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Patatovitch

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Tout ce qui a été posté par Patatovitch

  1. Patatovitch

    Conversion Cadian

    Tiens je cherche justement un gars qui taquine avec photoshop. C'est pour http://taran.fr.tc Il s'agira de faire de l'uniformologie squat à partir d'une image à colorier. Si ça t'interresse contacte moi en PV Patatovitch@wanadoo.fr
  2. Patatovitch

    Les Exilés

    Pas mal l'idée des flagellants. En effet, les routes de l'Empire ne sont pas désertes (surtout entre les grandes villes). Et leur vision nocturne aussi : - Gobelin : 10m - Loup : 15m - Nain : 30m - Humain : 0m... Bonne continuation. Patatovitch "C'est le commandant Morton, il a tenté d'abusé du professeur. - Maiiiis je l'ai trouvé dans mon lit, déguisé en femme. - Tout de même, commandant..." Goossens
  3. Ceux qui ont aimé cette histoire sont invités à en poursuivre la lecture sur Warmania où je viens de finir le Chapitre IV. a+ et bonne lecture Patatovitch
  4. Disons que les figs de marauders sont franchement immondes. Patatovitch non constructif et monoligneur
  5. Entre deux énervements sur du HTML et de la peinte de Bad Moons, j'ai tout de même trouvé le temps de tapoter ces quelques lignes. Bon, l'enquête suit son cours, quoi. Il ne se passe pas grand chose. Patatovitch Utrlivna arriva à la caserne. Elle était en nage. Elle n’avait pas posé autant de questions que prévu aux Corliovna mais elle sentait confusément qu’elle avait bien fait de ne pas trop insister. Puis elle en savait assez pour pouvoir progresser. Dès qu’elle l’aperçut, sa secrétaire, visiblement satisfaite, lui tendit un dossier relié assez épais. « Puis y a un gros morceau sur le central aussi. Je vous ai fait les liens. » Elle attendait visiblement des félicitations. La commissaire grommela de vagues remerciements. Cela faisait partie de son personnage, la secrétaire la connaissait trop pour en attendre autre chose. Le central était la banque de données générales de la police : une immense réserve d’information aussi poreuse qu’une éponge. N’importe quel bidouilleur de génie dans la zone pouvait en forcer l’accès. Peu dans la division «Recherche» faisait encore unconfiance aveugle aux informations que l’on y trouvait. Le dossier était plus intéressant : assise à son bureau, elle avait sous les yeux la vie de Lamnia Corliovna. Elle chercha immédiatement s’il y avait une information sur la personne qui l’avait acheté. Le dossier finissait par le compte rendu du procès. L’énoncé de la condamnation -Service Pénal- était suivi des signatures du juge et de ses assistants. Rien d’autre. Sans trop y croire, elle brancha son ordinateur. Les liens que lui avait préparé sa secrétaire s’affichèrent. Ils concernaient presque tous le « Réseau Paix » qu’elle supposa être le fameux «réseau d’opposition» dont parlait le dossier. « Paix… simple, efficace, percutant. Ça change des sigles farfelus utilisés d’ordinaire par ces groupes… Enfin bref.» Deux liens attirèrent son attention, l’un renvoyait sur Kinov, l’autre exposait le contenu du dossier qu’elle avait sous les yeux. Rien de nouveau. Tout le reste, une longue liste, concernait des dossiers annexes. Vraisemblablement, des membres de ce réseau d’opposition. Il allait falloir se taper la lecture de tout ça pour trouver des liens possibles avec Kinov… Il y en avait bien pour plusieurs jours. Mais avant, il y avait cet acheteur d’esclave. Elle s’étira dans son fauteuil qui grinça sous l’effort. « Un officier des AEEP… » On ne fait pas trente ans de Police sans connaître des officiers des AEEP. Sa réflexion avait perdu son caractère aléatoire, elle consultait son implant : * A. Asinio - … * L. Tchesckov - retiré. * L. Uzi -… Trois, c’était peu. La majorité des militaires qu’elle connaissait servaient dans les AIG -Armées Intérieures et de Garnison. Les AEEP -Armées Extérieures et Extraplanétaires- étaient par définition loin de la capitale taranaise. Ces derniers étaient engagés dans les conflits sur les planètes voisines notamment sur Eumenes. Ceux qui était sur place s’occupaient généralement de rassembler les engagés et les conscrits et d’organiser les renforts de troupes fraîches. Pour A.Asinio cela remontait à cinq années, il était capitaine à l’époque. Il y avait une affaire de duel qui le concernait. Elle avait été dessaisie du dossier assez rapidement mais elle avait eu l’occasion de le rencontrer et ils n’étaient pas vraiment resté en sympathie. Peu importait, elle connaissait le moyen de le joindre directement. Elle s’installa devant son visoscope et numérota de tête une longue série de chiffre. La tête d’une jeune femme brune en uniforme s’afficha sur l’écran. « Bonjour, Commissaire-Enquêtrice Utrlivna, Division « Recherche » du niveau 0. Est-ce que je pourrais avoir le Capitaine A. Asinio, s’il vous plaît. » Elle avait prononcé le début de sa phrase très rapidement pour ne pas laisser le temps à son interlocutrice d’enregistrer. Par contre, elle avait parfaitement articulé le nom du Capitaine. La secrétaire parut un moment perplexe. Elle devait penser qu’une Commissaire qui appelle sur une ligne directe sortait de l’ordinaire. Il faisait qu’elle en réfère à ses supérieurs. « Ne quittez pas, je vais me renseigner » Un clip à la gloire des AEEP occupa l’écran. Utrlivna trouva la musique qui l’accompagnait stridente. Elle baissa le son et reporta son attention sur l’extérieur de son bureau. Elle pouvait voir par la vitre l’agitation ordinaire de la division «Recherche». Son bureau lui faisait parfois penser à l’aquarium de son poisson Wanda. La secrétaire des AEEP réapparut : « Allo ? oui, le Capitaine A. Asinio est actuellement en poste sur Eumenes. Nous ne pouvons le contacter. Je suis désolée. - A propos, je … Elle avait raccroché. Utrlivna recomposa le numéro, on ne se débarrassait pas d’elle comme cela. « Bonjour, c’est encore moi… vous avez raccroché un peu vite. - Que puis-je pour votre service ? La belle brune perdait visiblement patience. En tant qu’AEEP, la Police n’avait rien à mettre son nez dans leurs affaires. Et elle le savait bien. « Voilà, est-ce que vous pouvez me passez quelqu’un qui s’occupe du Service Pénal ? - Ne quittez pas. Le même clip défila. C’était quitte ou double. Elle risquait des ennuis pour tant d’indiscrétion. L’écran s’éteignit soudain. Les ennuis allait bientôt arriver. Elle imagina leur cheminement. La secrétaire en avait parlé à l’officier de liaison qui en avait parlé à l’officier chargé du recrutement qui avait remplacé A. Asinio. Puis un officier du renseignement allait incessamment être prévenu qu’une Commissaire-enquêtrice du Niveau 0 – la secrétaire n’avait sûrement pas bien compris son nom.- cherchait à se renseigner sur les Services Pénaux. Cet officier contacterait directement la secrétaire ou le central des communications pour connaître le numéro d’appel -le sien– et des clignotants de son visioscope s’allumerait. Elle fut presque surprise que ne voir aucun des voyants s’allumer. Une sonnerie connue retentit tout de même. C’était la fin de service des équipes de « jour » et le début de la messe du soir. Elle se redressa péniblement. Son activité physique du matin l’avait vraiment exténué. Dans la grand salle de prière, elle saluait de la tête ou d’un mot, ses collègues. Elle s’assit lourdement à sa place et passa machinalement la main sous sa chaîne. Les officiers et les sous-officiers de la division « Recherche » détonnaient dans l’assistance à cause de leurs vêtements civils. Elle se leva et chercha des yeux, la place qu’avait occupé le Sergent Kinov. Elle finit par la repérer. Il y avait maintenant le caporal Adtuliov à la même place. Son regard croisait celui de plusieurs filles des Brigades Mobiles, elles se ressemblait toutes. Certaines plus petites, d’autres plus grandes, certaines plus âgées. Kinov n’était pas différente d’elles. Elles sortaient toute du même moule. L’errance de ses pensées fut surprise par l’arrivée du prêcheur. Tout le monde se leva. La prière lui donnait toujours faim, elle se dirigea ensuite vers la cantine où elle se servit généreusement et pas seulement de salade. Elle amena l’ensemble dans son bureau et repris le cours de ses investigations. Les ennuis n’étaient toujours pas arrivés, elle pouvait continuer. « * L. Uzi -… » Lui était Lieutenant-Colonel, chargé de l’équipement - terme vague qui recouvrait elle ne savait trop quoi. Toujours était-il, que ce cher Lieutenant-Colonel avait été impliquer l’an dernier dans une affaire de meurtre aussitôt levée, aussitôt enterrée. Elle numérota. La tête fine aux yeux de névrosés de L. Uzi –exactement celle qu’il avait dans son souvenir- apparu immédiatement dans le visioscope. Il ne filtrait même pas ses appels. « Bonsoir, Lieutenant-Colonel Uzi. - Excusez moi, je ne vois pas bien qui vous êtes… - Police, Commissaire-Enquêtrice. Utrlivna vit tout de suite qu’il n’avait pas l’esprit tranquille. « Vous avez eu ma ligne privée… Qui vous l’a donné ? - J’ai des questions à vous poser, Lieutenant-colonel. Elle bluffait et observait son visage qui se décomposait. « Vous savez, j’ai sous les yeux votre dossier. Là. - Et bien… - C’est pas bien brillant… - Ecoutez ! J’ignore de quoi vous voulez parler. Laissez moi tranquille ! Il était mûr. « J’ai besoin de votre collaboration. En échange, j’oublie votre dossier et vos supérieurs n’en entendront jamais parlé. - De quoi s’agit-il ? Utrlivna observait la pomme d’Adam de son interlocuteur que montait et descendait précipitamment. Elle hésita une seconde. « Je cherche l’acquéreur d’une personne qui a été condamné au Service Pénal. » La pomme d’Adam bougea. « Je… Nous n’avons pas le droit de le communiquer aux civils ce genre de renseignement. - C’est cela ou ce gros dossier sur le bureau de votre supérieur direct demain matin. Elle montra dans le champs de la caméra le dossier Corliovna. « Attendez, attendez… Je peux me renseigner… Restez en ligne… heu … ne coupez pas. Le même clip s’afficha sur l’écran. Son humeur était meilleure et elle trouva presque la musique entraînante. Il fut coupé presque immédiatement. « Qui est-ce que vous recherchez…. Heu…. Son nom… - Corliovna Lamnia. C-O-R-L-I-O… - Ok, heu… ne quittez pas, hein… Encore le clip. Elle le fredonnait presque. Ce fut plus long, elle se demandait presque s’il avait raccroché. Il réapparu bientôt. « Vlatislav A.1882 Iliytch… C’est le nom qui a été enregistré. I-L-I-Y-T-C-H. Et… heu… pour mon dossier ? - Je le garde sous le coude, Lieutenant-Colonel, sous le coude. Au plaisir, Lieutenant-Colonel. - Mais… Elle raccrocha. « Youhou ! » Elle avait crié. Là, elle était plutôt contente d’elle. Elle se reporta directement sur son ordinateur, et entra « Iliytch » dans la base de donnée centrale. Toute une liste de homonyme s’afficha. Avec « A.1882 », elle avait la date de début de son service militaire, elle affina sa recherche. Il n’y avait plus qu’un seul Vlatislav A. Iliytch.
  6. oui c'est très chiant, il faut faire quelque chose. Mais quoi ? Sinon la touche retour en arrière marche bien. chaque chose en son temps, chaque temps à sa chose Patato
  7. Oui je suis imprévisible. Par exemple : la suite fait pour l'instant une seule ligne. On va dire que ce sera le feuilleton de la rentrée Enfin dans quelques minutes, il y aura une maj sur Taran. Patatovitch "Peut-on être neitztchéen de gauche ?" Article du Nouvel Obs.
