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Inxi-Huinzi

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Tout ce qui a été posté par Inxi-Huinzi

  1. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    [quote]que l'épreuve avait [b]commencée[/b][/quote] [quote]Le groupe de [b]soldat [/b]le suivant[/quote] Encore un peu trop de fautes d'après moi, attention. Pour le fond, j'ai bien aimé cette partie sur l'entraide, je m'attendais a ce qu'ils doivent faire quelque chose de plus stupide mais ils s'en sortent bien ! J'aurais bien aimé que la fin soit quand même plus axé sur la difficulté car après l'aide au soldat, on dirait que c'est comme une formalité et que c'est facile alors que que neni. Allez suite ! @+ -= Inxi =-
  2. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    [quote]Les écarts étaient tels que certains devaient se battre pour survivre à la faim chaque jour tandis que les nobles devaient se faire vomir pour goûter chaque plat.[/quote] Ca me rappelle Hunger games 2 XD J'espère que tu n'y puise pas ton inspiration car c'est vraiment un déchet cette histoire /> [quote] ce qui est rarement bien [b]prit[/b][/quote] Attention à la relecture et aux fautes bêtes comme celle là ! Y en a tout un tas d'autres mais pas le temps de les lister /> Pour l'épreuve, c'est pas mal ! Y a du rythme et on sent la galère. Pour l'instant, c'est pas mais gênant mais attention à pas trop rester dans la tête de ton soldat, les dialogues aident aussi à nous sortir de là ! Ca te concerne pas encore ce problème mais plus tard, oublie pas @+ -= Inxi =-
  3. J'espère qu'on est d'accord que c'est pas la fin là !! Ca paraissait plus clair dans ton message là ! Bon en tout cas la suite est pas mal, forcément on se doute qu'on arrive au bout (les personnages principaux si je puis dire commencent à mourir). Donc voyons ce que tu vas nous pondre comme fin de cette aventure @+ -= Inxi =-
  4. Hola tout le monde ! Ok parfait ! Pas inutile du tout, ça montre juste que je poste pas pour moi même ! Rien que ça, ça motive à avancer, juste que je sache que des gens sont dans les parages, même pas besoin de com Donc là on arrive au moment où les choses commencent à s'accélerer, pour l'instant, ça a été beaucoup politique mais les choses sont sur le point de changer. Chapitre 7 Mel’Ermat tourna sur lui-même, se fixa devant le miroir et tira sur les coins de sa tunique. Il était un éternel insatisfait mais décida que son allure suffirait. Il portait des chausses noires par-dessus lesquelles il avait enfilé une tunique verte plutôt claire qui se terminait aux extrémités par de la dentelle. Il portait également un collier qu’il ne mettait que pendant les cérémonies officielles qui se caractérisait par une chaîne couleur or tenant un soleil s’enroulant autour d’un petit rubis. Sur un de ses flancs, il sentit la sensation froide du fourreau de sa dague. Astucieusement dissimulée, elle était invisible à un œil externe. Mel’Ermat la sentait néanmoins à chaque mouvement. Il ne se serait pas rendu à la soirée sans savoir qui cherchait à le voir mort. En attendant, il ne prendrait pas de risque. L’intendant de Mel’Placer s’étira en baillant. La sieste de l’après-midi l’avait mis au tapis. En rentrant de ses courses, il avait eu le malheur de s’allonger sur le fauteuil de la terrasse de sa chambre. Au calme, il s’était rapidement endormi pour se réveiller en sursaut deux heures plus tard. Mis à part le fait qu’il n’arrivait plus à se motiver, cela lui permettrait au moins de ne pas s’endormir durant la soirée. Quelqu’un frappa à sa porte et lui annonça que le carrosse était arrivé. Après un dernier coup d’œil à son reflet, il descendit toute la bâtisse jusqu’à la cour. La voiture affrétée était un beau véhicule de couleur bois clair. Deux chevaux n’attendaient que le feu vert pour se mettre en branle. Ils ne semblaient pas impatients, ils attendaient juste sagement que les rênes claquent pour se mettre en route. Mel’Ermat regarda ensuite la dizaine de cavaliers qui s’était mise en position. Ce n’était qu’une maigre escorte mais elle était largement suffisante pour arriver à destination. Les cavaliers lui jetèrent un coup d’œil à sa sortie puis s’agitèrent afin de se rendre dans la rue pour faire office d’éclaireurs. Son colonel resterait ici avec le reste de sa garde rapprochée. Parmi ceux-ci, une partie montait la garde tandis que l’autre se reposerait. Mel’Ermat monta dans le carrosse et ouvrit les rideaux. Avec la nuit tombante, le peu de lumière arrivant sur la ville, il n’avait pas en plus besoin de rideaux qui l’auraient plongé dans le noir complet. De plus, il prenait quand même du plaisir à regarder ce qu’il se passait dehors. Le carrosse s’ébranla à peine fut-il assis ce qui le fit pratiquement tomber sur la banquette. Mel’Ermat ne savait pas bien qui il allait croiser ce soir et cela le dérangeait. Regut, en tant qu’organisateur, serait forcément là mais plus loin que ça, il ne pouvait faire que des suppositions. Heureusement pour lui, il aurait bientôt ses espions à portée de main. En attendant, il pouvait se renseigner lui-même sur place. A cette heure-ci, beaucoup de citadins étaient rentrés manger et les tavernes n’accueillaient pas encore ses habitués si bien qu’ils avancèrent vite à travers la ville. Après dix minutes de cahots incessants, le carrosse s’immobilisa devant le palais de Regut, roi du royaume de Sustor. Contrairement à Mel’Placer, le royaume de Sustor avait toujours eu un véritable château fort au sein de la ville. Cela n’avait pas vraiment d’utilité, du point de vue de Mel’Ermat, car il n’y avait jamais eu de guerre au sein de la Capitale. Les douves, le pont-levis, le corps de garde et les tours n’avaient pas vraiment d’intérêt autre que la décoration. Le carrosse s’éclipsa rapidement une fois que l’intendant fut descendu. Les soldats de son escorte mirent également pieds à terre. Sans savoir d’où lui venait ce pressentiment, il flottait dans l’air une impression de lourdeur. Mel’Ermat comprenait que certains parlent d’air malsain et même de mort. Sans s’en soucier d’avantage, il traversa le pont-levis sans que les gardes du lieu n’essayent de l’en empêcher. Sa venue avait-elle finalement été anticipée ? Il n’avait pas été invité mais il aurait été étonnant que personne ne s’attende à le voir. Ses soldats suivirent des palefreniers au sein d’une grande écurie. Ils retrouveraient sûrement là-bas d’autres militaires et s’il n’y avait pas de grabuge, ils passeraient sûrement une bonne soirée. Mel’Ermat, quant à lui, se dirigea vers la demeure de Regut. Autant l’extérieur du château était gris et fortifié, autant l’intérieur des remparts était blanc et marbré. La demeure du roi n’était constituée que de grandes portes fenêtres et de baies vitrées. Cela contrastait énormément avec l’aspect sécuritaire que cela pouvait donner quand on le regardait de la ville. Mel’Ermat arriva par le jardin où de nombreux convives s’étaient déjà installés pour discuter et s’écarter de la musique qu’on jouait à l’intérieur. Le jardin était fait de petites haies parfaitement coupées qui s’étendaient du bas des escaliers de la demeure jusqu’aux remparts. On y voyait aussi des bancs de pierre à côté desquels des torches avaient été plantées. A cause de cette nuit précoce, des servants commençaient d’ailleurs à les allumer. Une odeur de citron monta immédiatement dans les airs et Mel’Ermat comprit que ces torches étaient des torches de l’académie des sciences faites pour repousser les insectes nocturnes. Mel’Ermat ne trouvait pas ça indispensable mais ça donnait un confort certain. D’un regard, il embrassa l’étendu des lieux. La propriété occupait donc une zone plutôt importante puisque Regut détenait l’équivalent d’un quartier de la ville… Il ne faisait jamais les choses à moitié, se dit-il. Restant d’abord en retrait sur un côté du jardin, il observa les participants. Il y avait plus de cent personnes dehors et Mel’Ermat remarqua qu’il en connaissait la plupart. Beaucoup de seigneurs, de comptes et de ducs de tous les royaumes de l’Empire. Il en aimait autant qu’il en détestait même si en façade, il restait très courtois avec tout le monde. Il y avait également des représentants du royaume de Mel et un des amis proches de Mel’Placer, Mel’Riter. Il se demandait où le deuxième amant, Mel’Fris, pouvait être bien qu’après un instant de réflexion, il préféra ne pas savoir. A l’autre bout du jardin, il repéra Mel’Kamir. C’était le seigneur auquel il s’était joint et dont sa femme était meilleure amie de la sienne. N’ayant toujours pas de bons sentiments pour lui, Mel’Ermat garda profil bas et retarderait la rencontre le plus possible. Il s’avoua que s’il ne le voyait pas de la soirée, il s’en porterait encore mieux. Le problème était que Mel’Kamir n’était pas le seul qu’il tentait d’ignorer et il serait impossible d’esquiver tout le monde. Son estomac lui rappela d’une contraction et d’un bruit qu’il n’avait toujours pas mangé. Mel’Ermat prit donc le chemin le long du jardin afin d’éviter de couper au travers puis monta la volée de marche jusqu’à l’intérieur de la bâtisse. Mel’Ermat arriva directement au salon. C’était une grande salle qui pouvait accueillir deux cents convives. A l’heure actuelle, la pièce se coupait en deux. D’un côté une estrade avec un groupe de musique devant laquelle des gens dansaient, et de l’autre, des tables poussées contre les murs où des serveurs remplissaient des assiettes sur demande des invités. Avant qu’on ne remarque qu’il était tout seul et passif, Mel’Ermat prit la direction du bar d’un pas assuré. Là, il se prit une assiette d’œufs coupés en rondelle et de salade et jeta un coup d’œil sur les danseurs. Le groupe jouait d’instruments qui n’existaient pas dix auparavant. Il y avait ce qu’on appelait une guitare et une batterie qui donnait un rythme beaucoup plus sourds et sauvages que les jeunes préféraient. Au milieu de la piste, les gens dansaient de façon approximative et bestiale, jugea-t-il. Il n’était pas très bon danseur lui-même mais au moins, il ne se donnait pas en spectacle. Les dirigeants de tout l’Empire n’avaient pas tous la même pudeur. -Mon seigneur, dit une voix à sa gauche. Mel’Ermat regretta ensuite toute la soirée de s’être retourné et de ne pas avoir ignoré cette voix. Il s’agissait du dirigeant de Mel’Cygnos ainsi que d’autres seigneurs des environs. L’intendant du royaume de Mel s’était fortement trompé quand il avait cru que son arrivée était passée inaperçue. Finalement, la compagnie de Mel’Kamir aurait été un plaisir à côté de celle-là. Effectivement, pendant la demi-heure suivante, ils firent semblant de parler de tout et de rien jusqu’à ce que les thèmes se rapprochent de ce qu’ils voulaient réellement parler : la nouvelle route de l’ouest jusqu’à Mel’Sarte. Comme attendu, cela ne leur plaisait pas et il essayait toutes les passes oratoires pour essayer de le convaincre. La seule raison pour laquelle il ne leur demanda pas de partir fut qu’ils avaient besoin du plus de voix possibles pour l’élection du nouvel empereur et qu’en gâcher par paresse n’allait rien arranger. Malheureusement, il ne se faisait pas d’illusion non plus. S’il voulait leur voix, il faudrait faire annuler ce projet. Il conclut donc le tout en disant que pour l’instant, il n’y avait pas de raison d’arrêter la construction et que seule l’élection de Mel’Placer pourrait retarder, et non pas annuler précisa-t-il, la suite des travaux. En tant qu’Empereur, il aurait d’autres choses à penser que ça. Ce n’était pas vrai, bluffa-t-il mais au moins ça leur donnait une raison de voter pour Mel’Placer. Si l’axe commercial était retardé, ils escroqueraient la population un peu plus longtemps. Après le départ des individus, Mel’Ermat souffla un peu et se fit servir une coupe de vin. Il remarqua alors que la composition de la salle avait légèrement changée. Pas vraiment sur la partie de ceux qui dansaient mais sur ceux qui venaient se servir à manger. Il y avait des représentants de magiciens, autant femmes qu’hommes. Les deux groupes étaient à l’exact opposé et se jetaient des regards comme s’ils allaient se sauter dessus. Il repéra Regut sur un côté et Mel’Ermat chercha qui gravitait autour. Il y avait son propre intendant et les rois de Syrarture, de l’Ostel et de Sal. Il vit aussi rapidement les intendants de Terra et de Sustor. Les rois préparant leurs grandes fêtes, ils ne seraient là qu’en même temps que Mel’Placer. Mel’Ermat rejoignit la zone où ils se trouvaient tous après s’être fait servir une deuxième coupe de vin. -Mel’Ermat, bienvenue parmi nous ! annonça Ben Lor, roi de Syrarture. Mel’Ermat saisit la main tendue de bienvenue puis se laissa happer contre l’homme à grand renfort de claques dans le dos. De tous ceux qui étaient là, il était le seul qu’il appelait ami. Cette amitié ne concernait pas l’union de leur royaume mais bien les individus. En effet, Mel’Ermat et Ben Lor avaient le même âge et avaient fait leur classe ainsi qu’une partie du service militaire ensemble. Mel’Ermat avait servi plus longtemps car le décès brutal de son père avait ramené Ben Lor chez lui pour y être couronné roi. C’était un homme imposant, le plus grand du groupe de près d’une main. Il était habillé de marron, on aurait presque dit qu’il portait du cuir. Une tenue de guerrier, ce qu’il était d’ailleurs. Il n’y avait pas une once de graisse sur le corps du combattant. Les conditions de Syrarture étaient loin d’être faciles. La trouée entre les montagnes en faisait le lieu de passage de toutes les créatures du nord et de l’est qui menaçaient l’Empire. C’était une guerre permanente et il n’y avait pas de place pour les plus faibles. Mel’Ermat y avait servi pendant une année qui avait été loin d’être la plus réjouissante de sa vie. Il ne regrettait pas son expérience mais espérait ne jamais avoir à la revivre. Le reste des salutations fut fait à partir de poignée de mains et de formules de politesse. Il n’y avait pas de haine ou d’inimitié mais juste assez de retenue pour ne pas paraître irrespectueux. Les autres rois, quant à eux ne cachèrent pas leur dédain pour le sous-fifre de Mel’Placer. Habitué à l’arrogance des plus grands, son propre roi ne pouvant s’empêcher d’être orgueilleux dans leurs rapports, il se contenta de les ignorer. Comme pour les seigneurs, il allait devoir les brosser dans le sens du poil pour avoir leurs voix même si ce serait Mel’Placer qui se chargerait des relations avec eux. Une conversation reprit entre Regut, roi de Kator, Iri, roi de Sal et Frendlorian, roi de l’Ostel. Les intendants de Terra et Sustor se mirent alors à parler de l’organisation qui devait avoir lieu dans le sud pour la grande fête. Cela ne laissa que Mel’Ermat avec Ben Lor, ce qui n’était pas plus mal. Ils s’écartèrent alors progressivement du groupe afin que personne ne puisse surprendre toute leur conversation. -Comment ça va ? demanda le roi d’une parfaite banalité. -Pas trop mal, fit Mel’Ermat après une gorgée de vin. Le voyage s’est pas mal passé si ce n’est ces bateaux enchevêtrés sur la Vive ce qui nous a forcé à finir le trajet à pied. -J’en ai entendu parler, dit Ben Lor en croisant ses mains dans son dos. J’ai quelques bateaux de marchandises coincés dont j’aurais pourtant bien besoin. -Comment vont les affaires par ailleurs ? s’enquit Mel’Ermat. -Plutôt bien, je dois dire. Nos plants ont bien poussé et la sécheresse ne nous a jamais empêchés de faire de bonnes récoltes qui ont déjà toutes été vendues d’ailleurs ! On a jamais tout vendu aussi vite, surtout à un même organisme. -Ah ? fit mine d’être surpris Mel’Ermat. Il avait envie de se vanter du pari qu’il avait fait lorsqu’il avait tout acheté mais il se tut. Il n’avait pas besoin de tout avouer, même à un ami. Les affaires sont les affaires, aussi dures qu’elles étaient. -Enfin ! Je ne vais pas m’en plaindre, continua l’homme. On est assurés d’avoir nos revenus cette année et ce n’est pas du luxe vu la violence des combats. -A ce point là ? s’inquiéta Mel’Ermat en posant sa coupe vide sur une table derrière lui. Si Ben Lor disait que des combats étaient violents c’est qu’ils devaient vraiment l’être. L’homme fronça les sourcils et hocha la tête. -Je n’ai jamais connu ça et de mémoire, ni mon père ni mon grand-père ne m’ont jamais rien rapporté de pareil. Au plus fort de l’année, nous mobilisons peut-être trois ou quatre divisions au grand maximum. Cette année, les dix divisions sont sur le pied de guerre. Mel’Ermat savait que la défense de la trouée était assurée par un réseau de places fortes où stationnait une division. Une division étant formée de cinquante mille hommes environ. En général, les divisions étaient créées par l’association de soldats de même origine afin d’éviter les tensions que certains pays avaient avec les autres. -L’hiver arrive bientôt… tenta d’être rassurant Mel’Ermat. A cette période, les percées étaient rares car la neige avait tendance à bloquer drastiquement les avancées. Ben Lor garda sa pose sérieuse. -Ce n’est pas pareil, il y a quelque chose de louche. Ce n’est pas seulement des orcs ou des monstruosités habituelles tentant de passer mais bien tout ce qu’il y a derrière. Exemple, dans le dernier raid, on y a abattu des femelles. Mel’Ermat tiqua. -Oui, des femelles ! Nous n’en avons jamais débusqué lors de ces dernières années et là nous en avons tué des dizaines ! Nan, crois-moi, quelque chose les force à se déplacer. Mel’Ermat était aussi étonné que son interlocuteur. Les femelles étaient très rares chez les orcs et les tribus les gardaient jalousement. Qu’est-ce qui pouvait les faire fuir ainsi ? Il ne se rendit pas compte qu’il réfléchit à voix haute. -Je ne sais pas, dit l’autre en haussant les épaules, je n’ai pas le temps d’y réfléchir. Mais nous tiendrons difficilement jusqu’à l’hiver. Dès que l’Empereur sera élu, il faudra faire une motion pour lever cinq divisions de plus sinon dès la fin de l’été, nous courrons à la catastrophe. Il hocha la tête d’un air résolu. Mel’Ermat sut quoi dire. -Si Mel’Ermat était élu, je suis sûr qu’il comprendrait la situation. Ben Lor le regarda droit dans les yeux. Ce n’était pas un homme stupide, il ne fallait pas le sous-estimer. -Tu sais Mel’Ermat, tout le monde connait les prétentions de ton roi concernant le trône de l’Empereur. Je suis heureux que Regut ne se soit pas proposé pour un nouveau mandat. Même pour moi il est difficile de refuser de voter en sa faveur avec toute l’aide qu’il apporte à la sécurité des frontières. Je voterai pour Mel’Ermat, sois en sûr. Mais je ne le fais pas pour lui mais bien parce que je sais que tu agiras dans l’ombre. Mel’Ermat comprenait la situation et l’acceptait. Tant qu’il avait sa voix, cela lui convenait. -Excuse-moi un instant, fit l’homme en s’éclipsant. Mel’Ermat le vit se diriger vers un groupe de commandants de sa région. Il n’y avait pas de seigneurs à proprement parler dans la région de Kator mais des commandants de places fortes. A force de regarder danser les gens –ou bien était-ce le vin ? –, Mel’Ermat fut prit de bouffée de chaleur qu’il décida de faire passer dans le jardin. @+ -= Inxi =-
  5. Ci-joint la suite ! Plus long mais j'ai rien posté la semaine dernière Il entra dans la résidence tandis que ses soldats se dirigeaient vers leur bâtiment sous la surveillance étroite de Mel’Cari, le bras en écharpe. Le hall d’entrée était vraiment massif et avait été décoré par des statues des anciens rois dans des poses plus inspirées les unes que les autres. C’était des statues de bronze de plusieurs mètres de haut qui empêchaient d’avoir une idée réelle de la taille de la pièce. De celle-ci s’étendaient deux couloirs divergents l’un de l’autre. Ils menaient toutefois sur une même pièce, un salon, construit en losange. Le lieu se composait exclusivement de coussins, de banquettes, de chaises et de canapés. On l’utilisait d’ailleurs plutôt comme salle d’attente. A gauche se situait l’escalier de pierre qui montait à travers la maison et de l’autre se situait quelques pièces où dormaient certains serviteurs, une cuisine et un débarras. Mel’Ermat ne perdit pas de temps et grimpa dans les étages. Il se souvenait qu’il était pénible de gravir les six étages menant à son appartement mais la réalité était encore plus fatigante. Mel’Ermat sentait que le manque d’activités physiques lui pesait sur le cœur. Malheureusement, il n’avait pas vraiment le temps d’y remédier. Arrivé sur l’avant-dernier étage –le dernier étant occupé par le roi – il s’engouffra dans les couloirs jusqu’à la chambre à coucher. Là, il défit ses affaires, chausses et vestes pour ne rester qu’avec un haut à manches courtes et un pantalon. Il se sentit tout de suite mieux. Mel’Ermat n’avait jamais supporté être trop habillé et enlevait des couches volontiers quand l’occasion le permettait. Mel’Cari le rejoignit après s’être annoncé depuis les escaliers. Il ne sembla pas avoir été affecté par la montée des marches. Ils s’installèrent dans un salon d’une cinquantaine de mètres carrés pourvu d’une grande table, de deux commodes et deux fauteuils encadrant une peau d’ours. Cette salle avait vu plus d’entretiens qu’il ne pouvait s’en souvenir. Lorsque les rois discutaient politiques globales à l’étage du dessus, c’était ici qu’on prenait les décisions qui changeaient le quotidien des gens. -J’ai commencé à faire monter l’or. Mel’Ermat acquiesça. Le colonel et lui-même avaient mis au point un stratagème pour protéger les richesses du royaume. En effet, les appartements de l’intendance comme du roi disposant d’une pièce secrète et de nombreuses caches, il avait été décidé de dissimuler l’or à cet étage puis de redescendre les coffres avec des lests pour qu’ils soient surveillés à la caserne. Si un vol se prévoyait, ce stratagème permettrait au moins de berner une fois les brigands. Les coffres décorèrent rapidement son étage et il lui fallut, avec l’aide de Mel’Cari, pratiquement tout le reste de l’après-midi pour les vider un par un. Avec son bras en écharpe, Mel’Cari avait du mal à suivre la cadence. Vider n’étant qu’un début, il leur fallut ensuite les lester pour donner le change puis les redescendre. Il ne pouvait se faire aider car les soldats auraient vite remarqué que le cliquetis des pièces avait disparu lors de la manipulation des coffres. Finalement, ils firent évacuer la maison et laissèrent rouler les coffres vides dans les escaliers plutôt que de descendre sept étages surchargés. Ils attrapèrent ensuite leurs sacs de poids et remplirent les malles unes par unes au rez-de-chaussée. Au fur et à mesure de leurs trajets, ils virent que les esclaves étaient revenus de leurs diverses missions et qu’ils