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Inxi-Huinzi

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Tout ce qui a été posté par Inxi-Huinzi

  1. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    [quote]Il ne se passa pas grand-chose pendant ces trois jours, à part lors du second.[/quote] A part pendant le second jour, il ne se passa rien. Sinon ça fait vraiment maladroit ! [quote]Je sentis mes runes se [b]forcées[/b]. Ma magie s'activait d'elle-même[/quote] hop une faute qui t'a échappé Le fond c'est pas mal. Effectivement, j'avais pas pensé au fait qu'il puisse rester des gens qui veuillent tuer le nouveau colonel. Par contre, désolé pour l'effet de surprise mais j'étais persuadé qu'il était pas mort. En fait c'est pas rapport au fait que le personnage panique alors qu'il ne voie rien. Ca aurait été plus crédible devant les restes d'un corps (même si c'était pas celui du colonel) Pour le fond c'est pas mal, l'histoire avance du coup. Le colonel est protégé des futures tentatives et on se pose des questions sur ce qu'il peut etre ! @+ -= Inxi =-
  2. Inxi-Huinzi

    Le Clan des Roches

    Hey ! Juste un message pour te dire que j'ai pas lu ton texte (Je me demandais si j'allais arrêter là pour le fun mais non, je continue ) En fait, poster tout ça d'un coup et espérer qu'on te lise est un peu utopique. Même moi qui lit tout je suis rebuté à lire autant. Donc continue après mon message et poste semaine après semaine les morceaux de ton histoire parce que sinon on y arrive pas. On perd la mise en forme et les petits dessins mais ton histoire reste la même t'inquiète pas ! @+ -= Inxi =-
  3. Voici la suite les amis Chapitre 10 La réunion prévue le lendemain fut annulée par Regut en personne justifiant le respect de la tradition et de sa semaine d’attente. Mel’Ermat ne fut que partiellement déçu considérant la nuit qu’il avait passée auparavant. Il n’avait jamais dû autant cauchemarder de sa vie si bien qu’il resta le reste de la nuit assis les yeux grands ouverts à regarder autour de lui. Ce ne fut que lorsque le jour se leva que ses yeux se fermèrent. Mel’Ermat fut alors trop fatigué pour émettre la moindre pensée ou faire le moindre rêve. Regut avait été un des premiers à vouloir que cette élection soit avancée et personne ne comprenait son revirement. Tous avaient pensé que le mariage avec sa propre fille nécessitait sa présence et qu’il voulait vite retourner au royaume de Kator. Il semblait qu’ils se soient tous fourvoyés. Cela faisait d’ailleurs enrager Democles, l’intendant de Sustor et Egéa, l’intendant de Terra qui n’attendaient qu’une chose : aller gérer leur royaumes respectifs depuis la mort de leurs rois. Mel’Placer, lui, ne s’en soucia guère et il passa la semaine à rencontrer des hauts dignitaires pour rassembler des votes. Mel’Ermat eut une mission moins plaisante puisqu’il dut aller prévenir de la menace des Ombres chaque royaume. La majorité pensa que c’était une bonne blague ou que l’intendant avait un objectif caché derrière la tête. D’autres prétextaient qu’ils avaient mieux à penser et qu’il s’était sûrement trompé, que ça ne pouvait pas être ça. Au final, le seul qu’il convainquit vraiment fut son ami le roi de Syrarture, Ben’Lor. Il prit la menace d’ailleurs au sérieux puisqu’il alla voir les mages de la ville avec Mel’Ermat. Arrivés sur place, ils furent à peine mieux accueillis que la fois précédente. Ils apprirent que seul un des deux magiciens était rentré mais ils ne purent savoir qui. Le secrétaire leur dit que, pour avoir désobéi, celui-ci était châtié et disgracié par leur soin. Mel’Ermat ne pouvait rien pour le pauvre bougre et décida de ne pas faire de commentaires. Seul l’Empereur avait le pouvoir de forcer les magiciens à faire quelque chose. Malheureusement pour eux, ils n’étaient pas près d’en avoir un. Du coup, ceux-ci écoutèrent attentivement les craintes qu’avaient les deux personnages puis les congédièrent arguant que si les Ombres étaient en ville, ils seraient au courant. Même Ben’Lor qui était plus dans l’action que la réflexion, remarqua qu’on les faisait tourner en bourrique. Pour l’instant, ils n’avaient aucun moyen de leur extorquer la vérité. Mel’Ermat se sentait vraiment impuissant. Ils luttaient seuls contre des créatures que personne n’avait les moyens d’abattre. Même les bibliothèques ne leur fournirent aucun indice. A mesure que les jours passèrent, les militaires, bien qu’inquiets, et Mel’Ermat commencèrent à se calmer. Si les Ombres ne les avaient pas attaquées, c’était que la menace était autre. Soit comme le capitaine Joly l’avait dit, elles voulaient qu’on sache qu’elles étaient là, soit elles étaient là par hasard et n’aspiraient qu’à la tranquillité. Cela semblait ridicule de penser ça mais Mel’Ermat avait du mal à croire qu’elles avaient un plan. Au contraire, plus le temps passait, plus les Ombres risquaient que les humains trouvent des parades. L’intendant aurait aimé en parler à son espion mais celui-ci se faisait introuvable depuis qu’il les avait sortis des égouts. Daros, son ami tavernier, n’avait pas plus de réponse à lui fournir et les seuls qu’il aurait pu interroger furent les membres des Quatre Races. Malheureusement, il semblait qu’ils se soient tous évaporés. Seuls quelques membres du Feu restaient en ville mais Mel’Ermat n’arrivait à mettre la main dessus. Au final, la première réunion pour l’élection de l’Empereur arriva sans que l’intendant ait la moindre solution à leur problème. Mel’Placer et Mel’Ermat descendirent en même temps les escaliers de la maison. Peu auparavant, on était venu les prévenir que le carrosse était arrivé et qu’ils étaient attendus pour la session du jour. Sans nécessité de s’habiller de façon officielle, Mel’Placer avait opté pour un pantalon bleu foncé taillé dans ce qui semblait être du cuir. Il portait également une veste blanc crème et s’était paré de sa couronne, mince diadème en or qui lui faisait le tour de la tête. Mel’Ermat avait pratiquement la même tenue. Un pantalon bleu de la même couleur et une chemise blanche surmontée d’un gilet noir. Il ne prit aucune arme puisqu’ils étaient de toute manière fouillés avant de pouvoir entrer dans les bâtiments administratifs. Les seuls à pouvoir en porter était la garde de l’Empereur. Ils mirent un temps fou à traverser la ville et il était incroyable de voir à quel point celle-ci s’était remplie. Mel’Ermat s’en rendit vraiment compte lorsqu’ils passèrent non loin du marché ouvert qu’il avait traversé et où il put voir une foule dense et compacte négociant. Les soldats de Mel’Ermat furent les premiers à perdre patience et les insultes plurent bientôt pour qu’on leur fasse un passage. Ils n’étaient visiblement pas à l’aise depuis que l’intendant avait décidé de leur dire à tous la vérité à propos des Ombres. Dès lors, Mel’Ermat les entendait discuter en permanence de toutes les rumeurs qu’ils avaient jamais pu entendre. Celle qui les inquiétait le plus était celle qui leur prêtait la faculté de se mouvoir en plein jour, tant qu’elles restaient dans les ombres. Il fallait souvent leur répéter de ne pas s’en faire mais le fait d’être les seuls à le savoir les rendait nerveux. Cela leur donnait l’impression que personne ne s’inquiétait et qu’ils couraient tous à la catastrophe. Cela se calma un peu quand Mel’Ermat leur annonça qu’après une réunion, il avait pu prévenir chaque royaume de ce qu’il se passait et que c’était à eux de choisir désormais s’ils y croyaient ou non. La vue des bâtiments administratifs tempéra les ardeurs. Mel’Ermat avait toujours trouvé le palais de l’Empereur à l’image du rôle qu’il avait : grand et décoratif. Y faisant plus de politique que nulle part ailleurs, le palais n’avait pas vraiment été bâti de façon classique. Alors que depuis des millénaires chaque roi s’enfermait dans de véritables places fortes plus ou moins charismatiques, on avait bâti ici un enchevêtrement de bâtiments de toute taille. La couleur blanche des murs avait été le seul point commun du quartier à sa création jusqu’à ce qu’il soit décidé de construire des tunnels d’un bâtiment à l’autre afin d’éviter d’avoir à sortir pour passer d’un service à l’autre. Vu du dessus, cela devait ressembler à une vingtaine de carrés disposés au hasard reliés par de minces couloirs fermés. Une belle fontaine trônait à l’entrée du lieu. Cela représentait plusieurs personnages de légende en train de soulever une carte de l’Empire. C’était un des monuments préférés de Mel’Ermat, il aurait pu passer des heures devant. C’était l’heure de déjeuner et beaucoup de serviteurs s’activaient sur la place principale. Les derniers fonctionnaires prenaient aussi leur temps car plusieurs d’entre eux semblaient commencer leur journée. Mel’Ermat s’était déjà vu offrir un poste administratif au palais mais avait refusé, il trouvait que c’était plus une cachette qu’un véritable travail. L’Empereur aurait pu se débarrasser de la moitié des gens qui prétendaient travailler pour lui sans qu’il voie la moindre différence dans la gestion de l’Empire. Les deux plus hauts gradés du royaume de Mel descendirent du carrosse et lorgnèrent un instant le complexe qui leur faisait face avant de se mettre en marche. L’avantage de ce type d’installation était qu’ils pouvaient se rendre directement dans la salle de réunion alors que dans un palais classique ils auraient dû faire des tours et des détours pour rejoindre leur objectif. Le bâtiment de la salle de réunion était un grand rectangle de deux étages bien qu’en réalité, il soit creux. Tout autour, une cinquantaine de gardes prenaient leur rôle très à cœur. On en notait même en train de faire la ronde sur le toit. Les soldats de l’Empereur portaient une tenue particulière qui mélangeait l’influence de tous les royaumes. Les casques métalliques étaient en forme d’animaux allant du lion, à l’ours jusqu’à l’aigle ou l’éléphant. Les armes allaient des rapières du nord-ouest en passant par les haches du nord-est sans oublier ces grandes épées à deux mains de l’est ou les courtes épées du sud. Les armures et leurs couleurs étaient également diverses et variées. On notait des armures de plaques complètes ou partielles, de mailles ou de cuir en fonction de l’origine et du rôle du soldat. Mel’Placer fut reconnu par les militaires qui ne cherchèrent pas à s’interposer. Ils étaient à cran et cela se sentait. Aucune main n’était à plus de dix centimètres du manche de son arme. La mort de deux rois avait dû les inquiéter en plus haut lieu. L’entrée de la salle de réunion se situait à un coin du bâtiment et se matérialisait par une sorte de grande porte-fenêtre. Il n’y avait pas vraiment de différence avec toutes celles qui faisaient le tour de la bâtisse mais c’était cet accès qu’on utilisait pour entrée. L’intérieur était du coup très lumineux et on gardait l’impression d’être à l’extérieur. C’était d’ailleurs tant mieux puisque cette partie de la ville passait son temps à l’ombre. Sans toutes ces fenêtres, ils auraient dû faire amener des torches. Ce qui surprenait le plus dans cette immense pièce était cette table massive qui trônait en son milieu. C’était une table ronde mesurant plusieurs dizaines de mètres de diamètre et fait d’un bois clair qui semblait pouvoir résister à un coup de canon. Il y avait sept sièges autour de la table mais également un trône. Chaque fauteuil était associé à un royaume et le roi élu quittait sa place qu’il laissait vide pour occuper le trône. Les chaises étaient superbement sculptées et chacune d’entre elles reprenait les symboles marquants du royaume associé. La table était encerclée par une estrade de trois rangées. La couleur dominante était le rouge et était due aux coussins des estrades. Lors de longues réunions, Mel’Ermat avait déjà vu des gens s’endormir dessus. A un mètre devant les tribunes mais avant les chaises des rois, des chaises à l’allure plus classique étaient laissées pour les intendants. Le reste de la pièce était tout aussi surprenant puisque si la salle avait été vide, on aurait pu voir que le sol était une grande carte de l’Empire fait en mosaïque. Une fois que cela se savait, on pouvait reconnaître certaines zones mais à l’heure actuelle, entre la table et les tribunes, la carte ne se voyait presque pas. Le reste de la pièce se composait d’une cheminée blanche à l’heure actuelle éteinte et d’un grand bloc de granit dans lequel avait été planté un drapeau de chaque nation. La salle était pour l’heure plutôt bien remplie. Regut, roi de Kator était là avec son intendant. Ben’Lor était également installé. Le royaume de Syrarture n’avait jamais eu d’intendant. Ils auraient pu en élire un mais le fait qu’une guerre permanente se déroulait sur cette terre en avait découragé plus d’un. Du coup, Ben’Lor était plutôt entouré là-bas par des gradés de l’Empereur qui étaient les seuls à pouvoir prendre des décisions pour les troupes engagées au front. Les deux intendants Democles et Egéa étaient en place à la place de leur roi. La mort d’un roi était le seul moment où un intendant pouvait s’asseoir là. Il ne manquait plus que l’Empereur Frendlorian et Iri, le roi de Sal. Le reste de la salle était vide. Il n’était pas rare qu’on autorise certaines personnalités à assister aux débats mais dans le cas d’une succession, seuls les rois et les intendants pouvaient être présents. Cela allait même plus loin, pendant toutes les discussions, les dirigeants des royaumes étaient les seuls à pouvoir prendre la parole. Mel’Ermat n’aimait pas ça mais il allait devoir se taire en permanence à la nuance près qu’il pouvait se lever pour aller chuchoter à l’oreille de Mel’Placer. Ce dernier avait été historiquement placé entre Egéa, de Terra et Frendlorian, d’Ostel, qui pour le coup ne serait pas là puisqu’il officierait la séance du trône de l’Empereur. Par cohérence, ils avaient été installés en fonction de leurs voisins géographiques. Venait donc ensuite Iri, Ben’Lor, Regut et Democles. Personne ne parlait et l’ambiance était sérieuse au possible. Iri finit par arriver, suivi comme son ombre par Isidor, son intendant. Mel’Ermat s’entendait plutôt bien avec lui et il lui fit un discret signe de la main auquel l’autre répondit par un hochement de tête. Iri avait sorti le grand jeu et s’était paré de dentelle qui avait la renommée de sa région. Isidor était habillé de façon moins pompeuse et, du haut de son mètre quatre-vingt dix, n’aimait pas trop qu’on le remarque. Mel’Ermat regarda comment les autres s’étaient vêtus. Ben’Lor portait une barbe de trois jours qui cachait les traits durs de son visage. Il devait être passé chez le barbier car il n’avait pas plus de quelques millimètres de cheveux sur le crâne. Les vêtements de la région étaient toujours moulants ce qui mettait en valeur les muscles, mais surtout, retirait des prises aux ennemis durant les batailles. Democles semblait trop petit dans la chaise de son roi et vacillait dessus comme s’il se brûlait les fesses. Il avait une grande moustache qui se rebiffait qui lui donnait un air joyeux alors que ce n’était sûrement pas le cas. C’était le plus gros de tous ici. Il était aussi gras que Ben’Lor était musclé. Il portait un brassard noir au bras, tout comme Egéa. Ce dernier avait revêtu une toge blanche rituelle du clergé. Le royaume de Terra était extrêmement pieux et c’était là où les moines pullulaient le plus. La suite fut plus ennuyeuse puisqu’ils attendirent une dizaine de minutes pour que Frendlorian fasse son entrée. Autant Mel’Ermat l’avait trouvé fatigué au discours de fermeture de la ville une semaine auparavant autant à cet instant il paraissait sur le point de mourir. Il était pâle et avait les yeux hagards. Le bouclier d’or, symbole de l’Empereur, était pratiquement traîné à ses côtés et son intendant, Bernardian, fronçait les sourcils sans chercher à cacher son mécontentement. Mel’Ermat n’avait jamais parlé avec son homologue de l’Ostel. A vrai dire, celui-ci devait à peine avoir vu plus d’un quart de siècle. Frendlorian se fit soudainement plus vif et traversa la salle d’un pas assuré. Il souleva difficilement l’écu et le posa sur la table devant lui et s’assit avec soulagement sur son trône. Bernardian ne lui jeta pas un regard, rejoignit son siège et croisa les bras sans cesser de froncer les sourcils. -Bonjour, Seigneurs, que la session soit ouverte. @+ -= Inxi =-
  4. Inxi-Huinzi

    Le Havre des Reines

    C'est mieux que d'avoir le titre : 'qui pue le fauve ' Pas mal cette suite ! J'ai pas de remarques particulières à faire puisque je n'ai pas vu de fautes gênantes. Mon seul problème pour l'instant que j'ai un peu de mal avec les noms mais ça ira mieux au fur et à mesure de l'histoire ! Allez plus qu'à envoyer la suite maintenant Pour le fond, c'est sympa et change un peu de ce qu'on a l'habitude de moi, ça m'a donné envie d'aller regarder gladiator @+ -= Inxi =-
  5. Après une semaine manquée ce qui ne semble pas avoir choqué grand monde .... La suite ! A titre d'info, le rythme s'accelere vraiment à partir de maintenant. Depuis un mois j'ai écris 125 pages word un peu près et j'écris avec une moyenne de 4\5 pages par jours ce qui fait que j'aurais normalement fini cette histoire d'ici un mois ! Au moins de l'écrire mais pas de la poster -Alors, cette histoire, l’interpella Mel’Placer qui semblait soulagé d’enfin avoir une explication. -J’ai fait une visite dans les égouts. Mes informateurs m’ont annoncé que les attaques sur les rois et sur nos personnes pouvaient y trouver réponses. La vérité était tout autre et j’ai plutôt eu confirmation d’une autre rumeur, bien plus terrible. Mel’Ermat ne savait pas comment l’annoncer sans passer pour un fou. Il finit par le dire sans détour car les sourcils de Mel’Placer se fronçaient de plus en plus, signe de son impatience. Il déglutit. -Les Ombres sont en ville. Les yeux de Mel’Placer s’ouvrirent en grand immédiatement imités par sa bouche. Un long silence se fit où il resta ainsi. Mel’Ermat se demanda s’il avait fait la même tête lorsqu’on lui avait annoncé. Probablement pire, conclut-il. -Es-tu sûr ? Ce n’était pas vraiment un manque de confiance en son bras droit mais devant les conséquences de sa révélation, cette question était obligatoire. -Oui, dit Mel’Ermat, je les ai vues de mes propres yeux. Il ne tenait d’ailleurs pas spécialement à s’en rappeler. Rien qu’à l’évoquer, il en avait les jambes qui tremblaient et son estomac qui se nouait. -Pas de précipitation, ajouta Mel’Placer. Etait-ce une impression où il respirait plus fort et plus vite. -Il y a une réunion demain matin. La première séance de l’élection. Nous en discuterons à ce moment là. N’en parles pas jusque là. -Oui, fit Mel’Ermat en s’inclinant. Pourquoi a-t-elle lieu si tôt ? s’interrogea l’intendant. -Je ne sais pas, cela fait plusieurs jours que tous cherchent à ce que les votes se fassent au plus tôt. Cela sera peut-être l’élection la plus rapide de l’histoire. Il n’arriva pas à sourire à l’idée d’être élu mais Mel’Ermat sut qu’en d’autres circonstances, il se serait pavoisé. -Je comptais sur cette semaine pour rallier des votes, se plaignit l’intendant. -Si nous n’avons pas de temps pour convaincre des seigneurs, les autres n’en auront pas non plus. -Savons-nous qui va se déclarer ? demanda Mel’Ermat. Vous êtes pour l’instant le seul et j’ai peur que quelqu’un n’agisse à l’abri des regards et ait déjà commencé à nous passer devant. -Je pense que si c’était le cas, nous en aurions entendu parler, pensa le roi de Mel. Maintenant, rentre. Tu ne serviras pas notre cause dans cet état. Mel’Ermat n’allait pas le nier. Il s’indisposait déjà lui-même donc ce n’était pas la peine d’aller discuter à droite à gauche. Cela leur nuirait plus que cela ne les aiderait. -Ne t’en fais pas pour moi, mes gardes sont dans les parages. Mel’Ermat n’en doutait pas. Mel’Seba, qui était le général équivalent dans la garde rapprochée de Mel’Placer, devait être encore plus à cheval sur la sécurité du roi qu’une épouse jalouse. L’intendant le laissa à ses affaires, ses pensées se dirigeant immédiatement sur son retour à la villa. Combien de ses hommes étaient rentrés en vie ? Quelles mesures de précaution allaient-ils pouvoir prendre ? Il avait beaucoup de questions et les cahots du carrosse dans lequel il monta ne l’aidèrent pas vraiment à se concentrer. Même s’il faisait presque nuit, Mel’Ermat laissa les rideaux du véhicule grands ouverts. Il avait été assez dans le noir pour aujourd’hui. Les deux soldats désignés pour l’accompagner semblaient tout aussi moroses que lui. Ils regardaient chacun de leur côté, stoïques. Le corps-de-garde était levé à leur arrivée et on les regarda passer avec curiosité. Quand Mel’Ermat descendit du carrosse, il put voir les soldats en faction jeter des regards à leurs collègues dans le but d’avoir des indices sur ce qu’il s’était passé. Mel’Cari attendait assis sur les marches de l’entrée principale. Il ne laissa pas à son supérieur le temps de souffler. -J’ai rassemblé les hommes au premier étage en attendant votre retour. Son visage était indéchiffrable. -Très bien, répondit Mel’Ermat. Fais monter ces deux là, ajouta-t-il en désignant ses accompagnateurs, ils auront besoin de boire et manger, ça a été une dure journée. Mel’Cari acquiesça lentement. Il avait déjà dû exiger un rapport des soldats. Mel’Ermat se demanda s’il devait aller voir ses hommes de suite ou prendre le temps de se changer et de se rafraîchir les idées. Pensant que ses gardes devaient trépigner d’impatience et se poser tout autant de questions que lui, il décida d’y aller immédiatement. La salle de réunion était silencieuse et tous étaient assis autour. Mel’Ermat put noter que l’ambiance n’était pas du tout la même que lorsqu’il avait accueilli ses compatriotes. Il n’y a pas de belle nappe, pas de chandeliers ni de bougies et encore moins de bons vins ou de plats cuisinés. C’était sobre et