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Kael

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Tout ce qui a été posté par Kael

  1. Kael

    Le siège de Leicheberg

    Suite ! -Allez, merde ! Grouille-toi ! -Ah, me saoule pas ! T’vois pas que j’ai d’jà les mains prises ?! -Tu fais ce qu’j’te dis ! -Va te faire, t’es pas officier ! -Tu veux aller l’dire au capitaine Rodörfy p’tètre ?! -C’bien c’que j’dis, t’es pas l’capitaine ! -C’qui qu’est chargé de gérer tout ça ? Moi ou toi ? Hein, p’tite mouisaille ? -Ouh ! C’que tu m’gaves ! Tiens, porte donc ! Connard ! Le soldat jeta alors la caisse sur les pieds de son collègue. Celui cria de douleur, insultant à tout va et se mordant les doigts pour se retenir désespérément. -Ah ! Mais qu’il est con c’lui là ! -‘fallait pas me gonfler, ‘toi l’con… allez, au plaisir hein ! L’insatisfait ne le fut pas de son geste et s’en retourna vers le reste de la compagnie. Il n’était pas vraiment considéré comme un mauvais soldat, mais tout le monde savait qu’il ne fallait pas le pousser à bout. Le lieutenant aussi le savait. Assis sur une marche et massant ses pieds écrasés, il ne vit pas l’imposante silhouette qui le regardait fixement en haut de l’escalier. Lorsqu’il entendit chaque pas se rapprochait, des pas lents et lourds, résonnant de toutes parts sur armure et cotte de maille, il s’arrêta net. Serrant les dents, il se retourna. Lentement. Très lentement. -J’peux savoir c’que tu fous là, toi ?! -C’est que… -Ta gueule ! J’t’ai posé une question ? Non ! Tu la ferme ! Tu la boucle ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! Ah, monsieur veut faire son bonhomme ! Monsieur se met dans son coin et s’gratte la couenne ! -Mais, mon… -Ta gueule j’ai dit ! Ta-gueule ! Tu la ferme ! Dézobéichant avec… Attends. « Dézobé… ». Merde. Putain ! « Désobéichiant » ! Ouais, voilà ! « Désobéichiant » avec ça ! L’homme qui engueulait celui qui avait tenté d’engueuler était le capitaine Joseff Rodörfy. Il mesurait près deux mètres et était aussi large qu’une armoire. Il ne lui aurait manqué que la poignée pour qu’il s’ouvre. Et comme si stature ne suffisait pas, son armure le rendait encore plus immense qu’il n’était déjà. Il la portait constamment. Jamais ses soldats ne l’avaient vu l’enlever. L’élégance n’était certes pas de mise à la guerre, mais là, on atteignait le paroxysme de cette idée. Des jambières aux vambraces en passant par l’imposant plastron, tout était dans un état des plus douteux. Bien que laquée de noir, la rouille apparaissait malgré tout par endroit. Les sangles étaient rongées, les plaques cabossées, les épaulettes fissurées, on se demandait bien comment un pareil assemblage pouvait tenir. Une armure complète coûtait une fortune, au-delà de qu’il était possible d’imaginer au vu de la solde d’un soldat, et l’on pouvait comprendre que celles-ci laissaient à désirer. Mais à ce point. Non, ce Rodörffy tenait fermement à sa réputation. De cet amas de ferraille, une tête chauve et garnie d’une barbe quasi rectangulaire dépassait. Une oreille en moins d’un côté, une incroyable balafre de l’autre, voilà ce qui rendait cet homme si terrifiant. On ne savait pas bien d’où venaient ces blessures. Alors, tout le monde y allait de sa petite histoire. Certains disaient que c’était son grand frère qui l’avait puni d’avoir joué au lieu de labourer. D’autres prétendaient que c’était contre un troll qui lui avait arraché d’un coup de patte ce qui n’avait pu se préserver d’une bonne esquive. Ou encore que c’était suite à un stupide pari. Il fallait dire aussi que cet officier picolait constamment. Il ne portait jamais de heaume, car cela l’empêchait de boire. Il avait d’ailleurs l’habitude de briser la bague de ses bouteilles plutôt que d’en retirer le bouchon. Tout le monde s’accordait à dire que la tâche était ardue, surtout lorsque l’on portait constamment des gants de fer. La seule partie qui n’était pas recouverte de métal était son postérieur. Suspecté à juste titre d’avoir une hygiène déplorable, il se grattait fréquemment le derrière, et se contentait de tirer ses chausses pour… émettre. Bien évidemment, l’armure ne suffisait pas à retenir les odeurs. S’il fallait parler de ses manières, par souci d’honnêteté, il faudrait en oublier les siennes : il buvait, fumait, bouffait, rotait, pétait, baisait. Le tout agrémenté d’un caractère violent, irascible au possible, et particulièrement grossier. Cependant, ce n’était pas pour rien qu’Anton Ludenhof avait défrayé la chronique en nommant cet animal à la tête d’une de casernes principales de Wurtbad. Certes, on le disait trop crétin pour fuir. La vérité était ailleurs. Seuls quelques officiers attentifs pouvaient percevoir que derrière cette figure se cachait quelque chose. Quelque chose de bon. Père de neuf enfants, dont seulement deux fils qui servaient également dans l’armée, il dépensait l’essentiel de sa solde à leurs besoins. Essayant tant bien que mal de compenser l’absence d’une mère qui en avait eu assez de rester allongé, tantôt pour subir, tantôt pour accoucher, et qui s’en était retourné dans quelques faubourgs malfamés d’une des grandes villes de l’Empire afin de « reprendre du métier », il s’était vite rendu compte que l’amour ne faisait pas tout. Comment concilier la distance d’un métier et la présence nécessaire que tout bon parent devait avoir auprès de ses enfants, et ce en assurant un revenu tout juste suffisant pour pourvoir aux besoins de cette nouvelle bourgeoisie vers laquelle Ludenhof les avait jetés ? L’éducation était une voie. Ainsi, il décida de redoubler d’ardeur pour leur offrir une place parmi l’une des écoles « abordables » de Wurtbad. Ce faisant, il s’attira malgré tout la rancœur de sa propre famille, lui reprochant son absence quasi-permanente. Une enveloppe, si elle signifiait beaucoup, ne remplaçait pas l’amour paternel. Et pourtant, il les aimait. Mais la vie continua à se moquer de lui. Rapidement, les enfants rattrapèrent son niveau intellectuel qui, il fallait bien l’avouer, n’était guère développé. Lui, tout ce qu’il savait, c’était en ayant entendu une ou deux phrases d’un de ses collègues, au point d’ailleurs qu’il doutait du nom des principaux ministres du comte Haupt-Anderssen, se contentant alors de les nommer par le premier titre qui lui venait. L’intelligence ne favorisant pas la compassion, à la distance vint s’ajouter le mépris, et la distance devint refuge. Ludenhof le savait. Il le savait d’autant plus que désormais, ce misérable officier qui n’avait plus que sa bravoure et son aura guerrière sur la troupe, ne pouvait plus que lui être obéissant. C’était son pion préféré. Avec lui, le commandant suprême en eut fini avec les quelques généraux qui contestaient alors son autorité. L’affront que constituait la nomination de Rodörfy au poste de capitaine de la caserne du « [i]Graumaslabl[/i] », quartier populaire de la capitale, avait montré à tous qu’il était le maître. Parmi les officiers observateurs, Swen Meltburg voyait en Joseff bien plus qu’un pauvre homme qui se raccrochait à l’idéal militaire. Il n’oubliait pas que c’était grâce à lui qu’il avait pu faire son entrée à la Cour, lorsqu’il était rentré de son lointain exil. Joseff Rodörfy était idiot, brutal, malodorant, mais finalement habité de cette bonté cachée par une rage affichée, et qui ne se méritait que difficilement. Manque de chance pour le lieutenant, il ne l’avait pas mérité. -T’vas m’faire l’plaisir de te remuer le fondement ! C’est pas vrai ça ! J’sors à peine de ces foutus sout’rains, on s’est ramassé de la caillasse, on a passé ch’ais pas combien d’temps à tout réparer, et toi ! Toi, p’tit con, t’es vautré là ?! continua-t-il d’hurler, tellement penché sur le sous-officier que celui-ci ne pouvait se relever. -Mais… mon capitaine… je… -Mais putain, c’est pas vrai ! J’ai dit t’remuer ! La puissante main vint attraper le col du malheureux lieutenant, avant de l’envoyer valdinguer contre un petit groupe de soldat qui ne savait pas vraiment quoi faire en pareille circonstance, pourtant habituelle. Curieusement, lorsque leur supérieur vint s’écraser devant eux, ils s’écartèrent. On ne considérait pourtant pas dans le Stirland que les pavés constituaient un repas de choix. -Vous autres ! ‘en êtes où ?! M’avez monté toutes les caisses de boustifaille ?! Une seconde d’hésitation, plusieurs regards, et celui des soldats qui savait le mieux s’exprimer fut expulsé du groupe, manquant de trébucher sur le lieutenant. -Monsieur, euh… oui, il ne reste plus que quelques caisses… fit-il timidement. -Combien ?! répliqua le capitaine, montrant par là qu’il ne faisait que chercher une raison pour « s’mettre en rogne vénère ». -Une dizaine, monsieur ! -‘avez dix minutes ! Dans dix minutes, j’veux vous voir sur l’chemin d’ronde ! -Pour… ? -Eh, duschnock, t’as pas l’impression qu’y’a des flèches à planter ? Et d’autres trucs à mettre ?! -Les… flèches à planter… ? -T’as vu des carquois, connard ?! Non, alors, vous me prenez les flèches, et vous les planter ! -Mais… mon capitaine, y’a pas d’terre sur l’chemin d’ronde, glissa un courageux soldat. -Alors vous les poser ! Merde à la fin ! Et vous m’réveillez c’lui là ! ordonna Rodörfy en désignant le lieutenant qui était toujours ventre à terre. Et vous vous démerdez, merde à la fin ! Vous vous sortez l’doigts du dersch, et vous mettez tout ça en place ! Inspect… contrôle dans vingt minutes ! Sur quoi, le capitaine remonta l’escalier tout aussi bruyamment qu’il en était descendu, grognant à chaque marche et lançant des regards noirs à quiconque croisait son chemin. C’était ça, la méthode Rodörfy. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/08/12.70.jpg[/img][/url] [size="1"]Les armoiries militaires du Grand Comté du Stirland[/size] Et comme c’était la sienne, il ne fallait pas s’attendre à la voir pratiquée par d’autres. Le capitaine Klemens zu Hochschleswigl était un homme des plus singuliers. D’une stature avantageuse, il ne manquait jamais de faire état tant de sa beauté que de ses aptitudes aussi bien martiales que stratégiques. C’était un bel aristocrate du Stirland, au « sang pur » et poursuivi par mille créanciers. Entre deux campagnes militaires, il faisait une halte dans l’une des capitales de l’Empire afin d’y séduire une riche héritière, repoussant encore un peu l’échéance fatale où ses dettes finiraient pas le couler définitivement. C’était un homme d’une beauté rare. Si grand et mince qu’il était, il conservait des bras puissants et avait plusieurs fois prouvé qu’il savait courir presque aussi vite qu’un cheval lancé au galop. Toujours vêtu selon la mode d’Altdorf, on lui donnait des accents efféminés. Chaque jour, c’était une nouvelle boucle d’oreille qu’il se plaisait à assortir avec sa tenue. C’était une préoccupation obsessionnelle. Tout le monde savait qu’il avait voulu obtenir le grade de lieutenant de marine au sein de la Patrouille Fluviale du Stir uniquement pour pouvoir rajouter au vert et au jaune la couleur du Reikland. S’il réussit la chose avec brio, il n’en demeurait pas moins très sensible au mal de mer, y compris en eau douce. De toute façon, Klemens n’avait jamais imaginé demeurer très longtemps sur une caravelle. Il y avait des avantages, ça oui. Déjà, il était plus difficile pour ses banquiers de le poursuivre. Mais il y avait un inconvénient à ce point majeur que la carrière classique et pourtant laborieuse devenait un paradis de plaisir et de jouissance. Comme il n’y avait pratiquement aucun camp militaire dans le Grand Comté, la troupe logeait constamment parmi la populace. L’intérêt économique était évident. Déjà, il n’y avait pas à endurer les frais accompagnant l’entretien d’une pareille structure, mais mieux encore, les soldes des soldats et des officiers revenaient à l’État, et ce par le biais du fabuleux système fiscal établi des siècles auparavant dont l’assiette prenait en compte les revenus des bordels et des maisons closes. En soit, zu Hochschleswigl pouvait presque prétendre à un devoir civique. Devoir qu’il accomplissait justement. Dans l’une de ces bâtisses misérables dont le Stirland avait le secret, il passait du bon temps. Chevauchant cette fois-ci une brunette dont il avait oublié le nom sitôt qu’il l’eut entendu, il s’appliquait à faire travailler son bassin. Entre deux rythmes, son regard se portait soit sur sa coupe de vin, soit sur les murs et les quelques meubles du taudis. De la paille sur un plancher moisi, des rideaux en guenilles, des briques poreuses, et un froid tel que la chose était bien nécessaire. Sans faire attention aux gémissements et parfois aux plaintes de la jeune fille, qui ne devait pas être bien âgée, Klemens embrassait plusieurs activités à la fois. Insomniaque comme il était, il avait non seulement du temps à écouler, mais également un désir inassouvi d’action. Il ne pouvait pas rester sans rien faire. D’un teint livide, il concurrençait bien Rodörfy quant au tabac et à la boisson, mais le surclassait carrément en matière de sexe. Certes, cela entraînait parfois quelques accidents fâcheux. Combien de fois n’alla-t-il pas aborder une charmante damoiselle qui tenait précisément un de ses nombreux bâtards ? Assurément, aux banquiers s’ajoutaient ainsi familles et… « investisseurs ». Klemens était connu. Sa réputation s’étendait jusqu’à Praag, et un de ses amis avait même entendu parler de lui à Bordeleaux. Des clients comme lui, les « gagneuses » n’en voyaient pas tous les jours. C’était un amant exceptionnel. Ça, on pouvait le lui accorder. D’ailleurs, il mettait un point d’honneur à en finir seulement sa location épuisée. Officier qu’il était, zu Hochschleswigl n’était pas idiot. Pour fuir, mieux valait ralentir. Tout était bon pour lui, du tant que cela le faisait tenir. Il jouissait déjà de formidables aptitudes, qu’il renforçait par son intérêt exagéré pour toute chose qui aiguisait sa curiosité, et n’hésitait pas à noter l’exercice pendant celui-ci : « [i]Frigide, à dû s’y prendre à trois fois[/i] », « [i]Il me faut la dresser, elle me la mordu[/i] », « [i]Humide, j’ai été bon[/i] », ou encore « [i]Odeur de poulet rime avec prend ton pied[/i] ». Charismatique, rusé, narcissique, clairvoyant, Klemens zu Hochschleswigl était un des officiers préférés d’Anton Ludenhof. Ses habitudes l’empêchaient d’être affiché en public alors que le gouvernement du comte se faisait le défenseur de la veuve et de l’orphelin, le tout en fixant des quotas précis aux contrôleurs des impôts, mais le commandant suprême retrouvait chez lui les mêmes qualités que chez Rodörfy, sans les défauts notoires. Respecté par ses hommes, presque adulé, il faisait du très bon travail. Touche à tout, il avait des avis pertinents sur chaque matière militaire. Dans telle situation, il savait quelle arme était la plus appropriée, quelle formation adopter, ou encore quelle calibre d’artillerie il fallait utiliser. Et en parlant de calibre, il ne se sous-estimait pas. -Monsieur… ! gémit la jeune fille. R’lentissez ! -Moui… ? Ah. Oui, j’ai presque fini. « [i]Les Talabeclanders débarquent[/i] ». Écrivant ce commentaire dans son petit carnet, il fut dérangé dans l’accomplissement de sa tâche. Quelqu’un frappait à la porte. -Oui, qu’y a-t-il ? demanda Klemens en continuant d’aller et venir. -Ouuuh… -Monsieur le capitaine ! -Oui ? -Ouiiiiii… ! -On vous fait mander ! -Aaaaaaah ! Oui, oui, oui ! -Et qui ça ? -Oui ! Allez ! -Le lieutenant von Kröneld, mon capitaine ! -Alleeeeeeez ! -Á propos de ? -Vas-y ! -Il a rassemblé le contingent ! -Eh ho, je parle là, tu permets ? C’est à quel sujet ? -Le contingent est rassemblé monsieur ! -Ho, ho, ho, ho… -Je finis le boulot, et j’arrive pour l’inspection ! -J’vous attends là mon capitaine ? -Oh p’tain… [i]Die Kühe[/i] ! -J’en ai encore pour une bonne vingtaine de minutes, là ! -[i]Wahs[/i] ?! -Ah oui, quand même ! Bon, eh bien, j’vais pas vous déranger plus que ça, capitaine ! -Non, non ! Pensez donc ! -J’transmets un ordre, monsieur ? -Hmmm… le commandant… Ah ! Prends donc ! -Ah ! -Pardon ? -Oui, le commandant su… prême ! Il a demandé qu’on mette en place des bûchers ! -Des bûchers ? -Ex… act ! -Ooooooh… ! -Mais où on va trouver l’bois pour ça ? -Parlez-en à Kröneld, il est déjà au cour… ant ! Haha ! Moins la fière là ?! -Oh… Oh. -Oui, j’ai envoyé un aide de camp tout à l’heure ! -Ah, bon, ben, j’vais voir ça alors ! -C’est ça mon brave ! Faîtes donc ! -Rhaaaaa… ! -Mes respects mon capitaine ! -Ah ! Question ! Ne partez pas encore ! Vous avez froid ou pas ? -Euuuuh… c'est-à-dire qu’j’ai toujours plus ou moins froid mon capitaine… -Bon ben, dans vingt, vingt-cinq minutes, la place sera chaude ! -Oh ! -Ah ! Très généreux d’vot part, monsieur l’capitaine ! -Allons, all… ons ! Vous faîtes un travail formidable ! Continuez comme ça mon brave ! -Merci mon capitaine ! Mes respects ! -Á toute à l’heure ! Bon, et toi, tu crois que je vais tout faire tout seul ? On change de position. C’était également… une méthode. Celle de Klemens zu Hochschleswigl. Kael, qui peut écrire ça en écoutant "The Bonnie Blue Flag" ou "The Battle Hymn of the Republic" />
  2. Kael

