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Linuath

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Tout ce qui a été posté par Linuath

  1. Linuath

    Dernier regard

    wow la descritpion du nain est ENORME ! (dans tous les sens du terme) une bonne suite (encore je sais...) quelques petites fautes : s'en étaient allés succédé encombre il me semble qu'avec "sans" on met toujours le singulier après, mais je n'y mettrais pas ma main à couper... et ma foi je crois que c'est tout ! tu fais des descriptions très bien faites qui nous donne une vision très complète de la scène, Bravo ! je n'ai pas trouvé à m'ennuyer pendant ce passage, les actions décrites étant tout de même brèves : on marche, on arrive, on fait un plan et on y va Linuath - qui n'est pas contre une suite, bien au contraire -
  2. passage fort sympathique s'il en est ! certes court, voire très (trop ?) court mais bon c'est quand même 'achement bien écrit donc on te pardonne Une trèèèèèèèèèèèèèèèès trèèèèèèèèèèèèèèèèèès longue suite comme le dit Wilheim, profite de ta semaine pour bucher dessus Linuath - qui passait prendre des news des ES, et qui a bien fait -
  3. Linuath

    Dernier regard

    j'aime terriblement ton histoire les descriptions sont proprement époustouflantes, l'action très bien raconté et le style exellent (enfin tout ça est plus ou moins lié) du coup, je ne suis pas contre une suite (rapide ! enfin prend le temps de bien faire quand même !) Linuath - se demande s'il ne va pas se faire un infusion de sang ce soir -
  4. Linuath