cela convenait très bien au moment. Juste derrière lui apparurent deux serviteurs portant chacun une assiette de lentilles. Ils déposèrent les plats devant les deux derniers arrivants puis repartirent sans briser le silence. Il y avait dix de ses militaires et le capitaine Joly. Sans compter les mages, cela chiffrait les pertes réelles à deux guerriers. Mel’Ermat n’arrivait pas à se souvenir du nom des deux disparus. Il les connaissait de vue, bien évidemment, mais il évitait de trop sympathiser avec ses soldats, passant plus de temps avec son colonel. -Je suis content que la plupart d’entre nous ait pu s’en sortir… Les visages étaient sans expressions, les regards fuyants et tous fixaient la table de bois comme si c’était la dernière fois qu’ils allaient la voir. Certains se frottaient les mains, d’autres s’accrochaient à leur vêtement, quant au reste, ils fermaient les yeux ou semblaient essayer de penser à autre chose. -Mel’Placer a été averti de ce qu’il s’est passé. Les soldats tournèrent le visage vers lui, les yeux brillaient d’envie d’être rassurés. -Nous avons décidé de garder cet évènement sous silence jusqu’à demain matin. Nous nous réunissons avec les autres rois et intendants et ce n’est pas la peine de déclencher une panique ce soir. Je vous demande donc de ne pas en parler, et ce, à qui que ce soit. Il faisait évidemment référence à leurs compagnons. -La nuit sera, à mon avis, agitée, et encore, si vous arrivez à vous endormir. Si Mel’Cari est d’accord, vous serez en repos demain. Mel’Ermat se tourna vers son colonel qui hocha la tête d’assentiment. Ce dernier gardait toujours son épaule en écharpe mais Mel’Ermat avait cru entendre qu’il aurait bientôt l’autorisation de l’enlever. Mel’Ermat garda un ton calme et monotone qu’il nuança par un soupçon de sympathie. -Est-ce qu’il y a des choses que vous voulez savoir ? Il leur devait bien ces réponses. Il crut d’abord que personne n’allait se manifester mais au bout d’un moment, le soldat à l’armure de plaques –qu’il n’avait d’ailleurs toujours pas quittée– se mit au garde-à-vous et parla. -Seigneur, était-ce vraiment des Ombres que nous avons affrontées là-dessous ? Ne devaient-elles pas avoir disparu depuis des millénaires ? C’était une bonne question et il n’avait pas de réponse. Pourtant, tous le fixaient et attendaient de comprendre. Mel’Ermat s’assit en bout de table et fit signe au soldat, Mel’Felic s’il ne se trompait pas, d’en faire de même. -C’était bien des Ombres et visiblement elles sont de retour. Je ne sais pas ce qu’elles font là et si elles ont un lien avec ces meurtres en ville. Il fixa le capitaine Joly qui s’était fait étrangement calme. L’autre ne lui rendit pas son regard, concentré sur un verre en métal face à lui. -Ce qui est sûr, c’est que nous n’aurions rien pu faire pour sauver ceux qui y sont restés. Quelqu’un a-t-il revu les mages après que nous ayons été séparés ? Tous hochèrent négativement la tête. Mel’Ermat enverrait quelqu’un se renseigner à la tour même s’il n’avait pas leurs noms. Deux mages manquant devraient se remarquer assez vite. -Pourquoi sommes-nous toujours en vie ? articula quelqu’un que ne vit pas l’intendant. Les autres hochèrent de nouveau la tête de haut en bas. Ils s’interrogeaient tous. Mel’Ermat se posait de toute manière la même question. -Je ne sais pas, concéda Mel’Ermat. Peut-être la chance. Nous n’étions pas prêts à les affronter, admettant le fait qu’on puisse être prêts à se battre contre ça… Le capitaine Joly sortit de sa torpeur et se racla la gorge. -Et si c’était leur but ? Et si nous nous étions échappés pour nous laisser dire ce que nous avons vu ? -Je ne sais pas, admit Mel’Ermat, quel serait leur but dans ce cas là ? -Je ne sais pas non plus, s’affaissa l’homme en soupirant. C’est ce que je ne comprends pas… Il retourna dans son mutisme. Le roux qui avait gardé la porte des égouts, moins choqué que les autres même s’il semblait ébranlé, enchaîna sur une autre question. -Sommes-nous en sécurité ? Comment savoir qu’elles ne viendront pas cette nuit finir le travail ? -Pour l’instant, nous ne pouvons pas le garantir mais nous prendrons des dispositions dès demain, ne vous inquiétez pas. Mel’Ermat essaya d’avoir l’air confiant même si ce n’était absolument pas le cas. Le rouquin, Mel’Barn, sembla quand même un peu moins blafard. Ils allaient dormir de toute manière protégés par leurs compagnons et par la garde rapprochée de Mel’Placer. Il ne devrait y avoir que peu de risques. Il ferait néanmoins plusieurs prières pour que ça soit le cas. Personne ne reprit la parole et Mel’Ermat les congédia. Mel’Cari le regarda une seconde et se retira également. Ce n’était pas le moment et il devait être peiné pour ses deux soldats disparus. Après cinq minutes perdues à ne rien faire, l’intendant de Mel attrapa toutes les bougies qu’il trouva et monta se coucher. Hors de question de dormir dans le noir. @+ -= Inxi =-
  6. Inxi-Huinzi

    Le Havre des Reines

    [Quote]Ni à travers les épais rideaux[/QUOTE] Je trouve ça maladroit dans le sens où si ça passe pas les volets, ça risque pas de passer les rideaux. [Quote]Et sorti de son lit[/QUOTE] Petite faute [Quote]Il l’a détailla[/QUOTE] Il la détailla Effectivement ça avance moins vite dans ce passage mais ça décrit beaucoup plus l’ambiance. J’avoue que sous la dose d’informations, je suis un peu noyé. Il nous faudrait une carte déjà pour nous situer ça serait pas mal. Après je pense que c’est l’habitude. On sera plus habitués au fur et à mesure de l’histoire ! Alors suite ! @+ -= Inxi =-
  7. Voichi la suite ! -Merci, articula-t-il. L’espion se rapprocha calmement. -Vous auriez dû me prévenir ! ragea-t-il à voix basse. Vous auriez pu vous faire tuer ! Mel’Ermat le regarda dans les yeux sans que celui-ci ne bronche. Il serrait autant les poings que les dents et attendait visiblement des explications. L’intendant du royaume de Mel avait l’impression de se faire gronder mais encore peu remis de ses émotions, il ne broncha pas. -A notre décharge, nous ne savions pas que nous allions tomber sur les Ombres. Je te rappelle que tu m’as dit que cela ne restait qu’une rumeur. -Et les mages alors ? Pourquoi étaient-ils là ? contrattaqua l’espion. -Parce que le capitaine Joly qui nous accompagnait nous a dit que les meurtres sur lesquels il enquêtait et que je pensais reliés à mes attaques pouvaient être d’origine magique. L’espion se tut. Les arguments étaient bons et il ne saurait jamais que Mel’Ermat était allé dans les égouts en dépit du fait qu’il savait pouvoir tomber sur les Ombres. L’espion se détendit, ou le sembla. -La cérémonie de clôture de la ville a lieu dans trente minutes, vous devriez partir. Mel’Ermat se regarda. Il avait vraiment peu fière allure et surtout pas celle d’un second de royaume. On ne voyait plus la couleur de ses bottes sous les saletés, son pantalon était couvert de terre et il devait dégager une odeur pestilentielle. Il n’avait même plus le temps d’aller se changer, tant pis. Heureusement, un des soldats qui avait fui avec lui était celui qui avait récupéré dans son sac son haut de cérémonie. Les quatre survivants, le moment d’euphorie passé, étaient assis contre un mur et fixaient tous le sol silencieusement. Mel’Ermat récupéra le sac et en extrait sa tenue. -Vous deux, rentrez voir Mel’Cari et ne dites rien avant que je ne sois revenu, intima-t-il à ceux de gauche. Vous, ajouta-t-il pour les deux autres, vous m’accompagnez avec notre ami ici présent jusqu’à la cérémonie. Les hommes levèrent des yeux vides vers lui. Ce qu’ils avaient vécu aurait suffi à rendre fou n’importe quel homme. Pourtant, ils se redressèrent doucement, ramassèrent leurs affaires et l’armure que Mel’Ermat avait retirée et prirent l’unique issue du lieu. Une fois prêts, sa troupe sortit et l’intendant s’arrêta, se laissant bercer par la lumière extérieure. Il n’y avait plus de soleil à cette heure-ci mais, même à l’ombre et après ce qu’il avait vécu, il était heureux et se sentait en sécurité. Le fait d’être à l’extérieur lui remontait le moral. Il faudrait maintenant que la fin du monde soit proche pour qu’il retourne un jour là-dessous. Ils étaient sortis d’un côté de la ville plutôt éloigné de là où ils étaient rentrés mais plutôt proche de là où ils devaient se rendre. Mel’Ermat mit près de quarante minutes à rejoindre la place où avaient été montées les estrades pour la cérémonie. La tradition voulait que cela se passe près de l’entrée sud de l’Impériale, du côté des bâtiments administratifs de l’Empereur, la partie de la ville qui restait constamment à l’ombre. S’ils avaient été seuls en ville, il lui aurait fallu guère plus de quinze minutes pour se rendre là-bas mais les arrivées des jours précédents avaient transformé la ville en vraie fourmilière et tous essayaient de se rendre à la cérémonie même s’il y aurait fallu s’y rendre le matin pour avoir une bonne vue. L’espion disparut dès que Mel’Ermat fut dans la foule et l’intendant le sut parti dès qu’il passa le cordon de sécurité que les gardes de l’Empereur avaient dressé autour des estrades et de l’entrée sud. L’organisation était simple : face à l’entrée dans la montagne était laissé un vide d’où les représentants des Quatre Races fermeraient les portes. A gauche de la paroi se situaient les citoyens qui avaient eu la chance d’avoir une place assise et à droite une grande partie des dirigeants de chaque royaume. En bas de cette estrade, on notait la rangée de sept fauteuils dédiés aux rois. Deux d’entre eux resteraient inoccupés. En retrait de ces emplacements, juste à gauche, des sièges plus petits avaient été installés dont le sien, forcément vide. Il se faufila discrètement jusqu’à l’estrade mais fut vite remarqué par l’ensemble de l’assistance. Les rois ne tournèrent qu’un regard rapide mais les autres intendants se firent plus inquisiteurs. En effet, sa saleté et son odeur soulevaient autant les questions que les estomacs. -Tu aurais pu te laver, le tança Mel’Placer au bout de quelques secondes. -Longue histoire, répondit Mel’Ermat en se penchant en avant. La cérémonie commença la seconde d’après tandis que Mel’Ermat se rendait compte de sa propre odeur. Il s’en donnait mal à la tête et contrôla tant bien que mal son estomac. Il ne manquait plus qu’il se mette à vomir… Frendlorian, l’Empereur actuel mais aussi roi de l’Ostel, commença son discours du centre de la place. Mel’Ermat ne l’avait jamais trouvé aussi vieux. Il ne le voyait pas souvent mais le poids des années se faisait vraiment sentir. Il devait avoir passé les soixante-dix printemps au minimum. C’était une des deux raisons principales qui faisaient qu’il ne briguait pas de nouveau un poste d’Empereur. L’autre étant, d’après ses informateurs, qu’une guerre civile se préparait et qu’il aurait fort à faire dans l’année pour éteindre les braises de la révolte. Mel’Ermat se demanda s’il en aurait le temps puisque, d’après lui, ça serait un miracle s’il finissait l’année. Ce n’était pas la première cérémonie à laquelle assistait Mel’Ermat si bien qu’il se permettait de ne pas écouter. Après les traditionnels bienvenus, il s’était auto-remercié du travail qu’il avait accompli. C’était un discours pas si évident que ça car il fallait avouer qu’il n’avait pas fait grand-chose durant son mandat. C’était d’ailleurs une attente de ceux qui l’avaient élu. Après une période où le roi Roselin, le prédécesseur de Frendlorian, avait essayé de réformer à tout-va, beaucoup avaient souhaité élire un roi qui les laisserait tranquilles. A la fin du discours, commencèrent alors les chansons rituelles. Mel’Ermat, toujours secoué de sa découverte, n’arrivait pas à tenir en place et frappait de nervosité son talon sur le sol. Son regard alla alors sur l’estrade des Quatre Races. Ces peuples n’étaient pas en voie d’extinction mais on ne les croisait pas souvent. Pourtant, en tant que créatures les plus anciennes encore existantes, Mel’Ermat les pensait plus amicales les unes envers les autres. Ce n’était visiblement pas le cas car chaque camp était soigneusement séparé du suivant. Ils semblaient se parler entre eux mais jamais un regard sur leur droite ou leur gauche. Ceux du feu étaient au bout à droite et n’étaient pas très nombreux. Mel’Ermat se rendit compte que cela devait être ceux qu’il avait croisé en ville quelques jours auparavant. Il remarqua aussi qu’il était difficile d’en différencier un du suivant. Cette peau à l’aspect boueux ne laissait filtrer aucun détail. A leur droite patientaient ceux de l’air. C’était peut-être les plus humains des Quatre. On disait que c’était d’ailleurs par magie qu’ils leur ressemblaient autant. En effet, les peintures de bataille montrant des créatures volantes tirant plus sur un mélange entre un ange et un oiseau. A l’heure actuelle, c’était des êtres humains avec, pour la majorité, des ailes dans le dos. Il n’était pas très nombreux non plus, à peine une dizaine. Suivait ensuite les membres du peuple de la terre ou aurait dû-t-il dire le représentant car il était bien seul. C’était une colonne de cailloux avec des bras de terre, Mel’Ermat ne voyait pas d’autres descriptions. L’intendant se demandait bien pourquoi un seul des leurs était présent. Pour terminer venaient ceux de l’eau, sans aucune contestation les plus nombreux puisqu’ils étaient une trentaine. Tous avaient la faculté de ressembler à des humains mais pour eux, c’était plutôt un mélange entre ceux de l’Air et de Terre dans le sens où leur silhouette était humaine mais leur consistance était aqueuse. Ils étaient faits d’un bleu pâle tirant sur le blanc et on pouvait même voir au travers de leur corps, ce qui était plutôt déroutant. Il se passa ensuite une heure où on assista à des chants, des spectacles et des divertissements. Face à eux, la dernière porte ouverte de la ville laissait les derniers voyageurs s’échapper. A la fin de la cérémonie, ce fut au tour des Guides de quitter les lieux. Ils se présentèrent face aux portes et un spécimen de chaque race les rejoignit et les accompagna jusqu’aux battants massifs. Une fois qu’ils eurent quitté la ville, l’Empereur lança un « Que la ville se ferme ! ». Les quatre levèrent les bras, invoquant leur propre magie, afin de refermer la porte de pierre et de la sceller. C’était désormais officiel, jusqu’à ce que les sceaux des rois votants soient insérés dans cette porte, rien n’entrerait ou ne quitterait la ville. Le dernier chemin restant était les airs mais seuls les Messagers avaient l’autorisation de l’utiliser pendant cette période. La grande place était silencieuse. Mel’Ermat remarqua des nains, ce qui lui fit penser à toutes les remarques désagréables qu’il entendait régulièrement sur le fait que les Humains n’invitaient personne d’autres qu’eux-mêmes pour cette tradition. Mel’Ermat devait alors répondre qu’ils ne faisaient pas de discrimination puisque personne n’étant pas humain n’était invité. Exception faite des Quatre Races qui étaient les seules à avoir le pouvoir de sceller la ville. A sa gauche, Mel’Ermat vit Frendlorian faire un geste de la main. Aussitôt, une armée de domestiques apparut et commencèrent à dresser des tables. La coutume voulait qu’un buffet soit dressé à la fin de la cérémonie et que tous puissent manger côte à côte sans distinction de rang ou de condition. La vérité était tout autre puisque les Quatre Races ne restaient jamais pour manger, les rois et les seigneurs restaient dans leur estrade protégée par un cordon de soldats tandis que la populace prenait possession des lieux. L’estrade libérée par les Quatre Races était en général investie par tous ceux qui avaient de l’influence dans l’Empire. Cela allait des marchands, aux membres de clergé jusqu’à des bardes célèbres ou des chanteurs à la mode. Mel’Ermat dut patienter encore une dizaine de minutes avant de pouvoir parler seul avec son roi. A la fin de la cérémonie, beaucoup de dirigeants parlaient entre eux ou se sollicitaient les uns les autres. Beaucoup plaisantèrent avec l’intendant sur son état et il inventa une histoire à propos de tomber de cheval en pleine rue. Si quelqu’un l’avait réellement connu, son mensonge n’aurait pas tenu plus de deux minutes. Par chance, les seuls qui le savaient bon cavalier ne lui avaient pas demandé d’explications. La foule se fit plus disparate à mesure que les tables étaient couvertes des repas. Bientôt, ils furent les derniers à discuter en bas de leur estrade. @+ -= Inxi =-
  8. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Wow, Tu balances des grands coups d'intrigue ! J'aime bien parce que meme si la fin du monde est classique, avec ton histoire tu peux faire quelque chose de vachement original. Ca devient de plus en plus interessant à lire. J'ai pas vu de fautes et c'est vraiment fluide. Bien joué @+ -= Inxi =-
  9. Et voila la suite ! Ca se rythme Les soldats se mirent par deux et remontèrent à nouveau le couloir sans savoir combien de fois ils l’avaient déjà fait sans s’en rendre compte. Même avertis, il fut tout de même difficile de lutter contre la somnolence et il dut plusieurs fois se mordre l’intérieur des joues pour rester attentif. Même ainsi, il ne vit rien qui aurait pu sembler plus suspect qu’au premier passage. Ils s’arrêtèrent dans une salle d’où coulait du plafond sans discontinuer un liquide. Cela avait eu pour effet de créer une petite rivière mousseuse qui se perdait dans une autre salle. Mel’Ermat fixait la mousse sur un mur quand on le tira de sa torpeur, il s’était laissé emporter. -Vous devriez venir, vite. L’homme semblait assez alarmé pour que l’intendant n’hésite pas un seul instant. Avec tout ce qu’il avait dû voir dans sa vie, cela devait être assez choquant pour qu’il paraisse si effrayé. Après une série de couloirs, il tomba sur deux autres éclaireurs qui attendaient devant l’escalier en colimaçon qui donnait sur la caverne des sans-abris. Le premier militaire regardait le trou avec horreur tandis que l’autre fermait les yeux et récitait sans cesse la même prière. Mel’Ermat sentit son cœur se serrer mais essaya de ne pas le montrer. Après tout, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait trouver. Heureusement, ses hommes ne virent pas ses mains trembler. Après quelques marches, il arrêta de respirer. Morts. Ils étaient tous morts. Ils n’avaient même pas été tués mais bien déchiquetés. Impossible de savoir si ce qui était éparpillé un peu partout avait été des êtres humains. Pas la moindre preuve que quelqu’un n’ait échappé au carnage et il n’y avait pas la moindre trace d’un attaquant. Mel’Ermat remonta avant de se mettre à vomir. -Il n’y avait plus personne quand vous êtes arrivés ? demanda Mel’Ermat pour la forme. -Vous… vous n’avez pas vu ? ouvrit les yeux d’effroi celui qui priait. Ces ombres… elles bougeaient. Mel’Ermat sentit toutes sensations le quitter. Il déglutit et donna ses ordres, les yeux brillants : -Courrez ! Ils déboulèrent en trombe dans la salle, les regards étaient curieux mais pas effrayés. Ils étaient entraînés à faire face à n’importe quelle situation… tout mais pas ça. Les Ombres étaient là. Mel’Ermat reprit son souffle mais n’hésita pas à une seconde : -Fuyez ! Sauvez vos vies, maintenant ! Trouvez une sortie ! Les soldats se regardèrent, circonspects. Ce n’était pas quelque chose dont ils étaient habitués. -Allez maintenant ! Leur allégeance reprit le dessus et ils s’élancèrent, courant les uns derrière les autres sans savoir ce qu’il se passait. Mel’Ermat se dit que c’était mieux pour eux que de savoir. Quoique… Les mages ne bougeaient toujours pas. -Vous saviez que les Ombres étaient là, n’est-ce pas ? Les deux regardaient dans la direction d’où ils avaient émergé. -On va essayer de les retenir, articula l’un deux. Sans prendre le temps d’en savoir plus, Mel’Ermat se lança à la poursuite de ses soldats. Il eut à peine le temps de se demander si quelqu’un savait où ils allaient. Cela ressemblait plus à une course effrénée. Si le sort était encore actif, ils pourraient même retomber dans la même salle qu’au départ. Ses hommes, essoufflés, s’arrêtèrent dans une salle plutôt propre considérant tout ce qu’ils avaient vu auparavant. Ils n’étaient plus que huit. -Où sont les autres ? s’alarma Mel’Ermat en soufflant. Personne ne répondit. -Ils ont dû se perdre, répondit le grand gaillard du duel. Pas le temps de jouer aux héros, il fallait fuir d’ici. -Quelqu’un sait où on est ou comment sortir ? Personne ne répondit et ce calme lui fit peur. Il lui vint une idée. -Regardez les déchets et dites-moi par où aller ! Tous se penchèrent et essayèrent de repérer des ordures qui auraient pu les aiguiller. Des bruits de pas résonnèrent, coupant leur recherche. Epées tendues, ils guettèrent suspicieux l’entrée tandis que Mel’Ermat se fit à peine plus relâché : des Ombres ne faisaient pas de bruits de pas. Le mage du feu débarqua. -Du calme, du calme, ce n’est que moi ! lança-t-il en levant les mains pour ne pas se faire transpercer. -Où sont les autres ? demanda-t-il en regardant le groupe. -Où est ton collègue ? rétorqua Mel’Ermat. -Je ne sais pas, on a été séparés. -Pourrait-on savoir ce qu’on affronte ? demanda un jeune soldat qui voulait sûrement en découdre. -Je vous en parlerais plus tard, vous n’êtes pas de taille à l’affronter. Peu le sont et ce n’est pas à l’aide d’épées et de carreaux que nous en viendrons à bout. La réponse ne parut pas satisfaisante. -Remettez-vous aux recherches ! ordonna Mel’Ermat avant qu’une nouvelle question ne tombe. Les soldats se remirent avec plus d’entrain à la recherche d’indices. Mel’Ermat tira le mage dans un coin. -Que s’est-il passé là-bas ? L’autre ne semblait pas à l’aise et il fuyait le regard de l’intendant. -Elles sont beaucoup plus fortes que nous. Nous avions trouvé une série de sorts mais nous n’étions pas assez entraînés. Nous avons essayé de les retarder puis nous avons pris la fuite. -Mon Seigneur ! l’interpella un homme à travers la salle. L’individu était armuré de la tête au pied et Mel’Ermat se demandait comment il arrivait à courir. Tous se rapprochèrent de lui. -Là, dit-il en posant la pointe sur un papier. C’est un bon pour récupérer des commandes à la laverie. Je pense que la pièce d’où nous sommes partis devait être la laverie, ce qui expliquerait cette eau mousseuse. Il faudrait donc aller par là. Il indiqua une des trois sorties. Ce fut alors que Mel’Ermat la sentit puis la vit. Cela commença par une sensation désagréable, comme un crissement froid sur la nuque. La température de la pièce ne changea pas pourtant Mel’Ermat sentait du froid venir d’un coin de la pièce. Il se mit à frissonner. Il y eut ensuite un long chuchotement sourd comme un râle de mourant s’étendant à l’infini. Après un instant, ses yeux remarquèrent que dans l’obscurité, une masse noire se mouvait. C’était indescriptible mais cette couleur noire n’était pas naturelle, c’était le noir le plus pur qu’il existait. Même la nuit la plus profonde n’était pas aussi noire. Si noire que même l’obscurité autour, alors qu’il était sous terre et sans lumière, semblait rayonner à côté. Ce fut le mage qui leur sauva la vie. Prenant conscience de la menace, il lança sa torche au travers de la salle en levant les bras. Il y eut une odeur de souffre puis les piles de déchets s’embrasèrent créant de véritables colonnes de flamme. Mel’Ermat dut se couvrit les yeux pour se protéger de la soudaine intensité de lumière mais aussi à cause de la chaleur que cela créait dans un environnement aussi restreint. -Fuyez ! cria l’homme à l’adresse des soldats. Pourtant, ce ne fut pas après cette phrase qu’ils se remirent à courir. Ce fut lorsque leurs yeux se furent habitués à la lumière et qu’ils virent des formes repliées sur elles-mêmes dans les coins de la pièce. Ce n’était pas humain, pour sûr. Cela n’en avait même pas la silhouette. C’était rapide et ça se tortillait, lançant des grondements sifflants face à cette lumière à laquelle ça voulait échapper. Il y en avait plusieurs, de toutes les tailles. Ayant eu la preuve que leurs cauchemars avaient pris vie, ce fut là qu’ils fuirent de nouveau dans le couloir qu’avait désigné le soldat. Sans savoir si le magicien les suivait, ils coururent dans une direction approximative. Il n’y avait aucune grâce dans leurs mouvements, aucun contrôle. Ils fonçaient, simplement, la terreur aux tréfonds de leur être. La colonne s’immobilisa après une paire de minutes. -Que se passe-t-il, bon sang ? râla Mel’Ermat qui en profita pour reprendre sa respiration. Que tous ceux qui portent des torches éclairent ce maudit couloir, pas question qu’elles nous attaquent dans le dos, ordonna-t-il en allant vers le premier de ses hommes. Ce dernier tenait en joue un individu qui levait les mains en signe de reddition. Mel’Ermat le reconnut immédiatement. C’était Llis. L’autre ne semblait pas surpris de le voir là. -Baisse ton arme, exigea l’intendant au soldat en appuyant sur la lame tendue. Tu peux nous sortir de là ? requit-il rapidement ensuite à l’espion. Hors de question de traîner, il tournait déjà constamment la tête dans son dos pour voir ce qui allait émerger à leur suite. -Oui, j’ai déjà évacué une partie de vos hommes, dépêchez-vous. L’espion comptait sur leur présence d’esprit pour ne pas discuter des ordres venant d’un inconnu. Le fait qu’ils étaient pourchassés par des Ombres fit en sorte que cette préoccupation ne leur vint même pas à l’esprit. Surtout depuis qu’un nouveau soldat était porté disparu. La course se fit effrénée et Mel’Ermat trouva fou les ressources que l’on pouvait déployer et l’endurance que l’on se découvrait lorsque sa vie était en jeu. Etaient-ce des larmes de peur qui roulaient sur ses joues ? Il passa sa manche sur son visage sans s’arrêter de courir. Ils finirent dans une impasse. Les hommes jurèrent et tournèrent sur eux-mêmes, véritables animaux aculés. Avant qu’ils s’en prennent à l’espion, l’intendant leur demanda de se taire. Ces égouts étaient sans fin, l’odeur était la même et rien ne distinguait cet endroit d’un autre. Pourtant Llis ne se laissa pas démonter. -Toi, fit-il en désignant la brute que Mel’Ermat n’avait pu vaincre à l’entraînement. Aide-moi à déplacer ça, demanda-t-il en désignant le plafond du couloir. Tous restèrent suspendus à l’opération, comme si l’intervenant allait créer une sortie de nulle part. Ce qui était d’ailleurs un peu le cas. La dalle bougea rapidement sous les efforts déployés et ils ne perdirent pas de temps pour sortir de là. Ils atterrirent dans une sorte d’entrepôt très sombre et plutôt désert si ce n’était quelques caisses, des outils de jardinage et un chariot partiellement démonté. Mel’Ermat sourit et sembla se remettre à respirer correctement pour la première fois depuis des heures. Les militaires, eux, se laissèrent aller et rirent et se lancèrent dans de grandes embrassades. Ils l’avaient fait, ils avaient enfin fui. Mais combien y avaient laissé la vie ? Mel’Ermat espérait que les autres avaient déjà été évacués par l’espion. Le capitaine Joly s’en était-il tiré ? Les mages avaient-ils survécu ? Mel’Ermat se pencha en avant, mains sur les genoux. Quelle folie lui avait pris d’aller là-dessous ? En se redressant, l’espion, capuche baissée, le regardait avec dans les yeux la même question. L’intendant allait l’envoyer paître quand il réalisa que ce dernier leur avait sauvé la vie. @+ -= Inxi =-
  10. Inxi-Huinzi

    Le Havre des Reines

    [quote]Arrivée [b]au [/b]alentours de Céläastra, la guerrière[/quote] C'est tout ce que j'ai remarqué ! Alors j'aime bien le passage parce qu'on creuse deux personnages (qui je pense vont finir par se rencontrer) et ils sont assez attachants. Par contre ça manque de dialogue pour poser les scènes. Ca nous fait peut être prendre trop de recul par rapport aux situations. Sinon c'est du tout bon @+ -= Inxi =-
  11. [quote]- La première est purement subjective : j'ai énormément de mal avec les univers crées de toute pièce. Certes, inventer un univers, sa mythologie, ses personnages et son background enjolive le processus de création et peut se révéler très gratifiant. Mais c'est aussi (et souvent) la porte ouverte à toutes les idées bancales, recréant un pot pourri de ce qui se fait déjà, en moins bien. N'est pas Tolkien qui veut. Il ne suffit pas de balancer quelques éléments épars, confus, çà et là pour donner l'illusion d'une profondeur. Un background se pense, s'articule autour de figures, de lieux ou d'évènements forts qui s'impriment dans la tête du lecteur. Surtout, ce background doit être innovant car l'heroic-fantasy a tendance à vite tourner en rond. Le problème c'est qu'à mes yeux, ton récit tombe dans ces travers. L'ennui a supplanté le mystère en partie car ... - Ton récit manque cruellement de rythme. Qu'est-ce que c'est long. Des pages et des pages sur des détails peu utiles (l'incendie page 1 par exemple) et une histoire qui piétine. [/quote] Je trouve que justement les deux arguments se contredisent mais je les comprends les deux. Je parlais de GoT dans un commentaire plus haut et c'est justement ce qui m'a motivé à faire un récit d'abord basé sur la politique. Je sais que ca manque de rythme et y a pas d'action mais je voulais pas tomber dans le classisime de faire un texte qui commence direct dans le vif du sujet. Du coup, ça me permet à côté de travailler un monde dans lequel on va évoluer. Certes, ça ne se développe pas d'un coup mais ça le sera ultérieurement. La partie politique (qui n'est que la première partie du texte, la seconde étant bien plus rythmée) me permet aussi d'ammener la trame plus loin dans le texte pour montrer le contraste entre la vie avant\ la vie après. Comment tout peut basculer. De plus, c'est un choix conscient puisque suivre un roi ou un intendant de royaume a tout d'ennuyeux, ils font rien par eux mêmes et délèguent tout. Ce ne sont que des décisionnaires donc effectivement l'action n'est pas au rendez vous. Et tu parles de l'incendie qui ne sert a rien : si justement il sert. C'est juste qu'on sait pas quoi. C'est Imperator qui m'avait dit ça un jour. Je n'ouvre jamais de porte sans que ça ait un lien avec l'intrigue ou développe le monde. Ici, ça ne développe pas le monde donc ça aura un lien avec l'intrigue. Je n'écris jamais rien sans que ça ne réponde à un de ces deux conditions. [quote]de répétitions INNOMBRABLES ("fit fit fit fit fit" Mel'Ermat)[/quote] Je sais que c'est mon principal défaut et j'avoue que même à la relecture ça peut passer au travers. Faut que je fasse gaffe. [quote]PS : désolé pour l'aigreur[/quote] T'inquiète pas, j'accepte toutes les critiques, c'est ça qui fait avancer ! t'es même encore loiiin des plus virulentes Ses hommes hochèrent la tête et ne se désintéressèrent que partiellement des deux mages. La majorité des soldats continuèrent de se positionner autour de l’intendant tandis que les magiciens suivaient en avant-dernière position. Enfin, juste après eux, quatre militaires fermaient la marche. Ils gardèrent le même train qu’à l’aller et furent de retour au commissariat tout aussi vite. Cette fois-ci, les soldats qui discutaient étaient partis. Ils avaient dû se trouver du travail. Le capitaine sortit à ce moment-là et sembla satisfait de les voir là. -Plus d’hommes, des mages et une armure, vous avez le sens du pratique, intendant. -On n’est jamais trop prudent, répondit Mel’Ermat. Vous partiez à notre recherche ? -Non, pas vraiment, j’avais juste besoin d’air. Rester enfermé toute la journée là-dedans pour faire des rapports… Je n’aurais jamais dû accepter ce poste ! Il secoua la tête en fixant le sol, perdu dans ses pensées. Il finit par se reprendre. -Allons-nous changer les idées ! Un peu de terrain me fera du bien, fit-il avec un clin d’œil. -Où allons-nous ? demanda le mage du feu. Dieux que cette veste rouge était laide, ne put s’empêcher de penser de nouveau Mel’Ermat. -Nous allons descendre dans les égouts non loin de là où a été commis le premier meurtre. -Et ensuite ? continua l’intendant. -Ensuite… on cherche, dit l’autre en levant les mains et haussant les épaules. Nos indices mènent dans cette direction mais personne n’y est allé donc il faut espérer que nous ayons des traces à exploiter. -A faute d’avoir mieux, conclut Mel’Ermat. Dans quoi s’étaient-ils embarqués ? pensa-t-il. Pourvu que ça ne finisse pas en plusieurs heures de marche pour rien parmi les immondices et leurs odeurs associées. La place où ils se rendirent était très similaire à n’importe quel autre endroit de la ville. Des maisons très propres, et surtout très blanches, une agitation relative, une fontaine de laquelle ne sortait pas d’eau. Rien n’identifiait la zone comme là où quelqu’un avait été assassiné. Le soldat les conduisit en direction d’une autre rue et s’arrêta à côté de deux grandes dalles blanches de deux mètres de long sur un de large. -Allons-y les gars, donnez-moi un coup de main. Deux de ses gros bras tournèrent la tête vers leur commandant pour avoir son accord, ils n’obéissaient pas au capitaine. Mel’Ermat hocha la tête. Ils se mirent autour de la première dalle et essayèrent de la lever. Leur essai fut infructueux et trois nouveaux soldats les rejoignirent dont celui qu’il avait affronté à l’entraînement. Même ainsi, il fut difficile de lever le morceau de granit. Mel’Ermat lorgna l’accès avec méfiance. C’était un escalier qui s’enfonçait sous la plus proche maison. Il se demanda alors si ses propriétaires sentaient les effluves au travers du sol. -Toi, tu couvres nos arrières. Si nous ne sommes pas là dans deux heures, tu vas prévenir Mel’Cari, ordonna Mel’Ermat à un rouquin. L’homme, qui mettait sa main constamment sur la garde de son épée, la lâcha avec un soupir, déçu. -Oui, seigneur… répondit-il sans motivation aucune. -Pour les autres, ouvrez l’œil et faites signe si vous voyez quelque chose de suspect. -Que cherche-t-on ? C’était un barbu qui avait posé la question. Il n’y avait pas une once de peur dans sa voix car il pensait ne pouvoir tomber que sur des êtres humains. Les Dieux fassent en sorte que ça soit la pire chose qu’ils puissent trouver là-dessous. -Tout ce qui n’a rien à faire dans un égout. Allons-y. Les soldats tirèrent leurs armes à tour de rôle puis s’occupèrent de leurs torches. Une fois prêts, les premiers s’engagèrent dans l’obscurité sous le regard curieux de passants locaux. Mel’Ermat ne perdit alors pas de temps et après qu’une demi-douzaine soit passée, il suivit le mouvement. Les guerriers n’avaient pas perdu de temps et avaient déjà bien avancé dans un long couloir sans accès. Ce dernier était rectangulaire et s’étendait au moins jusqu’au premier de ses hommes à une centaine de mètres de là. Mel’Ermat se mit en marche en prenant particulièrement garde où il mettait les pieds. L’endroit était assez propre et les odeurs inexistantes. Comme il s’agissait d’un accès, il ne devait pas y avoir de déchets. Mel’Ermat ne doutait pas que cela changerait sûrement bientôt. Il ne se trompa d’ailleurs pas puisqu’à la fin du tunnel, ils débouchèrent dans les égouts à proprement parler. C’était une grande salle, enfin plutôt grande au regard de l’étroitesse des égouts, où gisait là une petite montagne d’ordures alimentée par une mince ouverture dans le sol à une dizaine de mètres au-dessus d’eux. Ce fut à ce moment que Mel’Ermat commença à respirer par la bouche et même ainsi, il avait l’impression de toujours sentir les effluves du lieu. C’était comme si l’on avait laissé des clochards mourir au milieu d’abats de poissons et d’œufs pourris. Plusieurs militaires hoquetèrent mais tous finirent par l’imiter. Au-dessus d’eux, une cascade de détritus qu’on déversait par les trappes des rues les maintint dans le tunnel. A gauche et à droite, on observait diverses flaques dont l’aspect intriguait autant que la couleur. -« Abençons », dit Mel’Ermat d’une drôle de voix et le nez pincé. Derrière lui, le mage du feu lança une volée de jurons qu’il dut croire discrète. Il s’était enfoncé dans une flaque jusqu’à la cheville. Sorti de là, il parla encore plus doucement et son corps s’entoura d’un halo rouge et de la fumée s’éleva de son pied. On sentait la chaleur émaner à plusieurs mètres de distance. Après quelques secondes, il fut aussi sec qu’un désert. La magie devait avoir ses avantages, pensa l’intendant. Le groupe se fit un chemin au travers des immondices vers un nouveau tunnel plus petit. Les parois des lieux oscillaient entre de la terre montagneuse et des murs plus classiques. Comme si l’on avait commencé une construction puis on l’avait arrêtée et ce, tous les dix mètres. Ils marchèrent ainsi près de vingt minutes sans trouver la moindre trace suspecte. Ils alternaient entre salles à ordures, couloirs, tunnels et précipices –après tout, ils étaient en montagne–. Ils finirent par trouver un escalier qui avait la particularité de s’enfoncer encore plus loin sous le sol. Mel’Ermat commença à craindre qu’il y ait plusieurs niveaux. Si c’était le cas, il faudrait des mois pour fouiller la zone… Les soldats se groupèrent autour et l’un d’entre eux fut envoyé en éclaireur. Il revint après une dizaine de secondes. -Mon seigneur, vous devriez voir ça, dit l’éclaireur. Mel’Ermat fit un pas et fut arrêté. -Vous devriez laisser votre torche, on risquerait de nous repérer. L’homme et l’intendant confièrent leurs flambeaux et s’engagèrent prudemment dans l’escalier en colimaçon. Mel’Ermat y alla avec prudence de peur de glisser. Après une nouvelle volée de marches qui ne leur cachèrent que partiellement la lumière du groupe du dessus, ils arrivèrent à destination. L’escalier continuait de descendre au travers d’une grande salle même si ses parois s’effaçaient laissant la suite de la descente dangereuse et visible de tous les occupants de la salle. Mel’Ermat s’accroupit sur une marche et regarda en contrebas. La caverne, car c’en était visiblement une, devait faire plus de cent mètres de long sur moitié moins de large pour une vingtaine de mètres de hauteur. On y notait plusieurs terrasses créées naturellement par la roche. Il y avait même des stalactites et stalagmites. Ceux-ci étaient de toutes tailles : de quelques centimètres à de véritables liens entre le sol et le plafond mais aussi de tous diamètres : guère plus grosses d’un poing à plusieurs mètres. Au milieu de ces reliefs s’agitaient une cinquantaine de personnes. Mel’Ermat sonda le lieu et conclut que ça ne pouvait pas être ceux qu’ils recherchaient. Les feux des braseros n’étaient pas intenses mais, même à cette distance, il n’y avait pas de doutes : c’étaient tous des clochards. On voyait des couvertures étalées un peu partout et à priori, on notait trois activités principales : la sieste, le jeu de cartes ou de dés et la discussion. Mel’Ermat n’entendait pas les éclats de voix de là mais ce ne devait pas être intéressant. Il se tourna vers son homme et lui fit signe de la tête de remonter. -C’est ce qu’on cherche ? demanda un soldat en lui rendant sa torche. -Non, répondit Mel’Ermat. Ce n’est qu’une bande de clochards. Allons, continuons encore pour une heure et rentrons. La troupe se mit en marche et l’intendant se mit aux côtés du capitaine Joly. Il semblait concentré et perdu dans ses pensées. -Vous êtes étrangement silencieux, capitaine. Il haussa les épaules, enleva son casque et le coinça sous son bras. -Juste déçu que nous n’ayons encore rien trouvé. J’avais misé beaucoup d’espoirs pour que nous ayons des pistes près de là où ont été commis les meurtres. Maintenant, nous déambulons un peu au hasard… -A quoi vous attendiez-vous à trouver en venant ici ? l’interrogea Mel’Ermat. -Dans mes rêves, à une troupe armée confessant ses crimes. Au mieux, à des rats. Réellement, à rien du tout. Il soupira et se mura de nouveau dans ses pensées. Visiblement, la sortie était loin des attentes qu’il avait eues auparavant. Mel’Ermat se mura aussi dans le silence, écoutant que d’une oreille les quelques soldats qui murmuraient entre eux. L’ambiance était morbide et il commençait à perdre la notion des directions mais également du temps. Après un énième détour, Mel’Ermat ordonna la pause. -On s’arrête là, cria-t-il assez loin pour que les premiers entendent le message. Il n’y en eut pas un qui ne sursauta pas car tous s’étaient laissés emporter par la mélancolie du lieu. Des ordures, des couloirs, de la pierre, de la terre et rien pour égayer tout ça. - On n’est pas déjà passés par là ? s’inquiéta un soldat s’agrippant à son arbalète. -Si, fit un autre en tournant autour de lui et regardant les empreintes au sol. On tourne en rond. -Quelqu’un a une idée d’où est-ce qu’on se trouve et comment on va sortir de là ? Le silence fut le seul à lui répondre et ses gardes semblèrent mal à l’aise. -C’est de la magie, annonça le mage de la lumière, le banal des deux. Mel’Ermat se rendit compte qu’il ne leur avait même pas demandé leurs noms. En tout cas, l’autre hocha la tête gravement. -Je crois que c’est un sort très similaire à celui qui protège la Capitale. Il est très discret et je pourrais presque en trouver l’origine. Il a pour but de nous faire réfléchir et de nous laisser avancer sans but. -Comment avons-nous défait le sortilège ? s’étonna Mel’Ermat. -Je pense que nous ne l’avons pas fait, nous devons juste être hors de portée ou bien l’ordonnateur a rompu son sort. -Il y a une chance que ce que nous cherchions soit à l’origine de ce maléfice ? sollicita le capitaine Joly. -Je pense, dit le mage du feu cette fois-ci. Si on considère que le sort à une zone d’effet circulaire, il faudrait essayer de rejoindre son centre. C’est le seul moyen de remonter jusqu’au magicien qui a fait ça. -Faisons demi-tour, requit Mel’Ermat. Que tout le monde se tienne éveillé, parlez à voix basse, occupez vous et mettez des claques à ceux qui ont les yeux dans le vague. En avant. @+ -= Inxi =-
  12. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Yes ! Pas mal ce passage ! Il s'y passe pas grand chose à part un dialogue et une explication sur les dragons mais le fait est qu'on a la trame de l'histoire. On sait ce qu'on va suivre maintenant ! Bon je t'encourage à poster la suite ! On sait ce qu'il veut faire mais pas comment les autres vont se positionner par rapport à cette quête ! Alors la suite ! Et essaye de poster un peu plus long @+ -= Inxi =-