    Mordheim / Strasbourg

    Pour avoir également posté sur ce sujet et après avoir rencontré Kartan et son confrère, je vous recommande vivement de nous rejoindre ! L'équipe est sérieuse, on veut jouer régulièrement, les tables sont magnifiques, très bonne ambiance, bref, c'est exactement ce que je recherchais
  3. Kael

    [WHB-NDChaos] Zharvatta Zirkuß

    Preuve en est messieurs que l'ami Kael est incapable de sculpter, tout juste bon à rabioter N'hésitez pas à commenter le travail de l'ami Mâhar ! C'est fait pour ça !
  4. Kael

    Le siège de Leicheberg

    C'est dingue... j'ai dix mille trucs à faire... une armée de 3000pts à peindre en deux mois... des partiels sur le feu... et il suffit d'un commentaire pour me replonger dans le Stirland ! /> Suite, messieurs ! Suite ! Les portes fermées, Meltburg ne put que les regarder d’un œil désolé, gêné, embarrassé qu’il était des derniers mots du commandant suprême, véritable sévère remontrance pour tout soldat du Stirland. Il fallait savoir que faute de moyen, le Grand Comté avait depuis longtemps renoncé à récompenser la bravoure par de coûteuses médailles que seules les orfèvreries d’Altdorf et d’Averheim étaient en mesure de confectionner. Á la place, celui qui portait l’uniforme aspirait plus que tout à être cité dans les rapports du Haut Commandement. C’était là une considération honorifique sans égale, et qui était d’autant plus prestigieuse qu’il était aisé d’y être superbement démoli. Et comme il n’y avait pas de meilleurs rapports que la conviction même du plus grand des officiers de l’armée, Swen n’avait pas le moindre doute quant à l’idée peu flatteuse qui s’y était installé désormais. Tête baissée, il commença à descendre l’escalier. Une voix derrière lui l’interpella, et le fit sursauter. -Ne me dîtes pas capitaine que je vous ai fait… peur ? -On a certainement dû vous dire que vous aviez beaucoup d’humour, monsieur Denhöf, riposta l’officier en second, comprenant que son interlocuteur avait tout saisi de la scène. Vous allez voir le commandant, je suppose ? -Disons plutôt que c’est lui qui me demande, comme toujours ! Il me doit tant et plus, et à son âge, on n’est pas prêt de changer… répondit l’homme, croisant les bras et souriant malignement. Cölestin Denhöf était l’espion personnel d’Anton Ludenhof, la « perle rare du Stir », un escrimeur hors pair. Un informateur à ce point talentueux qu’on le disait membre du cercle intérieur de la « confrérie de la mouche », une organisation criminelle résidant à Wurtbad, qui était à la tête d’un des plus grands réseaux d’espionnage de tout l’Empire, et qui rendait d’inestimables services aux cours impériales, en échange de… plusieurs dérogations quant au reste de leurs activités. Denhöf était d’une arrogance rare. Sans être antipathique, il affichait aux yeux de tous sa supériorité, notamment à l’égard des petits bourgeois et autres nobles qui ne devaient leur avancement qu’à leurs familles. Ainsi, il n’hésitait pas à clamer haut et fort sa profession. En soit, à quoi bon s’en cacher ? Lorsqu’il était en mission, son travail consistait bien à ne pas se faire voir, et il y excellait. De là à dire qu’il était un peu sorcier, il n’y avait qu’un pas. Cet individu avait le don de complexer chaque officier, car quoi qu’ils eussent pu faire pour combler les attentes du prince, seul Cölestin pouvait se prévaloir d’un tel honneur. Haussant les épaules, Meltburg n’y échappa pas. Ludenhof n’aurait même pas à lire les rapports des éclaireurs. -Le prince est encore jeune, il pourrait bien changer, vous savez… -Pourquoi changer ? N’est-il pas l’homme providentiel de notre belle province ? -Je… euh… vous m’avez compris… -Mais ne vous en faîtes pas, s’il vaut mieux qu’il reste notre commandant adoré, vous, vous pouvez encore changer ! continua Denhöf, tout aussi sarcastique. -Merci de l’encouragement… fit Swen, commença à fulminer. Pardonnez-moi, j’ai à faire. Il n’eut pas fait deux pas dans l’escalier que Cölestin lança une dernière pique. -Ils ont passé Neuheim, hein ? Le capitaine souffla de nouveau, avant de continuer. Ludenhof n’était pas loin, et il s’était fait assez remarqué. Ce siège commençait bien. Chaque marche de cet escalier glacial, chaque pas qui résonnait dans le donjon, se mêlant à tous ceux des fonctionnaires et des estafettes qui le bousculaient de ci, de là, il n’arrivait plus à penser. Le regard vide, son esprit fuyait. Mieux valait ne rien avoir en tête lorsque la honte et la peur étaient de mise. Á peine songea-t-il aux morts de son enfance qu’il sentait ses dents claquer, sa gorge se nouer, et la douleur venue de ses entrailles apparaissait encore et encore. C’était pourtant un bon officier. Ce n’était pas pour rien qu’il avait été choisi par le commandant suprême pour l’épauler. Qu’il n’eut cette fonction, et c’eut été lui qui aurait été honoré de brandir la bannière du comte. Quoi que pouvait penser cette ordure de Denhöf, Swen n’était pas un aristocrate. Son père avait été un magistrat, avant qu’une émeute l’estropia. Séparé de son frère, il avait dû suivre sa mère en Arabie, à Sudenburg, où ce ne fut pas la compagnie de ses tantes qui sut réconforter l’enfant qu’il était alors. Seule l’armée, ou plutôt la minable brigade d’indigènes soutenue par quelques officiers pochtrons, avait pu lui donner un semblant de famille. Néanmoins, il regardait toujours vers le Stirland, vers sa terre, vers sa patrie. Lieutenant, il abandonna mère et tantes, désert et dromadaires, plumes et vinasse, pour s’en retourner à Wurtbad où son mérite ne tarda pas à apparaître. Et maintenant, le voici qu’il… [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/08/12.71.jpg[/img][/url] [size="1"][i]Le capitaine Swen Meltburg, Main du Prince[/i][/size] -Mon capitaine ! -Ah. Steinbrück, vous m’avez… pourquoi êtes-vous là ? demanda le capitaine, se reprenant de justesse de prononcer le mot qu’il devait absolument bannir de son vocabulaire, du moins devant ses hommes. -Eh, je vous attendais pardi ! répondit le lieutenant avec bonhommie. Wolfgang Steinbrück était un sous-officier dont les manières déplaisaient fortement à Swen. Il se montrait cependant bon administrateur, toujours jovial, et avait d’excellents rapports avec les hommes, au point qu’il les connaissait presque tous par leur prénom. Stirlander de pure souche, il vantait constamment les mérites de Nussbach, son village natal, perdu dans la pampa campagnarde, mais qui produisait selon lui une liqueur à la noisette qu’on s’arrachait à Altdorf. Lors de l’un de ses déplacements à la capitale, Swen s’y était essayé. Sans qu’il eut en quoique ce soit l’accent de sa province, on ne manqua pas de le traiter de pequenaud du Stirland. Depuis, il lui portait une certaine rancune. Mais comme il n’était pas rancunier, il se méfiait seulement… un peu. Du moins, il doutait. -[i]Sie wisshen wahs[/i] ? ‘ont mis des pièces d’artillerie dans l’slourp ! -Je vous demande pardon ?! s’exclama l’officier, écarquillant les yeux. -Je plaisante, mon capitaine, [i]ich lache nur[/i] ! -Ha-ha. Bon, vous m’accompagnez, on va aller voir ce monsieur Lied, poursuivit Swen, lui qui ne comprenait rien au dialecte local. -Et pourquoi que vous v’lez aller voir c’type qu’a l’esprit qu’à tourner la malle ? répliqua Wolfang, aux côtés de son supérieur, ventre devant. -Parce que je préfère l’entendre que le lire. -Lire quoi ? -Son rapport. -L’est où l’rapport ? -Je l’ai donné au prince. Une objection ? -C’est que… c’est pas Lied qui l’a écrit, fit remarquer Steinbrück, yeux en l’air, sourire béta. -Pardon ? Répétez-moi ça ! -‘tendez, mon capitaine chéri, v’l’avez vu vot’ Lied ? Il s’rait foutu d’faire le poirier pour ‘riner ! -Eh, vous allez surveiller vos propos ! Ça commence à bien faire, Steinbrück ! Je vais vous citer, attention ! Si vous continuez, je cite ! s’emporta le jeune officier, menaçant de l’index et se couvrant de ridicule. -Mon capitaine, mon capitaine, [i]kheine zorge[/i] ! Main du Prince ! ‘donnez moi, pardonnez, s’lement, oui, Lied, ‘peut pas écrire dans son état. C’est Ulrich qui a écrit l’rapport, ‘pensez bien… -Mais… le rapport était signé de son nom ! -Euh… sauf vot’ respect, capitaine chéri, comment vous l’savez, c’t’ait pas confidentiel ? lança Wolfgang, tout sourire, et tapotant sur son bide. Swen retint une grossièreté. L’espace d’un instant, la lèvre inférieure gonflée, Steinbrück avait devant lui une grenouille coiffé du dernier chapeau à la mode. -‘sont jolies vos plumes. C’est d’quelle bestiole ? -D’autruche. Bon, eh bien, quoiqu’il en soit, il convient d’aller s’assurer de ses propos, s’il ne les a même pas écrits… -‘vos ordres, mon capitaine. Les deux hommes prirent la première sortie qui s’offrit à eux. Il y avait trop de monde à l’intérieur du donjon, tant d’agitation, il aurait fallu crier pour s’entendre dans un tel branle-bas de combat. D’ici peu, toutes les portes seraient closes. C’était sans doute là la dernière fois qu’il l’empruntait avant le début de la bataille. Alors qu’ils étaient dehors, sous ce ciel inquiétant, tout juste éclairé par la petite lanterne dont la flamme vacillait avec frénésie, c’est à peine s’ils furent en mesure de distinguer les ruelles de la vieille ville. Une bourrasque vint leur rappeler le froid qui régnait ici bas, et si Wolfgang se couvrait de son ridicule bonnet de laine, Meltburg avait laissé son manteau dans ses quartiers, effrayé à l’idée de paraître trop vêtu devant le commandant. Un garde se tenait là, immobile, mais peinant à se retenir en voyant le couvre-chef du lieutenant, lieutenant qui nouait autour de son cou une écharpe mitée. -Ah ! C’qui faudrait pas s’les peler ! -Oui, comme vous dites. Bien, nous nous rendons aux dortoirs de la sixième brigade, trois… -Troisième bataillon, quatrième régiment, seconde compagnie de cavalerie ? -C’est bien ce qu’il y avait d’écrit. -Ha ! Vous l’avez lu ! -Fermez là, Steinbrück, vous la bouclez ! Dernier avertissement avant la citation ! s’énerva à nouveau Swen, sans voir que son lieutenant ne le prenait nullement au sérieux. -Oui, euh… ‘don. [i]‘wird nie sein[/i]. Donc, on y va ? -Oui, oui… -Oui ? -Mais oui ! -Bon d’accord. Vous êtes sûr ? -Oh ! Mais vous avez fini oui ?! -Oui. -Je vais… ! Rha ! Le capitaine, furieux, pressa le pas et distança sans peine l’obèse lieutenant. Celui-ci joignit les mains, s’excusant encore et toujours. De la même manière qu’il en avait fini avec brillo face à Denhöf, Swen décida d’ignorer un moment son pénible second. Descendant la rue principale de Leicheberg, qui zigzaguait entre les différents niveaux de la citadelle, la Main du Prince inspecta l’avancée des préparatifs. Si la cohue à l’intérieur du donjon avait été détestable, elle était ici à peine soutenable. Allant et venant, courant et suffoquant, des centaines de soldats et de citoyens s’activaient, les uns se dépêchant malgré leur évidente fatigue d’obéir à leurs officiers aphones, les autres cherchant désespérément un endroit où se mettre à l’abri. Bien sûr, la distinction entre militaires et civils était purement protocolaire. Même Swen ne pouvait s’y reconnaître vraiment dans cette pagaille. Il devait y en avoir qui étaient directement placés sous ses ordres, mais sans doute tout autant qui obéissait au premier ordre venu, sans se soucier des mirifiques listes établies consciencieusement par les bureaux du Haut Commandement de Wurtbad, totalement irréalistes sur le terrain. Sur celles-ci, on pouvait lire six fois le nom de « Müller ». « Müller », rien d’autre pour désigner le soldat censé correspondre à cette brigade. On pouvait cependant comprendre les braves fonctionnaires. Dans le doute, autant prendre un nom qu’un citoyen de l’empire sur trois portait. L’erreur était moindre. Quand il y pensait, l’administration militaire était d’un ridicule notoire. Á quoi bon connaître les différents échelons d’une brigade lorsque ceux-ci n’étaient pas même respectés ? Cela en laissait dire sur l’intelligence de ceux qui se vantaient d’un tel savoir ; cela en disait beaucoup sur Steinbrück. Et tout autant sur Meltburg. Finalement, en y réfléchissant bien, les officiers qui parvenaient aux plus belles victoires avec des faits aussi accablants étaient de véritables héros. Ludenhof en était un, et pas le dernier. Meltburg était simplement déterminé à en être. -Il me semble que j’avais donné des ordres, glissa Swen alors qu’il laissait son lieutenant le rattraper. -‘bsolument, mon capitaine. Et ils ont bien été suivis ! -Steinbrück, je vais être clair. Vous voyez ça ? demanda le capitaine en montrant les murailles un des versants de la citadelle. -Non s’lement j’le vois, capitaine, mais en plus, je sais bien que j’y s’rais sous peu… -Exactement. Ça, c’est que nous aurons à défendre. Et vous savez vers où s’orientent ces murailles ? -Euuuuh… c’pas le sud ? essaya Wolfgang, au hasard. -Manqué. C’est l’est. -L’est ? -Oui. Vous saisissez ? Le sous-officier ne put répondre qu’en avalant difficilement. -C’est vers nous que l’ennemi frappera le plus fort. Il vient de l’est, c’est là qu’il frappera le plus fort. C’est pour cela que j’exige que mes ordres soient exécutés dans leur intégralité, alors, je vous en prie, par la foi que nous portons en Sigmar, dites moi ce qu’il en est ! Il en va de la survie de tout un contingent, et vous savez combien ça fait un contingent ? lança le capitaine, s’étonnant lui-même du ton qu’il venait d’adopter. Ça fait cinq mille hommes ! Alors, pour l’amour du ciel, vous arrêtez de sourire comme un débile et vous faîtes votre travail ! Wolfgang n’en croyait pas ses yeux. En un instant, le jeune petit bourgeois s’était transformé en une autorité dont l’assurance n’avait d’égal que sa prestance. Sans s’en rendre compte, ce brutal changement affecta également les habitudes du lieutenant. -Monsieur, vos ordres ont été ‘fectués. Souhait’vous qu’on les liste ? On ne pouvait trop en attendre d’un homme de Nussbach. -Oui… faisons ça… voulez-vous ? Kael, 'relancé ! />
  5. Bonjour à tous ! Je vous présente une idée qui a germé dans ma tête il y a deux ans, et qui continue de me tenir en haleine. Je voulais une armée : -Originale -Peu nombreuse (expérience désagréable des skavens en tournoi) -Forte (bon, ok, bourrine) -Totalement convertie -Ne coûtant presque rien au porte-feuille (là aussi, souvenir skavenien ) Eh bien... Les forces de Tzeentch convenaient à merveille ! Et plus précisément, ce ne sont pas démons, enfin, pas des horreurs du moins, mais des... badrims (comprenez bad dream). Petite musique d'ambiance ? : http://www.youtube.com/watch?v=J9VsOmiY-94 [i]Les badrims sont une espèce de démons particulière, vouée à Tzeentch, mais qui ont la "chance" de ne dépendre que des cauchemars vécus des mortels, et ainsi, peuvent se détacher de leur rôle de serviteur bien plus aisément que ne le ferait un sanguinaire de Khorne. Leur société est basée sur le changement, même si, à leur grande tristesse, leur apparence ne peut avoir l'équivalent de celui des horreurs. Toutefois, ils possèdent des caractéristiques similaires, Tzeentch leur enseignant ses arcanes. Ils ne sont guère débrouillards en combat singulier, et c'est pour cela qu'ils préfèrent ne pas trop se mêler aux guerres démoniaques. Au contraire, ils aiment se reposer dans leur fleuve magique, le Grand Morph (Morph; Morphée) dans la Grotte des Mauvais Rêves. Certains badrims ont la chance d'avoir des ailes, d'autres peuvent chevaucher des hurleurs, mais ces êtres démoniaques aspirent plus que tout à avoir les attributs des grands badrims : -Un chapeau mauve et jaune -Un bâton ayant pour pommeau un crâne La possession de tels objets se fait au hasard. D'un coup, un simple badrim peut devenir le maître de la Grotte des Mauvais Rêves, devenant tout blanc et arborant fièrement le chapeau et la canne du malheureux badrim, revenu à situation d'origine. C'est ce qu'ils appellent "la règle du changement"...[/i] Les pros n'auront pas manqués l'allusion à "[i]Rayman 2 : The Great Escape[/i]", un jeu qui m'a littéralement passionné étant enfant, le monolithe de mon imaginaire (référence que vous retrouverez également chez mes nains de Zharvatta Zirkuß). Pour réaliser les badrims, il me faut : -De la green stuff -Des piques en plastiques (bouts de lances, de boucliers, et depuis peu, seulement du papier céréales bien découpé) -Un socle ! Pendant quatre mois de l'année 2009, j'ai foncé dans ce projet, et j'ai été récompensé. Deux tournois reconnus par GW m'ont accepté, et l'essentiel des joueurs a adoré le projet, les parties se sont toujours passées dans la bonne humeur. Voilà ce que ça donnait : [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/s5001416,ec7756d525ad29f87ac2771b20e4744e.jpg.html][img]http://images3.hiboox.com/images/2309/ec7756d525ad29f87ac2771b20e4744e.jpg[/img][/url] Seulement, maintenant, alors que j'avais tranquillement mes nabots cirqueux, j'ai un tournoi en vue. Le format est de 3000pts, alors que l'armée d'autrefois ne faisait qu'avec peine les 2500pts. Cette armée devra s'intégrer dans le cadre de la V8, et je l'avais bien sûr conçue dans une optique V7. Et il a fallu que je me donne encore plus de taff... Des critiques que l'on m'a adressé, je décide de prendre à bras le corps deux d'entre elles : -Améliorer les socles. -Donner une langue aux figurines. Et bien évidemment, je veux un nouveau plateau de présentation... et vous allez voir la gueule des socles... j'en pleure. Le projet recommence donc, et j'ai 2 mois pour pondre du 3000pts. Premières photos ! La peinture se veut toujours très simple, il faut aller vite. Tout d'abord, petit comparatif du "avant/après". Vous voyez bien sûr la différence, encore que ce n'est pas peint pour l'instant. [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/pb190006,85eab1a30160920744e90635f75f33fd.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/0613/85eab1a30160920744e90635f75f33fd.jpg[/img][/url] [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/pb190005,4fbd64c692733c00d2832f392564ed53.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/0613/4fbd64c692733c00d2832f392564ed53.jpg[/img][/url] Une langue, des dents de meilleure qualité, des tailles plus amusantes, des socles plus casse-*** Mais, je ne suis pas venu sans rien de peint ! Non, non ! Je vous présente maintenant mon unité d'hurleurs, troupe que j'apprécie énormément. Vous avez certainement vu sur l'ancien plateau de présentation que les anciens hurleurs n'étaient en fait que des figurines de requins australiens (aussi appelés, "requins tapis"), figurines désormais introuvables, et qui, somme toute, faisait bien leur office. Place aux cavaliers badrims ! (y'en a un qui ne l'est plus vraiment...) [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/pb190001,aaae2bbbaed9398d79d0ee43c434b1ea.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/0613/aaae2bbbaed9398d79d0ee43c434b1ea.jpg[/img][/url] [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/pb190002,b1805c64c1071a314f33f4cae6fe36f3.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/0613/b1805c64c1071a314f33f4cae6fe36f3.jpg[/img][/url] [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/pb190003,0f61d613ec72c4ecbb58866d9a5d6dff.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/0613/0f61d613ec72c4ecbb58866d9a5d6dff.jpg[/img][/url] Tout est de green stuff, sauf le ventre des bestioles, une simple balle de ping-pong. (remarquez les nouveaux socles, le plateau de présentation devra être comme ça, une sorte de temple mystique envahi par la flore) La suite très vite ! Kael
  6. Kael