  8. Hop la suite... Patatovitch Noir c'est noir Revenue dans son bureau qu’elle n’avait finalement quitté que quelques heures, elle rouvrit le dossier Kinov. Tinine avait concentré ces recherches sur Kinov et son entourage : sa famille. Il y avait les interrogatoires de sa mère Idona Kinov –180e BMO, Sergent Chef dans service administratif- et de son grand père paternel Pior E.Adanov – pensionné militaire, ancien des AIG. Tous déclaraient ne pas avoir vu Sophia Kinov depuis plus d’un an et ne comprenait pas ce qui avait poussé «une petite fille si gentille, obéissante comme tout» à commettre de telles atrocités. Son parcours scolaire était bon sans être exemplaire. Elle avait toujours été bien notée, sans ennui disciplinaire notable. Un bulletin de 1886 -Kinov avait 15ans- mentionne qu’elle fut à surprise à «consommer des stupéfiants» dans les toilettes avec une camarade de classe. «Stupéfiants»… Utrlivna se souvenait assez bien ses années de Lycée passées chez les Sœurs – l’âge lui faisait revenir en mémoire des souvenirs qu’elle croyait effacés. Enfermer ses jeunes filles de 10 à 17 ans était tout ce qu’avait trouvé la société taranaise pour les éduquer. Utrlivna se souvenait de son lycée comme d’une prison avec de vielles peaux pour gardes-chiourmes et professeurs. A quoi pouvaient-elles songer à cet âge-là sinon au Prince Charmant ? Et il n’y avait pas trente six moyens de passer le temps en attendant cet hypothétique prince : des drogues –les fameux «stupéfiants»- et des caresses pour les plus dévergondées. Pour Utrlivna, cet incident était non significatif, elle se souvenait parfaitement avoir consommer nombre de fois ces petits comprimés roses qu’elles appelaient «rêves». C’était même une sœur qui les vendait. Cette dernière avait trouvé là un moyen de capter facilement l’argent de poche envoyé par les parents de tous les élèves du Lycée. Tinine n’avait pas fait les choses à moitié : il y avait tous les relevés de notes et les bulletins du Lycée, de l’université et même de la Schola. Par contre elle ne s’était pas renseigné davantage sur le cas de Lamnia Corliovna. Mis à part sa fiche d’identité et le compte rendu de ses interrogatoires, il n’y avait rien. Il devait exister tout un dossier sur cette Corliovna et sur le réseau auquel elle appartenait. Elle rédigea une note pour sa secrétaire. Cette dernière était une petite femme blonde que la moindre des sollicitations affolait. Il ne fallait surtout pas lui demander deux choses en même temps sinon, elle avait tendance à tout mélanger. Comme Utrlivna l’avait vu se peindre les ongles en arrivant, elle pouvait prendre le risque de la faire travailler : elle lui confia donc la tache de retrouver le dossier Corliovna dans le dédale de l’administration policière. En attendant, Utrlivna nota l’adresse des parents de Lamnia Corliovna et décida de leur rendre une petite visite. Elle sortit une photo de Kinov la mit dans sa poche à tout hasard. La commissaire aimait beaucoup le «travail de terrain». Elle considérait que le contact avec la population était indispensable. Le petit peuple des suspects et des témoins étaient plus «nature» dans son environnement normal -leur appartement ou leur bar favori par exemple- que debout dans un bureau de Police entouré de brimos patibulaires. Elle enseignait ça aux jeunes qu’elles formaient à l’occasion. Les Corliovna habitaient au niveau 2, cela donnait une idée de leur position sociale et de leur revenu. Le chef de famille travaillait à l’Administratio Majoris. La mère était inactive. Elle choisit pour se déplacer en véhicule de service banalisé, c’était assez loin d’ici. Comme la circulation était dense, elle mit près de deux heures à arriver à destination. Il fallait montrer sa carte de résident ou assimilé pour accéder au Niveau 2. Sa carte de police faillit ne pas suffire, seul son grade en imposa au factionnaire. Après tout, elle sortait de sa juridiction… Utrlivna vérifia l’heure, il était un peu tôt pour déranger des gens chez eux. Elle fit quelques pas dans le quartier. La lumière était ici plus puissante qu’au niveau 0, le cycle jour/nuit était aussi beaucoup mieux reconstitué. Les façades des immeubles étaient peintes de couleurs claires renforçant la luminosité, cela contrastait vraiment avec les niveaux inférieurs où le gris-béton dominait largement. Les rues étaient plus larges et l’architecture beaucoup plus soignée. Certains immeubles étaient dotés de véritables baies vitrées ou de balcons. Il y avait même un immeuble en construction. Ce n’était pas si fréquent qu’ils décident de renouveler entièrement une structure. Elle commençait fatiguer et chercha des yeux un endroit où s’asseoir. Un bar offrait ses chaises un peu plus loin. Elle s’installa et commanda un jus de fruit. C’était cher mais, avec le reçu que le serveur lui donnait, elle arriverait à le faire passer dans les notes de frais. Il était bon, c’était un vrai. Les fruits étaient parmi les mets les plus chers sur Taran. Leur culture était longue et prenait beaucoup de place. Il y avait près d’un an qu’elle n’en avait pas bu de vrai. Elle ne supportait pas ces cochonneries reconstitués. Enfin, une bonne heure plus tard, elle avait fait le tour des questions qu’elle voulait poser à ces gens. En fait, elle voulait surtout s’imprégner de l’ambiance dans laquelle Lamnia Corliovna avait grandi. Quel était son caractère, ses rapports avec les personnes de son entourage, etc. Elle appréciait vraiment d’avoir carte blanche pour cette enquête. Il n’y avait pas le stress d’obtenir du résultat à tout prix. Elle avait le temps qu’il fallait et pouvait laisser vagabonder les idées de la partie charnelle de son cerveau : de la venait l’intuition. Utrlivna se dirigea vers le hall d’entrée de l’immeuble pourvu de large baie vitrée et s’installa devant le visioscope. Sur le moment, elle pensa qu’elle était en train de rater l’office du matin et les gesticulations du prêcheur à la caserne. Un concierge assez âgé bâti tout en muscle qui la dépasser de deux bonnes têtes lui ouvrit et se campa devant elle. « C’est à quel sujet ? - Police. Je viens voir les Corliovna. Elle montra son badge. Il s’y plongea dedans comme un myope. « Permettez que je vérifie votre identité. - Faites. Elle présenta son avant bras et il avança un lecteur de puce portable. Une fois satisfait, il s’excusa. « Comprenez, il y a tant de démarcheurs. Il est normal que nous prenions des précautions. - N’est ce pas. - Je vois que vous êtes du Niveau 0. Vous n’êtes pas dans votre secteur ? - En effet. Utrlivna commençait à en avoir marre de la voix lente avec laquelle s’exprimait le concierge. Elle avait peur de s’endormir entre deux mots. Il avait tout l’air de benêt. « Les Corliovna ont déjà beaucoup eu de soucis et d’ennuis à cause de leur fille, vous savez ». Un lueur d’intérêt s’alluma dans l’œil de la commissaire. Ils étaient maintenant dans le hall et la porte s’était bruyamment refermé. « Vous dites ? Comment cela ? - Vous savez bien qu’elle a été arrêtée… - Oui ? Eh bien ? - Les Corliovna ont eu beaucoup de chagrin. Surtout Madame –pauvre Madame. Même s’il ne la voyait plus depuis longtemps… Vous savez je l’ai connu petite fille… La commissaire sentit la partie mécanique de son cerveau se mettre en route. La police néglige toujours les concierges, à tort, souvent. « Vous n’avez pas un endroit où s’asseoir ? » Ils s’installèrent dans la loge du concierge et l’homme prit l’air de celui qui Les Corliovna étaient installé là depuis près de trente ans. Ils avaient acheté l’appartement –« spacieux, vous verrez et bien situé avec ça»- après la nomination du mari dans l’Administratio Majoris. La petite Lamnia y était né, ainsi que son frère –«ahlala son frère, enfin vous verrez. Pauvre Madame Corliovna». Selon lui, Lamnia avait définitivement cessé de voir sa famille directe depuis plus d’un an mais depuis son entrée à la faculté de Médecine, il y avait « de l’eau dans le gaz comme on dit, héhé ». « Elle avait un sacré caractère la petite. Mais je suis pas sur qu’elle se rendait bien compte de ce qu’elle faisait. A cet âge là, on fait n’importe quoi ! Tout de même, elle ne méritait pas d’aller pourrir dans un bordel, malgré tout le respect que je dois à la Police, commissaire. Tiens je préfère ne pas y penser, je vais chialer comme un môme.». Il sortit un mouchoir. « Vous êtes ancien militaire ? - Oui. Comment savez vous ? - Au mur, les décorations. - Eh oui. Caporal K.Belebeil quatre-blessures-deux-citations-au-rapport. Héhé, une belle connerie oui. Je sais ce qu’on leur fait moi aux filles dans les bordels. J’y ai passé une bonne partie de mon temps. Puis je me suis reconverti dans la garde d’immeuble. C’est moins dangereux. - Les enquêteurs ne vous ont pas interroger ? - Ces péteux n’en avait qu’après les Corliovna. Ils ont fouillé trois fois leur appartement mais… - Heureusement. Avec des propos comme ça, vous replongiez, malgré de votre âge… Sous le masque froid du professionnalisme, elle observa avec amusement la décomposition du visage de son interlocuteur. L’absence de l’uniforme poussait les gens à la confidence. Puis elle se reconnaissait volontiers un petit coté sadique. « Héhé quand, je dis ‘péteux’ c’est sauf votre respect, bien sur…heu…Je vous sers une petite goutte ?» Le sourire en coin, il avait tendu le bras pour attraper une bouteille opaque et attendait visiblement une réaction. « C’est pas de refus. Mais juste un fond, alors » Il lui remplit à demi un verre à la propreté douteuse d’un liquide qui tirait sur le jaune. Il se détendit et elle continua. « Vous savez, j’en ai rien à foutre de vos opinions. Je cherche à retrouver une amie de Lamnia Corliovna. Une certaine Kinov… » Elle allait sortir sa photo. « Lamnia n’a jamais amené ses amies ici. Vous perdez votre temps avec moi. J’ai bien connu la petite Lamnia, celle d’avant le Lycée. Après : bonjour, bonsoir et une bise. Elle ne me confiait plus ses secrets. Vous perdez votre temps, je vous dis.» Il avait envie d’écourter l’entretien. La partie mécanique du cerveau de la commissaire lui intimer de continuer à le cuisiner, l’autre, l’instinct, lui disait qu’elle perdrait réellement son temps. Elle se leva et le salua sans toucher au verre. « Ils habitent à quel étage ? - Le troisième. Mais, vous ne trouverais pas Monsieur, il n’est pas là en ce moment. - Ah. - Prenez l’ascenseur. Je préviens Madame de votre visite. - Merci encore, Monsieur Belebeil. La porte était ouverte. Une petite femme sèche se tenait dans l’embrasure. « Mme Corliovna ? - Oui, c’est moi, entrez, je vous en prie. Le salon qui s’ouvrait sur une baie vitrée était arrangé de manière très coquette. Les couleurs jaunes et oranges dominaient dans la décoration. Elle n’aperçut pas le moindre grain de poussière. Une armée de robots domestiques devait veiller à l’entretien. Une armée n’est rien sans son général et ce petit bout de femme avait l’air de s’y entendre. Elle se demanda si elle n’aurait pas, elle aussi, intérêt à faire le ménage autour de l’aquarium de Wanda. Ça aurait de l’allure. « Mon mari est absent en ce moment. Mais nous avons déjà reçu tant de policiers, tout doit figurer dans vos dossiers à de multiples exemplaires… » Elle avait dis ça d’une ton infiniment las. « Mon mari et moi-même aimerions ne plus avoir à attendre parler de cette histoire. Notre fille a fait des bêtises, elle paye, c’est normal.» Dans la bouche de cette femme, ça sonnait faux. Utrlivna lança une petite pique pour tenter de percer le masque. « Vous trouvez normal que votre fille ait été envoyé dans les bordels militaires d’Eumenes ? » Elle y était peut-être allé un peu fort, là. La petite femme se tendit immédiatement comme une corde de harpe. « Veuillez sortir, s’il vous plaît. Nous n’avons plus rien à dire. - Excusez moi, je ne voulais pas être si brutale. Je m’étonne de votre impassibilité. - J’ai déjà trop pleuré. - Mais ce n’est pas votre fille qui m’intéresse mais une de ces connaissances, une certaine Kinov. Utrlivna sortit la photo. « Non, je ne l’ai jamais vu. Lamnia n’a jamais amené ses amies à la maison. Puis c’est une policière, elle a un uniforme sur l’image, Lamnia n’aimait pas la Police. Puis avec ce que vos collègues lui ont fait subir cela ne risque pas de s’arranger. - Vous l’avez vu récemment ? - Oui, une fois. Pour son procès. A peine une heure qui a duré. Une heure ! Elle allait se mettre à pleurer… « Oui, les Légions Pénales… - Oh Divin Empereur ! Paf, c’était parti. Elle pleurait. « Ma petite fille.. Que t’ont-ils fait… » C’était assez gênant. Utrlivna le leva et commença à marcher dans la pièce. Elle s’arrêta devant la baie vitrée. Il pleuvait, le «nettoyage»… Il lui vint une idée sans qu’elle puisse déterminer quelle partie de son cerveau l’avait produite. « Mais des gens comme vous… assez aisés… vous devez avoir des relations. Vous n’avez rien pu faire pour la sauver ? - Hélas, nous ne sommes pas de Meleagre et nous ne connaissons pas grand monde, ici. Puis, nous ne sommes pas si riche que vous semblez le penser. - Comment ça ? - Voilà, nous avons un cousin qui travaille dans l’armée, dans les AEEPs. Nous avons appris qu’elle allait être vendues aux enchères et nous avons essayé de la racheter grâce à un intermédiaire. - De la racheter ? - Oui, aux enchères… Elle a été vendue. Elle est sûrement réduite à l’état de légume à l’heure qu’il est. Ma pauvre petite… Nous avons essayé de la retrouver… Mais pas moyen de connaître ceux qui l’ont acheté… Pas moyen… Vous vous pourriez peut-être… La petite femme se remit à pleurer de plus belle. C’était donc vrai. L’armée organisait des ventes d’esclaves avec les légionnaires pénaux. Le bruit courrait depuis un certain temps, à vrai dire. Personne ne savait trop quoi en penser. Par contre, si cette femme avait raison : Lamnia Corliovna était sûrement encore sur Taran et peut-être même à Meleagre. Utrlivna n’écoutait plus ses gémissements. Les implications étaient importantes. Lamnia encore sur Taran, signifiait qu’elle pouvait fort bien avoir retrouvé son «amie». Ce « groupe d’opposition » avait-il les moyens de racheter ses membres ? La partie charnelle de son cerveau s’emballait, l’électronique repris le dessus : il fallait d’abord savoir qui était l’acquéreur. La commissaire remarqua qu’un garçon était arrivé dans le séjour. Il devait avoir l’âge du service militaire. Il était facile de deviner pourquoi il n’avait pas été convoqué. Il semblait dépourvu de jambes et utilisait pour ce mouvoir un siège à suspension anti-g. Elle devina : le frère de Lamnia Corliovna. Son handicap était ce qui faisait répéter «Pauvre Madame» au concierge. Son inactivité forcée pesait sur son tour de taille. La commissaire remarqua avec un pointe de dégoût les fils qui pénétraient dans la chair flasque. Il ne lui était pas difficile, dès lors de deviner où passait une bonne partie de l’argent du ménage. Ce genre d’appareil anti-g coûte des fortunes. Ils n’étaient pas fabriqués sur Taran. Et il y avait sûrement les soins en plus… Elle comprenait un peu de ce qui avait pu façonner le caractère de cette Lamnia. « Encore la Police, Maman ! - Oui, mon chéri. - Allez vous en ! - Tais toi, mon chéri. La commissaire décida qu’elle en avait assez vu. Malgré son détachement professionnel, elle se sentait mal à l’aise. La mère la raccompagna jusqu’au pas de la porte. « Lamnia était notre soleil, vous savez… Si vous pouviez… » Elle ne répondit pas et entra dans l’ascenseur.