  13. ET voilà la suite ! La petite troupe traversa la ville à un rythme soutenu. Le quartier des mages était pratiquement en centre-ville mais était organisé comme une petite cité. La route ouverte par cinq hommes armés à l’air patibulaire, ils y furent en moins de trente minutes. Il n’était pas très dur de s’y rendre, vu qu’il n’y avait qu’à suivre la plus haute tour de l’Impériale. Il était néanmoins plus compliqué de passer les murailles. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, la magie n’était pas utilisée pour maintenir les curieux à l’écart de la zone. Il avait été adopté une classique bonne vieille muraille. Mel’Ermat était au corps-de-garde Est où des soldats travaillant pour les magiciens les lorgnaient en attendant leur prochain mouvement. -Je suis Mel’Ermat, intendant du royaume de Mel et je suis ici pour une audience, cria l’homme aux gardes. Cela dut les convaincre car les portes s’ouvrirent en moins d’une minute. Les magiciens pouvaient dédaigner l’autorité exécutive mais les soldats gardaient un respect pour tout ce qui était gradé. Une paire d’entre eux les accueillit au pied de l’entrée. -Mon seigneur, dit l’un d’eux en baissant le torse en guise de salut, nous avons fait prévenir un secrétaire, vous allez bientôt être reçu. Je vous laisse vous diriger vers la tour. -C’est gentil, merci, termina l’intendant. Il fit un signe de main à ses hommes et se dirigèrent dans la direction indiquée. Si ce n’était les murailles qu’ils venaient de croiser, ils auraient pu se croire dans n’importe quel autre quartier de la ville. Il y régnait la même agitation et les bâtiments y étaient les mêmes : des entrepôts, des maisons, des administrations, des lieux de culte, un marché, des commerces… La tour était impressionnante de loin et l’était encore plus de près. Mel’Ermat n’avait jamais eu le besoin de venir jusque là et s’en serait bien passé. Les magiciens se plaisaient à se mêler de tout mais à ne pas devoir de comptes. L’intendant du royaume de Mel restait néanmoins mal à l’aise avec la magie. Il leva les yeux et ne distingua pas le haut de la tour. Elle semblait s’élever sans fin dans le ciel. A force de la fixer, il eut même l’impression qu’elle se déforma. Il cligna des yeux et se décrit les portes qui lui firent face. Ce fut d’ailleurs assez rapide puisqu’elles n’étaient ornées d’aucune décoration : seulement des portes de bois. L’une d’entre elles s’ouvrit et on vint à leur rencontre. C’était un petit homme très fin, il aurait pu être un grand nain. Il était habillé comme n’importe qui, rien d’ostentatoire. Il ne sembla impressionné ni par Mel’Ermat ni par ses gardes. -Bonjour intendant, commença l’homme, je suis Pietre, secrétaire de la tour. Voilà une venue bien originale, en quoi puis-je vous aider ? Mel’Ermat ne savait pas grand-chose sur l’organisation du lieu mais sur le peu qu’on lui avait raconté, la tour fourmillait de tout un tas d’organisateurs ou de réceptionnistes qu’on appelait secrétaires. Pour le reste, il savait que le lieu avait ses propres lois et qu’il existait une ou plusieurs assemblées, sur ce point il n’était pas sûr. Il attaqua directement sans fioriture ce qui était parfois une tactique payante. -Nous menons une enquête sur des disparitions en ville et nous aurions besoin d’être accompagnés par des mages, nous sommes prêts à payer pour leur service. L’homme tenta de cacher ses émotions mais Mel’Ermat, rompu aux exercices de la politique, vit immédiatement la gêne et le malaise qui l’habita l’espace d’une seconde. -Suivez-moi, s’il vous plait. L’homme fit volteface et entra dans la tour. Mel’Ermat suivit sans la moindre hésitation et émergea dans une grande salle vierge de tout mobilier si ce n’était un grand autel au milieu de la pièce. L’espace était entièrement marbré du sol au plafond qui s’élevait pourtant à une dizaine de mètres de là. Au fond de la pièce, deux grandes arches constituaient les deux seules sorties de l’endroit. Mel’Ermat constata en se tournant de part et d’autres qu’ils n’étaient pas seuls. Un grand canapé suivait les parois arrondis et des hommes, pour la majorité, discutaient à divers endroits. Aussi étonnant que cela paraissait, il n’y avait pas un seul bruit et pourtant personne ne semblait particulièrement baisser la voix. Les conversations devaient être protégées par magie. -Je vous laisse attendre là, je vais me renseigner pour vous, fit l’homme avec une courbette. -Très bien, répondit Mel’Ermat qui n’avait pas vraiment le choix. Il partit s’asseoir sur le canapé, vite rejoint par ses hommes. Le temps leur parut long dans le silence magique de la pièce. Les gens gesticulaient, ouvraient et refermaient la bouche mais aucun son ne filtrait. Les soldats se mirent à parler. -C’est bizarre, fit celui à sa droite, j’aurais pas imaginer le quartier comme ça. Il jeta un coup d’œil aux alentours comme s’il s’attendait à que tout ne soit qu’illusion. -J’étais déjà venu une fois, fit un soldat debout face à eux, c’était déjà aussi... renfermé. Il hocha la tête satisfait du terme qu’il avait trouvé. -Les secrets sont bien gardés ici, ajouta Mel’Ermat. -Ce que je ne comprends pas, fit un autre à sa gauche, c’est pourquoi ils n’ont pas leur propre archivage ici au lieu de tout avoir à la Grande Bibliothèque. Mel’Ermat avait été instruit dans les règles de l’art sur l’Histoire et il connaissait la réponse à cette question. -Il s’avère que pour des raisons politiques, quand l’Empire s’est créé, chaque royaume a voulu avoir des institutions importantes. Il a été décidé que pour le royaume de Terra et celui de Sustor soit construite à leur frontière commune une bibliothèque assez grande pour qu’y soit protégée la totalité des connaissances de l’Empire. C’est donc aussi pour cela qu’afin qu’un livre soit diffusé, celui-ci doit d’abord y être envoyé là-bas pour qu’un exemplaire y soit gardé. -C’est pour ça que l’institut technologique se trouve à Kator ? continua celui qui avait lancé la conversation. -Exact, acquiesça Mel’Ermat. -Si je peux me permettre, demanda le suivant, que fait-on ici ? Ses soldats gagnaient en confiance. Il était vrai que Mel’Cari avait pour habitude de beaucoup communiquer avec eux. L’intendant tourna la tête et plissa les yeux. -Je mettrai ma main à couper que nous sommes écoutés, nous parlerons de ça une fois sortis. Les hommes hochèrent la tête et reprirent leur surveillance. Il y avait peu de chance qu’on tente une attaque jusque là mais qui pouvait bien savoir ? L’attente fut longue et ils virent quelques allers-retours avant qu’ils voient émerger des arches du fond de la pièce le secrétaire. Il gardait un visage inexpressif. Mel’Ermat se leva du siège, suivi par ses hommes, se dépoussiéra, inutilement, la tunique et attendit, bras croisés. -Je suis désolé, intendant, il n’y a personne de disponible pour répondre à votre requête. Comme cela est surprenant, pensa Mel’Ermat. -Vous direz à ces « personnes non disponibles » qu’elles peuvent bien se taire, je trouverai des réponses seul. La voix de Mel’Ermat était sèche avec un léger zeste de colère. L’autre haussa les épaules, sembla ouvrir la bouche pour le prévenir de quelque chose puis secoua la tête. -Allons-y, fit-il à l’adresse de son escorte. Quelle perte de temps ! S’insurgea-t-il mentalement. Si Mel’Placer était élu Empereur, il se ferait une joie de faire changer le statut de ces magiciens. Qu’ils sachent quelque chose ou non, il ne leur coûtait rien de leur prêter assistance. Maudits soient-ils ! Ses pas raisonnaient plus forts qu’il ne l’avait voulu au travers de la salle de réception. Il continua de ruminer ses pensées jusqu’à ce qu’il sorte du quartier et qu’il vit les nouveaux soldats qui l’avaient rejoints. Ceux-ci le rattrapèrent aussitôt. Parmi eux, il y avait le grand gaillard qui aurait pu le battre à l’entraînement. -Qu’a dit Mel’Cari, demanda par curiosité l’intendant du royaume de Mel ? -Rien de spécial, répondit le soldat qu’il avait dépêché. Mais il ne semblait pas particulièrement heureux. Il m’a dit de vous remettre ça. Il lui tendit une armure de cuir. Effectivement, cela serait sûrement plus prudent. Mel’Ermat ôta sa tunique officielle qu’il tendit devant lui. Un soldat s’empressa de la prendre, la plier et la mettre dans un sac de cuir. Un coup de vent plus frais que les autres fit se hâter Mel’Ermat. Cette ville au printemps valait une autre en hiver. Ne pouvait-on pas faire tomber un pan de montagne pour laisser entrer le soleil ? Une fois enfilée, il ne trouvait plus qu’il ressemblait à un gestionnaire de royaume mais bien plutôt à un mercenaire. -Halte, entendit-il derrière lui. Deux soldats s’interposaient, main sur la garde de leur épée, entre lui et deux individus qui venaient visiblement du quartier des mages. Les autres soldats se mirent en cercle et certains regardaient même derrière eux, au cas où. -Nous sommes là pour discuter de votre requête, lança l’un d’eux qui ne semblait pas plus pressé que ça de s’approcher des soldats. -C’est bon, fit Mel’Ermat, en mettant une main sur l’épaule d’un militaire. Voyons ce qu’ils veulent. Un de ses hommes fit un signe de main pour leur intimer d’avancer. L’homme de droite était habillé comme un citoyen lambda si ce n’était un mince bandeau de soie qui faisait le tour de sa tête et plaquait par la même occasion ses cheveux noirs contre. Mis à part ce détail, il n’y trouvait aucun signe qui pourrait le distinguer d’un autre ou qui permettrait à Mel’Ermat de se souvenir de lui plus tard. Le deuxième, en revanche, se rapprochait quand même plus de l’idée qu’il avait d’un magicien. Le menton en avant, un pantalon et une veste rouge si claire qu’elle devait se voir à des lieux en pleine nuit. Ses sourcils broussailleux lui traversaient le front lui donnant un air plus âgé que ce qu’il devait être. Comme son compagnon, il ne devait pas avoir plus de trente ans. Cela ne l’empêchait visiblement pas d’avoir une haute idée de lui-même. -Je vous écoute, leur lança Mel’Ermat les bras croisés d’autorité naturelle. Le plus quelconque des deux pris la parole tout en jetant des regards nerveux à son compagnon. Mel’Ermat devina tout de suite que l’un ne semblait pas forcément ravi de venir voir l’intendant et ses hommes. -Nous sommes intéressés par votre… projet, s’expliqua le quelconque. -Bizarre, se mit sur la défensive, Mel’Ermat, je viens de parler avec un des secrétaires qui m’a dit que personne n’avait le temps. Il se tordit les mains, mal à l’aise. Il choisit ses mots avec soin. -Ce n’est pas que personne n’a le temps, c’est que personne ne veut et personne n’aura l’autorisation de s’en mêler. -Pourquoi ça ? s’étonna l’intendant. -Des conflits internes sur le sujet, coupa l’autre sèchement avant que son compagnon n’en dise trop. -Je suppose donc que vous êtes là sans que personne ne le sache, devina Mel’Ermat. -C’est exact, reprit le premier. Il serait bon que ça reste ainsi… -Je ne vois pas à qui je pourrais le répéter ! Savez-vous dans quoi vous vous embarquez ? -Nous ne serions pas là le cas contraire, dit celui au costume rouge. Son ton était si ironiquement condescendant qu’ils eurent tous l’impression d’entendre un « abruti » à la fin de la phrase. Mel’Ermat le remettrait à sa place plus tard, lorsqu’il n’aurait plus besoin de lui. C’était d’ailleurs le moment de s’en assurer. -En quoi pourrez-vous d’ailleurs nous être utiles ? -Je suis du collège de la lumière, dit monsieur Tout le monde, et mon collègue et du collège du feu. Et dans le cadre de nos recherches… personnelles, nous serons les plus à mêmes à savoir s’il y a de la magie dans ces meurtres. Bien, Mel’Ermat n’avait pas besoin d’en savoir plus. Ces deux là devraient être capables de les protéger si les choses tournaient mal, au moins magiquement. Pour l’instant, ils avaient bel et bien été attaqués par des hommes en chair et en os tandis que les crimes en ville semblaient être d’origine magique. Rien n’indiquait que les deux étaient liés mais il fallait s’en assurer. La vie de Mel’Placer, et la sienne, en dépendait. Il aurait pu laisser l’enquête à ses hommes mais il tenait à prendre les choses en main, cela ne semblait pas être dangereux avec une telle escorte. Personne d’autres ne pouvaient être au courant de ce qu’il soupçonnait tant qu’il n’avait pas de preuves. Il fallait que ce soit lui qui aille voir. -Bien, en avant, décréta Mel’Ermat, allons chercher le capitaine Joly. @+ -= Inxi =-
  14. Inxi-Huinzi

    Le Havre des Reines

    [quote]dont il [b]bu [/b]quelques gouttes, pour[/quote] [quote]Il en [b]sorti [/b]un gros morceau de viande de bœuf salé[/quote] [quote]Oreilles [b]pointus[/b].[/quote] [quote] [b]voir [/b]directement dans les vagues.[/quote] Voilà les fautes que j'ai trouvées ! C'est principalement des accords donc hésite pas à bien te relire ! Pour le fond, on a commencé à mettre en place l'histoire et on se doute que ça va maintenant partir en vrille. Voyons les conséquences de ce qu'il se passe @+ -= Inxi =-
  15. Ah cool ! Tant mieux que ca ne soit pas fini ! Ca nous laisse encore deux passages de repis ! J'ai bien aimé ce passage meme si je suis confus sur les personnages. Ce qui serait bien ca serait de rapeller brievement qui est fait quoi quand ca fait longtemps qu'on a pas parlé de cette personne. Ca eviterait de se trouver perdu comme on l'est quand on suit un texte sur plusieurs années ! Bon en tout cas impatient de voir la fin pour savoir comment tu vas decider que cela se termine ! Suite ! @+ -= Inxi =-
  16. [quote]Le néant absolu dans lequel ils se terraient depuis douze heures[/quote] J’aurais inversé la phrase parce que dans ce sens là on dirait qu’il manque une suite, du genre : le néant absolu dans lequel ils se terraient depuis douze heures était… blablabla [quote]Mais je viens de recevoir un message nous indiquant que des troupes d’assaut vont débarquer sur la planète d’un instant à l’autre…[/quote] Le « mais » est superflus je pense ça donne l’impression d’un enfant boudeur Alors premier check point à la 10ème page : Le principal défaut est que c'est pour moi totalement impersonnel, les personnages ont beau être des marines, il n'ya aucune psychologie. Je trouve que c'est dommage car ça ne fait qu’énoncé de fait. Comme si on suivait des robots ! [quote]guère de [b]leurss [/b]pertes, respectant fidèlement leur credo guerrier[/quote] [quote]Ces paroles dirent sourire Heliantinos. Elles comptaient parmi[/quote] J'arrive à la 20ème page et c'est le même constat. Sauf que du coup je me pose de question parce qu'il n'y a pas plus de trame. On cherche à savoir, il n'y a pas un seul indice sur la suite. [quote]Lle Chapitre et l’Empereur vous doivent une victoire.[/quote] Page 30 : la trame enfin ! Du coup c'était quelque chose que je ovulais dire après mais je vais le dire maintenant. J'ai compris que tout le début plante le décor mais il y a beaucoup de passage "sans intérêt pour l'histoire". Ca présente les personnages, surtout sur leurs capacités mais si on ne le lit pas, on perd rien sur l'intrigue. Du coup, ce qu'il faudrait penser à l'avenir (car sur ce texte c'est trop tard), ça serait soit de faire la même chose mais glisser des bouts de l'intrigue des le début discrètement, à coup de petites phrases, soit lancer l'intrigue en présentant les personnages et l'univers au fur et à mesure. [quote]-Allez, remettez-vous au boulot les gars, ordonné finalement Marvin.[/quote] [quote]pouvoir identifier els arrivants, l’informa la sentinelle postée dans[/quote] [quote]-La vraie question est : qu’allais-tu oublier de faire[/quote] [quote]dans le bassin, brisant plusieurs os§. Il eut la satisfaction[/quote] [quote] -Il n’y que moi, rétorqua le prisonnier.[/quote] [quote]Aepinus, Amenez leà la jonction[/quote] [quote]cria-t-ilet son adversaire le toisa, empli de colère et de dégoût[/quote] [quote]un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.[/quote] Sérieux ? Tu nous fais une spiderman là ? /> [quote]Appoloyon, sortit précipitamment de la cellule[/quote] Alors franchement j’aime bien. On dirait que c'est pas le cas vu les commentaires du dessus mais que neni. Ca reste que des détails au final parce que j'ai quand même dévoré ton histoire d'une traite chose qui m'arrive rarement sur ce forum. Normalement les trucs de SF sont pas ma came mais j’ai quand même accroché à ton histoire, signe que tu te débrouilles quand même pas mal ! Je trouve que le début est pour moi un peu light et pourrait tout de suite faire plus plonger le lecteur dans l’histoire, ça serait mon principal regret. Par contre ça s'améliore vers la page 40/50 ou on plonge un peu plus dans les personnages et même si c'est eux, ça les humanise et on s'y attacherai presque /> J'ai relevé plutôt les fautes que de revenir sur les tournures de phrase. Vu la quantité de texte, je peux pas tout chipoter /> On multiplie pas les personnages ce qui fait qu’on arrive quand même à repérer qui est qui et je ne m’embrouille pas. Un bon point. On reste aussi simple dans les descriptions et plutôt clair et on suit l’histoire facilement. On a un aperçu de la trame maintenant mais ce qui serait bien ça serait de savoir pourquoi cette arme est importante. Pour ceux du chaos on a plutôt compris mais pas pour les humains. Parce qu’au final, ça reste qu’une arme (même si c’est un symbole) et s’ils l’ont perdu une fois, c’est bien que ses pouvoirs sont limités et donc ça ne pourra pas sauver des galaxies.. Et j'aime bien le démon et son come back. Je trouve un peu facile quand même comment sort du fort le seigneur du chaos mais bon, fallait bien trouver un moyen de le faire tuer !! Au début je pensais qu'ils allaient envahir le fort en mission commando ! Bon ben, tu peux m’envoyer la suite ! @+ -= Inxi =-
  17. Voichi la chouite ! Oubliez pas que dans le premier post vous trouverez les cartes que je mettrai à jour petit à petit. Les gardes se remirent immédiatement en position dès sa sortie du lieu. Ils semblaient soulagés de le voir là. Mel’Ermat avait envie de leur dire que c’était sûrement un des lieux où il était le plus en sécurité mais s’abstint. Le cortège traversa une partie de la ville à un pas soutenu. Comme pour illustré les dires de Daros, on aurait dit que l’Impériale s’était mise en mouvement. A chaque coin de rue commençaient à apparaître des vendeurs de denrées qui profitaient du manque de rations à venir pour se faire de grosses marges. C’était typiquement des marchands qui disparaîtraient juste avant que les portes ne soient closes. De vrais patriotes ! Profiter du malheur mais surtout ne pas le partager. La caserne ne fut pas très dure à trouver. Elle se situait autour d’une petite place de terre rouge centrée sur une statue de bronze qui représentait un roi sur son cheval. Le reste des bâtisses autour du lieu se composait d’une boucherie, d’une librairie, de bureaux et d’un médecin. Devant le poste de gardes, trois soldats discutaient ensemble. Ils se turent quand le groupe arriva et Mel’Ermat fit signe à son escorte d’attendre là. La caserne était un bâtiment de deux étages, plutôt étroit. Il y avait une plaque de métal sur la porte sur laquelle on pouvait lire « la garde ». Au moins, c’était chose claire. Il poussa la porte et entra. Ses yeux s’habituèrent immédiatement à la faible luminosité. A l’extérieur, à cause des montagnes, on pouvait déjà réussir à ne pas voir le soleil si bien que Mel’Ermat se demanda comment on pouvait accepter de travailler dans un endroit avec peu de fenêtres. Le commissariat était organisé de façon vraiment originale. Le bâtiment disposait d’un vaste espace central où des dizaines de bureaux occupaient l’espace et où gardes discutaient, interrogeaient des individus ou lisaient des papiers. Tout autour de cette pièce, il y avait des bureaux pour la plupart fermés. Les étages étaient orientés sur l’espace et ne se composaient que d’un balcon qui faisait le tour de la zone centrale. On y voyait derrière d’autres bureaux. C’était harmonieux mais l’espace n’était clairement pas optimisé. Ils auraient mieux fait de construire des étages entiers… Un couple de gardes traînant littéralement un prisonnier le tira de ses pensées. Mel’Ermat sortit de leur chemin et regarda l’énergumène qui se débattait et jurait. Se rendait-il compte que cela ne servait à rien ? Mel’Ermat se ressaisit, il n’était pas là pour tourisme. Il chercha un soldat qui ne semblait rien faire et l’apostropha. -Je cherche le capitaine Joly, fit l’intendant. -Dans le bureau là-bas, répondit le soldat en se tournant dans la direction indiquée. -Merci. Mel’Ermat longea les tables jusqu’au bureau tout en se faisant observer du coin de l’œil. Ils avaient tous reconnu la tenue du royaume de Mel et ils devaient se demander ce qui l’amenait par là. Arrivé sur place, Mel’Ermat put voir un homme penché sur des feuilles de papier. Il était tellement concentré qu’il ne l’entendit pas arriver. Il y avait là des chaises, un bureau, un petit meuble, un coffre et une étagère. Le soldat, quant à lui, était en tenue rouge. Il avait la quarantaine, sûrement comme lui, et portait une barbe de trois jours. Il avait une cicatrice le long de la mâchoire qui ne se voyait que lorsque la lumière y créait un reflet. Il finit par lever les yeux. -Mon seigneur, fit-il en se levant. Que me vaut votre visite ? Mel’Ermat avait beaucoup réfléchi à la manière de présenter sa requête. Il avait pensé à une histoire alambiquée mais si le soldat commençait à avoir des suspicions, il se tairait. Il préféra donc dire la vérité, ou du moins une partie. -J’ai appris que vous étiez en charge d’une série de meurtres en ville… Le capitaine fronça les sourcils. Il savait parfaitement de quoi parlait Mel’Ermat. -J’aurais besoin d’avoir des informations. -De quel genre ? se fit soupçonneux l’autre. Il demandait de façon détournée pourquoi Mel’Ermat lui posait ces questions. Légalement, le soldat n’était pas obligé de répondre mais cela valait quand même mieux pour lui. -Du genre où cela pourrait être lié à une série d’attaques sur ma personne. Le capitaine Joly parut étonné. L’intendant ne voulait pas trop en dire car pour avancer dans son enquête, il était pour lui intéressant de savoir s’il y avait eu d’autres attaques avec témoins voire des indices. La vérité est que Mel’Ermat ne savait pas si les assassinats des rois, les tentatives et les meurtres en ville avaient un lien. Pour l’instant, le seul point commun qu’on pouvait en tirer était que cela sortait de l’ordinaire. C’était un mince rapport. -Je ne sais pas si ce que nous avons découvert va réellement vous aider, commença le capitaine. Ces meurtres ont eu tous lieu à la même heure sur trois jours successifs. On penserait même sur quatre jours. Les lieux sont trop éloignés les uns des autres pour qu’il y ait un quelconque lien. Idem pour les victimes, elles étaient toutes différentes et ne se connaissaient pas. -Des témoins ? demanda Mel’Ermat. -Aucun, toujours dans lieux isolés et il n’y a ni trace ni indice sur place. Comme si le tueur pouvait se volatiliser. -On m’a dit que les corps étaient dans des états... peu naturels. -On vous a bien dit, approuva d’un hochement de tête le capitaine. J’ai fait des guerres et vu des morts mais ceux-ci n’avaient rien de similaire. Je n’ai jamais vu ça. Les corps étaient… méconnaissables, certains étaient écrasés, vidés mais sans trace ni lésion. Comme si le vent avait fait ça. D’autres étaient coupés nets mais pas par une arme ni par