    [WHB-NDChaos] Zharvatta Zirkuß

    Et la petite suite du samedi soir ! Avec les premiers tromblons et la suite des hobgobelins ! /> [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.124.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.125.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.126.jpg[/img][/url] Kael ! />
  7. Merci JB Je vais enfin pouvoir la tester !
  8. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    J'accroche toujours autant ! Allez, fonce gringo, et régale nous !
  9. Kael

    Le siège de Leicheberg

    Très pris ces derniers, je vous propose une petite suite en attendant... la suite ! *** Il était là. Il se tenait là. Et il regardait. Le commandant suprême, bras croisés, scrutait l’horizon. Il guettait cet Est qui lui avait tant de fois apporté la victoire, mais il ne s’était jamais offert le luxe de penser que ce ne pouvait être autre chose qu’un beau lancé de dés. De temps à autre, il baissait les yeux. La cité était en pleine ébullition. Soldats et citoyens couraient de part et d’autres. Les premiers se préparaient au siège aux ordres des officiers qui les pressaient encore et encore, tant le temps leur manquait. Les seconds fouillaient désespérément chaque ruelle, se bousculant, se battant même, pour ne serait-ce qu’attraper une planche moisie, la considérant alors comme la relique qui barricaderait un tant soit peu leur misérable bâtisse. En regardant de plus près, il s’agissait surtout d’enfants. Le général n’avait pas oublié qu’il avait lui-même ordonné la mobilisation de tous les hommes valides et aptes au combat. Selon les critères militaires du Stirland, cela impliquait de faire subir la conscription à tous les fils de la province, dès dix ans et jusqu’à… jusqu’à l’âge où ils n’étaient qu’une gêne de plus pour les régiments. Malgré cette petite pagaille somme toute plus que prévisible et finalement assez habituelle, la mise en ordre de la forteresse avançait. Il ne faisait aucun doute que jamais ils n’auraient le temps d’en saisir toutes les ressources. Il était trop tard pour ça. Ces nuages. Ces maudits nuages noirs. Le prince les connaissait. Même s’il attendait le rapport de ses éclaireurs, il était intimement persuadé que l’assaut de la citadelle ne tarderait pas. Lui, comme ses officiers et ses soldats, ne s’était autorisé aucune pause, et ce depuis plus d’une semaine. Ce petit temps d’observation n’en constituait aucunement une. Envoyant ses lourdes paupières valdinguer, le commandant suprême était attentif au moindre détail, et ce malgré une fatigue qui était flagrante. Ses cernes tranchaient tellement avec le bleu vif de ses yeux, et ajouté à ses cheveux bruns qui d’ordinaire auraient reçu un soin approprié, il abhorrait là une figure qui reflétait pleinement ses préoccupations. Il ne restait de sa prestance que son uniforme, pourtant lui aussi usé. N’ayant pas une stature très développée, il savait toutefois tirer avantage de son buste. Un superbe pourpoint noir accueillant le grand collier du collège militaire de Wurtbad et qui laissait voir par de larges fentes sa chemise aux couleurs de sa province mettait en valeur cet homme qui prenait tant soin de son image. On s’arrêtait souvent sur ses jambes, car il était bien des fois préférable de baisser la tête devant lui. Sa culotte reprenait le vert et le jaune de sa chemise, mais le tout se terminait par des bas blancs qui rejoignaient de petits souliers à boucle d’or. Un baudrier de cuir caché par une écharpe d’apparat rouge portait son sabre, insigne honorifique de sa prestigieuse fonction. Tout le monde savait qu’il ne s’en servait jamais. Il préférait nettement plus une arme qu’il gardait précieusement et qu’il ne dévoilait qu’aux moments les plus critiques. Enfin, un grand chapeau à large bord, dont les plumes aux couleurs si attendues voyaient leurs pointes dissimulaient derrière la croix du Stirland, pièce d’orfèvrerie majeure, où l’or se rejoignait en une superbe émeraude. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/05/15.105.jpg[/img][/url] [size="1"][i]Le commandant suprême des forces du Stirland, Anton Ludenhof[/i][/size] Du coin de l’œil, Anton Ludenhof savait qu’il ne pouvait s’attarder plus longtemps sur cet exercice, pourtant si indispensable. Un essaim d’aides de camps et d’estafette l’entourait, tous attendant leurs ordres. Dans un léger soupir, il leva doucement l’index et le majeur de la main droite, signe tant espéré de la part de cette nuée impatiente. Comme tout le monde n’ignorait pas que le prince punissait sévèrement le désordre, c’était presque d’instinct que le groupe désignait de lui-même celui dont le tour avait sonné. Il fallait faire vite. Si le geste du général venait à être répété, le court entretien qui serait accordé ne s’annonçait guère engageant. L’un d’eux fit un pas. Puis s’approcha du général, tremblant de tout son corps au point d’en tenir à peine son parchemin. -Votre Excellence… -Je vous écoute, monsieur Bauerreis, accueillit Anton d’une voix qui laissait entendre qu’il était disposé à prendre un peu de son temps avec l’aide de camp. -Je viens de la part du capitaine Rodörfy, il vous informe que la fortification du second couloir de la troisième aile souterraine de la cité ne pourra pas être effectuée dans l’heure comme initialement prévue, enchaîna le pauvre homme, apeuré. -Que me dîtes-vous là ? -Un éboulement a fait chuter les premiers renforcements, monsieur le commandant suprême. -Un éboulement ?! s’exclama le prince, saisissant violemment le parchemin de l’estafette et parcourant des yeux les quelques lignes qui constituaient le maigre rapport du capitaine. Vous avez l’ampleur des dommages ? -Le capitaine a assuré qu’il ne s’agissait là de rien de très préoccupant. Il a tout de suite ordonné à ce que l’on emmène des poutres afin de soutenir les endroits… instables. A part un retard certain, il ne devrait pas y avoir d’autres incidents, Excellence. -Retournez là-bas, faîtes savoir à Rodörfy qu’il me tienne impérativement au courant de l’avancée des travaux, et inspectez moi chaque niveau des souterrains. Je veux que soyez en mesure de m’assurer qu’il n’y ait pas eu d’autres éboulements. Vous avez vos ordres, Bauerreis, termina Anton en rendant le document au soldat. -Ce serait fait, Excellence ! -Bauerreis… ? -Oui… ? -Vous avez une demi-heure. Bougez-vous le fion, voulez-vous ? Ecarquillant les yeux de terreur, l’estafette fit un bond avant de se précipiter vers la sortie, dégageant tous ceux qui se trouvaient sur son passage. Avec un léger sourire, Anton fit de nouveau le signe qu’attendaient ceux qui venaient d’être bousculés dans leur insoutenable impatience. Le prochain, cette fois, accouru, éjecté de l’essaim. -Monsieur Terpitz. Quelles nouvelles du capitaine von Rinauer ? -Excellence ! Le capitaine vous signale des mouvements de contestation parmi les civils ! -Une contestation ? -Rien de grave, monsieur le commandant suprême, juste quelques cas de désobéissance, mais le capitaine souhaitait vous avertir que pour faire taire tout début de mutinerie, il avait choisi de séparer et de répartir différents groupes de miliciens. Il les a envoyé au service des officiers Meltburg, Kraemer, von Kläm et Rodörfy. -Et pourquoi êtes-vous là s’il a déjà bien la bonne décision ? -C’est que… notre régiment, originaire de Malburg, a toujours voulu notifier le moindre de ses agissements au commandement, répondit, quelque peu embarrassé ledit Terpitz. -Cher ami, faîtes moi le plaisir de déguerpir. Vous ne reviendrez que pour me signaler autre chose que le début d’un rien du tout ! Là, Anton avait levé la voix. L’estafette eut prit tout juste le temps de s’incliner avant de repartir. Les autres se regardèrent un moment, et à peine eussent-ils désigné celui qui devait s’avancer qu’une porte s’ouvrit avec fracas. Un superbe officier entra. Malgré son jeune âge, il ne manquait pas d’allure. Son uniforme respectait les couleurs de sa province, mais quelque chose trahissait son passé. Son fourreau adoptait la forme d’un cimeterre, un de ces magnifiques sabres orientaux. Pour le reste, il avait tout du petit bourgeois fraîchement promu, mais qui ne n’hésitait pas à revendiquer son grade. Celui de Main du prince. -Messieurs, laissez nous, trancha-t-il aussi sec. Le commandant suprême n’eut pas levé un sourcil que les aides de camp se retirèrent, non sans tenter vainement de faire valoir une dernière fois leur audience auprès de Ludenhof. Quelques instants plus tard, seuls quelques gardes et les deux officiers étaient encore dans la pièce. -Pardonnez moi, commandant, mais j’ai pensé que l’objet de notre entrevue devait rester aussi confidentielle que possible, continua le jeune homme, s’avançant protocolairement vers son supérieur. -C’est une dépêche confidentielle que vous tenez là ? -Précisément. -Et vous vous êtes permis de la lire ? -Ah… euh, c’est que… eh bien votre Excellence, c’est que j’ai pensé que… ne sut vraiment que dire Meltburg, embarrassé par la situation. -Vous n’êtes pas mon second pour rien. Vous pourriez éviter d’en être gêné. D’ailleurs, vous me faîtes gagner du temps, ce dont je manque le plus. Alors, que m’annoncez-vous ? Les rapports des éclaireurs ? -Oui… Oui, votre Excellence. L’éclaireur Markus Lied est revenu. -Lied… douzième cavalier de la sixième patrouille ? voulut s’assurer Ludenhof. -Celui-là même. -Ce n’est pas le plus sérieux d’entre tous. Enfin, qu’est-ce qu’elle raconte votre dépêche ? Meltburg marqua une pause, lâchant même un soupir. Enfin, il releva les yeux et annonça à son supérieur la raison de sa venue. -L’ennemi approche, mon commandant. Ils ont passé Neuheim. -Neuheim… vous me dîtes, commença à réfléchir Anton, ses yeux trahissant les calculs de temps et de distance qui l’agitaient. Ils seront là dans dix heures, onze tout au plus. -C’est ce qui est à craindre, effectivement. -Approchez Swen, approchez, fit le prince, lui faisant signe de venir à ses côtés. Regardez les, et maintenant, poursuivez. Le capitaine n’ignorait pas que lorsque le commandant suprême l’appelait par son prénom, c’est qu’il avait besoin de son avis. Il aurait pu croire que son analyse lui serait utile, mais la réalité était tout autre : Ludenhof cherchait simplement la sincérité de son second afin de mieux l’évaluer. D’ailleurs, il savait très bien comment s’y prendre. Meltburg était terriblement exposé, là, face à ses deux mentors : la troupe et le prince. Anton n’avait pas peur. Ou du moins, il ne le montrait pas. En tant qu’élève, il fallait que Swen use du même art. -Monsieur le commandant, Lied affirme avoir vu la population locale être tombée sous les forces de la Sylvanie. Ils n’ont pas fait de prisonniers. Les pauvres êtres suivent maintenant les rangs de l’ennemi, reprit Meltburg, avalant difficilement. -Il a parlé de l’état de ces cadavres ? demanda brusquement Ludenhof. -Non, le sergent Pförmann ne m’a rien dit de particulier à ce propos. Mais Lied était terrifié, désorienté, sonné même lorsqu’il a rendu son rapport. D’après mes lieutenants, il ne cessait de demander si on avait retrouvé un de ses camarades. -Lequel ? -Un certain Fritz. Je n’ai pas le nom de tous mes soldats en tête. -Et vous pensez que son jugement a été altéré par son état ? -Je pense plutôt qu’il faut peut-être s’attendre à de nouvelles indications, lorsqu’il aura repris des forces, précisa Swen, fixant les contrebas du donjon. -On a une confirmation du nombre ? -C’est imprécis. Mais on doit s’attendre à près de quinze mille lances. -Et ce n’est qu’un minimum. L’ennemi va se renforcer… autre chose ? Il a vu quoi exactement votre éclaireur ? Des engins de siège ? Quelques bonnes bestioles dont la Sylvanie a le secret ? -Rien de tout cela, pour l’instant. Je vais y retourner et l’interroger personnellement. Je vous laisse son rapport ? Le peu qu’il y a d’écrit peut être utile. Du moins, on sait maintenant le temps qu’il nous reste, conclut Meltburg, redressant le buste. -Faîtes ça, oui. Et vous, comment vous sentez vous ? questionna Ludenhof, adoptant ce regard d’émeraude si perçant qui déstabilisait tous ceux qui le croisait. -Je suis à mon poste, monsieur. Vous savez que je vous suis tout acquis, je vous dois tout, répondit sur le même ton le jeune disciple. -Si vous avez peur, je le saurais, Swen. Je le saurais. Allez à la rencontre de ce Lied, et tirez de lui ce que vous pourrez. Vous m’enverrez au plus vite monsieur Schoeher. Pour le reste, faîtes connaître aux autres officiers que je veux les voir à ma table ce soir. -Selon vos instructions, Excellence, termina le capitaine en s’inclinant et se retirant tout doucement. Avant que la porte ne s’ouvre, Swen entendit une dernière phrase de son supérieur. -Vous masquez mal votre peur. Faîtes mieux que ça, voulez vous… Kael !
  10. Oui, merci Nepher... Mais JB m'a bien compris : je cherchais les règles optionnelles que vous proposez, je savais où chercher le pdf de mise à jour
  11. Euh... Tous les pdf proposés ont des liens morts... 'pouvez faire quelque chose ?
  12. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    Plus sérieux, moins débile-rigolo, tout aussi excellent Juste, question : ils sont en Bretonnie ou dans l'Empire ?
  13. Kael