  9. J'ai remarqué aussi. Mais il faut du recul pour les voir, ce qu'il fait que souvent je ne les vois pas sur le coup. car j'ai tendance à écrire puis à poster direct. Je corrige souvent mon document Word mais pas les posts du forum Patatovitch
  10. Parce que c'est les premiers mots du récit et que c'est la date à laquelle se déroule l'histoire. Dans la section Histoire de Taran (le site/la description de la planète), je dis : An 38179 (5 180 274/M39) = l'an 1 = Fin de la 14e Grande Guerre, Fin de l'Ere des Guerres et Début du Redressement On pourra d'ailleurs utilement noté que la guerre Omphalio-taranaise sur Eumenes dure de l'an 1821 à 1912. Donc 1903. Il est normal que les héroines soient nées avec. C'est un récit "historique" car Taran est détruite en 2740 (919M41) par les omphaliens. On pourra aussi se réporter au site pour une description plus approfondie. Patatovitch
  11. Merci pour vos encouragements. ça va ça vient. Un coup je sais un chapitre en quelques jours, un coup ça prend deux semaines. ouais, on verra. ouais si j'arrive à le finir, c'est prévu. J'avais "Taran 1903" comme idée. Patatovitch
  12. Voila. On fouille un peu le personnage de Fairan Utrlivna. J'ai remis le premier paragraphe. Patatovitch Lorsqu’elle eut fini, Fairan Utrlivna s’accorda une pause et décida de rentrer chez elle - à pied. Il était toujours bon de faire un peu de l’exercice. Elle avait envie de se changer, de prendre une douche et de surtout de prendre l’air. Elle salua la nouvelle en passant devant de son bureau. Comme chaque fois, elle avait envie de l’appeler Tinine. Elles se ressemblaient – les jeunes se ressemblaient tous. Cette petite n’était arrivée que depuis trois jours et semblait bien se faire à l’ambiance du service. Elle ne cessait de réclamer «sa première enquête». Tous les nouveaux, à peine sortis de l’école, commençaient par la mission « reprographie »… ce qui avait tendance à émousser quelque peu leur enthousiasme. Mais ils apprenaient ainsi la patience, les enquêteurs ne devaient pas être des gens enthousiastes mais patients et réfléchis. Utrlivna était patiente, trop peut-être. Elle n’avait plus depuis longtemps le sentiment d’être une justicière. Elle se voyait plutôt comme un rouage d’un immense machinerie. Un rouage qui se satisfaisait de son rôle de rouage. Elle se s’offusquait plus de voir certains des dossiers confisqués ou enterrés. Elle obéissait, la guerre rendait impérieusement nécessaire l’union sacrée de la nation. Il y avait souvent doute des espions et des saboteurs sur Taran. De régulières campagnes de propagande rappelaient les taranais à la vigilance. Kinov, dans son genre, avait réussi un beau coup. En marchant, les pensées de Utrlivna dérivaient et des rêves bien enfouis dans la partie charnelle de son cerveau, parlant de promotions et de reconnaissances officielles, lui revenaient à l’esprit. « Démasquer un saboteur en relation avec une groupe d’opposition serait une belle affaire. » Elle revint à elle. La partie électronique de son cerveau repris le dessus. Elle était un rouage qui se satisfaisait de son rôle. Non, elle se s’offusquait pas de voir des dossiers confisqués ou enterrés et la gloire des enquêtes réussies retomber sur ces supérieurs. Non, rien de tout cela. Mais l’ «Affaire Kinov » serait son affaire à elle, à elle seule. Elle était convaincu qu’il y avait un gros morceau à ferrer avec cette Kinov. Elle arriva chez elle essoufflé et en sueur. Elle bénissait son rez-de-chaussée. Monter un escalier de plus lui aurait été certainement fatal. La porte ouverte, elle buta sur un boite métallique. L’appartement était dans un désordre indescriptible. Il manquait aussi du plus élémentaire nettoyage. De la vaisselle sale et pourrissante s’entassait dans l’évier. Elle toqua sur la vitre du grand aquarium qui siégeait dans la pièce principale. Quelque chose bougea au fond et un peu de sable se mit en suspension dans l’eau. « Salut, Wanda, c’est maman qui revient. Elle va te donner à manger. » Utrlivna sortit d’un placard une boite de nourriture pour poison. Elle la secoua. « Vide. Maman est une mauvaise mère. Elle a oublié de t’acheter à manger… » Elle passa soudain à sa fille, fonctionnaire de l’Administratio Orbis dans un trou perdu sur Taran, loin d’ici. Elle ne l’avait pas vu depuis la séparation de son mari. Elle ne lui avait jamais pardonné cette déchirure du cocon familial. Elle avait toujours été trop sensible. L’image de son mari et de leur rupture douloureuse revint l’agresser. Pour détourner le fils de ses souvenirs, Utrlivna chercha de quoi donner à manger à son poison. Son regard tomba sur le panier à pain. Il n’y avait plus de pain mais il était encore plein de miettes : elle le secoua au dessus de l’aquarium. Le petit poison doré aux longues nageoires était encore très vif –sans doute s’était-il habitué aux longs jeûnes que lui imposait sa maîtresse. Elle regarda longuement gober les miettes qui flottaient à la surface. Elle lui parlait. « Tiens, tu en as encore une, là. Et une autre là. Miam miam, elles sont bonnes, hein ? » « Tu sais, maman est contente de te voir en bonne santé. » « Maman peut pas venir te voir souvent, elle travaille sur une enquête difficile. » Elle fit pas se rendre compte du ridicule de la situation. Elle passa dans la salle d’eau. Elle se dévêtit et se passa sous la bouche. L’eau lui faisait toujours beaucoup de bien. Elle observa avec amusement les rigoles que faisait l’eau en empruntant les lourds plis de sa chair. Elle s’assit et finit par s’endormir. Elle se réveilla une bonne heure plus tard. L’eau coulait toujours. Elle ferma les robinets en jurant. « Putain ! Au prix de l’eau courante… » Une fois passé l’instant d’énervement, elle se sentit mieux : elle avait le sentiment de s’être reposée. Elle n’avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil et elle soupçonnait sa partie électronique de doper encore ses facultés de récupération. Depuis des années, elle ne dormait que quelques heures par nuit. Ensuite, elle passa devant la glace. Sa peau portait les stigmates de l’âge. Elle souleva ses cheveux bouclés poivre et sel et vérifia sur sa tempe si les protège-prises de son implant était toujours en place. Elle trouva une tenue propre dans une tiroir –la caserne se chargeait de la blanchisserie. Les enquêteurs ne portaient pas d’uniformes. Les vêtements civils étaient plus discrets lorsqu’ils avaient à musarder à l‘extérieur. Enfin, elle se coiffa et se farda légèrement. Elle se maquillait plus par respect pour sa fonction que pour celui de son corps. Elle savait à quoi s’en tenir pour son physique et l’âge avait achevé d’éteindre les braises du désir déjà enfouies par son mariage raté. Elle avait toujours été ronde mais son travail, ses soucis domestiques et une alimentation déplorable l’avait rapidement entraînée vers l’obésité. Elle était consciente de ce fait et essayait sans vraiment de conviction de mincir. Pourquoi faire ? Bien sur, elle avait envie de retrouver un compagnon pour ces vieux jours. Même les jeunes femmes n’en trouvaient pas. Quelle aurait été sa chance ? Et sa solde n’était pas assez intéressante pour faire oublier son âge et son embonpoint. Tinine, qui n’était pourtant pas loin d’être laide, s’était mise en ménage avec une autre femme, une autre policière. Sa lointaine expérience lui avait fait remarqué que la majorité des hommes n’aimait pas avoir une policière dans leur lit. Les gars des AIG -les militaires- faisait souvent exception. Son ex-mari en était d’ailleurs un. Un jour, elle avait pensé que la Police tendait à devenir une confrérie qui imposait une vie monacale à ses membres tant la réputation de ce corps était affreuse dans la société. Cette réputation était justifiée, il fallait le reconnaître. Mais comment faire marcher droit une société sans bâton ? Et qui pourrait aimer le bâton qui le bât ? Elles ne faisaient décidément pas un métier comme les autres. Lorsqu’elle fut satisfaite de son maquillage, elle salua le poisson en vérifiant une dernière fois si le moteur à oxygène de l’aquarium fonctionnait normalement. « A la prochaine Wanda ! Et garde bien la maison ! » Elle réajusta son arme de service. Elle repartit à pied. Les rues étaient calmes autour de la caserne. Quelques marchands s’endormaient sur leur étal. Un vendeur d’un quinzaine d’année, enhardit par l’absence d’uniformes dans les environs immédiats l’aborda. Il lui et présenta dans une valise ouverte toute une catégorie de produits bas de gammes : montres, lunettes, bijoux de pacotilles, etc. Il venait sûrement des niveaux inférieurs et montrait un acharnement rare pour pousser à l’achat. Utrlivna lassée, lâcha une menace à peine voilée. Le garçon décampa avec sa valise comme si tous les démons de la galaxie étaient à ses trousses. Lorsqu’elle entra dans le grand cube de béton gris qui constituait l’entrée, son horloge interne l’informa qu’il était l’heure de prendre un repas. Elle passa à la cantine ouverte en permanence où il prit son éternelle salade. Il était temps de se remettre au travail. Cette Kinov n’avait que trop attendue. Elle allait voir à qui elle avait affaire.