attendaient de pouvoir accéder à la maison. Mel’Ermat leur conseilla d’aller en ville s’occuper le temps qu’ils finissent leur travail. Ils revinrent néanmoins largement avant la fin, n’osant protester que le manège des deux leur faisait prendre du retard sur l’organisation de leur journée. Les soldats non plus ne firent pas de remarques quant à leurs chefs s’attelant à cette base besogne alors qu’ils avaient été en charge du trésor royal tout le trajet. Mel’Ermat se dit alors que, au moins, s’il venait à se dépenser tout cet argent et que le royaume serait au bord de la faillite, ils n’auraient pas à tout préparer en sens inverse pour le voyage de retour. Après son dernier aller-retour entre la maison et l’ersatz de salle au trésor dans le bâtiment des gardes, Mel’Ermat fit signe aux esclaves qu’il avait envoyés en ville de venir le voir. Ce n’était pas la peine de les recevoir un par un puisqu’ils allaient, si ce n’était pas déjà fait, de toute manière en parler entre eux. Ils se rassemblèrent dans le salon accueil. Dans cette fameuse salle en forme de losange, Mel’Ermat se mit dos à l’âtre ponctuant un des coins extrêmes de la pièce tandis que les serviteurs faisaient leur rapport. -Pour ma part, je suis allé au château de Terra, il y avait les serviteurs habituels ainsi que quelques gardes mais personne ne semble être arrivé. En discutant un peu, j’ai appris que le roi n’avait même pas encore pris la décision quant à son arrivée. L’homme qui avait parlé était un gaillard bronzé aux cheveux courts qui se tenait droit et qui fixait Mel’Ermat dans les yeux. Plein d’assurance pour un serviteur, nota-t-il. -C’est la même chose pour l’ancien monastère de Ostel, personne encore en vue et je n’ai même pas pu savoir s’il y avait de l’activité à l’intérieur ni quand quelqu’un comptait arriver. C’était une femme nerveuse qui avait pris la parole. Au contraire de son ami, elle n’avait pas lâché le sol de toute sa tirade. Mel’Ermat s’étonnait néanmoins de ces nouvelles. Avec le retrait de la course au titre suprême de Regut, il se serait attendu à ce que les royaumes se mettent sérieusement sur la brèche mais personne ne semblait s’y intéresser cette année. On avait même l’impression que certains venaient même à contrecœur. -Pour le royaume de Kator et du roi Regut, tout le monde est là, j’en suis sûr, dit un jeune homme aux cheveux courts qui ressemblait au premier sans son insolente assurance. Il y a beaucoup de gardes autour de la résidence mais, même sans ça, ça fait plusieurs jours que tout le monde en ville parle de son arrivée. Et surtout des disparitions même si personne sait vraiment si ça a un lien. L’homme se tut et déglutit. Même si tout le monde émettait les légendes les plus folles sur le comportement du roi de Kator, il était malvenu d’en faire part à un autre représentant de royaume. Ils auraient pu être amis pour ce qu’en savait le serviteur. Mel’Ermat ne lui en tint pas rigueur car il pensait la même chose, pourtant il se garda bien de lui dire. Que son impertinence lui serve de leçon. L’homme changea habilement ses pensées. -Par contre, il multiplie les soirées et les rencontres dans la journée. Il n’y en a même une ce soir organisée à sa résidence. C’était le monde à l’envers. Pourquoi cet homme qui prétendait ne pas clamer le trône s’entourait autant ? Mel’Ermat détestait ne pas savoir. -Pour ce qui est du royaume de Sustor, il n’y a personne non plus mais c’est parce qu’ils sont tous en train de préparer la grande fête. Ils viendront sûrement une fois celle-ci finie. J’ai appris que le roi de Sustor lui-même y assisterait, dit une femme d’âge mur aux cheveux tirant vers le blanc. -C’est vrai, ajouta une autre comme si Mel’Ermat avait besoin qu’on le lui confirme, par contre l’intendant du royaume est ici sur place. Mel’Ermat avait beaucoup connu le prédécesseur de l’intendant de Terra mais celui-ci avait quitté son poste à cause d’une grave maladie. Depuis il avait juste entendu dire que le nouveau était quelqu’un de très conservateur et avec très peu d’imagination. -Je me suis occupée du royaume de Syrarture et ils sont tous là également mais visiblement ils ne quittent que très peu leur manoir. Je suis allée faire un tour du côté des guildes et il y avait énormément de monde donc je pense qu’ils sont tous là également. La femme qui avait parlé était vraiment âgée et Mel’Ermat essaya d’imaginer si elle était aussi vieille qu’elle en avait l’air. Il les congédia avec un remerciement et se tourna face au feu, les mains croisées dans le dos. Il lui faudrait rapidement rencontrer les alliés historiques de Mel’Placer et s’assurer de leur soutien. Les seigneurs devaient être en ville et il irait les voir. Il aurait ensuite besoin de ses espions pour faire la différence entre les seigneurs indécis et ceux qui voteraient pour les autres rois. Il avait quand même de nombreuses visites en perspectives et son chef-espion, Mel’Astré, devrait être prévenu rapidement. La soirée commençait à s’installer et Mel’Ermat préféra se rendre dans sa chambre pour y prendre son repas et sa traditionnelle chope de vin au miel. Il était pratiquement tout seul à vivre dans la maison mais quand Mel’Placer arriverait cela changerait et le calme ne serait qu’une utopie. En attendant l’heure de manger, il s’allongea sur une chaise longue, se cala un coussin sous la tête et se mit à lire. Le programme du lendemain matin fut d’aller en ville s’aérer les esprits. Il travaillerait à un plan à partir du jour suivant. La soirée organisée par Regut rassemblerait sûrement du monde et bien que n’étant pas sur la liste d’invitation, il comptait bien y aller. Personne ne ferait l’erreur diplomatique de lui interdire l’accès. Mel’Ermat ne partit pas forcément tôt de la villa sachant qu’il n’avait rien de particulier à faire si ce n’était se promener et fouiner. Il refusa au colonel toute escorte. De toute manière, l’homme étant têtu, Mel’Ermat était persuadé que des hommes le suivraient ou tout du moins marcheraient, au hasard, dans les mêmes directions que lui. Le second du royaume trouva Mel’Cari plus en forme que la veille et il sembla avoir attrapé un tic qui le faisait se tortiller comme s’il essayait d’enlever l’écharpe à son bras qui devait le gêner. Un médecin leur avait dit que la blessure était profonde mais ne semblait avoir ni trop touché le muscle ni avoir touché une partie sensible du bras. Il lui fallait juste du repos le temps que tout se referme. Abandonnant son colonel à la gestion de ses troupes, Mel’Ermat fit lever la herse et ouvrir les portes de bois pour plonger dans la ville. Cette partie-ci de l’Impériale appartenant plutôt aux classes aisées, on n’y relevait que très peu d’activité. A vrai dire, Mel’Ermat n’aurait croisé personne si ce n’était deux enfants qui coururent en sens inverse. Ils le surprirent tellement qu’il en mit la main sur son épée. Cela ne traumatisa pas plus que ça les bambins qui ne lui jetèrent même pas en regard et continuèrent leur course effrénée en riant. Les tentatives d’assassinat ne choquaient pas l’intendant du royaume mais avaient pour conséquence de le rendre un peu paranoïaque les jours qui suivaient. Il fallut quelques minutes pour tomber sur les premiers commerces. L’activité n’était pas débordante ce qui confirmait que nombre de rois, leurs suites et mêmes les populations concernées, n’était pas dans les parages. Il y avait là un cordonnier qui semblait s’inventer du travail, un boucher qui guettait les clients et un serrurier qui surveillait le ravalement de sa façade. Un long filet de protection avait été tendu afin d’éviter que des morceaux de murs ne tombent sur les passants. Cela faisait quelques temps que Mel’Ermat n’était pas venu à la Capitale mais il s’étonnait toujours de la pénombre dans laquelle ils vivaient. C’était le début de l’été et pourtant les rayons ne toucheraient la ville qu’en milieu d’après-midi. Il plaignait sincèrement les gens qui vivaient ici à l’année. Les pics faisaient menaçants au-dessus d’eux et il s’était toujours posé la question de savoir ce qu’il se passerait si l’un d’eux s’effondrait sur la ville. C’était un peu morbide comme pensée, songea-t-il, car rien ne laissait présager que ces pics là depuis des milliers d’années puissent avoir une quelconque fragilité. A l’angle d’un carrefour, Mel’Ermat regarda une affiche qui avait été placardée là. C’était à propos d’une personne disparue et on y retrouvait là une sommaire description et que tout renseignement serait récompensé. Mel’Ermat se demandait soudain la charge de travail que représenterait une ville comme celle-ci. Il était évident que si Mel’Placer était couronné Empereur pour les années à venir, ça allait être à lui que reviendrait la charge de gérer la partie administrative de la cité. Il avait du mal déjà avec leur royaume alors y rajouter une des villes les plus compliquées de l’Empire… Lui qui s’était juré de commencer à lever le pied, voilà que de nouvelles nuits blanches se profilaient. En regardant autour de lui, il vit que la population avait commencé à se densifier. Les gens passaient en groupe ou seul, chargés ou pressés, mais tous sans aucune envie de s’occuper de son plus proche voisin. Mel’Placer reprit sa promenade à un rythme plutôt soutenu afin d’éviter de se faire bousculer. Quand cela se produisait, c’était en général suivi de soupirs et de ronchonnements. Heureusement pour ces badauds qu’il n’était pas un seigneur à l’orgueil démesuré, il les aurait déjà fait fouetter pour moins que ça dans le cas contraire. Arrivé au carrefour suivant, il dut se résigner à faire demi-tour. Des gardes avaient bouclé les lieux car une manifestation religieuse allait emprunter cette voie. Un des soldats lui dit qu’il ne craignait pas vraiment de débordement mais ils ne pouvaient pas prendre le risque que les esprits ne s’échauffent. Il reprit une marche plus rapprochée des parois en lorgnant d’un œil inquiet les maisons en nids d’oiseau qu’on aurait dit prêtes à tomber. Ce fut à ce moment qu’il aperçut les soldats qui le suivaient. Les pauvres ne s’étaient pas attendus à ce qu’il fasse brusquement demi-tour et ils n’eurent pas le temps de faire semblant qu’ils étaient là pour autre chose. Mel’Ermat avait eu raison, Mel’Cari ne l’aurait jamais laissé aller en ville sans protection, surtout après les tentatives de meurtre. En passant, il leur fit un clin d’œil et reprit sa marche. Ils avaient l’avantage d’être plutôt discrets si bien que l’intendant n’avait pas l’impression d’être emprisonné. A force de déambuler, il finit par croiser une librairie. Il ne prenait pas particulièrement de plaisir à y passer du temps mais il se serait bien acheté quelques livres supplémentaires. La boutique était vraiment bien ordonnée, loin de ressembler à la librairie de sa ville natale qui semblait avoir été construite avec les livres eux-mêmes. Ici, chaque ouvrage était classé dans une armoire, rien ne traînait par terre. Mel’Ermat choisit donc un ouvrage historique sur une ancienne guerre qu’il n’avait jamais eu le loisir d’étudier et un livre d’histoire contemporain sur l’amour impossible de deux protagonistes. Il continua de flâner et entra plus tard dans un magasin d’armes et d’armures. Il n’était pas trop penché sur l’art du combat mais il aimait quand même bien regarder ce qu’il se faisait. Le vendeur tenta bien de lui vendre une armure mais Mel’Ermat le congédia rapidement. Il ne supportait pas les manières commerciales des vendeurs. Le magasin sentait le fer et le vinaigre, utilisé pour nettoyer la crasse des armes. C’était la première fois que Mel’Ermat voyait une partie d’un magasin dédié à l’occasion. Il se demanda alors quelle confiance on pouvait apporter à une arme, ou armure, qui avait failli à son prédécesseur. Il se dit par la suite que cela pouvait être aussi des objets vendus par leurs propriétaires et donc peut-être plus fiable que ce qu’il pensait. Il ressortit sans rien acheter, l’armurerie royale étant de meilleure facture et surtout gratuite pour lui. Son arrêt suivant se produisit à la guilde des ingénieurs. Il avait toujours été féru de technologies et bien que le siège central et les laboratoires de recherche se situent dans les montagnes à l’est, il y avait ici un centre d’exhibition où l’on pouvait approcher les dernières nouveautés à sortir. On suivait un parcours guidé au travers d’un grand entrepôt où des représentants de chaque peuple et de toutes les régions engrangeaient les commandes sur leurs produits. Mel’Ermat parcourut, à grands regrets, l’endroit assez vite. Le royaume avait investi dans une hypothétique plus-value sur le blé et il ne pouvait pas acheter ce qu’on lui proposa. Il n’y avait pas de représentants du royaume de Mel et l’intendant se demanda bien où ils étaient et ce qu’ils pouvaient bien préparer. L’alcool qu’il avait créé était une source de revenus non-négligeable et Mel’Ermat aurait bien aimé compter sur d’autres ressources. Sa curiosité n’alla, durant sa visite, pas à un objet ou à une création mais plutôt à une créature. Les représentants des Quatres races n’étaient pas vraiment en voie d’extinction mais on ne pouvait pas non plus se vanter d’en voir tous les jours. Dans le royaume, on trouvait à l’est dans les montagnes ceux de la Terre et un peu partout ceux de l’Eau. Plus discrets étaient ceux de l’Air à l’abri dans leur royaume nuageux et encore plus rares ceux du Feu. Pourtant c’était bien un groupe d’entre eux qu’il croisa. Mel’Ermat avait déjà vu des peintures montrant de grandes batailles où des silhouettes enflammées avaient contribué à des victoires épiques. Mais, à l’heure actuelle, ils ressemblaient plutôt à des hommes qu’on aurait recouverts d’une fine couche de boue à la nuance près, qu’au niveau des articulations et du visage, on voyait des fissures d’où provenait une couleur flamme. Mel’Ermat avait toujours pensé qu’ils ressemblaient à de grandes braises humanoïdes. Mis en appétit par autant de pensées, il décida de rejoindre un restaurant tenu par un ancien ami à lui de l’époque où il avait fait un séjour dans l’armée. C’était très proche de là et il ne mit pas longtemps pour y aller. L’homme n’avait pas voulu se lancer dans le contexte de taverne classique et avait créé quelque chose de plus intime où on y allait pour parler affaires. C’était silencieux, bien entretenu et en plus on y mangeait bien. La façade, ouverte par de nombreuses fenêtres laissait passer beaucoup de lumière et c’était avec ce naturel qu’il l’avait baptisée « au soleil montant ». Effectivement, c’était en début d’après-midi que le soleil dispensait le plus de clarté sur le bâtiment. La première pièce à laquelle on accédait était un vestibule assez grand pour qu’une dizaine de personnes puisse parler sans se gêner. Il n’y avait qu’une sorte de piédestal derrière lequel se tenait un serveur qui tournait les pages d’un gros livre. En le voyant entrer, il le claqua et se mit au garde-à-vous. Mel’Ermat ne voyait pas d’autres images pour décrire son attitude. -En quoi puis-je vous aider, Monsieur ? commença-t-il, poli. Le garçon ne devait pas avoir plus de vingt ans mais il semblait prendre son rôle très à cœur. Il avait encore le visage marqué par l’adolescence et une petite raie propre sur le côté qui lui fit réprimer un sourire. De plus, il était rare que l’on donne du Monsieur à l’intendant d’un des royaumes de l’Empire. En général, on l’appelait plutôt Monseigneur. Pourtant il était vrai que sa tenue plutôt classique et le manque de bijoux ostentatoires pouvaient induire en erreur. Il ne le corrigea pourtant pas. -Je viens voir un ami, répondit-il et manger un peu. -Bien, fit le jeune homme, nous n’avons que l’embarras du choix mais il faut savoir que d’ici le déjeuner, la salle a été réservée. -Je serais parti avant, rétorqua Mel’Ermat en hochant la tête. -Suivez-moi, termina l’autre en penchant à peine le torse. La salle suivante était l’une des quatre salles à manger. En réalité, il n’y en avait même qu’une, mais des cloisons mobiles s’enlevaient et se disposaient à convenance afin de transformer l’espace en un lieu modulable. Pour l’instant, et chose qui était plutôt rare, il n’y avait qu’une grande salle. Cela remontait à des années sans que Mel’Ermat ait plus l’admirer dans son ensemble. Mais la vérité était qu’il n’y était jamais allé de si bonne heure. Son ami n’était pas là lorsqu’il entra mais apparut juste après, au moment où l’intendant allait s’asseoir. -Mel’Ermat ! rugit l’autre. Déjà six mois ont passé ? s’étonna-t-il. La dernière fois qu’ils s’étaient vus remontait au début de l’année à l’enterrement de l’une de leur connaissance. -Le temps passe vite ! acquiesça-t-il. Je suis en ville pour quelques temps et je me suis dit que j’allais venir te saluer. Les deux hommes se serrèrent la main et le jeune serveur ne sut plus où se mettre. Daros le congédia d’un mouvement de main. -Je n’ai pas bien le temps de discuter, je dois préparer une grosse réception à midi mais nous devons avoir des choses à nous dire ! Mel’Ermat ne pouvait le nier. Daros était son aîné d’une dizaine d’années et pourtant le temps semblait l’avoir épargné. Il était fin, chose plutôt rare dans sa profession et avait toujours un sourire sur les lèvres. Son tablier blanc était immaculé si ce n’était quelques tâches d’eau qui en assombrissaient le bas. De plus, outre le fait que Daros était un ami, c’était aussi une précieuse source d’informations qui vendait ce qu’il entendait durant les repas. Heureusement pour sa réputation, rare était ceux à qui il proposait ses services. Mel’Ermat se plaisait à croire qu’il était même le seul. -Oui, oui ! Ne t’inquiète pas, le rassura Mel’Ermat. Vaque à tes occupations, on parlera plus tard. Je prendrai juste un petit-déjeuner. L’homme hocha la tête et partit en cuisine tandis que le bras droit de Mel’Placer partit s’asseoir dans un coin sombre de la pièce. Il aurait pu changer de place vu que la seule activité qui le dérangea fut celle de serveurs passant de temps en temps rajouter quelques couverts. Ils devaient tous être en train de s’activer en cuisine. Preuve était qu’il fut rapidement servi. Ce matin, au menu, il y avait des haricots blancs, du pain et du lard. Mel’Ermat n’était pas adepte d’une cuisine grasse au réveil mais la cuisine de son ami était tellement bonne qu’il ne résista pas longtemps et engloutit son plat jusqu’à en saucer l’assiette. Ce n’était pas très élégant mais tellement bon… A la fin de son repas, il attendit quelques minutes tant pour digérer que pour s’excuser auprès de son ami de sa nécessité de s’en aller. Celui-ci ne revenant pas et n’osant pas aller fouiller les locaux, Mel’Ermat se leva de table et après un signe de tête au jeune de l’entrée, quitta l’édifice. Il avait encore plusieurs heures avant de devoir se préparer pour la soirée. Il faillit aller faire quelques courses pour se trouver d’autres habits puis se ravisa. Il était persuadé qu’il pourrait mieux utiliser son temps. Mel’Ermat se rendit compte, comme à chaque fois qu’il venait à la capitale, que loin de sa cité et des problèmes qu’il devait gérer, il avait beaucoup trop de temps pour lui et ne savait quoi faire. N’ayant jamais eu de temps libre, il ne savait pas ce que les gens faisaient pour s’occuper. Il aimait bien la chasse mais vu la localisation de la ville, il n’était pas sûr que cette activité était vraiment florissante ici. Il décida d’aller plutôt vers le forum. C’était une vieille –sinon la plus vieille– place de la ville. Elle datait d’une époque que tous avaient oublié et se rencontraient là tous ceux qui avaient quelque chose à échanger. La place était majoritairement faite de pierres blanches, de marbres et d’anciennes grandes colonnes dont aucune ne pouvait encore se vanter d’être en bon état. Mel’Ermat s’engagea sur la place en empruntant une légère décente, l’endroit se trouvant dans un léger creux, en se réjouissant du peu d’activité. C’était tout relatif puisqu’il y avait là quand même plus d’une centaine de personnes ce qui constituait quand même quelque chose d’assez conséquent. Pourtant, à ces plus grandes heures de gloire ou quand la ville était remplie –ce qui serait le cas bientôt–, on avançait au coude-à-coude et on dénombrait alors plusieurs milliers de personnes. Mel’Ermat fit un tour afin de voir comment se comportait le cours du blé. Pour l’instant, les prix étaient plutôt stables et l’intendant se demandait si les récoltes avaient vraiment été aussi mauvaises. Il avait passé des ordres d’achat du blé uniquement dans les régions dans lesquelles on s’attendait à de bonnes moissons, si d’autres avaient finalement fait des récoltes miraculeuses… Il allait se trouver en possession d’une énorme quantité de nourriture qu’il devrait vendre au même tarif que les autres alors que son plan à lui était de faire la loi sur le marché. En tout cas, Mel’Ermat se réjouit de voir que les échanges se portaient néanmoins bien et que, comme d’habitude, on pouvait acquérir ce qu’on voulait… à condition d’y mettre le prix. Mel’Ermat n’avait pas connaissance de denrées interdites à la vente. On pouvait donc facilement se procurer armes, poisons et esclaves bien que le commerce de ce dernier commençait à décliner. Néanmoins l’acheteur devait se faire enregistrer auprès du bureau de gardes afin que l’achat d’un produit de catégorie « dangereux » lui puisse être remis. Mel’Ermat ne trouva rien qui lui fasse envie, ni pour lui, ni pour son royaume et ni sur le forum ni dans les magasins des rues avoisinantes. Comme cette visite lui coûta deux heures de son temps, il décida de retourner à la villa. Il allait être dans les environs pour au moins un mois, il aurait largement le temps d’aller faire ce qu’il avait prévu un autre jour. @+ -= Inxi =-
  6. Oh c'est mignon !! Il se soucie de sa monture, n'est-il pas plein de sentiments après tout ? Est ce que la monture viendra le chercher plus tard ? Sauvé par la créature qui lui doit la vie ? Will see ! Alors suite ! @+ -= Inxi =-