    [WHB-NDChaos] Zharvatta Zirkuß

    Bonjour à tous ! Allez, petite suite ! J'ai enfin, enfin -ENFIN !- ce régiment de 30 nabots clownestes ! /> Et, en prime... ben vous avez mon concept de hobgobelin ! Inspiré du "Wienerisch Prater", et si vous voulez l'histoire complète, 'faudra m'd'mander ! /> Pho-tos ! [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.133.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.127.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.128.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.129.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.130.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.131.jpg[/img][/url] [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2013/10/17.132.jpg[/img][/url] Kaelounet />
  14. Kael

    Le siège de Leicheberg

    Souiteuh ! La forteresse de Leicheberg. Elle était enfin là cette citadelle que l’on disait imprenable, tellement d’ailleurs que lors de la dernière des guerres vampiriques, elle était passé à l’ennemi une dizaine de fois. Il n’en restait pas moins qu’elle se tenait là, arborant fièrement les couleurs du Grand Comté. Leicheberg. La montagne de cadavre. La citadelle portait bien son nom. Cinq murailles protégeaient le bastion intérieur, protégeant chacune des quartiers entiers d’une ville qui comptait plus de casernes que de tavernes. L’essentiel des forces du Stirland y étaient constamment en garnison. Même lors de la terrible Tempête du Chaos qui ravagea le nord de l’Empire, le graf de Wurtab s’était refusé à dégarnir Leicheberg. Cette citadelle qui avait connu tant de sièges, tant de massacres, tant de morts, était le seul rempart viable face aux invasions sorties de la Sylvanie. Son nom, elle l’avait gagné par les monticules de corps qui avaient jonché son sol aux différents niveaux de la cité, mélangeant aussi bien les soldats que les horreurs invoqués par les nécromants. Ce type de forteresse n’était en soit pas une exception au sein de l’Empire. L’influence des nains en matière d’architecture militaire était partout. Mais Leicheberg avait la particularité d’être l’une des plus vieilles. Sa construction remontait déjà au temps de Sigmar, où elle n’était alors qu’un bastion de bois et de paille. On racontait néanmoins que le premier Empereur y avait séjourné, peu après la bataille où il parvint à unifier toutes les tribus. Par ailleurs, même si le tourisme n’était guère développé, le comte von Stople, en charge de la forteresse, mettait à la disposition des visiteurs un musée où quelques babioles de ce temps là avaient pu être conservées. Le terme était pleinement approprié. Qui pourrait s’ébahir d’un bout de fourrure moisi, si légendaire soit-il ? Mais la fonction de la forteresse restait évidemment militaire. Passé le temps des guerres contre les orcs, contre les morts-vivants, et également contre le Talabecland durant la guerre civile, la citadelle décida de s’enterrer, notamment face à la menace que représentait peu à peu l’artillerie. Ainsi, aux cinq murailles qui s’élevaient sur le pic, des souterrains que l’on pourrait presque appeler des catacombes permirent de protéger la cité au mieux. L’importance de Leicheberg était telle que le quart des productions agricoles du Grand Comté y étaient destinés, en réserve, quitte à affamer les paysanneries. Beaucoup à Nuln ou à Altdorf pensaient que le Stirland investissait d’une manière démente sur ce bastion, d’autant que cela faisait des années et des années que la Sylvanie se tenait tranquille. Ils ne comprenaient pas que c’était de cette forteresse que dépendait la survie même de la province. Le souvenir des guerres vampires était toujours bien présent dans chaque famille du Stirland. Il était hors de question de penser ne serait-ce qu’une seconde à désarmer Leicheberg. Ce fort qui protégeait aussi bien leur terre que l’Empire lui-même était une fierté, un orgueil que chacun pouvait avoir, s’approprier. Á tel fait d’arme du Middenland, à telle bravoure de l’Ostermark, à telle invention de Nuln ou à tel palais du Reikland, le Stirland se contentait de rester ce qu’il avait vocation à toujours rester : la terre sacrée de la dernière reine guerrière, le sol immaculé où les horreurs de la mort et de l’au-delà seraient à jamais vaincues. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/08/12.74.jpg[/img][/url] [i][size=10]Leicheberg, à sa grande époque.[/size][/i] Mais cette forteresse avait bien des défauts. Là où on parlait d’héritage, beaucoup pensait déjà à la rusticité de la chose. Á Altdorf, on n’hésitait pas une seconde à qualifier la citadelle d’obsolète. Et pour cause. Depuis que le Stirland n’était plus à la tête de l’Empire, son règne s’étant terminé sur le malheureux épisode de Dieter IV, les comtes électeurs de la province n’avaient plus les moyens de maintenir le fort au goût du jour selon les standards de l’époque, si tant est qu’ils eussent eu déjà l’occasion de mener ce genre d’entreprise. Ainsi, les efforts étaient suffisamment considérables pour espérer seulement maintenir la forteresse en état. Cela n’empêchait malheureusement pas d’en faire une vitrine bien esthétique du comté. Il était préférable d’en rester aux faits d’armes. En soit, le fort n’avait pas tant de retard à rattraper vis-à-vis de ses homologues impériaux. Militairement, la place était défendable. D’ailleurs, et l’anecdote valait d’être remarquée, aucun plan d’invasion du Stirland émis par quelque province belliqueuse n’envisageait sérieusement l’hypothèse d’un siège. Sans l’avouer, cela aurait été une folie. En vérité, la forteresse n’était tombée que par l’obstination toute « naturelle » des levées sylvaniennes. Aucune armée humaine ou simplement mortelle ne pouvant s’en prévaloir, elles préféraient passer son chemin, et la sévère défaite du Talabecland sur le fort laissait nettement à penser qu’il valait mieux continuer ainsi. Certes, contrairement aux autres grandes forteresses impériales, la mécanique n’avait pas lieu d’être ici. L’armée du Stirland entretenait tout juste un train d’artillerie dont l’efficacité tenait plus de la figure diplomatique que de la réelle performance militaire, alors s’imaginer voir équipée la citadelle de prouesses technologiques hors de prix, c’était là pure folie. Sensiblement, le schéma tactique de Leicheberg restait très classique. Les défenses offraient aux assiégés de quoi repousser l’ennemi, et les murs de la citadelle étaient à même d’entreposer de quoi entretenir un siège. Petite merveille, l’alimentation en eau ne dépendait pas seulement des puits. La rivière steyr avait été détournée pour passer sous la forteresse, et la déviation avait été faîte de main de maître, puisque la chose était souterraine, et puisque ladite rivière se tenait nettement plus à l’ouest que le fort situé dans la partie occidentale du Stirland, un risque de contamination venue des troupes de la Sylvanie était minime. Par sécurité toutefois, en période de guerre, c’était aux prisonniers d’inspecter la qualité des eaux, en entendant évidemment par là qu’ils devaient la goûter et en subir les conséquences si empoisonnement il y avait eu. Non, militairement la citadelle constituait un obstacle de taille. Mais des défauts, il n’en manquait pas, et notamment concernant un critère sur lequel le Stirland n’était pas prêt à faire évoluer les choses. L’esthétisme voyait là sa Némésis. Qualifier la place de « bordel » serait une insulte même à ces lupanars que les Stirlanders appréciaient tant. Se retrouver dans le dédale de ruelles qui s’était installé entre les murailles tenait de l’exploit. La seule chose dont on était à peu près sûr, c’était que les habitations les plus nobles se situaient « vers le haut ». Encore fallait-il que de nobles il y ait. Plus aucun aristocrate, à l’exception de la famille du comte von Stople, n’habitait les lieux. Le dernier niveau était donc un spectacle de maisons bourgeoises abandonnées qui lui donnait presque une allure fantomatique lorsque l’on regardait en contrebas la nuée de soldats mêlée à la populace, l’un et l’autre ne pouvant se distinguer que sous les yeux d’un pur natif de la province. Personne n’avait eu le courage de faire un plan, et encore moins un plan des souterrains. Mais si seulement il n’y avait que cela… il flottait en permanence une odeur nauséabonde. La merde conjointe à la pisse prenait le museau de n’importe quel animal muni du plus minable des odorats. La disposition des latrines était un tel fiasco que désormais il était impossible d’y remédier. Du moins, même une fortune n’aurait pas convaincu le moindre ouvrier de s’y rendre corps entier dans ce lieu cent fois maudit. On avait bien essayé encore une fois de forcer des prisonniers, mais une fois la pelle à la main, il n’y avait pas un seul qui résistait au malaise, et tous finissaient par rejoindre l’objet de leurs hypothétiques travaux. Horrible vision que celle de voir un homme, si criminel soit-il, être aspiré vivant par cette masse stagnante. Qui avait bien pu être le crétin d’architecte qui avait pensé qu’installer ces aisances autour des murailles du premier niveau serait une bonne idée ? Certainement un de ces Tiléens que le Stirland débauchait afin de s’éviter les honoraires des érudits venus de Nuln. Cet anneau putride englobait littéralement tout Leicheberg, et n’avait aucune peine à parvenir aux narines des niveaux les plus élevés. Même les souterrains en étaient imprégnés. Il n’était pas rare de croiser des familles entières avait des feuilles, voir des cailloux, faisant avec ce qu’elles avaient sous la main, profondément enfoncées dans les cavités nasales. Ce qui avait par la même occasion causé beaucoup d’accidents malheureux. Tout le monde avait en mémoire la tragique fin du petit Raimund qui avait eu la mauvaise idée d’inspirer profondément par le nez alors même qu’il s’était muni de la sorte. La pierre avait atteint le cerveau au bout de plusieurs heures de dérive agonisantes. Les médecins avaient été impuissants. Enfin, les médecins. Ceux qui avaient déjà désinfecté une plaie avec plus ou moins de succès. Et si l’hiver apportait une couche de neige qui permettait à peine de couvrir l’odeur, l’été était un cauchemar. Des milliers et des milliers de mouches s’agglutinaient sur les déjections devenues un véritable cloaque aux liquides à ce point compact qu’une hache aurait pu s’y maintenir à la surface. Et gare à l’imprudent qui tombait des échelles menant aux murailles. Les soldats avaient surnommé cette abomination le « [i]slourp[/i] ». Enfin, il aurait été difficile de mesurer la laideur du reste de la cité après cet aspect déjà si horrible. La pierre était noircie de toutes parts, les rues n’avaient presque plus de pavés, laissant des chemins de boue en guise de voie urbaine… il n’était pas rare que lors de grandes pluies, toute l’eau tombée sur le sommet se précipitant vers le bas, les quartiers inférieurs se retrouvaient inondés jusqu’au genou. La vermine était abondante, et seules les quelques rares judicieuses précautions des autorités avaient pu sauver les réserves. Sortir de nuit était une folie. Ces quartiers là n’avaient pas le moindre éclairage. Et puisque les citadins étaient en permanence au contact des soi-disant troupes régulières du Stirland, la criminalité prenait un tout autre visage. Trafics en tous genres, prostitution non déclarée, vol, marché noir, recel, et tant d’autres activités qui n’étaient jamais réprimandées. Tout se faisait « [i]dans le feutré[/i] ». Il était très rare de se faire agresser en plein jour. Mais dès la nuit tombée, et à l’intérieur d’une de ces centaines maisonnées qui tenaient plus du taudis que d’une habitation décente, les maux de l’humanité trouvaient un refuge des plus douillets. Il fallait bien comprendre les pauvres habitants. La plupart n’étaient que des paysans effrayés qui avaient choisi initialement de s’installer provisoirement à Leicheberg, espérant bientôt retrouver leurs fermes. Mais c’était sans espoir. Chaque mois, leur autorisation de départ n’était pas délivrée. Á vrai dire, pratiquement aucune n’avait été donnée, et ce depuis plus d’une décennie. Á une population fière de sa citadelle, se mêlait désormais une masse misérable qui n’avait plus rien à voir avec ce qu’avait pu connaître autrefois la cité. Et c’était sans compté que c’était à Leicheberg que tous les hommes trouvés ci et là aux abords de la Sylvanie étaient jetés. Tous les hommes, y compris les populations venues du nord de l’Empire, ayant fui l’invasion du Seigneur de la Fin des Temps. Aux populaces rurales de la province se mêlait donc sans distinction des hommes du Hochland, de l’Ostermark, du Nordland ou encore de l’Ostland. Il était parfaitement inutile de préciser à quel point les tensions sociales étaient palpables. Et c’était à cet homme, à ce prince d’exception, à ce génie de l’art militaire, à ce politicien hors pair, à Anton Ludenhof, le commandant suprême des forces du Stirland de faire front depuis ce rocher de misère.
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    Petits Récits Nurglesques