  13. C'est fatiguant d'avoir des lecteurs qui devinent tout Je dois devenir prévisible Patatovitch
  14. Tsss. ces Primarques, on aurait du tous les tuer, ça aurait éviter qu'ils meurent de viellesse. et qu'on en parle sans fin... Enfin, ça a déjà été débattu et tout le monde a campé sur ses positions. N'oublions pas qu'un marine meurt encore d'une balle de bolter (voire d'un coup de fusil laser, si !), ça relativise. Et selon ma théorie, les blessés graves vont rejoindre les services annexes du Chapitre (flotte, intendance, etc). Celà prouve surtout que le studio est peuplé de gens ignares sur ce que les gens d'avant eux ont créé. Ai-je dejà eu l'occasion de m'exprimer sur le retour de 13e compagnie des SW ? Oui, je crois. Mais je vous fait un bref résumé de mon argumentation : "&o@!#IçX* !" Oui que ferait-on sans nous. Je n'ose l'imaginer. Tiens, j'y pense, ça fait longtemps que j'ai pas eu un chapitre à démolir. Patatovitch "Waffen SS ? Waffen SOS !" Pierre Dac
  15. tu enfonces des portes ouvertes là, mon bon. ben voila faut le dire. Mais si, ça sert à écrire des histoires. Patatovitch
  16. certes certes mais tout de même, l'Hérésie est assez compliqué comme ça. Je ne suis pas sur que leur citation soit nécessaire. Tu encombres l'esprit de tes lecteurs. Tu titres l'Hérésie d'Horus et tu causes d'orks qui n'ont rien a voir dans les évènements que tu décris. C'est pas le genre de la maison, ça arf ! Patatovitch, chieur
  17. Yop. C'est du bon boulot. Quelques commentaires tout de même (sinon je ne serais pas moi-même) : - Les orks ils sortent d'où ? Oui oui, rendons à l'Histoire le plus petit ses acteurs C'est vrai ça comment tu as fait le tri entre le vieux et le très vieux fluff, d'abord. Moi je sais -j'y étais- qu'à la suite de l'intervention des totors Imperial Fists, l'Empereur, dans un filet de voix (en plus de déglutir les plans du Trone d'Or qu'il avait mis dans sa dent creuse) ordonna que l'on place un morceau de Son armure dans chaque armure terminator. Je pense qu'on devrait le dire qu'en même. Gag : tu n'as pas mis Kharn ? Patatovitch
  18. Et hop c'est reparti. Patatovitch CHAPITRE IV : Fairan Utrlivna Elle avait sous les yeux le dossier concernant la disparition du Sergent Sophia Kinov. Elle le savait déjà de par cœur, elle ne tournait les pages que par acquis de conscience. La puce mémorielle qu'elle s'était faite greffer, il y a maintenant plus de 10 ans, avait considérablement amélioré ses facultés mnémotechniques. Elle était capable, en autre de ce rappeler ce qu’elle avait mangé à midi, 124 jours en arrière : une salade d’algues lyophilisées, accompagnés d’aromates divers. Mais l’astuce était qu’à la cantine, elle prenait toujours la salade dans l’espoir renouvelé chaque jour de mincir un peu. Au début, ces nouvelles capacités lui avaient fait peur, elle avait eu l’impression de contenir trop d’informations : l’annuaire du niveau 0, par exemple. Mais aujourd'hui elle y était habituée. Pourtant il y avait des choses qu'elle aurait aimé oublier : quand son compagnon l’avait quittée notamment. Elle se souvenait de la scène avec tant de détails que lorsqu'elle fermait les yeux parfois elle avait l'impression de la revivre, c'était assez désagréable. Là aussi, il y avait une astuce, elle s’était cassé le bras, ce jour là. Elle pouvait encore sentir une cicatrice à l’endroit où l’os avait perforé la peau. Depuis, elle fuyait comme la peste le silence et l’inactivité de son appartement. Elle réfléchit quelques secondes : cela faisait exactement 2 jours, 6 heures 11 minutes qu’elle n’y était pas retourné. De toutes les façons, elle ne s'y plaisait pas, chaque objet lui rappelait son ex. Elle n'avait jamais eu le courage de déménager. Son bureau était son vrai chez elle, elle y avait même installé un lit pliant. Dans son travail, elle était Commissaire-enquêtrice, première classe, Division « Recherche » au niveau 0, dans la Police bien sur. Le reste du temps -pas souvent- elle était Fairan Utrlivna, rez-de-chaussée de l'immeuble 915 J, Niveau 0 aussi. Son dossier à elle disait qu'elle était indépendante, qu’elle avait le sens de l'initiative et que c'était un bon élément. Ces collègues l’appelait affectueusement « Mama Tyria » c’était le nom personnage au demeurant assez sympathique d’un feuilleton du canal 23 qui passait, il y a quelques années. C’était vrai qu’elle avait parfois du mal à soulever ses 100 kilos et ses 56 années terrestres standards. Elle avait souvent l’impression d’être un ordinateur. Son cerveau, ce paresseux, s’appuyait entièrement sur son assistant électronique. Elle s’était discrètement renseigner sur les moyens qu’il y avait d’enlever cet implant. Elle avait alors appris qu’elle risquait de ne plus se rappeler ne serait ce que son nom. Elle n’avait pas compris l’explication compliquée qu’on lui avait donné mais sa mémoire était désormais presque totalement stockée dans la partie électronique de son cerveau. Un minuscule effort de concentration était suffisant pour apprendre par cœur un dossier ou retenir le visage de quelqu’un pour des années. Heureusement, la majorité du temps, elle n’enregistrait pas toutes les informations que traitaient son cerveau. Par exemple, elle ne savait pas si le fait qu’elle eut l’impression d’avoir déjà vu ce sergent Kinov était du à son implant. Il était fort probable qu’elle l’avait déjà rencontré. Elle avait du la rencontrer à la cantine, dans la salle de prière ou simplement dans les couloirs. Elles travaillaient dans la même caserne. Utrlivna avait beau forcer sa concentration elle n’arrivait pas à préciser les conditions dans lesquelles elles l’avait aperçue. Le Sergent Kinov était directement responsable de la mort de 20 agents et de 52 blessés dans cette caserne même, de la mort de 7 autres et 15 blessés dans la caserne du niveau –3 où on l’avait muté, de l’assassinat d’une infirmière du niveau –3 et vraisemblablement de la mort de sa collègue Youlia Tinine ainsi que celle d’un agent. Utrlivna aimait bien sa subordonnée Tinine. L’écriture ronde de cette dernière annotait le dossier qu’elle avait sous les yeux. Tinine était une jeune femme parmi les plus talentueuse qui lui avait été donné de connaître. Elle était déjà Lieutenant-enquêtrice malgré ces vingt-huit années. Elle n’avait cependant pas prévu que le véhicule qu’elle s’apprêtait à fouiller –celui de cette Kinov- allait lui exploser au nez. Elles avaient toutes les deux étaient témoins de l’impressionnante explosion de la salle de prière. Ça avait été l’affolement. Leur bel entraînement n’avait servi à rien. Utrlivna s’était senti soufflé puis sa tête avait cogné quelque chose. Elle s’était réveillé pleine de sang, elle avait fini par déterminer tout ce que le sang ne lui appartenait pas -du moins pas la plus grosse partie. La salle était pleine de corps plus ou moins agonisants, de bouts de membres. Elle s’était redressé avec un puissant mal de crâne et son oreille gauche saignait –tympan crevé. Des blouses blanches teintés de sang s’agitait dans tous les sens. C’est les officiers qui avait le plus souffert : 16 morts dont un Colonel et deux Capitaines. L’enquête de Tinine avait montré que la bombe, de l’explosif voler quelques minutes avant dans l’armurerie de la caserne, avait été placé sous la place qu’occuper le Lieutenant Pes. On n’avait retrouvé que les bras et la tête du Lieutenant. Depuis, du ciment frais avait bouché le trou laissé par l’explosion. Mais avant la prière, elle surprenait beaucoup de ses collègues qui vérifiait discrètement le dessous de leurs sièges. Elle aussi ne pouvait s’empêchait d’y jeter un coup d’œil. Tinine avait été chargée de l’enquête. Elle avait bien avancé, l’épaisseur du dossier le prouvait. Malheureusement, elle était morte. Utrlivna reprenait donc la suite. « Elle avait l'air fatigué puis elle buvait. - Beaucoup ? - Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour le cacher mais tout le monde le savait. Je ne l’ai jamais vu boire en service mais souvent, elle arrivait le matin pas très très claire. C’était le témoignage du caporal Adtuliov, ex subordonné du Sergent Kinov. L’annotation au crayon disait : « Coup de folie ou acte prémédité ? » Elle avait des arguments pour soutenir les deux thèses. La première était vraisemblable : Kinov malgré son dossier exemplaire était depuis longtemps instable psychologiquement. L’agression dont elle avait été victime en arrivant à la caserne du niveau –3 la fit basculer. Par vengeance, elle avait dérobé des explosifs et les avait utiliser contre le Lieutenant Pes qui était à l’origine de sa mutation et contre les responsables de son agressions. C’était l’explication la plus simple. La seconde thèse faisait intervenir des éléments plus incertains : en particulier, le piégeage de son véhicule et cette Lamnia Corliovna, qui était vraiment cette fille ? « Membre d’un réseau d’opposition - Condamnée au Service Pénal le 3.301.083/M41» disait sa fiche. « Membre d’un réseau d’opposition »… Et si l’action de Kinov avait été pensé ? Si Kinov était autre chose qu’une brimo instable… Elle consulta le compte-rendu de l’interrogatoire de Corliovna. Rien, elle ne disait rien sur Kinov. « Une caresse… » « Puéril » Pourtant, c’était sous Porta Rack. Pourquoi attendre le Porta Rack pour avouer une caresse et lâcher des membres insignifiants de son réseau alors qu’elle avait déjà lâchés ses chefs ? Il y avait là un problème significatif. Son implant ne lui donna pas de réponse. Mais son instinct lui souffla que c’était par là qu’il fallait chercher. Que restait-il ce que réseau ? Qu’était advenu ces membres ? Kinov pouvait fort bien se cacher parmi eux. Elle se contraignit à noter toutes ses réflexions. C'était le règlement. Les personnes comme elle prenait l'habitude de travailler uniquement dans leur tête. Un coéquipier aurait pu trouver ça désagréable et surtout en cas de disparition brutale, le travail aurait été à reprendre à zéro. Tinine avait apparemment suivi le règlement. Elle était aussi équipé d’une puce. Tout semblait y être mais peut-on rassembler dans un dossier tout ce qu’un cerveau peut produire. De nouveaux greffons permettaient de se brancher directement sur un ordinateur par un câble, cela faisait gagner un temps appréciable. Ce genre de matériel n’était pas prés d’arriver dans le service. Les hommes du pouvoir aimaient les enquêtes rapidement menées. Les coupables étaient alors de pauvres hères que l’on jugeaient rapidement avant de les envoyer au service pénal. Mais elle et ses collègues avaient parfois des affaires qui duraient des mois et qui n’aboutissait pas ou pire qui mettaient en cause des personnalités ou leur entourage. Alors le dossier était rapidement fermé à moins que l’affaire ne soit utilisée à des fins bassement politiques, ce qui n’était guère mieux car les coupables n’était jamais jugé équitablement. Aussi le budget pour l’équipement du service était malingre. Pour ce qui s’appelait désormais «l’affaire Kinov», il n’y avait pas eu de médiatisation. Elle avait les coudées franches, une affaire interne à la Police.
  19. Salut, J'ai modifié le début du Chapitre 3 (voir ci-dessus), je pense que c'est mieux ainsi. Je fouille un peu plus les problèmes "de tronche" de notre héroïne principale. Le chapitre IV se nomme Fairan Utrlivna. Et oui, j'introduis encore un personnage. Bon, c'est pas tout ça mais y a un site qui me réclame. Patatovitch
  20. oh ! je suis tombé sur un culturé En effet, Lavrenti Pavlovitch est plus connu sous le nom de Beria. oui mais étant donné que les deux premiers chapitres ressemblent bigrement à des descentes aux enfers, j'ai pensé que... enfin... un peu de chance ne sera pas de trop pour refaire surface et leur donner un role qui soit mieux que prostituée... Mais rien n'est encore est j'ai plus d'un tour dans mon sac. Si elles croient pouvoir s'en tirer comme ça... ahhaha ! En fait, j'ai aussi eu l'impression d'être aller un peu vite sur ce 3eme chapitre. J'aime bien fouiller dans la tête de mes héroïnes. Mais avant même que ta remarque, j'avais déjà commencé à rebosser sur ce chapitre notamment sur le début où je vais très très vite. Puis il ne fait que 10 pages. Oui, j'avais compris. C'était un clin d'oeil à Slereah qui me charriait. Patatovitch
  21. Patatovitch

    BloodBowl

    Par contre, dans le supplément Middenheim de WHFRP, on parle du Rotzball : un jeu de balle qui se joue avec un snotling ficelé. Perso, je trouve ça ridicule mais bon. Patatovitch