  7. Hello boys and girls Voici la suite ! Y a encore des gens qui lisent ? Histoire que je sache que je ne poste pas que pour moi ? Chapitre 6 Les montagnes furent rapidement en vue mais les rejoindre fut bien plus long. Heureusement pour eux, ils évitèrent les pluies printanières et ne furent pas trempés du voyage. Mel’Ermat eut une fois de plus l’occasion de s’étonner du relief de cette partie du monde. Les montagnes entourant la Capitale étaient nettement visibles car les pics rocheux étaient de plusieurs kilomètres au-dessus des reliefs voisins. Mais le plus étrange était que ces hauts pics formaient un cercle à la manière d’une haute couronne posée sur le sol. Couronne dans laquelle se blottissait la Capitale. De là, de manière plus inégale et –avait-il envie de dire– normale, partaient des valons, falaises, des plateaux, des montées et des descentes. Un vrai paysage montagnard. Mel’Ermat était persuadé que cette disposition n’avait rien de naturelle et c’était d’autant plus vrai si l’on considérait la magie à l’œuvre dans les cavernes. La ville était protégée par un puissant sortilège dont on avait perdu l’origine. Ce sort était aussi simple que puissant : Dans le réseau des grottes, des cavernes et des tunnels qui parcouraient la zone, le sort faisait se perdre toute personne indésirable. La seule manière de pouvoir se diriger jusqu’à la ville était de suivre les Guides. Les Guides étaient des personnes choisies – Les dieux seuls savaient comment – parmi les habitants des royaumes et qui venaient là, irrémédiablement attirés, pour servir de passeurs aux voyageurs. A chaque fois que l’un d’entre eux mourrait, un autre arrivait et le remplaçait sans que personne ne gère quoique ce soit. Cela faisait longtemps que les scientifiques, les religieux et tous les volontaires avaient cessé d’essayer de comprendre ce phénomène. Leur passeur fut un homme assez grand et corpulent mais plutôt silencieux. Il avait été prévenu de leur arrivée si bien qu’il ne posa pas de questions. Le voyage nocturne et souterrain dura pratiquement deux journées mais Mel’Ermat eut l’impression que cela dura des semaines. Les torches dont ils disposaient parvenaient à peine à éclairer leur chemin et il était impossible après quelques minutes de comprendre le chemin qu’ils empruntaient. Cela perturbait Mel’Ermat qui se demandait comment les guides se débrouillaient. Il n’avait pas particulièrement peur du noir mais le clapotis de l’eau qui ricochait sur les parois, l’inquiétante absence de bruits autres que les leurs commençait à lui peser sur les nerfs. Les grands gouffres qu’ils traversaient lui donnaient le vertige et il se demandait s’il y avait vraiment un fond dans lequel même les sons disparaissaient. Ses hommes n’avaient pas été plus joyeux et eux qui discutaient sans cesse en marchant s’étaient tus et n’avaient repris leur bavardage qu’une fois le camp monté le long d’une paroi dans une grande caverne. Là, ils remarquèrent qu’ils n’étaient pas seuls et que d’autres groupes de voyageurs avaient été réunis là. Mel’Ermat n’avait aucune idée de combien de guides hantaient ces cavernes. Le groupe le plus près d’eux se situait à deux cents mètres. C’était un charretier, son chariot et son animal. Le cheval ne semblait pas particulièrement inquiet de sa situation : ce n’était sûrement pas la première fois qu’il faisait le trajet. Cette nuit-là lui parut étrange comme à chaque fois qu’il dormait sous terre. Il eut d’abord d’énormes difficultés à trouver le sommeil du fait de ne pas avoir vu le soleil de la journée. Son corps était perturbé de cette perte de repère. Une fois endormi, il se réveilla plusieurs fois avec l’impression de n’avoir aucune idée d’où il se trouvait, ce qui était d’ailleurs le cas. Il fut donc soulagé de sortir de la caverne et de se faire éblouir par le jour alors même qu’il était à l’ombre. L’impression d’étouffé disparut bien vite et il sourit largement en regardant la Capitale. Les grandes portes de fer qui barraient le tunnel étaient largement ouvertes et on pouvait voir de chaque côté deux groupes de soldats qui maintenaient une garde toute relative. Leur guide était reparti et d’autres voyageurs attendaient là que leurs yeux se réhabituent à la luminosité. Un silence révérenciel s’installa quand la troupe militaire passa mais les conversations reprirent tout aussi vite. Le bruit familier de la ville les agressa autant que les odeurs de nourriture. Les gens allaient et venaient et si ce n’était ces grands pics au-dessus d’eux, Mel’Ermat aurait pu se croire chez lui. Les premiers bâtiments se situaient immédiatement à la sortie du tunnel. Ces maisons, peu étendues mais tout en hauteur, était d’un blanc qui tirait vers le vert. C’était en grande faute à la situation géographique des lieux : le soleil ne brillait au-dessus d’eux qu’en milieu de matinée jusqu’au milieu d’après-midi. En hiver, saison qu’ils avaient laissé quelques mois auparavant, le soleil était tellement bas que les habitants des lieux ne devaient pas en voir la couleur. Les moisissures et la mousse se donnaient à cœur-joie de pousser sur ces grands pans vierges, tâchant de manière discrète les murs des édifices les moins entretenus. Le cratère où s’était nichée la ville était nettement séparé en deux côtés. La partie face au nord, qui ne voyait jamais le soleil, où se trouvaient les bâtiments administratifs, et la partie sud, celle qui bénéficiait parfois de lumière, où se situaient les commerces et les habitations. Le dénivelé entre le centre des lieux et les parois des montagnes n’était pas très raide, exception faite de certains endroits, si bien que les constructions avaient poussé comme des champignons. Pour palier le manque de place, les architectes les plus talentueux avaient commencé à construire le long des parois verticales qui montaient en direction des pics et avaient le projet de créer un niveau artificiel au-dessus de la ville. Mel’Ermat en avait entendu parler depuis des années mais rien n’avait avancé depuis lors. De mémoire, c’était un problème de négociation entre les architectes et les magiciens sans qui le projet ne serait voué qu’à s’effondrer. Néanmoins, des maisons étaient déjà suspendues à la manière de ces abris pour oiseaux qu’on installait le long des troncs d’arbres. Ce relief intérieur avait quand même eu une influence sur l’organisation des rues. Ces dernières étaient toutes parallèles les unes aux autres du nord jusqu’au sud. Dans l’autre sens, on ne dénombrait que trois rues transversales principales qui n’étaient qu’autres que des escaliers pour deux d’entres elles et une rampe géante pour la dernière. Cela permettait ainsi aux chariots, qui ne pouvaient pas prendre les escaliers pour changer de rues, d’avoir leur lieu de passage. Mel’Placer avait acheté une résidence contre une paroi face au sud afin de bénéficier d’un éclairage optimal. Mel’Ermat n’avait rien dit concernant un choix sensé mais qui les obligeait à traverser la ville de part en part. Mel’Ermat trouvait encore la ville assez inactive. En effet, les périodes d’élection voyaient un grand nombre d’arrivées et la population de la ville pouvait être multipliée par dix. Dans ces moments, le bras droit du royaume avait l’impression qu’ils se marchaient tous les uns sur les autres. La circulation devenait même réglementée et les chevaux et chariots ne pouvaient plus circuler entre neuf heures du matin et huit heures du soir. Pour l’instant il était encore tôt et les élections n’auraient lieu que dans quelques semaines, largement le temps de s’organiser. Il leur fallut pratiquement quarante-cinq minutes pour arriver jusqu’à la villa. En temps normal, porté par un bon rythme, il ne fallait qu’une trentaine de minutes mais le plaisir d’être à l’air libre les avait ralentis. Le trou de la Capitale n’était pas si grande remarqua Mel’Ermat. Sans obstacle, il aurait fallu une heure et demie pour en faire le tour complet. La résidence du roi de Mel était de façade semi-circulaire encadrée par deux tours. Le portail d’entrée était forme par une herse, à l’heure actuelle remontée, et de portes en bois massives. Mel’Ermat avait fait confectionner ces portes spécialement par un artisan de chez eux. L’homme avait été plus qu’heureux d’aider sachant que la facture représentait un an de travail pour lui. En dehors des maisons perchoirs, c’était une des plus hautes des environs mais pas l’une des plus grandes. Elle devait être de huit cents mètres carrés répartis sur sept étages. Il y avait dans l’arrière-cour un autre bâtiment tout en longueur qui servait de quartiers à ses soldats auquel se joindraient plus tard ceux de Mel’Placer. Il y avait aussi dans la cour intérieure un puits et une petite écurie encadrée par quelques arbres. Plusieurs personnes attendaient dans la cour et vinrent à leur rencontre. C’était les serviteurs qui avaient été désignés pour passer l’année dans cette bâtisse afin de la maintenir bien entretenue. Mel’Ermat n’avait jamais vraiment été pour. La maison n’était occupée que deux mois par an ce qui leur laissait dix mois pour se tourner les pouces aux frais du royaume. Malheureusement, il n’avait jamais réussi à faire entendre raison à son roi là-dessus. Ils avaient au moins le mérite de bien faire leur travail car la cour était impeccablement rangée et les massifs floraux comme les arbres étaient coupés de frais. L’intendant en interpella un : -Il faudra aller m’acheter du vin au miel, j’en aurais bien besoin. Cette boisson était une véritable obsession pour Mel’Ermat qui n’en trouvait que lors de ses venues à la Capitale. Elle était faite par un producteur local qui n’en faisait même pas assez pour qu’il puisse s’en faire des réserves. C’était d’ailleurs fort dommage. -Quand tu reviendras, tu iras avec quelques autres de tes collègues regarder quels dirigeants sont en ville et où ils sont. Mel’Ermat avait besoin de ces informations le temps que son maître espion revienne. Son réseau allait devenir indispensable. Il hésita à le faire rechercher mais il se dit que le jour où il serait en ville, ce dernier le trouverait bien avant que quiconque sache qu’il était dans les parages. Il fallait juste prendre son mal en patience. Chose qu’il avait quand même du mal à faire. Les serviteurs étaient un moyen alternatif mais peu fiable. En effet, ils ne pouvaient pas être utilisés en filature car ils se connaissaient les uns les autres, même de maisonnées différentes. De plus, ils ne remarqueraient même pas être eux-mêmes espionnés et Mel’Ermat était sûr que c’était le cas. Pour les missions les plus délicates, il aurait besoin de professionnels. @+ -= Inxi =-
  8. Hola ! Voici la suite ! Je mettrai bientôt un glossaire au début pour pas que vous soyez perdus avec les noms ! Enfin si ça vous intéresse Mel’Ermat regarda à l’extérieur, le soleil devait être levé depuis une heure. Il n’avait de toute manière pas envie de se rendormir. Il n’avait d’ailleurs aucune motivation à continuer son rêve qui semblait aller en se transformant vers un cauchemar. Mel’Ermat se posa la question d’un bain puis l’éluda. Il n’avait pas particulièrement l’impression de sentir mauvais et il leur restait encore quelques jours de chevauchée. Une fois à la Capitale, il aurait le temps de s’occuper de lui. En déambulant dans les couloirs, le bras droit du roi n’eut pas l’impression qu’il restait grand monde dans le bâtiment. Les pièces du bas étaient tout aussi vides et la salle à manger l’était également. Les tables étaient sales et pleines de nourriture, preuve irréfutable qu’une troupe d’hommes étaient venue prendre son petit-déjeuner. La même table que la veille avait été laissée prête à son intention. Il y avait des tranches de pain, du beurre et du lait. Mel’Ermat passa son tour pour le lait dont il n’était pas fan mais se régala sur ses tartines. Le pain était vraiment bon. Le colonel Mel’Cari vient lui parler pendant son repas pour lui annoncer qu’ils étaient prêts à partir à tout moment et que le ravitaillement avait été fait. Mel’Ermat répondit qu’ils partiraient d’ici trente minutes. Il n’était pas particulièrement pressé de remonter à cheval, ses cuisses étaient endolories et il n’osait penser à son postérieur… A plus forte raison quand il pensait qu’ils allaient encore voyager un jour complet. La prochaine étape se situerait dans une ville à peine plus grande que celle-ci à plus de soixante-dix kilomètres de là. Mel’Ermat le savait, il savait qu’il le savait et il se maudit d’avoir raison. Dès les premiers mètres que fit son cheval, les soubresauts de la route et les légers rebonds sur sa selle lui indiqua l’exacte position de ses courbatures. Il espéra pourtant que celles-ci allaient disparaître avec le temps mais ce n’en fut rien. Il dut admettre la vérité, il n’était pas fait pour le cheval. Ce fut avec une impatiente mal dissimulée qu’ils finirent par atteindre leur objectif une heure après la nuit tombée. Une des bêtes se blessa une patte et le soldat en question dut marcher jusqu’à ce qu’ils puissent trouver un animal de remplacement. Cela leur fit perdre assez de temps pour être en retard sur leur programme. La ville en question fut presque entendue avant d’être vue. C’était une commune d’une centaine de bâtiments dont l’implantation semblait être le fruit du hasard. La ville rayonnait littéralement et un halo jaune l’entourait. Mel’Ermat n’eut pas le temps de s’étonner d’une telle luminosité que de la musique et des rires parvinrent jusqu’à eux. Ses hommes s’éclairèrent brièvement puis les sourires s’effacèrent. Visiblement, aucune d’entre eux ne comptait profiter de la fête du village. Mel’Ermat appela Mel’Cari. -Si on laissait les soldats s’amuser ce soir ? Le colonel grogna. Il osait rarement contredire les avis de son supérieur mais il était évident que l’idée ne lui plaisait pas plus que ça. Mel’Ermat argumenta alors. -A la Capitale, j’aurais sûrement besoin d’eux en permanence. Je n’ai pas vraiment envie qu’ils aient la tête à s’amuser. Je préférerai qu’ils se défoulent maintenant pour être prêts plus tard. -Et ceux qui nous poursuivent ? Mel’Ermat avait aussi cette impression mais force était de constater qu’il n’y avait personne. -Je pense que c’est juste une méfiance mal placée, nous devrions profiter pendant que nous le pouvons encore. Tu feras passer le message une fois que nous serons installés. Je ne veux pas voir d’armes et pas de bagarres. Le moindre dérapage ne sera pas considéré individuel mais collectif. Ils feront donc mieux de se surveiller les uns les autres. Le colonel acquiesça malgré lui. La chevauchée fut silencieuse jusqu’à la ville. Mel’Ermat prit plaisir à laisser ses hommes déprimer pour leur annoncer la bonne nouvelle. Cela aura le mérite de remotiver les troupes. Ses éclaireurs revinrent faire un rapport au colonel pour lui dire qu’ils avaient trouvé un établissement capable de les accueillir tous en périphérie sud de la ville, le centre étant difficilement accessible en ce jour de fête. C’était une grande taverne de bois qui, bien que moins élégante que la veille, offrait plus d’espace et plus de convivialité. Il y avait une grande grange annexe mais pas de champs où les animaux pouvaient paître. Le colonel appela ses hommes sévèrement lorsque tous eurent prit soin de leur monture. Ils se mirent en ligne face à eux tandis que Mel’Cari faisait des allers-retours devant eux. -Je ne suis pas enthousiaste mais notre intendant vous laisse quartier libre pour ce soir. Il parla plus fort alors qu’un murmure parcourut la troupe. Les cinq minutes suivantes furent consacrées à des menaces sur un manquement de comportement et sur le pourquoi du comment ils feraient mieux d’être responsables. La troupe s’éclata avec une énergie que personne n’aurait pu soupçonner après un tel voyage. Mel’Ermat vit passer beaucoup d’hommes qui allèrent se changer et lui lancèrent des merci ravis. A leur suite, il décida d’en faire de même et aller se détendre un peu. Il goûterait bien les spécialités locales pour vérifier si celles-ci parvenaient à anesthésier la douleur. Le bâtiment qu’il rejoignit était tout en bois et Mel’Ermat s’installa dans une chambre quelconque dont la fenêtre donnait vers l’intérieur de la ville. Les aides de camp déposèrent les malles et s’éclipsèrent pour se préparer eux-mêmes. Il enfila alors rapidement un ensemble noir qu’il avait fait faire sur mesure. Ce n’était pas des couleurs très joyeuses mais il se trouvait élégant ainsi vêtu. Il sortit de l’auberge en espérant qu’il trouverait aussi à manger en ville. Ses soldats avaient de l’avance et il avait déjà vu leur capacité à engloutir. La quantité de nourriture qu’ils pouvaient avaler était terrifiante. Si ceux-ci se précipitaient dessus, il n’y aurait pas beaucoup de reste. Heureusement, la place du village où tout le monde s’était rassemblé avait été préparée en conséquence. Mel’Ermat était à l’orée de la foule et essayait de comprendre l’organisation des lieux. L’orchestre se situait à son exact opposé et avait été monté sur une estrade. En plissant les yeux, le bras droit de Mel’Placer était sûr que certains de ses hommes étaient là aussi à jouer de leurs instruments. Il commença alors à se frayer un chemin au milieu des convives et des tables. Cela bougeait énormément, autant les enfants que les adultes et on lui rentra plusieurs fois dedans. Il bouscula également au moins la moitié de la place, tant ceux qu’ils croisaient que ceux attablés. Heureusement de bonne humeur, personne ne lui en tint rigueur. Ses soldats étaient facilement reconnaissables car portaient tous leur livrée bleue aux armoiries du royaume. Certains discutaient entre eux, d’autres avaient déjà commencé à sympathiser avec les habitants tandis que certains s’étaient même mis à danser. Il localisa son colonel légèrement à l’écart qui regardait de tous les côtés d’un œil sévère. Il sourit et, tout en le rejoignant, se demandait s’il lui arrivait de se reposer. -Bizarre de te voir sans ton armure et ton épée, commença Mel’Ermat. Il grogna en réponse, trop concentré à surveiller pour se rendre compte qui était là. Il parut soudain réaliser et bafouilla. -Oui, oui ! Je déteste ne pas l’avoir mais ça doit être l’habitude d’un vieux soldat. Mel’Ermat ne dit rien, il devait sûrement avoir le même âge, la quarantaine passée. -Je vous aurais pensé avec la bourgeoisie locale… -J’y ai pensé, avoua Mel’Ermat, mais je vois pas dans ce remue ménage qui ils pourraient bien être. L’autre acquiesça. Les chansons s’enchainaient les unes aux autres tandis la foule reprenait en cœur le refrain de celle-ci. C’était une chanson plutôt triste qui parlait d’un marin perdu en mer. L’air rapide et la mélodie simple faisait néanmoins en sorte qu’une fois en tête, on pouvait la fredonner des jours. Des jeunes femmes leur passèrent devant en souriant et Mel’Ermat leur rendit naturellement. Il reprit rapidement un masque sans expression, il ne voulait pas laisser croire qu’il aurait pu être infidèle. Il avait une femme et cela lui suffisait… Surtout quand on connaissait le pouvoir de manipulation de ces dernières. Quatre hommes émergèrent de la foule pour se diriger vers eux. Ils sourirent mais Mel’Ermat les trouvait presque plus inquiétants qu’autre chose. -Vous êtes l’envoyé de l’Empereur ? demanda l’un d’entre eux. La bourgeoisie locale n’avait pas mis longtemps à le retrouver. -C’est cela ! Et vous êtes ? Sans avoir le temps de répondre, un des quatre hommes s’effondra. La surprise des deux groupes fut instantanée. Quand il toucha le sol, on vit nettement un carreau dépasser de son dos et la dague dans sa main. Les trois survivants prirent un air beaucoup plus menaçant et dégainèrent chacun une rapière sortie du néant. Sans hésiter, le colonel poussa son supérieur en arrière et s’interposa. Mel’Ermat vint heurter le mur d’une maison et s’affaissa à moitié. Désarmé, Mel’Cari ne pouvait pas lutter contre trois agresseurs. L’un d’entre eux le toucha et il s’effondra. Les trois se tournèrent vers lui. Heureusement, sorti des ombres, un groupe de soldats s’interposa et engagea le combat. Mel’Ermat les regarda repousser les attaquants jusqu’à la foule où, coincés, ils livrèrent leur dernière bataille. Se rendant compte du massacre, une femme hurla et immédiatement un demi-cercle surpris se forma. Les soldats restèrent face à la foule, scrutant le moindre visage. Mel’Ermat, remis de sa stupeur, alla voir son colonel qui s’était remis sur son séant. Il se tenait l’épaule où il semblait avoir été blessé. -Ca va aller ? s’inquiéta Mel’Ermat. L’homme hocha la tête en grimaçant. -J’ai connu pire, minimisa-t-il alors que du sang coulait entre ses doigts. Des soldats les rejoignaient et, bientôt, tous furent là. De nouveaux venus se frayèrent un chemin tout en injectives au travers de la foule. Ils s’arrêtèrent à la vue des cadavres. -Je savais qu’ils étaient louches, cracha le premier d’entre eux. -Soldat, déclara Mel’Ermat, emmenez le colonel se faire soigner. L’homme tenta de protester mais le danger écarté, il se laissa faire. Finalement, le colonel n’avait pas dû donner congé à tous ses hommes et cela leur avait sûrement sauvé la vie. Contrairement à Mel’Ermat, il avait continué d’écouter son instinct qui lui murmurait au danger depuis qu’ils étaient descendus de bateau. Mel’Eclé, le plus jeune d’entre eux, se mit à ses côtés, arbalète au poing. Il devait avoir été le premier à tirer et à lui sauver la vie. -Je suis désolé, seigneur, dit l’homme qui avait pesté. Je suis le maire et je suis navré de ça. J’avais pourtant bien demandé à ce qu’ils soient surveillés. La garde arriva tandis que le maire jetait des regards aussi noirs que furieux à des hommes dans la foule qui devaient être ses subordonnés. -Qui étaient-ils ? voulut savoir Mel’Ermat. -Personne ne sait, ils sont arrivés tous les quatre il y a un jour de cela. -Personne d’autre ? -Non, je ne crois pas. Ils avaient chevauché depuis longtemps et n’avaient même plus de provision. Ils ne disposaient plus qu’un sac de toile pour dormir et voilà tout. Cette attaque ressemblait beaucoup à une opération de la dernière chance. La foule commençait doucement à se remettre à d’autres activités tandis que les soldats locaux les dispersaient. La musique n’avait pas repris et il était sûr que la fête avait été gâchée. Seul l’alcool leur ferait oublier cette scène de carnage. -Vous deux et toi, désigna Mel’Ermat en incluant Mel’Eclé. Allez voir leurs affaires si vous trouvez quoi que ce soit. Vous trois, idem sur les cadavres puis allez les jeter dans la nature. Toi et toi, je veux que vous trouviez le représentant des Messagers. Le reste, faites ce que vous voulez mais soyez prêts au lever du soleil. -En attendant le Messager, si vous voulez vous joindre à ma table, proposa le maire de la ville. Mel’Ermat accepta de bon cœur. Ce n’était pas la première fois qu’on tentait de le tuer mais ce n’était jamais une expérience qu’il était pressé de renouveler. Sans ses soldats, il n’aurait plus été de ce monde, complètement dépassé par le contexte. Autant son esprit réfléchissait vite, autant il n’était pas un guerrier et n’avait pas le réflexe de réagir dans une telle situation. On lui fit une place royale à table et lui apporta des couverts et une assiette propre, immédiatement suivis par une coupe de vin. La table accueillait dix convives dont une femme très discrète à un bout de table. Pendant qu’il se servait des morceaux