    Jeunesse, vie et déclin

    Bon... j'avais tapé un commentaire assez conséquent... et une "censuré" de coupure d'éléctricité m'a tout simplement pas permi de le poster... (et oui c'est la saison des pluies à la Réunion, d'ailleurs en ce moment même, il pleut averse comme vous n'en avez certainement jamais vu en France !) enfin tout ça pour dire que je suis trop dégoûté pour tout retaper là de suite... en gros je disais que ce texte est absolument prenant, terriblement bien écrit et d'un style qui me transporte litéralement ! seul l'utilisation du mot "gerber" m'est réstée en travers de la gorge ( sans jeu de mot) franchement Impe, si j'avais eu connaissance de ce texte avant, je ne me serais pas privé de le lire plus tôt ! mais voilà, c'est en partie réparé (puisqu'il faudra bien qu'un de ces quatre je retape ce "damné" commentaire) Au final et pour conclure, J'AIME et j'veux la suite
  5. encore une très bon passage, faudrait penser à cesser d'être aussi doué hein ! par contre... la taille de la suite... hum hum... légèrement atrophiée
  6. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    Hum... (j'ai pas l'air ridicule là...) euh non en fait je le savais hein ! je..euh..je voulais juste faire une blague ! (mauvaise foi power !)
  7. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    merci à vous deux ! les corrections ont été faites sauf pour : tu voudrais mettre un S à seize Inxi ? si c'est le cas, c'est faux ! les chiffres ne s'accordent pas ! je m'attelle à la suite @ Bientôt ! Linuath
  8. alors là Korelion, tu me laisses pantois ! je suis tombé sous le charme de ton texte. vocabulaire, syntaxe, grammaire maîtrisés les descriptions sont tout simplement magnifiques et certains passages relèvent de la poésie pure ! l'intrigue est plus que prenante, on a envie que d'une chose, de dévorer la page suivante (enfin façon de parler) ! du coup, je te serai gré de nous pondre une suite dans les plus brefs délais! (pas comme moi quoi )
  9. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    j'avoue que là... j'ai depassé les limites de la patience rationnelle qu'on ait en droit d'attendre de la part d'un être humain... mais enfin, enfin voilà la suite ! elle est plus longue que d'habitude, histoire de compenser. voilà la donc le chapitre 5 de la prophétie des éléments (nouveau titre), si il y a des fautes, merci de le dire, j'ai relu un peu vite Ch.5 Le Métal, la Bête et le Vert La forêt s’était tue. Une ultime brise printanière agita les branches de quelques pins, puis tout redevînt immobile. Les chants des oiseaux avaient cessés depuis de longues minutes déjà, laissant place à un silence pesant. Même le sempiternel bourdonnement des petits animaux ne se faisait plus entendre. On aurait presque pu croire que les bois retenaient leur respiration, car l’air devînt lourd sous les frondaisons et bien que le soleil nageât dans un ciel vide de tout nuage, la pénombre gagna lentement le sous-bois. L’atmosphère était proprement oppressante et aurait fait se dresser les poils de la nuque des plus preux. Un soudain bruit de branche cassée suivi d’un beuglement bestial rompit enfin le silence profond. Un homme-bête émergea d’un bosquet de fougères, fauchant les herbes hautes d’un grand cimeterre qu’il tenait de se main gauche tandis qu’il étreignait les lanières d’un large bouclier de bois, fendu à divers endroits, de l’autre. Il grognait et marmonnait des paroles gutturales, incompréhensibles. Il s’arrêta un instant entre deux grands conifères, comme s’il était prit d’un doute puis il renifla l’air humide de ses larges narines. Il ne s’arrêta même pas lorsqu’un petit groupe de ses congénères traversa à son tour le bosquet pour le rejoindre en silence, exception faite du bruit des côtes de mailles noires qu’ils portaient et qui cliquetaient à chacune de leurs larges enjambées, ces nouveaux arrivants portaient tous un petit bouclier de peau rond, une grande hache dans le dos et une lame courbe à la taille, mais ils tenaient toutes leurs armes rengainées. Ils étaient à présent six de ses créatures chaotiques à humer avidement l’air. Puis le plus grand des hommes-bêtes qui arborait des cornes d’une taille plus que respectable émit un petit bruit rauque. _ « Quoi servir ? Pas de vent, pas d’odeur. Perdre temps. Personne. » Dit-il à la créature au cimeterre. Ses mâchoires de bouc qui n’étaient pas adaptées au parler des hommes imitait pitoyablement les intonations et donnaient à ses paroles un genre d'accent primitif. Le premier homme-bête hocha respectueusement la tête et repartit en avant, suivi presque immédiatement de quatre autres. La plus grande créature allait leur emboîter le pas lorsqu’un léger souffle de vent, aussi fugitif que le bourdonnement d’une abeille, effleura sa vilaine face bestiale et le fit s’arrêter de nouveau, les narines grandes ouvertes. Il tourna vigoureusement la tête à la recherche de quelque chose qui restait manifestement invisible. Puis une petite mésange quitta son nid en piaillant pour rejoindre une branche haute d’un autre pin, arbre près duquel se trouvait l’homme-bête aux grandes cornes. Ce dernier adressa à l’oiseau un regard de glace ainsi qu’un grognement sourd puis il psalmodia quelques mots inaudibles sinon pour lui-même et il repartit à la suite des autres, ses lourds sabots détachant des mottes d’humus à chacun de ses pas. La mésange continua de piailler, appuyée sur la même branche, inconsciente des deux prunelles violettes qui la regardaient fixement à quelques pouces seulement. Linuath décontracta doucement les muscles de son corps et relâcha peu à peu la tension de la corde de son arc. Il avait tenu en joue le grand homme-bête jusqu’à ce que celui-ci reparte à la suite de ses pitoyables congénères ; s’il avait esquissé le moindre signe qu’il avait repéré l’elfe, ce dernier l’aurait abattu avant qu’il ait pu donner l’alarme. Il n’était pourtant pas bien difficile à discerner : sa cape de feuilles contrastait légèrement avec les épines du bois de pins dans lequel il se trouvait. Mais les grands conifères étaient assez touffus pour le camoufler à des yeux non avertis. Il remit sans bruit la flèche dans son carquois et entreprit de suivre les rejetons du chaos. Il se déplaçait dans un silence impressionnant, les branches semblaient s’écarter d’elles-mêmes devant lui afin de lui épargner le moindre bruit qui pourrait passer pour inhabituel aux oreilles des créatures cornues. Même en prenant toutes ses précautions, il n’avait pas grand mal à les suivre, ceux-ci ne faisant pas de grands efforts de discrétion ; ils se dirigeaient manifestement vers la grande clairière d’Emynör, ainsi que l’avait baptisé le premier de la multitude des prédécesseurs de Linuath dont le nom avait été oublié au fil des millénaires. Pour quelle raison se rendaient-ils là-bas ? Il n’en avait pour l’instant pas la moindre idée. Après une bonne heure de filature la plus discrète possible, les créatures débouchèrent enfin sur une large trouée de verdure dont les brins leurs arrivaient presque jusqu’au genoux. L’herbe y était grasse et plus verte que jamais, sauf au sommet d’une petite butte située non loin du centre de la clairière, où rien ne semblait pouvoir –ou vouloir—pousser : le tertre faisait un quarantaine de pieds de long et une trentaine de large en formant une ellipse grossière et n’était recouvert que de terre noircie d’où perçaient ça et là quelques vieilles pierres. Cette butte n’était indubitablement pas naturelle et cela, Linuath le savait pertinemment. Peut-être quatre siècle avant qu’il ne vit le jour, avait eu lieu une embuscade massive ici même. C’était encore à l’époque où une centaine d’elfes sylvains vivait sur la lisière de la forêt d’Arden. Ceux-ci avaient de leur plein gré quitté la forêt-mère pour ces bois dans l’espoir d’une vie moins confinée. D’après les histoires que chantaient les ménestrels sylvestres, les membres de cette enclave avaient décidé de mettre fin aux raids, relativement fréquents, des hommes-bêtes sur le territoire qu’ils s’étaient octroyés. Aussi avaient-ils décidé d’attirer les différentes hardes dans la clairière d’Emynör où ils pourraient tirer parti du couvert des bois et faire pleuvoir une pluie de flèches sur les rejetons du chaos. Des éclaireurs avaient donc été envoyés au cœur des bois afin de les débusquer et de servir d’appât pour les mener là où ils le voulaient. Ce plan n’était pas foncièrement une mauvaise stratégie, mais il ne laissait aucune place à d’éventuelles alternatives, autrement dit, si les choses ne se passaient pas comme elles avaient été prévues, la situation pouvait très rapidement leur échapper. Ce fut malheureusement le cas. Ils avaient pourtant réussi à amener une bonne partie des hommes-bêtes au milieu de la trouée, ce fut alors que le carnage commença. Les elfes sylvains libèrent des volées successives de traits, toutes plus meurtrières les unes que les autres car les créatures hybrides étaient en une telle concentration que chaque projectile trouvait invariablement une cible. S’ils étaient restés sous le couvert des bois, les elfes auraient très certainement exterminés les hommes-bêtes. Mais l’orgueil avait eu raison de la plupart des sylvestres et un grand nombre d’entre eux avait quitté le sous-bois pour achever les rares survivants au corps-à-corps. Ils étaient tellement sûrs d’eux qu’ils avaient parfaitement sous-estimé leurs adversaires. Aussi, bien que ces derniers fussent fort peu nombreux, ils avaient succombé à la rage et leurs désirs de vengeance et de voir couler le sang de leurs ennemis semblaient ne pas connaître de limite. Ils parvinrent à occire tous les gardiens des bois venus à leur rencontre et cela, sans la moindre pitié –pitié qu’aucun elfe n’avait réclamée –avant qu’une volée de flèches ne mette un terme à leur pitoyable existence. De la centaine d’elfes sylvains qui avaient pris part à l’embuscade ne restait plus qu’une vingtaine de survivants : ceux qui avaient su garder le contrôle de leurs pulsions en demeurant à couvert dans les arbres. La clairière était proprement jonchée de dizaines et de dizaines de cadavres et déjà, corbeaux et corneilles tournoyaient au dessus du charnier. Les survivants récupérèrent les corps de ceux qui étaient tombés et les enterrèrent avec cérémonie au pied de nombreux arbres afin que leur esprit trouve la paix dans l’union avec la Nature. Les nombreuses dépouilles des hommes-bêtes furent rassemblées au milieu de la trouée et les elfes y édifièrent un tertre funéraire en souvenir de ceux qui avaient donné leur vie pour exterminer ces créatures. Mais le chagrin et la douleur des survivants étaient trop forts pour être oubliés en ces lieux. Ils quittèrent les bois quelques semaines seulement après la bataille et jamais plus la forêt d’Arden ne fut l’objet d’une nouvelle colonisation. Seul un poste de garde fut établi, fonction qu’assumait Linuath depuis les seize dernières années Les six créatures se tenaient toujours debout non loin du tertre central qu’elles semblaient parfaitement ignorer. Deux d’entre-elles, dont la plus grande, tuaient le temps en fauchant les herbes de leur grand cimeterre, trois autres avaient sorti des morceaux de viande séchée à l’aspect peu ragoûtant ainsi qu’une outre de vieux cuir noir contenant un liquide tout aussi noir qu’ils burent goulûment tout en avalant quelques bouchées de leur ration de viande. Le dernier homme-bête, quant à lui, humait l’air, la tête penchée en arrière. C’était le même qui avait le premier presque décelé l’odeur de Linuath. Mais cette fois, l’elfe était sous le vent, bien à l’abri à l’intérieur du feuillage touffu et verdoyant d’un grand hêtre où sa cape se fondait parfaitement. Non, l’homme-bête ne pouvait pas avoir senti sa présence. Il cherchait autre chose, quelque chose qui se faisait attendre. Soudain un cor fit entendre son chant grave depuis les profondeurs des bois. Linuath s’arrêta presque de respirer et concentra toute son attention sur les sons que lui apportaient ses oreilles pointues, tandis que les six créatures du chaos, sans s’agiter le moins du monde, tournèrent à l’unisson la tête dans la direction d’où venait le son –précisément là où l’elfe s’était camouflé. Ils arrêtèrent tous leurs activités respectives pour imiter leur congénère qui humait toujours l’air. Puis le plus grand d’entre eux, celui aux grandes cornes que Linuath avait considéré comme étant le chef du petit groupe, détacha un petit cor, suspendu à la ceinture grossière qui tombait au travers de son torse. Il porta à ses lèvres l’une des extrémité de la corne courbe et prit son souffle avant de répondre au premier appel par une longue note sourde. Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’aucune des créatures ne dise un mot, puis de nouveau le cor grave raisonna, cette fois-ci il semblait plus proche, certainement à moins d’une lieue. Et soudainement, le ciel se couvrit. De gros nuages gris à l’aspect menaçant descendirent rapidement des montagnes pour venir recouvrir la clairière. Mais, pire que tout : le vent changea de sens. Une bourrasque agita l’arbre dans lequel s’était réfugié Linuath au même moment où un coup de tonnerre éclata dans le lointain. Le plus petit de hommes-bêtes –celui qui semblait être l’éclaireur– se figea, narines grandes ouvertes et ses yeux noirs comme le charbon balayait de manière inquiétante la bordure de la trouée. Puis il bloqua son souffle et son regard se braqua sur le grand orme. Puis il sortit brusquement son cimeterre et rugit pour attirer l’attention de ses congénères. _ « Là-bas ! Beugla-t-il. Espion ! Chose des arbres ! Tuer ! » Sans attendre de savoir si les autres le suivaient, la créature hybride s’élança à grandes enjambées vers la cachette de l’elfe. Celui-ci avait déjà encoché une flèche et bandé son arc ; l’arbre ne le protégerait pas indéfiniment, surtout si d’autres de ces êtres fétides venaient rejoindre ceux-là. Il pouvait en affronter six mais pas une horde entière, à fortiori si sa présence venait d’être découverte. Il allait devoir fuir. Il jeta un coup d’œil aux cinq autres hommes-bêtes : après quelques secondes de réflexion, ils s’étaient rués à la suite de l’éclaireur. Ce dernier était maintenant à moins de trente mètres de l’arbre. Linuath sentit la haine ancestrale de son peuple pour ses monstruosités abjectes envahir son cœur, peut-être que les esprits des elfes tombés il y a si longtemps l’incitaient à venger leur mort, peut-être oui. Mais à ce moment précis, il n’en avait cure, il ne voulait pas y réfléchir, il ne voulait même pas penser, tout ce qu’il voulait c’était occire ces insultes à la gloire de la Nature. Son esprit s’embrasa, il visa soigneusement l’avant-coureur et lâcha la corde. Le trait siffla brièvement avant de violemment se planter dans l’œil gauche de l’homme-bête. Il tomba à la renverse, proprement coupé dans son élan, il était mort avant d’avoir touché le sol. Sans perdre une seconde, Linuath puisa un deuxième projectile de son carquois. C’était comme s’il ne contrôlait plus ses gestes, la soif de vengeance asséchait sa bouche et aucune quantité de sang n’aurait pu la calmer. Il en avait pourtant abattu bien souvent et jamais il n’avait perdu ce sang-froid que tout forestier se devait de posséder. La seconde flèche toucha un des hommes-bêtes en pleine poitrine, ce dernier s’arrêta comme surpris et tomba face contre terre ce qui fit ressortir la pointe d’os poli de son dos velu. Avant que le corps ne touche la terre, un autre trait siffla et transperça la gorge d’une troisième créature qui lâcha instantanément ses armes pour porter ses hideuses mains à la blessure d’où jaillissait un épais sang rouge. Deux des trois survivants hésitèrent soudain à franchir les dix derniers mètres qui les séparaient du tireur embusqué. Mais le grand chef aux longues cornes rugit un ordre guttural et ils se jetèrent en avant. Linuath décocha une nouvelle flèche qui traversa la gueule ouverte de l’une des monstruosités avant de perforer l’arrière de son crâne, le tuant net. Il s’apprêta à perpétuer le massacre lorsque soudain, une étoile de métal rouillée à huit branches, grossièrement forgée, se figea sur une branche proche de l’elfe. Il se saisit rapidement d’une flèche qui vibra aussitôt dans l’air en direction du lanceur mais celui-ci leva brusquement son petit bouclier au dessus de lui et le trait s’y planta avec un « toc » sourd. Puis l’homme-bête l’abaissa en beuglant des railleries dans une langue incompréhensible. Mais à peine quelques sons étaient sortis de sa gorge velue qu’un autre projectile traversa son groin dans un atroce bruit de cartilage brisé. La créature s’affala au pied de l’arbre ; son agonie fut brève, sa respiration sifflante s’arrêta au bout de quelques secondes. Linuath regarda avec pur mépris son cadavre, même si elle était morte, cette monstruosité souillait la terre de son sang corrompu. Puis, aussi soudainement qu’elles l’avaient envahies, ses pulsions sauvages l’abandonnèrent, comme la vague se retire de la plage qu’elle vient d’inonder. Il ressentit comme un trou béant dans son esprit, un vide presque palpable à l’intérieur de sa conscience. Il en vînt presque à souhaiter que cette rage primale revienne pour combler ce manque qui lui pesait. Il se revît abattre les cinq aberrations, les unes après les autres, et à chaque fois que l’une de ses flèches prenait la vie d’une des créatures, il sentait comme un imperceptible fourmillement dans l’échine. Il quitta brusquement sa rêverie. Cinq. Il n’en avait tué que cinq. Il mit chacun de ses sens en alerte, à l’affût du moindre signe qui trahirait la position du dernier homme-bête. Il L’elfe jeta un rapide coup d’œil autour de lui mais il n’y avait que de l’herbe d’un côté et des arbres de l’autre. Un étrange sentiment d’appréhension s’infiltra dans son esprit. Comment une créature aussi peu évoluée pouvait-elle échapper à sa perception aiguë ? Il ne pouvait rester là de toute façon, comme sembla le lui rappeler le même cor qu’auparavant qui venait de retentir non loin de là. Il pouvait déjà ressentir l’aversion de l’esprit des bois pour la horde d’infectes créatures qui souillait la forêt, elles ne devaient vraiment plus être loin. Il s’assura de nouveau que le dernier homme-bête n’était toujours pas visible, mais non, ce qu’il voyait ou entendait n’avait rien d'alarmant. Il entreprit de redescendre de son abri, sans relâcher la moindre parcelle de vigilance. Alors qu’il s’apprêtait à sauter d’une branche basse pour rejoindre le sol meuble, l’épiderme fin de son dos se tendit soudainement comme le cuir d’un tambour et les poils de sa nuque se hérissèrent. Comme chaque elfe sylvain, il avait appris à faire confiance à ce genre d’intuition, un sixième sens que des millénaires de symbiose avec les esprits des forêts avaient fini par inscrire dans le génome de son peuple. Aussi, au lieu de simplement se laisser tomber au sol, il prit appui sur la branche pour se propulser le plus loin possible en avant dans un prodigieux saut périlleux. Pendant qu’il virevoltait dans les airs, il aperçut la créature aux longues cornes qui abattait sa grande hache sur la branche où il se tenait une seconde auparavant. Le coup fut porté avec une telle violence qu’il failli sectionner net le bois dur de l’orme dans la largeur, qui faisait tout de même dix pouces de diamètre. La branche fragilisée par la profonde entaille se rompit dans un sinistre craquement et resta pendue un instant en se balançant avant de finalement tomber bruyamment au sol. Linuath atterrit lestement parmi les herbes hautes, à la lisière de la clairière. Il fit immédiatement volte-face tout en rabattant sa cape longue feuillue, qui gênerait ses mouvements, dans son dos. Il lâcha son grand arc au sol et dégaina aussitôt son épée. Mais, encore une fois, la créature du chaos avait disparu, comme par magie. « Bien sûr, par magie. » Pensa-t-il, c’était évident. Le cor sonna une nouvelle fois, son porteur ne devait pas être à plus de quatre cents pas, sans aucun doute. Linuath tenait toujours ses sens en alerte : si son adversaire avait le pouvoir de disparaître à sa vue, il ne devait pas pouvoir éviter de faire du bruit en marchant ou même de déplacer les herbes à son passage. Les herbes, voilà où se trouvait son salut. L’elfe ramassa son arc d’un geste vif et sans perdre une seconde, il s’élança au milieu de la trouée verdoyante recouverte d’un ciel de plus en plus gris. Pendant qu’il courait, il sentit plus qu’il n’entendit le bruissement de l’herbe contre un corps, à quelques pas à peine, derrière lui. Le visage de Linuath resta impassible mais ses yeux violets étaient tournés vers le côté. Il s’arrêta brusquement dans sa course, lâcha une nouvelle fois son arc et avec une célérité impensable chez tout être autre qu’un elfe, il s’accroupit avant de se servir de ses mains pour se propulser en arrière, les deux pieds tendus. L’impact suivit immédiatement. Linuath sentit les muscles de ses jambes se contracter sous le choc avec le torse musculeux de l’homme-bête. Celui-ci redevînt tout à coup visible alors que sa large main gauche lâchait une espèce d’artefact ésotérique qui brillait d’une étrange lueur sombre. Il semblait avoir le souffle coupé par le violent coup porté à ses poumons. L’elfe n’attendit pas qu’il se relève pour abattre sa lame sur la tête de bouc. Mais son adversaire leva le manche de son arme pour se protéger. Il en profita pour porter un coup à la jambe droite de l’elfe. Le solide bois frappa durement son mollet et il roula de côté. L’homme-bête se releva en même temps que lui et ils se firent face. L’espace d’un battement de cœur, leurs regards se croisèrent. La cruauté primale du rejeton du chaos se confronta à la profondeur de la haine de l’elfe des bois. Les deux ennemis héréditaires se jetèrent l’un sur l’autre. Linuath para avec force la hache qui allait s’abattre sur lui, puis il contourna l’homme-bête en tournant sur lui-même avant de frapper sa cuisse gauche. La lame laboura le cuir puis déchira les chairs, ce qui libéra un flot de sang. La créature rugit de douleur mais parvînt à asséner un coup de sabot qui envoya bouler l’elfe à quelques pas. Le monstre aux cornes s’élança vers lui en boitant, sa hache prête à frapper de côté. Linuath attendit, accroupi, la charge, le visage plus froid que la plus glaciale des eaux du Nord. Il serra le pommeau de son épée tellement fort que ses articulations devinrent blanches. L’arme de son adversaire décrivit un arc mortel en direction de son cou mais il ne chercha pas à l’éviter. Au dernier moment, tandis que l’homme-bête affichait déjà un rictus de victoire, l’elfe se baissa vivement, frôlant le sol, en même temps qu’il ramenait son arme en arrière. La créature, emmenée par son élan, s’approcha de lui et il frappa la jambe de son ennemi, avec toute la force que son aversion avait accumulée. La lame effilé de l’épée elfique trancha nette le sabot de l’être hybride au niveau de la cheville, sectionnant os et tendons dans une gerbe de sang corrompu. Le monstre cornu s’écrasa lourdement dans un rugissement de douleur, lâchant sa titanesque hache pour tenter d’arrêter le flot continue de liquide de vie qui s’échappait de l’artère sectionnée. Linuath se releva prestement pour mettre un terme à la vie de cette abjecte créature, tout son corps, toute son âme lui intimaient de le faire, mais alors qu’il allait abattre son épée pour porter le coup fatal, un mouvement à l’orée des bois attira son attention. Il leva les yeux et aperçut une dizaine d’hommes-bêtes qui émergeaient de la forêt. Ils le virent également mais ne semblèrent tout d’abord pas comprendre. Puis comme si les cris de leur congénère qui gisait aux pieds de l’elfe leur donnèrent l‘illumination, ils se mirent à courir en beuglant vers l’endroit où se trouvait Linuath et son adversaire agonisant. À peine ceux-là avaient-ils quitté les bois que d’autres apparurent à au seuil de la clairière, mais plus nombreux cette fois-ci, beaucoup plus nombreux. En réalité, pas moins d’une centaine, si ce n’était pas plus, d’hommes-bêtes sortirent des méandres de la forêt. Un coup de tonnerre retentit, tandis qu’un éclair zébrait un ciel toujours plus sombre. Linuath était seul. Son beau visage ne trahissait pas le moins du monde la détresse qu’il ressentait néanmoins. Les dix créatures qui le chargeaient seraient sur lui dans moins d’une minute. Il pensa un instant à les combattre mais, tout forestier qu’il était, il n’en viendrait jamais à bout, pas sans une distance respectable entre eux. Son salut se trouvait dans la fuite. Encore fallait-il battre ses ennemis à la course, ce qui n’était pas gagné d’avance. Il regarda rapidement derrière lui : les plus proches arbres se trouvaient à quelques six cents pas de lui. Il ne pouvait pas se mentir à lui-même, il lui serait quasiment impossible de les atteindre sans se faire rattraper. L’espoir sembla proprement fuir son esprit, il allait mourir ici, à l’endroit même où ses frères et ses sœurs avaient donné leur vie pour vaincre ces mêmes ennemis. Il faillit lâcher son épée lorsque ses jambes tressaillirent. Puis, une force nouvelle s’infiltra en lui, comme l’eau fraîche et rafraîchissante d’une cascade. Linuath ne chercha même pas à comprendre d’où elle pouvait bien venir. Il grava une résolution dans sa conscience : il ne tomberait pas sans emmener le plus de ces créatures avec lui dans la mort. Ses yeux flambèrent de la même rage qu’auparavant, il rengaina son épée, repris son arc et s’apprêta à abattre le plus proche de ses adversaires. Mais soudain, une brise caressa son visage en lui apportant un murmure presque inaudible : « J’ai d’autres projets pour toi, fils de la Nature. ». Et alors que la voix disparaissait, emmenée par le vent, l’elfe entendit distinctement un cri de rapace. Sans qu’il s’en rende compte, un léger sourire éclaira son visage. En fin de compte, il ne mourrait peut-être pas aujourd’hui.
  10. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    comme tu dis... tout ça pour un gob... bon enfin bref, chacun adopte le point de vue qu'il veut et interprete comme bon lui semble ! c'est un des droits les plus imprescriptibles du lecteur ! la suite..et bien disons ce WE ?
  11. Linuath

    Le Vol du Crépuscule

    une chose inxi : pour l'ultime phrase tu aurait pu t'abstenir de faire deux fautes ! non blague à part, une très bonne fin pour un très bon récit fait par un très bon auteur ! rien d'autre à ajouter votre honneur, le témoin est à vous !
  12. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    j'avoue que j'ai du mal à suivre l'histoire de gâchis de nourriture Inxi il faut dire que mon point de vue de lecteur est pour le moins subjectif... mais je pensais avoir fait comprendre que le seigneur trouvait révoltant que de la "viande" n'ait pas été consommée alors qu'elle était encore fraîche, d'où le gâchis enfin bref si ça en chagrine d'autres, je ne verrai aucun problème à réécrire ce passage d'ici là, la suite risque d'attendre, ma rentrée est demain (vive la prepa ...) et vu mon programme... on va dire une ou deux semaines je pense voilà, bon dimanche a+
  13. Linuath

    Dernier regard

    Très très bonne suite je suis encore et toujours fan ! vivement la suite
  14. Linuath