  22. Chapitre 3 modifié suite aux remarques judicieuses : CHAPITRE III : Vlatislav A.Iliytch Sophia Kinov avait rapidement renoué avec ses vieux démons. Elle était attablée en face d’une bière forte dans une taverne miteuse du niveau –5. Voilà près de six mois qu’elle avait tout plaqué. Son ancienne vie lui semblait lointaine, presque noyée dans le brouillard. Maintenant, elle était nettement moins seule, un peu plus libre mais finalement, pas beaucoup plus heureuse. Son cerveau ne la laissait toujours pas tranquille. Il se perdait en circonvolutions lui faisant ressentir avec âpreté le vide et l’insignifiance de son existence. Pire, contrairement à son ancienne vie de «brimo», elle avait énormément de temps, temps qu’elle consacrait à boire et à éviter de penser. Elle était membre de la Maison Shein, un ramassis de bandits, trafiquants, racketteurs et déjantés divers soumis au « boss » : Igor L.Shein. Ce n’est pas qu’elle se sentait meilleure qu’eux – non, certains étaient sans doute plus sain d’esprit qu’elle- mais elle regrettait un peu la phalange de son petit doigt gauche qu’elle avait laissé dans le rituel d’initiation. Si ses parents la voyaient… D’ailleurs, ils avaient sûrement été inquiétés. Ils avait peut-être supprimé la pension de son grand père. Elle n’y avait pas pensé sur le moment mais la Police se venge souvent sur la famille de ceux qu’elle ne peut attraper. Pauvre d’eux, elle les plaignait sincèrement mais sans vraiment ressentir de remords. Finalement, elle s’était diagnostiqué un égoïsme forcené. Mais que pouvait-elle y changer ? Elle avait l’impression que son cerveau fonctionnait en circuit fermé. Les événements extérieurs ne l’affectait pas ou si peu. La faille avait été la fille du Paradis, Lamnia Corliovna. Elle avait ouvert la boucle et l’avait poussé à prendre des décisions radicales qui avaient changé le cours de son existence et avait désamorcé la spirale fatale dans laquelle s’enfonçait. Elle y pensait encore de temps en temps, de moins en moins en fait. Elle aussi disparaissait dans le brouillard. Et la spirale avait refait son apparition. Son recrutement était largement le fruit du hasard. A son arrivée dans les niveaux inférieurs, où elle ne passait pas si inaperçue qu’elle aurait aimé, elle avait rapidement été dépouillée de son argent, de ses armes et de ses explosifs par le premier hôtelier chez qui elle s’arrêta. Elle allait démolir cet hôte indélicat, lorsque qu’un fusil à la main, il lui conseilla de ne rien en faire. Peu de temps après, alors qu’elle était en train de boire ces derniers crédits, elle avait échappé de peu à une agression en tuant un de ses assaillants. Sa performance avait suffisamment impressionné pour qu’on la jette aux pieds d’un gros homme en sueur, Igor L.Shein, lui-même, apprit-elle plus tard . Là, elle avait joué son va-tout et raconté son histoire –en omettant quelques détails bien sur. Elle avait particulièrement insisté sur ses derniers «exploits» : notamment les explosions dans les casernes des niveaux 0 et –3. Ils lui avaient laissé le bénéfice du doute et l’avait laissé mariner dans son jus pendant plusieurs jours dans un cellule sombre. Plus tard, elle sut que l’homme qu’elle avait tué était Ivan, artificier, et, qu’après avoir eu accès à son dossier, Shein lui avait donné une chance de faire la preuve de ses talents. Tout un pan d’une caserne du Niveau -4 s’en souvenait encore. En échange de ces services, on lui offrait de quoi subvenir largement à ses besoins, en alcool et en drogue notamment. Elle faisait partie de la bande : elle avait un salaire fixe (supérieur à celui qu’elle avait dans la police) et des primes à chaque mission significative. La plupart du temps, cela consistait pour elle à parader en arme avec les autres pour impressionner les civils et les rivaux et à faire sauter des bombes ici ou là chez les mauvais payeurs. Heureusement, qu’on lui procurait des explosifs du même type que d’habitude car elle aurait été bien incapable de fabriquer une bombe artisanale. D’ailleurs, un des premiers qui avait eu droit à une petite visite, c’était l’hôtelier qui l’avait dépouillé. Elle lui avait simplement cassé le nez car il lui restitua une bonne partie de ses affaires qu’il n’avait pas eu le temps d’écouler. Elle avait éprouvé une certain satisfaction à retrouver son pistolet laser. La Maison Shein vivait du monopole des petits casinos clandestins, des maisons closes, du trafic de drogues et de «subventions spontanées» sur une vaste zone discontinue qui s’étendait sur plusieurs niveaux. Il n’y avait pas eu de conflits ouverts avec les maisons concurrentes depuis que Sophia était avec eux. Mais elle sentait bien qu’il y avait toujours une tension latente. Une fois, alors qu’il longeait une frontière de leur territoire, un tireur qu’ils n’avaient pas réussi à localiser s’était amusé à balader le point rouge de son viseur laser sur le groupe. Ici, tout le monde avait un surnom. Evidement, on l’a appelé « Sergent », c’était fou ce que les gens pouvaient manquer d’imagination. Son cursus avait déjà fait trois fois le tour du microcosme de la Maison Shein. En plus, il n’y avait pas beaucoup de femmes gangers. Les femmes ici était des mères, des sœurs ou des « putes ». Il y avait assez peu d’échelons intermédiaires. Au début, elle fut surprise et même agacée de cette ambiance extrêmement machiste –après tout, elle n’avait connu la mixité que quelques années, le temps de ses études de droit. Elle avait fini par s’étonner du nombre d’hommes dans ce niveau et en particulier dans la Maison Shein. Lorsqu’elle avait posé la question pour savoir si le service militaire était aussi en vigueur ici, on lui avait d’abord ri au nez puis elle avait appris plus tard que la Maison devait fournir chaque année un quota d’hommes jeunes et valides prélevé dans la zone qu’elle contrôlait. C’était la Maison qu’il s’occupait de désigner qui partait et qui restait, ce qui donnait lieu à de lucratifs dessous de tables. De plus, le quota était assez bas car l’Administratio ne disposait pas de chiffre de recensement de population. Ici, personne ou presque n’avait de puce d’identité dans l’avant bras. Au fil des informations qu’elle collectait, elle était surprise de l’imbrication des Maisons et du pouvoir taranais. Les Maisons étaient des émanations des grandes familles industrielles. Par exemple, Shein devait son pouvoir aux fameux et puissants industriels Daniosk. Or des Daniosk entouraient le Gouverneur comme en tant que conseillers… De plus, personne chez ses collègues ne craignait les « brimos ». D’abord, au niveau –5, il n’y avait même pas de casernes, les dernières, transformées en bunker, étaient au niveau –4. Si d’aventure, les membres de la Maison croisait une patrouille en blindés lourds, ils ne se cachaient pas mais au contraire s’affichaient comme pour faire sentir aux «brimos» qu’ils n’étaient que tolérés. En fait, elle comprenait : les gangs et les «brimos» étaient semblables sur le fond, ils faisaient régner l’ordre. Un ordre suffisant pour que le commerce fonctionne. Les hommes des Maisons protégeaient les usines et leur propriétaire contre les revendications de leurs ouvriers dans les niveaux inférieurs. La police faisait strictement la même chose dans les niveaux supérieurs. Plus étonnant encore, les «milices d’autodéfense» organisées par paroisse étaient noyautées par les Maisons et ces milices collaboraient volontiers avec la police : subtile alchimie, régie par des règles tacites. De temps en temps, il était toléré que les gens des Maisons fassent des cartons sur les « brimos » et l’inverse arrivait parfois, ce qui alimentait un cycle sans fin de vengeance et de représailles. Cela marchait de la même façon avec les Maisons rivales. En tant que dernière recrue, on lui faisait souvent faire le sale boulot, pour «l’endurcir». Elle avait du abattre froidement deux personnes : un pauvre type, chauffeur de taxi, qui n’avait pas payé la cotisation et une fille qui avait essayé de s’échapper d’une maison close. Dans ces circonstances elle aurait aimé que l’égoïsme qu’elle s’était diagnostiqué fut plus fort encore. Les suppliciés ont une arme terrible : dans leurs yeux se reflète le mauvaise conscience du bourreau. Elle n’avait pas toujours pas oublié leurs regards. Elle était consciente que de tels scrupules pouvaient paraître ridicule chez quelqu’un qui avait dix ans de violences policières derrière elle mais c’était ainsi. Dans la police, elle avait l’illusion de servir quelque chose de grand, un idéal presque, puis elle avait la Loi de son coté, tandis qu’ici, c’est l’arbitraire qui commande. Elle n’avait parlé à personne de ce problème de conscience. « Sophia ? T’es encore à te bourrer la gueule ? - J’me bourre la gueule si j’veux… Kinov leva la tête. « Houla… ça tourne… » Il n’y avait pourtant que trois canettes sur la table. Ça devait être le comprimé de « Stum » avant… Elle avait pas l’habitude de ce truc. « Tss… Tu te gâches la main et Vlatislav va pas être content. - J’emmerde …Vlatislav…d’abord… - Oui, oui… C’est ça … C’est drôle, tous les gars qui taquinent les explosifs que je connais sont alcooliques au dernier. Lui, c’était Marko dit « Petit Marquis », un mètre quatre-vingt au garrot, tondu de frais qui arborait une belle rangée de tatouages, le seul aussi pour lequel elle avait un peu de sympathie. Il était son chaperon, en quelque sorte. Là, il portait un petit paquet sous le bras. « Je suis pas …alcoolique d’abord… juste un peu …déprimée…. » Son hoquet rendait sa diction ridicule. « Allez , faut que je te dessoûle, Vlatislav veut te sortir ce soir. » Vlatislav A.Iliytch était un des seconds de Shein. Elle était sa maîtresse… Vlatislav n’était pas un méchant homme, tant qu’on ne l’énervait pas. Il était brun, costaud, un peu petit, la quarantaine, mais il gardait un certain charme. Sophia n’avait même pas fait semblant de résister à ses assauts. Devenir sa maîtresse avait été le plus sur moyen de s’intégrer rapidement à la bande. Du jour au lendemain, tout le monde tapait sur l’épaule de l’ancienne «brimo» qui au début passait au mieux pour une espionne infiltrée. Il lui avait offert quelques bons moments. Mais il était déjà marié à Grouchenka Iliytch et il était de notoriété publique qu’il avait eu d’autres maîtresses. Après tout, la bigamie n’était pas si rare que ça sur Taran. On disait : « Vaut mieux une moitié d’homme que pas d’homme du tout » et certains ajoutaient « pourvu d’avoir la bonne moitié… ». Grouchenka était une femme de caractère, grande et belle, toujours superbement habillée mais vraisemblablement plus âgée que Sophia. Elle gérait d’une main de fer les maisons closes du secteur de son mari. Beaucoup la disait dangereuse mais chaque fois que Sophia l’avait rencontrée, elle s’était montrée très courtoise malgré qu’elle sache pertinemment l’essentiel de ce qu’il y avait à savoir sur elle et son mari. Marko l’aida à marcher jusqu’aux toilettes et la força à vomir. Il lui passa ensuite la tête sous l’eau et enfin, lui fit avaler un comprimé. « Tu as tort de te détruire comme ça… un jour, tu prendras quelque chose de vraiment fort et on te retrouvera raide comme un bâton… - T’es une vraie mère, Marquis. Elle s’essuyait les cheveux avec une serviette à la propreté douteuse. Marko était quelqu’un avec qui elle se sentait en confiance. Malgré son look, il avait des manières plus distinguées que les autres. Elle en savait bien peu sur lui sinon qu’il était le fidèle d’entre les fidèles de son chef Vlatislav. Il reprit. « Tu sais qu’il tient énormément à toi… - Bof, il a eu d’autres maîtresses, non ? - Oui, mais pas tant que lui en attribue la légende. - Ah. Et alors. Lorsqu’il en aura marre de ma plastique, il me jettera. - Je ne serais pas si catégorique. Je sais qu’il envisage de te prendre pour seconde épouse. Sophia resta sans voix. Etre seconde épouse… Avec la bénédiction de l’Empereur : c’était quelque chose… Elle… Mariée…Finalement, elle n’aurait pas attendu trente ans passé en vain. Mais, seconde épouse, sachant que la première est quelqu’un comme Grouchenka, il ne lui resterait plus que des miettes. C’était peut être mieux que rien. Par contre, elle n’éprouvait rien pour lui. « Et si je refuse ? - Je te conseille de bien y réfléchir. Mais jusqu’à présent, il n’a défenestré aucune fille qui se refusait à lui. - Et…Il y a déjà des filles qui se sont refusées à lui ? - Heu…Non. - Et sa femme, Grouchenka, elle est au courant de ce projet ? - Je ne crois pas. - Et à ton avis, elle acceptera ? - Honnêtement, j’en sais rien. Grouchenka a toujours bien caché son jeu et même si je la connais depuis dix ans. Je n’ai jamais réussi à deviner ce qu’elle pouvait penser. C’est pas comme toi, on lit à livre ouvert sur ton visage, surtout quand tu as bu. C’est un peu pour ça que je t’aime bien. Mais méfie-toi, c’est plutôt un défaut par ici. - Tu me conseilles de me faire refaire la tronche ? - Tu es bête, Sergent. Allez viens, je te raccompagne, tu vas enfiler quelque chose. L’argent que lui donnait Vlatislav avait permis à «Sergent» de s’installer confortablement non loin de là. Elle louait une grande chambre chez un logeur. L’aspect extérieur de l’immeuble était absolument horrible mais passer les couloirs sentant l’urine, l’intérieur était assez coquet, enfin, aurait pu l’être s’il était un peu rangé. Elle avait renoncé à son habitude d’ordre méticuleux. Cette facette de sa personnalité était pour elle indissolublement liée à son ancienne vie. Ils entrèrent. Sophia s’allongea sur le lit puis se tourna vers Marko qui était resté debout. « Et à Valt ? tu lui rapportes tout ce que je fais ? - Tu veux savoir s’il sait que tu bois comme un trou ? Tout le monde sait que tu bois et que tu te dopes. - Mais bon sang, je ne suis pas la seule... «La liqueur» aussi a une bonne descente. - Evidement. Mais le boss en pince pas pour lui… - Et toi ? Je commence en avoir plein les bottes de t’avoir tout le temps sur le dos. - Moi ? Je ne suis rien. Je dois tout à Valt. - Je parie que t’es aussi membré que lui… Là, elle avait touché une corde sensible. Le visage de Marko se ferma. « Joue pas à la plus maligne, Sophia. Valt te veut vaguement présentable dans deux heures. Tu seras vaguement présentable dans deux heures. Point. - Te fâches pas. Je plaisante. Valt me va très bien. Il y a un an, je m’envoyais en l’air avec des gigolos ou des godes… - Parfait. Met toi ça alors. Il lui balança à la figure un paquet qu’il portait depuis le début. « Qu’est-ce ? - Une robe. - Une robe ? - Oui, elle devrait t’aller, Grouchenka à l’œil pour jauger les femmes. - Une robe offerte par Grouchenka ? - Offerte par Vlat sur les conseils de sa femme. Elle déplia le colis et en sortit une robe noire très sobre. « Ouah ! la classe ! - Oui, ça te changera de tes éternels pantalons. Allez. Passe-toi sous la douche et enfile la. On va être en retard. Marko lui tourna le dos spontanément lorsqu’elle commença à se dévêtir. « C’est une soirée ? Un bal ? - Non, simplement une vente d’esclaves. Mais il y aura des gens importants. Vlatislav veut t’y montrer - Une vente d’esclaves ? - Oui, le gouvernement se fait de l’argent comme il peut : des condamnés aux Légions Pénales se voit offrir une chance de finir dans nos bordels, esclaves domestiques ou gladiateurs pour les chaînes de visioscopes. - Ah bon… Elle ignorait tout de ce trafic. En fait, elle ne s’était jamais posé la question du devenir des gens qu’elle arrêtait quand elle était dans la police. Elle passa sous la douche. « Et beaucoup de gens sont achetés, comme ça ? - Oui, enfin, non, une faible proportion : les meilleurs… heu… sujets seulement. Les autres vont effectivement aux Légions Pénales sur Eumenes. Elle avait presque oublié cette guerre. Ici, elle ne regardait pas le visioscope et personne n’en parlait. Cela lui paraissait étrange d’avoir oublier la guerre… « Et vous ? enfin la Maison Shein… la guerre, ça vous fait quoi ? - ça fait marcher les affaires, qu’est-ce que tu crois. « ça y est, tu peux te retourner. » Marko la contempla un moment. « Ce sera parfait. - Je suis jolie ? - Très jolie. Tiens mets ça avec. Il sortit d’une poche une poignée de bijoux. Ils étaient assez lourds pour être vrais. Sophia se contempla en les ajustant dans la glace. La robe lui allait parfaitement. Moulante, elle offrait un généreux décolleté et s’arrêtait à mi-cuisse. Elle ne se reconnaissait pas. Elle ressemblait à … En tout cas, elle ne se ressemblait plus. Son nouvel aspect la mettait mal à l’aise. Oui, elle ressemblait à une femme qu’on achète. « Tu sais que je ressemble à une pute ? - Qu’est ce que tu racontes encore… Tu es très jolie, je t’ai dis. Elle ne voulait pas le froisser à nouveau et elle le suivit donc. Mais jusqu’à présent Valtislav avait eu le tact de faire semblant la payer –plus qu’il aurait du- pour ses services