent aussitôt leurs armes.
« J'suis super content de vous retrouver, patronne ! cria l'astropathe en se précipitant sur elle.
- Et moi je souhaite vivement que vous calmiez vos débordements de bonheur, Maître Garett, répondit-elle en esquivant son étreinte.
- Euh... Si j'comprends tout, ça veux dire pas purger l'infâme Xenos ? demanda l'Ork, visiblement déçu. »
Alerith soupira. Pourquoi cherchait-elle à les retrouver déjà ? Ah, oui...
« Où sont Alahan et Mégane ? demanda-t-elle.
- Nous les avons laissé à Plum Grove, ma Dame, répondit Menelas. Il semble que quelqu'un – la personne incriminée se découvrit une passion soudaine pour l'astronomie – ait quelque peu libéré... disons, un mal hideux et antédiluvien.
- Je sais.
- Mais on a une carte pour quitter ce monde.
- Pouvez-vous me la montrer ? demanda Mù en s'approchant. »
Alerith acquiesça au regard interrogateur que lui lança le Navigator.
« N'étiez-vous pas censé déjà connaître un moyen de quitter Jamir ? demanda-t-elle au vieil abhumain.
- Je connais surtout beaucoup d'entrées, répondit celui-ci en se saisissant de la carte. Elles sont nombreuses et les sous-terrains de cette mesa très étendus. Hmm... Intéressant motifs à fleurs...
- Dites donc ! intervint l'Ork avec humeur. Z'êtes Xenos mystérieux ou du machin là...
- Adepta Decoratrix ? Proposa l'Astropathe.
- Ouais ! C'est ça ! Euh... ça existe, ça ?
- Aucune idée.
- Ni l'un ni l'autre, répondit l'abhumain. Seulement Mù. De Jamir. Et je sais où se trouve votre entrée.
- Ah, fit l'Ork, encore perdu dans sa reconstitution personnelle de l'organigramme de l'Administratum. »
Il se pencha en grinçant par dessus l'épaule de Mù.
« Et c'est où ?
- Juste entre ces deux pétales. Maintenant, venez. Nous pouvons y être en moins d'un heure. »

Débout devant le temple, Alahan scrutait les ténèbres.
« Je ne vois rien, annonça-t-il. Ça n'est pas normal. »
A ses côtés, Mégane faillit lui faire remarquer qu'il n'y avait pas grand chose à voir la nuit, avant de se raviser.
La vision du Space Marine aurait dû porter au delà du halo des torchères qui entouraient le bâtiment.
Elle espéra qu'il ne s'agissait que d'un défaut de sa physiologie.
« Je dois vous signaler qu'il y a, sur l'établi de mon bureau, une série de seringues contenant une décoction d'antihistaminiques locaux, mon Seigneur.
- Et ?
- Je les avais fabriquées dans le cadre de votre traitement mais les derniers événements ne nous ont pas permis de procéder aux essais. J'en suis désolé. En fait, l'une de mes idées était que les interfaces de votre armures causaient une réaction violente ou, peut-être un phénomène de rejet, en l'absence de...
- Au fait, Mégane, je vous prie.
- Pardon. En clair, sans traitement de fond, vous êtes allergique à votre armure. Peut-être cette préparation vous permettrait-elle de la porter un moment mais ce n'est pas certain. Je préfère vous le mentionner à toute fin d'exhaustivité. »
L'archiviste haussa un sourcil interrogateur.
« Combien de temps ?
- Moins d'une heure probablement. Malheureusement, vous éliminez trop rapidement les toxiques. Cela étant, il se peut que je me trompe et qu'il s'agisse de la résurgence d'une maladie auto-immune. Peut-être un lupus...
- Non, coupa Alahan. Et, au besoin, ça devra fera l'affaire. »
Mégane soupira.
« Non, effectivement. De toute façon, ce n'est jamais un lupus. »
Ils scrutèrent la nuit un moment en silence.
Des villageois, armés et anxieux, patrouillaient autour du temple en prenant bien soin de rester dans la zone délimitée par les fanaux.
« Au fait, mon Seigneur, finit par demander la sœur, pardonnez-moi de vous poser cette question mais avez-vous affiné votre classement ?
- Oh ! Oui, confirma le Space Marine qui, en dépit d'un esprit d'analyse censément surhumain, ne nota pas le léger soupçon d'espoir dans la voix de sa compagne. J'ai finalement opté pour une sous-classification basé sur votre vieillissement, il est en effet probable... »
Un hurlement le coupa dans son analyse.
Il se retourna brusquement pour voir l'un des patrouilleurs, trop approché des limites du halo, se faire happer par ce qui semblait être un rets d'ombre.
« Rapprochez-vous du temple ! hurla aussitôt Alahan. Restez dans la lumière ! »
Les hommes s'exécutèrent rapidement.
« Qu'est-ce que c'était ? demanda Mégane dans l'instant de calme qui suivit.
- Je n'en suis pas certain. Je n'arrive pas à voir au-delà des torches.
- Là ! cria quelqu'un. »
L'homme désignait un point dans la nuit sans plus de mouvement que le reste des alentours.
« Ils commencent à paniquer, murmura Alahan à Mégane.
- Vous savez, je crains de ne pas être capable de me lancer dans une nouvelle harangue, répondit-elle sur le même ton. Je suis désolée.
- Mais je n'allais pas vous le demander. »
Il s'approcha d'un épais sac posé contre la porte du temple et en sorti l'un des pots de terre qu'il contenait.
« Nous allons savoir si votre mélange fonctionne, ma sœur !
- Vous le secouez énergiquement avant de le lancer. Il faut mélanger les...»
Sans attendre la fin des instructions, Alahan s'exécuta.
Prenant son élan jusqu'à la limite des torchères, il lança son projectile.
Il semblait que ceux qui habitaient les ténèbres étaient capables d'une certaine anticipation puisque, déjà, une des créatures venait à sa rencontre.
Bipède et tordue. Presque aussi grande que lui en dépit de son aspect torturée. Ses yeux laiteux renvoyaient la lumière.
La trajectoire du pot en pleine combustion forma un arc de feu. Frappant l'être en pleine poitrine, il explosa en libérant sa poix ardente.
Tous virent la créature se tordre de douleur en hurlant, même s'il était difficile pour Alahan de déterminer si son agonie était causée par la lumière ou la brûlure.
« Les Sororitas n'ont pas une devise à ce propos ? demanda-t-il en revenant tranquillement vers la sœur.
- Je vous demande pardon ?
- Il me semblait qu'il y avait un adage chez vous qui disait : "Si ça brûle, on peut le tuer". Mais il me semble qu'il rend mieux en Haut-Gothique. »
Il regarda les hommes qui, rassérénés à la vue du monstre mourant, s'étaient également saisis de grenades incendiaires artisanales, stockées sur le pourtour du temple.
Un nouveau jet de feu fusa, éclaboussant le sol de flammes jusqu'aux pieds d'un groupe entier de créatures, qui reculèrent bien vite.
« Je me demande seulement combien de temps ils pourront survivre à l'horreur de cette nuit.
- Permettez-moi de vous dire que je trouve que vous manquez de cœur, mon Seigneur.
- Je parlais des monstres, Mégane.
- Oh ! Euh... Remarquez, ils doivent aussi faire partis de l'œuvre de leur PanCréateur. Franchement, mon Seigneur, quel dieu sensé créerait une armée de mutants géants homicides ? »
Alahan sourit tristement devant l'air révolté de la jeune fille.
« Oui, hein ? On se le demande, répondit-t-il. »

Intérieurement, Alerith pestait contre l'inconséquence de son subordonné.
Dans l'optimisme de ces derniers jours, elle avait réellement oublié à quel point l'Astropathe pouvait lui porter sur le système.
Ainsi que, dès lorsque l'on entamait un voyage à plusieurs, il y en avait toujours un – souvent le même – pour s'enquérir à intervalle régulier du temps qu'il restait avant d'arriver à destination. Ou pour faire connaître ses besoins polliakurinaires.
« C'est encore loin ? demanda derechef l'Astropathe.
- Oui ! Et je vous avertis solennellement que si vous reposer encore une fois cette question je vous...
- Colle un blâme ? »
Menelas et Bob assistaient à la scène en amateurs éclairés, cependant que Mù – ayant l'excuse de devoir barrer l'embarcation antigrav – s'était isolé à la poupe de celle-ci.
« J'dois dire, ça m'a vachement manqué, fit remarquer l'Ork à son voisin.
- Tu devrais leur laisser un peu le temps de s'échauffer, répondit ce dernier. Encore quelques minutes et on pourra vraiment apprécier leur scène.
- Ah, ouais ! J'ai compris, c'est comme l'Amasec, quoi. Toujours le chambrer...
- Tu as saisis l'idée.
- Dites, les histrions, vous allez arrêter votre numéro de commentateur, intervint Alerith qui venait de les entendre.
- Ouaip, désolé, répondit Bob le plus sérieusement du monde. On voulait pas interrompre le votre. »
Bien mal lui en prit.
« T'sais, murmura Garett au Navigator alors que tout deux regardaient à présent la jeune femme s'emporter contre un Ork trois fois plus volumineux qu'elle. Je crois qu'en fait elle génère trop de hargne et que, vu qu'elle n'a pas pu s'en défaire ces derniers mois... bah fallait que ça pète pour qu'elle aille vraiment mieux.
- Sans doute.
- Et j't'ajouterai que si un jour elle se retrouve réellement devant son demi-frangin, faudra qu'on pense à se trouver une place bien confortable pour profiter des r'trouvailles. Très loin si possible. »
- Avoues que ça t'avait manqué. »
Pour toute réponse, Garett se contenta de hausser les épaules.
Peut-être – au-delà de la manière dont elle se manifestait présentement – était-ce là le type d'énergie qui poussait des hommes et des femmes à s'armer de Lettres de Marque pour braver les limites de l'Imperium.
Être Libre-Marchand n'était qu'une des manières qu'avait trouvées l'Adeptus Terra pour canaliser ces gens qui, en d'autres circonstances, se seraient fait prédicateurs – en choisissant peut-être la mauvaise divinité au passage.
Tout comme Alahan qui, plus tôt dans la journée, à des dizaines de kilomètres de là, s'était attelé à essayer de comprendre ce qui le séparait vraiment du reste de l'humanité, l'Astropathe s'interrogeait sur ce qui pouvait différencier fondamentalement la jeune femme de n'importe quel autre progenia qu'aurait put choisir feu le capitaine Oquida.

Le calme s'était à nouveau installé autour de l'église.
L'Archiviste doutait pourtant que ne se répète le même schéma que la nuit précédente.
A ce moment là, il n'y avait eu que des cadavres contaminés par ce qu'il avait appelé la Ténèbre – en mettant l'emphase sur le singulier et la majuscule. Cette nuit, il s'attendait à rencontrer l'entité proprement dite.
Même les non-Astartes, surtout au sein des combattants de l'Imperium, reconnaissaient volontiers que l'Empereur n'aidait que ce qui s'aidaient eux-même.
Il entendait le faible chant, aux origines composites, s'élever depuis l'intérieur du temple. Les villageois priaient leur nouveau dieu en ayant adaptés les prières destinées à l'ancien.
Autour de l'édifice, il avait eu fort à faire pour dissuader son escouade de fortune de gaspiller leur stock de pots incendiaires.
« Combien de munitions vous reste-t-il ? demanda-t-il à Mégane, toujours à ses côtés.
- Un demi-chargeur.
- Et une vingtaine de vos grenades pour tout le groupe me paraît une estimation optimiste. »
Il réfléchit puis reprit :
« Pensez-vous être capable de manipuler mon bolter ? »
La jeune fille regarda un moment l'arme, toujours en bandoulière dans le dos de l'Archiviste.
"Monstrueuse" était le qualificatif qui lui venait à l'esprit. Le modèle standard de l'Astartes, adapté aux mains des Space Marine, était deux fois plus gros que le sien.
Quant au recul qu'il devait générer...
« Je vous prie de me pardonner, mon Seigneur, mais il me faudrait un harnais. Même avec les augmentiques de l'armure. »
Alahan soupira, fouillant les alentours du regard à la recherche d'une solution.
Qu'il trouva...
L'un des hommes avait sorti une chaise capitonnée, étant assuré que, quitte à attendre la mort, mieux valait le faire confortablement installé.
Une protestation et un véhément rappelle à la discipline plus tard, l'Archiviste entreprit de débiter le siège de l'infortuné à coup de lame de force.
« Puis-je avoir votre doigt sur mon nœud, ma sœur ? demanda-t-il au bout d'un moment.
- Que... quoi !? »
Il haussa un sourcil interrogateur en la voyant rougir violemment et désigna du menton l'assemblage qu'il tentait de faire tenir au moyen d'un morceau de l'étoffe du capiton.
« Oh...
- Sincèrement, je trouve vos réactions étranges depuis cet après-midi.
- Mais c'est vous qui... »
Elle s'interrompit devant l'air interrogateur, mêlé de soucis, du Space Marine. Qui "quoi", au fait ? S'en était d'autant plus frustrant qu'elle-même n'arrivait pas à mettre... eh bien, le doigt dessus.
« Que faites-vous ? finit-elle par demander en le voyant saisir son arme.
- Un bipied. »
Il s'écarta de son œuvre et l'évalua, satisfait.
Le bolter reposait sur le sol, prenant appui sur sa crosse et sur l'assemblage de fortune.
« Il faudra vous allonger pour vous en servir et faire attention à ce que la chaleur du canon n'enflamme pas le tissu mais, en dernier recours, il devrait faire l'affaire.
- Pour quoi ?
- Défendre le temple en mon absence, Mégane. Si mes craintes se révèlent fondées, je vais avoir besoin malgré tout de mon armure. »

« Alors c'est ça, les fameuses ruines de vos lointains ancêtres ? demanda Garett alors que le groupe arpentait un corridor qui tenait plus de la crevasse naturelle que du complexe humain. J'aurais jamais cru qu'une base datant du Moyen-âge Technologique pouvait avoir l'air si...
- Médiévale ? proposa le Navigator.
- Quand on dit Moyen-âge ça m'évoque surtout du blanc, de la lumière et de la civilisation pas...
- Des ruines ? acheva Mù. Rendez-vous compte qu'elles existaient avant que votre Empereur ne se révèle ? Si elles subsistent depuis plus de dix millénaires, c'est bien parce que mes ancêtres disposaient d'une technologie extraordinaire. »
Alerith passa la main sur une paroi lisse. La roche avait un aspect fondu peu commun mais rappelait plus une sorte de coulée magmatique qu'un travail humain.
« J'en ai vue quelques-unes. Il y a des portes derrières.
- Oui. Je crois qu'il y a longtemps mon peuple avait tenté d'en dégager dans le complexe où je vous ai trouvée. Mais les résultats n'était pas très concluants. Il n'y avait pas grand chose à trouver et quelques génération plus tard les parois avaient repris leur forme. Ils ont pensé avoir irrité les esprits des lieux et nos traditions nous disent depuis d'éviter l'endroit. Et de ne pas creuser.
- Alors pourquoi y étiez-vous ? demanda Menelas.
- Parce que des éclaireurs avaient signalé la présence d'une jeune femme dans cette zone interdite et que j'ai suffisamment voyagé pour savoir à quoi m'en tenir dès qu'il est question d'esprits technologiques.
- Oh ! Z'allez vous fâcher 'vec les gus en rouge si vous croyez pas aux p'tits zesprits d'la bécane.
- Je l'ai déjà fait il y a longtemps, répondit l'abhumain en souriant. Pardonnez l'arrogance de la vieillesse mais mon opinion est fait depuis belle lurette. »
Il entendit l'Ork soupirer.
« Qu'y a-t-il ?
- Nan mais vous m'avez rap'lé un truc. Moi aussi j'avais belle burette pour graisser les pignons. Elle est restée sur le [i]Rising Sun[/i]. J'crois qu'ma soute me manque.
- T'inquiètes pas, mon gros, lui répondit Garett, compatissant. Si L'vaisseau qu'on trouvera en bas est assez gros, je te promet que t'auras la plus grande soute. »
Le visage de l'Ork s'illumina.
« Je trouve que votre père un fait un choix bien étrange quant à vos compagnons.
- Pensez-vous ? Il m'arrive de me dire qu'au-delà de planifier la survie de notre famille, il a surtout trouvé un moyen d'égailler sa mort. De là où il est, il doit rigoler comme un bossu. »
Ce n'était pas la première fois qu'elle se disait que le choix de son père en matière de compagnon faisait parti d'un vaste test de ses compétences.
Peut-être était-ce également, pour lui, un moyen de lui transmettre sa vision de ce qu'était un Libre-Marchand et, par là même, une autre partie de son héritage, au moins aussi important que le nom et la charge qui allait avec ?
« Ah ! Nous approchons de notre destination, finit par dire Mù au bout d'un long moment de marche. Si vos coordonnées étaient exactes, il s'agit du seul endroit digne d'intérêt dans ces galeries. »
Devant eux, le corridor était brutalement interrompu par un mur.
Lisse, il ne présentait aucune autre différence avec le reste des parois, excepté le fait qu'il coupait le passage à angle droit.
Alerith s'en approcha et sorti un petit marteau de son sac.
Ainsi qu'elle l'avait fait quelques jours plus tôt, elle colla son oreille à la pierre et commença à la sonder à petits coups secs.
Les vibrations transmises par les chocs finirent par lui révéler un petit tintement métallique satisfaisant.
« Il y a une porte, confirma-t-elle.
- Ah ah ! Ça s't'un boulot pour Mr. Green ! S'exclama l'Ork. Bouchez-vous les esgourdes ! »
- Ne fais... commença Alerith alors que Bob levait son fling'. »
Quatre détonation retentirent. Se réverbérant contre les murs, elles donnèrent l'impression de s'éloigner avant de revenir à la charge, plus forte encore. En chemin, elles s'étaient liées d'amitié avec un bruit d'éboulement.
« Espèce de... »
A genoux, Alerith luttait pour rester consciente, encore sous le choc. Elle avait tenté d'attraper le bras de l'Ork d'une main tout en se bouchant une oreille de l'autre, par réflexe.
Elle avait l'impression que le côté gauche de l'univers sifflait.
Les trois autres humains – et assimilé – avait eu plus de présence d'esprit qu'elle.
Quant à Bob : l'adage ork, qui voulait que plus ça fasse de bruit mieux c'était, devait, au fil des millénaires, avoir effectué son travail de sélection naturelle. Produisant des individus à même de résister au choc sonique d'un tir en milieu clos.
Quant aux parois du-dit milieu...
« J'espère que la porte que t'as dégagée mène sur une sortie parce que ton tir a aussi fait s'effondrer l'entrée, j'crois, fit observer Garett avec bonhomie. »
« Verrou mécanique... éructa Alerith en tentant de s'asseoir. Ouvrez... »
A travers les brumes lancinantes de son mal de crane, elle vit Bob s'arc-bouter sur le mécanisme de la porte.
Celle-ci finit par s'ouvrir dans un grincement, révélant un petit passage exempt des ravages du temps. Une série de panneaux lumineux fixés au plafond dispensaient une vive lumière blanche.
Éclairant une nouvelle porte.
« Elle a pas de mécanisme, celle-là, fit observer l'Astropathe lorsqu'ils l'eurent rejointe.
- J'entends un genre de bourdonnement, les informa Menelas en collant son oreille au panneau.
- Vous avez bien de la chance, maître Menelas. Moi, j'entends surtout un sifflement.
- Chuis vach'ment désolé.
- Je crains que mon aide ne s'arrête ici, intervint Mù. Je n'ai jamais vu pareil endroit sur ce monde et je ne sais absolument pas comment l'ouvrir. »
L'Astropathe suivait le contour de la porte des doigts.
« Que cherchez-vous exactement ? demanda Alerith. »
Un cri de joie lui répondit.
« Ceci ! annonça Garett en désignant un minuscule trou rectangulaire. »
Alors que tous se penchaient pour examiner sa trouvaille, il sortit des profondeurs de son manteau le petit étui de cuir que lui avait confié feu le capitaine Oquida lors de leur dernier entretien.
« C'est une espèce de serrure ? demanda Menalas.
- Ouaip ! annonça-t-il, triomphant. Et j'crois bien en avoir la clef ! »
L'objet qu'il sortit de l'étui était un petit parallélépipède rectangle de moins d'un centimètre sur deux.
« C'était dans les trucs qu'Oquida m'a confiés.
- Et pourquoi ne me l'avez-vous pas remis ?
- Parce que, mon cher nouveau Capitaine, vous n'étiez pas la seule sur son testament. »
La clef, faute d'un meilleurs terme, s'inséra parfaitement dans la fente.
A peine mise en place, le bourdonnement s'interrompit et la porte s'ouvrit en silence sur une vaste salle obscure.
La lumière du couloir y pénétrait, renvoyant depuis une trentaine de mètres un éclat d'un rouge sombre.
« Oh, Drusus ! souffla Alerith. »
L'écho de son murmure roula dans la vaste salle.

Seul au milieu des ténèbres, Alahan courait, lame au clair.
Quelques-unes des créatures l'avaient pris en chasse.
L'une d'entre elles avait failli le rattraper avant d'être cueillie dans son élan par la lame de force.
Les autres avaient bien vite abandonné les poursuites. Peut-être avaient-elles estimé qu'il était trop dangereux ?
À moins que leurs instincts ne les aient ramenées vers le temple, là où, en dépit de la lumière, elles pouvaient sentir plus de proies ?
Au fil des mois, il s'était aperçu qu'il ne pouvait plus manipuler l'énergie psychique. S'il avait pris récemment conscience de la cause de la pollution Warp de la planète, il connaissait surtout désormais la raison de sa faiblesse.
Ces créatures étaient gorgées des émanations de la pierre distordante et, lorsqu'elle étaient venues en nombre, il avait sentit grandir le malaise qu'il avait ressentit quelques jour plus tôt, lorsque Bob avait sorti le morceau de roche verte de sa poche.
Alors que la nuit avançait, il avait encore sentit grandir ce malaise.
Si son intuition était juste, il aurait besoin de tous les atouts pour affronter la créature – ou quelque puisse être exactement la nature de la chose – qui en était la cause.
Il finit par arriver aux limites du verger de pruniers.
Remontant l'allée entre les arbres fruitiers, il parvint au seuil de la petite maison.
Entrant, il se précipita dans la petite pièce qui servait d'officine à Mégane.
L'endroit était impeccablement rangé et, sur le bureau, devant une série de pots et de flacons étiquetés – il eut envie d'en sourire – dans une parfaite calligraphie gothique, se trouvaient trois seringues de métal.
Il les rafla avant de sortir rapidement de la pièce.
Il revint devant la maison et ne put s'empêcher de s'arrêter un instant pour se retourner.
En dépit de l'urgence de la situation, il ne put réprimer un pincement de cœur en ayant le pressentiment que, quelque puisse être l'issue de cette nuit, il la voyait pour la dernière fois.
Il n'était pas coutumier de ce genre de sentiment, pas plus que de ceux qui, ces derniers temps, gagnaient lentement du terrain face aux coups du [i]Crozius Arcanum[/i] de sa conscience. Il doutait fortement de la pertinence de pouvoir, un jour, recevoir des conseils sur le sujet auprès d'un épistolier de son chapitre.
Tout en se dirigeant vers la grange, il ne pouvait s'empêcher de se demander si, au cours des dix derniers millénaires, un de ses frères s'était assis, un beau jour, pour réfléchir à leur condition de post-humain.
Ce dont il était certain, en revanche, c'était que – si le rituel de harnachement standard de l'Adeptus Astartes nécessitait de nombreuses heures de prières et une demi-douzaines de serf de chapitre – un très ancien techmarine avait un jour décidé de chronométrer le processus dépouillé de son décorum pour décréter qu'il était en réalité possible, en cas d'extrême urgence, de l'effectuer en moins de dix minutes².
Saisissant le pan de toile qui recouvrait son armure, il le rejeta d'un coup sec, découvrant les pièces soigneusement alignées de l'antique protection.
L'épaulière et les canons de bras gauches renvoyèrent l'éclat argenté de l'adamantium.
Il prit une des seringue de Mégane, inspira profondément et s'en injecta le contenu à la base du cou.
Difficile d'être certain de son efficacité avant de s'être connecté à son équipement.
Il sentait confusément son corps combattre le produit. À moins qu'il ne tentait de l'assimiler...
Il ramassa son épaulière droite, sur laquelle figurait le corbeau noir sur fond blanc os, et fut pris d'un étrange sentiment.
Peut-être valait-il mieux, avec le nombre de paramètres inconnus entrant en ligne de compte, s'en remettre à l'Empereur. Même s'il voyait mal comment il aurait pu lui rendre compte de la situation sans dispositif vox.
Mais qu'avait bien pu ajouter Mégane comme adjuvant à son sérum ?
Quelles étaient ses réflexions sur sa conditions de post-humain, déjà ?
Alahan reposa son épaulière et se releva.
Puis – des images de cabines-vox lui traversant l'esprit – l'homme de demain empoigna les pans de sa chemise et l'arracha.

À quelques centaines de mètres de là, en bas de la colline, la Sœur de Bataille vit avec horreur deux torchères disparaître sous une chape d'ombre, créant une brèche dans la barrière de lumière.
Des hurlements s'élevèrent et les hommes refluèrent vers la porte de l'église.
« Restez-là ! cria-t-elle sans grand succès. »
L'un d'entre eux disparu en hurlant, soudainement happé au-delà de la lumière.
Elle tira au jugé dans sa direction. Le cri s'interrompit net et la faible explosion du bolt illumina un instant un groupe de créatures qui s'éloigna bien vite du cadavre.
Au bord des larmes, elle reconnu un instant que c'était peut-être ce qu'il y avait de mieux à faire.
Elle inspira profondément.
« Il nous faut de la lumière ! hurla-t-elle. »
Ça n'était probablement pas le plus précis des ordres – même dans le compendium des ordres imprécis – et , pour être honnête, il s'agissait plutôt d'un vœu.
Néanmoins, l'un des hommes eut la présence d'esprit de se saisir d'un des pots incendiaires pour le lancer.
L'explosion combla la brèche dans les torchères. Pour un temps du moins.
Le Space Marine lui avait promis, moins de quarante-huit heure plus tôt, qu'il ne lui demanderait que de couvrir ses arrières. Et il l'avait laissée seule face à une marée de ténèbres.
Celle, tout aussi sombre, de la colère, commencer à donner des coup de boutoir dans sa panique.
Elle offrait une sorte de contre-point à cette dernière, créant une zone de calme dans laquelle s'était rassemblé ses restes de raisons.
Lesquelles travaillaient activement à élaborer un plan.
Il lui fallait de la lumière.
Il lui fallait un combustible.
Au-delà du halo s'étendaient les ténèbres de la rue. Les étoiles, visibles au-delà du faîte des maisons n'arrivaient pas à percer l'ombre.
Les maisons...
Le village entier était bâti d'un bois rendu sec par l'atmosphère aride de Jamir.
La plupart des hommes s'étaient barricadés dans l'église, ne laissant que quelques malchanceux apeurés sur le parvis.
« Oh, Alahan, murmura-t-elle. Soyez maudit. »
Elle saisit deux pots dans le sac prêt de l'entrée. Il n'en restait plus beaucoup.
« Vous voulez vivre ? demanda-t-elle doucement aux hommes en se relevant. »
Le petit groupe la regarda, interloquée. La question était rhétorique mais elle avait capté leur attention.
« Prenez les pots qu'il reste, reprit-il. Nous allons incendier les maisons au fur et à mesure. Nous allons les repousser. »
L'un d'entre eux ouvrit la bouche. La referma en regardant ses compagnons puis, semblant résumer l'opinion collective, se tourna vers la sœur.
« Mais ce sont...
- Vos maisons, je sais. Demain, vous pourrez les reconstruire. Ou quitter cet endroit et aller ailleurs. Mais je vous garanti une chose : Si vous ne le faites pas, vous n'en aurez jamais l'occasion. »
Après un court instant, l'un d'eux émergea de la masse. Elle reconnu le dénommé Jethro.
« Elle a raison, vous savez. Si on le fait pas, personne le fera à notre place. »
Elle lui tendit l'un des pots.
Non qu'elle ne s'en sentait pas capable. Elle s'était résolu à le faire depuis quelques instants.
Mais il lui semblait important que ce soit l'un d'entre eux qui fasse le premier pas.
Par une forme particulièrement détournée, confinant à l'hypocrisie, cela lui paraissait presque... juste.
Jethro prit son élan, la poix en pleine combustion stria les ténèbres pour finir sa course à travers une fenêtre.
Éclaboussant le plancher d'un salon, de flammes qui bientôt s'étendirent à toute la bâtisse pour se communiquer aux autres.
Les créatures, un instant révélées, reculèrent précipitamment de l'autre côté de la rue.
Avant de se retirer, plus loin encore, lorsque celui-ci fut également noyé dans la lumière de l'incendie.

« Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? finit par demander l'Astropathe Garett.»
Le petit groupe avait entreprit de faire le tour de la salle et, sans rencontrer d'angle, était revenu à son point de départ.
« Je crois qu'il est sphérique, annonça Menelas en inspectant la petite portion de mur visible à la lumière des torches. Et la texture est différente, on dirait un espèce de ciment mais naturel.
- J'ai comme l'impression que la pièce entière s'est moulée autour de quelque chose qui a été retiré par la suite, fit Alerith.
- Un genre de champ de force ? Le bourdonnement de tout-à-l'heure ?
- Je ne suis pas sûre. Mais je suis certaine qu'en aucun cas il ne faut tirer ici. N'est-ce pas, Bob. Bob ?
- Je crois l'avoir vu aller vers le centre de la pièce. »
L'ensemble du groupe s'était, pour le moment, abstenu de quitter les parois de vue.
La pièce était vaste et ce qui en occupait le centre n'était pas clairement visible mais aucun n'avait voulu s'en approcher, plus par peur de voir leur espoir de trouver un vaisseau définitivement déçu qu'en raison d'un quelconque risque de danger.
Mais, manifestement, l'esprit de l'Ork restait imperméable à une telle anxiété.
« J'espère seulement que ce crétin ne va pas... commença Alerith.
- Hey ! V'nez voir ! »
La voix de l'Ork tonna et roula, amplifiée par la rotondité de la salle.
Un grondement sourd, interminable, se fit entendre. Suivit de quelques lointains chocs de pierre contre du métal.
« … faire trop de bruit, acheva la jeune femme lorsque tous eurent enfin le courage de recommencer à respirer. Allons voir ce qu'il a trouvé avant qu'il ne remette ça. »
Toujours éclairés de leurs torches, il s'avancèrent vers le centre de la pièce.
Les ténèbres, jusque là sans fin, finirent par s'interrompre lorsque le halo sembla être fendu en deux par ce qui en occupait le centre.
« Mais qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Menelas derechef. »
C'était épais, gigantesque et d'un rouge bordeaux. Situé à quelques mètres au dessus de leurs tête, ça disparaissait presque à la verticale d'un côté – avec semblait-il un changement de couleur à l'extrême limite de la lueur des torches – pour, de l'autre, continuer à l'horizontale en s'évasant.
« On dirait une étrave, non ? subodora Garett. Une étrave... de... bateau... »
Il s'arrêta sous le regard d'Alerith. Pour une fois, la jeune femme semblait plus interloquée qu'agressive.
« J'dis seulement ce que je vois... Enfin, façon de parler, bien sûr. »
Ils entendirent les lourds pas de l'Ork s'approcher.
« Venez-voir ! J'ai trouvé...
- Ssshht ! Tais-toitais-toitais-toi, fit Garett alors que retentissait le grondement de nouveau. »
Un crépitement, suivis d'une nouvelle série de chocs, se fit entendre. Un caillou rebondit sur l'aplomb au dessus d'eux en rendant des bruit métallique avant de s'écraser aux pieds du Xenos.
« Euh... Ok, dit-il en un chuchotement tellement exagéré qu'il en était presque plus bruyant que ses cris. J'ai trouvé un accès à ce truc. »
Il les mena vers une étroite planche de bois, garnie de deux filins tendu faisant office de gardes-fou. Elle disparaissait en une pente abrupte dans les ténèbres.
« Euh... Je sais pas pour vous, fit remarquer l'Astropathe, mais même si ce truc date de plus de dix mille ans, à ce niveau c'est même plus de l'archéo-technologie, c'est...
- De la [i]paléo[/i]-technolohie ?
- Tu m'ôtes les mots de la bouche, Menelas.
- Et c'est censé être là depuis avant l'ère des luttes ? demanda le Navigator. Ça fait combien, Quatorze millénaires ?
- Où dix minutes, tout aussi bien, intervint Alerith qui s'était éloignée sous le surplomb. Venez-voir.
- C'est quoi ce... pardon... [size="1"]C'est quoi, c'machin[/size] ? demanda Bob. »
L'objet ressemblait à ce qu'un original aurait pu commettre en décidant de combiner un cercueil ouvert, un antique cogitateur et trois dalles-pix.
Dalles où il aurait décidé d'afficher, pour une raison esthétique qui n'aurait appartenu qu'à lui, un texte blanc sur fond bleu.
« On dirait un sarcophage de stase bricolé, dit-elle. C'est comme l'idée du champ de force. Il devait générer une bulle où le temps ne s'écoulait pas et, au fil des millénaire, la roche et la poussière s'est agrégée autour, se fossilisant pour former une gangue. Laquelle, semble-t-il, n'est pas très solide.
- Mais du coup, ce machin mal bricoler à dû tenir...
- Garett, soit à ce qu'on t'explique, un peu. Il a juste dû tenir quelques minutes de sa bulle de temps.
- M'filez mal à la tête 'vec vos truc. Moi j'voulais juste qu'on monte ensemble.
- On va monter mais j'aimerais vraiment savoir comment mon père à découvert cette endroit.
- Écoutez, patronne. Je respecte vos volontés, et tout ça, répliqua l'Astropathe. Mais on doit d'abord sortir d'ici. »
Il leva les yeux vers ce qui tenait lieu de plafond.
« Si c'est vraiment une coque et, là-bas, une coupée, faudra qu'on m'explique quel débile à pu avoir l'idée de génie d'envoyer un foutu rafiot dans l'espace. Avec en plus une putain de ligne de flottaison. »
Il se dirigea vers la planche.
« Stop, maître Garett ! l'interrompit Alerith aussi fort qu'elle ne l'osa. Il est hors de question que vous montiez avant moi sur ce navire. »
Dans le silence gêné qui suivit le soudain bruit de cavalcade, Menelas feignit une quinte de toux.
« Excusez-moi, dit-il à l'adresse de Bob et Mù. Mais, par simple soucis de clarification. Je ne viens pas de voir mon capitaine faire la course avec son Astropathe pour déterminer lequel des deux sera le premier à monter à bord.
- Si, j'en ai bien peur, confirma l'abhumain.
- Oh. Bien. »

« Vous noterez, qu'il y a même des foutues bouées de sauvetage, patronne.
- Je sais.
- Et que j'ai eu le temps de monter la coupée et de m'arrêter pour saluer avant même que vous n'y posiez le pied.
- Je sais.
- Protocolairement, je suis irréprochable.
- Maître Garett, si vous n'effacez pas immédiatement ce sourire de crétin de votre visage – je peux vous le dire maintenant –, je vous passe par dessus bord.
- Par contre, c'est marrant, poursuivit celui-ci en l'ignorant. On dirait que les concepteurs de ce bâtiment ont posé des baies vitrées pour transformer ce qui devait être un path extérieur en baie panoramique.
- Mais quel intérêt à vouloir transformer un hydronef en astronef ? demanda-t-elle, oubliant son contentieux avec l'Astropathe.
- Parce que : pourquoi pas ? J'veux dire, regardez Mù, il ne comprend pas, sincèrement je pense, pourquoi nous prions les esprits de la machine alors il est possible que nous ne comprenions jamais réellement ce qui peut pousser une civilisation disparue à envoyer un bateau dans l'espace. Cela dit, je suis certain que c'est ce que votre père voulait que nous trouvions. Alors à quoi bon se poser des questions sans but maintenant. Trouvons la passerelle, laissons Bob le démarrer – si quelqu'un en est capable ici, c'est bien lui –, récupérons Mégane et Alahan et partons à la reconquête du nom des Oquida.
- Il me coûte de l'avouer mais vous avez raison.
- Parfait. Le premier qui trouve la passerelle à gagné.
Alerith soupira.
« Et dire que j'étais prête à me laisser penser que vous n'étiez pas un parfait imbécile. »

Les heures qui précédaient l'aube étaient proverbialement les plus sombres. Jamais Mégane n'en avait été si convaincue.
L'incendie s'était peu à peu répandu aux habitations collées les unes aux autres mais, alors qu'il commençait à faiblir et que les pots incendiaires venaient à manquer, elle se dit que jamais elle n'avait vu brasier aussi court.
Ça n'avait été qu'un feu de paille. Le bois, trop sec, s'était embrasé brusquement et, déjà, les premières habitations n'était plus que des braises rougeoyante.
Seule l'église avait été épargnée mais, alors même le halo des torchères s'affaiblissait, elle s'avisa qu'ils avaient fait preuve de trop d'optimisme.
Il aurait fallu sortir les bancs. Il aurait fallu garder de l'huile pour les enflammer.
Mais il était trop tard.
« Rentrez tous, dit-elle. Rationnez la lumière pour n'éclairer que les fenêtres. Vous n'avez plus rien à faire ici.
- Et m'sieur Alahan ? demanda Jethro. Il n'est pas revenu.
- Je sais.
- Mais... on peut pas vous laisser seule. »
Non, hein ? Évidemment qu'ils ne pouvaient pas. Elle en comprenait la raison avant même qu'il n'ouvre à nouveau la bouche. Ça tenait, essentiellement, à la façon dont il regardait son blindage pectoral plutôt que d'essayer de soutenir son regard.
Parce que – même au plus noir de la nuit – elle ne resterait toujours que Mégane avant tout autre chose, elle ne pu s'empêcher de rougir.
« Rentrez, s'il vous plaît ? demanda-t-elle aussi gentiment que possible. La Ténèbre va revenir. »
Elle éjecta son chargeur pour vérifier. Aucun doute à avoir, il était vide.
Rejetant son arme désormais inutile, elle s'allongea, saisis la crosse du bolter d'Alahan et fit le point à travers la mire.
« Et vous ? essaya une nouvelle fois Jethro.
- Moi ? Je l'attends. »

Alahan avait vu les lueurs du village embrasé par dessus les arbres du verger.
Il était difficile pour lui de définir son sentiment d'alors parce que le fait de porter de nouveau son armure l'avait comme étouffé.
Ça tenait peut-être au fait que l'antique protection, imprégnée des personnalités de ses frères passés, lui imposait celles-ci entre lui et la réalité.
La coiffe qui surplombait son casque semblait également, dans un premier temps du moins, lui avoir fourni un peu de protection face à la pollution psychique ambiante, l'aidant à rassembler un peu de l'énergie qui lui avait fait défaut jusque là.
Mais l'ersatz de puissance n'avait pas duré. Lorsqu'il avait commencé à courir, son métabolisme augmenté avait également repris du service, éliminant la drogue préparée par Mégane.
Il sentait les ports de la carapace noire le brûler. Cela avait commencé comme une simple gène avant de devenir lancinant puis tétanisant, alors que son organisme décomposait la substance.
Peut-être était-ce également dû aux ténèbres ?
Un nouvelle injection lui permit de reprendre sa course pour un temps compté.
Au travers du filtre verdâtre des augmentiques du casque, il voyait la lueur faiblissante du village au loin.
Qui disparurent brusquement.
Dans l'instant de désorientation, amplifié par la douleur, Alahan ne vit pas le cahot de la route.
L'Archiviste s'étala dans la poussière. Ses autosens et, à travers eux, mille générations de Space Marines, hurlèrent.
Il releva la tête, une masse sombre, informe, se dessinait dans la lumière lointaine.
Alors que se dissolvaient de nouveau les derniers reste de l'injection et que les alertes medicae défilaient à la périphérie de son champ de vision, il ôta son casque.
Le brusque appel d'air frais de la décompression de l'armure lui fourni le regain de concentration nécessaire à la désactivation d'urgence des augmentiques.
Le flot d'information se tut et avec lui, la douleur diminua.
Sans son assistance aux mouvements, la protection n'était plus qu'un poids mort mais au moins avait-il été entraîné à la manœuvrer dans de telles conditions.
Le regard fixé sur l'emplacement du village, il souleva sa lourde carcasse de métal et repris péniblement sa progression.

Si Mégane ne vit pas la masse sombre, laquelle se fondait dans l'obscurité ambiante, elle vit, en revanche, les créatures s'enhardir derrière les torchères faiblissantes.
La barrière de lumière s'était réduite à des îlots, isolé les uns des autres par la nuit.
L'une d'entre-elles se faufila, profitant d'un passage plus sombre que les autres entre deux fanaux.
La Sœur de Bataille la cueilli d'un bolt en plein visage. Le cadavre décapité se cambrant en arrière sous l'impact.
Elle chercha une prière pour se rassurer mais toutes celles qui lui venaient à l'esprit à cet instant sonnaient creux.
« Alahan, murmura-t-elle alors qu'un deuxième monstre tentait, sans plus de succès que le précédent, de forcer le passage. Je vous jure que si vous ne revenez pas m'aider maintenant, je vous le ferais payer le restant de votre vie. »
Ce fut tout ce qu'elle trouva à dire avant qu'un tentacule venu d'en haut ne la saisisse.

« Machine, de passerelle ! appela Alerith. Vous me recevez, Bob?
- Yep ! Vach'ment chouette ici ! Y'a comme genre de tore de réacteur à plasma mais... en petit.
- Ravie que ça vous plaise. Pourrions-nous avoir de la lumière, s'il vous plaît ? »
La passerelle, qui jusque-là était plongée dans la pénombre rougeâtre de l'éclairage de secours se retrouva inondée d'une lumière vive, forçant la jeune femme à cligner des yeux un long moment pour s'y accoutumer.
« Merci.
- Bah j'ai rien fait, moi. Y'a l'moteur qui s'est mit à ronronner comme... euh...
- Je vous remercie, épargnez-moi les détails techniques. »
Ils s'étaient scindés en deux groupes.
Alerith avait ordonné à Bob de prendre Mù et Garett – au grand déplaisir de ce dernier – avec lui pour partir à la recherche de la salle des machines pendant qu'elle-même, accompagnée du Navigator, avait pris la première échappée, pariant sur le fait que la passerelle était logée dans l'un des endroits les plus élevés du bâtiment.
Ce dernier, de prime abord plongé dans le noir le plus complet, s'était retrouvé illuminé de rouge.
À peine avait-elle trouvé ce qui lui semblait être le point névralgique du vaisseau qu'une série de pupitres s'étaient allumés à leur tour.
Un dispositif com', placé près de ce qui devait être le siège du capitaine, avait retenti, l'informant bien vite que non seulement Bob avait trouvé une série de vox sur sa route mais également que des fiches informatives placées devant ceux-ci avaient permis à l'Ork de mémoriser rapidement l'indicatif de la pièce où elle se trouvait.
Et de suivre ainsi la progression du Xenos avec une précision dont elle se serait bien passée.
« Excusez-moi, ma Dame... »
La voix de Menelas provenait du poste de pilotage proprement dit, une petite pièce séparée du reste de la passerelle par une cloison dans laquelle avait été pratiquée une ouverture circulaire – obturable, au besoin par un panneau de même forme monté sur charnières.
« Je crois, dit elle avec satisfaction en se carrant dans le grand fauteuil de cuir, que c'est "capitaine", désormais. »
Derrière elle, Menelas leva les yeux au plafond.
« Très bien. Excusez-moi, [i]capitaine[/i], mais ce poste de pilotage n'est absolument pas standard. Comment suis-je censé le manœuvrer ?
- Vous êtes Navigator, non ?
- Oui, pas pilote. Mon domaine d'expertise s'étend au Warp, aux bâtiments de plusieurs kilomètres de long et à l'interaction entre les deux. Pas aux vols atmosphériques aux commandes d'un si petit...
- Je me souviens très bien de votre dernier vol, oui. Quant à la taille de cet appareil... »
Elle avait vu un plan en coupe du vaisseau dans une coursive. Ainsi que l'avait fait remarquer l'Astropathe un peu plus tôt, il semblait effectivement d'avantage fait pour flotter dans des conditions atmosphériques terrestre plutôt que pour quitter cette même atmosphère.
Et il était minuscule. Moins de deux cent mètres si elle en croyait le plan, ce qui était plus de deux fois moins que la plus petite corvette qu'elle ait jamais vue.
Mais, si elle en croyait les découvertes successives de Bob, il disposait néanmoins de moteurs Warp et à plasma, d'un générateur de Geller et – au grand bonheur de l'Ork – d'un armement qui, s'il ne ferait sûrement pas le poids contre un croiseur cuirassé comme le [i]Rising Sun[/i], restait conséquent pour sa taille.
« … il est ce tout ce que nous avons et il fera parfaitement l'affaire en attendant mieux, acheva-t-elle. Et je veux qu'il décolle. »
Un grondement se fait entendre, suivit d'une faible secousse, alors que le moteur à plasma entraînait une antique technologie antigravitique.
« Avant que vous ne me sautiez dans les bras, capitaine, permettez moi de vous informer que cela n'est pas de mon fait.
- Oh, je vous en prie. Pas vous, Menelas. Je suis au regret de vous informer que le rôle du subordonné irritant est déjà prit par quelqu'un de très compétent en la matière.
- Je ne faisais que vous livrer une information qui me semblait importante.
- Oui, depuis tout-à-l'heure je commence à émettre une hypothèse sur le sujet. Une série d'esprits-relais à commande vocale.
- Si vous le dites, fit-il, dubitatif.
- C'est une hypothèse que nous allons vérifier. J'aimerais que nous prenions un peu d'altitude ! »
Un silence, que le Navigator aurait qualifié de gênant, s'installa.
« S'il vous plaît ? ajouta-t-elle. »
Même s'il était difficile d'établir un point de repère au delà de la verrière enténébrée de la passerelle, il sembla à tout deux que le déséquilibre qui venait de se produire indiquait une légère ascension.
« Vous voyez ? Maintenant, il est temps de sortir d'ici. »
Toujours assis dans son poste de pilotage, Menelas ne partageait pas entièrement la joie de son supérieur.
Les esprits de la machine pouvaient-ils soupirer ?

Avant de retourner à Plum Grove, prenons un peu de champ.

Le vaste plateau boisé était plongé dans la nuit. Au loin, une très légère lueur violette, presque insoupçonnable mais néanmoins présente, rappelait que, au-delà de toutes considérations mystiques, Jamir poursuivait sa rotation sur elle-même et que, bientôt, la lumière de l'aube envahirait les plaines arides.
Dans une clairière, à quelques centaines de mètre d'un esquif antigrav abandonné, le sol se mit à gronder.
La terre trembla et se fissura. Des pans entiers de végétation rase furent avalés par la mesa.
Un large forme verticale émergea des ténèbres.
C'était une cheminée. Et c'était bien un bateau.
Peut-être les antiques concepteurs de l'engin s'étaient-ils résolus – par manque d'inspiration ? – à reprendre quelque plan antédiluvien ?
A moins que, plus simplement, ils n'aient voulu renflouer et modifier ce navire précisément parce que... Eh bien ! Pourquoi pas ?
Un original avait, pour parfaire leur œuvre, décidé – à une date indéterminée qui pouvait aussi bien remonter à la conception originelle qu'à quelques générations – d'offrir un nom à la folle construction.
Il s'étalait sur toute la hauteur de la cheminée, en gothique : R 97.

Mais l'aube, pourtant si proche, n'était pas encore arrivée à Plum Grove.
Mégane vit la lueur des fanaux s'amenuiser sous elle alors qu'elle était soulevée dans les airs.
Toujours cramponné au bolter Astartes, elle tenta de trouver des yeux l'origine du tentacule, cherchant un point faible à la masse d'ombre à peine discernable au milieu de la nuit.
Par delà celle-ci, dans le faible début de contre-jour qu'elle offrait, elle vit également la lueur violette.
Si elle restait faible, elle fut néanmoins renvoyée en un éclat argenté d'adamantium.
La vision brouillée, dévorée de terreur, Mégane leva le bolter et fit feu.
Elle ne vit pas le coup toucher. L'arme venait de lui sauter des mains sous le recul pour la heurter au front.
La petite partie d'elle-même, restée lucide malgré le choc, lui souffla que c'était mieux ainsi.

Alahan perçu la flamme du canon et la détonation qui se répercuta à sa suite.
Il vit le tentacule se desserrer, laissant tomber la Sœur de Bataille. Et le bruit de l'armure de celle-ci contre la charpente de bois d'une des maisons calcinées.
Peut-être les esprits de son armure auraient-ils pu lui souffler à ce moment un cri de guerre mais, dans le silence intérieur que avait suivi sa déconnexion, il ne trouva rien à dire.
Sans cesser de fixer la masse des yeux, il leva lentement la dernière seringue vers son cou et réactiva le système de contrôle, avant de remettre son casque en place.
L'amplificateur de ses autosens joua son rôle, il voyait l'ombre désormais.
Se sentant vide, sourd aux informations vitales qui envahissaient de nouveau sa visière, il rassembla le peu d'énergie disponible.
L'air se teinta d'un goût de métal blanc et prit la couleur d'un sifflement aigu lorsque la réalité se trouva mise à mal.
Le temps se ralentit, formant un tunnel entre lui et la masse d'ombre qui se découpait dans l'aube naissante.
L'espace se contracta, déformant la périphérie de son champ de vision
Dans la brusque expansion des dimensions qui accompagna sa détente, l'air chargé de poussière reprit brutalement sa place.
Il fut certain que sa lame avait mordu quelque chose mais, alors que les effets du sérum disparaissaient plus rapidement encore que les fois précédentes, la douleur ne lui permis pas de percevoir le tentacule qui venait à sa rencontre, le repoussant violemment.

Dans les ruines de la maison, Mégane rassemblait ses esprits.
Sa première constatation fut qu'elle était toujours en vie.
La seconde était que, en dépit de la protection accordée par son armure énergétique, le choc avait engourdi son bras gauche, avant que ne s'installe une douleur sourde au niveau de l'épaule qui n'augurait rien de bon.
La troisième fut de voir Alahan en armure surgir du néant pour plonger dans la masse d'ombre et en être éjecté aussitôt.
Le Space Marine heurta un mur proche, qui vola en éclats sous son poids. Son épée roula dans la poussière, non loin de la jeune sœur.
Les créatures semblaient s'être volatilisées. A mesure que l'aube illuminait la scène, elle ne pouvait voir que les cadavres noirs de celles qui étaient tombées durant la nuit.
Peut-être la masse avait-elle absorbé les survivantes ?
Celle-ci était toujours bien présente et la jeune fille aurait pu jurer qu'elle s'était tournée vers elle pour l'observer.
Elle s'approcha de la lame de force de l'Archiviste. Si Alahan la maniait d'une seule main, elle, en revanche, arrivait à grand peine à la soulever.
C'est alors que la masse d'ombre s'approchait qu'elle le vit.
Elle aurait volontiers avoué, bien plus tard, qu'à choisir entre toutes sortes de miracles inespérées, elle aurait plutôt préféré apercevoir l'Empereur sur son trône d'or.
Pourtant, la silhouette effilée qui grossissait dans le ciel valait toutes les visions extatiques de la galaxie.
Qu'avait donc dit Alahan à propos de l'espoir ?
Elle reporta son regard vers la masse de ténèbres, soulevant d'un mouvement de hanche – qu'elle regretterai plus tard – la lourde épée pour la charger sur son épaule valide.
Lentement, elle marcha sur les Ténèbres.
Saufs qu'Elles n'étaient plus vraiment là.
Elle percevait toujours le halo noir mais la masse opaque s'était dissipée, révélant son contenu.
Un enchevêtrement, grotesque et indifférencié, de corps tordus. Fondus en une masse d'où émergeait parfois un visage ou un membre.
L'agrégat rampait vers elle mais elle n'en avait cure.
« Je te vois, dit-elle en s'approchant plus près. »
D'un haussement d'épaule, elle dégagea la lame de sa spallière.
Un frisson remonta dans son corps, jusque dans son bras droit. Peut-être était-ce simplement l'adrénaline ?
Mais quand elle arma son coup, soulevant la lame de force au dessus de sa tête, celle-ci renvoya l'éclat de l'aube.
« Et je [i]sais [/i]qui tu es. »

« Vises moi ce machin ! souffla Garett à Bob. Dans le registre des horreurs innommables des abysses sans fond, j'crois que t'as trouvé la pire. »
Debout sur la plage avant du navire, tous deux contemplaient les ruines de Plum Grove dans le lointain.
Surplombée de la masse noire.
« Qu'est-ce tu crois ? Quand j'étais mioch', y'a l'GrosMek qui m'disait : Arrêtes d'essayer d'faire des conneries. Fais les ou ne les fais pas ! Ça m'a servi toute ma vie.
- Et maintenant ?
- Viens, y'a deux tourelles sur les côtés mais j'suis trop large pour y rentrer. »

« Garett, Bob ? Où êtes-vous ? appela Alerith via le réseau vox du navire.
- Regardez à bâbord, patronne. Le canon qui bouge, c'est moi ! »

Mégane frappa. Au même moment, à une dizaine de mètre au-dessus d'elle, un trait de lumière rouge fusa.
Il était difficile de déterminer qui, d'elle ou de Garett, porta le coup fatal. Mais, peut-être, cela faisait-il aussi parti des mystères de la foi ?
L'ombre se dissipa, exposant à la lumière de l'aube l'agrégat de corps inhumains.
Qui s'effondra.

La coque du navire – flottant, immobile – effleurait le sol.
Bob jeta la lourde coupée de bois avant de laisser le passage à Alerith.
L'Astropathe, suivit de Mù et du Navigator, emboîta le pas à cette dernière.
Bien plus tard – après qu'ils eurent laissé derrière eux Jamir et ses souvenirs du Moyen-âge Technologique – ils devaient reconnaître que l'image qui les marqua le plus n'était pas tant celle du champ de ruines qu'était devenue Plum Grove mais plutôt la vision de Mégane agenouillée au dessus du Space Marine allongé.
Ils la virent lui ôter péniblement son casque.
Même si, de là où ils étaient, ils auraient bien été en peine d'entendre quoi que ce soit ; tous se penchèrent en avant lorsqu'ils la virent approcher son visage de celui d'Alahan.
Avant de lever haut la main droite.
« Est-ce que, demanda Garett lorsque l'écho retentissant eut disparu, je viens réellement de voir Mégane coller une claque à Alahan ? »

Le jour acheva de se lever sur le village dévasté.

Il serait tentant de prétendre que ses habitants oublieraient bien vite les détails de cette nuit et, en quelques générations, le traumatisme, pour tout reconstruire et essayer de revenir à leur vie passée.
Mais il est plus juste d'affirmer qu'ils essaimeraient dans les localité proches, prêchant le nouveau culte de l'Empereur et déclenchant ce qui serait, probablement, la première guerre de religion qu'ai connu la planète en quatorze mille ans.
Le quarante et unième millénaire avait rattrapé Jamir.
Quoi qu'il épargnerait les abhumains bleus dont les mesas resteraient encore longtemps considérées comme interdites.
Au grand bonheur de Mù.

Mais cette guerre-là appartenait encore à un lointain futur.
Revenons au présent :

« Vous êtes certain de ne pas vouloir nous accompagner ? demanda Alerith au vieil abhumain.
- Oui. J'ai accompli mon devoir envers votre père et j'ai déjà eu ma part de voyage. Il est temps pour moi de retourner à ma retraite. »
Le navire survolait les plaines rocailleuses bordées de falaises.
Mégane, son heure guerrière passée, s'était mise au chevet de l'Archiviste après qu'ils eurent trouvé l'infirmerie du bord.
Les autres s'étaient regroupés dans la passerelle.
Soudain, l'Ork s'agita.
« Eh ! Stop ! On a dépassé l'reste de l'[i]Arvus[/i] !
- Et ?
- J'peux la récupérer ?
- J'vous conseille d'accepter, patronne, sinon vous en aurez pour toute la journée. »
Alerith soupira.
« Je sais. On dépose Mù et on essayera de la charger à bord en repassant. »

Enfin, ils quittèrent Jamir.
Le ciel bleu s'assombrissait à mesure qu'ils prenaient de l'altitude. Bientôt, les premières étoiles apparurent.
Garett inspira à fond.
« Sentez-moi ça ! C'est l'air de l'espace ! »
Menelas et Alerith s'entre-regardèrent avec consternation.
La porte s'ouvrit derrière eux sur un Alahan – au mépris de sa constitution mais par respects des conventions – chancelant.
Mégane, qui le suivait, avait opéré sur lui un généreux travail de pansage.
« [i]Oh ! Mummy...[/i] chantonna l'Astropathe en le voyant. »
Tous les six contemplèrent un long moment la planète qui s'éloignait par tribord jusqu'à ce qu'elle ait disparu au-delà de la verrière.
« Bien, fit Alerith en regagnant son fauteuil. Bob, vous descendez aux machines, Menelas, à la chambre de navigation et Garett... faites comme d'habitude. On met le cap sur Winterscale. Je veux savoir de quoi ce vaisseau est capable.
- Et ensuite ? demanda le Navigator ?
- On a un nom et un fief à reconquérir. »
Un long moment, le vaisseau resta immobile, dérivant au large de la planète. Puis les moteurs revinrent à la vie.
Il y eu une impression d'accélération suivit d'une déchirure lumineuse dans la portion d'espace devant sa proue.
Il plongea dans le Warp.


[center][b]Épilogue[/b][/center]



A l'autre bout de la galaxie, dans son bureau profondément enfoui sous la pierre de la forteresse d'Erioch, le frère-capitaine Celestius reposa une tablette de donnée.
«Je sais parfaitement, dit-il à son interlocuteur, que vous avez conscience du fait que je n'ai pas eu de nouvelles de mon Archiviste depuis plusieurs mois, mon Seigneur. »
L'homme, qui était jusque-là occupé à fureter et à détailler la petite bibliothèque du bureau du Space Marine, se retourna.
« Inutile de vous préciser que cela m'inquiète beaucoup plus que votre intérêt pour ma collection de livres.
- Vous savez que [i]De supra-natura rerum[/i] a été mis à l'index par le conclave Calixis, récemment ? demanda l'autre sur le ton de la conversation.
- Oui, ainsi que probablement la moitié des ouvrages que vous trouverez ici. Ce qui me semble moins grave que de perdre un frère exterminateur.
- Mais mon cher Capitaine, on égare pas un Space Marine. Il est précisément là où j'en ai besoin. Et soyez assuré qu'il est toujours, selon mes sources, en activité. »
Il surpris le regard que lui lançait le Frère de Bataille par dessus ses doigts en clocher et soupira.
« Je comprends que le manque de messages de sa part vous inquiète. J'ai une cellule en activité non loin de Port l'Errance. Je vais leur ordonner de passer la Gueule pour se mettre sur sa trace et je vous communiquerai leurs rapports. »
À dire vrai, il aurait probablement pu se contenter d'invoquer des troubles dans les communications astropathiques.
Les agissements – passés, présents et à venir – du frère Alahan et de ses compagnons n'avaient pas beaucoup de secrets pour lui.
Jusqu'ici, tout s'était déroulé en accord avec ses plans et la petite cellule allait également avoir son rôle à jouer.
Il n'avait aucun doute sur les succès qu'allait remporter cette dernière. Il n'aurait jamais prétendu que tout était écrit mais il était, en revanche, certain que l'interrogateur qui la dirigeait était très efficace dans sa partie.
Se détournant du frère-capitaine Celestius, il reprit son inspection. C'était incroyable les trésors qu'il trouvait chez ceux qui, alors même qu'elle visitait leur demeure, se croyaient à l'abri de l'inquisition.


¹ En fait, il me semble bien qu'il s'agissait du propos de l'auteur en question.
² Information – plus ou moins – Deatwatch RPG Approved...

Voili, voilou,

[color="#330000"][size="2"]Je suis toujours preneurs de critiques et remarques sur le fond, la forme la vie l'univers et le reste. [/size][/color][color="#330000"] [/color] Modifié par Ocrane
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Toujours aussi bien.

J'ai juste trouvé dommage que le space marine ne fasse pas grand chose au final lors de l'attaque : il court, il court, il court, il pique un peu la bestiole puis est mit HS. Ca fait carrément rop minable pour un astarte^^

Et fais gaffe, ça pourrait "enfin" être un lupus un de ces jours^^
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Plop,

Un très long passage pour conclure.

Je me suis beaucoup amusé en le lisant, quelques références croustillantes:

-Le lupus: ce fameux put*in de lupus qui n'en n'est jamais un :D

[quote] T'sais c'qui fait encore plus peur aux gens qu'un gros Ork ? demanda-t-il.
- Non.
- Un gros Ork intelligent. [/quote]

J'ai adoré ce dialogue.

Et enfin:

[quote]Arrêtes d'essayer d'faire des conneries. Fais les ou ne les fais pas ![/quote]

Je sens que Bob a connu un mékano vert, petit et qui manipulait la force. De mémoire ce devait être Yodork ^_^

Ah; Star Wars, toute une époque...

Merci pour cette tranche de rire que tu nous as offerte sur les 2 pages de ton sujet.

Crio Modifié par criomega
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Soyons court mes soyons concis, je dois encore rattraper mon retard sur les chroniques de sieur Crio avant de m'atteler à mes propres gribouilles...



Très gros morceau que voilà donc, tellement que par précaution je me suis mis sous anti-anti-dépresseurs pour ne pas littéralement mourrir de rire avant d'arriver à la fin :lol:/>

Plus sérieusement le dernier chapitre de cette première partie du Rising Sun (chaque fois que j'entend ce titre maintenant j'ai ce fichu hippie de Deelan qui vient me polluer le cerveau...) passe en revue tout les points de l'intrigue pour réunir toute la fine équipe de notre A Team du 40unième millénaire préféré on the route encore vers leurs nouvelles aventures...

Encore une fois mes passages préférés sont ceux entre Mégane (dont on ne peut que tomber amoureux dès le moment où l'on a vue le crobar qui lui est dédié :wub:/> ) et Alahan qui de par son statut parvient à faire de la gougaterie plus qu'un art mes une véritable science (je suis particulièrement fan de ses tentatives de rationalisation des comportement humain... dommage qu'il ai choisi comme point d'origine ceux de Mégane...).

Oscar du meilleur acteur dans un rôle de tapisserie aussi pour l'inquisiteur qui brille par ses passages éclairs et son degrès d'attention digne d'une poule confronté à une baterrie d'ustanciles de cuisine... j'éspère le voir plus souvent à l'écran dans les prochaines partie ou sans aucun doute il saura se révéler un allié de poids pour Alerith maintenant que son capitaine de père n'est plus



Sur ces bonne paroles je vous laisse et me remet au boulot... bonne continuation en tout cas !
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Hello,

Merci pour les commentaires (et merci d'avoir apprécié cette première partie[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]).

Alors pour reprendre les commentaires par ordre anté-pifometrique :

[quote][color="#330000"][size="2"]J'ai juste trouvé dommage que le space marine ne fasse pas grand chose au final lors de l'attaque : il court, il court, il court, il pique un peu la bestiole puis est mit HS. Ca fait carrément rop minable pour un astarte^^[/size][/color][/quote]

L'idée était justement de mettre le perso en valeur au travers d'autre chose que le combat.
J'veux dire par là que c'est un Space Marine, ce qui créait déjà un déséquilibre au sein du groupe (même comparé à Bob). S'il avait été en pleine possession de ses moyens, la soeur de bataille n'aurait pas servit à grand chose (après tout c'est quand même un archiviste de la Deathwatch en armure MkVII) et le combat n'aurait pas fait un pli.

Du coup, effectivement, il ne sert à rien au CàC final mais tout son boulot était en amont : durant les deux jours précédents ; en tant que stratège gardant la tête froide, improvisant les défenses et apprenant sur le tas (enfin essayant en tous cas) à guider les humains en coulisse pour leurs propre survie (au travers de Mégane et Jethro).
Bon évidemment, son propre génie tactique est forcement limité par le mien alors ça va pas péter très loin mais bon [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/tongue.gif[/img]

L'une des idées était de commencer à en faire un héros (en dépassant sa condition de surhomme).
Deux possibilités s'offraient : amorcer une monter en puissance jusqu'à je ne sais pas trop quel point (risquant de l'éloigner du groupe et de d'éclipser l'intrigue principale) ou au contraire le faire de venir un peu plus humain (permettant accessoirement une meilleure intégration à l'équipage réduit).
Enfin, il restera malgré tout un Space Marine, hein. Mais, voila, la seconde possibilité m'intéréssait plus.