de poulet, la conversation se lança naturellement sur cette attaque. -Avez-vous une idée de ce qu’ils voulaient ? l’interrogea un homme. Il est risqué de s’en prendre au second du royaume. Visiblement ses éclaireurs avaient contribué, en trouvant une auberge, à annoncer son arrivée. L’homme avait le nez fin autant que l’expression de son regard. Mel’Ermat aurait bien aimé savoir qui étaient ces gens autour de la table et quelle était leur fonction. -Aucune, répondit Mel’Ermat en décidant de garder pour lui le fait que ce n’était pas la première tentative. Il excluait le fait que ça soit pour l’or qu’ils avaient été agressés. Les hommes n’auraient pas cherché à l’abattre lui personnellement et auraient été plus nombreux. C’était donc une menace qui pesait sur sa tête. Les pistes étaient trop nombreuses pour que Mel’Ermat tente des conclusions sans avoir le rapport de ses militaires. -C’est bien la première fois qu’il arrive quelque chose ici, mon époux, dit la femme en direction du maire. L’homme ne put qu’être d’accord. -J’espère que votre colonel s’en remettra, dit avec sympathie un des membres de la table alors que la musique reprenait tout doucement. Mel’Ermat aussi, cet homme était inestimable. Un homme à long coiffe se présenta à la table et le bras droit du royaume s’excusa pour s’isoler. -Vous m’avez fait mander, Sir ? demanda l’homme en tendant sa paume de main marquée par le symbole des Messagers. -J’ai un message à faire envoyer à Mel’Placer. -Quelles sont les caractéristiques ? -Rapide, directe, confidentielle et de mémoire. Cela voulait dire qu’il n’existerait pas de version papier et que si jamais l’homme était intercepté, personne ne saurait ce qu’il se passait. Les caractéristiques choisies étaient les plus chères mais il n’avait pas le choix. -Je veux que vous trouviez le général Mel’Surika et que vous le mettiez en garde contre de possibles attaques contre sa personne. Dites-lui que nous avons subi deux attaques. De plus, j’aimerais des nouvelles du blé et de la fête. Il comprendra. Il vous paiera pour la course. Ah oui, conclut-il, et dites-lui de me faire envoyer Mel’Asté, s’il arrive à le trouver. Mel’Ermat avait besoin de son maître espion. Le messager partit sur le champ. Lié par des vœux de confidentialité, ils avaient réputation de ne pas parler, même sous la torture et jouissaient de statut particulier dans les villes de tout l’Empire. Il retourna ensuite discuter avec les tenants de la ville. Le réveil fut assez aisé. Même si la fête avait repris, ses hommes étaient restés méfiants malgré le danger écarté. Ils n’avaient pas aimé se faire surprendre et encore moins failli à leur mission. Si leur colonel n’était pas resté vigilant, ils auraient pu perdre leur commandant. Mel’Ermat ne s’était pas couché trop tôt non plus, coincé à la table du maire et de ses invités, ils avaient beaucoup discuté tout au long de la nuit. Il n’oublia pas Mel’Cari et se fit apporter des nouvelles jusqu’à ce que celui-ci se fût laisser soigner et s’endormit de fatigue. La géopolitique locale n’était guère palpitante mais Mel’Ermat s’étonnait toujours de voir comme chaque ville pouvait être différente et qu’elles n’avaient pas les mêmes préoccupations. Ici, à quelques jours de la Capitale, les problèmes tournaient autour de l’expansion croissante des gibiers qui détruisaient leurs cultures ainsi que par les visiteurs repartant de l’Impériale. En effet, cette dernière se situait entourée de montagnes et pour des raisons d’espace, n’avait pu devenir une grande métropole. Le pouvoir étant décentralisé, cela convenait d’ailleurs parfaitement aux rois de chaque royaume qui n’avaient pas envie de rester à l’année dans ce lieu. Comme, au final, ce n’était qu’un emplacement central géographiquement, les cavernes menant à l’Impériale servaient surtout de passage entre chaque région. Du fait, les gens de mauvaises intentions comme des meilleures étaient dans les environs. La conversation se termina alors par un jeu de faveurs où des demandes sous-entendues furent formulées et des propositions faites aussi bien en termes d’alliances, que de mariage avec son fils, que de traités commerciaux. Peu de propositions étaient vraiment intéressantes mais Mel’Ermat promit de se pencher dessus dès qu’il en aurait le temps. Pour l’instant, son but était de gagner le pouvoir de l’Empire pour son roi. Il reviendrait donc vers eux si bouger ces pions avaient un réel intérêt. Après un copieux déjeuner offert par la ville en excuses de l’attaque qui avait eu lieu, la troupe se mit en route silencieusement et avec détermination. @+ -= Inxi =-
  9. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Hahaha ! En avant, pour l'instant ça se passe comme je l'avais prévu ! Il participe et voyons qui sera retenu et qui ne le sera pas ! Bonne chance à tous @+ -= Inxi =-
  10. Pas facile d'être un prince ! Je suis content qu'il gagne pas vraiment, ça aurait fait trop cliché Au moins là ils galèrent tous et les combats restent à la portée de chacun. En tout cas c'est du tout bon sur ce passage, j'ai pas noté de fautes donc la suite est bienvenue à tout moment @+ -= Inxi =-
  11. Coucou les enfants, voici la 'petite' suite Chapitre 5 Mel’Ermat se réveilla, dérangé par une sensation de froid. Il ouvrit péniblement les yeux vers l’extérieur de la tente et put voir qu’il faisait encore nuit, même si celle-ci commençait à s’éclaircir. Au bout du lit, la couverture était tombée et ses pieds étaient à l’air. Il se recroquevilla pour les faire rentrer au chaud et s’étira. Fermant les yeux, il savait pertinemment qu’il ne se rendormirait pas. Il tourna la tête vers l’entrée de sa tente partiellement ouverte. Il n’en était pas sûr mais l’humidité de la rivière semblait avoir recouvert la zone d’un léger brouillard. Il se frotta les yeux et s’assit sur le bord du lit. Pour une première nuit à l’extérieur, ça ne s’était pas trop mal passé. Il s’habilla rapidement et émergea dans son campement. Effectivement, il devait y avoir encore une heure avant que l’aube ne se lève. Deux gardes tournèrent la tête dans sa direction et se remirent en poste la seconde d’après. Une partie du camp avait déjà été démontée dans le plus grand silence. Mel’Ermat ne savait pas quelle menace avait proféré son colonel mais les hommes gardaient un calme cérémonial. A côté de bûches gisaient sur un plateau de bois une dernière tranche de pain et du saucisson. Il avait toujours trouvé ça dur à avaler le matin mais il avait un goût odieux à se faire sortir de la bouche. Il s’assit pour déguster son repas tout en regardant d’un œil lointain la troupe s’activer. Le réveil n’était pas la partie qu’il préférait de la journée… Une demi-heure plus tard, Mel’Ermat n’avait toujours pas l’impression d’être dans le bon monde. La nuit s’éclaircissait de plus en plus mais il était autant dans le brouillard que la région avoisinante. Le campement était démonté et seules quelques traces au sol prouvaient qu’ils avaient été là. Du dos de sa monture, Mel’Ermat donna l’ordre d’avancer. La colonne se mit sur un rythme plutôt tranquille et s’enfonça dans la forêt. Le bras droit du royaume de Mel avait bien en tête la typologie de la région. A part sur la fin du trajet, les arbres allaient être un spectacle plutôt régulier sur les deux semaines de chevauchée qu’ils avaient devant eux. Cela ne le dérangeait pas tant que ça sachant le plaisir qu’il avait à chasser. Par contre, il en fut vite las après la première semaine de voyage et encore pire en arrivant sur la fin. D’après le colonel, ils n’avaient pas perdu de temps et ils avaient pratiquement gagné une demi-journée. A part des animaux et quelques voyageurs, ils n’avaient croisé personne. Par contre, depuis quelques jours, certains soldats avaient eu l’impression d’être suivis. Malgré les éclaireurs et les tentatives d’embuscade, ils ne surprirent rien. Visiblement, sa propre paranoïa avait fini par déteindre sur ses soldats qui imaginaient le mal partout. Ce jour-là, ils décidèrent de s’arrêter à une ville toute proche dont Mel’Ermat oublia le nom aussi vite qu’on le lui dit. C’était une ville de taille modeste qui n’avait pas mérité le fait qu’on l’inscrive sur les plus grandes cartes. Pour une fois, Mel’Ermat avait accepté que la troupe puisse dormir au chaud et profite d’un vrai repas. Pour se faire, l’intendant du royaume loua une entière taverne même s’il dut menacer le propriétaire qui ne voulait pas faire sortir certains clients. Ils finirent néanmoins par trouver un arrangement financier. Le bâtiment s’étendait sur plusieurs étages et était d’un blanc laiteux assez original. Les bâtiments des alentours avaient choisi une couleur équivalente ce qui rendait le tout assez cotonneux. La pluie de la veille avait cependant rendu le sol boueux et le bas des murs était vraiment sale. Pourtant ce n’était rien à côté de formes que des individus avaient sûrement tenté de dessiner sur ces grandes ardoises blanches et vierges. Une jeune femme était d’ailleurs à l’œuvre sur un côté de la bâtisse et frottait avec conviction les marques de terre pour les faire partir. L’ensemble de la troupe fit le tour en direction de l’arrière cour. C’était une mince bande de route pavée qui donnait sur un large champ dans lequel était en train de paître des dizaines de chevaux. Le long des clôtures, une grange avait été bâtie. Laissant les hommes désignés s’occuper de l’organisation, Mel’Ermat sauta au sol et étira l’intégralité de ses muscles en grimaçant et gémissant. Une fois satisfait, il refit le tour de l’auberge car on ne pouvait entrer dans le bâtiment par l’arrière. La première pièce était un hall d’entrée qui ressemblait à un vestiaire. Il y avait un comptoir derrière lequel une jeune femme bien vêtue se tenait et derrière laquelle se dressait une grande pièce où des dizaines de porte-manteaux attendaient d’être utilisés. Ces hommes se déshabillèrent avec plaisir mais gardèrent leurs armes à portée de main. La salle était vaste mais des espaces avaient été séparés par des cloisons de bois peintes arrivant à poitrine d’homme. On conduisit ces soldats de part et d’autres de la salle tandis qu’on le mit à une table seul. Le colonel passa au loin et Mel’Ermat l’apostropha. Hors de question qu’il mange tout seul. Le colonel ne semblait pas plus ravi mais ni l’un ni l’autre n’avait la force de se lancer dans une quelconque argumentation. Le repas n’avait pas commencé qu’ils en virent à discuter du sujet qui revenait le plus souvent ces temps-ci : l’attaque à leur arrivée. Le chef de la sécurité n’avait toujours pas digéré le fait de n’avoir rien vu venir ni d’avoir une piste sur ceux qui avaient fait ça. Si Mel’Ermat l’avait écouté, ils seraient toujours là-bas à ratisser la forêt pour retrouver les agresseurs. Ils firent aussi le point sur la journée et sur les prochains jours. Ils n’étaient plus très loin des accès montagneux de la capitale de l’Empire et cela faisait une paire de journées qu’ils avançaient en direction de ces pics. On leur servit à manger et ils profitèrent de leur repas silencieusement en écoutant les bavardages des hommes qui ne montaient pas la garde. Il n’y avait pas de thème principal et cela parlait beaucoup de leur arrivée et des courses qu’on leur avait confiées. En effet, il n’était pas rare que ses soldats ramènent des produits rares de la Capitale pour leur famille ou pour des mandants. A ce que Mel’Ermat comprit, lorsqu’ils seraient enfin à l’Impériale, un marchand de tapis allait avoir de la visite tant plusieurs de ses soldats le citèrent. Mel’Ermat se demandait si cela valait encore la peine d’aller en ville. Regardant dehors, il vit le jour qui commençait à décliner. Il soupira et conclut que ce n’était pas une bonne idée. Il ne connaissait pas le dirigeant de cette ville et Mel’Ermat n’avait pas à cœur de se faire une publicité. Si tôt qu’on saurait qui il était –et ça se saurait rapidement vu les soldats qui l’accompagnaient – on tenterait rapidement de l’inviter à toutes sortes de réceptions ennuyeuses où on essaierait de lui soutirer des faveurs. Mel’Ermat s’amusait d’habitude à ce genre d’exercices mais il n’avait vraiment pas de temps à perdre. Le bras droit se leva de la table et fit signe à un serveur de venir. Pour la première fois, il remarqua que ceux-ci étaient tous vêtus de blanc et semblaient très propres sur eux. -Servez une tournée à mes hommes, lui demanda-t-il. L’homme fit un signe de tête et partit vers la cuisine. -Je monte dans ma chambre, dit-il à son colonel derrière lui. Nous partirons en début de matinée demain. Veillez à ce qu’ils soient capables de monter à cheval. Nous laisserons quiconque serait incapable de chevaucher. -C’est noté, acquiesça l’homme. Connaissant l’homme, Mel’Ermat savait qu’il ne tolérait encore moins d’écart que lui. Retournant dans le hall d’accueil, il se fit accompagner jusqu’à sa chambre. Cette dernière se trouvait au premier étage du bâtiment, au bout du couloir. C’était une chambre spacieuse qui comprenait un bain, deux lits, une commode, une armoire, une table, des chaises, trois fauteuils et un canapé. Le ton dominant était un blanc bleuté et Mel’Ermat trouvait ça assez reposant. Il posa son épée sur la table et jeta sa veste sur le canapé. Il s’approcha de l’une des deux fenêtres de la pièce et l’ouvrit en grand. Exposée au nord, la chambre était plutôt fraîche. Fenêtre ouverte, un peu d’air chaud parvenait à entrer. En dessous de lui, quatre gardes discutaient en surveillant les alentours. Il tira un fauteuil jusque là et s’assit. -Je crève de faim ! déclara l’un d’eux. -Moi aussi, grogna un autre. Je n’aurais jamais dû jouer ce tour de garde aux dés. -Tu sais bien pourtant que ça triche beaucoup… fit une troisième voix. -N’empêche que j’aurais bien aimé aller bouffer ! -Faisons ce qu’on a à faire et on mangera bien assez vite. Le soleil est presque en-dessous de l’horizon, on ne va plus y voir grand-chose. -Tu crois vraiment qu’il y a quelque chose à craindre dans ce patelin ? -Autant que quand on a débarqué, répondit un autre. Il y eut un blanc. -On vit quand même une sale époque. Tous acquiescèrent. -Il manquerait plus que la guerre… -On va pas reparler de ça, dit un soldat, ce ne sont que des rumeurs. Les seules guerres qu’il y a sont au nord et priez de ne pas y aller faire vos armes. Les régions du nord étaient en guerre permanentes. Non pas entre elles mais bien contre les peuples et les créatures qui vivaient par delà leurs frontières. Mel’Ermat n’avait pas oublié que deux fois à l’an, les royaumes envoyaient la moitié de leur armée en manœuvre sur place. Cela garantissait une sécurité à tous les royaumes sans qu’un seul n’ait à supporter le coût de cette défense. -C’est bien ce qui est inquiétant, dit l’un d’eux. J’ai un ami qui vit au sud du royaume de Sustor. Il m’envoie régulièrement de la laine qu’ils font de là-bas. Il me jure que des choses mystérieuses se passent et qu’il n’est pas rare de voir des mouvements à la frontière. La région serait même sans nouvelle de quelques avant-postes. Mel’Ermat ne pensait pas que ces rumeurs avaient autant affecté ses hommes. Il lui faudrait sûrement faire un discours pour recadrer leurs croyances. -Il n’y a pas eu de guerres avec le sud depuis une centaine d’années. Et encore, ça n’était dû qu’à quelques tribus d’autochtones qui vivaient là. Pas de quoi s’inquiéter. La voix s’éloigna. Les gardes commencèrent leur ronde autour de la maison si bien que Mel’Ermat n’entendit pas le reste de la conversation. Il resta néanmoins à la fenêtre, perdu dans ses propres pensées avant de s’endormir. Il se réveilla naturellement en plein milieu de la nuit. Le fauteuil n’était au final pas très confortable et son corps lui faisait payer cher. Il se leva, s’étira et sentit avec satisfaction son corps craquer. N’étant encore qu’au printemps, il ferma la fenêtre. Dès que le soleil était couché, le froid s’emparait vite de l’air ambiant. Il regarda les torches de sa patrouille passer et alla s’allonger dans le lit pour s’endormir presque aussitôt. Il fit un rêve étrange où il eut l’impression de flotter dans un monde bleuté où d’inquiétantes mains noires essayaient de l’attraper. Il n’en avait pas peur et ressentait une impression de quiétude reposante. Le rêve bascula ensuite dans un environnement rouge agressif où des ombres semblaient rires devant lui. Il se réveilla en sueur, il aurait dû laisser la fenêtre ouverte. Il repensa à ses bribes de rêve avant que le réveil ne les efface. Il ne parvint pas à décrypter ses songes ni pourquoi il avait pensé aux Ombres. Les Ombres étaient d’une race éteinte depuis des milliers d’années qui ne servaient qu’à faire peur aux enfants pour qu’ils s’endorment sagement le soir. Pendant les grandes guerres de la lumière, l’humanité avait pratiquement failli être détruite par ces monstres n’évoluant que dans les ombres de la lumière et contre qui les armes traditionnelles ne pouvaient rien. La plus grande bataille avait été gagnée à la faveur d’une éclipse une fin de journée pourtant ordinaire. Le fort vent avait rendu impossible le maintien d’une source lumineuse et la disparition soudaine de la lumière plongea le monde dans des ténèbres les plus opaques. Jamais de mémoire d’homme on ne connut une obscurité comme celle-ci. On raconte que certains perdirent la raison et que d’autres s’effondrèrent en pleurant ou en courant. On raconte par la suite que lorsqu’une des lunes rendit au soleil son rôle, l’armée des ombres avait disparu. Les théologiens ont beaucoup débattu sur ce qu’il s’était passé et la conclusion la plus courante avait été que dans le noir total, une ombre ne peut vivre car fondamentalement, pour exister, une ombre n’est créée qu’avec l’aide de la lumière. Cette conclusion devint même la fameuse expression religieuse ‘Rappelez-vous de ne pas avoir peur des ombres et du mal car ceux-ci ne sont qu’une facette de la lumière’. @+ -= Inxi =-
  12. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Paf, bien fait ! Bon on sait donc maintenant comment ça s'active et on devine un plan. Il va y avoir une sélection et je parierai que le jeune soldat va être choisi ! Une fois que la troupe sera triée, ils vont se lancer dans quelque chose pour gagner de la renommée ! Voyons si j'ai raison avec une suite @+ -= Inxi =-
  13. Hey ! Merci pour le com !! Alors en vrac : -Effectivement dès fois ça doit donner l'impression que je traine trop mais (alors que c'est le reproche inverse pour les trois races) j'essaye de donner les grandes lignes du monde pour les développer plus tard. De juste donner une base. Mais des fois effectivement ça peut paraître long ! Faut aussi penser que ça sera un long texte word et qu'au final cette intro ne représentera quasiment rien sur le texte final ! Voilà si ca vous permet de mieux voir -Je vais essayer de voir pour la qualité, c'est vrai que je le ressens pas toujours étant l'auteur du texte Par contre effectivement 4 n'est pas un hasard puisque cette histoire se situe des millénaires avant celui du Médaillon ! Après un week end prolongé, voici la suite !!! Bonne lecture et merki ! Ils arrivèrent près d’une semaine plus tard au lieu de l’accident. Mel’Ermat s’était attendu à tout sauf à ça. Quand son capitaine avait parlé de collision entre navires, il s’était attendu à ce que cela concerne deux à trois embarcations maximum. Là, on assistait plutôt à l’enchevêtrement d’une vingtaine de navires. En premier, il semblait y avoir eu cette grande galère couchée sur le flanc dont pratiquement toute l’armature était sous les flots. Ensuite un navire marchand et un voilier s’étaient plantés en biais droit dans la coque. Et par la suite d’autres devaient s’être imbriqués avec les précédents. Mel’Ermat était certain que ces navires ne pourraient plus jamais naviguer. Certains semblaient même avoir été coupés en deux, éperonnés. La force du courant et le peu de visibilité nocturne avaient provoqué une vraie pagaille. Ce n’était pas que cet emmêlement de bateaux qui surprenait Mel’Ermat, c’était aussi l’organisation des lieux. En effet, une véritable ville s’était créée là. Vu le nombre de navires coincés, sans compter ceux qui attendaient de passer de chaque côté, cela n’était finalement pas étonnant. De chaque côté du fleuve, des tentes, des maisons et même des entrepôts de fortune avaient été bâtis à la hâte. Les gens s’agitaient de gauche à droite comme dans un véritable port. Visiblement, des capitaines s’étaient mis d’accord pour échanger leur cargaison. Ainsi les bateaux d’un côté confiaient leur cargaison de l’autre afin que celle-ci puisse continuer d’être acheminée. Pour le coup, d’autres bateaux restaient en attente, soit par choix parce qu’ils avaient le temps, soit parce que leurs marchandises étaient trop précieuses pour sous-traiter son transport à quelqu’un d’autre. En tout cas, il devait y avoir au moins cinq cents personnes dans les parages et l’endroit s’était transformé en vrai comptoir marchand. Mel’Ermat était sûr que si la situation perdurait encore une semaine ou deux, une véritable ville se créerait ici. Pendant sa réflexion, le capitaine avait jeté l’ancre et une échelle de fortune fut apportée de la terre ferme en direction du navire. Une paire de marins mirent pieds à terre et réceptionnèrent des cordes lancées du bateaux. Immédiatement, ils tirèrent dessus et le bateau effectua un mouvement latéral pour se rapprocher du bord du rivage. La grande rambarde fut apportée et lia rapidement le bateau au sol tandis que les marins s’attelaient à fixer le navire le long de la rive. Mel’Ermat descendit à pieds tandis que les chevaux étaient remontés de la soute. On les entendait déjà piaffer à l’idée de quitter un bateau branlant et de pouvoir se dégourdir les pattes. Un groupe d’hommes vint vers eux. Il se démarquait un meneur et plusieurs gardes. Ce premier était habillé en civil mais sur sa manche avait été cousu le blason de l’armée royale. Le même symbole qui était affiché sur le pavillon du navire que Mel’Ermat venait de quitter. -Bonjour, dit l’homme un point sur le cœur et se penchant brièvement. Mel’Ermat pencha légèrement la tête en réponse. -J’ai pu apercevoir votre pavillon, que faites-vous par ici ? demanda-t-il presque agressif. Mel’Ermat n’avait pas pour habitude d’être questionné. C’était plutôt l’inverse. Le grand défaut de son travail anonyme était de ne pas être reconnu. -Nous nous rendons à la Capitale afin de préparer l’arrivée de Mel’Placer. L’homme ouvrit la bouche puis la referma rapidement à mesure que la garde rapprochée de Mel’Ermat descendait également du navire. C’était une vingtaine d’hommes, ne répondant qu’à lui, peu physiquement imposants mais assez dissuasifs