    Toujours très très, mais alors très, sympa à lire Juste "la suite" !
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    Le siège de Leicheberg

    Suite ! Les silhouettes commencèrent à apparaître. Chancelantes, vacillantes, titubantes, elles se traînaient, les mains pointées vers ce qui pourrait combler leur appétit. Animées par un instinct de survie qui n’avait plus d’autres soucis que de se sustenter d’une manière ou d’une autre, leur marche semblait implacable. Les épaules allant de gauche à droite, la tête d’avant en arrière, elles ne quittaient pourtant pas des yeux les deux soldats. D’autres bruits. Il y en avait d’autres. Ils arrivaient par les côtés. Une tuile alla même se fracasser en contre bas. Il y en avait même sur les toits. -Bon… une suggestion… ? demanda Edmund, reculant mécaniquement vers les chevaux. -Il faut repasser la rivière ! -La goule de tout à l’heure ne pouvait pas être la seule. Il doit y en avoir des dizaines ! -Et tu préfères quoi ? [i]Whas denkst du endlich[/i] ?! Faut partir d’ici ! Les morts-vivants avançaient. Ce n’était plus qu’une question de minutes avant qu’ils ne soient sur les pauvres Stirlanders. -[i]Glöb mir[/i] ! Y’a pas plus dangereux qu’une meute de goules… ! -Mais bordel ! Tu veux qu’on fasse quoi ? Tu crois qu’on va tenir ? -Il faut continuer la route. -La route, elle est bloquée, pauvre con ! Tu l’vois pas ?! -Leicheberg est devant, répondit froidement Edmund. -De… quoi ? Qu’est-ce tu dis ? Fritz monta sur Innst. Curieusement, le cheval ne semblait pas tendu, seulement attentif. Il agitait néanmoins ses sabots, cherchant à faire comprendre à son maître qu’il était temps de partir. Edmund entendait lui donner raison. -Il faut passer, cria-t-il, dégainant son épée. -Tu te fous de moi là ?! répliqua Markus, montant sur sa jument. -T’es avec moi ? Le cercle de la non-vie se rapprochait… -Attends… tu vas quand même pas… ? -Gloire et honneur au Grand Comté ! hurla Edmund, éperonnant Innst. Le coursier se cabra, et à toute vitesse, fila en direction des morts-vivants. Il y en avait plus que ne l’avait pensé le cavalier. D’instinct, le cheval sauta par-dessus la première ligne, Edmund ayant manqué de peu d’être désarçonné. Il se retrouvait maintenant entre ceux qui suivaient auparavant ceux qui se retournaient maintenant. -Si. Il l’a fait. Yah ! Markus ordonna à sa monture de le rejoindre. Mais celle-ci n’eut pas le même courage qu’Innst, et chargea maladroitement les premiers zombies. Ce qui était censé être une fuite aussi véloce que précise tournait désormais à un corps à corps dont l’issue était fatale. -Bordel ! T’en as d’autres des idées à la con comme ça ?! -Ta gueule ! ne sut que répondre Edmund, trop occupé à transpercer de sa lame une énième abomination. Faut foutre le camp ! -Non, sans déconner ?! Tu crois ? Non parce qu’on peut servir de pique-nique si tu veux ! Presque simultanément, les deux chevaux prirent appui sur leurs membres antérieurs et flanquèrent un coup sec dans la masse de ces créatures. Plusieurs furent jetés à terre, les autres furent bousculés. -Allez merde, on arrête tes conneries, et on dégage ! Edmund n’allait pas contester une proposition aussi clairvoyante. De chaque ruelle, de chaque maison, de chaque porte, de chaque fenêtre, sortaient les villageois devenus des serviteurs de la non-vie. Il y avait des hommes, bien sûr, des fermiers et des palefreniers, mais également des femmes, et des enfants. Le cri d’effroi d’un bébé glaça le sang des cavaliers. La vision d’un soldat animé de la même sorcellerie leur fit vite comprendre que ce n’était pas le moment de s’attarder sur cette horrible vision. La mort n’était pas seulement ce qui les attendait s’ils se faisaient capturer, puis certainement dévorer. C’était bien une éternité d’asservissement, éloignés pour toujours de la lumière de Freya et de Sigmar. -Putain, y’en a partout ! C’est pas vrai ! Markus avait raison. Les rues étaient envahies par ces êtres revenus de l’au-delà. Les éclaireurs se faufilaient comme ils pouvaient, tels des flèches transperçant un océan de décomposition et de putréfaction. Edmund nota tout ceci. Dans sa fuite, il comprit qu’il ne pouvait pas s’agir uniquement des habitants Neuheim. Il y en avait trop. Non, il s’agissait bel et bien d’une première offensive, visant à ratisser les villages environnant la citadelle de Leicheberg. L’armée qui était en mouvement ne souhaitait donc pas être ralentie. Par déduction, Edmund en conclut que celle-ci se déplaçait alors à toute vitesse. Mais il y avait quelque chose qui l’inquiétait beaucoup plus, ce qui n’était pas peu dire. Les cadavres qui griffaient Innst de leurs ongles crasseux étaient dans un état… inhabituel. Regardant de part et d’autre, esquivant tantôt ce qui sautait des toits aussi bien que ce qui se jetait sous son cheval, il ne put s’empêcher de constater que ces zombies étaient atteints d’un pourrissement tel qu’il ne pouvait être l’œuvre que d’une puissante magie. Il y avait au moins d’anciens habitants de Neuheim ici, c’était certain. Et il avait déjà vu des « serviteurs frais ». Ceux-là n’en étaient pas au point de ramasser leurs boyaux. De la nécromancie. Un de ces mages noirs avait fait abattre sa malédiction sur la malheureuse bourgade. Ce n’était pas un détail. Cela supposait que l’armée venue de Sylvanie pouvait éteindre l’étincelle de vie de toute une population locale afin de l’asservir sur l’instant. Ce n’était pas des corps relevés. Les habitants n’étaient pas morts au combat. Ils avaient dû se terrer chez eux, priant les Dieux de les épargner, les pères et les fils barricadant les portes, les mères et les filles rassurant tant bien que mal les enfants. Oui, les portes avaient été clouées ou bien cadenassées. Markus n’avait-il pas forcé la porte de la seconde maison ? Edmund ne pouvait pas se permettre de tomber ici. Ce qu’il venait d’apprendre, le commandant suprême devait impérativement le savoir. Les vampires avaient un atout contre la forteresse. -Il doit le savoir ! -Hein ? -Continue ! Mais c’était impossible. Les zombies s’étaient rassemblés. Ils bloquaient la sortie du village. Un d’eux, qui portait un uniforme et qui tenait fermement une torche d’une main et un pistolet dans l’autre, tira un coup de feu. La balle partit se loger dans le crâne d’un de ses homologues, celui-ci se retournant vers son supérieur, l’air hébété et contrarié. Les chevaux n’eurent d’autres choix que de s’arrêter. Le reste des morts-vivants refermaient lentement leurs arrières. -Oh… putain. -Non… non ! Il faut qu’on passe ! -On est foutu, fit Markus, descendant de sa jument. -Qu’est-ce que tu fous ?! -Ils ne m’auront pas facilement. Ces mots avaient été prononcés avec le même regard de haine que celui qu’abhorraient ces créatures. C’était là le regard d’un Stirlander envers ce qui rongeait sa terre natale. Edmund le connaissait bien. L’épée à la main, il alla aux côtés de son ami. Les deux coursiers ne savaient que faire. Ils restaient finalement au plus près de leurs maîtres. -Ce fut un honneur, Edmund. -Pareil pour moi. -On aurait dû prendre par la plaine. -Oh… mais va te faire ! lança Fritz, s’accordant un sourire de désespoir. Markus jeta un coup d’œil sur la vague qui arrivait depuis le centre du village. Elle était nettement plus nombreuse que ceux qui leur barraient la route. Mais ceux-là avaient établi une barricade. Non, il n’y avait aucun moyen de passer. Cordonnerie. Taverne. Entrepôt. Tannerie. Menuiserie. Tisseranderie… Tannerie ? -Oh putain ! Markus fonça vers la tannerie. La porte était fermée, heureusement, elle n’était pas barricadée. Essayant de l’enfoncer de plusieurs coups de bottes, elle bloquait toujours l’accès. Edmund lui, eut à peine le temps de voir son camarade agir de la sorte. -[i]Wahs machst du dah[/i] ?! La porte céda enfin. Elle tomba net à l’intérieur de la maison du tanneur. Markus se précipita à l’intérieur. -Retiens les un moment ! -Ah… ! Ben ouais, pas de problème ! ironisa Fritz, pourtant très inquiet de l’avance des zombies. Lied fouilla dans tout l’atelier. Ouvrant tonneaux et autres récipients, il était animé d’une réelle frénésie. Il y avait encore un espoir pour les deux hommes de s’en sortir. Encore un dernier. -Mais putain, mais où elle est bordel de bordel de bordel de merde ?! Où tu l’as foutu, connard de tanneur ! Une plainte. Encore une. -Ah mais non ! Pas maintenant ! Ledit tanneur était là. Il semblait sourire, tel un ahuri qui venait de piéger un copain. Á l’extérieur, Edmund ne comprenait toujours pas ce que faisait Markus. Les deux chevaux restaient collés à lui. S’il tendait l’épée, il toucherait déjà un de ces monstres. -Crève charogne ! hurla Lied une fois qu’il en eut fini avec le tanneur. Ah, c’que tu m’auras tanné toi ! -Eh connard, tu crois que c’est le moment de faire des calembours à deux ronds ?! cria Edmund, ayant entendu le jeu de mot de son ami. -Retiens-les j’t’ai dit ! -Quand t’es comme ça, ça m’énerve ! cria encore Edmund Fritz. Un dernier tonnelet. C’était le bon. -Oh putain ! Je l’ai ! Je l’ai ! Par Sigmar, je l’ai ! Ah, mais ouvre toi bordel ! Ouvre toi ! -Et merde… Au nom du Stirland ! lança Edmund, décidant de s’engager dans le combat. Il continua de s’encourager, de se donner le moindre espoir, à chaque coup qu’il donnait. En quelques passes d’armes, il avait déjà mis à terre une dizaine de ces zombies, mais ils étaient innombrables. Et cette fois, il ne fallait pas compter sur les deux chevaux. Tout à coup, Markus se précipita dehors. Dans une danse furieuse, il répandit sur la masse mort-vivante le contenu du tonnelet. Même Edmund resta bouche bé en voyant le comportement du soldat. -Euuuuuh… ? Il ne fallait pas être un zombie pour parler leur langage. -Á cheval ! Bordel à cheval ! hurla encore Markus, ayant fini de tout vider. Sans réfléchir, et profitant de l’incompréhension des cadavres, Edmund obéit. -Attention ! On y va mon gars ! On fonce ! -Hein ?! -Au nom du comte ! L’épée au clair, il décapita d’un revers splendide le chef des morts-vivants. L’instant d’après, il en était déjà à se dépêtrer de cet ensemble purulent. Fritz en fit autant, sans comprendre. Il obtint enfin sa réponse en voyant les zombies s’enflammer. Markus était un génie. Toutes ces abominations se transformèrent en véritables torches. Il n’en fallut pas plus pour affoler les chevaux et leur donner l’énergie de bondir au-delà de la masse. La barricade était trop haute pour être franchie et les côtés étaient encore gardés par des morts. Mais les flammes allant d’un corps à un autre, ils furent incapables de se saisir de ces proies pourtant si fragiles, si frêles. Markus et Edmund les regardaient, figés, les voyant se débattre, se tordre dans tous les sens, gémissant encore et encore. Si beaucoup se rapprochèrent, espérant les amener avec eux, aucun ne put aller au-delà du tranchant des épées des deux cavaliers. -Alors là… [i]guht gespielht[/i]… -Mon oncle est tanneur. -Je sais. Tu crois que ça va les contenir ? -On nous ouvre la voie ! On y va ! Markus avait encore une fois raison. Les quelques zombies qui protégeaient les bords de la barricade n’étaient plus qu’un tas de chair et de cendre. Les autres, ceux qui venaient de l’intérieur du village, n’allaient pas tarder à passer le mur de feu que constituaient encore leurs malheureux camarades. Il était temps pour les deux Stirlanders de poursuivre leurs route. Vers Leicheberg. Kaelounet
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    Le siège de Leicheberg