magie, ou en tout cas rien de connu. Les magiciens n’ont rien su me dire et ne semblaient pas enclins à le faire. Les plaies ouvertes étaient comme rongés par endroit… -N’avez-vous pas dit qu’elles étaient nettes ? L’homme fit la moue et remua sur sa chaise. -Si mais je pense que ça a été coupé net puis rongé. Tant que je n’en saurais pas plus, ça ne sera que des suppositions. Mel’Ermat se tapota les lèvres. -Vous avez parlé hypothétiquement de quatre jours d’attaques. Pourquoi ? -Nous avons recensé une attaque aux mêmes heures le quatrième jour mais nous n’avions pas de victime. Juste un peu de sang comme si quelqu’un avait été blessé. -Savez-vous le jour ? -Oui, fit l’homme, c’était il y a trois jours. Mel’Ermat fit le calcul. C'était le jour où Mel’Astré a été tué. Son maître-espion pensait que ça avait un lien avec Regut, se trompait-il ? Ou même pire, est-ce que tout ça était lié ? Beaucoup trop de questions, pas assez de réponse. Peut-être même que Mel’Ermat se faisait des idées, cela ne pouvait être que des coïncidences mais il fallait être sûr. Etaient-ils en sécurité dans l’Impériale ou des mesures de sécurité devaient-elles être prises ? -Cela vous dit quelque chose ? -Non, non, mentit Mel’Ermat. Donc pas de piste ? changea de conversation l’intendant. -Très peu, j’aimerais que les magiciens me disent ce qu’ils savent là-dessus mais je ne me fais pas d’illusion. L’autre piste reste les égouts. Chaque attaque a lieu près d’un accès et il pourrait être intéressant d’aller fouiller par là. J’essaye d’avoir l’accord de rassembler une équipe mais on manque un peu de moyen. Il serait suicidaire d’y aller seul je pense. Mel’Ermat réfléchit néanmoins à la question. -Et si je vous mettais à disposition de mes soldats ? Qu’en diriez-vous ? -Je dirais que je ne comprends pas votre intérêt mais que ça pourrait aider. -Je ne vous demande pas de comprendre mes raisons, continua Mel’Ermat d’un ton plus dur pour qu’on ne revienne plus sur le sujet. Cela fera avancer votre enquête, c’est tout ce que vous devriez considérer. Le capitaine hocha la tête. -Si nous pouvions avoir un mage ou deux, ce ne serait pas superflu. Effectivement, s’il y avait quelque chose de surnaturel, c’était mieux d’être bien accompagné. Il venait de gagner un saut par la tour des mages… -Je vais voir ce que je peux faire, où peut-on vous trouver cet après-midi ? -Ici, répondit le capitaine Joly en soupirant. Il souleva un paquet de feuilles de son bureau. -De la paperasse et encore de la paperasse… Mel’Ermat connaissait ça et ne l’enviait pas. Il aurait largement sa dose lors de son retour à Mel. -A tout à l’heure, s’excusa l’homme. Mel’Ermat acquiesça et traversa de nouveau le commissariat. Il eut le droit de nouveau à des coups d’œil mais personne ne l’entrava. A l’extérieur, il y avait toujours des soldats discutant et sa garde qui patientait assise sur le porche d’une maison. A sa sortie, la demi-douzaine d’hommes se redressa et vint à sa rencontre. -Il me faut quelqu’un qui aille voir Mel’Cari, nous allons avoir besoin de six ou sept hommes de plus. -J’irai, mon seigneur, se proposa un soldat chauve qui n’avait pas l’air tout jeune. Que dois-je lui dire ? -S’il se plaint, ce qui sera sûrement le cas, dites-lui que je lui dirai plus tard, peut-être… Après tout, il n’avait pas de compte à lui rendre. Son colonel ne tentait pas de le contrôler mais s’inquiétait vraiment pour lui. De plus, quand il allait apprendre que c’était Mel’Ermat qui demandait plus d’hommes, il saurait que le danger serait proche. Ce n’était pas vraiment le cas mais il fallait tirer au clair les assassinats. Une petite visite dans les égouts ne pouvait pas être nocive. Sauf si les rumeurs disaient vraies et qu’il s’agissait bien d’Ombres. Mel’Ermat pria très fort pour que ce ne soit pas vrai car s’ils rencontraient de telles choses sous terre… Que les Dieux aient pitié de son âme. Avant d’avoir l’air trop apeuré, il reprit la conversation. -Dites-lui que les hommes seront attendus en bas de la tour des mages. L’homme hocha la tête et prit la direction de la villa. -Vous autres, vous savez où nous allons ! En route ! @+ -= Inxi =-
  18. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Pas mal ce petit chamboulement ! Ce qui aurait été encore mieux c'est qu'à un moment dans le texte on était une sorte d'état des lieux où on parlerait des sauriens justement. Ca renforcerait la surprise et la fierté de voir le guerrier l'un de ceux là. Alors maintenant c'est peut être le cas mais je me souviens plus exactement de tous les passages d'avant !!! En tout cas, j'aime bien, j'attends la suite puisque je suppose que dans ses dires se trouvera la trame de l'histoire ! @+ -= Inxi =-
  19. Hola ! Oui du coup je corrige mais tu avais corrigé la veille que je poste la suite donc effectivement, je n'avais pas pris encore les mesures pour corriger ce qui était annoté. J'ai bien pris en note tes remarques et j'ai fait les corrections ! Pour le repas, j'ai fait quelques changements. Enfin plutôt rajout de description avec la nourriture sur la table, la pièce (qui était déjà décrite). Les autres seigneurs interviennent aussi plus souvent. Par contre les vêtements, je décris déjà à leur arrivée donc je n'en ai pas rajouté. Mais effectivement, venant du même royaume, il n'y a que peu de diversité Voici donc la suite que vous attendiez tous ! Chapitre 9 Mel’Ermat essayait de ne pas claquer des dents. Le problème de sa tenue officielle était que le froid avait trop tendance à passer au travers. Il avait mis des gants et une mince écharpe mais rien n’y faisait : à huit heures du matin, il faisait trop froid. La journée s’annonçait même particulièrement humide et il passait son temps à renifler. Enfin ! s’encouragea-t-il. Il fallait accueillir son roi et personne d’autre ne pouvait le faire. Il regarda autour de lui : l’air d’atterrissage se situait sur un côté de la ville et l’avait donc s’étendant sur sa gauche. Ce devait être la seule partie de la cuvette où les rochers n’avaient jamais vraiment permis de constructions. Naturellement, c’était devenu une piste où les ballons dirigés pouvaient atterrir. Il fallait néanmoins qu’ils fassent attention car les parois étaient vraiment proches, ils n’avaient guère de pouvoir de manœuvre. Mel’Ermat leva les yeux et put voir les transports arriver. Il y avait un gros dirigé suivi par un plus petit. Ils descendaient lentement et l’intendant décida de ne rejoindre la piste qu’au dernier moment. Le ballon volant en était à un stade où les parois s’élargissaient de plus en plus. La forme de l’endroit était vraiment caractéristique. Comme deux volcans dont les bases aurait été collées. Un trou pour entrer par les airs, une zone plus grande au milieu des montagnes et de nouveau une zone plus petite où se nichait la ville. Comme un grand losange aux bouts tronqués. Il entendit des voix aigues dans son dos. Comme il était impossible que ça soit sa garde, il se retourna et vit des enfants regarder les yeux émerveillés les machines qui s’approchaient d’eux. Ils devaient s’imaginer pouvoir voler également… Mel’Ermat n’avait pris dans sa vie que deux fois le ballon et c’était des expériences qu’il n’avait jamais oubliées. La première fois, il eut tellement peur qu’il resta agrippé au mur de sa cabine pratiquement tout le long du voyage. Ce ne fut que le dernier jour qu’il s’habitua à voir le sol aussi loin et il regretta de ne pas avoir pu plus longtemps apprécier le paysage. La deuxième fois fut toujours pour accompagner Mel’Placer. Par contre, cette fois-ci, il ne passa que le premier jour avec l’estomac en vrac. La semaine suivante, il put découvrir des spectacles grandioses et une façon de voir les choses tout à fait surprenante. Les rivières scintillaient, les grandes forêts n’étaient que de grandes tâches vertes, même les collines semblaient ridiculement accessibles. Désormais, il guettait avec impatience la prochaine fois qu’il pourrait monter dans un de ces engins. Mel’Ermat tourna la tête pour vérifier que ses hommes étaient parfaitement immobiles en rang puis regarda le véhicule de son roi s’arrimer au sol. Celui-ci devait d’ailleurs être pressé d’en terminer car, après sa garde royale, il fut l’un des premiers à sortir de la plateforme ventrale de l’appareil. Pour les mêmes raisons topographiques qui empêchaient les constructions, les ballons dirigés ne pouvaient pas se mettre de façon complète sur le sol. Mel’Placer garda un visage fixe jusqu’à ce que qu’ils soient pratiquement en face l’un de l’autre. Là, il fit un signe de tête, un mince sourire puis se mit en avant vers les carrosses postés là. Mel’Ermat le suivit et fit un signe de la main vers ses hommes qui encadrèrent, aidés de la garde royale, les carrosses. Assis dans le chariot, Mel’Placer ne lui jeta pas un coup d’œil, se contentant de regarder d’un air sombre l’Impériale qu’ils traversaient de part en part. Mel’Ermat ne s’offusquait pas de l’attitude de son supérieur, ce n’était pas la première fois que l’homme se montrait lunatique. Cela arrivait souvent quand il était fatigué et il ne fallait pas le prendre personnellement. Cela l’embêtait quand même car le rapport qu’il allait lui faire était assez important pour qu’il soit commencé dès lors. Il fallait néanmoins attendre… et cela dura si longtemps qu’ils rentrèrent à la villa et se changèrent avant, qu’enfin, le roi décide d’aller voir Mel’Ermat, l’étage en dessous. Il entra sans formalité et se laissa tomber dans le fauteuil noir qu’il semblait apprécier. Il soupira puis fixa Mel’Ermat. -Allez, raconte-moi tout ce que j’ai raté ! Mel’Ermat fit alors son rapport sans ne rien oublier. Il commença par la collision entre les bateaux et ce qui semblait être une première attaque. L’arrivée en ville puis la deuxième attaque. Leur arrivée ici puis la fête chez Regut. Il termina en passant rapidement sur tous les autres sujets : la présence hypothétique d’Ombres, la guerre au Sud, leur achat de toute la nourriture de l’Empire ainsi que la mort des rois. Ce fut cette dernière nouvelle qui choqua plus son interlocuteur. Mel’Ermat en déduisit que le roi n’aimait pas se voir rappeler sa propre mortalité. Si cela pouvait le rendre prudent, ça ne serait pas un mal. -On m’a remis une convocation pour le conseil, tout à l’heure, ils vont avancer l’élection, annonça Mel’Placer. Cela ne semblait pas lui faire plaisir. Il croisa les jambes et les bras. -L’annonce devrait avoir lieu aujourd’hui même, comprit Mel’Ermat. Cela ne nous laisse plus beaucoup de temps. Pour l’instant, je suis sûr que Syrarture votera pour nous ainsi que la majorité des seigneurs de Mel. Les intendants de Sustor et Terra, après la mort de leurs rois, vendraient leurs voix à celui qui abrégera au plus tôt l’élection. Ce qui ne laisse comme candidats possibles que : Kator, Ostel et Sal. Regut n’aurait dit qu’il n’était pas intéressé et Frendlorian, notre cher Empereur et roi de l’Ostel en tant que candidat sortant, aura trop à faire avec les révolutions dans son royaume pour avoir envie de refaire un mandat. Théoriquement, cela nous laisse que le royaume de Sal et Iri. -Iri est trop faible pour le titre, il n’a pas la carrure, dit clairement Mel’Placer en hochant la tête. -Dans ce cas là, conclut Mel’Ermat, nous serions les seuls dans la course au pouvoir. Mel’Placer hocha la tête, ce coup-ci, c’était de satisfaction. -Lors de la cérémonie d’ouverture de l’élection, je tenterais d’en savoir plus pour savoir quelle est vraiment la position de Frendlorian, Iri et Regut. Si l’annonce avait lieu aujourd’hui, la cérémonie se ferait le soir même et les portes seraient fermées dans la foulée. -Pour ce qui est de la fête du printemps, elle s’est plutôt bien passée, mais je suis sûr que tu as déjà lu les rapports. Mel’Ermat acquiesça. -Très bien, fit-il, il faudra se pencher à notre retour sur ces courses de chevaux et aussi sur la gestion de nos troupes à la frontière. Je suis quand même inquiet de savoir ce qu’il se trame. Le roi fronça les sourcils. -Et il y a également des demandes d’implantation de l’un des ordres religieux, je ne sais plus lequel mais ils étaient vraiment insistants. Mel’Ermat soupira franchement. -Je verrai ça à notre retour mais c’est rarement simple avec eux, se plaignit l’intendant. -Je te laisse le gérer ! dit Mel’Placer en se relevant de la chaise. Bien, je vais aller faire un tour en ville, nous nous verrons à la cérémonie. -A ce soir, conclut Mel’Ermat. Le roi quitta la pièce et Mel’Ermat décida de lui aussi se rendre en ville. Il n’avait plus beaucoup de temps et il allait être bien occupé. Il avait à traiter trois sujets en priorité : les rumeurs de guerre, l’élection et savoir si les Ombres étaient réellement revenues et s’ils craignaient quelque chose. Pour la guerre, seul son espion pourrait le renseigner. Il pourrait essayer de parler avec les intendants des royaumes du sud mais il était persuadé qu’ils n’auraient pas le temps d’un entretien avec tout ce qu’ils allaient avoir à gérer. Il ne restait plus que l’élection et les Ombres et pour ça, il avait sa petite idée quant à celui à qui il pourrait soutirer des informations. Il attrapa de la réserve secrète une petite bourse d’or et partit en ville. Il allait retourner voir Daros, cela lui semblait être la chose la plus pertinente à faire. Etrangement, il était encore une fois l’heure de manger. C’était fou ce qu’il pouvait y avoir comme coïncidence, sourit-il. Arrivé là-bas avec son escorte –qui resta pour le coup à l’extérieur–, il fut accueilli par le même jeune homme et il était encore plus sérieux que lors de leur première rencontre, si cela était possible. Il ne laissa pas le temps à Mel’Ermat de se présenter qu’il s’éclipsa en direction de la cuisine. La minute d’après, il revint et demanda à l’intendant de le suivre. Ils traversèrent la salle et, si ce n’était sa maîtrise hors-pair de soi, l’intendant se serait arrêté la bouche ouverte. Dans un coin de la salle, deux elfes et autant de nains discutaient. Mel’Ermat fit mine de ne pas les voir et se laissa guider jusqu’à l’exact opposé, où il ne put les voir à cause de grandes cloisons. Daros passa avec des plats et lui fit un signe discret et rapide. Ce message, qu’ils avaient pour habitude d’utiliser dans l’armée, signifiait « pas maintenant » ou « sois discret », ou quelque chose comme ça. Il prit son mal en patience et essaya de comprendre comment des nains arrivaient à discuter pacifiquement avec des elfes. Pour attendre, il fut aidé par des petites tartines de pain sur lesquelles on lui étala plusieurs ingrédients. Il reconnut tout ce qui était viande mais moins les sortes de pâtes. Ce n’était pas mauvais en soi sauf deux qui le firent grimacer. Heureusement, l’eau avait le mérite de faire vite passer la chose. Il n’était pas très fan de ce qui était amer. Une jeune fille lui apporta ensuite un tas de petite coupe dans lequel il devait tremper des galettes qui ressemblaient à du pain. Ce fut après quelques tests culinaires que Daros le rejoignit. -Comment ça va ? demanda le tenant des lieux en serrant la main que Mel’Ermat lui tendit. -Ca va, répondit l’intendant. Je viens aux nouvelles. Que diable peuvent faire des elfes et des nains ensemble ? s’étonna-t-il ensuite. -C’était pour ça que je te demandais d’être discret, avoua l’homme, j’essayais d’en savoir plus. De ce que j’ai pu capter, il s’agissait d’un accord mais il me manque les détails. Ce qui est sûr, c’est que cela contient une alliance militaire. -Une alliance militaire ? Entre des nains et des elfes ? Sérieusement ? -La bonne question serait contre qui, dit le tavernier. -C’est vrai, fit Mel’Ermat. -Des nouvelles de Ben Lor ? s’interrogea Daros. -Oui ! Je l’ai vu pas plus tard que l’autre jour. Ca avait l’air d’aller malgré la tentative d’assassinat. Il faudra qu’on mange tous ensemble un de ces jours. -Effectivement, rétorqua l’autre tout aussi ravi. Les trois avaient servi dans le même régiment de longues années auparavant. Il était rare qu’un tavernier puisse se vanter d’être ami avec un intendant et un roi. -Tu as appris pour son attaque du coup ? Mel’Ermat hocha la tête gravement. -On vit une sale époque quand même… Il ne le contredit pas. -Enfin, au moins, on est en vie ! acheva-t-il d’un sourire avec une claque sur l’épaule de son interlocuteur. Il attrapa une tartine et Mel’Ermat en fit de même. -Tu te rappelles quand on était coincé dans cette crevasse pendant la Longue Bataille ? -Oh que oui, sourit Mel’Ermat, j’ai bien cru qu’on allait y passer cette fois-là… Entourés par les monstres venus du nord, le reste de leur groupe avait trouvé refuge dans une sorte de grotte où ils avaient pu attendre les secours. -C’était le bon temps, murmura l’homme en regardant le sol. Ce n’était pas les termes qu’il aurait choisis mais il laissa Daros dans ses pensées. Il parut soudain se souvenir de la présence de Mel’Ermat. -Enfin ! Je suppose que tu n’es pas ici pour parler du passé ! Il fit un clin d’œil complice et Mel’Ermat ne put s’empêcher de sourire. -Non, effectivement, finit par répondre l’intendant après avoir avalé la meilleure tartine du lot. J’ai besoin d’informations. -Sur ? s’intéressa le tavernier. -Certains meurtres en ville pour commencer… Daros ne sembla plus à l’aise du coup et il gigota sur sa chaise comme s’il était à l’étroit dessus. -Je ne pense pas que ça soit quelque chose dont tu es envie de t’occuper… Il savait parfaitement de quels meurtres il s’agissait visiblement. -Il n’y a rien de naturel là-dessus, avoua-t-il. Et tous ceux qui ont fait mine de s’y intéresser sont tous portés disparus ou morts. -Ne t’inquiète pas autant, fit l’intendant sérieusement, je ne compte pas résoudre l’enquête moi-même, j’ai des hommes pour ça. Mais je pense que ça a un lien avec toutes ces attaques sur les rois et les intendants. -Bien, bien, concorda Daros qu’à moitié soulagé, tu devrais aller voir du côté de la caserne du capitaine Joly, du côté est de la ville. C’est lui qui mène les investigations, dis-lui que tu viens de ma part. -D’accord, c’est noté. Et à part ça, des choses importantes en ville ? L’homme prit son temps pour répondre. -Non, rien de spécial. Du fait de la fermeture en avance de la ville, les gens s’activent et beaucoup vont arriver aujourd’hui et nombre d’entre eux vont aussi partir. Les marchands commencent aussi à soudoyer des seigneurs pour qu’ils votent pour les candidats qui soutiendront leurs avis. Rien de bien méchant. -Bien, merci pour tout, conclut Mel’Ermat en se redressant non sans prendre une dernière tartine. Il déposa la bourse sur la table et l’autre s’empressa de la faire disparaître dans les recoins de son tablier. -C’est toujours un plaisir, acheva-t-il. Je vais aller retourner cuisiner. En effet, l’intendant n’avait pas fait attention mais les clients commençaient à se présenter. Réajustant sa tenue officielle, il s’éclipsa sans croiser le moindre regard. S’il tenait à garder l’anonymat, il faudrait vite changer de tenue. @+ -= Inxi =-
  20. Inxi-Huinzi

    Le Havre des Reines

    [quote]ur de ma vie, j'en ai vu des jeunots terrasser des gros bras, des vieux os rosser des montagnes. Je l'ai moi-même fait dans le temps. Ton histoire ne m'impressionne pas. Mais par curiosité, tu connaît son nom, à ce mystérieux lutteur ?[/quote] J'ai repéré une petite faute à la fin ! Pour le fond, je dois dire je suis surpris ! C'est un long passage que tu as mis là et généralement je trouve ça trop long. Mais l'allure que tu as pris dans ton histoire lance bien les choses et je me suis vraiment bien mis dedans. Tu nous as fait quelque chose de qualité. On a donc pour l'instant une mise en forme de la situation mais du coup on sait pas trop quel sera le but de l'histoire, j'attends la suite pour savoir ce qu'il va se passer @+ -= Inxi =-