[quote][color="#330000"][size="2"]Et fais gaffe, ça pourrait "enfin" être un lupus un de ces jours^^[/size][/color] [/quote]
et
[quote][color="#330000"][size="2"]-Le lupus: ce fameux put*in de lupus qui n'en n'est jamais un [/size][/color][/quote]
Et dire que j''ai failli la virer, cette référence, parce qu'elle me semblait un peu parachutée.
Mais Hé ! J'ai un quota de blague nulles et de référence vaseuses par chapitre à respecter.[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img] [size="1"](en plus il me semble que ça a été un lupus une fois, dans la saison 4. Non ?)[/size]

[quote][color="#330000"][size="2"]Je sens que Bob a connu un mékano vert, petit et qui manipulait la force. De mémoire ce devait être Yodork [/size][/color][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img][/quote]
Yodork... Hmm...
Ou peut-être était-ce un grot du nom d'X'Zibit ? Yo Dawrk ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/whistling.gif[/img]
Ça m'donne une idée...

[quote][color="#330000"][size="2"]Plus sérieusement le dernier chapitre de cette première partie du Rising Sun (chaque fois que j'entend ce titre maintenant j'ai ce fichu hippie de Deelan qui vient me polluer le cerveau...)[/size][/color][/quote]
C'était l'idée : tenter de conclure en beauté et tout remettre à niveau pour la suite (et fournir quelques accroches pour donner au lecteur envie de la lire cette suite[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img]).

J'avais même pas pensé à Dylan pour le Rising Sun mais tu m'as donné une idée. Comme je ne sais pas si je la concrétiserai un jour la voici en quelques lignes :
Les origines du Rising Sun et de la lignée Oquida :
- Une épave de Croiseur Cuirassé à demi-immergé dans l'eau saumâtre d'un bayou,
- Une chaleur étouffante,
- Un orphelin quelconque
- Et un air de guitare...


Merci Jutred ^^


Un mot sur Mégane au passage (et sur son évolution) :
Si (comme je l'avait déjà dit précédemment) son origine était l'archetype du personnage Moe (d'où son nom en fait : Mégane vient de megane-chan, vous savez les filles à lunettes d'anime... bah voila (au cas ou : megane=lunettes dans la langue de Miyazaki)), l'idée par la suite était d'en faire un membre utile de l'équipe (lorsque je me suis dit que finalement je pouvais faire un peu plus qu'une suite de sketch).
Alors peut-être (probablement, même) m'inspirerai-je par la suite de certains personnages de Joss Whedon (essentiellement parce j'aime la manière dont ce gars développe ses héroïnes) donc probablement du Buffy et du Firefly[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img] (faudra que j'essaie Dollhouse, d'ailleurs).

[quote][color="#330000"][size="2"]Oscar du meilleur acteur dans un rôle de tapisserie aussi pour l'inquisiteur qui brille par ses passages éclairs et son degrès d'attention digne d'une poule confronté à une baterrie d'ustanciles de cuisine... j'éspère le voir plus souvent à l'écran dans les prochaines partie ou sans aucun doute il saura se révéler un allié de poids pour Alerith maintenant que son capitaine de père n'est plus[/size][/color][/quote]

Yep ! Il apparait dans le prologue et dans l'épilogue et la boucle est bouclée.
Je compte (enfin j'essaierai) de lui donner un peu plus d'importance par la suite. Quant à se révéler être un allier de poids... Bah ça reste un inquisiteur [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/tongue.gif[/img].

Dans tous les cas, merci pour les remarques. Et merci à tous les ninja reader[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/ph34r.gif[/img] [font="Arial"][size="1"](je crois que cette dernière phrase est [/size][/font][color="#444444"][font="Arial"][size="1"]®[/size][/font][/color][size="1"][font="Arial"]Criomega[/font][font="Arial"]©[/font][/size][font="Arial"][size="2"]...[/size][/font][font="Arial"][size="2"])[/size][/font]

La suite... probablement un de ces quatre... disons dans moins d'un mois ^^ (à la suite ou sur une nouvelle thread). Modifié par Ocrane
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  • 1 mois après...
Hello,

Après une longue pause, voici la suite des aventure de l'équipage du [i][s]Rising Sun[/s]...[/i] du [i]R97[/i], devrais-je dire.
Désolé d'avoir mis tant de temps à me remettre en selle.
J'espère que ce prologue à la deuxième partie, bien que court (enfin, il fait à peu près la taille du premier, en fait) vous plaira.

Voici donc : Eh bien l'introduction du tome 2 [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img].

Bonne lecture...


[center][b]Prologue[/b][/center]



Port l'Errance...
La station orbitait autour d'une géante rouge à la frontière du secteur Calixis et de l'étendue de Koronus.
Sa création remontait à l'époque où, une fois les cendres de la Croisade Angevine retombées, le secteur en formation avait réalisé qu'il serait avisé de sécuriser ses frontières.
Quelqu'un, ce jour-là, avait dû parier qu'il était impossible d'envoyer une montagne en orbite.
« Chiche ! » lui avait-on répondu.
Il en avait résulté un agrégeât hétéroclite qui aurait arraché une larme à Saint-Aubert d'Avranches, des dizaines de millénaires plus tôt.
Fidèle à son style architectural habituel, l'Imperium l'avait bâtie à grand renfort d'arc-boutants colossaux afin de permettre à ses hautes flèches de défier une gravité quasi-inexistante.

Aujourd'hui - un millénaire après sa création - le vaste anneau de docks voyait défiler un ballet intarissable de vaisseaux en partance pour les étendues à peine explorées de l'expansion ou chargeant les richesses de celle-ci à destination du cœur de Calixis.

Qu'une station spatiale, censément sous le contrôle de la Marine Impériale, puisse voir se développer une faune interlope avait toujours effaré l'adepte Jeremiah Phelps.
L'homme n'avait été, jusqu'à une date assez récente, qu'un obscur scribe sans envergure au sein de l'Administratum. Il était le premier à le reconnaître. Et à s'en féliciter.
Peut-être était-ce la raison qui avait poussé l'Inquisition à s’intéresser à lui ?
Il n'était qu'une face grise, anonyme, parmi la légion de gratte-parchemins qui hantait les bureaux aux allures de cathédrales de la station.
Sa vie avait pris un tournant aussi intéressant qu'indésirable le jour où une missive sans autre identifiant qu'un I entourant un crâne avait atterri sur son bureau.
Lui, qui s'était jusque là satisfait de voir les jours s'écouler, mornes et semblables les uns aux autres ; avait soudain plongé dans un univers où chaque matin commençait en appréhendant la présence, sur son bureau, du papier annoté du détestable petit I calvaire¹.
Le dernier en date profondément froissé au fond d'une poche de sa robe, il se dirigeait vers l'un des endroits les plus mal famé de la zone portuaire de la station.
Il se demandait à chaque fois pourquoi son commanditaire employait ce moyen pour lui transmettre ses instructions.
L’Inquisition devait bien posséder des moyens plus sûrs et plus efficaces– à l'instar du mystérieux coursier qui déposait les fameuses lettres sur son bureau – pour transmettre ses ordres de mission.
Ou peut-être était-ce une manière de s'assurer de l'efficacité de ses agents en toute circonstance ?
Étant entendu que celui-ci, s'il se faisait égorger au détour d'une ruelle sordide, ne disposait pas des qualités nécessaires pour mener à bien le genre de tâche impossible qu'Elle confiait à ses agents...
Il finit par arriver à destination : un terminal publi-vox désaffecté à l'angle de l'artère principale et d'une ruelle peu fréquentée.
Il tâtonna sous l'appareil hors-d'usage et trouva un petit paquet emballé de papier marron.
Tout en l'ouvrant, il jeta un regard à l'entour.
Il n'y avait qu'un homme, adossé non loin au mur de la ruelle.
L’individu sortit un cighalos en l'ignorant.
Il dégagea des débris d'emballage un petit enregistreur holo-vid et posa son pouce sur le système de reconnaissance digitale qui permettait son activation.
Alors que l'appareil s'allumait avec un léger vrombissement, il entendit l'homme craquer une allumette, cependant qu'une sonnerie de manufactoria retentissait dans le lointain.
Un petite silhouette holographique bleu se forma :
« Bonjour, acolyte Phelps, dit-elle. La mission que vous allez accepter... »
Au loin, les macro-marteaux de la manufactoria se mirent à battre un rythme syncopé.

A quelques blocs de là, dans un bar miteux, un homme assis devant une pinte contemplait la rue par la baie vitrée crasseuse.
Il n'aurait jamais pensé voir un jour de la pluie tomber dans une station spatiale...
Oh, bien sûr, il n'ignorait pas que certaines zones de Port l'Errance – en raison d'un système de ventilation antédiluvien – jouissaient de sortes de micro-climats.
Mais il devait avouer que la vue de trombes d'eau s’écrasant sur les façades du quartier était une première.
Quelque part dans les étages supérieurs, une conduite avait dû éclater et offrait une illusion d'orage quasi-parfaite.
Il ne manquait plus que...
Un éclair blanc inonda la rue dans un craquement.
« Ah ! se dit-il avec satisfaction. Le poids de l'eau a probablement rompu un câble à haute tension. »
Une forme noire fut projetée avec force contre la baie de transparacier.
« Pauvre type, pensa-t-il en contemplant le cadavre du malheureux électrocuté qui glissait contre la vitre. »
Soudainement privées de courant, les lumières du quartier s'éteignirent, plongeant le bar dans les ténèbres.
Haussant les épaules, l'homme sortit un bâton lumineux, qu'il craqua avant de la poser sur la table près de sa chope.
Révélant la femme qui venait s'asseoir face à lui.
Il réprima un sursaut.
« Salut, Zaïah, dit-elle.
- Bon sang, Gunner, marmonna-t-il. Les Arbites sont censés s'annoncer clairement.»
Elle sourit, saisit la bière de son interlocuteur et la vida d'un trait en se renversant sur sa chaise.
« Hey !
- Prends ça comme un acompte, répondit-elle en faisant glisser la chope, désormais vide, sur la table. J'ignore comment [i]il [/i]a fait pour effacer ton fichier du réseau de la station mais crois bien que tu ne t'en tireras pas comme ça.
- Ca faisait parti de la récompense de la dernière mission, [i]lupa[/i]. Je crois qu'[i]il [/i]s'est dit que ça valait mieux si toi et moi on devait continuer à travailler ensemble. »
Elle grogna et se balança un instant sur sa chaise avant de poser ses lourdes bottes d'Arbitrator sur la table.
Elle arborait une coupe en brosse d'un gris acier, associée à une carrure que lui enviait bien des collègues de l'Adeptus Arbites.
Il était difficile de lui donner un âge.
L'information n'avait pas de réelle importance parce que – pour ce qu'en savait Zaïah – à Port l'Errance, on était Arbitrator du berceau à la tombe.
Un âge avancé n'était qu'un synonyme d'une grande compétence. Entre autre, celle de rester en vie.
Il estimait qu'elle devait avoir deux fois son âge. Ce qui devait constituer un exploit de survie. Si on considérait que réussir à tirer pendant trente années son épingle du jeu criminel qui régnait dans les bas-fonds de la station était déjà une sacré prouesse.
Elle l'avait poursuivit personnellement pendant une décennie avant qu'un homme ne mette un terme à cette partie de cache-cache.
Il leur avait parlés des intérêts supérieurs de l'humanité, ce qui n'avait émus personne.
Il les avait menacés, sans plus de résultat.
Il leur avait promis des arrangements qui serait profitables à tous. Entre autre, celui de blanchir Zaïah de toute inculpation.
Il les avait [i]recrutés[/i].
Certes, le travail était dangereux mais servir l'Inquisition avait quelques à-côtés avantageux.
Et, si on considérait que piller les cibles désignées n'était pas réellement du vol, le desperado ne se souvenait plus à quand remontait sa dernière opération illégale.
« Je me demande où il va nous envoyer cette fois, reprit-il. Je parie sur du soleil et des plages de sable fin.
- La dernière fois que tu as dit ça, on a finit sur Iocanthus.
- Les tribus de barbares mises à part, il y avait bien les deux.
- Fais moi plaisir : Arrêtes d'espérer des choses. »
Il soupira et s'étira :
« La face grise est en retard. D'toute façon, j'ai jamais pu le supporter, lui et son air de constipé. »
Il surprit le soudain haussement de sourcil de Gunner.
« Un problème ?
- Non, soupira-t-elle. L'espace d'un instant tu m'a rappelé... un vieil ami.
- Sans rire ? Tu ne les as pas tous coffrés pour entrave à l'exercice de tes fonctions ?
Elle ricana :
« Lui ? Ca m'aurait été difficile. C'est un... »
L'ouverture de la porte d'entrée fournit une interruption fort commode.
Dans la pénombre, les deux comparses virent une silhouette en robe avancer à tâtons.
Il se dirigea vers eux, tira une chaise d'une table proche et s'y laissa tomber.
Le Desperado et l'Arbitrator contemplèrent le petit Adepte qui poussa devant eux le projecteur holo-vid, noirci. Quelques volutes de fumées s'élevaient encore du dispositif.
« Ah, fit observer Zaïah. Le machin s'est encore auto-détruit. Il faudra qu'on m'explique pourquoi un inquisiteur s'emmerde à foutre ses jouets hors de prix dans des coins pourris au lieu d'envoyer une bête lettre codée.
- À boire ! cria l'adepte à la cantonade, en l'ignorant. N'importe quoi ! »
Les deux autres échangèrent un regard.
Jeremiah Phelps n'était pas un homme de terrain. Tous trois le savaient.
L'homme s'y entendait pour compiler des masses improbables d'informations mais il ne valait pas un clou une fois sorti de ses chères cryptes de données.
« Vas-y, l'encouragea Zaïah alors que le barman arrivait avec le verre réclamé. Racontes. On va où cette fois ? »
L'autre considéra un moment le verre minuscule qui venait d'être posé devant lui. Le liquide ambré semblait fumer à la lumière faiblissante du bâton lumineux.
« Koronus, répondit-il avant de le vider d'un trait. »
Ses yeux s'embuèrent et il toussa violemment.
« On doit... parcourir les étendues... de Koronus... À la recherche d'un Space Marine. »
Il chercha bruyamment de l'air pour calmer sa gorge en feu.
Alors que Zaïah triturait l'holo-vid cassé et que Gunner le fixait avec commisération, la fin du message se répétait en boucle dans son esprit :
« … serez livrés à vous même, avait dit le petit hologramme. Si vous ou l'un de vos collaborateurs étiez capturé ou tué, le Tricorne nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Bonne journée. »

Autre partie de la galaxie, autre station spatiale...
« Mon Seigneur, soupira le frère-capitaine Celestius en masquant, avec un certain succès, son exaspération. En dépit du fait que je sois ravi que vous appréciiez mon bureau, j'aimerais porter à votre attention le fait que vous disposiez de vos propres appartements dans cette forteresse. Est-il réellement nécessaire que vous soyez ici à longueur de journée ? »
L'inquisiteur délaissa le petit cabochon rouge qu'il était en train d'examiner.
Il avait toujours trouvé l'artisanat eldar fascinant.
Peut-être valait-il mieux ménager la susceptibilité du Space Marine, aujourd'hui.
« J'étais simplement venu vous annoncer – et je pense que vous serez heureux de l'apprendre – que mon équipe s'est mise sur les traces du frère Alahan.
- Bien. J'espère qu'ils le ramèneront rapidement.
- Oh ! Je vous demande pardon. Ils sont seulement à sa recherche. Je doute même que toute une escouade, si motivée soit-elle, puisse emmener un archiviste Space Marine contre son gré.
- Ne leur avez vous pas demandé de lui transmettre mon message ?
- Si fait. Et je vous cite au mot prêt : "Revenez immédiatement à Erioch, frère Alahan. Ou j'envoie une escouade d'extermination vous chercher." Je suis sincèrement convaincu de la nécessité d'une telle déclaration.
- En dépit des difficultés qu'il a eut par le passé à travailler avec des frères d'autres chapitres, le frère-archiviste Alahan n'est pas un mauvais élément. Je détesterai devoir m'en séparer.
- Oh... et nul doute qu'un Space Marine est conditionné pour obéir à ses supérieurs. Ou pour être fidèle à son devoir.
- En effet. »
L'inquisiteur sourit.
« Oui... reprit-il. Le conditionnement est une chose magnifique, merveilleuse et tellement fragile. »


¹ NdA : Je trouvais que "calvaire" faisait un super adjectif pour dire : "qui a la forme d'un crâne"...


Voila voila...
Une fois n'est pas coutume, le chapitre suivant est déjà en cours de rédaction.
Comme d'habitude : je reste preneur de toute critique (constructive ou non), petits cailloux pointus lancés à pleine force et autre dons en nature...
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  • 2 semaines après...
[left][font="Arial"]Hello, [/font][/left][left][font="Arial"]Alors pour répondre brièvement à ta critique, Rantanplant [/font][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img][font="Arial"]:[/font][/left][left][font="Arial"][quote][/font][color="#330000"][size="2"]Bien trop court ![/size][/color][font="Arial"][/quote][/font][/left][left][font="Arial"]C'est malin [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/tongue.gif[/img]... et mérité.[/font][/left][left] [/left][left][font="Arial"]Voici donc le premier chapitre de euh... bah de la suite.[/font][/left][left][font="Arial"]Il est d'une taille un peu plus raisonnable que le prologue et, au moins, je n'ai pas mis deux mois à l'écrire ce coup-ci.[/font][/left][left][font="Arial"]On reprend donc doucement la suite des péripéties d'Alerith et de son équipage.[/font][/left][left]
[/left][left][font="Arial"]Bonne lecture...[/font][/left][left]
[/left][left] [/left][left]
[/left][center][b]Tales of [i][s]Rising sun[/s] R97[/i] – Chapitre Premier – Junk heap from outer space[/b][/center][font="Arial"]

Voici l'Espace Matériel : une vaste étendue de vide au milieu duquel flottent les étoiles et leurs dépendances.
A la vérité, le terme "vide" n'est peut-être pas des plus judicieux ; attendu qu'il subsiste toujours quelques particules éparses, même au plus loin des systèmes stellaires.
Disons qu'il s'agit en fait d'une vaste étendue de "pas-grand-chose"...

Assez rapidement, l'Humanité avait répondu à la question : « Qu'y a-t-il dans ce vide ? »
Cela lui avait pris à peine quatre ou cinq mille ans – une broutille, au regard de ses quarante-et-un millénaires d'Histoire.
Très vite, elle avait commencé à chercher la réponse à la question : « Qu'y a-t-il au-delà de ce vide ? »
Enfin était-ce réellement "au-delà" ? À moins que ce ne fut "en-deça".
On avait d'abord nommé cet au-delà-du-vide : "hyperespace" – parce qu'au fond de tout astrophysicien, il y a toujours un ado en T-shirt "Star Wars" délavé qui sommeille. Avant d'adopter des dénominations comme "[i]Warp[/i]", "[i]Empyrean[/i]" ou encore "[i]Immaterium[/i]" – en opposition avec le "[i]Materium[/i]".
Une fois quantifiée et analysée précisément le "pas-grand-chose" du Materium, il avait fallut inventer de nouveaux concepts pour ne serait-ce que commencer à appréhender le "peut-être", le "pourquoi-pas" – voir le "tout-et-n'importe-quoi" – contenu dans l'Immaterium.
L'adoption de la base treize pour les calculs relatifs au Warp avait été un grand pas en avant ; la création de lignées d'humains génétiquement modifiés pour le percevoir directement en avait été un autre.
Entre ces deux grandes étapes, une série pis-allers avait permis à l'Humanité de coloniser un million de mondes.
Et de joncher l'Empyrean de mille fois plus de déchets...
[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]
Il y eut un choc sourd, suivit d'une intense douleur et d'un juron qui aurait valu à son auteur une condamnation pour hérésie par le clergé de Mars.
Dans la pénombre d'un étroit couloir métallique, une petite main se tendit en direction de la tige lumineuse qu'elle venait de laisser tomber au sol.
Jusqu'ici, Lux avait toujours tenu la gravité pour une donnée immuable. Ses pieds touchaient le sol, le plafond se trouvait au dessus de son crane, fin de l'histoire.
Jamais l'un et l'autre ne s'étaient amusés à se mélanger. Ni à échanger leurs places à l'envie avec leurs amis les murs.
Mais depuis qu'elle errait dans cette enfilade de pièces sombres et de couloirs mal éclairés, force lui était de reconsidérer sa position sur le sujet.
Elle souleva la lourde capuche rouge qui tombait sur ses yeux, découvrant son crane rasé, qu'un fin duvet roux commençait à recouvrir, et les tatouages métallisés qui recouvraient sa peau sombre.
En voyant ce visage juvénile émerger à grand peine des profondeurs de sa robe écarlate trop grande, une âme complaisante aurait pu la qualifier de techno-novice du Mechanicus.
Ça aurait été une erreur.
Un observateur un peu plus attentif – et sachant lire ses electro-tatouages faciaux – l'aurait qualifiée de "récupératrice". Et se serait peut-être demandé comment une gamine d'à peine quatorze ans avait bien pu acquérir ce titre.
Pour l'heure, le seul observateur potentiel flottait à quelques dizaines de centimètre d'elle, silencieux.
« Ramènes-toi, fit Lux à son intention. On ne doit plus être très loin. »
La petite récupératrice reprit sa route.
Elle remonta le couloir, éclairé du seul pinceau de sa lampe, jusqu'à une porte.
Lentement, elle tira le panneau et passa prudemment un pied par l'ouverture.
Elle soupira de soulagement lorsque ses orteils entrèrent en contact avec le sol, métallique et froid.
Au moins, il ne s'agissait pas d'un plafond, cette fois.
La pièce était petite, aussi sombre que le couloir et encombrée d'une série de terminaux de cogitation.
Plus rien ne semblait fonctionner, ici. Mais elle savait depuis longtemps qu'un appareil impérial, même abandonné depuis un millénaire, pouvait revenir à la vie avec la bonne impulsion.
Elle sortit un outil de la besace qu'elle portait en bandoulière, s'agenouilla devant l'un des antiques cogitateurs et entreprit d'en dévisser la trappe d'accès.
Les techno-prêtres parlaient de la persistance des esprits de la machine.
Avec toute la candeur de l'adolescence, elle était arrivée à la conclusion qu'il s'agissait surtout de radotages de vieux religieux qui auraient meilleurs temps à sortir de leur Machinarium.
Elle ne croyait pas [i]réellement [/i]aux esprits de la machine. Mais dans le doute...
Une petite mécadendrite flexible, semblable à un tentacule métallique, émergea des tréfonds de sa robe et plongea, à travers la trappe ouverte, entre les délicats éléments électroniques de l'appareil.
Alors que les informations en provenance du mécanisme lui remontaient la moelle épinière jusqu'au cortex cybernétique de fortune installé à l'arrière de son crane, elle chantonna un air sans suite où se mélangeait suppliques et menaces à l'adresse de l'antique cogitateur.
Soudain, un faible halo multicolore se mit à palpiter de l'autre côté du terminal.
Elle poussa un cri de joie.
« Viens, ici, dit-elle à l'adresse de la petite forme qui flottait derrière elle, dans la pénombre. C'est à toi de jouer maintenant. »

A quelques kilomètres de la jeune fille, deux récepteurs vox grésillèrent dans les ténèbres, provoquant des exclamations d'inconfort de la part de leurs porteurs.
Ici aussi, les dalles lumineuses avaient rendu l'âme depuis longtemps mais aucun des deux ne s'en souciaient, ils percevaient leur environnement à travers le filtre verdâtre des photo-verres de leurs casque.
« Au nom d'Irshem ! s'exclama l'un. Qu'est-ce que c'est que cette horreur ?
- C'est sûrement Lux, affirma l'autre. Il semble qu'elle essaie d'entrer en communication avec nous. »
Il grogna.
« Ne t'avais-je dit qu'il ne fallait pas l'amener avec nous ? Elle n'a pas sa place ici et maintenant l'Empereur seul sait comment la retrouver. »
Le premier regarda les informations défiler dans son champ de vision.
« Négatif, dit-il. Elle émet en triche-radio. Il semblerait qu'elle ait trouvé le moyen d'envoyer un appel de détresse.
- Ah... »
Il y eu un moment de flottement.
« Eh bien... reprit le second d'un ton égal. Ne t'avais-je dit que l'emmener était une bonne chose ? De plus Taliah est avec elle.
- Alors remettons-nous en route, fit le premier. Nous avons une mission a terminer. »
[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]
La clarté chamarrée du Warp illuminait la passerelle du R97.
Assis dans le poste de pilotage à l'arrière de celle-ci, Menelas contemplait l'Immaterium de son troisième œil sans pouvoir se départir d'un malaise tenace.
Il avait barré le [i]Rising Sun [/i]des années durant et s'était aguerrit sur de nombreux autres bâtiments avant lui.
Il s'était agi d'antiques et honnêtes vaisseaux, des monstres d'acier et d'adamantium de plusieurs kilomètres de long.
Et, jusqu'à présent, des dizaines de mètres de matériaux l'avaient toujours protégé du "pas-grand-chose" de l'espace et du "tout-et-n'importe-quoi" du non-espace.
Être génétiquement conçu pour percevoir le Warp était une chose, n'en être séparé que par une mince couche de transparacier en était une autre.
Il avait, de plus, la désagréable sensation que sa présence n'était qu'une gène pour le vaisseau.
Il avait l'habitude des esprits de timonerie capricieux – ceux du[i] Rising Sun [/i]l'étaient tout particulièrement en situation de combat – mais ici, il devait composer en permanence avec les micro-corrections de trajectoire que semblait opérer de lui même le petit bâtiment.
La lutte était éprouvante et créait un effet de roulis que les autres ressentaient également.

La caisse à outils, posée en équilibre sur le bord de la trappe ouverte au sommet de la carcasse de l'[i]Arvus[/i], vacillait sous le mouvement du R97.
Un coup de roulis plus fort que les autres la fit basculer à l'intérieur de la carlingue dans un déluge de bruits métalliques et de jurons.
« Putain d'zog ! »
Adossé à l'un des patins de la navette, Garett releva son chapeau et parvint à sourire.
« C'était tellement évident que j'me demande comment ce n'est pas arrivé plus tôt, marmonna-t-il. »
Bob se hissa hors de la trappe en grommelant.
« T'peux causer, fit-il avec humeur. C'truc est un vrai tas de ruine.
- Mais [i]c'est[/i] une ruine ! glapit l'astropathe. J'arrive même pas à comprendre pour... »
Il s'interrompit dans un haut-le-cœur et plongea sur le seau posé à ses côtés.
« Tu vas bien ? demanda l'Ork en se laissant tomber à ses côtés. T'es presque aussi vert que moi. »
Il attendit patiemment que son ami relève la tête.
« Comment tu fais ? éructa celui-ci.
- Boah, arrêtes d'y penser et ça passera tout seul.
- C'est bien un conseil de mec pas malade ça. »
Bob haussa les épaules.
« Sinon tu peux manger des bananes. Ç'a le même goût dans le deux sens. »
Il s'écarta vivement de l'astropathe lorsque celui-ci eut un spasme.
« Franchement, quel est le crétin qui a conçu un astronef qui tangue !
- Bah... t'niquement, y roule, si tu veux tout savoir. C'est pas pareil. M'enfin, c'est quand même pas d'bol que t'ais le mal de mer dans l'warp, faut avouer.
- J'vais mourir, geignit Garett.
- Meuh non. D'après Menelas y'en a plus que pour deux petites semaines avant d'arriver dans l'royaume à Winterscale. Mais tu devrais quand même manger un morceau...
- Tais-toi, tais-toitais-toi... J'aimerais un peu de compassion dans mon agonie, là.
- Euh... chez les Orks le truc le plus proche de la compassion c'est un coup d'kikoup propre et net mais j'suppose que ça te tente pas, hein.
- Bah... puisque t'en parle. »
Le bâtiment roula de nouveau, déséquilibra Bob et faisant glisser Garett – toujours cramponné à son seau – sur quelques centimètre.
Les saisines, arrimant l'[i]Arvu[/i]s au sol, grincèrent sous la tension.
« 'fin, j'aimerais bien que l'navigator apprennent à piloter c'truc, quand même, maugréa l'Ork. »

Assise devant son bureau dans la chambre du capitaine, située un pont en dessous de la passerelle, Alerith rattrapa d'une main la lampe qui menaçait de tomber tout en soulevant sa tasse de recaf' de l'autre pour compenser le mouvement.
Avant de partir brusquement à la renverse lorsque son fauteuil commença à rouler.
Fauteuil, lampe, tasse et capitaine s'écrasèrent sur le sol, accompagnés de la gerbe noir de l'ersatz de café.
[i]Au nom de Drusus ![/i] pesta intérieurement la jeune femme. [i]Comment cela pouvait-il arriver dans un astronef équipé de plaques gravitiques conçues pour assurer une pesanteur artificielle constante ?[/i]
Le warp était rarement d'huile, elle le savait. Un jour, Menelas lui avait affirmé le percevoir comme une mer déchaînée.
Peut-être que la finesse de la coque ou l'archaïsme du champ de Geller ne les protégeaient pas totalement des perturbations externe ?
Un idée effrayante, à bien y réfléchir.
Elle se releva péniblement, baissa les yeux sur son uniforme bleu taché de brun et soupira.
Au moins, se dit-elle en jetant un regard au bureau, le livre de bord avait été épargné.
L'euphorie qui avait suivit le départ de Jamir s'était rapidement estompé.
Elle avait décidé de mettre le cap sur le royaume de Winterscale – qui devait son nom à la lignée de Libre-Marchands qui l'avait fondé – parce que celui-ci offrait l'un des rares îlots de stabilité dans les étendues de Koronus.
Là-bas, ils auraient le loisir se trouver le repos et la civilisation. Et ensuite...
… là était le problème : Que faire ensuite ?
Le pouvoir d'un Libre-Marchand tenait essentiellement à sa puissance personnelle.
Oh, bien sûr, on pouvait toujours gloser à l'envie sur le fait que cette puissance devait nécessairement s'accompagner d'une lettre de marque mais, en réalité, c'était plutôt l'inverse.
On pouvait toujours confier une lettre à un pirate possédant déjà un gros vaisseau, ça ne coûtait pas grand chose et on en faisait un corsaire, mais même l'héritier désigné d'une famille n'avait aucun poids s'il n'avait pas les moyens d'asseoir ses prétentions.
Et elle, Alerith Oquida, n'avait, de toute façon, ni l'un ni l'autre.
Elle ne possédait qu'un bâtiment minuscule et un équipage tellement réduit qu'elle en était obligé – à l'instar des cinq autres – d'effectuer son tour de vaisselle.
Bon sang ! Quel capitaine impérial, au cours des dix derniers millénaires, avait dû balayer lui-même les coursives de son propre vaisseau ?!
Puis elle avait trouvé le journal de bord.
L'ouvrage était en réalité une série de petits carnets soigneusement numérotés, écrit en patte de mouche dans un Haut-gothique archaïque qui ne facilitait pas le déchiffrement.
Il avait été écrit par le premier de la lignée Oquida.
Elle avait pensé de prime abord que le R97 était resté enterré sous la surface de Jamir depuis bien avant la fondation de l'Imperium mais il n'en était rien.
Sa famille était ancienne. Pour ce qu'elle en savait, elle existait déjà avant l'ouverture de la passe de Koronus.
Les détails s'étaient perdu au fil des millénaires et les chose s'étaient aggravés lorsque le fief avait pris en main la destiné de la lignée proprement dite.
L'adopter et la désigner comme héritière avait été l'ultime acte de rébellion de son père.
Il avait prévu que son propre fils, Aesteban Oquida, probablement armé en secret par le fief, chercherait à prendre les rênes.
Il l'avait emmené, elle, près de Jamir en lui laissant une porte de sortie cryptique.
Elle en était arrivé à la conclusion qu'il avait cherché à établir un équilibre entre sa volonté de libérer la lignée de l'emprise du fief et la nécessité sous-jacente d'avoir un capitaine fort à la tête de celle-ci.
Il ne lui avait pas vraiment fait de cadeau. La solution existait, certes, mais la piste était mince et elle avait toute les chances d'échouer en chemin si elle s'avisait à manquer de discernement.
Mais ce vaisseau n'était pas seulement un moyen de transport de la dernière chance, il s'agissait également d'une partie du legs.
Elle reposa sa tasse, désormais vide, sur le bureau et ôta sa lourde veste de feutre bleu.
Une chance que la laverie du bord, ainsi que son stock de produit détergent, ait été conçue pour un équipage cent fois plus nombreux que le sien.