    Suite ! Ayant bondi sur son cheval, Edmund remarqua que celui-ci conservait ses oreilles baissées en arrière. L’animal sentait-il par là seulement cette atmosphère angoissante si palpable, ou bien l’approche d’une nouvelle créature ? Dans tous les cas, il n’y avait pas une minute à perdre. Même accompagné par Lied, le danger était toujours présent. Leurs vies étaient en jeu. -Leicheberg, c’est par là ! indiqua Markus, pointant du doigt l’ouest. -Oui, mais ça serait passer par la plaine. -Et ? -Il y a une rivière, un ruisseau, je sais plus, le bachheln. -Il se jette pas dans le Stir c’lui là ? -Si. -Alors il passe forcément par la plaine, suivant le nord ! [i]Bihst du Dumh[/i] ? lança Lied, terminant sa phrase en utilisant une expression typique d’un Stirlander qui s’assumait. -Par le nord-ouest plus exactement. Bon bref, tu veux pas tenter de le traverser ? -Tu crois que ça pourrait les ralentir ? -Au moins les perdre à l’odeur, supposa Edmund, essayant de rassurer son destrier. -Hmmm… -Bon, dans tous les cas, ‘faut se magner là ! Tu me suis ? -Tu vas nous rallonger la route. Il faut prévenir Ludenhof, merde ! -On est pas prêt de l’avertir si on se fait buter par ces saloperies ! -Rha ! Merde, à la fin ! J’te suis ! -Yah ! cria Fritz, étalonnant son cheval, et filant vers le sud-ouest. La lune avait disparu. Seules quelques étoiles qui n’allaient pas tarder à être aspirées par cette aura ténébreuse éclairaient encore faiblement la route des deux soldats. Bien sûr, il aurait été beaucoup trop dangereux d’allumer des torches. D’ailleurs, avant même de partir, tous les éclaireurs avaient daigné de prendre la moindre lanterne. Ils étaient entraînés à voir dans l’obscurité. Néanmoins, le manque de visibilité restait une gêne terriblement contraignante, qui ne faisait qu’exacerber leur angoisse. Par où arriverait leur prochain adversaire ? Que discerner de l’avancée des troupes ennemies ? Étaient-ils bien sûr de l’orientation qu’ils avaient prise ? Tant de questions qui ne pouvaient espérer trouver une réponse. A cette nuit qui engouffrait tout, se mêlait désormais un léger brouillard. Pour le moment, il ne faisait que caresser le sol, empêchant seulement les deux cavaliers de voir les sabots de leurs montures respectives, mais ils savaient que sous peu, il allait se relever, se redresser, à la manière de ceux dont il annonçait la venue. Markus et Edmund devaient se diriger à l’ouïe. Encore fallait-il qu’un son puisse leur parvenir, déjà qu’ils peinaient à entendre autre chose que le galop des chevaux. Ils ne pouvaient penser à rien d’autre. Ils étaient absorbés par ce qui les entourait. Tant que le ruisseau n’était pas en vue, ils étaient condamnés. Âmes damnées en fuite, que pouvait-il bien leur rester, si ce n’était l’espoir, au moins le devoir. Enfin, le bruit d’un cours d’eau se fit entendre. Fritz ne s’était pas trompé. Quelques instants plus tard, les chevaux s’arrêtèrent brusquement. Le brouillard monté jusqu’aux jambes des cavaliers, le ruisseau n’était pas visible. -Eh merde ! Comment on sait si on traverse à gué ? -Ah ben… y’a pas trente-six solutions… ! Edmund fit avancer avec peine son cheval. Il était terrorisé. Et ce n’était pas les coups d’étriers qui allaient changer quoique ce soit. Seules les paroles rassurantes de son maître purent lui faire faire quelques pas. L’eau était glaciale. Inhabituellement glaciale. Edmund pouvait la sentir, elle lui arrivait aux cuisses. Même au printemps, elle n’était pas censée atteindre une telle température. Quelque chose de maléfique devait se passer près de sa source. Ce fut à ce moment là qu’il s’aperçut que de la buée émanait de sa bouche. L’air ambiant était tout aussi froid. Après quelques maladresses, un sabot glissant sur une pierre, un sursaut inattendu de la part du cheval, ou des rennes serrées avec précipitation en ayant cru entendre un bruit, Fritz atteignit enfin l’autre rive. -Allez, c’est bon ! Ramène-toi ! Même si Edmund ne put voir son ami entrer dans l’eau, il entendit clairement les pas de son destrier, et sur les protestations du cavalier. -Rha, mais bordel… ! Elle est gelée ! Un bruit. Cette fois, aucun doute. Il y avait bien quelque chose. Dégainant son épée, Edmund regarda frénétiquement aux alentours. Il ne pouvait voir qu’à quelques pas. -T’as entendu ? -Quoi ? -J’crois qu’il y’a… Un grognement. Ce n’était pas celui d’un loup. Une puanteur comme jamais il n’en avait senti vint jusqu’à ses narines. Aussi immonde que fut cette odeur, elle lui indiqua la position de ce qui la dégageait. Il décida de mettre pied à terre. Le cheval s’éloigna un peu, confirmant par là la présence de la chose. Serrant son épée de toutes ses forces, Edmund fit preuve d’un immense courage en faisant le premier le pas. La petite marche qu’il entreprit était un exploit. La créature pouvait surgir de toutes parts. Où était-elle ? La réponse n’allait pas tarder. Quelque chose transperça la brume. Était-ce humain ? C’était beaucoup trop agile pour être un de ces morts-vivants qu’Edmund avait déjà eu l’occasion de voir. Ce monstre voûté, aux griffes et aux crocs acérés, avec toujours ce même regard de braise… c’était une goule. Elle attaqua à nouveau. Poussant un cri de haine autant envers ce monstre qu’envers sa propre peur, il l’accueillit par un puissant coup de taille. Les griffes à un rien du visage de son adversaire, la goule s’effondra. Edmund eut du mal à reprendre sa respiration. Haletant, il se décida à terminer son office. Prudent, il se contenta de donner des coups maladroits. Frappant ce qui se trouvait à portée, il parvint à réduire en lambeaux la créature. -Oh… -T’arrive à temps. -C’est quoi ce truc ? -Une goule, répondit Fritz, allant chercher son coursier et essayant de dissimuler la peur qui l’habitait encore. -Tu crois qu’il y en a d’autres des comme ça ? -Tu crois que j’en sais quelque chose moi ? Dépêchons nous, tu veux ? Et les deux cavaliers reprirent leurs routes, plus inquiets que jamais. Cette fois, le brouillard était complet. Plus rien n’était visible. Ils étaient plongés dans une masse aux reflets bleutés, guettant chaque son, et perpétuellement rongé par une angoisse qui ne faisait que s’amplifiait. Une branche qui se cassait. Un caillou remué. Une feuille qui tremblait. Tout les pétrifiait. -On est toujours dans la bonne direction ? Putain, on y voit rien ! -Ferme là ! Tu veux qu’ils viennent jusqu’à nous ! chuchota Edmund, recourbait sur son cheval. -On va par où là alors ? reprit Markus, imitant son camarade. -Á la louche, on continue tout droit. -T’es sûr ? -Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? On est censé tomber sur un village. -Lequel ? -Neuheim. -Neu quoi ? -Neuheim, bordel ! -Mouais… -Quoi ? -Si on était passé par la plaine… ! -… on serait mort ! [i]Schnauzh[/i] ! siffla Edmund, s’en était retourné au dialecte du sud Stirland. -Eh ho… non mais. Fritz avait eu raison. Après une longue course, ils arrivèrent enfin au village. Ils ne pouvaient discerner qu’une maison après l’autre. Il n’y avait aucun signe de vie. C’était normal. Les habitants devaient être terrés chez eux. Décidés à s’accorder une courte pause, les deux cavaliers attachèrent leurs chevaux, non sans les avoir préalablement essayé inutilement de les rassurer. -Je suis pas sûr qu’on est vraiment le temps pour ça… -Attends, Fritz, tu permets ? J’ai pas posé mon cul depuis trois jours. On reste une heure, pas plus. -Non, hors de question. Pas une heure. On a pas le temps ! -Bon, d’accord, « un peu moins » ! -Tu connais quelqu’un ici ? -Non, mais on s’en fout, déclara Markus, frappant à la première porte venue. Pas de réponse. -Bon… -Attends, j’essaye encore. -Tu crois qu’ils vont t’ouvrir avec ce qu’il y a dehors ? -‘va bien voir. Toujours aucune réponse. -Eh ho ! Y’a quelqu’un ? -C’est bon, laisse tomber, on va voir à une autre maison. -Mouais… louche quand même. Surveille les chevaux. -J’y vais. Edmund n’avait pas envie de contester l’autorité déplacée de Lied. Il savait qu’il ne fallait pas tenir compte de ses manières. Markus restait un soldat aussi loyal que téméraire. En pareille situation, sa présence était une bénédiction. Qu’il aille se reposer, Fritz n’aimait pas laisser les coursiers seuls. Il en profita pour regarder la blessure de son compagnon. Il n’y voyait pas grand-chose, même si la plaie semblait définitivement bénigne. -Brave Innst, tu m’auras sauvé la vie plus d’une fois… fit le cavalier en caressant l’encolure du bel alezan. Il y avait là aussi Kräfin, la jument de Markus. Agitée, elle n’avait pourtant perdu qu’un fer. Á cette pensée, Edmund se baissa pour voir l’état de ceux qu’il avait fixé quelques temps auparavant à Innst. Il ne lui en restait plus qu’un seul. -[i]Zo eihne Misst[/i] ! cracha-t-il, laissant parler à nouveau son patois. -Quoi qu’y a ? -J’ai perdu trois fers ! -Ah moche. Bon, y’a personne là-bas non plus. -Euh… t’en déduis quoi ? -Les habitants sont sans doute allés à se réfugier à Leicheberg. -Ou… ? -Ferme-la. ‘toute façon, on a qu’à rentrer. -Ça va bien oui ?! -C’est bon, j’ouvre la porte, j’prends du pain, on s’casse. -Vas y, j’reste ici. -J’te ramène quelque chose ? -Ouais, trois fers. -T’es con. Markus s’éloigna. Il choisit de se rendre à la seconde maison. Elle lui semblait plus cossue. La porte était faîte d’un bois solide, mais le loquet ne résisterait certainement pas à sa dague. Sortant ladite arme de sa botte, il la glissa à travers la fente, et comme il l’espérait, la porte s’ouvrit. Accompagné d’un grincement d’agonie, le soldat pénétra dans la demeure. Comme il s’y attendait, elle n’avait pas d’étage. Si, il crut discerner une échelle, au sol. Sans doute pour aller au grenier. La pièce principale servait tout aussi bien de chambre, de cuisine que… de maison finalement. La pauvreté était accablante. De la paille, voilà ce qui recouvrait les quelques misérables planches de bois. Sur la table, une miche de pain. -Attends… deux minutes là ! Ce n’était pas logique. Si les habitants avaient fui comme il le pensait, ils n’auraient pas oublié ce qui représentait un véritable festin pour tout paysan du Stirland oriental. Et cette échelle ? Pourquoi était-elle par terre ? -Oh… purée. Edmund ? Edmund… ? Dans les ténèbres du grenier, des yeux le fixaient. Des silhouettes se mouvaient. Des plaintes sourdes et discordantes peinaient à se faire entendre. Puis, l’odeur vint confirmer les craintes du cavalier. Faisant demi-tour, il se mit à courir comme jamais vers Fritz. -Putain, putain, putain, putain, putain ! On dégage ! On fout le camp d’ici ! -Mais quoi ? -Les hab… les habitants ! -Bordel, mais quoi ?! Edmund n’avait encore jamais vu son ami dans un tel état. Qu’est-ce qu’il y avait de si grave. -Putain, mon gars… ! Ils ont pas fui ! -Hein ?! -Ils sont toujours là ! Á ces mots, une plainte similaire leur parvint. Derrière le rideau de brume qui masquait l’essentiel du village, des bruits de pas approchaient. Plusieurs êtres gémissaient. -C’est quoi que tu as vu, par Sigmar ! Dis le moi ! -Des zombies.
  18. Kael