  21. Hola tout le monde ! Merci pour ton retour ! Effectivement, ça pourrait ressembler a GoT mais que sur le principe. En fait GoT m'a inspiré un seul truc : essayez une histoire avec un côté politique. Mais en fait c'est plus sympa à la TV qu'en histoire car c'est quand même très mou /> Enfin en tout cas ça vaut poser de sérieuses bases à l'histoire, ça vous mettra bien dedans /> En attendant, sur le premier post je fais un édit pour rajouter une carte de l'Empire et une carte de la province de Mel pour que voyiez comment ca marche /> Il ne se trompa pas d’ailleurs de beaucoup puisque ceux-ci se présentèrent au portail une demi-heure plus tard. Coincée au milieu de montagne, il faisait vite nuit et par mesure de précaution, la herse était baissée. Après plusieurs tentatives d’assassinats sur sa personne et deux réussies sur des rois, il fallait faire attention. Les gardes ne jetèrent qu’un coup d’œil rapide sur les carrosses et continuèrent leur ronde. D’autres se précipitèrent vers le corps-de-garde et mirent en mouvement la lourde grille. Mel’Ermat resta sur le seuil, les mains croisées dans le dos. D’autres gardes sortirent dans la cour tandis que les premiers visiteurs descendaient des véhicules. Mel’Ermat ne semblant pas en danger, Mel’Cari renvoya ses hommes. C’était bien les visiteurs attendus. Des serviteurs vinrent également s’occuper des montures de chaque carrosse. Il y en avait quatre et ils prenaient une grande partie de la place présente. Par souci protocolaire, personne ne bougea avant que les seigneurs Mel’Varo et Mel’Ygha ne se soient les premiers à être accueillis. Mel’Ermat quitta son estrade de pierre, parcourut les quelques marches et alla dans leur direction. Il prit ainsi le temps d’évaluer les changements que le temps avait eu sur eux même si pour Mel’Varo, il l’avait vu quelques mois auparavant. Mel’Varo était le plus vieux des deux, il aurait pu même être le père de l’autre. Il dirigeait la province de la Riota, au nord de la province de Mel. Il était grisaillant de cheveux comme de barbe. Même sûrement un peu plus vieux que ça car les cheveux blancs semblaient s’être multipliés depuis la dernière fois. Il portait autant de pièces d’armures que en soie et il était très rare que Mel’Ermat l’ait vu sans. Juste à son mariage, tenta-t-il de se rappeler. En tout cas sa mine était sombre alors qu’il n’était déjà pas d’un naturel souriant. Mel’Ygha n’était d’ailleurs pas plus joyeux mais il avait plutôt tendance à se dérider avec une coupe de vin. Il dirigeait quant à lui la province de l’Epis. Il avait une barbe réduite à quelques traits sur le visage comme le faisaient certains jeunes se prétendant à la mode. Mel’Ermat admit néanmoins que ça lui allait bien. Il était d’ailleurs impeccablement vêtu et couvert d’un grand chapeau où une longue plume tenait comme par magie. Il portait néanmoins aussi une courte rapière à la ceinture. Derrière eux s’avançaient le reste de la troupe où Mel’Ermat put reconnaître le seigneur de la province du soleil, celui de la province de l’ouest, celui de la province du Crois et celui de la province du Chem. Ce n’était pas les plus grosses provinces à l’échelle du royaume mais cela en faisait toujours des gens influents. Les autres étaient des inconnus mais Mel’Ermat les salua de la même façon que les autres. Il ne fallait pas froisser les égos de chacun. Il saurait plus tard leurs identités. Il les invita à les suivre dans la petite salle à manger du rez-de-chaussée. Ici, des serviteurs en livrées les débarrassèrent des couches superflues. Ils restèrent silencieux, ponctuant les mouvements de remerciement jusqu’à ce que les seigneurs soient seuls. Mel’Ermat s’assit et invita tout le monde à en faire de même. Le plus dur dans ces retrouvailles était de faire fi du protocole et de parler comme si de rien n’était. Ce fut le seigneur Mel’Ygha qui se lança en présentant quatre de ses accompagnants. L’un d’entre eux était son fils, un autre était un de ses vassaux et les deux derniers étaient des seigneurs mineurs de tout le royaume. -La route a-t-elle été longue, Messieurs ? demanda l’intendant en occultant volontairement leur titre. Il était bon de leur rappeler que même s’ils étaient amis, il était celui qui commandait. Le plus vieux d’entre eux répondit, respectant la hiérarchie. -Plutôt bonne, fit Mel’Varo, l’arrivée s’est soldée par une pluie de mauvaises nouvelles comme d’eau. -J’imagine… répondit Mel’Ermat. Puis-je vous offrir à boire ? proposa-t-il alors qu’une nouvelle volée de serviteurs fit son apparition avec des plateaux chargés de bouteilles de vins. Chacun se fit servir mais personne ne reprit la conversation jusqu’à ce que les serveurs ne repartent. Il régnait un climat de méfiance bien plus étrange que ce que la réunion exigeait. -A ce propos, quand doit arriver Mel’Placer ? demanda le fils de Mel’Ygha sans viser particulièrement Mel’Ermat par cette question. -Des dernières nouvelles de Mel, le ballon dirigé devait partir hier soir, il devrait être là demain, répondit le seigneur de l’ouest. Mel’Ermat ne le savait pas. Ce n’était pas quelque chose qui figurait dans ses missives. C’était bon à savoir si tout devait être prêt pour son arrivée. -J’espère qu’il sera en forme, dit un participant, la situation exige de lui qu’il soit attentif. -Comment ça ? intervint Mel’Ermat. L’autre sembla mal à l’aise que l’intendant s’adresse directement à lui. Il remua sur son siège serrant sa coupe contre lui. -Il y a ces rumeurs de guerre… l’assassinat de Rouj… la tentative sur Ben Lor. Mel’Ermat ouvrit des grands yeux mais reprit vite son calme en sachant son expression en buvant à sa coupe. -Quand cette attaque a-t-elle eu lieu ? demanda Mel’Ermat. -Ce matin, fit le seigneur de la province du soleil. On dit qu’il les a tués tout seul. A priori, ils l’auraient attaqué alors qu’il s’entraînait. Mel’Ermat se demandait si les assassins savaient vraiment ce qu’ils faisaient. Il fallait être fou pour s’attaquer de front à Ben Lor alors que celui-ci était prêt à se battre. Mel’Ermat ne dit rien à propos du meurtre d’Aolin, il ne fallait pas jouer toutes ces cartes au premier tour. Il nota néanmoins que cela faisait une attaque supplémentaire contre un roi. Quelque chose clochait mais quoi ? -C’est une honte, dit un seigneur, vivement que ceux qui tentent ces actions soient pendus haut et court. -Je suis sûr que Regut y est pour quelque chose, dit le fils de Mel’Ygha ce qui lui valut un regard désapprobateur de son père puis une remarque cinglante. -Tu n’es même pas encore seigneur que tu critiques les rois ? demanda Mel’Ygha. Le jeune homme rougit et baissa les yeux. Ce serait un miracle s’il osait parler avant la fin de la soirée. -La remarque est quand même juste, dit le seigneur de la province du soleil –qui ne devait son nom qu’à la tradition–. Il serait le seul à gagner à ce que ses rivaux politiques disparaissent. Mais cela n’a pas de sens car il a annoncé qu’il n’était pas intéressé par le poste de l’Empereur. -Est-ce que Mel’Placer compte toujours se présenter ? demanda le seigneur du Chem à Mel’Ermat en ne cessant de faire tourner l’alcool dans son verre. -Oui, avoua l’intendant, nous comptons bien briguer le poste suprême. Deux des seigneurs finirent leurs coupes et les laissèrent sur la table. -Alors dites-lui que j’ai une bonne nouvelle. Même si vous l’avez décidé récemment, l’abandon de la course de Regut au début de l’année nous a fait penser que vous pourriez changer d’avis. J’ai donc laissé traîner mes oreilles et, avec ceux ici présents, nous avons travaillé le fond pour convaincre nos compatriotes de voter pour lui. Tout le monde écoutait attentivement et guettait la réponse de Mel’Ermat. En effet, ils avaient travaillé dans l’ombre sans lui dire ce qu’ils faisaient. Cela pouvait être assimilé à des complots. -Je ne vais pas vous dire que je suis content de ce que vous avez fait… Il les regarda un par un pour être sûr que le message était passé. -Mais je ne vais pas vous dire non plus que je ne suis pas satisfait. Il se retint de sourire. S’il craquait, il perdrait tout son sérieux. -Prévenez-moi la prochaine fois, je vous ferais peut-être gagner du temps. Comment savoir que nous n’avons pas promis les mêmes choses ? Qui paiera les factures ? demanda-t-il avec suspicion. J’espère que vous ne vous êtes pas engagés financièrement auprès de quiconque. Il est évident que je suis le seul avec Mel’Placer à pouvoir distribuer l’argent du royaume. Personne ne parla ni le regarda. Pourtant, certains se mordaient la langue. Si jamais il avait promis de l’argent contre des voix, ils devraient payer de leur poche. Mel’Ermat devrait surveiller les factures qui remonteraient ensuite de chaque province. Il était sûr que certains tenteraient de les faire passer dans les frais de fonctionnement. Il décida de partager avec eux les informations sur leur quête du pouvoir. -Pour l’instant, je sais que Ben Lor votera pour nous. Pour le reste, je n’ai pas encore pu leur en parler. D’après ce que je sais les… Il choisit ses mots afin de ne pas divulguer l’information clé. -…représentants de Terra et Sustor sont prêts à voter pour quiconque leur permettra de retourner gérer les problèmes du sud au plus vite. -Cela se comprend, acquiesça Mel’Varo. -Par contre, annonça Mel’Ermat, il s’avère que la séance de vote sera avancée à la semaine prochaine. -C’est impossible ! s’indigna le seigneur du Cham en renversant quelques gouttes d’alcool sur lui. Il sembla se rappeler à qui il parlait et qui il mettait en doute. Il nuança sa remarque : -Quand feront-ils l’annonce publique ? Il reboutonna sa veste pour cacher les tâches. -Demain, dit Mel’Ermat. Cela ne nous laisse plus beaucoup de temps pour convaincre tout le monde. Le royaume apprécierait d’ailleurs les efforts qui seraient entrepris par chacun pour aider le roi à devenir empereur. Cela garantirait à tous des prix alimentaires raisonnables pour l’année à venir. Mel’Ermat cacha à peine sa menace. Tous devaient savoir ce qu’il avait fait : acheter toutes les réserves de nourriture de l’Empire pour en décider les prix de revente. D’ailleurs, pas un ne broncha. Sauf le plus jeune d’entre eux. Il n’avait pas dû être mis au courant des affaires économiques et n’avait pas compris ce qu’il s’était dit entre les lignes. Ils se mirent alors tous à débattre de ce qu’ils tireraient de l’élection de Mel’Placer en tant qu’empereur. Mel’Ermat écouta sans particulièrement s’impliquer. On vint les chercher après une dizaine de minutes pour le diner. Quand l’intendant leur annonça le menu, les sourires s’élargirent. Ils appréciaient visiblement l’attention. Ils montèrent au premier étage qui était la plus grande pièce de la villa. C’était une pièce vide qu’on aménageait en fonction des occasions. Aujourd’hui, on avait créé une ambiance plutôt chaude à l’aide d’une trentaine de petits braseros disposés tout autour de la table le long des murs, de grandes plantes vertes et de grands tapis à dominance rouge. Il y avait une grande table couverte de mets qui auraient donné l’eau à la bouche à n’importe qui. De la salade, des concombres, des pois, les fameux poulets, des œufs à la poêle, de la charcuterie et beaucoup d’alcool. Tous prirent un siège et posèrent leurs coupes de vin, finies ou non, à côté d’autres au niveau des assiettes. Certains déployèrent les serviettes sur leurs genoux, d’autres autour du cou tandis que certains attrapèrent des morceaux de pain qu’ils se mirent à grignoter. Comme précédemment, personne ne parla jusqu’à ce qu’ils soient seuls dans la pièce et qu’ils aient été servis. L’entrée se composait d’une salade composée de lards et de petits morceaux de pommes de terre recouvertes de sauce douce. Mel’Ermat comprit que « le sujet important » n’avait toujours pas été évoqué. Ils mirent d’ailleurs du temps à y venir malgré toutes les perches que tendit Mel’Ermat. Ils parlèrent néanmoins d’un grand nombre de sujets. Tous plus ou moins épineux. Mais en majorité, ils rirent beaucoup et l’alcool les détendirent tous. La route de l’ouest ne provoqua pas de polémique ici puisque tous y étaient favorables. Ils furent cependant, et l’intendant ne s’y attendait pas, plus partagés sur la ville qui s’était créée après que les bateaux se soient emboutis les uns dans les autres. Ils furent fascinés lorsque Mel’Varo, suite à une alliance que Mel’Ermat ne trouvait pas très claire, leur avoua qu’il avait rencontré les émissaires du peuple de l’air qui étaient en ville. Ils débattirent aussi de la compagnie de mercenaires en ville ainsi que des vagues de meurtres. Ils discutèrent de mariages, d’alliances et de naissances. Ils firent des prévisions sur l’évolution des royaumes du sud à la suite de la mort d’un des rois et de la maladie de l’autre –Il ne leur dit finalement pas qu’il avait appris son décès quelques heures auparavant–. Ils discutèrent longtemps, et avec un peu trop de passion, des hausses d’impôts qui étaient prévues l’année suivante ainsi que le coût qu’avaient les soldats à la frontière nord. De là, ils dérivèrent sur les rumeurs de guerre du sud. En effet, le seigneur de la province du Crois était un ami du seigneur Mel’Frontad et il semblait tout aussi averti de ce qu’il se passait à la frontière sud de l’Empire. Son témoignage recoupait les informations de son espion : on ne savait rien si ce n’était que personne ne revenait des explorations. C’était un peu maigre pour parler de guerres. De là, ils embrayèrent sur la mystérieuse prophétie. Mel’Ermat espérait que c’était à cause de l’alcool qu’ils semblaient passionnés car croire à ce genre de choses n’apportait rien de bon. Pourtant, on finit par l’interpeler pour lui parler de quelque chose. Tous se turent et l’intendant comprit qu’ils avaient atteint le fameux sujet tabou. -Vous savez ce que je pense de cette prophétie, préféra répéter Mel’Ermat. -Oui, dit Mel’Varo mais nous pensons avoir trouvé l’enfant… Il y eu un grand blanc mais Mel’Ermat se pencha en avant, intrigué, désireux d’avoir plus d’informations. -Comment ça… vous avez l’enfant ? Répéta-t-il lentement, le regard noir. Malgré le fait qu’il était de dix ans son aîné, Mel’Varo ressemblait à enfant en train de se faire gronder. Il tenta de s’expliquer bien que tous présents devaient être complices. -Je crois que cette prophétie est… sous-estimée, tenta-t-il de dire diplomatiquement bien que Mel’Ermat comprit le message qui lui était adressé. Nous avons pensé que si celle-ci avait la moindre possibilité d’être vraie, il faudrait au plus tôt mettre cet enfant sous notre protection. Il nous a fallu six mois pour mettre la main dessus et nous n’étions pas les seuls sur sa trace. -Comment savoir que c’est lui ? Voulut savoir Mel’Ermat. Non ! se reprit-il immédiatement frappant la foule de stupeur. Je ne veux pas savoir, c’est un tas d’imbécilités ! Vous avez réellement enlevé un enfant sur la base de racontars ? -Sa mère nous l’a confié, se défendit vexé Mel’Ygha. Vous devriez parler avec lui et voir ce dont il est capable, vous seriez surpris… Il se tut. Mel’Ermat décida de se calmer, il ne servait à rien de s’énerver. Le mal était fait. -Bien, maintenant que cet enfant est sous votre aile, garde-le en sécurité. Ce n’est pas une priorité. Il n’y a ni guerre, ni fin du monde à ce que je sache. Concentrons nous sur l’élection. Cela clôturait la discussion. Ils ne semblaient pas avoir d’autres choses à dire de toute façon. Ils s’y connaissaient tous en politique pour ne rien laisser paraître. Il était très dur de se remettre à parler après une telle intervention. Heureusement, les desserts arrivèrent et l’alcool effaçant rapidement les remontrances, ils se remirent à discuter de banalité. Mel’Ermat savait que le sujet reviendrait un jour sur le tapis. Trop de personnes prenaient cette prophétie au sérieux pour l’ignorer plus longtemps. Au final, la soirée aurait pu être pire. @+ -= Inxi =-
  22. Hola, vendredi je joindrai une carte des lieux pour que vous vous situiez ! Il s’étira et laissa les papiers dans un coin. Il aurait le temps de les ranger plus tard. Finalement, au moment de franchir le porche, il se ravisa et glissa les papiers dans le mur avec l’or. On ne savait jamais… Les soldats s’entraînaient dans la cour sous l’œil de Mel’Cari. Visiblement, son colonel n’avait pas perdu son entrain malgré sa blessure à l’épaule et les militaires travaillaient une parade plutôt compliquée. Quelques autres usaient d’arbalètes contre des mannequins dont le jeune Mel’Eclé qui avait prouvé qu’il savait d’ailleurs bien s’en servir. Mel’Ermat attrapa une épée et la soupesa. Quand il leva les yeux, il vit que tous le fixaient. Ce n’était pas rare qu’il s’entraîne avec eux pourtant on aurait dit à chaque fois que c’était l’évènement du siècle. D’habitude, il s’entraînait avec son colonel qui était un bon professeur et adversaire mais sans son bras, il lui faudrait quelqu’un d’autre. Le colonel fronça les sourcils mais désigna un gros bras de sa troupe. L’homme, qui dépassait Mel’Ermat d’une tête dans les trois dimensions, était un mal rasé que personne n’aurait affronté volontairement. -Seigneur, fit-il avec une voix douce qui contrastait de façon choquante avec son physique, je v… Mel’Ermat ne le laissa pas finir. -Assez, soldat ! Bats-toi comme contre tes camarades ou voudrais-tu me déshonorer en te battant comme une fillette ? Mel’Ermat n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Il devait néanmoins pousser un peu à la colère son adversaire s’il voulait que l’autre ne retienne pas ses coups. Une main dans le dos, l’intendant du royaume de Mel pointa sa lame dans la direction de son soldat. Il se concentra. Il n’était pas non plus là pour jouer, ils se battaient avec de vraies épées. Les deux hommes se tournèrent autour tandis que Mel’Cari exhortait les autres à se remettre à leurs propres affaires. Pourtant le cœur n’y était plus et tous louchaient pour regarder leur chef s’entraîner. Entraîné par son colonel, Mel’Ermat savait que celui-ci n’attaquerait jamais et le laisserait venir. Il ne se fit donc pas prier et se fendit en avant puis recula tout aussi vite. L’autre réagit promptement et décala l’épée d’un revers de la sienne. Mel’Ermat sourit alors qu’il essayait de le retenir. Il détestait la guerre, il aurait tout donné pour oublier tout ce qu’il avait vécu au front… Et pourtant… Cette sensation… Qu’est-ce qu’il aimait l’ivresse des combats ! Encore quelques coups et les deux combattants s’écartèrent. Il ne semblait pas décidé à lui faire le moindre cadeau. Mel’Ermat avait beau être le chef de son chef, ils s’entraînaient à armes réelles et la moindre concession pouvait engendrer une blessure. L’intendant fit une passe en avant et l’autre évita le coup en sautillant vers l’arrière. Il contra alors par une série de coups partant du haut vers le bas puis de gauche vers la droite. Mel’Ermat para sans mal mais la force des frappes lui laissa l’épaule engourdie. Il était sûr que même si le soldat se battait bien, il n’y mettait pas toute sa force. Il devait le pousser à bout, ce n’était pas contre un adversaire timide qu’il s’entraînerait réellement. Mel’Ermat se précipita alors en avant ce qui cassa le rythme lent du combat qu’il avait commencé. Il frappa de haut en bas puis commença à se baisser en pivotant sur lui-même. D’un revers du poignet, il frappa du côté de sa lame l’arrière de la jambe de son adversaire. De cette position, le coup ne pouvait pas vraiment prétendre à quelques dommages mais il en serait quitte pour une coupure et peut-être l’envie de ne plus se retenir. L’autre retint un grognement et se retourna pour faire face à Mel’Ermat. Il hocha la tête, comprenant parfaitement ce que l’intendant de Mel’Placer attendait vraiment de lui. Ce fut lui qui mena la charge suivante. La différence fut flagrante. Mel’Ermat para le premier coup et faillit lâcher son épée. Il changea immédiatement de technique et se contenta de dévier la lame plutôt que d’absorber la force de son adversaire. Même ainsi, il était nettement en désavantage et cela lui coûtait en énergie. Après une nouvelle parade, l’autre profita de son élan et de son gabarit pour lui mettre un coup d’épaule qui l’envoya en arrière. Mel’Ermat dut battre des bras de façon peu conventionnelle pour se rétablir. L’autre ne lui laissa pas une minute de répit et continua le combat et frappant de plus en plus fort –du moins c’était comme ça qu’il le ressentait–. Mel’Ermat était moins assuré sur ses contres et il avait l’impression que la poussière qu’il soulevait dans leurs déplacements lui piquait les yeux comme la gorge. Son adversaire transpirait également mais sa gestion de la fatigue était plus efficace que la sienne. Surtout si on considérait le fait qu’il avait eu des entraînements quotidiens et que, psychologiquement, il savait la victoire proche. Mel’Ermat respirait fort et ne se concentrait que sur les mouvements de son adversaire. Il n’avait même plus le temps d’essayer de contre-attaquer et quand on en arrivait là, cela laissait présager une fin plutôt abrupte du combat. Alors que Mel’Ermat s’apprêtait à encaisser une nouvelle charge, ils furent interrompus par une arrivée de cavaliers. Ils portaient les armoiries du royaume de Terra. Ils étaient vêtus de vêtements de voyages et arboraient un brassard noir. Cela ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Les soldats arrêtèrent leur semblant d’entraînement pour de bon et se tournèrent lentement vers les cavaliers, ayant du mal à changer l’intérêt qu’ils avaient eu à regarder Mel’Ermat s’entraîner. -Tu te bats bien, dit Mel’Ermat en déposant son épée et ses gants au sol. Mais je n’ai pas besoin de pitié. La prochaine fois, le soldat se battrait correctement dès le début. Il était là pour s’entraîner, pas pour faire semblant d’être un maître escrimeur. Il prit la direction des cavaliers qui attendaient devant le corps-de-garde. Les chevaux n’arrivaient pas à rester calmes et ils piétinaient sur place. Ils devaient refléter l’humeur de leurs cavaliers. -Seigneur Mel’Ermat… se présenta un cavalier en tendant une missive. L’intendant aurait bien répondu mais il n’arrivait pas à retrouver le nom du soldat ni même s’il le connaissait vraiment. Pressés, ceux-ci tournèrent bride immédiatement et s’en allèrent. Mel’Ermat regarda la lettre. Elle était cachetée d’un sceau de cire encore intact. Il le rompit et en tira une lettre qui lui fit froid dans le dos. L’écriture de la présente était solennelle. Visiblement, elle était destinée à Mel’Placer ou à « toute personne ayant autorité sur le royaume de Mel » ce qui lui correspondait assez. Il y avait quelques lignes mais chaque mot avait son importance. Le roi de Terra, Rouj, avait été assassiné. Les causes de la mort n’étaient pas précisées. Les funérailles avaient lieu la veille de la grande fête du savoir et tous y étaient conviés. Malheureusement avec les élections, personne n’irait. Cela tombait à un mauvais moment, vraiment. Il plaignait aussi les royaumes du sud de Terra et Sustor dont la grande fête du savoir serait gâchée par cet évènement. Mel’Ermat se demanda si cela avait un lien avec la prétendue guerre du sud. Son espion en saurait peut-être plus, il avait intérêt. Il rangea la lettre dans une de ses poches et s’apprêta à retourner s’entraîner quand un cavalier, seul cette fois-ci, s’arrêta devant le portail. Il n’avait ni symbole des Messagers, ni d’armoiries particulières. Le cheval ne semblait pas le sien et sa tenue vestimentaire ressemblait plus à celle d’un serviteur. Il jeta un coup d’œil en arrière pour voir que certains de ses hommes avaient leurs arbalètes armées sur leurs genoux. Ils paraissaient ne pas regarder par là mais Mel’Ertmat se savait protégé. Il se sentit alors plus serein et attendit de voir ce que voulait le nouveau venu. -Seigneur, s’annonça-t-il d’une courbette qui lui fit presque toucher le sol de ses genoux. Il était petit, barbu, mais ne semblait pas agressif. -Les seigneurs Mel’Varo et Mel’Ygha vous