Les omoplates du frère Alahan cognèrent lourdement contre la paroi de l'infirmerie, la sœur Mégane s'écrasa contre son abdomen partiellement bandé.
« Aïe ! s'exclama-t-elle. »
Un jour, elle avait lu quelque part – dans le genre d'ouvrage formellement interdit dans un couvent – que, sur beaucoup de mondes de l'Imperium, un torse musculeux faisait partit des canons de beauté masculine.
L'auteur du livre en question n'avait jamais dû avoir affaire avec celui d'un Space Marine.
Le contact du mur en métal de la pièce aurait sans doute été aussi désagréable. Ou peut-être moins.
Quoique...
« Excusez-moi, ma sœur, mais le bâtiment me semble un peu plus stable à présent. »
Il écarta gentiment Mégane – ce qui revint à la soulever du sol par les épaules pour la reposer quelques dizaines de centimètres plus loin – et alla se rasseoir sur l'un des lits de la salle.
La pièce avait été conçue pour accueillir une trentaine de malade. Une large coursive la séparait de l'infirmerie proprement dite – en réalité une enfilade de petits cabinets spécialisés, que la sœur hospitalière s'était adjugée.
Elle envisageait fortement de la dédier à la culture hydroponique – avec un verrou à l'épreuve de l'Ork – si d'aventure elle arrivait à trouver le matériel nécessaire.
Pour l'heure, elle était occupée à ôter les dernières sutures de l'archiviste.
Sans grande surprise, la cicatrisation avait été rapide, ajoutant quelques balafres à la collection du Space Marine.
Sa tâche achevée, elle saisit un injecteur posé sur le lit.
« Je pense avoir trouvé une formule stable pour votre traitement de fond. Les choses devraient rentrer dans l'ordre à ce niveau-là. »
Alahan frotta un reste d'œdème à la base de son coup.
« Puissiez-vous dire vrai. Je crains d'avoir développer une allergie à voter ancien cocktail d'antihistaminiques.
- Je suis sincèrement désolée, répondit le jeune fille en saisissant son bras. Je dois vous avouer que la physiologie Astartes est encore assez... exotique pour moi. »
Alahan soupira.
« Je m'en doute. Mais comment avez-vous mis au point cette formule ?
- Par anatomie comparée. J'ai déjà eu à soigner Bob, à mon grand regret, et je pense avoir trouver des similitudes entre vous et l'Ork
- Pardon ?! Vous plaisantez ?
- Peut-être, répondit-elle, marmoréenne, en appuyant sur le piston. »
Alahan baissa les yeux sur le creux de son coude. Il lui sembla voir ses veines palpiter un instant alors que le produit se diffusait. Il y eut une brève sensation de vertige qui disparut rapidement.
« Au moins, ça ne gonfle pas, aujourd'hui, reprit Mégane en pressant un coton imbibé sur l'endroit de la piqûre.
- Soyez honnêtes, ma sœur. Est-ce que vous m'en voulez toujours pour vous avoir laissé seule lors de la dernière nuit de combats sur Jamir.
- Non. »
Elle ramassa son matériel et se dirigea vers la porte.
« Mais que vous ais-je fait, Mégane ?
- Vous êtes archiviste, Alahan. Trouvez vous-même les réponses. »

En dépit de la taille réduite tant décriée du bâtiment, chacun avait, au cours des jours précédents, trouvé une place à occuper.
Bob s'était approprié le vaste hangar à l'arrière ainsi que les pièces attenantes. Il avait, tant bien que mal, réussi à charger l'épave de la navette [i]Arvus[/i], qui en occupait désormais une bonne moitié.
L'arrière de la salle était fermée par d'immenses portes donnant sur le vide ; et sur un ascenseur hydraulique destiné à emmener le contenu du hangar vers la vaste surface plane, située immédiatement au dessus, qui devait être – au vu des marquages l'ornant – un pont d'envol.
L'[i]Arvus[/i] avait été en grande partie désossé. Révélant sa superstructure, que l'Ork avait entreprit de remettre en forme. Souvent au prix de grands coups de masse.
Divers tas de détritus – à moins que ce ne fut des pièces détachées – jonchaient le sol du hangar. Il avait décrété que sa nouvelle construction serait "l'œuvr'eud' sa vie".
Mais comme il annonçait la même chose dès qu'il entreprenait de construire quoi que ce soit de plus imposant qu'un half-track, personne n'y avait prêté attention.
Alerith, fort logiquement, occupait les quartiers du capitaines. Ne les quittant qu'aux heures de repas ou lorsqu'elle devait effectuer – à son grand déplaisir – son tour de corvée.
Ses quartiers avaient, à l'origine, été conçus pour permettre à son occupant de ne pas se mélanger au reste de l'équipage et elle possédait sa propre salle de restauration – équipée d'un antique quart-de-queue – ainsi que sa cuisine.
Mais comme la cambuse se trouvait à proximité du carré et des cuisine de l'équipage – quatre ponts plus bas – et que ce même équipage constituait aussi, techniquement, son état-major, elle consentait de bonne grâce à descendre manger avec eux.
Garett n'avait mis que quelques minutes pour trouver le bar le plus fournis du bord – qu'une plaque patinée proclamait être le "[i]Fumoir O.M.[/i]" et s'en rendre maître dans l'indifférence générale.
Malheureusement pour lui, un mal de mer du non-espace-temps l'avait condamné à battre en retraite dans l'une des pièces attenantes – qui jouxtait également l'infirmerie – où il avait mis la main sur une cargaison d'articles divers et, notamment, un hamac bariolé, qui était peut-être le souvenir d'un lointain occupant passé.
La pièce contenait également un important stock de cighalos, qu'il avait dû âprement disputer et – en partie – abandonner à l'Ork.
Occupé à barrer l'astronef, Menelas n'avait guère eu le temps de se choisir des quartiers.
Il partageait son temps entre la passerelle – où il effectuait également de trop courtes siestes – et le carré, lors des repas, affichant des traits de plus en plus tirés.
Au bout de quelques jours, Alerith lui avait proposé – ou ordonné – de réintégrer le Materium afin de prendre du repos mais il avait refusé.
Il semblait déterminé à dompter l'esprit de la machine du bâtiment.
Alahan, quant à lui, occupait un poste d'équipage à la proue. L'endroit semblait avoir été conçu à l'origine pour qu'une trentaine de personnes puissent y vivre.
Il avait sans nul doute été occupé, des traces subsistaient.
Le Space Marine s'en était ouvert, lors d'un repas, en étalant une large illustration, colorée et pulpeuse, sur la table.
Alerith avait superbement dédaigné son geste ; Bob l'avait simplement ignoré ; Menelas avait haussé un sourcil fatigué ; Mégane avait piqué un fard impressionnant avant de quitter brusquement la table et Garett avait abandonné son air nauséeux coutumier pour s'écrouler, aux larmes, près de son assiette vide.
« Je ne suis pas certain de comprendre la finalité d'une telle image, avait dit l'archiviste. C'est un genre de planche anatomique à but pédagogique ou une cible pour s'entraîner au tir ?
- Un peu des deux, avait fini par répondre l'astropathe en s'étranglant d'un rire à la fois félon et graveleux – un petit exploit en soi. »
L'explication s'était arrêtée là parce qu'il avait dû replonger vers son seau.
Et une bonne partie du bâtiment demeurait à peine explorée.
Il semblait s'entretenir seul, ce qui avait suscité un début d'inquiétude. Mais comme il les conduisait, bon gré mal gré, dans la direction souhaitée ; Alerith avait décidé que son fonctionnement exacte serait éclairci une fois arrivé à destination.
De plus ses réserves étaient pleines. Il semblait avoir été abandonné la veille de sa découverte sur Jamir.
Cela dit, étant donné qu'il avait reposé dans une bulle de stase, il avait très bien pu être effectivement abandonné la veille. Des millénaires plus tôt...
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Les ponts situés en dessous des carrés et des cuisines étaient occupés en majeure partie par les machineries.
Parfois, lorsque les craquements causés par les vagues d'irréalité s'écrasant contre le champ de Geller se calmaient, tous pouvaient entendre le ronronnement du tore à plasma, accompagné de la vibration des moteurs Warp.
Ici, il n'y avait guère d'autre éclairage que les fanaux rouges qui, dans les autres parties du bâtiment, servaient à simuler la nuit.
Dans l'ombre d'une petite pièce accolée à la salle des moteurs principale, un réseau de cogitation automatique s'enclencha lorsque les antennes situées de part et d'autre du pont d'envol captèrent le message de Lux.
Indépendamment de la volonté de Ménélas qui, des dizaines de mètres plus haut se battait toujours contre les commandes, le R97 fit une large embardée.
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« Maître Menelas ! Que faites-vous ? hurla Alerith via le réseau vox. »
Déséquilibrée par la gîte, elle s'appuya d'un pied contre la cloison pour rester debout.
Au loin, elle entendit un bruit de vaisselle cassée.
« Je ne sais pas ce qu'il se passe, répondit la voix lointaine du Navigator. Nous avons changé de cap et...
- Et quoi ?
- Il n'y a plus de Warp devant nous !
- Pardon ?! »

Le Navigator tentait de manœuvrer de toute ses forces. Il fixait, de son troisième œil écarquillé, l'Immaterium au-delà de la verrière.
« On dirait un grosse boule noire, gargouilla-t-il. Je n'arrive pas à virer !»
De dépit, il lâcha les commandes qui reprirent leur position initiale ; et se précipita hors du poste de pilotage pour empoigner la commande des moteurs.
Sans plus de résultat.
« Et je ne peux même pas mettre en panne... »
Debout au beau milieu de la passerelle, se cramponnant d'une main au fauteuil du capitaine, tenant l'émetteur vox de l'autre, il contemplait la proue du bâtiment pénétrer dans l'anomalie.
Noire et luisante, celle-ci se brouillait dans un moirage rouge autour de la coque. Alors qu'elle avalait la plage avant et se rapprochait de lui, il eut l'impression qu'une image distordue se formait et se déformait à sa surface.
« Le bon côté, dit-il doucement, en portant de nouveau l'émetteur à ses lèvres, c'est qu'il y a quelque chose au-delà. Probablement...»
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Voici [i]cette [/i]partie du Materium : une vaste étendue de gaz en expansion qui teintait l'espace noir de nuées rougeâtres et brunes.
Une déchirure irisée apparut, laissant passer la proue grise et bordeaux du R97.
Dans ses coursives, la gravité artificielle et – théoriquement – immuable reprit ses droits sur ses passagers.
« Capitaine ? appela Menelas. Vous me recevez ? »
Le fil du récepteur qu'Alerith utilisait jusque là était tendu vers le bas.
La jeune femme pianotait sur le sol du bout des ongles. Elle sentait une certaine lassitude mêlée d'agacement l'envahir.
« Fort et clair, maître Menelas, grogna-t-elle. Fort et clair...
- Vous allez bien ?
- Ca va, je commence à avoir l'habitude.
- Je vous demande pardon ?
- Laissez tomber... »
Elle soupira et leva les yeux au plafond devant le manque d'à-propos de sa phrase.
« Dites-moi plutôt ce qui s'est passé, reprit-elle.
- Nous avons réintégré le Materium, capitaine. Vous devriez monter en passerelle. »
Soupirant derechef, Alerith se releva et remit le récepteur en place.

« Qu'est-ce ? demanda-t-elle lorsqu'elle eut rejoint son navigator. »
Une énorme masse occupait l'espace à la proue du bâtiment, découpant sa silhouette sombre et irrégulière dans la clarté nébuleuse.
« On dirait une sorte de planétoïde... poursuivit-elle. Ou peut-être une lune...
- Non, infirma Menelas. Ce n'est pas une lune. C'est un Space Hulk. »

Le petit bâtiment continuait sa route en direction de la masse informe. Bientôt, capitaine et navigator purent détailler sa surface.
Cette dernière était effectivement constituée d'un agrégeât d'épaves de toutes origine ; ballottées et agglomérées ensemble par les courants du Warp, avant d'être recracher au delà de ses frontière.
Ils virent des fissures larges comme des canyons entre deux morceaux de coques éventrées. Des amas de tôles rivetées formaient, littéralement, de vastes montagnes d'acier.
Alerith fut certaine d'apercevoir, au loin, les courbes douces, couleur crème, d'un fragment de bâtiment eldar.
Le R97 planait lentement au dessus de la surface du Space Hulk, projetant son ombre sur sa coque composite.
« Pouvons-nous nous en éloigner ?
- Non, je n'ai plus aucun contrôle sur le bâtiment. C'est comme... une sorte de guidage.
- Par qui et pour où ?
- Impossible à dire... »
L'astronef continua de progresser lentement, se rapprochant de plus en plus de la surface.
Il finit par dépasser le rebord d'une large dépression circulaire et descendit lentement son versant avant de s'arrêter en son centre.
Menelas se précipita sur une console.
« Nous n'avons pas touché la coque, annonça-t-il. Nous flottons à quelques mètres et, pour tout vous dire, je ne pense pas que nous ayons été guidé par le Hulk... Nous aurions finis comme cette navette, autrement. »
Il venait de désigner un astronef dont la proue émergeait de l'un des versant.
L'engin était anguleux, beaucoup plus petit que le R97 et semblait avoir fusionné avec le Space Hulk.
« Et nous avons une communication entrante, acheva le navigator.
- Convoquez les autres ici et ouvrez un canal. Je veux savoir à qui, ou à quoi, nous avons affaire. »
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Quelques accords de guitare sèche envahissaient la nébuleuse incarnat, accompagnés d'une voix légèrement aigrelette :
« [i]Words are flowing out off
My jail. They're fleeing, they seem to scoff
At me. As my sorrow, they spread away across the universe.
Walls of steel and stifling dark-
Ness are prevailing in this ark.
Possessing and caressing me.

Omnissiah, imperator, Om
watch over me from your throne
watch over me from your throne
...[/i] »
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Le dispositif vox de la passerelle crachota les dernières paroles de la chanson. Menelas l'éteignit alors que les premières mesures reprenaient de nouveau.
« Et vous dites que ça vient de ce truc ? demanda Garett au bout d'un moment.
- C'est ce que nous pensons, affirma Alerith, en désignant d'un signe de tête le navigator à ses côtés. Elle tourne en boucle et maître Menelas pense que c'est ce qui a attiré notre navire.
- La chanson nous a tiré du Warp ? demanda l'astropathe, incrédule.
- Non, c'est probablement quelque chose à bord du Space Hulk. L'espèce de bulle noire que j'ai vu avant que notre saut ne soit interrompu, probablement. »
Il se dirigea vers une table à carte holo-lithique et l'activa. Une réplique miniature du nuage rouge dans lequel ils se trouvaient se forma en tremblotant.
« Voici notre position : la nébuleuse d'Heimatar. Elle est considérée comme étant théoriquement sûre pour la navigation. Cette anomalie n'a jamais été répertoriée.
- Bah, t'sais, les Hulk ça rentre et ça sort sans rien dire, hein ! intervint Bob. Sont même appréciés pour ça.
- Par les Oks, sans doute, continua Menelas. Mais il y a plus gênant : la timonerie et la poussée ne répondent plus. Même dans le Materium, le R97 refuse de bouger.
- A cause de la bulle ? »
Le navigator se gratta l'occiput d'un air gêné.
« Je n'en suis pas certain mais je dirais que celle-ci est plutôt une sorte de dispositif de disruption warp, ce n'est pas elle qui nous bloque. Pas à proprement parler. »
Alerith fronça les sourcils
« J'ignorais totalement l'existence d'une telle technologie.
- En fait, il me semble que la Marine Impériale et le Mechanicus avaient essayé de la développer, il y a quelques siècles. Mais ça n'a jamais réellement marché.
- Pourquoi ?
- Elle ne faisait que quelques milliers de kilomètres de diamètre. C'est totalement inutile si votre trajectoire ne passe pas en plein milieu. Ou si vous n'êtes pas dans son aire lorsque vous tentez un saut. Même à l'échelle d'un simple système, cette dimension était ridicule.
- Que s'est il passé ?
- Personne n'a jamais eu de certitude à ce sujet. Cette histoire circule au sein de ma famille parce que l'un de nos ancêtres était affecté sur ce projet. Le prototype du dispositif avait été installé sur la corvette sur laquelle il servait, le [i]Broadsword[/i]. Mais ce dernier a disparu pendant un vol d'essai. Pour le reste... Je ne peux vous proposer que des conjectures.
- Je vous en prie, continuez.
- Nous ignorons si le Mechanicus a poursuivit l'étude et la restauration du SCS. Et je crains que nous n'entendions jamais parler d'un projet de cette envergure. Mais, s'ils ont continué, ils ont probablement cherché à augmenter le diamètre de la bulle. Le dispositif installé sur le [i]Broadsword [/i]servait avant tout à vérifier la validité du concept.
- En gros, tu penses que ce vaisseau a rencontré le Hulk, intervint Garett.
- D'une manière où d'un autre, il a probablement rejoint l'agrégeât et a fusionné avec, effectivement. Sinon, la bulle serait certainement d'une tout autre taille.
- Cela explique peut-être la bulle, oui, fit pensivement Alerith. Mais pas la raison pour laquelle nous avons été attiré ici.
- Je pense... commença lentement Mégane, que le message est un appel de détresse. Un peu comme les balises émettant des litanies d'assistances. Même si celle-ci n'est pas vraiment... canon.
- C'est comme cela que vous l'interprétez ?
- Les paroles me semblent s'y prêter. Mais je peux me tromper, bien sûr.
- Notre vaisseau dispose peut-être de protocoles de cogitation le forçant à réagir à de tels message, suggéra Menelas.
- Si c'est effectivement un message de détresse automatique, et qu'il n'est pas lié à cette bulle, il est peut-être émis depuis des millénaires, intervint Alahan.
- Bob ? appela Alerith après un instant de réflexion. Votre avis sur la question serait aussi appréciable que celui des autres.»
Tous se tournèrent vers le xenos.
Il s'était rapidement désintéressé de la conversation. Ses grosses mains vertes et son nez camus pressés contre la verrière, il fixait la surface en contrebas avec un émerveillement... très peu ork.
« Bah... fit-il lentement sans quitter le Space Hulk des yeux. Moi j'voudrais bien mettre la main sur vot' bulle, là. Un truc comme ça, ça doit être génial à voir. »
Il finit par détourner le regard et reporter son attention sur son capitaine.
« Dites, vous croyez qu'y moyen que j'la récupère ? »
Alerith soupira.
« Soit. Votre avis est [i]presque [/i]autant appréciable que celui des autres. »
Elle resta silencieuse un moment. Tous la regardaient à présent.
Explorer un amas d'épaves de la taille d'une lune ne l'enchantait pas le moins du monde mais elle devait convenir qu'il n'y avait pas d'autre solution. À moins de réussir à reprendre les commandes de leur bâtiment.
Dans l'intervalle, elle se devait de prendre des décisions et de les leurs transmettre parce que... eh bien, parce qu'elle était leur capitaine.
« Préparez-vous, annonça-t-elle. Nous allons descendre. Nous avons deux objectifs : désactiver cette bulle et trouver l'origine de ce message.
- Avec votre permission, j'aimerais rester à bord, fit Menelas en étouffant un bâillement.
- Ca va, vieux ? demande Garett. T'as les yeux cernés... plutôt trois fois que deux, d'ailleurs.
- Vous resterez effectivement ici, ordonna Alerith en ignorant l'astropathe. Nous ne laisserons pas ce vaisseau vide. Mais je veux que vous me trouviez la raison de notre écart de route. Hors de question de dormir ! »
Le navigator acquiesça mollement.
« Les autres, vous avez une heure pour vous préparer... Oui ? Mégane ? »
La jeune sœur venait de lever la main, elle rentra un instant la tête dans les épaules.
« Euh... excusez-moi mais... me serait-il possible de rester au bord, aussi ? En tant qu'infirmière...
- ...votre aide sera peut-être nécessaire, acheva Alerith à sa place. C'est aussi un mission de sauvetage.
- Peut-être... que le message est un piège, tenta encore une fois faiblement Mégane.
- Alors nous aurons probablement besoin d'une infirmière sur le terrain, merci d'avoir mentionné cette éventualité. »
Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent.
« Nous avons un Ork, un Space Marine, et un astropathe avec une paire de revolvers, reprit Alerith aussi gentiment que possible. Et vous avez vaincu une créature monstrueuse presque sans aide, dernièrement, non ?
- Euh... oui mais ça n'était pas... »
Mégane soupira. A chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle avait l'impression de revoir la masse sombre s'avancer vers elle, tentacules tendues.
Ô Sainte Céleste... Comment ses sœurs faisaient-elles pour enfiler leurs armures chaque matin en sachant qu'elles allaient passer la journée à affronter ce genre de chose ?
Parfois, elle en venait à regretter sa cellule et ses chaînes.
Elle baissa la tête, vaincue.
« Et puis, vous avez une armure et un bolter, intervint l'archiviste d'un ton d'encouragement. Servez-vous-en, au besoin. »
Elle releva brusquement les yeux, jetant au Space Marine un regard noir à travers un rideau de cheveux blancs.
« Oh ! Merci, frère Alahan. Merci beaucoup. »
Elle tourna les talons et quitta la passerelle.
Un silence gêné s'installa...
Que Garett rompit en applaudissant lentement.
« C'était censé la rassurer ? demanda-t-il.
- Mais, au nom de l'Empereur, qu'ai-je bien pu lui faire ? »

Alerith considéra le scaphandre gris d'un air songeur.
L'une des pièces, proche du pass d'accès, en contenait une dizaine.
Les armures énergétiques de Bob, Mégane et Alahan pouvaient être pressurisées mais Garett et elle avaient également besoin de traverser les quelques mètres de vides qui les séparaient de la coque du Space Hulk.
C'était des tenues légères. Sans autre avantage que celui de fournir une atmosphère respirable à leur porteur. Elles n'étaient pas blindées et avaient plutôt été conçues pour permettre des sorties brèves pour entretenir le bâtiment.
Elles devraient faire l'affaire.
Au moins, elle ne devaient pas gêner leurs mouvements plus qu'un lourd vêtement.
Elle ôta et plia consciencieusement son uniforme bleu avant de commencer à l'enfiler.
[i]Je mène une expédition composée d'un mekano Ork réformé ; d'un Astarte qui essaie de faire du social ; d'une sœur – surtout pas – de bataille et de l'astropathe le plus irresponsable de la galaxie...[/i]
Elle passa le pantalon.
[i]Avec leur aide, je suis supposée prendre la place de mon père...[/i]
Elle réussit à sceller les bottes au troisième essai. Les attaches étaient d'un archaïsme déconcertant.
[i]Le navire que je commande semble prendre ses propres décisions...[/i]
Si le pantalon était a sa taille, la lourde veste qui le complétait était trop large. Elle la lança dans un coin de la pièce et porta son attention sur les autres tenues. Au moins, elles semblaient modulables.
[i]Et je suis bloqué au milieu de nul part pour mener une mission de sauvetage parce que, si j'en crois mon navigator, ce même navire l'a [/i]décidé [i]![/i]
« Par Drusus ! s'exclama-t-elle à voix haute. Comment cela pourrait-il être pire ? »
Conformément aux lois de la narration, cette question trouva rapidement sa réponse.
La porte s'entrouvrit, Garett passa la tête par l'entrebâillement.
« Z'êtes visible, patronne ? On attend plus que vous
- Hey ! »
L'astropathe esquiva un lancer de casque rageur.
« Si vous tentez de repasser cette porte, espèce de sale psyker pervers, je vous loge une balle entre vos deux orbites, aussi vides et inutiles que le reste de votre personne ! »
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[/center][center]*[/center][center]**[/center][center]
[/center]La petite équipe d'exploration se forma, en file indienne, sur le pass d'accès. Bob en tête.
Au-delà de la large baie vitrée, ils pouvaient contempler la dépression sous un ciel rouge sombre.
« La porte est fermée, maître Menelas, annonça Alerith via le dispositif vox de son casque. Vous pouvez dépressuriser. »
Le sifflement de l'air s'éleva, décroissant rapidement à mesure que le vide s'installait.
« Tout le monde est étanche ? demanda-t-elle.
- C'est désagréable, dit Mégane. J'ai l'impression d'avoir du coton dans les oreilles !
- C'est dû à l'absence d'air extérieur, l'informa Alahan. C'est normal.
- Est-ce que ça passe ?
- Pas vraiment. Lorsque nous effectuons ce genre d'opération, nous avons des cantiques qui tournent en fond sonore.
- Je peux chanter quelque chose, si tu veux, proposa Garett, serviable. »
Alerith soupira dans son casque et le regretta lorsque de la buée obstrua son champ de vision.
« Est-ce que vous connaissez des chansons qui ne soient pas passible d'excommunication, maître Garett ?
- Euh... La geste tragique de sœur Dominix ? Ca compte ?
- Alors la réponse est non. Maintenant, Bob, à vous l'honneur. »
L'Ork ouvrit le panneau extérieur et sauta, descendant lentement en raison de la faible gravité généré par la masse du Space Hulk.
Les bottes de sa meka-armure finirent par toucher le sol dans une petite projection de débris qui restèrent en suspension.
« Ca va ! cria-t-il. C'est stable ! »
La fin de sa phrase se mua en larsen.
« Inutile de hurler, grogna Alerith en grimaçant. »
Elle lui emboîta le pas, lentement suivie par les trois autres.
Lorsque tous eurent gagné la surface, elle désigna un point sur le versant, à une centaine de mètres.
« D'après Menelas, il y a un accès, là-bas. Ce pourrait être un sas. Mettons-nous en route. »
La petite colonne s'ébranla lentement, laissant une nuée de débris dans son sillage.
« Maître Garett ? demanda Mégane, plus pour couvrir le bruit de ses battements cardiaques que par réelle curiosité. Qu'est-ce que la geste de Dominix ? D'après le titre, on dirait un chant religieux mais je suis certaine de ne pas le connaître. »
L'astropathe se tourna vers elle, son visage émacié fendu d'un grand sourire.
« C'est étonnant. C'est pourtant l'histoire tragique d'une sœur de bataille qui finit Repentia.
- Oh... C'est terrible. Pour quelle raison ?
- Les aléas des batailles, ce genre de chose. La geste complète comprend 93 couplets et un refrain. Je peux toujours te chanter les premiers. »
Devant eux, Alerith grogna.
[i]Oh nonnonnon... Au nom de Drusus, sœur Mégane, ne lui demandez pas de...[/i]
« Oui, s'il vous plaît. »
Le capitaine se frappa le casque du plat de sa main ganté.
Derrière elle, elle sentait presque le sourire de l'astropathe qui s'élargissait. À travers le dispositif vox de son casque, elle l'entendit prendre une grande inspiration.
« Silence ! tonna-t-elle. »
Le sifflement du larsen envahit la fréquence.
« Sœur Mégane, ce chant a été mis à l'index par l'Ecclésiarchie, et ce pour une bonne raison. Maître Garett, si je vous entends en émettre ne serait-ce qu'un seul vers, je demande à Menelas de vous placer sur une autre fréquence jusqu'à la fin de cette mission. Suis-je clair ?
- Elle peut faire ça ? demanda l'astropathe.
- C'est le capitaine, répondit la voix lointaine du navigator depuis la passerelle. Et j'ai effectivement accès à vos configurations vox d'ici.
- Oh... »
La progression se poursuivit en silence.

Menelas coupa la communication avec la petite troupe et s'étira en souriant.
Le poste de pilotage était plongé dans la pénombre rouge de l'éclairage nocturne.
Bon...
Il était seul et – de son point de vue – méritait bien un peu de repos, tant qu'il pouvait se le permettre.
Son siège de navigation n'était pas des plus confortable mais, à travers la trappe ronde qui donnait sur le reste de la passerelle, il voyait le fauteuil capitonné du capitaine lui tendre – métaphoriquement – les bras.
Il se leva et jeta un coup d'œil par la verrière à bâbord.
L'équipe n'était plus qu'un petit groupe de points noirs.
Ils avaient presque atteint ce que les auspex avaient identifié plus tôt comme étant un accès.
Il espérait seulement que le chemin ne serait pas obstrué.
La configuration interne du Space Hulk lui était totalement inconnue ; et était probablement à l'image de l'assemblage hétéroclite de sa coque.
Le voyant signalant une communication entrante clignota.
Il soupira et activa la console.
« Groupe d'exploration, de R97. J'écoute ? »
La voix d'Alerith lui parvint, un peu plus faible que précédemment.
« Nous avons atteint l'accès. C'est une trappe de sas impériale. Elle n'est pas verrouillée. Nous entrons.
- Reçu. Je vais aller au niveau des machines. Peut-être y trouverai-je quelque chose. Je vous recontacte dans quelques heures.
- Négatif. Je veux que vous remontiez me faire un rapport dans une heure.
- Bien reçu, de R97, soupira-t-il. Bonne promenade. »
Autant pour le repos bien mérité.
Mais il pouvait toujours s'octroyer une petite demi-heure de sieste avant d'entamer son exploration. Le bâtiment n'était pas si grand que ça, après tout.
Satisfait de sa résolution, il s'installa dans le fauteuil au centre de la passerelle. Il le fit pivoter et étendit ses jambes sur une console de cogitation proche.
«[i] Excusez-moi mais vous n'êtes pas le capitaine[/i], dit le fauteuil. [i]Vous n'avez pas le droit de vous asseoir ici.[/i] »
De surprise, le navigator fit un bon et perdit l'équilibre.
Il dégringola au pied du siège, son crane heurtant durement la console proche.
« Par la barbe de Saulot ! s'exclama-t-il en redressant la tête. »
À travers les brumes de douleur, il tenta de faire le point sur le meuble.
Celui-ci semblait danser devant lui.
« Euh... tenta-t-il. C'est toi qui a parlé, fauteuil ?
- [i]Non.[/i] »
La voix était féminine, douce et légèrement métallique.
Elle provenait à présent de l'ensemble des communicateurs vox de la passerelle.
« Qui es-tu, alors ?
- [i]Je suis le vaisseau.[/i]
- Oh... »
Ah. Oui. D'accord. C'était logique, non ?
Après tout : il était seul à bord. Il ne restait donc plus que lui et l'astronef.
Il était épuisé et le choc n'arrangeait pas sa faculté de réflexion. Il sentait qu'un point de détail important lui échappait mais lequel ?
« Euh... Donc tu es... R97, c'est ça ?
- [i]Non.[/i] »
Il se mordit violemment l'intérieur de la joue. La douleur lui fournis un bref regain d'énergie.
« Et quel est ton nom, alors ?
- [i]Je m'appelle AURA.[/i] »
Le navigator leva faiblement la main et serra le bras du fauteuil.
«Et moi, je m'appelle Menelas. Ravi de te rencontrer. »
Puis il sombra dans l'inconscience.[/font]



[font="Arial"]Voila, voila...[/font]
[font="Arial"]Bien qu'un peu plus long, j'aime à penser que ce premier chapitre est surtout une introduction pour se remettre dans le bain avant d'entamer la poursuite de l'intrigue.[/font]
[font="Arial"]J'espère qu'il vous aura plus et - même dans le cas contraire -[/font][font="Arial"] donnera matière à critiques (constructives [/font][size="1"][font="Arial"]si possible [/font][/size] [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/crying.gif[/img][font="Arial"])... [/font] Modifié par Ocrane
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Ouahhhh [grande bouffée d'oxygène]

Enfin j'ai eu ma dose d'oxygène de littérature Extra Heretical... encore un peu et j'étais bon pour retourner à la vie réelle et faire quelque chose de ma vie !

Bon il se fait tard et je ne sait pas si je veut être constructif mais essayons... dans les grandes lignes

1°)
Is there a shipper on board ? non parce que depuis quelques temps ça devient étrangement sous-jacent dans les dialogues entre Mégane et Alahan... m'étonne que Garrett ne lui aie encore rien expliqué

2°)
[quote]
Nous avons un Ork, un Space Marine, et un astropathe avec une paire de revolvers
[/quote]

C'est le début d'une histoire drôle ou une main gagnante au Tarot de l'Empereur ?