    L'antique bibliothèque

    Je viens enfin appliquer ma pierre à cette titanesque bibliothèque ! mes récits parlent surtout du peuple elfes sylvains, ma race préférée de l'univers warhammer(esque) donc voilà mon premier récit : La Forêt du Levant pour un autre récit, c'est par ici :Océan vert et enfin une petite nouvelle sur les EN ic : Juste retour voilà bon et bien @+ Linuath -
  15. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    fin du chapitre 4 : Byzhon regardait le sanglier, qui grimpait tant bien que mal le long du chemin escarpé, d’un air sceptique. Juché sur sa vouivre serpentine, il caressait affectueusement, d’une de ses longues griffes sales, la selle en peau d’ogre sur laquelle il reposait. Puis sa main s’égara sur le cou de sa monture et il lui donna une tape amicale – geste qui aurait aisément pu briser la nuque d’un gobelin – ses yeux d’épervier ne quittaient pas l’animal velu. _ « Di moa Fyfinn’, pourkoi kun dmé cauchon r’vien tou seul, alor kjen é envoyé plus ke jé de doi é d’orteils ? Pi y zété monté par dé gars’ lé bestioa. Ya kekchose qui clauch’ s’tu veu mon avi, ma bell’. » Adressa-t-il au wyrm sur un ton qui paraissait presque soucieux. Il eut pour seul réponse un léger grognement –qui rappelait plus un gargouillement d’estomac qu’un quelconque signe d’approbation. Il resta encore un moment à observer l’avancée du sanglier, les yeux plissés, comme plongé dans une profonde réflexion. Puis il prit un air résolu, comme s’il venait de prendre une décision, et il intima à sa monture de quitter le piton rocheux sur lequel ils se trouvaient. Le monstre hybride emmena son cavalier jusqu’à un contingent d’orques noirs qui attendaient docilement sous le chaud soleil de midi, dans une grossière parodie du vol majestueux des dragons. Il se posa lourdement et se mit à saliver à la vue du sanglier cavalant. Byzhon descendit et atterrit encore plus brutalement sur le sol dans un vacarme de mailles s’entrechoquant. Un des orques noirs se sépara de son régiment et approcha du Seigneur de Guerre. Ils étaient aussi grand, de la même couleur de peau et certainement de force égale, mais voilà, Byzhon lui, possédait des pouvoirs qui décourageaient les prétendants à son poste. Aussi, l’orque s’agenouilla maladroitement devant son chef ce qui fit naître un large sourire de satisfaction sur les lèvres de ce dernier. Il le savait, Kroshnar n’attendait qu’une occasion favorable pour prendre sa place. Il le tenait à l’œil, deux fois plutôt qu’une. Mais on ne pouvait nier qu’il avait son utilité, ce n’était pas pour rien qu’il en avait fait son bras droit. Et puis la rivalité favorisait les prouesses au combat, pensa le gargantuesque Seigneur peau-verte. Lorsqu’il deviendrait vraiment gênant il devrait parvenir sans trop de mal à s’en débarrasser. Le chef de sa garde se releva avec un grognement presque inaudible. Byzhon le regarda d’un œil critique : son armure était rouillée aux aisselles –la sueur orque était atrocement corrosive– et le sang de ses victimes avait été grossièrement nettoyé sur la plaque pectorale ; il portait un pagne de cotte de maille et un casque massif recouvrait complètement sa face. Byzhon s’attarda sur celui-ci et montra les dents, parodiant de l’indignation. _ « Kroshnar’, Kroshnar … Commença-t-il sur un ton condescendant en posant une de ses grosses mains sur l’épaule de son second. TON CASK ! » Rugit-il en couvrant l’orque noir de postillons malodorants. Le rugissement se répercutait encore dans les montagnes lorsque Kroshnar’ parvînt à reprendre ses esprits et à enlever fébrilement son couvre chef métallique. _ « Ben vwala ! Cé pa conpliké la politèce, tu vwa bien ! » Reprit sardoniquement le Seigneur orque. Le Sanglier était à présent à leur niveau et s’était docilement arrêté près des deux imposants orques. Byzhon le prit par la crinière de la nuque et passa sa main sur sa fourrure dorsale. Lorsqu’il la retira, elle était rougie par du sang coagulé. « Bon maint’nant, di-moa c’ke t’en pense… Dit-il à Kroshnar en lui montrant sa large paluche. Le lieutenant passa à son tour une main sur la fourrure poisseuse de la bête et la renifla de ses larges narines. Puis il passa sa langue sur un bout de doigt et un éclair sembla traverser son esprit. _ « Si vou voulé mon avi chef ’, cé du sang, pa d’doute » Dit-il avec un sérieux ridicule. Au regard noir que lui adressa son Seigneur, Kroshnar comprit qu’il allait passer un sale quart d’heure. Mais Byzhon se contenta d’envoyer une formidable claque sur le derrière du crâne chauve de son second. _ « ‘Spece d’singe d’l’espace ! La prochain’ foi k’j’voudré une réponse comme ça j’m’adresseré à un squig, face de grot’. »Aboya le Chef de guerre, le reste se perdit dans des insultes noires qui faisaient allusion à la génitrice de Kroshnar. Ce dernier accusa le coup et alors que Byzhon ruminait quelque autre sympathique surnom, il risqua : _ « P’tète que les gars y s’sont fé zigouillé par les zom… Chef ’. » Byzhon regarda son aide de camp avec un air surpris et leva les bras vers le ciel, où quelques rares nuages s’effilochaient à haute altitude. _ « Merci Gork d’lui avoir donné l’illumination ! fo croire que kan j’te tape, tu d’viens un poil plus futé mon pot’ Kroshnar. Fodra k’j’men souvienne. » Beugla l’immense Seigneur dans un rire gras. « Et coment k’tu kroi que ça a pu arrivé ? » Reprit-il. Son lieutenant passa machinalement une main sur son menton massif, feintant une profonde réflexion. Il en profita pour gratter une petite verrue poilue qui pointait près de sa joue gauche. Ils restèrent un moment cois, le regard de Byzhon, toujours fixé sur Kroshnar s’assombrissant de plus en plus. Au bout de trois bonnes minutes du silence le plus profond, le Seigneur peau-verte perdit le peu de patience qu’il avait et s’apprêta à écraser son poing droit sur le visage de l’orque noir. Mais il retînt son geste au dernier moment et montra les dents en grognant, puis il se détourna de Kroshnar en maugréant pour lui-même devant le peu de matière grise que possédait son second. Il adressa un bref instant à sa vouivre un regard entendu et le monstre rugit de satisfaction avant d’abattre le dard, situé au bout de sa queue, sur la nuque du malheureux sanglier. Celui-ci beugla de tant de surprise que de douleur avant que ses muscles ne soient tétanisés et de s’effondrer lourdement, la gueule écumante. Il était mort avant de toucher les rochers. Le venin de la vouivre était proprement fulgurant, contractant tout les muscles, y compris le cœur, jusqu’à ce que celui-ci n’explose dans le corps de la victime, entraînant évidemment sa mort. Cela en l’espace de quelques secondes. Byzhon n’avait pas regardé la scène, il y avait déjà assisté tant de fois. Il n’avait donc pas pu profiter de la mine déconfite de Kroshnar qui avait tout de même saisit l’avertissement lorsque le dard avait frôlé son propre cou. Le Seigneur de Guerre marcha un moment sur le sol rocailleux avant de s’arrêter devant le bord du précipice. Il posa une botte cloutée sur un rocher et regarda l’horizon. L’humeur de Byzhon s’assombrit ; à croire que Gork et Mork eux-mêmes voulaient lui mettre des bâtons dans les roues. Il résuma brièvement la situation : la veille, des éclaireurs retrouvaient la carcasse pourrissante d’un des leurs sur un sommet du versant Est de la vallée et évidemment, aucune trace d’un quelconque assaillant si ce n’était le trou qu’il avait laissé dans le crâne du gobelin. Et aujourd’hui – il sentit la colère monter de plus belle en y repensant – aujourd’hui il venait de perdre une avant-garde d’une trentaine de chevaucheurs de sangliers, cela, contre toute attente. Il n’avait que faire de la perte d’un gobelin, il en avait des centaines à sacrifier. Mais qu’il n’y ait pas le moindre signe de l’agresseur était plus problématique. Une bête sauvage aurait au moins pris la peine de dévorer le peau-verte, mais on l’avait retrouvé intacte, ou presque. Quel gâchis de nourriture, pensa l‘orque. Par contre perdre une partie de sa cavalerie lourde, ça le contrariait fortement. Surtout s’il n’avait pas fait exprès de les envoyer à la mort. Il y avait trop d’inexpliqué dans tout ça, même pour un peau-verte. Il commençait même à se demander si c’était bien par chance qu’il avait trouvé un chemin de sortie pour sa waagh à travers le dédale rocheux – il était de notoriété publique chez les orques que Gork et Mork était très joueurs avec leurs protégés. Mais ils étaient venus pour se battre et il ne fallait pas compter sur Byzhon pour faire demi-tour s’il y avait une perspective de bataille sanglante. Il fallait tout simplement revoir son jugement sur les capacités des humains à se défendre. Oui, il allait falloir faire preuve d’un peu plus de prudence. Peut-être même qu’il allait falloir mettre au point une stratégie plus aboutie qu’un simple charge frontale. Dans le lointain, une buse cendrée, fort ventrue pour un oiseau de cette espèce tournoyait autour de quelque chose qui ressemblait à la dépouille inerte d’un loup-cervier des neiges. Le rapace décrivait des cercles de plus en plus serrés tout en perdant peu à peu de l’altitude. Ces oiseaux se nourrissaient d’ordinaire de viande fraîche mais la surcharge pondérale de celui-ci semblait l’empêcher de capturer des proies vivantes, aussi devait-il se contenter de jouer les charognards, à l’occasion. Soudainement, la buse plongea vers la dépouille du canidé, feintant une vraie chasse, comme si elle voulait se donner bonne conscience et oublier qu’elle rompait avec les habitudes fondamentales de son espèce. Byzhon regardait la scène avec une sorte de fascination indifférente, aussi silencieux que la mort elle-même. Et puis, alors que l’oiseau allait planter ses serres dans le corps inerte du loup-cervier, celui-ci, aussi rapide que l’éclair, roula de côté et asséna un puissant coup de patte au rapace qui semblait plus surpris que paniqué. La buse n’eut toutefois pas l’opportunité de reprendre son vol, le loup-cervier profitant du déséquilibre de l’oiseau se jeta sur lui, en saisit la tête et en brisa la nuque d’un brusque mais non moins redoutable geste de la gueule. Il ramassa prestement le cadavre du rapace puis sen alla au trot après avoir jeté un regard scrutateur autour de lui. Le visage du Seigneur de Guerre orque s’éclaira soudainement et un rictus d’une intense satisfaction naquit sur ses grosses lèvres vertes, dévoilant une paire de canine à la taille respectable. Il éclata d’un rire terrifiant tout en revenant vers sa vouivre et son bras droit d’un pas allègre presque enjoué. _ « Mon pot’ Kroshnar, j’croît k’jviens d’avoir un coup d’génie ! » Lui lança-t-il entre deux gloussements. Et alors que son lieutenant aller prendre la parole, Byzhon ajouta : _ « Mais jvé pas t’le dire tout de suit’, j’risquerais de griller le peu d’cervelle que t’as dans la caboch’ . J’ai encore b’soin d’toi, t’as d’la chance… » Il avait prononcé ces dernières paroles de façon à ce que la garde d’orques noirs campée non loin puisse l’entendre distinctement. Le Seigneur de Guerre éclata de nouveau de son rire le plus gras lorsqu’il vit Kroshnar essayer de masquer sa colère devant cette nouvelle humiliation publique. Quelques gloussements émergèrent du régiment d’élite, aussitôt étouffés par le regard glacial que Kroshnar adressa à ses guerriers. Byzhon rigolait encore lorsqu’il abandonna son second pour aller rejoindre sa monture –toute trace du sanglier avait disparu. Seule une flaque de sang ainsi que la gueule rougie de la vouivre, rappelaient le sort de l’animal. Le Seigneur grimpa sur le dos du monstre qui battit l’air de ses puissantes ailes membraneuses avant de parvenir à soulever sa masse. Byzhon, s’il avait cessé de rire, gardait toutefois un sombre sourire de satisfaction alors qu’il retournait vers le gros des troupes. Kroshnar était resté seul et fixait la vouivre et son cavalier de son regard le plus noir. Si quelqu’un avait pu voir ses yeux, il n’y aurait vu qu’une seule et unique chose, aussi ardente que le flamboiement de ses globes oculaires. Le désir de vengeance.
  16. Linuath

    Le Vol du Crépuscule

    Splendide ! bravo ! :'( merci pour la "précision" sur l'arbalète :'( très bon passage, et la fin se fait sentir (mais ne se fait pas atendre ) ! comme toujours, de plus en plus de progrès et de maîtrise de la narration. encore bravo et vivement la suite :'(
  17. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    Hein ?? comment ça il était un gueux ? oula je crois qu'il y a anguile sous roche dis moi comment tu as compris ça ?
  18. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    Et tu as mis le doigt sur LE truc qui me chagrinait également Inxi ! lorsque j'ai écrit le passage, j'avais plus ou moins noté ce problème et en fait, je n'y ai jamais remédié honte sur moi et ma maisonnée... donc du coup il va me falloir réparé la faute ! merci de m'avoir rappelé tout cela ! je suis sur la suite mais bon il y les fêtes et il y a la rentrée... alors je ne promet pas de délai... sur ce elfiquement, Linuath
  19. Linuath