font parvenir la nouvelle que ceux-ci viendront vous rendre visite avant l’heure du souper. Ils vous font dire qu’il y a d’importants sujets qu’ils ont à discuter avec vous. -C’est toujours le cas… maugréa-t-il doucement. L’autre fit une grimace et tendit réellement l’oreille. -Dites-leur que ça sera avec plaisir ! répondit Mel’Ermat plus fort cette fois-ci. L’homme sourit et fit une nouvelle courbette. -Je leur dirai ! Ces seigneurs étaient presque des amis. Mel’Ermat ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils rodaient autour de lui à cause de son statut mais il n’avait jamais eu à se plaindre d’eux et ils s’étaient déjà retournés des faveurs les uns les autres. Ils étaient de façon certaine acquis à la cause de Mel’Placer et il ne faisait pas de mal de remercier les anciennes alliances autour d’un repas. C’était bien évidemment de ça qu’il s’agissait. En choisissait cette formulation là, ils s’étaient clairement auto-invités à manger. De plus, connaissant les deux individus, ils viendraient accompagnés d’autres seigneurs mineurs. Il espérait juste que les conversations seraient réellement importantes. Il était déjà sûr de savoir de quoi parleraient certaines d’entre elles : mort de Rouj et du futur Empereur. Le temps qu’il sorte de ses pensées, le serviteur était déjà parti. Ses troupes s’étaient remises à s’entraîner mais, lui, en avait perdu le goût. Il devait confier de nouvelles missions à son chef-espion mais comme pour le précédent, il n’avait aucune idée de la façon dont le contacter. Il fallait juste… attendre. Et ce n’était pas quelque chose qu’il adorait faire. Il prit alors la direction des cuisines. A cette heure-ci, elles étaient en effervescence. Mel’Ermat se glissa jusqu’au cuisinier qui arrivait à garder une ligne filiforme malgré son métier, ce qui était plutôt rare. -Nous aurons des invités pour ce soir, lui annonça Mel’Ermat, il faudra prévoir une dizaine de personnes. L’homme tourna la tête vers lui, abandonnant la concentration qu’il avait sur son bouillon qu’il mélangeait à un rythme constant. -Compris, mon seigneur, voulez-vous des mets en particulier ? Mel’Ermat allait dire que non mais se ravisa. -Du poulet avec des pommes de terre, cela ira très bien. Et nous prendrons du vin rouge pour accompagner le tout. Et aussi du pain frais, celui avec la levure. C’était plus cher mais ça serait un bon repas. De souvenir, c’était ce que Mel’Varo et Mel’Ygha préféraient. Il espérait ne pas se tromper. -Bien, ce sera prêt pour le coucher du soleil. -Entendu, fit Mel’Ermat. Ils seraient sûrement là avant. Il n’était pas rare qu’ils apportent leurs propres bouteilles et qu’ils les dégustent sur la terrasse en attendant le diner. Il retourna alors dans sa chambre et chercha une tenue appropriée pour le soir. Une fois n’était pas coutume, il opta pour un ensemble rouge plutôt foncé. Il n’était pas un grand admirateur des couleurs pétillantes mais il était bon parfois de savoir changer. Le rouge étant aussi une couleur forte, ses interlocuteurs seraient prévenus. Une fois qu’il eut laissé sa tenue prête sur le lit, il se pencha sur les rapports financiers qu’il avait amenés avec lui. Tous les six mois, il se prenait une semaine pour faire le bilan financier du royaume afin de surveiller leur activité économique. Comme les deux seigneurs qui venaient étaient tous deux gérants d’une région du royaume, ça serait l’occasion de faire le point avec eux et d’avoir la réponse à quelques questions. Il pensa faire ça vite mais le temps de tout assimiler de nouveau, il en eut pour pratiquement deux heures. Il fut tellement pris dans ses lectures qu’il ne remarqua qu’en début d’après-midi qu’on lui avait monté dans sa chambre un plateau avec de la nourriture désormais froide. Heureusement c’était un reste de rôti et des haricots secs si bien que cela se mangeait aussi bien refroidi. Son estomac lui notifia quelques crampes devant ce spectacle appétissant. Mel’Ermat se mit sur un coussin au sol et mangea, toujours perdu dans ses pensées. Il avait une boule au ventre en pensant à cet assassinat. Visiblement, les rois et leurs secondes mains n’avaient pas la côte en ce moment. Il faudrait se renseigner pour savoir ce qu’il en était des autres. On avait déjà cherché à le tuer et cela avait fonctionné pour le roi Rouj. On frappa à la porte-fenêtre de la terrasse. Mel’Ermat ne prit pas la peine de tourner la tête. Il n’y avait qu’une personne capable d’apparaître par là. -Entre Llis, fit l’intendant en se relevant avec regret du confortable coussin sur lequel il était assis. Les deux hommes se saluèrent. L’espion ne portait pas de capuche et ses vêtements noirs de la veille avaient été troqués contre quelque chose de plus brun. Il ne portait plus la cape qui s’adaptait à son environnement. Mel’Ermat s’étonna encore de la jeunesse de son responsable. Ses yeux verts ressortaient plus maintenant qu’il avait nettoyé son visage de la terre qui le maculait auparavant. -J’espère que tu as des nouvelles pour moi car j’ai une toute nouvelle série de questions ! demanda Mel’Ermat. -Je pense avoir quelques exclusivités mais je pense que je vais également aggraver ces questions qui se posent. J’ai deux sujets majeurs : La mort des rois et l’élection. Par quel sujet je commence ? -La mort des rois ? s'époumona littéralement Mel’Ermat. -Je suppose que c’est donc ce sujet que nous allons aborder en premier. -Je pense que vous êtes au courant pour Rouj… Il s’avère que Aolin a aussi été tué. -Comment c’est possible ? Pourquoi personne n’est au courant ? -Parce que c’est un empoisonnement et qu’il n’est pas vraiment encore mort quoique depuis que le message est parti, cela doit être le cas. Ils ne préfèrent pas l’ébruiter pour éviter la pagaille et pouvoir ainsi faire une enquête tranquillement. -Et pour Rouj ? -Brûlé… magiquement. -Les magiciens seraient impliqués là-dedans ? -Je ne sais pas encore, dit l’espion, mais il ne fait aucun doute que l’attaque fut magique. Il n’a été retrouvé qu’un tas de cendre au milieu de la chambre. Le lit avait partiellement brûlé mais tout le reste était intact. Mel’Ermat soupira. Il se passait quelque chose, il en était sûr. -Et qu’en est-il de la deuxième nouvelle ? -J’ai entendu des rumeurs comme quoi les séances d’élection seraient avancées. Mel’Ermat réfléchit. -Ca se comprend, les royaumes du sud sont sans dirigeant vraiment officiel tant que les intendants sont ici. Ils voudront que tout aille au plus vite afin de retourner organiser leurs royaumes. Sait-on quand aura lieu le début des hostilités ? -On parlerait d’ici une semaine, soit deux semaines avant ce qui devait se faire. On compte faire l’annonce publique demain matin afin que ceux qui veulent quitter la cité le puissent avant d’être coincés. Seul l’Empereur actuel avait le pouvoir de prendre cette décision. Les informations voyageaient vraiment vite. Cela créerait par contre des problèmes pour ceux qui comptaient arriver dans les deux semaines suivantes. S’ils n’étaient pas informés de l’avancée de l’élection, ils trouveraient portes closes. Les Messagers risquaient d’avoir du travail dans les jours qui venaient. Il se fit aussi la remarque pour lui : en effet, il n’avait plus qu’une semaine pour rallier du monde à la candidature de Mel’Placer. Il devrait donc se concentrer sur les autres rois qui détenaient la majorité des voix, tant pis pour les seigneurs de chaque royaume. -J’ai aussi eu des nouvelles du Sud sur ce dont on s’interrogeait. -Aussi vite ? s’étonna Mel’Ermat. -J’ai des moyens… très onéreux pour pouvoir faire passer des messages, avoua l’espion. Les pierres de communication coûtaient trop chères, Llis ne pouvait pas parler de ça. -Quelque chose se mijote au Sud, c’est une certitude. Même mes hommes craignent de s’approcher de la frontière. J’ai dû en menacer pour qu’ils aillent voir de plus près. J’aurais des réponses à la fin de la semaine. -Très bien, approuva Mel’Ermat qui n’aimait pas ces rumeurs qui se vérifiaient. -Autre chose, dit l’espion qui quitta son siège pour arpenter la pièce en tirant sur sa tunique pour la réajuster. Il y a aussi une vague de meurtres inhabituels en ville. -Et alors ? fronça des sourcils l’intendant. -Les meurtres… sont… sortent de l’ordinaire dirons-nous. Ce ne sont pas des humains qui ont commis ces assassinats. Il continua tout de suite, éludant les questions que Mel’Ermat allait poser. -Ni des elfes, des nains ou quelques races que ce soit… Et ça ne peut pas être non plus une des Quatre Races dont tous les représentants sont en ville, d’ailleurs. -Qui cela nous reste-t-il alors ? réussit à articuler Mel’Ermat alors qu’il connaissait déjà la réponse. -J’ai bien peur que cela ne concerne un autre de nos problèmes, les Ombres. Mel’Ermat n’aimait vraiment pas la tournure des évènements. -Est-ce que cela ne pourrait pas être la faute de cette compagnie de mercenaires qui est en ville ? On dit que c’est un ramassis de meurtriers. -La compagnie d’argent ? Non, fit l’espion, impossible. J’ai déjà eu à faire avec eux et ils ont moins bonne réputation que la réalité. J’admets que certains d’entre eux mériteraient d’aller en prison mais l’Empereur lui-même s’en sert lors de situations... qui ne seraient pas résolues d’une autre façon. -Cela explique pourquoi ils ont champ libre dans la Capitale… Grommela Mel’Ermat. Si Mel’Placer est élu, je mettrai rapidement de l’ordre là-dedans. -Si cela arrive, contra l’espion, je vous conseille de vous entretenir avec eux, vous pourriez être surpris. Mel’Ermat leva un sourcil franchement surpris puis balaya la remarque de la main. -En attendant, restons vigilants. Continue de glaner le plus d’informations possibles et préviens-moi dès que tu auras des nouvelles du Sud. Si nous devons mobiliser, que je le sache au plus vite. -Bien entendu, fit l’autre en hochant la tête comme si c’était une évidence. Je vais devoir y aller, ajouta-t-il, Regut a prévu de recevoir des dignitaires ce soir et je compte être dans les environs afin de savoir ce qu’il se dit. Mel’Ermat ne dit rien mais il pensa très fort. Il était très dangereux d’enquêter sur Regut. Sa dernière frasque sur son mariage avec sa propre fille en disait long sur sa santé mentale. Son royaume vivait sous un véritable règne de terreur et il ne faisait pas bon d’être attrapé en train de nuire, réalité prouvée ou non. L’espion disparut par la terrasse et Mel’Ermat n’essaya pas de perdre son temps à comprendre par où il passait. Néanmoins, il finit par s’y rendre pour regarder l’arrivée d’un ballon dirigé. Ces gros bateaux volants soulevés par de l’air chaud étaient encore très rares. Seuls les plus fortunés et les plus pressés pouvaient se les offrir. Celui là était de couleur bois et se posa au centre de la ville. Mel’Ermat imaginait nettement le spectacle que tous devaient admirer là-bas. Après une demi-heure, il décolla de nouveau et s’éleva progressivement au-dessus des pics. Il n’y avait pas de place ici pour stationner des engins de cette taille. Le soleil avait déjà disparu et même s’il n’était qu’en fin d’après-midi d’un printemps bien entamé, il avait froid. Mel’Ermat partit enfiler ses affaires du soir, il ne restait de toute manière plus qu’une heure avant que ses invités n’arrivent. @+ -= Inxi =-
  23. Merci ! Ca en fait au moins deux Le rythme va commencer à s'accélérer !! Devinez vous ce qu'il se passe ? Au tout début, dans la semaine je pense, je mettrai une carte de l'Empire et un glossaire des noms pour que ça soit plus facile d'imaginer. Chapitre 8 Mel’Ermat se réveilla avec l’impression d’être aussi fatigué que la veille. C’était généralement le signe qu’il avait passé une nuit agitée et qu’il avait dû autant rêver que cauchemarder. Le fait qu’il ne dorme pas avec sa femme jouait également en sa défaveur. Sa présence réconfortante à ses côtés était aussi gage de bonne nuit de sommeil. Essayant de se rassurer en se convainquant que dormir était toujours dormir, il se frotta les yeux et s’extrait du lit. La maison semblait calme et il s’en réjouissait. Rien de plus désagréable qu’une maison bruyante lorsqu’on venait de se réveiller. L’extérieur, par contre, était nettement plus agité. C’était le milieu de la matinée et les hommes étaient à l’entraînement. Mel’Ermat rejoignit sa terrasse et se pencha du côté cour de la villa. Mel’Cari, malgré sa blessure à l’épaule, continuait à diriger ses troupes d’une main de fer. En ville, il ne pouvait les faire courir mais il pouvait toujours leur faire manier l’épée. Ce dernier était d’ailleurs connu pour avoir des méthodes peu orthodoxes puisque les entraînements se faisaient à armes réelles. On avait déjà recensé des victimes mais cela restait rare. Mel’Ermat vit néanmoins qu’ainsi, les entraînements étaient vraiment pris au sérieux. Le colonel lança un ordre que Mel’Ermat ne capta pas de son étage. Les hommes qui se battaient lâchèrent leurs lames et continuèrent la lutte au corps-à-corps. L’intendant du royaume ne savait pas depuis quand ils s’entraînaient car la mêlée qui s’en suivit ressemblait beaucoup à des hommes roulant les uns sur les autres. A bout de force, ils étaient véritablement en train de se finir. Pourtant, ce spectacle dût s’arrêter lorsque trois cavaliers firent leur apparition sans se soucier des militaires. Ils ne leur jetèrent qu’un coup d’œil qui se fit dédaigneux. Les hommes arrêtèrent leur combat et se mirent en ligne sous le regard imperturbable de Mel’Cari. Même de loin, Mel’Ermat reconnut le brassard caractéristique des Messagers. Il s’habilla donc en vitesse avec les mêmes affaires que la veille et se jeta dans les escaliers. Chanceux qu’il fut, il ne croisa aucun serviteur qui aurait pu s’interroger sur son comportement. Arrivé pratiquement en bas, il ralentit sa course et reprit une allure plus digne. Le serviteur qui avait été désigné volontaire pour aller le chercher ouvrit grand la bouche de surprise en le voyant arrivé. Il était visiblement ravi de ne pas avoir à monter tous les étages. -Il y a des Messagers pour vous, mon Seigneur. -Merci, j’ai vu. Mel’Ermat prit directement la direction de l’extérieur en se demandant guère si son ton n’avait pas été trop sec. Ses préoccupations furent balayées par la conversation qui s’annonça avec les hommes. Ils étaient trois et à part le visage, ils étaient exactement identiques. -Message payé, urgent, main propre. Il lui tendit alors une pochette de documents et ne s’inclina pas plus que nécessaire. L’orgueil de cette caste était vraiment démesuré mais il n’y aurait eu qu’en étant roi qu’il aurait pu les remettre à leur place. Mel’Ermat fixa un instant leur cape brune et le brassard noir à l’aigle blanc. C’étaient des Messagers de son propre royaume. Il trouva encore plus aberrant leur attitude avec leurs propres compatriotes. Un chapeau triangulaire était enfoncé sur leur tête jusqu’au milieu de leur front et ils levaient tous les trois leur menton en posture de défi. Mel’Ermat continua de les fixer jusqu’à ce qu’il sente qu’ils étaient mal à l’aise puis les congédia de la formule rituelle. -Reçu et accepté, que le vent vous porte… -… et que les tempêtes évitent votre route, terminèrent ceux-ci. Ils firent un léger mouvement de tête et remontèrent leurs chevaux non sans un nouveau regard vers les militaires qui n’avaient pas bougé d’un iota. Les regards se firent plein d’animosité et Mel’Ermat espérait qu’ils ne se croiseraient pas au détour d’une taverne. Laissant ces préoccupations à Mel’Cari, son colonel, il décida de s’isoler pour lire son courrier sans être dérangé. Il fit demi-tour et s’installa dans les canapés du rez-de-chaussée. Là, il était isolé et les serviteurs qui passaient détournaient les yeux immédiatement. Il défit la première liasse et fit sauter le cachet de cire. Sans surprise, c’était le rapport du général Mel’Surika sur les évènements de la fête du Renouveau. Il parcourut les pages d’une traite sachant où lire les informations. Son général avait la manie d’écrire toujours ces rapports dans le même ordre. Il y avait donc eu autant d’arrestations que l’année précédente, toujours à cause de l’alcool. Il y avait néanmoins moins de casse et Mel’Ermat sut que le général avait dû mobiliser plus de monde pour assurer la sécurité. La ville avait fêté l’évènement comme il se devait et la population avait le moral au beau fixe. Une population qui avait le moral était une bonne chose car en général elle se mettait à dépenser plus qu’à son habitude. Plus de consommation signifiait plus d’activité et plus d’activité, plus d’impôts. Il notifiait que tous les groupes s’étaient tenus plutôt calmes, en tout cas, c’était ce qu’il écrivit. Il finit par parler d’un léger surcoût sur le budget car les personnes embauchées pour nettoyer la ville mirent pratiquement toute la journée suivante, au lieu d’une demi-journée espérée, pour ramasser toutes les ordures. Mel’Ermat vit que les documents suivants étaient des factures si bien qu’il laissa le tout dans le porte-document et le mit en bas de la pile. La liasse de documents suivante était bien plus importante que ce qu’il venait de lire. Son général lui faisait un rapport sur les premières cargaisons de blé qui commençaient à arriver au royaume. Le premier bon point, lit-il, était que la qualité de la commande était au rendez-vous et qu’ils avaient à dénombrer que très peu de rebuts à cause du transport ou des moisissures. Malheureusement, ces livraisons étaient celles des villes les plus proches. Celles venant des contrées les plus lointaines mettraient sûrement un mois de plus. C’était en général sur celles-ci qu’on notait le plus de problèmes. En effet, plus le voyage était long plus on prenait de risque qu’un sac ne s’éventre, que des bandits n’attaquent les convois, que la cargaison se volatilise ou que des bêtes ne viennent pourrir la farine. Le mauvais point, et Mel’Ermat dut relire plusieurs fois le paragraphe pour être sûr de ce qu’il lisait, était que la cargaison reçue était largement différente de ce qu’il avait commandé. En effet, leurs fournisseurs semblaient avoir encore moins de blé, de farine ou de céréales à fournir si bien qu’ils avaient compensé en envoyant d’autres denrées et des mots d’excuse. Cela n’aurait pas posé de problème si ça avait concerné un ou deux fournisseurs mais il semblait que chaque cargaison était touchée. Il se retrouvait donc avec d’énormes quantités de poissons, de viandes, de fruits, de légumes avec beaucoup de pommes de terre et de haricots. Il y avait sur les pages suivantes la liste de tout ce dont ils disposaient pour le moment. Il semblait que Mel’Ermat et ses renseignements avaient même surestimé les récoltes de l’année. A ce rythme-là, il serait rapidement le grenier de l’Empire et ils feraient alors la pluie et le beau temps sur les marchés. Mel’Ermat sourit. Cela semblait être une bonne nouvelle. Il faudrait qu’il y réfléchisse au calme. Cela allait poser de gros problèmes d’entreposage car chaque denrée se conservait d’une façon différente. La lettre suivante lui donna plus d’inquiétude. Il semblait que deux tentatives d’assassinat aient été déjouées. Personne n’avait l’air d’en savoir plus sinon que cela visait quelqu’un à l’intérieur-même du palais. Cette nouvelle ne faisait que trop écho à ses propres malheurs pour qu’il ne fasse pas de lien. Pour ce point-ci, il n’y avait rien qu’il ne puisse faire si ce n’était informer son réseau d’espions sur de nouvelles pistes possibles. Il lui annonçait aussi, puisqu’il ne l’avait pas fait sur le rapport de la fête, qu’on notait plus d’agitation que d’habitude parmi la population. On ne comptait plus les fous qu’on chassait de la ville annonçant la fin du monde proche et des tas de prophéties. Mel’Ermat jugea alarmante cette situation. Les rumeurs s’ancraient vite dans l’esprit du tout à chacun et un dicton disait que si on répétait un mensonge assez souvent, celui-ci devenait vérité. Encore plus grave, les rumeurs d’une guerre au sud semblaient s’avérer réelles. Avec l’accord du roi de Mel, Mel’Placer, le général avait mobilisé le royaume. Même sans les troupes qui combattaient au nord, cela représentait beaucoup de soldats. Coincé à la Capitale car on préparait le départ de Mel’Placer pour l’Impériale, Mel’Surika avait dû envoyer un autre général gérer leur frontière sud. Ils ne comptaient pas s’impliquer dans ce qu’il se passait mais ils contiendraient les débordements dans les royaumes voisins jusqu’à avoir des ordres sur quoi faire. Ils n’avaient en tout cas pas l’ordre de provoquer d’affrontements ce qui était plutôt une bonne décision. Mel’Ermat regrettait que la tradition empêchait le report de cette élection. Il espérait qu’une décision serait vite prise afin que tous puissent aller s’occuper de leur royaume respectif. Suivirent ensuite dans les papiers des factures que Mel’Placer n’avait pas eu le temps, ou n’avait pas eu envie de signer. C’était majoritairement des affaires que Mel’Ermat avait conduites. Il y avait notamment ces tous-nouveaux chariots à vapeur qu’il avait commandés. Ca coûtait assez cher mais il n’y avait rien de plus sûr pour collecter les taxes. Le reste était sans importance et peu urgent si bien qu’il passa à la liasse suivante. Le papier d’après n’était pas vraiment un rapport mais un article de journal. Mel’Ermat ne comprit pas l’intérêt jusqu’à voir un encart dans la partie inférieure gauche. Cela parlait de la compagnie d’Argent. Cette compagnie était des mercenaires reconvertis aux pillages et activités malhonnêtes en tout genre. Certains disaient que les pires côtés de leur réputation étaient infondés mais fait est que des mandats d’arrêt avaient été émis dans pratiquement chaque royaume. Malheureusement, la population les aimait plutôt bien et ne coopérait pas vraiment. Ils étaient pourtant accusés de vol comme de viol, de meurtres comme d’émeutes. Ce n’était donc que des brigands comme il en existait tant pourtant, dans le journal, le rédacteur annonçait clairement que ceux-ci étaient à l’Impériale. Si Mel’Ermat pouvait les faire arrêter, ce serait quand même une bonne chose. Restait plus qu’à savoir s’ils étaient recherchés dans la capitale. De mémoire, cela ne semblait pas être le cas. Il remit ce problème à plus tard, à plus forte raison que cela ne le concernait même pas. En pensant à la recherche de ces brigands, il pensa immédiatement à son espion. Cela lui rappela qu’il devait envoyer une lettre à son garde-chasse pour le prévenir qu’il allait avoir des renforts. Mel’Ermat lui avait donné la permission d’enquêter sur ces mystérieux cavaliers, ce n’était pas pour qu’il torture un de ses espions par malchance. Surtout que Mel’Ermat n’était pas très convaincu que cela leur plairait. Il était sûr qu’ils étaient même plutôt rancuniers. Pour penser à le faire, il mit une page de côté en mettant le nom de son interlocuteur : Mel’Kamir. La dernière page de l’envoi concernait un nouveau fléau qui était apparu en ville. Les jeunes, ne sachant plus quoi faire de leur temps, faisaient des courses de chevaux en pleine ville où cela leur procurait plus de sensations. L’idée aurait pu être bonne si ce n’était que ces courses n’étaient pas réalisées dans de bonnes conditions de sécurité. En effet, ils avaient déjà détruit plusieurs biens publics, blessé des personnes et même tué une petite fille qui s’était trouvée là au détour d’une rue. Plusieurs d’entre eux attendaient d’être jugés mais la prise de conscience de la dangerosité de ce qu’ils faisaient n’avait fait, semblait-il, qu’accentuer leur envie de continuer et les courses s’étaient multipliées depuis. Mel’Ermat avait dû ordonner que tous les dix mètres soient tendues des cordes à près de deux mètres du sol pour décourager quiconque tente de traverser la ville en selle. Cela ne concernait que les plus petites artères de la ville, là où les soldats ne patrouillaient que rarement. Cela avait eu un effet mitigé puisqu’il n’était pas rare qu’on retrouve ces cordes coupées… Mel’Ermat espérait sincèrement que ce problème serait réglé avant son retour. @+ -= Inxi =-