pour les missions que Mel’Ermat avait à accomplir. Visiblement, le représentant du royaume commençait à comprendre que la personne qu’il avait en face de lui avait pouvoir de lui donner des ordres. Il sembla tout à coup moins assuré. -Aurez-vous besoin de notre aide ? se proposa-t-il plus mielleux. -Pas la peine, nous avons de quoi faire. Colonel, ajouta Mel’Ermat en se tournant vers le plus avancé de ses hommes. Installez nous en bordure de forêt. -Oui, seigneur. La troupe s’en alla rapidement dans la direction indiquée. Le bras droit de l’Empire avait toujours admiré la vitesse avec laquelle ses hommes pouvaient être prêts. Ils auraient pu avoir à lancer une attaque qu’ils n’auraient pas pu faire plus vite. Cela faisait plus d’une heure que ses soldats étaient prêts sur le pont. -Quelle est la situation sur place ? demanda Mel’Ermat au gestionnaire. L’homme soupira avec honnêteté. -C’est compliqué. On m’a dépêché ici récemment en tant que coordinateur logistique mais aussi pour surveiller les activités entre marchands. On n’arrive pas à dégager les bateaux. Le courant nous empêche d’aller plus vite. Une barque arriverait à se faufiler dans le canal que nous avons créé mais guère plus. -Quelqu’un sait ce qu’il s’est passé ? -Vous pourriez demander au capitaine de la Majesté mais on l’a déjà interrogé et il ne comprend pas plus que nous. Il dit avoir heurté un rocher mais il était persuadé qu’il n’y avait rien dans cette zone. Les dégâts sur la coque confirmeraient ses dires mais après recherches, il s’avère que la rivière est complètement lisse. On ne sait pas ce qu’il a heurté mais ce n’est plus dans les parages. Mel’Ermat se demanda si ça n’avait pas été volontaire. Il n’irait pas jusqu’à dire que ça avait été fait dans le but de créer ce tumulte mais peut-être juste pour nuire au capitaine du navire. Le second gérant du royaume laissa cette enquête à qui de droit, ce n’était pas à lui de faire ce travail. -Au feu ! Ce cri brisa net ses réflexions. Il n’eut pas de mal à localiser la source de la panique. C’était son bateau. Son propre bateau était en feu. Ce qui était incroyable était la vitesse à laquelle celui-ci se propageait. A ce moment précis les mâts s’effondraient et les voiles tombaient en lambeaux de part et d’autres. Mel’Ermat n’avait jamais vu un feu se répandre aussi vite, ce n’était pas naturel du tout. Les hommes sautaient par-dessus bord en criant de soulagement pour les plus chanceux, en hurlant de douleur pour ceux coincés dans la soute. Le feu ravageait le côté du navire, le pont ainsi que toute l’armature. Sur la terre ferme, les secours voulurent s’organiser mais le temps qu’un cordon se forme à un autre point de la rivière, le bateau n’était plus qu’une boule de feu et on devait déjà s’éloigner d’une trentaine de pieds. Ses soldats vinrent se placer autour de lui et formèrent un anneau de protection. Les cris à l’intérieur du navire continuèrent de plus belle. Le capitaine surgit des flammes, un membre d’équipage sous le bras. Il se jeta par-dessus la rambarde et atterrit sur le sol au moment où les amarres lâchèrent. -Allez le chercher ! ordonna Mel’Ermat à ses soldats qui se dépêchèrent sans la moindre hésitation. La boule de feu flottante parcourut la rivière dans un silence absolu, si ce n’était le crépitement des flammes et les cris des derniers prisonniers du bateau, et entra bruyamment en collision avec le reste des bateaux. Les cris de panique vinrent maintenant aussi de la terre ferme. Certains essayaient de rejoindre leurs vaisseaux pour les écarter de là avant que le feu ne remonte la rivière. D’autres donnaient les ordres d’évacuation des ouvriers qui étaient dans l’enchevêtrement pour essayer de dégager la zone. Certains essayaient de s’organiser pour récupérer des marchandises qui n’avaient pas pu être débarquées. La colonne de fumée noire montait vers le ciel comme un long doigt qui désignait la zone. Le feu attaqua rapidement le bois des autres bateaux et celui-ci gagna en puissance et toutes les personnes de l’endroit furent forcées de reculer encore plus. Mel’Ermat en était sûr, la vitesse de propagation de cet incendie n’était pas normale. En quelques minutes, presque une demi-douzaine de bateaux s’était transformée en bois noir. Le capitaine de son navire avait, quant à lui, pu être ramené à l’abri. Ce n’était pas la seule bonne nouvelle : des marins, miraculés, avaient saisi l’opportunité de sortir de la coque quand celle-ci s’était ouverte lors de la collision avec le reste des embarcations accidentées. Finalement, une demi-douzaine de minutes plus tard, tout ce qui avait été le barrage flottant n’était plus que cendres. La majorité du bois encore présent était emporté par le courant et se retrouverait bientôt éparpillé sur des kilomètres de rives. Mel’Ermat avait du mal à croire ce qu’il venait de se passer. Il n’avait jamais vu quelque chose comme ça, même dans les terribles incendies d’un été des années auparavant. Le capitaine de son navire avait repris connaissance et était assis par terre regardant les restes du spectacle. Ses vêtements étaient déchirés et brûlés, son visage était couvert de suie et il semblait blessé à plusieurs endroits. Ca n’en restait pas moins un héros. -Combien d’hommes ? articula-t-il péniblement. Mel’Ermat avait fait un calcul grossier. Ils étaient partis à quinze soldats, cinq aides de camps et vingt marins. Ses militaires et leurs assistants étaient tous descendus très vite. Sur les marins, ils étaient sûrs d’en avoir vu une dizaine s’échapper. -Je dirais une dizaine, au grand maximum… répondit-il avec compassion. Les yeux du capitaine étaient humides mais impossible de savoir si c’était l’émotion ou si c’était un réflexe corporel. -Savez-vous ce qu’il s’est passé ? -Non… J’étais dans la soute quand j’ai entendu les cris. On m’a signalé une drôle d’odeur et j’étais parti voir ce qu’il en était. Avant de pouvoir atteindre son origine, j’ai entendu des bruits sourds contre la coque. Comme si des choses s’y plantaient. -Vous avez bien agi, le rassura vainement Mel’Ermat. Dommage que toutes les preuves soient parties en fumée, regretta intérieurement le bras droit du royaume. -Amenez le capitaine dans une de nos tentes, sergent, demanda Mel’Ermat à un soldat. Débrouillez vous pour trouver quelqu’un pour venir voir ses blessures également. L’homme voulut protester mais à peine fut-il touché pour être levé qu’il perdit connaissance. Le dirigeant s’interrogea alors sur ce qu’il s’était passé. Etait-ce une attaque contre lui ? Si oui, était-ce politique ? Etait-ce pour l’or qu’ils convoyaient ? Ou n’avait-il pas été plutôt un intermédiaire pour faire brûler tous ces navires ? Mais cette odeur, était-t-elle la raison de la propagation du feu ? Depuis quand les produits étaient à bord ? Et si tout ce remue ménage n’avait pas été qu’un prétexte pour l’attirer par ici à ce moment là ? Ces bruits sourds, qu’avaient-ils été ? Le déchargement ou autre chose ? Mel’Ermat avouait qu’il était un peu paranoïaque mais cela ne le dérangeait pas dans la mesure où il était sûr que ça lui avait déjà sauvé la vie. -Colonel, glissa Mel’Ermat à son subalterne, surveillez bien le camp et restez proche de moi. -C’est ce que je pensais… répondit l’autre devant lui comme si la conversation qu’ils avaient n’existait pas. Le militaire partit au pas de course donner ses ordres. Mel’Ermat comptait bien voir ce qu’il en était chez les réfugiés. Des hommes se joignirent à lui, à distance et plus discrètement. Son premier arrêt fut à une grande cabane en bois dont la porte était grande ouverte. A l’extérieur, pendaient à des poteaux des lapins, de la volaille et des petits rongeurs. Sans nul doute que c’était là la cabane des chasseurs. Il y avait une dizaine de personnes à l’intérieur qui manifestement discutait avec conviction afin d’échanger des vivres. Mel’Ermat préféra se renseigner ailleurs. Les gens les plus bavards étaient les marchands et les clients des bars. Signalant à deux de ses gardes du corps de s’approcher, il leur demanda de faire le tour des bars du coin afin d’en apprendre plus sur la réaction des gens après cet incendie. Le vent avait rapidement dissipé ce qu’il restait de la colonne de fumée et seule l’agitation des gens courant de droite à gauche témoignait de ce qu’il s’était passé. Beaucoup de personnes s’étaient rassemblées plus près de la rivière pour nettoyer leurs vêtements et leur visage de la suie et de la cendre qui les maculaient. Des individus parcouraient le camp de tous les côtés charriant bois, eau et couvertures. Visiblement, il y avait quand même eu des blessés. Vu la voracité du feu, Mel’Ermat comptait même sur une dizaine de morts. Le bras droit du royaume s’engagea plus profondément dans le campement et zigzagua entre les tentes, les petits édifices de fortune, des plus grands de bois ou de pierre, entre les feux, les chevaux et des zones de stockage farouchement gardés. Pendant l’heure qui s’en suivit, Mel’Ermat dut admettre qu’il n’apprit pas grand-chose. Il interrogea des capitaines de navire qui n’avaient rien remarqué de suspect ni entendu parler de quelque chose d’étrange. Les conversations tournaient largement autour de l’évènement et tous se racontaient la manière avec laquelle ils avaient vécu l’incendie. Ses gardes firent également chou blanc, l’activité du coin tournait largement autour du commerce et personne n’avait vu ou remarquer des individus qui n’auraient rien eu à faire dans le coin. Ce fut finalement le représentant du roi du coin qui revint lui parler. -Quelle catastrophe, fit-il. -Quel est le bilan ? demanda Mel’Ermat. -Une dizaine de morts, quatre blessés déclarés. -Au moins ça aura accéléré le déblaiement. -Même pas, c’est même pire, se plaignit l’autre en prenant un air sincèrement abattu. Le feu a brûlé principalement la partie hors de l’eau. Les débris sont tombés au fond de la rivière où ils se sont emmêlés avec le fond de cale des bâtiments qui ont coulé. On a donc un barrage artificiel qui vient de se créer. Si à la prochaine pluie on a pas tout nettoyé, on va inonder la zone. -Je vois le problème, acquiesça Mel’Ermat, dommage que nous puissions avoir le soutien du peuple de l’eau là-dessus. Cela va prendre du temps de plonger, enlever quelques débris puis remonter. L’homme hocha la tête avec vigueur. -Croyez-vous que vous pourriez nous faire envoyer de l’aide ? demanda l’homme avec intérêt. Mel’Ermat prit le temps de réfléchir. -Vous devriez vous-même envoyer le courrier. Il sera réceptionné. Pour ma part, je rejoins l’Impériale si bien que le temps d’arriver là-bas, vous aurez sûrement fini ici de tout nettoyer. D’ailleurs, proposa l’intendant, vous devriez essayer de lester le plus gros bateau que vous ayez et de le lancer à pleine vitesse sur la rivière. Peut-être qu’il sera assez lourd pour se faire un passage parmi les débris. Dans le pire des cas, vous en aurez qu’un seul de coincé et il sera facile de le déloger. L’homme se passa une main sur la tête en fixant le sol et se gratta le menton. -On va voir si c’est réalisable, conclut-il en frappant son poing dans son autre main. J’ai entendu dire qu’il y avait une paire d’ingénieurs dans le coin et je vais vite les mettre au travail. Sans guère plus de cérémonie, il partit aux détours d’une grande tente bleue où des civils discutaient entre eux. Mel’Ermat fut rassuré, malgré son appréhension, il n’y avait pas plus de preuve que l’attaque lui fut destinée. Un tel rassemblement de marchandises avait dû attirer dans les parages des voleurs, voilà tout. Il décida de retourner au campement de la troupe. En son absence, ses petites mains avaient bien travaillé et une dizaine de tentes ainsi qu’un rempart de bois formé par des pieux d’un mètre de haut servait à délimiter l’emplacement. Sa tente était la plus grande de toute car elle servait aussi de salle de réunion. Pour le coup, la table centrale avait été créée en superposant les coffres d’or comme pied puis en ayant rajouté une planche de bois par-dessus. C’était rudimentaire mais ça fonctionnait plutôt bien. Dans un coin, on avait rempli un long sac de plume et de paille pour lui faire un lit. Les derniers espaces de la tente, mesurant près de cinq mètres de diamètre, avaient été organisés avec ses coffres. Mel’Ermat s’approcha de l’un d’eux et fouilla son contenu. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait : son épée. C’était une arme tout ce qu’il y avait de plus classique et sans ornement particulier. Il la ceignit autour de son pantalon marron et s’habitua rapidement au poids et à son balancement contre sa jambe. Il était prudent, c’était tout. Quelqu’un se racla la gorge à l’entrée. Il se retourna pour voir que la plus jeune recrue de sa garde se tenait là. Mel’Ermat tenait absolument à connaître tout le monde mais aussi qu’une fraternité se créée au sein de ses soldats. Il organisait régulièrement des compétitions, des jeux ou des évènements où ses hommes avaient à collaborer les uns avec les autres. Mel’Ermat se joignait régulièrement à eux. A la base, il avait lu que d’entretenir de telles relations permettait d’être mieux protégé par ses gardes. En effet, le seul sentiment que rien ne pourrait vaincre était l’amour. En cas de panique, aucun soldat profondément attaché à son supérieur ne fuirait. Il resterait et luttait à la mort. Et c’était un comportement qu’on ne créait pas par crainte ni par menace. Pour le coup, ce jeune soldat avait été recruté par ses soins avant leur départ. Ses parents avaient été des connaissances de son épouse dans son enfance et ceux-ci avaient été emportés par la maladie. Désœuvré et seul, Mel’Ermat avait décidé d’embaucher ce gamin de seize ans au sein de sa troupe. En moyenne deux fois plus jeune que les autres, il s’était néanmoins intégré dans le groupe à sa façon à la manière d’un petit frère. -Qu’y a-t-il ? -Désolé de vous déranger, rougit-il en baissant les yeux. Je suis allé regarder dans le bois de l’autre côté de la rivière. Il s’arrêta. -Et ? le pressa un peu Mel’Ermat. -Les habitants de l’autre rive en savent autant qu’ici mais en m’éloignant un peu du campement, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. J’avais entendu le capitaine dire qu’il avait entendu des bruits sourds sur le flanc du bateau. J’ai donc pensé que si ça avait été des projectiles, il y aurait des traces des tireurs dans les bois plus en aval du campement. -Et il y en avait ? -Non, répondit immédiatement le jeune homme mais il y avait leur campement. J’ai tout laissé en place pour vous prévenir. -Préviens le colonel que nous allons là-bas. L’adolescent fit mine de se retourner. -Et ! l’apostropha Mel’Ermat. Il se retourna. -Beau travail. Il fit un mince sourire et quitta la tente. Mel’Ermat soupira. S’il y avait un campement, c’était que les responsables du feu étaient restés là quelques jours. Ce n’était donc pas des voleurs. Et s’ils avaient attendu ce moment précis pour agir, c’était bien que l’attaque lui était destinée. Mais pour le coup, qui était la cible ? Lui ? Ce qu’il transportait ? Le pavillon royal ? Mel’Placer lui-même ? Peut-être trouverait-il des indices dans le campement. Il ne fallut qu’une paire de minutes pour qu’une petite troupe d’une demi-douzaine d’hommes soit prête. Ses hommes semblaient s’ennuyer mais étaient néanmoins prêts à bouger au moindre instant. Epées et masses à la ceinture, ils se dirigèrent à l’endroit désigné par le plus jeune. C’était en pleine forêt, dans une zone sauvage où il n’y avait presque pas la place de passer. Les plantes étaient hautes et les buissons s’entremêlaient les uns dans les autres. Les arbres étaient serrés les uns contre les autres et même la lumière avait du mal à se dépêtrer de là. Sorti de nulle part, ils tombèrent sur un cercle de deux mètres de diamètre de végétation arrachée et coupée. Il y avait une marmite renversée, une couverture et quelques sacs. -Il y avait plus que ça quand je suis venu… affirma Mel’Eclé. -Ils doivent être encore dans les parages, dit un autre soldat. -Dépêchez vous alors, ordonna Mel’Ermat. Vous deux, fouillez au nord-est, vous deux au nord-ouest. Poing sur la cuirasse, ils partirent au plus vite. -Nous, ajouta-t-il, on fouille ces sacs et on cherche des indices. Le sac de toile qu’attrapa Mel’Ermat ne contenait rien. Il avait une forte odeur de nourriture séchée mais il n’avait rien à en tirer. Les autres ne trouvèrent pas grand-chose non plus. Quelques flèches cassées avaient été jetées dans un buisson mais à part ça, il n’avait aucun indice quant à l’identité de leurs mystérieux agresseurs. Mel’Ermat, l’adolescent et son colonel sortirent de la zone pour retourner dans une partie de la forêt plus dégagée. Ses éclaireurs revinrent pratiquement en même temps quinze minutes plus tard. -On a repéré quelques traces, dit l’un des groupes, mais elles se perdent rapidement près du fleuve. Mel’Ermat s’en était douté. Il aurait été trop facile de les rattraper, même avec seulement quelques minutes de retard. Ils décidèrent de retourner au campement. Pas la peine de perdre plus de temps que nécessaire. Le soleil commençait à décliner et il avait faim. -Colonel, nous ne resterons pas plus longtemps que nécessaire. Nous partirons demain avant l’aube. Le concerné ne contesta pas et hocha la tête. Mel’Ermat ne savait toujours pas quel avait été le but de ces hommes mais il ne tenait pas à ce qu’ils soient parmi la population locale au plus près de lui. Mel’Ermat soupira : Lui qui pensait pouvoir se reposer pendant ce voyage… @+ -= Inxi =-
  14. Banzaiiiii ! A mort les démons ! Alors pas mal ce passage, on revisite les grands personnages de légende chez les elfes Je n'ai eu qu'une fois l'impression que ça faisait rapport de bataille : quand tu dis eux attaquent eux, et les gargouilles plus mobiles les mages. Je pense pour oter cette impression, il faudrait pas que tu prétendes connaître la volonté des adversaires, surtout quand on suit le point de vue de Malékith. Lui à une vision plus terre à terre et la description fait plutôt vue du ciel. Si tu veux garder l'idée, peut être mettre 'il supposa' ou même dire 'les gargouilles attaquèrent les mages', on comprend pourquoi et ça donnera peut être moins l'impression ! Bon je chipote mais c'est du tout bon pour moi @+ -= Inxi =-
  15. Voici la suite ! Chapitre 4 Le quai était à ce moment de la journée complètement bondé. Mel’Ermat et son escorte avaient chevauché jusqu’au fleuve en une demi-heure. Cela lui avait toujours paru étrange que la capitale du royaume de Mel ne se soit jamais développée en direction du cours d’eau mais de l’autre côté, en direction de la plaine. Du coup, une petite ville annexe s’était néanmoins créée près du fleuve. On appelait cette ville Les quais. Ce n’était pas très original mais ça correspondait bien à l’endroit dont l’activité ne tournait qu’autour du transport fluvial et de la pêche. Il y avait plusieurs entrepôts, un poste de douanes et une paire de maisons. Les travailleurs avaient visiblement décidé de plutôt vivre en sécurité à l’abri des remparts qu’ici sans protection. Outre ces bâtiments, il y avait le long de la berge pratiquement deux cents mètres de rives aménagées. C’était tout un enchevêtrement de planches et de plateformes de bois qui permettaient de manœuvrer et de décharger les navires. En regardant vers l’aval, Mel’Ermat compta six navires au déchargement. L’un d’eux s’éloignait du quai pour continuer sa navigation vers l’ouest. Plus loin, on observait d’autres navires qui avaient jeté l’ancre en attendant qu’une place se libère. L’eau n’était pas très tumultueuse à cet endroit du fleuve si bien que tout cet équilibre tenait en place comme cela avait été de si nombreuses fois exécuté. Il restait à quai deux petits voiliers qui ne devaient pas faire plus de trente mètres de long, un plus gros navire qui devait être plus à l’aise dans la mer que sur un fleuve, une sorte de chalutier et son propre navire. Mel’Ermat ne le trouvait pas particulièrement majestueux mais il avait l’avantage d’être pratique. En plus de l’équipage, on pouvait y transporter une vingtaine de personnes ainsi que les montures correspondantes. Comme les bateaux venaient à peine de commencer à décharger et qu’il y en avait d’autres qui attendaient déjà, tous les travailleurs grouillaient comme si on avait ouvert une fourmilière. Courant d’un bout du quai à l’autre, les mains vides ou pleines, charriant des sacs et des matériaux avec des diables ou des brouettes. Il ne faisait pas particulièrement chaud pourtant personne ne portait plus qu’une chemise et tous transpiraient déjà comme en plein soleil en été. Cela n’arrangeait d’ailleurs pas l’odeur environnante. Bien que le lieu fut en plein air, il y avait un mélange d’eau croupie, de sueur et de poissons morts qui piquaient les narines. Mel’Ermat n’avait jamais compris pourquoi on avait laissé les pêcheurs trier et vider leurs poissons à côté de la ville. On pouvait voir à cinq cents mètres de là un tas de restes qui n’aurait pas donné faim à une horde de chats affamés. C’était d’ailleurs pour cette raison que Mel’Ermat ne respirait que par la bouche et qu’il était pressé d’embarquer. Il y avait parfois des odeurs appétissantes des produits exotiques déchargés mais cela sentait quand même plus le poisson pourri. Même le forgeron menuisier qui s’occupait des réparations navales n’avait pas supporté l’odeur si bien qu’il n’occupait pas en permanence Les quais et n’y avait qu’un atelier rudimentaire. Mel’Ermat slaloma entre les voyageurs, les animaux, les caisses et tous les objets divers et variés qu’il y avait là. Il faillit renverser plusieurs personnes si bien qu’il décida de descendre de sa monture. A côté de lui, des perroquets rirent de son malheur. Mel’Ermat n’était pas étonné de voir ces animaux exotiques ici. Ces bêtes valaient une petite fortune. Les exemplaires du zoo étaient morts d’une maladie inconnue et il avait fallu en racheter. Nul ne savait où trouver ces oiseaux en liberté et il n’en existait plus que des domestiques qui se faisaient de plus en plus rares. Tenant son cheval par les brides, il prit un ponton de bois en direction de son navire. Son escorte formait une longue ligne silencieuse mais personne, parmi la centaine de personnes qui agitait le quai, ne s’en formalisa. Un long pont de bois reliait le bateau aux quais. De chaque côté se tenait un garde qui en barrait l’accès aux plus curieux. Ils se raidirent à l’approche de Mel’Ermat et fixèrent droit devant eux. Mel’Ermat traina sa monture sur la rambarde et commença l’ascension vers le pont du navire. Une fois en haut, il put voir trois zones distinctes. Le gaillard avant qui supportait des vigies, le pont central