Non plus sérieusement j'adore cette scène et comment la phrase est amenée (faisons le total de nos atouts... on est foutu...)

3°)
Une technololi dans un Space Hulk avec générateur de discontinuité Warp... j'achète ! Je suis presque jaloux de pas y avoir pensé avant !

4°)
AURA a-t-elle un penchant pour les Red Lantern albinos ? parce que si c'est le cas je sait déjà comment çà se fini....

Voilivoilou... rien de bien constructif m'enfin j'imagine que l'idée est passée... Gros Pouce vert (de BOB)
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Bonjour,

Content de retrouver toute la fine équipe du Rising Sun :)
Oups, pardon, du R97 !!

Autant j'ai vraiment appréciez le prologue avec une ambiance sombre et bien glauque, des personnages qui le sont également et une description assez cauchemardesque des bas fonds de l'Imperium, autant j'ai moins accroché sur le chapitre complet.

En effet, j'ai trouvé qu'on perdait un peu des descriptions désopilantes que tu nous faisais dans le tome un, en particulier parce que le rythme est assez haché avec un découpage un peu violent entre les paragraphes.

C'est l'impression que j'en ai eu jusqu'au milieu du chapitre environ, là où tout le monde se retrouve et que tous les fils se rejoignent.

A partir de là, on retrouve l'esprit du tome un, et j'aime davantage.

Par contre, j'ai eu l'impression de plonger dans une partie de Metal Adventure en lisant la description des préparatifs d'abordage du space hulk et je ne sais pas trop quoi en penser: est ce totalement voulu? (auquel cas je trouverai ça un peu trop facilement amené, trop évident du moins) ou est ce involontaire? (auquel cas ce serait un tour de force de s'être autant rapproché de ce JDR)

Le passage que j'ai trouvé le plus bizarre:

[quote]« Les autres, vous avez une heure pour vous préparer... Oui ? Mégane ? »
La jeune sœur venait de lever la main, elle rentra un instant la tête dans les épaules.
« Euh... excusez-moi mais... me serait-il possible de rester au bord, aussi ? En tant qu'infirmière...
- ...votre aide sera peut-être nécessaire, acheva Alerith à sa place. C'est aussi un mission de sauvetage.
- Peut-être... que le message est un piège, tenta encore une fois faiblement Mégane.
- Alors nous aurons probablement besoin d'une infirmière sur le terrain, merci d'avoir mentionné cette éventualité. »
Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent.
« Nous avons un Ork, un Space Marine, et un astropathe avec une paire de revolvers, reprit Alerith aussi gentiment que possible. Et vous avez vaincu une créature monstrueuse presque sans aide, dernièrement, non ?
- Euh... oui mais ça n'était pas... »
Mégane soupira. A chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle avait l'impression de revoir la masse sombre s'avancer vers elle, tentacules tendues.
Ô Sainte Céleste... Comment ses sœurs faisaient-elles pour enfiler leurs armures chaque matin en sachant qu'elles allaient passer la journée à affronter ce genre de chose ?
Parfois, elle en venait à regretter sa cellule et ses chaînes.
Elle baissa la tête, vaincue.
[b]« Et puis, vous avez une armure et un bolter, intervint l'archiviste d'un ton d'encouragement. Servez-vous-en, au besoin. »
Elle releva brusquement les yeux, jetant au Space Marine un regard noir à travers un rideau de cheveux blancs.
« Oh ! Merci, frère Alahan. Merci beaucoup. »
Elle tourna les talons et quitta la passerelle.[/b]
Un silence gêné s'installa...
Que Garett rompit en applaudissant lentement.
« C'était censé la rassurer ? demanda-t-il.
- Mais, au nom de l'Empereur, qu'ai-je bien pu lui faire ? »[/quote]

En particulier les paroles de Mégane...

Je veux bien croire qu'elle ne soit pas plus à l'aise que ça avec une arme dans les mains, mais elle est censé avoir suivi l'entraînement des Sista non? (du moins une partie)
Là, elle fait vraiment cruche je trouve, à tenter de faire des manières pour ne pas aller dézinguer du méchant...

Et l'ironie que tu veux faire passer dans la phrase surlignée en gras: ben...elle passe pas...
Quitte à poursuivre dans le ton de la conversation, j'aurai plus vu une réplique du genre:
"Sans blague?"
"Par le postérieur béni de saint adémar, croyez vous que j'eusse oublié ce détail?"
"Alahan, ou comment ajouter la phrase de trop..."

Un truc vraiment pas piqué des vers qui transpire l'ironie teinté de rage froide.

Sinon, j'accroche moyen à cette histoire d'IA, ça me fait trop penser au jeu Mass Effect avec l'IA du vaisseau. Pour un peu, je m'attendais à ce qu'elle s'appelle Shepard...
D'ailleurs, rien à voir mais: les IA des vaisseaux spatiaux sont très souvent de "sexe" féminin, y'a-t-il une raison particulière à ce phénomène?

Mes deux sous,

Crio qui sort de son ère glaciaire...
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Hello,

Merci de vos retours.
Du coup, une petite séance de réponses s'impose.

@Jutred
1) C'est l'idée[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]
Mais bon, c'est comme une quête secondaire ou un romance dans BG II : ça va se développer tranquillement jusqu'à la conclusion.
Je n'ai pas d'ailleurs même pas encore décidé si elle serait positive ou négative. (Non mais sérieusement... comme beaucoup de choses quand j'écris, ça viendra de mon humeur du moment. [size="1"][size="1"]Quo[/size]ique si vous voulez, vous pouvez voter pour le dénouement[/size])
Bref, ça viendra probablement dans les derniers épisodes.

2) Un peu des deux, chef !

3) En fait, ce personnage faisait partie d'une galerie que j'avais imaginé pour une autre aventure (sans lien avec celle-ci) et que j'ai laissé tombé parce que... bah les persos mis à part, je manquai d'idées...

4) Nope, aucun rapport (ou du moins, pas volontairement[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img]). L'origine de son nom est ailleurs, et le concept du perso se veut (un minimum) original.
D'ailleurs... Bah c'est ta faute !
J'ai dû rajouter ce perso parce que tu avais déjà mis un équipage de serviteurs dans ton vaisseau ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/tongue.gif[/img]


@ Criomega

[quote][color="#330000"][size="2"]Autant j'ai vraiment appréciez le prologue avec une ambiance sombre et bien glauque, des personnages qui le sont également et une description assez cauchemardesque des bas fonds de l'Imperium, autant j'ai moins accroché sur le chapitre complet.[/size][/color]
[color="#330000"][size="2"]En effet, j'ai trouvé qu'on perdait un peu des descriptions désopilantes que tu nous faisais dans le tome un, en particulier parce que le rythme est assez haché avec un découpage un peu violent entre les paragraphes.[/size][/color][/quote]

Ah, mince !
Pour le prologue, j'ai prévu de faire quelque chose "à la star wars" (le générique se déroule et on commence dans l'espace). Dans le cas présent, je comptais ouvrir chaque "tome" par une situation sur Port l'errance...
Content qu'il t'ai plu (en fait je l'ai écrit autour de la description de l'averse sur le restaurant mais, à la base, il devait s'agir d'un dialogue entre deux inquisiteurs)

Concernant le premier chapitre, je voulais recommencer gentiment, sans trop de nawak avec une constuction assez "scolaire" :
1 : I'intro : Tranche de vie dans le bâtiment (et histoire de commencer à familiariser le lecteur avec celui-ci, puisque tout le monde ne connait pas l'organisation d'un navire... Bon à ce niveau là... même si j'écris avant tout pour vous, chers lecteurs, je me fais aussi plaisir[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img])
2 : Paf ! élément perturbateur ! (ie : la bulle warp)
3 : Le premier scenar commence.
Enfin, c'était l'idée de base. Mais peut-être manque-t-il un passage de transition. J'y réfléchie.

[quote][color="#330000"][size="2"]Par contre, j'ai eu l'impression de plonger dans une partie de Metal Adventure en lisant la description des préparatifs d'abordage du space hulk et je ne sais pas trop quoi en penser: est ce totalement voulu? (auquel cas je trouverai ça un peu trop facilement amené, trop évident du moins) ou est ce involontaire? (auquel cas ce serait un tour de force de s'être autant rapproché de ce JDR)[/size][/color][/quote]

En fait, ce n'est, du coup, pas spécialement une référence à Metal Adventure. Plutôt une construction proche de n'importe quelle campagne de JdR : Une suite de scenarios avec un fil rouge.
L'idée a commencé à germer en écrivant le premier tome et je pense m'y tenir jusqu'à la conclusion finale (càd : la fin de la campagne).
Je reste limité par mes connaissances... et j'ai appris à écrire des histoires en concevant des scénars de jeu de rôle pour mes parties.
Mais si ça te semble trop artificiel (enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre dans ton propos) peut-être serait-il bon que je revoie ma copie (en tous cas pour les prochains chapitres[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]).


Au sujet de Mégane :
Le personnage est censée être (grosso-modo) une soeur hospitalière avec quelques aménagements.
Ce n'est donc [i]pas [/i]une soeur de bataille au sens propre du terme. Même si elle en a l'équipement.
Dans le dialogue le "merci beaucoup" devait être mis en italique (il l'était dans mon brouillon et j'ai oublié de le remettre en le copiant[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/sad.gif[/img]) pour mettre l'accent sur l'amertume de son ton.
L'ironie (ou plutôt le sarcasme) devait venir de Garett (qui applaudit lentement et balance sa réplique) et conclure le paragraphe et non d'elle directement.
Du coup, si ça ne passe pas... bah je vais revoir ma copie (et trouver une punchline pour Mégane [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img]).
Cela dit, je ne suis pas certain que la raillerie soit dans la nature de ce perso (du moins pas pour l'instant...).
J'essaie de garder un archétype de jeune fille pure et innocente (hey ! c'est une soeur ! [size="1"]entre autre[/size])... Le sarcasme pur serait plutôt l'apanage de Garett, justement, ou d'Alerith.

[quote][color="#330000"][size="2"]Sinon, j'accroche moyen à cette histoire d'IA, ça me fait trop penser au jeu Mass Effect avec l'IA du vaisseau. Pour un peu, je m'attendais à ce qu'elle s'appelle Shepard...[/size][/color]
[color="#330000"][size="2"]D'ailleurs, rien à voir mais: les IA des vaisseaux spatiaux sont très souvent de "sexe" féminin, y'a-t-il une raison particulière à ce phénomène?[/size][/color][/quote]


AURA... aaah AURA...
En fait, ce personnage a été créé à la va-vite (enfin plus ou moins, je ne planche pas sur cette histoire tous les jours[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]) pour ne pas faire de doublons avec les serviteurs du vaisseau de JutRed (bon ok, il a été créé en décembre 2013).

Bref, AURA est censée être l'âme du R97 mais j'ai d'abord pensé à GlaDOS pour le concept du perso plutôt qu'à IDA. D'où le sexe féminin... (hey ! HAL de 2001 est masculin !)
Quant au fait que ce soit une IA... Euh... entre facilité et trucs barrés, j'ai fait mon choix (après tout on reste dans l'univers de [i][u]40K[/u][/i]... Pour le coup, je pense que ce personnage ne détonnera pas[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img])
Rendez-vous dans quelques chapitres pour avoir la réponse. Modifié par Ocrane
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  • 4 mois après...
Hello,

En revenant début août, j'avais promis de me remettre à l'écriture de la suite des aventures du R97...
Et je m'y emploie. J'en suis déjà à plus d'une quinzaine de pages pour ce chapitre et ce n'est pas fini (mais alors pas du tout, j'ai encore vingt pages A5 de notes et de croquis crados à remettre au propre).

Histoire de montrer que je ne me fiche pas [size="1"]trop [/size]du monde (et pour ne pas être hors-charte en bumpant un sujet sans écrire), je vous propose un teaser de ma prochaine production.
Promis, le week-end arrive et je vais tâcher de finir ça pour la semaine prochaine, au plus tard.[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink.gif[/img]


[center][b][u]Tales of Rising sun 2 – Chapitre Deux – Junk heap from outer space – Deuxième partie - [size="6"]LE TEASER[/size][/u][/b][/center]


[i]I come from a spaceship, she's monstrous and antic[/i]
[i]Within a large stellar caravan[/i]
[i]Inhabit'd by brothers[/i]
[i]In search of their homelands[/i]
[i]That's sound weird ? But hey ! It's home ![/i]
[i]
[/i]
[i]haven't had, for long years, [/i]
[i]any ports, any piers ;[/i]
[i]Wandering is our destiny.[/i]
[i]Take a seat, [/i]
[i]Light a snout[/i]
[i]Hark my song, chill out.[/i]
[i]Here's the story of the Ishtar's sons [/i]
- Lux à Garett lors de leur première rencontre

Voici l'Espace Immatériel : des fragments de consciences, des concepts fugaces et des possibilités improbables. Ils tourbillonnent, s'entrechoquent et se fondent en un magma abstrus.
Il existe beaucoup de termes pour désigner le Warp : "Mer des âmes" ; "Là où vivent les démons" ; "Immaterium"...
Tous détiennent une part de vérité tout en étant incroyablement erronés.
Sa qualification même d'"espace" est sujette à caution. Elle aurait probablement poussé madame Noether à abandonner les mathématiques, par un beau matin de janvier 1918, pour se consacrer à la culture des roses de Göttingen.
Son étude avait suscité beaucoup de passion au fil des millénaires parmi les métaphysiciens de tout poil pour qui le "définitivement irrationnel" offrait beaucoup d'attrait ; essentiellement parce que celui-ci permettait de soutirer d'importantes subventions à leurs mécènes sans jamais devoir fournir de résultat concret en retour.
On avait vaguement compris qu'à un point du non-espace correspondait un point du monde matériel et que, par conséquent, on pouvait l'utiliser pour rallier des mondes éloignés de plusieurs centaines d'années-lumière les uns des autres.
Et si on avait créé tout un tas d'artifices pour naviguer à sa surface ; ses profondeurs, quant à elles, restaient largement inexplorées.
Si le warp est un univers d'idées folles – de volontés désincarnées où ce qui n'existe pas peut prendre conscience de lui-même – c'est aussi le domaine des rêves...


Voila, voila...
À bientôt pour la suite [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img] Modifié par Ocrane
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  • 2 semaines après...
Hello,

Après des mois de silence - et un teaser un peu honteux - v[size=2]oici enfin la suite des aventures de l'équipage du R97.[/size]

J'aimerai tout d'abord m'excusez à nouveau pour mon absence (oui, je l'avais déjà fait [url="http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=221062"][color="#0000ff"]ici[/color][/url]). Les aléas de la vie faisant que je n'avais pas réellement la possibilité d'écrire - et encore moins de publier.
J'espère qu'en dépit de cette absence, vous n'avez pas totalement oublié (pour ceux qui me lisaient) de quoi parlait cette histoire.

Succinctement : Les tribulations d'un capitaine Libre-Marchand cherchant à réclamer son héritage pour sauver sa famille.
Oh ! Et elle est accompagnée de son Navigator ; d'un Mékano Ork ; d'une soeur - pas vraiment - de bataille ; d'un Archiviste Blood Raven de la Deathwatch et de l'Astropathe le plus iconoclaste de l'Impérium
[size=2]Pour me faire pardonner, je vous propose ce chapitre qui est - pour le moment, en tout cas - le plus long de ceux que j'ai publié (23 pages A4)[/size]

[size=2]Pardon, pardon pardon... J'espère ne plus le refaire...[/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/mellow.gif[/img]
J'accepterai volontiers tous reproche à ce sujet mais trêve de contrition.

Je n'ai plus qu'à vous souhaiter : Bonne lecture...


[center][b][u]Tales of Rising sun 2 – Chapitre Deux – Junk heap from outer space – Deuxième partie[/u][/b][/center]


[i]I come from a spaceship, she's monstrous and antic[/i]
[i]Within a large stellar caravan[/i]
[i]Inhabit'd by brothers[/i]
[i]In search of their homelands[/i]
[i]That's sound weird ? But hey ! It's home ![/i]
[i]
[/i]
[i]Haven't had, for long years, [/i]
[i]Any ports, any piers ;[/i]
[i]Wandering is our destiny.[/i]
[i]Take a seat, [/i]
[i]Light a snout[/i]
[i]Hark my song, chill out.[/i]
[i]Here's the story of the Ishtar's sons [/i]
- Lux à Garett lors de leur première rencontre

Voici l'Espace Immatériel : un mélange de fragments de consciences, de concepts fugaces et de possibilités improbables.
Ils tourbillonnent, s'entrechoquent et se fondent en un magma abstrus.
Il existe beaucoup de termes pour désigner le Warp : "Mer des âmes" ; "Là où vivent les démons" ; "Immaterium"...
Tous détiennent une part de vérité tout en étant incroyablement erronés.
Sa qualification même d'espace est sujette à caution. Elle aurait probablement poussé madame Noether à abandonner les mathématiques, par un beau matin de janvier 1918, pour se consacrer à la culture des roses de Göttingen.
Son étude avait suscité beaucoup de passion au fil des millénaires parmi les métaphysiciens de tout poil pour qui le "définitivement irrationnel" offrait beaucoup d'attrait ; essentiellement parce que celui-ci permettait de soutirer d'importantes subventions à leurs mécènes sans jamais devoir fournir de résultat concret en retour.
On avait vaguement compris qu'à un point de ce non-espace correspondait un point équivalent dans l'univers matériel et que, par conséquent, on pouvait l'utiliser pour rallier des mondes éloignés de plusieurs centaines d'années-lumière les uns des autres.
Mais si on avait créé tout un tas d'artifices pour naviguer à sa surface ; ses profondeurs, quant à elles, restaient largement inexplorées.
Et si le warp est un univers d'idées folles – de volontés désincarnées où ce qui n'existe pas peut prendre conscience de lui-même – ; c'est aussi le domaine des rêves...[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center][center]
[/center]
Dans les ténèbres de ses paupières closes, la sœur Mégane se sentait peu à peu revenir à la conscience.
Elle voyait ses souvenirs récents y tourbillonner. S'éloignant bien vite d'elle lorsqu'elle tentait d'en attraper un au hasard.
Il y avait eu... une chute, non ?
Une dégringolade interminable accompagnée un grand cri d'effroi.
Et elle n'était pas tombée seule. Bob l'avait... accompagnée.
Elle n'aurait pas dû survivre. Pas après les trente premiers mètres en tous cas.
Un soupçon de terreur existentielle pointa le bout de son nez avant que sa conscience ne lui rappelle que, s'il restait encore quelque chose d'assez lucide en elle pour se poser la question : « Suis-je vivante ? » , alors la réponse ne devait pas être si terrible que cela.
Légèrement rassérénée à cette idée, elle entreprit d'analyser avec un certain détachement les informations provenant du reste de son corps.
Une série de douleurs sourdes faisaient la queue pour l'informer qu'elle souffrirait d'ecchymoses un peu partout pendant plusieurs jours ; rien de très surprenant en soi.
Sa joue gauche lui apprit qu'elle était en contact avec une surface douce, chaude et légèrement humide.
Une partie de son cerveau – de plus en plus sollicitée ces derniers temps – commença à envoyer une série de messages frénétiques au reste de sa personne avant de se faire sévèrement rappeler à l'ordre par ce qui – chez d'autres – prenait la forme d'un petit chapelain.
Son nez l'informa qu'il flottait dans l'air une légère odeur de moisissure.
Ses paupières refusaient pour l'instant de s'ouvrir, ce qui n'était pas plus mal parce qu'elle sentait un début de migraine pulser derrière ses globes oculaires.
Quant à ses oreilles...
« Woh ! Sistah ! T'es où ? »
La voix forte et rocailleuse de Bob, qui provenait de quelque part en dessous, acheva de la tirer de sa torpeur.
Grognant sous l'afflux de douleur, elle ouvrit les yeux et se redressa dans les grincements de son armure énergétique.
Elle regarda autour d'elle.
Elle se tenait au centre d'une surface ronde et légèrement bombée. D'autres, similaires, s'élevaient au sommet de larges tiges à quelques mètres de celle où elle se trouvait. Et ainsi de suite jusqu'à perte de vue.
Une forêt de champignons géants ?!
Elle apercevait au loin des membrures titanesques ; semblables à la cage thoracique de quelque animal monstrueux.
Une sorte de brume dans le lointain, jaunâtre et poussiéreuse, bloquait sa vision mais il lui semblait distinguer des murs cyclopéens qui montaient et se courbaient pour se rejoindre en un plafond, au centre duquel flottait... Eh bien ! Une sorte de petit Soleil.
D'un rouge-orangé, ce dernier illuminait le paysage d'une lumière crépusculaire.
Il lui vint à l'esprit qu'il devait rester là en permanence, sans jamais se coucher.
Elle finit par baisser les yeux, s'avança en titubant jusqu'au bord de son perchoir et s'accroupit pour passer la tête au-delà.
Elle eut un haut-le-cœur en voyant la distance qui la séparait du sol.
« Je suis ici, éructa-t-elle à l'adresse de Bob, en contrebas. »
L'Ork leva les yeux vers elle et fit un bond en arrière en la voyant porter la main à ses lèvres.
« Oh ! M'la joue pas à la Garett, hein ! »
Il portait toujours son armure de bronze, pour l'heure beaucoup plus cabossée qu'à l'ordinaire.
Haletante, elle releva la tête.
Son champignon se trouvait à l'orée d'une petite de clairière au centre de laquelle se trouvait un vaste gouffre circulaire.
Ils étaient censés être dans un Space Hulk, non ?
Alerith, Alahan, Bob, Garett et elle-même avaient quitté le R97 pour comprendre pourquoi ce dernier avait été attiré par l'amas d'épaves. Menelas le Navigator était resté à son bord.
[i]Ils avaient parcouru un dédale de coursives délabrées et il y avait eu...[/i]
Elle secoua la tête pour tenter de chasser sa migraine. Ne faisant que l'empirer.
[i]Bob et elle étaient tombés dans une espèce de trou sans fond, large de plusieurs dizaines de mètre avant de...[/i]
Des pans de sa mémoire récente refusaient de revenir.
Elle s'allongea et contempla le plafond qui servait de ciel à son étrange environnement. Elle sentait ce dernier tourner autour d'elle.
Que s'était-il passé exactement ?
Elle se souvenait vaguement avoir eu des mots avec Alahan...
Les appels de Bob venaient désormais de l'aplomb.
Elle sentit son perchoir frémir alors que le peau-verte entamait l'ascension du tronc.
Tournant la tête, elle le vit se hisser en ahanant.
« Hey ! T'as une 'achte chouette de vue, ici.
- Vous savez, je préfère ne pas y penser. »
Elle leva le regard vers le plafond embrumé, le souffle court.
« Qu'est-ce qu'on fait ici ? finit-elle par demander.
- Boh... Tu d'vrais savoir que les Orks sont pas très bon pour les questions qu'existent-dans-le-ciel... C'est pas pour ça que tu l'regardes, d'ailleurs ? »
Elle referma les yeux et se les massa un moment. Comme d'habitude, discuter avec Bob revenait à tenter de percevoir le monde à travers le fond d'une bouteille. Il en devenait vert, déformé et s'accompagnait de ce vague relent aigre qui suivait une soirée trop arrosée.
« Les... non... Oubliez-ça, soupira-t-elle. Où sommes-nous ? À votre avis ?
- Ah, ça ! Ben, j'dirais vachement profond dans le Hulk. Tu not'ras qu'ici au moins ça a l'air stable.
- Il nous faut trouver un moyen de remonter, alors. Ou de redescendre.
- P'têt qu'en ressautant dans le trou...
- Non ! l'interrompit-elle en frissonnant. Certainement pas.
- Moi, c'que j'en disais... En tous cas, c'est pas en restant allongée comme ça que tu la trouveras, ta sortie. Allez ramènes-toi. Qu'on r'gagne le plancher... »

[i]Alors que l'Ork et la sœur de bataille entreprennent de regagner le sol, l'œil de la narration opère un rapide travelling arrière, jusqu'à embrasser la région tout entière.[/i]
Les champignons géants avaient colonisé la moindre parcelle plane disponible. Quelques trous dans les frondaisons fongoïdes donnaient néanmoins à penser qu'il existait quelques gouffres similaires à celui au bord duquel se trouvaient Bob et Mégane.
[i]Puis il se focalise sur le large puits par lequel ils sont arrivés et plonge.[/i]
[i]Des kilomètres de parois lisses défilent jusqu'à arriver à un sol métallique ; à moins que ce ne soit un plafond sous un autre angle de vue.[/i]
[i]L'œil fictif ne s'arrête pas. Ignorant le métal, il le traverse jusqu'à ressortir dans le vide spatial, au fond de la vaste dépression au-dessus de laquelle flotte le R97.[/i]
[i]Remontant la coque du petit astronef, il traverse la verrière de la passerelle sans plus de difficulté, avant de s'arrêter au dessus de Menelas, toujours effondré face contre terre.[/i]
La main droite du navigator était tendue au dessus de sa tête, accrochée du bout des doigts au fauteuil du commandant.
Il affichait un léger sourire béat et ses ronflements offraient un contrepoint aux grommellements métalliques qui provenaient du dispositif vox tout proche.
Menelas rêvait...

Il rêvait d'un ciel légèrement nuageux au milieux duquel sautillaient une bande de lagomorphes albinos dont il se refusait à évoquer le nom – plus par simple habitude que par superstition réelle.
Lui-même se trouvait parmi eux, juché sur un assemblage de tubes difforme auquel on avait collé deux fines roues...
Un air entraînant flottait dans l'air, ses accords de cordes pincées enterrant un peu plus la noirceur et le désespoir d'un univers déjà bien mis à mal.
Menelas était le premier à reconnaître que ses rêves n'avaient jamais eu grand sens mais, s'il avait eu voix au chapitre face à son inconscient, il aurait préféré garder les deux pied sur terre.
A peine eut-il formulé cette pensée que les nuages s'assombrirent autour de lui. La faune bondissante disparut entre les nuées et le craquement du tonnerre mit un point final à la mélodie.
Dans le silence soudain, il entendait les roues de sa monture grincer et il lui vint à l'esprit qu'un vélo n'était pas conçu pour voler.
Ce qui n'était probablement pas la pensée la plus brillante de ce millénaire...
« Oh merde, souffla-t-il. »
La pesanteur prit enfin ses droits et il commença à tomber.
Accélérant de plus en plus à chaque seconde, il traversa la couche nuageuse qui formait à présent une masse noire et compacte pour découvrir en dessous une mer démontée.
Le vent fouettait son visage, accompagné des premières gouttes de pluie et, bientôt, des premiers embruns.
Le navigator, hurlant, heurta la surface de l'eau au moment où une énorme vague commençait à se former à quelques dizaines de mètres de lui.
Luttant pour garder la tête à l'air libre, il vit un mur aqueux monter devant lui.
Dans l'instant, soudain figé, qui précéda l'effondrement de la vague, il se prit à regretter les lapins blancs.
La trombe d'eau s'abattit, l'entraînant vers le fond.
Il sentait le sel lui brûler les poumons alors qu'il inspirait par réflexe.
Il eut l'impression qu'il allait perdre conscience lorsqu'il entrevit sous lui une masse sombre qui montait du fond de la mer.
Énorme et profilée, elle le cueillit pendant son ascension avant de crever la surface.
Crachant de l'eau et suffoquant, il finit par réussir à aspirer une grande goulée d'air marin.
Il se trouvait à genoux sur la plage avant d'un navire ; levant les yeux, il devina le "R97" qui s'étalait en lettre gothique sur la cheminée.
Avançant à quatre patte vers l'une des deux portes qui menait de la plage avant au château, il tenta de rassembler ses esprits.
[i]Il avait découvert quelque chose sur ce bâtiment, non ? Juste avant de s'endormir...[/i]
La douleur et l'impression d'asphyxie disparaissait déjà et il pu se remettre debout au moment où il atteignait le panneau de métal fermé par un volant.
[i]Qu'est-ce que c'était déjà ? Avec qui avait-il parlé avant de...[/i]
Il s'accrocha au volant lorsque le navire se mit à rouler, évitant de justesse de passer par dessus bord.
Il profita de l'embardée pour ouvrir la porte et se faufila dans l'ouverture avant que bâtiment ne roule sur l'autre bord, faisant lourdement claquer le battant.
Avec un soupir de soulagement, il s'aperçut que la petite coursive mal éclairée dans laquelle il venait de s'engager lui était familière. Il s'agissait bel et bien de l'intérieur du R97.
La houle extérieure était désormais imperceptible. Le craquement étouffé d'un éclair retentit avant de disparaître bien vite.
En s'avançant, il constata que cet intérieur-là était légèrement différent de celui qu'il connaissait à l'état de veille.
Les murs étaient propre et il flottait dans l'air une odeur de neuf qu'il n'avait jamais sentit, sur aucun des bâtiments impériaux sur lesquels il avait servi.
Des faisceaux de câbles couraient sur le sol ou pendaient du plafond.
La petite part de lui-même qui se savait en train de rêver lui souffla que c'était ainsi qu'avait dû être le navire lors de sa construction.
Il remonta la coursive, débouchant sur une autre, beaucoup plus large, où se trouvait l'un des quatre larges sas permettant d'accéder aux path extérieurs.
Les portes internes et externes de celui-ci étaient grande ouvertes, laissant entrer une lumière vive.
Fronçant les sourcils, il s'y engagea et passa prudemment la tête dehors.
Le bâtiment était désormais en cale sèche, il pouvait voir les hautes parois métallique du bassin au bord desquelles s'affairaient des hommes en combinaisons grises.
[i]Fantastique[/i], se dit-il d'un ton morne, [i]maintenant je suis en train de rêver sa construction.[/i]
Un coup violent au niveau des reins manqua de le faire basculer en avant.
« Faites attention, mon vieux ! rugit une voix dans son dos. »
Prenant appuis contre la paroi du sas, il se retourna pour voir deux hommes passer en portant une lourde caisse de bois.
« Euh... tenta Menelas. »
Mais les deux ouvriers continuèrent leur chemin sans plus s'en préoccuper.
Se massant le bas du dos, il revint à l'intérieur et entreprit d'escalader une échappée.
Il était toujours Navigator, non ? Il n'y avait donc qu'un endroit où il pourrait se sentir à son aise dans la cohue d'hommes et de femmes en combinaisons qui semblait maintenant avoir envahit les coursives.
Il finit par atteindre la passerelle en esquivant les travailleurs affairés.
L'endroit était tel qu'il l'avait laissé lorsqu'il avait succombé au sommeil. Du coin de l'œil, il eut même l'impression de voir le fantôme de son propre corps, allongé près du fauteuil du commandant.
Ici aussi, il y avait du monde.
Un petit groupe de gens en blouses blanches était réuni autour de la table à carte.
« Ca ne va pas du tout, docteur Foer, disait un homme. Nous n'arrivons pas à calibrer la nouvelle Intelligence Artificielle pour les missions de ce bâtiment. »
Son interlocuteur, une jeune femme au crane strié d'une sorte de résille augmentique, se pinça l'arrête du nez et ferma les yeux.
« Soit, finit-elle par répondre d'une voix sèche. Je pense qu'il est temps que vous reconsidériez la validité du projet AURA. »
Une série de protestations s'éleva aussitôt autour de la table.
« Silence ! tonna-t-elle, coupant court au brouhaha. Nous avons déjà pris trop de retard ! On passe au plan B. Je veux que les câbles soient tirés pour la fin de la semaine. »
Une sirène coupa court aux protestations.
« De PC sécurité, annonça une voix masculine dans le dispositif vox de la passerelle. Alarme incendie en F-0410. Évacuation du personnel.
- Hey ! Mais c'est en dessous de nous, ça ! cria quelqu'un. »
Les personnes présentes se ruèrent vers la sortie, bousculant Menelas au passage.
Le navigator se pressa contre une paroi pour ne pas se faire piétiner.
La dernière personne à sortir fut le docteur Foer. Au moment où il croisa le regard de la femme, il sentit une goutte s'écraser sur la paupière fermée de son troisième œil.
Il leva les yeux et aperçut un sprinkler au dessus de sa tête.
« Eh merde, soupira-t-il. »
Des trombes glacées noyèrent la passerelle...