  24. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Oh oh ! Y en a une qui va avoir le droit à des remontrances par toi-même Enfin pas obligé au final parce qu'elle est pas forcément responsable de ce qui lui arrive ! En tout cas en attendant, que ce soit l'un ou l'autre, ils sont en piètre état, voyons s'il y aura des séquelles @+ -= Inxi =-
  25. C'est parti pour la suite après la trève hivernale ! Sortant une nouvelle fois stratégiquement, il prit un côté du parc –celui à l’opposé de l’entrée– et qui longeait les murailles du parc. Il y avait un petit chemin qui devait faire tout le tour de la propriété et Mel’Ermat décida de l’emprunter. Il n’y avait pas de torches dans les environs immédiats mais les sapins qui réussissaient à pousser là ne parvenaient pas à cacher toute la lumière. Des plantes sauvages et des arbustes secs aux épines acérées complétaient le tableau. Il dépassa rapidement la villa, l’entrée du château et les écuries où les militaires échangeaient bruyamment. Il arriva pratiquement dans une petite forêt de pins qui courraient autour d’une mare. Mel’Ermat continua son tour même s’il n’y avait plus personne ici. Il se rendit vite compte que la petite forêt était même encore plus petite que ce qu’il pensait. Il y avait beaucoup d’arbres mais ils ne s’étendaient pas sur plus de dix mètres jusqu’à ce que la muraille arrête leur avancée. Un bruit et un grognement le fit se figer. Mel’Ermat tira lentement sa dague et se mit dos aux lointaines torches pour ne pas créer de reflets. Il s’agenouilla lentement et attendit. Cela pouvait très bien être un couple de serviteurs ou bien un homme en train de se soulager mais si ce n’était pas le cas… Mel’Ermat avait attiré jusque là la malchance et il ne comptait pas se laisser surprendre. Il entendit une autre plainte. Ce ne pouvait être que ça, quelqu’un souffrait. Il localisa rapidement la direction du son et s’y dirigea à pas de loup, penché en avant et la dague fermement en main. Bien que sa paume s’humidifia à cause du stress, elle ne tremblait pas et il était prêt à frapper. Le bruit sembla venir du buisson suivant. Il se pencha et… -Mel’Astré ? s’étonna à voix haute Mel’Ermat en reconnaissant son maître espion. Ce n’avait pas été chose facile de l’identifier car sa chemise était trempée de sang et il appuyait de ses deux mains sur son flanc. Il était maculé de terre et allongé là, il ne semblait plus pouvoir bouger. C’était un miracle qu’il ait tenu jusque là et encore plus incroyable qu’il ait réussi à escalader la muraille. Par contre, le fait de sauter du haut de la muraille lui avait été fatal. Mel’Ermat n’était pas médecin et ne voyait pas quoi faire. -Mel’Ermat ? grinça l’autre les dents serrées. La chance est enfin de mon côté. Il semblait avoir du mal à haleter et sa respiration était hachée. Mel’Ermat jeta un coup d’œil autour de lui. Personne ne pourrait lui venir en aide à temps. -Que s’est-il passé ? demanda l’intendant du royaume de Mel. -Je n’ai plus le temps, je vais mourir sous peu… Il s’arrêta et Mel’Ermat crut au pire. Il réussit à continuer après une nouvelle grimace. -Mon remplaçant viendra te voir. Fais-lui confiance. Tu sauras le reconnaître. Mel’Ermat n’eut pas le temps d’en entendre plus. Il rendit son dernier souffle, expirant plus longuement qu’avant puis plus rien. Mel’Ermat réfléchit comme jamais. Il regarda son ami allongé au milieu des branches mortes et de la terre humide sans savoir quoi faire. Remarquant qu’il tenait toujours aussi fortement sa dague, il la remit à son flanc en se rendant compte de la douleur qu’il avait de l’avoir serrée si fort. Il se pencha sur le corps de l’espion et fouilla ses poches : rien qui ne puisse l’identifier. Soulevant sa tunique, il vit alors la plaie. Elle n’était pas très large mais semblait vraiment profonde. C’était un coup d’épée, il n’y avait pas de doute. Mel’Ermat ne voyait pas très bien dans l’obscurité mais il lui semblait que les contours de la blessure était de couleur noirâtre. La lame avait-elle été empoisonnée ? Contraint de le laisser tel quel de peur qu’on ne le surprenne, Mel’Ermat retourna rapidement sur le petit sentier pour finir sa promenade sans que l’on ne s’interroge sur le pourquoi il était resté si longtemps au fond du jardin. Il se contrôla pour ne pas marcher à une vitesse suspecte. Partir de la soirée serait problématique également et attirerait les soupçons. Il allait devoir ruminer ses pensées tout en continuant de nouer des contacts. Malgré ses relations avec la mort, Mel’Ermat ne digéra pas la disparition de son espion. Il ne digéra surtout pas de ne rien savoir, aussi bien sur ce qui lui était arrivé que sur ce qu’il allait se passer. Heureusement, il semblait avoir pris des précautions quant à sa succession mais Mel’Ermat n’avait aucune idée de la personne que cela pouvait être. Que se passait-il si ce remplaçant avait aussi été tué et que quelqu’un se présentait en se faisant passer pour lui ? Sans surprise, il n’arriva pas à se concentrer sur les conversations qui suivirent. A chaque fois qu’il essayait de penser à ce qu’on lui disait, son esprit ne pouvait s’empêcher d’essayer d’imaginer les sous-jacents à la mort de Mel’Astré. Ce fut donc sans guère plus de voix ralliées à sa cause qu’ils terminèrent la soirée et que chacun rentra chez soi. Mel’Ermat ne fut pas dans les premiers à partir mais juste dans les suivants. Ses soldats étaient bavards mais ne semblaient pas éméchés, ils semblaient avoir tiré la leçon de la tentative d’assassinat des jours précédents. Au bord de la route, ils croisèrent des nobles qui avaient décidé de rentrer chez eux à pieds. Certains semblaient si enivrés que Mel’Ermat était sûr que c’était parce qu’ils ne se souvenaient plus qu’ils étaient venus à cheval. A quelques centaines de mètres de l’entrée de la villa, après le pont-levis, il put voir que d’autres continuaient de converser là. Il put ainsi revoir un des seigneurs dont il avait gagné la voix. Il s’agissait du seigneur de Mel’Sarte, directement concerné par la nouvelle route royale de l’ouest. Par contre, il n’avait pas vu son homologue de Mel’Cygnos et il était certain qu’il ne pourrait pas compter sur cette voix-là. Mel’Ermat était néanmoins sûr que certains seigneurs de l’Empire seraient dans une situation où ils voteraient pour la première proposition qu’on leur ferait. Ils ne voteraient donc pas pour Mel’Placer en particulier mais contre leur propre Roi. C’était une nuance importante car cela signifiait qu’ils ne se préoccuperaient pas de la destination de leur vote et il faudrait les capter les premiers. Mel’Ermat secoua la tête et se remit à regarder l’intérieur du carrosse. C’était lorsqu’il devait recueillir des votes qu’il pensait à l’assassinat et lorsqu’il devait penser à l’assassinat qu’il réfléchissait aux jeux de pouvoir. Le reste du trajet se fit presque tranquillement. Ce fut quand une voix sortit de nulle part qu’il faillit mourir d’une crise cardiaque. A demi accroupi sur sa place, Mel’Ermat regardait les sièges qui lui faisaient face. Il aurait pu les toucher rien qu’en tendant la main et pourtant… cela semblait impossible. Le siège et une partie du carrosse semblèrent… trembler. Il n’y avait pas d’autres mots. Quelqu’un sortit de ce mirage. La dague de Mel’Ermat apparut en un éclair dans sa main même si cela lui parut futile après coup, si la personne lui avait voulu du mal, elle aurait eu largement l’occasion de le faire. La personne assise en face de lui était un homme d’une trentaine d’années. Il était aussi grand que lui mais semblait plus fin, tout en nervosité. Mel’Ermat vit que c’était sa cape déployée autour de lui qui, après, quelques secondes, prenait la couleur de la surface qu’elle recouvrait, comme un caméléon. L’autre le regardait avec suffisance, visiblement satisfait de sa surprise. Malgré son visage couvert de suie et de terre, on ne voyait que ses yeux verts foncés qui brillaient de malice. Mel’Ermat se rassit correctement et reprit un air imperturbable tout en laissant son arme sur le fauteuil, bien en vue. Histoire de lui rappeler qu’à la prochaine frayeur, il la lui planterait dans l’estomac. Avec ce demi-sourire sur les lèvres, l’homme lui rappelait Mel’Astré à ses débuts quand il devait toujours le rabrouer en lui demandant de montrer plus de respect vis-à-vis de ses supérieurs. C’était peut-être en ça qu’il devait reconnaître pour sûr son nouveau maître espion. Mel’Ermat tira les rideaux afin que personne ne surprenne leur conversation ni son espion. -Que s’est-il passé ce soir ? demanda Mel’Ermat de but-en-blanc. Il n’était pas d’humeur à tourner en rond. Le souvenir s’évanouit immédiatement et il sembla se tortiller sur place. -Quelque chose a mal tourné. Mel’Ermat ne dit rien mais fit un mouvement de sourcils équivoquent manifestant son impatience devant tant d’évidence. Il croisa les bras pour accentuer l’effet. -Je ne sais pas ce que Mel’Astré faisait mais je sais que ça ne touche pas à la nomination future d’Empereur. Je sais qu’il enquêtait sur l’accident des bateaux et sur ces hommes qui vous ont attaqué. Comment diable l’espion avait-il été au courant ? -Il était parti suivre une piste mais personne ne sait quoi pour l’instant, j’attends encore des rapports. C’est quand j’ai trouvé un mot sur lequel était écrit ‘succession’ avec des tâches de sang que j’ai compris que quelque chose se tramait. Il est donc mort, n’est-ce pas ? Mel’Ermat hocha la tête. -Il faut donc que je prépare ma propre succession. Le chariot s’arrêta. -Je reviendrai dans la soirée pour un rapport complet, beaucoup de choses sont en mouvement. -Bien, nous nous voyons donc plus tard, conclut Mel’Ermat en ouvrant la porte. L’autre s’enroula dans sa cape et disparut dans le décor comme par enchantement. Mel’Ermat respira un grand coup en claquant la porte. L’air était vraiment frais. Vivement que l’été approche, se dit-il. Le chariot se remit en branle pour se rendre là où il avait été loué. La porte de la villa de Mel’Placer était étroitement surveillée et deux serviteurs attendaient près de l’entrée du lieu une chandelle à la main. Tout était silencieux et pour une fois, Mel’Cari n’était pas là. La blessure du colonel n’était pas grave mais il n’était plus non plus à un âge où on se remettait facilement. De toute manière, s’il avait été debout à l’attendre, il l’aurait envoyé se coucher. Parfois, son colonel prenait trop à cœur sa sécurité. Mel’Ermat profita du repas qu’on lui avait préparé, son espion n’allait pas revenir vite et il ne passerait sûrement pas par la porte d’entrée. Il profita d’un délicieux poulet encore chaud, d’un morceau de pain et de pommes de terre croustillantes. Il fallait absolument qu’il ramène cette recette chez lui. Il arriva au fond de son assiette avec une pointe de regret. Il regarda autour de lui pour voir s’il ne pouvait pas se resservir mais il n’y avait plus personne, les ayant congédiées après avoir eu son assiette. Il se résigna alors à rejoindre sa chambre après cette interminable volée de marches qui fendait les étages jusqu’en haut. Mel’Ermat lutta alors pour ne pas s’endormir et commença à tourner dans sa chambre comme un lion en cage. Il décida alors de se rafraîchir les pensées sur sa terrasse. Il attrapa une petite couverture bleue, s’enroula à l’intérieur et sortit. La température diurne était peut-être chaude la journée mais il était frappé de la vitesse à laquelle celle-ci chutait durait la nuit. L’altitude n’y était pas étrangère. Les cônes de fumée s’extirpaient de sa bouche à un rythme régulier. Alors que ses yeux s’ouvraient de moins en moins, l’autre réapparut d’une ombre de la façade. Répondant à la question muette de l’intendant, l’espion commença à parler : -Je m’appelle Llis, mais pas de Mel. Cela commençait mal. L’homme n’était pas originaire de leur royaume mais si Mel’Astré lui avait fait confiance… Il posa alors cette question qui en entraînerait, il en était sûr, beaucoup d’autres : -Que se passe-t-il ? Est-ce que tout est lié à la conquête du trône ? Le poste d’Empereur était un poste important qui avait ses avantages mais que trop d’inconvénients venaient ternir. Le désavantage le plus signifiant était que les royaumes gardaient leur indépendance dans leur gestion et l’Empereur n’en était pas vraiment le représentant. Ce poste datait d’une époque où l’union des royaumes était indispensable pour survivre. Depuis, les principales menaces qui pesaient sur eux avaient disparu et les alliances s’étaient effritées au fur et à mesure. Mel’Ermat comprenait qu’on puisse vouloir le poste d’Empereur mais pas au titre de machinations compliquées. -Non, je ne le pense pas et Mel’Astré non plus. Je sais qu’il enquêtait dessus. Je suis passé par sa cache principale et j’y ai trouvé peu d’informations. Peu savent ce que je vais dire mais je crois que les Ombres sont de retour… Mel’Ermat garda un visage de marbre par miracle mais il serra plus fort ses mains sur les pans de la couverture et se blottit plus profond. Sur un lit, il aurait ressemblé à un petit garçon effrayé au milieu de la nuit qui fixe avec inquiétude les ténèbres de son placard. -Où ça ? finit-il par dire. -Ici d’abord mais on les aurait vus aussi en province. Mel’Ermat n’arrivait pas à détecter les émotions de son interlocuteur, était-il aussi effrayé que lui ? Cela faisait longtemps que les Ombres avaient disparu et ni les légendes, ni les livres ne pouvaient attester de cette époque primitive. On ne savait même pas comment elles avaient disparu : avaient-elles été chassées ? S’étaient-elles éteintes ? Une seule chose était sûre : elles avaient existé et c’était de véritables cauchemars. On disait qu’elles ne pouvaient mouvoir que dans les ombres, d’où leur nom. On leur donnait aussi la réputation de tuer sur simple contact et que seule la lumière pouvait les repousser. Il essaya de ne plus y penser. -Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ? -Je ne sais pas, avoua l’espion, je pense que seul Mel’Astré avait une idée. Il n’a rien confié à personne, il pense que le réseau est corrompu en partie. Le réseau des Ecouteurs devait être sûr sinon toutes les informations devenaient douteuses. Si le réseau était compromis, il faudrait vite le nettoyer et cela passait par des solutions radicales. -A qui se fier alors ? demanda Mel’Ermat. -Qu’à moi, pour l’instant ! répondit Llis en hochant la tête. Le fait que le réseau soit corrompu est maintenant mon affaire. Mais je ne pense pas que ça soit le plus important, j’ai reçu d’autres rapports. Une guerre au sud semble inévitable et on ne sait pas encore ce que ça va impliquer. Les royaumes de Terra et Sustor ont mobilisé en masse et les troupes se dirigent vers le sud. On recense beaucoup d’escarmouches et des villages entiers fuient devant les envahisseurs. Mel’Ermat ne savait pas quoi penser. -Les rois restent sur place et les intendants ont procuration pour le vote de l’Empereur. Ils disent qu’ils soutiendront ceux qui enverront des renforts au sud les aider. Mel’Ermat ne pensait pas que cela était bien nécessaire. On ne savait pas ce qu’il se passait au sud mais ils ne pouvaient pas être assez nombreux pour poser quelques résistances. -Des agents doivent revenir sous peu m’en apprendre d’avantage. Au royaume de Syrarture, la guerre se durçit et les monstres se multiplient plus vite que jamais. -J’ai appris ça, acquiesça Mel’Ermat. L’autre ne sembla surpris qu’une seconde. Il hocha les épaules puis reprit son discours. -Pour terminer, le royaume d’Ostel sera sûrement bientôt en proie à la guerre civile. Les maisons complotent ensemble et je pense qu’un conflit va bientôt émerger. La même chose a essayé d’être déclenchée au royaume de Sal mais ça a échoué. Il s’arrêta une seconde mais reprit. -Une dernière chose, nous n’avons pas de nouvelles sur les tentatives d’assassinat mais notre royaume est parcouru d’étranges cavaliers. Quand on met la main dessus, ils se suicident avec un poison. Ce ne sont pas des messagers, cela est sûr. Ils viennent à priori du sud mais ont tous des destinations différentes. Je crois qu’ils ne font que traverser Mel mais ils sont à surveiller. Mel’Ermat réfléchit quelques instants en faisant quelques allers-retours sur la terrasse tout en fixant le sol. Il reprit alors les rênes de la conversation : -Commençons dans l’ordre : Je ne sais pas combien de tes espions sont en ville mais j’ai besoin d’informations sur mes rivaux. Que ces tentatives d’assassinat soient le fait du jeu de pouvoir ou non, nous devons savoir qui seront les personnes qui vont tenter de se faire élire et quels seigneurs ont déclaré leur intention de vote. Pour ce qui est des Ombres, j’aimerais avoir confirmation et savoir ce qui est arrivé à Mel’Astré. Il ne put s’empêcher de frissonner. -Prions les Quatre Dieux que tu aies tort… J’ai vu aussi qu’il y avait en ville des représentants de ceux du Feu. J’aimerais savoir ce qu’ils font là et si les représentants des trois autres races sont également en ville. Le maître-espion hocha la tête. -Pour ce qui est de la guerre au sud et les troubles dans les régions du nord, j’aimerais être informé à la minute où tu as plus de nouvelles. Si nous devons mobiliser tout Mel pour nous protéger ou prêter main forte, il faudra que ça soit le plus tôt possible. L’été n’est pas encore là et cela nous laisse le temps de bien se préparer car nous ne pourrons rien faire en hiver. -Envoyez des agents aussi sur ces cavaliers. Parlez-en au garde-chasse, il a demandé la permission de se charger également de ce problème. Essayez de vous coordonner. Déjà du temps du Mel’Astré, les espions n’aimaient pas devoir coopérer avec d’autres services. Avec le jeune remplaçant, les cartes ne semblaient pas avoir été rebattues et il ne semblait pas ravi. Pourtant, il le dit de telle manière à ce qu’argumenter n’aurait servi à rien. Pour éviter néanmoins une tentative de négociation, il changea radicalement de sujet : -Et à propos des tarifs sur le blé ? -J’ai appris le risque, sourit l’espion, pour l’instant les gens commencent seulement à s’apercevoir du manque et avec la guerre qui se prépare, les prix vont s’envoler… Mel’Ermat était impatient que la guide des messagers lui renvoie une réponse. Cela faisait plus d’une semaine que son message était parti et la réponse ne devrait pas tarder. Il aurait un état plus pratique des quantités achetées et du comportement de ses clients. -Tant mieux, dit Mel’Ermat en fixant son regard sur la lune. Depuis qu’il avait pris cette décision, il avait une boule à l’estomac en permanence. S’il s’était trompé, c’était la faillite assurée et il en était le seul responsable. Ses yeux descendirent sur la ville et la grande tour des magiciens. Mel’Ermat n’avait jamais compris pourquoi les magiciens aimaient tant ces tours, ne pouvaient-ils pas loger dans des villas comme tout le monde ? A l’heure actuelle et même si elle était tardive, rares étaient les fenêtres qui n’étaient pas éclairées. Il se retourna vers son espion qui restait étrangement muet, les yeux fixés sur son supérieur. En tant normal, il aurait proposé à Mel’Astré de venir boire une coupe avec lui. Ne connaissant pas encore son agent, il préféra le congédier sous prétexte d’une grande fatigue. L’homme disparut dans les ombres de la terrasse. Mel’Ermat lui enviait vraiment cette capacité. Il retourna dans l’édifice en fermant la porte derrière lui. Laissant tomber au sol la petite couverture qui l’entourait, il se déshabilla et se glissa sous la couette sans éteindre les bougies. Ce fut sans surprise que ses rêves se transformèrent en cauchemars… Les Ombres restaient une phobie de son enfance. Savoir qu’elles étaient peut-être en ville le terrorisait. @+ -= Inxi =-
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