ouvert en son centre temporairement pour y faire descendre monture et provisions et le gaillard arrière où le capitaine du navire surveillait que personne ne trainait. Le bras droit du roi laissa sa monture à un jeune mousse et se dirigea vers l’homme. Il engagea la conversation après avoir monté la volée de marches. -Capitaine. -Seigneur, répondit l’autre. Il n’était pas vraiment seigneur mais tout le monde le gratifiait de ce titre si bien que Mel’Ermat ne s’en formalisait plus. -Comment avancent les préparatifs ? -Tout va bien ! répondit celui au crâne rasé et aux boucles d’oreilles d’or qu’il ne portait que sur la même oreille. On est même en avance. Nous pouvons partir dans moins d’une heure si cela vous convient. -Ca ira, acquiesça Mel’Ermat. -Par contre, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Il se dirigea vers le gouvernail et attrapa une carte qu’il déplia à bout de bras. C’était un plan sommaire du royaume avec plus d’annotations au niveau des fleuves, des rivières et de la mer. Il désigna un point sur la carte. C’était situé sur le cours d’eau qu’ils allaient remonter jusqu’à la capitale. C’en était situé à près de cinquante lieues. -Ici, un navire a coulé. Rien d’extraordinaire jusque là si ce n’est qu’une importante flotte marchande arrivait également à ce moment-là. De nuit, ils se sont emboutis les uns dans les autres et bloquent tout le passage. Je ne pense pas que ça soit dégagé d’ici qu’on arrive, ou du moins, pas assez pour qu’un navire de notre taille passe. Je crains qu’il ne vous faille continuer à pieds une fois atteint. -On devrait survivre ! annonça Mel’Ermat en simulant son enthousiaste. Nous partirons à cheval et même si nous serons un peu en retard à la capitale, ça dégourdira les jambes des chevaux. La réalité était toute autre car il n’avait jamais vraiment aimé chevaucher sur plusieurs jours ni adoré camper à la belle étoile. Heureusement pour lui, les jours chauds arrivaient et ça aurait pu être plus désagréable. -Et puis si les Quatre Dieux le veulent, le chemin sera peut-être dégagé d’ici là. -Peut-être… Le capitaine était loin d’être convaincu. Mel’Ermat ne prit pas la peine d’en faire part à son supérieur. En effet, celui-ci viendrait à la Capitale en ballon dirigé ce qui prenait moins de temps tout en étant plus sûr. Ces ballons là appartenaient tous à la guilde des Messagers qui se contentait de les mettre en location. C’était d’énormes bateaux reliés par des câbles à un ballon gigantesque et dirigé par magie d’où leur nom de ballon dirigé. Le secret de leur fabrication et de leur fonctionnement était jalousement gardé. Le prix demandé pour chaque voyage étant exorbitant, c’était généralement délaissé pour l’utilisation des voies de terre. Le capitaine du navire rugit d’un seul coup à l’attention d’un de ses marins à propos d’un nœud mal fait et se dirigea vers lui ruminant. Ca n’intéressait pas franchement Mel’Ermat qui rejoignit la balustrade opposée pour jeter un coup d’œil sur Les quais et la ville de Mel à quelques kilomètres de là. Il soupira sans retenue. Il était aussi triste de laisser son épouse toute seule que de laisser le royaume sans noyau directeur. C’était encore plus déprimant quand il pensait à la charge de travail qui l’attendrait à son retour. Le seul repos qu’il aurait serait ces pratiquement deux semaines de voyage. Sa femme avait chargé une petite malle de livres pour l’occuper. Une fois arrivé à l’Impériale, le rythme effréné reprendrait. Mel’Ermat ne savait même pas par où commencer ni comment s’y prendre. C’était la première fois que le royaume de Mel allait sérieusement prétendre au trône suprême. Il allait déjà devoir commencer par rassembler la liste de tous les seigneurs qui avaient un droit de vote puis savoir lesquels étaient en ville. Il lui faudrait rassembler des informations, les inviter à un repas, seuls ou en groupe, ou à partager une quelconque activité pour essayer de gagner une voix par une méthode ou par une autre. Ce que craignait Mel’Ermat était surtout qu’un concurrent soit déjà en ville depuis plus longtemps que lui et que celui-ci ait déjà jeté son réseau de toiles. Le cogérant du royaume de Mel savait néanmoins vers qui aller et qui lui donnerait les informations nécessaires. Il se perdit un instant dans ses pensées puis se tourna vers le pont. Les derniers membres de son escorte prenaient pied sur le pont et laissèrent leurs chevaux pour qu’ils soient emmenés dans les cales. Mel’Ermat suivit des yeux la charrette qui transportait ses effets personnels et qui servirait du coup à transporter des provisions pour la dernière partie du voyage. L’engin fut déchargé de ses malles et de ses ballots puis fut soulevé du quai par un système de poulies qui le hissa sur le navire. Mel’Ermat trouva le tout quand même bien organisé. Des matelots passèrent sous lui et portèrent la cargaison dans sa cabine. Ils étaient inexpressifs, exécutant un travail qu’ils feraient toute leur vie. Mel’Ermat les plaignit, il n’aurait pas pu passer une vie en faisant une besogne n’apportant aucune valeur ajoutée. On ne semblait plus attendre personne et le capitaine lança une série d’ordres à la fois sur le quai et à ses hommes. L’ancre fut relevée, les amarres coupées et les ouvriers sur le quai tendirent de grandes perches pour pousser le bateau dans le courant d’eau. Il vibra l’espace d’un instant, s’enfonça dans le cours d’eau puis se mit à dériver à une allure réduite au gré du courant. Mel’Ermat retourna vers le gaillard arrière pour y retrouver la carte qui avait été fixée sur une petite table. L’homme suivit du regard le chemin à parcourir puis s’attarda sur l’image du royaume en général. Ils allaient croiser nombre de villes importantes. Historiquement, les premières villes du royaume s’étaient installées au bout du fleuve puis des colonies s’étaient progressivement développées de plus en plus loin. Pourtant, rien n’expliquait pourquoi Mel’Prim, qui se vantait d’être la première installation du royaume, n’était pas devenue la Capitale. Une fois les villes bien implantées, des colons étaient partis tenter leur chance dans tous les coins du royaume. Mel’Ermat était entrepreneur mais jamais il n’aurait tout risqué comme ça. Il n’enviait absolument pas la période de l’âge sombre même si cela datait de milliers d’années auparavant. On distinguait cette période de la suivante par la révolution de la lumière autonome. Mel’Ermat avait toujours eu du mal à comprendre pourquoi les Quatre Races avaient laissé les humains s’étendre sur ces terres qui étaient les leurs. Maintenant, on ne les croisait plus beaucoup et jamais très longtemps. A vrai dire, toutes les améliorations technologiques dont les humains se vantaient étaient généralement dues à un échange avec une des Quatre Races originelles. Ces peuples de l’air, de l’eau, du feu et de la terre avaient apporté des connaissances que les Humains auraient mis des siècles, voire des millénaires à découvrir. Personne ne savait d’où venaient ces créatures. Mel’Ermat doutait que même elles le sachent. Il y aurait d’ailleurs leurs représentants pour l’élection du nouvel Empereur. La bénédiction était la clôture d’une nomination. Des quatre, Mel’Ermat ne voyait le plus souvent que les représentants de l’eau et de l’air. Ceux de terre étaient plutôt dans les montagnes, chose dont le royaume de Mel était plutôt dépourvu. Pour ceux du feu, ils se faisaient juste rares, personne n’ayant pu lui dire pourquoi. En tout cas, c’était grâce à eux que les villes de l’Empire avaient toutes pu être pavées, même les plus petites. C’était grâce à eux que même les villages avaient des poteaux de lumière qui éclairaient toujours aussi forts, même lors des pluies les plus violentes. C’était grâce à eux qu’ils avaient pu arrêter des maladies les plus mortelles et développer des moyens de transport plus rapide et plus volumineux. Tout ce changement ne plaisait pas à tout le monde mais il fallait avouer que sans eux, ils seraient toujours au plus bas stade de l’humanité. Mel’Ermat retourna s’accouder à une rambarde. La ville s’éloignait de plus en plus. Mû par le désir de se dégourdir un peu, le capitaine ordonna à ses hommes de sortir leurs rames. Le fleuve était large et celles-ci ne gêneraient pas les bateaux qui circulaient en sens inverse. Aidé du vent, le navire gagna rapidement plus de vitesse. Mel’Ermat soupira, comme pour évacuer la charge de tous les problèmes de la ville. Désormais et pour quelques temps, il pouvait se passer d’essayer de penser à tout. De toute manière, il continuerait d’être informé par les Messagers ainsi que par son réseau d’espions. Mel’Ermat se détacha des bâtiments de sa ville pour regarder autour de lui. Quitte à être parti, autant apprécier le voyage. Il voyageait quand même assez souvent mais pas assez non plus pour ne pas être curieux des panoramas qu’il allait croiser. Autour de lui, la région était encore plate. Ce n’était pas le cas dans tout le royaume qui était un des seuls à pouvoir se vanter d’avoir autant accès à des montagnes, que des collines, que des fleuves, qu’à la mer. Il ne put s’empêcher de penser à son fils et aux préoccupations que cela produisait. Tant que l’affaire de sa progéniture n’était pas rentable et bien lancée, il ne cesserait de s’inquiéter. Il soupira de nouveau. Pour une fois qu’il pouvait prendre un peu de temps pour lui, il n’allait pas s’alarmer pour les autres. Il regarda rapidement un jeune couple faire une promenade le long de la rivière puis, plus loin vers l’orée d’un petit bois, le déplacement d’une famille de cerfs avant de rentrer dans sa cabine pour lire les livres que sa femme lui avait laissés. Sa cabine n’était pas particulièrement grande mais elle était largement suffisante pour qu’il n’ait pas l’impression d’étouffer. C’était loin des grands espaces de sa maison mais il n’était pas ici pour prendre du bon temps mais bien en mission d’affaires. Le craquement du bois lui fit craindre de ne pas pouvoir se concentrer mais il remarqua bien vite qu’on réussissait à en faire abstraction. Le coffre des livres avait été soigneusement poussé sous le bureau et Mel’Ermat l’en extrait rapidement en grognant. Il détestait avoir à se pencher pour ramasser des choses. Le premier livre de la pile était le livre des contes et légendes que lisait sa femme l’autre fois. Il grogna et sourit en même temps. Ce qu’elle était têtue ! Il mit l’ouvrage de côté et choisit plutôt un livre sur la logistique en temps de paix. Cela serait quand même plus utile au quotidien. Il s’allongea sur sa couche et entreprit la lecture. @+ -= Inxi =-
  16. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Hey ! Alors ça va mieux au niveau des dialogues même si on manque un peu de personnalité (sauf pour la narratrice puisque du coup elle on la cerne pas mal). Pour le combat, j'ai trouvé ça bien décrit mais trop classique. Je m'explique : j'ai ressenti aucune peur au début quand elle était en train d'éttoufer. Ca paraissait trop évident que l'autre revienne la sauver après un combat d'abord dur où il encaisse puis le réveil de la victoire ! C'est des shémas qu'on voit pas mal, essaye de voir ce qui peut faire changer. Bon je critique mais j'ai quand même bien aimé même si on apprend pas sur l'histoire @+ -= Inxi =-
  17. Hey par ici ! Ca faisait longtemps par ici Bon je commence tout de suite pour ce qui a tué le texte, l'orthographe !! Y en a tellement des grosses que ça fait buter sur la phrase et que ca coupe du texte (déjà que c'est plutôt des descriptions ) Voici des exemples : [quote] il ne [b]pu [/b]jamais l'épouser.[/quote] [quote] de la [b]ressemble [/b]frappante dès la naissance [/quote] [quote]mais il [b]pu [/b]toujours manger à sa faim et au chaud[/quote] [quote]de [b]15 [/b]ans, il fut donc intégré[/quote] Pas de chiffres [quote] pour être à [b]labri [/b]des regards.[/quote] [quote]quand on est taillé [b]comm [/b]une brindille[/quote] [quote]on a fait notre [b]debriefing[/b][/quote] trop récent. Après sur le fond, ça fait journal si bien qu'on y plonge jamais vraiment beaucoup dans l'histoire mais ça reste personnel et assez drôle donc j'attends la suite pour voir ! @+ -= Inxi =-
  18. Hey !! Merci pour le retour /> T'inquiète pas pour les critiques, je les apprécie vraiment ! Il n'y a que comme ça qu'on s'améliore /> Et c'est loin d'être les plus virulentes que j'ai reçue ! Ca prouve également que c'est un commentaire honnête et pas uniquement pour me faire plaisir /> J'aurais bien aimé commencer ton texte mais j'ai remarqué que tu n'en étais pas vraiment au début... Tu pourrais peut être m'en envoyer par message de temps en temps (sur un rythme légèrement supérieur à ce que tu postes) et je posterai mon avis quand j'aurais rattrapé le wagon. Mais effectivement j'étais pas allé voir dans l'autre section car la SF est un univers qui me rebutte un peu /> Bon j'ai donc pris en compte tes remarques et fais quelques modifications sur les endroits problématiques. Voici la suite : La semaine passa effectivement plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Mel’Placer, pensant avoir une chance lors de l’élection à venir, ou du moins pouvoir tirer assez d’influence des voix qu’il représentait, décida d’envoyer Mel’Ermat, de l’or, et une escorte dès la semaine suivante à la Capitale pour commencer à travailler le terrain. Comme toute tâche de dernière minute, cela n’arrangeait pas ses affaires et il dut se dépêcher. Il commença par le plus fatiguant en convoquant le conseil élargi. La première séance fut assez calme par rapport aux autres. Les uns et les autres réussirent à ne pas s’insulter dès les premières phrases ce qui était un exploit en soi. La réunion commença ainsi. -Et je n’ai pas de conseil à recevoir d’un apeuré en cagoule ! C’était une remarque fusant de Mel’Surika, un général impulsif mais sûrement le plus compétent de tout l’Empire. La séance n’avait même pas commencé que lors d’une discussion avec l’un de ses pairs, il s’était retourné vers les membres de la guilde des voleurs en brandissant son poing. Effectivement, ceux de la guilde, pour des raisons évidentes, venaient avec une cagoule négocier les plus importantes décisions. Comme en général ils ne cherchaient pas les ennuis, -enfin, au début- les voleurs laissèrent passer l’affront. Ils auraient largement le temps de s’insulter plus tard. Mel’Ermat fit signe à ses gardes de rester à leur place, le différent ne nécessitant pas d’intervention. Deux fois en plus de quinze ans Mel’Ermat avait dû faire intervenir les gardes des lieux pour faire régner l’ordre. Une fois parce que les militaires voulurent démasquer les voleurs et une autre lors d’une semi-guerre civile ou plusieurs groupes avaient attendu cette réunion pour tenter de régler leur compte. Heureusement, les intervenants étaient désarmés à l’entrée et ils n’arrivaient en général qu’à cacher de petites armes qui ne faisaient pas le poids face aux soldats chargés de la protection de la salle. Ceux-ci étaient aussi lourdement armurés qu’armés. La dernière sortie des gardes avait fini en bain de sang à tel point que depuis ce jour, Mel’Ermat avait décidé de réduire le nombre de conviés à ces séances et d’en changer le lieu à chaque fois. Cette fois-ci, ils s’étaient regroupés dans une chapelle à l’abandon à l’extérieur de la ville. Ils étaient plus exactement dans la crypte sous le lieu de culte. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’ambiance n’était pas particulièrement morbide. Les torches le long des murs produisaient une lueur jaune orangée et terne sans donner l’impression d’être dans un lieu funéraire. Il y avait des petites alcôves écartées de la même distance et retranchées dans les parois là où avaient dû se tenir des statues maintenant volées, détruites ou déplacées. C’était désormais là où les gardes patientaient debout, guettant le moindre signe d’agitation. Le sol, quant à lui, était formé de petites briques froides si mal collées qu’on aurait dit qu’elles allaient se soulever pour en laisser sortir quelque chose. Au centre de la pièce avait été amenée une dizaine de tonneaux sur lesquels reposait une large table de marbre circulaire. Mel’Ermat avait insisté pour une forme ronde car cela empêchait les protestations sur la position des protagonistes autour de celle-ci. Depuis le temps, ils s’asseyaient en règle générale de la même façon. Il y avait Mel’Ermat puis venait à sa gauche les militaires représentés par le général Mel’Surika et deux de ses capitaines. Venaient ensuite sommairement la demi-douzaine de marchands représentants leurs pairs, les voleurs, les messagers, le chef de la police, quelques représentants des clergés de la ville, les représentants des mages hommes et femmes ainsi que deux seigneurs des environs. Tous se jetèrent des regards en coin comme si quelqu’un allait tirer un poignard à tout moment. -Bonjour à tous, commença Mel’Ermat, et bienvenue à cette séance du conseil où, j’espère, tout se passera dans le calme. Paix et respect, conclut-il de façon rituelle. -Paix et respect, reprirent les autres d’une seule voix. C’était une utopie de penser que tout irait bien mais ça valait au moins la peine d’être formulé. Déjà, un des capitaines de Mel’Surika dont Mel’Ermat avait oublié le nom, dévisageait les voleurs comme s’il allait se jeter sur eux pour les mettre à nu. -Ne perdons pas de temps, proclama Mel’Ermat, nous avons quelques points à voir avant que nous partions avec Mel’Placer et puisque personne ne s’est encore insulté, essayons d’avancer. Comme personne ne répondit, il continua. -Vous savez tous ce que vous avez à faire mais il est bon de faire un petit rappel. Si le Roi et moi-même partons, c’est que nous vous faisons confiance, dans la limite du raisonnable, pour que le royaume ne soit pas à feu et à sang quand nous revenions. Il est donc hors de question qu’il y ait la moindre initiative pendant mon absence. Mel’Ermat fixa à ce moment-là les voleurs, les membres du clergé et les deux seigneurs qui étaient les plus susceptibles de créer du trouble. Mel’Riter et Mel’Fris, les deux seigneurs, étaient des « amis » du Roi et il n’était pas rare que ceux-ci soient invités à passer du temps avec Mel’Placer. Mel’Ermat n’avait aucune idée de ce qu’il se disait lors de ces entretiens car cela ne concernait pas vraiment l’organisation du royaume mais bien de la politique de l’Empire. Il ne pouvait donc pas savoir s’il existait réellement une amitié entre ces trois-là ou si elle était purement protocolaire et c’était pour cela qu’il les mettait bien en garde. Les voleurs, quant à eux, prenaient un malin plaisir à provoquer des émeutes pour occuper la garde et ainsi faire de sales coups. C’était en général rien de bien dramatique mais il fallait bien être sûr qu’ils ne déclenchent pas de révolution. Le clergé, quant à lui, était majoritairement pacifique mais certains de ces organes étaient loin d’avoir cette opinion. Mel’Ermat ne tenait pas à voir une recrudescence d’incendie pacificateur envers une hérésie supposée mais absolument pas prouvée. -De toute manière, des Messagers continueront de nous arriver à la Capitale et comptez bien sur le fait que si certains d’entre vous bougent malgré les consignes, certains d’ici me préviendront. Le deuxième capitaine eut un hoquet ironique. Mel’Ermat se doutant que le capitaine n’attendait que l’occasion de régler ses comptes, il préféra l’ignorer. Cela aurait au moins le mérite de repousser les affrontements verbaux à plus tard. Il enchaîna rapidement. -Nous devrions rester à la Capitale un mois, peut-être plus pour Mel’Placer en fonction du résultat de l’élection. -Mel’Placer va se présenter ? S’étonna Brand qui était le chef de la guilde des marchands. Les guildes étaient réparties de façon plutôt simple. C’était des regroupements de professionnels de toute une activité. Cela permettait d’encadrer par des règles les manières de travailler afin que tous puissent avoir leur chance. Malheureusement pour le consommateur, ces ententes n’étaient pas en leur faveur. Pourtant, peu s’en souciaient et encore moins bravaient les règles ou leurs représentants. Les guildes étaient toutes en contact les unes avec les autres. Il n’était pas rare que des rumeurs veuillent que les celles-ci maquillent leurs comptes et qu’elles fussent plus riches que les royaumes eux-même. -Peut-être… Répondit Mel’Ermat qui ne souhaitait pas en dire trop. Les cartes sont redistribuées et il serait possible que les négociations nous amènent à tenter notre chance. Ce qu’on appelait les négociations était la période qui s’étendait du moment où la succession était ouverte jusqu’à ce que tous se soient mis d’accords. C’était une période où aucune entrée ni sortie n’était autorisée dans la capitale, qu’on appelait aussi l’Impériale. Seuls les Messagers, porteurs de missives, pouvaient aller et venir. Les négociations pouvaient durer quelques heures comme beaucoup plus longtemps. En effet, l’Histoire avait retenu que des siècles auparavant, une négociation avait duré plus d’un an et que la Capitale avait failli disparaître à cause des famines que cela avait provoqué. Depuis, et avant chaque succession, même si cela paraissait excessif, tous les habitants faisaient le plein de nourriture, comme pour un siège ou quittaient tout simplement la ville le temps que cela se finisse sans risque d’être coincés à l’intérieur. Au final, tous les participants de la réunion prirent note que les négociations pourraient peut-être être prolongées. A plus forte raison si Regut du royaume de Kotor, ne comptait pas se présenter. Personne ne pouvait dire le temps qu’ils mettraient à élire quelqu’un. -Qu’en est-il du chantier de la route de l’ouest ? Demanda un jeune marchand marqué sur sa veste du symbole d’un poisson. -Je n’aurais pas le temps de tout terminer avant mon départ donc cela sera repoussé à mon retour. Mais comme ce n’est absolument pas l’objet de cette réunion, veuillez garder ce genre de questions inutiles pour vous. Cela est valable pour tout le monde. Le marchand avait commencé à sourire au début de sa question mais s’était vite décomposé sous les remontrances de Mel’Ermat. Il pensait avoir gagné du temps supplémentaire pour tous les marchands qui étaient contre ce projet. C’était sans savoir la détermination du bras droit de l’Empereur qui comptait bien mener cette construction à bien. Mel’Ermat résista à l’envie de continuer à le rabrouer mais il était sûr que cela déclencherait les hostilités générales. -Je laisse les clés de la ville au général Mel’Surika. Si jamais vous avez quelque chose d’urgent durant mon absence, vous pouvez lui faire passer les messages. De plus, je partirai dans quelques jours donc tous les plans