Menelas s'éveilla en hurlant...
… et s'étrangla en avalant une pleine rasade d'eau saumâtre.
Toussant et crachant, il réussit à se redresser en s'accrochant au fauteuil devant lui.
Il pataugeait dans vingt centimètres d'eau. Sa robe, gorgée d'humidité, lui collait à la peau et entravait ses mouvements. Au dessus de lui, le système anti-incendie crachait ses derniers postillons.
« Qu'est-ce que... réussit-il à articuler. Par l'Empereur...
- [i]Enfin réveillé ?[/i] demanda une voix métallique au dessus de lui.
- Euh... AURA, c'est ça ? C'est toi qui a fait ça !?
- [i]Il me fallait bien trouver une solution, tu ronflais comme un bienheureux.[/i]
- J'ai faillis me noyer !
- [i]Si j'avais des épaules, je les hausserais d'indifférence.[/i] »
Les souvenirs de son rêve s'effilochaient et disparaissaient à mesure qu'il finissait de reprendre conscience. Il s'était assoupit... ou plutôt assommé... Alerith lui avait donné un ordre...
« Le Capitaine ! Il faut que je la contacte !
- [i]Oh... A ta place, je ne me presserais pas. Tu n'as pas eu l'air de beaucoup lui manquer, tu sais. En tous cas, ça fait un bout de temps que je ne l'entends plus.[/i]
- Pardon ? »
Le navigator tenta de digérer l'information que venait de lui transmettre la voix désincarnée.
Il regarda au-delà de la verrière et vit l'horizon du Space Hulk luire sous l'éclat brun-rouge de la nébuleuse.
Il était à peu près certain d'être réveillé maintenant.
« Un bout de temps ? Mais je devais lui faire un rapport d'investigation au bout d'une heure !
- [i]Il est bien temps de t'inquiéter de ça ! Tu en as pioncé douze, andouille ! [/i]»[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center][center]
[/center]
L'œil de la narration prend de nouveau du champ.
[i]Embrassant du regard la dépression et le petit bâtiment, il se focalise sur le panneau d'accès d'une petite navette émergeant du sol métallique.[/i]
Quelques traces dans la poussière sidérale témoignait qu'ici un petit groupe s'était tenu et avait piétiné un certain temps.
[i]Le monde vire au noir lorsqu'il se ferme avant de se rouvrir...[/i][center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]
[i]
[/i]
[i]… Douze heures plus tôt.[/i]

Tournant le dos au panneau, Alahan dominait ses quatre compagnons de toute sa hauteur.
« Bien, commença-t-il. J'aimerais en premier lieu vous rappeler qu'explorer un Space Hulk n'est pas une chose anodine. »
L'Archiviste se sentait enfin dans son élément. Il était, pour la première fois depuis longtemps, face à une situation pour laquelle il avait été formé.
Au fil des mois, il avait sentit son conditionnement guerrier se déliter, remplacé par d'autres impératifs comme la culture des pruniers en milieu aride ou le besoin de comprendre l'origine des brusques sautes d'humeur de Mégane – un exercice auquel il avait lamentablement échoué.
Mais, ici et maintenant, il pouvait enfin redevenir un Marine Exterminateur de la Deathwatch.
« Ce type de structure, poursuivit-il, est généralement peuplé de Xenos dangereux tels que...
- Euh... 'xcuse, Marine Boy, le coupa Bob. Mais t'vois, en tant qu'représentant assez-remonté d'une espèce Xenos 'achement dangereuse, j'aimerais juste dire qu'on serait mieux d'dans pour causer. J'ai l'système de survie qui clignote rouge, là. »
Alahan soupira.
« Pas qu'ça m'inquiète, hein, remarque, poursuivit l'Ork. Mais bon... »
Le Space Marine fit le tour de la petite troupe du regard.
Seule Alerith semblait l'avoir écouté.
Bob sautillait sur place, impatient d'entrer ; Garett tentait sans succès de faire tenir son chapeau sur le sommet de son casque ; quant à Mégane... s'il était impossible à Alahan de discerner son expression, il pouvait voir que son casque blanc et noir restait obstinément tourné vers le vide interstellaire. Lequel semblait lui procurer beaucoup plus de plaisir que la vision de l'Archiviste.
Autant se résigner et s'en remettre à la grâce de l'Empereur...
Secouant la tête, il fit face au panneau pour en actionner la commande d'ouverture.
Le profil de la petite navette lui était familier, il s'agissait d'un modèle de Thunderhawk comme en utilisaient ses frères de chapitres.
Sa proue dépassait du sol, presque à la verticale.
La trappe s'ouvrit en silence.
Il fit signe à Bob de le suivre et, bolter à la hanche, pénétra dans l'épave.
Il eut une brusque sensation de poids sur les épaules suivit d'un bref instant de désorientation lorsque ses bottes prirent contact avec les dalles gravitiques du sol.
Son oreille interne rapidement accommodée, il voyait désormais ses quatre compagnons restés dehors se tenir penchés.
Bob le rejoignit, rapidement suivit des autres qui gérèrent chacun avec plus ou moins de bonheur le déséquilibre occasionné par le soudain changement de gravité.
« Amusant, dit Garett lorsqu'il réussit à se mettre debout. »
L'habitacle était sombre. Seul un plafonnier clignotait d'une faible lumière. Il n'y avait aucune trace d'occupant.
Alahan balaya l'endroit du regard et avisa une échelle à la taille d'un Astartes, qu'il escalada. Elle permettait d'accéder au cockpit de l'appareil. Vide, lui aussi.
« Qu'est-ce que c'est que cet engin ? demanda Alerith dans son dispositif vox lorsqu'elle l'eut rejoint. »
- Un escorteur multi-mission, la renseigna-t-il. Celui-ci semble être configuré pour des opérations moyennes distances, de l'ordre du système stellaire. Mais je ne reconnais pas l'héraldique...
- Un abordage qui a mal tourné ?
- Peut-être, admit-il pensivement. Mais généralement les Space Hulk sont abordés par Teleportarium. Cela dit, je me demande où sont passés les occupants.
- Cette endroit était vide d'air. Difficile de faire une estimation. »
L'Archiviste acquiesça, avant de se diriger vers une console sur laquelle il pianota, sans résultat. Le cogitateur restait muet.
« Que faites-vous ? demanda-t-elle.
- J'essaie d'accéder au journal de bord mais il semble que seuls les auxiliaires de secours fonctionnent encore. Il n'y a pas assez d'énergie pour alimenter quoi que ce soit d'autre que les dalles. »
Il redescendit l'échappée et se dirigea vers la poupe de l'appareil.
Il y avait là une autre porte étanche destinée, entre autre, à protéger une partie de la navette en cas de dépressurisation.
Alahan tourna le volant et eut toute les peines du monde à retenir le battant lorsqu'il s'ouvrit violemment.
Un brusque courant d'air accompagné d'un chuintement emplit l'habitacle avant de s'atténuer rapidement.
« Tiens, dit observer l'Astropathe. C'était pressurisé ici. »
Le panneau donnait sur une petite pièce carrée, obturée par une seconde porte, aux murs garnis de râteliers d'armes vides.
« Je doute que nous puissions trouver quoi que ce soit, ici, fit l'Archiviste avant de s'avancer vers le second panneau. Il est probable qu'il y ait une atmosphère derrière. Cet endroit fait office de sas. »
Mégane fut la dernière à entrer. Il attendit qu'elle ait solidement verrouillée l'accès à la proue avant de tourner le volant devant lui.
Là encore, l'air poussa contre le battant mais moins violemment alors qu'il emplissait rapidement le petit espace.
Il baissa les yeux vers les informations que lui renvoyait le petit augure de son casque.
«C'est respirable, ici. Mieux vaut néanmoins... »
Des bruits combinés de chuintements et de grincements l'interrompit.
Tournant la tête, il vit que Garett avait ôté son casque pour se revisser son chapeau sur le crane et que Bob venait de replier la protection capitale de son armure.
« … garder vos scaphandres scellés, acheva-t-il inutilement.
- Ca va, fit l'Astropathe en humant l'air. Ca a vaguement une odeur de vieux fond de tiroir mais c'est toujours mieux que l'air recyclé du scaph'
- Pô mieux, renchérit l'Ork. »
Derrière eux, Alerith se frappa une fois de plus la visière de la paume.
« Je vous jure que si une infection quelconque se trouve dans cette atmosphère, je me ferais un plaisir de vous coller en quarantaine pendant le reste du transit, fit-elle. »
Secouant la tête de dépit, l'Archiviste se contenta d'avancer. À quelques mètres de la porte, une ouverture, pratiquée à l'aide d'un découpeur thermique, donnait sur un plan incliné qui devait être, là encore, un sol.
Il la franchit et, une fois son équilibre rétablit, détailla rapidement l'endroit.
Il s'agissait d'un vaste corridor, aux murs de métal, qui avait dû, en d'autre temps, appartenir aux entrailles d'un vaisseau impérial. Les murs étaient ornés à intervalles réguliers d'aquila.
L'escorteur avait perforé l'un des-dits murs avant de fusionner avec la structure ; le couloir se poursuivait en une courbe douce des deux côtés.
En cinquante années de service, l'Archiviste n'avait guère eu d'occasion de monter à bord d'un Space Hulk. Néanmoins, il n'ignorait pour autant rien de l'anatomie théorique d'un tel assemblage.
Les épaves se chevauchaient et s'interpénétraient ; si bien qu'ils pouvaient à un moment donné parcourir une coursive pour, l'instant d'après, déboucher sur la coque externe d'un antique astronef, enkysté dans une gangue composée des carcasses d'autres vaisseaux et isolé du vide depuis des temps immémoriaux.
L'atmosphère était calme et la température constante, il ne devait pas y avoir de brèche donnant sur l'espace dans les environs.
« R97, d'équipe d'exploration ; pour contact, appela Alerith une fois que tous eurent quittée l'épave encastrée du Thunderhawk. Menelas ? Vous me recevez ? »
Seul un grésillement de statique lui répondit.
« Y doit être parti explorer l'autre tas de rouille, proposa Garett.
- J'espère, répondit son Capitaine. Bien, voici la marche à suivre : Nous explorons les environs pendant une demi-heure avant de remonter ici prendre contact avec lui. Le but est reconnaître les lieux et, le cas échéant, de trouver l'origine du message mais surtout celle de la perturbation warp, en espérant qu'elle soit proche. Alahan, je pense que vous êtes le plus expérimenté de nous tous, je m'en remets à vous.
- Je vous remercie, Capitaine. »
Il contempla la petite troupe et entreprit de finir le discours entamé quelques minutes plus tôt.
« Inutile de prendre de risque. En cas de contact hostile nous faisons demi-tour. Et nous restons en groupe. »
Il saisit un petit appareil à sa ceinture. L'engin n'était guère plus qu'un écran encadré de quelques molette qu'il entreprit de tourner avant de poursuivre :
« Mon auspex enregistrera nos déplacements. Des questions ? »
Tous restèrent silencieux.
« Parfait. Alors, en avant ! »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center][center]
[/center]
[i]Ailleurs...[/i]

Lux rampait dans l'étroit boyau de ce qui avait dû être le circuit de ventilation d'un navire. L'atmosphère, sèche et immobile, du conduit lui avait appris que celui-ci était hors d'usage depuis longtemps.
Elle avait fixé à la va-vite une petite tige lumineuse à sa mécadendrite. L'assemblage était grossier mais lui offrait un semblant d'éclairage.
Pour le peu qu'il y avait à voir...
Suffocante, les yeux rougis par la couche de poussière qui volait à chacun de ses mouvements, elle lançait indistinctement des imprécations envers l'Omnimessie ; les deux hommes qu'elle était censée accompagner ; ainsi que contre elle-même.
Surtout contre elle-même.
Entre deux quintes de toux, elle se disait qu'il devait y avoir une espèce de justice cosmique à l'œuvre.

[i]Les navires impériaux était des mondes miniatures. Et si chaque membre d'équipage avait un rôle bien précis à bord, des générations de matelots finissaient par donner des gens comme elle.[/i]
[i]Ils naissaient et vivaient à bord, remplissaient les tâches indispensables au bon fonctionnement du vaisseau – tâches souvent héritées de leurs parents – mais n'avaient guère d'espoir de voir un jour autre chose que les cales enténébrées qui les avaient vu naître.[/i]
[i]Un bâtiment de la taille d'une frégate était pareil à une cité-ruche. Les gens les plus puissants – les officiers – dirigeaient leur petit monde depuis les ponts supérieurs et le gros des hommes – ceux qui avaient parfois la chance de mettre un pied dehors lors des escales – vivaient et travaillaient en-dessous.[/i]
[i]Et puis il y avaient ceux des cales noires.[/i]
[i]Ceux-là survivaient tant bien que mal, presqu'ignorés du reste de l'équipage. Ils opéraient les tâches les plus dangereuses – héritées de leurs ancêtres – dans des zones polluées du bâtiment.[/i]
[i]Et ils continuaient ainsi, générations après générations, parce que... Eh bien, que faire d'autre ?[/i]
[i]Ses parents l'avaient appelée "Lux". [/i]
[i]Ahah... Une lumière au fond d'une cale noire... La bonne blague ![/i]
[i]Comme beaucoup de gamins avec qui elle traînait à l'époque – et probablement comme tous ceux de son monde de ténèbres au fil des âges – elle avait rêvé de l'univers des ponts supérieurs.[/i]
[i]Leur existence tenaient de la légende. [/i]
[i]Ils existaient. Probablement. Mais comme personnes ne les avaient vu – mis à part peut-être le quartier-maître qui organisait de temps en temps des distributions de nourriture – il pouvait tout aussi bien s'agir de l'endroit où les bienheureux allaient après une vie passée à trimer au milieu de la fange radioactive.[/i]
[i]La cale dans laquelle sa famille travaillait était une gigantesque caverne de métal, un petit îlot de relative sécurité perdu dans les bas-fonds du navire.[/i]
[i]A l'une de ses extrémités, le monstrueux tore de plasma d'un réacteur fournissait lumière et chaleur en réponse aux rituels des Récupérateurs de haut rang.[/i]
[i]Elle était bordée de cultures hydroponiques de fortunes qui fournissaient l'essentiel de l'alimentation. Les jours de fête, le quartier-maître – gardien sacré du monte-charge – distribuait la manne, conditionnée en petites boites métalliques ornées de l'[/i]Aquila[i].[/i]
[i]La cale n'était pas fermée. Il y avait même plusieurs portes, parfois béantes. [/i]
[i]Les gardes qui les surveillaient n'empêchaient personne de sortir. Ils étaient trop occupés à scruter l'extérieur.[/i]
[i]Derrière les portes, il y avait les ténèbres. Hantées par des créatures innommables. La lumière et la chaleur du plasma les repoussaient, la plupart du temps, mais il arrivait que l'une d'elle s'enhardisse et pénètre dans la cale.[/i]
[i]Monstres et ténèbres n'avaient pas arrêté Lux.[/i]
[i]Elle s'était réveillé un beau jour – quoique qu'il n'y ai jamais réellement eu de jour ou de nuit dans la pénombre perpétuelle du réacteur – avait rassemblé les quelques affaires qu'elle possédait avant de se faufiler entre les gardes.[/i]
[i]Peut-être était-ce leur expression de commisération, lorsqu'elle était passée devant eux, qui avait alors achevé de la convaincre qu'elle avait prit la bonne décision.[/i]
[i]Elle avait pénétré dans l'Au-delà.[/i]
[i]Le terme était synonyme de mort. Au-delà des portes, il n'y avait rien. Il ne pouvait rien y avoir d'autre que les ténèbres sans fin.[/i]
[i]Parfois des hommes en sortait mais... ce n'était que l'une des deux manières de venir à la vie, n'est-ce pas ? On naissait ou on venait du néant.[/i]
[i]À moitié fou, ils parlaient de ce qu'il y avait dans l'au-delà. Ca tenait de la mythologie. C'était beau, ça faisait rêver et c'était là la promesse de ce qui attendait le matelot après une dure vie de labeur à entretenir le réacteur.[/i]
[i]Mais y entrer volontairement tenait de la folie ou du désespoir. Et finir dévoré était le seul destin qui attendait ceux qui le faisaient. [/i]
[i]Alors que la faible lumière de la caverne de métal disparaissait au détour d'un couloir, elle s'était demandée si elle avait fait le bon choix.[/i]
[i]Mais après tout, à quoi bon revenir en arrière.[/i]

Lux grogna.
Elle avait certes commencé sa vie dans les ténèbres d'une cale noire mais que l'Omnimessie la damne si elle finissait de la même manière.
Elle avait erré dans les coursives du Space Hulk à la recherche de ses deux compagnons.
Elle doutait que ceux-ci puissent soucier un tant soit peu de son sort. Leur objectif passait avant toute autre préoccupation.
Elle avait gardé un temps l'espoir de les retrouver au détour d'un couloir, prêts à lui demander où elle avait bien pu passer.
Imaginer leur visage arborer un air inquiet lui arracha un sourire. Il y avait peu de chance qu'une telle expression ait un jour figuré dans leur manuel.
Elle pouvait toujours se consoler en se disant qu'elle n'était pas vraiment seule...
À force de contorsion, elle finit par réussir à regarder derrière elle, en direction de la petite forme silencieuse qui ne la quittait pas.
« Franchement, ce coup-ci, je sais vraiment pas comment on va s'en sortir. »
Seul le silence lui répondit. À moins que l'on puisse considérer le léger vrombissement d'une propulsion anti-grav comme une réponse valable.
La forme s'approcha d'elle et passa dans le pinceau lumineux de sa torche.
C'était un servo-crane de bonne facture. Une série de petits manipulateurs mécaniques pendaient de part et d'autre de sa mâchoire ; laquelle était encombrée d'une sorte d'émetteur vox.
Quelqu'un avait riveté avec grand soin sur son front une petite plaque de bronze ternie sur laquelle était gravé en lettres tarabiscotées un nom : "[i]Taliah[/i]".
Ses optiques renvoyèrent un instant l'éclat de la lampe de Lux.
« Si t'as une idée, je suis preneuse, poursuivit la gamine. »
Il y avait peu de chance que le serviteur soit capable d'une réelle pensée personnelle et encore moins qu'il puisse la lui transmettre mais penser que Taliah était autre chose qu'un simple drone lui remontait le moral.
Une denrée dont elle avait grand besoin à cette heure.
L'autre option consistait à s'apitoyer sur son sort ce qui, à bien y réfléchir, ne l'aiderait probablement pas à se sortir ni du Hulk ni du boyau.
« Allez, hauts les cœurs, fit-elle à l'adresse du crane flottant. On continue. Les deux grands cons risquent d'être complètement paumés sans nous. »
Souriant à cette idée, elle poursuivit sa reptation jusqu'à arriver devant une grille.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

« Maître Garett, auriez-vous l'obligeance d'arrêter de... Oh ! Et puis zut ! Cessez de faire l'andouille, espèce d'Astropathe à la manque, et remettez les pieds sur terre ! Immédiatement !
- Bah, j'aimerais bien patronne. Sincèrement. Mais de mon point de vue, c'est vous qu'êtes au plafond. »
Tous contemplaient un Astropathe Garett à quatre pattes, la tête en bas.
En suivant la coursive par lesquels ils avaient pénétré dans le Space Hulk, le petit groupe était arrivé à un élément d'un bâtiment qui avait dû, à une lointaine époque, s'agglomérer avec le premier... disons à l'envers.
C'était un petit couloir d'une dizaine de mètres de long. L'autre extrémité donnait sur une ouverture qui semblait avoir été grossièrement pratiquée dans un mur.
Les dalles gravitiques étaient toujours en état de marche ici aussi mais occupaient ce qui tenait lieu – vu de l'extérieur en tous cas – de plafond.
Un fois le seuil franchi, évidemment, c'était une autre histoire...
Le psyker s'avisa un peu tard qu'un sol lumineux sous une surface sombre aurait dû lui mettre la puce à l'oreille.
Derrière Alerith, Alahan soupira.
« Voilà pourquoi garder activées vos semelles magnétiques n'était pas une option, dit-il, consterné.
- En attendant, j'ai une chouette vue d'ici. Z'étiez au courant patronne que vous commencez à avoir des cheveux blancs au sommet du crane ?
- À qui la faute, je vous le demande ? »
Alerith jeta un regard venimeux à son Astropathe avant d'engager prudemment un pied dans le couloir.
Sa semelle adhéra à la surface dans un claquement métallique.
Quelque part en dessous d'elle, un grondement sourd se fit entendre. Elle se figea.
« Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-elle.
- Il est très probable que l'assemblage de vaisseau ne soit pas parfaitement stable, la renseigna le Space Marine. »
Il reprit le petit appareil à sa ceinture et lui fit décrire un lent arc de cercle, bras tendu.
Des fragments de parois apparaissaient sur l'écran du petit augure au rythme des battements du cœur de l'esprit de la machine.
« Les cloisons sont mince mais il m'est difficile de percevoir ce qu'il y a au delà. Il semble que cette section ne repose sur rien. Je recommande que nous la passions un par un. Surtout Bob et moi. »
Il rangea l'auspex et contempla l'autre bout du couloir, au loin.
« Je me demande qui a bien pu pratiquer cette ouverture.
- Les occupants du Thunderhawk ? proposa Alerith, sans certitude.
- Peut-être, admit-il pensivement. Mais des Astartes auraient certainement fait un travail plus soigné. Garett pouvez-vous avancer jusqu'au bout, s'il vous plaît ? Le Capitaine, Mégane puis Bob suivront. Je fermerai la marche. »
Pour une fois, l'Astropathe s'exécuta sans faire de remarque.[center]
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Adossée au mur, sous la bouche d'aération qu'elle avait dévissé quelques temps plus tôt ; Lux mâchait sans conviction un morceau de barre énergétique à la lueur de sa tige lumineuse.
Les quelques provisions qui traînaient habituellement au fond de sa besace ne dureraient pas éternellement, elle le savait.
Taliah était posée sur ses genoux. Machinalement, elle gratta l'os blanchi du servo-crane tout en parcourant la pièce du regard.
En son centre trônait une dalle hololithique poussiéreuse. Elle connaissait ce type d'appareil. Il devait être relié à quelque système d'augures externes qui avaient, depuis longtemps, été absorbées par les coques des navires enchevêtrés.
De toute façon, il n'y avait aucune source d'énergie digne de ce nom à l'entour. Les plafonniers étaient éteints et les batteries de secours étaient vides depuis longtemps.
Sa mécadendrite balayait la pièce du faisceau de sa lampe. Ses yeux suivaient le mouvement du regard parce que c'était toujours mieux que de mâchonner en fixant les ténèbres.
Des pupitres de cogitation éteints ; des terminaux vox ; d'innombrables câblages de tailles et de couleurs diverses... Il n'y avait... pas... de... quoi...
Ses pensées s'interrompirent soudainement. Bien sûr que si, il y avait de quoi !
Les terminaux ne disposaient certes pas d'alimentation mais le reste de l'épave qu'elle avait exploré, si !
Il lui serait difficile de tirer un câble jusqu'ici. En revanche, elle avait tout ce dont un récupérateur des cales noires pouvait rêver pour produire sa propre électricité.
Le résultat était peut-être hasardeux mais, après tout, elle n'avait rien de mieux à faire.
Elle se leva d'un bond, dérangeant Taliah qui s'envola dans un vrombissement de répulseur.
Elle remit sa barre nutritive à moitié entamée dans son sac avant d'y saisir en tâtonnant un petit tournevis.
Les chants liturgiques du Mechanicus avaient avant tout un but pratique. Il s'agissait d'aide-mémoires sacrés destinés à assurer le fonctionnement de machines complexes, générations après générations.
Il y en existait d'autres, plus profanes.
Ils auraient presque pu être hérétiques, s'ils n'avaient concerné les lois les plus basiques de l'Omnimessie.
Il s'agissait essentiellement de comptines que les récupérateurs chantaient à leurs enfants mais elles contenaient, à leur manière, une part du message du Dieu-machine.
« [i]Il tourne le rotor[/i], chantonna-t-elle en dévissant la grille d'un dispositif vox.
[i]Mais fixe est le stator[/i]
[i]Il fait sa ronde gaillardement.[/i]
[i]Et le cuivre l'aimant.[/i]
[i]Ainsi est le truisme[/i]
[i]De l'électromagnétisme.[/i] »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

« Le demi-heure est passée, annonça Alerith en jetant un coup d'œil à l'horologium fixé au poignet de sa combinaison. Nous devrions remonter.
- Déjà ? demanda Bob, visiblement déçu. Bah, on a encore croisé personne.
- Ca n'était pas vraiment le but, je vous le rappelle, répondit le Capitaine.»
Intérieurement, elle ne put s'empêcher d'être soulagée. Comme beaucoup de membres d'équipage des navires interstellaires de l'Imperium, elle avait entendu des histoires de Xenos affamés hantant les coursives des Space Hulk.
Jusque là, l'épave géante ne leur avait rien offert de plus dangereux qu'une pesanteur fluctuante. Bon gré mal gré, ils avaient parcouru près de trois kilomètres de couloirs déserts, selon les estimations de l'Archiviste. L'auspex de ce dernier n'avait jamais fait état d'autres formes de vie qu'eux-même.
Quoique... Le gargouillement du ventre de l'Ork lui apprit qu'il y avait au moins un Xenos affamé dans les environs, même si celui-ci ne représentait pas réellement un danger de ce côté-là.
« Je suis certaine que vous apprécierez plus un combat après un bon repas, reprit-elle avec un léger sourire.
- Ah ! Z'êtes perd-pisse... perd-puisse... super... 'achement maligne, cap'taine.
- C'est mon rôle. Maintenant, en route. J'aimerais savoir si les recherches de notre Navigator ont été plus fructueuse. »
Derrière elle, l'Astropathe émit un petit rire félon qu'elle ignora.
« J'veux bien bouffer mon chapeau s'il est pas en train de ronquer dans un coin, fit-il.
- Ah ! Bah, chuis preneur si tu l'termines pas. »
Alerith préféra ne pas relever le dialogue imbécile et se tourna vers Alahan.
« Mon Seigneur, pourriez-vous ouvrir la marche, je vous prie ? »
Le Space Marine acquiesça d'un signe de tête avant de tourner quelques molettes de son auspex. Le chemin parcouru s'affichait clairement. Évidemment, il ne signalait pas l'emplacement des dalles gravitiques mais, désormais, ils savaient à quoi s'en tenir.
Il prit la tête du groupe et entreprit de les ramener vers la sortie.[center]
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Sa petite lampe torche coincée entre les dents, Lux s'essuya le front d'un revers de manche écarlate et s'autorisa un instant de répit pour contempler avec satisfaction son œuvre.
Elle avait débité l'aimant d'un amplificateur vox avant de le monter autour de la bobine de cuivre de ce dernier ; disposant les morceaux magnétisés sur une partie mobile bricolée dont la-dite bobine formait l'axe.
L'ensemble formait une petite dynamo de fortune, qui – elle l'espérait – suffirait à alimenter le cogitateur de l'hololithe.
Comme dit précédemment, les prières à l'Omnimessie tenaient plus du pense-bête sacré que de la requête adressée à la divinité des machines.
Il vint à l'esprit de la jeune fille qu'une telle intention devait, quelque part, relever de l'hérésie dans une religion glorifiant une logique toute mécanique.
Les machines marchaient ou non. Et si elles ne fonctionnaient pas, c'était certainement parce que l'on avait pas appliqué rigoureusement la liturgie. Dans de tels cas, il ne devait pas y avoir de miséricorde possible.
Mais il y avait probablement quelqu'un d'autre vers qui se tourner...
Elle se mit à genoux, sa dynamo dans une main. L'autre tenait la manivelle qu'elle avait fixé sur le côté.
Puis elle leva les yeux au plafond avec espoir.
« Euh... Empereur-dieu de l'humanité, tenta-t-elle à voix haute. Si ça fonctionne, je vous promet de ne plus oublier de me raser le crane pour ne pas recouvrir mes électro-tatouages. »
Hum... Ca ne resterait probablement pas dans les mémoires comme la promesse la plus fameuse à adresser à un dieu mais ça devrait faire l'affaire. Elle n'avait pas grand chose d'autre à offrir.
Inspirant profondément, elle commença à tourner la petite manivelle.
Pendant quelques minutes, rien ne se passa.
Puis une diode rouge s'alluma devant elle, suivit d'une autre. Dans un léger vrombissement de ventilateur, accompagné d'une lueur verte provenant de sa surface, la dalle hololithique revint à la vie.
Elle laissa échapper un cri de joie avant de se redresser sans cesser de mouliner.
Au-dessus de la dalle s'éleva l'hologramme d'un cube bleu parcouru de signes blancs.
Oublieuse de sa ferveur récente, elle siffla un juron entre ses dents.
Un jour – des dizaines de millénaires plus tôt – quelqu'un avait décidé que cette couleur bleu, accompagnée de son texte blanc, serait un symbole de terreur pour tous les cogitomanciens de la galaxie.
Et pour résoudre ce problème, il n'y avait guère qu'une solution...
Elle fixa d'un air dépité le pavé de commande en face d'elle.
« Taliah ? Viens ici, ma belle, dit-elle au servo-crane resté en retrait. Je veux que tu appuies sur cette touche à mon signal. »
Elle lui désigna de sa dendrite l'endroit voulu puis, toujours sans cesser de tourner la manivelle, se pencha jusqu'à poser son nez vers le milieu du pavé. Le tentacule augmentique alla se positionner à droite de sa tête.
« Vas-y, ordonna-t-elle en baissant la tête. »
Trois touches furent enfoncées et l'écran bleu devint noir, avant qu'une autre série d'informations n'apparaissent.
Avec soulagement, elle constata que les auspex de coques étaient toujours reliés à la dalle.
« Alors, dit-elle en commençant à pianoter du bout de sa mécadendrite. Nous voulons un augure de très courte portée... Structures inertes et... êtres vivants... »
Ses instructions données, elle appuya sur la commande qui ordonnait aux esprits de la machine de porter ses volonté aux augures.
À des centaines de mètres d'elle, les antiques auspex reprirent soudain du service...[center]
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Loin de là, Alahan vit son auspex personnel s'affoler soudain. Il écarquilla les yeux avant de se tourner vers ses compagnons.
La bibliothèque mentale qui renfermait tous ses conditionnements de Space Marine lui envoya une fiche.
« Forte activité électrique détectée ! hurla-t-il. Couchez-vous ! »[center]
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Les auspex de coque étaient de formidables machines, conçues pour envoyer de multiples signaux sur de nombreuses fréquences dans le vide spatial et pour capter leurs échos en retour.
La plupart de ces signaux n'avaient absolument pas été prévus pour être émis dans une quelconque atmosphère et encore moins au milieu d'un assemblage branlant d'épaves disparates.
Ils rebondissaient joyeusement contre les parois et traversaient l'espace entre les coques en une sorte de lame de fond radio.
En réalité, les fréquences émises n'étaient pas directement perceptibles par les humains. Néanmoins, pour les besoins de la narration, il était possible d'envisager le phénomène sous la forme de larges arcs de cercle d'énergie bleutée filant à tout allure ; accompagnées d'un son rappelant fortement celui d'une corne de brume en fer-blanc.

[i]WHOOOOOOMMMB[/i]

À la surface, AURA – jusque là occupée à surveiller le Navigator endormi – perçu l'émission.
Eut-elle possédé un sourcil à hausser d'intérêt qu'elle ne s'en serait pas privée.
Elle doutait fortement que la petite bande qui occupait son bord depuis quelques temps ait quoi que ce soit à voir avec l'événement.
Il devait donc y avoir quelqu'un d'autre capable de maîtriser la technologie humaine.
C'était presque un soulagement d'arriver à cette conclusion.
Elle avait été bien ennuyée de devoir répondre à l'appel de détresse. Le R97 possédait toute une série de circuits logiques et de réponses préprogrammées que même elle ne pouvait outrepasser. L'eut-elle réellement souhaité.
Non qu'elle puisse prendre un quelconque plaisir à abandonner gratuitement des naufragés spatiaux à leur sort mais elle aurait préféré au préalable étudier plus avant son nouvel équipage.