    Mordheim / Strasbourg

    Nouvel arrivant dans la ville, pourquoi pas !
  19. Kael

    Le siège de Leicheberg

    Bonjour à tous ! Petit prologue qui fera rappeler à quelques uns d'entre vous mon vieux récit "[i]La Menace du Stirland[/i]". Pour l'essentiel, l'histoire décrira la bataille finale de ce long texte qui avait été un vrai petit feuilleton, avec une suite chaque dimanche. Ciel, quelle nostalgie ! Allez, lecture ! Galopant dans la plaine du Stirland, un cavalier ne cessait de presser sa monture à aller encore plus vite. Projetant sa figure aussi bien en avant qu’en arrière, ses yeux indiquaient clairement la peur qui l’habitait. Combien fois aurait-il simplement voulu les fermer, chasser cette vision d’horreur qui le hantait. Peinant à retenir ses propres gémissements terrifiés, il avait tout juste la force d’éperonner son cheval. Le cliquetis de son épée venant frapper ses étriers, le son caractéristique d’un galop effréné, et le vent, ce maudit vent glissant depuis les ténèbres, voilà ce qui agitait la douce prairie à l’heure où le calme s’y imposait d’ordinaire. La lune éclairait encore de tout son éclat les champs et les pâturages de la région, qui n’attendaient que l’aube pour apercevoir leurs tranquilles paysans décidés à y travailler. Cependant, inexorablement, de puissants et lourds nuages noirs se rapprochaient. Entraînés par ce vent mystique, ils ne tarderaient pas à avoir raison de cette dernière lueur. La nature n’y était pas insensible. Les hautes herbes se courbaient, les arbres pliaient, les volets des quelques masures délabrées claquaient. Tant de signes qui ne faisaient que confirmer ce qu’avait vu ce soldat. Une armée venue tout droit des confins de la Sylvanie marchait sur le Stirland. La terre sacrée des Asoborns, cette immense province dont la ruralité écrasait le moindre éveil intellectuel, allait de nouveau être confrontée à son angoisse perpétuelle. Bien que le comte Martin ait réussi à faire valoir ses droits sur les duchés de la Sylvanie lors de la battaile d’Hel Fenn de 2145, en terrassant de sa propre main le dernier des vampires, le terrible Mannfred von Carstein, jamais le Grand Comté n’avait pu faire entendre sa loi sur ces hameaux désolés et hantés par les pires abominations qui soient. Dès lors, sa partie orientale n’était plus qu’un affrontement éternel entre les quelques troupes d’infanteries et ces créatures, à la fois démons, bêtes et revenants. De nouveau, il était certain que les baronnies vampiriques avient choisi de se rallier sous une même bannière. L’agitation n’avait pas été soudaine. Cela faisait déjà plusieurs mois que les guetteurs avaient observé des rassemblements. Des légions entières de squelettes marchaient au son des cors ensorcelés, et jamais les cieux n’avaient été aussi noirs. Des éclairs scintillants d’une lumière verte se lançaient dans un bal assourdissant, signe évident qu’une puissante magie était à l’œuvre. Ces avertissements furent prirent très au sérieux dans les palais de la capitale. Á Wurtbad, le comte-électeur Albérich Haupt-Anderssen avait pressé le Haut Commandement d’agir rapidement face à cette menace venue d’outre-tombe. Si auparavant celle-ci n’était le fruit que d’une rumeur, elle fut rapidement confirmée par de nouveaux rapports. Le pire était à craindre. Les mains tremblantes, le regard affolé, le jeune suzerain demanda au commandant suprême de ses armées de prendre la tête des opérations. Souriant à cette mission, le plus grands des officiers du Stirland fit exécuter sans plus attendre les premiers ordres veillant à la mobilisation des troupes, premiers d’une très longue série. Anton Ludenhof, ce prince aux ambitions démesurées, tenait là une chance d’asseoir encore un peu plus son pouvoir dans les plus hautes instances de la province. L’influence qu’il avait sur les ministres, les émissaires, les conseillers, jusqu’au plus petit aristocrate, était telle que cela faisait bien longtemps que la famille électrice ne prenait plus la moindre décision sans en avoir eu préalablement son consentement. Cet homme de génie, aux stratégies innovantes, à la pensée militaire révolutionnaire, mêlait autant de bravoure que de détermination à atteindre ses buts, qui, s’ils n’étaient que le fruit d’un esprit arriviste, servaient toutefois avec la plus grande des ardeurs la défense du Grand Comté. Et c’était lui qu’il fallait à tout prix avertir. Soudain, un loup sortit du bois. Le cri qu’il poussa manqua de peu faire chuter le cavalier, sa monture s’emballant à ce son strident. -Allez ! Fonce ! Mais fonce ! hurla-t-il, essayant de donner du courage aussi bien à lui qu’à son coursier. Encore un coup d’étrier, inutile tant l’animal gémissait de peur. Il pouvait sentir l’odeur nauséabonde de cet être qui se rapprochait. Le loup n’était qu’une silhouette, et pourtant, le bruit de ses pas résonnait dans l’esprit du pauvre éclaireur. Il eut alors la mauvaise idée de se retourner. Ces yeux. Ces yeux de braise qui exprimait une haine sans nom envers la vie. L’espace d’un instant, le soldat fut comme tétanisé par une telle vision. Les grognements se rapprochaient. Et une seconde créature sortit des ténèbres. -Mais… putain ! C’est pas vrai ! Le cavalier n’avait pas d’autre espoir que d’attendre la forteresse de Leicheberg, le dernier bastion du Stirland face à son effrayant voisin. C’était là que l’armée du commandant suprême s’était installée. Anton Ludenhof attendait le retour de ses éclaireurs. Il ne lui restait que quelques lieues à traverser. C’était déjà un exploit d’être arrivé jusque là. Le passage par les collines hantées était le plus court, mais également le plus périlleux. Le Stirlander n’avait alors jamais combattu de goules. C’était chose faîte. Lui et son cheval en étaient ressortis indemnes. Oui, c’était déjà un exploit. Certains diraient même un miracle. Mais il semblait évident désormais que sa route n’en serait pas plus tranquille. Ils se rapprochaient. Quoique le coursier puisse faire, et ce alors qu’il mettait toutes ses forces à tenter de les distancer, la terreur le poussant encore et toujours à galoper d’avantage, ils se rapprochaient. Tout à coup, un autre cri se fit entendre. Plus strident encore. Le cavalier eut tout juste le temps de voir cette chose difforme fendre les airs, la gueule pleine de crocs et le regard aussi embrasée que les autres monstres. S’étant jeter à terre in extremis, la créature s’acharna sur l’encolure du cheval. Le soldat percuta violemment le sol. La vision de son cher compagnon, lui-aussi à terre, se débattant inutilement contre la férocité de cette chose le fit se relever, malgré sa douleur. Les deux loups n’étaient plus très loin. Dégainant son épée, il chargea l’immonde créature. -Asoborns ! cria le soldat, appelant ainsi le soutien divin de Freya. Le monstre avait de gigantesques ailes déchirées, et ne pouvait attaquer qu’en faisant des petits bonds, ou en s’agrippant à sa proie. Les cris du cheval sonnaient comme des appels à l’aide pour le jeune éclaireur. D’un trait de lame, il débarrassa son ami de cette chauve-souris, celle-ci gargouillant dans ce qui lui restait de sang. Le cavalier continua son office en la piétinant, accablé par l’angoisse et le chagrin. En ayant terminé avec cette horreur, il se mit aux côtés du coursier. Celui-ci s’était redressé, et ne savait que faire. Il partait dans telle direction au triple galop, avant de revenir, puis de se cabrer, avant de repartir à nouveau. Enfin, le Stirlander se saisit des rennes, força l’animal à le regarder droit dans les yeux et s’écria d’un vive « Ho ! ». Le cheval s’arrêta. Il était loin d’être calmé, mais au moins, son maître pouvait inspecter sa blessure. Il fallait faire vite. Les deux monstres n’étaient plus très loin. Peinant à y voir clairement, la lune s’étant effacée de moitié, il remarqua toutefois que la plaie n’était pas profonde. Du sang saignait abondamment, mais c’était sans importance. Enfin, il n’y avait pas le temps pour hésiter. Bondissant sur la selle, il pria de toutes ses forces Taal d’aider ce courageux destrier à continuer sa route. Á l’énième cri d’un des loups, le galop reprit de plus belle. Néanmoins, il était trop tard. Ces monstres allaient les rattraper. Cette maudite chauve-souris leur avait fait perdre la maigre avance qu’ils avaient sur eux. C’était l’affaire de quelques instants seulement. L’éclaireur pouvait d’ores et déjà discerner les crocs qui s’acharneraient sous peu sur son cou. -Sigmar… par pitié… ! gémit-il, ne sachant que faire d’autre. Une idée lui traversa alors l’esprit. Lors de son premier passage sur ces terres, n’y avait-il pas une petite rivière, affluent du Stir ? Oui, il y avait bien le bachheld qui coulait non loin. C’était un projet désespéré que d’essayer de l’attendre avant les loups dont la vélocité ne faisait aucun doute. Et rien n’assurait que l’eau empêcherait ces monstres de continuer dans leur funeste entreprise. La rivière devait se trouver quelque part. Se repérant à la lune, le cavalier fit diriger vers le sud-est sa monture. Les loups n’étaient plus qu’à quelques pas de lui. Que faire ? Par les Dieux, mais que faire ? Était-ce là la fin ? Non, il devait atteindre cette rivière. Pas simplement pour sa vie. De sa survie dépendait l’avenir de toute la province, voir de l’Empire. -Aidez-moi… ! Par pitié ! Sa prière fut entendue. Quelque chose apparut, sortant d’un des champs. Aucun doute. C’était bien un autre cavalier. L’éclaireur put distinguer que sa monture était alezane… était-ce… ? -Pour le comte ! hurla celui qui avait des allures de sauveur. Sabre au clair, un long pistolet fermement tenu, une détonation fit grand bruit. La fumée de la poudre renforça son aura héroïque. Mais le coup avait été tiré à côté. Un des loups se précipita sur lui. Au cri qu’il avait lancé, il ne pouvait s’agir que de Markus Lied. -Sigmar, merci ! Il fallait lui venir en aide. Ayant tout juste eu le temps de mettre pied à terre, Lied se tenait prêt à recevoir la charge de la féroce créature. En un coup de coude, il envoya son cheval en retrait. -Ah, mais bordel ! cria-t-il, esquivant de justesse la première attaque maladroite du loup. Et dis moi, l’ami… eh ! Eh ! Edmund ! T’aurais pas l’intention d’m’aider ?! Se retournant dans sa fuite en entendant cet appel, ledit Edmund fut jeté au sol. La bête était sur lui. La gueule grognant de rage, elle prit une dernière seconde avant de s’abattre sur sa gorge. C’était sans compter l’incroyable fidélité du destrier. Prenant appui sur ses membres antérieurs, il l’envoya valdinguer. La bête sonnée, Edmund en profita pour porter la main à son fourreau. L’épée n’y était plus. Dans sa chute, la ceinture avait cédé. -Putain, elle est où ? Pendant ce temps, Markus tenait bon face à la créature des ténèbres. Il avait compris qu’elle n’attaquait qu’en se jetant en avant, et si les sauts étaient puissants, il parvenait encore à anticiper ses attaques. Durant ce face à face où il ne pouvait qu’éviter son agile adversaire, Lied remarqua qu’il ne s’agissait pas d’un loup comme les autres. Certes, son regard laissait croire à quelque malédiction. Mais jamais il n’aurait cru devoir affronter une telle horreur. Des lambeaux de chair pendaient de part et d’autres de cette chose, la bête était couverte d’un poil moisi, et par endroit, il était teinté d’un rouge sombre que seuls les quelques rares éclats de la lune faisaient refléter. Il aurait pu croire que ce n’était que du sang coagulé. Non, il était frais. Et cette créature semblait pourtant être exsangue. L’éclaireur eut une sombre pensée. Qu’était-il arrivé aux autres cavaliers envoyés en reconnaissance ? Son frère aîné était avec eux. C’était donc ça, un loup funeste… Ayant enfin retrouvé sa lame, Edmund guettait le monstre. Il s’était relevé. Désormais, il prenait plaisir à tourner autour de sa victime. Comme Markus, le jeune cavalier avait envoyé sa monture se mettre à l’abri. Il lui devait déjà beaucoup, et il était hors de question de risquer une fois de plus la vie de son compagnon. De toute manière, c’était bien de la vitesse de son destrier que dépendait sa propre survie. Il fallait faire vite. D’autres créatures devaient être en approche. Et derrière elles, la terrible armée qui s’avançait inexorablement vers l’intérieur du Stirland. Décidé à chasser de pareils songes, Edmund attaqua. Tentant une passe d’arme grossière, alourdie par la peur qui faisait trembler tous ses membres, le loup ne se contenta pas de parer une telle attaque. Il s’était saisi pleinement de l’épée du soldat, et d’un coup sec, la brisa. -Oh… pu… tain… Grognant de joie, le loup gratta le sol de ses pattes. Le festin était dressé. Tout à coup, il reçut quelque chose dans son cou. Lançant un cri plaintif mêlé d’incompréhension, il tourna la tête sur le côté. Une nouvelle fumée blanche entourait la figure endiablée de Markus, la botte posée triomphalement sur la bête qu’il venait d’occire. -Euh… -Bon, s’rait p’tètre temps de se magner le fondement ? Qu’est-ce t’en penses l’ami Fritz ? -Oui. Je… J’te suis ! Les deux cavaliers se précipitèrent vers leurs montures. Dans leur course, Edmund adressa un regard plein de gratitude envers Markus. -Ouais… je sais, t’inquiète. Kael
  20. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    Sympa, sympa ! Baba n'était-il pas censé être ennuyé de tout ça ? Parler du "chaudron des milles véroles", bah, ça fait un peu déjà vu (cf Lustrie), juste ça. Après, ce passage nous amène à attendre la suite avec impatience Kaelounet, a envie de se mouvoir "mode limace"
  21. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    Toujours aussi sympa à lire ! Un vrai plaisir ! (bonux pour les commentaires du second )
  22. Bonjour à tous ! J'ai pensé que de "reforger" mon récit sous une forme plus compacte et sans doute plus agréable à lire que les pages du forum serait une bonne idée. L'ancien peut maintenant être supprimé par les gentils modérateurs J'ouvre ici un sujet où j'exposerai chacun des chapitres de "mon" roman. Il n'y a pas d'ambitions particulières. J'aime écrire, et parfois faire imprimer quelques exemplaires pour les donner à des amis/famille. Pour la première fois, je me lance dans un récit de "mon propre cru", c'est à dire que le monde n'est que de moi. Pour l'instant, je suis assez satisfait (du moins, j'ai ce que je veux, même s'il y aura à retravailler, c'est évident). Ça me plaît Surtout, n'hésitez pas à poster vos critiques ici. J'en ai terriblement besoin. [size=18][i][b]J'éditerai régulièrement le premier message pour y ajouter les fichiers pdf.[/b][/i][/size] [size=24][center][b]"PREMIERE PARTIE : VOTRE MISSION"[/b][/center][/size] [center]"Chapitre I : Faîtes vos armes !" => http://img71.xooimage.com/files/9/0/7/chapitre-i-s-phralis--2b7699f.pdf [/center] Très bonne lecture à tous ! Kael.
  23. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    Géniaaaaaaaaaaal ! Les dialogues sont vraiment supers !
  24. Kael