    Le Vol du Crépuscule

    bonjour ! il m'en aura fallu du temps pour lire le tout mais j'y suis quand même arrivé ! ouf ! c'est que 16 chapitres mine de rien ça fait quelques pages ! j'ai remarqué que la qualité du récit progressait indubitablement au fur et à mesure.Tu as bien pris en compte toutes les critiques qui t'ont été adressées et je te tire mon chapeau. c'est une histoire assez prenante, on ne s'ennuie pas, le rythme est relativement soutenu donc pas de moment de pure lenteur, c'est bien ! bon selon moi, quelques détails sont vraiment à fignoler par exemple en ce qui concerne les "notre ami, notre voleur, notre héros..." c'est une très bonne idée d'implication du lecteur mais parfois tu l'utilises à trop forte dose et on enchaîne les :"notre ami... puis notre voleur...c'est alors que notre héros... mais notre ami.." c'est ce qui m'a un peu dérangé mais surtout dans les premiers chapitres si j'ai bonne mémoire (ce qui n'est pas certain) ensuite, l'arbalète de Enriq... j'avais déjà noté plusieurs détails assez..comment dire...ambigüs je m'explique : pour un voleur qui veut être discret, l'arbalète n'est pas vraiment idéale, je ne sais pas si tu rend compte de la taille d'une arbalète même si elle est modifiée ! si on veut un minimum de portée efficace avec ce genre d'arme, elle doit au bas mot mesurer ses 60 cm de long et 40 de large. et puis il faut porter les carreaux ! Ensuite, lorsqu'il est prit par les amazones, il se retrouve avec son arbalète après s'être échappé... sympa les amazones, elles lui laissent ses armes en tôle... enfin, lors de la dernière scène de combat avec la créature hybride, il a le temps de prendre son arbalète, de placer un carreau et de tirer. respect Enriq... il faut avouer que ce n'est qu'une goutte dans un vase, mais à mon sens, c'est à ce genre de détail qu'on reconnaît un récit bien maîtrisé sur ce j'attend une suite ! qui sont donc ces étranges prêtresses !
  20. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    voilà le début du chapitre 4 : Ch.4 Premier sang Le corps sans vie du sanglier tomba lourdement sur le cadavre de son cavalier dont la tête reposait à quelques pieds de là, baignant dans le sol boueux d’une flaque que les assauts de la pluie avait fini par former. Gaston retira sa lame du cœur de la bête dans une gerbe de liquide écarlate qui vînt se mêler à la boue. Il chercha des yeux son prochain adversaire mais tous les orques semblaient être accaparés par un ou plusieurs des villageois. Soudain, une perfide petite créature verte armée d’une lance primitive sauta à bas d’un sanglier qu’il chevauchait en croupe et se précipita sur lui par sa gauche, vociférant comme un chien devant un visage inconnu. Tout se passait comme au ralenti mais l’esprit de Gaston, lui, travaillait à la vitesse du loup en chasse. Il avait largement le temps de voir venir les coups et de les parer avant de lancer une riposte, qui à chaque fois se trouvait être mortelle. Aucun détail ne semblait pouvoir lui échapper : le gobelin qui le chargeait était vêtu de haillons marrons crasseux et de quelques pièces de cuir raccommodées ensemble sur les épaules pour offrir un semblant de protection, son crâne était coiffé d’un casque de métal, trop grand pour lui, dont une large entaille barrait le devant, laissant penser qu’il devait l’avoir pris sur un cadavre. Sa lance était légèrement tordue au niveau de sa pointe, elle-même recouverte de sang séché que la pluie avait grand mal à effacer. Le nez du peau-verte était crochu et une large pustule mauve pointait sur sa joue droite. Gaston pouvait voir sans aucune difficulté les dents pourries du gobelin où moisissaient les restes d’un précédent repas et il eut un haut-le-cœur en imaginant son haleine putride. Des petits yeux rouges cruels le fixaient férocement enfouis sous un front proéminent. Gaston eut tout le temps de voir venir son attaque et d’un geste simple, mais qui avait dû paraître horriblement rapide à son adversaire, esquiva sans peine l’acier de l’arme d’un pas de côté et laissa le gobelin se laisser entraîner par son élan. La créature le dépassa tandis que le paysan levait son épée qui décrivit une courbe descendante et sectionna purement le gobelin au bas sa colonne vertébrale, abreuvant la terre de toujours plus de sang ennemi. Gaston s’étonna de la facilité avec laquelle il venait de trancher le peau-verte et alors qu’il ramenait le regard sur sa victime, il écarquilla les yeux lorsqu’il aperçu la lumière qui irradiait de son arme, une lumière blanc-bleu qui semblait jaillir de la lame, entourant les tranchants de flammèches blafardes. Le sang des orques qu’il avait tué, avait littéralement disparu de même que toutes les ébréchures qui parcouraient depuis toujours le fil de la vieille lame que lui avait léguée son père. Il rapprocha l’épée de son visage mais l’éclat n’en fut que plus visible. Même la garde avait changé : elle était intégralement dorée, parcourue de veines d’argent qui dessinaient des symboles ésotériques et protégeait bien son poignet, deux petites fleurs de lys ouvragées trônaient au milieu du pommeau et montaient gracieusement sur la base de la lame immaculée. Un coup brutal dans le dos, le fit soudain trébucher en avant et il eut grand mal à se maintenir debout, à grand renfort de moulinets de bras. Il se retourna brusquement et vit le corps du vieux Johann étalé sur le dos, dans une flaque boueuse, sa fourche encore serrée dans ses mains et un regard comme saisi d’une grande nécessité, sa bouche s’ouvrait et se fermait comme un poisson hors de l’eau, du sang commençait à s’en échapper. Gaston vît alors la hache impressionnante qui était fichée dans son torse, elle semblait boire la vie qui quittait peu à peu le vieil homme : son tranchant rayonnait à chaque battement de cœur de sa victime, battements qui ralentissaient rapidement. Gaston compris que Johann venait de lui sauver la vie en prenant le coup à sa place alors qu’il était fasciné par l’observation de son épée. Il leva les yeux sur le propriétaire de l’arme qui s’apprêtait à la récupérer. C’était un orque légèrement plus imposant que les autres à la peau assez sombre. Son bras gauche était recouvert de tatouages rituels tandis que le droit était protégé par une armature de métal q’incorporait son armure rouillée laquelle recouvrait entièrement sa poitrine et son ventre - elle était aspergée du sang encore frais des ses dernières victimes. De longues pointes effilées et menaçantes étaient fixées aux plaques métalliques qui protégeaient ses larges épaules renforçant sa carrure déjà terrifiante. Il portait un long poignard recourbé à la ceinture, d’où pendaient des crânes d’humains et d’autres races. Sa tête était engoncée dans un casque de métal noir recouvert de piques qui s’arrêtait à la limite de sa mâchoire inférieure, laissant apparaître un long croc jaunâtre sur le côté gauche, deux petites lueurs rougeâtres perçaient de l’obscurité du couvre-chef, vides de toute compassion. Gaston entendit le bruit écoeurant d’une arme retirée d’un corps, un bruit de succion, comme si la hache était arrachée à un bon repas, cette pensée enflamma le cœur du paysan. Sans un bruit l’orque prit son arme à deux mains et sans plus de cri de guerre que son pas lourd et menaçant il s’avança vers Gaston comme le bûcheron s’approche de l’arbre. Les gestes du peau-verte était lents même pour une créature aussi imposante, mais l’humain savait que la grâce de la dame lui avait été accordée, lui permettant d’être plus rapide, comme si une seconde chez les autres en valait trois pour lui. Gaston sentit la colère le submerger et il s’abandonna à elle. Il ferma les yeux l’espace d’un battement de cils et prit une profonde inspiration. L’air était lourd et humide chargé de la puanteur des créatures qui l’entouraient. Il releva lentement ses paupières et ses yeux brillaient d’une rage primale telle qu’il n’en avait jamais connue. L’orque noir eut un imperceptible de recul et Gaston pu lire l’hésitation dans son geste, mais son allure ne ralentit pas pour autant. L’humain garda l’épée baissée mais son regard ne quitta pas un instant celui du peau-verte, la lueur de l’arme avait redoublé et c’étaient à présent des flammes bleues qui en léchaient les tranchants, la haine de son porteur semblait alimenter sa puissance comme l’huile alimente la flamme d’une lampe. Gaston tourna sa tête d’un côté et de l’autre pour prendre la mesure des combats alentours : de nombreux cadavres d’orques et de sangliers gisaient dans la boue mais il ne vit aucun humain qui soit tombé à l’exception de Johann dont le liquide de vie s’échappait de la blessure béante à sa poitrine, le sang souillant l’armure de son adversaire semblait pourtant attester de la mort de certains villageois. Profitant de l’apparente distraction de l’humain, le peau-verte frappa de toute sa force en direction de l’humain d’un coup descendant et comme auparavant Gaston ne fut pas surpris de voir venir le coup, surtout une attaque aussi simple. Il se contenta de reculer d’un bond vif et l’attaque bien que portée avec force déséquilibra à peine l’immense orque à la peau sombre. Ce dernier sembla jauger du regard l’homme qui se trouvait en face de lui comme si il allait finalement se révéler être un adversaire relativement plus valable que les autres. Un sombre rictus retroussa sa lèvre inférieure dévoilant toujours plus de dents monstrueuses. Sans un seul signe avant-coureur, il se lança sur Gaston à une vitesse inattendue chez une créature si énorme. Le visage du paysan fut saisi d’une expression de surprise l’espace d’une seconde mais il parvînt une fois de plus à esquiver. L’orque émit un petit grondement de contrariété face à cette nouvelle réaction puis il lui fit de nouveau face. Gaston fut pris d’un sentiment d’incertitude face à son monstrueux ennemi puis son regard tomba sur le vieux Johann, ses longs cheveux jadis blancs comme le la neige étaient couverts de boue et dans son dernier souffle, l’homme croisa son regard. La colère balaya la muraille de peur qui s’était érigée autour de son âme et son bras fut fort d’une nouvelle vigueur. Tandis que l’orque se lançait dans une nouvelle attaque, Gaston plongea sous la hache qui décrivait un arc de cercle mortel tout en portant un coup rapide aux jambes nues de la créature, creusant un profond sillon dans la cuisse gauche. Le peau-verte émit à peine un grognement plus de frustration que de douleur et ne porta même pas la main à la blessure d’où un épais sang rougeâtre commençait à couler. Le rictus de la créature s’accentua encore et cette fois si Gaston pu y lire la satisfaction d’avoir trouvé un adversaire qui éprouverait un peu plus ses capacités que les précédents. Un frisson lui parcourut froidement l’échine. Sa main n’en tenait pas moins fermement l’épée flamboyante. Avant que l’orque noir n’ait pu entamer une nouvelle attaque, une légère brise vînt caresser son visage trempé de pluie et une volonté implacable le saisit. Ses yeux s’écarquillèrent sauvagement et il se jeta sur son adversaire en poussant un cri de rage si puissant qu’il pétrifia pendant une seconde la monstrueuse créature. Il n’en fallait pas plus à Gaston pour porter son attaque, avant que la garde de son ennemi ne pu lever il frappa à un endroit précis : entre les plaques qui recouvraient la poitrine et celles qui protégeaient le ventre comme si une force invisible guidait son coup. La lame s’enfonça de huit pouces dons la chair musculeuse de l’orque alors que celui-ci n’avait toujours pas esquissé le moindre geste de défense. Gaston retira rapidement son arme en prenant bien soin de la faire tourner afin d’ouvrir toujours plus la plaie. Le sang jaillit à gros bouillons lorsque l’acier se libéra de la blessure. Mais son adversaire n’en tomba pas pour autant. Le roturier recula lestement hors de portée d’une éventuelle riposte. L’immense peau-verte ne semblait pas comprendre ce qui venait de se passer. Puis il beugla comme un taureau qui charge et se précipita sur la silhouette frêle de l’humain bien décidé à se débarrasser une fois pour toute de lui. Gaston fut surpris par la réaction de son ennemi qui ne semblait prêter aucune attention à la douleur. Il ne put s’écarter. Car une étreinte glaciale l'enlaça instantanément, comme un linceul, lorsqu’il aperçu une hideuse lune grimaçante qui pendait à la ceinture de l’orque. Il fut pétrifié. Non de peur mais par quelque pouvoir mystique que renfermait le talisman ésotérique. Il ne put que voir son gargantuesque adversaire se jeter sur lui, sa gigantesque hache levée bien haut. Le jeune paysan ferma les yeux et pria la Dame de lui pardonner. * * * * * * * * « Pour la Dame et le Roy ! » Le cri de guerre avait été poussé avec puissance et une ferveur non feinte. Alors qu’il parvenait aux oreilles de Gaston, une vague de chaleur remonta le long de son corps et ranima le feu mourant de sa volonté. Ses paupières se rouvrirent immédiatement. Son bras droit, toujours armé de l’épée auréolée de flammes blanches, se leva bien haut, comme s’il était animé d’une volonté propre, alors que l’arme de son adversaire s’abattait sur lui. Encore une fois, le temps ralentit sa course, mais plus encore qu’auparavant, au point qu’il semblait s’être arrêté. Le tranchant de la hache n’était plus qu’à une dizaine de pouces de son visage, il en était conscient mais il se contenta d’étudier la pose de l’orque. En lançant une telle attaque, il serait immanquablement déséquilibré, même avec sa monstrueuse force. Mais il paraissait évident que ce dernier coup aurait raison de Gaston et le couperait littéralement en deux. Le paysan pouvait déjà voir un rictus de satisfaction éclairer la bouche de L’orque. Sans qu’il puisse sans empêcher, Gaston sentit également ce même sourire se dessiner sur la sienne. Il n’aurait su dire pourquoi, mais il ne semblait plus contrôler ses faits et gestes, comme si quelqu’un d’autre agissait à sa place, sans qu’il s’en inquiète toutefois. Soudain, il se vit faire un pas de côté et tourner sur lui-même pour s’écarter de la trajectoire de la hache. Les combats alentours étaient proprement figés, c’était à peine si on voyait les gouttes d’eau tomber. Il laissa l’orque se laisser entraîner par son élan, son bras armé toujours levé, puis il l’abattit sur le crâne protégé de la créature. La lame flamboyante éventra le casque de fer noir du peau-verte aussi facilement que la gorge d’un cochon gras, exposant le peu de cervelle à l’air humide, avant de laisser une profonde entaille sur la nuque et le dos sans protection. Puis soudainement, le temps reprit sa cadence normale et l’orque noir tituba quelques instants avant de s’effondrer près du corps de Johann, la tête tournée sur le côté laissant apercevoir un regard encore saisi par l’incompréhension. Les jambes de Gaston tressaillirent un instant alors qu’il semblait reprendre le contrôle de ses membres. La pluie venait tout juste de s’arrêter et le vent du Nord chassait enfin les nuages gris du ciel. Le fracas des combats s’était brusquement calmé. Les yeux encore embrumés par l’eau, il regarda là où de furieux grognements, accompagnés du bruit du métal contre le métal, se faisaient encore entendre. Les deux ultimes chevaucheurs de sangliers étaient aux prises avec… « Un chevalier… » Murmura le paysan dans un souffle. Comme une cascade d’eau fraîche, Gaston se remémora les quelques instants qui venaient de s’écouler. Il avait entendu un cri de guerre, que seul un preux aurait pu rugir, il n’avait donc pas rêvé, un des invincibles chevaliers de la Bretonnie était venu à leur secours. Il remercia immédiatement la Dame dans un prière muette pour le salut qu’elle leur avait accordé. L’homme ne portait pas de heaume et ses cheveux de jais, que la pluie avait tressés en fines mèches, volaient à chacun de ses moulinets de bras. Son tabard bleu était quelque peu élimé et son armure cabossée au niveau de l’épaule et du genou droit témoignait des combats qu’il avait menés. Son destrier caparaçonné portait les mêmes armoiries que son écu : une fleur de lys d’argent, sans aucun autre signe de reconnaissance de sa famille. Les deux orques se battaient avec rage, leurs longs Kikoup’ frappant sans relâche le chevalier. Mais celui-ci se défendait efficacement contre ses deux adversaires, utilisant tant sa lame que son bouclier pour parer les attaques. Même les montures se mêlaient au combat, le grand et fier cheval bretonnien assénant de puissants coups de sabots, tandis que les sangliers usaient de leurs défenses comme autant de poignards effilés. Le noble semblait pourtant reculer peu à peu devant la pression des peaux-vertes, les lames rouillées ne trouvaient pas encore la faille de sa défense mais elles ne semblaient pas se décourager pour autant et chaque coup était porté avec autant de force que le précédent. Puis le destrier se cabra, faisant voler de la boue, et frappa de son lourd sabot ferré le groin d’un des sangliers. Celui-ci geignit de douleur et se pencha violemment vers l’avant. Son cavalier surpris, écarta bouclier et Kikoup’ à grands moulinets de bras pour tenter de se maintenir en selle. Le chevalier n’en attendait pas tant et porta un puissant coup d’estoc sur le poitrail, alors sans défense, de l’orque. La lame s’engouffra avidement dans la chair, jusqu’aux poumons de la créature. L’orque tomba presque immédiatement sur le sol boueux dans un râle étranglé, du sang bouillonnant de sa blessure. Le dernier chevaucheur jeta un rapide coup d’œil surpris à son comparse agonisant puis réalisa qu’il était à présent seul. Il décida soudainement qu’il avait fait son devoir de guerrier et qu’il était temps pour lui de retrouver le reste de l’armée. Aussi, fit-il faire demi-tour à sa monture écumante qui ne se fit pas prier pour partir au grand galop vers les montagnes. Le chevalier qui retirait à peine son arme de l’autre sanglier n’eut pas le temps de frapper le fuyard. Gaston s’était prudemment rapproché et il put entendre le paladin psalmodier quelque chose : _ « Ce couard refuse le combat Ma Dame, pardonnez mon geste. » Avait-il marmonné, le paysan aurait pu le jurer sur Shalaya. Et alors que l’orque avait mis une quinzaine de mètres entre lui et le chevalier, celui-ci se tourna de côté pour prendre de l’élan et lança avec une force prodigieuse son épée dans sa direction. La lame tournoya une seconde dans l’air et pourfendit le peau-verte de part en part. La créature laissa choir arme et bouclier pour porter ses mains à l’acier qui dépassait de son abdomen et tomba à bas de sa monture, cette dernière ne ralentit pas pour autant et continua en direction des sœurs pâles, hors d’atteinte. Gaston s’approcha lentement du chevalier qui était descendu de cheval, près du cadavre du fuyard, afin de récupérer son épée. La lame dépassait de six pouces de la poitrine sanguinolente de l’orque. Sa mauvaise face montrait encore la surprise de celui qui s’était, un peu trop vite, cru tiré d’affaires. Le noble bretonnien bascula le peau-verte sur le ventre, de son pied avec une expression sévère mais laissant transparaître un dégoût visible. Il se saisit de l’épée à deux mains puis posa son pied gauche sur le cadavre et en dégagea difficilement la lame. Elle était recouverte du sang de sa victime et le chevalier s’accroupit tant bien que mal avec sa lourde armure et déchira un bout de la tunique de l’orque qu’il utilisa pour nettoyer la lame. Une fois terminer, il laissa tomber le morceau de tissu sur le corps inerte et remis son arme au fourreau puis il s’apprêta à remonter à cheval sans même un regard à Gaston, pourtant tout proche de lui. _ « Messire, je…nous… Comment vous remercier Monseigneur ? » Avait-il risqué sur son ton le plus respectueux, alors que le cavalier se mettait en selle – sa voix tremblait ostensiblement. Il daigna enfin poser ses yeux sur le paysan dont la vieille tunique était recouverte d’un amalgame de boue et de sang coagulé. Son visage exprimait une sorte d’indignation, il s’apprêta à dire quelque chose mais s’abstînt à la dernière seconde, son expression redevînt grave. Il regarda le groupe des survivants qui s’était rassemblé derrière Gaston. Ce dernier suivit le regard du noble et réalisa que sur la quarantaine de villageois, seule une bonne vingtaine avait survécu à la bataille. Certains étaient soutenus par leurs amis et d’autres portaient leurs mains à leurs blessures. Leurs visages étaient las et l’adrénaline qui était montée pendant le combat avait disparu, aussi la douleur se fit-elle durement ressentir. Gaston lui-même sentit son corps meurtri de courbature et la fatigue s’abattit littéralement sur lui – il tressaillit. Le chevalier mit son cheval au pas et il trotta lentement entre les dépouilles de paysans et de peaux-vertes, unis dans la mort. Puis il tira doucement sur les rênes et le cheval s’immobilisa. _ « enlevez donc les corps de ces hommes ! Qu’ils reposent en paix, loin de ces abjects monstres puants. » Dit-il d’une voix forte afin d’être entendu du groupe resté près de Gaston. « Vous vous êtes vaillamment battu ! Vos fils et vos femmes peuvent être fiers de vous. Mais ne fêtez pas cette victoire séant. Il vous faut enterrer ces morts puis vous devrez quitter les lieux sans tarder, ce n’était là qu’une mince avant-garde. Soyez en sûr, ils vont revenir. Et autrement plus nombreux. » A cette annonce, le cœur des villageois se glaça. La lassitude de Gaston redoubla, n’auraient-ils donc pas de repos pour panser leurs blessures et pleurer leurs morts ? Mais il sentit au fond de son âme que le chevalier disait vrai, il leur fallait partir sans délai. Il se tourna vers ses amis et leur dit : _ « La Dame parle par sa bouche, nous devons faire ce qu’il dit, sans plus tarder. Allons ! Allez chercher des pelles, nous avons des braves à mettre en terre. » Les paysans s’exécutèrent sans discuter, les femmes du villages allant à leur rencontre certaines bénissant la dame d’avoir épargner leur homme, les autres se ruant en pleurant sur le champ de bataille boueux afin de chercher leur parent. A ce spectacle, le cœur de Gaston se serra, il vit la veuve de Johann se jeter sur la mortelle dépouille de son mari, enlaçant son corps couvert de boue comme si elle pensait le ramener à la vie en le réchauffant en son sein. Le paysan baissa le regard et laissa choir son épée à ses pieds, plus aucune lueur n’éclairait ses tranchants et la lame avait retrouvé toutes ses ébréchures. Il n’entendit pas le pas lent du destrier du paladin qui s’approchait de lui. _ « Toi, tu me sembles être ce qui se rapproche le plus d’un chef, du moins d’un meneur. Veille donc à ce que tout se fasse au plus vite, partez dès que tombes seront recouvertes. » Ordonna ce dernier sur un ton impérieux que seule la noblesse savait prendre. Il s’était adressé directement à lui, Gaston n’en revenait pas. Son cœur se gonfla d’orgueil devant l’honneur qui lui était fait. _ « Monseigneur, puis-je vous demander le nom de notre sauveur ? » S’enquît-il, les yeux rayonnant de fierté, tandis que le chevalier faisait faire demi-tour à sa monture. Gaston vit alors le heaume de l’homme, tout cabossé, accroché à son paquetage. _ « Mon nom n’a pas la moindre importance. Ce n’est pas moi qu’il faut louer mais notre Déesse. Ne l’oublie jamais, paysan, et ne te détourne pas de son chemin. » Dit-il d’une voix grave d’où la ferveur émanait comme la vapeur d’une source chaude. Puis il commença à s’éloigner lorsqu’il se retourna brusquement vers Gaston. _« J’oubliais, Brûlez donc les cadavres des orques et de leurs puantes monture. Qu’il n’en reste rien ! » Puis il regarda fixement les yeux du villageois qui fut parcourut d’un frisson devant ce regard de glace. Et d’une voix qui ne laissait pas de place à une quelconque objection, il lui dit : _ « Et par la Dame, n’utilisez que du bois mort ! »
  21. Linuath