pour la fête du Renouveau devront être prêts avant ce délai. Tous se mirent à parler en même temps. La fête du Renouveau était un des moments préféré des gens du Royaume. C’était une rare festivité qui n’avait pas de date fixe mais qui commençait deux semaines après que le premier bourgeon ait été aperçu sur l’arbre du roi. Cet arbre était un magnifique saule pleureur plusieurs fois centenaire, pour aussi loin qu’on s’en rappelait, qui se situait sur la grande place circulaire au pied du château de l’Empereur. Cette année, la fête avait la particularité de commencer une semaine avant les élections. Comme le Roi lui avait demandé d’être déjà sur place, il passerait la fête à la Capitale. Quand les voix retombèrent un peu –Mel’Ermat n’essaya d’ailleurs même pas d’en comprendre la moindre–, il put s’exprimer. -Je sais que vous aimez tous attendre le dernier moment mais pour une fois, il faudra vous dépêcher. J’ai besoin de faire les comptes à l’intendance pour être sûr qu’il ne nous manque rien. Surtout pour les feux d’artifice. Le général, à qui était adressée cette dernière remarque, ne dit rien. Les membres du clergé, directement touchés par cette organisation qu’ils allaient devoir bâcler, ne dirent pas grand-chose mais chuchotèrent entre eux. La religion était quelque chose que Mel’Ermat craignait comme elle le fascinait. Il y avait quatre Dieux majeurs officiels dans tout l’Empire et une multitude de plus petits locaux qu’on trouvait dans chaque royaume et dans chaque région. Le clergé avait coutume de dire que plus des gens croyaient en un Dieu, plus celui-ci était fort et influant. Mel’Ermat ne savait donc pas pourquoi il restait toutes ces divinités mineures qui auraient dû disparaître. Les quatre Dieux majeurs avaient donc leur propre clergé organisé à leur façon avec des règles différentes les unes des autres. Il y avait néanmoins des points communs comme le fait que chaque monastère était installé dans une région reculée et vivait en autarcie. Ces régions étaient assez bien irriguées et les moines les mettaient vite en valeur. Les premiers portaient une large tunique noire de la tête au pied resserrée par une ceinture de cuir à la taille. Les membres de cette fratrie étaient tous rasés. Le principe de vie était simple : travailler pour se purifier. Ils passaient également énormément de temps à lire si bien qu’on trouvait ces moines plutôt dans les régions du sud, où se trouvait la Grande Bibliothèque. Ils voyaient leur Dieu comme Pardon et Pacifisme et on les appelait souvent les moines noirs à cause de leur tenue. Le second personnage de la table représentait un ordre complètement différent. Eux voyaient l’accès et la communion divine par la mortification. Mel’Ermat était persuadé que s’il enlevait sa tunique marron, il aurait été couvert de marques fraiches comme de cicatrices. Le bras droit de l’Empire savait que tous les monastères étaient indépendants mais que la maison-mère, à la Capitale, visitait une fois par an tous les établissements pour en vérifier sa gestion. En tout cas, c’était les moins bavards des moines qui limitaient l’usage de la parole aux échanges avec leurs supérieurs, au dialogue communautaire ou aux communications utiles au travail. Les troisièmes avaient une histoire particulière que tous connaissaient. A l’époque des Grandes Maladies, beaucoup de personnes se sont rendu compte qu’elles en étaient immunisées. Celles-ci décidèrent alors de se regrouper afin de porter assistance aux autres ce qui donna naissance à une nouvelle branche du clergé. Beaucoup des moines de cet ordre sont médecins et portent la tunique blanche à capuche noire. Ceux-ci font également vœu de pauvreté et sont plutôt nomades, traversant l’Empire comme un perpétuel pèlerinage. Les derniers étaient peut-être les plus étranges dans le sens où leur religion et la façon de la pratiquer étaient tellement différentes que cela venait sûrement d’un endroit bien plus lointain que l’Empire. D’aucun disait que cela venait du sud, d’au-delà les frontières. Bien plus loin encore que là où vivaient les Syrarturiens. Pour eux, Dieu était plutôt une force présente en chacun et en chaque chose sur la terre. Ils ne portaient pas de tenue particulière mais parfois ils arboraient des dessins compliqués à base d’encres noires sur le corps et le visage. Ils vouaient aussi un culte important aux ancêtres qu’il fallait, pour eux, presque plus respecter que les vivants. Mel’Ermat ne savait pas pourquoi mais ils excellaient dans les prévisions météorologiques. Leur façon de rendre hommage à leur Dieu était aussi originale puisqu’ils le faisaient par la danse, le chant, les prières ou les sacrifices. Bien évidemment, il restait également toutes les divinités mineures et toutes les branches non-officielles de ces clergés. Chacune avait son bras armé et Mel’Ermat les aurait bien fait arrêter. Malheureusement, la loi voulait que les affaires divines ne puissent être jugées que par leurs pairs si bien qu’ils étaient plus ou moins intouchables. En tout cas, la fête du Renouveau était une fête commune à toutes les religions. C’était peut-être car ce n’était pas vraiment religieux puisqu’on y fêtait l’arrivée d’une saison plutôt que d’une existence divine. Les mages se jetèrent un regard en coin et l’homme murmura quelque chose à l’oreille de sa partenaire. Mel’Ermat n’avait jamais vu un membre de la magie homme s’entendre avec une collègue femme. Sans que personne ne sache pourquoi, il y avait deux façons de pratiquer la magie. Des choses que seuls les hommes étaient capables de faire et des choses que seules les femmes pouvaient accomplir. La cloison reliant chaque magie était hermétiquement close et au fur et à mesure des années, les magiciens s’étaient coupés en deux : les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Ils ne se détestaient pas les uns les autres mais ils étaient juste assez aimables pour s’asseoir à côté sans provoquer un déchaînement de leurs pouvoirs. D’après Mel’Ermat, il avait dû commenter la présence du feu d’artifice. Effectivement, la cité technologique d’Arsonval leur avait envoyé une missive concernant le fait que certains de ses représentants seraient présents pour cette fête. Cette cité était située dans les montagnes au sud de Kator. En effet, la région ne manquait ni de bois, ni d’eau et encore moins de minerais. Les rumeurs voulaient que cette ville montagnarde fût construite par les nains avec l’aide de la première race de Pierre. Cela pouvait être possible car il y avait encore beaucoup du Petit Peuple dans les montagnes. Cette cité recevait des dons de chaque royaume afin d’y financer les recherches techniques. Tous les plus grands chercheurs étaient sur place pour essayer de ramener des choses stupéfiantes dans leur royaume d’origine. L’équipe de chercheurs du royaume de Mel avait découvert dernièrement un alcool fort transparent qu’on ne buvait qu’en le mélangeant avec d’autres breuvages plus sucrés. Cela leur rapportait maintenant une belle quantité d’or car les royaumes du nord en étaient friands. -L’école des arts et du théâtre a également proposé des animations et je voudrais voir où il reste de la place en ville pour monter quelques scènes. Cette annonce ne fit ni chaud ni froid aux auditeurs qui semblaient s’en moquer. -A titre d’information également, nous n’agrandirons pas cette année les zones de coupe de nos forêts et les prix des places en cimetière vont augmenter. Plusieurs murmures qui allaient devenir des récriminations commencèrent à apparaître si bien que Mel’Ermat reprit la parole immédiatement. -Pour tout commentaire, je verrai avec les personnes concernées directement plus tard. Les marchands se rembrunirent et le dardèrent d’un regard agacé. -De grosses quantités de blé vont être importé au royaume. J’aurais besoin de savoir où je vais stocker ça. -Les rumeurs de guerre au sud seraient-elles vraies ? Demanda innocemment un membre du clergé. Cela devait être un sujet qu’il rêvait d’aborder depuis le début de la session car son visage se parait d’un sourire satisfait. -Non, coupa court Mel’Ermat qui en fait n’en savait pas plus. Cet achat n’a pas été fait en but de réserve mais dans un but commercial. -Nous avons les casernes désaffectés près de la rivière Arduin. Mel’Ermat voyait de quels bâtiments il parlait. C’était une ancienne ville minière qui avait exploité tous les gisements des environs. Le déclin avait été lent mais il n’y avait désormais plus que les bâtiments de pierre pour habiter les parages. -De quelle quantité de blé parlons-nous ? S’enquit le général Mel’Surika. -Environ une centaine de bateaux… Les cris de stupeur l’assaillirent de tous les côtés de la table. -Comment pouvez-vous nier une guerre alors que vous avez acheté tout le blé du royaume, entendit-il quelqu’un rugir sur sa droite. Au milieu de ce raffut, quelques uns commencèrent à s’insulter puis ce fut l’anarchie totale où tous s’accusaient d’être les pires voleurs et maux de la terre. Les voleurs s’éclipsèrent et Mel’Ermat en fit autant. Il fut sûr que personne ne le remarqua. Il laissa soin aux gardes de garder l’ordre jusqu’à ce que tous soient partis. C’était une des plus courtes réunions qu’il n’ait jamais faite dans une rencontre du Conseil. En général, chacun parlait à son tour pour poser des questions et annoncer des projets. Mel’Ermat avait juste eu le temps de faire passer ses consignes avant que ça dégénère. Tous étaient à cran, et les rumeurs qui se propageaient, de guerre, de succession et prophéties n’arrangeaient rien. Au moins à la Capitale, il en saurait un peu plus. Mel’Ermat fit rouler ses épaules. Il était tendu et c’était l’heure de se fatiguer un peu. Il ne savait pas quel maître d’armes serait là aujourd’hui mais il était sûr qu’il prendrait un savon pour ne pas suivre ses leçons avec assiduité. @+ -= Inxi =-
  19. Oh le pauvre ! Je l'aurais bien aimé dans l'histoire !!! Bon ça fait une petite pause dans l'histoire. Je vois pas encore les tentants et les aboutissants du passage. Pourquoi ça maintenant.. Ca sera intéressant à savoir !! Si j'avais une remarque c'est que je trouve le dialogue bizarre... Je crois que c'est à partir du moment où l'assassin le saisit à la gorge. Ca reste étrangement calme, voilà, ça serait ça. Y a un dialogue comme s'ils buvaient un thé. J'arrive pas à ressentir de l'urgence, de la menace d'être dans ces terres et aussi de la haine qui doit commencer à naître en lui, surtout au vu de sa réaction juste après ! Bon en tout cas c'est bien ! Toujours de grande qualité ! @+ -= Inxi =-
  20. Hola ! Bienvenue dans le coin ! Je t'invite à lire les épinglés, ça t'aurait permis d'éviter beaucoup des remarques négatives ici présentes. Bon je commence par ce qui pique : la forme. Je cite pas tout mais les premiers exemples des généralités. [quote]it plus de 200 convoyeurs et 60 soldats de métiers, des doppelsoldner[/quote] Attention à ne pas mettre de chiffres, ça reste très rare (comme par exemple la XIIIème mais je crois que c'est tout). [quote]et où est passé la marchandise [/quote] Il manque beaucoup d'accord. [quote]quoi ressembler leur visage initial ![/quote] Il y a des mots qui ne s'utilisent pas vraiment dans un langage oral : initial ça se dirait pas vraiment mais peut être 'avant'. [quote] il n'y a que des vieillards ( à l'époque médiéval l'espérance de vie ne dépassait pas 40-50 ans , d'où le terme "vieillard" , je ne veut vexer personne ! ) aujourd'hui dans ton bar, d'habitude il y a toujours des gars qui chantent des chansons paillardes au comptoir o[/quote] Là je trouve que ça casse carrément le rythme, tu nous sors de l'histoire totalement. Pour le fond, on a du classique mais une belle marge pour avoir de petits trucs qui changent. Parce qu'on a : un gars recruté à l'arrache, la peur, une baston, une promotion. J'avoue je caricature mais on a pas vraiment de largesse qui fait qu'on se souviendra de lui. Bon en tout cas je détecte un bon potentiel et il n'y a qu'en écrivant encore que ça sera de mieux en mieux !!! Alors au boulot ! @+ -= Inxi =-
  21. Hey !! Merci pour le retour, je me posais des questions />/> J'ai pris en compte tes remarques notamment vis à vis du garde chasse où effectivement, plus de respect aurait été pas mal. Je vais essayer de garder cette ambiance particulière jusqu'à ce que vous voyiez où je veux vous emmener. Attention beaucoup de portes seront ouvertes sur des potentiels scénarii mais une seule sera la bonne, serez vous un bon agent secret pour deviner ce qu'il se passe ? />/> En tout cas, voici la suite (bien en retard mais j'ai eu un empêchement) Chapitre 3 Mel’Ermat poussa un long soupir en s’enfonçant dans l’eau chaude de la baignoire. Il ne montait pas régulièrement à cheval et les courbatures n’attendaient en général même pas le lendemain pour apparaître. Il se détendit de plus en plus à mesure que ses muscles se relâchaient. Il ferma les yeux et appuya sa tête sur l’arrière de la baignoire. Se couper au moins une après-midi par mois du palais et de ses problèmes était vraiment quelque chose d’indispensable. Beaucoup enviaient son poste mais peu connaissaient vraiment les responsabilités et l’investissement que cela impliquait. Tout devenait source d’inquiétude et maintenant que le problème du blé était réglé, c’était cette interrogation par rapport à l’activité du royaume qui l’ennuyait. Qui étaient ces gens qui se faisaient passer pour des messagers ? Ce qui embêtait le plus Mel’Ermat était de ne pas savoir si cela avait un quelconque intérêt pour lui. Pour le savoir, il y aurait fallu connaître les personnes aux deux extrémités du message. Comme il n’avait aucun moyen de savoir ce qu’il se tramait avant que ses espions ne lui fassent de retour, il noya ses sombres pensées en plongeant sa tête sous l’eau et restant quelques secondes en apnée. Emergeant de nouveau, il se répéta le programme de la semaine à venir. Ca allait être une semaine chargée car, sous peu, ils allaient devoir finaliser la grande fête du printemps qui donnerait le coup d’envoi d’un nouveau quinquennat d’un Empereur. Toute la noblesse de l’Empire avait pour tradition de la fêter. En effet, les jours suivants marquaient le départ de ceux-ci vers la Capitale, plus communément appelée l’Impériale, pour voter à l’élection. Celle-ci consistait en un vote à main levée : les rois avaient cinquante pour cent des voix et par les seigneurs qui composaient les royaumes se partageaient le reste. Mel’Ermat et Mel’Placer seraient pratiquement absents un mois et demi si bien que tout devait être réglé pour que le royaume tourne sans eux. On aurait pu croire qu’il était dangereux de laisser le royaume aux mains des généraux et autres délégataires de Mel’Placer mais il aurait été encore plus fou de ne pas aller à l’Impériale alors que plus de décisions se prenaient à ce moment là que pendant cinq ans. Il était donc indispensable de s’y rendre. Avant cela, une série de lourdes tâches devait absolument être traitée. Il devait convoquer le conseil élargi pour donner ses directives. Ce conseil était un peu la direction officieuse du royaume. Il était constitué de représentants des marchands les plus puissants, des voleurs, de l’armée et du Roi. Ces réunions n’avaient jamais fini dans le calme et se terminaient en général par les uns insultant les autres mais c’était néanmoins un bon moyen de faire passer des consignes. Ensuite, il devait régler les ordures qui s’accumulaient entre le quartier sud et les quais. Le prestataire s’occupant de ça semblait en litige avec les habitants du quartier mais maintenant que les maladies se déclaraient, il allait falloir les remettre au travail. Le troisième gros chantier qui terminerait cette semaine serait une réunion sur la nouvelle grande route qui partait de la capitale pour rejoindre Mel’Sarte, ville côtière importante de l’ouest. Cela n’aurait rien eu d’exceptionnel si à l’heure actuelle il n’y avait pas qu’une seule grande route reliant l’ouest. Cette voie rejoignait Mel’Cygnos, concurrente de Mel’Sarte, à Mel. Cet axe était particulièrement apprécié des bandits de grands chemins ou des bandits plus officiels comme les marchands et autres consortiums qui s’étaient établis le long de la voie. L’ouverture d’un deuxième axe direct vers l’ouest ferait perdre à Mel’Cygnos son statut de principale ville côtière et ferait perdre aux marchands le monopole qu’ils avaient installé le long de la route et détruiraient, entre autre, les péages ponctuels qui pouvaient être crées. Il recevait donc en permanence des représentants de toute sorte qui venaient le voir tentant de faire pression afin que ce projet soit abandonné. Il soupira. Il aurait tellement aimé que la vie soit aussi facile que cet agréable bain qu’il était en train de prendre… Il se laissa quelques secondes supplémentaires de relaxation – qui durèrent en fait plusieurs minutes – puis s’extirpa à contrecœur du bain. Le feu qui avait servi à faire chauffer l’eau s’étant tari, la pièce s’était vite refroidie. Il était impressionnant de voir qu’à ces saisons-ci, dès que le soleil se couchait, les températures amenaient rapidement les corps à se refroidir. Il enfila donc rapidement ses vêtements et s’enfonça dans une paire de bottes renforcées en fourrure qu’il ne mettait que lorsqu’il était chez lui. Il passa la porte de la pièce en laissant un serviteur s’occuper de vider le bain et fut immédiatement assailli par les odeurs de nourriture qui avaient envahi la maison. Il se rendit alors compte de sa faim et son estomac le manifesta également bruyamment. Cela sentait la viande et les épices et plutôt que de s’enfermer dans son bureau comme il le faisait de coutume pour boire une lichette d’alcool, il se dirigea aux cuisines. Les cuisinières n’étaient pas là et seule sa femme gesticulait autour du grand morceau de chêne noué qu’était la table. Mel’Ermat, autant que sa femme, mangeaient régulièrement dans la cuisine plutôt que dans le salon qu’ils n’utilisaient que lorsqu’ils avaient des invités. Autour d’eux se trouvaient casseroles, provisions, vaisselles et autres couverts mais cette décoration, à défaut d’être gracieuse, était pratique. Une fois n’était pas coutume, l’homme aida sa femme à finir de mettre la table. Elle lui sourit comprenant que s’il agissait ainsi, c’était dans l’unique espoir de manger plus vite – ce qui n’était pas faux –. Ils se mirent à table l’un à côté de l’autre tout en étalant une serviette vert pomme sur leurs genoux. Le diner se composait de lapin et de riz le tout accompagné d’une sauce blanche assez forte dont raffolait Mel’Ermat. Notant une prise de poids, il se promit d’essayer de se retenir de tout manger et de saucer les plats avec le pain. Le début du repas fut silencieux puis quand les estomacs se calmèrent un peu après le vide créé par cette journée éprouvante, ils se mirent à parler. -Tu crois qu’on pourra aller le voir cet été ? demanda Mel’Kati. Quand elle parlait comme ça, c’était à propos de leur fils. Mel’Ermat soupesa sa réponse pour ne pas lui donner de faux espoir, chose qui la rongeait, surtout quand il s’agissait de leur fils. Il allait se passer une paire de semaine avant le rendez-vous au siège de l’Empire, puis un mois sur place puis au moins autant à leur retour pour remettre de l’ordre dans le royaume. En ajoutant tout cela, la saison des cerises serait largement passée. La requête paraissait néanmoins sensée. -Je pense, oui, répondit Mel’Ermat d’un mouvement de tête. -Et tu crois qu’il aura quelqu’un à nous présenter ? demanda-t-elle timidement. La question n’était pas stupide mais c’était juste qu’elle le lui demandait à chaque conversation. Savoir si leur fils fréquentait quelqu’un était pour elle une priorité. Elle courba l’échine en prévision de ce qu’allait répondre son mari. -Laisse-le donc un peu tranquille avec ça, dit-il sans élever la voix, tu n’as jamais cessé de le harceler avec ça ! Ca viendra avec le temps. Comme dit le dicton, mieux vaut finir seul qu’au bras d’une veuve empoisonneuse. -Ne parle donc pas de malheur ! le tança son épouse les lèvres pincées. Tous ses amis sont déjà mariés et ont même des enfants pour certains. -Pour l’instant, je préfère que ça ne soit pas le cas, rétorqua Mel’Ermat. Il ouvre juste son commerce et il n’a pas beaucoup d’argent. Nous lui payons pas mal de choses, pas besoin de rajouter une charge financière que seraient une épouse et des enfants. Il est encore jeune, laisses-lui le temps. Elle baissa les yeux sur son assiette et tourna le riz pour le mélanger à la sauce pendant plusieurs secondes. Elle finit par hausser les épaules et avala sa nourriture. -Ah oui, fit son épouse se rappelant de quelque chose. Un mauvais coup de vent a emporté les tuiles au-dessus des quartiers des serviteurs. Je ne savais pas si tu voulais faire venir quelqu’un ou si je pouvais m’en charger. -Bien sûr, si tu veux t’en charger ! dit l’homme sans y voir le moindre problème. Le souci de ses fonctions était qu’on le voyait en permanence comme quelqu’un qui voulait tout gérer. Or, ce n’était pas le cas. Il aimait bien savoir, c’était une évidence. Par contre, il aurait volontiers délégué certains de ses pouvoirs s’il avait eu quelqu’un de confiance. Ce n’était pas le cas au palais mais pour son foyer, il avait pleine foi en son épouse. Surtout depuis le jour où, quand il avait fait construire le puits, il l’avait surpris à passer une rouste aux ouvriers qui pensaient pouvoir se reposer en l’absence de Mel’Ermat. Ils comprirent bien vite qu’elle était au moins aussi exigeante que son mari et qu’il valait mieux ne pas traîner sous la menace de se faire envoyer aux oubliettes. Il n’avait donc pas de raison de ne pas lui laisser les pleins pouvoirs. La suite du repas se termina sur leur conversation rituelle : savoir s’ils rachetaient ou pas la petite maison de leur voisin. En effet, celle-ci avait été mise en vente car trop petite d’après l’ancien propriétaire. Forcément, étant seigneur d’un magnifique domaine près d’un grand lac dans l’est du royaume, cinq cents mètres habitables en centre ville ne rivalisaient pas avec les hectares de son palais provincial. Sa femme voulait récupérer la maison, qui était pratiquement au dos de la leur pour, qu’avec quelques travaux de raccord, ils puissent avoir une extension de leur bâtiment. Mel’Ermat n’en avait pas particulièrement envie car, d’une part, cela n’avait pour objectif que la création d’une série de pièces dont ils n’avaient pas besoin -comme une salle de danse- mais d’autre part car cela allait leur faire une énorme dépense d’argent. Ce n’était pas qu’ils étaient pauvres, loin de là, mais pourquoi acquérir l’inutile ? Cette maison était déjà bien assez grande pour eux