    Petits Récits Nurglesques

    Comme toujours, on dit "clap-clap" !
  25. Kael

    Séphralis : Mécaniques dysnatiques

    Bon, ben allez, suite ! Au même moment, au palais du sultan, une agitation se fit sentir. De chaque couloir, de chaque tour, de chaque pièce, de chaque recoin de cette richissime demeure, l’on pouvait voir des soldats et des fonctionnaires courir de toutes parts. Il y avait là tout le personnel nécessaire au commandement des deux divisions du Ryendul envoyées si loin pour assurer le bon déroulement des installations coloniales. Ainsi, aux côtés des gardes, on trouvait des diplomates, des émissaires, des secrétaires, des attachés, et tant d’autres encore. L’imagination administrative n’avait pas de limites concernant les fonctions de chacun. Et il y en avait énormément. Plus que la simple direction de deux armées, si imposantes eussent-elles été, ce palais réunissait en son sein les piliers de la nouvelle Arinie. Ce projet imaginé depuis Tranniae n’avait ni plus ni moins l’ambition de transformer ce petit royaume des terres arides en un puissant vassal au service de la volonté du généralissime Hranel le Haut. De fait, le maréchal Izidor Thenraenis avait sans le nom la fonction de vice-roi, quoique le système ducal empêchait tout rapprochement avec la notion monarchique. Pacifier une région et l’amener à devenir un satellite au service d’une grande puissance impliquaient un travail colossal, répondant à tous les théâtres d’opérations sur lesquels se jouaient la politique du Triumvir. A commencer par l’armée, évidemment, l’institution sans laquelle rien ne serait possible, mais qui était parfaitement insuffisante. Ce n’était pas le première fois que des États modernes s’étaient essayés à des conquêtes aussi hypocrites, cachées sous bien des prétextes aussi mélodieux que « l’entraide entre les peuples » ou « l’assistance humanitaire ». A chaque fois que le cabinet militaire s’était retrouvé à devoir gérer ces affaires sans autre appui que ses propres ressources, ce fut de remarquables échecs. Dés lors, on y associait tous les groupes acteurs de ces pièces politiques et économiques. Le conseil colonial s’occupait bien sûr des ressortissants ryenduliens qui avaient fait le courageux choix de s’installer ici. Le comité local prenait en compte les besoins et les remarques quant à la « bonne entente avec l’allié ». La commission diplomatique se chargeait d’entretenir le dialogue avec les pays voisins du Ryendul et de l’Arinie, intéressés ou inquiets par le déroulement des opérations. Les délégations ecclésiastiques étaient les seules en mesure de traiter du délicat sujet religieux, et notamment d’assurer l’amitié fraternelle entre les différentes voies dogmatiques du Panthéon. Le concile économique était le maître de toutes les relations commerciales et établissait chaque jour une liste impressionnante de contrats portant sur des marchandises qui n’avaient même encore été acheminés dans les entrepôts. Enfin, et on pourrait presque l’oublier, le Sultan El-Nadjab s’essayait encore à conserver une autorité, ou plutôt sa faculté de nuisance afin de s’agrandir aux dépens du traité qu’il avait signé en ce jour du vingt-huitième kaerdil de l’an 3547. Cet accord entérinait l’alliance entre le Ryendul et l’Arinie, et ses termes disposaient clairement que la souveraineté du petit État dépendait désormais exclusivement de la volonté de l’Archiduché. Ses droits les plus régaliens étaient confondus avec ceux qu’octroyaient Tranniae et le Sultan n’avait plus qu’un rôle symbolique. Néanmoins, les autorités signataires n’étaient pas dupes. Ce n’était pas un traité. C’était un contrat. L’Arinie avait été tout bonnement cédée pour la somme extraordinaire de cinquante trois millions de denariites, le quart des recettes annuelles du Ryendul. Et en soit pourquoi ? Pour un droit. Ce droit n’était pas insignifiant : il empêchait toute intervention militaire étrangère sous couvert du droit international. Le traité ne stipulait d’ailleurs aucunement une telle transaction, et bénéficiait donc d’un caractère officiel absolu. Cependant, les faits étaient là. L’autorité du Sultan n’avait jamais été réellement conséquente, et en dehors de Nadbael, il aurait été curieux de dire que l’Arinie était dés lors sous son emprise. De ce fait, le pays restait donc hors de portée des ryenduliens, et ce malgré la coquette somme. C’était là sans compter l’atout principal de première entité de Dran-Thelor. Les frontières dégagées, l’armée serait l’instrument de la discipline, quitte à ce que cela soit pour la première fois qu’un « sentiment national » puisse émerger. Le généralissime n’ignorait pas qu’une telle action pourrait aisément avoir des figures de conquêtes, et que pour les tribus du désert, l’accord signé n’avait aucune valeur. Il fallait donc impérativement que la mise sous tutelle progressive du pays se fasse le plus en douceur possible, d’où l’importance capitale accordée aux représentations du peuple arinien et de l’extrême considération qu’il était faîte de ses préoccupations. Hranel le Haut, salué par tous, malgré son âge avancé, par sa clairvoyance et sa mansuétude, voulait là une conquête valorisée par les Ariniens eux-mêmes, seul moyen pour lui de s’assurer durablement de la place. Il fallait que les résultats de l’occupation soient à ce point positifs que non seulement l’ancien Sultan n’aurait pas à être regretter, mais qu’en plus, la venue des Ryenduliens eut été synonyme de sécurité et de prospérité. Enfin, tout ceci n’était que théorie. Pour le moment, c’était surtout une accumulation de fonctionnaires telle que le pays n’avait encore jamais vu. Si la plupart avait accompagné les deux divisions des généraux Layël et Völneth, certains étaient arrivés depuis quelques mois, au compte goûte, chargés de missions individuelles en vu de préparer la venue militaire, ou bien encore d’autres étaient des colons d’origines ayant choisi de s’en retourner de cette manière vers l’État. Celui-ci avait les moyens de les rémunérer, d’autant qu’un bienfait indéniable était de ce fait généré. Aussi curieux que cela pouvait paraître, l’éloignement des citoyens vis-à-vis de leurs terres d’origines leur donnait une vision idyllique des structures étatiques. En clair, ils étaient trop loin pour voir les problèmes, pas assez pour perdre les valeurs sur lesquelles le Triumvirat, et plus particulièrement le Ryendul, se fondait. Voilà donc que l’occasion était belle de former une communauté dévouée envers son généralissime. Mais là encore, ce n’était que théorie, voir fantaisie pour beaucoup. C’était dire la tâche considérable qu’attendaient ces fonctionnaires. En face du palais, désormais appelé « Résidence ryendulienne », se trouvaient les plus beaux quartiers de Nadbael. La bonne société, si elle n’avait pas déjà fui, y avait trouvé domicile. Espacés, propres, parcourus par les figures appréciées, le sud de la cité était comme un îlot de richesse et d’opulence au beau milieu d’une misère bien présente, tout juste contenue par une milice excédée. Les demeures ancestrales qui encadraient ces grandes avenues tentaient vainement de reproduire les styles les plus en vogue au sein de Dran-Thelor. Les officiers ryenduliens n’avaient pas manqué d’ailleurs pas de remarquer que les peintures eltajiennes avaient eu nettement plus de succès ici que les bâtiments quelques peu plus « administratifs » de le leur propre archiduché. Là aussi, les choses devraient changer. En attendant, une pause n’était jamais de refus. Assis sur la terrasse d’un café, un homme évidemment étranger lisait tranquillement le journal. Protégé de ce rude soleil par un parasol de qualité, les jambes croisées, prenant appui sur cette table de fer décorée de mosaïques accueillait un bouquet de fleurs fraîches, une carafe d’eau et une petite assiette remplie de biscuits sucrés. Son costume était typiquement celui d’un intellectuel du nord. Délaissant les sombres couleurs pour laisser place à un pantalon et un gilet beige, sa chemise blanche avait le col haut des bourgeois, serré par une lavallière bleue sur laquelle rebondissait une épingle argentée, faisant échos à ses boutons de manchettes, cet homme avait vite compris que le soleil se montrait plus clément envers ceux qui portaient des teintes claires. Si la tenue en disait beaucoup, le visage en disait encore plus. Les cheveux bruns plaqués et séparés par une raie nette, une petite moustache qui peinait à être autre chose qu’un duvet, une mouche accolée à son nez aquilin, ses yeux noisettes, cachés derrière de fines lunettes, parcouraient de gauche à droite sa lecture. Le journal qu’il lisait n’était autre que « Notre ère », dont la maison était vouée aux intérêts du Ryendul, avec une légère, mais tout de même prononcée, tendance vers le souverainisme face à Dran-Thelor. En gros titres, on parlait du mariage du duc de Yastivol avec une aristocrate de Treföne, de quoi agiter tous les commérages et rumeurs que ce journal, pourtant de qualité, ne pouvait éviter. De temps en temps, l’homme levait les yeux, regardant parmi les passants. Attendait-il quelqu’un ? Du moins, il était attentif. Le travail qu’il occupait demandait sans doute qu’il se montre disposé à aller saluer l’un de ses supérieurs ou bien toute autre personnalité d’importance du moment. Alors qu’il s’en remettait à sa lecture, ayant alors perdu sa ligne et en lisant une qu’il connaissait déjà, un autre homme se rapprocha de lui. Attendant une nouvelle inspection afin de ne pas interrompre l’activité de celui dont il cherchait la conversation, il en profita pour jeter un coup d’œil sur la page des sports. [url=http://www.hiboox.fr/go/images/divers/aa691,d7249a336258fefbdb99792488c6418f.jpg.html][img]http://images4.hiboox.com/images/2811/d7249a336258fefbdb99792488c6418f.jpg[/img][/url] [size="1"][i]Palais de Nadbael (image originale : cour de l'Alhambra)[/i][/size] -Ca par exemple ! Ce cher monsieur Kähleï ! -Monsieur fi Sonënti, comment vous portez vous ce jour ? Ce monsieur Kähleï avait le visage en sueur. Ce qui avait dû être une élégante coupe de cheveux s’était transformée sous la chaleur en une pagaille. Même ses favoris châtains touchant de la pointe son menton étaient trempés. Il passait d’ailleurs régulièrement sa main devant ses yeux bleus pour en dégager l’acide sueur qui l’agressait. D’apparence gênée, cet homme avait fait l’erreur de tout débutant : son costume était entièrement noir, à l’exception de la si classique chemise blanche et d’une lavallière verte nouée en nœud papillon. Ce rappel des couleurs de l’armée était-il volontaire ? Si oui, ce genre d’attentions pouvait être apprécié des supérieurs hiérarchiques, totalement acquis à la cause militaire. -Vous avez couru, on dirait, non ? demanda fi Sonënti, posant son journal. -Non, non, c’est juste cette chaleur ! J’étouffe ! -Eh bien asseyez-vous, j’allais justement commander du thé. Hep ! Garçon ! invita l’homme, levant la main en direction d’un des serveurs. -Oh, de l’eau me conviendrait mieux, je meurs de soif… répondit Kähleï en prenant place, faisant crier la pauvre chaise de métal ainsi traînée. Euh, excusez-moi… je… -Que dites-vous là ? Si vous prenez de l’eau fraîche, non seulement elle me coûterait une fortune ici, mais en plus, ce serait tout autant de sueur, et vous en dégoulinez mon pauvre ! -Comment une fortune ? -Vous n’avez pas idée à quel point c’est dur ici de trouver de l’eau, alors de là à l’imaginer avec des glaçons ! Allez, je vous invite. Á ces mots, un garçon arriva. Habillé d’un costume traditionnel, on ne pouvait s’empêcher de penser que c’était là quelque peu exagéré. Cela avait le mérite d’amuser les nouveaux venus, que ce fut le sarouel ou le turban. -Sadiq désire ? -Un de tes thés noirs, mon garçon ! Et amène moi donc la note ! -Si fait, sadiq. Le garçon inclina la tête, et s’en retourna vers l’intérieur du café, dont la fraîcheur était un soulagement pour tous. Ce Fi Sonënti souhaitait peut-être défier la température, au grand malheur de son interlocuteur. -Non, faîtes moi confiance, un thé vous désaltérera au mieux. -Je… bon, oui, je vous fais confiance, ne sut que dire Khäleï, ne voulant en aucun cas offenser celui qui l’invitait. -Bon, alors, dites moi. C’est aujourd’hui votre premier jour ? -Oui. Les bureaux n’étaient pas encore au point hier, et ils ont bien voulu m’accorder un jour pour me reposer de cet éprouvant voyage. Néanmoins, et vous les connaissez sans doute bien mieux que moi, en une nuit nous voilà avec des locaux flambants neufs ! -Ah, ben quand il s’agit du secrétariat du conseil colonial ! -Cela m’étonne tout de même. N’est-ce pas l’instance qui a exercé en premier ? -C’est exact. Mais que voulez-vous, quand tout s’est installé, ils ont fait au mieux. Or, et c’est là la raison officieuse qu’ils ne vous diront jamais, c’est que la salle était encore hier dangereusement peu stable, répondit l’homme, décidemment plus expérimenté et se plaisant à jouer les enseignants. -Comment ça, « peu stable » ? -Notre ami et allié le Sultan El-Nadjab a eu pour ancêtre un très regretté souverain qui a eu la bonne idée de construire cette dite salle sur pilotis. -Sur pilotis ? -Sur pilotis. -Mais sur pilotis sur quoi ? -A un mètre du sol, dans la troisième cour, juste au-dessus d’un petit étang. Ah oui, y’aura des moustiques, ajouta-t-il, amusé. -Et ce n’était pas solide ? -Ils ont entendu « crac » il y a maintenant trois jours. Ils ont compris d’où ça venait, et manque de chance, trois jours plus tard vous étiez là. Vous auriez pu avoir la politesse d’arriver un peu plus tard pour leur laisser le temps de se rendre compte à quel point ce palais est truffé d’inepties dans ce genre ! réprimanda fi Sonënti ironiquement, et voyant le thé arrivé. -Le thé, Sadiq. -Et la note, elle arrive à pied ? -Tout de suite après le service, Sadiq. -T’as intérêt, oui. Bon, où j’en étais ? Le jeune serveur fit lever la tellière et en un clin d’œil, la chaude boisson vint remplir les deux petits verts ouvragés dans un parfait arc de cercle dont la maîtrise avait dû acquise avec maints échecs brûlants. Déposant ladite tellière sur le plateau, il s’inclina de nouveau et repartit à l’intérieur. -A votre promotion ! -Merci… enfin, ce n’est pas vraiment une promotion. -Et quoi donc est-ce alors ? Allez y, buvez, buvez, n’attendez pas que ça refroidisse. Un sucre avec ? proposa fi Sonënti, la main désignant un récipient couvert en porcelaine. -Je vais essayer sans, d’abord. C’est plus sain. Du moins, c’est ce que me dit toujours ma sœur, répondit timidement Khäleï, tendant lentement le verre fumant vers les lèvres. -Oui, vous m’en aviez parlé. Où déjà ? -A notre escale dans le désert de Maraen. Vous étiez venus avec toute une délégation pour discuter de la situation arinienne. -Oui, oui ! Exact, c’est exact. Le thé ? -Oui ? -A votre goût ? N’hésitez pas à y mettre un peu de sucre. Moi, je trouve que sans, c’est de l’eau chaude et rien d’autre. J’en remets ! -Vous en aviez mis ? -Je suis un habitué, le brave Shilom en met toujours un. -Vous venez donc souvent ? -Quand je suis arrivé ici, ça remonte à… presque deux ans maintenant, j’avais eu le vain espoir de rentrer chez moi pour chaque repas. Ma femme ne supporte pas que je puisse dépenser de l’argent pour quelque chose qu’elle pourrait faire. Mais avec le temps, j’ai vite compris que ce qui avait été initialement un bon moyen pour ne pas me presser inutilement, est devenu finalement le seul moment de la journée où je n’ai pas ma famille sur le dos ! -Ah, vous êtes venu en famille ? -Je n’en ai pas eu le choix. Si seulement je n’avais que ma femme ! J’ai mes deux fils aussi, si vous saviez à quel point ils sont « pompes à fric ! », pardonnez moi l’expression, mais c’est cons-ta-mment la même chose, déclara l’époux et le père insatisfait, montrant par là qu’il appréciait également parler de… lui. Vous avez des enfants, je crois ? -Euh… non, je suis venu avec ma fiancée ici. Très bon, le thé, très bon ! -Sans sucre ? Vous m’étonnez. Votre fiancée ? Vous voulez dire que vous l’avez amené ici sans que le mariage ne vous y force ? -C’est que… je crois que nous nous aimons, voilà tout. -Monsieur Khäleï, à votre fidélité ! lança fi Sonënti, finissant d’un trait son thé avant de s’en resservir un autre, non sans avoir déposé deux morceaux de sucre. -On espère tout de même trouver un prêtre de Khaliopé pour nous marier. -Et lorsque ce sera chose faîte, vous viendrez me trouver ici, je vous paierai un bon tajine, et je vous amènerai dans les lupanars les plus propres de toute la ville ! -Aimable à vous, mais… je ne pense pas que cela soit nécessaire, répondit le jeune homme, embarrassé. -Vous rangez ça dans un coin de votre tête, et on reparlera. Alors, outre la politesse et la promesse d’un thé, quoique sans sucre, il y a autre chose qui vous a fait venir jusqu’à moi. Vous voulez qu’on parle de votre premier jour ? -Oh… je ne crois pas que cela soit… -Bon, déjà, racontez moi comment s’est passé votre matinée ! -Plutôt bien. Mais vous savez, ils m’ont juste fait visiter le palais, je n’ai pas pu encore réellement commencer. -Oui, mais vous allez pas tarder, fit remarquer fi Sonënti, avant de poursuivre. Tout le palais ? -Euh… je crois. -Non, non, malheureux, vous y seriez encore ! Vous avez dû seulement voir les parties « occupées ». -Comment ça ? -Le haut commandement ne pourrait pas mettre son administration sur toute l’étendue de ce foutu labyrinthe. Enfin, vous avez vu la commission, je suppose ? -La commission diplomatique ? -Précisément. -On m’en a montré la salle. Très belle, je dois dire. -Bon. Même si elle est pas au même étage que le secrétariat du conseil colonial, venez m’y trouver à l’occasion. Je vous offrirai un thé ! -Sans sucre ? tenta Khäleï dans un trait d’esprit. -Ca, c’est vous qui voyez. -Vous auriez l’heure ? Je viens de m’apercevoir que j’ai oublié ma montre… -Il est treize heures trente, répondit le diplomate en sortant une magnifique montre à gousset de son gilet. -J’ai quinze minutes avant la reprise ! -Ca ne commence pas à quatorze heures ? -Si, mais j’aime bien être ponctuel. -Vous êtes en face du palais ! -Question d’habitude. -Par les dieux ! -Quoi donc ? -Que vous allez changer ici ! -Euh… -Un autre thé ? Le jeune secrétaire n’eut pas le temps de répondre. L’attention de ces deux fonctionnaires fut attirée par une agitation citadine. Les passants se pressaient les uns aux autres, laissant place à deux lignes de soldats, tout droit sortis du palais. Ainsi écartés, la voie était désormais dégagée. -Vous savez ce qui arrive ? -Sans doute le bon général de division. -Lequel ? Le son d’un cor, suivi d’un fifre et accompagnés par de monotones tambours, annoncés là la venue d’un personnage d’importance. Une centaine de fantassins aux uniformes flambants neufs et à la mine sombre encadrée un carrosse tout aussi impressionnant. Malgré la chaleur, ils ne semblaient pas le moins du monde gêné par leurs vestes blanches à col haut et à boutonnage d’or, ou bien par leurs pantalons verts de pur laine. Plus remarquable encore, ils portaient le shako caractéristique de la grenaderie. C’étaient donc là des grenadiers. Les plus braves de tous les braves. Une infanterie d’élite exclusivement composée de soldats vétérans ayant prouvé leur valeur. Au combat, ils étaient les seuls à être capable d’employer ces armes si mortelles qu’étaient leurs grenades. La précision, mais également le courage, qu’exigeaient l’utilisation de ces projectiles instables rendaient honneur à cette troupe dont le commandement ne pouvait revenir qu’à un officier supérieur, généralement un colonel ou un major. La présence de deux chevaux blancs attelés au carrosse ne laissait plus de doute quant à l’origine de son occupant. Leur démarche, à la fois élégante et incroyablement martiale, était la marque évidente qu’ils avaient été dressés par un maître d’écurie ryendulien. En l’occurrence, ledit maître avait dû être particulièrement talentueux, tant ces deux magnifiques coursiers obéissaient au moindre signe que le cocher esquissait. Celui-ci portait un uniforme classique, sans extravagances. Néanmoins, sa main droite empoignant fermement les rênes, la gauche ne lâchant pas un fouet inutile, et son regard froid et pourtant si attentif à ce qu’il faisait, tout ceci en disait long sur lui. Si Khäleï s’était levé, fi Sonënti n’en avait rien fait. Le petit garçon avait ramené la note, et pendant qu’il admirait ce spectacle qui lui était quotidien ces temps-ci, le diplomate régla l’addition, non sans laisser un pourboire laissant envisager qu’il reviendrait et qu’il fallait au gérant ménager son personnel afin de ne pas le perdre. -De toute évidence, il doit s’agir du général Völneth, dit calmement le client en se resservant du thé. -Vous dites ? répondit Khäleï, n’ayant pu entendre en raison du bruit. -Il doit s’agir du général Völneth ! -Edmyl Völneth ? demanda le secrétaire, dressé sur la pointe des pieds pour apercevoir l’officier. -Vous en connaissez d’autres ?
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