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    la suite a+ Le choc des deux têtes se heurtant violemment fit un atroce bruit d’os brisé. Le gigantesque orque noir lâcha les deux gobelins inertes sur le sol pierreux avant d’écraser la tête de l’un d’eux sous son énorme botte cloutée, dans une explosion de cervelle, de sang et de cartilage. _ « kça vou sairve deu l’çon, lé mikrobes ! Si fo encor kje deçande, vou serviré d’pti dej’ a Fyfinn’ ! Cé bien compry ?? » Hurla-t-il à la horde de gobelins de la nuit, sa voix tonitruante se répercutant un moment sur les parois de la gorge, amplifiant encore le mortel ultimatum du non moins mortel Seigneur de Guerre. Les petites créatures encapuchonnées tournèrent à l’unisson leur regard vers la monstrueuse vouivre, posée non loin de là, qui salivait déjà, puis ils se regardèrent nerveusement entre eux, alors qu’ils semblaient prendre un accord silencieux. Comme ils tremblotaient de tous leurs membres et paraissaient pris d’un soudain intérêt pour le sol rocailleux, l’orque noir sentit que la menace avait fait son effet et, sur un dernier grognement, montrant ostensiblement ses crocs - ce qui fit sursauter une bonne partie des gobelins, l’un d’eux tourna même de l’oeil - il se détourna pour rejoindre sa pesante monture qui lorgnait toujours aussi avidement les petits peaux-vertes. _ « T’inkiaite Fyfinn’, taura tou plin d’zom a mangé kan on s’ra décendu d’se bled pomé. » Lui adressa-t-il d’une voix affectueuse en caressant les écailles de son front. Puis il l’enfourcha tant bien que mal, maugréant à chaque fois que son pied glissait sur l’épaisse carapace verte de la vouivre. Lorsqu’il fut correctement installé, un coup de ses talons sertis de pointes rouillées fit décoller la créature qui eut un petit grognement de douleur et de satisfaction mélangées. Byzhon. C’est ainsi qu’il s’appelait. Plus connu, chez ceux de son espèce, sous le pseudonyme du « Futé », il avait été affublé de ce nom car, aussi exceptionnel que cela puisse paraître, Byzhon savait lire. Un jour qu’il était encore garde du corps de son ancien Seigneur, il dépouilla le chamane de la tribu, tué lors de la bataille qu’ils venaient tout juste de remporter, alors qu’il cherchait de quoi se rembourser des dettes de jeu du sorcier. Il referma par hasard sa main sur un petit grimoire, à l’aspect aussi vieux que le monde lui-même. Un autre orque que lui aurait certainement jeté cet objet dépourvu d’utilité, mais les dieux Gork et Mork murmurèrent à ses oreilles et il glissa le livre dans ses chausses. Le soir, il délaissa étrangement les réjouissances de leur victoire pour s’installer à l’écart, près d’un petit feu où il sorti le singulier grimoire après s’être assuré que personne ne l’épiait. Il resta longtemps plongé dans l’observation de la couverture en peau d’elfe toute cornée. Alors que la lune était déjà haute dans le ciel, il se décida à pousser plus loin son étude et ouvrit lentement sa trouvaille, révélant des glyphes aux formes tranchantes tracés avec une encre rouge sombre semblant s’être coagulée à certains endroits, ne laissant aucun doute quant à son origine. Chacune des nombreuses pages du petit livre était recouverte de cette étrange et tout aussi incompréhensible écriture. Byzhon grogna de frustration devant si piètre butin. Et alors qu’il allait le jeter négligemment dans le feu, une lueur bleue émana du grimoire. Il le ramena vers lui puis soudainement, la lueur remonta son gros bras jusqu’à sa tête avant qu’il n’ait même eu le temps de crier. Il s’effondra instantanément, plongé dans l’inconscience. Lorsqu’il reprit ses esprits, l’aube allait sous peu se lever. Il avait un mal de crâne abominable. Le petit feu s’était éteint de lui-même et le vieux livre gisait à ses pieds, ouvert. L’orque noir s’apprêtât à enfoncer le dangereux objet dans le sol boueux lorsque ses yeux croisèrent l’indéchiffrable écriture. Il arrêta son geste et se pencha pour ramasser le grimoire. C’était comme si les glyphes, inintelligibles quelques heures auparavant, prenaient une signification pour le moins claire dans son esprit. Byzhon réalisa à sa grande surprise qu’il pouvait lire. Il passa la matinée entière à lire les mystérieux écrits, concentré comme jamais un orque noir ne l’avait été. L’après midi était déjà bien entamée lorsque l’armée peau-verte commença à sortir de sa torpeur. Byzhon marchait d’un pas décidé au travers du camp improvisé, la main refermée sur le livre, devant les regards curieux de ceux qui tentaient de se remettre de la buverie de la veille. Il arriva face à une grande tente d’aspect un peu moins débrayé que les autres d’où sortaient de puissants ronflements que seuls les orques noirs savaient faire. Il leva son bras gauche puis pointa une griffe sale en direction du poteau central. Il murmura quelque chose sans quitter le livre, qu’il venait d’ouvrir, des yeux. L’air sembla se distordre autour de lui tandis que des arcs d’énergie brute sortaient du grimoire et se concentraient au bout de son gros index. Un craquement sec se fit entendre lorsque le pieu de bois qui soutenait la toile se brisa net, faisant s’effondrer la tente sur ses occupants. Les ronflements firent place aux beuglements de colère et plusieurs Kikoup’ se mirent à cisailler l’épais tissu. Un mauvais rictus dévoila la dentition jaunâtre de Byzhon lorsque le Seigneur de Guerre Bosgorr parvînt à se dépêtrer avec un cri de rage. Le bruit avait attiré une bonne partie de peaux-vertes qui se massaient à présent autour des vestiges de la tente. Bosgorr chercha des yeux le responsable en balayant l’attroupement lorsque son regard se porta sur Byzhon, le bras toujours levé, menaçant à présent son Seigneur. Les peaux-vertes qui se tenaient à côté de lui, prirent soudainement leurs distances alors qu’ils réalisaient que c’était lui le coupable et que le combat était inévitable. Sans plus de réflexion que ça, Bosgorr se rua sur son ancien garde du corps avec un rugissement bestial tandis qu’une dizaine d’orques noirs parvenaient enfin à s’extirper de la tente en lambeaux. Alors que le titanesque Seigneur orque allait abattre sa, non moins titanesque, hache sur Byzhon, ce dernier jeta un rapide coup d’œil au livre qu’il tenait toujours ouvert et prononça un mot de puissance dans une langue aux intonations stridentes. Un éclair bleuté fusa du recueil cabalistique, remonta le long de son bras puis jaillit de sa longue griffe et alla droit vers le cœur de Bosgorr. Lorsque la décharge d’énergie le frappa, l’orque fut purement et simplement projeté en arrière avec une force phénoménale. Il percuta de plein fouet sa garde qui courait le rejoindre et s’empala littéralement sur la lame d’un de leurs Kikoup’. Aucuns des peaux-vertes ne se releva. Plus aucun mouvement n’agitait le corps carbonisé du Seigneur de la horde. Bosgorr était mort. Et Byzhon l’avait tué. Saisissant l’arme de son adversaire, il la réclama pour sienne et défia du regard la waagh, mais aucun peau-verte ne fut assez fou pour élever sa voix contre lui, peut-être l’odeur de chair brûlée vivace et la fumée qui s’échappait encore de leur précédent Seigneur furent-elles assez persuasives. Depuis ce jour, Byzhon était le maître incontesté de l’ost, la menant de pillages en massacres pendant près de cinq années sur les terres de Bretonnie, évitant maladivement les armées envoyées contre lui. Il avait mis le duché de Gisorieux à feu et à sang jusqu’à ce qu’une vaste force de cavalerie lourde, menée par un terrible chevalier coiffé d’un heaume à corne de cerf, parvienne à l’acculer aux Sœurs pâles. La bataille qui suivit fut brève, les chevaliers couraient après les orques depuis déjà trop longtemps et leur courroux s’abattit sur la waagh comme le marteau frappe le fer encore chaud. Byzhon ne put que se replier dans les montagnes, là où les lourds destriers ennemis ne pourraient les suivre. Ils y restèrent, lui et les vestiges de sa horde, une dizaine d’années, mettant ce temps à profit en se multipliant et asservissant les tribus locales. Mais s’il y demeura aussi longtemps caché, c’était surtout qu’il ne parvenait pas à sortir du labyrinthe rocheux dans lequel il était rentré. Mais même lui avait assez de fierté pour ne pas l’admettre. L’affable lueur rougeâtre du soleil mourant lui permettait à peine de distinguer sa waagh, qui s’étalait, telle un gigantesque serpent couleur de jais dans les passes montagneuses. Une minuscule lueur attira son regard sur sa gauche, tandis que sa monture semblait humer avidement l’air. Quelques torches tentaient tant bien que mal de repousser l’obscurité grandissante, mais l’ombre gagnait impitoyablement les rues désertes de Grellinaud. L’immense Seigneur orque éclata d’un rire aussi noir que sa peau à la vue du petit village sans défense tandis qu’il intimait sans ménagement à sa vouivre de redescendre vers ses troupes – il avait des ordres à donner. Les hommes avaient déjà appris à le craindre par le passé. Il était temps de leur rappeler à trembler à la seule évocation de son nom. * * * * * * * * «Fuyez ! Fuyez ! Le malheur s’abat sur nous ! Et puisse la dame nous accueillir à ses côtés ! » Bramait le vieillard en levant des bras squelettiques tout tremblotant. Sa vieille voix rocailleuse ajoutait encore au dramatique de la situation. Partout, femmes et enfants criaient, couraient, dans la panique la plus totale, tentant de rassembler quelques affaires sur des chars à bœufs pour ceux qui en possédaient ou sur leur dos pour les autres. Les hommes, eux, se saisissaient de leurs armes rudimentaires mais la terreur les étreignait et les bras qui, quotidiennement, maniaient avec assurance haches, faux et fourches avaient bien du mal à soutenir ces mêmes outils devant l’horreur de la vision qui s’offrait à leurs yeux. Gaston était un des trop rares villageois à posséder une épée et à présent, il la tenait bien haut, afin de rassembler le peu de courage qui se trouvait au plus profond de ses camarades. Tôt ce matin-là, alors que le soleil printanier commençait à peine sa perpétuelle course à travers les nuages, Erik le berger était revenu en courant à perdre haleine des pâturages situés à trois lieues, en amont du village qui commençait à s’affairer. Il lui fallu une bonne minute pour reprendre son souffle, avant qu’il ne puisse expliquer pourquoi il avait abandonné le troupeau de la trentaine de moutons que possédait le village. « Démons…ils bavent…ils font mal z’yeux… ils puent…grognent…veulent manger Erik ! Démons ! Démons ! » Répétait inlassablement le simplet qu’il était d’une voix terrifiée, le visage aussi blanc que du lait et les yeux écarquillés qui semblaient avoir vu la mort incarnée. Les villageois avaient tout d’abord pris peur, un début de vent de panique s’immisça perfidement dans leur cœur mais Gaston intervînt pour ramener le calme, même s’il était tout aussi inquiet que les autres : le chevalier, propriétaire de fief et chargé de la défense de Grellinaud, Luc D’Hutor avait été occis, quelques mois auparavant par une embuscade de bandits de grand chemin alors qu’il chassait seul non loin de la forêt d’Arden. Son corps dénudé, abandonné au bord d’une route pourrissait depuis une semaine lorsque deux des villageois le trouvèrent. Depuis, Grellinaud avait fait mander un nouveau suzerain car Luc d’Hutor ne laissa ni femme ni héritier. Mais la réponse de Couronne se faisait attendre et le village demeurait vulnérable. Gaston chargea un jeune garçon d’aller confirmer les dires du simplet, lequel se recroquevillait dans sa chaumière en répétant sempiternellement les mêmes mots. Deux heures plus tard, le garçon revînt aussi blême que l’idiot du village, tremblant de tous ses membres. Il ne parvînt à dire qu’un unique mot intelligible, mais ce mot fut plus que suffisant pour que tous puisse comprendre l’horreur de la situation. Orques Le cœur de Gaston se glaça au son de ce mot, qui semblait résonner maladivement dans sa tête. Mais si lui, cédait à la panique alors il ne parierait pas une pièce de bronze sur la survie du village. Aussi il garda la tête froide et se fit un rempart à la vague de panique qui menaçait. Aucun paysan ne contesta son autorité, bien au contraire, ils n’attendaient que cela, incapable de prendre des décisions par eux-mêmes, élevés, qu’ils étaient, depuis l’enfance à obéir à leur Seigneur. Le soleil se dressait bien haut dans le ciel empli de nuages gris, quand il ordonna aux femmes et enfants de rassembler le strict nécessaire et de fuir le plus loin possible du village en direction de la plus proche citadelle. Mais il eut beau faire tout son possible, l’affolement gagna quelques uns des campagnards et se répandit comme une traînée de poudre. Il avait perdu le contrôle de la situation, Grellinaud était plongé dans le chaos. Sachant pertinemment qu’il ne pourrait arriver à raisonner la population entière, il rassembla tant bien que mal les hommes en âge de se battre, les exhortant à ne pas faillir. Lui-même se sentait investi d’une force nouvelle, une force douce et saine qui décuplait sa bravoure et renforçait sa volonté, il allait mourir, c’était certain, mais il en emporterait autant qu’il le pourrait dans la tombe avant de tomber. Puis sa détermination, comme si elle se muait en brise, sembla envelopper la cinquantaine d’autres villageois, affermissant leurs poings et gonflant leur poitrine. Ils étaient comme la brebis se sachant condamné face au loup affamé mais qui tentera tout pour laisser un mauvais souvenir à son agresseur. Le nuage de poussière que soulevaient les deux douzaines de chevaucheurs de sangliers se rapprochait inexorablement tandis que l’air se chargeait d’humidité. La quarantaine de paysans se rapprochèrent inconsciemment les uns des autres. L'appréhension devenait palpable. Leur destin courait irrémédiablement à leur rencontre, le vent marin semblant tenter, en vain, de le freiner. Gaston en était persuadé, il n’avait plus rien à perdre, sauf la vie peut-être, mais cela n’avait plus d’importance. Il aurait voulu devenir un fier homme d’armes, peut-être même écuyer, pour servir son Roi et sa Déesse, mais ce n’est plus qu’une illusion parmi tant d’autres à présent. Pourtant un espoir secret, enfoui dans les profondeurs de son cœur, semblait en émaner, comme si il y avait une autre issu à cette journée, une quelconque possibilité de changer le destin qu’il venait pourtant accepter si sereinement. Et une voix murmurait à son oreille, une voix chuchotante, quasi-inaudible avec le vacarme montant des vivats ennemis. Mais les paroles de cette voix n’avaient pas besoin d’être entendu et elles allèrent droit à son cœur comme un chant aussi pur que l’eau qui coule en cascade. Il exhorta ses amis à garder la foi envers la Dame et à ne pas laisser l’effroi s’emparer d’eux. Et alors que la vague de leurs monstrueux ennemies allait les balayer, Gaston entonna un cri de pure rage de vivre, et sa propre voix sembla se mêler à une autre, bien plus puissante mais dont le contact était aussi agréable que celle qui chuchotait. Le son qu’il émit le surpris lui-même et il fut repris en chœur par les autres, recouvrant les cris adverses Et la force qu’ils mirent dans cette ultime preuve de leur résolution coupa court à la charge ennemie. Les affreuses montures aux sabots cloutés se figèrent et les bouches écumeuses des orques ne laissèrent plus sortir aucun son. Le silence s’empara de la scène. Une pluie fortuite se mit à tomber.
  22. Linuath