deux. La fin du repas se termina par une séparation habituelle où sa femme s’installa pour lire un nouveau livre de contes et légendes tandis que lui s’installa face au feu, un verre de vin rouge à la main, pour penser et se relaxer. Sa femme vit sûrement la soirée d’une autre œil puisqu’elle attaqua la conversation après avoir reposé son livre sur ses genoux. -Tu sais en ville, on parle d’une certaine rumeur… laissa-t-elle en suspens mystérieusement. Mel’Ermat ne poussa que quelques grognements. Il n’avait que faire des on-dit des femmes de la ville. -C’est une prophétie, tenta-t-elle. L’homme laissa un blanc pesant. Il fixait le feu dansant dans son âtre, sa femme sur son côté droit. -Tu devrais arrêter de lire tes livres, conseilla Mel’Ermat en trouvant que cette obsession pour le mystérieux faisait trop écho à ce dont son maître espion avait voulu lui dire plus tôt. Vivez dans le réel un petit peu, la tança-t-il. -Vivez ? Alors je ne suis pas la seule à t’en parler ? Si on te le dit à toi et à ton poste, cela ne peut être qu’important. Mel’Ermat maudissait parfois la vitesse de réflexion de sa femme. Il décroisa les pieds sur le tapis en peau d’ours devant lui et réfléchit à ses paroles. -Rien d’important justement. Juste des racontars qui finissent tôt ou tard par arriver jusqu’à moi. Je ne sais même pas de quoi elle traite. Prenant cela comme une invitation elle s’expliqua. -C’est pour ça que je lis ce livre, fit-elle, parce qu’on retrouve une partie de la prophétie dedans. On parle de l’Epée des Justes et d’un enfant capable de mener la défense. On parle aussi de grandes guerres pour survivre et un temps de changement. -Que d’originalité ! fit Mel’Ermat sarcastique. Il termina son verre et le posa sur le petit meuble tout proche. -Toutes les prophéties sont les mêmes. Ca parle toujours de fin du monde et de héros… Je ne crois pas à ces histoires d’armes légendaires, de menaces et d’enfants héros. Elle haussa les épaules, vexée que son époux le prenne aussi mal alors qu’elle ne voulait que faire la conversation et parler de ce qui l’intéressait. Il regretta ses paroles et s’excusa à sa manière : -Allons, il se fait tard et la fatigue se rappelle à moi. Mieux vaut aller nous coucher et on verra bien ce que l’avenir nous réservera. Ses yeux brillaient encore de pousser plus loin la discussion mais elle se maitrisa. Elle laissa ses affaires sur le canapé et partit se coucher à la suite de son époux. Dans le lit, Mel’Ermat ne trouva pas le sommeil tout de suite, ressassant la discussion qu’ils avaient eue. Il n’avait jamais aimé les héros. Enfin, ce n’était pas qu’il ne les aimait pas mais il trouvait très surfaite l’admiration que les gens leur portaient quand d’autres faisaient plus au quotidien pour rendre le monde meilleur. D’autres comme lui. Il finit, sans pour aller mieux, de conclure qu’il était jaloux et qu’il aurait aimé être au devant de la scène. Pourtant, côtoyant le roi au quotidien, il savait comme cette situation était en fait détestable. Mais le prestige, une fois… Il s’endormit sur ces pensées. Quand il se réveilla juste après l’aube il fut sûr d’avoir rêvé mais sans arriver à savoir ce dont c’était. Forcément, il se souvint d’avoir rêvé de quelque chose de grand, ce qui collait avec ses dernières pensées avant de dormir, mais il ne se rappela plus de la situation. Il haussa les épaules sachant pertinemment que plus il forçait le souvenir, plus il s’échappait à lui. Il tourna la tête vers la droite sur son oreiller de plumes et se rendit compte que sa femme s’était déjà levée. Il lui enviait sa faculté à être matinale comme elle jalousait sa capacité à être nocturne. Lançant son habituel rituel du lever, il mit sa journée en branle. @+ -= Inxi =-
  22. Hey ! Pas mal cette histoire ! D'habitude je suis pas fan des histoires en mode background mais pour une fois celle-ci est étoffée et vraiment sympa à lire. Ça aurait pu faire une bonne intro d'histoire ! En tout cas si tu as envie, hésite pas !! Je pense qu'il y a de bons récits à en tirer. @+ -= Inxi =-
  23. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    Hola ! Alors je suis un peu plus dubitatif sur ce passage où je trouve que ça fait vraiment enfantin. En fait sa manière de penser est trop courte et très simple, je pense que ça vient de là. On voit pas un adulte penser comme ça. C'est extrêmement passif également. Au niveau de l'enlèvement, on dirait qu'on regarde la TV, on est pas dans le personnage. Comme si elle était coincé dans un corps et qu'elle décrivait. Essaye de complexifier la chose, ça rendra plus intéressant. Pour le fond, je pense que c'est un moment important et qu'avec une petite correction de forme, ça serait encore mieux ! @+ -= Inxi =-
  24. Et voilà la suite ! Chapitre 2 Comme à son habitude, Mel’Placer l’écoutait attentivement depuis son bureau en dardant sur lui de grands yeux pâles concentrés. Mel’Ermat se posait toujours la même question à ce moment de l’entretien : ‘mais que pouvait-il donc bien penser ?’. C’était toujours un mystère car on ne pouvait pas dire que les deux hommes étaient très proches et leur relation se limitait surtout au cadre professionnel. Ils s’entendaient bien même s’il n’avait pas toujours été en bon terme avec le père de Mel’Placer. C’était pourtant le jeune homme, qui, des années après avoir été envoyé en exil, l’avait demandé en tant que conseiller le plus gradé de toute la cour. Le roi sembla ruminer un instant toutes les informations puis prit ses responsabilités. -Nous n’allons pas perdre de temps et je veux que nous mettions main basse sur tout le blé de l’Empire. Mel’Ermat allait objecter mais le roi leva une main pleine d’autorité pour l’arrêter dans son élan. -J’ai bien conscience qu’un tel investissement va vider les économies du royaume mais de tels gains ne sont pas à négliger. Le fait est que si le Kator ne compte pas se présenter, l’argent nous permettrait d’acquérir quelques soutiens pour briguer le mandat d’Empereur. De toute manière, dans le pire des cas, nous gèlerons l’achat de blé pendant quelques années et nous le rentabiliserons sur le long terme. -Mais cela impliquerait de ne faire aucun autre investissement durant toute l’année, contra Mel’Ermat d’un ton acerbe qui, même convaincu sur son propre projet, devait se faire avocat du diable et le prévenir de tous les risques. -On se débrouillera ! dit le roi comme s’il n’était qu’un paysan parlant politique. Mais c’était bien ça le problème, c’était le roi et c’était à lui d’éviter qu’ils aient à se débrouiller. Mel’Ermat imagina encore tous les problèmes qu’ils allaient avoir à résoudre. Tout le budget de l’année allait passer dans cet achat et cela n’allait pas leur laisser de marge. Il y avait encore beaucoup de choses à payer : des travaux à entreprendre, les frais qu’engendraient la cour, la sécurité des frontières et des routes qui étaient la proie de plus en plus souvent de bandits et bien d’autres choses encore… Il sentait les longues nuits blanches arriver et ce n’était pas sa femme qui allait s’en réjouir. - Si vous me permettez, fit le bras droit en s’inclinant. Au lieu de rentrer dans un débat stérile que le jeune homme conclurait d’un ‘je suis le roi’, Mel’Ermat préféra se congédier afin d’aller se détendre comme il l’avait prévu. C’était un bon roi mais son obstination lui jouerait un jour des tours. Le conseiller du royaume aurait aimé lui dire d’arrêter de faire passer ses ambitions avant la réalité mais le respect et l’espérance que l’âge le calmerait l’en empêchaient. Le temps s’était réchauffé et le brouillard s’était dissipé, ce qui laissait une journée fraîche mais ensoleillée pour aller chasser. Par chance, son épouse n’était pas vraiment conventionnelle dans son rôle de femme au foyer et elle partageait son goût pour la traque et la chasse. Cela venait surtout de son père qui lui avait transmis sa passion faisant fi de l’éducation qu’aurait dû recevoir une jeune fille à cette époque. Son épouse, de la famille des Mel’Iktir, sortait de l’ordinaire par bien des points et, après réflexion, c’était sûrement pour cela qu’elle faisait partie des choses auxquelles il tenait le plus dans ce monde à égal position avec son fils. N’ayant pas de place pour garder leurs chevaux, Mel’Ermat et sa femme avaient décidé de faire garder les leurs aux écuries situées hors de la ville. Quand ils n’avaient pas le temps de s’en occuper, ils détachaient quelqu’un pour leur faire se dégourdir les jambes. C’était donc en ce lieu qu’ils avaient rendez-vous avant de partir pour la chasse. Sa femme l’attendait dans une tenue adaptée bien que moulante qui collait parfaitement à sa ligne filiforme. Elle n’avait pas beaucoup de forme mais elle gardait un visage, même s’il commençait à se marquer des années, fin et charismatique. Près d’elle, il déposa un léger baiser sur ses lèvres et attrapa les affaires qu’elle lui tendait. Il n’aimait pas trop montrer ses sentiments en public de peur que quelqu’un ne tente de le manipuler en faisant pression sur elle. Plus il semblait détaché, mieux c’était. Il aurait tout le loisir par la suite de se rattraper. -Merci ! fit-il en attrapant sa propre tenue et s’éloignant dans l’écurie pour se changer loin des regards indiscrets. Enfilant rapidement une tenue vert foncée collée au corps en bas et plus large en haut, il espéra que la chasse soit bonne. Il avait particulièrement envie de se défouler et courir après du vent ne l’excitait pas plus que ça. -On peut y aller ? demanda sa femme en tenant les rênes de deux chevaux. -En avant ! répondit-il avec un hochement de tête et un sourire. La forêt n’était pas loin de la sortie de la ville mais ils devaient quand même s’enfoncer un peu en direction de colline où ils avaient l’habitude de chasser. Sur le trajet, ils parlèrent de tout et de rien comme à l’accoutumée, débattant du printemps arrivant et de leur espérance que leur fils réussisse son entreprise. Mel’Ermat en profita pour regarder l’état de la route et vérifier qu’elle n’avait pas besoin d’entretien. Les charrettes n’utilisaient pas cette entrée de la ville si bien que les dalles n’étaient pas trop désaxées par rapport à leur position d’origine. Le bras droit du royaume s’auto-flagella à la pensée qu’il n’écoutait plus ce que sa femme disait et que même lorsqu’il devait se détendre, il trouvait le moyen de penser au travail. Elle le remarqua d’ailleurs bien vite. -Encore perdu dans tes pensées, hein ! lui fit-elle remarquer gentiment. Il se contenta d’un sourire pincé, gêné, et hocha la tête. -L’autre jour à la boutique de tissu, j’ai discuté avec une dame de compagnie du château de Ledrac. Je crois qu’ils sont en train de chasser aujourd’hui. -Tu veux qu’on se joigne à eux ? demanda Mel’Ermat connaissant déjà la réponse. En effet, la femme du seigneur de ce château et sa propre épouse s’entendaient trop bien d’après lui, et elles ne résistaient jamais à l’envie de bavarder ensemble. Quant au seigneur Mel’Kamir, il était aussi proche de lui que la courtoisie l’exigeait et ils n’arrivaient à se supporter que lors des chasses et uniquement pour faire le bonheur de leurs épouses respectives. -Oh oui ! Mel’Ermat n’avait jamais su résister aux envies de son épouse et avait toujours fait passer, dans la vie de tous les jours, ses désirs avant les siens. Même si cela allait impliquer de faire pratiquement quinze kilomètres supplémentaires pour trouver où la chasse avait lieu et en essayant de ne pas se retrouver dans la zone de rabattement du gibier. La forêt était plutôt sûre à cette période, les cas de banditisme avaient plutôt lieu pendant l’été. Pourtant, sans escorte, Mel’Ermat ne souhaitait pas mettre en danger la vie de sa femme et préféra sortir de la forêt pour rejoindre un chemin plus fréquenté, quitte à perdre une heure supplémentaire. De plus, les hautes fondaisons des arbres masquaient le soleil de façon constante et l’humidité froide qui régnait dans les lieux pouvait très bien les faire tomber malade. Ce fut toutes les raisons qu’invoqua Mel’Ermat pour contrer les arguments de sa femme quant à une balade en forêt. Sur le chemin qui reliait Mel au royaume d’Ostel, ils croisèrent un nombre impressionnant de voyageurs de toutes sortes. Il y avait beaucoup plus de soldats et de marchands que de simples particuliers faisant du tourisme ou un voyage. Ils croisèrent même un groupe de formés qui semblaient épuisés. Les formés, comme on les appelait, étaient des soldats qui étaient envoyés chaque année dans le royaume du nord, Syrarture, pour défendre les frontières. En effet, comme les autres royaumes étaient plutôt calmes, ils ne gardaient qu’un minime pourcentage de leurs armées. Juste assez pour garantir l’ordre tandis que tout le reste des troupes défendaient la frontière sous les ordres directs de généraux impériaux qui ne répondaient donc qu’à l’Empereur lui-même. Ces hommes qui revenaient avaient donc fini leur service annuel et rentraient dans leur royaume d’origine tandis que de nouvelles recrues iraient se battre là-bas à leur place. Ils tombèrent également sur le petit cousin de Mel’Kamir, seigneur du château de Mel’Ledrac et organisateur de la chasse. Etant en retard également mais se rendant dans la même direction, ils décidèrent de continuer la route ensemble en échangeant tout un tas de politesses sur les nouveautés des vies de tout à chacun. Ils mirent une bonne heure pour rejoindre la clairière où tout allait commencer. Une bonne centaine de personnes était là mais Mel’Ermat ne se fiait pas aux apparences. La grande majorité était soit des accompagnants, là pour lécher les bottes, soit des serfs qui allaient jouer les rabatteurs. On ne comptait que très peu de chasseurs. Au final, les gains espérés de l’activité ne pourraient jamais valoir toute l’énergie que le seigneur avait dû déployer pour organiser la chasse et la logistique sous-jacente. Sa propre épouse, Mel’Kati, se fit rapidement intercepter par la femme du seigneur de Mel’Ledrac à grands coups de cris, pépiements et de gestes excités. Saluant l’amie de sa femme seulement d’un signe de tête, il s’enfuit avant d’être soumis à d’interminables politesses que la dame prenait plaisir à prolonger. Mel’Ermat fit avancer sa monture au travers de la clairière en jetant des coups d’œil de droite à gauche pour chercher agréable compagnie. Au final, il ne vit que le garde-chasse pour lui éviter une après-midi de solitude. La discrétion était un de ses plus grands tords. Dans n’importe quel autre région de l’Empire, le personnage occupant le second rôle du royaume aurait été sans cesse courtisé grâce à l’influence dont il disposait mais Mel’Ermat n’avait jamais aimé les mensonges, l’hypocrisie ou les tromperies que les courtisans mettaient en œuvre en permanence. C’était pour ça que personne n’avait fait vraiment mine de venir lui parler ou lui proposer sa compagnie. Le seul qu’il connaissait vraiment, et avec qui il était, était le garde-chasse qu’on voyait régulièrement à la cour pour tout ce qui était du recensement du gibier et des problèmes y afférents ainsi que pour toutes les questions de braconnage, de banditisme ou de toute activité suspecte. Outre sa fonction, l’homme n’était pas réputé pour être sophistiqué mais pour être aussi bourru qu’un inconditionnel du jour le jour. Il était poilu jusqu’aux sourcils, ce qui devait le protéger des températures hivernales, bien que les saisons actuelles commençaient à tirer de plus en plus vers le plus chaud. Cet après-midi le confirmait puisque le soleil était haut dans le ciel, que les nuages ne semblaient pas vouloir rester et que certains oiseaux normalement absents des saisons froides faisaient entendre leurs cris alarmés. Le garde-chasse discutait avec ses chiens lorsque Mel’Ermat le rejoignit. -Mel’Ermat ! s’exclama l’homme. Il aurait plutôt été bien habillé avec son ensemble terne aux bordures de dentelles juste visuellement cassé par une lourde cape en peau de bête qui n’avait jamais dû être lavée. -Il fallait que je vous voie ! -Quelles nouvelles mon bon maître des forêts ? reprit le bras droit du royaume d’un ton puissant à la manière de l’homme. Pour répondre, sa voix ne se fit qu’un murmure. -Il y a des activités suspectes en forêt ces temps-ci… -Des bandits ? A cette saison ? s’étonna Mel’Ermat. L’homme secoua la tête de gauche à droite. -Autre chose, dit-il, des messagers passent et repassent. Ils ne portent même pas de couleurs. Les messagers étaient des branches d’activités d’état et devaient donc porter les couleurs officielles de leur royaume d’appartenance et le symbole de leur région d’origine. -Peut-être juste des gens de passage ? proposa Mel’Ermat. -Peut-être… répondit le garde-chasse en haussant les épaules. Sauf qu’à cette époque de l’année, les gens ne préfèrent pas voyager. Me laisseriez-vous un passe-droit pour que j’intercepte un de ces voyageurs ? En effet, l’individu n’avait aucune prérogative de maintien de l’ordre et devait demander tout type d’intervention au roi ou à son second. -Si tu me promets de ne pas provoquer d’incidents diplomatiques, je te signerais l’autorisation d’arrêter pour interrogatoire toute personne suspecte traversant les terres. -Evidemment que je ne leur ferais pas de mal ! s’insurgea Mel’Karim comme si cela était dans ses habitudes. Un grand son de corne leur indiqua que la chasse allait commencer. Toutes les conversations cessèrent et tous mirent leurs montures face à la forêt. Avançant ensuite progressivement arcs dégainés, les chasseurs firent une longue ligne précédée du garde-chasse qui allait les guider vers le gibier. Mel’Ermat finit néanmoins par rompre rapidement la ligne car les courtisans semblaient décidés à faire plus de bruit que les rabatteurs et sa patience se brisa lorsque l’un d’eux commença un poème qu’il chanta autant qu’il hurla. Il couvrit rapidement la distance qui le séparait du garde-chasse, soit une centaine de mètres et se remit en position d’observation arc à la main et flèche semi-encochée. Il n’arrivait pas à comprendre comment sa femme arrivait à garder toute sa tête avec ces genres de personnages. Elle aimait également la chasse si bien qu’elle devait être autant concentrée sur la forêt que sur les bavardages qu’elle ne devait écouter que d’une oreille distraite. Elle était la seule femme aux alentours à savoir utiliser un arc et sûrement même plus que certains hommes ici. Ce fut rapidement prouvé lorsque quelques proies firent demi-tour face à eux et que les quelques personnes aux affûts firent feu. On recensa la prise de lapins et de quelques poules d’eau. C’était un bon début mais les applaudissements des courtisans et leurs bravos lancés à tout bout de champ lui courraient sur la patience. Tous pivotèrent à l’ouest car la prochaine vague de gibiers et de rabatteurs allait venir de cette direction. La deuxième vague fut plus coriace que la précédente car on dénombra quelques sangliers et seul le garde-chasse avait une lance pour en venir à bout. Mel’Ermat n’était pas sûr qu’elle serait suffisante car s’il ne faisait que blesser la bête, cela la rendrait folle et personne n’aurait de moyens de la tuer. Comme toute personne expérimentée, les chasseurs les laissèrent passer mais il sembla que quelques courtisans voulurent jouer aux héros et tentèrent d’arrêter un mâle avec leur courage autant qu’avec leurs flèches. Comme prévu, la bête s’énerva et chargea l’impudent qui ne dut son salut qu’au sacrifice d’un de ses serviteurs qui prit la charge à la place de son maître. Le sanglier s’enfuit rapidement en slalomant entre les arbres tandis que le serviteur arborait, au sol, une belle balafre au bras et au torse. Il semblait s’être évanoui sous l’impact et déjà on s’activait pour arrêter l’hémorragie. Le courtisan responsable ne semblait pas s’en soucier et remonta sur son cheval sans un regard au malheureux à qui il devait la vie pour reprendre une conversation légère ponctuée d’une blague qui fit rire son groupe d’amis. Mel’Ermat déplorait ce comportement égoïste. Le serviteur, vu l’état de la blessure, allait sûrement mourir et il était persuadé que personne ne rendrait jamais hommage au courage de l’homme. En tout cas, cela eut pour conséquence d’arrêter les courtisans dans leur faire semblant de chasser et restèrent loin en retrait si bien que la dizaine de personnes qui avait vraiment envie d’être là purent continuer dans le calme. Mel’Ermat bénit les Quatre de ce moment de répits qu’il avait tant cherché depuis son départ du château. Le garde-chasse leva la main et tous se mirent en position. Au loin, on entendait les cris des rabatteurs et les aboiements des chiens. La forêt était calme et face à eux se trouvait un enchevêtrement impénétrable de troncs, de feuilles, de buissons et de diverses plantes qui s’étendaient à gauche et à droite sur une centaine de mètres. Les animaux étaient les seuls à pouvoir traverser ce mur infranchissable. Malheureusement pour eux, quand ils en émergeraient, ils seraient attendus. La première bête à sortir les surprit tous. C’était un magnifique cerf brun qui surgit après un bond puissant, menaçant, ses longs bois torturés en avant. Un seul chasseur eut le réflexe de décocher sa flèche qui toucha l’animal aux bois. Intact, l’animal redoubla d’effort et bondissait à droite et à gauche sans que personne ne puisse ajuster son tir. Le cervidé parcourut la distance qui les séparait puis passa entre la ligne de chasseurs sans qu’aucun ne relâche la tension des cordes de l’arc car ils auraient pu blesser un des leurs. Une fois ce danger écarté, une demi-douzaine de flèches s’élancèrent à la poursuite du cerf. Malheureusement pour lui, il eut un moment d’hésitation qui lui fut fatal quand il entendit les courtisans vers lesquels il s’élançait. Comprenant qu’il était entre deux fronts et il s’arrêta puis tenta de se dégager par la gauche. Les flèches le touchèrent tout le long du dos et l’animal s’écroula durement dans une gerbe de feuilles mortes. Il n’eut même pas un cri. Laissant le soin aux serviteurs de s’occuper de cette belle prise, tous se remirent en position face à la partie dense de la forêt pour cribler de flèche toute proie passant par là. Et ce jour-ci, il y en eut… @+ -= Inxi =-
  25. Inxi-Huinzi

    Le duel des Dieux

    [quote] je senti mes forces me revenir pleinement[/quote] Une petite faute ! J'en ai relevé qu'une mais y en a d'autres du même acabit. L'histoire est pas mal. On se perd un peu dans l'action avec la fille je trouve mais du coup le duel est lui bien décrit. Dommage pour le colonel, on l'aura pas vu beaucoup mais bon on gagne pas contre la magie ! Voyons ce que donnera la suite @+ -= Inxi =-
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