Loin sous elle, deux ombres, plongées dans les ténèbres d'une section privée d'énergie, s'entre-regardèrent.
« Entends-tu ces grondements, au loin ? demanda l'un.
- Oui, répondit l'autre. Et mes augures sont fortement perturbés. C'est comme si des milliers d'esprits de la machine avaient crié de terreur tous ensemble avant de se taire à jamais. »
Une idée leur vint en même temps.
« Lux ! s'exclamèrent-ils simultanément. »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Alerith se remit debout en s'aidant de la cloison. Un écho de larsen finissait de siffler dans son casque.
Le petit groupe avait été jeté à terre. Non pas par la perturbation elle-même mais en raison des violentes secousses qui l'avaient suivie.
Elle pouvait encore entendre de lourds grincements de métal dans le lointain.
« Qu'est-ce que c'était que ça ? demanda-t-elle. »
Elle avait l'impression que le monde tanguait et tournait autour d'elle. De petits éclats lumineux virevoltaient dans son champ de vision instable.
« Euh... Patronne...
- Pour l'amour de l'Empereur, pas maintenant, Garett. »
Toujours debout, elle s'adossa au mur et tenta de faire le point sur ses compagnons.
« Nan mais, pour une fois, j'ai quelque chose de sérieux à vous dire.
- Bon, que voulez-vous ? soupira-t-elle. »
Elle sentait ses jambes s'affaiblir et commença à glisser le long de la paroi.
La sœur Mégane et l'Astropathe se précipitèrent vers elle pour la rattraper et accompagner sa descente.
Du coin de l'œil, elle voyait ce dernier s'affairer à la base de son cou.
« Mais qu'est-ce que vous fichez, bon sang !
- Je vous en prie, fit la sœur. Essayez de ne pas bouger. »
Garett réussit à lui enlever son casque et elle eu l'impression que sa vision devenait plus nette. Les étoiles étaient toujours là mais, alors que le masque transparent lui était ôté, elle y vit les fissures qui dessinaient un fin réseau blanc.
Elle leva une main gantée à son front et la ramena, rouge et poisseuse, devant ses yeux.
« Le choc a brisé votre visière, Capitaine, j'en ai peur, annonça doucement Mégane, la voix légèrement étouffée par le dispositif vox de son armure. »
Elle lui maintenait doucement le menton d'une main tout en ôtant son propre heaume de l'autre.
Atmosphère éventuellement viciée ou non, elle avait besoin de visibilité pour travailler.
« Laissez-moi le temps d'extraire les morceaux, poursuivit-elle.
- Des morceaux ?
- Ne vous inquiétez pas, la plaie n'est pas très profonde. Pouvez-vous me tenir ceci, maître Garett ? ajouta-t-elle en tendant à l'Astropathe le petit flacon qu'elle venait d'extraire de sa ceinture. »
- Z'êtes quand même pas bien solides, les humains, fit observer Bob en se penchant d'un air plus curieux qu'inquiet.
- Bah, t'en fais pas, fit l'Astropathe avec un grand sourire. Elle a probablement la tête plus dure que toi.
- Venant de vous, je ne suis pas certaine que ce soit réellement un compliment. »
Il haussa les épaules.
« C'était pas spécialement une insulte, non plus. Allez patronne, souriez. On mettra ça dans la liste des blessures de guerre pour la lettre de marque. »
Alerith soupira. C'était probablement ce qu'il pouvait produire de mieux comme paroles rassurantes.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Lux considéra un long moment la dalle, désormais craquelée, qui venait de s'éteindre et jura.
Les vibrations extérieures s'étaient répercutées jusqu'ici, transmises par les superstructures mélangées. L'hololithe n'avait pas supporté le choc. Elle n'avait pu voir qu'une sphère translucide apparaître un trop court instant dans les airs avant de se dissiper dans un crépitement électrique.
Elle avait à peine eu le temps d'estimer sa position parmi les quelques points qui piquetaient l'intérieur de la forme et signalaient des formes de vie.
Elle se tourna vers Taliah. Son visage s'illumina en voyant le servo-crane aux optiques rougeoyantes.
« Est-ce que tu pourrais m'afficher une image de la dalle il y a trente seconde, s'il te plaît ? »
Le gargouillis électronique du petit cogitateur embarqué du drone lui parvint. Puis un halo blanchâtre se forma entre elles.
L'image de la dalle hololithique se forma.
Oui ! Elle pouvait reconnaître la forme du Space Hulk au dessus du petit émetteur intangible.
Déchiffrer la représentation holographique d'une autre représentation holographique n'était pas chose aisée. L'image avait perdu beaucoup en qualité.
Elle pu néanmoins retrouver le point qu'elle avait précédemment estimé être sa position. Il y en avait d'autres non loin.
« Garde cette image précieusement en mémoire, dit-elle. Nous allons rejoindre cet endroit. »
Elle montra du doigt un petit point vert. Sa taille désignait un petit groupe. Il lui était difficile d'estimer précisément sa taille à cette échelle.
La porte de la pièce où elle se trouvait refusait obstinément de s'ouvrir. Il allait falloir repasser par ce maudit conduit de ventilation et trouver un autre chemin pour y accéder. Et rapidement avant que le groupe ne se soit déplacé.
Elle espérait simplement qu'il s'agissait de Harshem et de Djamshid.
Ou peut-être d'autres naufragés.
Dans le cas contraire...
Un souvenir fugace de la remontée de sa cale noire natale traversa ses pensées.
Elle saisit sa besace et la lança dans la bouche d'aération.
Au moins avait-elle de l'expérience dans la fuite face aux créatures monstrueuses.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Alerith soignée, ses compagnons et elle-même avaient repris leur marche en direction de la sortie.
Beaucoup des couloirs précédemment empruntés avaient vu leurs plafonniers sauter suite à la secousse.
Aux rares îlots de chiche lumière aux rythmes stroboscopiques, succédaient des passages plongés dans le noir le plus total.
Alahan ouvrait la marche, les yeux rivés sur son auspex. Le chemin qu'ils avaient emprunté apparaissait clairement. Parfois, au rythme des balayages de l'augure, des morceaux précédemment tracés à l'aller se modifiaient. Ce qui n'était pas fait pour le rassurer.
De loin en loin, des grondements se faisaient entendre, accompagnés de vibrations, témoins de répliques du tremblement initial.
« Avec un peu d'chance, le tremblement aura désactivé ce qui nous a attiré ici, fit Garett, une note d'espoir dans la voix.
- Vous y croyez réellement ? demanda Alerith.»
L'Astropathe haussa les épaules.
Ils finirent par arriver à la section précédant le corridor circulaire qui menait à l'épave du Thunderhawk.
« Bien, intervint le Space Marine. Souvenez-vous – surtout vous, maître Garett – qu'ici la gravité est inversée. La section ne semble pas avoir bougée. »
Alerith enjamba prudemment l'ouverture grossièrement pratiquée. La structure avait l'air de tenir, quoiqu'elle sentait un léger tremblement à chacun de ses pas.
Elle fut rapidement suivie de Mégane et d'Alahan.
Lorsque Bob s'engagea, l'écho sourd d'un frottement de métal contre métal répondit à son premier pas.
« J'le sens vraiment pas, fit-il. »
Garett considéra l'Ork engoncé dans son épaisse armure de bronze.
« Alahan est passé, ça doit bien pouvoir supporter ton poids.
- Ouais, 'fin les Orks sont pas fait pour bouger comme des danseuses.
- Avance, gros trouillard, qu'on y passe pas la nuit.
- T'sais... Parfois j'me dis que tu sais pas à quel point t'as de la chance que j't'aime bien. T'es gaulé comme un snot' et ça t'empêche pourtant pas de la ramener.
- 'rrête donc de temporiser. T'y vas un pas après l'autre et tu penses au repas qu'on se fera une fois au R97.
- Ah... J'viens d'me souvenir pourquoi j't'aimais bien. »
L'Ork progressa plus lentement que les trois premiers. La section frémit lorsqu'il sauta le dernier mètre, se rétablissant tant bien que mal en franchissant la soudaine inversion de pesanteur.
Vint le tour de l'Astropathe.
Marcher sur un plafond lui était particulièrement inconfortable.
Son corps entier lui soufflait qu'il allait tomber d'un moment à l'autre
Il regretta un instant ne plus avoir de réelle vision pour tromper ses autres sens. L'œil mental qu'il utilisait depuis tant d'années ne s'embarrassait pas d'illusion. Il était suspendu la tête en bas et, en étendant un peu sa perception au delà de la paroi, il pouvait sentir le vide noir et insondable sous ses pieds.
Pour la première fois depuis bien longtemps, il ferma son esprit, plongeant dans la cécité la plus totale.
Tenant son chapeau fermement plaqué contre son crane d'une main, il tendit l'autre pour avancer à l'aveuglette.
« Mais qu'est-ce que vous fichez, bon sang ! appela Alerith.
- C'était plus facile lorsque j'marchais sur le plafond, tout-à-l'heure, je vous l'assure. »
Il devait avoir parcouru plus de la moitié du chemin, selon son estimation personnelle, lorsque l'écho d'un réplique retentit, immédiatement suivie de la secousse qui l'avait provoquée.
Garett se figea.
« J'en ai marre de ces conneries ! Mais j'en ai marre, murmura-t-il. »
Le calme revenu, il expira profondément avant de reprendre sa lente progression.
Son pas s'accompagna d'une plainte stridente et d'une brusque impression d'inclinaison.
« Ne bougez plus ! hurla son Capitaine. »
Instinctivement, sa seconde vue revint.
Devant lui se trouvaient les pieds – à l'envers – de ses compagnons. Surmontés d'un mur d'acier.
Le bout de la coursive s'était affaissé en direction du centre du Space Hulk, réduisant son seuil à une ouverture à peine assez haute pour y passer sa tête.
L'Astropathe déglutit lorsque l'image d'une guillotine lui traversa l'esprit.
Il entendit les bribes d'un conciliabule de l'autre côté.
Le visage d'Alerith finit par apparaître dans l'encadrement.
« Vous allez bien ? Qu'y a-t-il en dessous ?
- Au dessus, vous voulez dire ! Un mur ! »
Il tourna lentement la tête en entendant un grincement derrière lui.
« Je sens que tout le morceau va lâcher ! »
Une ombre d'inquiétude passa sur le visage d'Alerith, rapidement chassée par un froncement de sourcils.
« Pas de problème, dit-elle d'une voix ferme. Revenez simplement sur vos pas. Tranquillement.
- Et ensuite ?
- Ce couloir n'est qu'une sorte de tube. Nous le ferons tomber complètement avant de vous envoyer un filin pour vous refaire traverser.
- Dis comme ça, ça semble simple.
- Ca l'est ! Ne pensez pas et faites-le ! »
L'Astropathe s'exécuta lentement.
Il se demandait comment un morceau de tube s'était retrouvé coincé de manière à relier les deux coursives.
Peut-être avait-il été mis en place par d'anciens occupants des lieux ? Peut-être même était-ce eux qui avaient pratiqué l'ouverture dans la cloison ?
Étaient-ce des naufragés ? Ils devaient en tous cas être assez nombreux pour déplacer un morceau de cette taille.
Mais pourquoi, dans ce cas, l'avaient-ils placé à l'envers ?
Son esprit vagabondait d'une question futile à une autre au fil de sa lente progression, faisant tout pour ignorer les grincements de plus en plus insistants de la structure.
Il était presque arrivé à destination lorsqu'une nouvelle secousse se propagea.
Il vit un autre mur de fer apparaître au dessus de ce seuil-ci.
Il prit son élan et tenta de courir...
Pour choir violemment sur le sol, le souffle coupé.
Tout à son objectif, il en avait oublié qu'il ne tenait au plafond que par ses semelles magnétiques.
Le choc de sa chute acheva de désolidariser la section.
« Et merde... » souffla-t-il en voyant la sortie monter, hors d'atteinte.
Une petite voix lui souffla qu'il aurait pu choisir autre chose comme dernières paroles.

Alerith, les yeux écarquillés d'horreur, vit le morceau de tube glisser lentement entre les parois, révélant le morceau de coque du vaisseau qu'il servait à relier.
La section disparut dans les ténèbres.
Au crissement se mêla bientôt des bruits des chocs métalliques.
Le Mekano Ork la rejoignit et jeta un regard dans le vide.
« Boh... Y tombait pô à dix Newton, l'bordel.» fit-il d'un ton badin.
Elle tourna vers lui un visage où le choc le disputait à la fureur envers la remarque déplacée de l'Ork.
« Pardon ?!
- Bah ouais, reprit-il. T'niquement, il devrait tomber beaucoup plus vite. »
La bouche du Capitaine forma un magnifique "O" lorsque les paroles de l'Ork firent remonter de vieux cours de la Schola, entraînant dans leur sillage le souvenir du type d'endroit où ils se trouvaient.
Elle partit dans un grand éclat de rire.
« Bob ! Vous êtes un génie !
- Ben, je l'sais bien, répondit l'intéressé en haussant les épaules. Euh... Pourquoi ? »
Alerith s'essuya les yeux entre deux accès d'hilarité nerveuse.
Comme évoqué précédemment, un Space Hulk n'avait pas la masse suffisante pour générer une pesanteur digne de Terra.
À force de passer sa vie sur les dalles gravitiques de navires stellaires, elle en avait oublié que celle-ci était totalement artificielle et, livrés à eux même, les morceaux du Hulk n'avaient aucune raison de tomber à dix mètres par seconde !
Et son Astropathe avait toutes les chances d'effectuer un atterrissage en douceur... Quelque part... Loin en dessous...
Oh merde ! Elle n'allait tout de même pas laisser quelques vagues considérations techniques lui gâcher son regain d'espoir !
Elle entendit un faible grésillement provenir du casque abîmé qu'elle portait à la ceinture.
Elle le saisit et se le cala sur le crane, grimaçant de douleur lorsqu'il heurta sa blessure pansée par Mégane.
« En haut, d'en bas, faisait la voix faible de Garett. Vous me recevez ?
- Faible mais clair, répondit-elle euphorique. Vous allez bien ?
- Super. Je vous manque pas trop ? »
Alerith soupira. Elle en avait également oublié le caractère habituel du bonhomme.
« Je voulais dire : "Dans quel état êtes-vous ?"
- Bah... Actuellement, je dirais l'état d'grâce. J'en viendrais presque à croire en la toute-puissance du Golden Boy Céleste ! »
Elle leva les yeux au plafond.
Bon sang, cet animal ne ratait jamais une occasion de blasphémer !
« Nous allons vous tirer de là. »
Le silence lui répondit.
« Garett ?
- Pas de soucis, patronne. D'ici, j'ai une écoutille d'entretien vers l'épave où vous êtes et je sens votre présence. J'dois être pas plus de quatre ponts en dessous.
- Restez où vous êtes. Nous allons vous rejoindre.
- Négatif, patronne.
- Je vous demande pardon ? »
Un soupire lui répondit.
« Écoutez, regagnez le R97 si vous le pouvez. Votre boulot c'est de regagner le fief Oquida, pas de risquer bêtement votre peau pour l'Astropathe du bord. Allez-y, faites le point sur la situation et revenez le cas échéant.
- Vous êtes quand même une sacré tête de mule.
- Pas tant qu'vous, patronne. »
Alerith fronça les sourcils.
« Alors là, croyez-moi qu'on reparlera de cette remarque ! »
Elle aurait parié ses galons que l'homme affichait en ce moment même un sourire des plus idiots.
« Mais j'y compte bien. Garett, terminé. »
La voix de l'Astropathe disparut dans un bruissement de statique.
« Allez, se résigna-t-elle. Nous ne sommes plus très loin de la sortie. »
Avant de se remettre en marche, elle loucha sur la fissure de son casque.
« Bob ? Avez-vous quelque chose pour me réparer ça ? Au moins le temps de notre sortie dans l'espace.
- Pas de soucis, cap'taine. »
L'Ork exhiba un gros rouleau d'adhésif gris.
« Euh... commença son Capitaine. Vous n'avez rien de plus solide ? Un sceau d'urgence, par exemple ?
- Z'inquiétez pô. C'est d'la bande de soudure. Fabrication impériale. Ca marche du tonnerre et c't'étanche.
- En êtes-vous vraiment certain ?
- Oh ouais ! »
Il s'approcha d'elle, arracha un large morceau de ruban d'un coup de crocs et entreprit de colmater la brèche.
« C'est l'Béhaba du Mékano. On s'en sert dès qu'on peut met' la pogne dessus et vous imaginez même pas tout ce qu'Ork malin peut faire tenir avec.
- Si vous le dites. »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

« Nous ne sommes plus très loin, annonça Lux. »
La projection holographique affichée par Taliah flottait à ses côté, avançant au rythme de la progression du servo-crane.
La petite Récupératrice finit par s'arrêter devant une porte.
« Juste là. »
Grognant sous l'effort, elle en tourna le volant grippé qui la bloquait.
Le panneau de métal s'ouvrit en grinçant, révélant l'entrée d'une pièce plongée dans le noir.
Elle balaya la salle de sa torche. Au milieu des ténèbres, le pinceau de lumière renvoya les contours d'une forme brune.
Un froissement soyeux se fit entendre, accompagné d'un sifflement animal.
A quelques mètres d'elle, Lux vit deux points jaunes s'allumer dans l'obscurité.
Instinctivement, elle baissa sa lampe et fit un pas en arrière.
Le froissement se fit de nouveau entendre, accompagné cette fois-ci d'un faible raclement métallique.
Elle leva de nouveau sa torche en direction de l'éclat jaune, révélant un fin museau poilu, surmonté d'un grossier assemblage de métal.
Le museau siffla derechef. Les deux petites lumières, figurant les yeux de l'augmentique, s'éteignirent et se rallumèrent rapidement ; donnant l'impression que la créature, à qui elles appartenaient, clignait des yeux.
La petite Récupératrice se figea.
L'être avança maladroitement. Il donnait l'impression d'être ankylosé.
Lux sentit Taliah qui la poussait au creux des reins, la ramenant à la réalité.
« Euh... tenta-t-elle. »
Bon... Il lui apparaissait clairement, désormais, qu'il ne s'agissait pas des deux frères...
Le Xenos leva lentement une patte pour tenter de la saisir.
La vue du membre griffu acheva de la tirer de sa torpeur.
Elle recula de quelque pas, saisit le servo-crane sous son bras et fit volte-face.
« J'ai la citation d'un célèbre psyker sur le bout des lèvres, là... Que disait-il déjà ? »
Avant de partir à fond de train...

Alors que Lux remontait la coursive à toute vitesse, sa robe rouge élimée battant contre ses chevilles, des bouts de contes pour enfant lui revenaient en mémoire.
Elle connaissait ce Xenos, non ?
Enfin pas celui-ci personnellement mais elle avait entendu des histoires au sujet des créatures qui hantaient les épaves des navires stellaires.
Comment s'appelaient-elles déjà ?
Derrière elle, un rugissement lui apprit que la créature avait finit se s'éveiller et qu'elle était de très mauvaise humeur...
Une série de ululements s'éleva bientôt jusqu'à emplir le couloir.
… et qu'elle n'était pas seule.
Et merde ![center]
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À quelque distance de là, Garett entendit la clameur.
Vérifiant les barillets de ses revolvers, il soupira.
« Explorer un Space Hulk... Tu parles d'une idée de grot. »
Il remit les armes dans leurs holsters en maugréant.
Il ne tenait pas particulièrement à rencontrer les Xenos qui l'avaient émise.
Il avait déjà eu affaire avec ces saloperies...
Nombreux et vindicatif... Quel était leur nom, déjà ?
En tous cas, mieux valait ne pas rester immobile.
Prenant son élan, il étendit sa perception.
Il voyait les ombres des esprits des créatures tout autour ainsi que, plus loin devant, l'éclat falot d'une âme humaine.
« L'imbécile ! pensa-t-il en s'engageant dans une coursive perpendiculaire à celle qu'il avait emprunté jusque là. »
L'interjection s'adressait autant à lui-même qu'à l'être humain dont il entrevoyait l'esprit au loin.
Ce dernier avait dû exciter les Xenos et il se demanda un instant pourquoi il courait dans sa direction au lieu de profiter de ses talents de psyker pour fuir en sécurité.
« Probablement parce que je suis une sorte de putain de héros ? ironisa-t-il a voix haute. »
Une forme noire se laissa tomber du plafond devant lui.
Garett maudit son instant d'inattention. Évidemment ! Ce genre de créature se déplaçait aussi bien dans les conduits d'aération que dans les coursives.
L'être siffla. La clarté vacillante des plafonniers révélaient les contours de sa silhouette trapue. Elle semblait armée. Une queue musculeuse frétillait derrière elle.
Sans ralentir, l'Astropathe dégaina l'une de ses armes et fit feu, atteignant le Xenos là où devait se trouver sa tête.
Alors que la détonation finissait de rouler dans le couloir, il prit son élan et bondit au dessus du cadavre agité de spasmes.
Ces bestioles n'étaient dangereuses qu'en nombre.
Individuellement, elles ne valaient pas grand chose.
D'autres ululement se firent entendre.
Il jura.
« Le soucis, murmura-t-il, résigné, c'est qu'elle ne sont jamais seules. »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Les coursives des vaisseaux morts étaient de formidables caisses de résonance.
Cela marchait aussi bien pour les émissions d'auspex que pour les bruits émis sur des fréquences plus conventionnelles.
D'innombrables créatures, jusque là plongées dans la torpeur d'un long séjour dans l'Immaterium, dressèrent leurs oreilles.

A des dizaines de mètres au dessus de Garett, Alahan perçut le faible grondement de la détonation et s'arrêta brusquement.
« Qu'y a-t-il ? demanda Alerith après qu'elle eut manqué de se cogner dans le paquetage énergétique de l'armure du Space Marine.
- J'ai entendu un coup de feu.
- Garett ?
- Possible... »
Alerith grogna de désapprobation.
« Oh Drusus ! Si je mets la main sur cet Astropathe de malheur, je lui fait réellement avaler son chapeau et ses lunettes.
- Il avait peut-être une bonne raison de tirer, avança l'Archiviste. »
Alerith soupira. Elle ne pouvait décemment pas abandonner l'homme.
« Soit, dit-elle. Trouvons un accès aux pont inférieur.
- Avec tout le respect que je vous dois, Capitaine, je refuse, annonça Alahan. Garett avait raison à votre sujet. Votre place n'est pas ici mais sur le R97.
- Mais il a vraiment un don, ce type ! Même quand il dit quelque chose de sensé, il m'exaspère !
- Bah... Si vous voulez, j'peux aller le chercher, cap'taine, proposa Bob.
- Non !
- 'tendez ! Y's'bat en c'moment et vous voulez que j'reste là ?! »
Le Capitaine considéra un instant son Mekano. Le mélange de frustration et de la tristesse qu'il affichait et qu'on associait plus généralement à un gamin gâté privé de sucrerie était horrible à voir.
Elle inspira profondément.
« J'imagine que je ne peux pas réellement vous le refuser, dit-elle. Très bien, allez me chercher ce crétin.
- Z'êtes la meilleure, cap'taine !
- Ne m'en parlez pas...
- Un instant, intervint Alahan. Il est hors de question que tu y aille seul, tout Ork que tu sois.
- Oh ! Et tu vas m'en empêcher, Marine Boy ?
- Négatif mais tu prends Mégane avec toi. »
Tous le regardèrent, interloqués.
La sœur fut la première à retrouver la parole.
« Pardon ?! fit-elle. Mais... je veux dire... Non ! Enfin... excusez-moi mais...
- Je ramènerai le Capitaine au vaisseau. Il est hors de question que je confie cela à qui que ce soit d'autre. Tout comme nous ne pouvons pas laissez un membre de l'équipage seul sur ce Hulk. Surtout maintenant qu'une menace non identifiée qui s'est révélée.
- Mais je ne suis pas... »
Alahan baissa les yeux sur la jeune sœur larmoyante. Devoir se caler sur "Radio Mégane" pour obtenir quelque chose commencer à mettre à mal son conditionnement d'Astartes.
Il soupira.
«Vous êtes une Sororitas, agissez comme tel ! Nous ne sommes plus sur la passerelle du R97 ! »
Mais cette fois-ci, la sœur Mégane ne se démonta pas. Elle lui lança, à travers ses mèches blanche, un regard tellement chargé de hargne qu'il se surprit à reculer.
« Espèce de... Espèce de Grox gonflés aux hormones ! »
Il la regarda, bouche bée.
« C'est une insulte, ça ? souffla Bob à Alerith, qui, pour toute réponse, haussa les épaules. »
L'un comme l'autre se remémorèrent alors la claque qu'avait administré la Sororitas à l'Archiviste, alors inconscient, sur Jamir.
Ils avaient à ce moment eut la sensation que le caractère habituel de la sœur n'était qu'un vernis qui, parfois, venait à se craqueler.
« Je ne suis PAS une sœur de bataille ! Quand est-ce que vous allez vous rentrer ça dans votre crane épais !? Je suis à peine une novice hospitalière à qui on a donné une armure et un bolter avant de l'exclure de son couvent ! Je suis... je suis... »
Elle tremblait.
« … une sistah maudite que l'vieux cap'taine a sorti du trou où elle était enchaînée ? acheva Bob. »
Cette fois-ci, ce fut à son tour de reculer.
« Bah quoi... C'est Garett qui m'l'a dit, fit-il sur la défensive. »
Alerith se mordit l'intérieur de la joue.
Évidemment, c'était à elle d'intervenir. C'était son rôle, non ?
« Garett n'est qu'un fichu imbécile qui devrait apprendre à tenir sa langue entre deux éclairs de génie, fit-elle. »
Elle prit Mégane par l'épaule et l'attira doucement à l'écart des deux autres. Elle les vit du coin de l'œil s'affaisser de soulagement avant d'échanger un regard.
Foutus crétins, pensa-t-elle.
Elle sentait la lourde épaulière de l'armure énergétique de la sœur trembler sous son gant.
« Regardez-moi, Mégane, ordonna-t-elle gentiment. En ce qui concerne l'Astropathe, je ne peux que vous promettre de lui faire passer un sale quart d'heure à son retour.
- Mais...
- Mais il faut qu'il revienne. Et chaque seconde qui passe... – regardez-moi ! – chaque seconde qui passe le met en danger. Vous serez avec Bob, qui, je vous l'assure, sais faire la part des choses entre son amour du combat et la sécurité de ses coéquipiers. D'autant qu'ainsi vous serez loin d'Alahan pendant quelques temps. »
Ce qui n'est pas plus mal, ajouta-t-elle intérieurement.
« On m'a fait une promesse similaire, il y a quelques semaines, murmura le jeune fille.
- Moi, la seule chose que je puisse vous garantir est qu'aussi longtemps que cette équipage sera soudé, vous ne retournerez pas dans votre cellule. »
Mégane leva les yeux vers son Capitaine, qui lui sourit d'un air encourageant.
« J'avoue que ce n'est très fameux comme promesse, reprit cette dernière. Mais c'est mieux que rien, non ?
- J'imagine...
- Je peux aussi vous promettre d'en coller une de votre part à Alahan, si vous voulez, ajouta Alerith. »
La sœur s'esclaffa nerveusement.
« Non... Je vous remercie, Capitaine.
- À votre aise. Maintenant, venez. Bob et vous avez un Astropathe à sauver. »
À travers ses lourdes semelles, Alerith sentir le sol vibrer légèrement d'une série de coups de feu lointains.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

La créature agonisante émit un cri strident lorsque Garett écrasa sa queue annelée en tentant de l'enjamber.
L'Astropathe l'acheva d'une balle entre les deux oreilles.
Bordel d'Empereur-Dieu ! Il en venait de partout !
Il devait ajuster en permanence sa vision entre son environnement immédiat et la petite tâche lumineuse qui signalait la présence humaine au loin.
L'effort mental fournit commencer à lui donner la migraine.
Les esprits Xenos étaient à peine présent. Ils en étaient restés presque invisible jusque-là ; ne se révélant que par leurs mouvements.
L'un d'entre eux surgit dans son dos et se retrouva avec le canon d'un des revolvers du psyker dans la gueule, son guidon lui effleurant les amygdales.
Garett fit feu.
« J'en ai...
Commença ce dernier en bourrant coups des pied le cadavre soudain privé de tête.
« ...franchement... »
Nouveaux coups de botte.
« ...marre de ces conneries ! Chuis Astropathe, moi ! Merde ! »
Les jours tranquilles à servir sur le [i]Rising Sun[/i] étaient loin, désormais.
Et même sous le soleil de plomb de Jamir, il n'en avait jamais eu autant conscience que maintenant.
Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait dû défendre sa vie.
Sa jeunesse, au côté du Capitaine Oquida, n'avait pas toujours été de tout repos mais, au fil du temps, il en était arrivé à apprécier une vie sans autre activité plus excitante que d'asticoter le second d'alors... à savoir Alerith.
Il sentit d'autres mouvements dans son dos.
L'un des avantages de la perception des Astropathes étaient qu'avec un peu de concentration, ils n'avaient pas à s'embarrasser des contraintes d'un champ de vision binoculaire.
En ce qui les concernaient, ce n'était qu'une habitude qu'il était tout à fait possible d'ignorer avec un peu d'expérience.
Garett savait qu'il n'avait pas l'endurance nécessaire pour courir très longtemps. Néanmoins, il n'avait pas non plus des réserves illimitées de munitions.
Serrant les dents, il déchira légèrement la frontière entre le Warp et le Matérium.
Il avait toujours eu horreur de la sensation que l'exercice produisait lorsqu'il nécessitait un peu d'effort. Ça lui rappelait toujours l'équivalent mental du bruit désagréable que produisait le frottement d'un craie sur un tableau noir.
« Souriez, petits Xenos, murmura-t-il. Et dites "bonjour" à l'Immaterium. »
Il étendit les craquelures invisible de la réalité jusqu'à ce qu'elles effleurent les esprits des créatures qui s'approchaient.
Un concert de couinements de terreur, suivit d'une cavalcade, se fit entendre lorsque leurs faibles volontés furent assaillit de visions induites par la Mer des âmes.
Garett prit le temps de rajuster ses lunettes noires avant de reprendre sa route, plus calmement.
« Eh ! Chuis Astropathe, moi, merde ! »
Son regain de bonne humeur fut de courte durée lorsqu'il s'aperçut que la coursive qu'il empruntait débouchait au bord d'un large puits.
Le gouffre circulaire devait faire une vingtaine de mètres de diamètre. Ses parois étaient percées à intervalles réguliers d'ouvertures semblable à celle où il se tenait. L'une d'entre elle se trouvait face à lui.
Il en apercevait une quelque mètre plus haut et une autre, à égale distance, en dessous.
Le fond restait invisible.
Il leva la tête vers les ténèbres où devaient se trouver le plafond.
« Sincèrement, mec. Je sais bien que j'ne suis pas le plus fervent de tes adorateurs mais ça te tenterait pas de bouger ton gros cul doré pour me filer un coup de main, de temps en temps ? »
Du coin de ses yeux morts, il vit un mouvement dans l'encadrement du passage qui donnait sur le pont supérieur, en vis à vis de lui.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Tête baissée, Lux courait.
L'une des créatures avait tenté de l'agripper à l'épaule droite d'une patte griffue, déchirant sa robe et sa chair.
Elle sentait la brûlure de ses plaies pulser dans son bras alors que l'étoffe rouge s'imbibait de sang.
Les ongles tranchants du Xenos avaient dérapé sur la chape d'acier greffée à sa colonne vertébrale.
Que disaient les vrais technoprêtres à propos de la faiblesse de la chair, déjà ?
Taliah vrombissait à ses côtés de toute la puissance de ses petits répulseurs, cependant qu'elle entendait derrière elle les claquements et les cliquètements des pattes de ses poursuivants.
« Si j'm'en sors je... je... »
Elle avait depuis longtemps épuisé la liste des promesses qu'elle se savait capable de tenir à l'égard de toute divinité bienveillante.
Elle sentait des larmes de terreur lui monter au yeux.
Devant-elle, la coursive tournait à angle droit.
« Vous savez quoi ! ahana-t-elle en passant le coude. Allez vous faire foutre ! »
Avant de s'arrêter lorsqu'elle déboucha sur le même puits que l'Astropathe.
Taliah la percuta et manqua de la faire basculer en avant.
« Okay ! Je retire c'que j'ai dit ! »
Elle apercevait l'ouverture en face ; ainsi que d'autres, au dessus et au dessous. Derrière elle, les bruits de courses se rapprochaient.
Elle pouvait... elle pouvait... en visant bien... non. C'était définitivement trop loin.
Et il était devenu inutile de compter sur une aide céleste quelconque après son précédent blasphème.
Quoique...
« Taliah, murmura-t-elle en saisissant le servo-crane, j'espère que t'es encore en forme. »
Elle recula de quelques pas et vit du coin de l'œil les premières créature arriver.
Puis, prenant son élan, elle s'élança dans le vide. Hurlant sous la douleur lancinante qui se répandait dans son bras droit alors qu'elle s'agrippait des deux mains au petit serviteur.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