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    salut ! effectivement... quelque chose clochait ... 2 post au lieu d'un.. hum bizare du coup les fautes sont corrigées et encore milles escuse pour le "12"... impardonnable pourceau pour un prêtre ? non je ne crois pas là, c'est une insulte moyenâgeuse assez épicée d'après ma connaissance de la chose. je dois avouer que si WORD reconnaît le mot, il est bien avare de synonyme le félon ! quoiqu'il en soit, j'ai mailé un prof de lettre agrégé que je connais (accessoirement mon prof en prepa), histoire d'être sûr et il m'a confirmé le sens. Enfin ! si quelqu'un a d'autres infos, elles seraient les bienvenues. je vais tâché de développer quelque mieux l'aspect psy, tu as raison Inxi, je l'ai négligé. suite sous peu! et joyeux noël !
  23. Linuath

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    voilà le début du chapitre 3, Isha vous accompagne: Ch.3 Perdition « Et bien s’il dort, réveillez-le ! Par la Dame ! » L’exaspération de L’homme en armure brillante contrastait avec le profond embarras du roturier. _ « Mais Messire, il ne… » Bafouilla ce dernier mais il ne lui fut pas laisser le temps de finir. Le chevalier le saisit par le col de sa tunique rouge et le rapprocha de son visage couturé. _ « Ecoute-moi, pourceau ! Le message que je porte est de la plus haute importance et il passe outre le sommeil du Roy. Maintenant va réveiller notre monarque sur l’instant ou j’irai moi-même et par le sang de mes ancêtres je jure que tu te retrouveras dans le cul-de-basse-fosse de mon donjon ! » Cette dernière menace avait été prononcée sur un ton qui ne laissait aucun doute quant à son exécution. Il n’en fallu pas plus au garde pour le convaincre de transgresser ses consignes mais surtout d’obéir à l’imposant homme, et il partit à toute jambe en direction d’une lourde porte de chêne frappée des armoiries royales que les nombreuses bougies qui tentaient vainement de repousser la pénombre dévoilaient à peine. La même mauvaise expression sur son visage, le mystérieux chevalier alla vers une des grandes fenêtres qui parsemaient régulièrement les murs de la vaste salle. La maigre lumière du soleil commençait péniblement à remplacer celle de la lune et les étoiles impassibles s’éteignaient une à une. Il grommela quelque chose d’inaudible devant l’arrivée de l’aube puis sembla sombrer dans quelque sombre réflexion sans prêter une quelconque attention aux deux gardes en faction devant la grande porte qui l’observaient ostensiblement. La carrure de l’homme imposait le respect. Il était paré d’une armure rutilante dont les différentes pièces s’articulaient parfaitement en laissant à son porteur une grande liberté de mouvement, assurément l’œuvre d’un grand maître Bretonnien. A sa taille pendait un fourreau ouvragé duquel dépassé la garde ornementé d’une épée. Une grande cape azurée parsemée de fleur de lys argentées et bordée d’hermine d’Espalie couvrait son dos et il enserrait sous son bras gauche un heaume tout aussi miroitant que les plaques de sa cuirasse. Ce même heaume était orné d’un d’une tête de cerf d’argent, aux longs andouillers, qui surplombait un calice ornementé, symbole de ceux qui avaient été jugés dignes de boire à la coupe de la Dame Du Lac. Un grincement sourd signala que la porte des appartements du roi venait de s’ouvrir mais plongé dans ses pensées, le chevalier ne l’entendit pas. _ « Duc Hagen De La Sannes ! Faut-il que vous soyez en grande hâte pour venir me tirer d’un sommeil dûment mérité ? Cette audience outrepasse toutes les convenances ! » La voix sonore, tintée d’ironie, du monarque le tira de ses songes et il se retourna vivement pour faire face à son souverain, avant de s’agenouiller devant lui. Louen Cœur-De-Lion, souverain incontesté de la Bretonnie, était presque aussi grand que le Duc, mais d’une carrure légèrement moins large qui lui donnait à la fois une l’allure puissante d’un guerrier et celle plus souple d’un courtisan. Il n’avait pas pris le temps de revêtir autre chose qu’une ample robe rouge ceinte d’un mince ruban de cuir parsemé de poinçons métalliques. Ses cheveux châtain clair tirant vers le gris retombaient en boucles désordonnées autour de son cou. Une véritable aura royale émanait de l’homme, quelque chose d’autre que le charisme avéré qu’il possédait. Comme un pouvoir divin qui lui donnait sa légitimité de souverain des hommes. _ « Seigneur, c’est bien plus que de la hâte qui me presse, je dois m’entretenir sans délai avec Votre Majesté. Dit le Duc d’un ton diplomatique. Je n’ai que trop perdu de temps avec ce gueux. » Acheva-t-il sans vouloir cacher son impatience ni son courroux et en jetant un regard de biais au serviteur qui avait suivi le Roi, il devînt livide lorsque le monarque se tourna vers lui. _ « Jean ? Adressa-t-il à l’attention du Baron avec un sourire bienveillant. Il ne faut pas lui en vouloir, il m’est très dévoué. Certainement trop en fait. » Alors que le roturier retrouvait ses couleurs, le roi entraîna son vassal à l’extrémité de la l’immense salle, vers une gigantesque porte à battants faite d’un bois sombre, qui semblait cependant être incrustée de cannelures luisantes que les premiers rayons de soleil commençaient à révéler. Le Roi écarta sans grand effort les huis, qui faisaient pourtant sept pousses de large et douze pieds de haut et ils entrèrent dans une vaste pièce percée d’une unique fenêtre aux proportions toutes aussi colossales. Une grande table arrondie et une vingtaine de chaises meublaient l’austère salle ainsi que deux grandes tentures qui couvraient chacune l’intégralité d’un mur en se faisant face. La première rassemblait les armoiries des quatorze duchés bretonniens, la seconde, quant à elle, représentait les douze célèbres batailles de Gille l’unificateur, père de la Bretonnie. Louen Cœur-De-Lion s’arrêta près de l’immense table et se retourna vers le chevalier. _ « Quelles nouvelles de Gisorieux ? »Demanda-t-il. Sa voix avait pris une tonalité grave et son visage ne l’était pas moins. Hagen De La Sannes, Duc de Gisorieux, plus communément appelé Hagen de Gisorieux, était relativement solitaire vis-à-vis des autres duchés et baronnies du Royaume mais il était sans aucun doute l’un des sujets les plus loyaux de la Bretonnie et de son Roi. Son duché se trouvait au sud de celui de son souverain. Coincées entre les hauts sommets des sœurs pâles et la grande forêt d’Arden, les terres cultivables ou même de propices à l’établissement étaient trop peu nombreuses. C’est pour cela qu’il n’y avait pas de grande cité fortifiée à Gisorieux, uniquement des forteresses plus petites qui parsemaient plus efficacement le territoire. La famille du Duc tirait son nom du fleuve qui coulait des montagnes en marquant la frontière avec le duché de Couronne puis passait par la capitale, du même nom, aux tours blanches. Louen le savait, si Hagen était venu lui-même à Couronne pour lui demander audience c’est que le besoin n’en était nullement exagéré. Le regard du Duc fixa celui de son suzerain et il dit encore plus gravement : _ « deux de mes chasseurs est rentré hier à l’aube, après une battue dans les montagnes, ils sont formels. Les orques, Monseigneur. Ils reviennent. » Sans que son visage ne trahisse la moindre émotion, il ajouta «Innombrables, Sire. » Louen Cœur-De-Lion resta une seconde immobile, puis, comme s’il venait de prendre une décision, le monarque mis une main sur l’épaule de son vassal dans un léger cliquetis de métal avec un regard entendu puis il marcha résolument en direction de titanesque porte qu’il ouvrit avec une facilité déconcertante et cria d’une voix autoritaire aux gardes : _ « Faites mander mes Capitaines ! Sortez-les de leur couche ! Qu’ils soient ici même dans l’heure ! » L’expression figée du Duc eut un imperceptible mouvement de soulagement. Peut-être arriveraient-ils à temps. * * * * * * * * Les yeux ouverts, Linuath était allongé sur une solide branche de conifère, ses prunelles mauves reflétant les quelques étoiles encore scintillantes dans la lueur affable de l’aube. Il dormait. Car c’est ainsi que dorment les elfes, à mi chemin des songes et de la conscience, plongés dans des rêves inaccessibles à l’entendement d’autres races. La brève plainte perçante d’un oiseau de proie brisa soudain l’agréable silence qui avait gagné la forêt. Les pupilles de l’elfe se rétrécir légèrement, comme son esprit retrouver l’intégrité de la réalité et de son corps. Dans un mouvement remarquablement leste pour quelqu’un qui serait resté couché plusieurs heures, il se releva, manquant tout de même de perdre l’équilibre l’espace d’un battement de cils. Il resta un instant debout, ses longues oreilles à l’affût du moindre bruit, jusqu’à ce que le même cri aigu retentisse au-dessus des bois endormis. Répondant à l’appel, Linuath prit une grande inspiration et émit un bref cri de faucon, tellement réaliste que même le plus grand fauconnier impérial n’aurait pu en douter. L’elfe entreprit alors de grimper au sommet du grand arbre, ce qui lui prit quelques minutes, les branches se faisant de plus en plus fragile au fur et à mesure qu’il montait. Lorsqu’il fut enfin arriver près de la cime, il leva la tête et vit un grand faucon qui tournoyait nerveusement au-dessus de lui. Le rapace fondit brusquement vers lui avant de s’arrêter net à quelques pieds de l’arbre, le battement régulier de ses ailes faisant remuer la tunique verte de l’elfe. Il émit une série de petits cris pressés, et le visage de Linuath se durcit ostensiblement. Sans perdre une seconde de plus, il redescendit rapidement jusqu’au sol, une soixantaine de pieds plus bas. Sans reprendre son souffle, il courut vers l’immense pin qui abritait son logis non loin de là, ses bottes de cuir marron soulevant l’humus humide à chacun de ses pas. Il sauta énergétiquement de branches en branches, avec une aisance déconcertante, selon un trajet auquel il était visiblement habitué depuis des années. Il ne tarda pas à atteindre la passerelle où Glowynn l’attendait déjà. L’elfe lui fit un geste d’approbation de la tête avant de rentrer dans la cabane plongée dans la pénombre. Il en ressortit presque aussitôt, revêtu de son carquois d’où dépassaient les empennages émeraude et la garde de son épée, tenant fermement son arc de la main gauche. Il bondit sur sa monture qui s’envola dans un furieux battement d’ailes. Ils volèrent quelques minutes, le temps d’arriver aux contreforts des montagnes puis le faucon prit de l’altitude et Linuath retînt son souffle lorsque, dépassant un pic particulièrement élevé, il découvrit une grande masse verte qui descendait vers les plaines en empruntant une profonde vallée, le son de tambours brutaux montant jusqu’à lui. Ils la survolèrent un instant à une altitude raisonnable, puis Glowynn se rapprocha d’un sommet surplombant le défilée et s’y posa. Linuath sauta sur le sol escarpé puis monta un peu plus haut afin d’avoir une meilleure vue. Lorsqu’il jugea sa position satisfaisante, il abrita ses yeux du soleil montant derrière sa main. Soudain, le son de la pierre frottant la pierre lui fit se braquer ses yeux vers la gauche, mais aucun changement dans son attitude n’aurait permis de déceler qu’il avait prêté attention au bruit. Le faucon émit un bref cri qui ressemblait fort à une mise en garde. L’elfe se retourna alors avec une rapidité époustouflante tout en se saisissant d’une flèche. Il l’avait déjà encochée lorsqu’il aperçu le gobelin qui marchait précautionneusement sur le sol inégal, une grossière dague tâchée de rouille et de sang séché dans la main droite, la lame tournée vers le bas. Le peau-verte stoppa net sa lente progression à l’instant où son regard croisa celui de Linuath, réalisant qu’il venait de perdre l’effet de surprise. Puis ses petits yeux rouges se portèrent à la pointe de flèche acérée – son grossier visage pâlit visiblement - avant de se braquer de nouveau sur l’elfe. Ce dernier était parfaitement immobile, les jambes fléchies et la lumière du soleil, désormais éclatante, dans son dos donnait à sa silhouette une allure proprement menaçante. Ses yeux mauves fixaient intensément ceux de la créature en robe noire, sale et élimée. La vue de ce regard sans âge réveilla la peur ancestrale de sa race pour les guerriers aux oreilles pointues et il eut une esquisse de mouvement de fuite mais il n’eut pas le temps de faire volte-face. Un imperceptible sourire anima un coin des lèvres de Linuath alors qu’il pouvait lire la réaction du gobelin dans ses yeux. Sa main droite desserra brutalement son étreinte sur la corde et le trait partit aussitôt. Il s’enfonça dans l’œil gauche du peau-verte avant de broyer sa cervelle puis de traverser le tissu de sa capuche. Le gobelin s’écroula, une expression de terreur figée sur se face crasseuse et boursouflée tandis que les dernières convulsions agitaient son corps. L’elfe se releva doucement et jeta un regard de pur mépris à sa victime avant de reprendre son observation. La horde de peaux-vertes avançait relativement lentement, sa taille et sa piètre discipline ralentissant considérablement son avance. Elle était composée d’innombrables orques, encore plus de gobelins. Deux douzaines de trolls et deux titanesques géants l’accompagnaient également. Linuath crut discerner une ombre volant au-dessus de l’armée et concentra son regard dessus. Il distingua bientôt une lourde silhouette serpentine : une vouivre, chevauchée par un monstrueux chef de guerre à la peau aussi sombre que le plus horrible des cauchemars. Il eut un haut-le-cœur devant les proportions démesurées de la waagh. À une dizaine de lieues à vol d’oiseau, en contrebas de là où il était, se trouvait une petite bourgade du nom de Grellinaud. De la fumée sortait paresseusement des cheminées de la quarantaine de chaumières qui la constituaient et une simple clôture de bois, juste assez haute pour empêcher les renards d’aller piller les poulaillers, la protégeait. Il semblait évident qu’elle serait la première victime de l’ost des peaux-vertes. Le village n’offrirait aucune résistance et il serait purement et simplement balayé comme un simple fétu de paille par l’avant-garde de la waagh. A la vitesse où cette dernière se déplaçait dans l’étroit boyau, Linuath estima qu’il ne restait que deux journées de sursis à Grellinaud si le seigneur de la horde parvenait à rétablir un semblant de discipline, quelques heures de plus dans le cas contraire. Il n’y avait pas de temps à perdre. Il extirpa sa flèche du crâne du gobelin dans un léger bruit de cervelle déchiquetée puis redescendit hâtivement de monticule pierreux pour rejoindre Glowynn. Ils revinrent rapidement à la cabane de l’elfe qui donna quelques instructions au faucon en elfique. Ce dernier hocha la tête avec un léger cri et s’envola sans autre bruit que ceux de ses battements d’ailes en direction du Sud. Athel Loren serait prévenu à temps. * * * * * * * * «Seigneur, les troupes sont prêtes. Elles attendent l’ordre de marche » dit un chevalier au tabard écarlate sur un ton pour le moins monocorde. Il s’agissait du Baron Michel Cerfcourt, un homme déjà sévère en temps de paix, mais lorsque les cors de guerre raisonnaient et que l’odeur de la bataille se faisait sentir, il devenait tellement rigide qu’il semblait que rien ne devait jamais plus le faire sourire. Son armure était d’une très bonne facture, gravée de fleur de lys sur ses épaulières, une large mentonnière était attachée à son plastron sur lequel était maintenu deux petites haches, symbole de sa maisonnée. Il ne portait d’ailleurs pas d’épée à la ceinture et aucun écuyer ne lui tenait de lance de cavalerie, une grande hache à deux mains dépassait cependant de son dos. Il se tenait la tête inclinée devant Hagen de Gisorieux. Ce dernier avait délaissé sa longue cape bleutée pour un tabard de même couleur décorée de fleur de lys pourpres. _ « Fort bien Baron, je vais transmettre au Roi sur l’insta… » Le duc n’eut pas le temps de finir qu’un chevalier en armure dorée et à la prestance divine apparut à la porte, juste derrière lui. Chaque soldat, simple homme d’arme, ou chevalier s’agenouilla immédiatement à sa vue. _ « Ne perdons pas de temps Hagen, il nous faut partir sans plus attendre. Allons ! L’ordre est donné Baron ! Dit-il sur un ton impérial. Que sonnent les cors, nous partons pour la guerre ! » Finit-il d’une voix de stentor afin que l’armée rassemblée devant lui puisse l’entendre. Les hommes d’armes et les chevaliers errants répondirent à cet appel par un tonnerre de cris d’assentiment, tandis que les classes de chevaliers plus hautes se contentèrent de hocher la tête, ne voulant d’aucune manière s‘abaisser au niveau de rustres roturiers. Le Roi leva son épée étincelante et les cavaliers enfourchèrent leur monture d’un seul homme, dans un vacarme de plaques de métal frottant les unes contre les autres. Les écuyers se pressèrent de donner leur lance à leur maître. L’impatience des fiers destriers bretonniens était palpable, nombreux étaient ceux qui frappaient nerveusement le sol pavé de leurs lourds sabots ferrés. Puis l’épée de Couronne s’abaissa et l’armée se mit docilement en branle. Le Roi rengaina promptement son arme puis se tourna vers ses deux vassaux auxquels il adressa un léger sourire, le vent agitant ses cheveux fauves grisonnants. _ « En selle mes amis, faites presser le pas et puisse La Dame nous faire arriver à temps. » Sur ces mots, il s’éloigna à grands pas pour rejoindre sa monture qui grognait d’impatience. La nervosité de la créature était telle que Louen dut s’y prendre à deux fois avant parvenir à se mettre en selle, aidés de ses aides dont l’un lui tendit une lance d’un blanc immaculé où pendait deux foulards bleu et rouge tandis qu’un autre portait un lourd bouclier décoré d’un lion d’or sur champ écarlate et azurée. Lorsqu’il fut revêtu de toutes ses armes, il souffla un ordre à son hippogriffe, Béaquis, qui s’envola, porté par ses puissantes ailes de rapace. Hagen regarda son souverain dépasser les plus grandes tours d’ivoire puis il monta sans mot dire sur son puissant destrier caparaçonné qu’un écuyer venait d'avancer, rapidement imité par le Baron Michel dont le visage figé s’occulta derrière un heaume à tête de sanglier. Ils rejoignirent rapidement l’ost aux couleurs chamarrées dont ils prirent la tête. Le Duc remercia la Dame du Lac dans une prière silencieuse pour la rapidité avec laquelle la redoutable garnison de Couronne s’était mobilisée : en quelques heures, un millier de chevaliers du royaume, presque autant de chevaliers errants avides de pouvoir prouver leur valeur et une trentaine des élus du Graal, dont Hagen faisait partie, avaient répondu à l’appel de leur Roi. À cela s’ajoutait un vaste contingent d’hommes d’arme de l’armée régulière de la forteresse, soit à peu près quatre milles lanciers, épéistes et hallebardiers confondus. Ils seraient rejoints en cours de route par plusieurs pelotons d’archers que quelques sergents étaient allés rassembler - cinq cent hommes de plus – bien que Hagen trouva méprisable le manque d’honneur de ces armes. Il ne faisait, de plus aucun doute, dans son esprit, que des dizaines de chevaliers de la quête se joindraient à eux pendant le trajet, attirés par l’odeur de la bataille comme le moucheron par la flamme de la bougie. Le gigantesque pont-levis de la porte Sud s’ouvrit lentement, les grincements de ses rouages couverts par le son des cors des hérauts. Dans une discipline martiale, fruit de siècles de tradition chevaleresque, l’armée Bretonnienne quitta l’enceinte de la Cité fortifiée de Couronne. Les armures lustrées des chevaliers faisaient miroiter la lumière du soleil, à présent à son Zénith.
  24. Linuath