d’artificiers. Là, cette robe et ces bijoux l’horripilaient. Elle se demandait si elle le n’allait pas gifler et lui jeter ses colliers et ses boucles d’oreilles à la figure. Marko l’accompagna jusqu’à son véhicule : un gros quadricycle à la carrosserie rutilante. Piotr dit «Doigts de fée» les attendait depuis un moment vu le nombre de mégots qui gisaient sur le sol. Il devait son surnom à ses mains horriblement déformées. Il portait un fusil laser en bandoulière. « N’y a pas eu de problèmes, Piotr ? - Non, Marquis. Des mioches seulement. Seules les Maisons avait les moyens de faire rouler leurs membres dans de tels engins. Marko et Marquis montèrent à l’avant et installèrent Sophia à l’arrière sur les sièges similicuir. « Doigts de fée » pouvait en se redressant prendre un poste de tir. Un lance-missiles était installé sur le toit sur un rail. Sophia avait encore envie de parler. Mais elle était isolée des sièges avant par une glace, elle trouva un interphone. « Et toi, Marko ? T’es pas en tenue de gala ? - Moi, je suis le chauffeur, c’est toi qui va t’éclater avec le gratin. - Ouais. Tu parles… - En attendant, on est dans les temps. Valt sera satisfait. Sophia regarda à travers la vitre fumée. Ca lui fait drôle de contempler la rue depuis un tel véhicule. Les gens se retournait pour voir le regarder passer. Ils suivaient les quelques artères éclairées du niveau. C’était les Maisons qui en finançait l’éclairage. Sinon, d’ordinaire, tout ce qui en avait les moyens portaient des lentilles infrarouges. Les autres vivaient d’un peu de lumière en bordure d’une artère, de feux ou de torches. Des histoires circulaient sur des communautés de mutants qui aurait développé une parfaite vision nocturne. En fait, les Maisons ne contrôlaient pas tout le niveau. Les « zones sombres » n’appartenaient à personne. Des gens y disparaissaient. On disait que c’était le refuge des pires monstruosités produites par l’environnement vicié des dômes. Les limites des « zones sombres » étaient très floues. Marko lui avait parlé avec force de détails des descentes qu’ils y faisaient parfois. Dans le temps, paraît-il, la Police offrait des primes alléchantes pour les corps des «créatures» qui y vivaient. Les chasseurs de primes pullulaient. Maintenant les primes -quand elles étaient payées- étaient devenues dérisoires : plus assez pour en vivre. C’était au tour des «créatures» de pulluler maintenant, disait-on. Ils arrivèrent rapidement devant l’immeuble où logeait Vlatislav, elle était une habituée de cet endroit. Dans la porte, elle reconnu des membres de la bande. Ils étaient tous en armes. Marko se gara et Valtislav ne tarda pas, il était aussi vêtu pour la circonstance comme la mode l’exigeait : un costume blanc, sobre et serré. Il entra dans le véhicule, l’odeur du parfum saisit immédiatement Sophia à la gorge. « Bonsoir, chérie. Comment vas-tu ?» Elle offrit ses lèvres en guise de réponse et il les baisa. « Tu es belle comme un astre. - Merci, tu es gentil. - Ça change de te voir habillée un peu quoique personnellement, je te préfère nue. Ils sourirent, et il lui posa la main sur la cuisse. Marko intervient. « Excusez-moi boss. Les autres ont l’air prêt avec le fourgon. - Bon. On y va alors. Le véhicule s’ébranla suivi de prêt par un autre. Elle n’osa pas à lui jeter ses bijoux à la figure. Elle se laissait acheter, victime de ce marché tacite. Elle voyait bien que Vlatislav jubilait. Il comprenait bien ce qu’il avait gagné, lui. Elle s’en voulait d’être aussi faible. « Qu’est-ce qu’il y a ? ça n’a pas l’air d’aller ? - C’est que…je ne suis pas habituée à être habillée comme ça… - C’est bien dommage, ça te va si bien. Mais tu verras on s’habitue facilement au luxe. Je t’offrirai d’autres robes et d’autres bijoux. Tu verras, bientôt, tu seras pas plus resplendissante des femmes. Elle sourit simplement. Il lui prit une main. - Tu sais, Sophia, je vais te présenter ce soir à plein de gens importants. C’est un grand soir pour toi. Et pour moi aussi. Elle hésita à lui demander pourquoi sa femme n’était pas convié puis elle se ravisa. L’ironie n’aurait pas été du meilleur effet. Le trajet fut long, Ils franchirent plusieurs niveaux sans être inquiété le moins du monde par la police. Valtislav l’entretint de mille et une chose. Il lui parla notamment de cette vente d’esclave. La Maison Stein avaient l’intention d’acheter quelques «spécimens» qui serait réparti entre les différentes maisons closes ou pour la revente «au détail » comme esclaves domestique «dressés». Cela expliquait le fourgon qui les suivait. Le «dressage» était on ne peut plus simple : un lavage de cerveau qui effaçait toute volonté chez le sujet. Ils étaient alors «apte» à la revente aux riches particuliers. Sophia ne cacha pas son horreur. Elle était bien placée pour savoir que le lavage de cerveau était interdit et que ceux qui le pratiquaient risquaient une lourde peine. Vlaltislav s’amusa de tant de naïveté. « Tu sais, ma chérie, je n’avais pas eu accès à ton dossier que je douterais que tu aies été une brimo. » Ils atteignirent enfin le lieu dit du Grand Auditorium du Niveau 0. Sophia y était déjà allé, deux ou trois fois, il y a plus de dix ans pour un concert avec des amis. Il y avait aussi des matchs d’un sport de balle assez violent. C’était une structure bétonnée, vraiment immense, pouvant contenir plus de cinq cent milles personnes. Elle était encore surprise de l’étendue de l’entreprise. L’entrée était lourdement gardée. Ils y avait plusieurs tanks de l’armée devant l’entrée principale. D’ailleurs, tous portait des uniformes des AIG –l’armée. La police n’avait apparemment plus voix au chapitre. Les prisonniers faisaient déjà partie des Légions Pénales. L’armée revendait une partie de son personnel pour financer sa guerre. Elle entra au bras de Vlatislav. Ce dernier dut présenter à plusieurs reprises son invitation mais personne ne les fouilla. Il y avait déjà plusieurs centaines de personnes. Les innombrables rangées de gradins vides vus d’en bas donnaient l’impression de se trouver au cœur d’un entonnoir. Le brouhaha était insoutenable. Des officiers en uniformes de gala discutaient avec les femmes bien mises. Il y avait peut-être même des nobles. Sophia n’avait jamais vu de nobles ailleurs qu’au visioscope. Ils sortaient rarement des niveaux supérieurs. Elle demanda à Vlatislav quoi on pouvait différencier un noble d’un individu normal. Il répondit qu’il n’y avait qu’à regarder les vêtements. S’ils étaient vraiment ridicules, c’était un noble. Ça la fit sourire. Il précisa qu’il n’y en avait sûrement pas là. Ils se faisaient représenter. Ici, c’était plutôt une affaire de grossistes en chair humaine. Malgré la foule, Vlatislav retrouva rapidement son chef, Igor L.Shein. Ce gros homme salua poliment Sophia. Il ne sembla pas reconnaître celle qu’il avait embauchée il y a six mois à peine. Vlatislav la traînait par le bras et elle salua plusieurs dizaines de personne dont elle ne retint pas les noms. Certains portaient des champs de protection. Elle avait finalement engagé une conversation d’une platitude désespérante avec un groupe de femmes légitimes et de maîtresses de petits chefs –elle était parmi les siennes après tout. Après deux verres d’un vin léger, Valtislav vint la chercher : ça allait commencer. Il lui expliqua qu’il y avait plusieurs enchères qui se déroulaient en même temps. La «marchandise» était divisée par sexe, par âge et par niveau d’origine. La Maison Stein se divisa, Igor L. Shein s’assit devant l’estrade où arrivaient les jeunes garçons. Valtislav qui traînait Sophia par la main avait la réputation d’être un fin connaisseur s’installa en conséquence devant l’estrade où allait défiler les femmes de 15 à 35 ans. Le vacarme des chaises traînées indisposa Sophia qui commençait sérieusement à avoir mal à la tête. En contre partie, elle s’assit avec plaisir, ses jambes commençaient à la faire souffrir. Vlatislav semblait aux anges. Il lui parlait sans arrêt et il l’embrassait régulièrement. Elle essayait de faire bonne figure en souriant de temps en temps. « Peut-être que cet idiot est amoureux, après tout. » Le qualificatif d’idiot était un peu exagéré. Elle l’aimait bien. Il n’était pas laid et faisait bien l’amour. Elle arriverait peut-être à se faire à sa nouvelle condition d’épouse et à affronter Grouchenka. Quand se déclarerait-il ? Les «lots» commencèrent à arriver solidement encadrés par des militaires. Le commissaire-priseur annonça un lot de 10 femmes du Niveau –4, mises à prix : 500 crédits. Sophia s’étonna du prix si faible. Vlatislav lui expliqua que la valeur de la marchandise dépendait beaucoup de son niveau d’origine. Les sujets originaires des niveaux supérieurs étaient vendu individuellement. Il précisa qu’on pouvait faire d’excellentes affaires avec sujets des niveaux inférieurs mais beaucoup étaient malades ou mal formés. « Là, par exemple, la gonzesse la plus à gauche est vraiment trop petite, puis regarde la vérolée du centre, la gueule qu’elle a… » Sophia plaignait ses femmes de devoir s’exhiber quasiment nue. Personne ne se manifesta, elles furent retirer de l’estrade par les soldats. Elles iraient donc sur Eumenes conclut Sophia. Un nouveau lot s’avança qui ne suscita pas beaucoup plus d’intérêt. Seuls deux lots du niveau –4 furent acheté. Ce défilé de chair lui donnait la nausée. Valtislav lui permit de se lever. Marcher, malgré ses douleurs aux jambes, fut un réel soulagement. Elle jeta un œil aux autres estrades puis gagna le buffet. La majorité des gens était là pour acheter. Beaucoup avait des airs de gangsters sous leurs beaux costumes. Elle se promena plusieurs heures et consomma un peu plus d’alcool qu’elle aurait du. C’était un libre services. Plus la soirée s’avançaient plus les enchères s’animaient. Sophia revint s’asseoir à coté de Valtislav. Il avait acheté un lot du niveau –1, il semblait content de son affaire. Les lots du niveau 1 dépassèrent facilement la centaine de milliers de crédits. Enfin, on passa aux enchères individuelles : le niveau 2. Pour Sophia, cela signifiait surtout la fin imminente de cette pénible soirée. Elle regardait vaguement la pauvre fille dont l’assistance jaugeait les charmes. Elle manqua de s’étouffer en avalant sa salive. Elle la connaissait ! « Bordel de merde ! C’est elle. - Qu’est ce que tu dis, chérie ? - Cette fille, là, sur l’estrade ! - Tu la veux ? - Heu…oui, s’il te plaît. Vlatislav leva la main. « Et de 5000 pour Monsieur, 5000 une fois… 6000 pour le monsieur du fond. 7000, à ma droite…». Sophia se mordit les lèvres jusqu’au sang pendant que les milliers de crédits volaient. Qu’est-ce qu’elle foutait là, cette gonzesse, elle allait encore tout foutre en l’air. Pourquoi la tirer de là… « Kinov, tu fais encore une belle connerie… » Kinov… Maintenant, elle était Sophia. Le sergent Kinov était mort au moment où elle avait perdu la phalange de son petit doigt… Evidement, Vlatislav gagna les enchères. « Tu vois ces 55000 crédits que je viens de claquer ? S’ils peuvent t’arracher un sourire, je ne les regrette pas. - Merci, Valtislav, merci… Elle regardait la fille que des soldats éloignaient. « Ben ? ça vaut même pas un baiser ? » - Si, bien sur. Elle l’embrassa. Sophia passa le reste de la soirée dans une sorte de brouillard où elle essayait de prévoir les conséquences de l’arrivée imminente de Lamnia Corliovna –elle n’avait pas oublié son nom. Elle retint seulement le chiffre astronomique d’un million deux cents mille crédits qu’atteignit une fille du niveau 5. C’était sûrement sa famille qu’il la rachetait avait commenté Valtislav. Enfin, ils se levèrent. Sophia agissait en mécanique et se laissait guider par son amant. Des gens défilèrent à nouveau, elle ne prêtait pas attention à ce qu’ils lui disaient. Le calme était revenu. Elle retrouva ses esprits sur les sièges en cuir du véhicule dans lequel ils étaient venus jusqu’ici. Il était bien 5 heures du matin. Valtislav était à coté d’elle et Marko parlait par l’interphone. « Avez-vous passé un charmante soirée ? - Oui, tout à fait, Marquis. La marchandise a bien été chargée ? - Tout est en ordre, boss. Sophia émergea. « Où est-elle ? - Qui ? - La fille que tu m’as acheté. - Avec les autres, dans le fourgon derrière. Elle se retourna, le fourgon les suivait en effet. Vlatsilav la sermonna. « Sophia, vraiment, toute cette fin de soirée, tu étais complètement absente. Qu’est ce qui t’es arrivé ? - Je ne sais pas, je me sentais pas bien… tout ce bruit… - Et ce que tu avais bu aussi. Surveilles-toi au moins en public, bon sang ! Tu étais ridicule et je ne savais plus où me mettre. - Toi ? Ne plus savoir où te mettre ! Tu m’étonnes ! - T’as de la chance que je te passe beaucoup de choses. Peu de femmes qui ont eu ce privilège avec moi. - Vraiment ? - Oui, vraiment. Sa voix se radoucit. Il lui prit les mains. « Tu sais Sophia, je crois que je suis fou de toi. Veux-tu être ma femme ? Là, il la prenait au dépourvu. Elle ne savait quoi répondre. « Ta femme ? Et Grouchenka ? - Grouchenka acceptera. Elle ne répondit rien. « Réponds moi, je t’en prie. - Laisse moi le temps d’y réfléchir. - Réfléchir ? Mais que veux-tu de plus ? Je satisfais le moindre de tes caprices, je t’offre mon amour, mon lit ! - Ecoute, on ne passe pas de brimo et épouse d’un chef de gang comme ça ! Il me faut du temps pour enterrer le passé. Tu es gentil, je t’aime beaucoup, tu m’as donné plus que m’ont donné tous les hommes dans ma vie. Mais si tu m’aimes, donne moi encore un peu de temps… Elle s’en était pas trop mal sortie. Il ne disait plus rien mais il avait sa mine des mauvais jours. Il lui fallait voir à nouveau, cette fille, Lamnia, lui parler. Si rien ne se passait, alors elle accepterait Vlatislav. Il fallait faire quelque chose pour le dérider et lui permettre de patienter. Elle s’approcha de lui et commença à dégrafer sa robe. Au niveau –4, le fourgon devait les quitter pour rejoindre le QG Maison Stein. Là, tous les esclaves étaient centralisés, tirés puis dispersés dans les différentes maisons closes de la Maison ou lobotomisés pour être revendu à la pièce. Sophia insista pour que Lamnia reste avec eux. Etant donné ce qu’elle venait d’accorder à Valtislav, ce dernier accepta facilement. Ils arrêtèrent le fourgon pour en sortir Lamnia. Le cœur de Sophia battait à tout rompre. Elle allait enfin la revoir. « Tu es vraiment sure que tu veux pas la faire lobotomisée ? Elle sera plus conciliante. Elle risque de vouloir s’échapper. - Je te dis que je la connais, c’est une amie. - Une amie ? Vlatislav se renfrogna à nouveau. La plate-forme du fourgon s’abaissait. Sophia interrogea avec inquiétude. « Lamnia Corliovna ? Lamnia ? » Personne ne répondait. « Merde! Mais c’est pas vrai ! » C’était Valtislav qui avait hurlé. Le visage de Sophia se décomposa lorsqu’elle se réalisa enfin ce qu’elle voyait. Des corps effondrés baignaient dans le sang. Elles avaient tentés de se suicider en s’entaillant les veines. « Marko ! La boite de premiers soins ! Vite ! Elles ne m’ont pas fait, ça c’est pas vrai ! Mais c’est pas vrai !» Sophia pataugeait déjà dans le sang et prenait les pouls. Certaines étaient encore conscientes. Elle remarqua un éclat de verre par terre. Lamnia était au fond, inconsciente mais vivante. Elle la sortit du fourgon puis appliqua les rudiments de médecine qu’on lui avait appris à la police. Elle retrouva des réflexes qu’elle croyait avoir oublier. A part elle, personne n’avait la moindre idée de la manière me faire un bandage ou même de prendre un pouls. Elle expliqua rapidement aux hommes qui l’entourait comment faire un point de compression. Elle commandait, ils obéissaient. Trois des filles étaient déjà mortes. Lamnia fut la première hors de danger. Elle était partagé entre la culpabilité d’avoir sauver son amie en premier et la tentation de laisser mourir les autres. Après tout, leur sauver la vie était sûrement un bien mauvais service qu’elle leur rendait. Elle fit tout de même du mieux qu’elle put. Il n’y avait plus assez de bandage pour les dernières, elle déchira des vêtements. Vlatislav prenait à parti les chauffeurs du fourgon et les traitait de tous les noms. « Il leur faut l’assistance… des transfusions vite. Où va-t-on trouver ça, ici ? Chez Stein peut-être ? - Ouais c’est là qu’il faut aller ! ils sauront quoi faire. Vlatislav suait abondamment, il était largement dépassé par la situation. Il tremblait déjà à l’idée du savon qu’aller lui passer son chef. « Cent mille crédits de perdu. Igor va me tuer… » Sophia monta à l’arrière du fourgon avec les morts et les blessés. L’odeur âcre du sang lui monta aux narines. L’espace n’était même pas assez grand pour que toutes puissent s’allonger. Malgré les cahots, elle resserra quelques bandages puis prit Lamnia sur ses genoux. Elle était plus amaigrie que dans son souvenir, la perte de sang lui donnait un teint laiteux. Pourtant, la blancheur de la peau était la règle sous les dômes où jamais ne pénétrait un rayon de soleil. Elle était encore belle malgré tout. Elle serra ce corps affaibli contre elle et le berça, une chanson enfantine lui revient à l’esprit. Cette comptine, fredonnée doucement, parlait de parents attentionnés, d’enfants obéissants et d’anges qui venaient des étoiles. L’ambiance surréaliste combinée à l’odeur la prenait aux tripes. Une des femmes encore consciente retrouva la parole. Sa voix était très faible. « C’est vrai qu’ils vont nous prostituer ? » Sophia hocha affirmativement la tête. « Vous êtes avec eux ? » Elle hocha à nouveau la tête avec un sourire triste. « C’est elle qui avait le tesson de bouteille. » La femme désignait Lamnia. Ils arrivèrent enfin. La plate-forme se baissa à nouveau. Ils étaient dans la cour intérieure de la Maison Stein. Tout le monde était visiblement prévenu, des hommes en armes courraient dans tout les sens. Il y avait d’autres fourgons garés. Igor L. Shein, rendu pourpre par la colère, trépignait et Vlatislav à ces cotés n’en menait pas large. Des hommes débarquèrent les blessés. L’un d’eux semblait diriger les opérations, Sophia s’avança vers lui. « Vous avez de quoi faire des transfusions ? - Ouais, mais pas assez. - Elles se sont coupés les veines pendant le trajet. - Je le vois bien ! C’est toi qui a fait les bandages ? - Oui. Où vous allez les mettre ? - Dans le hall, pour l’instant. Tiens, aide moi, on va porter celle là. Aidés de gardes, ils portèrent les blessées jusque dans le hall et les alignèrent sur des couvertures. Les tentatives de réanimation furent vaines sur celles dont le cœur avait cessé de battre. Sophia et l’autre homme installaient les poches de sang. Dans l’intervalle, un nouveau fourgon remplit d’une dizaine de jeunes hommes, la vue du sang dans l’autre véhicule provoqua un début de panique rapidement maîtriser à coup de crosses par les gardes. Igor L. Shein leur hurla de ne pas abîmer davantage la marchandise. Alors qu’ils s’accordaient un moment de répit, Sophia interrogea l’homme avec qui elle soignait. « Vous êtes médecin ? - Non. Mais mon père l’était. Il m’a tout appris. Et toi ? Tes bandages sont bien faits. - J’ai appris ça chez les brimos. - Ah ! C’est toi la gonzesse de Vlatislav. - Oui, je m’appelle Sophia et vous ? - Lavrenti Utiovitch dit Doc - Enchantée, Doc. Elle réalisa qu’elle était couverte de sang de la tête aux pieds. « La brune, là, tu t’en occupes particulièrement. T’y tiens ? - Oui… heu… elle… elle vaut 55000 crédits. - Je vois. On va faire en sorte qu’elle s’en tire, alors. Il cligna de l’œil. Sophia changea de sujet pour éviter de rougir. « Il leur faudrait plus de couvertures, non ? » La tension finit par retomber et le teint Igor L.Stein retrouva son rouge naturel. Des hommes nettoyaient le fourgon. L’état des femmes étaient apparemment stabilisé. Vlatislav avait été sévèrement réprimandé par son chef. Il cherchait visiblement quelqu’un sur qui décharger sa morgue. Il s’apprêtait à rejoindre le niveau –5 et vint chercher sa maîtresse dans le hall. « C’est bon, Sophia, amène-toi, on y va. - Je crois qu’il vaudrait mieux que je reste ici, pour aider. - Tu vas venir, oui ! On a perdu trop de temps ici. - Non, je reste ici. Doc a besoin de moi. Ce dernier acquiesça sans se mêler plus cela de la conversation. « Tu viens quand je te l’ordonne. Et c’est un ordre. » Il s’avança et tenta de la gifler. Elle bloqua son bras. « Tu ne me frappes pas. - Salope. Il tenta à nouveau de lui la cogner. Son coup était maladroit et Sophia le déséquilibra ; il s’effondra lourdement sur le sol. Un rire gras retentit, celui inimitable d’Igor L.Shein. « Hahaha, Vlatislav, tu es vraiment un bouffon. Va-t-en avant que je change d’avis. Mademoiselle tient à rester ici. Elle reste, si telle est sa volonté. » Puis il s’adressa directement à Sophia, d’un ton légèrement narquois : « J’espère que vous me ferrez l’honneur de partager mon déjeuner demain. » Il claqua des doigts et un domestique nain parut. « Vous lui trouverez une chambre et faites lui prendre un bain, elle en a besoin. » Enfin, il battit des mains. « Bon assez d’émotion pour aujourd’hui, il est temps d’avant se coucher. Nous aviserons demain. Doc, vous me surveillez ces colis, hein ? Il n’est pas question qu’il y en est d’autres qui claquent. Et pareil pour les autres, il faudrait pas que ça leur est donné des idées. » Le nain conduisit de sa démarche bancale Sophia jusqu’à une chambre, un véritable petit palais. Elle soupçonnait que la bonté soudaine du « Boss » n’était pas pure générosité. En fait, elle craignait confusément que ce gros homme s’introduise dans sa chambre ou nourrisse quelques autres noirs desseins, bien qu’il fut de notoriété publique qu’il préférât les petits garçons. Elle prit un bain puis enfila la nuisette et la robe de chambre qu’avait porté le domestique. Elle retourna au chevet de Lamnia. La transfusion lui avait fait reprendre quelques couleurs. Elle dormait. « Ouais, je leur ai mis un tranquillisant, des fois qu’il y en est une qui se réveille quand je dormirai. Par contre, on n’a plus de quoi les transfuser, il faudra les faire manger lorsqu’elles se réveilleront.» Le Doc qui parlait était en train de s’affairer après un appareil qui n’était pas inconnu à Sophia. « C’est un medipack ? - Ouais, mais il marche plus. Il est un peu vieux. Le medipack était un robot semi-automatique capable de soigner les plus graves blessures. Mais elle n’en avait jamais utilisé et fut bien incapable de le réparer. Le sommeil, implacable, finit par la gagner. Elle se réveilla brusquement toute courbatue d’avoir dormi assise. A l’exception du Doc qui ronflait, tout était silencieux. Elle regarda sa montre : il était presque 11 heures du matin. Lamnia sommeillait toujours. Son souffle et son pouls restaient encore faibles mais réguliers. Elle fit quelques pas puis commença à resserrer ou remplacer les bandages. Elle se demanda où avait été amené les corps des deux mortes. Elles n’étaient plus de neuf allongées. Deux des filles semblaient à peine sortie de l’adolescence. Elle avait envie d’amener Lamnia dans sa chambre. Sur le grand lit, elle serait mieux qu’ici. Elle était en train de réfléchir à la manière de si prendre lorsque le domestique nain reparut en clopinant. « Excusez-moi mais il faut vous préparer. Le maître va bientôt déjeuner. » L’agitation regagna petit à petit le QG de la Maison Stein. Le réveil du maître céans rythmait apparemment l’activité de cette fourmilière. Sophia, plus calme que la veille, découvrit ces immenses locaux. Le QG prenait bien un pâté d’immeubles ramassés autour d’une large cour intérieure. L’éclairage était assuré par la Maison elle-même. Autant la façade extérieure n’offrait un gris béton uniforme sans aucune particularité, la cour intérieure, encore encombrée des fourgons, était richement décorées de sculptures, volutes et statues. Le sol était même pavé de pierres colorées. Elle finit par suivre le nain qui la ramena dans sa chambre et lui présenta deux robes : elle choisit la plus habillée des deux. Elle fut ensuite conduite dans un dédale de couloirs aux murs tapissés – luxe immense – et régulièrement décoré d’œuvres d’art - tableaux ou statues. Ils arrivèrent dans une grande salle au centre de laquelle trônait une grande table servie où était assise déjà trois personnes. « Le maître aime à discuter affaire pendant son déjeuner. Installez vous, il ne va pas tarder. Vous vous lèverez pour le saluer lorsqu’il entrera.» Sophia salua de la tête les trois autres personnes : des hommes à la mine patibulaire qui lui rendirent son salut. Elle remarqua qui leur manquaient aussi leur une phalange de leur petit doigt. Ils attendirent en silence. Le claquement d’une porte et une grosse voix annoncèrent Igor L.Shein. Il s’emportait pour une raison inconnue après son domestique. Il parut, tous se levèrent. « Bonjour, bonjour » Il s’assit lourdement sur sa chaise. « Farfadet ! Fais servir le déjeuner ! » Le nain arriva en trottinant il frappa des mains et deux autres domestiques le crâne rasé et tatoué s’avancèrent et commencèrent à servir les plats fumants. « Messieurs, commençons. Alors, faites moi un point sur les achats d’hier. » L’un des hommes se leva. « Pour ce qui est des mâles, nous pourront compléter nos effectifs dues aux pertes de ces derniers temps. Cependant, je vous ai déjà parlé du succès de cette branche et de sa potentialité de développement. - Oui, oui. Passons, nous verrons cela aux prochaines enchères. Et pour la qualité ? - Elle est satisfaisante. L’un d’eux à cependant une forte fièvre, on l’a isolé. Nous pourrons commencer à les mater dès aujourd’hui. - Bien, bien. Et pour les enfants ? Igor commença à manger, les autres l’imitèrent. - Votre choix a été très avisé mais… - Mais ? - Il y a un mutant dans le lot. - Un mutant ? - Hélas, c’est assez discret mais assez révulsant à l’examen… - Assez ! Nous sommes à table ! Vous me le ferez disparaître, je ne veux plus en entendre parler. - A vos ordres. - Passons aux femelles. Je crois que tu es bien placé pour en parler, j’ai appris que tu as passé la nuit à leurs chevets. C’est beau. Son ton ironique manqua de faire rougir Sophia. « En effet, Monsieur… - Et bien ? Leur état ? - Elles sont faibles, Monsieur, et nous n’avons plus de quoi les transfuser. - Mais elles vont s’en tirer ? - Oui, sans aucun doute mais il faudra du temps… Monsieur, sauf votre respect, j’aimerai vous signaler qu’il en a une qui m’appartient. J’aimerai assez la récupérer. - Oui, je sais. J’ai fini par me rappeler où je t’avez déjà vu. Tu es l’ancienne brimo qui as tué Ivan et devenu la maîtresse de ce fat de Vlatislav. Elle confirma. « Tu m’as beaucoup amusé en le ridiculisant hier soir. Tel que je le connais, il va chercher à te récupérer et se venger. Tu ne seras pas belle à voir après. » Il enfourna un gros morceau de poisson et le mâcha bruyamment. Le nain debout sur un marche pied se tenait près à essuyer les lèvres de son maître avec une serviette. Le silence troublé par les bruits de couverts et de mastication s’installa. Le repas était copieux. On y trouvait du poisson, des légumes variés, du pain à la farine d’algue et un alcool fort pour accompagner le tout. Sophia se força pour refuser le secours de la coupe qu’on lui servit. Cela ne passa pas inaperçu d’Igor. « Allons, à ce que j’ai appris, cela ne te ressemble pas. - C’est-à-dire que j’aurais sûrement besoin de toute ma tête pour échapper au sort que vous me prédisez. - Héhé, bien répondu. Je t’aime bien ‘Sergent’, tu as du caractère. Je n’ai pas beaucoup de femmes dans mon entourage. Il regarda ses hommes qui baissèrent la tête. « Je suis entouré d’idiots virils et poilus qui ont un pénis à la place du cerveau Et je n’aime pas leurs murmures et leurs allusions sur mes goûts… hum… de lit. » Ces hommes semblaient se ratiner sur leurs sièges. Aucun n’osait croiser le regard de leur chef. « Aussi, je pense qu’un peu de féminité parmi mes lieutenants ne serait pas de trop. Je prends donc cette jeune personne sous mon commandement direct et faites en sorte que Vlatislav apprennent que s’il arrive quoi que ce soit à ma nouvelle adjointe, il fera un mémorable plongeon dans un bain d’acide. C’est clair ? » L’un d’eux trouva le courage de murmurer faiblement « très clair ». Il les congédia alors qu’ils n’avaient pas encore fini leur assiette. « Tu vois, ma chère, je viens de te faire haïr par une bonne moitié de mes hommes. L’autre moitié sera conquis par ton charme. Sauf peut-être lorsqu’ils réaliseront que tu leur préfères une femme… Car c’est bien cela n’est-ce pas ? Mon petit Farfadet n’a pas les yeux dans sa poche. Oui, la couleur de tes joues me dit qu’il ne s’est pas trompé. Ici, il faut se faire haïr et craindre pour être respecter. Toi aussi, tu me crains parce que je peux d’un claquement de doigts te prendre ta vie. Mais crois-tu qu’il y en est un seul qui m’aime, ici ? Pourtant, tous me baiserait les pieds. » Il repartit dans un de ses rires gras et profonds. « Reprend donc ton «esclave», soigne là et profites-en bien. Je mettrais bientôt à l’épreuve ta fidélité envers moi. J’ai de grands projets où tes compétences me seront utiles pour bientôt. »
  23. il dort. Il y a en un qui me lit ! merci merci. Patatovitch
  24. merci bonne remarque c'est modifié. Patatovitch qui s'occupe de son site un peu quand même, parce qu'il faut, hein.