A quelques mètres en dessous, Garett haussa les sourcils de surprise en voyant un tas de haillons rouges braillant suspendu à un un servo-crane.
Le système de propulsion de ce dernier rugissait dans un effort insuffisant pour maintenir l'ensemble en l'air.
Il essayait, hébété, de se remémorer l'expression qu'employait Bob pour ce genre de situation, alors que la masse carmine fonçait vers lui.
« Ouate de f'O ... »
Il fut violemment projeté en arrière lorsque Lux le percuta de plein fouet.
Un enchevêtrement de Récupératrice, d'Astropathe et de servo-crane roula dans la coursive.
À demi sonné, Garett dégagea sa tête du tas poisseux écarlate, une bordée de juron aux lèvres.
« Qu'est-ce que... »
Il détailla le visage juvénile de Lux avant de baisser les yeux sur son épaule ouverte. La mécadendrite de la petite Récupératrice lui fouetta le visage dans un spasme.
« Attends... C'est toi que je... Oh ! Tu m'entends, la pisseuse ?! »
Les yeux clos, elle pendait, inerte, dans ses bras.
À côté de lui, Taliah tournoya un instant à l'envers sur le sol, avant que son gyroscope ne se remette en marche et qu'elle ne s'envole à nouveau.
« Ooookay... tenta à nouveau l'Astropathe. »
Il entendit la clameur des Xenos au dessus de lui.
Pas de temps à perdre, mieux valait décamper.
Il se releva et chargea la petite Récupératrice sur son épaule, grognant sous son poids
« Toi, fit-il à l'adresse de Taliah. Suis-moi ! »
Péniblement, il se mit en marche. Les créatures semblaient ne pas pouvoir franchir le gouffre et il ne percevait plus dans les environs celles qu'il avait fait fuir tantôt.
« Alors là, Seigneur, maugréa-t-il en levant les yeux au plafond. J'vous jure que si j'ai fait tout ça pour sauver une foutue gamine, j'vais tellement blasphémer que ça va en oxyder votre putain de trône d'or ! »[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Désormais seule avec l'Archiviste, Alerith se demandait comment aborder le sujet de la sœur Mégane.
Ils remontaient tout deux la coursive en direction de l'épave du Thunderhawk et Alahan – impénétrable sous son casque – n'avait pas desserré les lèvres depuis qu'ils avaient laissé leurs deux compagnons partir à la recherche de l'Astropathe.
Assurer la cohésion de son équipage était également l'une des tâches qui lui échoyait se disait-elle. Quoiqu'elle se demandait si, en dix millénaires, un autre Capitaine avait dû un jour trouver les mots pour rabibocher un Space Marine et une Sœur – absolument pas – de Bataille.
Il était probable que non.
« Mon Seigneur ? tenta-t-elle.
- Oui, Capitaine ?
- Pourrais-je m'entretenir avec vous au sujet de Mégane ?
- Négatif. »
Le ton de l'Archiviste était presque mécanique.
Alerith s'avisa que, quelques mois plus tôt, elle aurait certainement lâchée l'affaire, intimidée par l'Astartes. Mais plus aujourd'hui.
« Ça n'était qu'une formule de politesse, répliqua-t-elle. Vous êtes encore pire que Bob ! Et lui, au moins, a l'excuse d'être un Ork ! »
Elle faillit de nouveau percuter le guerrier géant lorsqu'il s'arrêta net.
« Oh, je vous demande sincèrement [i]pardon[/i], Capitaine, gronda-t-il. Savez-vous qu'il n'y a encore pas si longtemps ma seule préoccupation était de savoir de quelle manière je mourrais au service de l'Imperium ? Et que ma plus grande crainte était de ne pas faire honneur à mon chapitre en étant détaché au sein de la Deathwatch ? Ce qui était loin d'être chose facile quand on est un Archiviste Blood Raven entouré d'un Space Wolf, d'un Imperial Fist et d'un Ultramarine qui pourraient – vous pouvez m'en croire – donner une nouvelle définition au qualificatif "borné".
- Euh... »
Elle connaissait ces noms de chapitres, bien sûr, mais la plupart tenaient de la légende et étaient censés inspirer la déférence.
Quoique – et l'image de l'Astropathe Garett lui vint à l'esprit – l'Empereur aussi était censément une figure digne de respect.
Même l'aura de magnificence des êtres divins se délitaient lorsqu'on les côtoyait d'un peu trop près.
Alahan en était la preuve vivante et immédiate.
« Certes, reprit-elle. Mais désormais ce n'est plus le cas. Vous faites partie d'un équipage de Libre-Marchand et, même si je doute pouvoir vous ordonner quoique ce soit, j'aimerais que vous considériez ma position. Ainsi que notre but puisque, jusqu'à ce que vous soyez libéré de vos obligations envers moi, il s'agit également du vôtre. »
Elle se tut.
Non. Lui ordonner quoique ce soit n'était pas la solution. Même de manière détournée. Elle avait besoin de confiance et d'unicité.
Elle avait pour l'heure besoin d'un équipe d'avantage que d'un équipage.
« On est tous dans le même bateau, fit-elle. Littéralement. »
À sa grande surprise, elle vit le Space Marine lever ses mains gantées à son casque et s'en défaire dans un chuintement.
Il baissa un regard où la préoccupation se teintait d'un certaine forme de... tristesse ?
« Je ne la comprends pas, Capitaine, fit-il. Sincèrement. C'est une Sororitas. J'espérai quand même que de vous cinq c'était avec elle que j'avais le plus de point commun et pourtant... »
Bouche grande ouverte, Alerith leva un index pour l'interrompre avant de le rabaisser.
« Hem... Excusez-moi, mon Seigneur, mais... de quels genre de points communs parlons-nous, exactement ?
- Au delà de nos obligations envers vous, nous partageons le même devoir envers l'Imperium, n'est-ce pas ? »
L'Archiviste semblait au supplice.
Alerith se massa un instant les tempes d'une main, grognant de douleur lorsque ses doigts touchèrent son pansement.
« Avez-vous, reprit-elle lentement, un seul instant considéré le fait que vous puissiez ne pas être totalement sur la même longueur d'onde ?
- Bien évidemment ! Ce n'est pas une Astartes, c'est une moniale !
- Oui ? Mais encore ?
- Je vous demande pardon ?
- Bon sang, foutu crétin – pardon, mon Seigneur ! Mais quel âge avez vous !?
- Je sers l'Empereur depuis plus de cinquante années, maintenant.
- Certes, je conçois que votre vie est consacrée à votre devoir mais... Avant ça ?
- C'est à dire ?
- Nom de Drusus ! Mais soyez un peu dégourdi, enfin ! À quel âge êtes vous entré au service de votre chapitre ?
- Euh... Huit ans.
- Oh... »
Évidemment...
Elle s'en voulait de ne pas avoir réfléchi plus avant à la question.
Il était étonnant que l'Astropathe n'ait fait aucune réflexion sur le sujet. Quoique ce n'était guère étonnant si on considérait qu'il avait passé les dernières semaines la tête dans un seau.
Quoiqu'il puisse en être, l'Archiviste et elle était bientôt arrivés à la sortie et il y avait plus important à faire dans l'immédiat que de régler définitivement un problème dont le Space Marine n'avait même pas conscience.
« Écoutez, mon Seigneur. Même si vous ne comprenez pas encore pourquoi, vous présenterez des excuses à Mégane à la première occasion. Et ensuite... »
Ce qu'elle allait dire lui écorchait l'âme.
«... ensuite vous demanderez conseil... à l'Astropathe Garett.
- A vos ordres, Capitaine.
- Je vous en remercie. »
Et la discussion s'arrêta là parce qu'ils venaient d'arriver au Thunderhawk.
Enfin... à son emplacement.
Une partie du plafond s'était effondré, recouvrant la sortie sous une montagne de plastacier.
« Génial, siffla Alerith. »
Elle activa le dispositif Vox de sa combinaison.
« R97, d'Alerith ? Menelas ? Vous me recevez ? »
Une fois encore, seules les statiques lui répondirent. Quoiqu'elle fut certaine de discerner une respiration.
« Ici Alerith, tenta-t-elle à nouveau. Bob ? Mégane ? »
Il n'y eut pas plus de réponse.
« Mais, par saint Pius ! Où sont-ils donc, tous ? »
En réponse à son exclamation, une voix grave et inconnue, brouillée par les parasites, s'éleva.
« Ici Harshem bin Arshad ! Est-ce que vous m'entendez ? »
Alerith écarquilla les yeux de stupeur avant de les lever vers Alahan, qui lui rendit son regard.
Elle reprit rapidement contenance.
« Ici le Capitaine Libre-Marchand Alerith Oquida, commandant du R97 ! Identifiez-vous !
- Capitaine... »
Une double détonation suivit d'un couinement se fit entendre dans l'oreillette.
« C'est un bruit de bolter, ça, fit Alahan. »
Elle acquiesça.
« Ici le frère Harshem bin Arshad ,du chapitre des Vanishers ! Nous requérons assistance. »
Elle leva un sourcil interrogateur en direction de l'Archiviste qui haussa les épaules avant de jeter un coup d'œil à son auspex.
Il modifia quelques réglages et le lui colla sous le nez.
« Je les ait, dit-il. Ils sont deux. Pont supérieur, à cent mètres environ.
- Frère Harshem, d'Alerith. Quelle est la menace ? Heu... Mon Seigneur ?
- Xénos. »
Alerith fut prise d'une soudaine crainte.
- Un Ork ?
- Négatif ! Espèce non identifiée. Nombreuse et combative! Requérons assistance ! »
Elle soupira de soulagement sans pouvoir s'en empêcher.
« Je suis désolé, Capitaine, intervint Alahan. Mais nous ne pouvons pas laissez des frères de batailles dans le besoin. Croyez bien que cela me navre mais... »
Sans trop savoir pourquoi, elle se sentit le besoin de rassurer l'Archiviste.
« Ne vous inquiétez pas. Nous y allons. »
La double détonation d'un autre bolt ponctua sa phrase.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Loin en dessous d'eux, Mégane et Bob avançaient au pas de course.
La sœur peinait à suivre la cadence de l'Ork.
Ce dernier avait démonté l'une des plaques gravitiques du pont sur lequel Alerith et Alahan se trouvaient encore pour accéder à l'étage inférieur.
« Mais comment le retrouver ? demanda Mégane.
- T'sais c'qu'y a d'bien avec vous, les humains ?
- Euh... non.
- Bah... vous sentez l'humain. »
Le Mékano s'arrêta pour humer l'air un instant avant de reprendre sa course.
« Vous voulez dire que vous comptez retrouver maître Garett au flair ?!
- Le flare ? C'est pas l'machin pour tromper les missiles, ça ? Aucun intérêt pour nous. Ce que j'essaye de t'es'pliquer on va le retrouver au pif !
- Euh... au hasard, c'est ce que vous voulez dire ?
- Mais nan... T'es nulle. Au pif c'est comme... Ah ouais... T'as pas tord, en fait. Y'a sûrement un peu de hasard aussi dans l'histoire. »
Il s'engagea dans un couloir secondaire sans ralentir, la sœur toujours sur ses talons.
Le manque de prudence dans un Space Hulk occasionnait des fautes qui pardonnaient rarement.
Si le couloir paraissait horizontal vue de l'extérieur, il en allait autrement dès qu'ils eurent mis un pied dedans.
Le brusque changement de gravité les fit basculer en avant.
« Oh, Zog ! » cracha Bob en prenant de la vitesse.
Le sol venait soudainement de s'incliner fortement. Du moins c'était l'impression que rendait désormais leur sens de l'équilibre.
A côté de lui, tête la première, Mégane criait.
« C't'amusant, hein ? fit l'Ork.
- Noooo[i]oooon[/i] ! »
- Tu manques sacrément d'humour. J'me demande bien ce que le Marine Boy te trouve ? »
L'information franchit les brumes de terreur qui envahissaient le cerveau de la Sœur de Bataille.
« Pardon !?
- Bah ouais... Vos trucs d'humains à base de dessins, là ? C'est pas un truc du... Tiens ! Ça c'est marrant, y'a plus de couloir devant ! »
La pente s'arrêtait en effet en un encadrement semblable à une bouche, prête à les avaler.
L'Ork sentit que la sœur avait réussi à agripper sa jambe.
Il passèrent le seuil à toute vitesse pour être éjecté dans le large puits au bord duquel s'était tenu l'Astropathe et Lux quelques temps plus tôt.
« Bon, ben, bonne nouvelle, fit-il sur le ton de la conversation. J'ai retrouvé l'odeur de Garett. Mais on s'en éloigne. C'est bête, hein !
- On est en train tomber dans un trou sans fond !
- T'inquiète. Ici la gravité n'est pas très... »
Il nota un brusque sentiment d'accélération.
« Ah tiens si... »
La sensation de vent généré par leur chute s'intensifia. Mégane lâcha prise.
« Hop là ! J'te tiens, sistah ! »
Tourbillonnants, ils furent ballottés au grès des courants d'air en direction de la paroi, qu'ils finirent par percuter, rebondissant dessus à plusieurs reprises.
Bob constata avec un certain détachement que la sœur de bataille s'était assommée.
De son point de vue, ce n'était pas plus mal.
Les Orks et la vitesse faisaient naturellement bon ménage et il y avait pire façon se mourir que de s'écraser violemment sur un sol lointain.
Néanmoins, il savait d'expérience que les humains faisaient grand cas de leur intégrité physique.
Plissant les yeux, il cru discerner une lumière rouge-orangée loin en dessous de lui.
Dans l'ensemble, il n'avait pas vraiment de regret. Il avait été un bon Ork. Un doute le titillait néanmoins
« Me d'mande si le Big Boss du ciel voudra bien d'moi, tiens, murmura-t-il. »
Et la chute se poursuivit en silence alors que la lumière grossissait.[center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

[i]Les heures filent et l'œil de la narration quitte de nouveau le puits géant pour émerger dans l'espace.[/i]
[i]Dans les ténèbres du Space Hulk, au milieu du halo nébuleux d'Heimatar, la scène est en place pour le dernier acte.[/i][center]
[/center][center]*[/center][center]**[/center]

Loin au-dessus du puits, Menelas se servit une tasse de recaf brûlant en gardant un œil sur le fauteuil du Capitaine.
« [i]Tu sais, ce n'est qu'un meuble[/i], fit AURA.[i] Et ça n'est pas le siège[/i] – haha – [i]de ma conscience[/i].
- C'était sensé être de l'humour ?
- [i]Détends-toi. Il n'y a pas encore mort d'homme[/i].
- Arrêtons-là les blagues vaseuses, je te prie. Mes amis ne donnent plus signe de vie depuis plus de dix heures et, pour être honnête, il est hors de question que j'abandonne un bâtiment contrôlé par une Intelligence Abominable.
- [i]Pardon !? Moi, je suis abominable ? Et tu espères que nous entamions notre collaboration sur ce genre de base ?[/i]
- C'est le terme, non ? "I.A." pour "Intelligence Abominable". Et je ne me souviens pas encore avoir parlé de quelque collaboration que ce soit.
- [i]Mettons tout de suite les choses au clair. En ce qui me concerne, c'est [/i]"AURA"[i]. Point. Et, si j'avais réellement voulu abandonner le Capitaine et son équipage, je l'aurais fait depuis longtemps. Tu n'as pas été très disponible, ces dernières heures.[/i]
- Oh...
- [i]Ce point étant éclairci, je te propose, avant tout autre chose, d'établir quelques bases quant à notre relation.[/i]
- Ai-je le choix ?
- [i]Pas vraiment. Mais, si cela peut te consoler, moi non plus. Ce qui nous permet déjà d'établir une certaine égalité en la matière, ne crois-tu pas ?[/i] »
Le Navigator posa sa tasse fumante sur la table à carte et croisa les bras.
« Très bien, dit-il. Je t'écoute. »




Voila, voila...

[size=2]J'espère que ce chapitre vous aura plu.[/size]
[size=2]Merci à JutRed, Rantanplant et Criomega pour leurs commentaires réguliers. [/size]
[size=2]Merci également, bien entendu, à tous les autres lecteurs. Mais comme vous ne postez pas... Je ne connais pas vos pseudos[/size].[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]

En réalité, je pensais boucler avec ce chapitre la partie "Space Hulk" pour faire s'envoler mon équipe vers d'autres aventures mais... Ben... j'avais promis de le poster la semaine dernière, j'ai - encore - pris du retard et il ne voulait pas se terminer (le salopard).
Du coup, j'ai coupé dans le vif.
Le bon côté de la chose, c'est que, ainsi, le suivant est déjà dans les tuyaux.[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/rolleyes.gif[/img]

Je reste - comme de bien entendu - preneur de toutes critiques ; remarques ; commentaires et autres coups de gueule (tant que c'est construit et constructif) ainsi que des divers tirs de lance-plasma lourd que vous voudrez bien m'envoyer...

Cela étant dit : Gros bisous et à bientôt ! Modifié par Ocrane
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  • 3 semaines après...
Amis du soir, Bonsoir,

Concernant tes réponses à mes interrogations sur le chapitre précédent, merci tout d'abord de t'être fendu d'un bon pavé ;) , et ensuite, ça éclairci certains points concernant mon ressenti vis à vis de ton écriture (je parle du style, non de la forme).
Ca me permet en effet de prendre du recul concernant la mise en narration style JDR, qui n'est pas déplaisante en soi.


Et sinon, sans faire un copier coller de chaque morceau de ton (gros) chapitre, je te livre mes impressions :)

Ne faisons pas de chichis, j'ai trouvé foutrement bien foutu.

Décrire l'exploration d'un lieu fermé, même si aussi vaste qu'un Space Hulk, n'est pas chose aisée, et tu t'en tires remarquablement bien.
Je reste un peu dubitatif sur Lux, vu qu'un Hulk est censé resté bloqué dans le Warp/espace réel durant des milliers d'années pour que les vaisseaux et autres trucs improbables s'amalgament, mais je ne doute pas que Garret nous sorte une explication de derière les fagots.

Par ailleurs, les inversions de gravité et les déboires qui vont avec m'ont fait pensé au film Cube (ou une de ses suites) mais je ne sais pas si c'était voulu.

Garret, parlons en justement. Plus ça va, plus je l'aime ce perso, d'autant plus lorsqu'il s'associe à Bob. Ca me fait penser à Iron Man et Hulk ^^
Ces blasphèmes sont justes top et le ton cynique/ironique/blagueur/blasé qu'il a en permanence sont vraiment poilant.

La relation entre Alahan et Megane devient de plus en plus intéressante dans le sens où on sent bien que les deux ne sont clairement pas sur la même longueur d'onde et qu'ils le ressentent aussi.

[quote]Alahan baissa les yeux sur la jeune sœur larmoyante. Devoir se caler sur "Radio Mégane" pour obtenir quelque chose commencer à mettre à mal son conditionnement d'Astartes.
Il soupira.
«Vous êtes une Sororitas, agissez comme tel ! Nous ne sommes plus sur la passerelle du R97 ! »
Mais cette fois-ci, la sœur Mégane ne se démonta pas. Elle lui lança, à travers ses mèches blanche, un regard tellement chargé de hargne qu'il se surprit à reculer.
« Espèce de... Espèce de Grox gonflés aux hormones ! »
Il la regarda, bouche bée.[/quote]

ENFIN!!!

:wub: Rien à dire de plus, ce passage est juste jouissif.

J'aime beaucoup ta manière d'introduire AURA, ça s'éloigne d'IDA et c'est bien, ça semble moins faire "vlà une idée qu'est l'est bonne que j'men va la reprendre"

Je ne reviendrai pas sur les références externes toujours aussi bien placées, et bien marrantes. Une des très bonnes caractéristiques de ton récit.

Et pour conclure:

Ben la suite, où qu'elle est?

Amicalement,

Crio
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Hello,
Premier point : pas de nouveau chapitre aujourd'hui...[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/blushing.gif[/img]
Attendez, ne partez pas, j'ai quand même des trucs à dire !

Mais avant d'y arriver, petite séance de réponses :

@ Rantanplant :
[quote][color=#330000][size=2]Plus ça va, plus j'apprécie l'ork^^[/size][/color][color=#330000][size=2] [/size][/color][size=2][/quote][/size]
[size=2]Aaah... Et imagine seulement le jour où je devrais le faire mourir... (ou pas[/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img][size=2])[/size]


@ Criomega :

Content que le chapitre t'ait plu (surtout après mon long silence radio [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/pinch.gif[/img][size=2])[/size]
[size=2][quote][/size][color=#330000][size=2]Je reste un peu dubitatif sur Lux, vu qu'un Hulk est censé resté bloqué dans le Warp/espace réel durant des milliers d'années pour que les vaisseaux et autres trucs improbables s'amalgament, mais je ne doute pas que Garret nous sorte une explication de derière les fagots.[/size][/color][size=2][/quote][/size]
[size=2]Garett, je ne sais pas, mais moi j'en avais déjà une toute prête pour expliquer la présence de Lux (et des deux Frères de Batailles).[/size]
À voir dans le prochain épisode si elle est convaincante...

[quote][color=#330000][size=2]les inversions de gravité et les déboires qui vont avec m'ont fait pensé au film Cube (ou une de ses suites)[/size][/color][size=2][/quote][/size]
[size=2]Indirectement, il y a un peu de ça (j'ai vu le film il y a longtemps, j'y ai pensé en jetant sur le papier les idées du Hulk mais je ne pensais pas m'y référer directement...)[/size]
[size=2]En fait, l'idée de base était que je voulais mettre en [/size]scène[size=2] mon Hulk sans forcement parler de... euh... de donjon spatial avec des genestealers...[/size]
Pour le hulk, donc, la seule référence vraiment flagrante (puisqu'elle m'a tenu un paragraphe pour l'instant) est la scène du début avec Mégane et Bob. Elle est inspirée d'un autre film (beaucoup plus ancien :P) autour de laquelle j'ai construit le reste de l'épave...

[quote][color=#330000][size=2]Ca me fait penser à Iron Man et Hulk[/size][/color][color=#330000][size=2] [/size][/color][size=2][/quote][/size]
Il doit même y avoir un trope sur ce genre d'association à la Laurel et Hardy mais alors lequel ? Je vais aller faire un tour sur TV-Trope, tiens...
Chacun à leur manière, ce sont les comiques du groupe donc, forcement, il y a des atomes crochus.

[quote][color=#330000][size=2]La relation entre Alahan et Megane devient de plus en plus intéressante dans le sens où on sent bien que les deux ne sont clairement pas sur la même longueur d'onde et qu'ils le ressentent aussi.[/size][/color][size=2][/quote][/size]
C'est l'idée ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img] Et il va sérieusement me falloir penser les étapes suivantes de leur relation pour que ça ne devienne pas gnangnan [size="1"](Non, Jutred ! Buffy et Angel ne me serviront pas d'inspiration ! Spike, à la rigueur... :P Enfin... Wait&Read...)[/size]

Quant à AURA... Un perso tardif et dont l'origine est quelque peu improvisée (cf #36) mais je l'aime bien et c'est en écrivant ce chapitre que j'ai vraiment commencé à cerner la personnalité que je veux lui donner...
Mais ce n'est probablement pas la dernière arrivée dans l'équipe, la route pour la lettre de marque est encore longue et j'ai plein de concepts de perso en réserve...[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img]

En bref, même si la date de parution et très erratique, je risque de prendre plaisir pendant longtemps encore à mettre en scene les aventures d'Alerith et de sa suite...

Et d'ailleurs, en parlant de suite :
[quote][color=#330000][size=2]Et pour conclure:[/size][/color]
[color=#330000][size=2]Ben la suite, où qu'elle est?[/size][/color][/quote]

[size=2]Elle est en chantier, tout au fond de mon répertoire nommé "Tales of th Rising Sun" et elle progresse lentement mais sûrement...[/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img]


En effet, ces derniers temps j'ai consacré mon temps libre à reprendre le premier tome.
[size=2]J'en avais parlé à la fin du Chapitre Six, je m'y suis mis sérieusement et je vous propose donc :[/size]
[img]http://i.imgur.com/74E2dYb.png?1[/img]

Revu, relu, corrigé (et ce n'était pas du luxe, loin de là) et en pdf, s'il vous plaît...
J'espère que cette version sera exempte de fautes.
Pour ceux qui ont le courage de tout se retaper, je suis preneur de tout commentaire (comme d'hab' quoi [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img][size=2]).[/size]
Et en attendant la suite : Bonne lecture...

[color="#0000ff"][url="https://mega.co.nz/#!gRVyyAKY!vfikTkmAYeZsgTDQtd4KU03Bj4jl7IZ3f0gH2gJMTfU"]Tales of the Rising Sun.pdf[/url][/color]
[size=2]
[/size]
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Et avec des pavés pareils je suis sensé faire comment pour faire avancer mon manuscrit si à chaque nouveau chapitre je doit faire la liste de tout ce qui m'a plus... irresponsable...

Bon tu l'a compris j'ai pris mon pieds en lisant tout ça, vraiment... pas besoin d'en dire plus
[size="1"]
P.S : je lit Spike/ Buffy = Alahan/Megane ... MIND EXPLODE ! Un archiviste avec des cheveux décolorés, un faux accent british et qui joue de la gratte électrique ? Une Meganbot ?[/size]
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  • 1 mois après...
Je ne vais dire qu'une seule chose, car je peinerais à développer tous les points que j'apprécie sans y passer un temps trop long, vu l'heure: j'aime beaucoup, beaucoup Bob. Il est cool, cet Ork. Ils devraient être comme ça de façon générale, ça les rendrait bien plus intéressants!
Et très sympa la mise en page du Tome1 [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img]

Joseph'
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  • 4 semaines après...
Bonsoir,

Ça m'embêtais un peu de déballer mes soucis IRL sur le forum mais puisqu'il y a eu des réactions à mes écrits, je me devais au moins de vous fournir une petite explication quant à ma présence très aléatoire (et à mon manque de publication).

Merci de me lire, tout d'abord. À tous.
Ecrire les péripéties d'Alerith et de sa suite ; dérouler une histoire que j'espère cohérente, caser clins d’œils, références (plagiat honteux ?), etc. et tenter de vous faire sourire en lisant ces aventures a toujours été (et reste) une manière de me détendre, de m'évader du monde réel le temps de la rédaction et d'essayer de vous faire partager cet évasion.


L'année 2014 a été pour moi assez... chaotique. À tout le moins.
Concrètement, je suis aujourd'hui - et depuis ces trois derniers mois - entre trois domiciles (avec ce que cela implique de manque d'accès à internet, au passage) et en recherche active d'emploi, ce qui me force à reconsidérer mes priorités.
Je n'écris pas ces lignes pour tenter de vous apitoyer (je pense qu'on a, tout un chacun, nos soucis IRL et les miens ne sont pas pire que ceux d'un autre, au final[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img][size=2]) mais vous fournir une explications quant à mon silence me paraissait être la plus élémentaire des politesses.[/size]
[size=2]Donc : D'abord je trouve un logement stable, puis un boulot (ou l'inverse) et ensuite j'écris... [/size]
[size=2]
[/size]
[size=2]Cela étant : Je tiens à remercier [/size][size=2]en particulier à Jutred, Criomega et Rantanplant, ainsi qu'Heimmenrich et à Butcher Joseph pour leurs derniers commentaires.[/size]


D'ailleurs, petites réponses au courrier des lecteurs :
[size=2]@ Jutred : J'aime bien les pavés [/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img][size=2]... Généralement je poste un chapitre quand j'estime l'avoir amené à une conclusion, ce qui fait qu'il sont de taille assez variables (en fonction de mon inspiration, souvent...)...[/size]
[size=2]
[/size]
[size=2]Mmm... Un Space Marine qui coure après son âme pour faire plaisir à celle qu'il aime... Y'a quand même moyen d'imaginer un spin-off, là dessus, non ?[/size]
[size=2]Ok, ce sera dans très longtemps... [/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/biggrin.gif[/img] (genre : quand l'un et l'autre auront appris la différence fondamentale entre un homme et une femme)
[size=2]
[/size]
[size=2]J'imaginais plutôt Alahan avec une coupe en brosse [/size]châtain[size=2], en fait. Mais comme je décris assez peu mes perso physiquement, le lecteur est libre de se faire son image (ce n'est pas par fainéantise... c'est juste que l'une de mes inspirations - pas forcement évoquée comme référence, d'ailleurs, est Terry Pratchett. Lequel décrit rarement ses persos de manière exhaustive)[/size]
[size=2]
[/size]
[size=2]@ Heimmenrich : Le personnage de Megane a été conçu comme étant l'un de ces perso d'anime timide (souvent avec des lunettes). C'est d'ailleurs l'origine de son nom...[/size]
[size=2]Bon, il est prévu qu'il (le personnage) [/size]évolue en quelque chose d'autre au fil de l'aventure et ce chapitre est justement l'un des points où elle commence à se transformer (comme les autres, en fait)...
[size=2]Mais ça reste une bonne [/size]sœur. Techniquement, elle n'est pas insensible aux relations charnelles (moins qu'Alahan, quoique...) mais l'un et l'autre ont - sortis de leur domaines de compétences respectifs -[size=2] la maturité [/size]émotionnelle[size=2] de collégiens (Si si ! Souvenez-vous de vos [/size]premiers[size=2] (é)mois en sixième - enfin pour ceux qui y étaient dans les 90'. J'me fais vieux... - Lorsque vous commenciez à découvrir que les filles étaient légèrement différentes de vos potes)...[/size]
[size=2]Bref, la relation Megane/Alahan est à développer sur la durée.[/size]

@Butcher Joseph : Bah... J'ai jamais aimé l'orthographe kikoolol qui est censé servir de VF aux orks de 40k... En anglais, leur manière de parler est censée retranscrire l'accent cockney.
Je pense que le but d'une fanfic est aussi de partager la vision qu'a son auteur de l'univers (Crio le fait très bien, aussi).
Bon, c'est peut-être un peu prétentieux de ma part mais... bah ça m'amuse de faire parler Bob comme ça. Content que ça plaise. ^^
Et content, également, que la mise en page du tome 1 te plaise aussi. J’essaierai de faire mieux pour le second (enfin... quand le temps sera venu[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img][size=2])[/size]

@ Rantanplant : J'avais commencé à rédiger le chapitre suivant dans la foulée du dernier posté... et je n'ais pas touché à mon brouillon depuis Octobre (pour les raisons évoquées plus haut).
Mais ne casse pas tout ! L'histoire n'est qu'en suspend ! Je ne lâche rien ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/blushing.gif[/img]


Pour finir :
Si tout se passe bien (et j'emmerde Murphy et sa loi) le chapitre suivant sortira courant Janvier 2015.
En effet, à ce moment j'aurais (je l'espère sincèrement) trouvé un appart' et j'aurais enfin le temps de me consacrer à mes loisirs (notamment la rédaction de fanfic, donc ^^)...
Dans le même temps, je posterai également mes critiques - trop longtemps différées - sur les histoires des collègues (bisous JutRed et crio [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/kiss.gif[/img][size=2]). [/size]
[size=2]
[/size]
De manière totalement innocente ([img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/icon_mrgreen.gif[/img][size=2]) : Si vous connaissez un club de jeu de rôle qui accepte les joueurs en Janvier sur Rennes (ou s'il vous manque un joueur dans cette [/size]même[size=2] ville) je suis preneur.[/size]
[size=2]J'ai un super concept d'Astropathe pour une table de Rogue Trader...[/size][img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/rolleyes.gif[/img]
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  • 3 semaines après...
Plop,

[quote]Ça m'embêtais un peu de déballer mes soucis IRL sur le forum mais puisqu'il y a eu des réactions à mes écrits, je me devais au moins de vous fournir une petite explication quant à ma présence très aléatoire [b](et à mon manque de publication)[/b][/quote]

:crying:

Plus sérieusement, je vois très bien de quoi tu parles, j'ai vécu la même chose vers Mars de cette année.

Bon courage, noyeux Joël, Bonne Année et tout le tralala, en attendant le Champagne avec toute la fine et folle équipe du Rising Sun.

Amicalement,

Crio
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  • 4 mois après...

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