    La Prophétie des Eléments

    Bonjour à tous ! merci Roujio, faute eradiquée j'ai également changé le passage de la pupille tu as raison, ça clochait. mais par contre, ça te gêne à ce point la couleur mauve ? je ne crois jamais avoir lu quelque chose sur la couleur des yeux elfiques, surtout sylvains - exeption faite du SdAnneaux... je ne dis pas non plus posséder la science infuse ! je les voulais mauves, ça me semblait pas mal, alors c'est resté lol ah oui, l'elfe qui ne méprise pas l'humain... euh au début il voulait le tuer quand même ! si ça c'est pas mépriser... et puis c'est un ES et un Bretonnien ils sont alliés ! certes il est vrai que laurs relations sont assez somaires mais je ne les vois pas comme ça, je veux dire : se méprisant mutuellement, ça ne tient qu'à moi bien sûr ! Ne t'inquiète pas, si tu doutes encore, il se pourrait que tu comprennes pourquoi il ne l'a pas "méprisé" par la suite Qui lira verra ! comme je dis toujours ! la suite avant noël je pense, je promet rien mais je vais m'y atteler séant [EDIT] au fait...merci aussi à toi Inxi, j'ai changé le premier paragraphe
  25. Linuath

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    voilà la suite et fin du chapitre 2 bonne lecture Les lourds sabots du destrier martelaient le sol recouvert d’humus comme le marteau du forgeron frappe le métal encore rouge. Le cavalier abaissa sa lourde lance en direction de ses ennemis. Il sentit que la dame du lac guidait son geste et pontait sa lance droit vers le cœur du plus gros de la dizaine d’hommes-bêtes. Ceux-ci, bien que surpris par cette rencontre inattendue, levèrent leurs haches en signe de défi tout en rugissant. Mais le chevalier ne se laissa pas impressionner par ces viles créatures chaotiques, pitoyables parodies du croisement de l’animal et de l’humain. Son âme était pure, son bras puissant et son bouclier arborait une fleur de lys sur fond bleu de même que son tabard. Il avait laissé ses terres à son fils et s’en était allé lorsqu’il avait vu la Dame dans plusieurs de ses rêves. Il s’était dès lors mis en quête du Saint Graal. Cela faisait maintenant deux années qu’il parcourait la Bretonnie, il avait déjà défendu des villages, sauvé des demoiselles et tué d’innombrables monstres mais il n’avait pas encore été jugé digne de boire au calice sacré. Or depuis deux semaines, il faisait chaque nuit le même rêve étrange. Un rêve embrumé où il voyait des créatures cornues s’attaquer à un petit hameau et profaner sa chapelle près de la grande forêt d’Arden. Maintenant il chargeait ces mêmes vils rejetons du chaos. Il avait suivi sa foi le guider vers le village, mais il était arrivé trop tard, les quelques villageois qui l’habitaient avaient tous été massacrés et le feu mis aux chaumières. Il avait suivi sans difficulté les traces des assaillants jusque dans la forêt où il les avait enfin rattrapés et il avait juré sur le nom de ses ancêtres de les occire jusqu’au dernier. Il s’appelait Guy, Guy de Chaunon. Sa lance transperça son adversaire comme la flèche transperce le lièvre, tuant net sa cible mais elle se brisa sous le choc. Il la jeta alors puis tira une lame étincelante du fourreau qu’il portait à son côté dont la vue même fut une intense douleur pour ses adversaires. Il poussa son cheval en avant et cria : _ « Pour la Dame et le Roy ! » Mais cette fois les hommes bêtes l’attendait. Un puissant coup du plat d’une hache le frappa de côté et bien que son armure le protégea de la blessure il fut désarçonner et chuta lourdement dans un vacarme métallique. Son épée lui échappa des mains et tomba un peu plus loin devant lui. Il se releva à moitié pour la ramasser et alors qu’il la saisit, il reçut un solide coup de sabot dans le ventre et se retrouva sur le dos. Une autre créature du chaos frappa son écu, les liens qui fixaient à son bras gauche cédèrent et le bouclier vola hors d’atteinte. Un homme-bête se tenait au-dessus de lui, sa lourde hache prête à asséner le coup fatal. Il leva ses bras velus pour frapper et Guy ferma les yeux. Il allait perdre la vie, mais pire que tout, il allait perdre son honneur. « J’ai échoué… Ma quête a échoué. Puisse La Dame m’accorder son pardon. » Pensa-t-il dans l’intimité de son esprit. Mais le coup ne vînt pas, le chevalier rouvrit ses yeux et son regard croisa celui de son ennemi, un regard comme figé par la surprise. Un filet de sang coula de sa bouche fétide, le regard de Guy s’abaissa et il vit une pointe de flèche dépasser de sa poitrine musclée. L’homme bête s’écroula et le chevalier se releva aussitôt, bondissant sur les autres bêtes cornues, l’épée levée, alors que ceux-ci scrutaient les alentours afin de localiser le tireur embusqué. Ce n’est que lorsque deux d’entre eux tombèrent, l’un décapité et l’autre perdant ses intestins, que les autres recouvrèrent leur rage guerrière et se jetèrent sur Guy. Bien qu’il fût valeureux et puissant et il ne pourrait jamais repousser les six assaillants qui l’oppressaient. Il para un coup ascendant puis riposta tant et encore, abattant encore une abomination puis il du esquiver une pluie de coups tous plus brutaux les uns que les autres. Et alors que sa défense commençait à faiblir, ses agresseurs tombèrent un à un comme par magie pour ne plus en laisser qu’un debout, semblant encore plus perturbé que Guy de se retrouver tout seul. Celui-ci profita de cet instant d’inattention et un coup précis de sa lame sépara la tête cornue du torse de son adversaire. Le corps inanimé s’affala sur le sol. Guy tomba à genoux en haletant. Il enleva son heaume pour respirer plus facilement. Des gouttes de sueur perlaient sur son visage lui-même creusé par la fatigue et l’effort fourni. Il reprit doucement son souffle et se releva péniblement afin de rassembler les cadavres sur un bûcher. Il retira une flèche d’une des dépouilles, elle était longue, munie d’une pointe élégante mais non moins aiguisée, son empennage était d’un vert sombre. Il se retourna puis scruta les arbres l’entourant mais pas le moindre signe de son propriétaire. « Etrange allié, pensa-t-il, pourquoi ne se montre-t-il pas ? ». Il remercia la Dame de l’avoir sauvé grâce à cette aide invisible et ramassa une des grandes haches afin couper du bois pour le bûcher et alors que l’arme allait s’abattre sur un vieux hêtre, un trait se planta dans le manche, arrachant l’arme des mains du chevalier imprudent, il tira sa propre lame et cria dans la direction d’où venait le tir : _ « Si vous n’êtes pas un couard, venez donc vous battre comme il se doit manant ! Ne vous montrez-vous donc pas ? N’avez-vous donc pas le moindre honneur ? » Le silence revînt, plus lourd que la mort, on eut dit que même le vent avait cessé d’agiter les branches. Il attendit une réponse, son cœur frappait sa poitrine comme s’il voulait en sortir par la force. _ « L’honneur ? L’honneur a tué bien des guerriers mais n’en a jamais sauvé aucun, chevalier ! » La voix venait de derrière lui, à l’opposé de là où il s’attendait à l’entendre. Elle était gracieuse mais en même temps redoutable, avec un drôle d’accent mélodieux. Il se retourna dans un rapide mouvement et observa chaque rameau de chaque arbre, tendant l’oreille à chaque bruit. _ « Je ne crois pas en l’honneur, Messire Chevalier. Je n’en suis pas pour autant un couard comme vous le dites, et je le prouve. » Cette fois la voix venait de sa droite, il se tînt en garde, chaque sens en alerte. Puis il sentit le contact froid d’une dague contre sa gorge. Son cœur sembla s’arrêter pendant ce qui parut être une éternité. Il finit par dire : _ « Ce n’est pas en attaquant lâchement par derrière que vous me le montrerez. Battez vous plutôt en duel contre moi et peut-être vous épargnerais-je. » L’étreinte se resserra autour de son cou mais la lame ne l’entailla pas. _ « Je ne suis pas sûr que vous soyez en mesure de demander quoi que ce soit, ne croyez-vous pas ? Je ne vous veux aucun mal, contrairement aux apparences sinon il m’aurait été simple de laisser les infâmes bêtes vous abattre. » Peu à peu, Guy sentit que son énigmatique assaillant retirait la lame de son cou. Il se retourna alors doucement en pensant trouver en face de lui un bandit de grand chemin où peut-être ce mystérieux Bertrand de Bergerac qui vit en forêt, célèbre pour son habileté à l’arc. Mais non. Devant lui se tenait une silhouette élancée recouverte de feuille, la tête recouverte d’une capuche, elle aussi, feuillue. L’empennage de ses flèches dépassait de son carquois, un empennage vert sombre. Cet étrange individu tenait un grand arc dans sa main gauche et rangeait de l’autre une dague ouvragée dans sa botte. _ « Qui êtes-vous donc ? » dit l’homme en armure d’un ton autoritaire. La silhouette retira la capuche qui masquait son visage et Guy pu discerner un visage fin, d’une beauté surnaturel. Deux minces pupilles entourées de mauve le fixaient et deux pointes dépassaient de ses longs cheveux, les pointes de ses oreilles. Grande fut la surprise du Paladin lorsqu’il réalisa qu’il avait devant lui un membre du peuple fée. Un doute le prit soudain. _ « Je ne suis pourtant pas dans la forêt de Loren ? Me serais-je fourvoyé ? » Dit-il avec le plus grand sérieux possible. Linuath eut un doux petit rire qui régala le chevalier fatigué. _ « Non ami, tu es bien dans la forêt du Nord, celle que tu nommes Arden. » * * * * * * * * La grande forêt se trouvait maintenant derrière lui. Il arrêta son cheval et s’accorda un dernier regard vers l’étendue verdoyante. « Heureuse rencontre en vérité » murmura-t-il. Après lui avoir expliqué que sa présence dans ces lieux avait été une des clauses de l’accord prit avec Louis le Téméraire lors de l’Alliance Eternelle, l’elfe qui s’était présenté comme Linuath du clan des chênes, siffla légèrement et le destrier de Guy réapparut entre les grands troncs, son caparaçon bleu se détachant de la couleur brune des bois. Puis le paladin lui demanda la raison de son geste après la courte bataille. L’elfe avait alors prit un air grave et l’avait amené devant l’arbre qu’il avait failli abattre. Son discours restera à jamais gravé dans son âme : «Tu vois cette arbre ? » Lui avait-il demandé, regarde le bien. Il avait alors posé sa main sur l’écorce rugueuse et un frisson l’avait visiblement parcouru. « Il est âgé de cent trente-deux années humaines, il est bien plus vieux que toi, plus vieux que trois générations de ton peuple. Regarde-le, regarde chaque arbre autour de nous et maintenant regarde toi. » Lui avait-il dit, « les fruits et l’ombre qu’ils t’apportent méritent-ils vraiment que ce que tu allais faire ? N’es-tu donc jamais rester sous la pluie en la bénissant, n’as-tu jamais remercier le soleil simplement pour éclairer le monde ? » Ces paroles avaient envahi son esprit comme un raz-de-marée lui révélant sa propre ignorance. Il eut la sensation d ‘avoir jusque là été au même niveau qu’un des êtres qu’il venait d’occire. Puis Linuath l’avait salué et après avoir récupéré ses flèches, il avait disparu comme dans un rêve. Encore sous l’émotion des sages paroles de l’elfe, Guy avait ramassé du bois mort et avait brûlé les cadavres. Maintenant le vent du Nord fouettait son visage et il observait la lisière guettant un quelconque signe de l’elfe. Une pensée le percuta et il se sentit soudainement honteux. Il ne l’avait même pas remercié… * * * * * * * * Linuath resta à l’orée des bois jusqu’à ce que la silhouette du chevalier disparaisse à l’horizon. Il avait vu de nombreux paladins s’enfoncer dans ces bois pour chercher gloire auprès des leurs et reconnaissance auprès de leur divinité. Mais il n‘était intervenu que très rarement et ce, sans jamais se faire voir, laissant juste comme témoin de son aide un trait dans la dépouille des adversaires de chevaliers trop audacieux. Mais aujourd’hui, il s’était ouvertement montré. Oui. Aujourd’hui tout fut différent. Pourquoi ? Il ne le savait pas lui-même. Il était peut-être temps de monter aux humains que les elfes sylvains avaient leur part dans la sauvegarde de la Bretonnie. Peut-être oui. Ou peut-être est-ce autre chose. Quelle importance finalement ? L’elfe se sentit, tout d’un coup, comme pris d’une intense lassitude lui donnant l’impression que toute trace d’espoir l’avait définitivement fui. Jamais les humains ne comprendront pourquoi eux, respectaient tant la nature sous toutes ses formes, du plus petit insecte au plus vieux des saules. Lorsque le paladin allait abattre sa hache sur son frère végétal, la colère mêlée à une intense incompréhension l’avait submergée. Il l’aurait tué à son tour mais au moment de lâcher la flèche, il eut pitié de cet être, cet être qui ne savait rien, et qui se complaisait même dans son écœurante ignorance. Une imperceptible force bien plus puissante que lui, une force ancestrale, l’avait irrésistiblement contraint à décaler son arc de côté. Etait-ce la déesse de l’humain ? Non. Une voix lui avait alors murmuré au sein même de son esprit, une voix familière et presque maternelle, aussi agréable que le doux murmure du ruisseau, plus revivifiant que l’odeur de l’herbe recouverte de rosée au matin, une voix à laquelle on ne pouvait résister, la voix de la sagesse. La voix d’Isha, la mère des elfes. Ce soir-là, il lui adressa une prière et il la remercia de lui avoir montré le chemin de la raison.
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