  25. La suite et la fin du Chapitre 2. Rassurez vous, j'ai trouvé le moyen de la sortir de là. Patatovitch Enfin, Lamnia se retrouva dans la rue. Elle respira goulûment l’air tiède puis partit en courant un peu au hasard. Ses pas la menèrent jusqu’à une station de trans-urbain. Un peu calmée par sa course, elle monta dans le premier train qui la rapprocherait des «3 Copains». Il y avait relativement peu de monde dans le wagon. Elle avait toujours cette impression que tout le monde la guettait. En plus, elle était habillée comme un sac avec ce pantalon trop grand maintenu par une ceinture. Ça jurait vraiment avec ces bottines noires. Elle se cala dans un fauteuil au fond du wagon et baissa la tête pour éviter les regards. Le train filait à grande vitesse. Tout le niveau 0 était irrigué par ces trains, c’était un moyen de transport peu coûteux et rapide. Il s’arrêtait cependant toutes les trois minutes à une station. En contrepartie, les wagons étaient très peu confortables car régulièrement bondés et très dégradés. La fréquence des trains n’était pas assez élevée. Ce problème revenait régulièrement dans les émissions de débats au visioscope. Ainsi, il y avait certains thèmes sur lesquels l’administration planétaire acceptait de se faire critiquer ouvertement et cela parce que les réseaux de transurbains était générée par l’Asministratio Urbae (A.U.). Tout ce qui suivait l’actualité savaient qu’une constante de la vie politique taranaise était la lutte d’influence entre les fonctionnaires de l’A.U, eux-mêmes très divisés, ceux de la Police et ceux des Armées Intérieures de Garnison (AIG). Ils se rejetaient immanquablement les problèmes les uns sur les autres. Pendant ces émissions, cela pouvait devenir comique. Les transurbains, comme tout ce qui avait un rapport direct avec les infrastructures, était du ressort unique de AU. La police et l’armée, afin d’affaiblir certaines factions de l’AU laissait s’exprimer quelques critiques. Les critiques devaient rester très modérées (point de népotisme de corruption,…) et très ciblées, certains chroniqueurs jugés trop virulents avaient mystérieusement disparu. Ces organisations se faisaient souvent des procès fleuves dont le dernier en date avait pour objet l’assassinat de techniciens de l’AU sur les toits du niveau 1 par des policiers des Brigades Mobiles. Tout le monde convenait qu’il devait s’agir d’un accident mais l’affrontement portait sur les réparations financières que devait verser la Police à l’A.U. De même, il était de notoriété publique, que l’armée et la police étaient constante en rivalité. Or, certains pensaient que les AIG avaient été sévèrement amputés en hommes et matériel pour alimenter les guerres de Taran sur Eumenes et sur Ticatus. Certains parlaient de 75% à 80 % de réduction d’effectif. Il n’était pas étonnant que des idiots comme Boris se sentissent pousser des ailes. Son cœur s’arrêta lorsqu’elle vit entrer dans son wagon une patrouille de « brimos ». Elle se sentit pâlir. Sa gène la rendait à coup sur suspecte. Elle défit ses cheveux et les fit tomber sur son visage et se ratatina derrière un siège. La voie de la raison lui fit remarquer que des milliers de personnes devait être recherché rien qu’à Meleagre I, il y avait vraiment très peu de chance qu’un policier reconnaisse son visage. « Pourvu qu’il ne fasse pas de contrôle d’identité.. Lamnia observait avec anxiété le petit appareil ressemblant à un pistolet qui battait sur le flanc des policiers entre le laser et la matraque électrifiée. C’était un lecteur de puce. Machinalement, elle se gratta l’avant bras, elle sentit le petit bout de métal sous sa peau. Mais les brimos, debout, secoués par les cahots du trans-urbain, discutaient et riaient. Ils finirent par descendre. Lamnia se sentit soulagée. Elle descendit à son tour un peu plus loin. Elle arriva à l’hôtel restaurant où elle retrouva la famille de Nicolas. Ils l’assaillirent de mille questions en particulier sur son curieux accoutrement. Elle les supplia de ne pas trop l’interroger. Elle se rendait compte qu’ils espéraient confusément qu’elle retrouve leur fils. Elle dut avouer qu’elle n’en savait pas plus sur son cas. Lamnia resta avec eux. Elle insista pour les dédommager à les aidant. Elle passait sa journée aux cuisines et se risquait parfois à faire le service dans la salle. La patronne expliqua aux habitués que c’était une cousine lointaine. Elle broda une histoire qui tenait à peu près la route. Lamnia essayait toujours de renouer avec les membres de la cellule « Médecine ». Elle prenait maintenant mille précautions avant d’entrer en contact. La plupart avait purement et simplement disparu : arrêtés par les brimos ou peut-être tués par Boris et sa bande. Elle prit le risque de rencontrer la famille de son amie Youlia. Les contacts de son père, lui avait permit d’apprendre que sa fille, Youlia, avait été déportée sur Eumenes dans un bordel militaire. Ces gens étaient brisés. Lamnia ressentit une peine immense et se sentit responsable du désastre actuel qui avait englouti tous ses amis. Alors qu’elle s’était presque habituée à cette vie de fuite perpétuelle, c’est de retour de chez eux qu’elle se fit prendre bêtement. Dans le transurbain, elle méditait avec amertume et ne vit pas arriver la patrouille de brimos. « Votre bras, s’il vous plaît. » Lamnia sursauta et leva des yeux effarés. Une femme en uniforme bleu gris attendait qu’elle présente sa puce d’identité. « Votre bras, s’il vous plaît. » La patrouille vérifiait tout le wagon, la routine pour eux. Elle ne pouvait pas fuir, ils l’auraient bloqués avant qu’elle n’est fait un mètre. Elle soupira et tendit son bras. La brimos passa deux fois son appareil sur la puce et sortit sa matraque qui se mit à crépiter. « Veuillez nous suivre sans résister, mademoiselle Corliovna. » Elle appela une collègue qui lui passa les menottes. Lamnia se laissa faire. Ils descendirent à l’arrêt suivant. Dans la rue, ils attendirent un véhicule qui ne tarda pas. Entre deux brimos, Lamnia repensa à celle qui lui avait sourit au lieu de l’arrêter, il y a plusieurs mois. Voilà longtemps qu’elle n’y avait songé. Elle essaya de se rappeler son visage. Elle le retrouva nettement dans un coin de sa mémoire. Elle avait un cicatrice au dessus du sourcil, des lèvres fines… Elle avait un espoir : dans la caserne, elle cherchait ce visage sur les policières qu’elle croisait. On l’enferma dans une cellule entassée avec sept autres détenues. Cette cellule avait pour seuls murs et plafond de lourdes grilles de fer. Elle apprit par les autres qu’elle était au bloc de détention provisoire. Dans un immense hall, une centaine de cages identiques était alignées. Les matons patrouillaient entre les cages et dessus grâce à des passerelles. Près de 800 femmes attendaient là, pour certaines depuis plusieurs années, leur jugement ou un complément d’enquête. L’atmosphère était surchauffée, étouffante et bruyante. Il n’y avait pas de jour, pas de nuit. Seulement, une sortie et une douche tous les deux jours. Mais le plus insupportable était l’absence totale d’intimité. Chaque cage avait un urinoir -grossièrement isolé avec des vielles couvertures- dans un coin et un lavabo dans un autre. Les lits superposés se pouvait pas accueillir tout le monde comme les premières arrivée étaient les premières servis, Lamnia se coucha à même le sol et ne prouva pas le sommeil à cause de la lumière et du bruit, avant de tomber littéralement de fatigue. Toutes étaient là pour des motifs très divers. L’une d’elle, particulièrement pénible, passait son temps à crier qu’elle était innocente et raconter son histoire à qui voulait l’entendre. Enfin, au bout d’une dizaine de douche, on commença la sortir régulièrement de la cage pour l’interroger. Elle ne voyait plus aucun intérêt à couvrir Boris et sa bande. Toute façon, ils avaient aussi prit son carnet d’adresse. Lamnia détailla les activités de Boris. Les policiers furent assez surpris par une coopération si rapide. Elle expliqua également qu’elle était devenu indésirable et qu’ils avaient tenter de la tuer. Ce fut est lorsqu’ils commencèrent à l’interroger sur la manière dont elle échappa à l’arrestation lors d’une opération des Brigades Mobiles qu’elle se mura dans le silence. Une brimo laissa tomber que l’agent Kinov, responsable de laxisme, avait été chassée ignominieusement du corps de la police. En fait, Lamnia comprit aux questions qu’on lui posa qu’ils la recherchaient encore. «Kinov…» Elle avait enfin un nom à mettre sur ce visage. Par contre, l’espoir de délivrance qu’elle représentait s’évanouissait. Il y avait deux choses dont elle ne voulait pas parler : l’hôtel restaurant des « 3 Copains » et le sourire et la caresse de cette Kinov. Elle leur devait bien ça. Evidement, ce fut sur ces deux points que les questions se firent rapidement plus précises et plus insidieuses. En premier virent les coups de matraque électrique. Elle pouvait à peine bouger lorsqu’on la rendait à sa cellule. D’autres des pensionnaires subissaient le même traitement. Certaines partaient, d’autres arrivaient. Une fois de plus, Lamnia se retrouva dans le bureau pour la poursuite de l’interrogatoire. En entrant elle remarqua la personne portant une blouse blanche, elle n’y était pas d’habitude. Ils reposèrent les mêmes questions et elle garda le même silence buté. La policière qui d’ordinaire la rouait de coups et inventait de nouveaux endroits où poser sa matraque, ne bougea pas. Ce fut la blouse blanche qui s’avança. Elle tenait une petite boite noire d’où sortait une multitude de fils très fins. Depuis les premiers interrogatoires musclés, Lamnia était attachée. Des chaînes tombant du plafond la maintenaient debout les bras au-dessus de la tête. La blouse blanche fixa simplement la petite boite à l’aide d’une colle sur la nuque de la suppliciée puis appuya sur un bouton. Les fils se mirent à s’agiter frénétiquement. Un éclair de douleur la transperça, les fils s’infiltraient par les trous des pores et se connectaient à son système nerveux. La douleur était insoutenable. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Elle sentait des fils qui fouillaient dans son crâne. Elle lutta un moment mais finit par céder. Elle n’avait plus mal, mais elle n’était plus elle-même. Il lui semblait qui quelqu’un d’autre était dans son esprit. La «brimo» répéta lentement les questions et quelqu’un d’autre y répondait. Quelqu’un qui savait tout. Il savait pour le sourire, pour la caresse et pour l’hôtel des « 3 Copains ». Il savait pour Nicolas, il savait pour Youlia. Il savait tout et le leur a dit. Une fois que le boîtier fut retiré, il se retira et Lamnia pleura. « Bien, je crois que nous en avons fini. Merci de votre coopération. »
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